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ACADÉMIE DE PARIS



            UNIVERSITÉ PARIS 7 JUSSIEU
                            – Denis Diderot –




                              THÈSE

                   présentée à l’Université Paris 7 Jussieu
                en cotutelle avec l’Université de Regensburg
                  pour obtenir le diplôme de DOCTORAT


           SPECIALITÉ: Physique Théorique.
           Formation Doctorale: Champs, Particules, Matière



                Aspects de la quantification
              des théories de champs scalaires
                     sur le cône de lumière
                                    par

                       Stéphane SALMONS


 Soutenue le 8 DECEMBRE 2000 à Montpellier devant le jury composé de :




M.   Pierre Grangé                D.R. CNRS              Directeur de thèse
M.   Ernst Werner                 Professeur Emérite     Co-directeur de thèse
M.   Thomas Heinzl                Professeur Assistant   Rapporteur
M.   Jean-François Mathiot        D.R. CNRS              Rapporteur
M.   Vladimir Braun               Professeur             Examinateur
M.   Bertrand Delamotte           C.R. CNRS              Examinateur
"Ce qui est simple est toujours faux.
 Ce qui ne l’est pas est inutilisable."
                         Paul Valéry
Table des matières

I    Fondements de la physique sur le cône de lumière                                                 11

1 Les formes de la dynamique relativiste                                                              13

     1.1   Dynamique relativiste du point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .     13

     1.2   Les formes de Dirac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .    16
     1.3   La Front Form . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .    19


2 La théorie quantique des champs sur le cône de lumière                                              25
     2.1   L’algèbre de Poincaré pour les champs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .      25

     2.2   Une théorie singulière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .   26

     2.3   Quantification du champ libre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .     28


3 Le problème du vide                                                                                 31

     3.1   La nature du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .    31

     3.2   Secteur du vide, secteur des particules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .    32

     3.3   Résolution des équations aux modes zéros : exemple de la théorie φ4
                                                                             1+1 . . . . . .          35



II     L’approche continue de la quantification sur le cône de lumière 37

4 Les bases de la formulation continue                                                                39

     4.1   Quantification et régularisation du champ libre . . . . . . . . . . . . . . . . . . .       39

     4.2   Développement du champ en interaction en série de Haag . . . . . . . . . . . . .           42


5 Le commutateur de Pauli-Jordan                                                                      45

     5.1   Evaluation à x+ = 0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .    45

     5.2   Evaluation pour x+ quelconque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .      47


6 Calculs à l’ordre 1                                                                                 57

     6.1   Contraintes et régularisation des divergences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .    57

     6.2   Caractéristiques de la transition de phase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .     59
7 Calculs à l’ordre 2                                                                                   63
  7.1    Contraintes et équation du mouvement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .            63
         7.1.1   L’équation du mouvement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .           63
         7.1.2   La contrainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .       65
  7.2    Résolution approchée des équations du mouvement et des contraintes . . . . . . .                66
  7.3    Calcul de la constante de couplage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .          69
  7.4    Fonction β1 (g) et comparaison avec les théories critiques . . . . . . . . . . . . . .          69
  7.5    Comparaison avec les résultats des théories critiques . . . . . . . . . . . . . . . .           70
  7.6    Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .        71



III     La théorie des champs ϕ4 O(N) sur le cône de lumière.                                           73

8 Développement de la théorie φ4 O(N ) quantifiée par intégrales de chemin                                75
  8.1    Mise en forme de la fonctionnelle génératrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .           75
  8.2    Algorithme pour la détermination des diagrammes contribuant aux fonctions de
         corrélation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .     78
  8.3    Développement diagrammatique de la fonction à un point . . . . . . . . . . . . .                81
  8.4    Développement diagrammatique de la fonction à deux points . . . . . . . . . . .                 82

9 Vers la quantification de la théorie φ4 O(N ) sur le cône de lumière                                   87
  9.1    Contrainte et équations du mouvement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .            87
  9.2    Résolution de l’équation du mouvement libre et quantification . . . . . . . . . . .              89
  9.3    Calculs des champs d’ordre supérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .          90
         9.3.1   Champs à l’ordre 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .        90
         9.3.2   Champs à l’ordre 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .        92
                                                1
  9.4    Fonctions de corrélation à l’ordre    N2
                                                    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .    93
         9.4.1   Fonctions à un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .        93
         9.4.2   Fonction à deux points . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .        94
  9.5    Indications sur la phase brisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .       96

A L’ algorithme de Dirac-Bergmann                                                                       99
  A.1 Théories régulières et singulières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .           99
  A.2 La procédure de Dirac-Bergmann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
  A.3 La classification des contraintes selon Dirac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
  A.4 Formulation pour une théorie de champ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

B Evaluation des éléments de matrice                                                                    109
                                        +          +
  B.1 Calcul de l’élément de matrice < q1 |ϕ2 ϕ2 |q2 >
                                            1                     . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
  B.2 Approche formelle systématique           . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
C Calculs numériques                                                                       119
  C.1 Optimisation du couplage effectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
  C.2 Calcul du couplage réduit de Parisi pour l’ordre 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122

D Application pour le calcul des fonctions de corrélation                                  125

E Publications                                                                             153
Remerciements
    Je tiens en tout premier lieu à adresser mes plus vifs remerciements à Pierre Grangé, Directeur
de Recherche CNRS, pour m’avoir proposé de collaborer avec lui sur ce sujet de recherche
passionnant et original. Je lui suis particulièrement reconnaissant pour son soutien et ses conseils
avisés, et aussi pour m’avoir montré le long chemin de la persévérance.
    Je voudrais exprimer également ma très grande gratitude à Ernst Werner, Professeur à
l’Université de Ratisbonne, pour m’avoir encadré en faisant preuve d’une disponibilité de chaque
instant. Pendant mes fructueux séjours à Ratisbonne, j’ai pu apprécier sa compétence ainsi que
son sens de l’hospitalité.
   Je voudrais remercier André Neveu, Directeur de Recherche CNRS et directeur du Labo-
ratoire de Physique Mathématique et Théorique, ainsi que l’ensemble des chercheurs et du
personnel de cette unité, pour m’avoir accueilli et avoir fait le nécessaire pour que je puisse y
travailler dans des conditions idéales.
    Ma gratitude va également à Thomas Heinzl, Professeur Assistant à l’université d’Iéna, pour
l’intérêt qu’il a porté à mes recherches et pour m’avoir fait profiter de son expertise.
   Je tiens à remercier aussi les étudiants en thèse du laboratoire pour les longues et enrichis-
santes discussions de physique que nous avons partagées dans la complicité : Pascal Basheilac,
Malik Bezouh, Tarek Nassar, Yan Mambrini, Marius Iacomi et Damien Reynaud.
    Merci également à Dominique Caron, Ingénieur, qui a réussi l’exploit de me réconcilier avec
les arcanes de l’informatique en faisant toujours preuve d’une bonne humeur revigorante.
   Je voudrais aussi dire l’extrême importance des personnes qui m’ont formé tout au long de
mon apprentissage. Merci à René Boulangeon et à Noël Chornet pour m’avoir donné le goût
de la science et de la rigueur. Merci aussi à mes maîtres d’université : Frédéric Géniet, Louis
Cecchi, respectivement Maître de Conférences et Professeur à l’Université de Montpellier II,
Alain Laverne, Maître de Conférences à l’Université de Paris 7, Bernard Diu, Françoise Balibar
et Luc Valentin, Professeurs à l’Université Paris 7, ainsi que Bertrand Delamotte, Chargé de
Recherches au CNRS et Pierre Binétruy, Professeur à l’Université Paris XI. Tous à un niveau
ou à un autre ont contribué au plaisir intense de la découverte et de la pratique de la physique.
   J’adresse une pensée pleine de tendresse et d’émotion à Anne pour m’avoir accompagné et
supporté pendant ces années. Son soutien dans les moments difficiles a été capital.
    Enfin et surtout, je voudrais exprimer ma gratitude infinie aux personnes sans lesquelles pas
un mot de cette thèse n’aurait vu le jour. Aux personnes qui m’ont ébloui par la perfection de
leur présence tout au long de ma vie. Pour leur sensibilité, leur délicatesse et leur intelligence,
pour leur présence irremplaçable, que ce travail leur soit dédié.
à mes parents.
Notations et conventions


≡            égal par définition
gµν          métrique minkowskienne
ηµν          métrique du cône de lumière

ωp           ≡     (po )2 − (pi )2 énergie sur couche de masse dans le cas minkowskien

                 (p⊥ )2 +m2
ξ−           ≡       p+       énergie sur couche de masse sur le cône de lumière

pof f        ≡ (p− ,p+ ,p⊥ ) [ou (po ,pi )], impulsion hors couche de masse (“off-shell”)
pon          ≡ (ξ − ,p+ ,p⊥ ) [ou (ωp ,pi )], impulsion sur couche de masse (“on-shell”)

 x,y    M    ≡ xo y o − xi y i produit scalaire minkowskien

 x,y    CL   ≡ 1 x+ y − + 1 x− y + − x⊥ y ⊥ produit scalaire du cône de lumière (dans la convention
                2         2
             de Brodsky-Lepage)
                                      
                                       1 si x > 0
sgn(x)       fonction signe de x, =      −1 si x < 0
                                      
                                         0 si x = 0
                                        
                                         1 si x > 0
θ(x)         fonction échelon de x, =       0 si x < 0
                                         1
                                            2 si x = 0

CLP(AP) Conditions aux Limites Périodiques (Anti-Périodiques)

La lettre x représentera indifféremment la variable x unidimensionnelle, le quadruplet de co-
ordonnées (xo ,x1 ,x2 ,x3 ), ou (x+ ,x− ,x⊥ ), selon le contexte. On utilisera le mot classique pour
signifier non quantique et conventionnelle pour qualifier la quantification dans l’Instant Form.
Enfin toutes les sommations seront effectuées dans la convention d’Einstein.
Introduction

                                                       "Pour l’essentiel, ce point de vue subsiste encore
                                     aujourd’hui et forme le dogme central de la théorie quantique des
                                      champs : la réalité essentielle est un ensemble de champs soumis
                                       aux lois de la relativité restreinte et de la mécanique quantique ;
                                                 tout le reste n’est qu’une conséquence de la dynamique
                                                                                quantique de ces champs."
                                                                                      Steven Weinberg

    Une des tâches essentielles de la physique théorique du vingtième siècle a été d’élaborer une
théorie rassemblant le principe de relativité d’Einstein avec ceux de la mécanique quantique.
Le résultat, la Théorie Quantique des Champs, est le fondement actuel du Modèle Standard de
la physique des particules. De façon plus inattendue, elle permit aussi de grands progrès dans
la compréhension de la physique statistique, notamment pour les phénomènes critiques. Son
élément central, le champ quantique, est en effet un objet qui permet de décrire des interactions
à nombre infini de degrés de liberté, ce qui est nécessaire dans la théorie relativiste, où l’équiva-
lence masse-énergie implique un nombre de particules indéterminé, mais aussi dans les modèles
décrivant les phénomènes critiques.
    Le processus de quantification, dans sa version canonique par principe de correspondance,
s’effectue à partir de la formulation hamiltonienne, en faisant correspondre aux crochets de Pois-
son, les commutateurs des variables canoniques, considérées comme des q-nombres. Dans cette
optique, l’élaboration d’une théorie quantique ET relativiste demande donc comme préalable
une formulation hamiltonienne de la dynamique relativiste. En 1945 Dirac [12] montre que,
contrairement au cas classique, une telle formulation n’est pas unique. A côté de la formulation
conventionnelle, qu’il nomme Instant Form, coexistent deux autres formulations (on montrera
plus tard [38] qu’il en existe en fait cinq) : la Front Form et la Point Form. Dans l’Instant Form,
la surface des conditions initiales est l’hyperplan t=cte, dans la Point Form c’est un hyperbo-
loïde de révolution, et dans la Front Form il s’agit d’un hyperplan tangent au cône de lumière.
Ces formulations sont équivalentes mais elles présentent des particularités très différentes.
    Bien que l’essentiel de la Théorie Quantique des Champs se soit développé dans le cadre de
l’Instant Form, des recherches sont poursuivies depuis Dirac pour bâtir une TQC quantifiée sur
le cône de lumière (LCQ) (c’est-à-dire dans la Front Form). La question de savoir si l’équivalence
de ces formulations survit au processus de quantification est une question encore ouverte. L’enjeu
est de taille car l’une des propriétés essentielles de la LCQ est la trivialité de l’état fondamental
de l’hamiltonien en interaction, c’est-à-dire l’état du vide, ce qui simplifie considérablement
les calculs. Mais cette médaille semble avoir un bien sombre revers puisque alors, dira-t-on, la
LCQ ne pouvant pas décrire un autre vide que le vide trivial, restera cantonnée au domaine
perturbatif. En fait la LCQ semble bien capable de décrire un vide non trivial, du moins dans
les théories de champs scalaires, où le phénomène de brisure spontanée de symétrie à été décrit
avec succès [26] [1] [48]. La structure du vide ne pouvant se trouver dans le ket fondamental, elle
apparaît en fait dans les opérateurs de mode zéro du champ, qui dépendent des autres modes
par une ou des relations aussi complexes que l’hamiltonien en interaction. Cette situation est
caractéristique de la LCQ : elle semble bien décrire la même physique que la TQC conventionnelle
mais par des concepts, des méthodes et des calculs très différents. L’objectif ultime affiché de
ces recherches est une formulation consistante de QCD sur le cône de lumière, avec l’espoir que
les simplifications apportées sur l’état fondamental de l’hamiltonien permettent de décrire des
domaines non pertubatifs, impossibles à atteindre en quantification conventionnelle. Beaucoup
de progrès ont été réalisés [60] [33] [19] [47] [7] mais le but n’est pas encore atteint.
    Notre travail se situe dans le cadre plus restreint de la théorie scalaire φ4 , qui est bien connue
dans l’Instant Form et qui permet donc des comparaisons entre les deux formulations. La déter-
mination des modes zéros des champs est une étape essentielle. Des tentatives ont été effectuées,
en utilisant une approximation de champ moyen. Cette thèse s’inscrit dans la continuité de re-
cherches qui visent à obtenir une expression des modes zéros par d’autres moyens dans le but
d’obtenir des résultats non perturbatifs. La première méthode étudiée utilise un développement
en série de Haag associé à un traitement des champs au sens des distributions. Cette méthode
permet en outre un traitement satisfaisant des divergences infrarouges et ultraviolettes et nous
a permis d’éclaircir la nature de la limite entre la description discrète et la description continue
sur l’exemple de la fonction de Pauli-Jordan. Nous avons également obtenu des résultats dans
l’étude de la transition de phase qui se comparent avantageusement avec ceux des méthodes
conventionnelles. Le deuxième procédé étudié consiste à rajouter à la théorie φ4 une symétrie
interne O(N) pour permettre un développement des modes zéros en série de 1/N. Nos travaux
complètent et précisent ceux déjà effectués dans ce domaine, notamment en ce qui concerne les
champs et les propagateurs. Néanmoins l’étude de la transition de phase dans ce formalisme
reste à mener.
Première partie

Fondements de la physique sur le
       cône de lumière
Chapitre 1

Les formes de la dynamique
relativiste

                                     "Working with a front is a process that is unfamiliar to physicists.
                                  But still I feel that the mathematical simplification that it introduces
                             is all-important. I consider the method to be promising and have recently
                                      been making an extensive study of it. It offers new opportunities,
                                                while the familiar instant form seems to be played out."
                                                                                 P.A.M. Dirac (1977)


1.1     Dynamique relativiste du point
    En guise d’introduction à la Front Form nous allons examiner le cas de la dynamique relati-
viste d’une particule ponctuelle libre.
   Son action a une origine géométrique, c’est la longueur de son histoire, prise entre deux
événements fixes A et B :
                                    S = −m          ds
                                                      A→B
                                      √
où ds est l’abscisse curviligne : ds = gµν xµ xν =             (xo )2 − (xi )2
   Pour faire apparaître un lagrangien, il faut introduire un paramètre d’évolution τ , généra-
lement interprété comme étant le temps :

                                           τB
                                                              dxo 2   dxi 2
                               S = −m           dτ        (      ) −(    )
                                          τA                  dτ      dτ

   Il paramétrise l’histoire de la particule xo = xo (τ ) et xi = xi (τ ). Le lagrangien associé à ce
choix de paramètre s’écrit donc :

                                 Lτ (xo ,xi ) = −m (xo )2 − (xi )2
                                                    ˙        ˙

   où le point désigne la dérivation par rapport à τ .
   La propriété essentielle pour la suite est que cette action est invariante sous changement de
τ (on dit qu’elle est invariante sous reparamétrisation) :

                                       τ = f (τ ) ⇒ S = S

   avec τA = τA et τB = τB



                                                     13
CHAPITRE 1. LES FORMES DE LA DYNAMIQUE RELATIVISTE




   Un choix habituel consiste à dire que τ est le temps propre de la particule, soit :

                                                   dτ = ds

                                                                                                        µ
   ce qui permet de définir une 4-vitesse (puisque ds est un scalaire de Lorentz alors uµ ≡ dx est
                                                                                            dτ
bien un 4-vecteur). Ce choix n’est cependant pas adapté à une formulation lagrangienne de la
dynamique puisqu’il définit comme “lagrangien” Lτ = −m .
   Un autre choix possible est le temps de l’observateur τ = xo pour lequel le lagrangien s’écrit :

                                                                 dxi
                                          Lxo = −m 1 −
                                                                 dxo

   Dans le cas général les équations du mouvement s’écrivent :

                                          d          xµ
                                                     ˙
                                                                =0
                                         dτ     (xo )2 − (xi )2
                                                 ˙        ˙

   soit

                                       xµ (xν .xv ) − xµ (¨v .xv ) = 0
                                       ¨ ˙ ˙          ˙ x ˙

   Sur ces quatre équations seules trois sont indépendantes.
   On constate en outre que la hessienne

                                   ∂2L          m2
                         Wµv ≡       µ ∂ xv
                                            =− σ       [gµv (xσ .xσ ) − xµ xv ]
                                                             ˙ ˙        ˙ ˙
                                  ∂x ˙
                                   ˙          (x .xσ )
                                               ˙ ˙

   est de rang 3. Il y a une valeur propre nulle xµ Wµv = 0
                                                 ˙
    Le lagrangien est donc singulier. Le passage à la formulation hamiltonienne nécessite l’utili-
sation de l’Algorithme de Dirac-Bergmann (DBA). 1
   Les moments conjugués de xµ sont :
                                                    ∂L       xµ
                                                              ˙
                                         − pµ ≡        µ)
                                                          = m√                                         (1.1)
                                                   ∂(x
                                                     ˙          x2
                                                                ˙

   (où le signe moins est conventionnel et x2 ≡xν .xv )
                                           ˙   ˙ ˙
    Ces quatre moments sont liés par une contrainte (comme l’indique le rang trois de la hes-
sienne) qui n’est autre que la relation de couche de masse :


                                                 pµ .pµ = 0

   L’inversion des relations (1.1) donne

                                                          pi o
                                              xi (τ ) =
                                              ˙              x (τ )
                                                             ˙
                                                          po

   qui ne dit rien sur xo .
                       ˙
   Comme dans la formulation lagrangienne il y a une indétermination.
   1. Cf. appendice A. On peut aussi utiliser tout autre méthode adaptée comme, par exemple, celle de Fadeev-
Jackiw [16] qui présente l’avantage de traiter directement les contraintes secondaires.




