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CULTURE
SPORT
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Vers la
redynamisation du
secteur culturel au
niveau local
Par Schultz Laurent Jr
Marc Collat de retour
en Haïti le 9 août
prochain
par Gérald Bordes
L
a « Solidarite Fanm kore Fanm »
entend dénoncer l’inacceptable.
Elleincitelesfemmesàmarcher
dans les rues. Une marche
pour dire non. Non à Michel Jospeh
Martelly. Non à « la légitimation du
viol », dans un discours public tenu
par un chef d’État qui, pourtant avait
voulu, quelques mois plus tôt, lors du
lancement de la quatrième réunion
statutaire « Table thématique Genre »,
s’ériger en défenseur de la cause des
femmes. Les obscénités déballées sur
une place publique contre une femme
ne font en rien grandir. Sinon, pour les
organisations de défense des droits des
femmes, de tels propos ne font que
dévoiler la vraie face de l’homme. Un
homme habitué aux frasques les plus
irrévérencieux.
Pour le Président, se cacher derrière
un mur, juste pour tromper les regards
curieux, suffit. L’image est frappante.
Elle dénie à la femme de son intimité.
De son essence. La femme objet
de désir renaît. La femme, sujette
consciente, disparaît. Voilà tout le sens
de cette marche dont les participantes
étaient vêtues de noir.
Les femmes ont dit non !Par Lionel Edouard
HAÏTI / ÉLECTIONS
MERCREDI 5 AOÛT 2015 NUMÉRO 54
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
ACTUALITÉ
Le Centre de tabulation prêt
pour les opérations de comptage
HAÏTI / DROITS HUMAINS
Les femmes bombent la poitrine. Blessées, elles entendent réhabiliter les valeurs qui
ont permis les grandes conquêtes de la gent féminine, au cours du XXe siècle. La lutte
pour l’égalité de genre est fruit de sacrifices. En vies humaines. Surtout. Ces acquis,
dans le contexte d’aujourd’hui, ne doivent et ne peuvent nullement être l’objet de
contestations. Un retour au Moyen-Âge n’est pas envisageable. C’est le message qu’ont
voulu faire passer les femmes, à travers cette marche tenue dans la capitale, hier
mardi.
Vue partielle du Centre de tabulation. / Photo : J. J. Augustin
« Le gouvernement a
fait son travail », dixit
Rotchild François
Junior
par Ritzamarum ZÉTRENNE
2. 2 | N0
54 MERCREDI 5 AOÛT 2015
TRIBUNE
L
e président Dartiguenave est
tiraillé car les Américains font
pression pour la signature
immédiate de la Convention
leur conférant tous les pouvoirs.
D’où le replâtrage du premier cabinet
ministériel deux mois plus tard avec
le remplacement des ministres
démissionnaires : Pauléus Sannon
des Relations extérieures par Louis
Borno et Antoine Sansaricq aux
Transports par Paul Salomon. Les
« collabos » ratifient la Convention
le 18 novembre 1915. La machine
installée tourne à l’aveugle. C’est
le départ de Constantin Mayard du
ministèredel’Intérieurle15mai1916
et son remplacement par Barnave
Dartiguenave, frère du Président.
Le bateau haïtien a été mis en
bouteille et ne connaît plus d’escale,
malgré le sénateur Moravia Morpeau,
trésorier de L’Union Patriotique, qui
a dénoncé « l’inconstitutionnalité de
la convention américano-haïtienne »
dans son célèbre discours au Sénat le
11 Novembre 1915.
Déjà, la tyrannie américaine
s’attaque jusqu’à la capacité de
penser de la classe politique des
« collabos ». Au lendemain du 28
juillet 1915, les marines américains
embrigadent l’ex-président
Légitime et l’envoient avec une
délégation dans le Nord annoncer
à Rosalvo Bobo qu’il doit aller aux
urnes. La boucle est bouclée avec
l’obligation imposée à Rosalvo
Bobo de soutenir celui qui lui a
volé sa victoire militaire. Notre
abîme réside justement dans notre
incapacité à développer avec cette
réalité des rapports permettant de
la dépasser pour freiner le triomphe
de l’insignifiance. Certains des «
collabos » par la suite, comme ce
fut le cas pour le clergé breton,
changèrent d’opinion et appuieront
les nationalistes en 1929, à la veille
de leur extraordinaire victoire aux
élections de 1930.
L’émergence politique des
classes moyennes
Jacques Roumain critique ainsi
l’état d’esprit des nationalistes
à leur arrivée au pouvoir : « De
1913 à 1930, la bataille contre
l’Occupation et ses sous-¬ordres
haïtiens se livre, incessante malgré
les massacres, les matraquages,
les incarcérations. Elle atteint en
1930 son point culminant. […]
Les masses, puissants leviers,
hissent les nationalistes au
pouvoir. Avec l’arrivée au pouvoir
des Nationalistes commence le
procès de décompo¬sition du
nationalisme. L’explication de ce
phénomène est simple : par la
base, mouvement anti-impérialiste,
donc anticapitaliste; par le haut,
mouvement opportuniste d’un état-
major petit-bourgeois et bourgeois
; [...] Le mouvement nationaliste
fut incapable de remplir ses
promesses, parce que les promesses
du nationalisme bourgeois se
heurtaient dès la prise du pouvoir,
à ses intérêts de classe, et se
révélaient une duperie électorale .»
Les nationalistes des classes
moyennes aux âmes à double fond
activées par des ressorts secrets
se révèlent de véritables fascistes
dès qu’ils ont la moindre parcelle
de pouvoir. Ce sont les Sténio
Vincent, Élie Lescot, Dumarsais
Estimé, Paul Magloire, Antonio
Kébreau, François Duvalier, etc.,
des zombificateurs patentés,
aux âmes égarées, experts en
travestissements multiples, qui
ont investi l’imaginaire populaire
avec un discours populiste qui
garde un fol attrait. La capacité de
métamorphose de cette engeance
de malheurs ne cesse d’égarer Haïti
dans des voies trompeuses.
Décidés à faire du monde haïtien
un repère de bakoulou et de
tikoulout, ces fascistes exploitent le
divertissement, la sorcellerie et les
fumisteries pour priver les esprits
de la connaissance et empêcheront
Haïti de sortir même en l’an 3015
des ornières de la misère, de
l’injustice et de l’ignorance.
L’ouverture du paysage politique
commencée en 1946 s’inscrit
dans la stratégie de charme de
l’occupation américaine qui a
envouté les classes moyennes
et abouti aux tontons macoutes.
Des faits parlants d’eux-mêmes
sont l’offre d’une base navale aux
Américains faite par le président
François Duvalier , d’abord en
1959, puis comme l’indique le New
York Times en 1961 et le retour des
marines américains en Haïti avec
la mission militaire américaine
du colonel Heinl de 1959 à 1963.
Duvalier nage dans les mêmes eaux
puantes que le président noiriste
Lysius Félicité Salomon Jeune qui
avait offert le Môle Saint Nicolas
aux Américains en deux occasions,
d’abord le 29 mai 1883, puis le 8
novembre 1883.
Les noiristes manipulant les classes
moyennes ont présenté les tares
de la minorité mulâtriste comme
le mal absolu, face au reste de
la population. Ils ont épousé le
fascisme et accouché du régime de
François Duvalier qui a changé la
Constitution et imposé son cancre
de fils de 19 ans comme modèle
pour dévoyer la jeunesse. Dans le
tourbillon de la danse de folie du
jean-claudisme, des millionnaires
noirs ont été créé parallèlement à
l’appauvrissement général engendré
par l’installation d’entreprises
d’assemblage sur des terres
agricoles. Comme l’expliquait en
1985, l’agronome et ancien premier
ministre Jean-Jacques Honorat, «
en bref, l’assemblage a en 10 ans
produit 300 millionnaires à Port-
au-Prince, 500 000 parias dans les
faubourgs de cette ville et 750 000
boat-people s’échappant de tous
les points détruits de la périphérie
paysanne . »
Tout comme le bric-à-brac
politique des années 1911-1915
a abouti à la première occupation
américaine, après février 1986,
les forces paramilitaires associées
au narcotrafic ont tout jeté pêle-
mêle, semant l’insécurité et la
terreur, produisant les massacres
enregistrés aux élections du 29
novembre 1987. La gravité du
coup d’État de 1991 a zombifié le
mouvement populaire, ouvert la
porte à toutes les dérives, enlevé
la lucidité à plus d’un et encouragé
l’amalgame produisant l’occupation
américaine de 1994 suivie de celle
de 2004 qui dure encore.
Les classes moyennes ont émergé
avec le même regard errant et les
mêmes perspectives archaïques
renforçant l’État sauvage. Ce qui
fit dire au noiriste repenti Roger
Dorsinville en 1990, « Cette
République qui se déglingue de
partout, c’est le résultat de trente
ans de pouvoir noir . » Mais
les défaillances manifestes du
duvaliérisme n’ont pas empêché
la continuation des convulsions de
ce courant maléfique. Avant même
le retour du dictateur Jean-Claude
Duvalier sous le gouvernement
de René Préval, on a assisté à la
création en 2007 de la Fondation
François Duvalier à l’occasion du
100e anniversaire de la naissance
du tyran.
Les croyances stupides des
duvaliéristes ne leur permettent
pas d’atteindre les hauteurs
transcendantales exigées par la
moindre éthique. Ne pouvant
comprendre leur responsabilité
dans le mal qui terrasse Haïti, les
barons duvaliéristes, ces « fleurs du
mal » pour paraphraser Baudelaire,
expriment leur innocence devant
la déchéance qu’ils ont produite
. Or justement la dégénérescence
est toujours en devenir dans
le duvaliérisme. En effet, les
kidnappeurs, assassins et vendeurs
de drogue sont devenus la norme. La
vulgarité s’est démultipliée. Après
la prestation grotesque du « Petador
en chef Michel Martelly » du 26 juin
2015, vite mise en musique par le
groupe Vwadèzil, le Président de la
République Sweet Micky répond à
une femme qui posait une question
légitime à Miragoâne le 28 juillet
2015 : « Pute, va te faire prendre
derrière le mur ». C’était avant que
Le Nouvelliste parle du ras-le-bol de
ce chauffeur de taxi qui dit : « Bon,
pourquoi ne donnent-ils pas le pays
aux Américains ? Cela résoudrait
tous nos problèmes une fois pour
toutes, mes amis ! » . Nous nageons
dans la bêtise et la charogne, sous
des formes larvées ou ouvertes.
C’est ce qui a permis d’entrer le
bateau haïtien dans la bouteille
de l’occupant ! Pour l’en sortir, il
faudra briser la bouteille. Et pas
par un tour de magie !
Jacques Roumain, Analyse schéma-
tique 32-34, New York, 2005.
« US response to Duvalier offer to
build submarine bases and train-
ing camps in Haiti », Department of
State cable. 22 Sep. 1959, Declassi-
fied Documents Reference System
#CK3100170170168.
« Haiti Offers U.S. a Naval Base Site
», The New York Times, 8 Apr. 1961,
p. 2.
Charles T. Williamson, The U.S.
Naval Mission to Haiti, 1959-1963,
Annapolis, MD, Naval Institute Press,
1999.
Rayford Logan, The diplomatic rela-
tions of the United States with Haïti
1776-1891, Chapell Hill, University
of North Carolina Press, 1941, p.
