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Mon cousin d’Amérique




        Il y a encore une atmosphère de ville naufragée lorsqu’on arrive à la
Nouvelle Orléans. L’ouragan Katrina est passé par ici en 2005. On se souvient que
l’Amérique était impuissante, prise de court, elle qui est pourtant prompte à
déployer en moins de vingt-quatre heures une armada à des milliers de kilomètres
de son territoire afin de traquer ceux qu’elle estime comme les ennemis de ses
valeurs…
        Plus de 1800 morts et 700 disparus. Sans doute plus. Peut-on faire de
l’arithmétique devant une catastrophe ? Il y a des morts qui ne souhaitent guère
laisser de traces. Ni vus ni connus. Pour eux les chiffres banalisent l’ampleur du
désastre. Voir 1800 cadavres flotter dans le courant ou pris dans l’engrenage
fatidique de la vase, c’est autre chose…

       Nous sommes au mois de juin et c’est la canicule. A se demander s’il arrive
que le vent passe par ici. Un vieux tram surgi de je ne sais où crache de la fumée
noire sur Canal Street. Et voici deux policiers sur des chevaux. Je me demande ce
que pensent ces bêtes de ces hommes de loi campés sur eux.
       Je me lance dans une rue dont j’ai du mal à trouver le nom. Tout est en
réfection. Cette ville sera-t-elle comme New Delhi avec ses travaux
interminables ? Si vous arrivez dans une des grandes villes de l’Inde et qu’il n’y a
pas de travaux depuis l’aéroport jusqu’à votre hôtel c’est que quelque chose de
grave va se passer. Il faut quitter la ville de toute urgence. La Nouvelle Orléans
me donne le même sentiment. Pour rien au monde je la quitterai de toute urgence.
Rien ne peut arriver de pire que ce qui s’était abattu ici.
       Quel est le nom de cette artère ? Peu importe, pourvu qu’elle me conduise
jusqu’au prochain impasse. Ce sont les impasses qui livrent les secrets d’une ville.
Les avenues sont trompeuses. Trop droites et trop fréquentées pour être honnêtes.
       Des jeunes Noirs sont assis à même le sol. Non, ils ne fument pas de joints
– c’est trop facile de pondre un tel cliché ici. Non, ils ne boivent pas non pas
d’alcool – ils ont perdu la soif depuis que les eaux avaient tenté d’engloutir la
ville entière. Alors ils se méfient de tout liquide, fut-il le plus alcoolisé. Ils ne se
tirent pas dessus les uns les autres. Que font-ils là alors ? Rien, justement. Ils
attendent. Quelque chose pourrait se passer. Ou pas. Ils veillent sur la ville.


                                           1
Un d’eux me toise. Je le sens, je presse le pas par instinct. Ils ont compris
que j’ai peur. Ils ricanent. Je ne suis pas d’ici, ils le savent. J’ai pourtant la
couleur de peau qu’il faut, mais la géographie nous éloigne. Ils sont la descendance
de mes ancêtres, ceux-là qui ont fait le voyage par l’Atlantique. Vendus aux
enchères. Jambes coupées dans les plantations – comme celles de Oak Valley ou de
Laura que je n’ai pas voulu visiter. Une amie qui a visité la plantation de Oak
Valley m’apprend qu’elle a piqué un verre dans cette demeure. J’ai souri. Je lui ai
dit que les temps ont changé : autrefois c’est le Noir qui était supposé voler des
objets dans la plantation. Maintenant c’est une Blanche qui se livre à cette basse
besogne. Qu’elle se rassure, sa jambe ne sera pas coupée…
        Oui, je ne suis pas allé visiter ces plantations. Je suis un lâche, je le sais.
Le reflet de l’Histoire m’inquiète, revenir sur les lieux de son déroulement
m’angoisse. Nous sommes tous des Noirs, ces jeunes et moi, et nous n’avons pourtant
rien en commun. La couleur de peau est la dernière escroquerie de ce siècle. Il n’y
a pas plus étrangers que deux Noirs qui sont séparés par le mur de l’Histoire. Eux
ont été vendus, troqués, pesés. Ils ont fait le voyage. Moi je suis resté. J’ai été
colonisé, aliéné, dépossédé de mes dieux. Nous sommes en fait des ennemis, et on ne
le sait pas. Ou alors on fait semblant de ne pas le savoir. On dit que mes ancêtres
ont été complices de négriers. Que les chefs de tribus africaines ont aussi tiré
profit de l’esclavage. Donc je suis un traitre à leurs yeux…

        Un immeuble s’élève au milieu de rien. Les vitres démantibulées. On dirait
les restes d’un décor d’un mauvais western. Mais je suis à la Nouvelle Orléans.