                                                      14
1.1. DYNAMIQUE RELATIVISTE DU POINT




   L’hamiltonien canonique est même nul :


                                         Hc ≡ −pµ xµ − L = 0
                                                  ˙

   Tout ceci est caractéristique des actions invariantes sous reparamétrisation. Utilisons DBA :
   La relation de couche de masse définit une contrainte primaire :


                                            θ(τ ) ≡ p2 − m2                                (1.2)

   et l’hamiltonien primaire s’écrit :


                                            H1 = u(τ ).θ(τ )

   où u(τ ) est un multiplicateur de Lagrange. On constate immédiatement que θ(τ ) est une
contrainte de première classe :


                                            {θ(τ ),θ(τ )} = 0

                                       ˙
   et donc la condition de consistance θ(τ ) = 0 ne permet pas la détermination de u(τ ). Les
équations d’Hamilton, encore indéterminées à ce stade, s’écrivent :

                                    xµ = {xµ ,H1 } = −2u(τ )pµ
                                    ˙
                                        pµ = {pµ ,H1 } = 0
                                        ˙

   Pour déterminer u(τ ) et fixer la dynamique il faut imposer une condition subsidiaire (ou de
jauge) sur les variables dynamiques et sur τ :


                                             Ω(xµ ,τ ) = 0

   Sa relation de consistance s’écrit :

                                    ˙       ∂Ω
                                    Ω(τ ) ≡    + {Ω,H1 } = 0
                                            ∂τ

   et on en tire :
                                                    ∂Ω     1
                                          u(τ ) =        ∂Ω
                                                    ∂τ 2 ∂xσ pσ

   On voit qu’il est crucial que Ω dépende à la fois de τ et au moins de l’un des xσ .
   Cette condition subsidiaire exprime donc le paramètre d’évolution en fonction des coordon-
nées et correspond à un choix de paramétrisation. On peut l’écrire sous la forme :


                                         Ω(xµ ,τ ) = τ − F (xµ )                           (1.3)

   Dans le cas conventionnel elle s’écrit simplement :


                                           Ω(xµ ,τ ) = τ − xo

                        1
   qui donne u(τ ) = − 2po



                                                    15
CHAPITRE 1. LES FORMES DE LA DYNAMIQUE RELATIVISTE



                                                      2       2
    L’hamiltonien primaire est alors 2 H1 = − p 2po
                                                −m


    et les équations d’Hamilton :

                                                                          i
                                                               p
                                              xi = {xi ,H1 } = po
                                              ˙
                                                  i     i
                                                p = {p ,H1 } = 0
                                                ˙


1.2      Les formes de Dirac
    La dynamique relativiste d’une particule est donc engendrée pour partie par la contrainte
primaire (1.2) et pour partie par la condition subsidiaire (1.3). La première contient l’information
dynamique et la seconde fixe le paramètre d’évolution. Dirac s’est demandé combien de choix
possibles il y avait pour cette condition Ω. Choisir un paramètre de temps revient à fixer la
surface sur laquelle on exprime les conditions initiales. De fait, à chaque Ω correspond une
foliation de l’espace de Minkowski paramétrée par τ = F (xµ ) = cte. A une surface donnée
correspond un temps unique fixé (dans le cas habituel τ = xo , il s’agit bien sûr des hyperplans
de genre espace orthogonaux à l’axe xo ) , une métrique et un système de coordonnées naturel.
   Appelons ξ i (xµ ) les trois coordonnées qui paramétrisent notre surface et ξ o (xµ )≡ τ le temps.
Alors

                                                                       ∂xµ ∂xν α β
                              ds =     gµν dxµ dxν =          gµν                dξ dξ
                                                                       ∂ξ α ∂ξ β

    où
                                                          ∂xµ ∂xν
                                            ηαβ ≡ gµν                                                     (1.4)
                                                          ∂ξ α ∂ξ β
est la métrique naturelle pour ces coordonnées (ηij est la métrique de la surface τ = F (xµ ) = cte).
    Pour être acceptables les surfaces initiales doivent respecter la condition de causalité suivante:
couper toutes les lignes d’univers, une seule et unique fois. En outre toute formulation de la
dynamique relativiste doit engendrer une représentation du groupe de Poincaré en termes de ses
variables dynamiques. Ces conditions sont très restrictives et Dirac a montré [12] qu’il n’existe
que trois sortes de surfaces qui la respectent 3 : l’Instant Form, la Point Form et la Front Form. La
question se pose de savoir quelle est la meilleure surface initiale, donc la meilleure formulation de
la dynamique relativiste. Il n’y a pas de réponse absolue à cette question et chaque formulation
semble jouir d’avantages et d’inconvénients selon les situations auxquelles on l’applique.
    Cependant on s’attend à ce que la dynamique d’un système relativiste soit la plus simple
possible si le nombre de générateurs du groupe de Poincaré qui font évoluer le système hors de la
surface intiale est minimum. On appelle ces générateurs les générateurs dynamiques, puisqu’ils
contiennent les informations sur l’interaction. Les autres, qui forment un groupe, dit de stabilité,
laissent invariante la surface initiale et sont appelés générateurs cinématiques.
    Une transformation de Poincaré s’écrit :
                                                                  µν
                                                          1
                                                                       ωµν +P µ aµ
                                      U (ωµν ,aµ ) = e− 2 M

    où M µν et P µ sont les générateurs :
                                                                    p
   2. Cet hamiltonien est équivalent à l’hamiltonien habituel Hp = (pi )2 + m2 (on vérifie qu’il engendre les
mêmes équations d’Hamilton). Pour l’obtenir, il suffit de considérer la contrainte sous la forme (équivalente)
            p                                                             p
θ = po − (pi )2 + m2 ≈ 0. Alors u(τ ) = −1 et H1 ≡ uθ = −po + (pi )2 + m2 . Comme xo = τ n’est
plus une variable dynamique, sa variable conjuguée po se comporte comme une constante et n’est plus une
variable dynamique (la dérivation par rapport à po disparaît des crochets de Poisson). L’écriture la plus simple
                               p
de l’hamiltonien est bien H1 = (pi )2 + m2 .
   3. En fait Leutwyler et Stern [38] ont montré plus tard qu’il en existait 2 de plus. Il y a donc 5 formes
pour la dynamique relativiste mais, à notre connaissance, ces deux dernières formes n’ont pas (encore?) trouvé
d’utilisation pratique.




                                                      16
1.2. LES FORMES DE DIRAC




                              M oi = K i génèrent les boosts,
                              M ij = ijk J k génèrent les rotations, et
                              P µ génèrent les translations d’espace-temps

    et ωµν et aµ sont les paramètres. Les tenseurs M µν et ωµν étant antisymétriques et de même
structure.
   Ces générateurs obéissent à l’algèbre de Lie du groupe de Poincaré :

                      [P µ ,P ν ] =     0
                     [M µν ,P ρ ] =     g νρ P µ − g µρ P ν                                      (1.5)
                   [M µν ,M ρσ [ =      g µσ M νρ + g νρ M µσ − g µρ M νσ − g νσ M µρ

   Une réalisation simple de cette algèbre à l’aide des variables dynamiques est :


                                  P µ ≡ pµ , et M µν ≡ xµ pν − xν pµ                             (1.6)

   avec
                                              {xµ ,pν } = −g µν                                  (1.7)

   Cette réalisation est triviale dans le sens où elle ne décrit aucune interaction et ne représente
aucun choix de paramétrisation.
   Une transformation infinitésimale s’écrit :

                                                  1
                                 δU (ωµν ,aµ ) = − M µν δωµν + P µ δaµ
                                                  2

   et l’action de δU sur une fonction scalaire F (xµ ) est :

            δF = {F,δU }        = ∂ ν F ∂(δU )
                                         ∂pν      =    −xµ ∂ ν F.δωµν + ∂ ν F.aν
                                                         1
                                                  =    − 2 (xµ ∂ ν − xν ∂ µ )F.δωµν + ∂ µ F.aµ   (1.8)



   Examinons à présent les 3 formes de Dirac.

      L’INSTANT FORM

   C’est la formulation conventionnelle de la dynamique relativiste.
   Paramètre d’évolution :           τ ≡ xo
   Surface intiale :           Σ : xo = 0
   Coordonnées naturelles : xµ (coordonnées lorentziennes)
   La métrique naturelle est bien sûr la métrique minkowskienne :
                                                         
                                          1
                                            −1           
                                gµν = 
                                                          
                                                                                                (1.9)
                                                  −1
                                                       −1

   Représentation du groupe de Poincaré
   Pour bâtir la représentation du groupe de Poincaré engendrée par l’Instant Form nous devons
ajouter dans (1.6) l’information sur la dynamique (1.2) et sur le choix de l’Instant Form (1.3).
Cela revient à éliminer la variable po dans (1.6) et à prendre xo = 0. On obtient :



                                                      17
CHAPITRE 1. LES FORMES DE LA DYNAMIQUE RELATIVISTE




                             Pi       = pi                 M ij    =   xi pj − xj pi
                             Po       = ωp                 M io    =   xi ωp
                                                 avec      ωp      ≡      (pi )2 + m2

   Groupe de stabilité :
   L’action d’une tranformation de Poincaré (1.8) sur la surface initiale F (xµ ) ≡ xo donne :

                                      δF = {F,δU }         = −xi δωio + δao


   On lit sur cette relation les générateurs dynamiques :

   – l’hamiltonien : P o
   – les 3 boosts : K 1 , K 2 , K 3

et les générateurs cinématiques:

   – les 3 translations d’espace : P 1 , P 2 , P 3
   – les 3 rotations : J 1 , J 2 , J 3

Le groupe de stabilité est donc de dimension 6.

     LA POINT FORM
                                             √ σ
   Paramètre d’évolution : τ =                x xσ
   Surface initiale : Σ : (xo )2 − (x1 )2 − (x2 )2 − (x3 )2 = cte. Il s’agit des hyperboloïdes de
révolution centrés autour du point 0 4 . Ils sont entièrement contenus à l’intérieur du cône de
lumière et respectent la condition de causalité, excepté pour le cas τ = 0, où l’hyperboloïde se
réduit au cône de lumière qui n’est pas une surface acceptable. Pour éviter cela on choisit τ > 0.
   Coordonnées naturelles :
   Les coordonnées naturelles sont les coordonnées hyperboliques :

                                                x0   = τ chω
                                                x1   = τ shωsinθcosϕ
                                                x2   = τ shωsinθsinϕ
                                                x3   = τ shωcosϕ

   De (1.4) et (1.9) on tire la métrique locale de l’hyperboloïde :
                                                                                  
                               1          0              0               0
                              0         −τ 2            0               0         
                                                                                  
                              0          0          −τ 2 sh2 ω          0         
                               0          0              0        −τ 2 sin2 θsh2 ω




  Représentation du groupe de Poincaré : On pourrait, de la même façon que précédem-
ment, éliminer dans (1.6) la variable dynamique associée à τ , mais les coordonnées hyperboliques
                                       √
  4. On pourrait, en définissant τ =     x2 − a2 , centrer ces hyperboloïdes autour de tout autre point.




                                                            18
1.3. LA FRONT FORM




compliquent un peu l’opération. Il est plus simple de suivre la méthode Dirac qui consiste à in-
troduire dans (1.6) la contrainte (1.2) avec des multiplicateurs de Lagrange λµ et λµν qui seront
déterminés en demandant que les crochets de Poisson de P µ et M µν avec xσ xσ soient nuls:
                                Pµ    = pµ + λµ (pσ pσ − m2 )

                              M µν    = xµ pν − xν pµ + λµν (pσ pσ − m2 )

   Il vient :

                                                  xµ
                                      λµ = −             et λµν = 0
                                               2(pσ xσ )

   et donc
                                                        xµ
                                     Pµ   =   pµ −               σ
                                                     2(pσ xσ ) (p pσ   − m2 )

                                  M µν    =   xµ pν − xν pµ

    Générateurs et groupe de stabilité : On lit directement sur la représentation précédente
que les rotations et les boosts sont cinématiques dans la Point Form, ce qui n’est pas surprenant
                                        √
puisque les surfaces initiales Σ : τ = xσ xσ = cte sont des scalaires sous le groupe de Lorentz.
C’est d’ailleurs là le principal avantage de la Point Form. Les 4 moments P µ sont dynamiques,
le groupe de stabilité est donc de dimension 6, comme dans l’Instant Form. L’autre avantage
de la Point Form est que la séparation entre générateurs cinématiques et dynamiques respecte
le caractère tensoriel de ces quantités rendant les équations transparentes à ce point de vue.
Cependant les coordonnées hyperboliques rendent la quantification particulièrement difficile et
peu de travaux ont été effectués [17] [56] dans cette forme de la dynamique relativiste.


1.3      La Front Form
   C’est la formulation dans laquelle on va se placer dans toute la suite de ce travail.
   Paramètre d’évolution : On choisit comme axe temps l’axe τ ≡ xo + x3 . C’est l’une des
génératrices du cône de lumière.
    Surface intiale : La surface correspondante a pour équation : Σ : xo − x3 = 0. C’est l’hyper-
plan tangent au cône de lumière et orthogonal (au sens minkowskien) à l’axe xo + x3 = 0. On
l’appelle parfois le “front de lumière” 5 . La condition de causalité n’est pas pleinement satisfaite
pour les particules de masse nulle, puisque leurs histoires sont contenues dans le front de lumière.
On peut donc s’attendre (et c’est ce qui arrive) à avoir des problèmes pour formuler sur le cône
de lumière les théories à masses nulles. Dans la suite on s’intéressera seulement aux théories
massives.




   5. Le choix de τ ≡ xo +x3 comme paramètre d’évolution est purement conventionnel. On pourrait pareillement
choisir τ ≡ xo − x3 et Σ : xo + x3 = 0. Notre choix est cependant le plus répandu dans la littérature.




                                                     19
CHAPITRE 1. LES FORMES DE LA DYNAMIQUE RELATIVISTE




                                          Cône et front de lumière

    Coordonnées naturelles :
    Les coordonnées naturelles de la Front Form sont celles du cône de lumière :
                                                                    
                                                      1 0 0 1
                                                    0 1 0 0 
                       xµ = C µνxν avec C µν ≡ 
                        CL                          0 0 1 0 
                                                                     

                                                      1 0 0 −1
On notera                                                                  
                                                             1           1
                                                             2   0    0  2
                                                     0          1    0 0 
                                  Cµν ≡ [C −1 ]νµ = 
                                                     0
                                                                            
                                                                 0    1 0 
                                                             1
                                                             2   0    0 −12

    En pratique 6 :
                                             xo
                                              CL   = xo + x3 ≡ x+
                                             x1
                                              CL   = x1
                                             x2
                                              CL   = x2
                                             x2
                                              CL   = xo − x3 ≡ x−

   Les composantes inchangées x1 , x2 , notées collectivement xi ou x⊥ , sont dites transverses,
tandis que la composante x− est dite longitudinale 7 .
    La métrique induite s’obtient à partir de (1.4) et de (1.9):
                                                                     1
                                                                          
                                                0        0       0    2
                                               0       −1       0    0 
                                       ηµν   =
                                               0
                                                                                                        (1.10)
                                                         0       −1   0 
                                                    1
                                                    2    0       0    0

    et conduit au produit scalaire
                                             1 + − 1 − +
                                     x.y =     x y + x y − x⊥ y ⊥
                                             2      2
   6. L’indice CL sera sous-entendu partout où on utilisera les indices +, ⊥ , et −. Ainsi par exemple xo = x+ .
                                                                                                        CL
Par ailleurs on notera que ce système de coordonnées n’est plus lorentzien puisque le déterminant de C est -2.
   7. Ces appellations proviennent du «référentiel de moment infini» («infinite momentum frame»). Voir plus
loin.