373-374 et 376.
Jean-Jacques Honorat, Haïti : l’Échec
– Économie et politique d’un pays
mis en lambeaux, Port-au-Prince, Le
Natal, 1991, p. 234.
Roger Dorsinville, Marche arrière II,
Editions des Antilles, 1990, p. 233.
Radio Kiskeya, « Mobilisation des
duvaliéristes pour le centenaire de
l’ancien tyran », Port-au-Prince, 15
avril 2007.
Peguy F. C. Pierre, « Un centenaire
plus tard, il réclame une nouvelle
occupation », Le Nouvelliste, 29 juil-
let 2015.
Les responsabilités haïtiennes
dans les occupations américaines (2 de 2)Par Leslie Péan, 5 août 2015
3. MERCREDI 5 AOÛT 2015 N0
54 | 3
ACTUALITÉ
Jour J -3
LeministredelaCommunicationenvisitedecourtoiseauNational,mardimatin,tout
enréaffirmantlavolontédugouvernementd’appuyerpleinementleConseilélectoral
provisoire, a rappelé, entre autres, la note du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire
concernantlanécessaireimpartialitédesjugestoutaulongduprocessusélectoral.
LesexpertstraditionnelsenfraudeélectoraleenHaïtisefontsouventleplaisir,sans
fausse honte, d’expliquer comment il est nécessaire d’avoir l’appui d’un juge pour
parfaire une magouille.Parfois,lesimplefait pourunmagistratd’êtreindisponible,
impossible à trouver au moment où il devrait faire un constat est un atout dans
l’habituellemanièredefabriquerdes«élus»dansnotresystèmepolitique.
Lafraudelapluscourantedanscertaineslocalitésdupays,difficileàcontrer,surtout
dansunespaceoùlaforcepublique,endépitdesassurancestoujoursdonnéesparles
responsables, est soit absente, soit démissionnaire, soit complice, est l’intimidation
programméedel’électoratjugénonfavorabledemanièreàcequeseulslesélecteurs
décidésàvoterpourXsoientprésentsaujourJauxbureauxdevote.Lescasdenoy-
autage de bureaux de vote sont aussi assez courants. On est souvent étonné de se
rendrecomptebrusquement,onnesaitcommentcelaaeulieu,quedansunbureau
devote,mandatairesetobservateurscomprissonttotalementacquisàlacaused’un
seulcandidat.Pénurieoblige,onmangeàtouslesrâteliers,maisauderniermoment
onsefixeunemissionbienprécise.Fairepasserlecandidatque,dansnotretradition
unanimiste,onachoisidansladernièrelignedroite.
L’autre fraude est aussi l’utilisation de la rue pour faire croire qu’on est majoritaire
etdoncgagnant.Lerecoursàlarueestaussiuneformeviolentedechantaged’une
minoritéagissantesurunemajoritétropsilencieuse,tropsouventpeureuseetquiva
toujourspayerleprixdesturpitudesdesbouffons.Etalors,lacommunautéinternatio-
nale,tropheureusedenousaffaibliretdenousrendreprisonniersdenosinsignifiants,
sautesurl’occasionpouraffublerlafraudederespectabilité.
L’actuelprésidentduConseilélectoralprovisoire,siontientcomptedesesdéclarations,
nesemblepasavoirgardéuntropbonsouvenirdel’épisodefinaldesdernièresélec-
tions.Onvaespérerqu’ilsera vigilant,ettoutel’équipedel’institutionaveclui,pour
quelamachineinfernaledelafraudeneprennepassavitessedecroisièrehabituelle.
Ilfaudraaussi,pourcelauneplusgrandeimplicationcitoyenne.Carlaseulevéritéest
quel’avenirdecepayspasseparuneparticipationmaximaledecitoyensdéterminés
àfairedeschoixraisonnables.Ilnousfautunautrepersonnelpolitique.Unpersonnel
politiqueàlahauteurdelasituation.Ladécisionrestedifficile.Tropdecandidatssans
idées. Trop de candidats au passé et au présent douteux. Très peu de candidats qui
suscitentunminimumdeconfiance.Maisdanscepeu,ilfautyallerfort.Trèsfort.La
Nationn’apaslechoix.
Gary VICTOR
Édito
Le Centre de
tabulation prêt
pour les opérations
de comptage
par Stephen Ralph Henri
HAÏTI/ÉLECTIONS
«
Nous sommes prêts pour la
tabulation (des votes) », assure
Widmack Matador, responsable
du Centre, au cours d’une
visite guidée effectuée en l’honneur
des journalistes du National, dans la
matinée du 4 août. Les travaux et les
opérations pour dresser la machine
de décompte et de vérification des
votes des électeurs ont duré moins
de trois mois, de la réparation du
bâtiment à l’acquisition de nouveaux
matériels, l’installation de ceux-ci et
le recrutement des opérateurs.
De nouveaux appareils ont été
achetés, notamment, des ordina-
teurs. Ces achats ont été prévus et
sont exécutés à partir du budget
arrêté par le Conseil électoral pro-
visoire (CEP), explique Widmack
Matador. Pour l’instant, au niveau
du Centre, c’est le marquage des
classeurs où seront archivés les
procès-verbaux par département.
Ils seront 800 opérateurs à y tra-
vailler en deux temps, le matin et
le soir. Le responsable du Centre
de tabulation promet que celui-ci
fonctionnera 24 heures sur 24,
pendant la période électorale.
Pour les recrutements des opéra-
teurs, la « priorité a été accor-
dée aux anciens opérateurs, qui
connaissent déjà le processus »,
déclare Matador. Des candida-
tures spontanées ont été accep-
tées pour compléter le nombre de
personnes nécessaire. Actuelle-
ment, les opérateurs réalisent des
exercices de simulation de tabula-
tion. Ils sont aussi en train d’être
formés sur les critères à suivre
pour apprécier un procès-verbal.
Widmack Matador promet de «
travailler pour changer l’image
d’une chambre noire » que les
citoyennes et les citoyens ont
souvent du Centre de tabulation
des votes (CTV).
Le processus au CTV
en cinq moments
Les opérations au niveau du Centre
de tabulation s’accomplissent en
cinq grands moments, dans des
sections différentes. D’abord, c’est
la réception des procès-verbaux,
dans des sacs scellés. À cette pre-
mière étape, s’opère un inventaire
informatique des procès-verbaux
et leur numérisation. Dans les sacs
qui contiennent les procès-ver-
baux, se trouvent aussi, la feuille
de comptage, les procès-verbaux
d’incidents et ceux d’irrégularités.
La liste électorale partielle y est
présente également.
Ce premier instant est suivi
de la seconde, qui consiste en
un contrôle visuel des procès-
verbaux. À ce stade, se vérifie
l’authentification des papiers des
procès-verbaux, pour certifier que
ce sont les papiers exactement
fournis par le CEP. La vérification
de l’exactitude de la relation entre
le centre de vote et le procès-
verbal, l’exactitude des chiffres
et leurs transcriptions en lettres,
puis les ratures, sont prises en
compte également à ce deuxième
palier.
Les opérateurs chargés du con-
trôle visuel, peuvent envoyer les
procès-verbaux vers deux direc-
tions, soit, les saisies ou le con-
trôle légal. Les saisies et le con-
trôle légal réunissent la troisième
phase. Les procès-verbaux ne
contenant aucune irrégularité,
au regard de l’article 171,1, du
décret électoral, sont dirigés vers
les opérations de saisie, pour être
ajoutés au système informatique
du Conseil. Les procès-verbaux,
qui soulèvent des doutes, sont
acheminés au contrôle légal, où
des avocats vérifient la validité
où la non-validité de ceux-ci. Les
documents retenus, non valides,
seront laissés à l’appréciation des
juges électoraux au cours des péri-
odes de contestation.
Le quatrième temps est un con-
trôle de qualité. L’opérateur prend
le procès-verbal physique pour
comparer ses données à celles qui
sont saisies sur le système pour
vérifier leur compatibilité. La
cinquième et dernière étape con-
siste en l’archivage de ces docu-
ments dans des classeurs empilés
au Centre et clairement identifiés
en fonction des départements.
Tous les dispositifs sont déjà mis en place au niveau du
Centre de tabulation des votes à Port-au-Prince, pour
recevoir et traiter les procès-verbaux des prochains
scrutins législatifs, planifiés pour le dimanche 9
août, dans moins de cinq jours. Plusieurs centaines
d’opérateurs commencent avec des opérations de
simulation et reçoivent en la circonstance les dernières
séances de formation.
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4 | N0
54 MERCREDI 5 AOÛT 2015
ACTUALITÉ
« Le gouvernement a fait son travail »,
dixit Rotchild François Junior
par Ritzamarum ZÉTRENNE
HAÏTI/ÉLECTIONS
«
Les élections auront lieu
effectivement ce dimanche
», a déclaré le Ministre. Le
gouvernement a, selon lui,
déjà entrepris toutes les démarches
nécessaires pour l’organisation
de ces élections. « Jusque-là, le
gouvernement a fait son travail. Le
président de la République et son
Premier ministre ont tout fait pour
que les élections du 9 août soient
possibles », ajoute M. François, en
présence des responsables de la
rédaction du journal et de certains
membres de sa délégation.
Le ministre a tenu également à
rassurer la population quant à la
sécurité de ces élections. « Nous
avons organisé des rencontres avec
les hauts commandements de la
police et de la Minustah. Toutes
les mesures sont déjà prises pour
assurer la sécurité des électeurs », a
fait savoir le Ministre. « Nous avons
renouvelé le stock des véhicules de
la PNH et leur avons donné d’autres
moyens pour bien jouer leur rôle »,
a-t-il ajouté.
Le premier responsable du
ministère de la Communication
a, par ailleurs, informé avoir
aussi rencontré les membres de
la communauté internationale
qui n’ont pas manqué de féliciter
le gouvernement haïtien, pour
sa détermination à organiser des
élections crédibles dans le pays.
« La communauté internationale
a salué le travail effectué par le
président Michel J. Martelly et le
Premier ministre Évans Paul, et a
promis de continuer à soutenir le
gouvernement », affirme le Ministre,
en présence de l’ensemble des
journalistes du journal, notamment
le rédacteur en chef et le secrétaire
de rédaction.
Le ministre estime que la
communauté internationale a
jusque-là tenu toutes ses promesses
à l’égard du gouvernement haïtien
dans ce processus électoral. « Les
bailleurs ont déjà décaissé tout
l’argent promis pour l’organisation
de ces élections. Il manque 10 ou
12 millions de dollars, mais cela ne
peut pas empêcher que les élections
se réalisent », a-t-il fait savoir, sur
un ton indiscutablement sérieux.
Rotchild François Junior appelle
tous les secteurs de la vie nationale
a apporté leur contribution pour le
bon déroulement du scrutin de ce
dimanche. Il invite particulièrement
la presse à travailler conjointement
avec le gouvernement pour rendre
possible cet exercice démocratique.
« Nous souhaitons que la presse
fasse encore leur travail en
diffusant des informations utiles à
la population en matière d’élections
», déclare le Ministre.
Il s’est également montré
reconnaissant envers la presse pour
les efforts déjà consentis, en vue
de la réussite de ces élections, en
créant des espaces aux candidats
pour présenter leur programme
politique à la population.