L’immeuble me regarde. Je le regarde aussi. Il semble bouger à mon passage. Est-
ce moi qui le dépasse ou c’est lui qui se déplace ? Je m’arrête, il s’arrête. Est-il
possible d’être sous l’emprise d’un mirage hors du désert ? Je n’ai jamais vécu dans
un désert. Je ne l’ai jamais traversé non plus. Je suis de la forêt, la forêt dense et
tropicale. Pluies diluviennes, ciels orageux, petite saison sèche, la graine qui pousse
même sur les tôles des maisons en planches ou en bambous, et c’est tout.
        Je continue mon chemin. Deux filles sont à moitié dévêtues sur Canal Street.
Il n’y a pourtant pas de mer à vue d’œil. La mer est loin d’ici. Ou alors ces deux-là
portent en elles une mer dans leurs rêveries. Et cette mer là est la plus profonde
et la plus dangereuse. L’une des filles a un bébé. Je les suis, toujours par instinct.
Je regarde trop leur derrière. Je me dis que la mère du bébé est plus mince que
l’autre dont le poids obstrue même son cou. J’entends presque sa respiration à
quelques mètres derrière. C’est comme un ronflement. Parfois ça s’arrête, comme
un moteur qui cale ou une voiture dont on n’a pas passer convenablement les
vitesses. Puis ça reprend avec plus d’ardeur. Pourquoi ose-t-elle se mettre à nue
ainsi dans une grande avenue ? Cette question ne quitte plus mon esprit. A-t-elle lu
dans mes pensées ? Elle se retourne, me jette un œil bovin. Je change de direction.

                                          2
Elle dit un mot à copine. Les deux s’arrêtent et me suivent du regard de loin.
Jamais je n’ai marché aussi vite…

        De l’herbe qui pousse sur le macadam – du jamais vu. Cette végétation
rachitique doit certainement se nourrir du crachat de vieilles automobiles. Elle est
toute noire avec des feuilles frappées de petites véroles. Plus rien n’étonne ici : là
où est passé un ouragan tout est possible.
        Je rentre à l’hôtel Renaissance, il n’est plus qu’à trois cents mètres. Il me
suffit donc de traverser Canal Street, de longer Carondelet Street puis de tourner
à droite à Common Street. Je laisse passer un vieux train. Une seule rame avec à
peine cinq passagers. Ils me regardent tous. C’est sans doute mon chapeau. Je
l’enlève, ils rigolent…
        Sur le trottoir, devant un immeuble de Carondelet Street, un afro-américain
m’arrête. Je ne l’avais pas remarqué, il était caché dans des couvertures, la tête
hors des couvertures telle une tortue dans sa carapace. La canicule n’est pas son
affaire tant que ce n’est pas le feu de l’Enfer qui le brûle.
        C’est un clochard. Je n’ai pas encore parlé, mais il prétend que j’ai un
accent. Je présume donc que nous avons un accent même lorsque nous observons le
silence.
        – Tu es de quel coin ?
        Je lui dis que je viens du Congo. Au moment où je tente de rajouter une
petite précision sur l’existence de deux Congo, le type se relève d’un bond de
kangourou et me coupe :
        – Je ne suis pas con, je le sais, il y a d’un coté les Belges et de l’autre les
Français. Donc toi tu es Français !
        Il m’apprend qu’il n’est pas descendant d’Africains. Il semble y tenir. Il se dit
descendant « direct » de ces créoles qui débarquèrent ici après la révolution de
1802 en Haïti et qui travaillèrent dans les différentes plantations des Etats du sud
de l’Amérique. Comme je semble dubitatif, il sort une image de ses couvertures et
me la tend. Je l’observe.
        – Tu peux me dire qui est cette personne ?
        Je regarde de nouveau. J’ai chez moi une toile qui représente ce personnage.
