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SOCIÉTÉ
SPORT
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U17 : Haïti qualifiée
pour le 2e
tour !
par Gérald Bordes
L'ULCC dénonce,
la Justice fait le mortPar Jean Michel Cadet
HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / MIGRATION
MARDI 21 JUILLET 2015 NUMÉRO 43
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
ACTUALITÉ
Haïti ne s'excusera pas !
HAÏTI / APN / DÉTOURNEMENT DE FONDS
L
e rapport de l’ULCC recom-
mande explicitement que
les nommés Ulrick Duplessy
et Joseph Bernard soient
poursuivis pour vol, faux et usage de
faux. Même les dirigeants de l’APN
ne sont pas épargnés : le directeur
général d’alors, Jean Évens Charles,
le directeur financier, Jean Guivard
Nelson, la responsable du service de
recouvrement, Marguerite Danielle
Augusma Jérôme, doivent être
aussi poursuivis pour abus d’au-
torité contre la chose publique,
selon le rapport.
De gauche à droite, le ministre de la Communication, Rotchild François Junior, et le ministre a.i. des Affaires étrangères, Lener
Renaud. / Photo d’archives : J. J. Augustin
L’unité de lutte contre la corruption (ULCC) a joué sa partition dans le dossier relatif
au détournement de 10 millions de dollars américains au profit de l’entreprise APNI/
import-export alors que les chèques émis par l’agence maritime « Seabord of Haiti »
étaient en réalité à l’ordre de l’Autorité portuaire nationale (APN). Dans son rapport
d’enquête, l’ULCC recommande que les fraudeurs soient sanctionnés conformément à
la loi. Bien qu’il ait été saisi du dossier depuis le 3 décembre 2014, le parquet de Port-
au-Prince reste muet sur la question.
Protestation et
exigence d'excuses
de Pretoria
Par Stephen Ralph Henri
Les deux cents ans
de l'église Méthodiste
en Haïti
Par Ritzamarum ZETRENNE
2 | N0
43 MARDI 21 JUILLET 2015
TRIBUNE
L
’être humain est avant
tout un animal social et la
communication entre les
membres des communautés
humaines, quelle que soit leur taille,
de la cellule familiale à la nation,
est possiblement le facteur le plus
déterminant de leur cohésion et de
leur survie. Aussi pour des raisons
multiplesetvariées,lacommunication
joue-t-elle un rôle-clé dans la sécurité
d’un pays.
D’abord, elle est comme nous
l’avons indiqué, facteur de cohé-
sion sociale et nationale, mais
également entre la nation et
l’État. Reconnaissant cette impor-
tance, quoique de façon négative,
Napoléon écrivait: « Je crains
dix journaux plus que cent mille
baïonnettes ». Que ne dirait-il à
l’heure de la radio, de la télévision
et de l’internet !
La transmission du savoir, des
idées, des valeurs, des mots
d’ordre, des alertes, des mises en
garde et même des ordres, tout
cela passe par une politique de
communication conduite par
l’État, mais conçue et réalisée
conjointement avec la société poli-
tique et la société civile.
Une telle politique est
indispensable dans le moment
que vit notre pays et que tous
s’accordent à reconnaître critique,
notamment pour diminuer la
polarisation grandissante de la
société haïtienne, secouer la
léthargie, voire le sentiment de
désespoir qui s’installe dans des
strates importantes de notre
population et qui obère notre
capacité à relever les nombreux
défis auxquels nous sommes
collectivement confrontés.
Pour faire face aux nombreuses
menaces identifiées dans le présent
rapport, il faudra que la nation
toute entière soit convaincue des
dangers qui menacent sa survie
et s’approprie les contre-mesures
proposées après en avoir été bien
informée et les avoir librement
débattues.
La communication fait partie
intégrante du « pouvoir intelligent
» qui doit combiner de façon
équilibrée, l’incitation, la
coercition et la persuasion. Elle
se distingue de la propagande au
sens vulgaire du terme, qui vise à
endoctriner, vassaliser et parfois
à terroriser dans un but partisan.
L’éducation formelle et informelle
Peu de gens en Haïti contestent le
fait que l’éducation nationale dans
notre pays a été sérieusement
déficiente et qu’elle a négligé
particulièrement la majorité
paysanne et aujourd’hui ses
descendants de plus en plus
urbanisés mais toujours aussi
exclus. Rattraper ce retard est
un impératif, mais un tel défi
ne saurait être relevé en faisant
appel exclusif à l’éducation
formelle, dispensée dans des
établissements scolaires d’ailleurs
presque totalement contrôlés par
le secteur privé et souvent gérés
comme des commerces ordinaires.
Heureusement, les progrès
technologiques réalisés dans le
domaine de la communication
de masse, ont augmenté la
puissance et la portée des moyens
de transmission de l’information,
tout en en diminuant les coûts
et les difficultés d’utilisation.
Ces nouveaux moyens devraient
être harnachés pour pallier les
faiblesses du secteur formel
d’éducation. Ils pourraient même
compenser les déficiences en
qualité et en quantité du corps
enseignant national, servir à
l’éducation civique, alerter
l’opinion sur les nouvelles
menaces, transmettre des savoirs
techniques nouveaux, combattre
les comportements délictueux ou
tout simplement néfastes etc...
La défense de la culture, de
la langue et de la cohésion
nationales
C’est par la communication que
ces trois piliers de la sécurité d’un
pays peuvent être soit renforcés,
soit au contraire, sapés. Une
politique de communication bien
conçue doit réunir les médias
publics et privés dans une
défense commune de ce qui peut
renforcer le ciment qui nous lie
et nous permet de faire face aux
menaces auxquelles nous sommes
collectivement confrontés et qui
mettent en péril notre survie
même comme nation.
La défense et la promotion du
créole devraient en constituer un
des axes principaux. Cette langue
n’est pas une relique folklorique,
un jargon à l’usage exclusif des
marginalisés, mais un outil
primordial de notre identité, d’un
indispensable dialogue national et
donc de notre souveraineté et de
notre sécurité.
De nombreux pays légifèrent
sur le contenu linguistique des
programmes diffusés sur les ondes
nationales et sur une proportion
raisonnable entre les productions
importées et les productions
locales. Au nom de quel libéralisme
débridé devrions-nous tolérer ou
même promouvoir l’invasion des
cerveaux de notre jeunesse par des
valeurs culturelles de civilisations
si différentes de la nôtre ? Nous
courrons ainsi le risque de
renforcer le travail d’aliénation
déjà si patent au sein de notre
système d’éducation formelle, et
même d’élever en notre sein même
de véritables agents ennemis.
La liberté de la presse
et le droit à l’information
La liberté d’expression et son
corollaire institutionnel, la liberté
de la presse sont des conquêtes
remportées de haute lutte par
l’ensemble du peuple haïtien.
L’une et l’autre sont essentielles à
un régime démocratique et à une
politique de sécurité respectueuse
de celui-ci.
Il reste cependant que ces libertés
sont de puissants outils qui sont
autant capables de cicatriser que de
blesser et qu’elles doivent toujours
respecter l’intérêt collectif et rester
à son service.
Tout en applaudissant à la conquête
de ces libertés fondamentales, la
Commission doit relever qu’elles
n’ont pas toujours été exercées
avec le sens de responsabilité qui
est la contrepartie nécessaire du
pouvoir qu’elles confèrent. Dans
une réaction typique de ceux qui
avaient été trop longtemps affamés
de ces droits, nous avons tous eu
tendance à nous en gaver. Est-il
normal que le « quatrième pouvoir »
qui fait une promotion si active des
vertus de l’équilibre exige en même
temps qu’il jouisse d’une liberté
totale ? La moindre évocation
d’une règlementation de la presse
déclenche une levée de boucliers
contre « le retour de la dictature ».
Les critiques les plus pondérées
sont assimilées à des attaques
liberticides. Or, si la contribution
décisive de la presse, radiopho-
nique en particulier, au combat
pour la démocratie est indéniable,
on ne peut cacher non plus le
constat de dérives parfois graves.
Une radio, une station de télévision
par ondes ont-elles le droit d’offrir
leur micro et la puissance de
leurs émetteurs à des individus
proférant des propos attentatoires
à l’ordre public, voire carrément
séditieux ? Un présentateur de
nouvelles, donc supposément
de faits vérifiables et confirmés,
peut-il prêter sa voix à des
publicités commerciales ? Est-il
admissible que des messages
concernant des sujets vitaux,
comme la santé, soient diffusés
dans une langue que la majorité
des auditeurs ne maîtrise pas
et de surcroît dans un charabia
pseudo-scientifique ? Par ailleurs,
il est évident que la compétence
et le sens de responsabilité des
travailleurs de la presse sont très
inégaux et libres de tout contrôle ou
certification. Si le journalisme est
une profession, par quel diplôme
reconnu est-il sanctionné ? Dans
ce domaine autant qu’en médecine
ou en génie civil, l’existence de
charlatans représente un grave
danger pour les citoyens et la
collectivité. Comment peut-on
reconnaître à l’État le droit de
certifier, de sanctionner et même
de « décertifier » un simple
chauffeur de véhicule utilisant la
voie publique et pas un chauffeur
utilisant les ondes publiques ?
L’octroi des licences d’exploitation
des stations de radio et de
télévision ne saurait se résumer,
comme cela semble le cas, à de
simples critères financiers et
techniques. Des devoirs envers
la communauté, le respect
de l’intérêt public devraient
accompagner le pouvoir accordé à
la presse, ainsi que des sanctions
proportionnelles à la gravité des
infractions et à la récidive. La
liberté d’expression et celle de la
presse ont leurs contreparties qui
sont : le droit à une information
vérifiée, le droit à la sécurité et à
la paix.
La Commission reconnaît les
efforts de diverses associations
de journalistes et de propriétaires
de médias, pour l’élaboration de
codes de déontologie et même de
propositions pour une éventuelle
loi sur la presse. Cependant, elle
pense que cette démarche de la
corporation devrait être complétée
par celle du public qui est le
consommateur final d’information.
Aussi plaide-t-elle pour la création
d’un Observatoire national de
la Presse ou une Haute Autorité
de l’Audio-visuel qui veillerait à
l’intérêt public en la matière. Malgré
des moyens techniques réputés
très performants, le CONATEL
ne remplit pas ce rôle, de toute
évidence.
Pour finir, de nombreuses sociétés
s’insurgent contre le monopole de
l’État sur la presse mais également
contre sa concentration entre
quelques mains puissantes; l’État
et la société haïtienne auraient
tort d’ignorer ce problème en notre
pays.
« Chat échaudé craint l’eau froide
» dit la sagesse populaire, mais si
cette crainte confine à la paranoïa,
le chat meurt de soif. Notre méfiance
légitime face à la censure ne doit
pas nous faire oublier qu’au nom
de la sécurité de tous, l’État à le
devoir et donc le droit de contrôler
l’exercice de la liberté d’expression
et de la presse.
Une loi sur la presse, respectueuse
de la démocratie, doit faire partie
de l’agenda législatif de l’Exécutif
et du Parlement. La Commission
ne le répètera jamais assez: « faute
de lois tout État, tout pouvoir n’a
de choix qu’entre le laissez-faire et
l’arbitraire ».
Communication et sécuritépar Patrick Élie
MARDI 21 JUILLET 2015 N0
43 | 3
ACTUALITÉ
La haine des intellectuels
Undangerhantelecollectifhaïtien.Cedanger,quimalheureusements’installede
plusenplusdanslesconsciences,prendvisagedansdespratiquesetdesdiscours
populistes,obscurantistesetplats.
Ce danger procède de cette rhétorique qui dit que les intellectuels n’ont rien fait
pour ce pays. Cela reviendrait à dire qu’on n’a nullement besoin de mobiliser de
l’intelligence et des compétences spécifiques dans la gestion de la cité. Cela revi-
endrait à dire que l’exercice de la démocratie doit s’apparenter à l’exercice de la
médiocratie.Enraccourcis,ilfautmettrelabêtiseaupouvoir.
Onsaitdequelventfunestecettevisiontiresonsouffle.Onsaitpourquoionalimente
cespropos.Cediscoursestceluidecellesetceuxquiveulentprendrelepouvoirpour
fairepayeraucorpssocialleurmanqueàgagner,lesétudesqu’ilsn’ontpasfaites,
letempsqu’ilsn’ontpasconsacréàleurformation.
Ce discours est celui d’arrivistes politiques incultes jusqu’à la moelle. Ils veulent
enfoncerdanslagorgedupeupletoutelavaleurquecedernieraccordeàlasco-
larisation,auxsavoirs,àcequ’Aristoteauraitappelél’intellection.
Malheureusement,lapropagandedecettehordecolonisegraduellementlesimagi-
nairesetlesintentionsélectorales.
Disonsleschosesenrestantcolletésàlavéritéduréeletdel’histoire,parlonsbien
àl’oréedecesélectionsquiarrivent.Cesélectionsquilaissentpenseràmonsieur
toutlemondequemadametoutlemondepeutêtredéputé,sénateur,président.
Uneéliteintellectuelleforméea-t-elledéjàeulecontrôledupouvoirenHaïti?Un
hommed’esprit,unvisionnairea-t-ildéjà étééluàlatêtedel’Étatd’Haïti.
L’intellectuel est celui qui peut prendre une distance critique devant les faits du
réel,celuiquipeutdoncdanscetteénergiecognitiveintellectualisercesfaitsenles
intégrantàsonsystème,enlesconfrontantàunsocledesavoirquiexisteetquia
faitsespreuves.
Auboutdeceprocessus,l’intellectuelc’estcelui-pourlediredansuneveinesartri-
enne-quivaprendreposition,engagersaculturedansunepragmatiquedeprogrès
matérieletspiritueldelasociété.L’intellectuelestunserviteur.Sonintelligenceest
celledubonheurcollectif.
Onn’estdoncpasintellectuelforcémentparcequ’onaluKantetqu’onaentendu
parler de Lacan ; on l’est quand en soi-même on porte cette valeur ajoutée qui
procèdedelaconnaissancedusystèmedeschosesquiexistent.Onl’estquanden
touteéthique,onfaitdesoiunagentdedéveloppement,unevoiepermettantà
d’autresdenommerlemonde.
Cetypedeleadershipjusqu’àprésent,Haïtinel’apasencoreconnu.Etsinouslais-
sonslibrecoursàceuxquivendentl’idéequ’ilfautmaintenantmettreàlatêtede
l’Étatdesincompétents,c’estpasdemainquecepaysretrouverasadignitéetles
routesdudéveloppement.
Dangelo Neard
Édito
Un million de nouveaux
inscrits dans le registre
électoral
Par Noclès Débréus
HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES
L
e directeur général de l’Office
national d’identification (ONI),
Jean Baptiste saint-Cyr, a fait
le point sur les travaux déjà
réalisés par l’organisme qu’il dirige,
dans le cadre du processus électoral
lors d’une conférence donnée ce lundi
20 juillet 2015. Aussi, en a-t-il profité
pour passer en revue les principales
missions de l’ONI au regard de sa loi
organique ainsi que les nouvelles per-
spectives envisagées.
L’Office national d’identification
(ONI), selon les dispositions de sa
loi organique, est l’organe chargé
de fournir le document devant
identifier tous les citoyens haïtiens
à travers la carte d’identification
nationale (CIN). Cette carte est un
instrument important qui, en plus
d’identifier le citoyen, l’habilite à
effectuer certaines opérations parmi
lesquelles voter aux élections. Dans
le cadre du rapport entretenu entre
l’ONI et le Conseil électoral provisoire
dans la préparation du registre
électoral, Jean Baptiste Saint-Cyr
a informé que la liste électorale a été
fermée depuis le 11 mai dernier tel
que mentionné dans le calendrier
électoral et selon les vœux du décret
électoral.
Ce registre électoral contient pas
moins de 5 millions 848 mille
électeurs, selon les informations
communiquées par le directeur
général de l’ONI alors que celle
des élections de 2010 avoisinait
les 4 millions 700 mille électeurs,
soit une différence de plus d’un
million de nouveaux électeurs. Pour
faciliter les gens à retirer leur carte
d’identification en cette période
électorale, l’ONI avait augmenté
ses bureaux, informe-t-il. En plus
des 140 bureaux communaux, 209
bureaux ont été placés dans des
sections communales, a expliqué
Jean Baptiste Saint-Cyr, précisant
que, contrairement aux années
antérieures, les cartes sont imprimées
en Haïti.
Avec une machine capable d’imprimer
24 mille cartes par jour, le patron de
l’ONI dit travailler activement pour
fournir aux citoyens ayant fait la
demande avant le 11 mai leur carte
avant la tenue des élections.
Jean Baptiste Saint-Cyr a aussi fait le
point sur l’opération de changement
d’adresse. N’importe quel citoyen,
dit-il, qui a changé son adresse est
tenu de l’informer à l’ONI, à travers
un certificat de résidence délivré
par le juge de paix de sa juridiction.
L’ONI procédera par la suite à la
modification de cette adresse
dans sa base de données. Une fois
modifiée l’adresse, l’ONI attribuera
un centre de vote provisoire à ce
citoyen en fonction de son nouveau
domicile, a expliqué Monsieur Saint-
Cyr, informant que l’opération de
relocalisation des électeurs relève
exclusivement de la compétence du
CEP.
Hormis l’identification des électeurs,
l’ONI n’a pas négligé les autres
éléments faisant partie de sa mission.
Ainsi, Monsieur Saint-Cyr a annoncé
avoir déjà mis en place un système
qui lui permettra d’identifier tous
les enfants à la naissance en leur
attribuant un numéro qui leur
servira jusqu’à la mort. « Nous avons
déjà préparé des papiers sécurisés
qui nous permettront de délivrer
des certificats aux enfants à la
naissance », a-t-il fait savoir. En vue
de faire une expérience pilote dans
le cadre de ce projet, Jean baptiste
Saint-Cyr dit être déjà en pourparlers
avec certains bailleurs de fonds (BID,
Banque mondiale, Canada, OEA, Plan
International) en vue de mobiliser les
moyens nécessaires.
Concernant le dossier des
rapatriés haïtiens, l’office national
d’identification entend s’y pencher
rapidement. Après les 22 mille
cartes livrées dans le cadre du
Programme d’identification et de
documentations des Haïtiens vivant
en République dominicaine, M.
Saint-Cyr a annoncé la mise en place
d’une unité d’enregistrement pour les
rapatriés vivant dans des camps de
fortune pour les munir de leur carte
d’identification. En outre, l’ONI vise
à étendre ses tentacules dans les
différents consulats afin de permettre
aux Haïtiens de l’extérieur de pouvoir
se doter de cette pièce d’identité.
saint-Cyr. / Photo : J. J. Augustin
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LIONEL EDOUARD
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STÉPHANIE BALMIR, EDDY LAGUERRE,
VANTZ BRUTUS, KENSON DÉSIR,
MONDÉSIR JEAN BILLY, REYNOLD ARIS,
ISABELLE THÉOSMY, WALTER CAMEAU,
SCHULTZ LAURENT JUNIOR
PHOTOGRAPHES :
JEAN JACQUES AUGUSTIN, RUBEN CHÉRY
CORRECTEURS :
JEAN ERIC FOUCHÉ, FRANTZ CLERGÉ,
JACKSON JOSEPH
GRAPHISTE : JUNIOR ADME
CARICATURISTE : FRANCISCO SILVA
DISTRIBUTION : PIERRE PAUL EMMANUEL
ADMINISTRATION : RACHELLE COMPÈRE
•••••••••••••
IMPRIMÉ EN HAÏTI PAR
LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A
Bien qu’ils ne soient pas touchés
au premier chef, ces dirigeants
se heurtent, cependant, aux
dispositions de l’article 150 du
code pénal qui leur enjoint d’exiger
des chèques ou des effets bancaires
certifiés à des agences maritimes
débiteurs de l’APN.
Alors que le tribunal de Première
instance de Port-au-Prince a été
signifié du dossier depuis sept mois
environ, l’action publique ne serait
pas encore diligentée à l’encontre
de ces fraudeurs dument identifiés.
Le journal à, hélas, vainement
tenté de joindre au téléphone le
commissaire du gouvernement de
Port-au-Prince, Me Clamé Ocnam
Daméus.
Comme à l’accoutumée, le chef
du parquet, l’avocat de la société,
n’était pas joignable pour faire le
point sur l’état d’avancement de ce
dossier d’intérêt général.
Alix Célestin défend l’APN
Bien qu’il dise déplorer qu’aucune
sanction n’ait été prise contre
les fraudeurs, le directeur
général de l’APN, Alix Célestin
tente, néanmoins de défendre
les dirigeants de cette entité du
ministère de l’Économie et des
Finances (MEF) indexés dans le
rapport de l’ULCC. Il questionne
les motifs évoqués, contenus dans
le code pénal en son article 150,
pour recommander la poursuite de
ces fonctionnaires de l’État. Selon
lui, la loi organique de l’APN ne
fait pas injonction aux autorités
chargées du recouvrement des
créances d’exiger à leurs débiteurs,
les agences maritimes, des chèques
certifiés ou des effets bancaires.
Car, avance-t-il, en tant qu’organe
autonome, l’APN entretient des
rapports privilégiés avec ses
partenaires qu’il dit considérer
comme faisant partie du système.
En tant que tel, renchérit M.
Célestin, ils payent leurs factures
par chèque à partir d’un compte
courant qu’ils disposent.
Alix Célestin rejette aussi la thèse
selon laquelle le détournement de
ces fonds aurait bénéficié d’une
certaine complicité à l’interne.
Si non, soutient-il, les fraudeurs
auraient utilisé le sceau de l’APN
en lieu et place de celui estampillé
APNI/import-export. Monsieur
Célestin s’en prend, de préférence,
aux divulgations faites de façons
détaillées par les medias du rapport
de l’ULCC qui, selon lui, obstruent
à la bonne marche du dossier. Les
personnes fautives en profiteront,
dit-il, pour se mettre à couvert. S’il
est vrai qu’il dit déplorer qu’après
sept mois, aucune arrestation
n’ait été faite, il croit qu’avec la
divulgation de ce rapport, il n’y en
aura probablement plus.
Soucieux de l’image de l’institution
qu’il dirige, Alix Célestin estime que
ces révélations sont susceptibles de
nuire aux projets de développement
enclenchés par l’APN. Il redoute
que les institutions financières
veuillent octroyer des crédits à
une institution dont l’état financier
n’est pas sain. Ce, en référence aux
16 millions de dollars américains
que des agents maritimes doivent
à l’APN.
Alix Célestin a tenu, toutefois,
à préciser que dans ce dossier,
l’Autorité portuaire nationale n’est
pas mise en cause. D’une part, les
10 millions de dollars détournés
étaient destinés à l’APN. Et d’autre
part, l’opération a été orchestrée
chez ses débiteurs.
4 | N0
43 MARDI 21 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
L'ULCC dénonce,
la Justice fait le mortPar Jean Michel Cadet
HAÏTI/APN/DÉTOURNEMENTDEFONDS
» suite de la première page
Me Clame Ocna Daméus, commissaire de gouvernement de Port-au-Prince. /
Photo : haitiangroovemedia.com
MARDI 21 JUILLET 2015 N0
43 | 5
ACTUALITÉ
R
otchild François Junior,
ministredelaCommunication
fixe la position de
l’Administration Martelly sur
la question. Le gouvernement haïtien
ne présentera pas d’excuse ! « La
démarche haïtienne est correcte ».
Le ministre explique que les faits
avancés ont été prouvés. Dialogue !
Le point central du discours haïtien.
Il doit se dérouler autour du protocole
de rapatriement pour assurer un
meilleur contrôle du processus,
insiste-il.
Lener Renaud, ministre de la
Défense, également ministre des
Affaires étrangères et des Cultes a.i.,
abonde dans le même sens. Il rejette
la position des officiels dominicains.
Réaction. Voilà comment monsieur
Renaud qualifie la démarche
haïtienne. C’était aussi le même
cas de figure pour la République
dominicaine, avance-t-il, qui avait fui
la table des négociations pour saisir
le Conseil permanent de l’OEA.
