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15 FORUM
NATIONAL
DE SOS
HÉPATITES
e

Hépatites : des différences
face à l'indifférence
Sommaire
4

Allocutions d’ouverture
CONFÉRENCES

7

Le plan de lutte contre les hépatites B et C : avancées et perspectives

11

L’hépatite C chez les usagers de drogues : les données scientifiques disponibles

20

Risque d’infection au virus de l’hépatite C chez les hommes ayant
des relations sexuelles avec d’autres hommes et nouveaux outils de prévention

26

Les tests rapides : avenir et à venir
ATELIERS

31

Femmes hépatantes : Les inégalités hommes/femmes existent-elles aussi
dans l’hépatite C ?

38

Femmes hépatantes : Être femme et séropositive, points de vue croisés soignante/soignée

Ours

42

La réduction des risques à l’épreuve de l’hépatite C

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Pascal Mélin

46

L’éducation thérapeutique : une réponse à la gestion des effets indésirables
pour les thérapies combinées de l’hépatite C

50

Oser soigner son hépatite en situation irrégulière

61

Le donneur et le receveur : les aspects psychologiques concernant la greffe intrafamiliale

COORDINATION
Johann Volant
ABONNEMENTS
Véronique Deret, contact@soshepatites.org
MAQUETTE ET ILLUSTRATION
Tristan Bonnemain
IMPRESSION
Fargier Fabrication
EDITÉ PAR FÉDÉRATION SOS HÉPATITES
190, bd de Charonne
75020 Paris
Tél. : 01 43 67 26 40
Fax : 01 43 67 26 84
www.soshepatites.org
edition@soshepatites.org
Dépôt légal à parution. Les textes publiés
n'engagent que leurs seuls auteurs.
Tirage à 1000 exemplaires.

CONFÉRENCES

66

La place de la France dans le monde hépatant

70

Que faire devant une hyper-ferritinémie

76

Traitement des hépatites virales : données actuelles et perspectives

83

Virus informatique versus virus hépatique : similitudes et différences de prises en charge

89

La prise en compte des hépatites virales dans les CSAPA : une enquête de SOS Hépatites

93

Présentation de l’index européen

98

Clotûre

100

Glossaire

101

Sigles
4

e forum
15 national

Allocutions d’ouverture

5

⇢Rennes 2012

Jeudi 22 novembre 2012

dépister autrement, être un acteur de prévention de façon
différente. Demain, les représentants de la World Hepatitis
Alliance seront présents et nous diront comment les choses se passent au niveau national et international.
Donc un programme très riche et le travail en atelier, qui sera un temps de réflexion, sachant que le forum
est aussi destiné à nourrir les travaux pour ensuite développer des axes politiques, réfléchir à la façon dont nous
allons de nouveau travailler pendant un an. Notre devise
est toujours d’être une courroie de transmission entre le
monde des soignants, le monde de la finance et le monde
des usagers.

PASCAL MÉLIN,
PRÉSIDENT SOS HÉPATITES FÉDÉRATION,
PARIS

M

erci d’être présents pour ce 15e Forum national de
SOS Hépatites. Un forum est toujours une aventure
pour nous, et cela l’est encore plus cette année. Nous avons
toujours considéré que le forum devait valoriser une association régionale, et nous avons fait le pari cette année de
l’organiser à Rennes car il n’y a pas d’association régionale
en Bretagne et c’était une façon pour nous de jeter un filet
pour mettre en avant une association.

Quelques points que je souhaite mettre en perspective pour les deux jours. L’engagement de la parole pour
les usagers. Nous nous autoproclamons aujourd’hui comme des gens capables de parler, de faire des propositions.
C’est aussi rappeler que l’État doit respecter sa parole.
L’année dernière, Nora Berra, présente en tant que représentante du ministère de la Santé, s’était engagée à ce que
nous ayons une extension des TROD VIH sur l’hépatite
C d’ici fin 2012. Un an après, les TROD n’ont pas avancé.
Nous souhaitons que l’Etat respecte sa parole, et nous
n’avons plus envie d’être des maquisards quand nous faisons aujourd’hui des actions avec des TROD. Autre engagement, le suivi du plan.

Pour nous, être à Rennes aujourd’hui est symbolique,
parce que Rennes est la Mecque de l’hémochromatose et
des maladies du foie. Nous allons essayer de mettre en
perspective tout ce que nous avons pu capitaliser sur les
hépatites virales, et que nous sommes arrivés à dépasser
pour aller sur les maladies du foie et partager avec ceux
qui ont des cirrhoses alcooliques, des hémochromatoses,
des hépatites auto-immunes, des hépatites médicamenteuses et autres.

Hier matin, une conférence de presse a eu lieu sous
l’égide de SOS Hépatites pour lancer le forum et pour parler de l’index européen. Le suivi du plan est fondamental.
Dès 1994, chaque nouvelle molécule a fait l’objet d’un
plan, et nous voulons aujourd’hui un quatrième plan. Le
plan 2012 se termine, son évaluation est en cours, et on
ne doit pas s’arrêter au milieu du gué. Il faut continuer, il
nous faut un quatrième plan pour aller encore plus loin,
pour poursuivre les actions qui ont été mises en place.
Nous savons qu’un important travail a été réalisé sur le
terrain, mais nous n’avons pas la visibilité, comme par
exemple pour les centres d’addictologie. Des décisions
peuvent être prises en haut lieu, ayant conscience qu’il y
a des problèmes d’accès au vaccin, mais elles ne débouchent pas forcément sur une action pratique dans les centres d’addictologie. C’est une situation que nous voulons
dénoncer et nous voulons participer à la résolution de ces
problèmes. C’est la raison pour laquelle il est fondamental
que nous ayons un nouveau plan.

Notre programme est particulier dans le sens où
nous avons pris le pari de parler des différences face à l’indifférence. Ce n’est pas anodin. Face à d’autres pathologies
chroniques comme le VIH, on s’est très tôt posé la question du genre, c’est-à-dire est-ce la même chose de vivre
un VIH quand on est un homme ou une femme  On s’est
?
aperçu que la question n’avait jamais été traitée. Comment
vit-on le risque de la transmission mère/enfant dans sa
puissance féminine  Nous avons également souhaité fai?
re le point avec vous aujourd’hui sur où nous en sommes
avec l’usage de drogue et l’épidémie qui peut être induit,
à travers les résultats de l’enquête Coquelicot. Une présentation sera faite ce matin sur les tests rapides, c’est-à-dire

Un plan aussi qui va s’intéresser à la question de
la régionalisation, de la déconcentration. On ne peut pas
avoir un plan national et une déconcentration de la santé
en région. Les budgets arrivent et sont déconcentrés. Ici, la
priorité régionale, c’est l’Alzheimer ou le suicide des jeunes, et on peut très bien avoir des budgets “hépatite” qui
partent de Paris et vont être dirigés vers une autre priorité
de santé publique. La grande difficulté, c’est donc de flécher ces budgets. Nous l’avons rappelé au cabinet du ministère. Il fut une époque où l’on était capable de flécher
les budgets et nous voulons que les budgets hépatite virale B ou C soient fléchés de la même façon et soient utilisés
au final pour leur action prévue.

Je remercie Monsieur Guyader pour son aide, merci
également à tous les intervenants, à Annette Colonnier de
la DGS, d’être parmi nous aujourd’hui à titre personnel. Je
veux remercier également tous les hépatants, présents ou
pas, ceux que nous avons pu perdre, donner un coup de
chapeau à la flamme de l’hépatant inconnu, tous ceux qui
sont décédés sans savoir qu’ils avaient une hépatite et qui
ne seront jamais comptés dans l’épidémie.

L’index européen sera évoqué demain. L’association
européenne des usagers, ELPA, que nous avons participé à
créer il y a une dizaine d’années, a connu un essor important au niveau européen puisqu’elle regroupe vingt pays.
La première action que nous avons imaginée à l’époque
était de pouvoir se comparer. Ce qui nous permet de dire
que l’on est malade ou pas, c’est le thermomètre et c’est la
température. Nous avons réfléchi à la manière de comparer
d’un pays à un autre. On se rendait compte que la sécurité
sociale n’était pas la même, que les vaccins n’étaient pas
les mêmes, que certains traitements étaient remboursés,
d’autres pas. C’était compliqué. En Belgique, par exemple,
ils n’avaient pas accès au retraitement. ELPA a réussi à
trouver des budgets, à demander à une société prestataire
de poser des critères, plus de trois cents critères ont été
étudiés, on a interrogé les politiques, les associations de
patients et aujourd’hui on a comparé les résultats entre les
différents pays européens. Les résultats ont été communiqués le 6 novembre dernier, et nous en avons débattu hier
entre nous. Le meilleur pays européen en la matière est la
France, ce qui veut dire que nos amis dans d’autres pays
sont dans des situations encore plus compliquées que la
nôtre. Demain, j’essaierai de vous faire comprendre comment nous pouvons utiliser cet index.
Si nous sommes les meilleurs en Europe, nous ne
sommes pas les meilleurs au sein de la France, et nous
devons absolument continuer à être un laboratoire de
l’Europe. Les nouveautés sont arrivées par la France, qu’il
s’agisse du Fibrotest, du Fibroscan ou du Fibromètre. Nos

hépatologues sont largement investis dans la recherche
internationale et nous sommes le deuxième pays au
monde à publier après les Etats-Unis. La question est de
savoir comment conserver ce leadership. Si on nous dit
aujourd’hui qu’il n’y aura pas de quatrième plan hépatite, c’est ce leadership qui sera perdu. La santé en France
doit-elle se cantonner aux priorités que sont le cancer et
l’Alzheimer et oublier les autres ? Il y a plus de cinquante
plans, on nous dit qu’il y en a trop, qu’il faudrait en supprimer certains. Nous devons continuer à faire entendre
les maladies du foie et nous nous battrons pour qu’il y ait
un nouveau plan “hépatites”.
Sur la place des usagers dans le système sanitaire,
nous voulons jouer notre rôle, être des usagers qui réclamons des choses. La fin des bons de transport a été un frein
à l’accès aux traitements pour les patients vivant dans le
secteur rural. C’est aussi la place de l’usager en termes de
réflexion. Nous avons récemment interpellé notre ministre pour lui demander pourquoi les personnes atteintes de
cirrhose relevant d’une ALD n’ont pas été invités à se faire
vacciner contre la grippe, alors que les diabétiques, les hypertendus, les cardiaques le sont. On a encore cette année
oublié un grand nombre de patients cirrhotiques. Sur le référentiel des patients atteints de cirrhose et qui devraient
être vaccinés contre la grippe, nous ne sommes pas bons.
Nous l’avons dit l’année dernière, nous le redisons cette
année. Nous avons vraiment envie de participer à ce débat
sanitaire, mais c’est aussi la question de l’accès aux nouvelles molécules, du remboursement de l’IL28B, etc.

→
6

Allocutions d’ouverture
J’aimerais insister sur notre capacité à réaliser des
enquêtes. Quand s’est posée la question des hépatites virales dans les CSAPA, nous n’avons pas hésité une seconde à
y aller, même sans moyens. Nous avons repris la liste des
CSAPA et nous leur avons posé dix questions.
Je vous présenterai les résultats demain, que je trouve inquiétants et il est évident que nous pouvons mieux
faire. Nous avons découvert, par exemple, que nous n’avions pas de listing des CSAPA en France, et que lorsqu’il y
a un CSAPA dans un département, il y a parfois cinq antennes, la question étant de savoir s’il faut l’interroger cinq
fois ou si c’est le même. Notre enquête est critiquable,
mais quand l’AFEF, l’Association française pour l’Étude du
Foie, nous a fait confiance, a accepté de reconnaître notre
communication et de la mettre en poster, l’idée était de
montrer que les associations d’usagers sont en capacité de
faire des enquêtes flash dont les résultats sont intéressants.
Peut-être cette enquête sera-t-elle reprise demain par la
DGS, par le plan, peu importe, en tout cas, nous l’avons
faite. En tant qu’usagers, on peut aller jusqu’à réaliser des
enquêtes. Nous l’avions fait en 2002 et nous pensons le
refaire autour de la thématique “comment vivre avec une
hépatite”. En 2002, deux mille personnes avaient répondu.
Nous avons aussi la capacité de nous associer à des
chercheurs afin d’être des acteurs de recherche. SOS Hépatites a été capable de mettre en place de la formation, mais
aussi d’aller voir des centres pour leur proposer de faire
des TROD avec eux dans le cadre d’un projet de recherche.
Vincent Thibault viendra en parler car c’est lui qui va coordonner ces actions. Cela veut dire que nous pouvons être
proactifs pour démontrer que c’est cela dont nous avons
besoin demain.
Développer des partenariats. Nous avons aujourd’hui
des conventions avec une trentaine de CSAPA en France,
et nous allons les aider à faire de la formation, à acquérir de nouvelles technologies. Nous avons également été
capables de faire du bruit. L’an dernier, par exemple, nous
avons fait des campagnes radio, nous avons stimulé l’industrie pharmaceutique pour avoir des budgets à travers
des campagnes d’affichage, comme celle de “la route tue
autant que l’hépatite C” pour laquelle les politiques ont dit
que nous mentions. Or, le nombre de morts sur les routes
est en diminution alors que le nombre de décès dus à l’hépatite est en augmentation. En tout cas, il s’agit d’interpeller, de faire naître la parole, d’obliger les gens à sortir du
bois et à parler. Avec le Collectif Hépatites Virales, nous
avons interpellé tous les présidentiables au moment de la
campagne présidentielle sur les actions qu’ils comptaient
mener contre les hépatites. Tous n’ont pas répondu mais
nous avons publié les réponses. Les deux grands leaders
du second tour des présidentielles ne se sont pas prononcés sur les hépatites virales et le débat sur le sanitaire en
France a eu lieu en dehors de la campagne présidentielle.
Nous avons donc fait une campagne intitulée “Ne vous
abstenez pas, dépistez-vous au deuxième tour”. Nous menons des actions coup de poing de ce type, et je crois que
la démocratie sanitaire consiste aussi à activer les choses
de temps à autre.

Développer SOS Hépatites a consisté pour nous à
réfléchir à des combats en dehors de nos frontières. Nous
constatons une fracture est/ouest. En ce qui concerne
les pays de l’Ouest de l’Europe, c’est une catastrophe. Le
deuxième pays d’Europe, avant l’Allemagne, a été la Slovénie. On découvre que dans ce petit pays de deux millions
d’habitants, la circulation des informations fonctionne
beaucoup plus vite. C’est aussi la fracture nord/sud. On ne
peut pas oublier ce qui se passe en Afrique, on ne peut pas
avoir de nouvelles molécules, de nouveaux traitements basés sur l’interféron non accessibles en Afrique à cause de
la chaîne du froid. Il est nécessaire de réfléchir dès maintenant à la façon de rendre accessibles les traitements
sans interféron dans les pays en voie de développement.
L’an dernier, nous avions invité nos amis africains, représentants de SOS Hépatites, ce que nous n’avons pu faire
cette année pour des raisons financières, mais nous ne les
oublions pas, et nous devons continuer de communiquer
avec eux. Nous allons leur faire une place sur notre futur
site internet pour qu’ils puissent être présents.

CONFÉRENCES

par le plan de lutte contre l’hépatite C en 2002, suivi d’un
second plan, associant hépatite B et hépatite C, et d’un
troisième qui se termine dans quelques mois.
Cette place que nous occupons est clairement liée
à ces initiatives et constitue une incitation forte pour amplifier nos efforts et, aussi bien au niveau de la DGS que du
cabinet de notre ministre, une motivation pour poursuivre
le travail. Et nous allons le poursuivre.

M

L’industrie pharmaceutique est prête à apporter son
aide pour sa publication et sa diffusion. Nous étions un
des rares pays à avoir un plan et nous en avons vu les effets bénéfiques, mais ce plan doit pouvoir survivre et évoluer, et il faut un guide des bonnes pratiques qui puisse
être opposable pour que la politique sanitaire soit accessible pour tous, car on ne peut pas accepter en France une
différence d’accès aux soins entre ceux qui sont dans la
sphère universitaire et ceux qui sont en rase-campagne.
En cancérologie, on a démontré qu’une personne vivant à
plus de cinquante kilomètres d’un centre anticancéreux a
deux fois moins de chance d’être encore vivante cinq ans
après que celle vivant à proximité d’un centre anticancéreux. Les centres de référence font ce qu’ils peuvent, mais
nous avons besoin d’un nouveau plan•

7

⇢Rennes 2012

Le plan de lutte contre les hépatites B et C :
avancées et perspectives

DANIEL DHUMEAUX,
PRÉSIDENT DU COMITÉ DE SUIVI ET DE
PROSPECTIVE DU PLAN NATIONAL DE LUTTE
CONTRE LES HÉPATITES B ET C 2009-2012

Dernier point que je souhaite mettre en avant sur la
façon dont nous nous voyons demain. Nous avons réclamé
à rester sur un plan hépatites et à avoir un rapport national
sur les hépatites virales. Un guide des bonnes pratiques du
VIH est publié tous les deux ans, réunissant plusieurs centaines d’experts, et cela reste opposable. Nous avons eu des
conférences de consensus, la dernière ayant eu lieu cette
année. On nous dit qu’elles coûtent très cher à organiser et
qu’elles deviennent rapidement obsolètes. Pourquoi ne pas
avoir nous aussi un rapport d’experts qui pourrait être mis
à jour tous les deux ans.

e forum
15 national

erci de cette invitation à vos Journées. C’est un
grand plaisir d’être à nouveau à vos côtés, pour partager quelques bonnes nouvelles, mais évoquer aussi les
difficultés rencontrées et les efforts qu’il nous faut continuer de fournir, à un moment où se termine de ce troisième plan et où les progrès thérapeutiques sont tels que
notre implication doit rester majeure pour qu’un maximum de nos patients puissent en bénéficier.

Le second élément de satisfaction est représenté
par les progrès considérables obtenus dans la prise en
charge de ces maladies virales. Il y a peu de maladies où
les progrès ont été aussi significatifs dans un espace de
temps aussi limité. S’agissant l’hépatite B, grâce à des
médicaments administrés par voie orale, sans aucun effet
indésirable et avec une efficacité de l’ordre de 80 à 90 
%,
l’infection, bien qu’on en attende encore la guérison, est
désormais contrôlée, et les risques de passage à la cirrhose
et au cancer du foie, et les inscriptions en transplantation du foie (ainsi que les coûts qui leur sont associés) en
ont été considérablement réduits. En ce qui concerne l’hépatite C, alors qu’on est pratiquement parti de zéro avec
l’interféron standard au début des années 90, la trithérapie actuelle permet d’obtenir des taux de guérison de 75 à
80  ! Et de nouvelles stratégies sont attendues pour une
% 
efficacité encore accrue.
Ces progrès sont un atout pour nos malades, mais
peuvent aussi nous aider à défendre une politique plus
performante de leur prise en charge. Des traitements efficaces doivent nécessairement conduire à un accroissement du dépistage, dont l’insuffisance constitue une perte
de chance. Dépistage, accès au traitement, prise en charge
thérapeutique sont ainsi étroitement liés. Ces efforts doivent être poursuivis.

La première bonne nouvelle, c’est cette évaluation
indépendante faite par l’ELPA, reposant sur un total de 300
items dans les domaines de la prévention, du dépistage et
de l’accès aux soins des patients atteints d’hépatite et qui
indique que la France est en première position à l’échelon
européen, et sans doute mondial. Nous avons commencé
à travailler dans ce domaine il y a plus de quinze ans et
les efforts conjugués des institutionnels, notamment de la
Autre élément de satisfaction : les actions efficaceDGS, des professionnels de santé et de vous-mêmes, ont ment mises en place avec la DGS dans le cadre de ce troipermis d’être aujourd’hui dans cette position.
sième plan. Le plan comportait 55 actions réparties en
cinq axes. Cinquante ont été en mises en œuvre, 5 étant
Une trentaine de pôles de référence ont été initiale- devenues obsolètes par l’avancée des connaissances.
ment financés, au milieu des années 90, avec la création
de postes, notamment médicaux, mais les financements
À la fin du plan, la quasi-totalité des actions seront
ont été progressivement revus à la baisse, ce qui est diffi- donc finalisées et nous verrons à plus long terme quels en
cilement compréhensible à un moment les avancées thé- auront été les effets. Ce plan a été conduit avec la sous-dirapeutique font que davantage de malades doivent être rection de la DGS que je voudrais remercier et particulièpris en charge. Tout au long de ces années, nous avons pu rement le Dr. Annette Colonnier avec laquelle j’ai plaisir à
bénéficier, grâce à l’Institut de veille sanitaire, d’un sys- travailler au quotidien.
tème de surveillance épidémiologique comme aucun pays
du monde n’en a, hormis les États-Unis. Il a permis une
Ces forces, si elles nous servent, ne doivent pas masévaluation des facteurs de risque, de la prévalence et de quer nos faiblesses et insuffisances qu’il faut corriger. En
la morbi-mortalité, données indispensables pour toute termes de prévention, nous avions un important déficit il y
prise de décision. Avec la mise en place de conférences a quelques années s’agissant de la vaccination des nourrisde consensus, des plans de santé ont été développés, initié sons contre l’hépatite B. Nous étions en queue de liste des

→
Le plan de lutte contre les hépatites B et C : avancées et perspectives

8

CONFÉRENCES
pays européens en la matière. Grâce aux efforts fournis et
notamment l’obtention du remboursement du vaccin Hexavalent en 2008, 80 % des nourrissons sont aujourd’hui vaccinés. En revanche, la population des préadolescents et des
adolescents, d’après une enquête récente, n’est aujourd’hui
vaccinée qu’à 40 %, alors que c’est une période de la vie
où l’on a le plus de risque d’être contaminé. Une enquête
réalisée par l’Institut national de veille sanitaire a montré
que 80% des hépatites survenues chez ces sujets jeunes
auraient pu être évitées si la vaccination avait été réalisée.
Des actions sont donc à mener dans ce domaine et c’est
une priorité pour les mois à venir,
en accord avec le cabinet de notre
ministre, de même que pour les
populations en situation de précarité et les usagers de drogues. J’ai
appris que dans un grand nombre
de CSAPA, non seulement le dépistage est loin d’être systématique,
mais la vaccination des usagers de
drogues l’est encore moins.