À ceux qui critiquent le président de
la République, pour l’utilisation des
ressources de l’État pour mener sa
campagne en faveur des candidats
du PHTK, le Ministre a répondu
: « ce n’est pas un problème que
le président circule à bord de
véhicules mis à sa disposition
par l’État. M. Martelly est encore
en fonction, donc il a le droit de
bénéficier des privilèges liés à son
poste ». Il a par ailleurs ajouté que
c’est un fait qu’on observe dans
tous les pays du monde.
Pour finir, le ministre de la
Communication a félicité
grandement le staff du journal le
National, lequel, estime-t-il, fait
un grand travail pour renforcer la
presse écrite en Haïti. « Pour un
journal si jeune, vous avez déjà
parcouru un long chemin.
Beaucoup de gens parlent de vous.
J’espère que très bientôt vous serez
une référence dans le pays et dans
toute la région », a déclaré Rotchild
François Junior, juste avant de
quitter la salle de rédaction.
Le ministre de la Communication, Rotchild François Junior, a visité, le mardi 4
août 2015, le quotidien Le National. Durant cette visite de courtoisie au journal, le
ministre a profité pour assurer la presse et la population en général, de la tenue des
élections législatives et sénatoriales partielles, prévues pour le dimanche 9 août
dans tout le pays. Il a également profité de l’occasion pour présenter ses félicitations
au staff du journal pour le grand travail accompli durant ses deux mois d’existence.
Le ministre de la Communication, Rotchild François Junior, feuilletant un numéro du journal Le National sous les regards de
Hervé Lerouge. Photo : Mackenzy Leblanc
5. MERCREDI 5 AOÛT 2015 N0
54 | 5
ACTUALITÉ
Un deuil pour « protéger les acquis.
Réhabiliter la femme malgré le
machisme sournois de certains
êtres qui entendent la dévoyer. »
La sexualité n’est plus tabou. Elle
traverse la sphère privée, pour
s’exposer en public par la voix
d’un président. Celui-là même
qui a appelé à « péter », publique-
ment. Les gens de bien se sont
offusqués.
Mais que représentent leurs voix,
noyées au milieu des jacassements
de cette multitude inconsciente
qui applaudit. Les organisations
de défense des droits des femmes
y décèlent une certaine complici-
té.Une attitude qu’elles ont dénon-
cée, dans une note, la semaine
écoulée.« Le Président n’a pas
injurié une femme. » Les mots lui
auraient été prêtés. « Travestis
même. » Grégory Mayard-Paul a
ainsi lancé la défense du chef de
l’État, suite à cette embarrassante
intervention. Laquelle intervi-
ent dans un contexte sensible. À
quelques jours des élections.
En effet, Marie Frantz Joachin et
consorts appellent déjà au boy-
cott des candidats proches du
président Martelly. Elles tentent
de mobiliser l’électorat féminin
contre le parti présidentiel.
Pourtant, « Michel Martelly
s’amusait ». Le peuple avec lui.
C’est tout ! Les citoyens l’ont
voté pour ce qu’il est, un artiste,
défend Grégory Mayard Paul.
« Il n’a pas changé. » Une défense
sournoise, en guise d’excuses, qui
attise la flamme de la mobilisation
des militantes féminines. Elles ont
marché à Port-au-Prince, le mardi
4 août 2015. Silencieusement,
en signe de contestations. Contre
l’agression. Mais aussi, pour le
respect de la personne humaine et
des acquis de la lutte des femmes
en Haïti, nous explique Fabienne
Denis, coordonnatrice de Solidar-
ite fanm kore fanm.
Cette insurrection, un temps
silencieux, vise dans les plus brefs
délais à obtenir des excuses pub-
liques du chef de l’État. Ce serait
l’essentiel du contenu de la cor-
respondance qu’elles entendaient
déposer, pendant cette marche, au
Palais national. Fabienne Denis, et
une dizaine d’autres militantes,
ont donc marché, seules. Avec des
slogans comme : « Fanm yo di se
twòp atò! » Mais elles n’étaient pas
là.
« Fanm se manman, nou bay
lavi, nou egzije respè ! » sont,
entre autres slogans inscrits sur
les affiches brandies avec fierté,
durant cette marche à maigre
recette de femmes. Ces militantes
ont aussi pris le soin d’appeler la
première dame, Sophia Martelly,
à placer son mot, en vue de facili-
ter ce changement d’attitude, tant
souhaité envers les femmes.
Le ministère à la Condition fémi-
nine et aux Droits de la femme
(MCFDF), était aussi en ligne
de mire de ces militants qui ont
rappelé que « lapenn yon fanm,
se pou tout fanm ». Un cri qui
semble avoir été entendu.
La Fusion pourrait se retirer du
gouvernement. Les raisons sont
multiples. Cette énième sortie
du Président en fait partie. Les
sociaux-démocrates ne voudraient
pas renoncer à leurs valeurs, avan-
cent-ils. Yvrose Myrtil Morquette,
pourrait donc se retirer. Solidarité
féminine ?
Les femmes ont dit non !Par Lionel Edouard
HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES
» suite de la première page
Des femmes dans les rues de Port-au-Prince pour dire non. Non à Michel Joseph Martelly. Non à la légitimation du viol. / Photo : J. J. Augustin
6. 6 | N0
54 MERCREDI 5 AOÛT 2015
ACTUALITÉ
Un sit-in pour exiger
le respect des Haïtienspar Évens REGIS
HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/MALPASSE
U
ne délégation partie de la
Capitale, sous couverture
médiatique, et escortée par
la Police nationale d’Haïti
(PNH), s’est rendue à la frontière Haï-
tiano-dominicaine de Malpasse, dans
le cadre d’un sit-in. Toujours un seul
et unique objectif, exiger le respect
de la dignité nationale et le retrait par
les mêmes autorités de la République
dominicaine, de l’arrêt 168-13 de la
Cour constitutionnelle dominicaine.
Aux environs de 10 heures,
la délégation a été accueillie
fraternellement par les autres
organisations de base de la zone.
À l’unisson, elles ont entonné
les strophes de la dessalinienne,
et c’était déjà le début du sit-in.
On pouvait alors identifier des
membres du collectif 4 décembre,
des représentants du Groupe
d’appui aux rapatriés et aux réfugiés
(GARR), des adhérents de la
Coordination des organisations pour
la défense des migrants et rapatriés
(CODDEMIR), des organisations
de base de la zone de Ganthier, et
sans oublier des dirigeants de la
FMUNHA (fondacíon mano unidad
haitiano), une organisation basée
en République dominicaine, et qui
se donne pour objectif de lutter
pour une meilleure relation entre
les citoyens des deux pays.
Pancartes, banderoles, T-shirts,
bondés de slogans en créole,
français, comme en espagnol ont
été également au rendez-vous.
La foule, mélangée d’Haïtiens
et de dominicains, était massée
devant la barrière de la frontière
Haïtiano-dominicaine en vue
de revendiquer une meilleure
condition de vie pour les haïtiens
vivant en République voisine. «
168-13=rasis, Dominicanie État
xénophobe, Haïti madre de la
Americana Latina », sont certains
des slogans qu’on pouvait lire
sur les pancartes apportées par
ces protestataires indignés des
nombreuses décisions prises par
les autorités dominicaines ces
derniers mois.
Pour faire passer leur frustration,
ils ont eu recours aux nombreux
chants des hymnes et louanges
qu’on a l’habitude d’entendre
aux cérémonies d’invocation à
l’Eglise. Selon eux, les refrains de
ces chants expliquent et justifient
leur présence à la frontière. Ces
protestataires qui, disent-ils,
jusqu’à présent, sont convaincus
que les dominicains sont des
racistes féroces, ont rétorqué que
les dominicains doivent en effet
respecter le droit des migrants
haïtiens s’ils veulent vraiment
prouver le contraire.
L’annulation sans condition
de l’arrêt 168-13 de la Cour
constitutionnelle n’a pas été
l’unique revendication de ces
organisations. Selon Jean Robert
Argant, coordonnateur du Collectif
4 décembre, la paix et l’entente sur
l’île entière, la réparation pour les
nombreuses agressions physiques,
morales, verbales, diplomatiques
et psychologique faites aux
haïtiens, font aussi partie des
réclamations du Collectif. « Nous
n’avons rien contre le peuple
dominicain, au contraire nous
sommes deux peuples condamnés
à vivre en commun accord », a-t-il
précisé. Le problème, dit-il, ce
sont les autorités dominicaines,
leurs réactions vis-à-vis des
ressortissants haïtiens.
Sunilda Santana, secrétaire
générale de la FMUNHA, cette
organisation qui lutte pour le
respect des droits des haïtiens
et des dominicains, abonde
presque dans le même sens que
le coordonnateur du Collectif
4 décembre. Elle a profité de
l’occasion pour lancer un appel
à la solidarité entre les deux
peuples. Selon elle, en tant que
citoyens partageant une île, nous
ne faisons pas la promotion de
notre bonheur, ni de notre respect
aux yeux de l’international. « Que
la paix, et l’union soient rétablies
sur l’île, pour éviter le pire dans les
jours à venir », a-t-elle souhaité.
La question de farine en forte
teneur d’additif cancérigène
de bromate de potassium, et
d’azodicarbonamide, provenant
de la République dominicaine, a
été également soulevée lors de ce
sit-in. Duverglas Chérilus, l’un des
représentants des Moulins d’Haïti,
anciennement appelé Minoterie
d’Haïti, a informé qu’avec une
capacité de production de
24 000 sacs par jour, l’entreprise
a la capacité d’approvisionner
le marché national, et ensuite
exporter les excédents dans les
pays amis. Sans la complicité de
l’État haïtien, croit-il, la farine
de la République dominicaine
n’aurait jamais envahi le marché
national.
Une double manifestation à
la frontière
Alors que les organisations de la
société civile haïtienne étaient en
pleine revendication, des syndicats
de chauffeurs dominicains étaient
eux aussi en train d’augmenter
la pression à l’autre bord de la
frontière.
Selon des informations fournies
par Roland Chéry, candidat à la
députation pour la circonscription
de Ganthier, Des haïtiens en
représailles ont brûlé dans l’après-
midi du 23 juillet dernier, un
autobus d’un citoyen dominicain.
Cette situation s’est produite après
la mort de l’un de leurs proches,
tué par balle, dans la matinée,
par un chauffeur dominicain, a
expliqué l’aspirant parlementaire.
Les dominicains ont en effet profité
de cette occasion, pour également
exiger réparation à l’État haïtien.
Ils ont tenté de perturber le sit-in,
en essayant de lancer des pierres
sur les manifestants. Grâce à la
vigilance des agents dominicains
et haïtiens, qui sont intervenus
pour gérer la situation, le sit-in s’est
terminé sans aucun incident.
Les organisations de la société civile n’entendent pas abandonner la lutte contre l’anti-Haïtianisme dominicain.
Après avoir gagné les rues de Port-au-Prince le 21 juillet dernier, plusieurs d’entre-elles ont encore une fois, ce
mardi, à l’initiative du Collectif 4 décembre, fait une nouvelle sortie.
Haïtiens et Dominicains devant la barrière de la frontière Haïtiano-dominicaine pour dénoncer les autorités de la République dominicaine. / Photo : Évens Régis
7. MERCREDI 5 AOÛT 2015 N0
54 | 7
Un atelier autour de la protection de l'environnement
par Reynold Aris
Sandra Honoré encourage la participationSources : Alterpresse
HAÏTI/ENVIRONNEMENT
HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES
S
ensibiliser la popula-
tion à la protection de
l’Environnement, arriver à un
engagement écologique, sont,
certains des objectifs, poursuivis par
les responsables de ce ministère.