« Nous étions en négociation pour
trouver une solution autour du
protocole de rapatriement, ils ont
choisi d’aller à l’OEA, au Conseil
permanent, nous avons juste emboîté
le pas pour donner notre version des
faits », rappelle Lener Renaud. Aussi
a-t-il insisté sur le fait qu’il fallait
démonter l’argumentaire dominicain.
« La République dominicaine a dit
qu’il n’y a pas eu de déportations,
nous avons démontré devant l’OEA
que les déportations sont effectives,
contrairement à ce qui était dit
dans le Programme national de
régularisation des étrangers (PNRE)
qui devait prendre fin le 17 juin
2015 », reprend monsieur Renaud.
Les Dominicains ouvrent d’autres
fronts. Ils veulent responsabiliser
Haïti. Ils critiquent l’incapacité de
l’État haïtien à doter ses concitoyens
de documents d’identité. C’est ce qu’a
dit le président Médina la semaine
écoulée. Haïti veut toutefois éviter
la polémique. Lener Renaud refuse
le tac au tac. Il temporise. « Nous ne
sommes, à aucun moment, montés
au créneau contre les autorités
dominicaines ». Une précision
importante dans ce contexte tendu.
En ce qui a trait à cette campagne
de désinformation qui serait le
prétexte des Dominicains pour
abandonner le dialogue, monsieur
Renaud se positionne : « Il n’ y a pas
eu de campagne de désinformation
au niveau international contre nos
voisins. »
Le dialogue parait incontournable.
Malgré le refus de l’une des parties.
Le secrétaire général de l’OEA vient
d’adresser une correspondance aux
deux chefs d’État, haïtien et dominic-
ain, dans le but d’inviter les deux pays
au dialogue. Il s’alignerait donc sur
la position haïtienne. Lener Renaud
s’en félicite. Le président Martelly
aussi, rapporte-il. Ce fut la demande
d’Haïti au Conseil permanent de
l’organisation hémisphérique. Le
ministre, dans ses propos explique,
qu’il voulait demander à la commu-
nauté internationale de presser la
République dominicaine à revenir à
la table des négociations pour dégager
ce protocole de rapatriement. Déjà, le
chef de l’État haïtien, Michel Joseph
Martelly, a répondu favorablement à
la demande du secrétaire général de
l’OEA, Luis Almagro. Il veut se ras-
seoir avec les autorités dominicaines.
Malgré le double jeu et les coups bas
des dernières séances de dialogue
entre les deux pays. Mais, quand ces
pourparlers auront-ils lieux ? Pas tout
de suite. Car, la République domini-
caine est réticente. Les dominicains
auraient déjà dénoncé l’attitude du
secrétaire général de l’OEA, rapporte
Lener Renaud. Entre-temps, depuis
ce fameux face à face devant le Con-
seil permanent de l’OEA, le ministre
haïtien de la Défense fait remarquer
que les flux de rapatriement ont
diminué. « Nous observons de près
», dit-il.
Il ne faut pas confondre, selon le
ministre, les va-et-vient coutumiers
entre les deux pays et le processus
de déportation. À cet effet, il avance
que jusqu’à la semaine dernière,
environ 27 mille personnes étaient
rapatriées. Un chiffre nettement plus
élevé selon la presse dominicaine
et des organisations de défense de
droits humains des deux côtés de la
frontière, qui parlent de plus de 40
mille rapatriés.
Haïti ne s'excusera pas !Par Lionel Edouard
HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/MIGRATION
Les autorités dominicaines campent sur leur position. Il n’y aura pas de dialogue. Du moins, pas avant que les
autorités haïtiennes ne présentent des excuses formelles pour la campagne dite de désinformation orchestrée
contre la République dominicaine. Le chancelier Andres Navarro est clair. Il met aussi la pression pour pousser le
gouvernement haïtien à se désavouer. La guerre des mots continue. Haïti répond. Sans détour !
» suite de la première page
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43 MARDI 21 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
P
révudansleCodedutravailde
1961, puis actualisé en 1984,
le CSS doit jouer un rôle
intermédiaire entre le secteur
syndical et le secteur patronal, a fait
savoir le coordonnateur de « Antèn
ouvriye », Réginald Jules, lors d’une
interview accordée à Le National le
vendredi 17 juillet 2015. Le syndicali-
ste souligne que dans l’état actuel des
choses les membres de cette struc-
ture doivent sortir de leur silence au
regard de la dépréciation de la devise
locale et de l’augmentation du coût
de la vie.
Il s’en est pris aux autorités qui
n’assument pas leur responsabil-
ité en ce qui concerne la loi sur
le salaire minimum. Il fustige les
dirigeants qui, dit-il, ont laissé à la
traîne les ouvriers dans les manu-
factures.
Alors que les patrons se moquent
d’eux. Les ouvriers, explique M.
Jules, végètent dans la misère avec
un salaire de pitance qui devrait
subir une augmentation graduelle.
C’est-à-dire, passer de 125, 150,
200 à 300 gourdes. Ce qui n’a pas
été fait en dépit de l’escalade du
coût de la vie. IL précise en plus que
certaines manufactures qui octroi-
ent les 200 gourdes aux ouvriers ont
dans la majorité des cas soit doublé,
soit triplé le tarif de travail de ces
personnes-là. Aussi a-t-il critiqué
l’absence des mesures d’ajustement
en leur faveur. Au regard de la
cherté de la vie, le coordonnateur
de « Antèn ouvriye», invite les auto-
rités à se pencher sur la situation
socio-économique des ouvriers qui
ne parviennent pas à subvenir à
leurs besoins personnels et famil-
iaux. Dans cette conjoncture, il dit
espérer que les responsables vont
prendre des mesures urgentes et
appropriées en vue d’accompagner
cette catégorie sociale en grande
difficulté.
Quant à la composition du CSS, le
syndicaliste s’est montré sceptique.
Il critique le fonctionnement de
cette structure qui, selon lui, compte
tenu de leurs agissements, travaille
pour un secteur bien déterminé, le
secteur patronal, au détriment des
ouvrières et des ouvriers. Il rap-
pelle que ces membres ont recom-
mandé récemment à l’État de fixer
le salaire minimum à un montant
inférieur à celui que prévoit la loi
qui s’y rapporte. Il affirme que cette
démarche avait provoqué la grogne
de plusieurs milliers d’ouvriers qui
ont manifesté dans les rues de la
capitale en avril dernier. Il exhorte
toutefois le CSS à exercer la tâche
qui lui est assignée.Mécontent du
comportement des membres du
CSS, M. Jules rappelle que la loi
portant création de cette structure
stipule en son article 4 : « Le CSS
devra se réunir trois mois avant la
fin de chaque exercice fiscal afin
de réviser, s’il y a lieu, le salaire
minimum en fonction des indices
macro-économiques. En aucun cas,
cette révision ne peut être effectuée
à la baisse ». Le coordonnateur a,
en ce sens, souligné qu’aujourd’hui
le salaire minimum doit passer à
mille gourdes compte tenu de la
détérioration des conditions socio-
économiques. À ceux qui font allu-
sion à la compétitivité, le syndicali-
ste s’est montré prudent, affirmant
que cette notion ne saurait être
prise isolément sans tenir compte
de l’environnement économique.
Certes, on peut la comparer par
rapport à la République dominic-
aine pour voir son barème, mais les
dirigeants dominicains ont fourni
des mesures d’accompagnement
aux ouvriers leur permettant de
satisfaire leurs différents besoins
sociaux.
Élections : Gare aux
thaumaturges
Le syndicaliste n’y va pas par quatre
chemins. Il invite les ouvriers à la
vigilance en cette période électo-
rale. Il déclare qu’en cette conjonc-
ture les candidats vont s’amener
comme des thaumaturges, sou-
lignant qu’ils vont leur promettre
monts et merveille. Ainsi, M. Jules
dit espérer que les ouvriers vont
s’organiser davantage afin d’obtenir
gain de cause dans la bataille pour
l’amélioration de leurs condi-
tions de vie. Car, soutient-il, seuls
les ouvriers peuvent arriver au
changement auquel ils aspirent. Le
porte-parole de PLASIT, Pierre Télé-
maque s’est, pour sa part, montré
très critique contre les autorités qui
agissent pour le compte du secteur
patronal, au lieu de se pencher sur
la situation socio-économique des
ouvriers dans les manufactures. Il
appelle à une réforme du système
de sécurité sociale afin de permettre
aux ouvrières et ouvriers de jouir de
leurs droits fondamentaux, notam-
ment l’accès à la santé et aux assur-
ances.
Le National a eu beau tenter de join-
dre les responsables du CSS en vue
de faire la lumière sur ce dossier.
Le journal n’est parvenu qu’à obte-
nir une note de presse émanant du
ministère des Affaires sociales et
du Travail (MAST) et des membres
du CSS en date du 15 juillet 2015.
Laquelle informe que la permanence
est décrétée au sein du CSS en ce
qui concerne les salaires minima
au regard de la dépréciation de la
gourde par rapport au dollar (améri-
cain). Aucune décision toutefois
n’a été mentionnée dans cette note
qui ferait un quelconque état de
l’avancement de cette permanence
au niveau de cette structure.
D
epuis le début de la période
de campagne, le jeudi 9
juillet dernier, très peu de
candidats s’exhibent. Mis à
part quelques banderoles sur la route
nationale #1, et certains graffitis sur
des murs de quelques bâtiments
de la ville, rien n’est encore visible
en termes d’affiche. Alors qu’il y a
plus de 20 aspirants-députés pour
la circonscription des Gonaïves
et 25 candidats au sénat pour le
département de l’Artibonite.
Quelques rares candidats à
la députation ont déjà lancé
officiellement leur campagne
aux Gonaïves. Ils n’ont aucun
spot en rotation dans les medias.
Interrogés à ce sujet, certains
candidats se disent dans l’impasse.
« Nous lançons notre campagne
avec les moyens du bord », ont-ils
lâché.
Ces derniers n’ont pas caché leur
mécontentement face au retard du
conseil électoral provisoire en vue
de financer leur campagne. Les jours
avancent, les candidats s’inquiètent
sérieusement. Parallèlement, pour
les opérateurs, le processus électoral
va bon train. Toutes les dispositions
sont déjà prises pour la tenue du pre-
mier tour des législatives, le 9 Août
prochain, a garanti fermement le pré-
sident du bureau électoral départe-
mental (BED) de l’Artibonite, Claudel
Saintilien. Il a en outre informé que
plusieurs matériels devant servir à
la réalisation des prochaines joutes
sont déjà stockés dans la Cité de
l’Indépendance. Citons entre autres,
les matériels non-sensibles et 15
motocyclettes.
Le concours pour les superviseurs
électoraux, a lieu le week-end
écoulé. Ils étaient au total 1 870
candidats venus des 15 communes
de la région. Les séances de
formation pour ces superviseurs
ainsi que les agents de sécurité
électorale (ASE) devraient se tenir
sous peu, a indiqué le président
du BED.
Selon Claudel Saintilien,
les aspirants législateurs du
département ont déjà signé un
Code de bonne conduite dans la
période électorale, à l’initiative du
BED, de la PNH et de la Justice.
De son côté, le directeur
départemental de la police de
l’Artibonite, Berson Soljour, a fait
savoir que l’institution policière
s’engage pour le bon déroulement
du processus électoral. Il a fait
savoir que durant la période,
les dispositifs de sécurité sont
renforcés dans le département.
Il ne reste que trois semaines
pour la fermeture de la campagne
électorale. Plusieurs observateurs
s’attendaient à une période de
campagne plus agitée. « Les
candidats sont tous dans le même
sac. Il n’y a pas de potentiel
candidat aux élections », a opiné
un citoyen.
Le CSS muet face aux exigences des ouvriers
Par Reynold Aris
HAÏTI/SALAIREMINIMUM
La détérioration des conditions socio-économiques continue d’alimenter les débats. Dépréciation accélérée de
la gourde par rapport au dollar, augmentation du coût de la vie, les inquiétudes abondent. Mais le silence du
Conseil supérieur des salaires (CSS) inquiète davantage. Face à une telle situation la Plateforme des syndicats
des usines textiles (Plasit) s’insurge. Et elle exige des autorités l’augmentation des salaires des ouvriers en
adéquation avec la cherté de la vie.
Une Campagne timidePar Dieulivens Jules
GONAÏVES/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES
Environ 2 semaines après l’ouverture officielle de la campagne électorale,
l’ambiance ne se fait pas sentir dans la Cité de l’Indépendance. Les candidats
étaient-ils vraiment prêts à franchir cette étape? C’est le questionnement de plus
d’un.
D
es informations publiées sur
le site internet d’un journal
africain, l’IOL NEWS en
date du 18 juillet, et repris-
es par des médias haïtiens, rapporte
que les biens de l’ambassade d’Haïti
à Waterkloof, au Pretoria en Afrique
du Sud, ont été saisis, en raison
d’arriérés de loyer. Reconnaissant
que le fait s’est réellement produit, le
chancelier Haïtien ad intérim Lener
Renaud, souligne que « la mission
haïtienne n’est nullement fautive ».
Il est également question de la rési-
dence du Chef de la mission haïti-
enne au Pretoria et non l’ambassade
comme s’est présentement rap-
porté. Lener Renaud explique au
National, qu’une lettre est adressée
à la chancellerie de Pretoria pour
« protester » de ce qui s’est passé
et exiger des « excuses ». Pour le
Ministre Renaud, ce qui s’est passé
constitue un accroc au droit, vu que
l’immunité va aussi à la résidence
du chargé de mission.
Dans les détails fournis au National
par Israël Jacky Cantave, un membre
du cabinet du Ministre Renaud, la
mission haïtienne au Pretoria a eu
une entente avec le propriétaire de
la résidence du chargé de mission
où, l’incident s’est produit, pour
y effectuer des réparations. Le
propriétaire n’avait pas les moyens
pour effectuer les ajustements en
question. Les travaux de réparation
effectués sont pratiquement finis.
Dans l’intervalle, le propriétaire
est décédé et c’est sa femme qui
a entrepris la démarche en justice
à l’insu de la mission et la décision
du tribunal est « un jugement par
défaut ». Dans la journée du 20
juillet, le chargé d’affaires d’Haïti,
Stéphane Déjoie, s’est rendu à la
chancellerie de Pretoria, pour faire
la lumière sur la question. Celle-ci
a «donné la garantie que la décision
de justice sera annulée ».
Suivant l’accord qui a été conclu
avec le propriétaire décédé, la
mission déduirait les dépenses
effectuées pour les réparations des
frais de loyers.
Un récent ministre haïtien des
Affaires étrangères, affirme que
chaque mois l’État haïtien effectue
des transferts d’argent sur les
comptes de toutes les missions à
l’extérieur. Ces transferts servent à
payer tous les frais liés aux activités
de celle-ci, notamment, celui des
loyers, le payroll du personnel et les
charges sociales. Il rapporte que la
mission de l’Afrique du Sud reçoit
40 mille dollars américains le mois.
Toutes les missions ne reçoivent pas
les mêmes frais.
Cet ancien chancelier, estime
pour sa part que certaines
missions haïtiennes à l’extérieur
ne rapportent pas grand-chose au
pays. Il cite, entre autres, celle de
l’Afrique du Sud, de l’Angleterre et
du Vietnam.
MARDI 21 JUILLET 2015 N0
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Protestation et exigence d'excuses de Pretoria
Par Stephen Ralph Henri
HAÏTI/DIPLOMATIE
Le gouvernement d’Haïti s’est adressé à la chancellerie de Pretoria, qui est la capitale administrative de l’Afrique
du Sud, pour dénoncer l’opération de déguerpissement menée contre la résidence du chef de mission et du coup
exiger des excuses, d’après le ministère des Affaires étrangères Haïtien. Un ancien chancelier haïtien rapporte
que la mission de l’Afrique du Sud est l’une des mieux lotie mais n’en voit pas le profit pour le pays.
Des biens de l’ambassade d’Haïti à Waterkloof, au Pretoria en Afrique du Sud,
ont été saisis, en raison d’arriérés de loyer. / Photo : haitianinternet.com
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43 MARDI 21 JUILLET 2015
MONDE
C
uba et les Etats-Unis ont
formellement renoué lundi
leurs relations diplomatiques,
rompues il y a cinquante-
quatre ans, et le drapeau cubain a
été hissé sur l’ambassade de Cuba à
Washington.
Le ministre cubain des Affaires
étrangères, Bruno Rodriguez,
a présidé la réouverture de la
représentation diplomatique, étape
symbolique du rapprochement
annoncé simultanément le 17
décembre dernier par Barack
Obama et son homologue, Raul
Castro.
Plus de 500 personnalités, dont
de nombreux parlementaires
américains, avaient été conviées
pour l’occasion mais aucune
invitation n’avait été adressée aux
élus du Congrès en pointe dans la
lutte anti-castriste.
De profondes divergences
demeurent entre les deux pays et
les efforts diplomatiques en vue
d’une normalisation complète
devraient être longs.
Mais la cérémonie de lundi a revêtu
une forte dimension symbolique.
Autre signe d’une volonté
commune de fermer la page d’un
demi-siècle d’hostilité: le chef de
la diplomatie américaine, John
Kerry, a reçu son homologue cubain
-- le premier ministre des Affaires
étrangères en visite à Washington
depuis la Révolution castriste --
au Département d’Etat. Les deux
hommes ont souligné l’importance
de l’événement à leurs yeux, tout en
la relativisant.
« Les événements historiques que
nous sommes en train de vivre
feront sens uniquement avec la fin
du blocus économique, commercial
et financier, qui provoque tant de
privations et de dégâts pour notre
peuple, avec la rétrocession du
territoire occupé de Guantanamo,
et le respect de la souveraineté de
Cuba », a déclaré Bruno Rodriguez
lors de la cérémonie d’ouverture
de la représentation diplomatique.
Par la suite, John Kerry a salué « un
nouveau départ » dans les relations
entre les Etats-Unis et Cuba, mais
a précisé que le chemin qui devait
conduire à une normalisation
pleine et entière serait « long et
complexe ».
Le porte-parole de la Maison
blanche, Josh Earnest, a quant
à lui affirmé que la présidence
américaine se montrait « optimiste»
à l’idée que La Havane respecte les
droits de l’homme dans les années
à venir.
DISCRÉTION À CUBA
Au moment où le drapeau cubain
était hissé et où retentissait
l’hymne national du pays, d’autres
voix se faisaient entendre, celles
d’anonymes restés à l’extérieur,
qui criaient au milieu de la foule:
« Cuba si, embargo no ! »
John Foster Dulles et Gonzalo
Guell furent les deux derniers chefs
de la diplomatie des deux pays à
participer à une réunion officielle à
Washington le 22 septembre 1958,
quelques mois avant la révolution
castriste. Dans la capitale cubaine,
l’ambassade américaine a également
rouvert, mais en toute discrétion: la
« section d’intérêts » américaine a
publié un communiqué indiquant
qu’elle devenait « officiellement
l’ambassade des Etats-Unis ».
La bannière étoilée n’y sera hissée
qu’à l’occasion d’une visite de
John Kerry dans l’île, prévue le
14 août prochain. Les Etats-Unis
ont rompu leurs relations avec l’île
communiste en 1961 et imposé un
embargo économique et commercial
dont certaines mesures ont déjà été
assouplies depuis le rapprochement
de décembre dernier.
Pour que cet embargo soit
totalement levé, il faut l’aval
du Congrès dominé par les
républicains.
Le drapeau cubain flotte sur l'ambassade
de Cuba à Washington
Sources : Reuters
Dans une rue de La Havane. Cuba et les Etats-Unis ont formellement renoué
lundi leurs relations diplomatiques, rompues il y a plus d’un demi-siècle, et
rouvert leur ambassade respective à Washington et La Havane. / Photo: prise le
19 juillet 2015/REUTERSP
États-Unis : Kerry reçoit son homologue cubain,
une première en 57 ans
Sources : Le Point.fr (avec AFP)
Le chef de la diplomatie américaine a accueilli Bruno Rodriguez dans ses locaux du département d’État. Il doit se
rendre lui-même à La Havane en août.
L
e secrétaire d’Etat John Kerry
a dit lundi que les Etats-Unis
voulaient entretenir des « liens
de bon voisinage » avec Cuba,
mais a prévenu que la normalisation
totale des relations entre les deux
pays serait « longue et complexe ».
Quelques heures après la réouverture
d’ambassades à Washington et La
Havane, John Kerry --s’exprimant en
espagnol-- s’est félicité « du début de
cette nouvelle relation avec le peuple
et le gouvernement de Cuba », lors
d’une conférence de presse commune
avec son homologue cubain Bruno
Rodriguez. Mais, revenant à l’anglais,
il a ajouté que ce rapprochement ne
signifiait « pas la fin des nombreuses
différences qui séparent toujours nos
gouvernements ».
Le ministre des Affaires étrangères
cubain Bruno Rodriguez a quant
à lui appelé à la fin de l’embargo
économique contre Cuba et a
demandé la restitution des terrains
de la base américaine de Guanta-
namo. Bruno Rodriguez a dit que
La Havane voulait aller de l’avant.
Mais il a insisté sur le fait que «
lever complètement l’embargo et la
restitution du territoire occupé illé-
galement de Guantanamo » étaient
des points « cruciaux pour avancer
vers une normalisation » des rela-
tions entre les deux pays.
Le secrétaire d’État américain John
Kerry a reçu lundi son homologue
cubain Bruno Rodriguez dans les
locaux du département d’État, pre-
mière visite de ce type pour un dip-
lomate de La Havane depuis 1958.
John Kerry et Bruno Rodriguez se
sont serré la main avec le sourire
devant les caméras avant d’entamer
une réunion pour évoquer les dif-
férents sujets relatifs au rapproche-
ment entre les États-Unis et Cuba
initié en décembre dernier après
plus de cinq décennies d’hostilité.
Rétablissement historique des
relations diplomatiques
Plus tôt dans la journée, le drapeau
cubain a pris sa place lundi dans
l’entrée du département d’État
américain ainsi que sur la toute nou-
velle ambassade cubaine à Wash-
ington, marquant le rétablissement
historique des relations diploma-
tiques entre les deux pays. Le secré-
taire d’État américain se rendra lui
à Cuba le 14 août, notamment pour
y hisser le drapeau américain sur
la nouvelle ambassade des États-
Unis. John Kerry devient ainsi le
plus haut responsable américain
à visiter l’île communiste depuis
la normalisation des relations.
La dernière visite d’un secrétaire
d’État remonte à 1945.
Bruno Rodriguez, ministre cubain des Affaires étrangères, et John Kerry,
secrétaire d’État américain./ Photo : AFP
MARDI 21 JUILLET 2015 N0
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MONDE
UE: accord au rabais sur la prise en charge
des demandeurs d'asile
Sources : AFP
O
yez, oyez bonnes gens !
Désormais, le soleil ne se
couche plus sur l’empire
de François Le Grand et de
son ministre Laurent le magnifique.
Le monde est à leurs pieds, l’univers
entier, subjugué, par tant de génie,
leur rend une grâce justifiée. Le pre-
mier a sauvé l’Europe et la Grèce,
le second est quasiment le deus ex
machina de l’accord sur le nucléaire
iranien.
Les gazettes, dûment informées par
les intéressés eux-mêmes ou leurs
proches (on n’est jamais mieux
servi que par soi-même), relaient
à satiété le message laudateur. Les
hérauts embouchent les trompettes
de victoire. Les thuriféraires agitent
frénétiquement les encensoirs,
les troubadours entonnent leurs
odes flatteuses. Barack Obama,
Angela Merkel sont relégués dans
les coulisses de la grande histoire.
Ils sont devenus des personnages
de second plan, presque des
marionnettes dans la prodigieuse
scénographie hollandaise.
La vérité est, comme toujours,
un peu plus triviale. Une once
de modestie devrait s’imposer de
toute urgence même si ni François
Hollande ni Laurent Fabius n’ont
démérité sur les dossiers grec et
iranien. Le président français a eu
l’immense mérite de contribuer
à faire avaler à Alexis Tsipras la
potion allemande qui paraissait
bien amère au Premier ministre grec
élu sur un programme gauchiste
échevelé et irresponsable.