                                                        20
1.3. LA FRONT FORM




   Le caractère antidiagonal de (1.10) dans les indices + et − a pour effet, lors du passage
des coordonnées contravariantes aux coordonnées covariantes, de changer aussi la nature de la
composante :

                                            x+ = 1 x−
                                                 2
                                            x− = 1 x+
                                                 2


   Ceci est particulièrement important pour les opérateurs différentiels, puisque :

                                          ∂    1 ∂     1
                                   ∂ − = ∂x− = 2 ∂x+ = 2 ∂+
                                           ∂       ∂
                                   ∂− = ∂x− = 2 ∂x+ = 2∂ +

   ne dérivent pas par rapport à la même variable. C’est pour cela que les équations dynamiques
sur le cône de lumière ont une structure différente de celles de l’Instant Form. D’autre part le
développement du produit scalaire :

                                         1 + − 1 − +
                                 p.x =     p x + p x − p⊥ x⊥
                                         2      2

   montre que si x+ est la coordonnée de temps alors c’est p− , c’est-à-dire la quatrième com-
posante du 4-vecteur p, qui est l’énergie du système.
   Représentation du groupe de Poincaré
   Dans les coordonnées du cône de lumière la contrainte (1.2) s’écrit :

                                                (p⊥ )2 + m2
                                         p− =                                             (1.11)
                                                     p+

   Cette relation se différencie de son analogue dans l’Instant Form sur plusieurs points :

   – absence de racine carrée
   – p+ et p− sont de même signe
   – discontinuité en p+ = 0

qui suggèrent que la physique sur le cône de lumière doit s’exprimer de façon radicalement
différente. Nous reviendrons sur ces points dans la suite. On peut aussi remarquer que la limite
des grandes énergies p− peut s’obtenir avec de grands p⊥ , mais aussi avec de petits p+ , ce qui
a des conséquences majeures sur la renormalisation et constitue la base des travaux de Wilson
sur l’application du groupe de renormalisation aux théories sur le cône de lumière [63]
   De (1.11) et de (1.6), et en prenant x+ = 0, on tire la représentation du groupe de Poincaré :

                        P+   =    p+          M −+      =     x− p+
                        P⊥   =    p⊥          M ⊥+      =     x⊥ p+
                        P−   =     −
                                  ξp          M ⊥−      =     x⊥ ξp − x− p⊥
                                                                  −
                                                                                          (1.12)
                                          et  M 12      =     x p − x2 p1
                                                               1 2

                                                −             (p⊥ )2 +m2
                                         avec  ξp       ≡         p+


   Générateurs et groupe de stabilité :
   Ecrivons les générateurs dans les coordonnées du cône de lumière :

                              µ              µν
                             PCL = C µνP ν, MCL = C µαM αβ C νβ

donne :



                                                 21
CHAPITRE 1. LES FORMES DE LA DYNAMIQUE RELATIVISTE




                                      P+      = Po + P3
                                      P−      = Po − P3
                                      P⊥      =  P 1, P 2
                                     M +1     = J2 + K1             ≡   E1
                                     M +2     = −J 1 + K 2          ≡   E2
                                     M +−     =  −2K 3
                                     M −1     = −J 2 + K 1          ≡   F1
                                     M −2     = J1 + K2             ≡   F2
                                     M 12     =     J3

    L’action de ces générateurs sur la surface intiale Σ : x+ = 0 est, d’après (1.8) :

                                   δF = {F,δU } = −2x⊥ δω⊥− + 2δa−

    où on lit les générateurs dynamiques :

    – l’hamiltonien P −
    – les M ⊥− , c’est-à-dire F 1 et F 2 qui génèrent les rotations autour des directions transverses

et les générateurs cinématiques 8 :

    –   Les 3 translations d’espace P + , P 1 , P 2
    –   les M ⊥+ , c’est-à-dire E 1 et E 2 qui génèrent les boosts dans les directions transverses
    –   M 12 , c’est-à-dire J 3 le générateur des rotations autour de l’axe longitudinal
    –   M +− , c’est-à-dire −2K 3 le générateur des boosts dans la direction longitudinale.

C’est donc dans la Front Form que le groupe de stabilité, de dimension 7, est maximal.
    Quelques propriétés du groupe de Poincaré sur le cône de lumière :
   Un boost longitudinal est un simple changement             d’échelle. La représentation matricielle de
K 3 dans une base lorentzienne étant
                                                                     
                                               0 0              0   1
                                              0 0              0   0 
                                 [KLz ]µ ν = 
                                   3
                                              0 0
                                                                      
                                                                0   0 
                                               1 0              0   0

    on en déduit sa représentation sur le cône de lumière :
                                                                                
                                                         1              0   0 0
                                                        0              0   0 0 
                       [KCL ]µ ν = Cα ν [KLz ] C β ν = 
                          3                3
                                                        0
                                                                                 
                                                                        0   0 0 
                                                         0              0   0 −1

    Si on considère deux systèmes de coordonnées reliés par un boost longitudinal de rapidité ω
                1       3   µ
, soit x µ = e− 2 ω(−2[KCL ] ν )xν , on obtient :
                                              x+     = eωx+
                                              x−     = e−ωx−

   Ainsi le comportement du système dans un tel boost est particulièrement simple. On peut à
nouveau remarquer que seule la surface x+ = 0 est invariante.
    A l’aide de (1.12) et de (1.7) on peut calculer sans difficulté les relations de commutation
(cf. tableau ci-après). On voit apparaître plusieurs structures :

    – J 3 , F 1 et F 2 forment un sous-groupe :
   8. Le générateur K 3 n’est cinématique que si l’on choisit explicitement x+ = 0 , à l’exclusion de tout autre
constante, contrairement aux autres générateurs cinématiques qui le restent pour toute surface du type x+ = cte.




                                                      22
1.3. LA FRONT FORM




                                             {F 1 ,F 2 } =       0
                                             {J 3 ,F i } =       ij
                                                                      Fj

   – K 3 , E 1 , et E 2 forment un sous-groupe du groupe de stabilité :

                                                  {E 1 ,E 2 }    = 0
                                                  {K 3 ,E i }    = Ei

   – P i , P − , P + E i ,et J 3 constituent un sous-groupe isomorphe au groupe de Galilée à 1+1
     dimensions :


                                            {J 3 ,E i }    = ij E i
                                            {J 3 ,P i }    = ij P i
                                           {E i ,P − }     = −2P i
                                            {E i ,P j }    = −δ ij P +


    avec tous les autres crochets de Poisson qui sont nuls. On peut vérifier l’isomorphisme en
identifiant P − à l’hamiltonien, P i aux deux générateurs des translations d’espace, J 3 à la rota-
tion, E i aux deux boosts galiléens et P + à la masse qui est l’opérateur de Casimir. L’existence
de ce sous-groupe galiléen laisse supposer qu’on va retrouver dans la dynamique sur le cône de
lumière certains aspects de la dynamique galiléenne. Et c’est effectivement ce qui se passe. On
peut montrer [58] [32] que dans un système de particules en interaction sur le cône de lumière, le
mouvement relatif découple du mouvement global du centre de masse, exactement comme dans
le cas non relativiste.


                 P−       P+        P1        P2           E1     E2        J3     K3       F1         F2
          −
        P         0        0        0         0           2P 1    2P 2      0     P−        0           0
        P+        0        0        0         0            0       0        0     −P +     2P 1       2P 2
        P1        0        0        0         0           P+       0       −P 2    0       P−           0
        P2        0        0        0         0            0      P+        P1     0        0          P−
        E1      −2P 1     0        −P +       0            0       0       −E 2   −E 1     2K 3       −2J 3
        E2      −2P 2     0         0        −P +          0       0        E1    −E 2     2J 3       2K 3
        J3        0        0        P2       −P 1          E2    −E 1       0      0        F2        −F 1
        K3      −P −      P+        0         0            E1     E2        0      0       −F 1       −F 2
        F1        0      −2P 1     −P −       0           2K 3   −2J 3     −F 2    F1       0           0
        F2        0      −2P 2      0        −P −         2J 3   −2K 3     −F 1    F2       0           0

   Groupe de Poincaré sur le cône de lumière : le rectangle gris foncé est le groupe

   de stabilité, le rectangle en gris clair (chevauchant le précédent) est le sous-groupe galiléen.




                                                          23
CHAPITRE 1. LES FORMES DE LA DYNAMIQUE RELATIVISTE




                                             24
Chapitre 2

 La théorie quantique des champs
 sur le cône de lumière

                                                                     "Qu’exige la lumière? Que tu t’y perdes."
                                                                                            Vilhelm Ekelund


 2.1      L’algèbre de Poincaré pour les champs
     Dans la suite on va considérer une théorie d’un champ scalaire φ(x) dotée d’une interaction
 V (φ) sans terme dérivatif:

                                       1 µ        1
                                  L≡     ∂ φ∂µ φ − m2 φ2 − V (φ)                                         (2.1)
                                       2          2

   Suite à l’invariance de Poincaré de ce lagrangien on sait, par application du théorème de
 Noether, qu’il existe 2 “courants conservés” :

                                                 ∂L
square le tenseur énergie-impulsion T µν ≡              ν
                                               ∂(∂µ φ) ∂ φ     − η µν L = ∂ µ φ∂ ν φ − η µν L
square et le tenseur boost-angulaire J ρµν ≡ T    ρν µ
                                                    x − T ρµ xν

     dont les intégrales à travers une surface initiale Σ : τ = F (x) sont les “charges conservées”:

                                         Pµ     ≡        ΣT
                                                              µν
                                                                dσν

                                        M µν    ≡        ΣJ
                                                              ρµν
                                                                   dσρ

     qui obéissent à l’algèbre de Lie du groupe de Poincaré.
     Plaçons-nous sur le cône de lumière :

                                 1 +        1          1
                            L≡     ∂ φ∂− φ − (∂ ⊥ φ)2 − m2 φ2 − V (φ)                                    (2.2)
                                 2          2          2

     donne l’équation du mouvement:

                                                                   δV (φ)
                                     (∂ + ∂ − + m2 )φ = −                                                (2.3)
                                                                     δφ

     L’élément de surface de la surface Σ : τ = x+ = 0 s’écrit :



                                                    25
CHAPITRE 2. LA THÉORIE QUANTIQUE DES CHAMPS SUR LE CÔNE DE LUMIÈRE




                                                      1 − 2 ⊥
                                              dσµ =     dx d x nµ
                                                      2
                 
                1
               0 
    avec nµ ≡  vecteur normal à Σ . On obtient pour les générateurs :
               0 
                0

                                              1
                                  Pµ     =    2    T µ+ dx− d2 x⊥

                                              1
                                 M µν    =    2   (T +ν xµ − T +µ xν )dx− d2 x⊥

    Dans le cas du champ libre (V = 0 ) on obtient explicitement :

                                   1
                      P+     =     2    dx− d2 x⊥ (∂ + φ)2

                                   1
                      P⊥     =     2    dx− d2 x⊥ [∂ + φ∂ ⊥ φ]

                                   1
                      P−     =     2    dx− d2 x⊥ [(∂ ⊥ φ)2 + m2 φ2 ]

                                   1
                       J3    =     2    dx− d2 x⊥ ∂ + [x1 ∂ 2 φ − x2 ∂ 1 φ]

                                   1
                      K3     =     4    dx− d2 x⊥ x− (∂ + φ)2

                                   1
                       Ei    =     2    dx− d2 x⊥ xi (∂ + φ)2

                                   1
                       Fi    =     2    dx− d2 x⊥ xi [(∂ ⊥ φ)2 + m2 φ2 ] − x− ∂ + φ∂ i φ


2.2      Une théorie singulière
    A partir de maintenant, on va se placer à 1+1 dimensions. Le terme cinétique du lagrangien
                                      ∂φ
(2.2) est linéaire dans les vitesses ∂x+ = 1 ∂ − φ et cela signifie que le lagrangien est singulier 1 .
                                            2
Le référentiel du cône de lumière ne peut donc pas être approché par une suite de référentiels de
Lorentz dont on ferait tendre l’impulsion p3 vers l’infini 2 . Une telle limite est discontinue puisque
dans tout référentiel lorentzien le lagrangien (2.1) demeure régulier : les structures simplectiques
sont différentes. Historiquement c’est cependant par ce biais que de nombreuses recherches ont
commencé, notamment avec Weinberg [62] et Susskind [58] .
  Il faut donc utiliser l’algorithme de Dirac-Bergmann pour construire la dynamique. Le mo-
ment conjugué du champ est :

                                                      ∂L
                                              Π≡        ∂φ
                                                             = ∂+φ
                                                    ∂( ∂x+ )

    qui est indépendant de ∂ − φ et engendre la contrainte primaire :

                                          θ(x) = Π(x) − ∂ + φ(x) ≈ 0                                       (2.4)
                                                                   2
                                                                  δ L
  1. La hessienne est identiquement nulle : W (x,y) =    δ[∂ − φ(x)]δ[∂ − φ(y)]
                                                                                  =0
   2. On considère un référentiel lorentzien, qu’on appelle référentiel de moment infini, se déplaçant selon l’axe
                                                                        3   o
x3 à vitesse v par rapport à celui du laboratoire. On a p3 F = p +vp2 . Dans la limite v → 1 l’impulsion
                                                             IM
                                                                       √
                                                                             1−v
longitudinale p3 F devient infinie et la description du mouvement s’effectue en unité de α ≡ p3 + vp0 qui reste
               IM
fini. Dans cette limite du ”moment infini”, α s’identifie à l’énergie p− sur le cône de lumière.




                                                         26
2.2. UNE THÉORIE SINGULIÈRE




    L’hamiltonien primaire s’écrit :


                                    H1 (x+ ) = HC (x+ ) +            dy µ(y)θ(y)


    où Hc est l’hamiltonien canonique

                                                         1 2
                                   HC =           dx−      m φ(x)2 + V (φ(x))
                                                         2

    Sachant que
                                          +                      +
                       δθ(x)
                       δφ(z)   =    − δ(∂ φ(x))
                                        δφ(z)           = −∂      (δφ(x))
                                                                 δφ(z)      =      +
                                                                                 −∂x δ(x − z)
                                                                                                               (2.5)
                       δθ(x)
                       δΠ(z)   =      δ(x − z)


    on obtient pour la matrice des contraintes primaires :

                                                       −             −
                                   C(x,y)         =   ∂y δ(y − x) − ∂x δ(x − y)



    C’est un opérateur différentiel dont l’action sur une fonction f quelconque est :

                                                                       ∂f (x)
                                            dy C(x,y)f (y) = −4
                                                                        ∂x−

La condition de consistance s’écrit :

                        ˙
                        θ(X) = {θ(x),H1 } = {θ(x),HC (x+ )} +                   dyC(x,y)µ(y)


    soit
                                                   ∂        1
                                                      µ(x) = B(x)                                              (2.6)
                                                  ∂x−       4

   avec B(x) ≡ −{θ(x),HC (x+ )}. La forme de C(x,y) montre que l’unique contrainte θ(x) est
de deuxième classe. L’équation (2.6) est effectivement soluble 3 et C(x,y) admet pour inverse :

                                                      1
                                        C −1 (x,y) = − sgn(x− − y − )
                                                      4

    d’où
                                              1
                                µ(x) = −              dy − sgn(x− − y − )B(x+ ,y − )
                                              4

    La dynamique est alors entièrement déterminée par les crochets de Dirac :


  {A(x),B(y)}∗+ =y+
             x
                            = {A(x),B(y)}x+ =y+
                              + 1 dzdw{A(x),θ(z)}x+ =z+ sgn(z − − w− ){θ(w),B(y)}w+ =y+
                                4
                                                                                                               (2.7)

                                                                1
   3. La solution la plus générale est en fait : C −1 (x,y) = − 4 sgn(x− − y − ) + g(x+ ), où g(x+ ) est une fonction
arbitraire que nous prenons ici nulle. Elle peut être déterminée par un choix de conditions aux limites.




                                                            27
CHAPITRE 2. LA THÉORIE QUANTIQUE DES CHAMPS SUR LE CÔNE DE LUMIÈRE




    En utilisant (2.5) et (2.7) on trouve les crochets fondamentaux :
                                                              1
                                {φ(x),φ(y)}∗ + =y+
                                           x           =    − 4 sgn(x− − y − )

                                                            1 ∂
                               {Π(x),Π(y)}∗ + =y+
                                          x            =    4 ∂x− δ(x
                                                                     −
                                                                         − y−)                            (2.8)

                                                            1
                               {φ(x),Π(y)}∗ + =y+
                                          x            =    2 δ(x
                                                                 −
                                                                     − y−)

    Les deux premiers crochets, non nuls, indiquent qu’il existe une relation causale entre deux
champs pris à temps égaux. Cette situation contraste avec la dynamique conventionnelle dans
les référentiels de Lorentz, mais n’est pas étonnante puisque la surface des temps égaux est ici
justement de genre lumière. Ces résultats ont été obtenus par d’autres auteurs, avec d’autres
méthodes, dans des contextes différents. Notamment, en étudiant l’invariance par translation le
long du plan xo +x3 = 0, Neville et Rohrlich [43] trouvent aussi un facteur 1 dans le commutateur
                                                                            2
[φ(x),Π(y)] = 1 δ(x− − y − ).
                2

    Signalons un autre aspect du caractère singulier de la théorie : le problème de Cauchy est
mal posé. A priori la connaissance des conditions initiales sur les surfaces caractéristiques de
l’équation hyperbolique (2.3), par exemple x+ = 0 et x− = 0, est nécessaire pour en déterminer
complètement les solutions. Or dans la Front Form la quantification est réalisée sur l’hyperplan
x+ = 0, en faisant correspondre les crochets (2.8) à des commutateurs. Pour satisfaire aux
critères du problème de Cauchy il faudrait aussi quantifier le champ sur la surface x− = 0,
comme l’ont noté plusieurs auteurs [43] [55] [31], ce qui a pour inconvénient d’introduire un
deuxième temps et d’obscurcir ainsi l’élaboration d’une formulation hamiltonienne.
   Néanmoins, Heinzl et Werner [31] ont montré que la valeur du champ sur la surface x− = 0
pouvait s’exprimer entièrement en fonction de celle sur x+ = 0, pourvu que l’on introduise des
conditions aux limites périodiques, levant ainsi l’apparente ambiguïté dans la formulation du
problème de Cauchy.


2.3        Quantification du champ libre
    La contrainte (2.4) étant de seconde classe, la quantification est réalisée en remplaçant les
crochets de Dirac dans (2.8) par les commutateurs et en élevant les champs fondamentaux φ
et Π au rang d’opérateurs 4 . Dans le cas du champ libre V ≡ 0, l’équation du mouvement est
l’équation de Klein-Gordon sur le cône de lumière :

                                           (∂ + ∂ − + m2 )φ(x) = 0

    soit dans l’espace de Fourier 5 :

                                         (−4k + k − + m2 )φ(k) = 0

    avec

                                          +∞
                                               dk + dk −          + −  − +
                               φ(x) =                    φ(k)e−i(k x +k x )
                                         −∞     (2π)2

    Il existe donc une distribution φ(k) telle que

                                        φ(k) = δ(4k + k − − m2 )φ(k)
   4. L’autre approche possible, la quantification par intégrale de chemin des systèmes singuliers, a été étudiée
par Senjanovic [54].
   5. Le facteur 4 vient des facteurs 1 dans la métrique.
                                      2




                                                      28
2.3. QUANTIFICATION DU CHAMP LIBRE




   d’où :

                        +∞ dk+ +∞ dk− θ(k− )          −                 i   + −  − +
            φ(x)   =    0   2π   −∞ 2π |k+ |
                                             δ(k − − ξk )φ(k + ,k − )e− 2 (k x +k x )
                          0    +  +∞   −      −                                + −  − +
                       + −∞ dk −∞ dk θ(−k | ) δ(k − − ξk )φ(k + ,k − )e− 2 (k x +k x )
                                                          −                 i
                              2π      2π  |k+

                                                                                             −
La différence avec la résolution en coordonnées de Minkowski est, qu’ici, l’énergie on-shell ξk ≡
  2
m                        +
k+ dépend du signe de k , d’où la séparation en deux intégrales ci-dessus.

