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Politique de l’intĂ©gritĂ© dans les
                      administrations fiscales fédérales
                      Ce rapport rend compte des rĂ©sultats d’un audit global sur la politique de l’intĂ©gritĂ© dans les
                      cinq administrations fiscales du SPF Finances. L’audit Ă©value les normes, processus et
                      dispositifs mis en place au SPF Finances pour définir, promouvoir et faire appliquer les
                      principes de comportement intĂšgre. Il n’a pas pour objet d’évaluer le comportement des
                      agents.
                      Le choix d’auditer la politique de l’intĂ©gritĂ© dans ces administrations est motivĂ© par des
                      risques spĂ©cifiques et par la dimension du SPF Finances en termes de personnel. L’audit ne se
                      base pas sur l’identification prĂ©alable de manquements. Il ne constitue pas non plus un audit
                      de fraude, qui viserait Ă  identifier des atteintes prĂ©cises Ă  l’intĂ©gritĂ© au sein des
                      administrations fiscales.
                      La Cour des comptes dĂ©finit la notion d’intĂ©gritĂ© comme « le fait, pour les pouvoirs publics,
                      tant au niveau de l’organisation que des collaborateurs, d’agir en respectant les normes et
                      valeurs applicables, ainsi que les rÚgles associées à ces normes et valeurs ». La politique de
                      l’intĂ©gritĂ© couvre « l’ensemble des instruments [de gestion] visant Ă  promouvoir l’intĂ©gritĂ©
                      des services publics dans leur ensemble et l’action intùgre des fonctionnaires, pris
                      individuellement ».
                      La Cour a circonscrit les niveaux d’intervention susceptibles de garantir une intĂ©gritĂ©
                      maximale. Ils ont guidĂ© l’élaboration de ses questions d’audit et structurent les chapitres de
                      ce rapport :
                      ‱   la prĂ©vention, qui comprend un aspect normatif essentiel, Ă  savoir que l’autoritĂ© doit
                          dĂ©finir/prĂ©ciser les valeurs de l’organisation :
                           - le chapitre 2 décrit les normes internationales et nationales applicables au
                                SPF Finances ;
                           - le chapitre 3 Ă©voque les dĂ©marches entreprises pour promouvoir l’intĂ©gritĂ© au sein du
                                SPF ;
                           - le chapitre 4 Ă©numĂšre les acteurs ;
                           - le chapitre 5 dĂ©taille les dispositifs essentiels pour prĂ©venir les atteintes Ă  l’intĂ©gritĂ© ;
                      ‱   la dĂ©tection (chapitre 6) ;
                      ‱   la rĂ©pression/correction (chapitre 7).
                      Les recommandations de la Cour figurent au chapitre 8.
                      La réponse du ministre dans le cadre du débat contradictoire est évoquée au chapitre 9.




Ce rapport a Ă©tĂ© adoptĂ© le 20 juin 2012 par l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la Cour des
comptes et transmis à la Chambre des représentants.

Il est disponible uniquement en version Ă©lectronique sur www.courdescomptes.be.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 2




TABLE DES MATIÈRES
Abréviations                                                                                     3
Chapitre 1                                                                                       4
Introduction                                                                                     4
1.1      Contexte                                                                                4
1.2      Audit                                                                                   5
Chapitre 2
Normes d'intégrité                                                                               8
2.1      Normes internationales                                                                  8
2.2      Normes applicables aux départements fédéraux                                            9
2.3      Normes applicables au SPF Finances                                                     10
2.4      Conclusions                                                                            12
Chapitre 3
Promotion de l'intégrité au SPF Finances                                                        13
3.1      Formations                                                                             13
3.2      Intranet                                                                               14
3.3      Évaluation de l’adhĂ©sion des agents                                                    14
3.4      Conclusions                                                                            15
Chapitre 4
Acteurs de la politique de l'intégrité                                                          16
4.1      Au niveau fédéral                                                                      16
4.2      Services communs aux différentes administrations fiscales                              16
4.3      Cadres des services opérationnels                                                      17
4.4      Acteurs propres Ă  chaque administration fiscale                                        18
4.5      Conclusions                                                                            19
Chapitre 5
Prévention des atteintes à l'intégrité                                                          20
5.1      Analyses des risques d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ©                                          20
5.2      SĂ©parations de fonctions                                                               20
5.3      Identity and Access Management                                                         21
5.4      Sélection centralisée des contrÎles à effectuer                                        22
5.5      Rotation des dossiers et/ou des agents                                                 22
5.6      Autorisation des cumuls                                                                22
5.7      PrĂ©vention du conflit d’intĂ©rĂȘts                                                       23
5.8      Conclusions                                                                            23
Chapitre 6
Détection des atteintes à l'intégrité                                                           25
6.1      DĂ©nonciation des actes illicites                                                       25
6.2      Identifications par le service d’encadrement ICT                                       26
6.3      Conclusions                                                                            26
Chapitre 7
Procédures de correction                                                                        27
7.1      Dispositif légal et réglementaire                                                      27
7.2      Pratique dans les administrations fiscales                                             27
7.3      Conclusions                                                                            27
Chapitre 8
Recommandations                                                                                 28
Chapitre 9
RĂ©ponse du ministre des Finances                                                                30
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 3




ABRÉVIATIONS

AFER        Administration de la fiscalité des entreprises et des revenus
AGF         Administration générale de la fiscalité
AG D&A      Administration générale des douanes et accises
AR/CIR 92   ArrĂȘtĂ© royal d’exĂ©cution du CIR 92
BEDA        Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administratives
CAAF        ComitĂ© d’audit de l’administration fĂ©dĂ©rale
CD          Contributions directes
CIR 92      Code des impĂŽts sur les revenus 1992
IAM         Identity and Access Management
ICT         Technologie de l’information et de la communication
IFA         Institut de formation de l’administration fĂ©dĂ©rale
Intosai     Organisation internationale des institutions supérieures de contrÎle des
            finances publiques
ISI         Inspection spéciale des impÎts
Isoc        ImpÎt des sociétés
Issai       International Standards of Supreme Audit Institutions
OCRC        Office central pour la répression de la corruption
OMD         Organisation mondiale des douanes
SPF         Service public fédéral
SPP         Service public fédéral de programmation
TVA         Taxe sur la valeur ajoutée
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 4




CHAPITRE 1


Introduction
1.1         Contexte
La notion d’intĂ©gritĂ© englobe plusieurs aspects. Elle est en premier lieu liĂ©e au
comportement irrégulier : corruption (corruption passive, corruption active ou corruption
privĂ©e), dĂ©tournement, concussion et prise d’intĂ©rĂȘt, autant de notions qui figurent
explicitement dans la législation pénale. Il existe, cependant, aussi des comportements qui
ne sont pas directement rĂ©prĂ©hensibles, mais considĂ©rĂ©s comme inappropriĂ©s, parce qu’ils
pourraient éveiller une présomption de partialité.
1.1.1       Politique de l’intĂ©gritĂ©
La Cour des comptes dĂ©finit la notion d’intĂ©gritĂ© comme « le fait, pour les pouvoirs publics,
tant au niveau de l’organisation que des collaborateurs, d’agir en respectant les normes et
valeurs applicables, ainsi que les rÚgles associées à ces normes et valeurs ». La politique de
l’intĂ©gritĂ© couvrant « l’ensemble des instruments [de gestion] visant Ă  promouvoir l’intĂ©gritĂ©
des services publics dans leur ensemble et l’action intùgre des fonctionnaires, pris
                   1
individuellement » .
La Cour a circonscrit les trois niveaux d’intervention susceptibles de garantir une intĂ©gritĂ©
maximale. Ils ont guidĂ© l’élaboration de ses questions d’audit et structurent les chapitres de
ce rapport :
            la prĂ©vention, qui comprend un aspect normatif essentiel (chapitre 2), Ă  savoir que
             l’autoritĂ© doit dĂ©finir/prĂ©ciser les valeurs de l’organisation (chapitres 3, 4 et 5) ;
            la dĂ©tection (chapitre 6) ;
            la rĂ©pression/correction (chapitre 7).

1.1.2       Risques pour les administrations fiscales
Il est communément admis que les administrations fiscales présentent un risque particulier
par leur champ d’action, qui constitue un domaine de vulnĂ©rabilitĂ© Ă  la fois du point de vue
du contrîle et de la perception de l’impît. Qui plus est, leurs agents sont en contact avec
les contribuables.
1.1.3       Intégrité et contrÎle interne
                                                                                              2
L’intĂ©gritĂ© fait partie de l’environnement de contrĂŽle de l’organisation . Cet environnement
de contrîle constitue le soubassement du systùme de contrîle interne, c’est-à-dire
l’ensemble structurĂ© des dispositifs de maĂźtrise des processus.
Le dispositif rĂ©glementaire en matiĂšre de systĂšme de contrĂŽle interne et d’audit interne
dans certains services du pouvoir exĂ©cutif fĂ©dĂ©ral est fixĂ© par trois arrĂȘtĂ©s royaux du


1
             Cour des comptes, « Politique de l’intĂ©gritĂ© du pouvoir fĂ©dĂ©ral », 164e Cahier, Volume I, p. 526-551.
2
             Selon le rĂ©fĂ©rentiel Coso adoptĂ© pour les services publics de l’administration fĂ©dĂ©rale ; d’autres dimensions
             sont les compĂ©tences et la formation du personnel (et son Ă©valuation), la structure de l’organisation,
             l’assignation des responsabilitĂ©s, la stratĂ©gie, le style de management, les moyens et outils de gestion

POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 5




              3
17 aoĂ»t 2007 . C’est sur la base de cette rĂ©glementation, qui constitue Ă©galement un cadre
                                                                                   4
conceptuel, que la politique de l’intĂ©gritĂ© du SPF Finances doit ĂȘtre mise en Ɠuvre .

1.2     Audit

1.2.1   Cadre de l’audit
Le prĂ©sent audit de la politique de l’intĂ©gritĂ© dans les administrations fiscales s’inscrit dans
le cadre de la mission de contrÎle général, confiée à la Cour des comptes, sur les opérations
relatives Ă  l’établissement et au recouvrement des droits acquis par l’État, y compris les
                 5
recettes fiscales .
En 2007, la Cour a dressĂ© un inventaire concis de la politique fĂ©dĂ©rale de l’intĂ©gritĂ©
existante, en recueillant des informations auprĂšs de tous les SPF et SPP. Cette enquĂȘte a
                                     e                 6
fait l’objet d’un article dans le 164 Cahier de la Cour . En 2009, la Cour a publiĂ© les rĂ©sultats
d’une enquĂȘte semblable sur la politique de l’intĂ©gritĂ© au sein de certains organismes
                         e       7
fédéraux dans son 166 Cahier .
Le prĂ©sent rapport rend compte des rĂ©sultats d’un audit global sur la politique de l’intĂ©gritĂ©
                                                       8
dans les cinq administrations fiscales du SPF Finances . Seules les administrations fiscales
ont Ă©tĂ© auditĂ©es en raison des processus qui leur sont propres et des risques d’atteinte Ă 
l’intĂ©gritĂ© spĂ©cifiques qui y sont attachĂ©s. L’administration de la TrĂ©sorerie est dĂšs lors
exclue du champ d’investigation.
L’audit Ă©value les normes, processus et dispositifs mis en place au SPF Finances pour
dĂ©finir, promouvoir et faire appliquer les principes de comportement intĂšgre. Il n’a pas
pour objet d’évaluer le comportement des agents.
Le choix d’auditer la politique de l’intĂ©gritĂ© dans ces administrations est motivĂ© par des
risques spécifiques (voir le point 1.1.2) et par la dimension du SPF Finances en termes de
personnel. L’audit ne se base pas sur l’identification prĂ©alable de manquements. Il ne



3
         ArrĂȘtĂ© royal relatif au systĂšme de contrĂŽle interne dans certains services du pouvoir exĂ©cutif fĂ©dĂ©ral ; arrĂȘtĂ©
         royal relatif aux activitĂ©s d’audit interne dans certains services du pouvoir exĂ©cutif fĂ©dĂ©ral ; arrĂȘtĂ© royal
         portant crĂ©ation du comitĂ© d’audit de l’administration fĂ©dĂ©rale (CAAF).
4
         En matiĂšre de contrĂŽle interne, le SPF Finances a prĂ©cisĂ© qu’un plan de mise en Ɠuvre en matiĂšre de contrĂŽle
         interne a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©. Un Ă©lĂ©ment de ce plan consiste en une auto-Ă©valuation de l’environnement de contrĂŽle
         dans tout le SPF. Sur la base de cette auto-évaluation, des initiatives seront développées pour améliorer
         certains Ă©lĂ©ments de l’environnement de contrĂŽle, par exemple l’intĂ©gritĂ©.
5
         Loi du 4 avril 1995 modifiant la loi organique de la Cour des comptes du 29 octobre 1846.
6
         Cour des comptes, « Politique de l’intĂ©gritĂ© du pouvoir fĂ©dĂ©ral », 164e Cahier, Volume I, p. 526-551.
7
         Cour des comptes, « Politique de l’intĂ©gritĂ© dans certaines organismes fĂ©dĂ©raux », 166e Cahier, Volume I,
         p. 600-619.
8
         Administration générale de la fiscalité ; Administration générale des douanes et accises ; Administration
         générale de la perception et du recouvrement ; Administration générale de la lutte contre la fraude fiscale
         (anciennement Inspection spéciale des impÎts) ; Administration générale de la documentation patrimoniale.
         Ces administrations gĂ©nĂ©rales composent, avec l’Administration gĂ©nĂ©rale de la trĂ©sorerie, le SPF Finances
         (article 1er de l’arrĂȘtĂ© royal organique des services opĂ©rationnels du SPF Finances du 3 dĂ©cembre 2009).
         L’article 12 de cet arrĂȘtĂ© prĂ©cise que l’article 1er, notamment, entre en vigueur Ă  la date fixĂ©e par le ministre
         qui a les Finances dans ses attributions. Bien que l’arrĂȘtĂ© ministĂ©riel en question n’ait jamais Ă©tĂ© publiĂ©, le
         dĂ©partement est organisĂ© selon cette structure. C’est Ă©galement le cas des services autonomes et des services
         d’encadrement dĂ©finis dans l’arrĂȘtĂ© royal organique des services autres qu’opĂ©rationnels du SPF Finances du
         3 décembre 2009.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 6




constitue pas non plus un audit de fraude, qui viserait à identifier des atteintes précises à
l’intĂ©gritĂ© au sein des administrations fiscales.
1.2.2 Questions et mĂ©thodes d’audit
L’audit vise Ă  rĂ©pondre aux six questions ci-dessous :
    1.   L’administration a-t-elle Ă©laborĂ© un ensemble de normes fixant les rĂšgles gĂ©nĂ©rales
         de comportement intÚgre à respecter en son sein, et des normes opérationnelles
         spécifiques pour couvrir les risques particuliers à ses missions de contrÎle et de
         recouvrement ? (chapitre 2)
    2.   En matiĂšre de politique de prĂ©vention, l’administration dĂ©ploie-t-elle des moyens
         prĂ©ventifs suffisants pour Ă©viter des atteintes Ă  l’intĂ©gritĂ© ? (chapitres 3 et 5)
    3.   Les diffĂ©rents acteurs, internes Ă  l’administration, chargĂ©s de mener une politique
         de l’intĂ©gritĂ© sous ses diffĂ©rents aspects (prĂ©vention, dĂ©tection, correction) sont-ils
         clairement identifiés et responsabilisés, et leurs actions sont-elles coordonnées ?
         (chapitre 4)
    4.   L’administration dispose-t-elle d’un ensemble de procĂ©dures suffisamment
         efficaces pour dĂ©celer les atteintes Ă  l’intĂ©gritĂ© ? (chapitre 6)
    5.   L’administration dispose-t-elle de procĂ©dures suffisamment efficaces pour corriger,
         voire sanctionner, les comportements non conformes aux principes d’intĂ©gritĂ© ?
         (chapitre 7)
    6.   L’administration s’assure-t-elle que les membres du personnel adhùrent
         majoritairement aux valeurs déontologiques générales de la fonction publique
         fédérale et aux normes plus spécifiques liées aux missions des administrations
         fiscales ? (fin du chapitre 3)
Les mĂ©thodes d’audit employĂ©es sont les suivantes :
        entretiens avec des fonctionnaires de l’administration centrale et des services
         extĂ©rieurs chargĂ©s plus particuliĂšrement de mettre en Ɠuvre certains aspects de la
         politique de l’intĂ©gritĂ© ;
        questionnaires adressĂ©s aux cinq administrations fiscales, au service
         d’encadrement Personnel et Organisation (P&O) et au service d’encadrement
         Technologie de l’information et de la communication (ICT) ;
        entretiens avec un directeur rĂ©gional et un chef de service par administration
         fiscale, afin de connaĂźtre la perception de leur rĂŽle en matiĂšre de politique de
         l’intĂ©gritĂ© ;
        analyse des instructions, circulaires, manuels, commentaires administratifs, de
         l’intranet du SPF...
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 7




1.2.3 Calendrier d’audit


8 dĂ©cembre 2010                           Lettre annonçant l’audit au ministre
                                          des Finances et au président par
                                          intérim du comité de direction du
                                          SPF Finances
De janvier Ă  septembre 2011               RĂ©alisation de l’audit
22 fĂ©vrier 2012                           Envoi de l’avant-projet de rapport au
                                          président du comité de direction
23 mars 2012                              Réponse du président du comité de
                                          direction
25 avril 2012                             Envoi du projet de rapport au ministre
                                          des Finances
4 juin 2012                               RĂ©ponse du ministre des Finances
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 8




CHAPITRE 2


Normes d'intégrité
Des normes d’intĂ©gritĂ© sont Ă©tablies Ă  plusieurs niveaux. Des organismes internationaux
peuvent ainsi produire des instruments juridiques ou des lignes directrices en la matiĂšre.
Au niveau fédéral, la législation définit les rÚgles de comportement applicables aux agents
de l’administration, au sein de ses dĂ©partements. Chaque dĂ©partement, SPF ou autre
organisme public, peut développer des normes spécifiques si elles font défaut dans le
dispositif lĂ©gislatif et rĂ©glementaire ou si elles s’imposent en raison des processus
particuliers à exécuter.

2.1     Normes internationales

2.1.1   Nations unies
                                                                    9
La convention des Nations unies contre la corruption est le premier instrument de droit
international élaboré au sein des Nations unies pour lutter contre la corruption sous tous
ses aspects. La Belgique l’a signĂ©e le 10 dĂ©cembre 2003. Par cette convention, en vigueur
depuis le 14 dĂ©cembre 2005, les États s’engagent notamment Ă  dĂ©noncer la corruption
passive et active des agents publics nationaux et le dĂ©tournement de biens par ces mĂȘmes
agents.
2.1.2 OCDE
Dans le domaine spĂ©cifique des administrations fiscales, l’OCDE a publiĂ© en 2009 un
manuel de sensibilisation à la corruption à l’intention des contrîleurs des impîts. Son but
est notamment d’apporter des outils pour identifier les malversations impliquant des
                                                          10
agents publics, dans un contexte international et national .
Le 23 avril 1998, le conseil de l’OCDE a adoptĂ© la recommandation C(98)70 sur
                                                             11
l’amĂ©lioration du comportement Ă©thique dans le service public .
2.1.3 Conseil de l'Europe
Le Conseil de l’Europe lutte depuis le dĂ©but des annĂ©es 1980 contre le crime Ă©conomique.
     er                                                                          12
Le 1 mai 1999, le Conseil a crĂ©Ă© le Groupe d’États contre la corruption (Greco ) pour
veiller au respect par les États membres de ses normes anticorruption.
La recommandation n° R(2000)10 du 11 mai 2000 du comité des ministres du Conseil de
l’Europe sur les codes de conduite pour les agents publics est un instrument juridique
                                                              13
concernant plus prĂ©cisĂ©ment l’intĂ©gritĂ© dans le secteur public .


9
         Nations     unies,    Convention    des   Nations      unies  contre    la   corruption,   31 octobre 2003,
         www.unodc.org/pdf/crime/convention_corruption/signing/Convention_f.pdf.
10
         OCDE, Manuel OCDE de sensibilisation à la corruption à l’intention des contrîleurs des impîts, 2009,
         www.oecd.org/dataoecd/19/42/37131874.pdf.
11
         OCDE, Recommandation du Conseil sur l'amélioration du comportement éthique dans le service public
         incluant les principes propres Ă  favoriser la gestion de l'Ă©thique dans le service public, 23 avril 1998,
         http://acts.oecd.org/Instruments/ShowInstrumentView.aspx?InstrumentID=129&Lang=fr&Book=False.
12
         Conseil de l’Europe, À propos du Greco, www.coe.int/t/dghl/monitoring/greco/general/about_fr.asp.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 9




                                                          14
2.1.4 Organisation mondiale des douanes
L’Organisation mondiale des douanes (OMD), dont la Belgique est membre, Ă©labore depuis
des annĂ©es des normes dĂ©ontologiques. DĂšs 1993, la dĂ©claration d’Arusha – rĂ©visĂ©e et
dĂ©taillĂ©e en 2003 – a ainsi fixĂ© un certain nombre de principes gĂ©nĂ©raux et de dispositifs
opérationnels (cloisonnement stratégique des fonctions, rotation des effectifs, répartition
aléatoire des vérifications
).
C’est notamment sous l’impulsion de l’OMD que l’AG D & A a dĂ©veloppĂ© un certain
nombre de projets propres en matiĂšre d’intĂ©gritĂ© (vade-mecum et formations, voir les
points 3.1.2 et 6.1.3).
2.1.5 Intosai
L'Organisation internationale des institutions supérieures de contrÎle des finances
publiques (Intosai) est l’organisation qui regroupe les organismes de contrîle externe des
finances publiques. Deux documents de l’Intosai concernent plus particuliùrement la
problĂ©matique de l’intĂ©gritĂ© :
      
                               15
           un code éthique , de 1998, définissant les devoirs des auditeurs du secteur public ;

          les lignes directrices de 2004 sur les normes de contrĂŽle interne Ă  promouvoir dans
                             16
           le secteur public , dans lesquelles l’aspect Ă©thique a Ă©tĂ© ajoutĂ© par rapport aux
           lignes directrices précédentes (de 1992) ; la prise en compte de cet aspect nouveau
           dans les objectifs du contrîle interne se justifiait en effet par l’attention accrue
           portĂ©e, depuis le dĂ©but des annĂ©es nonante, au comportement Ă©thique, ainsi qu’à
           la prévention et à la détection de la fraude dans le secteur public.