Au prix, certes, de quelques
aménagements qui font maugréer
Wolfgang Schäuble, le vieux
grognard de la CDU, défenseur
acharné du contribuable d’outre-
Rhin et chantre d’une Europe
fédérale à armature franco-
allemande. Mais finalement,
c’est Tsipras qui a plié face aux
injonctions de l’Allemagne et de
l’Europe du Nord. Pas l’inverse.
Dans ce psychodrame, Hollande a
excellemmentjouésonrôlede«good
cop », le gentil flic compréhensif
cher aux feuilletons américains.
En revanche, dans le marchandage
nucléaire iranien, Fabius s’est, a
contrario, attribué la posture de
« bad cop », le méchant qui fait
monter les enchères. Il s’agissait,
bien sûr, de s’assurer que l’accord
soit « robuste » comme le répète
l’excellent Laurent. Mais il fallait
surtout montrer clairement à nos
amis saoudiens que la France n’était
pas en train de changer de cheval
et demeurait fidèle à son alliance
avec le monde sunnite, génératrice,
entre autres, de fructueux contrats.
Un accord en demi-teinte
En fait, les Français savaient
pertinemment que Barack Obama
voulait coûte que coûte parvenir
à un accord avec Téhéran. Ils ne
pouvaient agir qu’à la marge, car,
comme dans toute négociation, tout
est en demi-teinte. Le verre est à
moitié vide et à moitié plein. D’un
côté, l’Iran donne le feu vert à des
contrôles élargis de l’Agence pour
l’énergie atomique (AIEA), accepte
une révision à la baisse de son stock
d’uranium enrichi, une limitation
de l’enrichissement (moins de 4 %)
à un taux insuffisant pour fabriquer
une bombe atomique. L’idée est de
retarder l’échéance, de gagner du
temps – en principe dix ans – en
espérant que l’Iran sera redevenu
véritablement fréquentable.
Car Téhéran conserve 6 000
centrifugeuses et sera autorisé à
reprendre ses travaux de recherche
et développement sur des machines
IR-6 et IR-8 beaucoup plus
performantes. Naguère encore, les
« cinq +un » (États-Unis, Russie,
Chine, Royaume-Uni, France
plus l’Allemagne) qui négocient
avec Téhéran juraient qu’il
n’était pas question d’autoriser
Téhéran à conserver une capacité
d’enrichissement autre que
symbolique… Visiblement –
nécessité géopolitique oblige –,
l’objectif a été révisé à la baisse.
Barack Obama a une approche
stratégique : réinsérer l’Iran dans
le concert des nations pour juguler
le chaos proche-oriental. Face à
cette volonté, les autres acteurs ne
pesaient pas bien lourd.
Grèce-Iran : Hollande et Fabius maîtres du monde !
Par Pierre Beylau / Le Point.fr
François Hollande et son ministre des affaires étrangères Laurent Fabius. /
Photo: AFP©JACQUES WITT
L
es Européens se sont
entendus lundi pour délester
provisoirement la Grèce et
l’Italie de la prise en charge de
demandeurs d’asile, surtout Syriens
et Erythréens, mais au rabais, en
n’offrant que 32 256 places, contre
les 40 000 requises.
« Je suis déçu, même si un pas
important a été franchi », a tenté
de synthétiser le commissaire
européen à l’Immigration, Dimi-
tris Avramopoulos. Les ministres
de l’Intérieur étaient censés con-
sacrer la solidarité européenne
face à l’afflux record de migrants et
réfugiés aux frontières de l’Union et
aux tragédies à répétition en Médi-
terranée.
« Plus d’effort sera nécessaire »
de la part des Etats membres, a
souligné le Luxembourgeois Jean
Asselborn, dont le pays assure la
présidence tournante de l’UE. Il a
fixé un nouveau rendez-vous, « fin
novembre », pour atteindre au final
l’objectif fixé par la Commission,
soit 60 0000 personnes sous deux
ans. Le premier mécanisme, dit de
relocalisation, concerne 40 000
demandeurs d’asile, qui pourront
aussi être Irakiens ou Somaliens,
destinés à être pris en charge hors
de Grèce et Italie, en rupture des
règles européennes réservant cette
responsabilité aux pays d’arrivée.
Le second, dit de réinstallation,
concerne 20 000 personnes béné-
ficiant déjà du statut de réfugiés
mais vivant dans des pays tiers.
Pour ce dernier volet les offres
ont été plus généreuses, à 22 504
places, grâce aux renforts de plus-
ieurs pays tiers, Norvège et Suisse
en tête. Mais face aux résistances
très vite manifestées au sein de
l’UE, la Commission avait dû
accepter que cette répartition ne
soit pas contraignante, ouvrant
la voie aux rabais. M. Asselborn
a ainsi pointé des contributions «
décevantes, voire embarrassantes ».
L’Espagne récalcitrante
Premiers visés, la Hongrie et
l’Autriche, qui n’ont offert aucune
place de relocalisation. La Slova-
quie, la Slovénie, les Pays baltes
et l’Espagne ont aussi rechigné. Le
ministre espagnol, Jorge Fernandez
Diaz, a affirmé « l’opposition radi-
cale » de l’Espagne au principe de
relocalisation. Son pays a offert 1
300 places de relocalisations contre
4 288 demandées. Madrid, a mis
en avant le ministre, « traite le pro-
blème à l’origine », en coopérant
avec les pays d’origine et de tran-
sit et luttant contre les réseaux de
passeurs. Le pays livre aussi un «
effort considérable » pour stopper
les flux dans ses enclaves africaines
de Ceuta et Melilla.
« Nous devons convaincre nos citoy-
ens », d’autant que le pays « est
aussi sous pression de l’Est, avec
les réfugiés affluant d’Ukraine », a
plaidé le ministre letton, Rihards
Kozlovskis.
Le président de la Commission
européenne, Jean-Claude Juncker,
avait pour sa part déploré que
l’Europe“nesoitpasàlahauteur”en
la matière. A titre de comparaison,
la Turquie accueille deux millions
de réfugiés syriens. L’Allemagne et
la France, dont les ministres ne sont
pas venus à Bruxelles, ont elles tenu
le contrat fixé par la Commission,
offrant respectivement 12 100
et 9 100 places de relocalisation
et réinstallation. Les premiers
demandeurs d’asile concernés
seront transférés hors de Grèce et
Italie à partir d’octobre, a précisé
M. Asselborn. En échange de cette
aide, la Grèce et l’Italie se sont
formellement engagées à identifier
et prendre les empreintes digitales
des migrants irréguliers affluant sur
leur territoire, afin de permettre le
traçage et l’expulsion de ceux non
éligibles à l’asile.
L’UE n’entend pas « créer un appel
d’air à l’immigration irrégulière,
mais mettre fin à la relocalisation
sauvage actuellement en vigueur »,
avec la dispersion incontrôlée des
arrivants indésirables, soulignait
la présidence luxembourgeoise.
Les ministres sont aussi convenus
d’accélérer les expulsions, et se
sont réservé la possibilité de sus-
pendre le mécanisme de relocalisa-
tion si Athènes et Rome ne tenaient
pas leurs obligations. La sélection
des arrivants doit s’opérer dans des
zones d’attente, dits « hot spots
», avec le concours des agences
européennes de surveillance des
frontières, Frontex, de soutien à
l’asile, Eosa, et de police, Europol.
Des renforts sont aussi étudiés pour
la Grèce, où la pression migratoire
s’est redirigée depuis le renforce-
ment de la surveillance navale au
large de l’île de Lampedusa, après
les naufrages meurtriers d’avril.
Le président et son ministre des Affaires étrangères triomphent sans modestie excessive et s’attribuent un rôle
aussi flatteur que disproportionné.
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43 MARDI 21 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
Susciter la vocation entrepreneuriale
auprès de 350 finissants universitairesPar Therno N. A. Sénélus
Le Rwanda est le 7ème pays
le mieux géré de la planète,
selon le World Economic ForumPar Aaron Akinocho
T
rois cent cinquante
universitaires finissants ont
été reçus comme stagiaires
à durée déterminée dans
des établissements d’enseignement
supérieur et professionnel du pays.
Ces jeunes postulants ont été
recrutés durant la période estivale
dans le cadre du Programme
d’initiation des jeunes à l’emploi
(PIJE) du ministère de l’Économie
et des Finances, nous apprend
Lordis Bernard, coordonnateur
de l’activité. Le PIJE se donne
pour objectif de susciter la
vocation entrepreneuriale chez
ces derniers afin de favoriser le
lien entre les entreprises et les
ressources humaines qualifiées de
l’administration publique ou du
secteur privé.
Une centaine de bénéficiaires
sont déjà à une phase avancée du
programme et pourront bientôt
mettre fin à leur stage. Les deux
cent soixante autres réaliseront
leur stage au cours de la période
allant du 20 au 22 juillet. La
démarche d’apprentissage au
profit du dernier groupe est
prévue pour le début septembre.
C’est ce qu’a confié jeudi dernier
au National, le titulaire du projet
PIJE.
Le document de stage précise
que « le stagiaire est couvert,
pendant la durée de son stage
d’application, en ce qui a trait au
risque « accidents du travail » par
l’OFATMA. Pour l’année 2015, la
gratification à donner au stagiaire
est établie à dix mille (10 000)
gourdes par mois, financées par le
ministère des Finances. Elle peut
être prise en charge en totalité par
l’entité d’accueil. Un rapport de
stage est exigé de chaque stagiaire.
Un certificat d’attestation de stage
décrivant le travail effectué est à
la charge de l’entité d’accueil.
Toute entreprise, tout organisme
(public ou privé), toute organisa-
tion ou institution internationale,
toute organisation non gouverne-
mentale disposés à recevoir un
stagiaire, selon le mode de sélec-
tion du Programme, sont des enti-
tés d’accueil. L’entité, bénéficiant
d’une certaine autonomie finan-
cière, pourra accueillir le stagia-
ire, le prendre en charge en désig-
nant un responsable de stage qui
facilitera’ son accès aux informa-
tions nécessaires et à son intégra-
tion au sein de l’entité. Si, celle-
ci décide de prolonger la durée
du stage de plus de deux mois, la
gratification et l’assurance pour le
risque « accidents-travail » sont à
sa charge entièrement.
En dépit du nombre de jeunes
recrutés, Lordis Bernard n’est pas
satisfait. Pour ce faire, il propose
d’autres stratégies. « Je ne suis
pas satisfait, car les problèmes
techniques enregistrés nous
empêchent d’atteindre les 500
jeunes visés par le programme»,
ajoutant que le PIJE va s’améliorer
en vue d’atteindre l’effectif prévu
pour la période en cours.
Public ciblé
Ce seront les meilleurs étudiants
finissants de la promotion la plus
récente des centres de formation
supérieure et technique.
Les étudiants provenant des
établissements de formation,
membres de la Conférence des
recteurs, présidents, dirigeants
d’universités et de centres de
formation supérieure d’Haïti
(CORPUHA) sont prioritairement
visés. Les établissements de
formation soumettront une liste
des cinq meilleurs par domaine de
formation et par ordre de mérite.
Un répertoire électronique sera
disponible pour les entités qui
manifestent leur intérêt à créer un
dispositif d’accueil des stagiaires.
La période de recrutement prendra
fin le 15 juin 2015.
Financement du programme
Il est prévu dans le Budget
rectificatif 2014-2015, un crédit
de dix millions de gourdes
destinées au financement de deux
mois d’activités au profit des cinq
cents stagiaires pendant l’été, de
juillet à août 2015. Il est attendu
de certains organismes publics
autonomes, à caractère financier
ou commercial, le transfert sur
un compte ouvert à cet effet
d’un montant minimum de 500
000 gourdes en vue de prendre
en charge la gestion des stages.
Les partenaires techniques et
financiers établis dans le pays
pourront, après négociation,
renforcer ce fonds et accueillir
un plus grand nombre de jeunes
dans le cadre du programme. Les
entités privées qui participent
au Programme pourront prendre
elles-mêmes les stagiaires en
charge.
Avis des étudiants du programme
Les étudiants voient dans
cette initiative, des mesures
d’accompagnement des jeunes
finissants de diverses disciplines
scientifiques des universités
du pays. Venel Dublain, un
finissant et postulant en sciences
économiques, salue cette initiative
du gouvernement. Il propose
qu’elle soit renforcée pour la prise
en compte de tous les étudiants.
« C’est évident qu’on vient avec
un programme en vue d’initier
les jeunes à l’emploi. Mais
aussi, il faudrait tenir compte
de l’ensemble de la population
estudiantine, mais pas seulement
un petit groupe ». Et, il termine
par ces mots: « Non à l’exclusion,
oui à l’inclusion ».
Confiante du projet, Fedeline
Caristhène, originaire de Jacmel et
finissante en gestion des affaires,
déclare : « Je ne savais même pas
ce que je ferais après mes études.
J’apprécie cette initiative dont je
suis devenue l’une des premiers
bénéficiaires ». La postulante
encourage les décideurs à
pérenniser ce programme afin
que d’autres étudiants puissent
en bénéficier.
S
elon le World Economic
Forum (WEF) qui a publié
ce rapport, le classement du
Rwanda s’explique en grande
partie par le niveau de gaspillage très
bas en ce qui concerne les dépenses
gouvernementales.
«Nous ne sommes pas supris par
ce classement parce qu’il ne fait
qu’exprimer la réalité ce qui se
passe chez nous. Au Rwanda, il
y a un processus compréhensible
en ce qui concerne la gestion et la
reddition de compte, en particulier
dans l’usage des ressources
publiques» a déclaré Anastase
Shyaka qui dirige le conseil
rwandais de la gouvernance
(RGB). Les Rwandais ont accès
à des informations cruciales
en ce qui concerne l’action
gouvernementale, les décisions de
l’exécutif et la façon dont celui-
ci établit ses priorités et fait ses
choix a-t-il confié à Xinhua.
En Afrique le Rwanda est suivi par
l’île Maurice qui se classe (26ème)
et l’Afrique du Sud (32ème). Dans
l’est du continent, il se classe très
loin devant le Kenya qui vient
en 51ème position ou l’Ouganda
(79ème).
Le rapport, qui évalue le niveau
d’efficacité de la gouvernance de
144 pays du monde sur la base
de critère comme le gaspillage
des ressources, les obstacles à
la régulation et la transparence
dans l’élaboration des politiques
nationales.
Au niveau international, le WEF a
étonnamment classé le Qatar en
premier, devant Singapour et la
Finlande.
EMPLOI/JEUNES
GOUVERNANCE
L’édition 2014-2015 du rapport mondial sur la compétitivité classe le gouvernement rwandais au 7ème rang en
ce qui concerne l’efficacité dans la gestion publique. Ce pays se retrouve ainsi devant des nations comme la Suisse
(9ème) ou le Luxembourg (10ème).
MARDI 21 JUILLET 2015 N0
43 | 11
ÉCONOMIE
SÉCURITÉALIMENTAIRE
L'Union européenne et la FAO lancent
deux nouveaux programmesSource : FAO
Le lancement de ce nouveau partenariat vise à renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’agriculture
durable et la résilience dans au moins 35 pays*.
E
ssentiellement, ils se propo-
sent d’apporter une aide aux
pays partenaires et aux organ-
ismes régionaux pour élaborer
des politiques plus énergiques dans
cette perspective.
Les programmes ont été annoncés
à Addis-Abeba (Éthiopie) ce jeudi
16 juillet, lors d’une réunion entre
le Commissaire de l’UE chargé de
la coopération internationale et du
développement, Neven Mimica, et
le Directeur général de la FAO, José
Graziano da Silva, durant la 3ème
Conférence internationale sur le
financement du développement.
L’Union européenne contribue à hau-
teur de 50 millions d’euros et la FAO
d’environ 23,5 millions à cette initia-
tive, qui sera pilotée par les pays en
fonction de la demande.
“Cette initiative sera décisive pour
aider les pays partenaires et les
organisations régionales à mobiliser
les moyens politiques, techniques et
financiers autour du but commun de
réduction de l’insécurité alimentaire
et nutritionnelle. Elle contribuera
également à renforcer le partenariat
entre l’Union européenne et la FAO”,
a affirmé M. Mimica.
“Cette nouvelle phase de notre parte-
nariat avec l’Union européenne per-
mettra de renforcer la capacité de
la FAO d’aider les gouvernements à
acquérir les données et l’information
nécessaires pour élaborer et mettre
en œuvre des politiques efficaces
dans le but de s’attaquer aux causes
profondes de la faim et de dévelop-
per la résilience aux chocs et aux
crises”, a souligné M. Graziano da
Silva.
La nouvelle initiative consiste en
deux programmes quinquennaux
rattachés entre eux :
• Le mécanisme FIRST (Impact
sur la sécurité alimentaire et nutri-
tionnelle, Résilience, Durabilité et
Transformation) visant à renforcer
les capacités des gouvernements et
des administrations régionales en
matière de sécurité alimentaire et
de nutrition ainsi que de mise en
œuvre de politiques agricoles dura-
bles, sous la forme d’un appui aux
politiques et de développement des
capacités.
• Le programme INFORMED (Infor-
mation pour la sécurité alimentaire
et nutritionnelle et la résilience au
service des décisions) contribuera à
renforcer la résilience face aux crises
alimentaires dues aux catastrophes
anthropiques et naturelles. Un des
moyens d’atteindre ce but est de
fournir aux décideurs des informa-
tions périodiques, factuelles et en
temps utile.
Priorités communes de
lutte contre la faim et la
malnutrition
Malgré les progrès réalisés au cours
des dernières décennies, selon le
dernier rapport des Nations Unies
sur l’insécurité alimentaire, quelque
800 millions de personnes dans
le monde sont encore victimes de
la faim, tandis que des millions
d’autres encore n’ont pas accès à une
alimentation saine.
Par ailleurs, ces dernières années,
les crises alimentaires – souvent la
conséquence de conflits ou de catas-
trophes naturelles, eux-mêmes dus
au changement climatique ou à la
volatilité des prix des aliments – ont
frappé des populations en nombre
toujours croissant, Les personnes
vulnérables ont de plus en plus de
mal à se procurer de la nourriture en
quantité suffisante et à gagner leur
vie face à de tels chocs.
Un récent rapport conjoint de la
FAO, du Fonds international pour
le développement agricole (FIDA) et
du Programme alimentaire mondial
(PAM) estime qu’il faudra encore
267 milliards de dollars par an pour
éradiquer la faim dans le monde d’ici
2030 sous forme d’investissements
dans les zones rurales et urbaines
ainsi que dans la protection sociale.
Compte tenu de ces enjeux, les dif-
férents partenaires des initiatives
FIRST et INFORMED reconnaissent
la nécessité d’une action coordonnée
de l’ensemble des parties prenantes
afin d’affronter efficacement les
causes profondes de la faim et de la
malnutrition.
L’UE contribue à ces initiatives
par le biais du programme «Biens
publics mondiaux et les défis qui
les accompagnent»(GPGC), au titre
du budget de l’UE alloué à l’aide
au développement (Instrument de
développement et de coopération,
ou ICD).
L’Union européenne, un des bailleurs
de fonds les plus importants de la
FAO, a adhéré à l’Organisation en
tant que membre en 1991. En 2004,
l’UE et la FAO intensifient leur col-
laboration, devenant des partenaires
stratégiques. Ce dernier accord con-
solide et étend cette coopération de
longue date.
* Liste préliminaire des
pays où les programmes
seront mis en œuvre:
19 pays pour INFORMED:
Afghanistan, Bangladesh, Burkina
Faso, Cambodge, Djibouti,
République démocratique du Congo,
Ethiopie, Gambie, Haïti, Kenya,
Mauritanie, Myanmar, Pakistan,
République centrafricaine, Soudan,
Sri Lanka, Swaziland, Tadjikistan et
Zimbabwe
27 pays pour FIRST: Bénin, Burkina
Faso, Cambodge, Côte d’Ivoire, Cuba,
Djibouti, Fiji, Guatemala, Haïti,
Iles Salomon, Kenya, Malawi, Mali,
Mauritanie, Mozambique, Myanmar,
Niger, Ouganda, Pakistan, Répub-
lique-Unie de Tanzanie, Rwanda, Sri
Lanka, Swaziland, Tchad, Vanuatu,
Zambie et Zimbabwe
Cultivateur malgache en train de travailler dans une rizière. / Photo : FAO
12 | N0
43 MARDI 21 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
Figure intellectuelle de la construction européenne, le penseur qualifie l’accord de «mélange toxique entre des
réformes structurelles nécessaires et des mesures néolibérales qui décourageront complètement un peuple grec
déjà épuisé, et tuera dans l’œuf tout élan de croissance.»
Le penseur allemand Jürgen Habermas
juge l'accord grec « toxique »
Source : Libération
VUSURLEWEB
D
ans un entretien au
«Guardian», le philosophe et
sociologue allemand Jürgen
Habermas juge l’accord
signé lundi entre la Grèce et ses
créanciers «toxique», et se montre très
critique vis-à-vis du gouvernement
d’Angela Merkel.
L’accord conclu lundi entre la Grèce
et ses créanciers est «toxique». Dans
un entretien au Guardian publié
jeudi, le philosophe et sociologue
allemand Jürgen Habermas, qui
commente peu l’actualité politique,
s’attaque pêle-mêle à la gestion de
la crise grecque et au gouvernement
allemand. Selon lui, l’accord signé
lundi, qui prévoit un nouveau plan
d’aide pour la Grèce en échange
de mesures d’austérité rejetées
par le référendum du 5 juillet est
«destructeur».
Cet accord «contredit ouvertement
les principes démocratiques
de l’Union européenne» et n’a
pas de sens d’un point de vue
économique, juge le penseur, figure
du mouvement étudiant allemand
de la fin des années 1960. Il y voit
un «mélange toxique entre des
réformes structurelles nécessaires
et des mesures néolibérales qui
décourageront complètement un
peuple grec déjà épuisé, et tuera
dans l’œuf tout élan de croissance.»
«Forcer le gouvernement grec à
donner son accord à un fonds de
privatisation, économiquement
discutable et éminemment
symbolique, ne peut être compris
que sous l’angle d’un châtiment
décrété contre un gouvernement de
gauche», analyse le philosophe, qui
réclame une restructuration de la
dette grecque.
monétaire en union politique
Jürgen Habermas, qui avait déjà
désavoué la politique d’Angela
Merkel par le passé, se montre
également très critique vis-à-vis
du gouvernement allemand, qui a
«dilapidé en l’espace d’une nuit tout
le capital politique qu’une Allemagne
meilleure avait accumulé depuis
un demi-siècle». Les précédents
gouvernements allemands, note-t-il,
avaient démontré «une plus grande
sensibilité politique».
Interrogé par le quotidien
britannique sur la nature de
la crise en Europe, le penseur
allemand met en cause les
politiques néolibérales de
dérégulation et de mauvais choix
politiques. Il accuse les dirigeants
européens, d’être incapables d’agir
dans l’intérêt d’une communauté
européenne car «trop occupés
par leur électorat national», ainsi
que les institutions de l’Union
européenne, trop technocratiques.
«Les décisions essentielles sont
prises par le Conseil européen, la
commission et la BCE - en d’autres
termes, les institutions qui
manquent soit de légitimité pour
prendre de telle décision, soit de
base démocratique», déplore-t-il.
Sur les remèdes à apporter à ce «piège
politique» dans lequel se trouve
l’Europe, Jürgen Habermas réclame
un changement radical de direction
politique. Selon lui, le «déficit de
démocratie et à l’augmentation
des inégalités sociales» ne peut se
résoudre qu’en transformant «l’union
monétaire en union politique», pour
aboutir à une Europe mieux intégrée,
sans sacrifier, comme c’est le cas
actuellement, l’Etat-providence.
Le philosophe et sociologue allemand Jürgen Habermas. / Photo: liberation.fr
MARDI 21 JUILLET 2015 N0
43 | 13
« Dis ! Tu n’as pas remarqué le dernier copain de la fille de
madame Bertrand »? C’est la question de Marie à sa chère
cocote Rita.
