2. GÉNÉRALITÉS.
L’ensemble des BG+ irréguliers, non sporulées, non filamenteux et de type
respiratoire aérobie ou anaérobie facultatif.
Du grec « coryne » qui signifie massue
Ces caractéristiques sont propres au genre Corynebacterium (> 40 sp) mais
elles sont aussi observées dans d’autres genres. Pour éviter la confusion
on parle de corynéforme.
La majorité des espèces sont saprophytes et peu pathogène hormis
C. diphteriae
Les espèces commensales suivantes ont prouvé leur pathogénicité:
C. jeikeium
C. urealyticum
C. glucuronolyticum
C. kroppenstedtii
Attention toutes les espèces saprophytes peuvent devenir pathogènes sur un terrain
débilité
3. Classification
Aspect Microscopique
On les différencie des autres BG+ (Bacillus, Lactobacillus, Listeria,
Erysipelothrix) par:
Contours irréguliers.
Absence de formation de chaînettes (≠ Lactobacillus, Bacillus).
Absence de mobilité (sauf pour certaines coryné environnementales).
Catalase positive (sauf chez Actinomyces et Arcanobacterium ou elle est négative).
Attention risque d’erreur avec Listeria monocytogenes qui peut
apparaître irrégulière (recherche de mobilité).
La formation de pallissade est assé caractéristique du genre
Corynebacterium, alors que les branchements rudimentaires sont
plutôt typiques pour les genres Actinomyces et Rhodoc.
5. Habitat
Quasiment exclusif des animaux ou de l’homme.
Les genres anaérobies préférentielles sont saprophytes des muqueuses.
Les genres vivants principalement dans l’environnement (Arthobacter,
Brevibacterium, Cellulomonas et Microbacterium) comportent
malgré celà des espèces spécifiques à l’homme.
Certaines espèces du genre Corynebacterium ont une spécificité de niche
écologique, certaines sont spécifiques de la sphère ORL, d’autres de
la peau, du tractus uro-génital ou des muqueuses conjonctivales.
6. Pouvoir pathogène
Les corynébactéries sont des constituants de la flore normale cutanée.
La relation causale entre une infection et des corynébactéries saprophytes
est suspectée en tenant compte des critères suivants:
Culture positive sur site normalement stérile.
Germe majoritaire à partir d’un site non stérile.
Associée à une réaction leucocytaire.
L’isolement de C. diphteriae, de C. ulcerans ou d’Arcanobacterium
haemolitycum doit toujours être pris en compte.
8. C. urealyticum.
Flore du tractus urinaire (40 à 50% patients hospitalisés).
Corynébactérie non fermentante, lipophile et activité uréasique
(entraine l’alcalinisation des urines et la formation de calculs
phospho-amoniaco-magnésiens).
Donne des infections urinaires chez:
▫ Patients hospitalisés.
▫ ATCD urologique.
▫ Traité par antibiothérapie (2 à 5%).
Complication: cystite incrustée à urines alcalines, pyélonéphrite,
bactériémie, endocardite.
Signes d’IU + culture(-) à germes banales + pH urinaire>7
doit entrainer la recherche de C. urealyticum.
9. C. jeikeium.
Flore cutanée (zones humides, plis)
FdR : ID-, hospition longue, antibiothérapies
multiples, matériel étranger.
Bactériémies, endocardites, parfois retrouvé dans le
LCR, rarement IU.
10. C. amycolatum.
Peut contaminer du matériel étranger et
éventuellement provoquer bactériémie.
Corynebacterium.spp de la flore cutanée.
Bactériémies, endocardites.
Colonisation de matériel implanté.
•C. afermentans.
•C. jeikeium.
•C. minutissimum : erythrasma.
11. Corynebacterium.spp de la flore oro-pharyngée.
Frottis de gorge, expectora° ou LBA.
Parfois colonisation voies aériennes des patients fragilisés.
▫ C. accolens.
▫ C. pseudodiphteriticum (pneumopathie chez BPCO,
endocardites).
▫ C. striatum.
Corynebacterium.spp de la flore uro-génitale.