2.2       Normes applicables aux départements fédéraux

2.2.1 L'intégrité, un point d'attention au niveau fédéral
La problĂ©matique de l’intĂ©gritĂ© a retenu l’attention du gouvernement fĂ©dĂ©ral belge.
Ainsi, l’accord de gouvernement de juillet 2003 entendait « dĂ©velopper une politique de
sensibilisation et d’information à destination des agents quant à l’importance des dispositions
formant le statut des agents de l’État, et en particulier sur leurs droits et devoirs vis-à-vis de
l’autoritĂ© ».
Pour mieux coordonner cette politique et harmoniser les actions, un service spĂ©cialisĂ© – le
Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administratives (BEDA) – a alors Ă©tĂ© instaurĂ© sous
l’autoritĂ© du SPF Budget et ContrĂŽle de la gestion.
Le 30 juin 2006, le conseil des ministres a approuvé les orientations et les propositions de
politique de l’intĂ©gritĂ© prĂ©ventive fĂ©dĂ©rale. Dans ce cadre, les recommandations




13
           Conseil de l’Europe, Recommandation n° R (2000)10 du comitĂ© des ministres aux États membres sur les codes
           de conduite pour les agents publics, 11 mai 2000,
           www.coe.int/t/dghl/monitoring/greco/documents/Rec(2000)10_FR.pdf.
14
           Voir www.wcoomd.org.
15
           Norme ISSAI 30.
16
           Intosai GOV 9100.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 10




internationales relatives aux conflits d’intĂ©rĂȘts ont notamment Ă©tĂ© transposĂ©es dans la
                                                                        17
réglementation applicable à la fonction publique administrative fédérale .
2.2.2 Statut des agents de l’État
L’arrĂȘtĂ© royal du 2 octobre 1937, modifiĂ© Ă  de nombreuses reprises, contient les dispositions
de base applicables aux agents de l’État. Le changement introduit par l’arrĂȘtĂ© royal du
14 juin 2007 portant modification de diverses dispositions réglementaires a notamment
remodelĂ© le chapitre consacrĂ© aux droits et obligations du personnel de l’État.
Ces dispositions s’appliquent aux agents statutaires. Les agents contractuels sont, quant à
eux, soumis aux dispositions générales de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de
travail.
2.2.3 Code pénal
Parce qu’il prohibe certains comportements spĂ©cifiques aux personnes qui exercent une
fonction publique, le code pĂ©nal constitue Ă©galement une norme d’application gĂ©nĂ©rale. La
loi du 10 février 1999 relative à la répression de la corruption y a introduit des nouvelles
dispositions en matiĂšre de dĂ©tournement, de concussion, de prise d’intĂ©rĂȘt et de
corruption.
2.2.4 Cadre déontologique des agents de la fonction publique administrative
      fédérale
La circulaire n°573 du 17 août 2007 fixe le cadre déontologique des agents de la fonction
publique administrative fédérale (Moniteur belge du 27 août 2007). Ce cadre a été élaboré
par le Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administratives, en collaboration avec un groupe
d’avis constituĂ© de reprĂ©sentants des divers services publics.
Le cadre déontologique explicite les valeurs et rÚgles de comportement du statut des agents
de l’État.

2.3   Normes applicables au SPF Finances

2.3.1 RĂšglement de travail
Au départ, la loi du 8 avril 1965 instituant les rÚglements de travail ne prescrit leur
                                                                                          18
existence que dans le secteur privé. Depuis sa modification par la loi du 18 décembre 2002 ,
les rĂšglements de travail sont toutefois obligatoires dans les administrations publiques Ă 
           er
partir du 1 juillet 2003.
Un rĂšglement de travail est un document qui reprend une sĂ©rie d’informations, Ă©numĂ©rĂ©es
                  er
Ă  l’article 6, § 1 , de la loi, relatives aux conditions de travail (mode de rĂ©munĂ©ration, durĂ©e
de travail, pénalités et manquements
).
Le SPF Finances ne dispose pas de rÚglement de travail à ce jour. Plusieurs projets ont été
élaborés, sans aboutir à un accord avec les syndicats.



17
        ArrĂȘtĂ© royal du 14 juin 2007 portant modification de diverses dispositions rĂ©glementaires.
18
        Loi modifiant la loi du 8 avril 1965 instituant les rĂšglements de travail, qui transpose en droit belge, pour tout
        le secteur public, la directive 91/533/CEE du Conseil de l'Union européenne, du 14 octobre 1991, relative à
        l’obligation de l’employeur d’informer le travailleur des conditions applicables au contrat ou à la relation de
        travail.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 11




2.3.2 Projet de code déontologique du SPF Finances
En 2010, un groupe de travail a été chargé de rédiger un code déontologique relatif aux
droits et devoirs des agents du SPF Finances. Cette initiative était notamment motivée par
la dispersion des normes relatives Ă  l’intĂ©gritĂ© et par la nĂ©cessitĂ© d’en faire une synthĂšse.
Le projet de code déontologique adopte une position claire sur plusieurs points qui
pouvaient faire dĂ©bat parmi les agents du SPF Finances, comme l’interdiction d’accepter
une invitation à un repas ou un cadeau de quelque valeur que ce soit de la part d’un
                      19
contribuable/redevable .
Le comité de direction du SPF Finances a procédé à une premiÚre lecture du projet de code
déontologique le 8 juillet 2011. Les travaux du groupe de travail ont été suspendus pour
quelques mois. En effet, le Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administrative a entamĂ© des
discussions au niveau interdépartemental. Son objectif est de revoir si nécessaire les
dispositions du cadre déontologique des agents de la fonction publique administrative
         20
fédérale . Puisque les rÚgles de conduite particuliÚres (par exemple, au SPF Finances) ne
peuvent pas dĂ©roger Ă  ce cadre fĂ©dĂ©ral, le groupe de travail a estimĂ© indiquĂ© d’attendre le
nouveau texte. DĂšs qu’il aura Ă©tĂ© publiĂ© au Moniteur, le groupe de travail reprendra ses
activités. Il adaptera au besoin le projet de code déontologique propre au département.
Une fois approuvé par le comité de direction du SPF Finances, le projet de code
dĂ©ontologique devra ĂȘtre encore soumis, pour avis, au Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie
administratives, aux ministres de la Fonction publique et du Budget et aux syndicats.
Quand le comité de direction du SPF Finances aura approuvé une version définitive du
code déontologique, chaque membre du personnel ou collaborateur du SPF Finances sera
invitĂ© Ă  en prendre connaissance et Ă  le signer. Le code est d’ailleurs rĂ©digĂ© Ă  la premiĂšre
personne du singulier, pour souligner l’engagement du signataire.
2.3.3 Code de déontologie ICT
Le service d’encadrement ICT a finalisĂ© un code de dĂ©ontologie en 2008. Ce code ICT
s’applique à tout agent du SPF Finances, ainsi qu’à tout collaborateur externe. Son objectif
consiste Ă  donner aux utilisateurs du SPF des lignes de conduite explicites relatives Ă 
l’utilisation des technologies de l’information et de la communication pour l’exercice de
leurs missions particuliĂšres.
Le code ICT est facilement accessible sur l’intranet du SPF Finances.
La Cour des comptes estime que le code de déontologie ICT définit de maniÚre adéquate
les devoirs du personnel en cette matiùre. L’existence de ce code est un acquis essentiel de
la politique de l’intĂ©gritĂ© au SPF Finances.
La Cour constate cependant qu’il n’a pas Ă©tĂ© prĂ©vu d’assurer un suivi de l’application de ce
                                         21
code et de sa perception par le personnel . L’introduction du code prĂ©voit Ă©galement qu’il
soit rĂ©guliĂšrement revu, et remaniĂ© au besoin ; Ă  ce jour, aucune Ă©valuation n’a Ă©tĂ© menĂ©e
ni programmée.



19
        Cette position rejoint l’article 7 du code international de conduite des agents de la fonction publique annexĂ© Ă 
        la résolution des Nations unies du 12 décembre 1996 relative à la lutte contre la corruption.
20
        Le point 38 du cadre déontologique prévoit que ses dispositions soient évaluées au moins tous les quatre ans.
21
        Tout utilisateur doit dĂ©clarer en avoir pris connaissance lors de sa premiĂšre connexion Ă  l’intranet du
        SPF Finances (case Ă  cocher). À dĂ©faut, il n’a pas/plus accĂšs Ă  l’intranet.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 12




2.3.4 Autres normes applicables Ă  tout le SPF Finances
La nouvelle rĂ©glementation en matiĂšre d’autorisation de cumuls et de conflits d’intĂ©rĂȘts a
Ă©tĂ© introduite dans le statut des agents de l’État par l’arrĂȘtĂ© royal prĂ©citĂ© du 14 juin 2007.
Une note du 11 mars 2008 destinée à tous les membres du personnel présente les nouvelles
dispositions et la procédure à appliquer pour obtenir une autorisation de cumul ou un avis
sur un possible conflit d’intĂ©rĂȘts.

2.4   Conclusions

La Cour des comptes constate qu’il existe une diversitĂ© de normes applicables aux
administrations fiscales en matiĂšre d’intĂ©gritĂ©. Un inventaire n’en a toutefois pas Ă©tĂ© Ă©tabli.
L’administration n’est dùs lors pas en mesure d’en faire une synthùse utile aux
collaborateurs, de coordonner ce qui existe, de déclarer caduc ce qui est redondant ou ce
qui n’est plus d’actualitĂ©.
La rĂ©daction d’un code dĂ©ontologique pour tout le SPF Finances sera une avancĂ©e dans
l’évolution de la politique de l’intĂ©gritĂ© au sein du SPF. À cĂŽtĂ© des normes plus
contraignantes du rĂšglement de travail, il est nĂ©cessaire de disposer d’un ensemble de
principes généraux, déclinés en cas pratiques, selon les missions particuliÚres du SPF.
S’inspirant nĂ©cessairement du cadre dĂ©ontologique de la fonction publique administrative
fĂ©dĂ©rale, le code dĂ©ontologique propre au SPF devra s’attacher Ă  rĂ©pondre aux questions de
ses agents sur le caractĂšre autorisĂ© ou non d’un comportement dans le cadre de leur mĂ©tier
spĂ©cifique. C’est pourquoi la Cour des comptes estime essentiel que l’administration veille Ă 
suivre, aprÚs sa diffusion, la maniÚre dont le code déontologique est appliqué dans les
services.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 13




CHAPITRE 3


Promotion de l'intégrité au
SPF Finances
Pour faire connaĂźtre les normes d’intĂ©gritĂ© existantes Ă  ses agents et, plus globalement,
stimuler la responsabilisation en matiĂšre d’intĂ©gritĂ©, le SPF Finances doit mettre en place
des instruments adaptés.
                                                                                                                22
Ce chapitre aborde deux moyens de promouvoir l’intĂ©gritĂ© : les formations et l’intranet . Il
Ă©voque aussi la nĂ©cessaire Ă©valuation de l’adhĂ©sion des agents aux valeurs de l’organisation,
car l’aspect prĂ©ventif d’une politique de l’intĂ©gritĂ© doit pouvoir s’appuyer sur une
connaissance suffisante de cette adhésion.

3.1     Formations
                                                                                                    23
Comme le rappelle l’OCDE dans une Ă©tude sur l’éthique dans le service public , l’éducation
et la formation aux valeurs Ă©thiques est primordiale. On distingue les formations initiales, Ă 
destination des stagiaires, et les formations continues, en cours de carriĂšre.
3.1.1   Formation initiale des fonctionnaires stagiaires
Quels que soient son grade et son affectation au SPF Finances, chaque stagiaire suit une
formation polyvalente de sept jours. Par ailleurs, Ă  la fin de leur stage, les agents de niveau
A et B sont invitĂ©s Ă  participer Ă  une journĂ©e d’étude « anti-corruption ».
La Cour des comptes estime que cette formation destinée aux stagiaires est importante
pour les initier aux valeurs d’intĂ©gritĂ©. DispensĂ©e en fin de stage, lorsque les agents ont dĂ©jĂ 
pu ĂȘtre confrontĂ©s Ă  des situations concrĂštes, elle devrait sans doute ĂȘtre prĂ©cĂ©dĂ©e d’une
formation dĂšs l’engagement. En effet, les notions abordĂ©es doivent ĂȘtre assimilĂ©es le plus
tĂŽt possible, car le stagiaire pourrait ĂȘtre confrontĂ© Ă  des problĂ©matiques liĂ©es Ă  l’intĂ©gritĂ©
dĂšs les premiers jours. La Cour des comptes constate en outre que ces formations ne sont
pas organisĂ©es pour les nouveaux agents contractuels, alors que leurs affectations – et les
risques d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© qui y sont associĂ©s – sont similaires.
3.1.2 Formations en cours de carriĂšre
                                                                                               24
Les formations spĂ©cifiques en matiĂšre d’intĂ©gritĂ© sont presque inexistantes .
Il faut cependant souligner l’initiative de l’Administration des douanes et accises en
matiĂšre de formation. En collaboration avec l’universitĂ© et la Hogeschool de Gand et



22
         La promotion de l’intĂ©gritĂ© comprend Ă©galement d’autres aspects. L’administration a notamment Ă©voquĂ© une
         récente formation de grande ampleur en matiÚre de leadership, qui contient un volet « valeurs et éthique ».
23
         OCDE, L’éthique dans le service public, Questions et pratiques actuelles n° 14, Études hors sĂ©rie sur la
         gestion publique, 3 décembre 1996.
24
         En particulier, il n’y a pas eu de formation relative au code de dĂ©ontologie ICT (ou Ă  ses annexes plus
         techniques). MĂȘme si celui-ci Ă©tait clairement formulĂ©, il aurait pu ĂȘtre utile de proposer une explicitation
         facultative de certains points, ou une séance de questions/réponses.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 14




l’universitĂ© de LiĂšge, cette administration a organisĂ© une journĂ©e Ă  laquelle a pris part la
                                 25
quasi-totalitĂ© de son personnel , y compris l’administrateur gĂ©nĂ©ral et le management
supérieur. Cette formation était orientée sur la prévention des actes de corruption et la
sensibilisation au sujet.
En outre, toujours à l’Administration des douanes et accises, une formation obligatoire
d’une journĂ©e traitant du contrĂŽle interne, du code de dĂ©ontologie et de la procĂ©dure
disciplinaire a été dispensée à tous les agents de niveau A.

3.2   Intranet

Le fonctionnaire qui consulte la page d’accueil de l’intranet du SPF ne peut pas accĂ©der par
un lien direct aux informations relatives Ă  l’intĂ©gritĂ© (lĂ©gislation, circulaires
                                               26
administratives, personnes de contact
) . Ces informations sont dispersées sur les
diffĂ©rents sites. Il n’existe pas de foire aux questions ni de forum dĂ©diĂ© aux problĂ©matiques
diverses de l’intĂ©gritĂ©. Il en va de mĂȘme pour les sites propres des administrations, Ă 
l’exception de l’Administration gĂ©nĂ©rale des douanes et accises.

3.3   Évaluation de l’adhĂ©sion des agents

Pour Ă©valuer l’impact de sa politique de l’intĂ©gritĂ© et dĂ©finir des pratiques de prĂ©vention
         27
adaptĂ©es , il est recommandĂ© qu’une administration Ă©value l’adhĂ©sion de ses
collaborateurs Ă  ses valeurs.
Le SPF Finances n’a pas Ă©valuĂ© l’adhĂ©sion de ses agents aux principes d’intĂ©gritĂ© dĂ©finis, par
exemple, dans le cadre déontologique des agents de la fonction publique administrative
fédérale.
Le SPF Finances participe, aprĂšs d’autres SPF, Ă  une enquĂȘte de la Katholieke Universiteit
Leuven (KUL) sur l’intĂ©gritĂ© au travail dans la fonction publique fĂ©dĂ©rale. Cette enquĂȘte est
basée essentiellement sur un questionnaire auquel tout collaborateur a été invité à
rĂ©pondre en octobre-novembre 2011. Son objectif principal est d’inventorier des problĂšmes
                       28
ou des points sensibles .
Cette enquĂȘte pourra avoir – c’est un de ses objectifs dĂ©clarĂ©s – un effet de sensibilisation
au sein des SPF. Le SPF Finances devrait profiter de cette enquĂȘte pour orienter, dans son
prolongement, certains aspects de sa politique, notamment sur le plan préventif.
L’enquĂȘte de la KUL a Ă©tĂ© adressĂ©e Ă  toutes sortes d’organisations de la fonction publique
administrative fédérale. Elle est nécessairement généraliste et ne prend pas en
considération les particularités des métiers des administrations fiscales. La Cour des
comptes estime, dĂšs lors, que des Ă©valuations plus ciblĂ©es sur l’adhĂ©sion aux normes
spĂ©cifiques des administrations fiscales devraient Ă©galement ĂȘtre menĂ©es.



25
        Sont exemptés les fonctionnaires de 58 ans ou plus et les contractuels à durée déterminée.
26
        Comme souligné plus haut, le code de déontologie ICT est, par contre, aisément accessible à partir de la page
        d’accueil de l’intranet du SPF.
27
        Le Conseil de l’Europe, dans son code-modĂšle de conduite pour les agents publics, prĂ©conise que
        l’administration publique reconsidĂšre Ă  des intervalles rĂ©guliers les dispositions de ce code (article 28.5).
28
        Les questions ne visent pas directement Ă  mesurer l’adhĂ©sion Ă  des normes, mais Ă  Ă©valuer le respect de
        certaines normes généralement admises.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 15




3.4   Conclusions

La Cour des comptes souligne que le SPF Finances déploie des moyens limités en matiÚre
de promotion de l’intĂ©gritĂ©. Sa principale rĂ©alisation est la formation initiale des stagiaires
(essentiellement normative) et, concernant une administration fiscale en particulier, une
formation sur la corruption dispensée à tous les agents. Le SPF Finances devrait diversifier
son action, notamment en utilisant plus efficacement les outils qui sont Ă  disposition, tels
que l’intranet.
La Cour recommande également que des évaluations périodiques soient organisées pour
mesurer l’adhĂ©sion de l’ensemble du personnel aux normes en matiĂšre d’intĂ©gritĂ©.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 16




CHAPITRE 4


Acteurs de la politique de l'intégrité
Si chaque collaborateur du SPF Finances peut ĂȘtre considĂ©rĂ© d’une certaine maniĂšre
comme un acteur de la politique de l’intĂ©gritĂ©, il appartient cependant Ă  quelques organes
ou personnes dĂ©signĂ©s par l’autoritĂ© de dĂ©finir et faire appliquer la politique de l’intĂ©gritĂ©, Ă 
différents niveaux et sous ses différents aspects (prévention, détection, correction).
Certains acteurs se consacrent spécifiquement à un ou plusieurs aspects de cette politique ;
d’autres, au sein des services opĂ©rationnels, ont un rĂŽle en cette matiĂšre, accessoire Ă  leurs
tĂąches fonctionnelles.

4.1     Au niveau fédéral
                                                                                                                  29
Deux organes sont les acteurs principaux de la politique de l’intĂ©gritĂ© au niveau fĂ©dĂ©ral .
4.1.1   Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administratives
         er               30
CrĂ©Ă© le 1 juillet 2006 au sein du SPF Budget et contrĂŽle de gestion, le Bureau d’éthique et
de déontologie administratives (BEDA) a pour mission de coordonner, de surveiller, de
dĂ©velopper, d’exĂ©cuter et d’ajuster la politique de l’intĂ©gritĂ© dans les services publics
fédéraux. Cet organe a chapeauté la rédaction du cadre déontologique pour les agents de la
                                                                                         31
fonction publique administrative fĂ©dĂ©rale et rĂ©digĂ© un manuel sur les conflits d’intĂ©rĂȘts . Il
veille à la mise en Ɠuvre de ce cadre.
4.1.2 Office central pour la répression de la corruption
L'Office central pour la répression de la corruption (OCRC) est un organe de la police
judiciaire fédérale. En 2001, il a intégré la Direction de la lutte contre la criminalité
Ă©conomique et financiĂšre (Ecofin). L’OCRC a repris, depuis 1998, les missions d’enquĂȘte du
comitĂ© supĂ©rieur de contrĂŽle et est « compĂ©tent pour la recherche et l’appui Ă  la recherche
des infractions commises au prĂ©judice des intĂ©rĂȘts de l’État, ainsi que des infractions de
corruption complexes et graves ».