CONFÉRENCES

e forum
15 national

9

⇢Rennes 2012

vard, toutes les évaluations n’étant pas arrivées à terme. Je
pense que nous devrions rapidement les obtenir pour permettre une validation par la HAS. Ces TROD hépatites B
et C vont représenter un apport considérable pour faciliter
le dépistage, notamment dans les populations à risque.
La troisième difficulté concerne l’accès aux soins
et la prise en charge thérapeutique. Avec l’arrivée de ces
traitements aussi efficaces, et notamment la trithérapie
qui guérit près de 80  des patients atteints d’hépatite
%
C, il était raisonnable de postuler que nous aurions une
montée en charge des malades à
traiter. Assez vite dans le cadre
du plan, nous avons mis en place
une étude de modélisation dont
l’objectif était d’évaluer le nombre
de patients susceptibles d’arriver
dans nos structures pour y être
traités plus efficacement. Cette
évaluation a fait apparaître que
dans les années à venir, le nombre
de malades à prendre en charge
pourrait être augmenté d’un facteur 3 à 4. Cette évaluation était
aussi destinée à prévenir nos tutelles des nécessaires moyens financiers et humains devant être
associés à cette prise en charge.
Pascal Mélin a rappelé les difficultés que nous rencontrons pour
l’obtention de ces moyens et à ce jour aucune aide n’est
arrivée dans les services experts. Les aides demandées
concernent notamment l’éducation thérapeutique dont on
a montré qu’elle était un facteur à la fois d’augmentation
de l’observance et de majoration des taux de guérison.

“Des traitements
efficaces doivent
nécessairement
conduire à un
accroissement
du dépistage,
dont l’insuffisance
constitue une
perte de chance.”

S’agissant de l’hépatite C,
les politiques intensives de réduction des risques ont été assez
efficaces pour la réduction des
nouvelles contaminations chez les
usagers de drogues. On est pourtant loin d’avoir tout résolu et il
faut être imaginatif pour identifier d’autres dispositifs qui pourraient être plus efficaces.
Depuis plusieurs mois, on parle de centres de supervision
des injections. L’Inserm a donné son accord pour que des
évaluations soient engagées. Notre ministre a pris une position assez claire en faveur de ce type d’expérimentation,
mais il n’y a pas une journée sans que la presse fasse état
des obstacles rencontrés. Il faut être persévérant. Personne
L’avenir, c’est l’évaluation  Nous avons initialement
!
ne peut s’opposer à des expérimentations bien conduites prévu qu’une des actions du plan consiste en une évaluaet nous devrions pouvoir aboutir.
tion faite à son terme par un organisme indépendant. Cette
évaluation a été mise en place par le Haut conseil de santé
Le deuxième problème concerne le dépistage. La publique et nous sommes maintenant auditionnés pour le
France est certes bien placée à l’échelon européen, avec rapport final. Nos évaluateurs vont avoir à répondre à des
pour les hépatites B et C plus de 50 % de personnes dépis- questions sur les impacts prévisibles du plan et nous attées. Mais cela signifie aussi que 50 % des sujets infectés tendons leurs recommandations sur la façon dont ils enne sont pas encore dépistés, représentant 250 000 person- visagent l’avenir de la lutte contre ces infections et, nous
nes atteintes d’hépatites B ou C. A titre indicatif, le nombre l’espérons, le maintien de notre place au meilleur niveau à
de personnes non dépistées pour l’infection à VIH est de l’échelon international.
l’ordre de 30 000. Ces données doivent nous inciter à favoriser le dépistage, quelles que soient les populations. Dans
L’efficacité des traitements, permettant de réduire les
le cadre du plan, une action étudie le coût/efficacité d’un complications et les stratégies thérapeutiques coûteuses,
dépistage en population générale, comme cela a été pro- comme la transplantation, sera probablement détermiposé, mais non mis en place, pour l’infection à VIH. Cette nante dans ces recommandations, puisqu’il est logique de
stratégie devra être comparée à celle ciblant plus efficace- penser qu’avec des actions fortes de dépistage et de priment les personnes à risque, et peut-être même en fonc- se en charge, le problème de santé que représentent ces
tion des années de naissance : un travail qui vient d’être hépatites pourrait voir son terme dans les années à venir.
rapporté dans la revue Hepatology indique que les taux les Il est ainsi logique de penser que nos autorités de tutelle
plus élevés d’infection virale étaient observés chez des su- vont continuer de s’investir à nos côtés, et la DGS semble
jets nés entre 1945 et 1965.
bien aller dans ce sens puisqu’elle vient de proposer d’organiser une nouvelle journée de sensibilisation autour des
Nous avons aussi du retard dans la mise en place des hépatites B et C qui aura lieu au ministère de la santé le
TROD ou des tests sur support solide, c’est-à-dire le bu- 30 mai prochain. Je vous convie bien sûr à cette rencontre.

Questions dans la salle
MICHEL BONJOUR,
MILITANT À SOS HÉPATITES
J’aimerais faire quelques remarques. Les premières
s’adressent à Pascal qui a dit que nous étions les meilleurs.
Je préfère dire que nous sommes les moins pires, parce
que le rêve d’un malade militant est que tout le monde ait
accès au traitement, que tout le monde soit dépisté, soit
soigné, parce qu’on sait très bien que même si on parle de
crise économique grave, on est quand même dans un pays
où non seulement on soigne les gens, mais où l’on aide
les autres. Pascal a également dit que le plan avait décidé
des actions, mais je dirais proposé. Tout le problème est
qu’il y a des groupes de travail avec des personnes extraordinaires qui font un superbe travail, le problème étant
ce que l’on en fait ensuite, et le fait que les crédits ne sont
pas fléchés. Des actions sont engagées, mais que signifie
engagées ? Je vois ce qui se passe à la fédération avec le
peu de moyens que nous avons, les réseaux qui disparaissent, c’est totalement anormal. C’est comme si l’on faisait
faire un diagnostic de sa voiture par un expert et que l’on
confiait la réparation à un petit garagiste qui ne connaît
pas l’électronique. La vaccination des nourrissons, c’est
très bien.
L’information en direction des médecins, c’est très
bien. Et le plan en parle. Concernant le rattrapage des adolescents, quand les politiques prendront-ils une vraie décision et mettront-ils vraiment les moyens pour rattraper
cette catastrophe sanitaire prévisible ?
Et ce qui me gêne beaucoup dans le contexte ambiant, c’est que j’ai déjà vu un participant à une table ronde

évoquer les chimiothérapies pour les cancers et demander s’il était utile pour gagner deux ou trois ans de prescrire un traitement qui coûte 100.000 €. Il faut peut-être
que les associations de malades soient un peu plus activistes et aillent plus loin dans leurs revendications. Quand
on veut trouver de l’argent pour aider l’industrie, on en
trouve. Depuis quatre ans, nous avons la même somme
pour faire fonctionner une association qui devient bancale, nous avons à peine six salariés. Il y a tout un débat
sur le fait que nous travaillons avec des labos qui nous
financent des trucs. Heureusement, car comment ferionsnous ? Nous aurions disparu depuis longtemps comme les
six autres associations hépatites qui existaient quand on
a fait les premiers états généraux pour préparer la conférence de consensus de 2002. Toutes ces associations ont
disparu, n’existent plus.
DANIEL DHUMEAUX Nous sommes tous avec les mêmes objectifs, nous avons tous la même ambition, et nous
utilisons des moyens différents pour aboutir. Je ne peux
pas tenir le même discours que Michel. Nous sommes
pressés, parce qu’il y a des malades qui s’aggravent et
qui pourraient ne pas s’aggraver s’ils étaient bien traités.
Aujourd’hui, nous avons des traitements extrêmement efficaces ; au cours de ces dernières années, nous avons réduit
le nombre de transplantations pour hépatite B et nous
sommes en train de le faire pour les cirrhoses C.
Il y a les institutionnels, les professionnels de santé, les associations de patients. Nous sommes totalement
complémentaires avec chacun notre discours, mais nous
avons clairement les mêmes objectifs.
MICHEL BONJOUR Nous avons fait des formations pour

→
Le plan de lutte contre les hépatites B et C : avancées et perspectives

10

CONFÉRENCES

CONFÉRENCES

des soignants des appartements de coordination thérapeu- l’accès aux traitements, une couverture au dépistage. Mais
tique. Ce qui nous a sauté aux yeux, c’est qu’il y a des per- nous devons nous faire entendre, porter la parole des masonnes qui perçoivent le RSA, voire moins que cela, que ladies virales.
l’on va mettre en trithérapie et à qui l’on explique qu’ils
doivent consulter un diététicien, manger de telle façon,
prendre trois collations en même temps que leurs comprimés de trithérapie. Ces gens n’ont pas un sou et ils ne
mangent pas. En faisant le calcul, on s’est rendu compte
que lorsqu’on a quelqu’un en trithérapie sur une année,
on peut lui assurer une alimentation correcte et équilibrée
avec moins de 1000 €. Personne ne prend cela en compte.
Sur la précarité, il y a vraiment des choses qui devraient
être prises en compte.

Et nous devons réfléchir aussi à la question de la
délégation de la responsabilité. Dans le système sanitaire français, nous sommes bien contents d’avoir des
sages-femmes pouvant accompagner des femmes enceintes. Aujourd’hui, nous manquons de bras en hépatologie.
Quelle doit être la fonction première du médecin et à quel
moment peut-on utiliser mieux et différemment les compétences acquises d’une infirmière d’éducation thérapeutique ? Tous ces projets sont à inventer. Je n’ai pas dit que
nous étions les meilleurs, mais nous sommes l’exemple de
l’Europe. Néanmoins, on ne peut pas se satisfaire des résultats que nous avons. C’est un véritable enjeu de santé
publique de faire un exemple de cette maladie chronique
guérissable. On a été capable dans le passé d’éradiquer la
variole, et je pense que guérir l’hépatite B et l’hépatite C
est à portée de main aujourd’hui, avec des stratégies différentes, mais nous ne pourrons jamais être satisfaits tant
que nous n’aurons pas un vaccin de l’hépatite C. Pour arriver à contrôler une épidémie, il faut des traitements efficaces pour sortir de l’infection, mais aussi une prévention
avec des vaccins. Nous avons ce modèle dans l’hépatite B,
donc utilisons une stratégie correcte de double couverture,
c’est-à-dire une couverture vaccinale, une couverture dans

DANIÈLE DESCLERC-DULAC,
MILITANTE À SOS HÉPATITES

J

e suis tout à fait d’accord avec tout ce qui vient d’être dit
pour avoir cheminé avec vous tous. J’ajouterai qu’il faudrait aussi regarder comment sont réparties les enveloppes. Je ne veux pas que l’on retire à certains pour donner
à d’autres, mais actuellement on meurt plus d’une hépatite que d’autres pathologies. Or, on reste sur des schémas
aujourd’hui périmés, et il faudrait une plus juste répartition des fonds tant au niveau national qu’au niveau de nos
Agences Régionales de Santé avec lesquelles je travaille,
aussi bien sur les plans hépatites que sur la représentation des usagers. Je précise que SOS Hépatites porte non
seulement la parole des hépatants dans toutes les actions
pouvant être menées, mais également la parole des représentants des usagers dans un certain nombre d’instances.
À ce titre, il faudrait une reconnaissance un peu plus forte
que celle que nous avons actuellement. Dans nos associations, nous n’avons que des bénévoles, qui peuvent finir
par s’épuiser car ce sont des malades. Ils veulent oublier
cette partie de leur vie, ce qu’il faut comprendre, et il faudrait que nous ayons quelques moyens dans nos associations régionales pour le développement des différentes
actions.
Nous avons eu un accord pour mettre en place un
plan d’éducation thérapeutique dans le service d’hépatologie mais sans aucun moyen. Nous avons des personnels qui
s’impliquent énormément, qui ont un diplôme universitaire d’éducation thérapeutique, mais nous devons réfléchir
aux moyens qui peuvent être donnés dans les établissements hospitaliers. Pascal dit que l’infirmière d’éducation
thérapeutique est le quatrième volet de la quadrithérapie.
Il faut le financer d’une manière ou d’une autre.

11

⇢Rennes 2012

L’hépatite C chez les usagers de drogues :
les données scientifiques disponibles
démiologiques montrent que la première injection a généralement lieu à 20 ans, mais on peut considérer que ceux
nés après 1975 ont bénéficié à la fois de l’accès aux seringues et des traitements de substitution mis en place en
1995. Pour les usagers de drogue nés après 1975, la prévalence du VIH est quasi-nulle et on peut en conclure un impact majeur de la politique de réduction des risques sur la
transmission du VIH. Malheureusement, pour l’hépatite C,
une proportion non négligeable d’usagers nés après 1975
est déjà contaminée par l’hépatite C. Ce qui montre que la
politique de réduction des risques telle qu’elle est menée
en France doit être non seulement poursuivie, mais que de
nouvelles mesures doivent également être envisagées.

DANIEL DHUMEAUX L’éducation thérapeutique représente un centième du coût du traitement.
PASCAL MELIN Ce débat est la preuve qu’il y a encore
besoin d’un plan. Hier, lors de la conférence de presse,
nous avons prononcé des mots forts au nom de SOS Hépatites, nous avons parlé de génération sacrifiée et dit que les
préadolescents qui, aujourd’hui, ne sont pas couverts par
la vaccination de l’hépatite B vont rentrer dans la sexualité, qui est le premier mode de contamination. Donc, on les
envoie à la contamination et ce n’est pas acceptable. Même
s’ils sont en situation de crise économique, les Espagnols
ont des leçons à nous donner sur la façon de mettre en
place une stratégie de rattrapage de vaccination pour les
adolescents en utilisant le système scolaire. D’autre part,
nous avons la démonstration aujourd’hui que la quadrithérapie existe déjà, sauf que la quatrième molécule est
une infirmière d’éducation thérapeutique ; sachant qu’une
infirmière fait 15 % d’éradication virale de plus. On s’interroge sur les 30 000 € que coûterait une infirmière entre le
salaire et les charges, alors qu’on est prêt à investir cette
somme pour une molécule par patient et qu’une infirmière
va pouvoir gérer 30, 40, 50 patients.

e forum
15 national

MARIE JAUFFRET-ROUSTIDE,
SOCIOLOGUE, INVS, SAINT-MAURICE
ET CESAMES, PARIS

J

’aurais souhaité pouvoir vous présenter les données de
la dernière édition Coquelicot que nous avons réalisée
en 2011, mais elles ne sont pas encore disponibles. Ma
présentation s’appuiera essentiellement sur des données
produites par l’InVS, mais également d’autres organismes.
Je me suis efforcée de répondre aux questions posées par
SOS Hépatites pour préparer mon intervention. Il y a certaines questions que je n’ai pas pu traiter, mais nous pourrons les aborder dans la discussion, si vous le souhaitez.
Quelques éléments de contexte. En France, le partage
du matériel d’injection est aujourd'hui le facteur de risque
majeur de transmission de l’hépatite C. Les dernières données de prévalence de séro-épidémiologie, qui reposent
sur des données biologiques, sont celles de l’enquête Coquelicot réalisée en 2004 qui mettait en évidence que 60%
des usagers de drogue étaient contaminés par l’hépatite
C. C’est une prévalence très élevée au regard des données
observées au niveau international. Les données 2011 sont
donc en cours d’analyse, mais elles montrent une tendance
à la baisse. L’élément inquiétant en 2004 était que la prévalence de l’hépatite C était déjà très élevée chez les usagers de drogue les plus jeunes, âgés de moins de 30 ans,
puisqu’un tiers des usagers étaient contaminés par l’hépatite C alors que la prévalence du VIH chez les moins de 30
ans était quasi-nulle.
Dans le cadre de l’enquête Coquelicot, nous nous
sommes efforcés d’évaluer l’impact de la politique de réduction des risques sur la transmission de l’hépatite C
chez les usagers de drogue. Nous avons fait une analyse
par cohorte de naissance, considérant que les usagers nés
après 1975 avaient pu bénéficier de l’ensemble des mesures de réduction des risques à partir du moment où ils
avaient démarré l’injection. En moyenne, les données épi-

Concernant la connaissance du statut de l’hépatite
C, il s’agit de données issues à la fois de l’enquête menée
par Christine Meffre auprès des assurés sociaux et de l’enquête Coquelicot. En population générale, la dernière enquête de l’InVS concluait à une prévalence de l’hépatite C
à 0,84% et plus de la moitié des personnes connaissait leur
statut, c'est-à-dire que 43% environ des personnes ne le
connaissaient pas. Dans l’enquête de Christine Meffre, la
connaissance du statut vis-à-vis de l’hépatite C était beaucoup plus élevée chez les anciens usagers de drogue par
voie intraveineuse que dans le reste de la population. L’enquête Coquelicot a également pu montrer, en comparant
les données biologiques et les données déclarées par les
usagers de drogue, que près d’un tiers d’entre eux, à l’époque, se déclaraient séronégatifs pour le VHC alors qu’ils en
étaient positifs. Les données 2011 sur cette question montrent une part encore trop importante d’usagers de drogue
qui méconnaissent leur statut, alors que ceux de l’enquête
Coquelicot ont un niveau de dépistage très élevé puisque 9
sur 10 ont été dépistés au moins une fois dans leur vie et
sont vus dans les CSAPA et les CAARUD. Cela montre que
les contaminations ont généralement lieu entre le dernier
dépistage et le moment où a lieu l’enquête et pose la question du dépistage répété.

→
L’hépatite C chez les usagers de drogues : les données scientifiques disponibles

12

CONFÉRENCES
Il faut toutefois être prudent par rapport à cette question de la discordance entre le statut déclaré et le statut
observé en biologie puisque l’indicateur biologique utilisé dans le cadre de Coquelicot est la présence d’anticorps
VHC et qu’en 2004, on ne pouvait donc pas distinguer les
personnes guéries et les personnes porteuses. Alors qu’en
2011, cette distinction va pouvoir être faite. Parmi ceux
qui disent être négatifs et ont des anticorps, on pourra
voir, par exemple, la part de ceux qui ont eu une hépatite C
mais ont guéri et qui ne se considèrent donc plus comme
porteurs de l’hépatite C, mais dont les anticorps sont parfois présents.

e forum
15 national

CONFÉRENCES
dans l’enquête Coquelicot, 8 usagers sur 10 déclaraient en
2004 avoir partagé la pipe à crack. Concernant la paille de
snif, un quart des usagers de drogue déclarait l’avoir partagée.
Ces pratiques à risque sont plus élevées encore chez
les usagers de drogue les plus jeunes, âgés de moins de 30
ans, chez les femmes et chez les personnes détenues, et
ce pour plusieurs raisons. Chez les plus jeunes on observe
une méconnaissance des modes de transmission de l’hépatite C ; chez les femmes et chez les personnes détenues, on
observe un moindre accès aux dispositifs de réduction des
risques. Les femmes usagères de drogue ont des difficultés à aller dans les dispositifs de réduction des risques, et
en ce qui concerne les personnes détenues, les seringues
n’étant pas disponibles en milieu pénitentiaire, les usagers
de drogue n’ont pas accès à du matériel d’injection.

Les dernières données disponibles concernant la prévalence de l’hépatite C chez les usagers de drogue sont
déclaratives et il convient de les utiliser avec précaution.
Néanmoins, ces données sont très utiles puisque l’enquête
ENa-CAARUD est réalisée tous les deux ans par l’Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies. A partir
Concernant la question des contextes et des popude ces données, on voit entre 2006 et 2010 une diminution lations vulnérables vis-à-vis de l’hépatite C, quelques
de la prévalence de l’hépatite C chez
données sur les jeunes, sur les femles usagers de drogue qui passe de
mes et sur les personnes détenues.
47% en 2006 à 34,8% en 2010, 2010
Concernant les jeunes, se pose la
étant la dernière édition de l’enquêquestion de la première injection.
te dont les données ont été publiées
Dans la littérature internationale,
il y a quelques jours. Cette tendance
on sait que la première injection
à la baisse, qui est plutôt encouraest un moment particulièrement à
geante, ne doit pas faire oublier le
risque pour la transmission de l’héfait que les pratiques à risque perpatite C. La plupart des contamisistent chez les usagers de drogue
nations VHC se font généralement
et qu’il y a également des sous-podans les deux premières années de
pulations et des contextes de vull’injection. L’enquête Coquelicot
nérabilité qui font que l’hépatite C
de 2004 montrait que 8 usagers de
est toujours présente de manière
drogue sur 10, soit 83%, n’avaient
importante chez les usagers de dropas réalisé eux-mêmes leur premiègue.
re injection, qu’elle avait été réalisée par un tiers, que cette première
Concernant les pratiques à risinjection était rarement programque, les données de l’enquête Comée par l’usager et qu’il n’avait pas
quelicot de 2004, corroborées par
obligatoirement de matériel d’ind’autres enquêtes ultérieures, montrent que les pratiques jection stérile sur lui, et comme dans la plupart des cas,
de partage de matériel lié à l’injection sont encore très cette injection était réalisée par un tiers, ce tiers, généraélevées puisque 38% des usagers de drogue déclaraient lement plus âgé, pouvait être potentiellement contaminé
avoir partagé le petit matériel lié à l’injection, c'est-à-di- par l’hépatite C. Je rappelle que la prévalence était de 60%,
re la cuillère, le coton ou l’eau de rinçage, dans le dernier d’où un risque important d’être contaminé par l’hépatite C
mois, alors que l’enquête a été menée auprès d’usagers de lors de cette première injection s’il n’utilise pas du matédrogue ayant accès au matériel puisqu’ils sont interrogés riel d’injection stérile. Les données 2011 sur la proportion
dans des structures qui distribuent du matériel. N’est donc d’usagers qui déclarent avoir fait réaliser leur première inpas prise en compte la population d’usagers de drogue qui jection sont assez similaires.
vit en milieu rural et a beaucoup moins facilement accès
au matériel d’injection. Pour le partage de la seringue, 13%
D’autre part, les usagers les plus jeunes ont le sentides usagers de drogue déclarent avoir partagé leur serin- ment d’appartenir à un groupe d’usagers épargnés par la
gue dans le dernier mois. Les chiffres sont donc meilleurs contamination VHC, alors que même quand ils injectent
que ceux observés dans les années 1980 où le taux de par- uniquement dans leur groupe de pairs, on sait déjà que
tage de la seringue était à 50%. Toutefois, 13% reste un près d’un tiers sont contaminés par l’hépatite C. Les usachiffre important.
gers de drogue les plus jeunes ont peu de contact avec les
dispositifs de réduction des risques et ont généralement
Au-delà des pratiques à risque liées à l’injection, il une mauvaise connaissance des pratiques de réduction
convient aussi de mentionner les pratiques à risque lié des risques. Par ailleurs, le volet socio-anthropologique de
aux autres modalités de consommation, comme le partage l’enquête Coquelicot montre que cette question de la prede la pipe à crack qui est extrêmement important puisque mière injection est un sujet tabou pour l’initiateur. Les ini-

L’injection autrefois
stigmatisé dans le
milieu festif tend à
se développer tout
en restant une pratique qui peut être
cachée et réalisée
dans l’urgence, ce
qui augmente l’exposition au risque

tiateurs ont du mal à parler de la manière dont ils initient
d’autres injecteurs, ce qui rend particulièrement compliquée la possibilité de transmettre des messages de prévention pour cette première injection. On sait également
que la première injection est déterminante dans la suite
de la trajectoire des usagers de drogue et l’acquisition des
pratiques de réduction des risques. C'est la raison pour laquelle il est essentiel de travailler sur cette question et sur
la transmission de messages de réduction des risques au
plus tôt chez les usagers de drogue, même lorsqu’ils ne
sont pas encore des injecteurs.
Au-delà de la première injection, les jeunes injecteurs
sont donc une population à risque et les dernières données
disponibles montrent que pendant longtemps, l’injection
était peu fréquente et un sujet très tabou dans le milieu
festif. Depuis quelques années, les données épidémiologiques montrent que les pratiques d’injection en milieu festif sont de plus en plus fréquentes, mais qu’elles restent
stigmatisées. Les jeunes qui injectent en milieu festif ont
donc tendance à cacher leur pratique, à la réaliser dans l’urgence, et
on sait que les injections réalisées
dans l’urgence augmentent l’exposition aux risques.