   On obtient :
                                     +∞ dk+ 1     + − − 2 (ξk x+ +k+ x− )
                                                          i  −
                       φ(x)    =    0    2π k+ φ(k ,ξk )e
                                      +∞ dk+ 1        +     − 2 (ξk x+ +k+ x− )
                                                                i −
                                   + 0     2π k+ φ(−k , − ξk )e


   après avoir changé k + en −k + dans la deuxième intégrale.
   En posant comme prescription de quantification, pour k + > 0 :
                                                             −
                                                     φ(k + ,ξk )
                                                      2(2π)k +


                                         φ(k+ ,ξk )
                                                −
                                          √
                                            2πk+
                                                          → ak
                                      φ(−k+ ,−ξk )
                                                −
                                        √
                                          2πk+
                                                          → a†
                                                             k


                                    avec ak ,a†
                                              q           =     δ(k + − q + )

   on vérifie les commutateurs fondamentaux (2.8) et on obtient :

                                             +∞
                               1                        1           i     on                 i     on
                       φ(x) = √                   dk + √       a† e 2 k
                                                                k
                                                                               .x
                                                                                    + ak e − 2 k         .x
                                                                                                               (2.9)
                               2π        0              k+

    On voit apparaître, outre la divergence ultraviolette déjà présente en quantification conven-
tionnelle, une divergence infrarouge en k + → 0. Schleider et Seiler [51], ainsi que Maskawa et
Yamawaki [40] [42], ont montré qu’il était impossible de définir de façon consistante les opé-
rateurs ak et a† en y incluant le point k + = 0 6 . Longtemps on a considéré cette divergence
                k
comme une singularité supplémentaire qui venait s’ajouter à la divergence ultraviolette. Nous
montrerons dans la deuxième partie qu’il n’en est rien.
    Il est instructif de construire un propagateur de Feynman à partir de l’expression (2.9). Pour
cela on utilise le produit chronologique T + qui ordonne les opérateurs selon les x+ croissants .

i∆F (x−y) ≡< 0|T + φ(x)φ(y)|0 >= θ(x+ −y + ) < 0|φ(x)φ(y)|0 > +θ(y + −x+ ) < 0|φ(y)φ(x)|0 >
                                                                                     (2.10)
   A l’aide de la représentation intégrale de la fonction θ:

                                                                +∞                       +       +
                              +      +                     i               e−iw(x −y                 )
                           θ(x − y ) = lim           →0                 dw                                    (2.11)
                                                          2π   −∞             w+i
                                                           −
et après avoir fait le changement de variable : w = k − − ξk on obtient :

                                       +∞ dk− +∞ dk+ e−i[k− (x+ −y+ )+k+ (x− −y− )]
                   ∆F (x − y) =        −∞ 2π   0  2π                  −
                                                            k+ [k− −ξk +i ]
                                         +∞ dk− +∞ dk+ e−i[k− (y+ −x+ )+k+ (y− −x− )]
                                                                                                              (2.12)
                                      + −∞ 2π 0      2π        k+ [k− −ξ − +i ]              k

   6. L’exclusion de la valeur k + = 0 dans la définition des opérateurs ne modifie cependant pas l’intégrale
puisque c’est un point de mesure nulle.




                                                          29
CHAPITRE 2. LA THÉORIE QUANTIQUE DES CHAMPS SUR LE CÔNE DE LUMIÈRE




   En faisant le changement k − → −k − et k + → −k + dans la seconde intégrale on obtient
finalement :

                        +∞ dk− −ikof f (x−y)        +∞ dk+        1               0  dk+       1
  ∆F (x − y) =          −∞ 2π e                     0   2π k+ [k− −ξ − +i ]   +   −∞ 2π −k+ [−k− +ξ − +i ]
                                                                    k                              k
                        +∞ d2 k e−kof f (x−y)
                 =      −∞ (2π)2 k2 −m2 +i


    qui est bien l’expression manifestement covariante du propagateur de Feynman. Cependant
le calcul pour en arriver là est différent du calcul habituel du propagateur de Feynman. Cette
situation est typique de la physique sur le cône de lumière : il semble toujours possible de
construire les mêmes quantités physiques qu’en quantification conventionnelle mais au prix de
manipulations mathématiques différentes. Ici on peut noter que dans (2.12) il n’y a qu’un seul
                −
pôle en k − = ξk , identique dans les deux intégrales. Cela est à rapprocher des résultats obtenus
par Weinberg [62] dans le contexte du référentiel de moment infini : dans l’Ancienne Théorie des
Perturbations 7 , les graphes associés à la création et à l’annihilation de particules à partir du
vide (les graphes en “Z” voir figure ci-après) ont une contribution nulle 8 .




   Tout ceci suggère que la théorie covariante des perturbations sur le cône de lumière ne semble
pas différente de son analogue conventionnelle et, effectivement, cette équivalence a été établie
depuis longtemps [8] et plus récemment [52]. La situation est légèrement différente dans le cas
des fermions où il apparaît des termes instantanés supplémentaires [52]. La question se pose
maintenant : comment apparaît la physique non-perturbative sur le cône de lumière?




  7. Littéralement : Old-Fashioned Perturbation Theory. Développement non covariant où les propagateurs ont
                                1
un dénominateur d’énergie : E −E +i et les graphes sont orientés dans le temps.
                              1   2
   8. Posons y + = 0 pour simplifier. Alors (2.10) contient une fonction θ(x+ )θ(k + ) = θ(x+ k + ), très différente
de son analogue conventionnelle θ(xo k o ). Chaque ligne porte donc x+ > 0 ,k + > 0 ou bien x+ < 0, k + < 0
(antiparticule) et avec la conservation de k + aux vertex, les graphes en Z sont impossibles.




                                                       30
Chapitre 3

Le problème du vide

                                                      "Aucune affirmation ne me semble plus capitale que
                                                         celle-ci: le vide n’est pas vide.Le vide est le siège
                                                          de manifestations physiques des plus violentes."
                                                                                               John A.Wheeler


3.1       La nature du problème
    La formulation axiomatique de la théorie quantique des champs [2] suppose les propriétés
suivantes sur le spectre des générateurs de Poincaré :

                                              P 2 ≥ 0 et P o ≥ 0                                        (3.1)

   La première inégalité exclut les solutions à masse imaginaire de type tachyon et la seconde
indique que le spectre de l’opérateur d’énergie, générant l’évolution dans le futur, doit se trouver
dans le demi-cône de lumière positif. Ces propriétés, naturelles en quantification conventionnelle,
ont ici des conséquences majeures. De (3.1) on tire :

                           (P o )2 − (P 3 )2 ≥ (P ⊥ )2 ≥ 0 soit P o ≥ |P 3 |

   Pour l’impulsion longitudinale sur le cône de lumière

                                      P + ≡ P o + P 3 ≥ |P 3 | + P 3

   soit
                                                   P+ ≥ 0

   La composante P + est bornée inférieurement. Aucune supposition n’est faite sur la dyna-
mique pour arriver à ce résultat. Ainsi, sur le cône de lumière, un état physique quelconque |Ψ >
a donc un moment longitudinal positif ou nul :

                                              < Ψ|P + |Ψ >≥ 0

   Considérons le champ scalaire Φ en interaction, pris au temps x+ = 0 pour simplifier. Il
peut se développer en termes d’opérateurs de créations et d’annihilations généralisés dits de
“quasi-particule” A† (k + ,k ⊥ ) et A(k + ,k ⊥ ) tels que :

                                        1                              1     +
                                                                                 x− −k⊥ x⊥ )
                     A(k + ,k ⊥ ) ≡              dx− dx⊥ Φ(x− ,x⊥ )ei( 2 k
                                      (2π)2



                                                      31
CHAPITRE 3. LE PROBLÈME DU VIDE




    P + génèrent les translations longitudinales :

                   P + ,Φ(x+ ,x⊥ ) = −∂ + Φ soit         P + ,A(k + ,k ⊥ ) = −k + A(k + ,k ⊥ )

Pour un état quelconque |q + ,q ⊥ > on en déduit :


                         P + A(k + ,k ⊥ )|q + ,q ⊥ >= (q + − k + )A(k + ,k ⊥ )|q + ,q ⊥ >

    D’où A(k + ,k ⊥ )|q + ,q ⊥ > est état propre de P + avec la valeur propre q + − k + , on peut l’écrire
|(q − k + ),(q ⊥ − k ⊥ ) >. Appliquons ceci au vide |ω > de la théorie en interaction qui, pour
   +

satisfaire à l’invariance de Poincaré, doit s’écrire |q + = 0,q ⊥ = 0 >:


                                    A(k + ,k ⊥ )|ω >= | − k + , − k ⊥ >= 0

    puisque que le spectre de P + est borné inférieurement par 0. Ainsi sur le cône de lumière
l’état fondamental de l’hamiltonien en interaction n’a pas de structure et s’identifie avec l’état
fondamental de l’hamiltonien libre 1 ’ 2 :

                                                   |ω >= |0 >

    Cet état de fait a longtemps fait croire que la quantification sur le cône de lumière n’était
pas capable de décrire les phénomènes physiques liés à un vide complexe tels que la brisure
spontanée de symétrie, les solutions solitoniques, le confinement des quarks dans QCD, et plus
généralement l’ensemble des effets non perturbatifs reliés au vide. Cela semblait notamment
remettre en cause le théorème de Coleman qui affirme que les symétries du vide sont les symétries
de l’hamiltonien en interaction (puisque sur le cône de lumière le ket fondamental est le même
pour tous les hamiltoniens ! ). Cette question a été résolue par Heinzl et al. [25] à la fin des
années 80. Pour cela il faut revenir à l’algorithme de Dirac-Bergmann et au traitement de la
divergence infrarouge.


3.2       Secteur du vide, secteur des particules
   Dans le milieu des années 80 Brodski et Pauli [44] ont proposé une version discrétisée de la
quantification sur le cône de lumière appelée DLCQ 3 , généralisant ainsi les idées de Maskawa
et Yamawaki [40], qui a été appliquée à l’étude des états liés en QED et QCD avec un certain
succès [46]. L’idée de départ consistait à se placer dans une boîte [−L, + L], avec les conditions
aux limites périodiques (CLP), pour obtenir une discrétisation des impulsions

                                             +     2nπ
                                            kn =       n∈Z
                                                    L

                                             −     m2   m2 L
                                            ξn ≡    + =
                                                   kn   2nπ

    et à traiter la divergence infrarouge de (2.9) par soustraction du “mode zéro” n = 0 .

                                  +∞
                          1            1        nπx− m2 Lx+         nπx− m2 Lx+
                  ϕ(x) = √            √   a† ei( L + 4nπ ) + an e−i( L + 4nπ )
                                           n
                          4π      n=1
                                        n
  1. Voir [37] pour une discussion complète.
  2. On peut aussi s’en convaincre par l’argument heuristique suivant : pour un système de particules (de masse
non nulle) en interaction, les impulsions s’ajoutent ; or, on sait que pour chacune d’elles k + ≥ 0 et k − =
m2 +(k⊥ )2
   k+
           .Il est donc impossible de construire pour ce système un état qui ait à la fois une énergie non nulle et
un k + totalnul, c’est-à-dire un vide non trivial (à l’exception du cas non physique d’une énergie infinie).
   3. Discretized Light Cone quantization




                                                        32
3.2. SECTEUR DU VIDE, SECTEUR DES PARTICULES




    Les résultats physiques finals étant obtenus par passage à la limite L → ∞ à la fin des
calculs. 4
    Mais l’utilisation des conditions aux limites périodiques modifie les conditions d’inversion de
                                          d
la relation (2.6). En effet le spectre de dx devient discret et le noyau de l’application C n’est pas
vide : il contient les fonctions constantes. On peut choisir comme base de l’espace fonctionnel les
                                        iπnx−
fonctions propres de dx− , soit { √1 e L , n ∈ Z} , et dans ce cas :
                          d
                                     2L


                                      d
                                 Ker dx−        = V ect{ √1 }
                                                          2L
                                      d                                iπnx−
                                  Im dx−        = V ect{ √1 e
                                                          2L
                                                                         L     , n ∈ Z ∗}


   où V ectE désigne l’espace vectoriel engendré par E 5 . Il est utile de représenter les projecteurs
P et Q définis à l’appendice A à l’aide de la base précédente 6 :

                                             1                       d
                                PL    =     2L     projette sur Ker dx
                                                              iπn(x−y)
                                             1                                            d
                          QL (x,y)    =     2L      n=0   e      L       projette sur Im dx

    qui vérifient bien les propriétés (A.8), notamment :

                                                        +∞
                                                                    inπ(x−y)
                               PL + QL (x,y) =                  e      L       = δ(x − y)                    (3.2)
                                                      n=−∞


                              ˙
    L’équation de consistance θ ≈ 0 (2.6) mène donc à la contrainte 7

                                                θ3 ≡ PL ∗ B(x) ≈ 0                                           (3.3)

    et à l’équation dynamique

                                        d           1
                                          µQ (x) = − QL (x,y) ∗ B(y)                                         (3.4)
                                       dx           4

    en notant ∗ la multiplication pour les opérateurs (pour une fonction f quelconque, fP (x) ≡
              1  L
P ∗ f (x) = 2L −L dx− f (x) et fQ (x) ≡ (1 − P ) ∗ f (x)). On résout cette dernière équation en
calculant sa fonction de Green. En projetant

                                             d
                                               G(x − y) = δ(x − y)                                           (3.5)
                                            dx
        d
sur Im dx− on obtient
  4. Nous montrerons dans la suite que cette limite est hautement non triviale.
             dµ(x)
  5. En effet dx− = 0 donne µ(x) = µo constante, telle que µ(−L) = µ(L).
   6. La discrétisation des impulsions n’est pas obligatoire pour représenter les opérateurs P et Q. Toute suite de
fonctions δ dont la limite → 0 tend vers la distribution de Dirac δ peut être utilisée pour définir le projecteur
P. Par exemple :
                                                                 
                                                                    1 pour k + = 0
                               P (k + ) = lim 1 →0 PL (k + ) =
                                              L                     0 pour k + = 0
                                                   sin(k+ L)
                                     PL (k + ) ≡     k+ L

  Voir [27] pour plus de détails.
  7. La projection de la contrainte primaire θ donnant lieu à :
                                       θ2   =      P ∗θ =P ∗Π≈0
                                       θ1   =      Q ∗ θ = Q ∗ (Π − ∂ + φ) ≈ 0
  qui n’ont pas d’intérêt dans la suite.




                                                           33
CHAPITRE 3. LE PROBLÈME DU VIDE




                          d
                            GQ (x − y) = QL (x,y) ∗ [PL + QL (x,y)] = QL (x,y)
                         dx

    De (3.5) et (3.2) on tire
                                                 +∞      iπn(x−y)
                                         1      e L
                              G(x − y) =                            = sgn(x − y)
                                         2 n=−∞  inπ

    d’où                                                                          iπn(x−y)
                                                                    1         e      L
                           GQ (x − y) = (1 − PL )G(x − y) =
                                                                    2              inπ
                                                                        n=0

    soit

                                                                     1
                                  GQ (x − y) = sgn(x − y) −            (x − y)
                                                                    2L
et donc

                                       1                             1
                          µQ (x) = −         dy sgn(x − y) −           (x − y) B(y)
                                       4                            2L
où on lit l’inverse de la matrice des contraintes

                                                1               1
                               C −1 (x,y) = −     sgn(x − y) −    (x − y)
                                                4              2L

    et on trouve
                                                      1               1
                           [φ(x),φ(y)] x+ =y+ = −       sgn(x − y) −    (x − y)
                                                      4              2L

   Il est intéressant de noter que ce qui différencie ce commutateur de (2.8) est simplement la
soustraction du point k + = 0 dans le discret, mais qu’à la limite du continu L → ∞ elle devient
localement nulle. Dans cette limite la fonction G(x − y) est localement égale à GQ (x − y) mais
globalement elle en diffère radicalement. Il faut donc être prudent en effectuant L → ∞ : si des
objets apparaissent dans la théorie qui s’annulent localement, mais pas globalement, le passage
à cette limite doit être réalisé comme toute dernière opération.
    Il est judicieux de traduire au niveau du champ l’action des opérateurs P et Q . On définit :

                               Q ∗ φ(x)     ≡    ϕ(x) (les modes normaux)
                               P ∗ φ(x)     ≡    Ω (le mode z´ro)
                                                             e

    L’application du projecteur P sur le champ total φ isole la (ou les) contribution(s) asso-
ciée(s) à un moment longitudinal k + nul, caractéristique du vide. A l’inverse le projecteur Q
sélectionne toutes les contributions telles que k + = 0 et ϕ représente l’ensemble des excitations à
l’exception de celles associées au vide. On est donc amené à définir deux secteurs orthogonaux et
complémentaires dans toute théorie exprimée sur le cône de lumière : le secteur du vide (obtenu
par projection P) et le secteur des particules (obtenu par projection Q). La contrainte (3.3),
dans le secteur du vide, est d’une importance capitale : elle exprime le lien entre des quantités
P (Ω ou µP ) et des quantités Q (ϕ ou µQ ), par l’intermédiaire de B(x) qui est associé au terme
d’interaction du lagrangien. Le mode zéro Ω dépend, à travers la contrainte θ3 , de tous les autres
modes du champ ϕ et ce, avec la complexité de l’hamiltonien en interaction 8 . Grâce à ce schéma,
    8. Pour s’en convaincre on peut calculer le crochet de Dirac {ω,ϕ(x)}∗ , à partir des crochets des contraintes
θ1 , θ2 et θ3 , et constater non seulement qu’il n’est pas nul , mais qu’il est très complexe. Dans le cas d’une
               λ
interaction 4! φ4 :
                                n                   R +L         o−1
     {ω,ϕ(x)}∗ = − 1 2L λ m2 + λ Ω2 + 2L λ −L dyϕ(y)2
                          2
                            1
                              2        2
                                               1
                                                  2
                        R +L                          2
                         −L dyGQ (x − y)[2Ωϕ(y) + ϕ (y)]




                                                       34
3.3. RÉSOLUTION DES ÉQUATIONS AUX MODES ZÉROS : EXEMPLE DE LA THÉORIE φ4
                                                                           1+1




la valeur moyenne du champ total dans le vide est susceptible d’avoir des valeurs tout à fait non
triviales malgré la simplicité de l’état fondamental de l’hamiltonien en interaction |ω >= |0 > 9 :

                          < ω|φ|ω >=< 0|φ|0 >=< 0|Ω + ϕ|0 >=< 0|Ω|0 >= 0

    Ainsi l’expression célèbre “sur le cône de lumière le vide est trivial” est vraie seulement si
on comprend “le vide” comme étant l’état fondamental de l’hamiltonien. Elle est fausse si on se
réfère aux propriétés physiques du vide, représentées par les valeurs moyennes des champs dans
l’état fondamental, qui possèdent, comme on vient de le voir, toute la complexité de la théorie en
interaction. Il est maintenant admis que les propriétés non perturbatives des théories quantifiées
sur le cône de lumière s’expriment par la prise en compte des modes zéros des champs et leur
interaction avec tous les autres modes. Divers auteurs [26], [1], [48] ont décrit avec succès la
brisure spontanée de symétrie d’un champ scalaire sur le cône de lumière. D’autres[28] [41] [36]
ont montré que les vides θ du modèle de Schwinger (QED1+1 ) admettent aussi une formulation
consistante. Cependant, malgré de nombreux travaux [60][33][19][47][7], la question essentielle du
traitement du vide de QCD sur le cône de lumière n’a pas encore trouvé de réponse satisfaisante,
notamment à cause des nombreuses contraintes de jauge qui s’ajoutent à celles spécifiques au
cône de lumière.