Les aires protégées sont des zones
délimitées par l’État en vue de
protéger et conserver les ressources
naturelles et culturelles qui s’y
trouvent, informe le coordonnateur
adjoint de l’Anap, Prénor Coudo.
Cette démarche, poursuit-il,
permettra à l’État de définir les
modes d’exploitation pouvant
s’effectuer dans ces espaces dans la
perspective d’une gestion durable.
Le coordonnateur adjoint a
indiqué que ces surfaces sont des
zones qui sont sous le contrôle de
l’État. Ce faisant, il revient aux
autorités étatiques de déterminer
le plan d’intervention dans ces
espaces. Il a tenu à préciser que
même lorsqu’une personne serait
le propriétaire d’un terrain faisant
partie de ces périmètres protégés,
elle ne peut mener des actions qui
ne correspondent pas à la logique
de leur fonctionnement.
Quant à cet atelier, M. Coudo a
fait savoir qu’il revêt une grande
importance dans le cadre de la
bataille du ministère à promouvoir
le développement durable et
favoriser du même coup la
protection de l’environnement. Il
a en outre fait remarquer que pour
pallier le manque de connaissance
du public autour de ce concept, le
MDE s’engage à les en informer.
Cela, précise-t-il, permettra aux
membres de la population de
changer de comportement vis-à-vis
de ce patrimoine commun qu’est
l’Environnement.
Cadre légal de l’Anap
Après sa création en 1994, le MDE
s’est évertué à renforcer son combat
pour la protection de la Biodiversité
suite à la publication du décret
du 26 Janvier 2006. Celui-ci,
indique le coordonnateur adjoint
de l’Anap, porte sur la gestion de
l’environnement et la régulation
de la conduite des citoyens et
citoyennes pour un développement
durable. Ainsi, il revient à l’État de
garantir le droit des générations
futures‚ le développement durable
et le patrimoine commun de la
nation haïtienne.
Selon ce décret, explique M. Coudo,
les aires protégées officielles
sont estimées à environ 14. Près
de 35 autres espaces, souligne-
t-il, sont appelés à devenir des
surfaces protégées en attendant la
publication d’un arrêté présidentiel
les consacrant en tant que tels.
À ce stade, il reviendra à l’Anap
d’assurer leur prise en charge,
selon les prescrits de ce décret.
L’ensemble de ces espaces, informe
le coordonnateur adjoint, s’élève à
environ 75 mille hectares, soit 6,5
% de la surface terrestre du pays.
Quid de la mission de l’Anap
Comme toute institution, l’Anap
constitue un nouvel outil dans
le cadre de la gestion des aires
protégées. Coordonner le système
national des aires protégées,
protéger la diversité biologique,
telles sont, entre autres, tâches
assignées à l’Agence.
Prise en charge des aires
protégées
Quant aux décisions relatives
aux aires protégées, M. Coudo
informe que lorsque des espaces
ont ce statut, le premier élément
à envisager consiste à mettre en
place un plan de gestion. Au regard
de toutes ces surfaces, souligne-t-
il, il n’y a que le parc Macaya qui
soit sur le plan d’être finalisé. Les
autres n’en disposent pas encore.
Il annonce que ce plan sera lancé,
sous peu, pour ces autres espaces.
Entre-temps, des interventions,
informe M. Coudo, sont en
cours d’élaboration suivant une
méthodologie nationale. Selon
ce qu’a déclaré le coordonnateur
adjoint de l’Anap, la Banque
interaméricaine de développement
est en train de piloter un projet
baptisé « protection Macaya
» avec le financement de la
Norvège et le fonds mondial pour
l’Environnement. En ce qui a
trait à Forêt des Pins, il affirme
que c’est la firme « Helvetha » qui
exécute un projet avec le support
de l’ambassade de Suisse. Il a
cependant indiqué que le parc
national marin dénommé « Parc
des Trois Baies et des lagons aux
bœufs », à Limonade (département
du Nord-est), n’en dispose pas non
plus. Par ailleurs, le coordonnateur
a indiqué que ce plan de gestion
nécessitera également la mise en
place d’un corps de surveillance
environnementale. Celui-ci, dit-il,
aura comme mission principale
de sensibiliser la population à la
protection des aires protégées. Il dit
espérer que les participants vont
comprendre que les aires protégées
représentent un véritable filon pour
le pays.
Au terme de cette activité, le
coordonnateur de l’Anap informe
que le MDE arrivera à la mise en
place d’une stratégie nationale afin
de s’engager dans la protection
de ces espaces. Il aussi profité
de l’occasion pour annoncer la
tenue prochaine d’un atelier
dans le département du Nord-est,
notamment dans le Parc des Trois
Baies, le 13 août prochain.
L
a représentante spéciale en
Haïti du secrétaire général des
Nations Unies, Sandra Honoré,
encourage les Haïtiens et Haï-
tiennes à participer aux Législatives
du 9 août dans un message audio
transmis aux médias.
« Jwèt pou nou » (La balle est
dans votre camp), dit-elle dans ce
message en Français et en Créole
haïtien.
« Votre participation en grand
nombre et votre décision de faire
une croix sur la violence sous
toutes ses formes seront l’occasion
pour vous de démontrer que vous
avez choisi définitivement la paix et
la démocratie », poursuit la cheffe
de la Mission de Nations Unies pour
la stabilisation en Haïti (Minustah).
5 millions 848 mille personnes sont
attendues aux urnes dimanche pour
élire 119 députés et 20 sénateurs.
Sandra Honoré rappelle le caractère
« essentiel » de ces élections,
ajoutant que voter est un « droit
démocratique individuel ».
« Ces élections seront l’occasion
pour Haïti d’installer pour une
troisième fois consécutive un
président démocratiquement
élu à l’issue de deux mandants
présidentiels successifs de cinq ans
», affirme Sandra Honoré.
La présidentielle est fixée au 25
octobre et mettra aux prises 55
candidats et candidates.
La représentante de Ban Ki-moon
souligne que cette « stabilité »
est essentielle pour la paix, la
sécurité et le développement socio-
économique.
« Jusqu’à présent tous les acteurs
ont fait leur part », dit-elle,
rejoignant le Conseil électoral
provisoire et la police nationale
d’Haïti qui se sont déjà déclarés
prêts pour ces compétitions.
Sept mille policiers appuyés par
la police des Nations Unies et
éventuellement les militaires seront
déployés dans tout le pays le 9 août,
précise Sandra Honoré.
Malgré le discours résolu des
principaux acteurs, des doute
subsistent quant à la tenue
des Législatives dans certaines
zones échappant encore au
contrôle des forces de l’ordre, à
l’image notamment de Cité Soleil
(périphérie nord) et Petit-Goâve
(Ouest).
Le ministère de l’Environnement (MDE) a organisé un atelier de travail sur le système national des aires
protégées (Snap) à l’intention du personnel dudit ministère et de ses directeurs départementaux. « Résolution
d’un problème de conservation dans une des aires protégées en fonction du découpage régional », a été le
thème central autour duquel les débats se sont déroulés, le 4 août 2015, dans les locaux du MDE à Pacot (Port-
au-Prince).
Sandra Honoré. / Photo (archives) : J. J. Augustin
ACTUALITÉ
8. 8 | N0
54 MERCREDI 5 AOÛT 2015
MONDE
L'OIM demande à l'UE des mesures
pérennes sur l'immigration
Sources : Reuters
L
’Organisation internationale
pour les migrations (OIM) a
appelé mardi l’Union euro-
péenne à mettre en œuvre des
mesures de long terme face à la crise
créée par l’afflux de migrants, notam-
ment à Calais, en France, d’où des
centaines d’entre eux tentent chaque
jour de pénétrer en Grande-Bretagne.
Près de 200 000 candidats à
l’immigration sont arrivés par la
mer dans l’Union européenne, prin-
cipalement en Italie et en Grèce,
depuis le début de l’année, et plus
de 2 000 personnes ont trouvé la
mort en tentant de faire de même,
a précisé l’organisation internatio-
nale.
On estime entre 3 000 et 5 000
le nombre de migrants venus
d’Afrique et du Moyen-Orient
présents à Calais. Dix ont trouvé la
mort depuis le 1er juin en tentant
de passer en Grande-Bretagne.
« L’OIM pense que la dimension
humaine de la situation à Calais
doit devenir une priorité, la France
et la Grande-Bretagne étant con-
frontés à d’importants problèmes
de sécurité et à des perturbations
du tourisme et du commerce », a
déclaré son directeur général, Wil-
liam Lacy Swing, dans un commu-
niqué.
Pour l’organisation, les migrants
venus d’Afrique sub-saharienne
se trouvent « bloqués dans une
situation précaire avec peu de solu-
tions alternatives ». « Le nombre
des migrants qui arrivent est tout
à fait gérable pour l’UE, au vu de
l’ampleur de son territoire et de
ses ressources. Il faut adopter une
approche plus large et à long terme,
qui englobe aussi la situation
immédiate à laquelle sont confron-
tés la France et le Royaume-Uni »,
a dit Eugenio Ambrosio, directeur
régional de l’OIM pour l’Union euro-
péenne, la Norvège et la Suisse.
La situation à Calais a conduit
le gouvernement britannique à
durcir ces dernières semaines son
discours sur l’immigration. Lon-
dres a ainsi promis d’accélérer
l’examen d’un projet de loi visant
à durcir les règles en la matière.
Les propriétaires qui louent des
logements à des personnes en
situation irrégulière pourraient
ainsi être condamnés à des peines
de prison et les candidats à l’asile
dont la demande a été rejetée pour-
raient être privés de prestations
sociales.
Pour Itayi Viriri, porte-parole de
l’OIM, même si elles ne sont pas
connues en détail, les propositions
britanniques posent problème.
« Elles font des propriétaires des
fonctionnaires de l’immigration, or
je ne suis pas sûr que les proprié-
taires reçoivent la moindre forma-
tion leur permettant de procéder à
ce type de vérifications en matière
d’immigration », a-t-il dit à la
presse.
« En attendant d’avoir des préci-
sions sur la manière exacte dont
cela fonctionnera, on ne peut que
dire que cela ne semble pas très
praticable. »
L
’Union européenne et les Etats-
Unis ont appelé mardi la Tur-
quieàs’enteniràune«réponse
appropriée » dans ses attaques
aériennes contre la rébellion kurde
du PKK, pointant leur inquiétude sur
l’ampleur des raids aériens turcs qui
entretiennent le cycle de représailles
et pourraient tuer des civils.
Au moins deux autres soldats turcs
ont trouvé la mort mardi matin
dans une nouvelle attaque contre
un convoi militaire attribuée au
Parti des travailleurs du Kurdistan
(PKK), alors qu’Ankara poursuit
ses bombardements massifs contre
les bases de la guérilla du nord de
l’Irak.
La Turquie a lancé le 24 juillet
une « guerre contre le terrorisme
» visant simultanément le PKK et
les combattants du groupe Etat
islamique (EI) dans le nord de la
Syrie. Mais jusqu’à présent les raids
ont visé en très grande majorité la
rébellion kurde, ces violences met-
tant un terme à près de trois années
d’accalmie et à un fragile processus
de paix.