4.2     Services communs aux différentes administrations fiscales32

4.2.1 Cellule d’audit interne des administrations fiscales
La cellule d’audit interne des administrations fiscales est compĂ©tente pour toutes les
administrations fiscales et toutes les activités liées à ces derniÚres. Elle dépend directement


29
         Citons Ă©galement, comme acteurs indirects de la politique de l’intĂ©gritĂ© au niveau fĂ©dĂ©ral, le MĂ©diateur
         fĂ©dĂ©ral et le ComitĂ© d’audit de l’administration fĂ©dĂ©rale.
30
         En exécution des décisions du conseil des ministres du 30 juin 2006.
31
         Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administratives, Manuel relatif Ă  la gestion des conflits d’intĂ©rĂȘts dans la
         fonction publique administrative fédérale belge, juillet 2009.
32
         Outre les trois services dĂ©taillĂ©s dans cette section, citons encore le service d’encadrement Budget et ContrĂŽle
         de gestion, dont un des rîles est de conscientiser les services du SPF à l’importance du contrîle des risques
         d’intĂ©gritĂ© auxquels ils pourraient ĂȘtre confrontĂ©s en interne, ainsi que le service interne de prĂ©vention et de
         protection au travail (SIPPT) qui est amené à gérer notamment les cas de harcÚlement.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 17




du président du comité de direction du SPF, ce qui garantit son indépendance vis-à-vis de
la hiérarchie. Aucun pouvoir décisionnel ne lui est attaché. Ses audits et ses rapports
portent sur la qualitĂ©, l’efficacitĂ© et l’organisation du travail. La cellule peut Ă©galement,
dans le cadre de missions particuliĂšres, enquĂȘter sur des abus ou manquements commis
par les fonctionnaires du SPF Finances.
Alors que l’arrĂȘtĂ© royal du 29 octobre 1971 fixant le rĂšglement organique du SPF Finances
prĂ©voit que la cellule d’audit interne est composĂ©e de six membres, elle ne compte
actuellement que deux agents.
Ces derniÚres années, la cellule a effectué surtout des audits de fraude à la demande de
l’autoritĂ© ou suite Ă  la transmission de plaintes. Elle a Ă©galement publiĂ© un audit sur la
                                                    33
gestion des plaintes au SPF Finances en janvier 2011 .
4.2.2 Service d’encadrement Personnel et Organisation
Comme chaque SPF, le SPF Finances dispose d’un service d’encadrement Personnel et
Organisation (P&O). Au sein de ce service, la Division disciplinaire et cumul peut ĂȘtre plus
spĂ©cifiquement citĂ©e comme acteur de la politique de l’intĂ©gritĂ©.
4.2.3 Cellule Privacy
Le SPF Finances est amené à traiter un grand nombre de données à caractÚre personnel.
Ces données transitent de plus en plus par des applications informatiques auxquelles de
nombreux agents ont accÚs. Ces données sont exposées à des utilisations contraires à la
lĂ©gislation sur la vie privĂ©e et, donc, Ă  l’intĂ©gritĂ©. Afin de veiller Ă  l’application stricte de
cette législation et de circonscrire ce risque, une cellule dénommée Privacy a été mise en
place. Elle dépend du président du comité de direction. Son rÎle est de rappeler et de faire
appliquer les rĂšgles auxquelles sont soumis les fonctionnaires du SPF en matiĂšre de
protection des donnĂ©es personnelles et d’apporter son soutien en la matiĂšre aux diffĂ©rents
services du SPF. La cellule collabore Ă©troitement Ă  l’application du systĂšme Identity and
                            34
Access Management (IAM) et est chargée de son suivi et de la coordination.

4.3   Cadres des services opérationnels

Les supérieurs hiérarchiques des services opérationnels ont, en tant que managers et
                                                              35
superviseurs, un rĂŽle essentiel Ă  jouer en matiĂšre d’intĂ©gritĂ© . Il s’agit principalement du
chef de service et du directeur régional.
4.3.1 Chefs de service
Au sein des administrations fiscales, les chefs de service sont des acteurs de premiĂšre ligne.
Ils sont les intermédiaires entre le terrain et la hiérarchie.
Ils doivent promouvoir les comportements intĂšgres dans leur service et corriger, voire
dĂ©noncer, ceux qui ne le sont pas. Ils doivent aussi dĂ©celer les manquements Ă  l’intĂ©gritĂ© et
                                                36
lancer les procédures disciplinaires appropriées .



33
        SPF Finances, rapport KLAPLA, 94 p.
34
        Voir le point 5.3.
35
        La responsabilité particuliÚre des supérieurs hiérarchiques est notamment décrite, de maniÚre circonstanciée,
        à l’article 25 du code-modùle de conduite pour les agents publics du Conseil de l’Europe.
36
        Voir le chapitre 7.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 18




Leur rÎle est aussi de transmettre les valeurs et les informations de la hiérarchie, y compris
celles concernant l’intĂ©gritĂ©.
4.3.2 Directeurs régionaux
Le directeur régional a pour tùche de faire appliquer les directives et la politique menée par
le top management. Il joue aussi un rÎle prépondérant dans la procédure disciplinaire, car il
lui appartient d’engager cette procĂ©dure.

4.4   Acteurs propres Ă  chaque administration fiscale

4.4.1 Administration générale des douanes et accises
Au sein de cette administration, deux services jouent un rĂŽle dans la politique de l’intĂ©gritĂ©.
Le service de contrĂŽle gĂ©nĂ©ral et d’organisation mĂšne des audits internes et collabore Ă  des
audits externes (par exemple, de la Cour des comptes européenne). Il traite les plaintes,
internes ou externes, relatives aux agents de cette administration. Ce service apporte
Ă©galement son soutien dans les questions de lutte contre la corruption. La direction
nationale des recherches est, quant Ă  elle, chargĂ©e d’analyser la fraude fiscale et d’organiser
et de surveiller les sept inspections des recherches que compte le royaume. Une de ses
prĂ©rogatives est d’intervenir en cas de complicitĂ© de fraude constatĂ©e chez un membre du
personnel.
4.4.2 Administration générale de la perception et du recouvrement
Cette administration dispose d’un service d’inspection gĂ©nĂ©rale, qui se compose de
fonctionnaires itinĂ©rants chargĂ©s d’inspecter et de contrĂŽler les services extĂ©rieurs. Ces
fonctionnaires participent occasionnellement aux réunions périodiques organisées par le
directeur rĂ©gional avec ses chefs de services. Ces contacts permettent, d’une part, une
surveillance indirecte et impromptue des services. D’autre part, ils permettent à chaque
chef de service de signaler tout risque d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© des fonctionnaires ou tout cas
suspect. Les inspecteurs gĂ©nĂ©raux soulignent que leur rĂŽle s’apparente davantage Ă  du
soutien qu’à du contrĂŽle. Le contrĂŽle de l’intĂ©gritĂ© ne fait d’ailleurs pas partie explicitement
de la mission de l’inspection gĂ©nĂ©rale.
4.4.3 Administration générale de la fiscalité
L’AGF mettra sur pied une cellule Maütrise de l'organisation en 2013. Cette cellule relùvera
de l'administrateur général et sera également au service des administrations Particuliers,
Petites et moyennes entreprises et Grandes entreprises. Son rîle sera d’assurer la maütrise
des risques, la détermination des causes éventuelles de dysfonctionnement ainsi que le
contrĂŽle du respect des objectifs Ă©tablis par le management. Cette cellule remplacera
                                                                                               37
l’actuelle inspection gĂ©nĂ©rale et le service d’assistance et contrĂŽle interne (ACI) .
NĂ©anmoins, aucun rĂŽle spĂ©cifique en matiĂšre d’intĂ©gritĂ© n’est envisagĂ© pour elle jusqu’à
prĂ©sent. Un service dĂ©diĂ© aux contrĂŽles et aux Ă©ventuelles enquĂȘtes en cas de soupçons
d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© sera crĂ©Ă© Ă  cĂŽtĂ© de cette cellule stratĂ©gique de soutien et de guidance.
4.4.4 Administration générale de la lutte contre la fraude fiscale
Cette administration dispose d’un service d’inspection gĂ©nĂ©rale composĂ© de deux
fonctionnaires. Leur rĂŽle est d’établir un contact avec les services extĂ©rieurs afin d’en


37
        La Cour des comptes a effectué un audit sur ce sujet en 1999-2000, dont le rapport a été envoyé à
        l’administration le 24 mai 2000.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 19




surveiller le fonctionnement et la performance. Ils agissent Ă©galement comme organe de
contrĂŽle de questions relatives Ă  l’intĂ©gritĂ©. Ils ont reçu des formations en audit et contrĂŽle
        38
interne .
4.4.5 Administration générale de la documentation patrimoniale
L’AGDP dispose d’un service d’inspection gĂ©nĂ©rale composĂ© d’inspecteurs itinĂ©rants qui
font le lien entre les services centraux et opérationnels. Il mÚne entre autres des analyses de
risques en matiĂšre d’intĂ©gritĂ© et en rend compte Ă  la hiĂ©rarchie. Il est Ă©galement chargĂ© des
problĂšmes d’intĂ©gritĂ©. Dans le cadre de sa mission, il peut formuler des propositions pour
améliorer le fonctionnement des services.

4.5   Conclusions

Divers services du SPF Finances ainsi que les cadres des services opérationnels sont chargés
de mettre en Ɠuvre certains aspects de la politique de l’intĂ©gritĂ©.
La Cour des comptes constate un manque de coordination entre ces différents acteurs,
notamment entre les services spécialisés propres à chaque administration fiscale et les
cadres des services opĂ©rationnels. Des Ă©lĂ©ments de la politique de l’intĂ©gritĂ© pourraient dĂšs
lors ne pas ĂȘtre relayĂ©s adĂ©quatement sur le terrain.
Enfin, la Cour relùve, dans certaines administrations, un manque de service d’inspection ou
de personnel en suffisance susceptible d’enquĂȘter en cas de soupçon de malversation.




38
        Pour des détails sur le fonctionnement de cette administration, voir Cour des comptes, Organisation et
        fonctionnement de l’Inspection spĂ©ciale des impĂŽts (ISI), rapport transmis Ă  la Chambre des reprĂ©sentants,
        Bruxelles, avril 2010. Disponible sur www.courdescomptes.be.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 20




CHAPITRE 5


Prévention des atteintes à l'intégrité
Pour Ă©viter autant que possible les pratiques illicites, le SPF Finances a mis en place, au
sein de ses processus, un certain nombre de dispositifs qui réduisent sensiblement certains
risques d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ©.

5.1   Analyses des risques d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ©

Avant de mettre en place des dispositifs de prévention, le SPF doit identifier, dans ses
processus, les risques d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ©.
Un rapport du 20 août 2010 sur les structures et les mécanismes d'évaluation du contrÎle
                                   39
interne existant au SPF Finances a fait le point sur la maĂźtrise des processus dans toutes
les administrations du SPF et dans les services de soutien. Il est apparu ainsi que la
performance de certaines administrations fiscales Ă©tait faible. À la suite notamment de ce
rapport, et sous l’impulsion de l’actuel prĂ©sident du comitĂ© de direction, le thĂšme de
l’analyse des risques et des dispositifs de contrĂŽle interne a Ă©tĂ© remis au premier plan.
Ainsi, en 2011, chaque administration et service d’encadrement a identifiĂ© ses principaux
risques et les mesures de contrĂŽle visant Ă  les couvrir. D’aprĂšs cette analyse, l’intĂ©gritĂ© est
un des trois risques transversaux majeurs pour l’ensemble de l’organisation, sur lesquels le
développement du systÚme de contrÎle interne se focalisera.

5.2   SĂ©parations de fonctions

En matiÚre de fiscalité, une séparation est opérée entre les agents chargés du contrÎle et les
agents chargés du recouvrement. La législation fiscale impose dans certains cas cette
séparation de fonction structurelle. Elle le fait par exemple en attribuant des compétences
particuliÚres à un directeur régional, chargé de la taxation ou du recouvrement. Cependant,
à l’Administration de la documentation patrimoniale, le receveur demeure responsable du
contrÎle. En matiÚre de TVA, les directeurs régionaux chapeautent les services de taxation
et les services de recouvrement. Le projet Fedcom devrait, à moyen terme, séparer la
taxation et la perception.
En ce qui concerne le contentieux administratif, notamment en matiĂšre de contributions
directes et de TVA, si des agents diffĂ©rents s’occupent gĂ©nĂ©ralement de la taxation et du
contentieux qui y est lié, la hiérarchie, qui se prononce en fin de compte sur la réclamation,
est la mĂȘme. Cette confusion des responsabilitĂ©s comporte un risque quant Ă  l’objectivitĂ©
dans le traitement de ces dossiers contentieux.
La Cour des comptes constate que la sĂ©paration de fonctions dont l’exercice conjoint
pourrait constituer un risque d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© est effective dans beaucoup de




39
        Ce rapport a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© Ă  l’intention du CAAF, conformĂ©ment Ă  l’article 20 de l’arrĂȘtĂ© royal du 17 aoĂ»t 2007
        portant crĂ©ation du comitĂ© d’audit de l’administration fĂ©dĂ©rale.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 21




processus. Il demeure cependant des domaines oĂč cette sĂ©paration n’a pas encore Ă©tĂ©
rĂ©alisĂ©e, ou n’est pas suffisamment aboutie, mĂȘme si elle est dĂ©jĂ  programmĂ©e.

5.3   Identity and Access Management

L’accĂšs aux informations contenues dans les bases de donnĂ©es dĂ©tenues par des
particuliers, des personnes morales ou des pouvoirs publics, ainsi que leur utilisation, sont
soumis à des conditions strictes (loi du 8 décembre 1992 relative à la protection de la vie
privée à l'égard des traitements de données à caractÚre personnel). Le respect de la
confidentialité des informations détenues par des agents est une norme plus spécifique de
                     40
la fonction publique .
Pour limiter l’accĂšs aux seuls besoins des agents et sĂ©curiser les nombreuses donnĂ©es
relatives aux contribuables, le SPF Finances a développé, depuis 2009, un systÚme
dĂ©nommĂ© Identity and Access Management (IAM). Il lui permet de gĂ©rer l’utilisation de ses
nombreuses applications informatiques. Toute nouvelle application est ainsi intégrée dans
le systĂšme IAM. Quant aux applications anciennes, elles migrent vers ce systĂšme dans la
mesure des moyens disponibles, ou possĂšdent leur propre contrĂŽle de gestion individuelle
des accĂšs jusqu’à ce qu’elles soient remplacĂ©es par une nouvelle application.
La cellule Privacy chapeaute la procĂ©dure et assure l’interface entre les six administrations
                   41
gĂ©nĂ©rales du SPF et le service d’encadrement Technologie de l’information et de la
communication (ICT).
L’IAM permet Ă©galement d’identifier les accĂšs non autorisĂ©s (voir le point 6.2).
La Cour des comptes relÚve que le systÚme IAM est de nature à protéger efficacement les
donnĂ©es numĂ©riques des administrations fiscales. À l’heure actuelle, certaines applications
importantes demeurent cependant hors du systùme. C’est notamment le cas de
l’application ICPC (Inning Comptabiliteit – Perception ComptabilitĂ©) qui gĂšre toutes les
créances des contributions directes enrÎlées automatiquement par les services de taxation.
Cette lacune peut ĂȘtre la source de dysfonctionnements, comme dans l’application qui gĂšre
les dossiers de restitution de droits d’enregistrement Ă  l’Administration gĂ©nĂ©rale de la
                             42
documentation patrimoniale .
Par ailleurs, le service ICT ne tient pas d’inventaire exhaustif des applications utilisĂ©es dans
                                 43
les diffĂ©rentes administrations . La Cour des comptes considĂšre dĂšs lors qu’un inventaire
                                              44
complet devrait ĂȘtre rĂ©alisĂ© Ă  bref dĂ©lai . Il permettrait d’identifier les problĂšmes de
sĂ©curitĂ© majeurs, et de les rĂ©soudre avant mĂȘme qu’une application nouvelle – souvent fort
longue Ă  dĂ©velopper – remplace les anciens systĂšmes caducs.



40
        Elle est énoncée par exemple dans le code international de conduite des agents de la fonction publique (article
        10 de l’annexe Ă  la rĂ©solution des Nations unies du 12 dĂ©cembre 1996 relative Ă  la lutte contre la corruption).
41
        Chaque administration dispose d’un point de contact unique – service ou agent – pour toutes les questions
        d’accùs aux applications informatiques qui lui sont propres.
42
        Cour des comptes, « SPF Finances : restitution des droits d’enregistrement – automatisation des dossiers »,
        168e Cahier, Volume I, p. 308. Disponible sur www.courdescomptes.be.
43
        Avant la crĂ©ation, dans le cadre de la rĂ©forme Copernic, d’un service ICT horizontal, il existait sept services
        ICT, propres à chaque unité opérationnelle. Ceci explique en partie la difficulté pour le management actuel du
        service d’encadrement ICT d’avoir dĂ©jĂ  une parfaite maĂźtrise de tout ce qui existe en ce domaine.
44
        Un tel inventaire peut ĂȘtre Ă©galement l’occasion de recueillir des informations sur les besoins concrets des
        agents de terrain, des informations utiles pour développer des systÚmes à venir.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 22




5.4   Sélection centralisée des contrÎles à effectuer

Auparavant, les dossiers, contribuables ou opérations à contrÎler/traiter, étaient
sĂ©lectionnĂ©s, en partie du moins, Ă  l’initiative des agents, en fonction de leur expĂ©rience de
terrain.
Aujourd’hui, la mise en place d’analyses de risques de fraude fiscale permet, de plus en
plus, de sélectionner des dossiers de maniÚre centralisée en fonction de critÚres objectifs.
Un systĂšme de datamining a ainsi Ă©tĂ© mis en place Ă  l’Administration de la fiscalitĂ© des
entreprises et des revenus (Afer). Il existe depuis la pĂ©riode de contrĂŽle 2004-2005. À partir
des donnĂ©es historiques collectĂ©es sur l’ensemble des assujettis Ă  la TVA, des contribuables
« Ă  risque » sont sĂ©lectionnĂ©s et un contrĂŽle spĂ©cifique est organisĂ©, tant en TVA qu’en
contributions directes.

5.5   Rotation des dossiers et/ou des agents

Pour Ă©viter toute connivence, au dĂ©triment de l’État, entre un agent et un contribuable, les
administrations doivent prévoir une rotation des agents et/ou des dossiers.
La Cour des comptes constate que cette nĂ©cessaire rotation n’est pas citĂ©e par toutes les
administrations comme une préoccupation premiÚre du management en matiÚre de
prĂ©vention des atteintes Ă  l’intĂ©gritĂ©. Dans certains processus, la rotation n’est pas prĂ©vue
de maniĂšre structurelle. La diminution des effectifs dans certains services la rend par
ailleurs souvent difficile, voire impossible.

5.6   Autorisation des cumuls

L’arrĂȘtĂ© royal du 14 juin 2007 a notamment introduit dans le statut des agents de l’État une
                                                       45
nouvelle procĂ©dure relative aux autorisations de cumul . À la suite de cet arrĂȘtĂ©, une note
aux membres du personnel du 11 mars 2008, distribuée à tous les agents, a présenté la
procĂ©dure dĂ©sormais en vigueur : tout agent statutaire dĂ©sireux d’exercer une activitĂ©
rémunérée, outre son activité professionnelle au SPF, doit introduire une demande de
       46
cumul . Une procĂ©dure formelle, dĂ©finie dans le statut des agents de l’État, aboutit Ă 
octroyer une autorisation ou à refuser un cumul. Le service d’encadrement Personnel et
Organisation a prĂ©cisĂ© que cette note au personnel du 11 mars 2008 ne s’applique pas au
personnel contractuel en ce qui concerne les cumuls.
Dans ce domaine, le risque essentiel ne rĂ©side pas dans l’application de la procĂ©dure prĂ©vue
                                                                 47
dans le statut et la note du dĂ©partement qui lui fait suite , mais dans l’exercice d’une
activitĂ© clandestine, sans autorisation prĂ©alable ou aprĂšs le refus d’un cumul. Or, la Cour
des comptes n’a pas constatĂ© de prise en compte suffisante de ce risque par les cadres de
terrain, qui sont les plus susceptibles de dĂ©tecter l’exercice d’une activitĂ© dissimulĂ©e.




45
        Article 12 de l’arrĂȘtĂ© royal du 2 octobre 1937 portant le statut des agents de l’État.
46
        Le formulaire de demande est disponible sur l’intranet du dĂ©partement.
47
        Entre 2007 et 2010, 2.052 demandes de cumuls ont été traitées.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 23




5.7   PrĂ©vention du conflit d’intĂ©rĂȘts

Une situation de conflit d’intĂ©rĂȘts est une situation dans laquelle l’agent a, par lui-mĂȘme ou
par personne interposĂ©e, un intĂ©rĂȘt personnel susceptible d'influer sur l'exercice impartial
                                                                                     48
et objectif de ses fonctions, ou de créer la suspicion légitime d'une telle influence .
L’article 13 du code-modĂšle de conduite pour les agents publics recommandĂ© par le Conseil
de l’Europe dĂ©taille les exigences Ă  l’égard de l’agent public. L’intĂ©rĂȘt personnel de ce
dernier englobe tout avantage pour lui-mĂȘme ou en faveur de sa famille, de parents, d’amis
et de personnes proches, ou de personnes ou organisations avec lesquelles il a des relations
d’affaires ou politiques. Ces exigences essentielles devraient ĂȘtre explicitĂ©es clairement aux
agents du SPF Finances, car le concept et les implications du conflit d’intĂ©rĂȘts ne sont pas
Ă©vidents Ă  apprĂ©hender. L’article 14 du code-modĂšle prescrit Ă  tout « agent public qui
occupe un poste dans lequel ses intĂ©rĂȘts personnels ou privĂ©s sont susceptibles d’ĂȘtre affectĂ©s
par ses fonctions officielles » de déclarer « lors de sa nomination puis à intervalles réguliers
et lors de tout changement de situation la nature et l’étendue de ces intĂ©rĂȘts ».
Le dispositif mis en place au SPF Finances se limite Ă  une information, lors de
l’engagement, sur la problĂ©matique du conflit d’intĂ©rĂȘts, Ă  la mise Ă  disposition, sur
l’intranet du SPF, d’une note relative Ă  cette procĂ©dure et d’un formulaire de demande
                                                                                   49
relatif Ă  un (Ă©ventuel) conflit d’intĂ©rĂȘts, et au traitement de ces demandes d’avis . Vu
l’impact que pourrait avoir un conflit d’intĂ©rĂȘts, la Cour des comptes recommande que des
mesures plus ambitieuses soient prises : (in)formations pour tous les agents,
responsabilisation particuliĂšre des cadres opĂ©rationnels, l’obligation de dĂ©claration
d’intĂ©rĂȘt lors de tout changement d’affectation...