3.3       Résolution des équations aux modes zéros : exemple de
          la théorie φ4
                      1+1

                                                                      λ
    Pour rendre ceci plus explicite considérons l’interaction V (φ) = 4! φ4 . En poussant DBA à
son terme, on obtient, à partir de (3.4), les équations d’Hamilton qui fixent la dynamique dans
le secteur Q. Il est cependant plus simple, et tout à fait équivalent, de projeter directement
l’équation du mouvement sur le secteur des particules 10 :
                                                                  λ
                                  (∂ + ∂ − − m2 )ϕ = m2 Ω +          Q ∗ (Ω + ϕ)3
                                                                  3!

    et de la même façon on obtient la contrainte θ3 par projection sur le secteur du vide 11 :
                                                                            +L
                        λ                       λ     λ 1
              m2 Ω +       P ∗ (Ω + ϕ)3 = m2 Ω + Ω3 +                            dx− [3Ωϕ2 + ϕ3 ] ≈ 0
                        3!                      3!    3! 2L               −L

La dynamique de la théorie est entièrement déterminée par la donnée de ces deux relations.
Cependant si les crochets de Dirac permettent de déterminer les commutateurs fondamentaux, il
n’en reste pas moins une ambiguïté sur l’ordre des champs ϕ et Ω au moment de la quantification
des deux équations ci-dessus 12 . Cette situation est bien connue en quantification conventionnelle.
Nous choisissons ici la prescription de Weyl qui ordonne les produits de façon symétrique :

                                               λ
                     (∂ + ∂ − − m2 )ϕ = m2 Ω + 3! Q ∗ [Ω3 + Ω2 ϕ + ϕΩ2 + ΩϕΩ
                                     +Ωϕ + ϕ Ω + ϕΩϕ + ϕ3 ]
                                         2    2


                                    λ 3   λ 1        +L                                                          (3.6)
                          m2 Ω +       + 3! 2L −L dx− [Ω2 ϕ + ϕΩ2 + ΩϕΩ
                                    3! Ω
                                     +Ωϕ2 + ϕ2 Ω + ϕΩϕ + ϕ3 ] ≈ 0

    9. En fait, le choix de porter une information au niveau des opérateurs au lieu des états n’est pas exceptionnelle :
l’équivalence des points de vue de Heisenberg et de Schrödinger en mécanique quantique en est un exemple. Ici
cependant la trivialité de l’état fondamental impose de rechercher les propriétés du vide au niveau des opérateurs
de champ.
  10. On constate, comme on pouvait s’y attendre, que l’équation du mouvement n’est inversible que dans le
secteur Q.
  11. Là aussi on aurait pu obtenir cette équation en développant P ∗ B(x) ≈ 0.
  12. Ce problème n’apparaît que maintenant puisque nous n’avons considéré jusqu’ici que des commutateurs
qui se révélaient n’être que des c-nombres. A l’exception notable du crochet entre ϕ et ω qui est équivalent à la
contrainte θ3 en question.