C. urealyticum : la plus fréquente dans les IU
C. amycolatum, C. minutissimum.
C. glucuronolyticum : prostatite, épididymite, urétrite.
14. INTRODUCTION.
Agents de la diphtérie maladie épidémique
mortelle.
Plusieurs biotypes C. diphteriae :
Mitis
Gravis
Intermedius
Belfanti
Pas de relation de gravité entre biotypes mitis et
gravis
15. ÉPIDÉMIOLOGIE.
En France maladie d’importation.
Dernière grande épidémie en France en 1955 ou elle provoqua
plusieurs milliers de morts. Dernière déclaration de diphtérie
« endogène » en 1989 en Ariège.
Maladie encore endémique des régions tropicales et subtropicales
et surtout actuellement des pays de l’est de l’Europe.
L’augmentation de la prévalence en France est à craindre du fait
▫ de la perte de l’immunité vaccinale aux âges avancées
▫ de la diminution de la vaccination chez l ’enfant
▫ de l’accroissement des flux migratoire en provenance des pays
endémiques.
16. Is diphtheria re-emerging? The French point of view. E. Belchior, I. Bonmarin, D. Antona, N. Guiso, E. Badell, O. Patey, D.
Lévy-Bruhl. November 2011 - Escaide, Stockholm
18. PHYSIOPATHOLOGIE.
Se multiplie dans les couches superficielles des
épithéliums, du rhinopharynx et des conjonctives.
▫Réaction inflammatoire :
Exsudat épais (PN et fibrine) fausses membranes
(amygdales).
ADP satellites.
Absence de bactériémie.
▫Résistance à la phagocytose grâce aux adhésines.
19. PHYSIOPATHOLOGIE.
Certaines souches de C. diphteriae hébergent un
phage ß porteur du gène tox codant pour une
exotoxine.
Cette exotoxine entraine des symptomes
périphériques graves pouvant entrainer la mort.
20. PHYSIOPATHOLOGIE.
Exotoxine diphtérique :
▫Exotoxine (62kDa) inhibant la synthèse protéique
sans tropisme cellulaire spécifique (toxine
pantrope).
▫3 domaines:
Domaine de fixation aux récepteurs: R.
Domaine hydrophobe de translocation à travers la
membrane endosomale: T.
Domaine enzymatique: E.
21. PHYSIOPATHOLOGIE.
Exotoxine diphtérique :
▫Fixation à 1 récepteur cellulaire.
▫Internalisation puis libération dans le cytoplasme.
Libérée par l’endosome.
▫Cible: transférase ribosomale.
▫Codée par le gène tox porté par le phage ß
(acquisition possible).
▫Protéine ToxR = répresseur chromosomique actif
qu’ en présence de fer.
(Ø Fe toxine produite en fortes quantités = condition de survie dans les sécrétions oro-
pharyngée où le Fe est en très faible quantité)
23. CLINIQUE.
Les symptomes locaux:
• Concernent les souches sécrétantes et non sécrétantes
de la toxine diphtérique.
• Angine à fausses membranes :
▫ Incubation : 3-5 j.
▫ Invasion : malaise, Fièvre, dysphagie.
▫ État : angine pseudo membraneuse, faciles à
enlever, confluentes, adhérentes sur l’amygdales et
la luette (pas toujours typique).
▫ Extension laryngée : "croup" dysphonie, dyspnée
puis asphyxie.
24.
25. CLINIQUE.
• Autres formes localisées:
▫ Diphtérie cutanée (fausses membranes sur plaie ou
érosion cutanée)
▫ Ozène en association avec Klebsiella ozenae
26. CLINIQUE.
Toxi-infection : formes locales ou profondes
associées à une toxémie diphtérique :
• Syndrome de toxémie diphtérique :
▫ Neurologiques : confusion, polyradiculonévrite ascendante,
régressant spontanément en quelques semaines nécessitant
assistance respiratoire si extension des paralysies aux
membres > et aux paires crâniennes.
▫ Myocardiques 10% : myocardite (TDR, hTA, brady/) IC
aiguë : 2 à 20%.
▫ Digestif : douleurs.