Elle est peinte par Duval-Carrié, un artiste haïtien qui vit à Miami. Je ne peux pas
me tromper.
        – C’est Toussaint Louverture, je fais.
        Ses yeux brillent, il se redresse, le menton bien haut, affecte l’allure d’un
haut gradé de l’armée, racle la gorge et prend une voix solennelle et récite :
       « Frères et amis. Je suis Toussaint Louverture ; mon nom s'est peut-être fait
connaître jusqu'à vous. J'ai entrepris la vengeance de ma race. Je veux que la
liberté et l'égalité règnent à Saint-Domingue. Je travaille à les faire exister.

                                           3
Unissez-vous, frères, et combattez avec moi pour la même cause. Déracinez avec
moi l'arbre de l'esclavage.
       Votre très humble et très obéissant serviteur, Toussaint Louverture, Général
des armées du roi, pour le bien public. »
        Je le regarde, il baisse les yeux, cherche un chiffon dans ses couvertures et
essuie ses larmes.
        – C’est mon défunt père m’a appris ce discours, lui-même il l’a appris de son
père… je suis un descendant direct de Toussaint Louverture !
        Reprenant son souffle, il me demande une cigarette, puis une pièce de
monnaie.
        – Je n’ai que des euros, je suis arrivé hier d’Europe.
        Il me somme d’aller faire le change et me désigne la banque à deux blocs
de Carondelet Street.
        – Je vais t’attendre dehors pendant que tu fais le change, fait-il d’un air
résolu.
        Ce qu’il faut à cet homme c’est plus qu’une pièce ou un billet de banque. Il a
perdu le sens des rêves. Ses songes tournent en rond, et parfois, sinon le plus
souvent, ils empruntent la direction opposée du futur. Le sens giratoire des rêves.
Oui, c’est cela.
        Lui donner des euros ? C’est ce que je fais. Mais il les rejette sèchement.
        – Je ne connais pas cette monnaie. La seule monnaie qui compte à mes yeux
c’est celle sur laquelle on a gravé la tête de Washington, le reste c’est de la
monnaie de singe !
        Je lui fais savoir que l’euro est plus fort que le dollar. Il est surpris :
        – Tu mens ! Ne me mens pas, je suis plus vieux que toi ! Le dollar c’est le
dollar, un point c’est tout !
        A quoi bon vouloir lui fourguer mes euros ? Il me faut trouver un
distributeur automatique, repartir vers Canal Street. Je lui dis donc que je
reviendrai dans 5 minutes lui donner un billet.
        – Je ne te crois pas, frère. Est-ce que tu vois mes cheveux blancs, hein ? Je
suis quand même un descendant direct de Toussaint Louverture ! Je connais la
jalousie des hommes, leur félonie et leur hypocrisie. Est-ce que c’est pas Dessaline
qui a dénoncé Toussaint Louverture au Français qui l’ont emprisonné, hein ? Mon
ancêtre a attendu seul dans une cellule, personne n’est venu. Et il est mort, mort,
tu m’entends, il est mort ! Donc a mon âge je ne supporte plus les menteurs. La
vie c’est ça, le mensonge, le mensonge et le mensonge. Tu veux me rouler, c’est ça,
hein ? Je sais que tu ne reviendras pas dans cinq minutes. Ceux qui disent ça ne
reviennent jamais. Ma vie c’est cela. Des gens comme toi, des Noirs comme toi qui
me disent qu’ils reviendront et qui ne sont jamais revenus. Qu’un Blanc me dise
qu’il reviendra et qu’il ne revienne pas, je m’en fous. Mais pas un Noir, non, non et

                                          4
non. Tu ne reviendras pas, je mets ma main au feu. Si je reste sur ce trottoir c’est
parce que j’attends encore ceux qui m’ont dit qu’ils reviendront. Et ça fait des
décennies que ça dure. Je mourrai comme mon ancêtre, dans la solitude de ma
cellule. Je ne sais plus quel train emprunter pour arriver jusqu’à la gare de la
vie. Alors ne me mens pas, frère noir, passe ton chemin et va vivre ton opulence de
l’autre côté de Bourbon Street où tous les touristes viennent laisser cours à leurs
vices. Y a des Blanches chaudes qui n’attendent que de nègres comme toi. Et quand