L’armée d’Ankara affirme avoir tué
plus de 260 combattants dans ses
bombardements. Selon des sources
kurdes, dix civils irakiens ont aussi
été tués dans des raids ce weekend,
mais l’armée affirme n’avoir visé
aucune zone habitée.
Selon un décompte de l’AFP, au
moins 19 membres des forces de
l’ordre ont été tués par des attaques
du PKK depuis la fin de la trêve.
Dans un communiqué publié à
Bruxelles, le commissaire euro-
péen à l’Elargissement, Johannes
Hahn, s’est dit « très préoccupé »
par l’escalade de la violence.
« L’UE reconnaît que la Turquie a
le droit de prévenir et de réagir à
toute forme de terrorisme, qui doit
être condamné sans ambiguïté »,
a affirmé M. Hahn dans un com-
muniqué publié après un entretien
avec le ministre turc aux Affaires
européennes Volkan Bozkir.
Avant d’ajouter : « la réponse doit
toutefois être proportionnée, ciblée
et elle ne doit en aucun cas mettre
en danger le dialogue politique
démocratique dans le pays ».
De Washington, le porte-parole du
département d’Etat, Mark Toner, a
envoyé le même message. « Nous
voulons que le PKK renonce à la
violence et reprenne les discussions
avant le gouvernement turc (...) et
nous voulons voir le gouvernement
turc répondre de manière propor-
tionnée » aux attaques, a-t-il dit à
des journalistes.
Drones armés
Un attentat survenu le 20 juillet
à Suruç (sud), qui a fait 32 morts
parmi de jeunes militants kurdes, a
déclenché un cycle de représailles
entre la guérilla et l’armée turque,
celle-ci étant accusée de ne pas
avoir protégé la population locale.
La guérilla a rompu un cessez-le-
feu unilatéral datant de 2013 et
le président turc Recep Tayyip
Erdogan a mis un terme de facto au
processus de paix. Les opérations
de sabotage contre des objectifs
économiques se multiplient en
Turquie parallèlement aux attaques
de la guérilla contre les forces de
l’ordre. Mardi, une explosion a
endommagé un gazoduc entre
l’Azerbaïdjan et l’est de la Turquie
et l’acheminement de gaz a dû
être suspendu. De leur côté, les
Américains comp-tent profiter du
feu vert que vient de leur donner
Ankara sur l’utilisation de leur base
aérienne d’Incirlik (sud) afin de
mener des frappes contre le groupe
EI en Syrie.
Le ministère américain de la
Défense a affirmé lundi soir que
des drones armés de l’US Air Force
avaient décollé d’Incirlik pour
conduire des missions en Syrie.
« Ce n’est qu’un début... », a twitté
Brett McGurk, bras droit du général
américain John Allen, l’envoyé spé-
cial des Etats-Unis dans la région en
charge de la lutte contre l’EI.
Selon les médias turcs, des dizaines
de pilotes américains sont attendus
dans les prochains jours à Incir-
lik pour conduire des missions en
Syrie. Sur le plan politique, la situ-
ation semble toujours bloquée en
Turquie, qui attend la formation
d’un gouvernement de coalition
depuis les élections du 7 juin ayant
privé le parti islamo-conservateur
AKP de la majorité absolue au Par-
lement.
Des discussions entre l’AKP et
le parti social-démocrate CHP se
poursuivent sans avancée majeure,
et les médias parient sur la convo-
cation de législatives anticipées par
le président turc.
Turquie : l'UE et les Etats-Unis pressent
Ankara de faire preuve de retenue
Sources : AFP
AFP/AFP - Un avion turc chargé de missiles décolle de la base d’Incirlik, le 28
juillet 2015.
Reuters/Reuters - Migrants secourus par la garde-côte italienne en mer
Méditerranée entre la Libye et l’ile de Lampedusa. /Photo prise le 3 août 2015/
REUTERS/Darrin Zammit Lupi
9. MERCREDI 5 AOÛT 2015 N0
54 | 9
MONDE
L
e cap des 2 000 migrants et
réfugiés morts cette année en
mer Méditerranée en tentant
de gagner l’Europe par la mer
a été franchi ce week-end, un bilan
humain tragique supérieur à celui de
la même période de l’année 2014.
« Malheureusement nous avons
atteint ce week-end un nouveau
niveau avec plus de 2 000 migrants
et réfugiés morts » en 2015 en
tentant de joindre l’Europe via la
Méditerranée, a indiqué mardi à
Genève Itayi Virri, porte-parole de
l’Organisation internationale pour
les migrations (OIM). Pour la même
période de 2014, 1 607 migrants
avaient péri dans leur traversée
hasardeuse de la Méditerranée, 3
279 sur l’année entière.
L’OIM indique également que
quelque 188 000 migrants sont
arrivés depuis janvier en Europe,
principalement en Grèce et en Italie,
via la Méditerranée et elle s’attend
à ce que le chiffre symbolique
des 200.000 personnes soit « très
rapidement atteint ».
Approximativement 90 500
migrants et réfugiés sont arrivés en
Grèce et 97 000 en Italie, mais les
décès sont essentiellement enreg-
istrés dans les tentatives de traver-
sée depuis l’Afrique du Nord vers
l’Italie. Il y a eu 1 930 décès sur
cette route contre une soixantaine
sur la route de la Grèce, générale-
ment depuis la Turquie. Ce bilan
est plus modeste car la traversée
est beaucoup plus courte entre les
côtes turques et les îles grecques.
Dix-neuf décès dans le canal de
Sicile la semaine dernière sont
venus s’ajouter à ce bilan, précise
l’OIM. Dans un des cas, 14 corps
ramenés dans le port sicilien de
Messine, les migrants sont morts
d’épuisement et de soif après que
l’eau potable eut été utilisée pour
refroidir le moteur du bateau, selon
les témoignages recueillis par l’OIM.
Pression maintenue à Calais
Pour beaucoup de ces migrants,
la Grande Bretagne reste l’objectif
final de leur marche vers l’Europe
du nord et Calais, dans le nord de
la France, reste un point de passage
malgré le dispositif policier mis en
place par la France en coordination
avec les Britanniques.
Quelque 600 tentatives d’intrusion
de migrants, selon la police, ont été
déjouées dans la nuit de lundi à
mardi aux abords du tunnel sous la
Manche, près de Calais, qui faisait
par ailleurs l’objet d’une « inspec-
tion » provoquant des retards de
trafic.
Ce chiffre est cependant en forte
baisse comparé aux 1 700 tenta-
tives de candidats à l’immigration
en Angleterre enregistrées la nuit
précédente.
Le groupe Eurotunnel qui gère
l’installation sous-marine entre la
France et l’Angleterre a annoncé
qu’il effectuait une inspection au
sein du couloir sud du tunnel, après
la détection d’une « anomalie »,
qu’il n’a pas précisée, mais qui pro-
voquait des retards dans le trafic
mardi matin.
Les passagers devaient tabler sur
une attente de deux heures au
départ de Folkestone en Angle-
terre, et d’une heure côté français,
le trafic étant détourné sur le seul
tunnel nord.
Dans la nuit, environ 500 migrants
ont été dénombrés aux abords du
site, pour 600 tentatives d’intrusion,
dont 400 ont été repoussées. Envi-
ron 180 personnes interceptées ont
été reconduites hors du site et une
vingtaine interpellées, a détaillé
une source policière.
Responsabilité morale’ de l’Europe
Selon l’OIM, de 3 000 à 5 000
migrants campent à Calais dans
l’attente d’un hypothétique moyen
de traverser la Manche.
Dix sont morts dans leurs tenta-
tives depuis le 1er juin. « L’Europe
a une responsabilité morale et poli-
tique pour répondre (à cette crise)
de façon humanitaire », a souligné
Eugenio Ambrosi, directeur de
l’OIM pour l’Union Européenne.
Il appelle à des solutions à long
terme, avec des protections interna-
tionales pour ceux qui arrivent en
Europe. L’OIM souligne également
que les projets de renforcer les bar-
rières autour du port et du tunnel «
seront inefficaces pour contrôler les
migrations irrégulières mais égale-
ment dangereux pour les migrants,
et augmenteront les demandes pour
les passeurs ».
A Bruxelles, la Commission Euro-
péenne a indiqué que le Com-
missaire pour les migrations et
les Affaires intérieures Dimitris
Avramopoulos doit appeler mardi
les ministres de l’Intérieur français
et britannique pour voir ce que
Bruxelles peut faire sur le plan de
l’aide financière et pratique dans
le traitement des demandes d’asile
et de l’organisation des retours.
Plus de 2 000 décès de migrants en
Méditerranée cette année
Sources : AFP
AFP/AFP/Archives - Capture d’écran d’une vidéo fournie le 2 mai 2015 par les
garde-côtes italiens de migrants secourus en Méditerranée
Guatemala : l'ex-dictateur Rios Montt
hospitalisé pour des examens psychiatriques
Sources : AFP
L
’ancien dictateur du Gua-
temala, Efrain Rios Montt,
poursuivi pour génocide, a été
admis mardi dans une clinique
psychiatrique afin d’y subir des exa-
mens devant déterminer s’il est apte
à suivre son procès, a constaté un
photographe de l’AFP.
Dissimulé sous une couverture,
le général à la retraite, âgé de 89
ans, a été transporté en ambulance
aux côtés de ses enfants Zury et
Enrique de sa résidence située dans
l’est huppé de la capitale à la cli-
nique Los Pinos.
Cette hospitalisation a été ordon-
née par le tribunal chargé de son
procès pour génocide. L’accusation
avait dans un premier temps
demandé qu’il soit examiné dans
un établissement public, mais la
défense a obtenu que les examens
soient réalisés dans une clinique
privée.
Accusation et parties civiles
soupçonnent les médecins de
l’ancien dictateur, à la tête du pays
durant 17 mois entre 1982 et 1983,
de lui administrer des médicaments
destinés à le faire passer pour
sénile, afin de lui éviter d’être
traduit en justice.
L’accusé sera placé sous la sur-
veillance « d’agents du parquet
et de la police », a ordonné la
juge Maria Eugenia Castellanos.
L’hospitalisation devrait se prolon-
ger jusqu’au 15 août. « Se trouvant
dans un hôpital privé en présence
de sa famille, de ses amis, etc., nous
considérons qu’il sera très difficile
pour le panel d’experts désignés de
réaliser un travail objectif et impar-
tial », a regretté auprès de l’AFP
Me Hector Reyes, avocat du Centre
pour l’action légale pour les droits
de l’homme (Caldh), partie civile
au procès.
Une audience est prévue le 18 août
pour prendre connaissance des
résultats de l’expertise. M. Rios
Montt est accusé, au côté de son
ancien chef des renseignements,
d’être responsable du massacre par
l’armée de 1 771 indiens mayas de
l’ethnie des ixiles, dans le nord
du Guatemala, durant son court
mandat.
Déjà jugé en 2013 pour génocide,
une première pour un ancien diri-
geant latino-américain, il avait été
condamné à 80 ans de prison mais
la procédure avait été annulée par
la Cour constitutionnelle, qui avait
ordonné la tenue d’un nouveau
procès.