13

⇢Rennes 2012

contenter des résidus de produit utilisés par d’autres usagers et contenus dans les filtres qui sont abandonnés par
d’autres usagers. La littérature a montré qu’au-delà de la
seringue, le récipient pour partager la drogue et les filtres
constituent un vecteur de transmission de l’hépatite C.
Nous avons voulu explorer cette question des pratiques à risque chez les femmes à travers un volet socioanthropologique pour comprendre pourquoi les femmes
usagères de drogue avaient des pratiques à risque plus
élevées que les hommes. D’abord, elles ont surtout des
pratiques d’emprunt du matériel. Elles sont cinq fois plus
nombreuses à emprunter le matériel usager. Elles sont
plus exposées au VHC lors de l’injection d’abord parce que
l’initiation à l’injection correspond le plus souvent à la
mise en couple avec un conjoint usager de drogue. Toutes
les femmes que nous avons interrogées dans le volet socio-anthropologique ont toutes indiqué avoir été initiées
par leur partenaire sexuel, ce qui n’était pas le cas des usagers de drogue hommes que nous avons interrogés dans
ce volet. Malheureusement, cette
question n’avait été investiguée que
d’une manière qualitative, et c'est
la raison pour laquelle nous avons,
en 2011, ajouté des questions sur la
première injection pour avoir des
éléments épidémiologiques quantitatifs sur le profil de l’initiateur.

Au sein du couple,
le partage du
matériel d’injection
avec le partenaire
sexuel n’est pas
perçu comme une
pratique à risque

On observe également dans
les CAARUD depuis quelques années une nouvelle population de
très jeunes injecteurs, âgés de
moins de 25 ans, qui vivent en milieu urbain, dont une partie d’entre
eux est issue du milieu festif, et qui
sont poly-consommateurs de cocaïne, de crack, de Skenan. Ils sont très
précaires, vivent dans la rue ou dans des squats, et sont
très exposés au risque de contamination par l’hépatite C
à la fois en raison des produits qu’ils consomment qui nécessitent de multiples injections, du contexte de consommation sachant qu’ils injectent le plus souvent dans la rue,
et du manque de connaissance des pratiques de réduction
des risques.

Les femmes usagères de drogue sont une population
très vulnérable vis-à-vis de la transmission de l’hépatite
C, du VIH également. Les données présentées comparent
les pratiques de consommation et les pratiques à risque
entre les hommes et les femmes. Les femmes usagères de
drogue sont proportionnellement beaucoup plus nombreuses à consommer du crack que les hommes. Dans l’enquête
Coquelicot, 4 femmes sur 10 déclaraient avoir consommé
du crack dans le dernier mois versus 25% des hommes.
Les niveaux de pratiques à risque chez les femmes sont
également inquiétants. Dans le dernier mois, 25% des femmes déclaraient avoir partagé leur seringue, contre 11%
des hommes. Le récipient pour préparer la drogue était
partagé par 22% des femmes usagères de drogue versus
6% des hommes, et le partage du filtre par 26% des femmes versus 15% des hommes. On sait que le partage du
filtre est généralement un indicateur de précarité sociale,
puisqu’une partie des femmes usagères de drogue vont se

On voit également que les
femmes usagères de drogue sont
en moyenne plus jeunes que les
hommes, et qu’elles sont plus souvent engagées dans des pratiques à
risque à la fois dans le domaine de
l’usage de drogue, mais également dans le domaine de la
sexualité. Elles ont plus souvent que les hommes un partenaire sexuel qui est usager de drogue et elles utilisent
moins souvent le préservatif avec leur partenaire usager
de drogue. Par ailleurs, l’élément déterminant dans les
pratiques à risque, c’est que les femmes usagères de drogue sont dépendantes de leur conjoint pour l’obtention du
produit. Elles achètent rarement le produit et elles sont
donc moins autonomes pour choisir le moment où elles
vont consommer et injecter. Ce qui signifie qu’elles passent après leur partenaire sexuel pour injecter et c’est dans
cette temporalité qu’elles sont amenées à emprunter leur
matériel.
Par ailleurs, au sein du couple, le partage du matériel
d’injection avec le partenaire sexuel n’est pas perçu comme une pratique à risque. C’est un élément essentiel. Dans
le volet épidémiologique de l’enquête Coquelicot, quand
nous avons testé les questionnaires, nous nous sommes
rendu compte que lorsque nous demandions aux usagers
de drogue s’ils avaient partagé leur matériel d’injection,
beaucoup nous répondaient non dans un premier temps, et
nous disaient ensuite dans le cours du questionnaire qu’ils
avaient partagé avec leur partenaire sexuel. Aujourd'hui,
quand nous posons la question dans notre volet épidémiologique, nous insistons sur ce point.

→
L’hépatite C chez les usagers de drogues : les données scientifiques disponibles

14

CONFÉRENCES
L’enquête Coquelicot avait abordé la question de l’injection en détention. Nous n’avons malheureusement pas
pu interroger les usagers de drogue détenus en 2004, mais
nous avions recueilli des données de manière rétrospective
en demandant aux usagers de drogue si lors d’incarcération, ils avaient été amenés à injecter. 61% des usagers de
drogue déclaraient avoir été incarcérés au moins une fois
au cours de leur vie, et 12% d’entre eux déclaraient avoir
eu recours à l’injection en prison au moins une fois, dont
30% déclaraient avoir partagé leur seringue en prison. Les
taux de partage de seringue en détention sont plus élevés
qu’en milieu libre.

CONFÉRENCES
de réduction des risques puisque l’ensemble des mesures
de réduction des risques en France a été construit autour
du modèle de l’héroïnomane injecteur, c'est-à-dire seringue et traitement de substitution. Le modèle français de
réduction des risques n’a donc pas du tout pris en compte
la question des autres modes de consommation et la question des autres produits consommés, comme par exemple
la cocaïne et le crack.

Au-delà de l’enquête Coquelicot, nous avons poursuivi les investigations dans le cadre d’une autre enquête menée en 2010 avec la Direction Générale de la Santé,
à savoir l’enquête Prévacar, qui s’intéressait à la santé
des personnes détenues, indépendamment de la question
d’usage de drogue, mais certaines questions s’y référaient.
Dans l’enquête Prévacar, il y avait un volet pour les patients et un volet pour les médecins des UCSA. Il était demandé aux médecins des UCSA si le personnel soignant
avait eu connaissance de seringues en détention dans les
douze derniers mois. 18% des établissements pénitentiaires déclaraient avoir eu connaissance de seringues en
détention dans les douze derniers mois. La confrontation
entre ces deux chiffres permet de voir que lorsqu’on interroge les usagers de drogue et le personnel pénitentiaire,
les données vont dans le même sens et attestent du fait
qu’il y a des pratiques d’injection en détention.
C'est la raison pour laquelle nous avons décidé dans
la nouvelle enquête Coquelicot, avec le soutien de l’ANRS,
de mettre en place un volet spécifique détention. Cette enquête sera mise en place sur 2013 et 2014. Les questions
seront posées à des usagers de drogue au moment de leur
incarcération. D’après la littérature et les données dont
nous disposons, la prison constitue un lieu d’exposition
aux risques infectieux important puisque la prévalence
du VIH et de l’hépatite C est trois à quatre fois plus élevé chez les personnes détenues qu’en milieu libre, que les
conditions d’hygiène en détention sont très mauvaises, et
qu’il n’y a pas d’accès au matériel de réduction des risques
liés à l’injection. Par ailleurs, la littérature a également
montré que l’initiation à l’injection pouvait se dérouler en
détention, et l’ensemble de ces éléments conduit à poser
la question de l’équivalence de l’accès aux soins et à la réduction des risques entre la prison et le milieu libre, équivalence présente dans les recommandations de l’OMS.
La troisième partie de mon intervention porte sur la
question des risques de transmission de l’hépatite C, encore méconnus dans le champ de l’usage de drogue, et liées
au partage des pipes à crack. Il s’agit des résultats d’une
enquête que nous avons menée entre 2009 et 2012 avec la
collaboration d’un collectif inter CAARUD et le soutien de
l’ANRS. Quelques éléments épidémiologiques sur la question du crack et de l’hépatite C. On sait que le matériel
d’injection reste le mode majeur de transmission de l’hépatite C, mais ce risque est très bien documenté dans la littérature, et surtout il est pris en compte dans les politiques

On observe dans la littérature internationale que
la transmission de l’hépatite C par le biais de la consommation de crack et plus particulièrement du partage des
pipes à crack est un débat d’actualité depuis quelques années. Ce débat est pertinent et tout particulièrement dans
un contexte épidémiologique où l’on observe depuis une
quinzaine d’années une augmentation très importante de
la consommation de cocaïne et de crack à la fois en Europe
et en France. En France, l’expérimentation de cocaïne a été
multipliée par quatre ces quinze dernières années. C'est
le seul produit pour lequel on observe une augmentation
aussi importante. Le crack est aujourd'hui le premier produit consommé en moyenne nationale par les usagers de
drogue qui fréquentent les CAARUD. Dans l’enquête Coquelicot de 2004, 30  des usagers de drogue fréquentant
%
les CAARUD et les CSAPA déclaraient avoir consommé du
crack dans le dernier mois, devant la cocaïne qui était déclarée par 27 % des usagers de drogue, et devant l’héroïne
qui était déclarée par 20% des usagers de drogue.
Les données de 2011 vont bien au-delà de 30  et
%,
la consommation de crack a non seulement très fortement
augmenté dans le contexte parisien, mais également en
province.
Les données de la littérature valident la question
du risque puisque dans les études épidémiologiques, la
consommation de crack ressort comme un facteur de
contamination de l’hépatite C, même quand on l’ajuste
sur d’autres facteurs de risque tels que l’injection, sachant

que la moitié des consommateurs de crack ont eu recours
à l’injection au moins une fois au cours de leur vie. Les
consommateurs de crack ont un risque 2,5 fois plus élevé
que les autres d’être contaminés par l’hépatite C, même en
prenant en compte l’injection ou la précarité des conditions de vie, qui sont d’autres facteurs de risque de l’hépatite C. Ces données épidémiologiques ont également été
validées par des données biologiques. Une publication de
Fisher faite au Canada en 2008 a montré que l’on pouvait
trouver du virus de l’hépatite C sur des pipes à crack.

e forum
15 national

15

⇢Rennes 2012

de l’hépatite C. Par ailleurs, les lésions des mains sont liées
à la fabrication du filtre, lequel était jusqu’alors préparé
avec des fils électriques arrachés sur des dynamos de vélo
ou trouvés dans les immeubles, lesquels pouvaient entraîner des coupures au niveau de la bouche et des mains.
L’enquête que nous avons menée avec le collectif
inter CAARUD est une enquête épidémiologique transversale, de type observationnel, que nous avons répétée à
deux reprises à vingt-quatre mois d’intervalle. Nous avons
fait une première enquête en 2009-2010 et la seconde en
2011-2012 avec, entre ces deux enquêtes, la distribution
d’un nouvel outil de réduction des risques. L’objectif de
cette enquête était d’abord de décrire l’état de santé des
usagers de crack, en particulier leur vulnérabilité par rapport à la transmission de l’hépatite C, et d’évaluer l’impact
de cet outil de réduction des risques sur la transmission de
l’hépatite C.

Ces données épidémiologiques et virologiques sont
également complétées par des données ethnographiques.
Dans le travail réalisé sur le terrain, en collaboration avec
des intervenants de réduction des risques en toxicomanie,
on a vu que l’utilisation et le partage des outils liés à la
consommation de crack, comme le cutter destiné à découper la galette ou préparer le filtre, comme le fil électrique
utilisé pour préparer le filtre, et comme les pipes en verre,
entraînent la présence de lésions au niveau des mains et
C’est la première enquête au niveau international à
de la bouche des usagers de crack et ce sont ces lésions qui utiliser comme critère de jugement l’évolution des lésions
constituent des portes d’entrée pour la transmission de comme indicateur indirect de la transmission du VHC. Il
l’hépatite C.
s’agissait de voir si à deux ans d’intervalle, la distribution
de cet outil de réduction des risques avait pu permettre
une diminution des lésions. Un nouveau kit a été mis au
point par les associations et est distribué aujourd'hui comme outil de réduction des risques. Le doseur à pastis a été
transformé par un tube en pyrex qui conduit moins la chaleur et évite les brûlures au niveau de la bouche. De plus,
lorsqu’il se casse, il se casse en mille morceaux et il est
alors beaucoup plus compliqué de conserver un turbo. Le
filtre est réalisé en Inox alimentaire et évite la manipulation du cutter et de fil électrique pour préparer le filtre et
donc il diminue la présence de lésions. Nous avons également proposé aux usagers de crack une petite lame jaune
qui permet d’éviter l’utilisation du cutter pour la préparation du crack et la baguette permet de positionner le filtre
à l’intérieur du tube. Ce kit est en cours de validation puisque les données concluent à une efficacité de ce nouvel
outil de réduction des risques et il est actuellement distribué dans de nombreuses associations de réduction des
risques.
L’InVS s'est intéressé à cette question car nous avons
été l’objet d’une double saisine. Une première saisine
Les résultats de la première phase de l’enquête 2009nous a été faite par un collectif inter CAARUD parisien. 2010 ont montré que la majorité des usagers de crack
Plusieurs associations – Gaïa, Ego, Charonne, SOS Drogue étaient des hommes, soit 8 sur 10, avec une moyenne
internationale, Aides – nous ont sollicités pour mettre au d’âge plutôt élevée de 38,9 ans ; mais on observe quand
point un nouvel outil de réduction des risques et faire en même que 14 % des usagers de crack ont moins de 30 ans.
sorte que l’InVS puisse évaluer ce nouvel outil pour en- On a pu observer également qu’étaient présents chez les
suite le valider, le faire financer par les pouvoirs publics et consommateurs de crack les jeunes consommateurs qui
le reconnaître comme un véritable outil de réduction des vivent dans la rue, poly-consommateurs, consommant
risques. A la même période, la DGS nous a saisis pour éva- du Skénan, de la cocaïne et du crack. La population des
luer l’ensemble des outils de réduction des risques, ce qui consommateurs de crack est extrêmement précaire, encore
nous a permis de mettre en place cette enquête.
plus que la population des usagers de drogue étudiée dans
Coquelicot, puisque plus de la moitié des usagers de crack
La consommation de crack entraîne des lésions au ont dormi dans un squat ou dans la rue dans les six derniveau des mains et de la bouche liées à l’utilisation de do- niers mois.
seurs à pastis en verre qui, lorsqu’ils sont utilisés souvent,
donnent ensuite lieu à de petits bouts de doseurs, appelés
On voit également que les pratiques à risque sont
turbos, qui sont ébréchés. Le partage de ces turbos ou de très importantes chez les consommateurs de crack puisque
doseurs à pastis très chauds favorisent une transmission nous avions posé des questions à la fois sur les pratiques à

→
L’hépatite C chez les usagers de drogues : les données scientifiques disponibles

16

CONFÉRENCES
risque lors de la dernière consommation, mais également
sur les prises de risque dans les six derniers mois. Lors
de la dernière consommation, 4 usagers sur 10 déclaraient
avoir partagé la pipe à crack, avant la mise en place de
notre intervention, parmi lesquels 21% déclaraient avoir
utilisé un doseur ébréché lors de leur dernière consommation. Concernant les prises de risque dans les six derniers
mois, on voit qu’en 2009-2010 elles sont toujours très élevées, avec 72% des usagers de crack qui déclarent avoir
partagé le doseur dans les six derniers mois, et surtout ils
étaient très peu nombreux à utiliser un embout en silicone
qui permet de limiter la transmission de l’hépatite C.
Dans cette enquête, ont également été posées des
questions sur l’état de santé. 80% des usagers de crack
déclaraient avoir eu un trouble de santé mentale dans les
six derniers mois, soit un épisode de dépression, soit des
hallucinations. Concernant le VIH et l’hépatite C, 11% des
usagers de crack déclaraient être séropositifs pour le VIH
et 41% déclaraient être séropositifs pour l’hépatite C. On
sait que la prévalence réelle est plus élevée que 41%.

Sur la question des lésions, les chiffres étaient encore
plus élevés que ce à quoi nous nous attendions puisque les
enquêteurs faisaient une observation clinique de l’état des
mains et de la bouche des usagers de crack. Dans le volet
2009-2010, 80 % des usagers de crack présentaient au moment de l’enquête des brûlures ou des coupures au niveau
des mains, et 32 % déclaraient des brûlures ou des coupures au niveau des lèvres. Avec cette importante prévalence
des lésions, ce taux de partage de la pipe à crack, et l’utilisation de doseurs ébréchés, on peut penser qu’il y a risque
de transmission de l’hépatite C dans cette population.
Les données 2011-2012 sont en cours d’analyse,
mais on observe une diminution considérable des lésions.
A priori, les lésions sont divisées par trois, donc moins de
30% des usagers de drogue présenteraient des lésions ; sachant qu’en 2009-2010, avant l’intervention, 9 usagers sur
10 présentaient au moins une lésion. Suite à l’intervention,

CONFÉRENCES
on observe également une augmentation de l’utilisation
de l’embout et surtout une prise de conscience du risque
de transmission de l’hépatite C chez les consommateurs
de crack. Il a fallu du temps pour que les usagers de crack
s’habituent à ce nouvel outil et certains préfèrent encore
le doseur à pastis et continuent à l’utiliser. Mais les usagers les plus enclins à utiliser ce nouvel outil de réduction
des risques sont les usagers les plus jeunes, de moins de
30 ans et qui sont donc les plus à risque de transmission.

Quels sont les moyens de faire face à cette augmentation des risques ? La distribution de pipes à crack, mais
également les salles de consommation à moindre risque.
Ces salles de consommation à moindre risque ont été mises en place dans de très nombreux pays d’Europe, aux
Pays-Bas, en Allemagne, en Espagne, mais également dans
d’autres pays comme l’Australie ou le Canada et ont pour
objectif de réduire les risques sanitaires liés à l’usage de
drogue. La littérature montre que les salles de consommation à moindre risque réduisent le nombre d’overdoses.
On sait également qu’elles réduisent les risques liés à l’injection, c'est-à-dire permettent une éducation à l’injection
chez les usagers de drogue.

17

⇢Rennes 2012

les favorisent également les transitions vers les modes de
consommation à moindre risque, sachant que ces salles de
consommation à moindre risque ne sont pas uniquement
des salles d’injection, mais aussi des salles pouvant disposer d’un espace pour sniffer ou pour fumer du crack. Dans
un certain nombre de ces salles, des stratégies de transition de l’injection vers d’autres modes de consommation
sont proposées. Et elles permettent de limiter les troubles
à l’ordre public liés à l’usage de drogue, de pacifier l’espace public, ces deux éléments ayant été bien documentés
dans la littérature.

Cette enquête sur les consommateurs de crack vient
valider l’existence de lésions liées à l’utilisation de pipe à
crack en verre et à la manipulation de fil de cuivre pour la
fabrication du filtre, et elle montre l’importance des pratiques à risque renforcée par la vulnérabilité sociale des
consommateurs. Il est donc indispensable aujourd'hui
d’adapter la politique de réduction des risques à l’évolution
des pratiques et des risques et, surtout, il faut maintenant
que nous allions au-delà du modèle unique de l’héroïnomane injecteur dans le cadre de la politique de réduction
des risques.
Concernant l’adaptation des politiques de réduction
des risques, ces données épidémiologiques montrent que
les pratiques à risque persistent chez les usagers de drogue
malgré une accessibilité accrue au dispositif de réduction
des risques et au matériel d’injection stérile. Pourquoi ces
pratiques à risque persistent-elles ? Pour un certain nombre de déterminants complexes. Tout d’abord, un nombre
croissant d’usagers sont amenés à injecter ou à consommer du crack dans la rue, et le fait de consommer dans la
rue soumet les usagers de drogue à une peur permanente
qui les empêche de mettre en œuvre de véritable stratégie
de réduction des risques. Comme la littérature internationale l’a montré et comme nos enquêtes l’ont montré, un
usager qui n’est pas tranquille pour réaliser son injection
et qui va la réaliser de manière rapide mettra moins facilement en œuvre des stratégies de réduction des risques.
Par ailleurs, les usagers de drogue qui injectent dans la
rue sont confrontés à des formes de violence physique et
psychique liées à la répression et à la stigmatisation sociale qui rendent plus compliqué pour eux le fait de mettre en œuvre des stratégies de protection. L’augmentation
de la consommation de stimulants, qu’il s’agisse de la cocaïne ou du crack, va entraîner des injections répétées ou
un partage des pipes à crack qui accentuent l’exposition
au risque.

e forum
15 national

Donc moins de dommages veineux, moins de risques
bactériens. Elles permettent aussi d’augmenter le nombre de demandes de sevrage. Au Canada, par exemple, une
publication très intéressante a mis en évidence que dans
les villes où ont été mises en place des salles de consommation à moindre risque, on observait une augmentation
du nombre de demandes de sevrage. C’est très intéressant
puisque cela permet d’aller au-delà de la distinction faite habituellement entre les modèles qui proposeraient du
sevrage et ceux qui proposeraient de la réduction des risques et qui seraient perçus comme une sorte de prosélytisme, alors que lorsque l’on met en place des dispositifs
de réduction du risque, une partie des usagers de drogue
souhaitent à un moment donner arrêter soit d’injecter, soit
de consommer des drogues.