tu pisseras dans le sexe de l’une d’elle, pense à moi parce que ça fait longtemps
quand même que je n’ai pas tiré un coup et j’en ai marre de me branler dans mes
couvertures. Maintenant, laisse-moi tranquille ! »

       Comment dire à ce type que ma vie aussi est faite de départs, des gens qui
m’ont promis qu’ils seront là, qu’ils reviendront me voir et qui ne sont jamais
revenus ? Je pense à mon cousin Bertin Miyalou. Je l’aimais tant. Il était mon
frère, mon complice. Il s’est donné la mort quelques jours après mon départ pour
la France, à la fin des années quatre-vingts. Nous vivions dans le même studio, à
Brazzaville, au quartier Plateau de 15 ans. Il n’a jamais supporté que je parte pour
l’Europe. En partant je lui avais ôté la vie. Il m’accompagna à l’aéroport. Il
attendit jusqu’à ce que l’avion quitte le ciel de Brazzaville. Deux jours plus tard il
a regagné la capitale économique, Pointe-Noire pour vivre avec ma mère. Puis, un
matin il s’est levé et a regardé vers le ciel. Une myriade de corbeaux migrait vers
le cimetière Mongo-Kamba. C’était l’heure qu’il attendait. Il faut toujours mourir
avant que le soleil ne soit au zénith, dit-on dans notre tribu. Bertin Miyalou a
cherché la corde la plus sûre et s’est orienté vers un manguier, au bout de notre
parcelle. Et c’était la première fois que quelqu’un se pendait dans ma famille…

        C’est étrange comme ce type ressemble à mon cousin. Et si tous les pendus
ressuscitaient en Louisiane ?
        Il est vraiment le portrait tout craché de Bertin. Même regard sombre.
Même coupe de cheveu. Même corpulence. Et cette couleur de peau très noire. Et
si c’était lui ?
        Alors je rebrousse chemin vers Canal Street. Je déniche un distributeur de
billets. Je ne sais plus combien j’ai retiré.
        Je reviens vers le type et je lui dis : « Voilà, c’est pour toi, Bertin ».
        Le type regarde les billets avec méfiance. Il est étonné que je sois revenu.
Je vois des larmes qui roulent sur ses joues. Sa lèvre inférieure tremblote.
        Il empoche vite le billets et murmure : « Merci, merci frère noir »
        Je marche, je marche. Je l’entends demander : « Mais c’est qui Bertin,
hein ??? »
        J’étais déjà loin…

                                          5
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Mon cousin d¹amérique

  • 1. Mon cousin d’Amérique Il y a encore une atmosphère de ville naufragée lorsqu’on arrive à la Nouvelle Orléans. L’ouragan Katrina est passé par ici en 2005. On se souvient que l’Amérique était impuissante, prise de court, elle qui est pourtant prompte à déployer en moins de vingt-quatre heures une armada à des milliers de kilomètres de son territoire afin de traquer ceux qu’elle estime comme les ennemis de ses valeurs… Plus de 1800 morts et 700 disparus. Sans doute plus. Peut-on faire de l’arithmétique devant une catastrophe ? Il y a des morts qui ne souhaitent guère laisser de traces. Ni vus ni connus. Pour eux les chiffres banalisent l’ampleur du désastre. Voir 1800 cadavres flotter dans le courant ou pris dans l’engrenage fatidique de la vase, c’est autre chose… Nous sommes au mois de juin et c’est la canicule. A se demander s’il arrive que le vent passe par ici. Un vieux tram surgi de je ne sais où crache de la fumée noire sur Canal Street. Et voici deux policiers sur des chevaux. Je me demande ce que pensent ces bêtes de ces hommes de loi campés sur eux. Je me lance dans une rue dont j’ai du mal à trouver le nom. Tout est en réfection. Cette ville sera-t-elle comme New Delhi avec ses travaux interminables ? Si vous arrivez dans une des grandes villes de l’Inde et qu’il n’y a pas de travaux depuis l’aéroport jusqu’à votre hôtel c’est que quelque chose de grave va se passer. Il faut quitter la ville de toute urgence. La Nouvelle Orléans me donne le même sentiment. Pour rien au monde je la quitterai de toute urgence. Rien ne peut arriver de pire que ce qui s’était