De ma chambre, je peux écouter quotidiennement les longs
discours de ces deux médisantes. Personne du voisinage
n’est à l’abri de leurs coups de langue. Elles partagent la
même galerie et n’ont pas d’horaire pour « bouillir leur zen
». Elles sont des chômeuses.
Toutefois les deux commères ont un très bon emploi : dire
du mal des gens. Rita et Marie sont vraiment deux grandes
complices. Elles vont au marché ensemble, se coiffent l’une
l’autre, fréquentent les mêmes endroits, partagent leurs
repas… Elles sont souvent à couteaux tirés avec leurs voi-
sins et sont généreuses en propos grivois.
Marie vit toute seule dans une pièce de maison. Elle est
la mère d’une petite fille dont le père a la garde. Rita vit
avec son petit garçon, dont le père s’en fout et fréquente
un homme frôlant la cinquantaine qui, souvent, la gratifie
d’une nuit d’amour.
Depuis deux mois, les conversations des deux commères
tournent fréquemment autour de l’amant de Rita. D’après
cette dernière, son compagnon la néglige physiquement, ne
dépense plus comme auparavant. Elle le soupçonne d’avoir
une femme pas trop loin dans le voisinage. Marie en tant
que fidèle amie la conseille : « Tu peux trouver mieux, ma
chérie. Révoque-le. Les garçons ont des yeux secs comme
le Sahara. Un de perdu, dix de retrouvés, cocote ».
Les semaines s’épuisaient et Rita n’avait pas encore trouvé
une solution adéquate pour son amant et ne cessait de se
plaindre auprès de son amie. Un matin, la voix stridente de
Rita a déchiré le calme du voisinage : « Sale dévergondée,
tu aurais pu m’empoisonner volontiers. Mais tu vas me le
payer traitresse ».
Ces propos étaient adressés à Marie qui a attiré malicieuse-
ment l’amant de son amie dans ses bras et dans son lit
comme le sirop attire les fourmis. En guise de réponse,
la voleuse d’homme a rétorqué : « Je n’ai pas peur de toi,
ma chère. S’il t’a abandonnée c’est parce que je suis plus
sucrée que toi ». Elle a ajouté en tuypant : « M pran l, m
pranl net. Et si c’était à refaire je n’aurais pas hésité une
seule seconde ».
Du portail de ma maison, je riais du comique de la situation.
Je me disais que les oreilles du voisinage prendront un peu
de repos puisque ces médisantes ne se mettront plus à deux
pour dire du mal des autres.
La voleusepar Nancy Constant
L
a Confédération des travail-
leurs haïtiens (CTH) a réuni
les 18 et 19 juillet 2015, à
Pétion-ville une soixantaine de
dirigeants et dirigeantes des fédéra-
tions et syndicats nationaux affiliés, et
ceux de ses deux commissions dans
le cadre de son 13e Conseil national.
Cette activité s’est déroulée autour du
thème « Un syndicalisme éclairé pour
un lendemain meilleur ».
Les délégués venus de plusieurs
régions du pays, ont dans leur
majorité, approuvé le rapport poli-
tique et administratif présentant
la gestion pour les dix-huit der-
niers mois, du Bureau exécutif
de la CTH, présidé par Monsieur
Jacques Belzin.
Durant ces deux journées, les
membres de la CTH, qui se sont
réunis en ateliers dans leur fief
à l’Institut national de forma-
tion sociale (INAFOS) à Frères,
ont adopté plusieurs résolutions
recommandant entre autres, la
consolidation du mouvement des
travailleurs en Haïti avec une
insistance sur l’identification
des biens meubles et immeubles
dont certains sont encore déte-
nus par des anciens dirigeants de
l’organisation.
Les discussions ont été ponctuées
par les interventions de deux coo-
pérantes belges en l’occurrence
Madame Annick De Ruyver,
envoyée spéciale de la Confédéra-
tion des Syndicats Chrétiens (CSC)
et responsable du Département
international pour l’Amérique
latine et Haïti, et Madame Kattia
Paredes Moreno, représentante de
la Confédération des Syndicats
des Amériques (CSA) affiliées à la
Confédération Syndicale interna-
tionale (CSI).
Dans leurs interventions respec-
tives, les deux étrangères ont mis
l’emphase sur la représentativité
syndicale en Haïti prise à son
compte par la CTH aux dires de
ses dirigeants. La transparence
financière au niveau du fonc-
tionnement, est l’un des critères
qui mesure la représentativité
syndicale, qui de l’avis de ces
coopérantes, pose un problème
de communication en raison des
données informatique qui ne sont
pas disponibles.
En ce sens, ont-elles prescrit, la
CTH doit faire des choix straté-
giques pour pouvoir assurer le
leadership du mouvement syndi-
cal en Haïti et atteindre les objec-
tifs fixés.
Madame Annick De Ruyver a
exprimé sa satisfaction du travail
réalisé par le bureau exécutif de la
CTH dans le cadre du programme
de coopération axé sur divers
plans notamment la formation
syndicale, la cotisation, la résolu-
tion des conflits, la négociation
collective, le respect des droits.
La représentante de la CSC au
13e Conseil national de la CTH,
s’est également, réjouie des efforts
déployés par le bureau, qui suite
à une décision de justice, a repris
le contrôle de l’INAFOS, ce qui
va permettre à l’organisation syn-
dicale, d’autofinancer son dével-
oppement, a-t-elle fait remarquer.
Plaidant par ailleurs, en faveur
de la consolidation des acquis de
la CTH, la syndicaliste a fait une
comparaison entre la Belgique qui
compte 1.500 million d’affiliés
représentant environ 70% de la
classe travailleuse et Haïti qui n’a
que 2%. « La Confédération des
travailleurs haïtiens doit respecter
la réglementation pour que les
fonds alloués puissent faire avanc-
er la cause des travailleurs et tra-
vailleuses », a souhaité Madame
Annick De Ruyver.
Pour sa part, le président de la
CTH Jacques Belzin, préconise la
structuration du mouvement syn-
dical haïtien, qui selon lui, doit
œuvrer au bien-être des travail-
leurs. Ce 13e Conseil national, un
rendez-vous annuel de la CTH, a
permis aux différents délégués de
fixer leur position sur la conjonc-
ture incluant et sur la situation
des haïtiens contraints de quitter
la République Dominicaine.
Plusieurs commissions dont une
chargée de la récupération des
biens de la CTH, ont été formées,
au cours de ce Conseil qui a
également débattu la question de
la refonte du code du travail.
Les délégués de la CTH sont
unanimes à reconnaître les
difficultés des travailleurs face
au chômage, à la cherté de la
vie et à la dépréciation de la
monnaie nationale par rapport au
dollar américain, et pressent les
autorités d’agir afin d’apporter
des solutions appropriées aux
problèmes récurrents.
Jacques Belzin, René Prévil
Joseph, Marie Louise Lebrun
Louimarre, Ricot Palès Dolcé,
étaient parmi les membres du
bureau exécutif de la CTH,
présents à ce 13e Conseil natio-
nal.
Structurer le mouvement
syndical haïtien
par André Marc ODIGE
14 | N0
43 MARDI 21 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
L
amissiondel’égliseMéthodiste
d’Haïti comporte aujourd’hui
plus de 160 églises à travers
tout le pays. Elles sont regrou-
pées en 11 circuits. Un réseau de 120
écolessecondairesoffreuneformation
de qualité aux enfants. Cette mission
a également contribué à l’avancement
et la pratique de la langue créole. «
C’est l’un de nos missionnaires, le
pasteur Ormond Marc-Onel, fai-
sant appel à un expert, le docteur
Franck Lubac, qui a doté le créole
haïtien de son premier alphabet,
dans les années 1940 », raconte
d’un air fier et enthousiaste le
révérend pasteur Marco Depestre.
L’une des principales missions
de l’église Méthodiste, a pour-
suivi le révérend pasteur Marco
Despestre, consiste à travailler au
développement communautaire
en Haïti. Des techniciens dissémi-
nés un peu partout dans le pays
accompagnent la population dans
les domaines de l’agriculture et
de l’élevage. Aussi cette structure
dispose-t-elle de centres de santé
dans presque toutes les régions
du pays.
Même si l’église Méthodiste, tra-
ditionnellement, ne se vante pas
de ses réalisations, le pasteur
Depestre explique que la popula-
tion se montre très reconnaissante
envers la mission. Il estime que le
travail doit continuer. Mais, Cela
ne l’empêche pas à éprouver un
sentiment de grande satisfaction
aujourd’hui.
Néanmoins, a laissé entendre le
pasteur Depestre, la mission con-
tinue dans sa démarche première
: travailler à augmenter le nombre
des communiés.
Aussi veut-elle mettre sur pied
une université méthodiste dans
le pays dont la mission consistera
à former particulièrement leurs
pasteurs.
Une marche pour marquer les
deux cents ans
A l’occasion du bicentenaire de
cette structure religieuse dans
le pays, une marche a rassemblé
tous les fidèles de cette Eglise.
Le départ est donné à la rue de
l’enterrement, près du nouveau
collège Bird, à 8 heures du matin.
Des centaines d’adeptes du prot-
estantisme sont déjà là, vêtus de
blanc, prêts pour entamer cette
marche qui doit aboutir au champ
de mars. Là, ils organiseront un
service d’action de grâce. Ils sont
venus des différentes églises
méthodistes de la région métro-
politaine. Certains viennent de
la commune de la Croix-des-Bou-
quets.
Mais, d’un seul corps, tous, ils
marchent au ton de la musique
des fanfares. Et, à la queue de
cette longue troupe, un DJ joue
des musiques évangéliques que
la foule reprend avec allégresse.
Tout au cours de la route, ils lan-
cent des messages de paix, des
invitations. Ils évangélisent.
L’église Méthodiste d’Haïti :
une histoire
« Les démarches pour implanter
une église protestante en Haïti
ont démarré depuis l’année 1815,
dans la République de l’Ouest et
du sud dirigée par Alexandre
Pétion », a tenu à informer le
secrétaire général de la mission en
Haïti, le révérend Marco Depestre.
C’est un capitaine anglais, Hancy
Reynolds, qui en a posé les
jalons en écrivant une lettre au
président Pétion lui demandant
l’autorisation d’implanter une
Église protestante dans le pays.
« C’est justement cette date que
nous commémorons aujourd’hui,
car c’est en date du 18 juillet
1815 que Pétion a donné
l’autorisation à M. Reynolds, par
une correspondance, de distribuer
les saintes écritures et de partager
sa foi dans le pays », a martelé le
pasteur. « Mais, le président Pétion
lui a tout aussi bien confié la tâche
de travailler dans l’éducation des
enfants d’Haïti », a fait savoir le
révérend Marco Depestre.
Les premiers missionnaires
protestants, exclusivement des
méthodistes, ont ainsi débarqué
à Port-au-Prince le 7 février 1817
avec pour objectifs d’évangéliser
et de contribuer dans la formation
des Haïtiens. Depuis, l’église
Méthodiste d’Haïti a beaucoup
grandi, malgré les difficultés
rencontrées quotidiennement
dans le pays. Monsieur Depestre
a tenu à préciser que cette Église
a subi, à un certain moment,
beaucoup de persécutions
politiques. « Grandes ont été les
difficultés rencontrées pendant
notre existence en Haïti.
Le premier bâtiment qui abritait
notre Église a été incendié par des
opposants au mouvement », nous
confie-t-il. Mais cela n’a pas pu
stopper la course.
Les festivités devant marquer la
commémoration du bicentenaire
de l’église Méthodiste d’Haïti ont
été lancées depuis janvier 2014,
dans le circuit du Cap-Haïtien.
Au champ de mars, le dimanche
19 juillet 2015, les membres de
cette mission n’ont pas manqué
de remercier Dieu pour leur avoir
prêté mains fortes dans leurs
actions visant le développement
du pays. Ils se disent déterminés
à agir et à croire en leur devise:
« l’amour du christ nous
possède ».
Les deux cents ans de l'église
Méthodiste en HaïtiPar Ritzamarum ZETRENNE
L’année 2017 marquera les deux cents ans de l’église Méthodiste dans le pays. Depuis, les responsables de cette
Eglise ont posé de multiples actions favorisant le développement et l’épanouissement du peuple haïtien, tant sur
le plan religieux que social.
....../ Photo:
MARDI 21 JUILLET 2015 N0
43 | 15
SOCIÉTÉ
Nos universités : combien de
places pour les bacheliers ?par Stéphanie Balmir
O
nze entités composent
l’université d’État d’Haïti.
Un nombre qui ne signifie
pas que les jeunes Haïtiens
aient forcément accès à l’université.
Environ deux mille réussiront à deve-
nir étudiants et à faire choix d’une
discipline quelconque au sein de
l’une des facultés. Deux mille. Quan-
tité insignifiante pour les jeunes qui,
chaque année, sont environ entre 50
et 70 mille à boucler leurs études clas-
siques.
Rick* est un étudiant de la fac-
ulté de linguistique appliquée.
Quoiqu’il ait achevé les cours et
préparé son travail de sortie, il croit
que l’université en Haïti demeure
un véritable casse-tête. Le nombre
d’étudiants que l’université reçoit
tous les ans est dérisoire compte
tenu de la quantité innombrable
qui désire y entrer. « La capacité
d’accueil est peu significative. Il
faudrait repenser la politique de
l’enseignement supérieur en Haïti.
Il faudrait rendre plus accessible
l’entrée à l’université si l’on veut
que cette jeunesse joue pleine-
ment son rôle de garant de l’avenir
de la nation », c’est du moins ce
que suggère Rick.
Lovely* est étudiante dans une
université privée en Haïti. Elle
pense que l’université chez nous
fonctionne dans un véritable dés-
ordre. Car, la capacité d’accueil est
en dessous de la moyenne. Il n’y a
pas assez d’universités pour tout
le monde. « À Port-au-Prince, nous
sommes déjà trop. Ne parlons pas
de ceux qui viennent des villes de
province et qui doivent tous les
ans grossir ce nombre ! », dit-elle.
D’ailleurs, elle fait partie de ceux
qui n’ont pas réussi à franchir le
seuil de la faculté de médecine. «
C’est pourquoi j’ai fait le choix de
l’université que je fréquente en ce
moment. Je ne pouvais rester sans
rien faire, » a-t-elle fait savoir.
La politique d’accueil de
l’université reste le centre des
débats. Jacques* qui a déjà
échoué aux examens d’entrée de
deux facultés de l’UEH argue que
l’État n’a pas de projet spécifique
pour tous ces jeunes qui bouclent
le cycle secondaire. « Il n’y a pas
de politique pour permettre à ces
jeunes de continuer leurs études.
Ils s’arrêtent à la philo parce que
chaque année, l’université reçoit
la même quantité d’étudiants.
Or, la plupart des parents haïtiens
dépourvus de moyens, croient que
l’université d’État est la seule
option pour leur progéniture. Sauf
que cet espoir n’est pas toujours
matérialisé. Parce qu’il n’est pas
évident que ces élèves passent les
concours avec succès. Lina*, une
femme de quarante ans, a un fils
unique. Elle avoue commencer à
faire des économies pour financ-
er les études supérieures de son
garçon. Tout simplement, elle sait
déjà que son fils a plus de chance
d’échouer que de réussir à inté-
grer l’une des entités de l’UEH. «
Menm si m se malerèz, m pa ka
kite l chita », dit-elle avec une
pointe de tristesse dans la voix.
Pour le professeur Lune Roc Pierre
Louis, professeur à l’UEH, Le pro-
blème d’accueil à l’université n’est
qu’un aspect d’une situation plus
complexe. « Le grand problème de
l’UEH est le manque de vision de
ses dirigeants notamment le Con-
seil exécutif. Depuis l’année1986,
mais surtout depuis 12 ans, ce
Conseil prend l’université en
otage. Il l’utilise à des fins privé-
es, au gré de ses intérêts. Or, il
devrait agir pour que l’université
parvienne à desservir la popula-
tion estudiantine. ». La CNRU (Cel-
lule de Réflexion pour la Nouvelle
UEH) milite depuis deux ans pour
que l’université réponde valable-
ment aux exigences des jeunes.
Ceux-ci pensent qu’il faut une
politique d’intégration au niveau
de l’université. La solution pour
Jacques serait que l’État change
de politique. Pour permettre à
plus d’étudiants d’intégrer les
facultés de leur choix. Quant
à Rick, sa solution passe par la
structure même. Il faut tout sim-
plement que certains professeurs
pensent à prendre leur retraite,
que l’université soit mieux struc-
turée, ait du matériel didactique
pour performer les savoirs parce
que la qualité de la formation doit
être une priorité.
Le problème de l’université est
complexe. Il faut chercher leurs
véritables causes pour y trouver
les solutions adéquates. Solutions
qui, pour la CRNU, passent par la
mise en application de l’avant-pro-
jet de loi portant sur l’organisation
et le fonctionnement de
l’université d’État d’Haïti, adopté
en session ordinaire du Conseil
de l’université (CU) les premier et
deux novembre de l’année 2014.
De cette application découlerait
donc des solutions efficaces.
Sauf qu’en septembre 2015, la
majorité de nos 76 191 bacheliers
sera obligée de rester chez elle et
d’appliquer la politique du béton.
*Nom d’emprunt.
Le cycle universitaire demeure problématique en Haïti. Plus de la moitié des bacheliers qui terminent leurs
études classiques ont du mal à intégrer l’université d’État. Tous les ans, les rêves de jeunes femmes et jeunes
hommes du pays se volatilisent. « Pas assez de places à l’université d’État pour les accueillir tous » alors que ces
jeunes n’ont aucun support économique pour payer leurs études dans les universités privées.
La politique d’accueil de l’université reste le centre des débats.
A
ux États-Unis, se marier
après 30 ans ne garantit pas
de rester ensemble toute
sa vie. C’est du moins ce
qu’affirme une récente étude réali-
sée pour l’Institute of Family Studies
par Nicholas Wolfinger, professeur à
l’université d’Utah.
En ce moment
On aurait plutôt tendance à dire
qu’en matière de mariage, il faut
prendre son temps. Mais le socio-
logue Nicholas Wolfinger, qui a
analysé des données du National
Survey of Family Growth (NSFG),
un institut de sondage du gouver-
nement américain, affirme que
ceux qui attendent le plus long-
temps sont les moins susceptibles
de conserver leur bague au doigt.
Pas de panique, cela ne veut pas
dire que se marier à l’adolescence
diminue les risques de divorcer.
D’après l’universitaire, « quelqu’un
qui se marie à 25 ans a 50 %
chances de moins de divorcer que
quelqu’un qui se marie à 20 ans
». Qu’en est-il alors de ceux qui
se marient après leurs 30 ans ?
Dans les années 1990, toujours
selon des données du NSFG, le
taux de divorce diminuait dès
que l’on dépassait la vingtaine.
Aujourd’hui, la courbe s’est inver-
sée. À partir de 32 ans, « les ris-
ques de divorcer augmentent de 5
% par an ». En clair, les mariages
les plus stables sont ceux qui ont
eu lieu quand les mariés avaient
entre 25 et 32 ans.
Des alternatives au mariage
plus attractives ?
À partir de 32 ans, les risques
de divorcer augmentent de 5
% par an
Comment expliquer ce change-
ment ? Par aucune des variables
que sont le sexe, l’éducation, la
religion, la stabilité de la famille
d’origine ou l’historique sexuel
des personnes concernées. « Pour
presque tout le monde, la fin de
la vingtaine apparaît comme le
meilleur moment pour s’engager
», affirme le professeur. Il émet
une hypothèse, celle de l’« effet
de sélection ». « Les personnes
qui attendent la trentaine pour se
marier sont peut-être celles qui ne
sont pas prédisposées à vivre un
mariage heureux. (…) Il se peut
que les personnes qui se marient
plus tard soient confrontées à un
panel de partenaires potentiels
duquel ont été retirés les indivi-
dus les plus prédisposés au mar-
iage. »
Autre explication possible ? Les
nouveaux modes de vie. « Il est
possible que certaines des alter-
natives modernes au mariage
parviennent à exclure certaines
personnes gens hors du panel des
mariés potentiels.
Ceux qui sont dans la trentaine
et qui auraient pu faire de bons
époux se sentent très bien dans
leur célibat ou avec leur parte-
naire sans être mariés. » Sans
jamais vraiment tirer de conclu-
sion définitive. Questionné par
Jordan Weissman de Slate, le
sociologue admet qu’il n’a pas de
« véritable explication. Ce dont je
suis sûr, c’est que le changement
est là ».
En plus de l’âge, d’autres facteurs
peuvent apparemment avoir
une influence sur la longévité
d’un mariage. Un chercheur de
l’université de Pennsylvanie a
ainsi déterminé d’autres critères
ayant un impact, comme le temps
vécu ensemble avant la demande
en mariage, les revenus du foyer
et... la somme dépensée par le
couple pour la cérémonie !
16 | N0
43 MARDI 21 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
À quel âge ont lieu les mariages qui durent
le plus longtemps ?
Par Paméla Rougerie / lefigaro.fr
À quel âge ont lieu les mariages qui durent le plus longtemps ?
MARDI 21 JUILLET 2015 N0
43 | 17
CULTURE
Romain Gary dans « La vie devant soi »
Par Magdalee Brunache
P
rix Goncourt 1975, « La vie
devant soi » est, sans contes-
te, l’un desplus beaux romans
de Romain Gary. Je n’arrive
pas à compter combien de fois, je l’ai
lu et relu. Et, à chaque lecture, je
ne peux m’empêcher d’avoir des
larmes aux yeux. Il y a des romans
qui font cet effet là et des person-
nages qu’on garde en mémoire
toute sa vie.
Comme c’est le cas avec le petit
Mohammed, héros du roman.
Je ne saurais oublier l’amour de
Momo (Mohammed) pour la vieille
madame Rosa. Un amour unique
qui va bien au-delà de ce que les
mots infantiles de Momo parvien-
nent à exprimer. Ce petit garçon
arabe est doté d’une extrême
sensibilité et d’une grande intel-
ligence. Ila grandi dans un clandé,
sorte de pension pour les enfants
de prostituées, dirigé par Madame
Rosa. Ignorant ses origines, Momo
n’a aumonde que la vieille dame
qu’il voit se détériorer de jour en
jour...
Se laissant rarement aller aux
pleurs, cet enfant arrive à dis-
simuler ses souffrances, sa soli-
tude, sa fragilité sous un masque
de fierté et de bravoure. Il reporte
sur la vieille dame le trop plein
d’amour de son cœur d’enfant en
mal de tendresse. De toutes ses
forces, il va tenter de défendre
Madame Rosa de « tout ce qu’on
ne pardonne pas » dans la vie.
Autour d’elle, va se tisser une
chaîne de gens bons et généreux
dont l’aide lui sera inestimable.
Dans le milieu où s’est déroulée son
enfance, il a fait l’apprentissage
de nombreux modes de vie. Il a
côtoyé l’univers de la drogue (dont
il a pu néanmoins se préserver),
celui des prostituées et de leurs
proxénètes. Il en sait plus sur
la vie que pas mal de gens plus
âgés et c’est ce qui, souvent, le
surprend. Une compréhension des
choses que les aléas de l’existence
se sont chargés d’affûter.
Néanmoins, sous divers aspects,
il demeure un gamin attachant.
Un enfant avec le besoin de faire
partie d’une famille, de connaître
le bonheur (même s’il feint de s’en
ficher).Car, qu’il soit arabe et fils
de prostituée ne suffisent pas pour
lui refuser sa part de ciel bleu.
Bibliothèque Roger Dorsainville, une bibliothèque
adaptée aux non-voyants
Par Schultz Laurent Junior
D
’une capacité de plus de
5000 ouvrages, la biblio-
thèque Roger Dorsainville
située à la rue Ricourt à
Delmas 31 est coiffée par la Société
haïtienne d’aide aux aveugles. Quatre
employés dont un aveugle Éliphète
Myrtille dirigent cette institution
culturelle qui porte le nom de Roger
Dorsainville, en mémoire de ce grand
écrivain haïtien, l’auteur du roman
: « Les gens de Dakar ». Les murs
de la bibliothèque sont lambrissés de
photos de Louis Braille, Helene Keller,
Maurice Sixto entre autres qui ont
été frappés de cécité. Dans ce lieu
sympathique qui priorise la culture
et favorise l’échange, les amants du
livre peuvent trouver le Cd en trois
volumes de « Le vent de liberté » de
Jacques Roche, « Chaophonies » de
Franckétienne, « L’aveugle aux mille
destins » de Joe Jack.