5.8   Conclusions

En matiĂšre de sĂ©parations de fonctions, la Cour recommande qu’elles soient effectives Ă 
bref dĂ©lai dans les processus oĂč des risques d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© auront Ă©tĂ© clairement
identifiĂ©s. La rotation des dossiers et/ou des agents doit Ă©galement ĂȘtre envisagĂ©e lorsque
la gestion de mĂȘmes dossiers par un mĂȘme agent durant une pĂ©riode prolongĂ©e prĂ©sente
un risque particulier.
En ce qui concerne les applications et bases de données informatiques, le systÚme IAM est
de nature à assurer un degré satisfaisant de sécurité des accÚs autorisés. Certaines
applications demeurent nĂ©anmoins hors du systĂšme. La Cour des comptes estime qu’un
inventaire exhaustif devrait ĂȘtre rĂ©alisĂ©, Ă  court terme, des applications utilisĂ©es dans tous
les processus des administrations fiscales. ParallĂšlement Ă  la poursuite de l’intĂ©gration des
applications anciennes dans le systÚme IAM, il faudrait analyser les risques de sécurité de
toutes les applications locales inventoriées ; les mesures de sécurité nécessaires devraient
ensuite ĂȘtre prises.




48
        Article 9, § 1er, de l’arrĂȘtĂ© royal du 2 octobre 1937 portant le statut des agents de l’État. Le Bureau d’éthique et
        de dĂ©ontologie administratives (BEDA) a Ă©laborĂ© un manuel relatif Ă  la gestion des conflits d’intĂ©rĂȘts dans la
        fonction publique administrative fédérale belge (juillet 2009). Il peut servir de référence pour les
        dĂ©partements dans leur politique dans ce domaine. Le BEDA peut Ă©galement ĂȘtre sollicitĂ© par les
        organisations publiques fĂ©dĂ©rales, pour donner un avis, non contraignant, sur un conflit d’intĂ©rĂȘts potentiel.
49
        Entre 2007 et 2010, 684 cas de conflit d’intĂ©rĂȘts potentiel ont Ă©tĂ© traitĂ©s.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 24




La Cour des comptes recommande que l’administration sensibilise les cadres opĂ©rationnels
au risque particulier lié aux cumuls (par des formations adaptées ou des directives claires).
Ceci permettra d’optimaliser l’application de cette norme sur le terrain.
Enfin, la problĂ©matique du conflit d’intĂ©rĂȘts devrait ĂȘtre prise en charge de maniĂšre plus
approfondie : la dĂ©claration d’intĂ©rĂȘts systĂ©matique lors de l’engagement d’un nouvel
agent, puis à intervalles réguliers et lors de toute nouvelle affectation, pourrait à cet égard
constituer une piste de réflexion intéressante.
Dans la rĂ©ponse adressĂ©e par le ministre des Finances, le service d’encadrement Personnel
et Organisation a souligné que les recommandations de la Cour en matiÚre de cumuls et de
conflits d’intĂ©rĂȘts seraient prises en compte.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 25




CHAPITRE 6


Détection des atteintes à l'intégrité
Parce qu’une politique prĂ©ventive ne garantit pas l’absence d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ©, il est
essentiel que l’administration s’organise pour favoriser l’identification des
dysfonctionnements en matiĂšre d’intĂ©gritĂ©.

6.1   DĂ©nonciation des actes illicites

6.1.1 Obligation lĂ©gale et rĂ©glementaire pour les agents de l’État
Tout fonctionnaire a l’obligation lĂ©gale de dĂ©noncer toute faute grave commise par un
                                         50
collÚgue ou par un supérieur hiérarchique .
6.1.2 Droit pour les contribuables
Tout contribuable, confrontĂ© Ă  un agent de l’État dont l’intĂ©gritĂ© est peut-ĂȘtre en cause,
doit pouvoir signaler les faits présumés. En marge des dénonciations au parquet pour délits
et crimes, un contribuable devrait avoir la possibilité de faire part de ses soupçons, ou de
constats de carence, afin que les agents habilitĂ©s du SPF puissent enquĂȘter et, si nĂ©cessaire,
remédier à la situation.
6.1.3 Pratique dans les administrations fiscales
Il n’existe pas de systĂšme centralisĂ© pour dĂ©noncer les actes illicites au SPF Finances et
donc pas de statistiques globales sur les plaintes et dĂ©nonciations. Le dĂ©nonciateur, qu’il
soit agent des finances ou extĂ©rieur au dĂ©partement, est donc contraint d’adresser sa
plainte Ă  un fonctionnaire ou service – Ă©ventuellement externe au dĂ©partement – qui lui
                                51
semble approprié pour la traiter .
En janvier 2011, la cellule d’audit interne a rendu un rapport sur la gestion des plaintes dans
                              52
les administrations fiscales . Il traite des 148 plaintes, internes et externes, réceptionnées
directement ou indirectement de 2000 à 2010. Dans ce rapport, la cellule constate l’absence
de traitement coordonné des plaintes.
Les administrations fiscales ne signalent qu’une seule dĂ©nonciation au parquet en
application de l’article 29 du code d’instruction criminelle pour les annĂ©es 2006 Ă  2010.
Interrogées à ce sujet, les administrations ont répondu ne pas tenir de statistiques
concernant ces dénonciations.
L’Administration gĂ©nĂ©rale des douanes et accises dispose d’un vade-mecum pour la
dénonciation des faits de corruption en son sein. Il stipule que le fonctionnaire peut


50
         Article 29 du code d’instruction criminelle et article 7, § 3, de l’arrĂȘtĂ© royal du 2 octobre 1937 portant le statut
        des agents de l’État.
51
        Des plaintes arrivent ainsi Ă  l’Office central pour la rĂ©pression de la corruption (OCRC), au parquet, dans un
        service extĂ©rieur, chez le directeur rĂ©gional, au cabinet du ministre, Ă  la cellule d’audit interne, chez le
        médiateur fédéral, au service interne pour la prévention et la protection du travail, auprÚs des syndicats, au
        contact center, voire Ă  la Cour des comptes, etc.
52
        SPF Finances, Rapport KLAPLA, 94 p.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 26




demander une mesure administrative de protection, telle un déplacement temporaire. Le
vade-mecum insiste pour que les supérieurs hiérarchiques veillent particuliÚrement à
l’accueil des informations qui leur sont communiquĂ©es.
La Cour des comptes souligne cependant que cette procĂ©dure spĂ©cifique Ă  l’Administration
gĂ©nĂ©rale des douanes et accises ne rĂ©pond pas au besoin d’un dispositif gĂ©nĂ©ral de
dénonciation des illégalités et irrégularités. Seules les plaintes pour corruption à adresser
au procureur du Roi conformĂ©ment Ă  l’article 29 du code d’instruction criminelle sont
visées ici.
La Cour recommande dĂšs lors que, faute de lĂ©gislation en la matiĂšre, l’autoritĂ© envisage un
dispositif de réception et de traitement des plaintes, internes et externes. Ce dispositif doit
prendre en compte – comme le vade-mecum de l’Administration des douanes et accises – la
nĂ©cessaire protection de l’agent dĂ©nonciateur, ainsi que prĂ©voir des mesures de sanction
contre les dénonciations abusives.
6.1.4 Législation fédérale
Parmi ses missions, le Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administratives a Ă©tĂ© chargĂ© de
concevoir un systÚme pour dénoncer les comportements déontologiquement inacceptables.
Un texte en matiĂšre de whistleblowing (dĂ©clenchement d’alerte) a Ă©tĂ© finalisĂ© fin juin 2011,
                                                                                   53
et a été intégré à la proposition de loi des sénateurs Wouter Beke et consorts . Cette
proposition est actuellement Ă  l’examen en commission de l’IntĂ©rieur et des Affaires
                        54
administratives du SĂ©nat .

6.2   Identifications par le service d’encadrement ICT
Le service ICT est en mesure de détecter les utilisations abusives des applications. En effet,
le systÚme IAM, évoqué au point 5.3, permet de tracer les accÚs des agents. Le service ICT
effectue les traçages uniquement sur demande. C’est la cellule Privacy qui analyse les
demandes ; elles sont aussi bien internes qu’externes au SPF Finances.

6.3   Conclusions
Le SPF Finances ne possĂšde pas d’organe dĂ©signĂ© pour rĂ©ceptionner, traiter et assurer le
suivi des plaintes que citoyens ou membres du personnel souhaiteraient formuler contre
des agissements d’un agent du SPF. Il n’existe donc pas non plus de donnĂ©es globales
relatives aux plaintes et dénonciations. Cette information constitue pourtant un
instrument de gestion indispensable pour maßtriser cette procédure.
Conformément aux normes internationales en la matiÚre, la Cour des comptes
recommande de mettre en place une procédure adaptée pour gérer les plaintes. Cette
procédure doit prévoir des mesures pour protéger le dénonciateur (anonymat, changement
                                                                55
de service
) et des mesures Ă  l’égard des dĂ©nonciations abusives . Elle pourrait faire l’objet
d’une lĂ©gislation fĂ©dĂ©rale, Ă  partir du texte dĂ©jĂ  Ă©laborĂ© au Bureau d’éthique et de
déontologie administratives du SPF Budget et ContrÎle de gestion.


53
        Doc. parl., SĂ©nat, 5 octobre 2011, DOC 5 217/2, Proposition de loi modifiant la loi du 22 mars 1995 instaurant
        des mĂ©diateurs fĂ©dĂ©raux, afin d’assurer une protection lĂ©gale aux fonctionnaires qui dĂ©noncent des
        irrégularités, amendements n° 1 & 2 de M. Beke et consorts.
54
        Chambre, 25 janvier 2012, CRABV 53 COM 372, p. 1-2.
55
        Dans son rapport sur les plaintes, la cellule d’audit interne des administrations fiscales a suggĂ©rĂ© de maniĂšre
        assez concrùte la mise en place d’un systùme de gestion des plaintes. Cette recommandation pratique
        pourrait ĂȘtre envisagĂ©e par l’autoritĂ©.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 27




CHAPITRE 7


Procédures de correction
Les normes internationales préconisent que des procédures et des sanctions appropriées
existent en cas de comportement fautif.

7.1   Dispositif légal et réglementaire

Le rĂ©gime disciplinaire est dĂ©crit aux articles 77 Ă  95bis de l’arrĂȘtĂ© royal du 2 octobre 1937
portant le statut des agents de l’État. Le 10 dĂ©cembre 2010, le service d’encadrement P&O a
adressé une note relative à ce régime à tous les chefs de service de toutes les
                56
administrations . Cette note rappelle aux supérieurs hiérarchiques compétents en la
matiÚre les procédures à suivre et les délais à respecter pour le traitement des dossiers.

7.2   Pratique dans les administrations fiscales

Une task force pour la procédure disciplinaire a été créée en 2006 au sein de
l’administration centrale. Elle Ă©tait composĂ©e de fonctionnaires reprĂ©sentant chacun une
administration du SPF Finances. Elle se réunissait en fonction des dossiers qui lui étaient
soumis et vérifiait que la procédure disciplinaire avait été respectée, surtout au niveau des
dĂ©lais. Cette task force s’assurait de la proportionnalitĂ© de la peine et comparait les faits
avec d’autres dossiers aux circonstances similaires, pour garantir une application uniforme
des peines.
Depuis la rĂ©organisation du service d’encadrement Personnel et Organisation, en mai 2011,
un service unique est désormais chargé de traiter tous les dossiers disciplinaires du
             57
SPF Finances .
Le dossier disciplinaire est ensuite soumis au comité de direction pour décision.
Le SPF Finances ne tient pas de statistiques des procédures disciplinaires initiées en son
    58
sein .

7.3   Conclusions

La Cour des comptes constate que le SPF ne répertorie pas systématiquement les
procĂ©dures disciplinaires (nombre, issue, durĂ©e
). Faute d’un tel instrument de pilotage, le
SPF n’est pas en mesure d’évaluer l’impact et l’efficacitĂ© de la procĂ©dure en question.




56
        Cette note de service (+ une annexe donnant un aperçu des supérieurs hiérarchiques compétents pour
        formuler la proposition provisoire de peine disciplinaire) ainsi que les coordonnées de la personne de contact
        sur ce sujet a Ă©tĂ© placĂ©e sur l’intranet du service P&O le 29 juin 2011.
57
        Cette procĂ©dure rĂ©cente n’a pas pu ĂȘtre auditĂ©e par la Cour.
58
        À la demande de la Cour des comptes cependant, l’administration a inventoriĂ© les dossiers disciplinaires
        de 2006 à début 2011.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 28




CHAPITRE 8


Recommandations
En conclusion, la Cour des comptes formule les recommandations suivantes pour améliorer
divers aspects de la politique de l’intĂ©gritĂ© dans les administrations fiscales :
      Les normes applicables aux administrations fiscales en matiĂšre d’intĂ©gritĂ©
       devraient faire l’objet d’un inventaire afin de pouvoir en faire une synthùse utile
       aux collaborateurs.

      Le code dĂ©ontologique du SPF Finances devrait ĂȘtre finalisĂ© afin de prĂ©senter les
       valeurs et principes éthiques du SPF, en fonction des métiers spécifiques des
       administrations fiscales. Ce code devrait ĂȘtre signĂ© par tout agent du SPF, qui
       déclare ainsi en avoir pris connaissance. Il devrait en outre bénéficier de modalités
       de publicitĂ© adaptĂ©es et pourrait ĂȘtre l’occasion d’une formation participante pour
       susciter l’adhĂ©sion des agents. Il est Ă©galement important que l’administration
       veille à suivre la maniùre dont ce code s’applique dans les services.

      La Cour des comptes recommande de mettre Ă  disposition de chaque
       administration fiscale des moyens suffisants pour enquĂȘter en cas de soupçons
       d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© et d’intensifier la coordination entre les diffĂ©rents acteurs
       chargĂ©s de mettre en Ɠuvre certains aspects de la politique de l’intĂ©gritĂ©.

      L’administration devrait proposer Ă  chaque collaborateur, dĂšs son engagement et
       quel que soit son grade ou son statut, des formations relatives Ă  l’intĂ©gritĂ©. Ces
       formations devraient par ailleurs ĂȘtre adaptĂ©es Ă  la situation de chacun et Ă©voluer
       avec la carriĂšre du fonctionnaire.

      Le SPF devrait dĂ©dier Ă  court terme un espace sur l’intranet aux questions
       d’intĂ©gritĂ©. Cet espace reprendrait les normes en vigueur (code de dĂ©ontologie ICT,
       rÚglement de travail, code déontologique du SPF...), les personnes de référence, le
       renvoi vers les services plus spécialisés dans tel ou tel aspect de la politique de
       l’intĂ©gritĂ©, des liens externes, Ă©ventuellement un espace de discussion plus
       interactif oĂč les agents pourraient poser des questions et demander conseil.

      Le SPF Finances devrait mener des Ă©valuations ciblĂ©es sur l’adhĂ©sion de ses agents
       aux normes d’intĂ©gritĂ© spĂ©cifiques du SPF. Ces enquĂȘtes propres pourraient se
       dĂ©rouler pĂ©riodiquement (par exemple, lors de l’introduction du nouveau code de
       dĂ©ontologie, puis quelques annĂ©es plus tard). Elles devraient faire l’objet d’un feed-
       back circonstancié auprÚs des agents.

      La sĂ©paration de fonctions, dĂ©jĂ  assez largement rĂ©pandue dans les administrations
       fiscales, devrait ĂȘtre concrĂ©tisĂ©e et renforcĂ©e dans certains secteurs ou processus
       importants, suivant l’ampleur des risques identifiĂ©s par le SPF.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 29




   En matiĂšre d’ICT, l’intĂ©gration dans le systĂšme IAM des applications anciennes
    censĂ©es perdurer devrait ĂȘtre poursuivie. Ce systĂšme assure en effet une sĂ©curitĂ©
    adéquate dans les accÚs et permet un traçage efficace des pratiques informatiques
    non conformes.

   En matiĂšre de cumul, la Cour des comptes recommande que l’administration
    sensibilise les cadres opérationnels à ce risque particulier (par des formations
    adaptĂ©es ou des directives claires). Cela permettra d’optimaliser l’application de
    cette norme sur le terrain.

   La problĂ©matique du conflit d’intĂ©rĂȘts devrait ĂȘtre prise en charge de maniĂšre plus
    approfondie : une dĂ©claration d’intĂ©rĂȘt devrait ĂȘtre faite de maniĂšre systĂ©matique
    lors de l’engagement d’un nouvel agent, puis Ă  intervalle rĂ©gulier et lors de toute
    nouvelle affectation.

   La Cour des comptes recommande la mise en place d’un dispositif de gestion des
    plaintes, internes et externes, en matiĂšre d’intĂ©gritĂ© (rĂ©ception, traitement et
    suivi). Ce dispositif devrait prévoir des mesures tant pour protéger le dénonciateur
    qu’à l’égard des dĂ©nonciations abusives.

   Pour gĂ©rer la procĂ©dure disciplinaire avec efficacitĂ©, il s’avĂšre utile que
    l’administration recueille des statistiques sur les procĂ©dures entamĂ©es, celles qui
    ont abouti, les motifs de la procédure, sa durée... En analysant attentivement le
    dĂ©roulement des procĂ©dures, l’autoritĂ© pourrait envisager des modifications afin
    d’amĂ©liorer les objectifs poursuivis.
POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 30




CHAPITRE 9


RĂ©ponse du ministre des Finances
Dans une lettre du 4 juin 2012, le ministre a adressé à la Cour, dans le cadre du débat
contradictoire, des commentaires de différents services du SPF Finances concernés par le
rapport. L’Administration gĂ©nĂ©rale des douanes et accises (AG D&A) y prĂ©cise notamment
la distinction entre les notions d’intĂ©gritĂ© et de dĂ©ontologie (aspect obligatoire des
dispositions pour l’intĂ©gritĂ© et aspect recommandĂ© pour la dĂ©ontologie). L’AG D&A
souligne Ă©galement que, pour dĂ©velopper l’intĂ©gritĂ©, tous les aspects de l’environnement de
contrĂŽle interne doivent Ă©voluer en mĂȘme temps et en harmonie. L’Administration
générale de la lutte contre la fraude fiscale précise, quant à elle, avoir pris récemment des
initiatives pratiques afin de procéder à court terme à une auto-évaluation de
l’environnement de contrîle.
En conclusion, le ministre déclare avoir pris bonne note des remarques et
recommandations formulées par la Cour. Il y portera une attention particuliÚre.
Il existe aussi une version néerlandaise de ce rapport.
Er bestaat ook een Nederlandse versie van dit verslag.