                                                          35
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  • 2.
  • 3. "Ce qui est simple est toujours faux. Ce qui ne l’est pas est inutilisable." Paul Valéry
  • 4.
  • 5. Table des matières I Fondements de la physique sur le cône de lumière 11 1 Les formes de la dynamique relativiste 13 1.1 Dynamique relativiste du point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 1.2 Les formes de Dirac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 1.3 La Front Form . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 2 La théorie quantique des champs sur le cône de lumière 25 2.1 L’algèbre de Poincaré pour les champs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 2.2 Une théorie singulière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 2.3 Quantification du champ libre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 3 Le problème du vide 31 3.1 La nature du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 3.2 Secteur du vide, secteur des particules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 3.3 Résolution des équations aux modes zéros : exemple de la théorie φ4 1+1 . . . . . . 35 II L’approche continue de la quantification sur le cône de lumière 37 4 Les bases de la formulation continue 39 4.1 Quantification et régularisation du champ libre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 4.2 Développement du champ en interaction en série de Haag . . . . . . . . . . . . . 42 5 Le commutateur de Pauli-Jordan 45 5.1 Evaluation à x+ = 0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 5.2 Evaluation pour x+ quelconque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 6 Calculs à l’ordre 1 57 6.1 Contraintes et régularisation des divergences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 6.2 Caractéristiques de la transition de phase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
  • 6. 7 Calculs à l’ordre 2 63 7.1 Contraintes et équation du mouvement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 7.1.1 L’équation du mouvement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 7.1.2 La contrainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 7.2 Résolution approchée des équations du mouvement et des contraintes . . . . . . . 66 7.3 Calcul de la constante de couplage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 7.4 Fonction β1 (g) et comparaison avec les théories critiques . . . . . . . . . . . . . . 69 7.5 Comparaison avec les résultats des théories critiques . . . . . . . . . . . . . . . . 70 7.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 III La théorie des champs ϕ4 O(N) sur le cône de lumière. 73 8 Développement de la théorie φ4 O(N ) quantifiée par intégrales de chemin 75 8.1 Mise en forme de la fonctionnelle génératrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 8.2 Algorithme pour la détermination des diagrammes contribuant aux fonctions de corrélation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78 8.3 Développement diagrammatique de la fonction à un point . . . . . . . . . . . . . 81 8.4 Développement diagrammatique de la fonction à deux points . . . . . . . . . . . 82 9 Vers la quantification de la théorie φ4 O(N ) sur le cône de lumière 87 9.1 Contrainte et équations du mouvement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 9.2 Résolution de l’équation du mouvement libre et quantification . . . . . . . . . . . 89 9.3 Calculs des champs d’ordre supérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 9.3.1 Champs à l’ordre 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 9.3.2 Champs à l’ordre 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 1 9.4 Fonctions de corrélation à l’ordre N2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 9.4.1 Fonctions à un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 9.4.2 Fonction à deux points . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 9.5 Indications sur la phase brisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 A L’ algorithme de Dirac-Bergmann 99 A.1 Théories régulières et singulières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 A.2 La procédure de Dirac-Bergmann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 A.3 La classification des contraintes selon Dirac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 A.4 Formulation pour une théorie de champ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 B Evaluation des éléments de matrice 109 + + B.1 Calcul de l’élément de matrice < q1 |ϕ2 ϕ2 |q2 > 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 B.2 Approche formelle systématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
  • 7. C Calculs numériques 119 C.1 Optimisation du couplage effectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119 C.2 Calcul du couplage réduit de Parisi pour l’ordre 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 D Application pour le calcul des fonctions de corrélation 125 E Publications 153
  • 8. Remerciements Je tiens en tout premier lieu à adresser mes plus vifs remerciements à Pierre Grangé, Directeur de Recherche CNRS, pour m’avoir proposé de collaborer avec lui sur ce sujet de recherche passionnant et original. Je lui suis particulièrement reconnaissant pour son soutien et ses conseils avisés, et aussi pour m’avoir montré le long chemin de la persévérance. Je voudrais exprimer également ma très grande gratitude à Ernst Werner, Professeur à l’Université de Ratisbonne, pour m’avoir encadré en faisant preuve d’une disponibilité de chaque instant. Pendant mes fructueux séjours à Ratisbonne, j’ai pu apprécier sa compétence ainsi que son sens de l’hospitalité. Je voudrais remercier André Neveu, Directeur de Recherche CNRS et directeur du Labo- ratoire de Physique Mathématique et Théorique, ainsi que l’ensemble des chercheurs et du personnel de cette unité, pour m’avoir accueilli et avoir fait le nécessaire pour que je puisse y travailler dans des conditions idéales. Ma gratitude va également à Thomas Heinzl, Professeur Assistant à l’université d’Iéna, pour l’intérêt qu’il a porté à mes recherches et pour m’avoir fait profiter de son expertise. Je tiens à remercier aussi les étudiants en thèse du laboratoire pour les longues et enrichis- santes discussions de physique que nous avons partagées dans la complicité : Pascal Basheilac, Malik Bezouh, Tarek Nassar, Yan Mambrini, Marius Iacomi et Damien Reynaud. Merci également à Dominique Caron, Ingénieur, qui a réussi l’exploit de me réconcilier avec les arcanes de l’informatique en faisant toujours preuve d’une bonne humeur revigorante. Je voudrais aussi dire l’extrême importance des personnes qui m’ont formé tout au long de mon apprentissage. Merci à René Boulangeon et à Noël Chornet pour m’avoir donné le goût de la science et de la rigueur. Merci aussi à mes maîtres d’université : Frédéric Géniet, Louis Cecchi, respectivement Maître de Conférences et Professeur à l’Université de Montpellier II, Alain Laverne, Maître de Conférences à l’Université de Paris 7, Bernard Diu, Françoise Balibar et Luc Valentin, Professeurs à l’Université Paris 7, ainsi que Bertrand Delamotte, Chargé de Recherches au CNRS et Pierre Binétruy, Professeur à l’Université Paris XI. Tous à un niveau ou à un autre ont contribué au plaisir intense de la découverte et de la pratique de la physique. J’adresse une pensée pleine de tendresse et d’émotion à Anne pour m’avoir accompagné et supporté pendant ces années. Son soutien dans les moments difficiles a été capital. Enfin et surtout, je voudrais exprimer ma gratitude infinie aux personnes sans lesquelles pas un mot de cette thèse n’aurait vu le jour. Aux personnes qui m’ont ébloui par la perfection de leur présence tout au long de ma vie. Pour leur sensibilité, leur délicatesse et leur intelligence, pour leur présence irremplaçable, que ce travail leur soit dédié.
  • 10.
  • 11. Notations et conventions ≡ égal par définition gµν métrique minkowskienne ηµν métrique du cône de lumière ωp ≡ (po )2 − (pi )2 énergie sur couche de masse dans le cas minkowskien (p⊥ )2 +m2 ξ− ≡ p+ énergie sur couche de masse sur le cône de lumière pof f ≡ (p− ,p+ ,p⊥ ) [ou (po ,pi )], impulsion hors couche de masse (“off-shell”) pon ≡ (ξ − ,p+ ,p⊥ ) [ou (ωp ,pi )], impulsion sur couche de masse (“on-shell”) x,y M ≡ xo y o − xi y i produit scalaire minkowskien x,y CL ≡ 1 x+ y − + 1 x− y + − x⊥ y ⊥ produit scalaire du cône de lumière (dans la convention 2 2 de Brodsky-Lepage)   1 si x > 0 sgn(x) fonction signe de x, = −1 si x < 0  0 si x = 0   1 si x > 0 θ(x) fonction échelon de x, = 0 si x < 0  1 2 si x = 0 CLP(AP) Conditions aux Limites Périodiques (Anti-Périodiques) La lettre x représentera indifféremment la variable x unidimensionnelle, le quadruplet de co- ordonnées (xo ,x1 ,x2 ,x3 ), ou (x+ ,x− ,x⊥ ), selon le contexte. On utilisera le mot classique pour signifier non quantique et conventionnelle pour qualifier la quantification dans l’Instant Form. Enfin toutes les sommations seront effectuées dans la convention d’Einstein.
  • 12.
  • 13. Introduction "Pour l’essentiel, ce point de vue subsiste encore aujourd’hui et forme le dogme central de la théorie quantique des champs : la réalité essentielle est un ensemble de champs soumis aux lois de la relativité restreinte et de la mécanique quantique ; tout le reste n’est qu’une conséquence de la dynamique quantique de ces champs." Steven Weinberg Une des tâches essentielles de la physique théorique du vingtième siècle a été d’élaborer une théorie rassemblant le principe de relativité d’Einstein avec ceux de la mécanique quantique. Le résultat, la Théorie Quantique des Champs, est le fondement actuel du Modèle Standard de la physique des particules. De façon plus inattendue, elle permit aussi de grands progrès dans la compréhension de la physique statistique, notamment pour les phénomènes critiques. Son élément central, le champ quantique, est en effet un objet qui permet de décrire des interactions à nombre infini de degrés de liberté, ce qui est nécessaire dans la théorie relativiste, où l’équiva- lence masse-énergie implique un nombre de particules indéterminé, mais aussi dans les modèles décrivant les phénomènes critiques. Le processus de quantification, dans sa version canonique par principe de correspondance, s’effectue à partir de la formulation hamiltonienne, en faisant correspondre aux crochets de Pois- son, les commutateurs des variables canoniques, considérées comme des q-nombres. Dans cette optique, l’élaboration d’une théorie quantique ET relativiste demande donc comme préalable une formulation hamiltonienne de la dynamique relativiste. En 1945 Dirac [12] montre que, contrairement au cas classique, une telle formulation n’est pas unique. A côté de la formulation conventionnelle, qu’il nomme Instant Form, coexistent deux autres formulations (on montrera plus tard [38] qu’il en existe en fait cinq) : la Front Form et la Point Form. Dans l’Instant Form, la surface des conditions initiales est l’hyperplan t=cte, dans la Point Form c’est un hyperbo- loïde de révolution, et dans la Front Form il s’agit d’un hyperplan tangent au cône de lumière. Ces formulations sont équivalentes mais elles présentent des particularités très différentes. Bien que l’essentiel de la Théorie Quantique des Champs se soit développé dans le cadre de l’Instant Form, des recherches sont poursuivies depuis Dirac pour bâtir une TQC quantifiée sur le cône de lumière (LCQ) (c’est-à-dire dans la Front Form). La question de savoir si l’équivalence de ces formulations survit au processus de quantification est une question encore ouverte. L’enjeu est de taille car l’une des propriétés essentielles de la LCQ est la trivialité de l’état fondamental de l’hamiltonien en interaction, c’est-à-dire l’état du vide, ce qui simplifie considérablement les calculs. Mais cette médaille semble avoir un bien sombre revers puisque alors, dira-t-on, la LCQ ne pouvant pas décrire un autre vide que le vide trivial, restera cantonnée au domaine perturbatif. En fait la LCQ semble bien capable de décrire un vide non trivial, du moins dans les théories de champs scalaires, où le phénomène de brisure spontanée de symétrie à été décrit avec succès [26] [1] [48]. La structure du vide ne pouvant se trouver dans le ket fondamental, elle apparaît en fait dans les opérateurs de mode zéro du champ, qui dépendent des autres modes par une ou des relations aussi complexes que l’hamiltonien en interaction. Cette situation est caractéristique de la LCQ : elle semble bien décrire la même physique que la TQC conventionnelle mais par des concepts, des méthodes et des calculs très différents. L’objectif ultime affiché de ces recherches est une formulation consistante de QCD sur le cône de lumière, avec l’espoir que les simplifications apportées sur l’état fondamental de l’hamiltonien permettent de décrire des
  • 14. domaines non pertubatifs, impossibles à atteindre en quantification conventionnelle. Beaucoup de progrès ont été réalisés [60] [33] [19] [47] [7] mais le but n’est pas encore atteint. Notre travail se situe dans le cadre plus restreint de la théorie scalaire φ4 , qui est bien connue dans l’Instant Form et qui permet donc des comparaisons entre les deux formulations. La déter- mination des modes zéros des champs est une étape essentielle. Des tentatives ont été effectuées, en utilisant une approximation de champ moyen. Cette thèse s’inscrit dans la continuité de re- cherches qui visent à obtenir une expression des modes zéros par d’autres moyens dans le but d’obtenir des résultats non perturbatifs. La première méthode étudiée utilise un développement en série de Haag associé à un traitement des champs au sens des distributions. Cette méthode permet en outre un traitement satisfaisant des divergences infrarouges et ultraviolettes et nous a permis d’éclaircir la nature de la limite entre la description discrète et la description continue sur l’exemple de la fonction de Pauli-Jordan. Nous avons également obtenu des résultats dans l’étude de la transition de phase qui se comparent avantageusement avec ceux des méthodes conventionnelles. Le deuxième procédé étudié consiste à rajouter à la théorie φ4 une symétrie interne O(N) pour permettre un développement des modes zéros en série de 1/N. Nos travaux complètent et précisent ceux déjà effectués dans ce domaine, notamment en ce qui concerne les champs et les propagateurs. Néanmoins l’étude de la transition de phase dans ce formalisme reste à mener.
  • 15. Première partie Fondements de la physique sur le cône de lumière
  • 16.
  • 17. Chapitre 1 Les formes de la dynamique relativiste "Working with a front is a process that is unfamiliar to physicists. But still I feel that the mathematical simplification that it introduces is all-important. I consider the method to be promising and have recently been making an extensive study of it. It offers new opportunities, while the familiar instant form seems to be played out." P.A.M. Dirac (1977) 1.1 Dynamique relativiste du point En guise d’introduction à la Front Form nous allons examiner le cas de la dynamique relati- viste d’une particule ponctuelle libre. Son action a une origine géométrique, c’est la longueur de son histoire, prise entre deux événements fixes A et B : S = −m ds A→B √ où ds est l’abscisse curviligne : ds = gµν xµ xν = (xo )2 − (xi )2 Pour faire apparaître un lagrangien, il faut introduire un paramètre d’évolution τ , généra- lement interprété comme étant le temps : τB dxo 2 dxi 2 S = −m dτ ( ) −( ) τA dτ dτ Il paramétrise l’histoire de la particule xo = xo (τ ) et xi = xi (τ ). Le lagrangien associé à ce choix de paramètre s’écrit donc : Lτ (xo ,xi ) = −m (xo )2 − (xi )2 ˙ ˙ où le point désigne la dérivation par rapport à τ . La propriété essentielle pour la suite est que cette action est invariante sous changement de τ (on dit qu’elle est invariante sous reparamétrisation) : τ = f (τ ) ⇒ S = S avec τA = τA et τB = τB 13
  • 18. CHAPITRE 1. LES FORMES DE LA DYNAMIQUE RELATIVISTE Un choix habituel consiste à dire que τ est le temps propre de la particule, soit : dτ = ds µ ce qui permet de définir une 4-vitesse (puisque ds est un scalaire de Lorentz alors uµ ≡ dx est dτ bien un 4-vecteur). Ce choix n’est cependant pas adapté à une formulation lagrangienne de la dynamique puisqu’il définit comme “lagrangien” Lτ = −m . Un autre choix possible est le temps de l’observateur τ = xo pour lequel le lagrangien s’écrit : dxi Lxo = −m 1 − dxo Dans le cas général les équations du mouvement s’écrivent : d xµ ˙ =0 dτ (xo )2 − (xi )2 ˙ ˙ soit xµ (xν .xv ) − xµ (¨v .xv ) = 0 ¨ ˙ ˙ ˙ x ˙ Sur ces quatre équations seules trois sont indépendantes. On constate en outre que la hessienne ∂2L m2 Wµv ≡ µ ∂ xv =− σ [gµv (xσ .xσ ) − xµ xv ] ˙ ˙ ˙ ˙ ∂x ˙ ˙ (x .xσ ) ˙ ˙ est de rang 3. Il y a une valeur propre nulle xµ Wµv = 0 ˙ Le lagrangien est donc singulier. Le passage à la formulation hamiltonienne nécessite l’utili- sation de l’Algorithme de Dirac-Bergmann (DBA). 1 Les moments conjugués de xµ sont : ∂L xµ ˙ − pµ ≡ µ) = m√ (1.1) ∂(x ˙ x2 ˙ (où le signe moins est conventionnel et x2 ≡xν .xv ) ˙ ˙ ˙ Ces quatre moments sont liés par une contrainte (comme l’indique le rang trois de la hes- sienne) qui n’est autre que la relation de couche de masse : pµ .pµ = 0 L’inversion des relations (1.1) donne pi o xi (τ ) = ˙ x (τ ) ˙ po qui ne dit rien sur xo . ˙ Comme dans la formulation lagrangienne il y a une indétermination. 1. Cf. appendice A. On peut aussi utiliser tout autre méthode adaptée comme, par exemple, celle de Fadeev- Jackiw [16] qui présente l’avantage de traiter directement les contraintes secondaires. 14
  • 19. 1.1. DYNAMIQUE RELATIVISTE DU POINT L’hamiltonien canonique est même nul : Hc ≡ −pµ xµ − L = 0 ˙ Tout ceci est caractéristique des actions invariantes sous reparamétrisation. Utilisons DBA : La relation de couche de masse définit une contrainte primaire : θ(τ ) ≡ p2 − m2 (1.2) et l’hamiltonien primaire s’écrit : H1 = u(τ ).θ(τ ) où u(τ ) est un multiplicateur de Lagrange. On constate immédiatement que θ(τ ) est une contrainte de première classe : {θ(τ ),θ(τ )} = 0 ˙ et donc la condition de consistance θ(τ ) = 0 ne permet pas la détermination de u(τ ). Les équations d’Hamilton, encore indéterminées à ce stade, s’écrivent : xµ = {xµ ,H1 } = −2u(τ )pµ ˙ pµ = {pµ ,H1 } = 0 ˙ Pour déterminer u(τ ) et fixer la dynamique il faut imposer une condition subsidiaire (ou de jauge) sur les variables dynamiques et sur τ : Ω(xµ ,τ ) = 0 Sa relation de consistance s’écrit : ˙ ∂Ω Ω(τ ) ≡ + {Ω,H1 } = 0 ∂τ et on en tire : ∂Ω 1 u(τ ) = ∂Ω ∂τ 2 ∂xσ pσ On voit qu’il est crucial que Ω dépende à la fois de τ et au moins de l’un des xσ . Cette condition subsidiaire exprime donc le paramètre d’évolution en fonction des coordon- nées et correspond à un choix de paramétrisation. On peut l’écrire sous la forme : Ω(xµ ,τ ) = τ − F (xµ ) (1.3) Dans le cas conventionnel elle s’écrit simplement : Ω(xµ ,τ ) = τ − xo 1 qui donne u(τ ) = − 2po 15