L’on y trouve des livres de phi-
losophie pour permettre aux
lecteurs de réfléchir et compren-
dre le monde qui les entoure. Des
ouvrages de sciences sociales
englobant la politique, l’éducation,
l’économie pour mieux vivre dans
la société. Des ouvrages relatifs
aux sciences exactes pour observ-
er la nature, les plantes, les ani-
maux. Sans oublier des œuvres
qui tournent autour des sujets
ayant rapport aux sciences appli-
quées et à la religion.
Ce n’est pas tout : car il y’a par-
tout sur les murs des affiches sur
lesquelles on peut lire des conseils
susceptibles de permettre aux
aveugles de vivre mieux dans la
société. Des conférences débats,
des animations socioculturelles,
des ateliers d’écriture sont organ-
isés périodiquement.
Des cours d’apprentissage et
d’alphabétisation braille. Le prix
Kéthia Althenani Sorel est décerné
chaque année pour récompenser
les aveugles ayant réussi aux exa-
mens d’État.
Selon Philogène Isaac : « la bib-
liothèque Roger Dorsainville est
créée pour permettre aux per-
sonnes souffrant de déficience
visuelle d’avoir accès à la culture.
Nous mettons à la disposition des
malvoyants notamment tout ce
dont ils ont besoin afin qu’ils trou-
vent leur place dans la société.
Leur handicap ne peut pas les
empêcher à intégrer les différentes
sphères de la vie nationale. Cette
bibliothèque vise à contribuer à
faire du droit à la lecture pour
tous une réalité. C’est une porte
ouverte sur l’accessibilité uni-
verselle. En plus des déficients
visuels, elle est visitée quotidi-
ennement par des voyants (étudi-
ants enfants et étrangers) a fait
savoir Philogène Isaac.
À la question de savoir comment
les malvoyants arrivent à pénétrer
dans l’univers du livre, M Isaac
nous fait remarquer que les mal-
voyants peuvent lire de plusieurs
façons. Ils lisent avec les mains, du
bout des doigts à travers l’écriture
braille inventée par Louis braille
; et il y a aussi des livres qui sont
sur bande sonore.
Subventionnée par la Fokal et
ayant des partenariats avec le
Centre culturel « Pyepoudre », le
Conseil caribéen des aveugles et
l’Union mondiale des aveugles, la
bibliothèque Roger Dorsainville
comme on l’a déjà souligné est
coiffée par la Société haïtienne des
aveugles. Elle veut accompagner
la population handicapée visuelle
évoluant tant à Port- au- Prince
que dans les villes de province.
Elle agit en faveur de l’intégration
massive des malvoyants estimés
à plus 100 000 dans la sphère
culturelle. Elle veut favoriser leur
intégration dans la vie intellectu-
elle en mettant à leur disposition
des livres sonores ou écrits, en
français ou en créole, issus du pat-
rimoine littéraire haïtien.
La bibliothèque Roger Dorsainville est un espace de consultation adapté aux voyants et aux handicapés visuels.
Première bibliothèque sonore de Port-au-Prince, elle accompagne, depuis sa création les malvoyants sur le
chemin du développement humain et favorise leur inclusion sociale.
La bibliothèque Roger Dorsainville est un espace de consultation adapté aux
voyants et aux handicapés visuels.
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  • 2. 2 | N0 43 MARDI 21 JUILLET 2015 TRIBUNE L ’être humain est avant tout un animal social et la communication entre les membres des communautés humaines, quelle que soit leur taille, de la cellule familiale à la nation, est possiblement le facteur le plus déterminant de leur cohésion et de leur survie. Aussi pour des raisons multiplesetvariées,lacommunication joue-t-elle un rôle-clé dans la sécurité d’un pays. D’abord, elle est comme nous l’avons indiqué, facteur de cohé- sion sociale et nationale, mais également entre la nation et l’État. Reconnaissant cette impor- tance, quoique de façon négative, Napoléon écrivait: « Je crains dix journaux plus que cent mille baïonnettes ». Que ne dirait-il à l’heure de la radio, de la télévision et de l’internet ! La transmission du savoir, des idées, des valeurs, des mots d’ordre, des alertes, des mises en garde et même des ordres, tout cela passe par une politique de communication conduite par l’État, mais conçue et réalisée conjointement avec la société poli- tique et la société civile. Une telle politique est indispensable dans le moment que vit notre pays et que tous s’accordent à reconnaître critique, notamment pour diminuer la polarisation grandissante de la société haïtienne, secouer la léthargie, voire le sentiment de désespoir qui s’installe dans des strates importantes de notre population et qui obère notre capacité à relever les nombreux défis auxquels nous sommes collectivement confrontés. Pour faire face aux nombreuses menaces identifiées dans le présent rapport, il faudra que la nation toute entière soit convaincue des dangers qui menacent sa survie et s’approprie les contre-mesures proposées après en avoir été bien informée et les avoir librement débattues. La communication fait partie intégrante du « pouvoir intelligent » qui doit combiner de façon équilibrée, l’incitation, la coercition et la persuasion. Elle se distingue de la propagande au sens vulgaire du terme, qui vise à endoctriner, vassaliser et parfois à terroriser dans un but partisan. L’éducation formelle et informelle Peu de gens en Haïti contestent le fait que l’éducation nationale dans notre pays a été sérieusement déficiente et qu’elle a négligé particulièrement la majorité paysanne et aujourd’hui ses descendants de plus en plus urbanisés mais toujours aussi exclus. Rattraper ce retard est un impératif, mais un tel défi ne saurait être relevé en faisant appel exclusif à l’éducation formelle, dispensée dans des établissements scolaires d’ailleurs presque totalement contrôlés par le secteur privé et souvent gérés comme des commerces ordinaires. Heureusement, les progrès technologiques réalisés dans le domaine de la communication de masse, ont augmenté la puissance et la portée des moyens de transmission de l’information, tout en en diminuant les coûts et les difficultés d’utilisation. Ces nouveaux moyens devraient être harnachés pour pallier les faiblesses du secteur formel d’éducation. Ils pourraient même compenser les déficiences en qualité et en quantité du corps enseignant national, servir à l’éducation civique, alerter l’opinion sur les nouvelles menaces, transmettre des savoirs techniques nouveaux, combattre les comportements délictueux ou tout simplement néfastes etc... La défense de la culture, de la langue et de la cohésion nationales C’est par la communication que ces trois piliers de la sécurité d’un pays peuvent être soit renforcés, soit au contraire, sapés. Une politique de communication bien conçue doit réunir les médias publics et privés dans une défense commune de ce qui peut renforcer le ciment qui nous lie et nous permet de faire face aux menaces auxquelles nous sommes collectivement confrontés et qui mettent en péril notre survie même comme nation. La défense et la promotion du créole devraient en constituer un des axes principaux. Cette langue n’est pas une relique folklorique, un jargon à l’usage exclusif des marginalisés, mais un outil primordial de notre identité, d’un indispensable dialogue national et donc de notre souveraineté et de notre sécurité. De nombreux pays légifèrent sur le contenu linguistique des programmes diffusés sur les ondes nationales et sur une proportion raisonnable entre les productions importées et les productions locales. Au nom de quel libéralisme débridé devrions-nous tolérer ou même promouvoir l’invasion des cerveaux de notre jeunesse par des valeurs culturelles de civilisations si différentes de la nôtre ? Nous courrons ainsi le risque de renforcer le travail d’aliénation déjà si patent au sein de notre système d’éducation formelle, et même d’élever en notre sein même de véritables agents ennemis. La liberté de la presse et le droit à l’information La liberté d’expression et son corollaire institutionnel, la liberté de la presse sont des conquêtes remportées de haute lutte par l’ensemble du peuple haïtien. L’une et l’autre sont essentielles à un régime démocratique et à une politique de sécurité respectueuse de celui-ci. Il reste cependant que ces libertés sont de puissants outils qui sont autant capables de cicatriser que de blesser et qu’elles doivent toujours respecter l’intérêt collectif et rester à son service. Tout en applaudissant à la conquête de ces libertés fondamentales, la Commission doit relever qu’elles n’ont pas toujours été exercées avec le sens de responsabilité qui est la contrepartie nécessaire du pouvoir qu’elles confèrent. Dans une réaction typique de ceux qui avaient été trop longtemps affamés de ces droits, nous avons tous eu tendance à nous en gaver. Est-il normal que le « quatrième pouvoir » qui fait une promotion si active des vertus de l’équilibre exige en même temps qu’il jouisse d’une liberté totale ? La moindre évocation d’une règlementation de la presse déclenche une levée de boucliers contre « le retour de la dictature ». Les critiques les plus pondérées sont assimilées à des attaques liberticides. Or, si la contribution décisive de la presse, radiopho- nique en particulier, au combat pour la démocratie est indéniable, on ne peut cacher non plus le constat de dérives parfois graves. Une radio, une station de télévision par ondes ont-elles le droit d’offrir leur micro et la puissance de leurs émetteurs à des individus proférant des propos attentatoires à l’ordre public, voire carrément séditieux ? Un présentateur de nouvelles, donc supposément de faits vérifiables et confirmés, peut-il prêter sa voix à des publicités commerciales ? Est-il admissible que des messages concernant des sujets vitaux, comme la santé, soient diffusés dans une langue que la majorité des auditeurs ne maîtrise pas et de surcroît dans un charabia pseudo-scientifique ? Par ailleurs, il est évident que la compétence et le sens de responsabilité des travailleurs de la presse sont très inégaux et libres de tout contrôle ou certification. Si le journalisme est une profession, par quel diplôme reconnu est-il sanctionné ? Dans ce domaine autant qu’en médecine ou en génie civil, l’existence de charlatans représente un grave danger pour les citoyens et la collectivité. Comment peut-on reconnaître à l’État le droit de certifier, de sanctionner et même de « décertifier » un simple chauffeur de véhicule utilisant la voie publique et pas un chauffeur utilisant les ondes publiques ? L’octroi des licences d’exploitation des stations de radio et de télévision ne saurait se résumer, comme cela semble le cas, à de simples critères financiers et techniques. Des devoirs envers la communauté, le respect de l’intérêt public devraient accompagner le pouvoir accordé à la presse, ainsi que des sanctions proportionnelles à la gravité des infractions et à la récidive. La liberté d’expression et celle de la presse ont leurs contreparties qui sont : le droit à une information vérifiée, le droit à la sécurité et à la paix. La Commission reconnaît les efforts de diverses associations de journalistes et de propriétaires de médias, pour l’élaboration de codes de déontologie et même de propositions pour une éventuelle loi sur la presse. Cependant, elle pense que cette démarche de la corporation devrait être complétée par celle du public qui est le consommateur final d’information. Aussi plaide-t-elle pour la création d’un Observatoire national de la Presse ou une Haute Autorité de l’Audio-visuel qui veillerait à l’intérêt public en la matière. Malgré des moyens techniques réputés très performants, le CONATEL ne remplit pas ce rôle, de toute évidence. Pour finir, de nombreuses sociétés s’insurgent contre le monopole de l’État sur la presse mais également contre sa concentration entre quelques mains puissantes; l’État et la société haïtienne auraient tort d’ignorer ce problème en notre pays. « Chat échaudé craint l’eau froide » dit la sagesse populaire, mais si cette crainte confine à la paranoïa, le chat meurt de soif. Notre méfiance légitime face à la censure ne doit pas nous faire oublier qu’au nom de la sécurité de tous, l’État à le devoir et donc le droit de contrôler l’exercice de la liberté d’expression et de la presse. Une loi sur la presse, respectueuse de la démocratie, doit faire partie de l’agenda législatif de l’Exécutif et du Parlement. La Commission ne le répètera jamais assez: « faute de lois tout État, tout pouvoir n’a de choix qu’entre le laissez-faire et l’arbitraire ». Communication et sécuritépar Patrick Élie
  • 3. MARDI 21 JUILLET 2015 N0 43 | 3 ACTUALITÉ La haine des intellectuels Undangerhantelecollectifhaïtien.Cedanger,quimalheureusements’installede plusenplusdanslesconsciences,prendvisagedansdespratiquesetdesdiscours populistes,obscurantistesetplats. Ce danger procède de cette rhétorique qui dit que les intellectuels n’ont rien fait pour ce pays. Cela reviendrait à dire qu’on n’a nullement besoin de mobiliser de l’intelligence et des compétences spécifiques dans la gestion de la cité. Cela revi- endrait à dire que l’exercice de la démocratie doit s’apparenter à l’exercice de la médiocratie.Enraccourcis,ilfautmettrelabêtiseaupouvoir. Onsaitdequelventfunestecettevisiontiresonsouffle.Onsaitpourquoionalimente cespropos.Cediscoursestceluidecellesetceuxquiveulentprendrelepouvoirpour fairepayeraucorpssocialleurmanqueàgagner,lesétudesqu’ilsn’ontpasfaites, letempsqu’ilsn’ontpasconsacréàleurformation. Ce discours est celui d’arrivistes politiques incultes jusqu’à la moelle. Ils veulent enfoncerdanslagorgedupeupletoutelavaleurquecedernieraccordeàlasco- larisation,auxsavoirs,àcequ’Aristoteauraitappelél’intellection. Malheureusement,lapropagandedecettehordecolonisegraduellementlesimagi- nairesetlesintentionsélectorales. Disonsleschosesenrestantcolletésàlavéritéduréeletdel’histoire,parlonsbien àl’oréedecesélectionsquiarrivent.Cesélectionsquilaissentpenseràmonsieur toutlemondequemadametoutlemondepeutêtredéputé,sénateur,président. Uneéliteintellectuelleforméea-t-elledéjàeulecontrôledupouvoirenHaïti?Un hommed’esprit,unvisionnairea-t-ildéjà étééluàlatêtedel’Étatd’Haïti. L’intellectuel est celui qui peut prendre une distance critique devant les faits du réel,celuiquipeutdoncdanscetteénergiecognitiveintellectualisercesfaitsenles intégrantàsonsystème,enlesconfrontantàunsocledesavoirquiexisteetquia faitsespreuves. Auboutdeceprocessus,l’intellectuelc’estcelui-pourlediredansuneveinesartri- enne-quivaprendreposition,engagersaculturedansunepragmatiquedeprogrès matérieletspiritueldelasociété.L’intellectuelestunserviteur.Sonintelligenceest celledubonheurcollectif. Onn’estdoncpasintellectuelforcémentparcequ’onaluKantetqu’onaentendu parler de Lacan ; on l’est quand en soi-même on porte cette valeur ajoutée qui procèdedelaconnaissancedusystèmedeschosesquiexistent.Onl’estquanden touteéthique,onfaitdesoiunagentdedéveloppement,unevoiepermettantà d’autresdenommerlemonde. Cetypedeleadershipjusqu’àprésent,Haïtinel’apasencoreconnu.Etsinouslais- sonslibrecoursàceuxquivendentl’idéequ’ilfautmaintenantmettreàlatêtede l’Étatdesincompétents,c’estpasdemainquecepaysretrouverasadignitéetles routesdudéveloppement. Dangelo Neard Édito Un million de nouveaux inscrits dans le registre électoral Par Noclès Débréus HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES L e directeur général de l’Office national d’identification (ONI), Jean Baptiste saint-Cyr, a fait le point sur les travaux déjà réalisés par l’organisme qu’il dirige, dans le cadre du processus électoral lors d’une conférence donnée ce lundi 20 juillet 2015. Aussi, en a-t-il profité pour passer en revue les principales missions de l’ONI au regard de sa loi organique ainsi que les nouvelles per- spectives envisagées. L’Office national d’identification (ONI), selon les dispositions de sa loi organique, est l’organe chargé de fournir le document devant identifier tous les citoyens haïtiens à travers la carte d’identification nationale (CIN). Cette carte est un instrument important qui, en plus d’identifier le citoyen, l’habilite à effectuer certaines opérations parmi lesquelles voter aux élections. Dans le cadre du rapport entretenu entre l’ONI et le Conseil électoral provisoire dans la préparation du registre électoral, Jean Baptiste Saint-Cyr a informé que la liste électorale a été fermée depuis le 11 mai dernier tel que mentionné dans le calendrier électoral et selon les vœux du décret électoral. Ce registre électoral contient pas moins de 5 millions 848 mille électeurs, selon les informations communiquées par le directeur général de l’ONI alors que celle des élections de 2010 avoisinait les 4 millions 700 mille électeurs, soit une différence de plus d’un million de nouveaux électeurs. Pour faciliter les gens à retirer leur carte d’identification en cette période électorale, l’ONI avait augmenté ses bureaux, informe-t-il. En plus des 140 bureaux communaux, 209 bureaux ont été placés dans des sections communales, a expliqué Jean Baptiste Saint-Cyr, précisant que, contrairement aux années antérieures, les cartes sont imprimées en Haïti. Avec une machine capable d’imprimer 24 mille cartes par jour, le patron de l’ONI dit travailler activement pour fournir aux citoyens ayant fait la demande avant le 11 mai leur carte avant la tenue des élections. Jean Baptiste Saint-Cyr a aussi fait le point sur l’opération de changement d’adresse. N’importe quel citoyen, dit-il, qui a changé son adresse est tenu de l’informer à l’ONI, à travers un certificat de résidence délivré par le juge de paix de sa juridiction. L’ONI procédera par la suite à la modification de cette adresse dans sa base de données. Une fois modifiée l’adresse, l’ONI attribuera un centre de vote provisoire à ce citoyen en fonction de son nouveau domicile, a expliqué Monsieur Saint- Cyr, informant que l’opération de relocalisation des électeurs relève exclusivement de la compétence du CEP. Hormis l’identification des électeurs, l’ONI n’a pas négligé les autres éléments faisant partie de sa mission. Ainsi, Monsieur Saint-Cyr a annoncé avoir déjà mis en place un système qui lui permettra d’identifier tous les enfants à la naissance en leur attribuant un numéro qui leur servira jusqu’à la mort. « Nous avons déjà préparé des papiers sécurisés qui nous permettront de délivrer des certificats aux enfants à la naissance », a-t-il fait savoir. En vue de faire une expérience pilote dans le cadre de ce projet, Jean baptiste Saint-Cyr dit être déjà en pourparlers avec certains bailleurs de fonds (BID, Banque mondiale, Canada, OEA, Plan International) en vue de mobiliser les moyens nécessaires. Concernant le dossier des rapatriés haïtiens, l’office national d’identification entend s’y pencher rapidement. Après les 22 mille cartes livrées dans le cadre du Programme d’identification et de documentations des Haïtiens vivant en République dominicaine, M. Saint-Cyr a annoncé la mise en place d’une unité d’enregistrement pour les rapatriés vivant dans des camps de fortune pour les munir de leur carte d’identification. En outre, l’ONI vise à étendre ses tentacules dans les différents consulats afin de permettre aux Haïtiens de l’extérieur de pouvoir se doter de cette pièce d’identité. saint-Cyr. / Photo : J. J. Augustin
  • 4. WWW.LENATIONAL.HT 10, RUE GABART · PÉTION-VILLE EMAIL: INFO@LENATIONAL.HT PUBLICITE@LENATIONAL.HT REDACTION@LENATIONAL.HT (509) 4611-1010 / 3214-5554 PROPRIÉTAIRE : LE NATIONAL. SA DIRECTEUR : JEAN GARDY LORCY PUBLICITÉ : SASKIA P.L.MICHEL DIRECTION ARTISTIQUE : FABRICE LAFLEUR RÉDACTEUR EN CHEF : GARY VICTOR RÉDACTEUR EN CHEF ADJ : HENRI ALPHONSE SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : JACQUES DESROSIERS JDESROSIERS@LENATIONAL.HT CONSEILLER À LA RÉDACTION : PIERRE CLITANDRE SECTION ACTUALITÉ : LIONEL EDOUARD SECTION CULTURE : DANGELO NÉARD SECTION ECONOMIE : HENRI ALPHONSE SECTION SPORTS : GERALD BORDES SECTION SOCIÉTÉ : JOE ANTOINE JN-BAPTISTE RÉDACTEURS : NOCLÈS DEBRÉUS, CADET JEAN MICHEL, STÉPHANIE BALMIR, EDDY LAGUERRE, VANTZ BRUTUS, KENSON DÉSIR, MONDÉSIR JEAN BILLY, REYNOLD ARIS, ISABELLE THÉOSMY, WALTER CAMEAU, SCHULTZ LAURENT JUNIOR PHOTOGRAPHES : JEAN JACQUES AUGUSTIN, RUBEN CHÉRY CORRECTEURS : JEAN ERIC FOUCHÉ, FRANTZ CLERGÉ, JACKSON JOSEPH GRAPHISTE : JUNIOR ADME CARICATURISTE : FRANCISCO SILVA DISTRIBUTION : PIERRE PAUL EMMANUEL ADMINISTRATION : RACHELLE COMPÈRE ••••••••••••• IMPRIMÉ EN HAÏTI PAR LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A Bien qu’ils ne soient pas touchés au premier chef, ces dirigeants se heurtent, cependant, aux dispositions de l’article 150 du code pénal qui leur enjoint d’exiger des chèques ou des effets bancaires certifiés à des agences maritimes débiteurs de l’APN. Alors que le tribunal de Première instance de Port-au-Prince a été signifié du dossier depuis sept mois environ, l’action publique ne serait pas encore diligentée à l’encontre de ces fraudeurs dument identifiés. Le journal à, hélas, vainement tenté de joindre au téléphone le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Clamé Ocnam Daméus. Comme à l’accoutumée, le chef du parquet, l’avocat de la société, n’était pas joignable pour faire le point sur l’état d’avancement de ce dossier d’intérêt général. Alix Célestin défend l’APN Bien qu’il dise déplorer qu’aucune sanction n’ait été prise contre les fraudeurs, le directeur général de l’APN, Alix Célestin tente, néanmoins de défendre les dirigeants de cette entité du ministère de l’Économie et des Finances (MEF) indexés dans le rapport de l’ULCC. Il questionne les motifs évoqués, contenus dans le code pénal en son article 150, pour recommander la poursuite de ces fonctionnaires de l’État. Selon lui, la loi organique de l’APN ne fait pas injonction aux autorités chargées du recouvrement des créances d’exiger à leurs débiteurs, les agences maritimes, des chèques certifiés ou des effets bancaires. Car, avance-t-il, en tant qu’organe autonome, l’APN entretient des rapports privilégiés avec ses partenaires qu’il dit considérer comme faisant partie du système. En tant que tel, renchérit M. Célestin, ils payent leurs factures par chèque à partir d’un compte courant qu’ils disposent. Alix Célestin rejette aussi la thèse selon laquelle le détournement de ces fonds aurait bénéficié d’une certaine complicité à l’interne. Si non, soutient-il, les fraudeurs auraient utilisé le sceau de l’APN en lieu et place de celui estampillé APNI/import-export. Monsieur Célestin s’en prend, de préférence, aux divulgations faites de façons détaillées par les medias du rapport de l’ULCC qui, selon lui, obstruent à la bonne marche du dossier. Les personnes fautives en profiteront, dit-il, pour se mettre à couvert. S’il est vrai qu’il dit déplorer qu’après sept mois, aucune arrestation n’ait été faite, il croit qu’avec la divulgation de ce rapport, il n’y en aura probablement plus. Soucieux de l’image de l’institution qu’il dirige, Alix Célestin estime que ces révélations sont susceptibles de nuire aux projets de développement enclenchés par l’APN. Il redoute que les institutions financières veuillent octroyer des crédits à une institution dont l’état financier n’est pas sain. Ce, en référence aux 16 millions de dollars américains que des agents maritimes doivent à l’APN. Alix Célestin a tenu, toutefois, à préciser que dans ce dossier, l’Autorité portuaire nationale n’est pas mise en cause. D’une part, les 10 millions de dollars détournés étaient destinés à l’APN. Et d’autre part, l’opération a été orchestrée chez ses débiteurs. 4 | N0 43 MARDI 21 JUILLET 2015 ACTUALITÉ L'ULCC dénonce, la Justice fait le mortPar Jean Michel Cadet HAÏTI/APN/DÉTOURNEMENTDEFONDS » suite de la première page Me Clame Ocna Daméus, commissaire de gouvernement de Port-au-Prince. / Photo : haitiangroovemedia.com
  • 5. MARDI 21 JUILLET 2015 N0 43 | 5 ACTUALITÉ R otchild François Junior, ministredelaCommunication fixe la position de l’Administration Martelly sur la question. Le gouvernement haïtien ne présentera pas d’excuse ! « La démarche haïtienne est correcte ». Le ministre explique que les faits avancés ont été prouvés. Dialogue ! Le point central du discours haïtien. Il doit se dérouler autour du protocole de rapatriement pour assurer un meilleur contrôle du processus, insiste-il. Lener Renaud, ministre de la Défense, également ministre des Affaires étrangères et des Cultes a.i., abonde dans le même sens. Il rejette la position des officiels dominicains. Réaction. Voilà comment monsieur Renaud qualifie la démarche haïtienne. C’était aussi le même cas de figure pour la République dominicaine, avance-t-il, qui avait fui la table des négociations pour saisir le Conseil permanent de l’OEA. « Nous étions en négociation pour trouver une solution autour du protocole de rapatriement, ils ont choisi d’aller à l’OEA, au Conseil permanent, nous avons juste emboîté le pas pour donner notre version des faits », rappelle Lener Renaud. Aussi a-t-il insisté sur le fait qu’il fallait démonter l’argumentaire dominicain. « La République dominicaine a dit qu’il n’y a pas eu de déportations, nous avons démontré devant l’OEA que les déportations sont effectives, contrairement à ce qui était dit dans le Programme national de régularisation des étrangers (PNRE) qui devait prendre fin le 17 juin 2015 », reprend monsieur Renaud. Les Dominicains ouvrent d’autres fronts. Ils veulent responsabiliser Haïti. Ils critiquent l’incapacité de l’État haïtien à doter ses concitoyens de documents d’identité. C’est ce qu’a dit le président Médina la semaine écoulée. Haïti veut toutefois éviter la polémique. Lener Renaud refuse le tac au tac. Il temporise. « Nous ne sommes, à aucun moment, montés au créneau contre les autorités dominicaines ». Une précision importante dans ce contexte tendu. En ce qui a trait à cette campagne de désinformation qui serait le prétexte des Dominicains pour abandonner le dialogue, monsieur Renaud se positionne : « Il n’ y a pas eu de campagne de désinformation au niveau international contre nos voisins. » Le dialogue parait incontournable. Malgré le refus de l’une des parties. Le secrétaire général de l’OEA vient d’adresser une correspondance aux deux chefs d’État, haïtien et dominic- ain, dans le but d’inviter les deux pays au dialogue. Il s’alignerait donc sur la position haïtienne. Lener Renaud s’en félicite. Le président Martelly aussi, rapporte-il. Ce fut la demande d’Haïti au Conseil permanent de l’organisation hémisphérique. Le ministre, dans ses propos explique, qu’il voulait demander à la commu- nauté internationale de presser la République dominicaine à revenir à la table des négociations pour dégager ce protocole de rapatriement. Déjà, le chef de l’État haïtien, Michel Joseph Martelly, a répondu favorablement à la demande du secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro. Il veut se ras- seoir avec les autorités dominicaines. Malgré le double jeu et les coups bas des dernières séances de dialogue entre les deux pays. Mais, quand ces pourparlers auront-ils lieux ? Pas tout de suite. Car, la République domini- caine est réticente. Les dominicains auraient déjà dénoncé l’attitude du secrétaire général de l’OEA, rapporte Lener Renaud. Entre-temps, depuis ce fameux face à face devant le Con- seil permanent de l’OEA, le ministre haïtien de la Défense fait remarquer que les flux de rapatriement ont diminué. « Nous observons de près », dit-il. Il ne faut pas confondre, selon le ministre, les va-et-vient coutumiers entre les deux pays et le processus de déportation. À cet effet, il avance que jusqu’à la semaine dernière, environ 27 mille personnes étaient rapatriées. Un chiffre nettement plus élevé selon la presse dominicaine et des organisations de défense de droits humains des deux côtés de la frontière, qui parlent de plus de 40 mille rapatriés. Haïti ne s'excusera pas !Par Lionel Edouard HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/MIGRATION Les autorités dominicaines campent sur leur position. Il n’y aura pas de dialogue. Du moins, pas avant que les autorités haïtiennes ne présentent des excuses formelles pour la campagne dite de désinformation orchestrée contre la République dominicaine. Le chancelier Andres Navarro est clair. Il met aussi la pression pour pousser le gouvernement haïtien à se désavouer. La guerre des mots continue. Haïti répond. Sans détour ! » suite de la première page