ADRESSE
Cour des comptes
Rue de la RĂ©gence 2
B-1000 Bruxelles

TÉL.
+32 2 551 81 11

FAX
+32 2 551 86 22

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Le rapport de la Cour des Comptes

  • 1. Politique de l’intĂ©gritĂ© dans les administrations fiscales fĂ©dĂ©rales Ce rapport rend compte des rĂ©sultats d’un audit global sur la politique de l’intĂ©gritĂ© dans les cinq administrations fiscales du SPF Finances. L’audit Ă©value les normes, processus et dispositifs mis en place au SPF Finances pour dĂ©finir, promouvoir et faire appliquer les principes de comportement intĂšgre. Il n’a pas pour objet d’évaluer le comportement des agents. Le choix d’auditer la politique de l’intĂ©gritĂ© dans ces administrations est motivĂ© par des risques spĂ©cifiques et par la dimension du SPF Finances en termes de personnel. L’audit ne se base pas sur l’identification prĂ©alable de manquements. Il ne constitue pas non plus un audit de fraude, qui viserait Ă  identifier des atteintes prĂ©cises Ă  l’intĂ©gritĂ© au sein des administrations fiscales. La Cour des comptes dĂ©finit la notion d’intĂ©gritĂ© comme « le fait, pour les pouvoirs publics, tant au niveau de l’organisation que des collaborateurs, d’agir en respectant les normes et valeurs applicables, ainsi que les rĂšgles associĂ©es Ă  ces normes et valeurs ». La politique de l’intĂ©gritĂ© couvre « l’ensemble des instruments [de gestion] visant Ă  promouvoir l’intĂ©gritĂ© des services publics dans leur ensemble et l’action intĂšgre des fonctionnaires, pris individuellement ». La Cour a circonscrit les niveaux d’intervention susceptibles de garantir une intĂ©gritĂ© maximale. Ils ont guidĂ© l’élaboration de ses questions d’audit et structurent les chapitres de ce rapport : ‱ la prĂ©vention, qui comprend un aspect normatif essentiel, Ă  savoir que l’autoritĂ© doit dĂ©finir/prĂ©ciser les valeurs de l’organisation : - le chapitre 2 dĂ©crit les normes internationales et nationales applicables au SPF Finances ; - le chapitre 3 Ă©voque les dĂ©marches entreprises pour promouvoir l’intĂ©gritĂ© au sein du SPF ; - le chapitre 4 Ă©numĂšre les acteurs ; - le chapitre 5 dĂ©taille les dispositifs essentiels pour prĂ©venir les atteintes Ă  l’intĂ©gritĂ© ; ‱ la dĂ©tection (chapitre 6) ; ‱ la rĂ©pression/correction (chapitre 7). Les recommandations de la Cour figurent au chapitre 8. La rĂ©ponse du ministre dans le cadre du dĂ©bat contradictoire est Ă©voquĂ©e au chapitre 9. Ce rapport a Ă©tĂ© adoptĂ© le 20 juin 2012 par l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la Cour des comptes et transmis Ă  la Chambre des reprĂ©sentants. Il est disponible uniquement en version Ă©lectronique sur www.courdescomptes.be.
  • 2. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 2 TABLE DES MATIÈRES AbrĂ©viations 3 Chapitre 1 4 Introduction 4 1.1 Contexte 4 1.2 Audit 5 Chapitre 2 Normes d'intĂ©gritĂ© 8 2.1 Normes internationales 8 2.2 Normes applicables aux dĂ©partements fĂ©dĂ©raux 9 2.3 Normes applicables au SPF Finances 10 2.4 Conclusions 12 Chapitre 3 Promotion de l'intĂ©gritĂ© au SPF Finances 13 3.1 Formations 13 3.2 Intranet 14 3.3 Évaluation de l’adhĂ©sion des agents 14 3.4 Conclusions 15 Chapitre 4 Acteurs de la politique de l'intĂ©gritĂ© 16 4.1 Au niveau fĂ©dĂ©ral 16 4.2 Services communs aux diffĂ©rentes administrations fiscales 16 4.3 Cadres des services opĂ©rationnels 17 4.4 Acteurs propres Ă  chaque administration fiscale 18 4.5 Conclusions 19 Chapitre 5 PrĂ©vention des atteintes Ă  l'intĂ©gritĂ© 20 5.1 Analyses des risques d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© 20 5.2 SĂ©parations de fonctions 20 5.3 Identity and Access Management 21 5.4 SĂ©lection centralisĂ©e des contrĂŽles Ă  effectuer 22 5.5 Rotation des dossiers et/ou des agents 22 5.6 Autorisation des cumuls 22 5.7 PrĂ©vention du conflit d’intĂ©rĂȘts 23 5.8 Conclusions 23 Chapitre 6 DĂ©tection des atteintes Ă  l'intĂ©gritĂ© 25 6.1 DĂ©nonciation des actes illicites 25 6.2 Identifications par le service d’encadrement ICT 26 6.3 Conclusions 26 Chapitre 7 ProcĂ©dures de correction 27 7.1 Dispositif lĂ©gal et rĂ©glementaire 27 7.2 Pratique dans les administrations fiscales 27 7.3 Conclusions 27 Chapitre 8 Recommandations 28 Chapitre 9 RĂ©ponse du ministre des Finances 30
  • 3. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 3 ABRÉVIATIONS AFER Administration de la fiscalitĂ© des entreprises et des revenus AGF Administration gĂ©nĂ©rale de la fiscalitĂ© AG D&A Administration gĂ©nĂ©rale des douanes et accises AR/CIR 92 ArrĂȘtĂ© royal d’exĂ©cution du CIR 92 BEDA Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administratives CAAF ComitĂ© d’audit de l’administration fĂ©dĂ©rale CD Contributions directes CIR 92 Code des impĂŽts sur les revenus 1992 IAM Identity and Access Management ICT Technologie de l’information et de la communication IFA Institut de formation de l’administration fĂ©dĂ©rale Intosai Organisation internationale des institutions supĂ©rieures de contrĂŽle des finances publiques ISI Inspection spĂ©ciale des impĂŽts Isoc ImpĂŽt des sociĂ©tĂ©s Issai International Standards of Supreme Audit Institutions OCRC Office central pour la rĂ©pression de la corruption OMD Organisation mondiale des douanes SPF Service public fĂ©dĂ©ral SPP Service public fĂ©dĂ©ral de programmation TVA Taxe sur la valeur ajoutĂ©e
  • 4. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 4 CHAPITRE 1 Introduction 1.1 Contexte La notion d’intĂ©gritĂ© englobe plusieurs aspects. Elle est en premier lieu liĂ©e au comportement irrĂ©gulier : corruption (corruption passive, corruption active ou corruption privĂ©e), dĂ©tournement, concussion et prise d’intĂ©rĂȘt, autant de notions qui figurent explicitement dans la lĂ©gislation pĂ©nale. Il existe, cependant, aussi des comportements qui ne sont pas directement rĂ©prĂ©hensibles, mais considĂ©rĂ©s comme inappropriĂ©s, parce qu’ils pourraient Ă©veiller une prĂ©somption de partialitĂ©. 1.1.1 Politique de l’intĂ©gritĂ© La Cour des comptes dĂ©finit la notion d’intĂ©gritĂ© comme « le fait, pour les pouvoirs publics, tant au niveau de l’organisation que des collaborateurs, d’agir en respectant les normes et valeurs applicables, ainsi que les rĂšgles associĂ©es Ă  ces normes et valeurs ». La politique de l’intĂ©gritĂ© couvrant « l’ensemble des instruments [de gestion] visant Ă  promouvoir l’intĂ©gritĂ© des services publics dans leur ensemble et l’action intĂšgre des fonctionnaires, pris 1 individuellement » . La Cour a circonscrit les trois niveaux d’intervention susceptibles de garantir une intĂ©gritĂ© maximale. Ils ont guidĂ© l’élaboration de ses questions d’audit et structurent les chapitres de ce rapport :  la prĂ©vention, qui comprend un aspect normatif essentiel (chapitre 2), Ă  savoir que l’autoritĂ© doit dĂ©finir/prĂ©ciser les valeurs de l’organisation (chapitres 3, 4 et 5) ;  la dĂ©tection (chapitre 6) ;  la rĂ©pression/correction (chapitre 7). 1.1.2 Risques pour les administrations fiscales Il est communĂ©ment admis que les administrations fiscales prĂ©sentent un risque particulier par leur champ d’action, qui constitue un domaine de vulnĂ©rabilitĂ© Ă  la fois du point de vue du contrĂŽle et de la perception de l’impĂŽt. Qui plus est, leurs agents sont en contact avec les contribuables. 1.1.3 IntĂ©gritĂ© et contrĂŽle interne 2 L’intĂ©gritĂ© fait partie de l’environnement de contrĂŽle de l’organisation . Cet environnement de contrĂŽle constitue le soubassement du systĂšme de contrĂŽle interne, c’est-Ă -dire l’ensemble structurĂ© des dispositifs de maĂźtrise des processus. Le dispositif rĂ©glementaire en matiĂšre de systĂšme de contrĂŽle interne et d’audit interne dans certains services du pouvoir exĂ©cutif fĂ©dĂ©ral est fixĂ© par trois arrĂȘtĂ©s royaux du 1 Cour des comptes, « Politique de l’intĂ©gritĂ© du pouvoir fĂ©dĂ©ral », 164e Cahier, Volume I, p. 526-551. 2 Selon le rĂ©fĂ©rentiel Coso adoptĂ© pour les services publics de l’administration fĂ©dĂ©rale ; d’autres dimensions sont les compĂ©tences et la formation du personnel (et son Ă©valuation), la structure de l’organisation, l’assignation des responsabilitĂ©s, la stratĂ©gie, le style de management, les moyens et outils de gestion