abattu ici. Quel est le nom de cette artère ? Peu importe, pourvu qu’elle me conduise jusqu’au prochain impasse. Ce sont les impasses qui livrent les secrets d’une ville. Les avenues sont trompeuses. Trop droites et trop fréquentées pour être honnêtes. Des jeunes Noirs sont assis à même le sol. Non, ils ne fument pas de joints – c’est trop facile de pondre un tel cliché ici. Non, ils ne boivent pas non pas d’alcool – ils ont perdu la soif depuis que les eaux avaient tenté d’engloutir la ville entière. Alors ils se méfient de tout liquide, fut-il le plus alcoolisé. Ils ne se tirent pas dessus les uns les autres. Que font-ils là alors ? Rien, justement. Ils attendent. Quelque chose pourrait se passer. Ou pas. Ils veillent sur la ville. 1
  • 2. Un d’eux me toise. Je le sens, je presse le pas par instinct. Ils ont compris que j’ai peur. Ils ricanent. Je ne suis pas d’ici, ils le savent. J’ai pourtant la couleur de peau qu’il faut, mais la géographie nous éloigne. Ils sont la descendance de mes ancêtres, ceux-là qui ont fait le voyage par l’Atlantique. Vendus aux enchères. Jambes coupées dans les plantations – comme celles de Oak Valley ou de Laura que je n’ai pas voulu visiter. Une amie qui a visité la plantation de Oak Valley m’apprend qu’elle a piqué un verre dans cette demeure. J’ai souri. Je lui ai dit que les temps ont changé : autrefois c’est le Noir qui était supposé voler des objets dans la plantation. Maintenant c’est une Blanche qui se livre à cette basse besogne. Qu’elle se rassure, sa jambe ne sera pas coupée… Oui, je ne suis pas allé visiter ces plantations. Je suis un lâche, je le sais. Le reflet de l’Histoire m’inquiète, revenir sur les lieux de son déroulement m’angoisse. Nous sommes tous des Noirs, ces jeunes et moi, et nous n’avons pourtant rien en commun. La couleur de peau est la dernière escroquerie de ce siècle. Il n’y a pas plus étrangers que deux Noirs qui sont séparés par le mur de l’Histoire. Eux ont été vendus, troqués, pesés. Ils ont fait le voyage. Moi je suis resté. J’ai été colonisé, aliéné, dépossédé de mes dieux. Nous sommes en fait des ennemis, et on ne le sait pas. Ou alors on fait semblant de ne pas le savoir. On dit que mes ancêtres ont été complices de négriers. Que les chefs de tribus africaines ont aussi tiré profit de l’esclavage. Donc je suis un traitre à leurs yeux… Un immeuble s’élève au milieu de rien. Les vitres démantibulées. On dirait les restes d’un décor d’un mauvais western. Mais je suis à la Nouvelle Orléans. L’immeuble me regarde. Je le regarde aussi. Il semble bouger à mon passage. Est- ce moi qui le dépasse ou c’est lui qui se déplace ? Je m’arrête, il s’arrête. Est-il possible d’être sous l’emprise d’un mirage hors du désert ? Je n’ai jamais vécu dans un désert. Je ne l’ai jamais traversé non plus. Je suis de la forêt, la forêt dense et tropicale. Pluies diluviennes, ciels orageux, petite saison sèche, la graine qui pousse même sur les tôles des maisons en planches ou en bambous, et c’est tout. Je continue mon chemin. Deux filles sont à moitié dévêtues sur Canal Street. Il n’y a pourtant pas de mer à vue d’œil. La mer est loin d’ici. Ou alors ces deux-là portent en elles une mer dans leurs rêveries. Et cette mer là est la plus profonde et la plus dangereuse. L’une des filles a un bébé. Je les suis, toujours par instinct. Je regarde trop leur derrière. Je me dis que la mère du bébé est plus mince que l’autre dont le poids obstrue même son cou. J’entends presque sa respiration à quelques mètres derrière. C’est comme un ronflement. Parfois ça s’arrête, comme un moteur qui cale ou une voiture dont on n’a pas passer convenablement les vitesses. Puis ça reprend avec plus d’ardeur. Pourquoi ose-t-elle se mettre à nue ainsi dans une grande avenue ? Cette question ne quitte plus mon esprit. A-t-elle lu dans mes pensées ? Elle se retourne, me jette un œil bovin. Je change de direction. 2