  • 20. CHAPITRE 1. LES FORMES DE LA DYNAMIQUE RELATIVISTE 2 2 L’hamiltonien primaire est alors 2 H1 = − p 2po −m et les équations d’Hamilton : i p xi = {xi ,H1 } = po ˙ i i p = {p ,H1 } = 0 ˙ 1.2 Les formes de Dirac La dynamique relativiste d’une particule est donc engendrée pour partie par la contrainte primaire (1.2) et pour partie par la condition subsidiaire (1.3). La première contient l’information dynamique et la seconde fixe le paramètre d’évolution. Dirac s’est demandé combien de choix possibles il y avait pour cette condition Ω. Choisir un paramètre de temps revient à fixer la surface sur laquelle on exprime les conditions initiales. De fait, à chaque Ω correspond une foliation de l’espace de Minkowski paramétrée par τ = F (xµ ) = cte. A une surface donnée correspond un temps unique fixé (dans le cas habituel τ = xo , il s’agit bien sûr des hyperplans de genre espace orthogonaux à l’axe xo ) , une métrique et un système de coordonnées naturel. Appelons ξ i (xµ ) les trois coordonnées qui paramétrisent notre surface et ξ o (xµ )≡ τ le temps. Alors ∂xµ ∂xν α β ds = gµν dxµ dxν = gµν dξ dξ ∂ξ α ∂ξ β où ∂xµ ∂xν ηαβ ≡ gµν (1.4) ∂ξ α ∂ξ β est la métrique naturelle pour ces coordonnées (ηij est la métrique de la surface τ = F (xµ ) = cte). Pour être acceptables les surfaces initiales doivent respecter la condition de causalité suivante: couper toutes les lignes d’univers, une seule et unique fois. En outre toute formulation de la dynamique relativiste doit engendrer une représentation du groupe de Poincaré en termes de ses variables dynamiques. Ces conditions sont très restrictives et Dirac a montré [12] qu’il n’existe que trois sortes de surfaces qui la respectent 3 : l’Instant Form, la Point Form et la Front Form. La question se pose de savoir quelle est la meilleure surface initiale, donc la meilleure formulation de la dynamique relativiste. Il n’y a pas de réponse absolue à cette question et chaque formulation semble jouir d’avantages et d’inconvénients selon les situations auxquelles on l’applique. Cependant on s’attend à ce que la dynamique d’un système relativiste soit la plus simple possible si le nombre de générateurs du groupe de Poincaré qui font évoluer le système hors de la surface intiale est minimum. On appelle ces générateurs les générateurs dynamiques, puisqu’ils contiennent les informations sur l’interaction. Les autres, qui forment un groupe, dit de stabilité, laissent invariante la surface initiale et sont appelés générateurs cinématiques. Une transformation de Poincaré s’écrit : µν 1 ωµν +P µ aµ U (ωµν ,aµ ) = e− 2 M où M µν et P µ sont les générateurs : p 2. Cet hamiltonien est équivalent à l’hamiltonien habituel Hp = (pi )2 + m2 (on vérifie qu’il engendre les mêmes équations d’Hamilton). Pour l’obtenir, il suffit de considérer la contrainte sous la forme (équivalente) p p θ = po − (pi )2 + m2 ≈ 0. Alors u(τ ) = −1 et H1 ≡ uθ = −po + (pi )2 + m2 . Comme xo = τ n’est plus une variable dynamique, sa variable conjuguée po se comporte comme une constante et n’est plus une variable dynamique (la dérivation par rapport à po disparaît des crochets de Poisson). L’écriture la plus simple p de l’hamiltonien est bien H1 = (pi )2 + m2 . 3. En fait Leutwyler et Stern [38] ont montré plus tard qu’il en existait 2 de plus. Il y a donc 5 formes pour la dynamique relativiste mais, à notre connaissance, ces deux dernières formes n’ont pas (encore?) trouvé d’utilisation pratique. 16
  • 21. 1.2. LES FORMES DE DIRAC M oi = K i génèrent les boosts, M ij = ijk J k génèrent les rotations, et P µ génèrent les translations d’espace-temps et ωµν et aµ sont les paramètres. Les tenseurs M µν et ωµν étant antisymétriques et de même structure. Ces générateurs obéissent à l’algèbre de Lie du groupe de Poincaré : [P µ ,P ν ] = 0 [M µν ,P ρ ] = g νρ P µ − g µρ P ν (1.5) [M µν ,M ρσ [ = g µσ M νρ + g νρ M µσ − g µρ M νσ − g νσ M µρ Une réalisation simple de cette algèbre à l’aide des variables dynamiques est : P µ ≡ pµ , et M µν ≡ xµ pν − xν pµ (1.6) avec {xµ ,pν } = −g µν (1.7) Cette réalisation est triviale dans le sens où elle ne décrit aucune interaction et ne représente aucun choix de paramétrisation. Une transformation infinitésimale s’écrit : 1 δU (ωµν ,aµ ) = − M µν δωµν + P µ δaµ 2 et l’action de δU sur une fonction scalaire F (xµ ) est : δF = {F,δU } = ∂ ν F ∂(δU ) ∂pν = −xµ ∂ ν F.δωµν + ∂ ν F.aν 1 = − 2 (xµ ∂ ν − xν ∂ µ )F.δωµν + ∂ µ F.aµ (1.8) Examinons à présent les 3 formes de Dirac. L’INSTANT FORM C’est la formulation conventionnelle de la dynamique relativiste. Paramètre d’évolution : τ ≡ xo Surface intiale : Σ : xo = 0 Coordonnées naturelles : xµ (coordonnées lorentziennes) La métrique naturelle est bien sûr la métrique minkowskienne :   1  −1  gµν =    (1.9) −1 −1 Représentation du groupe de Poincaré Pour bâtir la représentation du groupe de Poincaré engendrée par l’Instant Form nous devons ajouter dans (1.6) l’information sur la dynamique (1.2) et sur le choix de l’Instant Form (1.3). Cela revient à éliminer la variable po dans (1.6) et à prendre xo = 0. On obtient : 17
  • 22. CHAPITRE 1. LES FORMES DE LA DYNAMIQUE RELATIVISTE Pi = pi M ij = xi pj − xj pi Po = ωp M io = xi ωp avec ωp ≡ (pi )2 + m2 Groupe de stabilité : L’action d’une tranformation de Poincaré (1.8) sur la surface initiale F (xµ ) ≡ xo donne : δF = {F,δU } = −xi δωio + δao On lit sur cette relation les générateurs dynamiques : – l’hamiltonien : P o – les 3 boosts : K 1 , K 2 , K 3 et les générateurs cinématiques: – les 3 translations d’espace : P 1 , P 2 , P 3 – les 3 rotations : J 1 , J 2 , J 3 Le groupe de stabilité est donc de dimension 6. LA POINT FORM √ σ Paramètre d’évolution : τ = x xσ Surface initiale : Σ : (xo )2 − (x1 )2 − (x2 )2 − (x3 )2 = cte. Il s’agit des hyperboloïdes de révolution centrés autour du point 0 4 . Ils sont entièrement contenus à l’intérieur du cône de lumière et respectent la condition de causalité, excepté pour le cas τ = 0, où l’hyperboloïde se réduit au cône de lumière qui n’est pas une surface acceptable. Pour éviter cela on choisit τ > 0. Coordonnées naturelles : Les coordonnées naturelles sont les coordonnées hyperboliques : x0 = τ chω x1 = τ shωsinθcosϕ x2 = τ shωsinθsinϕ x3 = τ shωcosϕ De (1.4) et (1.9) on tire la métrique locale de l’hyperboloïde :   1 0 0 0  0 −τ 2 0 0     0 0 −τ 2 sh2 ω 0  0 0 0 −τ 2 sin2 θsh2 ω Représentation du groupe de Poincaré : On pourrait, de la même façon que précédem- ment, éliminer dans (1.6) la variable dynamique associée à τ , mais les coordonnées hyperboliques √ 4. On pourrait, en définissant τ = x2 − a2 , centrer ces hyperboloïdes autour de tout autre point. 18
  • 23. 1.3. LA FRONT FORM compliquent un peu l’opération. Il est plus simple de suivre la méthode Dirac qui consiste à in- troduire dans (1.6) la contrainte (1.2) avec des multiplicateurs de Lagrange λµ et λµν qui seront déterminés en demandant que les crochets de Poisson de P µ et M µν avec xσ xσ soient nuls: Pµ = pµ + λµ (pσ pσ − m2 ) M µν = xµ pν − xν pµ + λµν (pσ pσ − m2 ) Il vient : xµ λµ = − et λµν = 0 2(pσ xσ ) et donc xµ Pµ = pµ − σ 2(pσ xσ ) (p pσ − m2 ) M µν = xµ pν − xν pµ Générateurs et groupe de stabilité : On lit directement sur la représentation précédente que les rotations et les boosts sont cinématiques dans la Point Form, ce qui n’est pas surprenant √ puisque les surfaces initiales Σ : τ = xσ xσ = cte sont des scalaires sous le groupe de Lorentz. C’est d’ailleurs là le principal avantage de la Point Form. Les 4 moments P µ sont dynamiques, le groupe de stabilité est donc de dimension 6, comme dans l’Instant Form. L’autre avantage de la Point Form est que la séparation entre générateurs cinématiques et dynamiques respecte le caractère tensoriel de ces quantités rendant les équations transparentes à ce point de vue. Cependant les coordonnées hyperboliques rendent la quantification particulièrement difficile et peu de travaux ont été effectués [17] [56] dans cette forme de la dynamique relativiste. 1.3 La Front Form C’est la formulation dans laquelle on va se placer dans toute la suite de ce travail. Paramètre d’évolution : On choisit comme axe temps l’axe τ ≡ xo + x3 . C’est l’une des génératrices du cône de lumière. Surface intiale : La surface correspondante a pour équation : Σ : xo − x3 = 0. C’est l’hyper- plan tangent au cône de lumière et orthogonal (au sens minkowskien) à l’axe xo + x3 = 0. On l’appelle parfois le “front de lumière” 5 . La condition de causalité n’est pas pleinement satisfaite pour les particules de masse nulle, puisque leurs histoires sont contenues dans le front de lumière. On peut donc s’attendre (et c’est ce qui arrive) à avoir des problèmes pour formuler sur le cône de lumière les théories à masses nulles. Dans la suite on s’intéressera seulement aux théories massives. 5. Le choix de τ ≡ xo +x3 comme paramètre d’évolution est purement conventionnel. On pourrait pareillement choisir τ ≡ xo − x3 et Σ : xo + x3 = 0. Notre choix est cependant le plus répandu dans la littérature. 19
  • 24. CHAPITRE 1. LES FORMES DE LA DYNAMIQUE RELATIVISTE Cône et front de lumière Coordonnées naturelles : Les coordonnées naturelles de la Front Form sont celles du cône de lumière :   1 0 0 1  0 1 0 0  xµ = C µνxν avec C µν ≡  CL  0 0 1 0   1 0 0 −1 On notera   1 1 2 0 0 2  0 1 0 0  Cµν ≡ [C −1 ]νµ =   0  0 1 0  1 2 0 0 −12 En pratique 6 : xo CL = xo + x3 ≡ x+ x1 CL = x1 x2 CL = x2 x2 CL = xo − x3 ≡ x− Les composantes inchangées x1 , x2 , notées collectivement xi ou x⊥ , sont dites transverses, tandis que la composante x− est dite longitudinale 7 . La métrique induite s’obtient à partir de (1.4) et de (1.9):  1  0 0 0 2  0 −1 0 0  ηµν =  0  (1.10) 0 −1 0  1 2 0 0 0 et conduit au produit scalaire 1 + − 1 − + x.y = x y + x y − x⊥ y ⊥ 2 2 6. L’indice CL sera sous-entendu partout où on utilisera les indices +, ⊥ , et −. Ainsi par exemple xo = x+ . CL Par ailleurs on notera que ce système de coordonnées n’est plus lorentzien puisque le déterminant de C est -2. 7. Ces appellations proviennent du «référentiel de moment infini» («infinite momentum frame»). Voir plus loin. 20
  • 25. 1.3. LA FRONT FORM Le caractère antidiagonal de (1.10) dans les indices + et − a pour effet, lors du passage des coordonnées contravariantes aux coordonnées covariantes, de changer aussi la nature de la composante : x+ = 1 x− 2 x− = 1 x+ 2 Ceci est particulièrement important pour les opérateurs différentiels, puisque : ∂ 1 ∂ 1 ∂ − = ∂x− = 2 ∂x+ = 2 ∂+ ∂ ∂ ∂− = ∂x− = 2 ∂x+ = 2∂ + ne dérivent pas par rapport à la même variable. C’est pour cela que les équations dynamiques sur le cône de lumière ont une structure différente de celles de l’Instant Form. D’autre part le développement du produit scalaire : 1 + − 1 − + p.x = p x + p x − p⊥ x⊥ 2 2 montre que si x+ est la coordonnée de temps alors c’est p− , c’est-à-dire la quatrième com- posante du 4-vecteur p, qui est l’énergie du système. Représentation du groupe de Poincaré Dans les coordonnées du cône de lumière la contrainte (1.2) s’écrit : (p⊥ )2 + m2 p− = (1.11) p+ Cette relation se différencie de son analogue dans l’Instant Form sur plusieurs points : – absence de racine carrée – p+ et p− sont de même signe – discontinuité en p+ = 0 qui suggèrent que la physique sur le cône de lumière doit s’exprimer de façon radicalement différente. Nous reviendrons sur ces points dans la suite. On peut aussi remarquer que la limite des grandes énergies p− peut s’obtenir avec de grands p⊥ , mais aussi avec de petits p+ , ce qui a des conséquences majeures sur la renormalisation et constitue la base des travaux de Wilson sur l’application du groupe de renormalisation aux théories sur le cône de lumière [63] De (1.11) et de (1.6), et en prenant x+ = 0, on tire la représentation du groupe de Poincaré : P+ = p+ M −+ = x− p+ P⊥ = p⊥ M ⊥+ = x⊥ p+ P− = − ξp M ⊥− = x⊥ ξp − x− p⊥ − (1.12) et M 12 = x p − x2 p1 1 2 − (p⊥ )2 +m2 avec ξp ≡ p+ Générateurs et groupe de stabilité : Ecrivons les générateurs dans les coordonnées du cône de lumière : µ µν PCL = C µνP ν, MCL = C µαM αβ C νβ donne : 21
  • 26. CHAPITRE 1. LES FORMES DE LA DYNAMIQUE RELATIVISTE P+ = Po + P3 P− = Po − P3 P⊥ = P 1, P 2 M +1 = J2 + K1 ≡ E1 M +2 = −J 1 + K 2 ≡ E2 M +− = −2K 3 M −1 = −J 2 + K 1 ≡ F1 M −2 = J1 + K2 ≡ F2 M 12 = J3 L’action de ces générateurs sur la surface intiale Σ : x+ = 0 est, d’après (1.8) : δF = {F,δU } = −2x⊥ δω⊥− + 2δa− où on lit les générateurs dynamiques : – l’hamiltonien P − – les M ⊥− , c’est-à-dire F 1 et F 2 qui génèrent les rotations autour des directions transverses et les générateurs cinématiques 8 : – Les 3 translations d’espace P + , P 1 , P 2 – les M ⊥+ , c’est-à-dire E 1 et E 2 qui génèrent les boosts dans les directions transverses – M 12 , c’est-à-dire J 3 le générateur des rotations autour de l’axe longitudinal – M +− , c’est-à-dire −2K 3 le générateur des boosts dans la direction longitudinale. C’est donc dans la Front Form que le groupe de stabilité, de dimension 7, est maximal. Quelques propriétés du groupe de Poincaré sur le cône de lumière : Un boost longitudinal est un simple changement d’échelle. La représentation matricielle de K 3 dans une base lorentzienne étant   0 0 0 1  0 0 0 0  [KLz ]µ ν =  3  0 0  0 0  1 0 0 0 on en déduit sa représentation sur le cône de lumière :   1 0 0 0  0 0 0 0  [KCL ]µ ν = Cα ν [KLz ] C β ν =  3 3  0  0 0 0  0 0 0 −1 Si on considère deux systèmes de coordonnées reliés par un boost longitudinal de rapidité ω 1 3 µ , soit x µ = e− 2 ω(−2[KCL ] ν )xν , on obtient : x+ = eωx+ x− = e−ωx− Ainsi le comportement du système dans un tel boost est particulièrement simple. On peut à nouveau remarquer que seule la surface x+ = 0 est invariante. A l’aide de (1.12) et de (1.7) on peut calculer sans difficulté les relations de commutation (cf. tableau ci-après). On voit apparaître plusieurs structures : – J 3 , F 1 et F 2 forment un sous-groupe : 8. Le générateur K 3 n’est cinématique que si l’on choisit explicitement x+ = 0 , à l’exclusion de tout autre constante, contrairement aux autres générateurs cinématiques qui le restent pour toute surface du type x+ = cte. 22
  • 27. 1.3. LA FRONT FORM {F 1 ,F 2 } = 0 {J 3 ,F i } = ij Fj – K 3 , E 1 , et E 2 forment un sous-groupe du groupe de stabilité : {E 1 ,E 2 } = 0 {K 3 ,E i } = Ei – P i , P − , P + E i ,et J 3 constituent un sous-groupe isomorphe au groupe de Galilée à 1+1 dimensions : {J 3 ,E i } = ij E i {J 3 ,P i } = ij P i {E i ,P − } = −2P i {E i ,P j } = −δ ij P + avec tous les autres crochets de Poisson qui sont nuls. On peut vérifier l’isomorphisme en identifiant P − à l’hamiltonien, P i aux deux générateurs des translations d’espace, J 3 à la rota- tion, E i aux deux boosts galiléens et P + à la masse qui est l’opérateur de Casimir. L’existence de ce sous-groupe galiléen laisse supposer qu’on va retrouver dans la dynamique sur le cône de lumière certains aspects de la dynamique galiléenne. Et c’est effectivement ce qui se passe. On peut montrer [58] [32] que dans un système de particules en interaction sur le cône de lumière, le mouvement relatif découple du mouvement global du centre de masse, exactement comme dans le cas non relativiste. P− P+ P1 P2 E1 E2 J3 K3 F1 F2 − P 0 0 0 0 2P 1 2P 2 0 P− 0 0 P+ 0 0 0 0 0 0 0 −P + 2P 1 2P 2 P1 0 0 0 0 P+ 0 −P 2 0 P− 0 P2 0 0 0 0 0 P+ P1 0 0 P− E1 −2P 1 0 −P + 0 0 0 −E 2 −E 1 2K 3 −2J 3 E2 −2P 2 0 0 −P + 0 0 E1 −E 2 2J 3 2K 3 J3 0 0 P2 −P 1 E2 −E 1 0 0 F2 −F 1 K3 −P − P+ 0 0 E1 E2 0 0 −F 1 −F 2 F1 0 −2P 1 −P − 0 2K 3 −2J 3 −F 2 F1 0 0 F2 0 −2P 2 0 −P − 2J 3 −2K 3 −F 1 F2 0 0 Groupe de Poincaré sur le cône de lumière : le rectangle gris foncé est le groupe de stabilité, le rectangle en gris clair (chevauchant le précédent) est le sous-groupe galiléen. 23
  • 28. CHAPITRE 1. LES FORMES DE LA DYNAMIQUE RELATIVISTE 24
  • 29. Chapitre 2 La théorie quantique des champs sur le cône de lumière "Qu’exige la lumière? Que tu t’y perdes." Vilhelm Ekelund 2.1 L’algèbre de Poincaré pour les champs Dans la suite on va considérer une théorie d’un champ scalaire φ(x) dotée d’une interaction V (φ) sans terme dérivatif: 1 µ 1 L≡ ∂ φ∂µ φ − m2 φ2 − V (φ) (2.1) 2 2 Suite à l’invariance de Poincaré de ce lagrangien on sait, par application du théorème de Noether, qu’il existe 2 “courants conservés” : ∂L square le tenseur énergie-impulsion T µν ≡ ν ∂(∂µ φ) ∂ φ − η µν L = ∂ µ φ∂ ν φ − η µν L square et le tenseur boost-angulaire J ρµν ≡ T ρν µ x − T ρµ xν dont les intégrales à travers une surface initiale Σ : τ = F (x) sont les “charges conservées”: Pµ ≡ ΣT µν dσν M µν ≡ ΣJ ρµν dσρ qui obéissent à l’algèbre de Lie du groupe de Poincaré. Plaçons-nous sur le cône de lumière : 1 + 1 1 L≡ ∂ φ∂− φ − (∂ ⊥ φ)2 − m2 φ2 − V (φ) (2.2) 2 2 2 donne l’équation du mouvement: δV (φ) (∂ + ∂ − + m2 )φ = − (2.3) δφ L’élément de surface de la surface Σ : τ = x+ = 0 s’écrit : 25
  • 30. CHAPITRE 2. LA THÉORIE QUANTIQUE DES CHAMPS SUR LE CÔNE DE LUMIÈRE 1 − 2 ⊥ dσµ = dx d x nµ 2   1  0  avec nµ ≡  vecteur normal à Σ . On obtient pour les générateurs :  0  0 1 Pµ = 2 T µ+ dx− d2 x⊥ 1 M µν = 2 (T +ν xµ − T +µ xν )dx− d2 x⊥ Dans le cas du champ libre (V = 0 ) on obtient explicitement : 1 P+ = 2 dx− d2 x⊥ (∂ + φ)2 1 P⊥ = 2 dx− d2 x⊥ [∂ + φ∂ ⊥ φ] 1 P− = 2 dx− d2 x⊥ [(∂ ⊥ φ)2 + m2 φ2 ] 1 J3 = 2 dx− d2 x⊥ ∂ + [x1 ∂ 2 φ − x2 ∂ 1 φ] 1 K3 = 4 dx− d2 x⊥ x− (∂ + φ)2 1 Ei = 2 dx− d2 x⊥ xi (∂ + φ)2 1 Fi = 2 dx− d2 x⊥ xi [(∂ ⊥ φ)2 + m2 φ2 ] − x− ∂ + φ∂ i φ 2.2 Une théorie singulière A partir de maintenant, on va se placer à 1+1 dimensions. Le terme cinétique du lagrangien ∂φ (2.2) est linéaire dans les vitesses ∂x+ = 1 ∂ − φ et cela signifie que le lagrangien est singulier 1 . 2 Le référentiel du cône de lumière ne peut donc pas être approché par une suite de référentiels de Lorentz dont on ferait tendre l’impulsion p3 vers l’infini 2 . Une telle limite est discontinue puisque dans tout référentiel lorentzien le lagrangien (2.1) demeure régulier : les structures simplectiques sont différentes. Historiquement c’est cependant par ce biais que de nombreuses recherches ont commencé, notamment avec Weinberg [62] et Susskind [58] . Il faut donc utiliser l’algorithme de Dirac-Bergmann pour construire la dynamique. Le mo- ment conjugué du champ est : ∂L Π≡ ∂φ = ∂+φ ∂( ∂x+ ) qui est indépendant de ∂ − φ et engendre la contrainte primaire : θ(x) = Π(x) − ∂ + φ(x) ≈ 0 (2.4) 2 δ L 1. La hessienne est identiquement nulle : W (x,y) = δ[∂ − φ(x)]δ[∂ − φ(y)] =0 2. On considère un référentiel lorentzien, qu’on appelle référentiel de moment infini, se déplaçant selon l’axe 3 o x3 à vitesse v par rapport à celui du laboratoire. On a p3 F = p +vp2 . Dans la limite v → 1 l’impulsion IM √ 1−v longitudinale p3 F devient infinie et la description du mouvement s’effectue en unité de α ≡ p3 + vp0 qui reste IM fini. Dans cette limite du ”moment infini”, α s’identifie à l’énergie p− sur le cône de lumière. 26
  • 31. 2.2. UNE THÉORIE SINGULIÈRE L’hamiltonien primaire s’écrit : H1 (x+ ) = HC (x+ ) + dy µ(y)θ(y) où Hc est l’hamiltonien canonique 1 2 HC = dx− m φ(x)2 + V (φ(x)) 2 Sachant que + + δθ(x) δφ(z) = − δ(∂ φ(x)) δφ(z) = −∂ (δφ(x)) δφ(z) = + −∂x δ(x − z) (2.5) δθ(x) δΠ(z) = δ(x − z) on obtient pour la matrice des contraintes primaires : − − C(x,y) = ∂y δ(y − x) − ∂x δ(x − y) C’est un opérateur différentiel dont l’action sur une fonction f quelconque est : ∂f (x) dy C(x,y)f (y) = −4 ∂x− La condition de consistance s’écrit : ˙ θ(X) = {θ(x),H1 } = {θ(x),HC (x+ )} + dyC(x,y)µ(y) soit ∂ 1 µ(x) = B(x) (2.6) ∂x− 4 avec B(x) ≡ −{θ(x),HC (x+ )}. La forme de C(x,y) montre que l’unique contrainte θ(x) est de deuxième classe. L’équation (2.6) est effectivement soluble 3 et C(x,y) admet pour inverse : 1 C −1 (x,y) = − sgn(x− − y − ) 4 d’où 1 µ(x) = − dy − sgn(x− − y − )B(x+ ,y − ) 4 La dynamique est alors entièrement déterminée par les crochets de Dirac : {A(x),B(y)}∗+ =y+ x = {A(x),B(y)}x+ =y+ + 1 dzdw{A(x),θ(z)}x+ =z+ sgn(z − − w− ){θ(w),B(y)}w+ =y+ 4 (2.7) 1 3. La solution la plus générale est en fait : C −1 (x,y) = − 4 sgn(x− − y − ) + g(x+ ), où g(x+ ) est une fonction arbitraire que nous prenons ici nulle. Elle peut être déterminée par un choix de conditions aux limites. 27