En conclusion, la politique de réduction des risques
en France a largement fait la preuve de son efficacité sur la
diminution de la transmission du VIH. L’enquête Coquelicot de 2004 le montre, l’enquête 2011 ira également dans
ce sens. Sur le partage de la seringue, on observe une diminution des pratiques à risque. En revanche, l’impact de la
réduction des risques en France est plus limité aujourd'hui
sur la transmission de l’hépatite C, mais la France manque de recul et de données récentes disponibles. Dans
d’autres pays, comme les Pays-Bas, des publications ont
montré que la politique de réduction des risques pouvait
avoir un impact sur la diminution du nombre de nouveaux
cas d’hépatite C chez les usagers de drogue, donc sur l’incidence. Et les Pays-Bas ont mis en œuvre une politique
de réduction des risques bien plus précocement que la
France et beaucoup plus diversifiée. En effet, la politique
de réduction des risques en France est encore aujourd'hui
trop exclusivement centrée sur le modèle de l’héroïnomane injecteur. Afin d’être plus efficace, cette politique doit
prendre en compte la diversité des expositions aux risques auxquels s’exposent les usagers de drogue, à la fois la
consommation de crack, la question de l’usage de drogue
en milieu pénitentiaire et la question de la consommation
dans l’espace public.

La question de l’hépatite C est plus compliquée, c'està-dire que les données disponibles pour le moment n’ont
pas permis de montrer que les salles de consommation à
moindre risque avaient un impact direct sur la diminution de la transmission de l’hépatite C dans la mesure où
aucune enquête disponible n’a montré une diminution de
la prévalence de l’incidence de l’hépatite C liée aux salles
de consommation à moindre risque. Cela ne signifie pas
pour autant que ces salles n’ont pas d’impact sur la transmission de l’hépatite C, mais elles permettent d’améliorer
l’éducation aux risques liés à l’injection et donc contribuer
à limiter la transmission de l’hépatite C dans cette population.

Pour repenser les politiques de réduction des risques,
il est indispensable de pouvoir agir sur un certain nombre
d’éléments qui constituent des facteurs de transmission de
l’hépatite C chez les usagers de drogue. Tout d’abord, pouvoir agir réellement sur le contexte de consommation en
assurant de bonnes conditions d’hygiène aux usagers de
drogue, et les salles de consommation à moindre risque
constituent une des alternatives possibles. D’autre part,
améliorer le niveau de compétence des usagers de drogue
concernant les risques associés aux pratiques de consommation, avec la question de l’éducation aux risques liés à
l’injection et aux autres modes de consommation. Et il est
également important de pouvoir s’appuyer sur la responsabilité des usagers de drogue pour modifier leurs pratiques.

Par ailleurs, ces salles d’injection à moindre risque
permettent d’améliorer l’accès aux soins de manière globale et aux droits sociaux des usagers et d’atteindre des
populations qui ne fréquentent pas les dispositifs de réduction des risques, comme par exemple les très jeunes injecteurs. On peut considérer qu’en atteignant des populations
qui ne fréquentent pas les dispositifs de réduction des risques et qui ont des pratiques à risque, ces salles peuvent
avoir un impact sur la diminution de la transmission. El-

Agir sur le contexte social de l’injection et de la
consommation de crack permet de limiter les risques liés
à la transmission de l’hépatite C à la fois chez les usagers
de drogue, mais également dans la communauté dans son
ensemble. Je remercie l’ensemble des personnes qui ont
contribué aux recherches que je vous ai présentées sur
le crack et l’enquête Coquelicot, ainsi que l’ensemble des
usagers de drogue qui ont participé à ces enquêtes. Je vous
remercie.

→
18

CONFÉRENCES

L’hépatite C chez les usagers de drogues : les données scientifiques disponibles

Questions dans la salle
RÉGIS DUPONT Je suis médecin coordinateur d’un CSAPA en Saône-et-Loire et j’interviens en tant que médecin
bénévole pour le CAARUD qui fait partie de la même association. Je suis un peu inquiet car nous avons mis en place
depuis plus de deux ans le dépistage systématique des hépatites au niveau du CAARUD sur une population très fragilisée, et nous ne sommes pas à 60% de prévalence, nous
avons très peu de patients qui ont été dépistés positifs ou
de nouveaux cas. Je vis dans l’angoisse de voir venir cette
vague. Nous sommes également opérationnels au niveau
du CSAPA en termes de dépistage et nous n’avons pas cette impression d’une grosse vague épidémique de l’hépatite C. Nous sommes aussi opérationnels sur la vaccination
de l’hépatite B.
S’agissant de la vulnérabilité de la population féminine,
nos patientes arrivent dans les CSAPA assez tardivement
pour se faire soigner. Les deux principaux modes d’entrée
sont la grossesse et l’incarcération du conjoint, et souvent
les profils sont beaucoup plus dégradés pour un même
temps de consommation que chez les hommes. Il y a donc
quelque chose à explorer de ce côté-là. Enfin, bien que le
mode de consommation soit moins traumatisant, a-t-on
des chiffres sur la consommation et la contamination VHC
par le bang ?
MARIE JAUFFRET-ROUSTIDE Vous n’avez pas à être
inquiet, au contraire. Les 60% que j’ai indiqués, c’était en
2004. On observe une diminution. Les données de la dernière étude Coquelicot étant en cours d’analyse, je ne peux
pas vous dire quelle va être la marge exacte de diminution, mais vous allez être plutôt rassuré par rapport à ce
que vous observez. Je pense que nous allons plutôt vers
une décroissance de la prévalence de l’hépatite C chez les
usagers de drogue. Mais il ne faut pas baisser la vigilance
à la fois en raison des pratiques observées chez les usagers
de drogue qui continuent à avoir des pratiques à risque, en
raison des nouveaux risques observés avec la consommation de crack et qui se diffuse sur l’ensemble du territoire.
Et il faut rester vigilant sur la question des politiques publiques. Si l’on pensait que la question de d’hépatite C chez
les usagers de drogue était totalement réglée, on pourrait
dire qu’on a fait ce qu’il fallait et que l’on peut arrêter là.
Je pense qu’il faut proposer une palette très diversifiée de
réduction des risques aux usagers de drogue pour faire en
sorte que la marge de progression soit de plus en plus importante. Je ne peux malheureusement pas répondre à votre question sur le bang car je n’ai pas de données.

CONFÉRENCES
shoots dans la soirée, et nous sommes en manque d’outil.
J’aimerais savoir si cette consommation de slam va se cantonner au milieu homosexuel ou si les usagers lambda
vont se l’approprier car on peut acheter ces produits sur
internet et ils entraînent des dégâts sanitaires. Nous avons
vu des personnes séronégatives qui sont revenues une semaine plus tard et à qui nous avons dû annoncer qu’elles
avaient soit le VIH, soit le VHC. Nous sommes démunis et
je pense qu’il faut repenser la réduction des risques autrement.

DE LA SALLE Les données Coquelicot que vous avez présentées concernent-elles aussi les DFA, La Réunion ? Etant
Martiniquais, je précise que le crack était d’abord utilisé
par la société aisée dans les années 1980 qui consomme
maintenant de la cocaïne et que le crack est maintenant
utilisé par la société moins aisée. Mais nous vivons avec.

MARIE JAUFFRET-ROUSTIDE Pour les pipes à crack,
il suffit que vous contactiez Isabelle Roux à l’association
Charonne qui pourra vous orienter. Un laboratoire fabrique maintenant les pipes à crack, et une sorte de centrale
d’achat a été mise en place. De plus en plus de structures
en France commandent des pipes à crack aujourd'hui en
dehors des structures qui ont participé à l’enquête. Nous
sommes en train de mener une enquête sur le slam avec
l’association Aides. Une de mes collègues de Nouvelle
Terre travaille sur la question des prises de risque chez les
hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et
nous avions commencé à explorer cette question de l’usage de drogues chez les homosexuels. Le problème étant
que dans les grosses enquêtes quantitatives, l’injection
ressort très peu. Nous avons pu noter ce phénomène du
slam qui nous préoccupe. Gilles Pialoux va d’ailleurs vous
présenter les résultats d’une enquête qualitative à ce sujet.
Le slam ne concerne pas que les jeunes homosexuels, mais
concerne ceux de tous âges.

MARIE JAUFFRET-ROUSTIDE Vous avez raison, c'est
un sujet important. Il me semble que les dernières données disponibles sur la consommation de crack dans les
DOM montraient que les niveaux étaient encore plus
élevés qu’à Paris. Comme je l’ai dit, à Paris, entre 30 et
50% environ d’usagers de drogue dans les CAARUD déclarent avoir consommé du crack et dans les DOM, c’est
80%. Malheureusement l’enquête Coquelicot n’a pas eu
lieu dans les DOM. En 2004, les villes concernées étaient
Lille, Strasbourg, Paris, Bordeaux et Marseille, et en 2011,
nous avons inclus deux départements supplémentaires, à
savoir la Seine-et-Marne pour avoir le milieu semi-rural,
et la Seine-Saint-Denis. Et nous avons élargi la notion de
ville à la notion d’agglomération.

⇢Rennes 2012

d’outils. Comme par hasard, nous avons été interpellés à
Médecin du Monde par des usagers, notamment slamers,
et nous sommes en train d’y travailler à travers deux dispositifs assez innovants, le projet ERLI dont je coordonne
l’action, et l’analyse de drogues. Pour entrer en contact
avec les usagers, il ne s’agit pas uniquement de leur parler
des pratiques problématiques mais d’une question qui les
intéresse, à savoir les produits. Je participe à un atelier cet
après-midi à ce sujet. Par ailleurs, l’AFR met en place un
certain nombre de formations.

DE LA SALLE Je précise que le slam est consommé en
particulier chez les jeunes homosexuels. C’est de la multi consommation par injection pour de la performance
sexuelle, et cela provoque souvent des évanouissements et
des absences. De ce fait, on ne sait plus si on s’est injecté,
et on recommence.

e forum
15 national

MARIE DEBRUS Je suis coordinatrice du projet ERLI,
Education aux Risques Liés à l’Injection, de Médecins du
Monde, et je suis Présidente de l’Association Française de
Réduction des Risques. J’ai trouvé la partie de votre présentation concernant les salles de consommation tout à fait
intéressante, mais on a tendance à faire des raccourcis ou
des simplifications sachant que les expériences à l’étranger montrent pour l’instant que les salles de consommation attirent ou accueillent des usagers plutôt déjà âgés
autour de 30-40 ans, ce qui pose la question de savoir
comment atteindre les jeunes, alors que nous savons que
c'est lorsqu’ils sont jeunes qu’ils se contaminent. D’autant
plus qu’un nombre croissant de pratiques nouvelles appaHÉLÈNE DELAQUAIZE Je travaille à Marmottan. Je raissent. Il y a la question des espaces festifs, la question
constate depuis un an qu’un nombre croissant de crackers des drogues accessibles par internet.
viennent au CSAPA, ce qui est peut-être une bonne chose
car ils viennent aux soins. Nous sommes en train de meC’est un véritable défi de la réduction des risques. A
ner une enquête sur les produits qu’ils consomment. En l’AFR, nous essayons de beaucoup réfléchir autour de cetrevanche, je n’ai pas d’outil de RDR et j’aimerais savoir te question, et je pense qu’on ne parle pas suffisamment
s’il serait possible d’en avoir, sachant qu’il y a deux ans, d’un dispositif tout à fait pertinent pour entrer en contact
nous avons mis en place des groupes de RDR chaque mois. avec tous les usagers quels qu’ils soient, c'est la question
D’autre part, de nouvelles drogues sont apparues comme le de l’analyse de drogues, et je trouve dommage que nous
slam et c'est très problématique car c’est douze ou quinze n’ayons pas assez de dispositifs pour renforcer la palette

DE LA SALLE Je travaille dans un CSAPA en Haute-Marne
en zone semi-rurale où nous gérons plus de 1 000 patients
addicts. On a vraiment l’impression qu’il y a un toxicomane des villes et un toxicomane des champs ou un addict
des villes et un addict des champs. Aujourd'hui, nous sommes à moins de 5% de prévalence du VHC et à 2,5% chez
les nouveaux patients accueillis. Dans notre CSAPA, j’ai vu
un cracker en cinq ans. On a l’impression qu’il se passe
des choses totalement différentes dans les champs et nous
ne sommes donc pas sûrs d’être en phase avec les politiques de santé publique.
Marie JAUFFRET-ROUSTIDE Trois enquêtes supplémentaires vont être mises en place. Ce sont des volets
complémentaires de Coquelicot, mais qui font également
partie du dispositif. Une enquête en milieu pénitentiaire
pour documenter le risque en détention. Une enquête, que
nous démarrons, sur les usagers russophones. Et une enquête sur les populations cachées qui ne fréquentent pas
les structures de réduction des risques, et il n’est pas impossible que nous captions une partie de ces populations
cachées dans le milieu semi-rural, et nous ne serons plus
uniquement sur une cartographie des grandes villes. Vous
observez des pratiques différentes en milieu semi-rural et
une des hypothèses de la prévalence très basse est la question du contexte de l’injection, alors que dans les grandes
villes, un certain nombre d’usagers injectent dans la rue et
sont extrêmement précaires.

Peut-être qu’en milieu semi-rural, on est moins
confronté à ce type de pratique. Les CAARUD en milieu
semi-rural que j’ai pu rencontrer m’ont dit qu’il s’agissait
généralement d’usagers qui avaient la possibilité d’injecter chez eux et qui programmaient donc plus facilement
le moment de l’injection. C’est peut-être une des explications de cette différence de prévalence. Même si vous observez des différences en termes de pratique, je suis très
impressionnée par ce qui se fait en termes de réduction
des risques en milieu semi-rural et je trouve que la qualité
de l’accueil et des interventions proposées est équivalente
à ce qui se fait en milieu urbain. Nous avons rencontré
des CAARUD autour de la question des kits d’injection qui
mettent en place également des choses très intéressantes
en milieu semi-rural.
M. LE BOURHIS, COORDINATEUR DU CAARUD
DE PROSES À MONTREUIL J’ai travaillé à l’association PROSES dans le département du 93. J’étais venu pour
avoir les dernières données et je suis un peu déçu. Concernant les consommateurs de crack, combien de personnes
avez-vous interrogées ? Et avez-vous interrogé les mêmes
personnes dans l’enquête 2011-2012 ?
MARIE JAUFFRET-ROUSTIDE Nous avons mené l’enquête auprès de 350 personnes. Dans l’enquête Coquelicot
de 2004, nous avons interrogé 1 462 personnes, à peu près
1 700 en 2011. Pour l’enquête crack, nous sommes sur un
échantillon plus restreint, soit 350 personnes pour le volet
1 et 350 personnes pour le volet 2. Comme l’enquête se
fait avec un plan de sondage, cela permet d’extrapoler les
données à l’ensemble de la population des consommateurs
de crack. Cette technique statistique permet de donner une
puissance plus importante à l’échantillon. Nous n’avons
pas vu les mêmes personnes car nous avons fait une enquête transversale répétée et si nous avions voulu suivre
les personnes, nous aurions mis en place une enquête de
cohorte. Le problème des enquêtes de cohorte chez les
consommateurs de crack est que nous aurions eu un taux
de perdus de vue tellement important que nous n’aurions
rien pu dire de l’évaluation de l’outil, alors que nous serons beaucoup plus pertinents en faisant cette enquête
transversale répétée. Nous savons qu’une très grande partie des usagers vus en 2010 ont été ré-inclus en 2012.

19
20

CONFÉRENCES

CONFÉRENCES

Risque d’infection au virus de l’hépatite C
chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes et nouveaux outils
de prévention

GILLES PIALOUX,
PROFESSEUR DES UNIVERSITÉS-PRATICIEN
HOSPITALIER, AP-HP HÔPITAL TENON, PARIS

J

e suis hépatologue, infectiologue, je m’occupe du site
vih.org et de la revue sur la réduction des risques
SWAPS. J’ai travaillé avec tous les laboratoires pharmaceutiques et je travaille également avec Aides et l’ANRS.
L’intitulé peut faire penser que nous avons de nouveaux
outils de prévention qui fonctionnent sur la prévention du
VHC sexuel chez les gays, mais cela mélange les concepts.
Il existe de nouveaux outils de prévention, et nous avions
fait un rapport sur ce thème pour Madame Bachelot, car
il y a un épuisement de la prévention classique, il y a des
épidémies concentrées chez les HSH dans certains pays
d’Afrique, dans certaines populations à l’intérieur des pays
d’Afrique et d’Europe de l’Est. Nous avons également une
problématique anticipée par le plan actuel VIH, puisque le
VIH est lié aux IST.
La question est de savoir si le VHC, le sexe, les IST, le
VIH, sont liés. Le poids des diagnostics tardifs est un problème transversal du VIH et du VHC. Concernant l’importance de l’épidémie cachée, nous avons une problématique
commune dans le VIH et dans le VHC, 28 000 d’un côté,
138 000 de l’autre de non dépistés, c’est un réel problème.
Les gens commencent à savoir ce qu’est cette épidémie
cachée, les personnes qui sont infectées non dépistées, et
dans les deux cas il y a une recherche vaccinale.
Concernant le VIH, les HSH représentent le seul
groupe de transmission chez lequel il y a eu une augmentation significative du nombre de nouveaux diagnostics.
Ce ne sont pas des nouveaux cas incident, cela inclut des
diagnostics tardifs. Contrairement à la baisse que l’on peut

observer chez les femmes d’origine migrante, les hommes
d’origine migrante, la stabilisation chez les hétéros, et les
60 ou 70 contaminations incidentes ou les nouveaux diagnostics incidents du VIH des usagers de drogue. Un mot
sur une diapositif qui figure la prévalence du VIH chez les
gays en France où l’on compare une population consommatrice de sexe dans le marais avec des pays, ce qui n’est
pas comparable. Dans l’enquête Prévagay qui était une enquête de prévalence menée dans les lieux de consommation sexuelle à Paris, nous avions une prévalence de 17%
et une incidence autour de 4%. Pour l’avoir montré plusieurs fois en Afrique dans certains pays comme le Burkina Faso, les gens sont assez étonnés de constater que
si ces chiffres sont rapportés aux prévalences de VIH que
l’on constate dans certaines régions, il faut aller du côté
de l’Afrique du Sud pour trouver de tels niveaux de prévalence et d’incidence même si le marais n’est pas toute la
communauté HSH française.
Vous m’avez demandé de parler des nouveaux outils
de prévention. Je pense que c’est un mauvais terme parce
que cela oppose les anciens et les nouveaux outils, alors
qu’il y a une évolution. Quand on veut faire de la prévention combinée il n’est pas bon de dire qu’il y a des nouveaux outils parce que cela ringardise les vieux outils.
Il existe plusieurs modes de prévention, ce qui est comportemental et qui a été développé y compris de manière profane notamment chez les gays, c'est-à-dire la façon
d’avoir une activité sexuelle dépendante du statut supposé
de l’autre. Cette partie est en pleine effervescence, avec la
prophylaxie pré-exposition, les microbicides, les anneaux
vaginaux, les gels, etc. Il y a une petite partie ancienne un
peu ringardisée que l’on aimerait bien remettre au goût
du jour, qui est la prophylaxie post-exposition au VIH. Il
existe un secteur en pleine expansion qui est le traitement
prévention.
L’idée qu’à partir du moment où l’on traite et que l’on
diminue la charge virale circulante, on diminue le risque
de contamination et donc que nous avons un impact populationnel sur la transmission, c’est ce que l’on appelle le
TASP, Treatment as Prevention. Pour terminer, nous avons
un outil majeur commun au VHC et au VIH, c’est le dépistage, c’est le premier outil de prévention.
Dans les nouveaux outils il y a le traitement, ce que
l’on appelle la charge virale communautaire, à l’intérieur
d’une communauté, comme cela a été montré à Vancouver
avec de très bons résultats, on arrive à abaisser la circulation du VIH et aussi la circulation du VHC. La prophylaxie
pré-exposition du VIH, qui est autorisée aux Etats-Unis de-

puis quelques mois, et l’importance essentielle de la prévention combinée, c’est un mécanisme que nous n’arrêtons
pas de marteler. HSH, drogue, sexe, VHC, c’est assez complexe. Il y a assez peu de données quantitatives, pas mal
de données qualitatives. Il y a une réelle inquiétude et à
partir du moment où cela arrive dans les hôpitaux, cette
inquiétude n’est pas un épiphénomène. Je pense aux injections aux nouvelles molécules émergentes sur internet.
On m’a posé la question de savoir si cela concerne tous les
HSH, bien sûr que non.

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15 national

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⇢Rennes 2012

Nous avons plusieurs sortes de données, des données anciennes qui font le lien et la corrélation entre la
consommation et l’usage de drogues et les pratiques chez
les hommes ayant des relations sexuelles non protégées
avec des hommes. Beaucoup d’études montrent cette corrélation, plus il y a de consommation de produits, plus il
y a des rapports réceptifs sans préservatifs, et plus il y a
augmentation des risques d’être VIH+ pour les séro-discordants et d’être VHC+. Ce sont des données assez anciennes,
et les taux de rapports anneaux insertifs ou non protégés,
sont assez élevés puisque nous montons à 27%, 30%, 40%.
Nous avons quelques données anciennes de consommation de produits.