  • 6. 6 | N0 43 MARDI 21 JUILLET 2015 ACTUALITÉ P révudansleCodedutravailde 1961, puis actualisé en 1984, le CSS doit jouer un rôle intermédiaire entre le secteur syndical et le secteur patronal, a fait savoir le coordonnateur de « Antèn ouvriye », Réginald Jules, lors d’une interview accordée à Le National le vendredi 17 juillet 2015. Le syndicali- ste souligne que dans l’état actuel des choses les membres de cette struc- ture doivent sortir de leur silence au regard de la dépréciation de la devise locale et de l’augmentation du coût de la vie. Il s’en est pris aux autorités qui n’assument pas leur responsabil- ité en ce qui concerne la loi sur le salaire minimum. Il fustige les dirigeants qui, dit-il, ont laissé à la traîne les ouvriers dans les manu- factures. Alors que les patrons se moquent d’eux. Les ouvriers, explique M. Jules, végètent dans la misère avec un salaire de pitance qui devrait subir une augmentation graduelle. C’est-à-dire, passer de 125, 150, 200 à 300 gourdes. Ce qui n’a pas été fait en dépit de l’escalade du coût de la vie. IL précise en plus que certaines manufactures qui octroi- ent les 200 gourdes aux ouvriers ont dans la majorité des cas soit doublé, soit triplé le tarif de travail de ces personnes-là. Aussi a-t-il critiqué l’absence des mesures d’ajustement en leur faveur. Au regard de la cherté de la vie, le coordonnateur de « Antèn ouvriye», invite les auto- rités à se pencher sur la situation socio-économique des ouvriers qui ne parviennent pas à subvenir à leurs besoins personnels et famil- iaux. Dans cette conjoncture, il dit espérer que les responsables vont prendre des mesures urgentes et appropriées en vue d’accompagner cette catégorie sociale en grande difficulté. Quant à la composition du CSS, le syndicaliste s’est montré sceptique. Il critique le fonctionnement de cette structure qui, selon lui, compte tenu de leurs agissements, travaille pour un secteur bien déterminé, le secteur patronal, au détriment des ouvrières et des ouvriers. Il rap- pelle que ces membres ont recom- mandé récemment à l’État de fixer le salaire minimum à un montant inférieur à celui que prévoit la loi qui s’y rapporte. Il affirme que cette démarche avait provoqué la grogne de plusieurs milliers d’ouvriers qui ont manifesté dans les rues de la capitale en avril dernier. Il exhorte toutefois le CSS à exercer la tâche qui lui est assignée.Mécontent du comportement des membres du CSS, M. Jules rappelle que la loi portant création de cette structure stipule en son article 4 : « Le CSS devra se réunir trois mois avant la fin de chaque exercice fiscal afin de réviser, s’il y a lieu, le salaire minimum en fonction des indices macro-économiques. En aucun cas, cette révision ne peut être effectuée à la baisse ». Le coordonnateur a, en ce sens, souligné qu’aujourd’hui le salaire minimum doit passer à mille gourdes compte tenu de la détérioration des conditions socio- économiques. À ceux qui font allu- sion à la compétitivité, le syndicali- ste s’est montré prudent, affirmant que cette notion ne saurait être prise isolément sans tenir compte de l’environnement économique. Certes, on peut la comparer par rapport à la République dominic- aine pour voir son barème, mais les dirigeants dominicains ont fourni des mesures d’accompagnement aux ouvriers leur permettant de satisfaire leurs différents besoins sociaux. Élections : Gare aux thaumaturges Le syndicaliste n’y va pas par quatre chemins. Il invite les ouvriers à la vigilance en cette période électo- rale. Il déclare qu’en cette conjonc- ture les candidats vont s’amener comme des thaumaturges, sou- lignant qu’ils vont leur promettre monts et merveille. Ainsi, M. Jules dit espérer que les ouvriers vont s’organiser davantage afin d’obtenir gain de cause dans la bataille pour l’amélioration de leurs condi- tions de vie. Car, soutient-il, seuls les ouvriers peuvent arriver au changement auquel ils aspirent. Le porte-parole de PLASIT, Pierre Télé- maque s’est, pour sa part, montré très critique contre les autorités qui agissent pour le compte du secteur patronal, au lieu de se pencher sur la situation socio-économique des ouvriers dans les manufactures. Il appelle à une réforme du système de sécurité sociale afin de permettre aux ouvrières et ouvriers de jouir de leurs droits fondamentaux, notam- ment l’accès à la santé et aux assur- ances. Le National a eu beau tenter de join- dre les responsables du CSS en vue de faire la lumière sur ce dossier. Le journal n’est parvenu qu’à obte- nir une note de presse émanant du ministère des Affaires sociales et du Travail (MAST) et des membres du CSS en date du 15 juillet 2015. Laquelle informe que la permanence est décrétée au sein du CSS en ce qui concerne les salaires minima au regard de la dépréciation de la gourde par rapport au dollar (améri- cain). Aucune décision toutefois n’a été mentionnée dans cette note qui ferait un quelconque état de l’avancement de cette permanence au niveau de cette structure. D epuis le début de la période de campagne, le jeudi 9 juillet dernier, très peu de candidats s’exhibent. Mis à part quelques banderoles sur la route nationale #1, et certains graffitis sur des murs de quelques bâtiments de la ville, rien n’est encore visible en termes d’affiche. Alors qu’il y a plus de 20 aspirants-députés pour la circonscription des Gonaïves et 25 candidats au sénat pour le département de l’Artibonite. Quelques rares candidats à la députation ont déjà lancé officiellement leur campagne aux Gonaïves. Ils n’ont aucun spot en rotation dans les medias. Interrogés à ce sujet, certains candidats se disent dans l’impasse. « Nous lançons notre campagne avec les moyens du bord », ont-ils lâché. Ces derniers n’ont pas caché leur mécontentement face au retard du conseil électoral provisoire en vue de financer leur campagne. Les jours avancent, les candidats s’inquiètent sérieusement. Parallèlement, pour les opérateurs, le processus électoral va bon train. Toutes les dispositions sont déjà prises pour la tenue du pre- mier tour des législatives, le 9 Août prochain, a garanti fermement le pré- sident du bureau électoral départe- mental (BED) de l’Artibonite, Claudel Saintilien. Il a en outre informé que plusieurs matériels devant servir à la réalisation des prochaines joutes sont déjà stockés dans la Cité de l’Indépendance. Citons entre autres, les matériels non-sensibles et 15 motocyclettes. Le concours pour les superviseurs électoraux, a lieu le week-end écoulé. Ils étaient au total 1 870 candidats venus des 15 communes de la région. Les séances de formation pour ces superviseurs ainsi que les agents de sécurité électorale (ASE) devraient se tenir sous peu, a indiqué le président du BED. Selon Claudel Saintilien, les aspirants législateurs du département ont déjà signé un Code de bonne conduite dans la période électorale, à l’initiative du BED, de la PNH et de la Justice. De son côté, le directeur départemental de la police de l’Artibonite, Berson Soljour, a fait savoir que l’institution policière s’engage pour le bon déroulement du processus électoral. Il a fait savoir que durant la période, les dispositifs de sécurité sont renforcés dans le département. Il ne reste que trois semaines pour la fermeture de la campagne électorale. Plusieurs observateurs s’attendaient à une période de campagne plus agitée. « Les candidats sont tous dans le même sac. Il n’y a pas de potentiel candidat aux élections », a opiné un citoyen. Le CSS muet face aux exigences des ouvriers Par Reynold Aris HAÏTI/SALAIREMINIMUM La détérioration des conditions socio-économiques continue d’alimenter les débats. Dépréciation accélérée de la gourde par rapport au dollar, augmentation du coût de la vie, les inquiétudes abondent. Mais le silence du Conseil supérieur des salaires (CSS) inquiète davantage. Face à une telle situation la Plateforme des syndicats des usines textiles (Plasit) s’insurge. Et elle exige des autorités l’augmentation des salaires des ouvriers en adéquation avec la cherté de la vie. Une Campagne timidePar Dieulivens Jules GONAÏVES/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES Environ 2 semaines après l’ouverture officielle de la campagne électorale, l’ambiance ne se fait pas sentir dans la Cité de l’Indépendance. Les candidats étaient-ils vraiment prêts à franchir cette étape? C’est le questionnement de plus d’un.
  • 7. D es informations publiées sur le site internet d’un journal africain, l’IOL NEWS en date du 18 juillet, et repris- es par des médias haïtiens, rapporte que les biens de l’ambassade d’Haïti à Waterkloof, au Pretoria en Afrique du Sud, ont été saisis, en raison d’arriérés de loyer. Reconnaissant que le fait s’est réellement produit, le chancelier Haïtien ad intérim Lener Renaud, souligne que « la mission haïtienne n’est nullement fautive ». Il est également question de la rési- dence du Chef de la mission haïti- enne au Pretoria et non l’ambassade comme s’est présentement rap- porté. Lener Renaud explique au National, qu’une lettre est adressée à la chancellerie de Pretoria pour « protester » de ce qui s’est passé et exiger des « excuses ». Pour le Ministre Renaud, ce qui s’est passé constitue un accroc au droit, vu que l’immunité va aussi à la résidence du chargé de mission. Dans les détails fournis au National par Israël Jacky Cantave, un membre du cabinet du Ministre Renaud, la mission haïtienne au Pretoria a eu une entente avec le propriétaire de la résidence du chargé de mission où, l’incident s’est produit, pour y effectuer des réparations. Le propriétaire n’avait pas les moyens pour effectuer les ajustements en question. Les travaux de réparation effectués sont pratiquement finis. Dans l’intervalle, le propriétaire est décédé et c’est sa femme qui a entrepris la démarche en justice à l’insu de la mission et la décision du tribunal est « un jugement par défaut ». Dans la journée du 20 juillet, le chargé d’affaires d’Haïti, Stéphane Déjoie, s’est rendu à la chancellerie de Pretoria, pour faire la lumière sur la question. Celle-ci a «donné la garantie que la décision de justice sera annulée ». Suivant l’accord qui a été conclu avec le propriétaire décédé, la mission déduirait les dépenses effectuées pour les réparations des frais de loyers. Un récent ministre haïtien des Affaires étrangères, affirme que chaque mois l’État haïtien effectue des transferts d’argent sur les comptes de toutes les missions à l’extérieur. Ces transferts servent à payer tous les frais liés aux activités de celle-ci, notamment, celui des loyers, le payroll du personnel et les charges sociales. Il rapporte que la mission de l’Afrique du Sud reçoit 40 mille dollars américains le mois. Toutes les missions ne reçoivent pas les mêmes frais. Cet ancien chancelier, estime pour sa part que certaines missions haïtiennes à l’extérieur ne rapportent pas grand-chose au pays. Il cite, entre autres, celle de l’Afrique du Sud, de l’Angleterre et du Vietnam. MARDI 21 JUILLET 2015 N0 43 | 7 Protestation et exigence d'excuses de Pretoria Par Stephen Ralph Henri HAÏTI/DIPLOMATIE Le gouvernement d’Haïti s’est adressé à la chancellerie de Pretoria, qui est la capitale administrative de l’Afrique du Sud, pour dénoncer l’opération de déguerpissement menée contre la résidence du chef de mission et du coup exiger des excuses, d’après le ministère des Affaires étrangères Haïtien. Un ancien chancelier haïtien rapporte que la mission de l’Afrique du Sud est l’une des mieux lotie mais n’en voit pas le profit pour le pays. Des biens de l’ambassade d’Haïti à Waterkloof, au Pretoria en Afrique du Sud, ont été saisis, en raison d’arriérés de loyer. / Photo : haitianinternet.com
  • 8. 8 | N0 43 MARDI 21 JUILLET 2015 MONDE C uba et les Etats-Unis ont formellement renoué lundi leurs relations diplomatiques, rompues il y a cinquante- quatre ans, et le drapeau cubain a été hissé sur l’ambassade de Cuba à Washington. Le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, a présidé la réouverture de la représentation diplomatique, étape symbolique du rapprochement annoncé simultanément le 17 décembre dernier par Barack Obama et son homologue, Raul Castro. Plus de 500 personnalités, dont de nombreux parlementaires américains, avaient été conviées pour l’occasion mais aucune invitation n’avait été adressée aux élus du Congrès en pointe dans la lutte anti-castriste. De profondes divergences demeurent entre les deux pays et les efforts diplomatiques en vue d’une normalisation complète devraient être longs. Mais la cérémonie de lundi a revêtu une forte dimension symbolique. Autre signe d’une volonté commune de fermer la page d’un demi-siècle d’hostilité: le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a reçu son homologue cubain -- le premier ministre des Affaires étrangères en visite à Washington depuis la Révolution castriste -- au Département d’Etat. Les deux hommes ont souligné l’importance de l’événement à leurs yeux, tout en la relativisant. « Les événements historiques que nous sommes en train de vivre feront sens uniquement avec la fin du blocus économique, commercial et financier, qui provoque tant de privations et de dégâts pour notre peuple, avec la rétrocession du territoire occupé de Guantanamo, et le respect de la souveraineté de Cuba », a déclaré Bruno Rodriguez lors de la cérémonie d’ouverture de la représentation diplomatique. Par la suite, John Kerry a salué « un nouveau départ » dans les relations entre les Etats-Unis et Cuba, mais a précisé que le chemin qui devait conduire à une normalisation pleine et entière serait « long et complexe ». Le porte-parole de la Maison blanche, Josh Earnest, a quant à lui affirmé que la présidence américaine se montrait « optimiste» à l’idée que La Havane respecte les droits de l’homme dans les années à venir. DISCRÉTION À CUBA Au moment où le drapeau cubain était hissé et où retentissait l’hymne national du pays, d’autres voix se faisaient entendre, celles d’anonymes restés à l’extérieur, qui criaient au milieu de la foule: « Cuba si, embargo no ! » John Foster Dulles et Gonzalo Guell furent les deux derniers chefs de la diplomatie des deux pays à participer à une réunion officielle à Washington le 22 septembre 1958, quelques mois avant la révolution castriste. Dans la capitale cubaine, l’ambassade américaine a également rouvert, mais en toute discrétion: la « section d’intérêts » américaine a publié un communiqué indiquant qu’elle devenait « officiellement l’ambassade des Etats-Unis ». La bannière étoilée n’y sera hissée qu’à l’occasion d’une visite de John Kerry dans l’île, prévue le 14 août prochain. Les Etats-Unis ont rompu leurs relations avec l’île communiste en 1961 et imposé un embargo économique et commercial dont certaines mesures ont déjà été assouplies depuis le rapprochement de décembre dernier. Pour que cet embargo soit totalement levé, il faut l’aval du Congrès dominé par les républicains. Le drapeau cubain flotte sur l'ambassade de Cuba à Washington Sources : Reuters Dans une rue de La Havane. Cuba et les Etats-Unis ont formellement renoué lundi leurs relations diplomatiques, rompues il y a plus d’un demi-siècle, et rouvert leur ambassade respective à Washington et La Havane. / Photo: prise le 19 juillet 2015/REUTERSP États-Unis : Kerry reçoit son homologue cubain, une première en 57 ans Sources : Le Point.fr (avec AFP) Le chef de la diplomatie américaine a accueilli Bruno Rodriguez dans ses locaux du département d’État. Il doit se rendre lui-même à La Havane en août. L e secrétaire d’Etat John Kerry a dit lundi que les Etats-Unis voulaient entretenir des « liens de bon voisinage » avec Cuba, mais a prévenu que la normalisation totale des relations entre les deux pays serait « longue et complexe ». Quelques heures après la réouverture d’ambassades à Washington et La Havane, John Kerry --s’exprimant en espagnol-- s’est félicité « du début de cette nouvelle relation avec le peuple et le gouvernement de Cuba », lors d’une conférence de presse commune avec son homologue cubain Bruno Rodriguez. Mais, revenant à l’anglais, il a ajouté que ce rapprochement ne signifiait « pas la fin des nombreuses différences qui séparent toujours nos gouvernements ». Le ministre des Affaires étrangères cubain Bruno Rodriguez a quant à lui appelé à la fin de l’embargo économique contre Cuba et a demandé la restitution des terrains de la base américaine de Guanta- namo. Bruno Rodriguez a dit que La Havane voulait aller de l’avant. Mais il a insisté sur le fait que « lever complètement l’embargo et la restitution du territoire occupé illé- galement de Guantanamo » étaient des points « cruciaux pour avancer vers une normalisation » des rela- tions entre les deux pays. Le secrétaire d’État américain John Kerry a reçu lundi son homologue cubain Bruno Rodriguez dans les locaux du département d’État, pre- mière visite de ce type pour un dip- lomate de La Havane depuis 1958. John Kerry et Bruno Rodriguez se sont serré la main avec le sourire devant les caméras avant d’entamer une réunion pour évoquer les dif- férents sujets relatifs au rapproche- ment entre les États-Unis et Cuba initié en décembre dernier après plus de cinq décennies d’hostilité. Rétablissement historique des relations diplomatiques Plus tôt dans la journée, le drapeau cubain a pris sa place lundi dans l’entrée du département d’État américain ainsi que sur la toute nou- velle ambassade cubaine à Wash- ington, marquant le rétablissement historique des relations diploma- tiques entre les deux pays. Le secré- taire d’État américain se rendra lui à Cuba le 14 août, notamment pour y hisser le drapeau américain sur la nouvelle ambassade des États- Unis. John Kerry devient ainsi le plus haut responsable américain à visiter l’île communiste depuis la normalisation des relations. La dernière visite d’un secrétaire d’État remonte à 1945. Bruno Rodriguez, ministre cubain des Affaires étrangères, et John Kerry, secrétaire d’État américain./ Photo : AFP
  • 9. MARDI 21 JUILLET 2015 N0 43 | 9 MONDE UE: accord au rabais sur la prise en charge des demandeurs d'asile Sources : AFP O yez, oyez bonnes gens ! Désormais, le soleil ne se couche plus sur l’empire de François Le Grand et de son ministre Laurent le magnifique. Le monde est à leurs pieds, l’univers entier, subjugué, par tant de génie, leur rend une grâce justifiée. Le pre- mier a sauvé l’Europe et la Grèce, le second est quasiment le deus ex machina de l’accord sur le nucléaire iranien. Les gazettes, dûment informées par les intéressés eux-mêmes ou leurs proches (on n’est jamais mieux servi que par soi-même), relaient à satiété le message laudateur. Les hérauts embouchent les trompettes de victoire. Les thuriféraires agitent frénétiquement les encensoirs, les troubadours entonnent leurs odes flatteuses. Barack Obama, Angela Merkel sont relégués dans les coulisses de la grande histoire. Ils sont devenus des personnages de second plan, presque des marionnettes dans la prodigieuse scénographie hollandaise. La vérité est, comme toujours, un peu plus triviale. Une once de modestie devrait s’imposer de toute urgence même si ni François Hollande ni Laurent Fabius n’ont démérité sur les dossiers grec et iranien. Le président français a eu l’immense mérite de contribuer à faire avaler à Alexis Tsipras la potion allemande qui paraissait bien amère au Premier ministre grec élu sur un programme gauchiste échevelé et irresponsable. Au prix, certes, de quelques aménagements qui font maugréer Wolfgang Schäuble, le vieux grognard de la CDU, défenseur acharné du contribuable d’outre- Rhin et chantre d’une Europe fédérale à armature franco- allemande. Mais finalement, c’est Tsipras qui a plié face aux injonctions de l’Allemagne et de l’Europe du Nord. Pas l’inverse. Dans ce psychodrame, Hollande a excellemmentjouésonrôlede«good cop », le gentil flic compréhensif cher aux feuilletons américains. En revanche, dans le marchandage nucléaire iranien, Fabius s’est, a contrario, attribué la posture de « bad cop », le méchant qui fait monter les enchères. Il s’agissait, bien sûr, de s’assurer que l’accord soit « robuste » comme le répète l’excellent Laurent. Mais il fallait surtout montrer clairement à nos amis saoudiens que la France n’était pas en train de changer de cheval et demeurait fidèle à son alliance avec le monde sunnite, génératrice, entre autres, de fructueux contrats. Un accord en demi-teinte En fait, les Français savaient pertinemment que Barack Obama voulait coûte que coûte parvenir à un accord avec Téhéran. Ils ne pouvaient agir qu’à la marge, car, comme dans toute négociation, tout est en demi-teinte. Le verre est à moitié vide et à moitié plein. D’un côté, l’Iran donne le feu vert à des contrôles élargis de l’Agence pour l’énergie atomique (AIEA), accepte une révision à la baisse de son stock d’uranium enrichi, une limitation de l’enrichissement (moins de 4 %) à un taux insuffisant pour fabriquer une bombe atomique. L’idée est de retarder l’échéance, de gagner du temps – en principe dix ans – en espérant que l’Iran sera redevenu véritablement fréquentable. Car Téhéran conserve 6 000 centrifugeuses et sera autorisé à reprendre ses travaux de recherche et développement sur des machines IR-6 et IR-8 beaucoup plus performantes. Naguère encore, les « cinq +un » (États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France plus l’Allemagne) qui négocient avec Téhéran juraient qu’il n’était pas question d’autoriser Téhéran à conserver une capacité d’enrichissement autre que symbolique… Visiblement – nécessité géopolitique oblige –, l’objectif a été révisé à la baisse. Barack Obama a une approche stratégique : réinsérer l’Iran dans le concert des nations pour juguler le chaos proche-oriental. Face à cette volonté, les autres acteurs ne pesaient pas bien lourd. Grèce-Iran : Hollande et Fabius maîtres du monde ! Par Pierre Beylau / Le Point.fr François Hollande et son ministre des affaires étrangères Laurent Fabius. / Photo: AFP©JACQUES WITT L es Européens se sont entendus lundi pour délester provisoirement la Grèce et l’Italie de la prise en charge de demandeurs d’asile, surtout Syriens et Erythréens, mais au rabais, en n’offrant que 32 256 places, contre les 40 000 requises. « Je suis déçu, même si un pas important a été franchi », a tenté de synthétiser le commissaire européen à l’Immigration, Dimi- tris Avramopoulos. Les ministres de l’Intérieur étaient censés con- sacrer la solidarité européenne face à l’afflux record de migrants et réfugiés aux frontières de l’Union et aux tragédies à répétition en Médi- terranée. « Plus d’effort sera nécessaire » de la part des Etats membres, a souligné le Luxembourgeois Jean Asselborn, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE. Il a fixé un nouveau rendez-vous, « fin novembre », pour atteindre au final l’objectif fixé par la Commission, soit 60 0000 personnes sous deux ans. Le premier mécanisme, dit de relocalisation, concerne 40 000 demandeurs d’asile, qui pourront aussi être Irakiens ou Somaliens, destinés à être pris en charge hors de Grèce et Italie, en rupture des règles européennes réservant cette responsabilité aux pays d’arrivée. Le second, dit de réinstallation, concerne 20 000 personnes béné- ficiant déjà du statut de réfugiés mais vivant dans des pays tiers. Pour ce dernier volet les offres ont été plus généreuses, à 22 504 places, grâce aux renforts de plus- ieurs pays tiers, Norvège et Suisse en tête. Mais face aux résistances très vite manifestées au sein de l’UE, la Commission avait dû accepter que cette répartition ne soit pas contraignante, ouvrant la voie aux rabais. M. Asselborn a ainsi pointé des contributions « décevantes, voire embarrassantes ». L’Espagne récalcitrante Premiers visés, la Hongrie et l’Autriche, qui n’ont offert aucune place de relocalisation. La Slova- quie, la Slovénie, les Pays baltes et l’Espagne ont aussi rechigné. Le ministre espagnol, Jorge Fernandez Diaz, a affirmé « l’opposition radi- cale » de l’Espagne au principe de relocalisation. Son pays a offert 1 300 places de relocalisations contre 4 288 demandées. Madrid, a mis en avant le ministre, « traite le pro- blème à l’origine », en coopérant avec les pays d’origine et de tran- sit et luttant contre les réseaux de passeurs. Le pays livre aussi un « effort considérable » pour stopper les flux dans ses enclaves africaines de Ceuta et Melilla. « Nous devons convaincre nos citoy- ens », d’autant que le pays « est aussi sous pression de l’Est, avec les réfugiés affluant d’Ukraine », a plaidé le ministre letton, Rihards Kozlovskis. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait pour sa part déploré que l’Europe“nesoitpasàlahauteur”en la matière. A titre de comparaison, la Turquie accueille deux millions de réfugiés syriens. L’Allemagne et la France, dont les ministres ne sont pas venus à Bruxelles, ont elles tenu le contrat fixé par la Commission, offrant respectivement 12 100 et 9 100 places de relocalisation et réinstallation. Les premiers demandeurs d’asile concernés seront transférés hors de Grèce et Italie à partir d’octobre, a précisé M. Asselborn. En échange de cette aide, la Grèce et l’Italie se sont formellement engagées à identifier et prendre les empreintes digitales des migrants irréguliers affluant sur leur territoire, afin de permettre le traçage et l’expulsion de ceux non éligibles à l’asile. L’UE n’entend pas « créer un appel d’air à l’immigration irrégulière, mais mettre fin à la relocalisation sauvage actuellement en vigueur », avec la dispersion incontrôlée des arrivants indésirables, soulignait la présidence luxembourgeoise. Les ministres sont aussi convenus d’accélérer les expulsions, et se sont réservé la possibilité de sus- pendre le mécanisme de relocalisa- tion si Athènes et Rome ne tenaient pas leurs obligations. La sélection des arrivants doit s’opérer dans des zones d’attente, dits « hot spots », avec le concours des agences européennes de surveillance des frontières, Frontex, de soutien à l’asile, Eosa, et de police, Europol. Des renforts sont aussi étudiés pour la Grèce, où la pression migratoire s’est redirigée depuis le renforce- ment de la surveillance navale au large de l’île de Lampedusa, après les naufrages meurtriers d’avril. Le président et son ministre des Affaires étrangères triomphent sans modestie excessive et s’attribuent un rôle aussi flatteur que disproportionné.