Après plusieurs reports, celui-
ci a débuté le 23 juillet, mais la
défense de l’ancien général, placé
en résidence surveillée en raison
de son âge, a présenté un certificat
médical établissant qu’il n’était
pas en état mental d’assister à son
jugement.
Cette expertise a été contestée par
l’accusation, qui a demandé un
examen indépendant.
10. 10 | N0
54 MERCREDI 5 AOÛT 2015
ÉCONOMIE
Des avis (encore*) partagés
sur la construction du viaduc de DelmasPar Emmanuel Marino Bruno | AlterPresse**.
HAÏTI/INFRASTRUCTURES
A
u Carrefour de la route de
l’aéroport international
(intersection route de
Delmas et avenue Martin
Luther King, plus connue sous le nom
de Route de Nazon), à proximité du
viaduc entouré en tôles, des march-
andes et marchands, vendeuses et
vendeurs (pour la plupart des jeunes)
s’entassent, sous un soleil de plomb,
sur des trottoirs, à l’abri de parasols
de couleur rouge.
Des étals d’articles divers, dont
des téléphones, des cartes de
recharge, des parfums, des préser-
vatifs et des livres y sont, entre
autres, installés, contraignant
même les piétonnes et piétons à se
frayer un chemin par la chaussée.
Les espaces pour les piétons sont
encombrés aussi par des plateaux,
établis par des marchandes et
marchands de nourriture prête à
la consommation.
« On ne nous a pas donné une vraie
route. C’est uniquement un pont
pour traverser. Ils pensent que le
peuple ne sait pas ce qu’est une
route. On est obligé de l’accepter
», regrette un jeune habitant, assis
sous un parasol, avec quelques
camarades, dont l’un fume une
cigarette.
La passerelle ressemble à un dos
de chameau, avec des eaux qui
coulent de chaque côté en période
de pluie, ironise-t-il pour mon-
trer combien cette infrastructure
laisse à désirer, pour l’instant.
Il dit souhaiter l’aménagement
d’un espace de détente ainsi que
des nettoyages réguliers, compte
tenu de la présence de nombreux
marchands des deux côtés du trot-
toir.
« La place publique, qui a été
démolie au Carrefour de la route de
l’aéroport, me manque beaucoup.
Elle me permettait de gagner ma
vie », se désole un ancien agent de
la mairie de Port-au-Prince.
Les embouteillages ont consi-
dérablement augmenté durant les
travaux de construction du viaduc,
rapporte un autre vendeur dans
la zone, qui dit espérer une amé-
lioration de la circulation après
l’achèvement de cette passerelle.
Les travaux de construction du
viaduc entraînent, en ce moment,
un problème de circulation
au niveau de certaines artères
situées au Carrefour de la route de
l’aéroport, explique un bouquin-
iste, debout près de ses livres
étalés le long du trottoir.
Les panneaux de signalisation
mettent trop de temps à changer
de couleur, évoque, pour sa part,
un autre passant. Cette lenteur
serait à l’origine du blocage dans
la circulation automobile, selon
plusieurs témoins. « Je ne suis
pas tout-à-fait satisfait. S’il y avait
plus de volonté politique, ces
infrastructures routières auraient
été mieux construites », avoue un
marchand de parfum, perdu dans
l’arrangement méticuleux de ses
articles.
Les travaux de construction du
viaduc ont perturbé la vente à
cause de l’étroitesse des routes,
qu’elle a provoquée au niveau du
Carrefour de la route de l’aéroport,
se plaint un vendeur de téléphones
et d’autres articles. Des individus
se font même braquer la nuit par
des voleurs en dépit d’un poste
de police, situé à proximité du
viaduc, rapporte-t-il, appelant les
autorités à redoubler de vigilance.
La construction de ce pont à
étagement (viaduc), à Delmas, est
exécutée par la compagnie domini-
caine Estrella pour le compte du
gouvernement haïtien, dans le
cadre « d’un plan d’action pour le
relèvement et le développement
d’Haïti ». Évalué à hauteur de 16 à
17 millions de dollars américains,
ce viaduc en cours d’achèvement
aurait dû être inauguré en mars
2015. Cependant, des retards ont
été accumulés pour des raisons
non rendues publiques.
Plusieurs bâtiments, qui se trou-
vaient dans le périmètre de cette
construction, ont été démolis.
*’L’ajout est de la rédaction du
National (ndlr).
**Document retrouvé. Publié par
AlterPresse le 13 mai 2015. Les
travaux, en ce début d’août 2015,
ont repris et sont encore en cours
d’achèvement.
La construction du viaduc de Delmas (au nord-est de la capitale Port-au-Prince) suscite des réactions diverses
de la part des riverains, passants et marchands installés dans cette zone, qui se sont confiés à l’agence en ligne
AlterPresse.
11. MERCREDI 5 AOÛT 2015 N0
54 | 11
ÉCONOMIE
«
Haïti, situation mac-
roéconomique récente : com-
ment assurer un redressement
durable et une croissance
économique inclusive ». La théma-
tique de ce forum, organisé le ven-
dredi 31 juillet à l’hôtel Montana, a
réuni des personnalités du monde des
affaires et de la classe politique.
La sécheresse a bon dos
Des données du Fonds monétaire
international ont montré qu’Haïti
a atteint une croissance de 3,8
% du PIB en 2014 ( ?). Pourtant,
constatent certains économistes,
la croissance ne sera pas du tout
au rendez-vous en 2015.
La dette publique a poursuivi sa
tendance haussière au voisinage
de 30 % du PIB de l’année en cours.
L’agriculture haïtienne est passée
de plus de 40 % – années 1980 –-
à 24 % du PIB. Les sous-secteurs
eau et énergie ne représentent que
0,5 % du PIB. L’industrie manufac-
turière croupit en dessous de 10
% du PIB. Pour un pays à vocation
agricole et industrielle, ces chif-
fres reflètent-ils des avancées sur
le plan économique ?
Les chiffres et tableaux présentés
à ce forum n’autorisent guère à
croire, hors de tout doute raison-
nable, que le pays – en raison des
conditions socioéconomiques pré-
caires de la population haïtienne
– expérimente une croissance
économique.
Toutefois, Wilson Laleau, inter-
venant principal à cet atelier, a
dessiné un panorama presque
idyllique de la situation mac-
roéconomique, argumentant que
les données statistiques du MEF
contredisent ce que disent « des
gens » qui font croire que le pays
se trouve dans une situation
économique fragile.
« Les finances publiques, a-t-il
claironné, vont bien. Nous avons
une croissance de 2,9 % ». Il a
fait remarquer que la sécheresse
qui prévaut dans le pays depuis
neuf mois pourrait empêcher le
taux de croissance prévu. Pour lui,
« la bonne gestion des finances
publiques » n’a pas pu empêcher
le décrochage du taux de change.
Cette rencontre a été l’occasion
pour lui de présenter des données
statistiques liées au PIB durant
les trente dernières années. «
De la période allant de 1996 à
2003, a-t-il concédé, la croissance
d’Haïti était négative – soit – 0,5
% - pendant que la République
dominicaine accusait un taux de
4,1 % de son PIB. »
L’appui à la croissance et à
l’agriculture, l’appui au dével-
oppement des petites et moyennes
entreprises, la réorientation de
l’économie nationale » sont, entre
autres, les réformes proposées
par le ministre Laleau.
En restituant des chiffres déjà
publiés par la Banque mondiale et
le ministère de l’Économie et des
Finances (MEF), Wilson Laleau a
montré que les principaux indi-
cateurs d’activité sont en hausse,
mis à part le sous-secteur de
l’énergie.
« L’expansion de l’activité
économique enclenchée, il y a
trois ans, suit une progression
lente. »
D’entrée de jeu, si le titulaire
du MEF a, d’une manière aca-
démique, présenté des données
qui reflètent une courbe en dents
de scie dans tous les secteurs
d’activités, Gregory Brandt, coor-
donnateur du Forum économique
du secteur privé, a, pour sa part,
tenté de reconstituer le véritable
contour historique de l’économie
haïtienne.
Lors de son allocution, il a posé les
bases de ses réflexions sur ce qu’il
appelle les « anomalies structurel-
les » de la politique économique
des trente dernières années con-
sidérée comme un échec.
Une toute autre perception
Durant ces trente dernières
années, a constaté l’homme
d’affaires et industriel Grégory
Brandt, les fuites de devises pour
l’acquisition des biens importés
– jadis produits en Haïti – sont
passées de 500 millions à 4,5
milliards de dollars américains «
La politique de stabilisation de la
monnaie imposée par le gouverne-
ment pour lutter contre l’inflation
n’a jamais créé d’emplois ». Pour
M. Brandt, le dollar américain fait
la promotion des importations en
affaiblissant la compétitivité des
industries locales. Aujourd’hui,
a-t-il dit, on paie le « prix fort »,
à cause des conséquences de cette
tentative ratée de stabilisation de
la monnaie nationale.
Le coordonnateur du Forum a
fait remarquer que sans création
d’emplois, sans croissance, l’État
haïtien se trouve dans une situa-
tion fiscale fragile. La forte dépen-
dance économique qui s’ensuit,
a-t-il poursuivi, s’est traduite
par un affaiblissement de l’État.
Pendant que l’État augmente
sa dépendance externe pour le
financement des obligations pub-
liques – a-t-il – souligné- les res-
sources fiscales s’amenuisent et
stagnent. Pire, « l’État ne peut
pas remplir souverainement ses
obligations régaliennes, notam-
ment l’organisation des élections
», a-t-il martelé.
Wilson Laleau a conclu que la
transformation de la société ne
peut être impulsée qu’avec un
changement radical de cet état
de faits. Ainsi, le problème de
l’instabilité, a-t-il plaidé, ne pourra
être résolu sans une « politique
publique volontariste » permet-
tant de traiter la question de la
pauvreté, d’élargir la base de la
classe moyenne, de développer et
de mettre à profit des potentialités
et capacités des territoires et des
individus.
Participant à ces assises, à
l’invitation du Forum économique,
l’avocat et candidat à la pré-
sidence André Michel, de la
plateforme Justice, croit que les
questions économiques et socia-
les du pays doivent prévaloir
aujourd’hui et faire l’objet d’un
débat sérieux. Pour André Michel,
chaque moment de l’Histoire a son
propre enjeu. « En 1804, faire
l’indépendance a été le principal
enjeu.
De 1957 à 1986, l’enjeu était
de créer des espaces de lib-
ertés publiques et démocra-
tiques. Aujourd’hui, l’enjeu,F
c’est de créer un environnement
économique accessible à toutes
et à tous. »
Il en a déduit qu’un vrai parte-
nariat public-privé doit naître en
vue de la création d’emplois. « Il
s’agit d’investir dans la produc-
tion nationale et de réduire les
déficits publics », a-t-il conclu.
COURSDELAGOURDE
EN DATE DU 4 AOÛT 2015
TAUX DE RÉFÉRENCE (BRH)
.Tauxmoyend’achat:54.8784GDES
.Tauxmoyendevente:55.5469GDES
Controverses autour de la situation
socioéconomique du paysPar Therno N. A. Sénélus
FORUMÉCONOMIQUEDUSECTEURPRIVÉ
Le forum économique du secteur privé haïtien de 2015 a suscité certaines controverses autour de l’état de santé
de notre économie. Le ministre de l’Économie et des Finances (MEF), Wilson Laleau, a tenté de faire la lumière sur
les grandes questions économiques et les enjeux en présence. Une tâche qui n’a pas du tout été facile.