Ce qui a changé ce n’est pas le fait qu’une partie de
la communauté gay consomme des produits dans un but
récréatif, c’est le fait que c’est plus dans un but de performance sexuelle. L’enquête Prévagay de 2004 montrait
des consommations importantes associées à l’activité
sexuelle, 47% des déclarants de l’enquête Prévagay 2004
consommaient au moins une substance psycho-active en
dehors de l’alcool, contre 12% dans une population appariée sur l’âge. Les produits de l’époque étaient les poppers ; aujourd'hui, c’est l’ecstasy, la cocaïne, etc. En 2004,
l’enquête montrait, elle a été renouvelée depuis et sur internet les chiffres sont beaucoup plus importants, que 24%
des personnes consommaient au moins un produit psychoactif avant le rapport sexuel, il y a donc un lien entre ces
Cela concerne-t-il toutes les pratiques sexuelles  usagers de molécules. Nous allons voir qu’avec les molé?
Nous allons voir que non. Est-ce relayé par un travail as- cules récentes cela est encore plus vrai.
sociatif  De ce que j’ai vu des personnes qui injectent ou
?
qui consomment, elles sont très déconnectées des assoConcernant les données qualitatives, il existe un traciations. Ce sont des démarches privées à l’intérieur de la vail très intéressant sur deux villes, Paris et Toulouse, qui
sphère privée dans des appartements et assez déconnec- est un recueil qualitatif de témoignages et de parcours
tées des associations. A la question de la RDR, je raconte- ethnographiques sur les substances psycho-actives en
rai les deux dernières interventions que j’ai eues avec des milieu festif gay. Les pratiques de slam sont parties des
personnes qui avaient des complications médicales dues Etats-Unis, elles sont passées par Londres et Berlin avant
à leurs injections. A la question : avez-vous utilisé des se- la France, elles ont émergé dans les récits et le parcours
ringues propres ? Ils ne comprennent pas la question. Ils vers 2010, cela est assez récent en France. Nous avons fait
ne comprennent pas la question parce que ce n’est pas le un parcours type pour montrer cette bascule dans des prosujet. Le sujet n’est pas de réduire les risques, le sujet est duits successifs qui est probablement différente de ce que
d’utiliser des produits dans une mécanique destructive vous trouvez dans les récits des usagers de drogues autour
mais dont l’origine est d’avoir une sexualité forte.
des opiacés, ou de la cocaïne. Le point commun, c’est la
performance, c’est essayer de ne pas mélanger les produits
qui ne vont pas ensemble, le GHB et l’alcool, etc., c’est utiENQUÊTE PRESSE GAY 2004
liser des produits qui permettent de sortir, mais cela n’est
24% indiquent avoir consommé au moins un
pas nouveau dans l’histoire des produits.
produit psychoactif avant leur dernier rapport
sexuel, sans que soient précisés le type du parLa méphédrone est une problématique émergente,
tenaire sexuel et l’usage du préservatif lors de
elle entraîne un certain nombre d’effets secondaires qui
cette occasion.
imposent la prise de produits pour descendre de l’effet
méphédrone, souvent la prise de cocaïne ou d’autres proLes produits les plus couramment rapportés
duits. C’est souvent mélangé avec des produits anesthélors de ce dernier rapport sont :
tiques, il y a des pratiques sexuelles très agressives, très
traumatiques, très délabrantes sous ces produits, et avec
→ l’alcool (70% )
des produits plus classiques de performance sexuelle que
→ le cannabis (13% )
l’on vend dans les pharmacies. Les douanes ont intercepté
→ les poppers (13% )
470 000 médicaments, et les produits qui arrivent en tête
→ des médicaments (6% )
sont les produits de stimulation des difficultés sexuelles.
→ de la cocaïne (3% )
→ de l’ecstasy (2% )
La première étude qui a posé les rapports en Fran-

→
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2012 rennes-actes forum sos hepatites