  • 5. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 5 3 17 aoĂ»t 2007 . C’est sur la base de cette rĂ©glementation, qui constitue Ă©galement un cadre 4 conceptuel, que la politique de l’intĂ©gritĂ© du SPF Finances doit ĂȘtre mise en Ɠuvre . 1.2 Audit 1.2.1 Cadre de l’audit Le prĂ©sent audit de la politique de l’intĂ©gritĂ© dans les administrations fiscales s’inscrit dans le cadre de la mission de contrĂŽle gĂ©nĂ©ral, confiĂ©e Ă  la Cour des comptes, sur les opĂ©rations relatives Ă  l’établissement et au recouvrement des droits acquis par l’État, y compris les 5 recettes fiscales . En 2007, la Cour a dressĂ© un inventaire concis de la politique fĂ©dĂ©rale de l’intĂ©gritĂ© existante, en recueillant des informations auprĂšs de tous les SPF et SPP. Cette enquĂȘte a e 6 fait l’objet d’un article dans le 164 Cahier de la Cour . En 2009, la Cour a publiĂ© les rĂ©sultats d’une enquĂȘte semblable sur la politique de l’intĂ©gritĂ© au sein de certains organismes e 7 fĂ©dĂ©raux dans son 166 Cahier . Le prĂ©sent rapport rend compte des rĂ©sultats d’un audit global sur la politique de l’intĂ©gritĂ© 8 dans les cinq administrations fiscales du SPF Finances . Seules les administrations fiscales ont Ă©tĂ© auditĂ©es en raison des processus qui leur sont propres et des risques d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© spĂ©cifiques qui y sont attachĂ©s. L’administration de la TrĂ©sorerie est dĂšs lors exclue du champ d’investigation. L’audit Ă©value les normes, processus et dispositifs mis en place au SPF Finances pour dĂ©finir, promouvoir et faire appliquer les principes de comportement intĂšgre. Il n’a pas pour objet d’évaluer le comportement des agents. Le choix d’auditer la politique de l’intĂ©gritĂ© dans ces administrations est motivĂ© par des risques spĂ©cifiques (voir le point 1.1.2) et par la dimension du SPF Finances en termes de personnel. L’audit ne se base pas sur l’identification prĂ©alable de manquements. Il ne 3 ArrĂȘtĂ© royal relatif au systĂšme de contrĂŽle interne dans certains services du pouvoir exĂ©cutif fĂ©dĂ©ral ; arrĂȘtĂ© royal relatif aux activitĂ©s d’audit interne dans certains services du pouvoir exĂ©cutif fĂ©dĂ©ral ; arrĂȘtĂ© royal portant crĂ©ation du comitĂ© d’audit de l’administration fĂ©dĂ©rale (CAAF). 4 En matiĂšre de contrĂŽle interne, le SPF Finances a prĂ©cisĂ© qu’un plan de mise en Ɠuvre en matiĂšre de contrĂŽle interne a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©. Un Ă©lĂ©ment de ce plan consiste en une auto-Ă©valuation de l’environnement de contrĂŽle dans tout le SPF. Sur la base de cette auto-Ă©valuation, des initiatives seront dĂ©veloppĂ©es pour amĂ©liorer certains Ă©lĂ©ments de l’environnement de contrĂŽle, par exemple l’intĂ©gritĂ©. 5 Loi du 4 avril 1995 modifiant la loi organique de la Cour des comptes du 29 octobre 1846. 6 Cour des comptes, « Politique de l’intĂ©gritĂ© du pouvoir fĂ©dĂ©ral », 164e Cahier, Volume I, p. 526-551. 7 Cour des comptes, « Politique de l’intĂ©gritĂ© dans certaines organismes fĂ©dĂ©raux », 166e Cahier, Volume I, p. 600-619. 8 Administration gĂ©nĂ©rale de la fiscalitĂ© ; Administration gĂ©nĂ©rale des douanes et accises ; Administration gĂ©nĂ©rale de la perception et du recouvrement ; Administration gĂ©nĂ©rale de la lutte contre la fraude fiscale (anciennement Inspection spĂ©ciale des impĂŽts) ; Administration gĂ©nĂ©rale de la documentation patrimoniale. Ces administrations gĂ©nĂ©rales composent, avec l’Administration gĂ©nĂ©rale de la trĂ©sorerie, le SPF Finances (article 1er de l’arrĂȘtĂ© royal organique des services opĂ©rationnels du SPF Finances du 3 dĂ©cembre 2009). L’article 12 de cet arrĂȘtĂ© prĂ©cise que l’article 1er, notamment, entre en vigueur Ă  la date fixĂ©e par le ministre qui a les Finances dans ses attributions. Bien que l’arrĂȘtĂ© ministĂ©riel en question n’ait jamais Ă©tĂ© publiĂ©, le dĂ©partement est organisĂ© selon cette structure. C’est Ă©galement le cas des services autonomes et des services d’encadrement dĂ©finis dans l’arrĂȘtĂ© royal organique des services autres qu’opĂ©rationnels du SPF Finances du 3 dĂ©cembre 2009.
  • 6. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 6 constitue pas non plus un audit de fraude, qui viserait Ă  identifier des atteintes prĂ©cises Ă  l’intĂ©gritĂ© au sein des administrations fiscales. 1.2.2 Questions et mĂ©thodes d’audit L’audit vise Ă  rĂ©pondre aux six questions ci-dessous : 1. L’administration a-t-elle Ă©laborĂ© un ensemble de normes fixant les rĂšgles gĂ©nĂ©rales de comportement intĂšgre Ă  respecter en son sein, et des normes opĂ©rationnelles spĂ©cifiques pour couvrir les risques particuliers Ă  ses missions de contrĂŽle et de recouvrement ? (chapitre 2) 2. En matiĂšre de politique de prĂ©vention, l’administration dĂ©ploie-t-elle des moyens prĂ©ventifs suffisants pour Ă©viter des atteintes Ă  l’intĂ©gritĂ© ? (chapitres 3 et 5) 3. Les diffĂ©rents acteurs, internes Ă  l’administration, chargĂ©s de mener une politique de l’intĂ©gritĂ© sous ses diffĂ©rents aspects (prĂ©vention, dĂ©tection, correction) sont-ils clairement identifiĂ©s et responsabilisĂ©s, et leurs actions sont-elles coordonnĂ©es ? (chapitre 4) 4. L’administration dispose-t-elle d’un ensemble de procĂ©dures suffisamment efficaces pour dĂ©celer les atteintes Ă  l’intĂ©gritĂ© ? (chapitre 6) 5. L’administration dispose-t-elle de procĂ©dures suffisamment efficaces pour corriger, voire sanctionner, les comportements non conformes aux principes d’intĂ©gritĂ© ? (chapitre 7) 6. L’administration s’assure-t-elle que les membres du personnel adhĂšrent majoritairement aux valeurs dĂ©ontologiques gĂ©nĂ©rales de la fonction publique fĂ©dĂ©rale et aux normes plus spĂ©cifiques liĂ©es aux missions des administrations fiscales ? (fin du chapitre 3) Les mĂ©thodes d’audit employĂ©es sont les suivantes :  entretiens avec des fonctionnaires de l’administration centrale et des services extĂ©rieurs chargĂ©s plus particuliĂšrement de mettre en Ɠuvre certains aspects de la politique de l’intĂ©gritĂ© ;  questionnaires adressĂ©s aux cinq administrations fiscales, au service d’encadrement Personnel et Organisation (P&O) et au service d’encadrement Technologie de l’information et de la communication (ICT) ;  entretiens avec un directeur rĂ©gional et un chef de service par administration fiscale, afin de connaĂźtre la perception de leur rĂŽle en matiĂšre de politique de l’intĂ©gritĂ© ;  analyse des instructions, circulaires, manuels, commentaires administratifs, de l’intranet du SPF...
  • 7. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 7 1.2.3 Calendrier d’audit 8 dĂ©cembre 2010 Lettre annonçant l’audit au ministre des Finances et au prĂ©sident par intĂ©rim du comitĂ© de direction du SPF Finances De janvier Ă  septembre 2011 RĂ©alisation de l’audit 22 fĂ©vrier 2012 Envoi de l’avant-projet de rapport au prĂ©sident du comitĂ© de direction 23 mars 2012 RĂ©ponse du prĂ©sident du comitĂ© de direction 25 avril 2012 Envoi du projet de rapport au ministre des Finances 4 juin 2012 RĂ©ponse du ministre des Finances
  • 8. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 8 CHAPITRE 2 Normes d'intĂ©gritĂ© Des normes d’intĂ©gritĂ© sont Ă©tablies Ă  plusieurs niveaux. Des organismes internationaux peuvent ainsi produire des instruments juridiques ou des lignes directrices en la matiĂšre. Au niveau fĂ©dĂ©ral, la lĂ©gislation dĂ©finit les rĂšgles de comportement applicables aux agents de l’administration, au sein de ses dĂ©partements. Chaque dĂ©partement, SPF ou autre organisme public, peut dĂ©velopper des normes spĂ©cifiques si elles font dĂ©faut dans le dispositif lĂ©gislatif et rĂ©glementaire ou si elles s’imposent en raison des processus particuliers Ă  exĂ©cuter. 2.1 Normes internationales 2.1.1 Nations unies 9 La convention des Nations unies contre la corruption est le premier instrument de droit international Ă©laborĂ© au sein des Nations unies pour lutter contre la corruption sous tous ses aspects. La Belgique l’a signĂ©e le 10 dĂ©cembre 2003. Par cette convention, en vigueur depuis le 14 dĂ©cembre 2005, les États s’engagent notamment Ă  dĂ©noncer la corruption passive et active des agents publics nationaux et le dĂ©tournement de biens par ces mĂȘmes agents. 2.1.2 OCDE Dans le domaine spĂ©cifique des administrations fiscales, l’OCDE a publiĂ© en 2009 un manuel de sensibilisation Ă  la corruption Ă  l’intention des contrĂŽleurs des impĂŽts. Son but est notamment d’apporter des outils pour identifier les malversations impliquant des 10 agents publics, dans un contexte international et national . Le 23 avril 1998, le conseil de l’OCDE a adoptĂ© la recommandation C(98)70 sur 11 l’amĂ©lioration du comportement Ă©thique dans le service public . 2.1.3 Conseil de l'Europe Le Conseil de l’Europe lutte depuis le dĂ©but des annĂ©es 1980 contre le crime Ă©conomique. er 12 Le 1 mai 1999, le Conseil a crĂ©Ă© le Groupe d’États contre la corruption (Greco ) pour veiller au respect par les États membres de ses normes anticorruption. La recommandation n° R(2000)10 du 11 mai 2000 du comitĂ© des ministres du Conseil de l’Europe sur les codes de conduite pour les agents publics est un instrument juridique 13 concernant plus prĂ©cisĂ©ment l’intĂ©gritĂ© dans le secteur public . 9 Nations unies, Convention des Nations unies contre la corruption, 31 octobre 2003, www.unodc.org/pdf/crime/convention_corruption/signing/Convention_f.pdf. 10 OCDE, Manuel OCDE de sensibilisation Ă  la corruption Ă  l’intention des contrĂŽleurs des impĂŽts, 2009, www.oecd.org/dataoecd/19/42/37131874.pdf. 11 OCDE, Recommandation du Conseil sur l'amĂ©lioration du comportement Ă©thique dans le service public incluant les principes propres Ă  favoriser la gestion de l'Ă©thique dans le service public, 23 avril 1998, http://acts.oecd.org/Instruments/ShowInstrumentView.aspx?InstrumentID=129&Lang=fr&Book=False. 12 Conseil de l’Europe, À propos du Greco, www.coe.int/t/dghl/monitoring/greco/general/about_fr.asp.
  • 9. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 9 14 2.1.4 Organisation mondiale des douanes L’Organisation mondiale des douanes (OMD), dont la Belgique est membre, Ă©labore depuis des annĂ©es des normes dĂ©ontologiques. DĂšs 1993, la dĂ©claration d’Arusha – rĂ©visĂ©e et dĂ©taillĂ©e en 2003 – a ainsi fixĂ© un certain nombre de principes gĂ©nĂ©raux et de dispositifs opĂ©rationnels (cloisonnement stratĂ©gique des fonctions, rotation des effectifs, rĂ©partition alĂ©atoire des vĂ©rifications
). C’est notamment sous l’impulsion de l’OMD que l’AG D & A a dĂ©veloppĂ© un certain nombre de projets propres en matiĂšre d’intĂ©gritĂ© (vade-mecum et formations, voir les points 3.1.2 et 6.1.3). 2.1.5 Intosai L'Organisation internationale des institutions supĂ©rieures de contrĂŽle des finances publiques (Intosai) est l’organisation qui regroupe les organismes de contrĂŽle externe des finances publiques. Deux documents de l’Intosai concernent plus particuliĂšrement la problĂ©matique de l’intĂ©gritĂ© :  15 un code Ă©thique , de 1998, dĂ©finissant les devoirs des auditeurs du secteur public ;  les lignes directrices de 2004 sur les normes de contrĂŽle interne Ă  promouvoir dans 16 le secteur public , dans lesquelles l’aspect Ă©thique a Ă©tĂ© ajoutĂ© par rapport aux lignes directrices prĂ©cĂ©dentes (de 1992) ; la prise en compte de cet aspect nouveau dans les objectifs du contrĂŽle interne se justifiait en effet par l’attention accrue portĂ©e, depuis le dĂ©but des annĂ©es nonante, au comportement Ă©thique, ainsi qu’à la prĂ©vention et Ă  la dĂ©tection de la fraude dans le secteur public. 2.2 Normes applicables aux dĂ©partements fĂ©dĂ©raux 2.2.1 L'intĂ©gritĂ©, un point d'attention au niveau fĂ©dĂ©ral La problĂ©matique de l’intĂ©gritĂ© a retenu l’attention du gouvernement fĂ©dĂ©ral belge. Ainsi, l’accord de gouvernement de juillet 2003 entendait « dĂ©velopper une politique de sensibilisation et d’information Ă  destination des agents quant Ă  l’importance des dispositions formant le statut des agents de l’État, et en particulier sur leurs droits et devoirs vis-Ă -vis de l’autoritĂ© ». Pour mieux coordonner cette politique et harmoniser les actions, un service spĂ©cialisĂ© – le Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administratives (BEDA) – a alors Ă©tĂ© instaurĂ© sous l’autoritĂ© du SPF Budget et ContrĂŽle de la gestion. Le 30 juin 2006, le conseil des ministres a approuvĂ© les orientations et les propositions de politique de l’intĂ©gritĂ© prĂ©ventive fĂ©dĂ©rale. Dans ce cadre, les recommandations 13 Conseil de l’Europe, Recommandation n° R (2000)10 du comitĂ© des ministres aux États membres sur les codes de conduite pour les agents publics, 11 mai 2000, www.coe.int/t/dghl/monitoring/greco/documents/Rec(2000)10_FR.pdf. 14 Voir www.wcoomd.org. 15 Norme ISSAI 30. 16 Intosai GOV 9100.
  • 10. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 10 internationales relatives aux conflits d’intĂ©rĂȘts ont notamment Ă©tĂ© transposĂ©es dans la 17 rĂ©glementation applicable Ă  la fonction publique administrative fĂ©dĂ©rale . 2.2.2 Statut des agents de l’État L’arrĂȘtĂ© royal du 2 octobre 1937, modifiĂ© Ă  de nombreuses reprises, contient les dispositions de base applicables aux agents de l’État. Le changement introduit par l’arrĂȘtĂ© royal du 14 juin 2007 portant modification de diverses dispositions rĂ©glementaires a notamment remodelĂ© le chapitre consacrĂ© aux droits et obligations du personnel de l’État. Ces dispositions s’appliquent aux agents statutaires. Les agents contractuels sont, quant Ă  eux, soumis aux dispositions gĂ©nĂ©rales de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail. 2.2.3 Code pĂ©nal Parce qu’il prohibe certains comportements spĂ©cifiques aux personnes qui exercent une fonction publique, le code pĂ©nal constitue Ă©galement une norme d’application gĂ©nĂ©rale. La loi du 10 fĂ©vrier 1999 relative Ă  la rĂ©pression de la corruption y a introduit des nouvelles dispositions en matiĂšre de dĂ©tournement, de concussion, de prise d’intĂ©rĂȘt et de corruption. 2.2.4 Cadre dĂ©ontologique des agents de la fonction publique administrative fĂ©dĂ©rale La circulaire n°573 du 17 aoĂ»t 2007 fixe le cadre dĂ©ontologique des agents de la fonction publique administrative fĂ©dĂ©rale (Moniteur belge du 27 aoĂ»t 2007). Ce cadre a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© par le Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administratives, en collaboration avec un groupe d’avis constituĂ© de reprĂ©sentants des divers services publics. Le cadre dĂ©ontologique explicite les valeurs et rĂšgles de comportement du statut des agents de l’État. 2.3 Normes applicables au SPF Finances 2.3.1 RĂšglement de travail Au dĂ©part, la loi du 8 avril 1965 instituant les rĂšglements de travail ne prescrit leur 18 existence que dans le secteur privĂ©. Depuis sa modification par la loi du 18 dĂ©cembre 2002 , les rĂšglements de travail sont toutefois obligatoires dans les administrations publiques Ă  er partir du 1 juillet 2003. Un rĂšglement de travail est un document qui reprend une sĂ©rie d’informations, Ă©numĂ©rĂ©es er Ă  l’article 6, § 1 , de la loi, relatives aux conditions de travail (mode de rĂ©munĂ©ration, durĂ©e de travail, pĂ©nalitĂ©s et manquements
). Le SPF Finances ne dispose pas de rĂšglement de travail Ă  ce jour. Plusieurs projets ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s, sans aboutir Ă  un accord avec les syndicats. 17 ArrĂȘtĂ© royal du 14 juin 2007 portant modification de diverses dispositions rĂ©glementaires. 18 Loi modifiant la loi du 8 avril 1965 instituant les rĂšglements de travail, qui transpose en droit belge, pour tout le secteur public, la directive 91/533/CEE du Conseil de l'Union europĂ©enne, du 14 octobre 1991, relative Ă  l’obligation de l’employeur d’informer le travailleur des conditions applicables au contrat ou Ă  la relation de travail.
  • 11. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 11 2.3.2 Projet de code dĂ©ontologique du SPF Finances En 2010, un groupe de travail a Ă©tĂ© chargĂ© de rĂ©diger un code dĂ©ontologique relatif aux droits et devoirs des agents du SPF Finances. Cette initiative Ă©tait notamment motivĂ©e par la dispersion des normes relatives Ă  l’intĂ©gritĂ© et par la nĂ©cessitĂ© d’en faire une synthĂšse. Le projet de code dĂ©ontologique adopte une position claire sur plusieurs points qui pouvaient faire dĂ©bat parmi les agents du SPF Finances, comme l’interdiction d’accepter une invitation Ă  un repas ou un cadeau de quelque valeur que ce soit de la part d’un 19 contribuable/redevable . Le comitĂ© de direction du SPF Finances a procĂ©dĂ© Ă  une premiĂšre lecture du projet de code dĂ©ontologique le 8 juillet 2011. Les travaux du groupe de travail ont Ă©tĂ© suspendus pour quelques mois. En effet, le Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administrative a entamĂ© des discussions au niveau interdĂ©partemental. Son objectif est de revoir si nĂ©cessaire les dispositions du cadre dĂ©ontologique des agents de la fonction publique administrative 20 fĂ©dĂ©rale . Puisque les rĂšgles de conduite particuliĂšres (par exemple, au SPF Finances) ne peuvent pas dĂ©roger Ă  ce cadre fĂ©dĂ©ral, le groupe de travail a estimĂ© indiquĂ© d’attendre le nouveau texte. DĂšs qu’il aura Ă©tĂ© publiĂ© au Moniteur, le groupe de travail reprendra ses activitĂ©s. Il adaptera au besoin le projet de code dĂ©ontologique propre au dĂ©partement. Une fois approuvĂ© par le comitĂ© de direction du SPF Finances, le projet de code dĂ©ontologique devra ĂȘtre encore soumis, pour avis, au Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administratives, aux ministres de la Fonction publique et du Budget et aux syndicats. Quand le comitĂ© de direction du SPF Finances aura approuvĂ© une version dĂ©finitive du code dĂ©ontologique, chaque membre du personnel ou collaborateur du SPF Finances sera invitĂ© Ă  en prendre connaissance et Ă  le signer. Le code est d’ailleurs rĂ©digĂ© Ă  la premiĂšre personne du singulier, pour souligner l’engagement du signataire. 2.3.3 Code de dĂ©ontologie ICT Le service d’encadrement ICT a finalisĂ© un code de dĂ©ontologie en 2008. Ce code ICT s’applique Ă  tout agent du SPF Finances, ainsi qu’à tout collaborateur externe. Son objectif consiste Ă  donner aux utilisateurs du SPF des lignes de conduite explicites relatives Ă  l’utilisation des technologies de l’information et de la communication pour l’exercice de leurs missions particuliĂšres. Le code ICT est facilement accessible sur l’intranet du SPF Finances. La Cour des comptes estime que le code de dĂ©ontologie ICT dĂ©finit de maniĂšre adĂ©quate les devoirs du personnel en cette matiĂšre. L’existence de ce code est un acquis essentiel de la politique de l’intĂ©gritĂ© au SPF Finances. La Cour constate cependant qu’il n’a pas Ă©tĂ© prĂ©vu d’assurer un suivi de l’application de ce 21 code et de sa perception par le personnel . L’introduction du code prĂ©voit Ă©galement qu’il soit rĂ©guliĂšrement revu, et remaniĂ© au besoin ; Ă  ce jour, aucune Ă©valuation n’a Ă©tĂ© menĂ©e ni programmĂ©e. 19 Cette position rejoint l’article 7 du code international de conduite des agents de la fonction publique annexĂ© Ă  la rĂ©solution des Nations unies du 12 dĂ©cembre 1996 relative Ă  la lutte contre la corruption. 20 Le point 38 du cadre dĂ©ontologique prĂ©voit que ses dispositions soient Ă©valuĂ©es au moins tous les quatre ans. 21 Tout utilisateur doit dĂ©clarer en avoir pris connaissance lors de sa premiĂšre connexion Ă  l’intranet du SPF Finances (case Ă  cocher). À dĂ©faut, il n’a pas/plus accĂšs Ă  l’intranet.
  • 12. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 12 2.3.4 Autres normes applicables Ă  tout le SPF Finances La nouvelle rĂ©glementation en matiĂšre d’autorisation de cumuls et de conflits d’intĂ©rĂȘts a Ă©tĂ© introduite dans le statut des agents de l’État par l’arrĂȘtĂ© royal prĂ©citĂ© du 14 juin 2007. Une note du 11 mars 2008 destinĂ©e Ă  tous les membres du personnel prĂ©sente les nouvelles dispositions et la procĂ©dure Ă  appliquer pour obtenir une autorisation de cumul ou un avis sur un possible conflit d’intĂ©rĂȘts. 2.4 Conclusions La Cour des comptes constate qu’il existe une diversitĂ© de normes applicables aux administrations fiscales en matiĂšre d’intĂ©gritĂ©. Un inventaire n’en a toutefois pas Ă©tĂ© Ă©tabli. L’administration n’est dĂšs lors pas en mesure d’en faire une synthĂšse utile aux collaborateurs, de coordonner ce qui existe, de dĂ©clarer caduc ce qui est redondant ou ce qui n’est plus d’actualitĂ©. La rĂ©daction d’un code dĂ©ontologique pour tout le SPF Finances sera une avancĂ©e dans l’évolution de la politique de l’intĂ©gritĂ© au sein du SPF. À cĂŽtĂ© des normes plus contraignantes du rĂšglement de travail, il est nĂ©cessaire de disposer d’un ensemble de principes gĂ©nĂ©raux, dĂ©clinĂ©s en cas pratiques, selon les missions particuliĂšres du SPF. S’inspirant nĂ©cessairement du cadre dĂ©ontologique de la fonction publique administrative fĂ©dĂ©rale, le code dĂ©ontologique propre au SPF devra s’attacher Ă  rĂ©pondre aux questions de ses agents sur le caractĂšre autorisĂ© ou non d’un comportement dans le cadre de leur mĂ©tier spĂ©cifique. C’est pourquoi la Cour des comptes estime essentiel que l’administration veille Ă  suivre, aprĂšs sa diffusion, la maniĂšre dont le code dĂ©ontologique est appliquĂ© dans les services.
  • 13. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 13 CHAPITRE 3 Promotion de l'intĂ©gritĂ© au SPF Finances Pour faire connaĂźtre les normes d’intĂ©gritĂ© existantes Ă  ses agents et, plus globalement, stimuler la responsabilisation en matiĂšre d’intĂ©gritĂ©, le SPF Finances doit mettre en place des instruments adaptĂ©s. 22 Ce chapitre aborde deux moyens de promouvoir l’intĂ©gritĂ© : les formations et l’intranet . Il Ă©voque aussi la nĂ©cessaire Ă©valuation de l’adhĂ©sion des agents aux valeurs de l’organisation, car l’aspect prĂ©ventif d’une politique de l’intĂ©gritĂ© doit pouvoir s’appuyer sur une connaissance suffisante de cette adhĂ©sion. 3.1 Formations 23 Comme le rappelle l’OCDE dans une Ă©tude sur l’éthique dans le service public , l’éducation et la formation aux valeurs Ă©thiques est primordiale. On distingue les formations initiales, Ă  destination des stagiaires, et les formations continues, en cours de carriĂšre. 3.1.1 Formation initiale des fonctionnaires stagiaires Quels que soient son grade et son affectation au SPF Finances, chaque stagiaire suit une formation polyvalente de sept jours. Par ailleurs, Ă  la fin de leur stage, les agents de niveau A et B sont invitĂ©s Ă  participer Ă  une journĂ©e d’étude « anti-corruption ». La Cour des comptes estime que cette formation destinĂ©e aux stagiaires est importante pour les initier aux valeurs d’intĂ©gritĂ©. DispensĂ©e en fin de stage, lorsque les agents ont dĂ©jĂ  pu ĂȘtre confrontĂ©s Ă  des situations concrĂštes, elle devrait sans doute ĂȘtre prĂ©cĂ©dĂ©e d’une formation dĂšs l’engagement. En effet, les notions abordĂ©es doivent ĂȘtre assimilĂ©es le plus tĂŽt possible, car le stagiaire pourrait ĂȘtre confrontĂ© Ă  des problĂ©matiques liĂ©es Ă  l’intĂ©gritĂ© dĂšs les premiers jours. La Cour des comptes constate en outre que ces formations ne sont pas organisĂ©es pour les nouveaux agents contractuels, alors que leurs affectations – et les risques d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© qui y sont associĂ©s – sont similaires. 3.1.2 Formations en cours de carriĂšre 24 Les formations spĂ©cifiques en matiĂšre d’intĂ©gritĂ© sont presque inexistantes . Il faut cependant souligner l’initiative de l’Administration des douanes et accises en matiĂšre de formation. En collaboration avec l’universitĂ© et la Hogeschool de Gand et 22 La promotion de l’intĂ©gritĂ© comprend Ă©galement d’autres aspects. L’administration a notamment Ă©voquĂ© une rĂ©cente formation de grande ampleur en matiĂšre de leadership, qui contient un volet « valeurs et Ă©thique ». 23 OCDE, L’éthique dans le service public, Questions et pratiques actuelles n° 14, Études hors sĂ©rie sur la gestion publique, 3 dĂ©cembre 1996. 24 En particulier, il n’y a pas eu de formation relative au code de dĂ©ontologie ICT (ou Ă  ses annexes plus techniques). MĂȘme si celui-ci Ă©tait clairement formulĂ©, il aurait pu ĂȘtre utile de proposer une explicitation facultative de certains points, ou une sĂ©ance de questions/rĂ©ponses.