  • 10. 10 | N0 43 MARDI 21 JUILLET 2015 ÉCONOMIE Susciter la vocation entrepreneuriale auprès de 350 finissants universitairesPar Therno N. A. Sénélus Le Rwanda est le 7ème pays le mieux géré de la planète, selon le World Economic ForumPar Aaron Akinocho T rois cent cinquante universitaires finissants ont été reçus comme stagiaires à durée déterminée dans des établissements d’enseignement supérieur et professionnel du pays. Ces jeunes postulants ont été recrutés durant la période estivale dans le cadre du Programme d’initiation des jeunes à l’emploi (PIJE) du ministère de l’Économie et des Finances, nous apprend Lordis Bernard, coordonnateur de l’activité. Le PIJE se donne pour objectif de susciter la vocation entrepreneuriale chez ces derniers afin de favoriser le lien entre les entreprises et les ressources humaines qualifiées de l’administration publique ou du secteur privé. Une centaine de bénéficiaires sont déjà à une phase avancée du programme et pourront bientôt mettre fin à leur stage. Les deux cent soixante autres réaliseront leur stage au cours de la période allant du 20 au 22 juillet. La démarche d’apprentissage au profit du dernier groupe est prévue pour le début septembre. C’est ce qu’a confié jeudi dernier au National, le titulaire du projet PIJE. Le document de stage précise que « le stagiaire est couvert, pendant la durée de son stage d’application, en ce qui a trait au risque « accidents du travail » par l’OFATMA. Pour l’année 2015, la gratification à donner au stagiaire est établie à dix mille (10 000) gourdes par mois, financées par le ministère des Finances. Elle peut être prise en charge en totalité par l’entité d’accueil. Un rapport de stage est exigé de chaque stagiaire. Un certificat d’attestation de stage décrivant le travail effectué est à la charge de l’entité d’accueil. Toute entreprise, tout organisme (public ou privé), toute organisa- tion ou institution internationale, toute organisation non gouverne- mentale disposés à recevoir un stagiaire, selon le mode de sélec- tion du Programme, sont des enti- tés d’accueil. L’entité, bénéficiant d’une certaine autonomie finan- cière, pourra accueillir le stagia- ire, le prendre en charge en désig- nant un responsable de stage qui facilitera’ son accès aux informa- tions nécessaires et à son intégra- tion au sein de l’entité. Si, celle- ci décide de prolonger la durée du stage de plus de deux mois, la gratification et l’assurance pour le risque « accidents-travail » sont à sa charge entièrement. En dépit du nombre de jeunes recrutés, Lordis Bernard n’est pas satisfait. Pour ce faire, il propose d’autres stratégies. « Je ne suis pas satisfait, car les problèmes techniques enregistrés nous empêchent d’atteindre les 500 jeunes visés par le programme», ajoutant que le PIJE va s’améliorer en vue d’atteindre l’effectif prévu pour la période en cours. Public ciblé Ce seront les meilleurs étudiants finissants de la promotion la plus récente des centres de formation supérieure et technique. Les étudiants provenant des établissements de formation, membres de la Conférence des recteurs, présidents, dirigeants d’universités et de centres de formation supérieure d’Haïti (CORPUHA) sont prioritairement visés. Les établissements de formation soumettront une liste des cinq meilleurs par domaine de formation et par ordre de mérite. Un répertoire électronique sera disponible pour les entités qui manifestent leur intérêt à créer un dispositif d’accueil des stagiaires. La période de recrutement prendra fin le 15 juin 2015. Financement du programme Il est prévu dans le Budget rectificatif 2014-2015, un crédit de dix millions de gourdes destinées au financement de deux mois d’activités au profit des cinq cents stagiaires pendant l’été, de juillet à août 2015. Il est attendu de certains organismes publics autonomes, à caractère financier ou commercial, le transfert sur un compte ouvert à cet effet d’un montant minimum de 500 000 gourdes en vue de prendre en charge la gestion des stages. Les partenaires techniques et financiers établis dans le pays pourront, après négociation, renforcer ce fonds et accueillir un plus grand nombre de jeunes dans le cadre du programme. Les entités privées qui participent au Programme pourront prendre elles-mêmes les stagiaires en charge. Avis des étudiants du programme Les étudiants voient dans cette initiative, des mesures d’accompagnement des jeunes finissants de diverses disciplines scientifiques des universités du pays. Venel Dublain, un finissant et postulant en sciences économiques, salue cette initiative du gouvernement. Il propose qu’elle soit renforcée pour la prise en compte de tous les étudiants. « C’est évident qu’on vient avec un programme en vue d’initier les jeunes à l’emploi. Mais aussi, il faudrait tenir compte de l’ensemble de la population estudiantine, mais pas seulement un petit groupe ». Et, il termine par ces mots: « Non à l’exclusion, oui à l’inclusion ». Confiante du projet, Fedeline Caristhène, originaire de Jacmel et finissante en gestion des affaires, déclare : « Je ne savais même pas ce que je ferais après mes études. J’apprécie cette initiative dont je suis devenue l’une des premiers bénéficiaires ». La postulante encourage les décideurs à pérenniser ce programme afin que d’autres étudiants puissent en bénéficier. S elon le World Economic Forum (WEF) qui a publié ce rapport, le classement du Rwanda s’explique en grande partie par le niveau de gaspillage très bas en ce qui concerne les dépenses gouvernementales. «Nous ne sommes pas supris par ce classement parce qu’il ne fait qu’exprimer la réalité ce qui se passe chez nous. Au Rwanda, il y a un processus compréhensible en ce qui concerne la gestion et la reddition de compte, en particulier dans l’usage des ressources publiques» a déclaré Anastase Shyaka qui dirige le conseil rwandais de la gouvernance (RGB). Les Rwandais ont accès à des informations cruciales en ce qui concerne l’action gouvernementale, les décisions de l’exécutif et la façon dont celui- ci établit ses priorités et fait ses choix a-t-il confié à Xinhua. En Afrique le Rwanda est suivi par l’île Maurice qui se classe (26ème) et l’Afrique du Sud (32ème). Dans l’est du continent, il se classe très loin devant le Kenya qui vient en 51ème position ou l’Ouganda (79ème). Le rapport, qui évalue le niveau d’efficacité de la gouvernance de 144 pays du monde sur la base de critère comme le gaspillage des ressources, les obstacles à la régulation et la transparence dans l’élaboration des politiques nationales. Au niveau international, le WEF a étonnamment classé le Qatar en premier, devant Singapour et la Finlande. EMPLOI/JEUNES GOUVERNANCE L’édition 2014-2015 du rapport mondial sur la compétitivité classe le gouvernement rwandais au 7ème rang en ce qui concerne l’efficacité dans la gestion publique. Ce pays se retrouve ainsi devant des nations comme la Suisse (9ème) ou le Luxembourg (10ème).
  • 11. MARDI 21 JUILLET 2015 N0 43 | 11 ÉCONOMIE SÉCURITÉALIMENTAIRE L'Union européenne et la FAO lancent deux nouveaux programmesSource : FAO Le lancement de ce nouveau partenariat vise à renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’agriculture durable et la résilience dans au moins 35 pays*. E ssentiellement, ils se propo- sent d’apporter une aide aux pays partenaires et aux organ- ismes régionaux pour élaborer des politiques plus énergiques dans cette perspective. Les programmes ont été annoncés à Addis-Abeba (Éthiopie) ce jeudi 16 juillet, lors d’une réunion entre le Commissaire de l’UE chargé de la coopération internationale et du développement, Neven Mimica, et le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, durant la 3ème Conférence internationale sur le financement du développement. L’Union européenne contribue à hau- teur de 50 millions d’euros et la FAO d’environ 23,5 millions à cette initia- tive, qui sera pilotée par les pays en fonction de la demande. “Cette initiative sera décisive pour aider les pays partenaires et les organisations régionales à mobiliser les moyens politiques, techniques et financiers autour du but commun de réduction de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Elle contribuera également à renforcer le partenariat entre l’Union européenne et la FAO”, a affirmé M. Mimica. “Cette nouvelle phase de notre parte- nariat avec l’Union européenne per- mettra de renforcer la capacité de la FAO d’aider les gouvernements à acquérir les données et l’information nécessaires pour élaborer et mettre en œuvre des politiques efficaces dans le but de s’attaquer aux causes profondes de la faim et de dévelop- per la résilience aux chocs et aux crises”, a souligné M. Graziano da Silva. La nouvelle initiative consiste en deux programmes quinquennaux rattachés entre eux : • Le mécanisme FIRST (Impact sur la sécurité alimentaire et nutri- tionnelle, Résilience, Durabilité et Transformation) visant à renforcer les capacités des gouvernements et des administrations régionales en matière de sécurité alimentaire et de nutrition ainsi que de mise en œuvre de politiques agricoles dura- bles, sous la forme d’un appui aux politiques et de développement des capacités. • Le programme INFORMED (Infor- mation pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle et la résilience au service des décisions) contribuera à renforcer la résilience face aux crises alimentaires dues aux catastrophes anthropiques et naturelles. Un des moyens d’atteindre ce but est de fournir aux décideurs des informa- tions périodiques, factuelles et en temps utile. Priorités communes de lutte contre la faim et la malnutrition Malgré les progrès réalisés au cours des dernières décennies, selon le dernier rapport des Nations Unies sur l’insécurité alimentaire, quelque 800 millions de personnes dans le monde sont encore victimes de la faim, tandis que des millions d’autres encore n’ont pas accès à une alimentation saine. Par ailleurs, ces dernières années, les crises alimentaires – souvent la conséquence de conflits ou de catas- trophes naturelles, eux-mêmes dus au changement climatique ou à la volatilité des prix des aliments – ont frappé des populations en nombre toujours croissant, Les personnes vulnérables ont de plus en plus de mal à se procurer de la nourriture en quantité suffisante et à gagner leur vie face à de tels chocs. Un récent rapport conjoint de la FAO, du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et du Programme alimentaire mondial (PAM) estime qu’il faudra encore 267 milliards de dollars par an pour éradiquer la faim dans le monde d’ici 2030 sous forme d’investissements dans les zones rurales et urbaines ainsi que dans la protection sociale. Compte tenu de ces enjeux, les dif- férents partenaires des initiatives FIRST et INFORMED reconnaissent la nécessité d’une action coordonnée de l’ensemble des parties prenantes afin d’affronter efficacement les causes profondes de la faim et de la malnutrition. L’UE contribue à ces initiatives par le biais du programme «Biens publics mondiaux et les défis qui les accompagnent»(GPGC), au titre du budget de l’UE alloué à l’aide au développement (Instrument de développement et de coopération, ou ICD). L’Union européenne, un des bailleurs de fonds les plus importants de la FAO, a adhéré à l’Organisation en tant que membre en 1991. En 2004, l’UE et la FAO intensifient leur col- laboration, devenant des partenaires stratégiques. Ce dernier accord con- solide et étend cette coopération de longue date. * Liste préliminaire des pays où les programmes seront mis en œuvre: 19 pays pour INFORMED: Afghanistan, Bangladesh, Burkina Faso, Cambodge, Djibouti, République démocratique du Congo, Ethiopie, Gambie, Haïti, Kenya, Mauritanie, Myanmar, Pakistan, République centrafricaine, Soudan, Sri Lanka, Swaziland, Tadjikistan et Zimbabwe 27 pays pour FIRST: Bénin, Burkina Faso, Cambodge, Côte d’Ivoire, Cuba, Djibouti, Fiji, Guatemala, Haïti, Iles Salomon, Kenya, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Myanmar, Niger, Ouganda, Pakistan, Répub- lique-Unie de Tanzanie, Rwanda, Sri Lanka, Swaziland, Tchad, Vanuatu, Zambie et Zimbabwe Cultivateur malgache en train de travailler dans une rizière. / Photo : FAO
  • 12. 12 | N0 43 MARDI 21 JUILLET 2015 ÉCONOMIE Figure intellectuelle de la construction européenne, le penseur qualifie l’accord de «mélange toxique entre des réformes structurelles nécessaires et des mesures néolibérales qui décourageront complètement un peuple grec déjà épuisé, et tuera dans l’œuf tout élan de croissance.» Le penseur allemand Jürgen Habermas juge l'accord grec « toxique » Source : Libération VUSURLEWEB D ans un entretien au «Guardian», le philosophe et sociologue allemand Jürgen Habermas juge l’accord signé lundi entre la Grèce et ses créanciers «toxique», et se montre très critique vis-à-vis du gouvernement d’Angela Merkel. L’accord conclu lundi entre la Grèce et ses créanciers est «toxique». Dans un entretien au Guardian publié jeudi, le philosophe et sociologue allemand Jürgen Habermas, qui commente peu l’actualité politique, s’attaque pêle-mêle à la gestion de la crise grecque et au gouvernement allemand. Selon lui, l’accord signé lundi, qui prévoit un nouveau plan d’aide pour la Grèce en échange de mesures d’austérité rejetées par le référendum du 5 juillet est «destructeur». Cet accord «contredit ouvertement les principes démocratiques de l’Union européenne» et n’a pas de sens d’un point de vue économique, juge le penseur, figure du mouvement étudiant allemand de la fin des années 1960. Il y voit un «mélange toxique entre des réformes structurelles nécessaires et des mesures néolibérales qui décourageront complètement un peuple grec déjà épuisé, et tuera dans l’œuf tout élan de croissance.» «Forcer le gouvernement grec à donner son accord à un fonds de privatisation, économiquement discutable et éminemment symbolique, ne peut être compris que sous l’angle d’un châtiment décrété contre un gouvernement de gauche», analyse le philosophe, qui réclame une restructuration de la dette grecque. monétaire en union politique Jürgen Habermas, qui avait déjà désavoué la politique d’Angela Merkel par le passé, se montre également très critique vis-à-vis du gouvernement allemand, qui a «dilapidé en l’espace d’une nuit tout le capital politique qu’une Allemagne meilleure avait accumulé depuis un demi-siècle». Les précédents gouvernements allemands, note-t-il, avaient démontré «une plus grande sensibilité politique». Interrogé par le quotidien britannique sur la nature de la crise en Europe, le penseur allemand met en cause les politiques néolibérales de dérégulation et de mauvais choix politiques. Il accuse les dirigeants européens, d’être incapables d’agir dans l’intérêt d’une communauté européenne car «trop occupés par leur électorat national», ainsi que les institutions de l’Union européenne, trop technocratiques. «Les décisions essentielles sont prises par le Conseil européen, la commission et la BCE - en d’autres termes, les institutions qui manquent soit de légitimité pour prendre de telle décision, soit de base démocratique», déplore-t-il. Sur les remèdes à apporter à ce «piège politique» dans lequel se trouve l’Europe, Jürgen Habermas réclame un changement radical de direction politique. Selon lui, le «déficit de démocratie et à l’augmentation des inégalités sociales» ne peut se résoudre qu’en transformant «l’union monétaire en union politique», pour aboutir à une Europe mieux intégrée, sans sacrifier, comme c’est le cas actuellement, l’Etat-providence. Le philosophe et sociologue allemand Jürgen Habermas. / Photo: liberation.fr
  • 13. MARDI 21 JUILLET 2015 N0 43 | 13 « Dis ! Tu n’as pas remarqué le dernier copain de la fille de madame Bertrand »? C’est la question de Marie à sa chère cocote Rita. De ma chambre, je peux écouter quotidiennement les longs discours de ces deux médisantes. Personne du voisinage n’est à l’abri de leurs coups de langue. Elles partagent la même galerie et n’ont pas d’horaire pour « bouillir leur zen ». Elles sont des chômeuses. Toutefois les deux commères ont un très bon emploi : dire du mal des gens. Rita et Marie sont vraiment deux grandes complices. Elles vont au marché ensemble, se coiffent l’une l’autre, fréquentent les mêmes endroits, partagent leurs repas… Elles sont souvent à couteaux tirés avec leurs voi- sins et sont généreuses en propos grivois. Marie vit toute seule dans une pièce de maison. Elle est la mère d’une petite fille dont le père a la garde. Rita vit avec son petit garçon, dont le père s’en fout et fréquente un homme frôlant la cinquantaine qui, souvent, la gratifie d’une nuit d’amour. Depuis deux mois, les conversations des deux commères tournent fréquemment autour de l’amant de Rita. D’après cette dernière, son compagnon la néglige physiquement, ne dépense plus comme auparavant. Elle le soupçonne d’avoir une femme pas trop loin dans le voisinage. Marie en tant que fidèle amie la conseille : « Tu peux trouver mieux, ma chérie. Révoque-le. Les garçons ont des yeux secs comme le Sahara. Un de perdu, dix de retrouvés, cocote ». Les semaines s’épuisaient et Rita n’avait pas encore trouvé une solution adéquate pour son amant et ne cessait de se plaindre auprès de son amie. Un matin, la voix stridente de Rita a déchiré le calme du voisinage : « Sale dévergondée, tu aurais pu m’empoisonner volontiers. Mais tu vas me le payer traitresse ». Ces propos étaient adressés à Marie qui a attiré malicieuse- ment l’amant de son amie dans ses bras et dans son lit comme le sirop attire les fourmis. En guise de réponse, la voleuse d’homme a rétorqué : « Je n’ai pas peur de toi, ma chère. S’il t’a abandonnée c’est parce que je suis plus sucrée que toi ». Elle a ajouté en tuypant : « M pran l, m pranl net. Et si c’était à refaire je n’aurais pas hésité une seule seconde ». Du portail de ma maison, je riais du comique de la situation. Je me disais que les oreilles du voisinage prendront un peu de repos puisque ces médisantes ne se mettront plus à deux pour dire du mal des autres. La voleusepar Nancy Constant L a Confédération des travail- leurs haïtiens (CTH) a réuni les 18 et 19 juillet 2015, à Pétion-ville une soixantaine de dirigeants et dirigeantes des fédéra- tions et syndicats nationaux affiliés, et ceux de ses deux commissions dans le cadre de son 13e Conseil national. Cette activité s’est déroulée autour du thème « Un syndicalisme éclairé pour un lendemain meilleur ». Les délégués venus de plusieurs régions du pays, ont dans leur majorité, approuvé le rapport poli- tique et administratif présentant la gestion pour les dix-huit der- niers mois, du Bureau exécutif de la CTH, présidé par Monsieur Jacques Belzin. Durant ces deux journées, les membres de la CTH, qui se sont réunis en ateliers dans leur fief à l’Institut national de forma- tion sociale (INAFOS) à Frères, ont adopté plusieurs résolutions recommandant entre autres, la consolidation du mouvement des travailleurs en Haïti avec une insistance sur l’identification des biens meubles et immeubles dont certains sont encore déte- nus par des anciens dirigeants de l’organisation. Les discussions ont été ponctuées par les interventions de deux coo- pérantes belges en l’occurrence Madame Annick De Ruyver, envoyée spéciale de la Confédéra- tion des Syndicats Chrétiens (CSC) et responsable du Département international pour l’Amérique latine et Haïti, et Madame Kattia Paredes Moreno, représentante de la Confédération des Syndicats des Amériques (CSA) affiliées à la Confédération Syndicale interna- tionale (CSI). Dans leurs interventions respec- tives, les deux étrangères ont mis l’emphase sur la représentativité syndicale en Haïti prise à son compte par la CTH aux dires de ses dirigeants. La transparence financière au niveau du fonc- tionnement, est l’un des critères qui mesure la représentativité syndicale, qui de l’avis de ces coopérantes, pose un problème de communication en raison des données informatique qui ne sont pas disponibles. En ce sens, ont-elles prescrit, la CTH doit faire des choix straté- giques pour pouvoir assurer le leadership du mouvement syndi- cal en Haïti et atteindre les objec- tifs fixés. Madame Annick De Ruyver a exprimé sa satisfaction du travail réalisé par le bureau exécutif de la CTH dans le cadre du programme de coopération axé sur divers plans notamment la formation syndicale, la cotisation, la résolu- tion des conflits, la négociation collective, le respect des droits. La représentante de la CSC au 13e Conseil national de la CTH, s’est également, réjouie des efforts déployés par le bureau, qui suite à une décision de justice, a repris le contrôle de l’INAFOS, ce qui va permettre à l’organisation syn- dicale, d’autofinancer son dével- oppement, a-t-elle fait remarquer. Plaidant par ailleurs, en faveur de la consolidation des acquis de la CTH, la syndicaliste a fait une comparaison entre la Belgique qui compte 1.500 million d’affiliés représentant environ 70% de la classe travailleuse et Haïti qui n’a que 2%. « La Confédération des travailleurs haïtiens doit respecter la réglementation pour que les fonds alloués puissent faire avanc- er la cause des travailleurs et tra- vailleuses », a souhaité Madame Annick De Ruyver. Pour sa part, le président de la CTH Jacques Belzin, préconise la structuration du mouvement syn- dical haïtien, qui selon lui, doit œuvrer au bien-être des travail- leurs. Ce 13e Conseil national, un rendez-vous annuel de la CTH, a permis aux différents délégués de fixer leur position sur la conjonc- ture incluant et sur la situation des haïtiens contraints de quitter la République Dominicaine. Plusieurs commissions dont une chargée de la récupération des biens de la CTH, ont été formées, au cours de ce Conseil qui a également débattu la question de la refonte du code du travail. Les délégués de la CTH sont unanimes à reconnaître les difficultés des travailleurs face au chômage, à la cherté de la vie et à la dépréciation de la monnaie nationale par rapport au dollar américain, et pressent les autorités d’agir afin d’apporter des solutions appropriées aux problèmes récurrents. Jacques Belzin, René Prévil Joseph, Marie Louise Lebrun Louimarre, Ricot Palès Dolcé, étaient parmi les membres du bureau exécutif de la CTH, présents à ce 13e Conseil natio- nal. Structurer le mouvement syndical haïtien par André Marc ODIGE