  • 1. 15 FORUM NATIONAL DE SOS HÉPATITES e Hépatites : des différences face à l'indifférence
  • 2. Sommaire 4 Allocutions d’ouverture CONFÉRENCES 7 Le plan de lutte contre les hépatites B et C : avancées et perspectives 11 L’hépatite C chez les usagers de drogues : les données scientifiques disponibles 20 Risque d’infection au virus de l’hépatite C chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes et nouveaux outils de prévention 26 Les tests rapides : avenir et à venir ATELIERS 31 Femmes hépatantes : Les inégalités hommes/femmes existent-elles aussi dans l’hépatite C ? 38 Femmes hépatantes : Être femme et séropositive, points de vue croisés soignante/soignée Ours 42 La réduction des risques à l’épreuve de l’hépatite C DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Pascal Mélin 46 L’éducation thérapeutique : une réponse à la gestion des effets indésirables pour les thérapies combinées de l’hépatite C 50 Oser soigner son hépatite en situation irrégulière 61 Le donneur et le receveur : les aspects psychologiques concernant la greffe intrafamiliale COORDINATION Johann Volant ABONNEMENTS Véronique Deret, contact@soshepatites.org MAQUETTE ET ILLUSTRATION Tristan Bonnemain IMPRESSION Fargier Fabrication EDITÉ PAR FÉDÉRATION SOS HÉPATITES 190, bd de Charonne 75020 Paris Tél. : 01 43 67 26 40 Fax : 01 43 67 26 84 www.soshepatites.org edition@soshepatites.org Dépôt légal à parution. Les textes publiés n'engagent que leurs seuls auteurs. Tirage à 1000 exemplaires. CONFÉRENCES 66 La place de la France dans le monde hépatant 70 Que faire devant une hyper-ferritinémie 76 Traitement des hépatites virales : données actuelles et perspectives 83 Virus informatique versus virus hépatique : similitudes et différences de prises en charge 89 La prise en compte des hépatites virales dans les CSAPA : une enquête de SOS Hépatites 93 Présentation de l’index européen 98 Clotûre 100 Glossaire 101 Sigles
  • 3. 4 e forum 15 national Allocutions d’ouverture 5 ⇢Rennes 2012 Jeudi 22 novembre 2012 dépister autrement, être un acteur de prévention de façon différente. Demain, les représentants de la World Hepatitis Alliance seront présents et nous diront comment les choses se passent au niveau national et international. Donc un programme très riche et le travail en atelier, qui sera un temps de réflexion, sachant que le forum est aussi destiné à nourrir les travaux pour ensuite développer des axes politiques, réfléchir à la façon dont nous allons de nouveau travailler pendant un an. Notre devise est toujours d’être une courroie de transmission entre le monde des soignants, le monde de la finance et le monde des usagers. PASCAL MÉLIN, PRÉSIDENT SOS HÉPATITES FÉDÉRATION, PARIS M erci d’être présents pour ce 15e Forum national de SOS Hépatites. Un forum est toujours une aventure pour nous, et cela l’est encore plus cette année. Nous avons toujours considéré que le forum devait valoriser une association régionale, et nous avons fait le pari cette année de l’organiser à Rennes car il n’y a pas d’association régionale en Bretagne et c’était une façon pour nous de jeter un filet pour mettre en avant une association. Quelques points que je souhaite mettre en perspective pour les deux jours. L’engagement de la parole pour les usagers. Nous nous autoproclamons aujourd’hui comme des gens capables de parler, de faire des propositions. C’est aussi rappeler que l’État doit respecter sa parole. L’année dernière, Nora Berra, présente en tant que représentante du ministère de la Santé, s’était engagée à ce que nous ayons une extension des TROD VIH sur l’hépatite C d’ici fin 2012. Un an après, les TROD n’ont pas avancé. Nous souhaitons que l’Etat respecte sa parole, et nous n’avons plus envie d’être des maquisards quand nous faisons aujourd’hui des actions avec des TROD. Autre engagement, le suivi du plan. Pour nous, être à Rennes aujourd’hui est symbolique, parce que Rennes est la Mecque de l’hémochromatose et des maladies du foie. Nous allons essayer de mettre en perspective tout ce que nous avons pu capitaliser sur les hépatites virales, et que nous sommes arrivés à dépasser pour aller sur les maladies du foie et partager avec ceux qui ont des cirrhoses alcooliques, des hémochromatoses, des hépatites auto-immunes, des hépatites médicamenteuses et autres. Hier matin, une conférence de presse a eu lieu sous l’égide de SOS Hépatites pour lancer le forum et pour parler de l’index européen. Le suivi du plan est fondamental. Dès 1994, chaque nouvelle molécule a fait l’objet d’un plan, et nous voulons aujourd’hui un quatrième plan. Le plan 2012 se termine, son évaluation est en cours, et on ne doit pas s’arrêter au milieu du gué. Il faut continuer, il nous faut un quatrième plan pour aller encore plus loin, pour poursuivre les actions qui ont été mises en place. Nous savons qu’un important travail a été réalisé sur le terrain, mais nous n’avons pas la visibilité, comme par exemple pour les centres d’addictologie. Des décisions peuvent être prises en haut lieu, ayant conscience qu’il y a des problèmes d’accès au vaccin, mais elles ne débouchent pas forcément sur une action pratique dans les centres d’addictologie. C’est une situation que nous voulons dénoncer et nous voulons participer à la résolution de ces problèmes. C’est la raison pour laquelle il est fondamental que nous ayons un nouveau plan. Notre programme est particulier dans le sens où nous avons pris le pari de parler des différences face à l’indifférence. Ce n’est pas anodin. Face à d’autres pathologies chroniques comme le VIH, on s’est très tôt posé la question du genre, c’est-à-dire est-ce la même chose de vivre un VIH quand on est un homme ou une femme  On s’est ? aperçu que la question n’avait jamais été traitée. Comment vit-on le risque de la transmission mère/enfant dans sa puissance féminine  Nous avons également souhaité fai? re le point avec vous aujourd’hui sur où nous en sommes avec l’usage de drogue et l’épidémie qui peut être induit, à travers les résultats de l’enquête Coquelicot. Une présentation sera faite ce matin sur les tests rapides, c’est-à-dire Un plan aussi qui va s’intéresser à la question de la régionalisation, de la déconcentration. On ne peut pas avoir un plan national et une déconcentration de la santé en région. Les budgets arrivent et sont déconcentrés. Ici, la priorité régionale, c’est l’Alzheimer ou le suicide des jeunes, et on peut très bien avoir des budgets “hépatite” qui partent de Paris et vont être dirigés vers une autre priorité de santé publique. La grande difficulté, c’est donc de flécher ces budgets. Nous l’avons rappelé au cabinet du ministère. Il fut une époque où l’on était capable de flécher les budgets et nous voulons que les budgets hépatite virale B ou C soient fléchés de la même façon et soient utilisés au final pour leur action prévue. Je remercie Monsieur Guyader pour son aide, merci également à tous les intervenants, à Annette Colonnier de la DGS, d’être parmi nous aujourd’hui à titre personnel. Je veux remercier également tous les hépatants, présents ou pas, ceux que nous avons pu perdre, donner un coup de chapeau à la flamme de l’hépatant inconnu, tous ceux qui sont décédés sans savoir qu’ils avaient une hépatite et qui ne seront jamais comptés dans l’épidémie. L’index européen sera évoqué demain. L’association européenne des usagers, ELPA, que nous avons participé à créer il y a une dizaine d’années, a connu un essor important au niveau européen puisqu’elle regroupe vingt pays. La première action que nous avons imaginée à l’époque était de pouvoir se comparer. Ce qui nous permet de dire que l’on est malade ou pas, c’est le thermomètre et c’est la température. Nous avons réfléchi à la manière de comparer d’un pays à un autre. On se rendait compte que la sécurité sociale n’était pas la même, que les vaccins n’étaient pas les mêmes, que certains traitements étaient remboursés, d’autres pas. C’était compliqué. En Belgique, par exemple, ils n’avaient pas accès au retraitement. ELPA a réussi à trouver des budgets, à demander à une société prestataire de poser des critères, plus de trois cents critères ont été étudiés, on a interrogé les politiques, les associations de patients et aujourd’hui on a comparé les résultats entre les différents pays européens. Les résultats ont été communiqués le 6 novembre dernier, et nous en avons débattu hier entre nous. Le meilleur pays européen en la matière est la France, ce qui veut dire que nos amis dans d’autres pays sont dans des situations encore plus compliquées que la nôtre. Demain, j’essaierai de vous faire comprendre comment nous pouvons utiliser cet index. Si nous sommes les meilleurs en Europe, nous ne sommes pas les meilleurs au sein de la France, et nous devons absolument continuer à être un laboratoire de l’Europe. Les nouveautés sont arrivées par la France, qu’il s’agisse du Fibrotest, du Fibroscan ou du Fibromètre. Nos hépatologues sont largement investis dans la recherche internationale et nous sommes le deuxième pays au monde à publier après les Etats-Unis. La question est de savoir comment conserver ce leadership. Si on nous dit aujourd’hui qu’il n’y aura pas de quatrième plan hépatite, c’est ce leadership qui sera perdu. La santé en France doit-elle se cantonner aux priorités que sont le cancer et l’Alzheimer et oublier les autres ? Il y a plus de cinquante plans, on nous dit qu’il y en a trop, qu’il faudrait en supprimer certains. Nous devons continuer à faire entendre les maladies du foie et nous nous battrons pour qu’il y ait un nouveau plan “hépatites”. Sur la place des usagers dans le système sanitaire, nous voulons jouer notre rôle, être des usagers qui réclamons des choses. La fin des bons de transport a été un frein à l’accès aux traitements pour les patients vivant dans le secteur rural. C’est aussi la place de l’usager en termes de réflexion. Nous avons récemment interpellé notre ministre pour lui demander pourquoi les personnes atteintes de cirrhose relevant d’une ALD n’ont pas été invités à se faire vacciner contre la grippe, alors que les diabétiques, les hypertendus, les cardiaques le sont. On a encore cette année oublié un grand nombre de patients cirrhotiques. Sur le référentiel des patients atteints de cirrhose et qui devraient être vaccinés contre la grippe, nous ne sommes pas bons. Nous l’avons dit l’année dernière, nous le redisons cette année. Nous avons vraiment envie de participer à ce débat sanitaire, mais c’est aussi la question de l’accès aux nouvelles molécules, du remboursement de l’IL28B, etc. →
  • 4. 6 Allocutions d’ouverture J’aimerais insister sur notre capacité à réaliser des enquêtes. Quand s’est posée la question des hépatites virales dans les CSAPA, nous n’avons pas hésité une seconde à y aller, même sans moyens. Nous avons repris la liste des CSAPA et nous leur avons posé dix questions. Je vous présenterai les résultats demain, que je trouve inquiétants et il est évident que nous pouvons mieux faire. Nous avons découvert, par exemple, que nous n’avions pas de listing des CSAPA en France, et que lorsqu’il y a un CSAPA dans un département, il y a parfois cinq antennes, la question étant de savoir s’il faut l’interroger cinq fois ou si c’est le même. Notre enquête est critiquable, mais quand l’AFEF, l’Association française pour l’Étude du Foie, nous a fait confiance, a accepté de reconnaître notre communication et de la mettre en poster, l’idée était de montrer que les associations d’usagers sont en capacité de faire des enquêtes flash dont les résultats sont intéressants. Peut-être cette enquête sera-t-elle reprise demain par la DGS, par le plan, peu importe, en tout cas, nous l’avons faite. En tant qu’usagers, on peut aller jusqu’à réaliser des enquêtes. Nous l’avions fait en 2002 et nous pensons le refaire autour de la thématique “comment vivre avec une hépatite”. En 2002, deux mille personnes avaient répondu. Nous avons aussi la capacité de nous associer à des chercheurs afin d’être des acteurs de recherche. SOS Hépatites a été capable de mettre en place de la formation, mais aussi d’aller voir des centres pour leur proposer de faire des TROD avec eux dans le cadre d’un projet de recherche. Vincent Thibault viendra en parler car c’est lui qui va coordonner ces actions. Cela veut dire que nous pouvons être proactifs pour démontrer que c’est cela dont nous avons besoin demain. Développer des partenariats. Nous avons aujourd’hui des conventions avec une trentaine de CSAPA en France, et nous allons les aider à faire de la formation, à acquérir de nouvelles technologies. Nous avons également été capables de faire du bruit. L’an dernier, par exemple, nous avons fait des campagnes radio, nous avons stimulé l’industrie pharmaceutique pour avoir des budgets à travers des campagnes d’affichage, comme celle de “la route tue autant que l’hépatite C” pour laquelle les politiques ont dit que nous mentions. Or, le nombre de morts sur les routes est en diminution alors que le nombre de décès dus à l’hépatite est en augmentation. En tout cas, il s’agit d’interpeller, de faire naître la parole, d’obliger les gens à sortir du bois et à parler. Avec le Collectif Hépatites Virales, nous avons interpellé tous les présidentiables au moment de la campagne présidentielle sur les actions qu’ils comptaient mener contre les hépatites. Tous n’ont pas répondu mais nous avons publié les réponses. Les deux grands leaders du second tour des présidentielles ne se sont pas prononcés sur les hépatites virales et le débat sur le sanitaire en France a eu lieu en dehors de la campagne présidentielle. Nous avons donc fait une campagne intitulée “Ne vous abstenez pas, dépistez-vous au deuxième tour”. Nous menons des actions coup de poing de ce type, et je crois que la démocratie sanitaire consiste aussi à activer les choses de temps à autre. Développer SOS Hépatites a consisté pour nous à réfléchir à des combats en dehors de nos frontières. Nous constatons une fracture est/ouest. En ce qui concerne les pays de l’Ouest de l’Europe, c’est une catastrophe. Le deuxième pays d’Europe, avant l’Allemagne, a été la Slovénie. On découvre que dans ce petit pays de deux millions d’habitants, la circulation des informations fonctionne beaucoup plus vite. C’est aussi la fracture nord/sud. On ne peut pas oublier ce qui se passe en Afrique, on ne peut pas avoir de nouvelles molécules, de nouveaux traitements basés sur l’interféron non accessibles en Afrique à cause de la chaîne du froid. Il est nécessaire de réfléchir dès maintenant à la façon de rendre accessibles les traitements sans interféron dans les pays en voie de développement. L’an dernier, nous avions invité nos amis africains, représentants de SOS Hépatites, ce que nous n’avons pu faire cette année pour des raisons financières, mais nous ne les oublions pas, et nous devons continuer de communiquer avec eux. Nous allons leur faire une place sur notre futur site internet pour qu’ils puissent être présents. CONFÉRENCES par le plan de lutte contre l’hépatite C en 2002, suivi d’un second plan, associant hépatite B et hépatite C, et d’un troisième qui se termine dans quelques mois. Cette place que nous occupons est clairement liée à ces initiatives et constitue une incitation forte pour amplifier nos efforts et, aussi bien au niveau de la DGS que du cabinet de notre ministre, une motivation pour poursuivre le travail. Et nous allons le poursuivre. M L’industrie pharmaceutique est prête à apporter son aide pour sa publication et sa diffusion. Nous étions un des rares pays à avoir un plan et nous en avons vu les effets bénéfiques, mais ce plan doit pouvoir survivre et évoluer, et il faut un guide des bonnes pratiques qui puisse être opposable pour que la politique sanitaire soit accessible pour tous, car on ne peut pas accepter en France une différence d’accès aux soins entre ceux qui sont dans la sphère universitaire et ceux qui sont en rase-campagne. En cancérologie, on a démontré qu’une personne vivant à plus de cinquante kilomètres d’un centre anticancéreux a deux fois moins de chance d’être encore vivante cinq ans après que celle vivant à proximité d’un centre anticancéreux. Les centres de référence font ce qu’ils peuvent, mais nous avons besoin d’un nouveau plan• 7 ⇢Rennes 2012 Le plan de lutte contre les hépatites B et C : avancées et perspectives DANIEL DHUMEAUX, PRÉSIDENT DU COMITÉ DE SUIVI ET DE PROSPECTIVE DU PLAN NATIONAL DE LUTTE CONTRE LES HÉPATITES B ET C 2009-2012 Dernier point que je souhaite mettre en avant sur la façon dont nous nous voyons demain. Nous avons réclamé à rester sur un plan hépatites et à avoir un rapport national sur les hépatites virales. Un guide des bonnes pratiques du VIH est publié tous les deux ans, réunissant plusieurs centaines d’experts, et cela reste opposable. Nous avons eu des conférences de consensus, la dernière ayant eu lieu cette année. On nous dit qu’elles coûtent très cher à organiser et qu’elles deviennent rapidement obsolètes. Pourquoi ne pas avoir nous aussi un rapport d’experts qui pourrait être mis à jour tous les deux ans. e forum 15 national erci de cette invitation à vos Journées. C’est un grand plaisir d’être à nouveau à vos côtés, pour partager quelques bonnes nouvelles, mais évoquer aussi les difficultés rencontrées et les efforts qu’il nous faut continuer de fournir, à un moment où se termine de ce troisième plan et où les progrès thérapeutiques sont tels que notre implication doit rester majeure pour qu’un maximum de nos patients puissent en bénéficier. Le second élément de satisfaction est représenté par les progrès considérables obtenus dans la prise en charge de ces maladies virales. Il y a peu de maladies où les progrès ont été aussi significatifs dans un espace de temps aussi limité. S’agissant l’hépatite B, grâce à des médicaments administrés par voie orale, sans aucun effet indésirable et avec une efficacité de l’ordre de 80 à 90  %, l’infection, bien qu’on en attende encore la guérison, est désormais contrôlée, et les risques de passage à la cirrhose et au cancer du foie, et les inscriptions en transplantation du foie (ainsi que les coûts qui leur sont associés) en ont été considérablement réduits. En ce qui concerne l’hépatite C, alors qu’on est pratiquement parti de zéro avec l’interféron standard au début des années 90, la trithérapie actuelle permet d’obtenir des taux de guérison de 75 à 80  ! Et de nouvelles stratégies sont attendues pour une %  efficacité encore accrue. Ces progrès sont un atout pour nos malades, mais peuvent aussi nous aider à défendre une politique plus performante de leur prise en charge. Des traitements efficaces doivent nécessairement conduire à un accroissement du dépistage, dont l’insuffisance constitue une perte de chance. Dépistage, accès au traitement, prise en charge thérapeutique sont ainsi étroitement liés. Ces efforts doivent être poursuivis. La première bonne nouvelle, c’est cette évaluation indépendante faite par l’ELPA, reposant sur un total de 300 items dans les domaines de la prévention, du dépistage et de l’accès aux soins des patients atteints d’hépatite et qui indique que la France est en première position à l’échelon européen, et sans doute mondial. Nous avons commencé à travailler dans ce domaine il y a plus de quinze ans et les efforts conjugués des institutionnels, notamment de la Autre élément de satisfaction : les actions efficaceDGS, des professionnels de santé et de vous-mêmes, ont ment mises en place avec la DGS dans le cadre de ce troipermis d’être aujourd’hui dans cette position. sième plan. Le plan comportait 55 actions réparties en cinq axes. Cinquante ont été en mises en œuvre, 5 étant Une trentaine de pôles de référence ont été initiale- devenues obsolètes par l’avancée des connaissances. ment financés, au milieu des années 90, avec la création de postes, notamment médicaux, mais les financements À la fin du plan, la quasi-totalité des actions seront ont été progressivement revus à la baisse, ce qui est diffi- donc finalisées et nous verrons à plus long terme quels en cilement compréhensible à un moment les avancées thé- auront été les effets. Ce plan a été conduit avec la sous-dirapeutique font que davantage de malades doivent être rection de la DGS que je voudrais remercier et particulièpris en charge. Tout au long de ces années, nous avons pu rement le Dr. Annette Colonnier avec laquelle j’ai plaisir à bénéficier, grâce à l’Institut de veille sanitaire, d’un sys- travailler au quotidien. tème de surveillance épidémiologique comme aucun pays du monde n’en a, hormis les États-Unis. Il a permis une Ces forces, si elles nous servent, ne doivent pas masévaluation des facteurs de risque, de la prévalence et de quer nos faiblesses et insuffisances qu’il faut corriger. En la morbi-mortalité, données indispensables pour toute termes de prévention, nous avions un important déficit il y prise de décision. Avec la mise en place de conférences a quelques années s’agissant de la vaccination des nourrisde consensus, des plans de santé ont été développés, initié sons contre l’hépatite B. Nous étions en queue de liste des →
  • 5. Le plan de lutte contre les hépatites B et C : avancées et perspectives 8 CONFÉRENCES pays européens en la matière. Grâce aux efforts fournis et notamment l’obtention du remboursement du vaccin Hexavalent en 2008, 80 % des nourrissons sont aujourd’hui vaccinés. En revanche, la population des préadolescents et des adolescents, d’après une enquête récente, n’est aujourd’hui vaccinée qu’à 40 %, alors que c’est une période de la vie où l’on a le plus de risque d’être contaminé. Une enquête réalisée par l’Institut national de veille sanitaire a montré que 80% des hépatites survenues chez ces sujets jeunes auraient pu être évitées si la vaccination avait été réalisée. Des actions sont donc à mener dans ce domaine et c’est une priorité pour les mois à venir, en accord avec le cabinet de notre ministre, de même que pour les populations en situation de précarité et les usagers de drogues. J’ai appris que dans un grand nombre de CSAPA, non seulement le dépistage est loin d’être systématique, mais la vaccination des usagers de drogues l’est encore moins. CONFÉRENCES e forum 15 national 9 ⇢Rennes 2012 vard, toutes les évaluations n’étant pas arrivées à terme. Je pense que nous devrions rapidement les obtenir pour permettre une validation par la HAS. Ces TROD hépatites B et C vont représenter un apport considérable pour faciliter le dépistage, notamment dans les populations à risque. La troisième difficulté concerne l’accès aux soins et la prise en charge thérapeutique. Avec l’arrivée de ces traitements aussi efficaces, et notamment la trithérapie qui guérit près de 80  des patients atteints d’hépatite % C, il était raisonnable de postuler que nous aurions une montée en charge des malades à traiter. Assez vite dans le cadre du plan, nous avons mis en place une étude de modélisation dont l’objectif était d’évaluer le nombre de patients susceptibles d’arriver dans nos structures pour y être traités plus efficacement. Cette évaluation a fait apparaître que dans les années à venir, le nombre de malades à prendre en charge pourrait être augmenté d’un facteur 3 à 4. Cette évaluation était aussi destinée à prévenir nos tutelles des nécessaires moyens financiers et humains devant être associés à cette prise en charge. Pascal Mélin a rappelé les difficultés que nous rencontrons pour l’obtention de ces moyens et à ce jour aucune aide n’est arrivée dans les services experts. Les aides demandées concernent notamment l’éducation thérapeutique dont on a montré qu’elle était un facteur à la fois d’augmentation de l’observance et de majoration des taux de guérison. “Des traitements efficaces doivent nécessairement conduire à un accroissement du dépistage, dont l’insuffisance constitue une perte de chance.” S’agissant de l’hépatite C, les politiques intensives de réduction des risques ont été assez efficaces pour la réduction des nouvelles contaminations chez les usagers de drogues. On est pourtant loin d’avoir tout résolu et il faut être imaginatif pour identifier d’autres dispositifs qui pourraient être plus efficaces. Depuis plusieurs mois, on parle de centres de supervision des injections. L’Inserm a donné son accord pour que des évaluations soient engagées. Notre ministre a pris une position assez claire en faveur de ce type d’expérimentation, mais il n’y a pas une journée sans que la presse fasse état des obstacles rencontrés. Il faut être persévérant. Personne L’avenir, c’est l’évaluation  Nous avons initialement ! ne peut s’opposer à des expérimentations bien conduites prévu qu’une des actions du plan consiste en une évaluaet nous devrions pouvoir aboutir. tion faite à son terme par un organisme indépendant. Cette évaluation a été mise en place par le Haut conseil de santé Le deuxième problème concerne le dépistage. La publique et nous sommes maintenant auditionnés pour le France est certes bien placée à l’échelon européen, avec rapport final. Nos évaluateurs vont avoir à répondre à des pour les hépatites B et C plus de 50 % de personnes dépis- questions sur les impacts prévisibles du plan et nous attées. Mais cela signifie aussi que 50 % des sujets infectés tendons leurs recommandations sur la façon dont ils enne sont pas encore dépistés, représentant 250 000 person- visagent l’avenir de la lutte contre ces infections et, nous nes atteintes d’hépatites B ou C. A titre indicatif, le nombre l’espérons, le maintien de notre place au meilleur niveau à de personnes non dépistées pour l’infection à VIH est de l’échelon international. l’ordre de 30 000. Ces données doivent nous inciter à favoriser le dépistage, quelles que soient les populations. Dans L’efficacité des traitements, permettant de réduire les le cadre du plan, une action étudie le coût/efficacité d’un complications et les stratégies thérapeutiques coûteuses, dépistage en population générale, comme cela a été pro- comme la transplantation, sera probablement détermiposé, mais non mis en place, pour l’infection à VIH. Cette nante dans ces recommandations, puisqu’il est logique de stratégie devra être comparée à celle ciblant plus efficace- penser qu’avec des actions fortes de dépistage et de priment les personnes à risque, et peut-être même en fonc- se en charge, le problème de santé que représentent ces tion des années de naissance : un travail qui vient d’être hépatites pourrait voir son terme dans les années à venir. rapporté dans la revue Hepatology indique que les taux les Il est ainsi logique de penser que nos autorités de tutelle plus élevés d’infection virale étaient observés chez des su- vont continuer de s’investir à nos côtés, et la DGS semble jets nés entre 1945 et 1965. bien aller dans ce sens puisqu’elle vient de proposer d’organiser une nouvelle journée de sensibilisation autour des Nous avons aussi du retard dans la mise en place des hépatites B et C qui aura lieu au ministère de la santé le TROD ou des tests sur support solide, c’est-à-dire le bu- 30 mai prochain. Je vous convie bien sûr à cette rencontre. Questions dans la salle MICHEL BONJOUR, MILITANT À SOS HÉPATITES J’aimerais faire quelques remarques. Les premières s’adressent à Pascal qui a dit que nous étions les meilleurs. Je préfère dire que nous sommes les moins pires, parce que le rêve d’un malade militant est que tout le monde ait accès au traitement, que tout le monde soit dépisté, soit soigné, parce qu’on sait très bien que même si on parle de crise économique grave, on est quand même dans un pays où non seulement on soigne les gens, mais où l’on aide les autres. Pascal a également dit que le plan avait décidé des actions, mais je dirais proposé. Tout le problème est qu’il y a des groupes de travail avec des personnes extraordinaires qui font un superbe travail, le problème étant ce que l’on en fait ensuite, et le fait que les crédits ne sont pas fléchés. Des actions sont engagées, mais que signifie engagées ? Je vois ce qui se passe à la fédération avec le peu de moyens que nous avons, les réseaux qui disparaissent, c’est totalement anormal. C’est comme si l’on faisait faire un diagnostic de sa voiture par un expert et que l’on confiait la réparation à un petit garagiste qui ne connaît pas l’électronique. La vaccination des nourrissons, c’est très bien. L’information en direction des médecins, c’est très bien. Et le plan en parle. Concernant le rattrapage des adolescents, quand les politiques prendront-ils une vraie décision et mettront-ils vraiment les moyens pour rattraper cette catastrophe sanitaire prévisible ? Et ce qui me gêne beaucoup dans le contexte ambiant, c’est que j’ai déjà vu un participant à une table ronde évoquer les chimiothérapies pour les cancers et demander s’il était utile pour gagner deux ou trois ans de prescrire un traitement qui coûte 100.000 €. Il faut peut-être que les associations de malades soient un peu plus activistes et aillent plus loin dans leurs revendications. Quand on veut trouver de l’argent pour aider l’industrie, on en trouve. Depuis quatre ans, nous avons la même somme pour faire fonctionner une association qui devient bancale, nous avons à peine six salariés. Il y a tout un débat sur le fait que nous travaillons avec des labos qui nous financent des trucs. Heureusement, car comment ferionsnous ? Nous aurions disparu depuis longtemps comme les six autres associations hépatites qui existaient quand on a fait les premiers états généraux pour préparer la conférence de consensus de 2002. Toutes ces associations ont disparu, n’existent plus. DANIEL DHUMEAUX Nous sommes tous avec les mêmes objectifs, nous avons tous la même ambition, et nous utilisons des moyens différents pour aboutir. Je ne peux pas tenir le même discours que Michel. Nous sommes pressés, parce qu’il y a des malades qui s’aggravent et qui pourraient ne pas s’aggraver s’ils étaient bien traités. Aujourd’hui, nous avons des traitements extrêmement efficaces ; au cours de ces dernières années, nous avons réduit le nombre de transplantations pour hépatite B et nous sommes en train de le faire pour les cirrhoses C. Il y a les institutionnels, les professionnels de santé, les associations de patients. Nous sommes totalement complémentaires avec chacun notre discours, mais nous avons clairement les mêmes objectifs. MICHEL BONJOUR Nous avons fait des formations pour →