  • 3. Elle dit un mot à copine. Les deux s’arrêtent et me suivent du regard de loin. Jamais je n’ai marché aussi vite… De l’herbe qui pousse sur le macadam – du jamais vu. Cette végétation rachitique doit certainement se nourrir du crachat de vieilles automobiles. Elle est toute noire avec des feuilles frappées de petites véroles. Plus rien n’étonne ici : là où est passé un ouragan tout est possible. Je rentre à l’hôtel Renaissance, il n’est plus qu’à trois cents mètres. Il me suffit donc de traverser Canal Street, de longer Carondelet Street puis de tourner à droite à Common Street. Je laisse passer un vieux train. Une seule rame avec à peine cinq passagers. Ils me regardent tous. C’est sans doute mon chapeau. Je l’enlève, ils rigolent… Sur le trottoir, devant un immeuble de Carondelet Street, un afro-américain m’arrête. Je ne l’avais pas remarqué, il était caché dans des couvertures, la tête hors des couvertures telle une tortue dans sa carapace. La canicule n’est pas son affaire tant que ce n’est pas le feu de l’Enfer qui le brûle. C’est un clochard. Je n’ai pas encore parlé, mais il prétend que j’ai un accent. Je présume donc que nous avons un accent même lorsque nous observons le silence. – Tu es de quel coin ? Je lui dis que je viens du Congo. Au moment où je tente de rajouter une petite précision sur l’existence de deux Congo, le type se relève d’un bond de kangourou et me coupe : – Je ne suis pas con, je le sais, il y a d’un coté les Belges et de l’autre les Français. Donc toi tu es Français ! Il m’apprend qu’il n’est pas descendant d’Africains. Il semble y tenir. Il se dit descendant « direct » de ces créoles qui débarquèrent ici après la révolution de 1802 en Haïti et qui travaillèrent dans les différentes plantations des Etats du sud de l’Amérique. Comme je semble dubitatif, il sort une image de ses couvertures et me la tend. Je l’observe. – Tu peux me dire qui est cette personne ? Je regarde de nouveau. J’ai chez moi une toile qui représente ce personnage. Elle est peinte par Duval-Carrié, un artiste haïtien qui vit à Miami. Je ne peux pas me tromper. – C’est Toussaint Louverture, je fais. Ses yeux brillent, il se redresse, le menton bien haut, affecte l’allure d’un haut gradé de l’armée, racle la gorge et prend une voix solennelle et récite : « Frères et amis. Je suis Toussaint Louverture ; mon nom s'est peut-être fait connaître jusqu'à vous. J'ai entrepris la vengeance de ma race. Je veux que la liberté et l'égalité règnent à Saint-Domingue. Je travaille à les faire exister. 3
  • 4. Unissez-vous, frères, et combattez avec moi pour la même cause. Déracinez avec moi l'arbre de l'esclavage. Votre très humble et très obéissant serviteur, Toussaint Louverture, Général des armées du roi, pour le bien public. » Je le regarde, il baisse les yeux, cherche un chiffon dans ses couvertures et essuie ses larmes. – C’est mon défunt père m’a appris ce discours, lui-même il l’a appris de son père… je suis un descendant direct de Toussaint Louverture ! Reprenant son souffle, il me demande une cigarette, puis une pièce de monnaie. – Je n’ai que des euros, je suis arrivé hier d’Europe. Il me somme d’aller faire le change et me désigne la banque à deux blocs de Carondelet Street. – Je vais t’attendre dehors pendant que tu fais le change, fait-il d’un air résolu. Ce qu’il faut à cet homme c’est plus qu’une pièce ou un billet de banque. Il a perdu le sens des rêves. Ses songes tournent en rond, et parfois, sinon le plus souvent, ils empruntent la direction opposée du futur. Le sens giratoire des rêves. Oui, c’est cela. Lui donner des euros ? C’est ce que je fais. Mais il les rejette sèchement. – Je ne connais pas cette monnaie. La seule monnaie qui compte à mes yeux c’est celle sur laquelle on a gravé la tête de Washington, le reste c’est de la monnaie de singe ! Je lui fais savoir que l’euro est plus fort que le dollar. Il est surpris : – Tu mens ! Ne me