  • 14. 14 | N0 43 MARDI 21 JUILLET 2015 SOCIÉTÉ L amissiondel’égliseMéthodiste d’Haïti comporte aujourd’hui plus de 160 églises à travers tout le pays. Elles sont regrou- pées en 11 circuits. Un réseau de 120 écolessecondairesoffreuneformation de qualité aux enfants. Cette mission a également contribué à l’avancement et la pratique de la langue créole. « C’est l’un de nos missionnaires, le pasteur Ormond Marc-Onel, fai- sant appel à un expert, le docteur Franck Lubac, qui a doté le créole haïtien de son premier alphabet, dans les années 1940 », raconte d’un air fier et enthousiaste le révérend pasteur Marco Depestre. L’une des principales missions de l’église Méthodiste, a pour- suivi le révérend pasteur Marco Despestre, consiste à travailler au développement communautaire en Haïti. Des techniciens dissémi- nés un peu partout dans le pays accompagnent la population dans les domaines de l’agriculture et de l’élevage. Aussi cette structure dispose-t-elle de centres de santé dans presque toutes les régions du pays. Même si l’église Méthodiste, tra- ditionnellement, ne se vante pas de ses réalisations, le pasteur Depestre explique que la popula- tion se montre très reconnaissante envers la mission. Il estime que le travail doit continuer. Mais, Cela ne l’empêche pas à éprouver un sentiment de grande satisfaction aujourd’hui. Néanmoins, a laissé entendre le pasteur Depestre, la mission con- tinue dans sa démarche première : travailler à augmenter le nombre des communiés. Aussi veut-elle mettre sur pied une université méthodiste dans le pays dont la mission consistera à former particulièrement leurs pasteurs. Une marche pour marquer les deux cents ans A l’occasion du bicentenaire de cette structure religieuse dans le pays, une marche a rassemblé tous les fidèles de cette Eglise. Le départ est donné à la rue de l’enterrement, près du nouveau collège Bird, à 8 heures du matin. Des centaines d’adeptes du prot- estantisme sont déjà là, vêtus de blanc, prêts pour entamer cette marche qui doit aboutir au champ de mars. Là, ils organiseront un service d’action de grâce. Ils sont venus des différentes églises méthodistes de la région métro- politaine. Certains viennent de la commune de la Croix-des-Bou- quets. Mais, d’un seul corps, tous, ils marchent au ton de la musique des fanfares. Et, à la queue de cette longue troupe, un DJ joue des musiques évangéliques que la foule reprend avec allégresse. Tout au cours de la route, ils lan- cent des messages de paix, des invitations. Ils évangélisent. L’église Méthodiste d’Haïti : une histoire « Les démarches pour implanter une église protestante en Haïti ont démarré depuis l’année 1815, dans la République de l’Ouest et du sud dirigée par Alexandre Pétion », a tenu à informer le secrétaire général de la mission en Haïti, le révérend Marco Depestre. C’est un capitaine anglais, Hancy Reynolds, qui en a posé les jalons en écrivant une lettre au président Pétion lui demandant l’autorisation d’implanter une Église protestante dans le pays. « C’est justement cette date que nous commémorons aujourd’hui, car c’est en date du 18 juillet 1815 que Pétion a donné l’autorisation à M. Reynolds, par une correspondance, de distribuer les saintes écritures et de partager sa foi dans le pays », a martelé le pasteur. « Mais, le président Pétion lui a tout aussi bien confié la tâche de travailler dans l’éducation des enfants d’Haïti », a fait savoir le révérend Marco Depestre. Les premiers missionnaires protestants, exclusivement des méthodistes, ont ainsi débarqué à Port-au-Prince le 7 février 1817 avec pour objectifs d’évangéliser et de contribuer dans la formation des Haïtiens. Depuis, l’église Méthodiste d’Haïti a beaucoup grandi, malgré les difficultés rencontrées quotidiennement dans le pays. Monsieur Depestre a tenu à préciser que cette Église a subi, à un certain moment, beaucoup de persécutions politiques. « Grandes ont été les difficultés rencontrées pendant notre existence en Haïti. Le premier bâtiment qui abritait notre Église a été incendié par des opposants au mouvement », nous confie-t-il. Mais cela n’a pas pu stopper la course. Les festivités devant marquer la commémoration du bicentenaire de l’église Méthodiste d’Haïti ont été lancées depuis janvier 2014, dans le circuit du Cap-Haïtien. Au champ de mars, le dimanche 19 juillet 2015, les membres de cette mission n’ont pas manqué de remercier Dieu pour leur avoir prêté mains fortes dans leurs actions visant le développement du pays. Ils se disent déterminés à agir et à croire en leur devise: « l’amour du christ nous possède ». Les deux cents ans de l'église Méthodiste en HaïtiPar Ritzamarum ZETRENNE L’année 2017 marquera les deux cents ans de l’église Méthodiste dans le pays. Depuis, les responsables de cette Eglise ont posé de multiples actions favorisant le développement et l’épanouissement du peuple haïtien, tant sur le plan religieux que social. ....../ Photo:
  • 15. MARDI 21 JUILLET 2015 N0 43 | 15 SOCIÉTÉ Nos universités : combien de places pour les bacheliers ?par Stéphanie Balmir O nze entités composent l’université d’État d’Haïti. Un nombre qui ne signifie pas que les jeunes Haïtiens aient forcément accès à l’université. Environ deux mille réussiront à deve- nir étudiants et à faire choix d’une discipline quelconque au sein de l’une des facultés. Deux mille. Quan- tité insignifiante pour les jeunes qui, chaque année, sont environ entre 50 et 70 mille à boucler leurs études clas- siques. Rick* est un étudiant de la fac- ulté de linguistique appliquée. Quoiqu’il ait achevé les cours et préparé son travail de sortie, il croit que l’université en Haïti demeure un véritable casse-tête. Le nombre d’étudiants que l’université reçoit tous les ans est dérisoire compte tenu de la quantité innombrable qui désire y entrer. « La capacité d’accueil est peu significative. Il faudrait repenser la politique de l’enseignement supérieur en Haïti. Il faudrait rendre plus accessible l’entrée à l’université si l’on veut que cette jeunesse joue pleine- ment son rôle de garant de l’avenir de la nation », c’est du moins ce que suggère Rick. Lovely* est étudiante dans une université privée en Haïti. Elle pense que l’université chez nous fonctionne dans un véritable dés- ordre. Car, la capacité d’accueil est en dessous de la moyenne. Il n’y a pas assez d’universités pour tout le monde. « À Port-au-Prince, nous sommes déjà trop. Ne parlons pas de ceux qui viennent des villes de province et qui doivent tous les ans grossir ce nombre ! », dit-elle. D’ailleurs, elle fait partie de ceux qui n’ont pas réussi à franchir le seuil de la faculté de médecine. « C’est pourquoi j’ai fait le choix de l’université que je fréquente en ce moment. Je ne pouvais rester sans rien faire, » a-t-elle fait savoir. La politique d’accueil de l’université reste le centre des débats. Jacques* qui a déjà échoué aux examens d’entrée de deux facultés de l’UEH argue que l’État n’a pas de projet spécifique pour tous ces jeunes qui bouclent le cycle secondaire. « Il n’y a pas de politique pour permettre à ces jeunes de continuer leurs études. Ils s’arrêtent à la philo parce que chaque année, l’université reçoit la même quantité d’étudiants. Or, la plupart des parents haïtiens dépourvus de moyens, croient que l’université d’État est la seule option pour leur progéniture. Sauf que cet espoir n’est pas toujours matérialisé. Parce qu’il n’est pas évident que ces élèves passent les concours avec succès. Lina*, une femme de quarante ans, a un fils unique. Elle avoue commencer à faire des économies pour financ- er les études supérieures de son garçon. Tout simplement, elle sait déjà que son fils a plus de chance d’échouer que de réussir à inté- grer l’une des entités de l’UEH. « Menm si m se malerèz, m pa ka kite l chita », dit-elle avec une pointe de tristesse dans la voix. Pour le professeur Lune Roc Pierre Louis, professeur à l’UEH, Le pro- blème d’accueil à l’université n’est qu’un aspect d’une situation plus complexe. « Le grand problème de l’UEH est le manque de vision de ses dirigeants notamment le Con- seil exécutif. Depuis l’année1986, mais surtout depuis 12 ans, ce Conseil prend l’université en otage. Il l’utilise à des fins privé- es, au gré de ses intérêts. Or, il devrait agir pour que l’université parvienne à desservir la popula- tion estudiantine. ». La CNRU (Cel- lule de Réflexion pour la Nouvelle UEH) milite depuis deux ans pour que l’université réponde valable- ment aux exigences des jeunes. Ceux-ci pensent qu’il faut une politique d’intégration au niveau de l’université. La solution pour Jacques serait que l’État change de politique. Pour permettre à plus d’étudiants d’intégrer les facultés de leur choix. Quant à Rick, sa solution passe par la structure même. Il faut tout sim- plement que certains professeurs pensent à prendre leur retraite, que l’université soit mieux struc- turée, ait du matériel didactique pour performer les savoirs parce que la qualité de la formation doit être une priorité. Le problème de l’université est complexe. Il faut chercher leurs véritables causes pour y trouver les solutions adéquates. Solutions qui, pour la CRNU, passent par la mise en application de l’avant-pro- jet de loi portant sur l’organisation et le fonctionnement de l’université d’État d’Haïti, adopté en session ordinaire du Conseil de l’université (CU) les premier et deux novembre de l’année 2014. De cette application découlerait donc des solutions efficaces. Sauf qu’en septembre 2015, la majorité de nos 76 191 bacheliers sera obligée de rester chez elle et d’appliquer la politique du béton. *Nom d’emprunt. Le cycle universitaire demeure problématique en Haïti. Plus de la moitié des bacheliers qui terminent leurs études classiques ont du mal à intégrer l’université d’État. Tous les ans, les rêves de jeunes femmes et jeunes hommes du pays se volatilisent. « Pas assez de places à l’université d’État pour les accueillir tous » alors que ces jeunes n’ont aucun support économique pour payer leurs études dans les universités privées. La politique d’accueil de l’université reste le centre des débats.
  • 16. A ux États-Unis, se marier après 30 ans ne garantit pas de rester ensemble toute sa vie. C’est du moins ce qu’affirme une récente étude réali- sée pour l’Institute of Family Studies par Nicholas Wolfinger, professeur à l’université d’Utah. En ce moment On aurait plutôt tendance à dire qu’en matière de mariage, il faut prendre son temps. Mais le socio- logue Nicholas Wolfinger, qui a analysé des données du National Survey of Family Growth (NSFG), un institut de sondage du gouver- nement américain, affirme que ceux qui attendent le plus long- temps sont les moins susceptibles de conserver leur bague au doigt. Pas de panique, cela ne veut pas dire que se marier à l’adolescence diminue les risques de divorcer. D’après l’universitaire, « quelqu’un qui se marie à 25 ans a 50 % chances de moins de divorcer que quelqu’un qui se marie à 20 ans ». Qu’en est-il alors de ceux qui se marient après leurs 30 ans ? Dans les années 1990, toujours selon des données du NSFG, le taux de divorce diminuait dès que l’on dépassait la vingtaine. Aujourd’hui, la courbe s’est inver- sée. À partir de 32 ans, « les ris- ques de divorcer augmentent de 5 % par an ». En clair, les mariages les plus stables sont ceux qui ont eu lieu quand les mariés avaient entre 25 et 32 ans. Des alternatives au mariage plus attractives ? À partir de 32 ans, les risques de divorcer augmentent de 5 % par an Comment expliquer ce change- ment ? Par aucune des variables que sont le sexe, l’éducation, la religion, la stabilité de la famille d’origine ou l’historique sexuel des personnes concernées. « Pour presque tout le monde, la fin de la vingtaine apparaît comme le meilleur moment pour s’engager », affirme le professeur. Il émet une hypothèse, celle de l’« effet de sélection ». « Les personnes qui attendent la trentaine pour se marier sont peut-être celles qui ne sont pas prédisposées à vivre un mariage heureux. (…) Il se peut que les personnes qui se marient plus tard soient confrontées à un panel de partenaires potentiels duquel ont été retirés les indivi- dus les plus prédisposés au mar- iage. » Autre explication possible ? Les nouveaux modes de vie. « Il est possible que certaines des alter- natives modernes au mariage parviennent à exclure certaines personnes gens hors du panel des mariés potentiels. Ceux qui sont dans la trentaine et qui auraient pu faire de bons époux se sentent très bien dans leur célibat ou avec leur parte- naire sans être mariés. » Sans jamais vraiment tirer de conclu- sion définitive. Questionné par Jordan Weissman de Slate, le sociologue admet qu’il n’a pas de « véritable explication. Ce dont je suis sûr, c’est que le changement est là ». En plus de l’âge, d’autres facteurs peuvent apparemment avoir une influence sur la longévité d’un mariage. Un chercheur de l’université de Pennsylvanie a ainsi déterminé d’autres critères ayant un impact, comme le temps vécu ensemble avant la demande en mariage, les revenus du foyer et... la somme dépensée par le couple pour la cérémonie ! 16 | N0 43 MARDI 21 JUILLET 2015 SOCIÉTÉ À quel âge ont lieu les mariages qui durent le plus longtemps ? Par Paméla Rougerie / lefigaro.fr À quel âge ont lieu les mariages qui durent le plus longtemps ?
  • 17. MARDI 21 JUILLET 2015 N0 43 | 17 CULTURE Romain Gary dans « La vie devant soi » Par Magdalee Brunache P rix Goncourt 1975, « La vie devant soi » est, sans contes- te, l’un desplus beaux romans de Romain Gary. Je n’arrive pas à compter combien de fois, je l’ai lu et relu. Et, à chaque lecture, je ne peux m’empêcher d’avoir des larmes aux yeux. Il y a des romans qui font cet effet là et des person- nages qu’on garde en mémoire toute sa vie. Comme c’est le cas avec le petit Mohammed, héros du roman. Je ne saurais oublier l’amour de Momo (Mohammed) pour la vieille madame Rosa. Un amour unique qui va bien au-delà de ce que les mots infantiles de Momo parvien- nent à exprimer. Ce petit garçon arabe est doté d’une extrême sensibilité et d’une grande intel- ligence. Ila grandi dans un clandé, sorte de pension pour les enfants de prostituées, dirigé par Madame Rosa. Ignorant ses origines, Momo n’a aumonde que la vieille dame qu’il voit se détériorer de jour en jour... Se laissant rarement aller aux pleurs, cet enfant arrive à dis- simuler ses souffrances, sa soli- tude, sa fragilité sous un masque de fierté et de bravoure. Il reporte sur la vieille dame le trop plein d’amour de son cœur d’enfant en mal de tendresse. De toutes ses forces, il va tenter de défendre Madame Rosa de « tout ce qu’on ne pardonne pas » dans la vie. Autour d’elle, va se tisser une chaîne de gens bons et généreux dont l’aide lui sera inestimable. Dans le milieu où s’est déroulée son enfance, il a fait l’apprentissage de nombreux modes de vie. Il a côtoyé l’univers de la drogue (dont il a pu néanmoins se préserver), celui des prostituées et de leurs proxénètes. Il en sait plus sur la vie que pas mal de gens plus âgés et c’est ce qui, souvent, le surprend. Une compréhension des choses que les aléas de l’existence se sont chargés d’affûter. Néanmoins, sous divers aspects, il demeure un gamin attachant. Un enfant avec le besoin de faire partie d’une famille, de connaître le bonheur (même s’il feint de s’en ficher).Car, qu’il soit arabe et fils de prostituée ne suffisent pas pour lui refuser sa part de ciel bleu. Bibliothèque Roger Dorsainville, une bibliothèque adaptée aux non-voyants Par Schultz Laurent Junior D ’une capacité de plus de 5000 ouvrages, la biblio- thèque Roger Dorsainville située à la rue Ricourt à Delmas 31 est coiffée par la Société haïtienne d’aide aux aveugles. Quatre employés dont un aveugle Éliphète Myrtille dirigent cette institution culturelle qui porte le nom de Roger Dorsainville, en mémoire de ce grand écrivain haïtien, l’auteur du roman : « Les gens de Dakar ». Les murs de la bibliothèque sont lambrissés de photos de Louis Braille, Helene Keller, Maurice Sixto entre autres qui ont été frappés de cécité. Dans ce lieu sympathique qui priorise la culture et favorise l’échange, les amants du livre peuvent trouver le Cd en trois volumes de « Le vent de liberté » de Jacques Roche, « Chaophonies » de Franckétienne, « L’aveugle aux mille destins » de Joe Jack. L’on y trouve des livres de phi- losophie pour permettre aux lecteurs de réfléchir et compren- dre le monde qui les entoure. Des ouvrages de sciences sociales englobant la politique, l’éducation, l’économie pour mieux vivre dans la société. Des ouvrages relatifs aux sciences exactes pour observ- er la nature, les plantes, les ani- maux. Sans oublier des œuvres qui tournent autour des sujets ayant rapport aux sciences appli- quées et à la religion. Ce n’est pas tout : car il y’a par- tout sur les murs des affiches sur lesquelles on peut lire des conseils susceptibles de permettre aux aveugles de vivre mieux dans la société. Des conférences débats, des animations socioculturelles, des ateliers d’écriture sont organ- isés périodiquement. Des cours d’apprentissage et d’alphabétisation braille. Le prix Kéthia Althenani Sorel est décerné chaque année pour récompenser les aveugles ayant réussi aux exa- mens d’État. Selon Philogène Isaac : « la bib- liothèque Roger Dorsainville est créée pour permettre aux per- sonnes souffrant de déficience visuelle d’avoir accès à la culture. Nous mettons à la disposition des malvoyants notamment tout ce dont ils ont besoin afin qu’ils trou- vent leur place dans la société. Leur handicap ne peut pas les empêcher à intégrer les différentes sphères de la vie nationale. Cette bibliothèque vise à contribuer à faire du droit à la lecture pour tous une réalité. C’est une porte ouverte sur l’accessibilité uni- verselle. En plus des déficients visuels, elle est visitée quotidi- ennement par des voyants (étudi- ants enfants et étrangers) a fait savoir Philogène Isaac. À la question de savoir comment les malvoyants arrivent à pénétrer dans l’univers du livre, M Isaac nous fait remarquer que les mal- voyants peuvent lire de plusieurs façons. Ils lisent avec les mains, du bout des doigts à travers l’écriture braille inventée par Louis braille ; et il y a aussi des livres qui sont sur bande sonore. Subventionnée par la Fokal et ayant des partenariats avec le Centre culturel « Pyepoudre », le Conseil caribéen des aveugles et l’Union mondiale des aveugles, la bibliothèque Roger Dorsainville comme on l’a déjà souligné est coiffée par la Société haïtienne des aveugles. Elle veut accompagner la population handicapée visuelle évoluant tant à Port- au- Prince que dans les villes de province. Elle agit en faveur de l’intégration massive des malvoyants estimés à plus 100 000 dans la sphère culturelle. Elle veut favoriser leur intégration dans la vie intellectu- elle en mettant à leur disposition des livres sonores ou écrits, en français ou en créole, issus du pat- rimoine littéraire haïtien. La bibliothèque Roger Dorsainville est un espace de consultation adapté aux voyants et aux handicapés visuels. Première bibliothèque sonore de Port-au-Prince, elle accompagne, depuis sa création les malvoyants sur le chemin du développement humain et favorise leur inclusion sociale. La bibliothèque Roger Dorsainville est un espace de consultation adapté aux voyants et aux handicapés visuels.