  • 6. Le plan de lutte contre les hépatites B et C : avancées et perspectives 10 CONFÉRENCES CONFÉRENCES des soignants des appartements de coordination thérapeu- l’accès aux traitements, une couverture au dépistage. Mais tique. Ce qui nous a sauté aux yeux, c’est qu’il y a des per- nous devons nous faire entendre, porter la parole des masonnes qui perçoivent le RSA, voire moins que cela, que ladies virales. l’on va mettre en trithérapie et à qui l’on explique qu’ils doivent consulter un diététicien, manger de telle façon, prendre trois collations en même temps que leurs comprimés de trithérapie. Ces gens n’ont pas un sou et ils ne mangent pas. En faisant le calcul, on s’est rendu compte que lorsqu’on a quelqu’un en trithérapie sur une année, on peut lui assurer une alimentation correcte et équilibrée avec moins de 1000 €. Personne ne prend cela en compte. Sur la précarité, il y a vraiment des choses qui devraient être prises en compte. Et nous devons réfléchir aussi à la question de la délégation de la responsabilité. Dans le système sanitaire français, nous sommes bien contents d’avoir des sages-femmes pouvant accompagner des femmes enceintes. Aujourd’hui, nous manquons de bras en hépatologie. Quelle doit être la fonction première du médecin et à quel moment peut-on utiliser mieux et différemment les compétences acquises d’une infirmière d’éducation thérapeutique ? Tous ces projets sont à inventer. Je n’ai pas dit que nous étions les meilleurs, mais nous sommes l’exemple de l’Europe. Néanmoins, on ne peut pas se satisfaire des résultats que nous avons. C’est un véritable enjeu de santé publique de faire un exemple de cette maladie chronique guérissable. On a été capable dans le passé d’éradiquer la variole, et je pense que guérir l’hépatite B et l’hépatite C est à portée de main aujourd’hui, avec des stratégies différentes, mais nous ne pourrons jamais être satisfaits tant que nous n’aurons pas un vaccin de l’hépatite C. Pour arriver à contrôler une épidémie, il faut des traitements efficaces pour sortir de l’infection, mais aussi une prévention avec des vaccins. Nous avons ce modèle dans l’hépatite B, donc utilisons une stratégie correcte de double couverture, c’est-à-dire une couverture vaccinale, une couverture dans DANIÈLE DESCLERC-DULAC, MILITANTE À SOS HÉPATITES J e suis tout à fait d’accord avec tout ce qui vient d’être dit pour avoir cheminé avec vous tous. J’ajouterai qu’il faudrait aussi regarder comment sont réparties les enveloppes. Je ne veux pas que l’on retire à certains pour donner à d’autres, mais actuellement on meurt plus d’une hépatite que d’autres pathologies. Or, on reste sur des schémas aujourd’hui périmés, et il faudrait une plus juste répartition des fonds tant au niveau national qu’au niveau de nos Agences Régionales de Santé avec lesquelles je travaille, aussi bien sur les plans hépatites que sur la représentation des usagers. Je précise que SOS Hépatites porte non seulement la parole des hépatants dans toutes les actions pouvant être menées, mais également la parole des représentants des usagers dans un certain nombre d’instances. À ce titre, il faudrait une reconnaissance un peu plus forte que celle que nous avons actuellement. Dans nos associations, nous n’avons que des bénévoles, qui peuvent finir par s’épuiser car ce sont des malades. Ils veulent oublier cette partie de leur vie, ce qu’il faut comprendre, et il faudrait que nous ayons quelques moyens dans nos associations régionales pour le développement des différentes actions. Nous avons eu un accord pour mettre en place un plan d’éducation thérapeutique dans le service d’hépatologie mais sans aucun moyen. Nous avons des personnels qui s’impliquent énormément, qui ont un diplôme universitaire d’éducation thérapeutique, mais nous devons réfléchir aux moyens qui peuvent être donnés dans les établissements hospitaliers. Pascal dit que l’infirmière d’éducation thérapeutique est le quatrième volet de la quadrithérapie. Il faut le financer d’une manière ou d’une autre. 11 ⇢Rennes 2012 L’hépatite C chez les usagers de drogues : les données scientifiques disponibles démiologiques montrent que la première injection a généralement lieu à 20 ans, mais on peut considérer que ceux nés après 1975 ont bénéficié à la fois de l’accès aux seringues et des traitements de substitution mis en place en 1995. Pour les usagers de drogue nés après 1975, la prévalence du VIH est quasi-nulle et on peut en conclure un impact majeur de la politique de réduction des risques sur la transmission du VIH. Malheureusement, pour l’hépatite C, une proportion non négligeable d’usagers nés après 1975 est déjà contaminée par l’hépatite C. Ce qui montre que la politique de réduction des risques telle qu’elle est menée en France doit être non seulement poursuivie, mais que de nouvelles mesures doivent également être envisagées. DANIEL DHUMEAUX L’éducation thérapeutique représente un centième du coût du traitement. PASCAL MELIN Ce débat est la preuve qu’il y a encore besoin d’un plan. Hier, lors de la conférence de presse, nous avons prononcé des mots forts au nom de SOS Hépatites, nous avons parlé de génération sacrifiée et dit que les préadolescents qui, aujourd’hui, ne sont pas couverts par la vaccination de l’hépatite B vont rentrer dans la sexualité, qui est le premier mode de contamination. Donc, on les envoie à la contamination et ce n’est pas acceptable. Même s’ils sont en situation de crise économique, les Espagnols ont des leçons à nous donner sur la façon de mettre en place une stratégie de rattrapage de vaccination pour les adolescents en utilisant le système scolaire. D’autre part, nous avons la démonstration aujourd’hui que la quadrithérapie existe déjà, sauf que la quatrième molécule est une infirmière d’éducation thérapeutique ; sachant qu’une infirmière fait 15 % d’éradication virale de plus. On s’interroge sur les 30 000 € que coûterait une infirmière entre le salaire et les charges, alors qu’on est prêt à investir cette somme pour une molécule par patient et qu’une infirmière va pouvoir gérer 30, 40, 50 patients. e forum 15 national MARIE JAUFFRET-ROUSTIDE, SOCIOLOGUE, INVS, SAINT-MAURICE ET CESAMES, PARIS J ’aurais souhaité pouvoir vous présenter les données de la dernière édition Coquelicot que nous avons réalisée en 2011, mais elles ne sont pas encore disponibles. Ma présentation s’appuiera essentiellement sur des données produites par l’InVS, mais également d’autres organismes. Je me suis efforcée de répondre aux questions posées par SOS Hépatites pour préparer mon intervention. Il y a certaines questions que je n’ai pas pu traiter, mais nous pourrons les aborder dans la discussion, si vous le souhaitez. Quelques éléments de contexte. En France, le partage du matériel d’injection est aujourd'hui le facteur de risque majeur de transmission de l’hépatite C. Les dernières données de prévalence de séro-épidémiologie, qui reposent sur des données biologiques, sont celles de l’enquête Coquelicot réalisée en 2004 qui mettait en évidence que 60% des usagers de drogue étaient contaminés par l’hépatite C. C’est une prévalence très élevée au regard des données observées au niveau international. Les données 2011 sont donc en cours d’analyse, mais elles montrent une tendance à la baisse. L’élément inquiétant en 2004 était que la prévalence de l’hépatite C était déjà très élevée chez les usagers de drogue les plus jeunes, âgés de moins de 30 ans, puisqu’un tiers des usagers étaient contaminés par l’hépatite C alors que la prévalence du VIH chez les moins de 30 ans était quasi-nulle. Dans le cadre de l’enquête Coquelicot, nous nous sommes efforcés d’évaluer l’impact de la politique de réduction des risques sur la transmission de l’hépatite C chez les usagers de drogue. Nous avons fait une analyse par cohorte de naissance, considérant que les usagers nés après 1975 avaient pu bénéficier de l’ensemble des mesures de réduction des risques à partir du moment où ils avaient démarré l’injection. En moyenne, les données épi- Concernant la connaissance du statut de l’hépatite C, il s’agit de données issues à la fois de l’enquête menée par Christine Meffre auprès des assurés sociaux et de l’enquête Coquelicot. En population générale, la dernière enquête de l’InVS concluait à une prévalence de l’hépatite C à 0,84% et plus de la moitié des personnes connaissait leur statut, c'est-à-dire que 43% environ des personnes ne le connaissaient pas. Dans l’enquête de Christine Meffre, la connaissance du statut vis-à-vis de l’hépatite C était beaucoup plus élevée chez les anciens usagers de drogue par voie intraveineuse que dans le reste de la population. L’enquête Coquelicot a également pu montrer, en comparant les données biologiques et les données déclarées par les usagers de drogue, que près d’un tiers d’entre eux, à l’époque, se déclaraient séronégatifs pour le VHC alors qu’ils en étaient positifs. Les données 2011 sur cette question montrent une part encore trop importante d’usagers de drogue qui méconnaissent leur statut, alors que ceux de l’enquête Coquelicot ont un niveau de dépistage très élevé puisque 9 sur 10 ont été dépistés au moins une fois dans leur vie et sont vus dans les CSAPA et les CAARUD. Cela montre que les contaminations ont généralement lieu entre le dernier dépistage et le moment où a lieu l’enquête et pose la question du dépistage répété. →
  • 7. L’hépatite C chez les usagers de drogues : les données scientifiques disponibles 12 CONFÉRENCES Il faut toutefois être prudent par rapport à cette question de la discordance entre le statut déclaré et le statut observé en biologie puisque l’indicateur biologique utilisé dans le cadre de Coquelicot est la présence d’anticorps VHC et qu’en 2004, on ne pouvait donc pas distinguer les personnes guéries et les personnes porteuses. Alors qu’en 2011, cette distinction va pouvoir être faite. Parmi ceux qui disent être négatifs et ont des anticorps, on pourra voir, par exemple, la part de ceux qui ont eu une hépatite C mais ont guéri et qui ne se considèrent donc plus comme porteurs de l’hépatite C, mais dont les anticorps sont parfois présents. e forum 15 national CONFÉRENCES dans l’enquête Coquelicot, 8 usagers sur 10 déclaraient en 2004 avoir partagé la pipe à crack. Concernant la paille de snif, un quart des usagers de drogue déclarait l’avoir partagée. Ces pratiques à risque sont plus élevées encore chez les usagers de drogue les plus jeunes, âgés de moins de 30 ans, chez les femmes et chez les personnes détenues, et ce pour plusieurs raisons. Chez les plus jeunes on observe une méconnaissance des modes de transmission de l’hépatite C ; chez les femmes et chez les personnes détenues, on observe un moindre accès aux dispositifs de réduction des risques. Les femmes usagères de drogue ont des difficultés à aller dans les dispositifs de réduction des risques, et en ce qui concerne les personnes détenues, les seringues n’étant pas disponibles en milieu pénitentiaire, les usagers de drogue n’ont pas accès à du matériel d’injection. Les dernières données disponibles concernant la prévalence de l’hépatite C chez les usagers de drogue sont déclaratives et il convient de les utiliser avec précaution. Néanmoins, ces données sont très utiles puisque l’enquête ENa-CAARUD est réalisée tous les deux ans par l’Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies. A partir Concernant la question des contextes et des popude ces données, on voit entre 2006 et 2010 une diminution lations vulnérables vis-à-vis de l’hépatite C, quelques de la prévalence de l’hépatite C chez données sur les jeunes, sur les femles usagers de drogue qui passe de mes et sur les personnes détenues. 47% en 2006 à 34,8% en 2010, 2010 Concernant les jeunes, se pose la étant la dernière édition de l’enquêquestion de la première injection. te dont les données ont été publiées Dans la littérature internationale, il y a quelques jours. Cette tendance on sait que la première injection à la baisse, qui est plutôt encouraest un moment particulièrement à geante, ne doit pas faire oublier le risque pour la transmission de l’héfait que les pratiques à risque perpatite C. La plupart des contamisistent chez les usagers de drogue nations VHC se font généralement et qu’il y a également des sous-podans les deux premières années de pulations et des contextes de vull’injection. L’enquête Coquelicot nérabilité qui font que l’hépatite C de 2004 montrait que 8 usagers de est toujours présente de manière drogue sur 10, soit 83%, n’avaient importante chez les usagers de dropas réalisé eux-mêmes leur premiègue. re injection, qu’elle avait été réalisée par un tiers, que cette première Concernant les pratiques à risinjection était rarement programque, les données de l’enquête Comée par l’usager et qu’il n’avait pas quelicot de 2004, corroborées par obligatoirement de matériel d’ind’autres enquêtes ultérieures, montrent que les pratiques jection stérile sur lui, et comme dans la plupart des cas, de partage de matériel lié à l’injection sont encore très cette injection était réalisée par un tiers, ce tiers, généraélevées puisque 38% des usagers de drogue déclaraient lement plus âgé, pouvait être potentiellement contaminé avoir partagé le petit matériel lié à l’injection, c'est-à-di- par l’hépatite C. Je rappelle que la prévalence était de 60%, re la cuillère, le coton ou l’eau de rinçage, dans le dernier d’où un risque important d’être contaminé par l’hépatite C mois, alors que l’enquête a été menée auprès d’usagers de lors de cette première injection s’il n’utilise pas du matédrogue ayant accès au matériel puisqu’ils sont interrogés riel d’injection stérile. Les données 2011 sur la proportion dans des structures qui distribuent du matériel. N’est donc d’usagers qui déclarent avoir fait réaliser leur première inpas prise en compte la population d’usagers de drogue qui jection sont assez similaires. vit en milieu rural et a beaucoup moins facilement accès au matériel d’injection. Pour le partage de la seringue, 13% D’autre part, les usagers les plus jeunes ont le sentides usagers de drogue déclarent avoir partagé leur serin- ment d’appartenir à un groupe d’usagers épargnés par la gue dans le dernier mois. Les chiffres sont donc meilleurs contamination VHC, alors que même quand ils injectent que ceux observés dans les années 1980 où le taux de par- uniquement dans leur groupe de pairs, on sait déjà que tage de la seringue était à 50%. Toutefois, 13% reste un près d’un tiers sont contaminés par l’hépatite C. Les usachiffre important. gers de drogue les plus jeunes ont peu de contact avec les dispositifs de réduction des risques et ont généralement Au-delà des pratiques à risque liées à l’injection, il une mauvaise connaissance des pratiques de réduction convient aussi de mentionner les pratiques à risque lié des risques. Par ailleurs, le volet socio-anthropologique de aux autres modalités de consommation, comme le partage l’enquête Coquelicot montre que cette question de la prede la pipe à crack qui est extrêmement important puisque mière injection est un sujet tabou pour l’initiateur. Les ini- L’injection autrefois stigmatisé dans le milieu festif tend à se développer tout en restant une pratique qui peut être cachée et réalisée dans l’urgence, ce qui augmente l’exposition au risque tiateurs ont du mal à parler de la manière dont ils initient d’autres injecteurs, ce qui rend particulièrement compliquée la possibilité de transmettre des messages de prévention pour cette première injection. On sait également que la première injection est déterminante dans la suite de la trajectoire des usagers de drogue et l’acquisition des pratiques de réduction des risques. C'est la raison pour laquelle il est essentiel de travailler sur cette question et sur la transmission de messages de réduction des risques au plus tôt chez les usagers de drogue, même lorsqu’ils ne sont pas encore des injecteurs. Au-delà de la première injection, les jeunes injecteurs sont donc une population à risque et les dernières données disponibles montrent que pendant longtemps, l’injection était peu fréquente et un sujet très tabou dans le milieu festif. Depuis quelques années, les données épidémiologiques montrent que les pratiques d’injection en milieu festif sont de plus en plus fréquentes, mais qu’elles restent stigmatisées. Les jeunes qui injectent en milieu festif ont donc tendance à cacher leur pratique, à la réaliser dans l’urgence, et on sait que les injections réalisées dans l’urgence augmentent l’exposition aux risques. 13 ⇢Rennes 2012 contenter des résidus de produit utilisés par d’autres usagers et contenus dans les filtres qui sont abandonnés par d’autres usagers. La littérature a montré qu’au-delà de la seringue, le récipient pour partager la drogue et les filtres constituent un vecteur de transmission de l’hépatite C. Nous avons voulu explorer cette question des pratiques à risque chez les femmes à travers un volet socioanthropologique pour comprendre pourquoi les femmes usagères de drogue avaient des pratiques à risque plus élevées que les hommes. D’abord, elles ont surtout des pratiques d’emprunt du matériel. Elles sont cinq fois plus nombreuses à emprunter le matériel usager. Elles sont plus exposées au VHC lors de l’injection d’abord parce que l’initiation à l’injection correspond le plus souvent à la mise en couple avec un conjoint usager de drogue. Toutes les femmes que nous avons interrogées dans le volet socio-anthropologique ont toutes indiqué avoir été initiées par leur partenaire sexuel, ce qui n’était pas le cas des usagers de drogue hommes que nous avons interrogés dans ce volet. Malheureusement, cette question n’avait été investiguée que d’une manière qualitative, et c'est la raison pour laquelle nous avons, en 2011, ajouté des questions sur la première injection pour avoir des éléments épidémiologiques quantitatifs sur le profil de l’initiateur. Au sein du couple, le partage du matériel d’injection avec le partenaire sexuel n’est pas perçu comme une pratique à risque On observe également dans les CAARUD depuis quelques années une nouvelle population de très jeunes injecteurs, âgés de moins de 25 ans, qui vivent en milieu urbain, dont une partie d’entre eux est issue du milieu festif, et qui sont poly-consommateurs de cocaïne, de crack, de Skenan. Ils sont très précaires, vivent dans la rue ou dans des squats, et sont très exposés au risque de contamination par l’hépatite C à la fois en raison des produits qu’ils consomment qui nécessitent de multiples injections, du contexte de consommation sachant qu’ils injectent le plus souvent dans la rue, et du manque de connaissance des pratiques de réduction des risques. Les femmes usagères de drogue sont une population très vulnérable vis-à-vis de la transmission de l’hépatite C, du VIH également. Les données présentées comparent les pratiques de consommation et les pratiques à risque entre les hommes et les femmes. Les femmes usagères de drogue sont proportionnellement beaucoup plus nombreuses à consommer du crack que les hommes. Dans l’enquête Coquelicot, 4 femmes sur 10 déclaraient avoir consommé du crack dans le dernier mois versus 25% des hommes. Les niveaux de pratiques à risque chez les femmes sont également inquiétants. Dans le dernier mois, 25% des femmes déclaraient avoir partagé leur seringue, contre 11% des hommes. Le récipient pour préparer la drogue était partagé par 22% des femmes usagères de drogue versus 6% des hommes, et le partage du filtre par 26% des femmes versus 15% des hommes. On sait que le partage du filtre est généralement un indicateur de précarité sociale, puisqu’une partie des femmes usagères de drogue vont se On voit également que les femmes usagères de drogue sont en moyenne plus jeunes que les hommes, et qu’elles sont plus souvent engagées dans des pratiques à risque à la fois dans le domaine de l’usage de drogue, mais également dans le domaine de la sexualité. Elles ont plus souvent que les hommes un partenaire sexuel qui est usager de drogue et elles utilisent moins souvent le préservatif avec leur partenaire usager de drogue. Par ailleurs, l’élément déterminant dans les pratiques à risque, c’est que les femmes usagères de drogue sont dépendantes de leur conjoint pour l’obtention du produit. Elles achètent rarement le produit et elles sont donc moins autonomes pour choisir le moment où elles vont consommer et injecter. Ce qui signifie qu’elles passent après leur partenaire sexuel pour injecter et c’est dans cette temporalité qu’elles sont amenées à emprunter leur matériel. Par ailleurs, au sein du couple, le partage du matériel d’injection avec le partenaire sexuel n’est pas perçu comme une pratique à risque. C’est un élément essentiel. Dans le volet épidémiologique de l’enquête Coquelicot, quand nous avons testé les questionnaires, nous nous sommes rendu compte que lorsque nous demandions aux usagers de drogue s’ils avaient partagé leur matériel d’injection, beaucoup nous répondaient non dans un premier temps, et nous disaient ensuite dans le cours du questionnaire qu’ils avaient partagé avec leur partenaire sexuel. Aujourd'hui, quand nous posons la question dans notre volet épidémiologique, nous insistons sur ce point. →
  • 8. L’hépatite C chez les usagers de drogues : les données scientifiques disponibles 14 CONFÉRENCES L’enquête Coquelicot avait abordé la question de l’injection en détention. Nous n’avons malheureusement pas pu interroger les usagers de drogue détenus en 2004, mais nous avions recueilli des données de manière rétrospective en demandant aux usagers de drogue si lors d’incarcération, ils avaient été amenés à injecter. 61% des usagers de drogue déclaraient avoir été incarcérés au moins une fois au cours de leur vie, et 12% d’entre eux déclaraient avoir eu recours à l’injection en prison au moins une fois, dont 30% déclaraient avoir partagé leur seringue en prison. Les taux de partage de seringue en détention sont plus élevés qu’en milieu libre. CONFÉRENCES de réduction des risques puisque l’ensemble des mesures de réduction des risques en France a été construit autour du modèle de l’héroïnomane injecteur, c'est-à-dire seringue et traitement de substitution. Le modèle français de réduction des risques n’a donc pas du tout pris en compte la question des autres modes de consommation et la question des autres produits consommés, comme par exemple la cocaïne et le crack. Au-delà de l’enquête Coquelicot, nous avons poursuivi les investigations dans le cadre d’une autre enquête menée en 2010 avec la Direction Générale de la Santé, à savoir l’enquête Prévacar, qui s’intéressait à la santé des personnes détenues, indépendamment de la question d’usage de drogue, mais certaines questions s’y référaient. Dans l’enquête Prévacar, il y avait un volet pour les patients et un volet pour les médecins des UCSA. Il était demandé aux médecins des UCSA si le personnel soignant avait eu connaissance de seringues en détention dans les douze derniers mois. 18% des établissements pénitentiaires déclaraient avoir eu connaissance de seringues en détention dans les douze derniers mois. La confrontation entre ces deux chiffres permet de voir que lorsqu’on interroge les usagers de drogue et le personnel pénitentiaire, les données vont dans le même sens et attestent du fait qu’il y a des pratiques d’injection en détention. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé dans la nouvelle enquête Coquelicot, avec le soutien de l’ANRS, de mettre en place un volet spécifique détention. Cette enquête sera mise en place sur 2013 et 2014. Les questions seront posées à des usagers de drogue au moment de leur incarcération. D’après la littérature et les données dont nous disposons, la prison constitue un lieu d’exposition aux risques infectieux important puisque la prévalence du VIH et de l’hépatite C est trois à quatre fois plus élevé chez les personnes détenues qu’en milieu libre, que les conditions d’hygiène en détention sont très mauvaises, et qu’il n’y a pas d’accès au matériel de réduction des risques liés à l’injection. Par ailleurs, la littérature a également montré que l’initiation à l’injection pouvait se dérouler en détention, et l’ensemble de ces éléments conduit à poser la question de l’équivalence de l’accès aux soins et à la réduction des risques entre la prison et le milieu libre, équivalence présente dans les recommandations de l’OMS. La troisième partie de mon intervention porte sur la question des risques de transmission de l’hépatite C, encore méconnus dans le champ de l’usage de drogue, et liées au partage des pipes à crack. Il s’agit des résultats d’une enquête que nous avons menée entre 2009 et 2012 avec la collaboration d’un collectif inter CAARUD et le soutien de l’ANRS. Quelques éléments épidémiologiques sur la question du crack et de l’hépatite C. On sait que le matériel d’injection reste le mode majeur de transmission de l’hépatite C, mais ce risque est très bien documenté dans la littérature, et surtout il est pris en compte dans les politiques On observe dans la littérature internationale que la transmission de l’hépatite C par le biais de la consommation de crack et plus particulièrement du partage des pipes à crack est un débat d’actualité depuis quelques années. Ce débat est pertinent et tout particulièrement dans un contexte épidémiologique où l’on observe depuis une quinzaine d’années une augmentation très importante de la consommation de cocaïne et de crack à la fois en Europe et en France. En France, l’expérimentation de cocaïne a été multipliée par quatre ces quinze dernières années. C'est le seul produit pour lequel on observe une augmentation aussi importante. Le crack est aujourd'hui le premier produit consommé en moyenne nationale par les usagers de drogue qui fréquentent les CAARUD. Dans l’enquête Coquelicot de 2004, 30  des usagers de drogue fréquentant % les CAARUD et les CSAPA déclaraient avoir consommé du crack dans le dernier mois, devant la cocaïne qui était déclarée par 27 % des usagers de drogue, et devant l’héroïne qui était déclarée par 20% des usagers de drogue. Les données de 2011 vont bien au-delà de 30  et %, la consommation de crack a non seulement très fortement augmenté dans le contexte parisien, mais également en province. Les données de la littérature valident la question du risque puisque dans les études épidémiologiques, la consommation de crack ressort comme un facteur de contamination de l’hépatite C, même quand on l’ajuste sur d’autres facteurs de risque tels que l’injection, sachant que la moitié des consommateurs de crack ont eu recours à l’injection au moins une fois au cours de leur vie. Les consommateurs de crack ont un risque 2,5 fois plus élevé que les autres d’être contaminés par l’hépatite C, même en prenant en compte l’injection ou la précarité des conditions de vie, qui sont d’autres facteurs de risque de l’hépatite C. Ces données épidémiologiques ont également été validées par des données biologiques. Une publication de Fisher faite au Canada en 2008 a montré que l’on pouvait trouver du virus de l’hépatite C sur des pipes à crack. e forum 15 national 15 ⇢Rennes 2012 de l’hépatite C. Par ailleurs, les lésions des mains sont liées à la fabrication du filtre, lequel était jusqu’alors préparé avec des fils électriques arrachés sur des dynamos de vélo ou trouvés dans les immeubles, lesquels pouvaient entraîner des coupures au niveau de la bouche et des mains. L’enquête que nous avons menée avec le collectif inter CAARUD est une enquête épidémiologique transversale, de type observationnel, que nous avons répétée à deux reprises à vingt-quatre mois d’intervalle. Nous avons fait une première enquête en 2009-2010 et la seconde en 2011-2012 avec, entre ces deux enquêtes, la distribution d’un nouvel outil de réduction des risques. L’objectif de cette enquête était d’abord de décrire l’état de santé des usagers de crack, en particulier leur vulnérabilité par rapport à la transmission de l’hépatite C, et d’évaluer l’impact de cet outil de réduction des risques sur la transmission de l’hépatite C. Ces données épidémiologiques et virologiques sont également complétées par des données ethnographiques. Dans le travail réalisé sur le terrain, en collaboration avec des intervenants de réduction des risques en toxicomanie, on a vu que l’utilisation et le partage des outils liés à la consommation de crack, comme le cutter destiné à découper la galette ou préparer le filtre, comme le fil électrique utilisé pour préparer le filtre, et comme les pipes en verre, entraînent la présence de lésions au niveau des mains et C’est la première enquête au niveau international à de la bouche des usagers de crack et ce sont ces lésions qui utiliser comme critère de jugement l’évolution des lésions constituent des portes d’entrée pour la transmission de comme indicateur indirect de la transmission du VHC. Il l’hépatite C. s’agissait de voir si à deux ans d’intervalle, la distribution de cet outil de réduction des risques avait pu permettre une diminution des lésions. Un nouveau kit a été mis au point par les associations et est distribué aujourd'hui comme outil de réduction des risques. Le doseur à pastis a été transformé par un tube en pyrex qui conduit moins la chaleur et évite les brûlures au niveau de la bouche. De plus, lorsqu’il se casse, il se casse en mille morceaux et il est alors beaucoup plus compliqué de conserver un turbo. Le filtre est réalisé en Inox alimentaire et évite la manipulation du cutter et de fil électrique pour préparer le filtre et donc il diminue la présence de lésions. Nous avons également proposé aux usagers de crack une petite lame jaune qui permet d’éviter l’utilisation du cutter pour la préparation du crack et la baguette permet de positionner le filtre à l’intérieur du tube. Ce kit est en cours de validation puisque les données concluent à une efficacité de ce nouvel outil de réduction des risques et il est actuellement distribué dans de nombreuses associations de réduction des risques. L’InVS s'est intéressé à cette question car nous avons été l’objet d’une double saisine. Une première saisine Les résultats de la première phase de l’enquête 2009nous a été faite par un collectif inter CAARUD parisien. 2010 ont montré que la majorité des usagers de crack Plusieurs associations – Gaïa, Ego, Charonne, SOS Drogue étaient des hommes, soit 8 sur 10, avec une moyenne internationale, Aides – nous ont sollicités pour mettre au d’âge plutôt élevée de 38,9 ans ; mais on observe quand point un nouvel outil de réduction des risques et faire en même que 14 % des usagers de crack ont moins de 30 ans. sorte que l’InVS puisse évaluer ce nouvel outil pour en- On a pu observer également qu’étaient présents chez les suite le valider, le faire financer par les pouvoirs publics et consommateurs de crack les jeunes consommateurs qui le reconnaître comme un véritable outil de réduction des vivent dans la rue, poly-consommateurs, consommant risques. A la même période, la DGS nous a saisis pour éva- du Skénan, de la cocaïne et du crack. La population des luer l’ensemble des outils de réduction des risques, ce qui consommateurs de crack est extrêmement précaire, encore nous a permis de mettre en place cette enquête. plus que la population des usagers de drogue étudiée dans Coquelicot, puisque plus de la moitié des usagers de crack La consommation de crack entraîne des lésions au ont dormi dans un squat ou dans la rue dans les six derniveau des mains et de la bouche liées à l’utilisation de do- niers mois. seurs à pastis en verre qui, lorsqu’ils sont utilisés souvent, donnent ensuite lieu à de petits bouts de doseurs, appelés On voit également que les pratiques à risque sont turbos, qui sont ébréchés. Le partage de ces turbos ou de très importantes chez les consommateurs de crack puisque doseurs à pastis très chauds favorisent une transmission nous avions posé des questions à la fois sur les pratiques à →