mens pas, je suis plus vieux que toi ! Le dollar c’est le dollar, un point c’est tout ! A quoi bon vouloir lui fourguer mes euros ? Il me faut trouver un distributeur automatique, repartir vers Canal Street. Je lui dis donc que je reviendrai dans 5 minutes lui donner un billet. – Je ne te crois pas, frère. Est-ce que tu vois mes cheveux blancs, hein ? Je suis quand même un descendant direct de Toussaint Louverture ! Je connais la jalousie des hommes, leur félonie et leur hypocrisie. Est-ce que c’est pas Dessaline qui a dénoncé Toussaint Louverture au Français qui l’ont emprisonné, hein ? Mon ancêtre a attendu seul dans une cellule, personne n’est venu. Et il est mort, mort, tu m’entends, il est mort ! Donc a mon âge je ne supporte plus les menteurs. La vie c’est ça, le mensonge, le mensonge et le mensonge. Tu veux me rouler, c’est ça, hein ? Je sais que tu ne reviendras pas dans cinq minutes. Ceux qui disent ça ne reviennent jamais. Ma vie c’est cela. Des gens comme toi, des Noirs comme toi qui me disent qu’ils reviendront et qui ne sont jamais revenus. Qu’un Blanc me dise qu’il reviendra et qu’il ne revienne pas, je m’en fous. Mais pas un Noir, non, non et 4
  • 5. non. Tu ne reviendras pas, je mets ma main au feu. Si je reste sur ce trottoir c’est parce que j’attends encore ceux qui m’ont dit qu’ils reviendront. Et ça fait des décennies que ça dure. Je mourrai comme mon ancêtre, dans la solitude de ma cellule. Je ne sais plus quel train emprunter pour arriver jusqu’à la gare de la vie. Alors ne me mens pas, frère noir, passe ton chemin et va vivre ton opulence de l’autre côté de Bourbon Street où tous les touristes viennent laisser cours à leurs vices. Y a des Blanches chaudes qui n’attendent que de nègres comme toi. Et quand tu pisseras dans le sexe de l’une d’elle, pense à moi parce que ça fait longtemps quand même que je n’ai pas tiré un coup et j’en ai marre de me branler dans mes couvertures. Maintenant, laisse-moi tranquille ! » Comment dire à ce type que ma vie aussi est faite de départs, des gens qui m’ont promis qu’ils seront là, qu’ils reviendront me voir et qui ne sont jamais revenus ? Je pense à mon cousin Bertin Miyalou. Je l’aimais tant. Il était mon frère, mon complice. Il s’est donné la mort quelques jours après mon départ pour la France, à la fin des années quatre-vingts. Nous vivions dans le même studio, à Brazzaville, au quartier Plateau de 15 ans. Il n’a jamais supporté que je parte pour l’Europe. En partant je lui avais ôté la vie. Il m’accompagna à l’aéroport. Il attendit jusqu’à ce que l’avion quitte le ciel de Brazzaville. Deux jours plus tard il a regagné la capitale économique, Pointe-Noire pour vivre avec ma mère. Puis, un matin il s’est levé et a regardé vers le ciel. Une myriade de corbeaux migrait vers le cimetière Mongo-Kamba. C’était l’heure qu’il attendait. Il faut toujours mourir avant que le soleil ne soit au zénith, dit-on dans notre tribu. Bertin Miyalou a cherché la corde la plus sûre et s’est orienté vers un manguier, au bout de notre parcelle. Et c’était la première fois que quelqu’un se pendait dans ma famille… C’est étrange comme ce type ressemble à mon cousin. Et si tous les pendus ressuscitaient en Louisiane ? Il est vraiment le portrait tout craché de Bertin. Même regard sombre. Même coupe de cheveu. Même corpulence. Et cette couleur de peau très noire. Et si c’était lui ? Alors je rebrousse chemin vers Canal Street. Je déniche un distributeur de billets. Je ne sais plus combien j’ai retiré. Je reviens vers le type et je lui dis : « Voilà, c’est pour toi, Bertin ». Le type regarde les billets avec méfiance. Il est étonné que je sois revenu. Je vois des larmes qui roulent sur ses joues. Sa lèvre inférieure tremblote. Il empoche vite le billets et murmure : « Merci, merci frère noir » Je marche, je marche. Je l’entends demander : « Mais c’est qui Bertin, hein ??? » J’étais déjà loin… 5
  • 6. 6