Le ministère de l’Économie et des Finances, Wilson Laleau. / Photo : J. J. Augustin
13. MERCREDI 5 AOÛT 2015 N0
54 | 13
Pour réhabiliter
l'environnement !Par Jackson Joseph
P
lusieurs observateurs avisés
du pays lient les problèmes
de l’environnement haïtien
aux crises sociopolitiques
qui détériorent chaque jour nos
conditions de vie. La question s’agite
pour une énième fois, et avec raison,
tenant compte du premier tour des
législatives qui doivent s’organiser
le dimanche 9 août prochain. Mais
encore, il faudrait considérer le fait
que les quatre mois à venir sont
consacrés aux élections s’il faut en
croire les plus optimistes. Que ce
soientlaprésidentielle,leslégislatives,
les collectivités territoriales et locales,
on est d’avis qu’il s’agit d’une période
de renouvellement du personnel
politique en Haïti.
Voilà une grande opportunité pour
nous de remettre en question la
valeur des hommes et des femmes
qui ont tenu les rênes du pays
pendant longtemps déjà.
Une opportunité de revoir les
priorités dont nous dépendons
: l’environnement, par exemple.
L’ingénieur-géologue Claude
Prepetit est d’accord qu’il s’agit
de la plus grande urgence, la
protection de l’environnement. Il
prend en compte, pour le dire, la
menace de catastrophes de toutes
sortes:séisme,tsunami,glissement
de terrain, inondations… Pour
Yves André Wainright, la gestion
de l’environnement requiert
une stabilité économique sur
une longue durée car, dit-il, la
dégradation de l’écologie est une
violation des droits humains ; elle
a des conséquences beaucoup plus
graves que même la criminalité
sur la vie des citoyens.
Yves André Wainright, agronome
de profession, participait en juin
2014 à une conférence où il a
fait remarquer que le ministère
de l’Environnement était sous-
utilisé ou très peu enclin aux
fonctions pour lesquelles il a été
créé depuis plus de vingt ans. Si
ce même ministère reconnaît que
la couverture forestière est réduite
à une peau de chagrin (1,2 %),
les responsables n’ont entrepris
aucune campagne viable de
reboisement qui ait pu pallier la
gravité de la question. Pourtant ils
avaient promis en 2014 justement
de faire en sorte que la couverture
forestière passe à au moins 4
% durant les trois prochaines
années. Et on se demande ce qu’il
en est réellement aujourd’hui et
quels sont les efforts qui ont été
consentis en ce sens.
Voici venu le temps pour
chacun de nous de prendre nos
responsabilités vis-à-vis de la
patrie, le temps pour nous de
décider qui sont ceux-là qui vont
mériter notre vote. Les discours
mentent et sont orientés vers la
prise du pouvoir, mais trop souvent
sans projets convaincants.
S’il est vrai que la vulnérabilité
de l’environnement est patente,
s’il est vrai qu’il s’agit de l’une des
plus grandes urgences du pays,
sinon la plus grande, pourquoi les
projets de société ne tournent-ils
pas autour de cela ? Pourquoi nos
candidats à la députation et au
Sénat, pour la grande majorité,
n’ont aucun plan de sauvetage ?
Notre pays est malade. Il faut de
vrais médecins. D’aucuns sont
d’avis que les vrais médecins
se reconnaissent à l’œuvre. En
cela, ne vous y trompez pas. L’ex-
directeur du bureau des Mines et
de l’Énergie, Dieuseul Anglade,
disait toujours que les premiers
protecteurs de l’environnement
sont les citoyens eux-mêmes.
Cela est bien vrai. Nous sommes
les premiers agents protecteurs
de l’environnement par notre
engagement à le respecter et à le
faire protéger.
La déforestation et le déboisement
se font toujours à outrance. Les
données qui le traduisent depuis
2008 n’ont en rien changé et
deviennent même parfois plus
alarmantes. L’Organisation des
Nations unies estimait à 30
millions les arbres abattus tous
les ans, tandis que le directeur
exécutif de la Fédération des amis
de la nature, Pierre Chauvet, dans
une intervention à Marriott Hôtel,
le mois dernier, a parlé de près de
40 millions.
L’abattement des arbres est un
mal séculaire qui ronge l’espace
physique haïtien. C’est une
gangrène au développement
socioéconomique du pays.
Pourtant, ce n’est pas là le seul
mal qui devrait nous préoccuper.
Il y a aussi la menace des séismes
qui persiste, mais aussi celle
des inondations qui est notre
partage dans la Caraïbe, compte
tenu du fait que nous faisons
partie de la trajectoire même des
cyclones et tempêtes dont nous
devons toujours redouter les effets
catastrophiques.
SOCIÉTÉ
Une partie du quartier de Jalousie (Pétion-Ville)./ Photo : J. J. Augustin
14. 14 | N0
54 MERCREDI 5 AOÛT 2015
SOCIÉTÉ
«
Récemment j’ai contracté une
fièvre. J’étais inquiet. Je n’avais
pas assez d’argent pour me
rendre à l’hôpital. Un bon voisin
est venu me voir et m’a conseillé de
prendre un « ibuprofène ». La fièvre a
disparu tout de suite après», raconte
un homme, l’air très sérieux.
Un autre jeune homme, ayant eu
une blessure au niveau de la jambe
gauche. Blessure provoquée par
un furoncle. Il a fait savoir que
plusieurs jours ont passé et la
plaie a eu du mal à se cicatriser.
« Dès que mon père a vu ma
jambe, il savait déjà ce que je
devais prendre. Il m’a tout de suite
recommandé des « amoxicillines
que j’ai pris trois fois par jours.
Quelques jours plus tard, j’ai
été soulagé », a affirmé le jeune
homme.
Ce n’est pas étonnant d’entendre
une personne malade en Haïti
demander à un proche : « quel
médicament je peux prendre
contre la fièvre, contre la toux,
l’inflammation des gencives,
une infection… ? Il n’est plus
question d’observer un signe
de malaise pour ne pas penser
automatiquement à une pilule
guérisseuse. Certains sont devenus
pharmaciens par routine. Ils
connaissent tous les médicaments
et leurs effets. À défaut d’efficacité
d’un médicament, il y a toujours
un autre à proposer pour trouver
le résultat escompté. Le dosage
n’est nullement pas pris en
compte. L’essentiel, c’est de
trouver du soulagement, voire la
guérison totale. S’il faut prendre
cinq comprimés, on le prend.
Ce comportement est également
observé chez les jeunes filles lors
des dysménorrhées. Pour affronter
la douleur de la menstruation, ces
dernières consomment, en grande
quantité, des pilules. Elles en
usent jusqu’à trouver le résultat
souhaité. Si, après avoir essayé
plusieurs médicaments différents,
le problème persiste, finalement
elles peuvent se conformer à l’idée
de consulter un médecin.
Un commerce très rentable
Pour faire acquisition de ces
médicaments, les gens n’ont pas
besoin d’aller loin. Des marchands
de médicaments ambulants sont
très nombreux. Ils sillonnent les
rues de la capitale à longueur de
journée. Certains d’entre eux se
massent à des points fixes. Selon
les déclarations de certains esprits
critiques, ils sont plus nombreux
que les pharmacies. « Si on veut
faire un commerce pour devenir
riche très vite dans ce pays, on n’a
qu’à vendre des comprimés. C’est
très rentable », ironise un homme.
Il a pris l’exemple de plusieurs
personnes qu’il a connues pour
étayer son opinion.
Des « agents de marketing »,
rencontrés toujours dans les
bus de transport en commun, ne
laissent, le plus souvent, pas le
choix aux individus face à leurs
produits. Quand ils présentent
leurs médicaments, ils donnent
l’impression qu’ils sont de vrais
et bons médecins. Ainsi arrivent-
ils à créer le besoin chez les
gens d’acheter ces médicaments
qui sont, pour la majorité,
efficaces contre un grand nombre
de maladies. Ils vendent des
antibiotiques, des vitamines, des
médicaments homéopathiques etc.
« Il faut avoir beaucoup d’argent
pour aller à l’hôpital dans le pays,
si je trouve les médicaments à
bon marché, je m’empresse de les
prendre », explique une femme
âgée d’une trentaine d’années.
Il s’ensuit que la dame a peur
des lignes fatigantes de tous les
hôpitaux publics du pays. « On va
à l’hôpital, et on perd une journée
entière. Donc, je préfère acheter
mes médicaments toute seule »,
ajoute-t-elle d’un air convaincant.
Une course vers le suicide
L’automédication, selon l’avis des
médecins, est très dangereuse
pour la santé des gens du fait que
les médicaments sont vendus
sans aucun contrôle dans le
pays. Du moins, les gens sont
libres de vendre toutes sortes
de médicaments partout sur
le territoire national. Ce qui
est d’une gravité énorme selon
Natacha Antoine, un médecin
ayant fait sa spécialisation en
gynécologie. « On fait courir de
grands dangers aux individus
lorsqu’on les laisse acheter toutes
sortes de médicaments à leur gré»,
a-t-elle expliqué.
Selon la gynécologue, il revient
au ministère de la Santé publique
et de la Population de réguler la
vente des médicaments dans le
pays. En s’auto-prescrivant des
médicaments, l’individu peut
aggraver son état de santé, précise
docteur Antoine. « Une personne
qui consomme des antibiotiques,
par exemple, sans savoir quel type
d’infection dont elle est atteinte,
risque de renforcer le germe
provoquant sa maladie. Ainsi
elle détruit toute possibilité de
trouver une solution », a soutenu
la gynécologue.
Docteur Antoine a précisé
toutefois qu’une personne peut
toujours acheter des médicaments
sans ordonnance. « Certains
médicaments peuvent être en
vente libre, comme ceux utilisés
contre la grippe, les maux de
tête… . Mais les médicaments
de traitement, c’est-à-dire ceux
qui sont liés à une maladie bien
déterminée et qui nécessitent
un dosage particulier, ne doivent
pas être pris indépendamment de
l’ordonnance d’un médecin », a
raconté le médecin.
L’automédication se renforce
continuellement dans le pays.
Les Haïtiens y recourent non
seulement par manque de
moyens pour se rendre aux
hôpitaux, mais aussi par manque
de formation. Peu importe la
raison, il faut admettre que l’État
a la responsabilité de freiner ce
phénomène. Que pense faire le
ministère de la Santé publique
face à un tel problème ?
L'automédication : une dangereuse
course vers le suicidepar Ritzamarum ZÉTRENNE
Voilà une pratique courante en Haïti : des gens, pour soigner leurs maux, ont recours à des médicaments sans
avoir l’avis d’un spécialiste en médecine. L’automédication remplace progressivement et au fil des ans, les visites
médicales. Pourtant, selon le docteur Natacha Antoine, l’utilisation d’un médicament sans ordonnance comporte
beaucoup de risques.