  • 9. L’hépatite C chez les usagers de drogues : les données scientifiques disponibles 16 CONFÉRENCES risque lors de la dernière consommation, mais également sur les prises de risque dans les six derniers mois. Lors de la dernière consommation, 4 usagers sur 10 déclaraient avoir partagé la pipe à crack, avant la mise en place de notre intervention, parmi lesquels 21% déclaraient avoir utilisé un doseur ébréché lors de leur dernière consommation. Concernant les prises de risque dans les six derniers mois, on voit qu’en 2009-2010 elles sont toujours très élevées, avec 72% des usagers de crack qui déclarent avoir partagé le doseur dans les six derniers mois, et surtout ils étaient très peu nombreux à utiliser un embout en silicone qui permet de limiter la transmission de l’hépatite C. Dans cette enquête, ont également été posées des questions sur l’état de santé. 80% des usagers de crack déclaraient avoir eu un trouble de santé mentale dans les six derniers mois, soit un épisode de dépression, soit des hallucinations. Concernant le VIH et l’hépatite C, 11% des usagers de crack déclaraient être séropositifs pour le VIH et 41% déclaraient être séropositifs pour l’hépatite C. On sait que la prévalence réelle est plus élevée que 41%. Sur la question des lésions, les chiffres étaient encore plus élevés que ce à quoi nous nous attendions puisque les enquêteurs faisaient une observation clinique de l’état des mains et de la bouche des usagers de crack. Dans le volet 2009-2010, 80 % des usagers de crack présentaient au moment de l’enquête des brûlures ou des coupures au niveau des mains, et 32 % déclaraient des brûlures ou des coupures au niveau des lèvres. Avec cette importante prévalence des lésions, ce taux de partage de la pipe à crack, et l’utilisation de doseurs ébréchés, on peut penser qu’il y a risque de transmission de l’hépatite C dans cette population. Les données 2011-2012 sont en cours d’analyse, mais on observe une diminution considérable des lésions. A priori, les lésions sont divisées par trois, donc moins de 30% des usagers de drogue présenteraient des lésions ; sachant qu’en 2009-2010, avant l’intervention, 9 usagers sur 10 présentaient au moins une lésion. Suite à l’intervention, CONFÉRENCES on observe également une augmentation de l’utilisation de l’embout et surtout une prise de conscience du risque de transmission de l’hépatite C chez les consommateurs de crack. Il a fallu du temps pour que les usagers de crack s’habituent à ce nouvel outil et certains préfèrent encore le doseur à pastis et continuent à l’utiliser. Mais les usagers les plus enclins à utiliser ce nouvel outil de réduction des risques sont les usagers les plus jeunes, de moins de 30 ans et qui sont donc les plus à risque de transmission. Quels sont les moyens de faire face à cette augmentation des risques ? La distribution de pipes à crack, mais également les salles de consommation à moindre risque. Ces salles de consommation à moindre risque ont été mises en place dans de très nombreux pays d’Europe, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Espagne, mais également dans d’autres pays comme l’Australie ou le Canada et ont pour objectif de réduire les risques sanitaires liés à l’usage de drogue. La littérature montre que les salles de consommation à moindre risque réduisent le nombre d’overdoses. On sait également qu’elles réduisent les risques liés à l’injection, c'est-à-dire permettent une éducation à l’injection chez les usagers de drogue. 17 ⇢Rennes 2012 les favorisent également les transitions vers les modes de consommation à moindre risque, sachant que ces salles de consommation à moindre risque ne sont pas uniquement des salles d’injection, mais aussi des salles pouvant disposer d’un espace pour sniffer ou pour fumer du crack. Dans un certain nombre de ces salles, des stratégies de transition de l’injection vers d’autres modes de consommation sont proposées. Et elles permettent de limiter les troubles à l’ordre public liés à l’usage de drogue, de pacifier l’espace public, ces deux éléments ayant été bien documentés dans la littérature. Cette enquête sur les consommateurs de crack vient valider l’existence de lésions liées à l’utilisation de pipe à crack en verre et à la manipulation de fil de cuivre pour la fabrication du filtre, et elle montre l’importance des pratiques à risque renforcée par la vulnérabilité sociale des consommateurs. Il est donc indispensable aujourd'hui d’adapter la politique de réduction des risques à l’évolution des pratiques et des risques et, surtout, il faut maintenant que nous allions au-delà du modèle unique de l’héroïnomane injecteur dans le cadre de la politique de réduction des risques. Concernant l’adaptation des politiques de réduction des risques, ces données épidémiologiques montrent que les pratiques à risque persistent chez les usagers de drogue malgré une accessibilité accrue au dispositif de réduction des risques et au matériel d’injection stérile. Pourquoi ces pratiques à risque persistent-elles ? Pour un certain nombre de déterminants complexes. Tout d’abord, un nombre croissant d’usagers sont amenés à injecter ou à consommer du crack dans la rue, et le fait de consommer dans la rue soumet les usagers de drogue à une peur permanente qui les empêche de mettre en œuvre de véritable stratégie de réduction des risques. Comme la littérature internationale l’a montré et comme nos enquêtes l’ont montré, un usager qui n’est pas tranquille pour réaliser son injection et qui va la réaliser de manière rapide mettra moins facilement en œuvre des stratégies de réduction des risques. Par ailleurs, les usagers de drogue qui injectent dans la rue sont confrontés à des formes de violence physique et psychique liées à la répression et à la stigmatisation sociale qui rendent plus compliqué pour eux le fait de mettre en œuvre des stratégies de protection. L’augmentation de la consommation de stimulants, qu’il s’agisse de la cocaïne ou du crack, va entraîner des injections répétées ou un partage des pipes à crack qui accentuent l’exposition au risque. e forum 15 national Donc moins de dommages veineux, moins de risques bactériens. Elles permettent aussi d’augmenter le nombre de demandes de sevrage. Au Canada, par exemple, une publication très intéressante a mis en évidence que dans les villes où ont été mises en place des salles de consommation à moindre risque, on observait une augmentation du nombre de demandes de sevrage. C’est très intéressant puisque cela permet d’aller au-delà de la distinction faite habituellement entre les modèles qui proposeraient du sevrage et ceux qui proposeraient de la réduction des risques et qui seraient perçus comme une sorte de prosélytisme, alors que lorsque l’on met en place des dispositifs de réduction du risque, une partie des usagers de drogue souhaitent à un moment donner arrêter soit d’injecter, soit de consommer des drogues. En conclusion, la politique de réduction des risques en France a largement fait la preuve de son efficacité sur la diminution de la transmission du VIH. L’enquête Coquelicot de 2004 le montre, l’enquête 2011 ira également dans ce sens. Sur le partage de la seringue, on observe une diminution des pratiques à risque. En revanche, l’impact de la réduction des risques en France est plus limité aujourd'hui sur la transmission de l’hépatite C, mais la France manque de recul et de données récentes disponibles. Dans d’autres pays, comme les Pays-Bas, des publications ont montré que la politique de réduction des risques pouvait avoir un impact sur la diminution du nombre de nouveaux cas d’hépatite C chez les usagers de drogue, donc sur l’incidence. Et les Pays-Bas ont mis en œuvre une politique de réduction des risques bien plus précocement que la France et beaucoup plus diversifiée. En effet, la politique de réduction des risques en France est encore aujourd'hui trop exclusivement centrée sur le modèle de l’héroïnomane injecteur. Afin d’être plus efficace, cette politique doit prendre en compte la diversité des expositions aux risques auxquels s’exposent les usagers de drogue, à la fois la consommation de crack, la question de l’usage de drogue en milieu pénitentiaire et la question de la consommation dans l’espace public. La question de l’hépatite C est plus compliquée, c'està-dire que les données disponibles pour le moment n’ont pas permis de montrer que les salles de consommation à moindre risque avaient un impact direct sur la diminution de la transmission de l’hépatite C dans la mesure où aucune enquête disponible n’a montré une diminution de la prévalence de l’incidence de l’hépatite C liée aux salles de consommation à moindre risque. Cela ne signifie pas pour autant que ces salles n’ont pas d’impact sur la transmission de l’hépatite C, mais elles permettent d’améliorer l’éducation aux risques liés à l’injection et donc contribuer à limiter la transmission de l’hépatite C dans cette population. Pour repenser les politiques de réduction des risques, il est indispensable de pouvoir agir sur un certain nombre d’éléments qui constituent des facteurs de transmission de l’hépatite C chez les usagers de drogue. Tout d’abord, pouvoir agir réellement sur le contexte de consommation en assurant de bonnes conditions d’hygiène aux usagers de drogue, et les salles de consommation à moindre risque constituent une des alternatives possibles. D’autre part, améliorer le niveau de compétence des usagers de drogue concernant les risques associés aux pratiques de consommation, avec la question de l’éducation aux risques liés à l’injection et aux autres modes de consommation. Et il est également important de pouvoir s’appuyer sur la responsabilité des usagers de drogue pour modifier leurs pratiques. Par ailleurs, ces salles d’injection à moindre risque permettent d’améliorer l’accès aux soins de manière globale et aux droits sociaux des usagers et d’atteindre des populations qui ne fréquentent pas les dispositifs de réduction des risques, comme par exemple les très jeunes injecteurs. On peut considérer qu’en atteignant des populations qui ne fréquentent pas les dispositifs de réduction des risques et qui ont des pratiques à risque, ces salles peuvent avoir un impact sur la diminution de la transmission. El- Agir sur le contexte social de l’injection et de la consommation de crack permet de limiter les risques liés à la transmission de l’hépatite C à la fois chez les usagers de drogue, mais également dans la communauté dans son ensemble. Je remercie l’ensemble des personnes qui ont contribué aux recherches que je vous ai présentées sur le crack et l’enquête Coquelicot, ainsi que l’ensemble des usagers de drogue qui ont participé à ces enquêtes. Je vous remercie. →
  • 10. 18 CONFÉRENCES L’hépatite C chez les usagers de drogues : les données scientifiques disponibles Questions dans la salle RÉGIS DUPONT Je suis médecin coordinateur d’un CSAPA en Saône-et-Loire et j’interviens en tant que médecin bénévole pour le CAARUD qui fait partie de la même association. Je suis un peu inquiet car nous avons mis en place depuis plus de deux ans le dépistage systématique des hépatites au niveau du CAARUD sur une population très fragilisée, et nous ne sommes pas à 60% de prévalence, nous avons très peu de patients qui ont été dépistés positifs ou de nouveaux cas. Je vis dans l’angoisse de voir venir cette vague. Nous sommes également opérationnels au niveau du CSAPA en termes de dépistage et nous n’avons pas cette impression d’une grosse vague épidémique de l’hépatite C. Nous sommes aussi opérationnels sur la vaccination de l’hépatite B. S’agissant de la vulnérabilité de la population féminine, nos patientes arrivent dans les CSAPA assez tardivement pour se faire soigner. Les deux principaux modes d’entrée sont la grossesse et l’incarcération du conjoint, et souvent les profils sont beaucoup plus dégradés pour un même temps de consommation que chez les hommes. Il y a donc quelque chose à explorer de ce côté-là. Enfin, bien que le mode de consommation soit moins traumatisant, a-t-on des chiffres sur la consommation et la contamination VHC par le bang ? MARIE JAUFFRET-ROUSTIDE Vous n’avez pas à être inquiet, au contraire. Les 60% que j’ai indiqués, c’était en 2004. On observe une diminution. Les données de la dernière étude Coquelicot étant en cours d’analyse, je ne peux pas vous dire quelle va être la marge exacte de diminution, mais vous allez être plutôt rassuré par rapport à ce que vous observez. Je pense que nous allons plutôt vers une décroissance de la prévalence de l’hépatite C chez les usagers de drogue. Mais il ne faut pas baisser la vigilance à la fois en raison des pratiques observées chez les usagers de drogue qui continuent à avoir des pratiques à risque, en raison des nouveaux risques observés avec la consommation de crack et qui se diffuse sur l’ensemble du territoire. Et il faut rester vigilant sur la question des politiques publiques. Si l’on pensait que la question de d’hépatite C chez les usagers de drogue était totalement réglée, on pourrait dire qu’on a fait ce qu’il fallait et que l’on peut arrêter là. Je pense qu’il faut proposer une palette très diversifiée de réduction des risques aux usagers de drogue pour faire en sorte que la marge de progression soit de plus en plus importante. Je ne peux malheureusement pas répondre à votre question sur le bang car je n’ai pas de données. CONFÉRENCES shoots dans la soirée, et nous sommes en manque d’outil. J’aimerais savoir si cette consommation de slam va se cantonner au milieu homosexuel ou si les usagers lambda vont se l’approprier car on peut acheter ces produits sur internet et ils entraînent des dégâts sanitaires. Nous avons vu des personnes séronégatives qui sont revenues une semaine plus tard et à qui nous avons dû annoncer qu’elles avaient soit le VIH, soit le VHC. Nous sommes démunis et je pense qu’il faut repenser la réduction des risques autrement. DE LA SALLE Les données Coquelicot que vous avez présentées concernent-elles aussi les DFA, La Réunion ? Etant Martiniquais, je précise que le crack était d’abord utilisé par la société aisée dans les années 1980 qui consomme maintenant de la cocaïne et que le crack est maintenant utilisé par la société moins aisée. Mais nous vivons avec. MARIE JAUFFRET-ROUSTIDE Pour les pipes à crack, il suffit que vous contactiez Isabelle Roux à l’association Charonne qui pourra vous orienter. Un laboratoire fabrique maintenant les pipes à crack, et une sorte de centrale d’achat a été mise en place. De plus en plus de structures en France commandent des pipes à crack aujourd'hui en dehors des structures qui ont participé à l’enquête. Nous sommes en train de mener une enquête sur le slam avec l’association Aides. Une de mes collègues de Nouvelle Terre travaille sur la question des prises de risque chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et nous avions commencé à explorer cette question de l’usage de drogues chez les homosexuels. Le problème étant que dans les grosses enquêtes quantitatives, l’injection ressort très peu. Nous avons pu noter ce phénomène du slam qui nous préoccupe. Gilles Pialoux va d’ailleurs vous présenter les résultats d’une enquête qualitative à ce sujet. Le slam ne concerne pas que les jeunes homosexuels, mais concerne ceux de tous âges. MARIE JAUFFRET-ROUSTIDE Vous avez raison, c'est un sujet important. Il me semble que les dernières données disponibles sur la consommation de crack dans les DOM montraient que les niveaux étaient encore plus élevés qu’à Paris. Comme je l’ai dit, à Paris, entre 30 et 50% environ d’usagers de drogue dans les CAARUD déclarent avoir consommé du crack et dans les DOM, c’est 80%. Malheureusement l’enquête Coquelicot n’a pas eu lieu dans les DOM. En 2004, les villes concernées étaient Lille, Strasbourg, Paris, Bordeaux et Marseille, et en 2011, nous avons inclus deux départements supplémentaires, à savoir la Seine-et-Marne pour avoir le milieu semi-rural, et la Seine-Saint-Denis. Et nous avons élargi la notion de ville à la notion d’agglomération. ⇢Rennes 2012 d’outils. Comme par hasard, nous avons été interpellés à Médecin du Monde par des usagers, notamment slamers, et nous sommes en train d’y travailler à travers deux dispositifs assez innovants, le projet ERLI dont je coordonne l’action, et l’analyse de drogues. Pour entrer en contact avec les usagers, il ne s’agit pas uniquement de leur parler des pratiques problématiques mais d’une question qui les intéresse, à savoir les produits. Je participe à un atelier cet après-midi à ce sujet. Par ailleurs, l’AFR met en place un certain nombre de formations. DE LA SALLE Je précise que le slam est consommé en particulier chez les jeunes homosexuels. C’est de la multi consommation par injection pour de la performance sexuelle, et cela provoque souvent des évanouissements et des absences. De ce fait, on ne sait plus si on s’est injecté, et on recommence. e forum 15 national MARIE DEBRUS Je suis coordinatrice du projet ERLI, Education aux Risques Liés à l’Injection, de Médecins du Monde, et je suis Présidente de l’Association Française de Réduction des Risques. J’ai trouvé la partie de votre présentation concernant les salles de consommation tout à fait intéressante, mais on a tendance à faire des raccourcis ou des simplifications sachant que les expériences à l’étranger montrent pour l’instant que les salles de consommation attirent ou accueillent des usagers plutôt déjà âgés autour de 30-40 ans, ce qui pose la question de savoir comment atteindre les jeunes, alors que nous savons que c'est lorsqu’ils sont jeunes qu’ils se contaminent. D’autant plus qu’un nombre croissant de pratiques nouvelles appaHÉLÈNE DELAQUAIZE Je travaille à Marmottan. Je raissent. Il y a la question des espaces festifs, la question constate depuis un an qu’un nombre croissant de crackers des drogues accessibles par internet. viennent au CSAPA, ce qui est peut-être une bonne chose car ils viennent aux soins. Nous sommes en train de meC’est un véritable défi de la réduction des risques. A ner une enquête sur les produits qu’ils consomment. En l’AFR, nous essayons de beaucoup réfléchir autour de cetrevanche, je n’ai pas d’outil de RDR et j’aimerais savoir te question, et je pense qu’on ne parle pas suffisamment s’il serait possible d’en avoir, sachant qu’il y a deux ans, d’un dispositif tout à fait pertinent pour entrer en contact nous avons mis en place des groupes de RDR chaque mois. avec tous les usagers quels qu’ils soient, c'est la question D’autre part, de nouvelles drogues sont apparues comme le de l’analyse de drogues, et je trouve dommage que nous slam et c'est très problématique car c’est douze ou quinze n’ayons pas assez de dispositifs pour renforcer la palette DE LA SALLE Je travaille dans un CSAPA en Haute-Marne en zone semi-rurale où nous gérons plus de 1 000 patients addicts. On a vraiment l’impression qu’il y a un toxicomane des villes et un toxicomane des champs ou un addict des villes et un addict des champs. Aujourd'hui, nous sommes à moins de 5% de prévalence du VHC et à 2,5% chez les nouveaux patients accueillis. Dans notre CSAPA, j’ai vu un cracker en cinq ans. On a l’impression qu’il se passe des choses totalement différentes dans les champs et nous ne sommes donc pas sûrs d’être en phase avec les politiques de santé publique. Marie JAUFFRET-ROUSTIDE Trois enquêtes supplémentaires vont être mises en place. Ce sont des volets complémentaires de Coquelicot, mais qui font également partie du dispositif. Une enquête en milieu pénitentiaire pour documenter le risque en détention. Une enquête, que nous démarrons, sur les usagers russophones. Et une enquête sur les populations cachées qui ne fréquentent pas les structures de réduction des risques, et il n’est pas impossible que nous captions une partie de ces populations cachées dans le milieu semi-rural, et nous ne serons plus uniquement sur une cartographie des grandes villes. Vous observez des pratiques différentes en milieu semi-rural et une des hypothèses de la prévalence très basse est la question du contexte de l’injection, alors que dans les grandes villes, un certain nombre d’usagers injectent dans la rue et sont extrêmement précaires. Peut-être qu’en milieu semi-rural, on est moins confronté à ce type de pratique. Les CAARUD en milieu semi-rural que j’ai pu rencontrer m’ont dit qu’il s’agissait généralement d’usagers qui avaient la possibilité d’injecter chez eux et qui programmaient donc plus facilement le moment de l’injection. C’est peut-être une des explications de cette différence de prévalence. Même si vous observez des différences en termes de pratique, je suis très impressionnée par ce qui se fait en termes de réduction des risques en milieu semi-rural et je trouve que la qualité de l’accueil et des interventions proposées est équivalente à ce qui se fait en milieu urbain. Nous avons rencontré des CAARUD autour de la question des kits d’injection qui mettent en place également des choses très intéressantes en milieu semi-rural. M. LE BOURHIS, COORDINATEUR DU CAARUD DE PROSES À MONTREUIL J’ai travaillé à l’association PROSES dans le département du 93. J’étais venu pour avoir les dernières données et je suis un peu déçu. Concernant les consommateurs de crack, combien de personnes avez-vous interrogées ? Et avez-vous interrogé les mêmes personnes dans l’enquête 2011-2012 ? MARIE JAUFFRET-ROUSTIDE Nous avons mené l’enquête auprès de 350 personnes. Dans l’enquête Coquelicot de 2004, nous avons interrogé 1 462 personnes, à peu près 1 700 en 2011. Pour l’enquête crack, nous sommes sur un échantillon plus restreint, soit 350 personnes pour le volet 1 et 350 personnes pour le volet 2. Comme l’enquête se fait avec un plan de sondage, cela permet d’extrapoler les données à l’ensemble de la population des consommateurs de crack. Cette technique statistique permet de donner une puissance plus importante à l’échantillon. Nous n’avons pas vu les mêmes personnes car nous avons fait une enquête transversale répétée et si nous avions voulu suivre les personnes, nous aurions mis en place une enquête de cohorte. Le problème des enquêtes de cohorte chez les consommateurs de crack est que nous aurions eu un taux de perdus de vue tellement important que nous n’aurions rien pu dire de l’évaluation de l’outil, alors que nous serons beaucoup plus pertinents en faisant cette enquête transversale répétée. Nous savons qu’une très grande partie des usagers vus en 2010 ont été ré-inclus en 2012. 19
  • 11. 20 CONFÉRENCES CONFÉRENCES Risque d’infection au virus de l’hépatite C chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes et nouveaux outils de prévention GILLES PIALOUX, PROFESSEUR DES UNIVERSITÉS-PRATICIEN HOSPITALIER, AP-HP HÔPITAL TENON, PARIS J e suis hépatologue, infectiologue, je m’occupe du site vih.org et de la revue sur la réduction des risques SWAPS. J’ai travaillé avec tous les laboratoires pharmaceutiques et je travaille également avec Aides et l’ANRS. L’intitulé peut faire penser que nous avons de nouveaux outils de prévention qui fonctionnent sur la prévention du VHC sexuel chez les gays, mais cela mélange les concepts. Il existe de nouveaux outils de prévention, et nous avions fait un rapport sur ce thème pour Madame Bachelot, car il y a un épuisement de la prévention classique, il y a des épidémies concentrées chez les HSH dans certains pays d’Afrique, dans certaines populations à l’intérieur des pays d’Afrique et d’Europe de l’Est. Nous avons également une problématique anticipée par le plan actuel VIH, puisque le VIH est lié aux IST. La question est de savoir si le VHC, le sexe, les IST, le VIH, sont liés. Le poids des diagnostics tardifs est un problème transversal du VIH et du VHC. Concernant l’importance de l’épidémie cachée, nous avons une problématique commune dans le VIH et dans le VHC, 28 000 d’un côté, 138 000 de l’autre de non dépistés, c’est un réel problème. Les gens commencent à savoir ce qu’est cette épidémie cachée, les personnes qui sont infectées non dépistées, et dans les deux cas il y a une recherche vaccinale. Concernant le VIH, les HSH représentent le seul groupe de transmission chez lequel il y a eu une augmentation significative du nombre de nouveaux diagnostics. Ce ne sont pas des nouveaux cas incident, cela inclut des diagnostics tardifs. Contrairement à la baisse que l’on peut observer chez les femmes d’origine migrante, les hommes d’origine migrante, la stabilisation chez les hétéros, et les 60 ou 70 contaminations incidentes ou les nouveaux diagnostics incidents du VIH des usagers de drogue. Un mot sur une diapositif qui figure la prévalence du VIH chez les gays en France où l’on compare une population consommatrice de sexe dans le marais avec des pays, ce qui n’est pas comparable. Dans l’enquête Prévagay qui était une enquête de prévalence menée dans les lieux de consommation sexuelle à Paris, nous avions une prévalence de 17% et une incidence autour de 4%. Pour l’avoir montré plusieurs fois en Afrique dans certains pays comme le Burkina Faso, les gens sont assez étonnés de constater que si ces chiffres sont rapportés aux prévalences de VIH que l’on constate dans certaines régions, il faut aller du côté de l’Afrique du Sud pour trouver de tels niveaux de prévalence et d’incidence même si le marais n’est pas toute la communauté HSH française. Vous m’avez demandé de parler des nouveaux outils de prévention. Je pense que c’est un mauvais terme parce que cela oppose les anciens et les nouveaux outils, alors qu’il y a une évolution. Quand on veut faire de la prévention combinée il n’est pas bon de dire qu’il y a des nouveaux outils parce que cela ringardise les vieux outils. Il existe plusieurs modes de prévention, ce qui est comportemental et qui a été développé y compris de manière profane notamment chez les gays, c'est-à-dire la façon d’avoir une activité sexuelle dépendante du statut supposé de l’autre. Cette partie est en pleine effervescence, avec la prophylaxie pré-exposition, les microbicides, les anneaux vaginaux, les gels, etc. Il y a une petite partie ancienne un peu ringardisée que l’on aimerait bien remettre au goût du jour, qui est la prophylaxie post-exposition au VIH. Il existe un secteur en pleine expansion qui est le traitement prévention. L’idée qu’à partir du moment où l’on traite et que l’on diminue la charge virale circulante, on diminue le risque de contamination et donc que nous avons un impact populationnel sur la transmission, c’est ce que l’on appelle le TASP, Treatment as Prevention. Pour terminer, nous avons un outil majeur commun au VHC et au VIH, c’est le dépistage, c’est le premier outil de prévention. Dans les nouveaux outils il y a le traitement, ce que l’on appelle la charge virale communautaire, à l’intérieur d’une communauté, comme cela a été montré à Vancouver avec de très bons résultats, on arrive à abaisser la circulation du VIH et aussi la circulation du VHC. La prophylaxie pré-exposition du VIH, qui est autorisée aux Etats-Unis de- puis quelques mois, et l’importance essentielle de la prévention combinée, c’est un mécanisme que nous n’arrêtons pas de marteler. HSH, drogue, sexe, VHC, c’est assez complexe. Il y a assez peu de données quantitatives, pas mal de données qualitatives. Il y a une réelle inquiétude et à partir du moment où cela arrive dans les hôpitaux, cette inquiétude n’est pas un épiphénomène. Je pense aux injections aux nouvelles molécules émergentes sur internet. On m’a posé la question de savoir si cela concerne tous les HSH, bien sûr que non. e forum 15 national 21 ⇢Rennes 2012 Nous avons plusieurs sortes de données, des données anciennes qui font le lien et la corrélation entre la consommation et l’usage de drogues et les pratiques chez les hommes ayant des relations sexuelles non protégées avec des hommes. Beaucoup d’études montrent cette corrélation, plus il y a de consommation de produits, plus il y a des rapports réceptifs sans préservatifs, et plus il y a augmentation des risques d’être VIH+ pour les séro-discordants et d’être VHC+. Ce sont des données assez anciennes, et les taux de rapports anneaux insertifs ou non protégés, sont assez élevés puisque nous montons à 27%, 30%, 40%. Nous avons quelques données anciennes de consommation de produits. Ce qui a changé ce n’est pas le fait qu’une partie de la communauté gay consomme des produits dans un but récréatif, c’est le fait que c’est plus dans un but de performance sexuelle. L’enquête Prévagay de 2004 montrait des consommations importantes associées à l’activité sexuelle, 47% des déclarants de l’enquête Prévagay 2004 consommaient au moins une substance psycho-active en dehors de l’alcool, contre 12% dans une population appariée sur l’âge. Les produits de l’époque étaient les poppers ; aujourd'hui, c’est l’ecstasy, la cocaïne, etc. En 2004, l’enquête montrait, elle a été renouvelée depuis et sur internet les chiffres sont beaucoup plus importants, que 24% des personnes consommaient au moins un produit psychoactif avant le rapport sexuel, il y a donc un lien entre ces Cela concerne-t-il toutes les pratiques sexuelles  usagers de molécules. Nous allons voir qu’avec les molé? Nous allons voir que non. Est-ce relayé par un travail as- cules récentes cela est encore plus vrai. sociatif  De ce que j’ai vu des personnes qui injectent ou ? qui consomment, elles sont très déconnectées des assoConcernant les données qualitatives, il existe un traciations. Ce sont des démarches privées à l’intérieur de la vail très intéressant sur deux villes, Paris et Toulouse, qui sphère privée dans des appartements et assez déconnec- est un recueil qualitatif de témoignages et de parcours tées des associations. A la question de la RDR, je raconte- ethnographiques sur les substances psycho-actives en rai les deux dernières interventions que j’ai eues avec des milieu festif gay. Les pratiques de slam sont parties des personnes qui avaient des complications médicales dues Etats-Unis, elles sont passées par Londres et Berlin avant à leurs injections. A la question : avez-vous utilisé des se- la France, elles ont émergé dans les récits et le parcours ringues propres ? Ils ne comprennent pas la question. Ils vers 2010, cela est assez récent en France. Nous avons fait ne comprennent pas la question parce que ce n’est pas le un parcours type pour montrer cette bascule dans des prosujet. Le sujet n’est pas de réduire les risques, le sujet est duits successifs qui est probablement différente de ce que d’utiliser des produits dans une mécanique destructive vous trouvez dans les récits des usagers de drogues autour mais dont l’origine est d’avoir une sexualité forte. des opiacés, ou de la cocaïne. Le point commun, c’est la performance, c’est essayer de ne pas mélanger les produits qui ne vont pas ensemble, le GHB et l’alcool, etc., c’est utiENQUÊTE PRESSE GAY 2004 liser des produits qui permettent de sortir, mais cela n’est 24% indiquent avoir consommé au moins un pas nouveau dans l’histoire des produits. produit psychoactif avant leur dernier rapport sexuel, sans que soient précisés le type du parLa méphédrone est une problématique émergente, tenaire sexuel et l’usage du préservatif lors de elle entraîne un certain nombre d’effets secondaires qui cette occasion. imposent la prise de produits pour descendre de l’effet méphédrone, souvent la prise de cocaïne ou d’autres proLes produits les plus couramment rapportés duits. C’est souvent mélangé avec des produits anesthélors de ce dernier rapport sont : tiques, il y a des pratiques sexuelles très agressives, très traumatiques, très délabrantes sous ces produits, et avec → l’alcool (70% ) des produits plus classiques de performance sexuelle que → le cannabis (13% ) l’on vend dans les pharmacies. Les douanes ont intercepté → les poppers (13% ) 470 000 médicaments, et les produits qui arrivent en tête → des médicaments (6% ) sont les produits de stimulation des difficultés sexuelles. → de la cocaïne (3% ) → de l’ecstasy (2% ) La première étude qui a posé les rapports en Fran- →