  • 32. CHAPITRE 2. LA THÉORIE QUANTIQUE DES CHAMPS SUR LE CÔNE DE LUMIÈRE En utilisant (2.5) et (2.7) on trouve les crochets fondamentaux : 1 {φ(x),φ(y)}∗ + =y+ x = − 4 sgn(x− − y − ) 1 ∂ {Π(x),Π(y)}∗ + =y+ x = 4 ∂x− δ(x − − y−) (2.8) 1 {φ(x),Π(y)}∗ + =y+ x = 2 δ(x − − y−) Les deux premiers crochets, non nuls, indiquent qu’il existe une relation causale entre deux champs pris à temps égaux. Cette situation contraste avec la dynamique conventionnelle dans les référentiels de Lorentz, mais n’est pas étonnante puisque la surface des temps égaux est ici justement de genre lumière. Ces résultats ont été obtenus par d’autres auteurs, avec d’autres méthodes, dans des contextes différents. Notamment, en étudiant l’invariance par translation le long du plan xo +x3 = 0, Neville et Rohrlich [43] trouvent aussi un facteur 1 dans le commutateur 2 [φ(x),Π(y)] = 1 δ(x− − y − ). 2 Signalons un autre aspect du caractère singulier de la théorie : le problème de Cauchy est mal posé. A priori la connaissance des conditions initiales sur les surfaces caractéristiques de l’équation hyperbolique (2.3), par exemple x+ = 0 et x− = 0, est nécessaire pour en déterminer complètement les solutions. Or dans la Front Form la quantification est réalisée sur l’hyperplan x+ = 0, en faisant correspondre les crochets (2.8) à des commutateurs. Pour satisfaire aux critères du problème de Cauchy il faudrait aussi quantifier le champ sur la surface x− = 0, comme l’ont noté plusieurs auteurs [43] [55] [31], ce qui a pour inconvénient d’introduire un deuxième temps et d’obscurcir ainsi l’élaboration d’une formulation hamiltonienne. Néanmoins, Heinzl et Werner [31] ont montré que la valeur du champ sur la surface x− = 0 pouvait s’exprimer entièrement en fonction de celle sur x+ = 0, pourvu que l’on introduise des conditions aux limites périodiques, levant ainsi l’apparente ambiguïté dans la formulation du problème de Cauchy. 2.3 Quantification du champ libre La contrainte (2.4) étant de seconde classe, la quantification est réalisée en remplaçant les crochets de Dirac dans (2.8) par les commutateurs et en élevant les champs fondamentaux φ et Π au rang d’opérateurs 4 . Dans le cas du champ libre V ≡ 0, l’équation du mouvement est l’équation de Klein-Gordon sur le cône de lumière : (∂ + ∂ − + m2 )φ(x) = 0 soit dans l’espace de Fourier 5 : (−4k + k − + m2 )φ(k) = 0 avec +∞ dk + dk − + − − + φ(x) = φ(k)e−i(k x +k x ) −∞ (2π)2 Il existe donc une distribution φ(k) telle que φ(k) = δ(4k + k − − m2 )φ(k) 4. L’autre approche possible, la quantification par intégrale de chemin des systèmes singuliers, a été étudiée par Senjanovic [54]. 5. Le facteur 4 vient des facteurs 1 dans la métrique. 2 28
  • 33. 2.3. QUANTIFICATION DU CHAMP LIBRE d’où : +∞ dk+ +∞ dk− θ(k− ) − i + − − + φ(x) = 0 2π −∞ 2π |k+ | δ(k − − ξk )φ(k + ,k − )e− 2 (k x +k x ) 0 + +∞ − − + − − + + −∞ dk −∞ dk θ(−k | ) δ(k − − ξk )φ(k + ,k − )e− 2 (k x +k x ) − i 2π 2π |k+ − La différence avec la résolution en coordonnées de Minkowski est, qu’ici, l’énergie on-shell ξk ≡ 2 m + k+ dépend du signe de k , d’où la séparation en deux intégrales ci-dessus. On obtient : +∞ dk+ 1 + − − 2 (ξk x+ +k+ x− ) i − φ(x) = 0 2π k+ φ(k ,ξk )e +∞ dk+ 1 + − 2 (ξk x+ +k+ x− ) i − + 0 2π k+ φ(−k , − ξk )e après avoir changé k + en −k + dans la deuxième intégrale. En posant comme prescription de quantification, pour k + > 0 : − φ(k + ,ξk ) 2(2π)k + φ(k+ ,ξk ) − √ 2πk+ → ak φ(−k+ ,−ξk ) − √ 2πk+ → a† k avec ak ,a† q = δ(k + − q + ) on vérifie les commutateurs fondamentaux (2.8) et on obtient : +∞ 1 1 i on i on φ(x) = √ dk + √ a† e 2 k k .x + ak e − 2 k .x (2.9) 2π 0 k+ On voit apparaître, outre la divergence ultraviolette déjà présente en quantification conven- tionnelle, une divergence infrarouge en k + → 0. Schleider et Seiler [51], ainsi que Maskawa et Yamawaki [40] [42], ont montré qu’il était impossible de définir de façon consistante les opé- rateurs ak et a† en y incluant le point k + = 0 6 . Longtemps on a considéré cette divergence k comme une singularité supplémentaire qui venait s’ajouter à la divergence ultraviolette. Nous montrerons dans la deuxième partie qu’il n’en est rien. Il est instructif de construire un propagateur de Feynman à partir de l’expression (2.9). Pour cela on utilise le produit chronologique T + qui ordonne les opérateurs selon les x+ croissants . i∆F (x−y) ≡< 0|T + φ(x)φ(y)|0 >= θ(x+ −y + ) < 0|φ(x)φ(y)|0 > +θ(y + −x+ ) < 0|φ(y)φ(x)|0 > (2.10) A l’aide de la représentation intégrale de la fonction θ: +∞ + + + + i e−iw(x −y ) θ(x − y ) = lim →0 dw (2.11) 2π −∞ w+i − et après avoir fait le changement de variable : w = k − − ξk on obtient : +∞ dk− +∞ dk+ e−i[k− (x+ −y+ )+k+ (x− −y− )] ∆F (x − y) = −∞ 2π 0 2π − k+ [k− −ξk +i ] +∞ dk− +∞ dk+ e−i[k− (y+ −x+ )+k+ (y− −x− )] (2.12) + −∞ 2π 0 2π k+ [k− −ξ − +i ] k 6. L’exclusion de la valeur k + = 0 dans la définition des opérateurs ne modifie cependant pas l’intégrale puisque c’est un point de mesure nulle. 29
  • 34. CHAPITRE 2. LA THÉORIE QUANTIQUE DES CHAMPS SUR LE CÔNE DE LUMIÈRE En faisant le changement k − → −k − et k + → −k + dans la seconde intégrale on obtient finalement : +∞ dk− −ikof f (x−y) +∞ dk+ 1 0 dk+ 1 ∆F (x − y) = −∞ 2π e 0 2π k+ [k− −ξ − +i ] + −∞ 2π −k+ [−k− +ξ − +i ] k k +∞ d2 k e−kof f (x−y) = −∞ (2π)2 k2 −m2 +i qui est bien l’expression manifestement covariante du propagateur de Feynman. Cependant le calcul pour en arriver là est différent du calcul habituel du propagateur de Feynman. Cette situation est typique de la physique sur le cône de lumière : il semble toujours possible de construire les mêmes quantités physiques qu’en quantification conventionnelle mais au prix de manipulations mathématiques différentes. Ici on peut noter que dans (2.12) il n’y a qu’un seul − pôle en k − = ξk , identique dans les deux intégrales. Cela est à rapprocher des résultats obtenus par Weinberg [62] dans le contexte du référentiel de moment infini : dans l’Ancienne Théorie des Perturbations 7 , les graphes associés à la création et à l’annihilation de particules à partir du vide (les graphes en “Z” voir figure ci-après) ont une contribution nulle 8 . Tout ceci suggère que la théorie covariante des perturbations sur le cône de lumière ne semble pas différente de son analogue conventionnelle et, effectivement, cette équivalence a été établie depuis longtemps [8] et plus récemment [52]. La situation est légèrement différente dans le cas des fermions où il apparaît des termes instantanés supplémentaires [52]. La question se pose maintenant : comment apparaît la physique non-perturbative sur le cône de lumière? 7. Littéralement : Old-Fashioned Perturbation Theory. Développement non covariant où les propagateurs ont 1 un dénominateur d’énergie : E −E +i et les graphes sont orientés dans le temps. 1 2 8. Posons y + = 0 pour simplifier. Alors (2.10) contient une fonction θ(x+ )θ(k + ) = θ(x+ k + ), très différente de son analogue conventionnelle θ(xo k o ). Chaque ligne porte donc x+ > 0 ,k + > 0 ou bien x+ < 0, k + < 0 (antiparticule) et avec la conservation de k + aux vertex, les graphes en Z sont impossibles. 30
  • 35. Chapitre 3 Le problème du vide "Aucune affirmation ne me semble plus capitale que celle-ci: le vide n’est pas vide.Le vide est le siège de manifestations physiques des plus violentes." John A.Wheeler 3.1 La nature du problème La formulation axiomatique de la théorie quantique des champs [2] suppose les propriétés suivantes sur le spectre des générateurs de Poincaré : P 2 ≥ 0 et P o ≥ 0 (3.1) La première inégalité exclut les solutions à masse imaginaire de type tachyon et la seconde indique que le spectre de l’opérateur d’énergie, générant l’évolution dans le futur, doit se trouver dans le demi-cône de lumière positif. Ces propriétés, naturelles en quantification conventionnelle, ont ici des conséquences majeures. De (3.1) on tire : (P o )2 − (P 3 )2 ≥ (P ⊥ )2 ≥ 0 soit P o ≥ |P 3 | Pour l’impulsion longitudinale sur le cône de lumière P + ≡ P o + P 3 ≥ |P 3 | + P 3 soit P+ ≥ 0 La composante P + est bornée inférieurement. Aucune supposition n’est faite sur la dyna- mique pour arriver à ce résultat. Ainsi, sur le cône de lumière, un état physique quelconque |Ψ > a donc un moment longitudinal positif ou nul : < Ψ|P + |Ψ >≥ 0 Considérons le champ scalaire Φ en interaction, pris au temps x+ = 0 pour simplifier. Il peut se développer en termes d’opérateurs de créations et d’annihilations généralisés dits de “quasi-particule” A† (k + ,k ⊥ ) et A(k + ,k ⊥ ) tels que : 1 1 + x− −k⊥ x⊥ ) A(k + ,k ⊥ ) ≡ dx− dx⊥ Φ(x− ,x⊥ )ei( 2 k (2π)2 31
  • 36. CHAPITRE 3. LE PROBLÈME DU VIDE P + génèrent les translations longitudinales : P + ,Φ(x+ ,x⊥ ) = −∂ + Φ soit P + ,A(k + ,k ⊥ ) = −k + A(k + ,k ⊥ ) Pour un état quelconque |q + ,q ⊥ > on en déduit : P + A(k + ,k ⊥ )|q + ,q ⊥ >= (q + − k + )A(k + ,k ⊥ )|q + ,q ⊥ > D’où A(k + ,k ⊥ )|q + ,q ⊥ > est état propre de P + avec la valeur propre q + − k + , on peut l’écrire |(q − k + ),(q ⊥ − k ⊥ ) >. Appliquons ceci au vide |ω > de la théorie en interaction qui, pour + satisfaire à l’invariance de Poincaré, doit s’écrire |q + = 0,q ⊥ = 0 >: A(k + ,k ⊥ )|ω >= | − k + , − k ⊥ >= 0 puisque que le spectre de P + est borné inférieurement par 0. Ainsi sur le cône de lumière l’état fondamental de l’hamiltonien en interaction n’a pas de structure et s’identifie avec l’état fondamental de l’hamiltonien libre 1 ’ 2 : |ω >= |0 > Cet état de fait a longtemps fait croire que la quantification sur le cône de lumière n’était pas capable de décrire les phénomènes physiques liés à un vide complexe tels que la brisure spontanée de symétrie, les solutions solitoniques, le confinement des quarks dans QCD, et plus généralement l’ensemble des effets non perturbatifs reliés au vide. Cela semblait notamment remettre en cause le théorème de Coleman qui affirme que les symétries du vide sont les symétries de l’hamiltonien en interaction (puisque sur le cône de lumière le ket fondamental est le même pour tous les hamiltoniens ! ). Cette question a été résolue par Heinzl et al. [25] à la fin des années 80. Pour cela il faut revenir à l’algorithme de Dirac-Bergmann et au traitement de la divergence infrarouge. 3.2 Secteur du vide, secteur des particules Dans le milieu des années 80 Brodski et Pauli [44] ont proposé une version discrétisée de la quantification sur le cône de lumière appelée DLCQ 3 , généralisant ainsi les idées de Maskawa et Yamawaki [40], qui a été appliquée à l’étude des états liés en QED et QCD avec un certain succès [46]. L’idée de départ consistait à se placer dans une boîte [−L, + L], avec les conditions aux limites périodiques (CLP), pour obtenir une discrétisation des impulsions + 2nπ kn = n∈Z L − m2 m2 L ξn ≡ + = kn 2nπ et à traiter la divergence infrarouge de (2.9) par soustraction du “mode zéro” n = 0 . +∞ 1 1 nπx− m2 Lx+ nπx− m2 Lx+ ϕ(x) = √ √ a† ei( L + 4nπ ) + an e−i( L + 4nπ ) n 4π n=1 n 1. Voir [37] pour une discussion complète. 2. On peut aussi s’en convaincre par l’argument heuristique suivant : pour un système de particules (de masse non nulle) en interaction, les impulsions s’ajoutent ; or, on sait que pour chacune d’elles k + ≥ 0 et k − = m2 +(k⊥ )2 k+ .Il est donc impossible de construire pour ce système un état qui ait à la fois une énergie non nulle et un k + totalnul, c’est-à-dire un vide non trivial (à l’exception du cas non physique d’une énergie infinie). 3. Discretized Light Cone quantization 32
  • 37. 3.2. SECTEUR DU VIDE, SECTEUR DES PARTICULES Les résultats physiques finals étant obtenus par passage à la limite L → ∞ à la fin des calculs. 4 Mais l’utilisation des conditions aux limites périodiques modifie les conditions d’inversion de d la relation (2.6). En effet le spectre de dx devient discret et le noyau de l’application C n’est pas vide : il contient les fonctions constantes. On peut choisir comme base de l’espace fonctionnel les iπnx− fonctions propres de dx− , soit { √1 e L , n ∈ Z} , et dans ce cas : d 2L d Ker dx− = V ect{ √1 } 2L d iπnx− Im dx− = V ect{ √1 e 2L L , n ∈ Z ∗} où V ectE désigne l’espace vectoriel engendré par E 5 . Il est utile de représenter les projecteurs P et Q définis à l’appendice A à l’aide de la base précédente 6 : 1 d PL = 2L projette sur Ker dx iπn(x−y) 1 d QL (x,y) = 2L n=0 e L projette sur Im dx qui vérifient bien les propriétés (A.8), notamment : +∞ inπ(x−y) PL + QL (x,y) = e L = δ(x − y) (3.2) n=−∞ ˙ L’équation de consistance θ ≈ 0 (2.6) mène donc à la contrainte 7 θ3 ≡ PL ∗ B(x) ≈ 0 (3.3) et à l’équation dynamique d 1 µQ (x) = − QL (x,y) ∗ B(y) (3.4) dx 4 en notant ∗ la multiplication pour les opérateurs (pour une fonction f quelconque, fP (x) ≡ 1 L P ∗ f (x) = 2L −L dx− f (x) et fQ (x) ≡ (1 − P ) ∗ f (x)). On résout cette dernière équation en calculant sa fonction de Green. En projetant d G(x − y) = δ(x − y) (3.5) dx d sur Im dx− on obtient 4. Nous montrerons dans la suite que cette limite est hautement non triviale. dµ(x) 5. En effet dx− = 0 donne µ(x) = µo constante, telle que µ(−L) = µ(L). 6. La discrétisation des impulsions n’est pas obligatoire pour représenter les opérateurs P et Q. Toute suite de fonctions δ dont la limite → 0 tend vers la distribution de Dirac δ peut être utilisée pour définir le projecteur P. Par exemple :  1 pour k + = 0 P (k + ) = lim 1 →0 PL (k + ) = L 0 pour k + = 0 sin(k+ L) PL (k + ) ≡ k+ L Voir [27] pour plus de détails. 7. La projection de la contrainte primaire θ donnant lieu à : θ2 = P ∗θ =P ∗Π≈0 θ1 = Q ∗ θ = Q ∗ (Π − ∂ + φ) ≈ 0 qui n’ont pas d’intérêt dans la suite. 33
  • 38. CHAPITRE 3. LE PROBLÈME DU VIDE d GQ (x − y) = QL (x,y) ∗ [PL + QL (x,y)] = QL (x,y) dx De (3.5) et (3.2) on tire +∞ iπn(x−y) 1 e L G(x − y) = = sgn(x − y) 2 n=−∞ inπ d’où iπn(x−y) 1 e L GQ (x − y) = (1 − PL )G(x − y) = 2 inπ n=0 soit 1 GQ (x − y) = sgn(x − y) − (x − y) 2L et donc 1 1 µQ (x) = − dy sgn(x − y) − (x − y) B(y) 4 2L où on lit l’inverse de la matrice des contraintes 1 1 C −1 (x,y) = − sgn(x − y) − (x − y) 4 2L et on trouve 1 1 [φ(x),φ(y)] x+ =y+ = − sgn(x − y) − (x − y) 4 2L Il est intéressant de noter que ce qui différencie ce commutateur de (2.8) est simplement la soustraction du point k + = 0 dans le discret, mais qu’à la limite du continu L → ∞ elle devient localement nulle. Dans cette limite la fonction G(x − y) est localement égale à GQ (x − y) mais globalement elle en diffère radicalement. Il faut donc être prudent en effectuant L → ∞ : si des objets apparaissent dans la théorie qui s’annulent localement, mais pas globalement, le passage à cette limite doit être réalisé comme toute dernière opération. Il est judicieux de traduire au niveau du champ l’action des opérateurs P et Q . On définit : Q ∗ φ(x) ≡ ϕ(x) (les modes normaux) P ∗ φ(x) ≡ Ω (le mode z´ro) e L’application du projecteur P sur le champ total φ isole la (ou les) contribution(s) asso- ciée(s) à un moment longitudinal k + nul, caractéristique du vide. A l’inverse le projecteur Q sélectionne toutes les contributions telles que k + = 0 et ϕ représente l’ensemble des excitations à l’exception de celles associées au vide. On est donc amené à définir deux secteurs orthogonaux et complémentaires dans toute théorie exprimée sur le cône de lumière : le secteur du vide (obtenu par projection P) et le secteur des particules (obtenu par projection Q). La contrainte (3.3), dans le secteur du vide, est d’une importance capitale : elle exprime le lien entre des quantités P (Ω ou µP ) et des quantités Q (ϕ ou µQ ), par l’intermédiaire de B(x) qui est associé au terme d’interaction du lagrangien. Le mode zéro Ω dépend, à travers la contrainte θ3 , de tous les autres modes du champ ϕ et ce, avec la complexité de l’hamiltonien en interaction 8 . Grâce à ce schéma, 8. Pour s’en convaincre on peut calculer le crochet de Dirac {ω,ϕ(x)}∗ , à partir des crochets des contraintes θ1 , θ2 et θ3 , et constater non seulement qu’il n’est pas nul , mais qu’il est très complexe. Dans le cas d’une λ interaction 4! φ4 : n R +L o−1 {ω,ϕ(x)}∗ = − 1 2L λ m2 + λ Ω2 + 2L λ −L dyϕ(y)2 2 1 2 2 1 2 R +L 2 −L dyGQ (x − y)[2Ωϕ(y) + ϕ (y)] 34
  • 39. 3.3. RÉSOLUTION DES ÉQUATIONS AUX MODES ZÉROS : EXEMPLE DE LA THÉORIE φ4 1+1 la valeur moyenne du champ total dans le vide est susceptible d’avoir des valeurs tout à fait non triviales malgré la simplicité de l’état fondamental de l’hamiltonien en interaction |ω >= |0 > 9 : < ω|φ|ω >=< 0|φ|0 >=< 0|Ω + ϕ|0 >=< 0|Ω|0 >= 0 Ainsi l’expression célèbre “sur le cône de lumière le vide est trivial” est vraie seulement si on comprend “le vide” comme étant l’état fondamental de l’hamiltonien. Elle est fausse si on se réfère aux propriétés physiques du vide, représentées par les valeurs moyennes des champs dans l’état fondamental, qui possèdent, comme on vient de le voir, toute la complexité de la théorie en interaction. Il est maintenant admis que les propriétés non perturbatives des théories quantifiées sur le cône de lumière s’expriment par la prise en compte des modes zéros des champs et leur interaction avec tous les autres modes. Divers auteurs [26], [1], [48] ont décrit avec succès la brisure spontanée de symétrie d’un champ scalaire sur le cône de lumière. D’autres[28] [41] [36] ont montré que les vides θ du modèle de Schwinger (QED1+1 ) admettent aussi une formulation consistante. Cependant, malgré de nombreux travaux [60][33][19][47][7], la question essentielle du traitement du vide de QCD sur le cône de lumière n’a pas encore trouvé de réponse satisfaisante, notamment à cause des nombreuses contraintes de jauge qui s’ajoutent à celles spécifiques au cône de lumière. 3.3 Résolution des équations aux modes zéros : exemple de la théorie φ4 1+1 λ Pour rendre ceci plus explicite considérons l’interaction V (φ) = 4! φ4 . En poussant DBA à son terme, on obtient, à partir de (3.4), les équations d’Hamilton qui fixent la dynamique dans le secteur Q. Il est cependant plus simple, et tout à fait équivalent, de projeter directement l’équation du mouvement sur le secteur des particules 10 : λ (∂ + ∂ − − m2 )ϕ = m2 Ω + Q ∗ (Ω + ϕ)3 3! et de la même façon on obtient la contrainte θ3 par projection sur le secteur du vide 11 : +L λ λ λ 1 m2 Ω + P ∗ (Ω + ϕ)3 = m2 Ω + Ω3 + dx− [3Ωϕ2 + ϕ3 ] ≈ 0 3! 3! 3! 2L −L La dynamique de la théorie est entièrement déterminée par la donnée de ces deux relations. Cependant si les crochets de Dirac permettent de déterminer les commutateurs fondamentaux, il n’en reste pas moins une ambiguïté sur l’ordre des champs ϕ et Ω au moment de la quantification des deux équations ci-dessus 12 . Cette situation est bien connue en quantification conventionnelle. Nous choisissons ici la prescription de Weyl qui ordonne les produits de façon symétrique : λ (∂ + ∂ − − m2 )ϕ = m2 Ω + 3! Q ∗ [Ω3 + Ω2 ϕ + ϕΩ2 + ΩϕΩ +Ωϕ + ϕ Ω + ϕΩϕ + ϕ3 ] 2 2 λ 3 λ 1 +L (3.6) m2 Ω + + 3! 2L −L dx− [Ω2 ϕ + ϕΩ2 + ΩϕΩ 3! Ω +Ωϕ2 + ϕ2 Ω + ϕΩϕ + ϕ3 ] ≈ 0 9. En fait, le choix de porter une information au niveau des opérateurs au lieu des états n’est pas exceptionnelle : l’équivalence des points de vue de Heisenberg et de Schrödinger en mécanique quantique en est un exemple. Ici cependant la trivialité de l’état fondamental impose de rechercher les propriétés du vide au niveau des opérateurs de champ. 10. On constate, comme on pouvait s’y attendre, que l’équation du mouvement n’est inversible que dans le secteur Q. 11. Là aussi on aurait pu obtenir cette équation en développant P ∗ B(x) ≈ 0. 12. Ce problème n’apparaît que maintenant puisque nous n’avons considéré jusqu’ici que des commutateurs qui se révélaient n’être que des c-nombres. A l’exception notable du crochet entre ϕ et ω qui est équivalent à la contrainte θ3 en question. 35