Un marchand ambulant de médicaments . / Photo : J. J. Augustin
15. MERCREDI 5 AOÛT 2015 N0
54 | 15
SOCIÉTÉ
Jus en poudre versus jus naturelsPar Stéphanie Balmir
L
es jus naturels ne sont pas
le premier choix du grand
public. Diverses raisons, dont
la facilité de préparation, le
prix et la disponibilité, expliquent le
choix de se rabattre sur les sachets
de jus en poudre que l’on retrouve
souvent sur le marché. . « Ils sont
plus abordables par rapport aux
fruits qui sont aujourd’hui trop chers
», explique un jeune homme. Il achète
donc des sachets de poudre. Les jus
naturels ne sont pas fréquents dans
son alimentation quotidienne. «
J’en bois très rarement », a-t-il laissé
entendre. Son choix est purement
économique. Cependant, il est
conscient que seuls les jus naturels
contiennent des rations alimentaires
adéquates pour l’organisme. « Les
jus naturels ont plus de vitamines,
mais je les consomme rarement. Je
ne peux pas m’acheter des fruits tous
les jours », a-t-il souligné.
D’autres personnes interrogées ont
eu des réponses similaires. Bien
que conscientes de la composition
chimique de ces jus en poudre,
elles continuent malgré tout de les
consommer. Rien que parce que
ces jus coûtent, pour la plupart
cinq gourdes le sachet. Une
femme témoigne : « Je ne suis pas
médecin, mais je ne crois pas que
ces jus correspondent aux besoins
de notre organisme. Ils sont trop
sucrés. Mais tu ne peux pas faire
autrement. Quand tu veux boire
du jus et que tu n’as pas de grands
moyens, tu t’achètes un sachet de
jus de cinq gourdes. »
Même certaines mères de famille
utilisent des jus en poudre après
les repas de la journée. Surtout
les matins, quand il faut du jus
pour les boîtes à lunch de leurs
enfants. Les jus en poudre sont
les solutions rapides et efficaces
à tous les niveaux. Elles justifient
leur choix spécifiquement par le
fait qu’elles sont plus à même de
se procurer ces sachets de jus
qui correspondent mieux à leur
pouvoir d’achat.
Selon l’avis de Gardénia Monroe,
nutritionniste, les jus en poudre
doivent être uniquement des
alternatives, parce qu’ils n’ont
aucune valeur nutritive. « Ils
n’ont aucune valeur nutritive pour
le corps humain. » De plus, leur
utilisation à outrance peut avoir
des effets nocifs sur la sante. «Ils
doivent être des dépanneurs et
non le jus de tous les jours. Il est
mieux de boire du jus naturel»,
explique-t-elle.
Il est à préciser que cette année,
à la période estivale, les fruits
ne sont pas assez visibles sur le
marché local, selon l’observation
de certains citoyens de la zone
métropolitaine. Les marchandes
de fruits qui, ordinairement,
durant cette période de l’année,
sont présentes, sont rares à
trouver. Même dans les marchés,
les étalages de fruits que l’on peut
utiliser pour des jus naturels ne
sont pas majoritaires.
Une marchande de jus naturel
interrogée à ce sujet soutient
qu’il y a beaucoup de « grenadias»
(fruits de la passion) durant ce
mois d’août. Toutefois, ils sont
chers. Les jus de fruits sont ceux
que l’on doit consommer dans
l’idéal. Naturels et rafraîchissants,
ils contiennent des nutriments
utiles. Ils aident à combattre
certains virus, mais aussi à
prévenir certaines maladies.
De plus, ils peuvent être consom-
més à n’importe quelle heure de
la journée. Cependant, dans le
contexte haïtien, avec un faible
pouvoir d’achat, au moment où
la gourde se déprécie et avec une
agriculture de subsistance, les
citoyens peuvent-ils s’offrir du jus
naturel tous les jours ?
Les sachets de jus en poudre deviennent de plus en plus présents sur le marché haïtien. À l’heure où la gourde
est dépréciée, le pouvoir d’achat des citoyens laisse peu de marge de manœuvre quand il s’agit de se nourrir. Ils
remplacent les jus naturels par ces sachets de poudre qui ne coûtent trop cher.
Les jus de fruits sont ceux que l’on doit consommer dans l’idéal.
16. 16 | N0
54 MERCREDI 5 AOÛT 2015
SOCIÉTÉ
Être père avant 25 ans augmente la mortalité
Par Damien Mascret / lefigaro.fr
Pédophilie : une nouvelle enquête vise
un ancien premier ministre britannique
Sources : lefigaro.fr
E
n comparant près de 12.000
frères ayant eu des enfants,
des chercheurs finlandais ont
calculé que celui qui avait eu
son premier enfant avant 25 ans avait
63 % de risque en plus de mourir
avant 55 ans.
Si l’on veut vivre vieux, il ne
faut pas être père trop jeune.
Plus exactement, si l’on est un
Finlandais né dans les années
1940-1950 et que l’on a eu un
enfant avant l’âge de 25-26 ans,
on risque davantage de mourir
jeune, c’est-à-dire autour de la
cinquantaine (à cinq ans près).
Or, 25-26 ans, c’est l’âge moyen
de la paternité en Finlande pour
cette génération.
Dans l’étude que viennent de
publier Elina Einiö et Jessica
Nisén, sous la houlette du Pr
Pekka Martikainen de l’université
d’Helsinki, on comptait même 15
% des hommes déjà pères à l’âge
de 22 ans. D’ailleurs, ce sont eux
qui se révèlent les plus menacés de
mourir précocement car ils ont un
risque accru de 73 % par rapport
à leurs frères moins pressés
d’avoir des enfants. Cependant,
le risque est aussi accru pour les
jeunes devenus pères à 23-24
ans puisqu’ils présentent une
augmentation de mortalité de 63
% autour de 50 ans.
Tout l’intérêt de l’étude finlandaise
publiée dans le dernier numéro
du Journal of Epidemiology &
Community Health est d’avoir
utilisé des fratries pour effectuer
les comparaisons. Sur les 30.565
pères, 11.743 avaient au moins
un frère et quatre fois sur cinq
ils n’avaient pas eu leur premier
enfant au même âge.
Par rapport à toutes les études
réalisées jusqu’ici, celle-ci permet
de minimiser l‘influence des
caractéristiques génétiques ou
environnementales. On sait depuis
longtemps que des conditions
socio-économiques défavorables
ou un niveau d’éducation faible
favorisent les paternités précoces,
mais cet écueil est ici atténué
puisque les frères ont grandi dans
un même foyer.
«Stress psychologique»
«Nos résultats confirment la
relation de cause à effet entre
une paternité survenue jeune
et la mortalité», concluent les
chercheurs, qui restent toutefois
prudents: «Il n’est pas évident
de savoir si cela s’appliquera aux
nouvelles générations de jeunes
pères, qui vivent d’autres types
de stress et de responsabilité par
rapport à leurs enfants».
Les chercheurs rappellent ainsi
qu’en Finlande près de la moitié
des femmes mariées à l’âge de
23 ans dans les années 1955-
1971 étaient enceintes lors de la
cérémonie. «Il est donc probable,
que beaucoup de jeunes hommes
aient vécu une pression normative
pour régulariser leur situation»,
suggèrent-ils, ce qui n’est sans
doute plus le cas aujourd’hui.
Par ailleurs, à cette époque, seuls
5 % des enfants naissaient hors
mariage et 90 % des couples
étaient encore ensemble après dix
années de vie commune.
Pour Elina Einiö et ses collègues,
«il est probable que paterner
lorsque l’on est jeune accentue
le stress psychologique, social
et économique, ce qui renvoie à
l’idée d’être à la fois père, mari et
soutien de famille». C’est pourquoi
les scientifiques suggèrent «de
soutenir les jeunes papas qui
doivent répondre aux exigences de
la vie familiale afin de promouvoir
leurs comportements vertueux et
leur santé future».
D’autant que seule la mortalité a
été envisagée ici mais que l’impact
des paternités précoces sur la
santé en général et le risque de
maladie est aussi probable, comme
l’indiquent d’autres études.
L
a classe politique britannique
se trouve de nouveau
empêtrée dans un scandale de
pédophilie: l’ancien premier
ministre (1970 à 1975) et ex-chef du
parti conservateur, Edward Heath,
décédé en 2005 à 89 ans, aurait
été lié à une affaire d’abus sexuels
sur mineur. L’Independent Police
Compaints Commission, la police
des polices britannique, a annoncé
lundi soir l’ouverture d’une enquête
interne au sujet de ce dossier, pour
déterminer si une affaire présumée
de pédophilie mêlant l’ancien chef
du gouvernement aurait été étouffée
pour éviter un scandale dans les
années 1990. C’est un ex-officier de
police qui aurait mis la puce à l’oreille
des enquêteurs, en affirmant que des
plaintes auraient été déposées contre
Edward Heath dans les années-là,
sans toutefois jamais pouvoir aboutir.
La police du Wiltshire, comté
dans lequel le politicien a passé
les dernières années de sa vie,
a récemment lancé un appel à
témoins. Suite à cela, le tabloïd
proche des travaillistes Daily
Mirror a publié le témoignage
d’un sexagénaire anonyme qui
affirme avoir été victime d’abus
sexuels de la part d’Edward
Heath quand il n’avait que 12
ans, dans les années 1960. Abusé
lorsqu’il était enfant par son père
et d’autres adultes dans le Kent,
le témoin affirme qu’au cours
d’une fugue, le politicien, alors
à ce moment-là député, l’aurait
pris en stop pour finalement
l’accueillir chez lui, puis le violer.
Il n’aurait identifié son agresseur
que quatre années plus tard, en
reconnaissant son visage dans le
journal. Le Daily Mirror affirme
que la présumée victime est
actuellement interrogée par les
autorités britanniques.
Partie émergée de l’iceberg
Au Royaume-Uni, les journaux
ne manquent pas de rappeler
les rumeurs qui avaient suivi
Edward Heath tout au long de sa
vie. Célibataire depuis toujours,
sans enfant, connu pour être
très discret sur sa vie privée…
le profil atypique de cet homme
avait laissé court à de nombreuses
rumeurs lorsqu’il était encore
dans l’arène politique. Tom
Watson, parlementaire du groupe
travailliste, affirme quant à
lui avoir été informé de deux
allégations mettant en cause
Edward Heath en 2012. La police
lui aurait confirmé qu’une de ces
deux déclarations serait prise très
au sérieux par les enquêteurs.
L’ancien premier ministre est le
plus haut fonctionnaire d’Etat à
être soupçonné d’être lié à une
affaire de pédophilie. Ce dernier
épisode semble n’être que la partie
émergée de l’iceberg. En mars,
une enquête avait déjà été ouverte
par la police des polices après
des plaintes selon lesquelles un
réseau de pédophilie, impliquant
des personnalités politiques entre
les années 1970 et 2000, aurait
été protégé. D’après les ministères
concernés, 114 dossiers portant
sur des accusations d’abus sexuels
sur mineurs dans cette période se
sont mystérieusement volatilisés.
La police a déclaré qu’il y a
actuellement 260 personnalités
publiques mises en cause dans
des affaires de pédophilie en
Grande-Bretagne. La découverte
de tous ces éléments coïncident
avec la date du procès de Greville
Janner qui débutera ce vendredi.
Ce membre de la chambre des
Lords est inculpé pour agression
pédophile entre les années 1960
et 2000. Autant de révélations
embarrassantes dans un pays
où les scandales de ce genre
s’enchaînent depuis quatre années
déjà.
Le père qui avait eu son premier enfant avant 25 ans avait 63 % de risque en
plus de mourir avant 55 ans.
Edward Heath et Margaret Thatcher, en octobre 1998. Crédits photo : DYLAN
MARTINEZ/REUTERS