  • 14. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 14 l’universitĂ© de LiĂšge, cette administration a organisĂ© une journĂ©e Ă  laquelle a pris part la 25 quasi-totalitĂ© de son personnel , y compris l’administrateur gĂ©nĂ©ral et le management supĂ©rieur. Cette formation Ă©tait orientĂ©e sur la prĂ©vention des actes de corruption et la sensibilisation au sujet. En outre, toujours Ă  l’Administration des douanes et accises, une formation obligatoire d’une journĂ©e traitant du contrĂŽle interne, du code de dĂ©ontologie et de la procĂ©dure disciplinaire a Ă©tĂ© dispensĂ©e Ă  tous les agents de niveau A. 3.2 Intranet Le fonctionnaire qui consulte la page d’accueil de l’intranet du SPF ne peut pas accĂ©der par un lien direct aux informations relatives Ă  l’intĂ©gritĂ© (lĂ©gislation, circulaires 26 administratives, personnes de contact
) . Ces informations sont dispersĂ©es sur les diffĂ©rents sites. Il n’existe pas de foire aux questions ni de forum dĂ©diĂ© aux problĂ©matiques diverses de l’intĂ©gritĂ©. Il en va de mĂȘme pour les sites propres des administrations, Ă  l’exception de l’Administration gĂ©nĂ©rale des douanes et accises. 3.3 Évaluation de l’adhĂ©sion des agents Pour Ă©valuer l’impact de sa politique de l’intĂ©gritĂ© et dĂ©finir des pratiques de prĂ©vention 27 adaptĂ©es , il est recommandĂ© qu’une administration Ă©value l’adhĂ©sion de ses collaborateurs Ă  ses valeurs. Le SPF Finances n’a pas Ă©valuĂ© l’adhĂ©sion de ses agents aux principes d’intĂ©gritĂ© dĂ©finis, par exemple, dans le cadre dĂ©ontologique des agents de la fonction publique administrative fĂ©dĂ©rale. Le SPF Finances participe, aprĂšs d’autres SPF, Ă  une enquĂȘte de la Katholieke Universiteit Leuven (KUL) sur l’intĂ©gritĂ© au travail dans la fonction publique fĂ©dĂ©rale. Cette enquĂȘte est basĂ©e essentiellement sur un questionnaire auquel tout collaborateur a Ă©tĂ© invitĂ© Ă  rĂ©pondre en octobre-novembre 2011. Son objectif principal est d’inventorier des problĂšmes 28 ou des points sensibles . Cette enquĂȘte pourra avoir – c’est un de ses objectifs dĂ©clarĂ©s – un effet de sensibilisation au sein des SPF. Le SPF Finances devrait profiter de cette enquĂȘte pour orienter, dans son prolongement, certains aspects de sa politique, notamment sur le plan prĂ©ventif. L’enquĂȘte de la KUL a Ă©tĂ© adressĂ©e Ă  toutes sortes d’organisations de la fonction publique administrative fĂ©dĂ©rale. Elle est nĂ©cessairement gĂ©nĂ©raliste et ne prend pas en considĂ©ration les particularitĂ©s des mĂ©tiers des administrations fiscales. La Cour des comptes estime, dĂšs lors, que des Ă©valuations plus ciblĂ©es sur l’adhĂ©sion aux normes spĂ©cifiques des administrations fiscales devraient Ă©galement ĂȘtre menĂ©es. 25 Sont exemptĂ©s les fonctionnaires de 58 ans ou plus et les contractuels Ă  durĂ©e dĂ©terminĂ©e. 26 Comme soulignĂ© plus haut, le code de dĂ©ontologie ICT est, par contre, aisĂ©ment accessible Ă  partir de la page d’accueil de l’intranet du SPF. 27 Le Conseil de l’Europe, dans son code-modĂšle de conduite pour les agents publics, prĂ©conise que l’administration publique reconsidĂšre Ă  des intervalles rĂ©guliers les dispositions de ce code (article 28.5). 28 Les questions ne visent pas directement Ă  mesurer l’adhĂ©sion Ă  des normes, mais Ă  Ă©valuer le respect de certaines normes gĂ©nĂ©ralement admises.
  • 15. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 15 3.4 Conclusions La Cour des comptes souligne que le SPF Finances dĂ©ploie des moyens limitĂ©s en matiĂšre de promotion de l’intĂ©gritĂ©. Sa principale rĂ©alisation est la formation initiale des stagiaires (essentiellement normative) et, concernant une administration fiscale en particulier, une formation sur la corruption dispensĂ©e Ă  tous les agents. Le SPF Finances devrait diversifier son action, notamment en utilisant plus efficacement les outils qui sont Ă  disposition, tels que l’intranet. La Cour recommande Ă©galement que des Ă©valuations pĂ©riodiques soient organisĂ©es pour mesurer l’adhĂ©sion de l’ensemble du personnel aux normes en matiĂšre d’intĂ©gritĂ©.
  • 16. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 16 CHAPITRE 4 Acteurs de la politique de l'intĂ©gritĂ© Si chaque collaborateur du SPF Finances peut ĂȘtre considĂ©rĂ© d’une certaine maniĂšre comme un acteur de la politique de l’intĂ©gritĂ©, il appartient cependant Ă  quelques organes ou personnes dĂ©signĂ©s par l’autoritĂ© de dĂ©finir et faire appliquer la politique de l’intĂ©gritĂ©, Ă  diffĂ©rents niveaux et sous ses diffĂ©rents aspects (prĂ©vention, dĂ©tection, correction). Certains acteurs se consacrent spĂ©cifiquement Ă  un ou plusieurs aspects de cette politique ; d’autres, au sein des services opĂ©rationnels, ont un rĂŽle en cette matiĂšre, accessoire Ă  leurs tĂąches fonctionnelles. 4.1 Au niveau fĂ©dĂ©ral 29 Deux organes sont les acteurs principaux de la politique de l’intĂ©gritĂ© au niveau fĂ©dĂ©ral . 4.1.1 Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administratives er 30 CrĂ©Ă© le 1 juillet 2006 au sein du SPF Budget et contrĂŽle de gestion, le Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administratives (BEDA) a pour mission de coordonner, de surveiller, de dĂ©velopper, d’exĂ©cuter et d’ajuster la politique de l’intĂ©gritĂ© dans les services publics fĂ©dĂ©raux. Cet organe a chapeautĂ© la rĂ©daction du cadre dĂ©ontologique pour les agents de la 31 fonction publique administrative fĂ©dĂ©rale et rĂ©digĂ© un manuel sur les conflits d’intĂ©rĂȘts . Il veille Ă  la mise en Ɠuvre de ce cadre. 4.1.2 Office central pour la rĂ©pression de la corruption L'Office central pour la rĂ©pression de la corruption (OCRC) est un organe de la police judiciaire fĂ©dĂ©rale. En 2001, il a intĂ©grĂ© la Direction de la lutte contre la criminalitĂ© Ă©conomique et financiĂšre (Ecofin). L’OCRC a repris, depuis 1998, les missions d’enquĂȘte du comitĂ© supĂ©rieur de contrĂŽle et est « compĂ©tent pour la recherche et l’appui Ă  la recherche des infractions commises au prĂ©judice des intĂ©rĂȘts de l’État, ainsi que des infractions de corruption complexes et graves ». 4.2 Services communs aux diffĂ©rentes administrations fiscales32 4.2.1 Cellule d’audit interne des administrations fiscales La cellule d’audit interne des administrations fiscales est compĂ©tente pour toutes les administrations fiscales et toutes les activitĂ©s liĂ©es Ă  ces derniĂšres. Elle dĂ©pend directement 29 Citons Ă©galement, comme acteurs indirects de la politique de l’intĂ©gritĂ© au niveau fĂ©dĂ©ral, le MĂ©diateur fĂ©dĂ©ral et le ComitĂ© d’audit de l’administration fĂ©dĂ©rale. 30 En exĂ©cution des dĂ©cisions du conseil des ministres du 30 juin 2006. 31 Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administratives, Manuel relatif Ă  la gestion des conflits d’intĂ©rĂȘts dans la fonction publique administrative fĂ©dĂ©rale belge, juillet 2009. 32 Outre les trois services dĂ©taillĂ©s dans cette section, citons encore le service d’encadrement Budget et ContrĂŽle de gestion, dont un des rĂŽles est de conscientiser les services du SPF Ă  l’importance du contrĂŽle des risques d’intĂ©gritĂ© auxquels ils pourraient ĂȘtre confrontĂ©s en interne, ainsi que le service interne de prĂ©vention et de protection au travail (SIPPT) qui est amenĂ© Ă  gĂ©rer notamment les cas de harcĂšlement.
  • 17. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 17 du prĂ©sident du comitĂ© de direction du SPF, ce qui garantit son indĂ©pendance vis-Ă -vis de la hiĂ©rarchie. Aucun pouvoir dĂ©cisionnel ne lui est attachĂ©. Ses audits et ses rapports portent sur la qualitĂ©, l’efficacitĂ© et l’organisation du travail. La cellule peut Ă©galement, dans le cadre de missions particuliĂšres, enquĂȘter sur des abus ou manquements commis par les fonctionnaires du SPF Finances. Alors que l’arrĂȘtĂ© royal du 29 octobre 1971 fixant le rĂšglement organique du SPF Finances prĂ©voit que la cellule d’audit interne est composĂ©e de six membres, elle ne compte actuellement que deux agents. Ces derniĂšres annĂ©es, la cellule a effectuĂ© surtout des audits de fraude Ă  la demande de l’autoritĂ© ou suite Ă  la transmission de plaintes. Elle a Ă©galement publiĂ© un audit sur la 33 gestion des plaintes au SPF Finances en janvier 2011 . 4.2.2 Service d’encadrement Personnel et Organisation Comme chaque SPF, le SPF Finances dispose d’un service d’encadrement Personnel et Organisation (P&O). Au sein de ce service, la Division disciplinaire et cumul peut ĂȘtre plus spĂ©cifiquement citĂ©e comme acteur de la politique de l’intĂ©gritĂ©. 4.2.3 Cellule Privacy Le SPF Finances est amenĂ© Ă  traiter un grand nombre de donnĂ©es Ă  caractĂšre personnel. Ces donnĂ©es transitent de plus en plus par des applications informatiques auxquelles de nombreux agents ont accĂšs. Ces donnĂ©es sont exposĂ©es Ă  des utilisations contraires Ă  la lĂ©gislation sur la vie privĂ©e et, donc, Ă  l’intĂ©gritĂ©. Afin de veiller Ă  l’application stricte de cette lĂ©gislation et de circonscrire ce risque, une cellule dĂ©nommĂ©e Privacy a Ă©tĂ© mise en place. Elle dĂ©pend du prĂ©sident du comitĂ© de direction. Son rĂŽle est de rappeler et de faire appliquer les rĂšgles auxquelles sont soumis les fonctionnaires du SPF en matiĂšre de protection des donnĂ©es personnelles et d’apporter son soutien en la matiĂšre aux diffĂ©rents services du SPF. La cellule collabore Ă©troitement Ă  l’application du systĂšme Identity and 34 Access Management (IAM) et est chargĂ©e de son suivi et de la coordination. 4.3 Cadres des services opĂ©rationnels Les supĂ©rieurs hiĂ©rarchiques des services opĂ©rationnels ont, en tant que managers et 35 superviseurs, un rĂŽle essentiel Ă  jouer en matiĂšre d’intĂ©gritĂ© . Il s’agit principalement du chef de service et du directeur rĂ©gional. 4.3.1 Chefs de service Au sein des administrations fiscales, les chefs de service sont des acteurs de premiĂšre ligne. Ils sont les intermĂ©diaires entre le terrain et la hiĂ©rarchie. Ils doivent promouvoir les comportements intĂšgres dans leur service et corriger, voire dĂ©noncer, ceux qui ne le sont pas. Ils doivent aussi dĂ©celer les manquements Ă  l’intĂ©gritĂ© et 36 lancer les procĂ©dures disciplinaires appropriĂ©es . 33 SPF Finances, rapport KLAPLA, 94 p. 34 Voir le point 5.3. 35 La responsabilitĂ© particuliĂšre des supĂ©rieurs hiĂ©rarchiques est notamment dĂ©crite, de maniĂšre circonstanciĂ©e, Ă  l’article 25 du code-modĂšle de conduite pour les agents publics du Conseil de l’Europe. 36 Voir le chapitre 7.
  • 18. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 18 Leur rĂŽle est aussi de transmettre les valeurs et les informations de la hiĂ©rarchie, y compris celles concernant l’intĂ©gritĂ©. 4.3.2 Directeurs rĂ©gionaux Le directeur rĂ©gional a pour tĂąche de faire appliquer les directives et la politique menĂ©e par le top management. Il joue aussi un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans la procĂ©dure disciplinaire, car il lui appartient d’engager cette procĂ©dure. 4.4 Acteurs propres Ă  chaque administration fiscale 4.4.1 Administration gĂ©nĂ©rale des douanes et accises Au sein de cette administration, deux services jouent un rĂŽle dans la politique de l’intĂ©gritĂ©. Le service de contrĂŽle gĂ©nĂ©ral et d’organisation mĂšne des audits internes et collabore Ă  des audits externes (par exemple, de la Cour des comptes europĂ©enne). Il traite les plaintes, internes ou externes, relatives aux agents de cette administration. Ce service apporte Ă©galement son soutien dans les questions de lutte contre la corruption. La direction nationale des recherches est, quant Ă  elle, chargĂ©e d’analyser la fraude fiscale et d’organiser et de surveiller les sept inspections des recherches que compte le royaume. Une de ses prĂ©rogatives est d’intervenir en cas de complicitĂ© de fraude constatĂ©e chez un membre du personnel. 4.4.2 Administration gĂ©nĂ©rale de la perception et du recouvrement Cette administration dispose d’un service d’inspection gĂ©nĂ©rale, qui se compose de fonctionnaires itinĂ©rants chargĂ©s d’inspecter et de contrĂŽler les services extĂ©rieurs. Ces fonctionnaires participent occasionnellement aux rĂ©unions pĂ©riodiques organisĂ©es par le directeur rĂ©gional avec ses chefs de services. Ces contacts permettent, d’une part, une surveillance indirecte et impromptue des services. D’autre part, ils permettent Ă  chaque chef de service de signaler tout risque d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© des fonctionnaires ou tout cas suspect. Les inspecteurs gĂ©nĂ©raux soulignent que leur rĂŽle s’apparente davantage Ă  du soutien qu’à du contrĂŽle. Le contrĂŽle de l’intĂ©gritĂ© ne fait d’ailleurs pas partie explicitement de la mission de l’inspection gĂ©nĂ©rale. 4.4.3 Administration gĂ©nĂ©rale de la fiscalitĂ© L’AGF mettra sur pied une cellule MaĂźtrise de l'organisation en 2013. Cette cellule relĂšvera de l'administrateur gĂ©nĂ©ral et sera Ă©galement au service des administrations Particuliers, Petites et moyennes entreprises et Grandes entreprises. Son rĂŽle sera d’assurer la maĂźtrise des risques, la dĂ©termination des causes Ă©ventuelles de dysfonctionnement ainsi que le contrĂŽle du respect des objectifs Ă©tablis par le management. Cette cellule remplacera 37 l’actuelle inspection gĂ©nĂ©rale et le service d’assistance et contrĂŽle interne (ACI) . NĂ©anmoins, aucun rĂŽle spĂ©cifique en matiĂšre d’intĂ©gritĂ© n’est envisagĂ© pour elle jusqu’à prĂ©sent. Un service dĂ©diĂ© aux contrĂŽles et aux Ă©ventuelles enquĂȘtes en cas de soupçons d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© sera crĂ©Ă© Ă  cĂŽtĂ© de cette cellule stratĂ©gique de soutien et de guidance. 4.4.4 Administration gĂ©nĂ©rale de la lutte contre la fraude fiscale Cette administration dispose d’un service d’inspection gĂ©nĂ©rale composĂ© de deux fonctionnaires. Leur rĂŽle est d’établir un contact avec les services extĂ©rieurs afin d’en 37 La Cour des comptes a effectuĂ© un audit sur ce sujet en 1999-2000, dont le rapport a Ă©tĂ© envoyĂ© Ă  l’administration le 24 mai 2000.
  • 19. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 19 surveiller le fonctionnement et la performance. Ils agissent Ă©galement comme organe de contrĂŽle de questions relatives Ă  l’intĂ©gritĂ©. Ils ont reçu des formations en audit et contrĂŽle 38 interne . 4.4.5 Administration gĂ©nĂ©rale de la documentation patrimoniale L’AGDP dispose d’un service d’inspection gĂ©nĂ©rale composĂ© d’inspecteurs itinĂ©rants qui font le lien entre les services centraux et opĂ©rationnels. Il mĂšne entre autres des analyses de risques en matiĂšre d’intĂ©gritĂ© et en rend compte Ă  la hiĂ©rarchie. Il est Ă©galement chargĂ© des problĂšmes d’intĂ©gritĂ©. Dans le cadre de sa mission, il peut formuler des propositions pour amĂ©liorer le fonctionnement des services. 4.5 Conclusions Divers services du SPF Finances ainsi que les cadres des services opĂ©rationnels sont chargĂ©s de mettre en Ɠuvre certains aspects de la politique de l’intĂ©gritĂ©. La Cour des comptes constate un manque de coordination entre ces diffĂ©rents acteurs, notamment entre les services spĂ©cialisĂ©s propres Ă  chaque administration fiscale et les cadres des services opĂ©rationnels. Des Ă©lĂ©ments de la politique de l’intĂ©gritĂ© pourraient dĂšs lors ne pas ĂȘtre relayĂ©s adĂ©quatement sur le terrain. Enfin, la Cour relĂšve, dans certaines administrations, un manque de service d’inspection ou de personnel en suffisance susceptible d’enquĂȘter en cas de soupçon de malversation. 38 Pour des dĂ©tails sur le fonctionnement de cette administration, voir Cour des comptes, Organisation et fonctionnement de l’Inspection spĂ©ciale des impĂŽts (ISI), rapport transmis Ă  la Chambre des reprĂ©sentants, Bruxelles, avril 2010. Disponible sur www.courdescomptes.be.
  • 20. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 20 CHAPITRE 5 PrĂ©vention des atteintes Ă  l'intĂ©gritĂ© Pour Ă©viter autant que possible les pratiques illicites, le SPF Finances a mis en place, au sein de ses processus, un certain nombre de dispositifs qui rĂ©duisent sensiblement certains risques d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ©. 5.1 Analyses des risques d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© Avant de mettre en place des dispositifs de prĂ©vention, le SPF doit identifier, dans ses processus, les risques d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ©. Un rapport du 20 aoĂ»t 2010 sur les structures et les mĂ©canismes d'Ă©valuation du contrĂŽle 39 interne existant au SPF Finances a fait le point sur la maĂźtrise des processus dans toutes les administrations du SPF et dans les services de soutien. Il est apparu ainsi que la performance de certaines administrations fiscales Ă©tait faible. À la suite notamment de ce rapport, et sous l’impulsion de l’actuel prĂ©sident du comitĂ© de direction, le thĂšme de l’analyse des risques et des dispositifs de contrĂŽle interne a Ă©tĂ© remis au premier plan. Ainsi, en 2011, chaque administration et service d’encadrement a identifiĂ© ses principaux risques et les mesures de contrĂŽle visant Ă  les couvrir. D’aprĂšs cette analyse, l’intĂ©gritĂ© est un des trois risques transversaux majeurs pour l’ensemble de l’organisation, sur lesquels le dĂ©veloppement du systĂšme de contrĂŽle interne se focalisera. 5.2 SĂ©parations de fonctions En matiĂšre de fiscalitĂ©, une sĂ©paration est opĂ©rĂ©e entre les agents chargĂ©s du contrĂŽle et les agents chargĂ©s du recouvrement. La lĂ©gislation fiscale impose dans certains cas cette sĂ©paration de fonction structurelle. Elle le fait par exemple en attribuant des compĂ©tences particuliĂšres Ă  un directeur rĂ©gional, chargĂ© de la taxation ou du recouvrement. Cependant, Ă  l’Administration de la documentation patrimoniale, le receveur demeure responsable du contrĂŽle. En matiĂšre de TVA, les directeurs rĂ©gionaux chapeautent les services de taxation et les services de recouvrement. Le projet Fedcom devrait, Ă  moyen terme, sĂ©parer la taxation et la perception. En ce qui concerne le contentieux administratif, notamment en matiĂšre de contributions directes et de TVA, si des agents diffĂ©rents s’occupent gĂ©nĂ©ralement de la taxation et du contentieux qui y est liĂ©, la hiĂ©rarchie, qui se prononce en fin de compte sur la rĂ©clamation, est la mĂȘme. Cette confusion des responsabilitĂ©s comporte un risque quant Ă  l’objectivitĂ© dans le traitement de ces dossiers contentieux. La Cour des comptes constate que la sĂ©paration de fonctions dont l’exercice conjoint pourrait constituer un risque d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© est effective dans beaucoup de 39 Ce rapport a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© Ă  l’intention du CAAF, conformĂ©ment Ă  l’article 20 de l’arrĂȘtĂ© royal du 17 aoĂ»t 2007 portant crĂ©ation du comitĂ© d’audit de l’administration fĂ©dĂ©rale.
  • 21. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 21 processus. Il demeure cependant des domaines oĂč cette sĂ©paration n’a pas encore Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e, ou n’est pas suffisamment aboutie, mĂȘme si elle est dĂ©jĂ  programmĂ©e. 5.3 Identity and Access Management L’accĂšs aux informations contenues dans les bases de donnĂ©es dĂ©tenues par des particuliers, des personnes morales ou des pouvoirs publics, ainsi que leur utilisation, sont soumis Ă  des conditions strictes (loi du 8 dĂ©cembre 1992 relative Ă  la protection de la vie privĂ©e Ă  l'Ă©gard des traitements de donnĂ©es Ă  caractĂšre personnel). Le respect de la confidentialitĂ© des informations dĂ©tenues par des agents est une norme plus spĂ©cifique de 40 la fonction publique . Pour limiter l’accĂšs aux seuls besoins des agents et sĂ©curiser les nombreuses donnĂ©es relatives aux contribuables, le SPF Finances a dĂ©veloppĂ©, depuis 2009, un systĂšme dĂ©nommĂ© Identity and Access Management (IAM). Il lui permet de gĂ©rer l’utilisation de ses nombreuses applications informatiques. Toute nouvelle application est ainsi intĂ©grĂ©e dans le systĂšme IAM. Quant aux applications anciennes, elles migrent vers ce systĂšme dans la mesure des moyens disponibles, ou possĂšdent leur propre contrĂŽle de gestion individuelle des accĂšs jusqu’à ce qu’elles soient remplacĂ©es par une nouvelle application. La cellule Privacy chapeaute la procĂ©dure et assure l’interface entre les six administrations 41 gĂ©nĂ©rales du SPF et le service d’encadrement Technologie de l’information et de la communication (ICT). L’IAM permet Ă©galement d’identifier les accĂšs non autorisĂ©s (voir le point 6.2). La Cour des comptes relĂšve que le systĂšme IAM est de nature Ă  protĂ©ger efficacement les donnĂ©es numĂ©riques des administrations fiscales. À l’heure actuelle, certaines applications importantes demeurent cependant hors du systĂšme. C’est notamment le cas de l’application ICPC (Inning Comptabiliteit – Perception ComptabilitĂ©) qui gĂšre toutes les crĂ©ances des contributions directes enrĂŽlĂ©es automatiquement par les services de taxation. Cette lacune peut ĂȘtre la source de dysfonctionnements, comme dans l’application qui gĂšre les dossiers de restitution de droits d’enregistrement Ă  l’Administration gĂ©nĂ©rale de la 42 documentation patrimoniale . Par ailleurs, le service ICT ne tient pas d’inventaire exhaustif des applications utilisĂ©es dans 43 les diffĂ©rentes administrations . La Cour des comptes considĂšre dĂšs lors qu’un inventaire 44 complet devrait ĂȘtre rĂ©alisĂ© Ă  bref dĂ©lai . Il permettrait d’identifier les problĂšmes de sĂ©curitĂ© majeurs, et de les rĂ©soudre avant mĂȘme qu’une application nouvelle – souvent fort longue Ă  dĂ©velopper – remplace les anciens systĂšmes caducs. 40 Elle est Ă©noncĂ©e par exemple dans le code international de conduite des agents de la fonction publique (article 10 de l’annexe Ă  la rĂ©solution des Nations unies du 12 dĂ©cembre 1996 relative Ă  la lutte contre la corruption). 41 Chaque administration dispose d’un point de contact unique – service ou agent – pour toutes les questions d’accĂšs aux applications informatiques qui lui sont propres. 42 Cour des comptes, « SPF Finances : restitution des droits d’enregistrement – automatisation des dossiers », 168e Cahier, Volume I, p. 308. Disponible sur www.courdescomptes.be. 43 Avant la crĂ©ation, dans le cadre de la rĂ©forme Copernic, d’un service ICT horizontal, il existait sept services ICT, propres Ă  chaque unitĂ© opĂ©rationnelle. Ceci explique en partie la difficultĂ© pour le management actuel du service d’encadrement ICT d’avoir dĂ©jĂ  une parfaite maĂźtrise de tout ce qui existe en ce domaine. 44 Un tel inventaire peut ĂȘtre Ă©galement l’occasion de recueillir des informations sur les besoins concrets des agents de terrain, des informations utiles pour dĂ©velopper des systĂšmes Ă  venir.
  • 22. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 22 5.4 SĂ©lection centralisĂ©e des contrĂŽles Ă  effectuer Auparavant, les dossiers, contribuables ou opĂ©rations Ă  contrĂŽler/traiter, Ă©taient sĂ©lectionnĂ©s, en partie du moins, Ă  l’initiative des agents, en fonction de leur expĂ©rience de terrain. Aujourd’hui, la mise en place d’analyses de risques de fraude fiscale permet, de plus en plus, de sĂ©lectionner des dossiers de maniĂšre centralisĂ©e en fonction de critĂšres objectifs. Un systĂšme de datamining a ainsi Ă©tĂ© mis en place Ă  l’Administration de la fiscalitĂ© des entreprises et des revenus (Afer). Il existe depuis la pĂ©riode de contrĂŽle 2004-2005. À partir des donnĂ©es historiques collectĂ©es sur l’ensemble des assujettis Ă  la TVA, des contribuables « Ă  risque » sont sĂ©lectionnĂ©s et un contrĂŽle spĂ©cifique est organisĂ©, tant en TVA qu’en contributions directes. 5.5 Rotation des dossiers et/ou des agents Pour Ă©viter toute connivence, au dĂ©triment de l’État, entre un agent et un contribuable, les administrations doivent prĂ©voir une rotation des agents et/ou des dossiers. La Cour des comptes constate que cette nĂ©cessaire rotation n’est pas citĂ©e par toutes les administrations comme une prĂ©occupation premiĂšre du management en matiĂšre de prĂ©vention des atteintes Ă  l’intĂ©gritĂ©. Dans certains processus, la rotation n’est pas prĂ©vue de maniĂšre structurelle. La diminution des effectifs dans certains services la rend par ailleurs souvent difficile, voire impossible. 5.6 Autorisation des cumuls L’arrĂȘtĂ© royal du 14 juin 2007 a notamment introduit dans le statut des agents de l’État une 45 nouvelle procĂ©dure relative aux autorisations de cumul . À la suite de cet arrĂȘtĂ©, une note aux membres du personnel du 11 mars 2008, distribuĂ©e Ă  tous les agents, a prĂ©sentĂ© la procĂ©dure dĂ©sormais en vigueur : tout agent statutaire dĂ©sireux d’exercer une activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e, outre son activitĂ© professionnelle au SPF, doit introduire une demande de 46 cumul . Une procĂ©dure formelle, dĂ©finie dans le statut des agents de l’État, aboutit Ă  octroyer une autorisation ou Ă  refuser un cumul. Le service d’encadrement Personnel et Organisation a prĂ©cisĂ© que cette note au personnel du 11 mars 2008 ne s’applique pas au personnel contractuel en ce qui concerne les cumuls. Dans ce domaine, le risque essentiel ne rĂ©side pas dans l’application de la procĂ©dure prĂ©vue 47 dans le statut et la note du dĂ©partement qui lui fait suite , mais dans l’exercice d’une activitĂ© clandestine, sans autorisation prĂ©alable ou aprĂšs le refus d’un cumul. Or, la Cour des comptes n’a pas constatĂ© de prise en compte suffisante de ce risque par les cadres de terrain, qui sont les plus susceptibles de dĂ©tecter l’exercice d’une activitĂ© dissimulĂ©e. 45 Article 12 de l’arrĂȘtĂ© royal du 2 octobre 1937 portant le statut des agents de l’État. 46 Le formulaire de demande est disponible sur l’intranet du dĂ©partement. 47 Entre 2007 et 2010, 2.052 demandes de cumuls ont Ă©tĂ© traitĂ©es.
  • 23. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 23 5.7 PrĂ©vention du conflit d’intĂ©rĂȘts Une situation de conflit d’intĂ©rĂȘts est une situation dans laquelle l’agent a, par lui-mĂȘme ou par personne interposĂ©e, un intĂ©rĂȘt personnel susceptible d'influer sur l'exercice impartial 48 et objectif de ses fonctions, ou de crĂ©er la suspicion lĂ©gitime d'une telle influence . L’article 13 du code-modĂšle de conduite pour les agents publics recommandĂ© par le Conseil de l’Europe dĂ©taille les exigences Ă  l’égard de l’agent public. L’intĂ©rĂȘt personnel de ce dernier englobe tout avantage pour lui-mĂȘme ou en faveur de sa famille, de parents, d’amis et de personnes proches, ou de personnes ou organisations avec lesquelles il a des relations d’affaires ou politiques. Ces exigences essentielles devraient ĂȘtre explicitĂ©es clairement aux agents du SPF Finances, car le concept et les implications du conflit d’intĂ©rĂȘts ne sont pas Ă©vidents Ă  apprĂ©hender. L’article 14 du code-modĂšle prescrit Ă  tout « agent public qui occupe un poste dans lequel ses intĂ©rĂȘts personnels ou privĂ©s sont susceptibles d’ĂȘtre affectĂ©s par ses fonctions officielles » de dĂ©clarer « lors de sa nomination puis Ă  intervalles rĂ©guliers et lors de tout changement de situation la nature et l’étendue de ces intĂ©rĂȘts ». Le dispositif mis en place au SPF Finances se limite Ă  une information, lors de l’engagement, sur la problĂ©matique du conflit d’intĂ©rĂȘts, Ă  la mise Ă  disposition, sur l’intranet du SPF, d’une note relative Ă  cette procĂ©dure et d’un formulaire de demande 49 relatif Ă  un (Ă©ventuel) conflit d’intĂ©rĂȘts, et au traitement de ces demandes d’avis . Vu l’impact que pourrait avoir un conflit d’intĂ©rĂȘts, la Cour des comptes recommande que des mesures plus ambitieuses soient prises : (in)formations pour tous les agents, responsabilisation particuliĂšre des cadres opĂ©rationnels, l’obligation de dĂ©claration d’intĂ©rĂȘt lors de tout changement d’affectation... 5.8 Conclusions En matiĂšre de sĂ©parations de fonctions, la Cour recommande qu’elles soient effectives Ă  bref dĂ©lai dans les processus oĂč des risques d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© auront Ă©tĂ© clairement identifiĂ©s. La rotation des dossiers et/ou des agents doit Ă©galement ĂȘtre envisagĂ©e lorsque la gestion de mĂȘmes dossiers par un mĂȘme agent durant une pĂ©riode prolongĂ©e prĂ©sente un risque particulier. En ce qui concerne les applications et bases de donnĂ©es informatiques, le systĂšme IAM est de nature Ă  assurer un degrĂ© satisfaisant de sĂ©curitĂ© des accĂšs autorisĂ©s. Certaines applications demeurent nĂ©anmoins hors du systĂšme. La Cour des comptes estime qu’un inventaire exhaustif devrait ĂȘtre rĂ©alisĂ©, Ă  court terme, des applications utilisĂ©es dans tous les processus des administrations fiscales. ParallĂšlement Ă  la poursuite de l’intĂ©gration des applications anciennes dans le systĂšme IAM, il faudrait analyser les risques de sĂ©curitĂ© de toutes les applications locales inventoriĂ©es ; les mesures de sĂ©curitĂ© nĂ©cessaires devraient ensuite ĂȘtre prises. 48 Article 9, § 1er, de l’arrĂȘtĂ© royal du 2 octobre 1937 portant le statut des agents de l’État. Le Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administratives (BEDA) a Ă©laborĂ© un manuel relatif Ă  la gestion des conflits d’intĂ©rĂȘts dans la fonction publique administrative fĂ©dĂ©rale belge (juillet 2009). Il peut servir de rĂ©fĂ©rence pour les dĂ©partements dans leur politique dans ce domaine. Le BEDA peut Ă©galement ĂȘtre sollicitĂ© par les organisations publiques fĂ©dĂ©rales, pour donner un avis, non contraignant, sur un conflit d’intĂ©rĂȘts potentiel. 49 Entre 2007 et 2010, 684 cas de conflit d’intĂ©rĂȘts potentiel ont Ă©tĂ© traitĂ©s.
  • 24. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 24 La Cour des comptes recommande que l’administration sensibilise les cadres opĂ©rationnels au risque particulier liĂ© aux cumuls (par des formations adaptĂ©es ou des directives claires). Ceci permettra d’optimaliser l’application de cette norme sur le terrain. Enfin, la problĂ©matique du conflit d’intĂ©rĂȘts devrait ĂȘtre prise en charge de maniĂšre plus approfondie : la dĂ©claration d’intĂ©rĂȘts systĂ©matique lors de l’engagement d’un nouvel agent, puis Ă  intervalles rĂ©guliers et lors de toute nouvelle affectation, pourrait Ă  cet Ă©gard constituer une piste de rĂ©flexion intĂ©ressante. Dans la rĂ©ponse adressĂ©e par le ministre des Finances, le service d’encadrement Personnel et Organisation a soulignĂ© que les recommandations de la Cour en matiĂšre de cumuls et de conflits d’intĂ©rĂȘts seraient prises en compte.
  • 25. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 25 CHAPITRE 6 DĂ©tection des atteintes Ă  l'intĂ©gritĂ© Parce qu’une politique prĂ©ventive ne garantit pas l’absence d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ©, il est essentiel que l’administration s’organise pour favoriser l’identification des dysfonctionnements en matiĂšre d’intĂ©gritĂ©. 6.1 DĂ©nonciation des actes illicites 6.1.1 Obligation lĂ©gale et rĂ©glementaire pour les agents de l’État Tout fonctionnaire a l’obligation lĂ©gale de dĂ©noncer toute faute grave commise par un 50 collĂšgue ou par un supĂ©rieur hiĂ©rarchique . 6.1.2 Droit pour les contribuables Tout contribuable, confrontĂ© Ă  un agent de l’État dont l’intĂ©gritĂ© est peut-ĂȘtre en cause, doit pouvoir signaler les faits prĂ©sumĂ©s. En marge des dĂ©nonciations au parquet pour dĂ©lits et crimes, un contribuable devrait avoir la possibilitĂ© de faire part de ses soupçons, ou de constats de carence, afin que les agents habilitĂ©s du SPF puissent enquĂȘter et, si nĂ©cessaire, remĂ©dier Ă  la situation. 6.1.3 Pratique dans les administrations fiscales Il n’existe pas de systĂšme centralisĂ© pour dĂ©noncer les actes illicites au SPF Finances et donc pas de statistiques globales sur les plaintes et dĂ©nonciations. Le dĂ©nonciateur, qu’il soit agent des finances ou extĂ©rieur au dĂ©partement, est donc contraint d’adresser sa plainte Ă  un fonctionnaire ou service – Ă©ventuellement externe au dĂ©partement – qui lui 51 semble appropriĂ© pour la traiter . En janvier 2011, la cellule d’audit interne a rendu un rapport sur la gestion des plaintes dans 52 les administrations fiscales . Il traite des 148 plaintes, internes et externes, rĂ©ceptionnĂ©es directement ou indirectement de 2000 Ă  2010. Dans ce rapport, la cellule constate l’absence de traitement coordonnĂ© des plaintes. Les administrations fiscales ne signalent qu’une seule dĂ©nonciation au parquet en application de l’article 29 du code d’instruction criminelle pour les annĂ©es 2006 Ă  2010. InterrogĂ©es Ă  ce sujet, les administrations ont rĂ©pondu ne pas tenir de statistiques concernant ces dĂ©nonciations. L’Administration gĂ©nĂ©rale des douanes et accises dispose d’un vade-mecum pour la dĂ©nonciation des faits de corruption en son sein. Il stipule que le fonctionnaire peut 50 Article 29 du code d’instruction criminelle et article 7, § 3, de l’arrĂȘtĂ© royal du 2 octobre 1937 portant le statut des agents de l’État. 51 Des plaintes arrivent ainsi Ă  l’Office central pour la rĂ©pression de la corruption (OCRC), au parquet, dans un service extĂ©rieur, chez le directeur rĂ©gional, au cabinet du ministre, Ă  la cellule d’audit interne, chez le mĂ©diateur fĂ©dĂ©ral, au service interne pour la prĂ©vention et la protection du travail, auprĂšs des syndicats, au contact center, voire Ă  la Cour des comptes, etc. 52 SPF Finances, Rapport KLAPLA, 94 p.
  • 26. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 26 demander une mesure administrative de protection, telle un dĂ©placement temporaire. Le vade-mecum insiste pour que les supĂ©rieurs hiĂ©rarchiques veillent particuliĂšrement Ă  l’accueil des informations qui leur sont communiquĂ©es. La Cour des comptes souligne cependant que cette procĂ©dure spĂ©cifique Ă  l’Administration gĂ©nĂ©rale des douanes et accises ne rĂ©pond pas au besoin d’un dispositif gĂ©nĂ©ral de dĂ©nonciation des illĂ©galitĂ©s et irrĂ©gularitĂ©s. Seules les plaintes pour corruption Ă  adresser au procureur du Roi conformĂ©ment Ă  l’article 29 du code d’instruction criminelle sont visĂ©es ici. La Cour recommande dĂšs lors que, faute de lĂ©gislation en la matiĂšre, l’autoritĂ© envisage un dispositif de rĂ©ception et de traitement des plaintes, internes et externes. Ce dispositif doit prendre en compte – comme le vade-mecum de l’Administration des douanes et accises – la nĂ©cessaire protection de l’agent dĂ©nonciateur, ainsi que prĂ©voir des mesures de sanction contre les dĂ©nonciations abusives. 6.1.4 LĂ©gislation fĂ©dĂ©rale Parmi ses missions, le Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administratives a Ă©tĂ© chargĂ© de concevoir un systĂšme pour dĂ©noncer les comportements dĂ©ontologiquement inacceptables. Un texte en matiĂšre de whistleblowing (dĂ©clenchement d’alerte) a Ă©tĂ© finalisĂ© fin juin 2011, 53 et a Ă©tĂ© intĂ©grĂ© Ă  la proposition de loi des sĂ©nateurs Wouter Beke et consorts . Cette proposition est actuellement Ă  l’examen en commission de l’IntĂ©rieur et des Affaires 54 administratives du SĂ©nat . 6.2 Identifications par le service d’encadrement ICT Le service ICT est en mesure de dĂ©tecter les utilisations abusives des applications. En effet, le systĂšme IAM, Ă©voquĂ© au point 5.3, permet de tracer les accĂšs des agents. Le service ICT effectue les traçages uniquement sur demande. C’est la cellule Privacy qui analyse les demandes ; elles sont aussi bien internes qu’externes au SPF Finances. 6.3 Conclusions Le SPF Finances ne possĂšde pas d’organe dĂ©signĂ© pour rĂ©ceptionner, traiter et assurer le suivi des plaintes que citoyens ou membres du personnel souhaiteraient formuler contre des agissements d’un agent du SPF. Il n’existe donc pas non plus de donnĂ©es globales relatives aux plaintes et dĂ©nonciations. Cette information constitue pourtant un instrument de gestion indispensable pour maĂźtriser cette procĂ©dure. ConformĂ©ment aux normes internationales en la matiĂšre, la Cour des comptes recommande de mettre en place une procĂ©dure adaptĂ©e pour gĂ©rer les plaintes. Cette procĂ©dure doit prĂ©voir des mesures pour protĂ©ger le dĂ©nonciateur (anonymat, changement 55 de service
) et des mesures Ă  l’égard des dĂ©nonciations abusives . Elle pourrait faire l’objet d’une lĂ©gislation fĂ©dĂ©rale, Ă  partir du texte dĂ©jĂ  Ă©laborĂ© au Bureau d’éthique et de dĂ©ontologie administratives du SPF Budget et ContrĂŽle de gestion. 53 Doc. parl., SĂ©nat, 5 octobre 2011, DOC 5 217/2, Proposition de loi modifiant la loi du 22 mars 1995 instaurant des mĂ©diateurs fĂ©dĂ©raux, afin d’assurer une protection lĂ©gale aux fonctionnaires qui dĂ©noncent des irrĂ©gularitĂ©s, amendements n° 1 & 2 de M. Beke et consorts. 54 Chambre, 25 janvier 2012, CRABV 53 COM 372, p. 1-2. 55 Dans son rapport sur les plaintes, la cellule d’audit interne des administrations fiscales a suggĂ©rĂ© de maniĂšre assez concrĂšte la mise en place d’un systĂšme de gestion des plaintes. Cette recommandation pratique pourrait ĂȘtre envisagĂ©e par l’autoritĂ©.
  • 27. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 27 CHAPITRE 7 ProcĂ©dures de correction Les normes internationales prĂ©conisent que des procĂ©dures et des sanctions appropriĂ©es existent en cas de comportement fautif. 7.1 Dispositif lĂ©gal et rĂ©glementaire Le rĂ©gime disciplinaire est dĂ©crit aux articles 77 Ă  95bis de l’arrĂȘtĂ© royal du 2 octobre 1937 portant le statut des agents de l’État. Le 10 dĂ©cembre 2010, le service d’encadrement P&O a adressĂ© une note relative Ă  ce rĂ©gime Ă  tous les chefs de service de toutes les 56 administrations . Cette note rappelle aux supĂ©rieurs hiĂ©rarchiques compĂ©tents en la matiĂšre les procĂ©dures Ă  suivre et les dĂ©lais Ă  respecter pour le traitement des dossiers. 7.2 Pratique dans les administrations fiscales Une task force pour la procĂ©dure disciplinaire a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 2006 au sein de l’administration centrale. Elle Ă©tait composĂ©e de fonctionnaires reprĂ©sentant chacun une administration du SPF Finances. Elle se rĂ©unissait en fonction des dossiers qui lui Ă©taient soumis et vĂ©rifiait que la procĂ©dure disciplinaire avait Ă©tĂ© respectĂ©e, surtout au niveau des dĂ©lais. Cette task force s’assurait de la proportionnalitĂ© de la peine et comparait les faits avec d’autres dossiers aux circonstances similaires, pour garantir une application uniforme des peines. Depuis la rĂ©organisation du service d’encadrement Personnel et Organisation, en mai 2011, un service unique est dĂ©sormais chargĂ© de traiter tous les dossiers disciplinaires du 57 SPF Finances . Le dossier disciplinaire est ensuite soumis au comitĂ© de direction pour dĂ©cision. Le SPF Finances ne tient pas de statistiques des procĂ©dures disciplinaires initiĂ©es en son 58 sein . 7.3 Conclusions La Cour des comptes constate que le SPF ne rĂ©pertorie pas systĂ©matiquement les procĂ©dures disciplinaires (nombre, issue, durĂ©e
). Faute d’un tel instrument de pilotage, le SPF n’est pas en mesure d’évaluer l’impact et l’efficacitĂ© de la procĂ©dure en question. 56 Cette note de service (+ une annexe donnant un aperçu des supĂ©rieurs hiĂ©rarchiques compĂ©tents pour formuler la proposition provisoire de peine disciplinaire) ainsi que les coordonnĂ©es de la personne de contact sur ce sujet a Ă©tĂ© placĂ©e sur l’intranet du service P&O le 29 juin 2011. 57 Cette procĂ©dure rĂ©cente n’a pas pu ĂȘtre auditĂ©e par la Cour. 58 À la demande de la Cour des comptes cependant, l’administration a inventoriĂ© les dossiers disciplinaires de 2006 Ă  dĂ©but 2011.
  • 28. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 28 CHAPITRE 8 Recommandations En conclusion, la Cour des comptes formule les recommandations suivantes pour amĂ©liorer divers aspects de la politique de l’intĂ©gritĂ© dans les administrations fiscales :  Les normes applicables aux administrations fiscales en matiĂšre d’intĂ©gritĂ© devraient faire l’objet d’un inventaire afin de pouvoir en faire une synthĂšse utile aux collaborateurs.  Le code dĂ©ontologique du SPF Finances devrait ĂȘtre finalisĂ© afin de prĂ©senter les valeurs et principes Ă©thiques du SPF, en fonction des mĂ©tiers spĂ©cifiques des administrations fiscales. Ce code devrait ĂȘtre signĂ© par tout agent du SPF, qui dĂ©clare ainsi en avoir pris connaissance. Il devrait en outre bĂ©nĂ©ficier de modalitĂ©s de publicitĂ© adaptĂ©es et pourrait ĂȘtre l’occasion d’une formation participante pour susciter l’adhĂ©sion des agents. Il est Ă©galement important que l’administration veille Ă  suivre la maniĂšre dont ce code s’applique dans les services.  La Cour des comptes recommande de mettre Ă  disposition de chaque administration fiscale des moyens suffisants pour enquĂȘter en cas de soupçons d’atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© et d’intensifier la coordination entre les diffĂ©rents acteurs chargĂ©s de mettre en Ɠuvre certains aspects de la politique de l’intĂ©gritĂ©.  L’administration devrait proposer Ă  chaque collaborateur, dĂšs son engagement et quel que soit son grade ou son statut, des formations relatives Ă  l’intĂ©gritĂ©. Ces formations devraient par ailleurs ĂȘtre adaptĂ©es Ă  la situation de chacun et Ă©voluer avec la carriĂšre du fonctionnaire.  Le SPF devrait dĂ©dier Ă  court terme un espace sur l’intranet aux questions d’intĂ©gritĂ©. Cet espace reprendrait les normes en vigueur (code de dĂ©ontologie ICT, rĂšglement de travail, code dĂ©ontologique du SPF...), les personnes de rĂ©fĂ©rence, le renvoi vers les services plus spĂ©cialisĂ©s dans tel ou tel aspect de la politique de l’intĂ©gritĂ©, des liens externes, Ă©ventuellement un espace de discussion plus interactif oĂč les agents pourraient poser des questions et demander conseil.  Le SPF Finances devrait mener des Ă©valuations ciblĂ©es sur l’adhĂ©sion de ses agents aux normes d’intĂ©gritĂ© spĂ©cifiques du SPF. Ces enquĂȘtes propres pourraient se dĂ©rouler pĂ©riodiquement (par exemple, lors de l’introduction du nouveau code de dĂ©ontologie, puis quelques annĂ©es plus tard). Elles devraient faire l’objet d’un feed- back circonstanciĂ© auprĂšs des agents.  La sĂ©paration de fonctions, dĂ©jĂ  assez largement rĂ©pandue dans les administrations fiscales, devrait ĂȘtre concrĂ©tisĂ©e et renforcĂ©e dans certains secteurs ou processus importants, suivant l’ampleur des risques identifiĂ©s par le SPF.
  • 29. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 29  En matiĂšre d’ICT, l’intĂ©gration dans le systĂšme IAM des applications anciennes censĂ©es perdurer devrait ĂȘtre poursuivie. Ce systĂšme assure en effet une sĂ©curitĂ© adĂ©quate dans les accĂšs et permet un traçage efficace des pratiques informatiques non conformes.  En matiĂšre de cumul, la Cour des comptes recommande que l’administration sensibilise les cadres opĂ©rationnels Ă  ce risque particulier (par des formations adaptĂ©es ou des directives claires). Cela permettra d’optimaliser l’application de cette norme sur le terrain.  La problĂ©matique du conflit d’intĂ©rĂȘts devrait ĂȘtre prise en charge de maniĂšre plus approfondie : une dĂ©claration d’intĂ©rĂȘt devrait ĂȘtre faite de maniĂšre systĂ©matique lors de l’engagement d’un nouvel agent, puis Ă  intervalle rĂ©gulier et lors de toute nouvelle affectation.  La Cour des comptes recommande la mise en place d’un dispositif de gestion des plaintes, internes et externes, en matiĂšre d’intĂ©gritĂ© (rĂ©ception, traitement et suivi). Ce dispositif devrait prĂ©voir des mesures tant pour protĂ©ger le dĂ©nonciateur qu’à l’égard des dĂ©nonciations abusives.  Pour gĂ©rer la procĂ©dure disciplinaire avec efficacitĂ©, il s’avĂšre utile que l’administration recueille des statistiques sur les procĂ©dures entamĂ©es, celles qui ont abouti, les motifs de la procĂ©dure, sa durĂ©e... En analysant attentivement le dĂ©roulement des procĂ©dures, l’autoritĂ© pourrait envisager des modifications afin d’amĂ©liorer les objectifs poursuivis.
  • 30. POLITIQUE DE L’INTÉGRITÉ DANS LES ADMINISTRATIONS FISCALES FÉDÉRALES / 30 CHAPITRE 9 RĂ©ponse du ministre des Finances Dans une lettre du 4 juin 2012, le ministre a adressĂ© Ă  la Cour, dans le cadre du dĂ©bat contradictoire, des commentaires de diffĂ©rents services du SPF Finances concernĂ©s par le rapport. L’Administration gĂ©nĂ©rale des douanes et accises (AG D&A) y prĂ©cise notamment la distinction entre les notions d’intĂ©gritĂ© et de dĂ©ontologie (aspect obligatoire des dispositions pour l’intĂ©gritĂ© et aspect recommandĂ© pour la dĂ©ontologie). L’AG D&A souligne Ă©galement que, pour dĂ©velopper l’intĂ©gritĂ©, tous les aspects de l’environnement de contrĂŽle interne doivent Ă©voluer en mĂȘme temps et en harmonie. L’Administration gĂ©nĂ©rale de la lutte contre la fraude fiscale prĂ©cise, quant Ă  elle, avoir pris rĂ©cemment des initiatives pratiques afin de procĂ©der Ă  court terme Ă  une auto-Ă©valuation de l’environnement de contrĂŽle. En conclusion, le ministre dĂ©clare avoir pris bonne note des remarques et recommandations formulĂ©es par la Cour. Il y portera une attention particuliĂšre.
  • 31. Il existe aussi une version nĂ©erlandaise de ce rapport. Er bestaat ook een Nederlandse versie van dit verslag. ADRESSE Cour des comptes Rue de la RĂ©gence 2 B-1000 Bruxelles TÉL. +32 2 551 81 11 FAX +32 2 551 86 22 www.courdescomptes.be