▫ Cutanées: Pétéchies cutanéo-muqueuse (thrombopénie).
▫ Hématologiques: thrombocytopénie syndrome
hémorragique.
27. CLINIQUE.
Forme invasive chez immunodéprimés :
▫ septicémies, endocardites, arthrites septiq, adénites
nécrosantes.
▫ Peu ou pas toxinogènes.
▫ : 30%.
28. DIAGNOSTIC bactériologique des corynéformes.
Prélèvements :
• Avant Antibiothérapie, le plus tôt possible.
• Acheminement rapide mais bactéries ne nécessitant pas de
précautions particulières, e-swab (Amies) <24h
• Cas de C. diphteriae:
▫ au niveau des zone inflammatoires et non
superficiellement sur les fausses membranes.
▫ Si recherche de portage, prélèvement au niveau du voile du
palais et du cavum
29. DIAGNOSTIC.
Examen Direct :
• Tapis de polynucléaires.
• Nombreux petits B+ droits ou incurvés, extrémités
renflées, en palissade ou lettres de l’alphabet.
• Immobiles, non sporulées, non capsulées.
• Attention tous les corynéformes n’ont pas cette
morphologie (se reporter au tableau 1).
• Colorations pouvant aider: Neisser, d’Ersnt Neisser ou Loeffler
(coloration spécifique des extrémités).
30. DIAGNOSTIC.
Culture :
• Bactéries non exigeantes.
• Croissance à 37 °C en 24-48h.
• Milieu peut être rendu sélectif par l’ajout de
fosfomycine ou d’acide nalidixique (concerne
tous les corynéformes sauf Actinomyces spp.,
Dermbacter hominis et Rothia dentocariosa).
• Les anaérobies préférentielle se cultivent mieux
en atmosphère enrichie en CO2.
• Il existe des espèce lipophiles dont la croissance
est améliorée par l’adjonction de Tween (C.
urealyticum et C. jeikeium).
31. DIAGNOSTIC.
• Pour C. diphteriae, milieu de Tinsdale (Tellurite de K) :
colo noires (réduction de la tellurite) entourées d’un halo
brun foncé (production d’ H2S par la cystinase de la
souche) en 48h.
• Attention, non spécifique de C. diphteriae.
• 3 aspects:
▫ Grosses colo "R" crénelées, bombées : type Gravis.
▫ Grosses colo " S" bombées, brillantes : type Mitis.
▫ Ptites colo lisses ou rugueuses : type Intermedius.
32. DIAGNOSTIC.
Recherche toxine diphtérique :
• in vivo : mort du cobaye non immunisé en 1-2 j.
• in vitro :
▫ Immunoprécipita° en gel : test d’Elek (long 2-6 j)
▫ Attention, les souches a tester ne doivent pas être isolé sur gélose au
sang car le fer inhibe la synthèse de la toxine. C. ulcerans et C.
pseudotuberculosis peuvent aussi être +)
▫ Immunochromatographie : TDR (15 min, Se Sp 90 -95%)
▫ ELISA
▫ PCR : détection du gène tox.
bandelette imprégnée de sérum antitoxine diphtérique
ligne de précipita°
témoin +
Patient (ici +)
témoin -
33. DIAGNOSTIC.
Méthode biochimique :
• Galerie API Coryné.
▫ Identifie correctement 90 % des souches testées
(quasi totalité de corynébactéries d’intérêt
médical)
• Pas de méthode Vitek
• Pour C. diphteria on note:
▫ Catalase +.
▫ Fermentation du glucose sans production de gaz.
▫ Ø uréase, Ø indole.
34. TRAITEMENT.
La sensibilité des corynébactéries aux antibiotiques
est très variable en fonction des espèces et des
souches.
3 groupes en fonction de leur sensibilité aux ß-
latamines:
▫ Haut niveau: C. jeikeium C. urealyticum
▫ Modérée: C. diphteriae, C. striatum, C.
minutissimum, C. auris, Brevibacterium spp,
Dermabacter hominis
▫ Excellente sensibilité: les autres
35. TRAITEMENT.
Pour C. diphteriae:
• Pas de résistance aux Péni mais sensibilité modérée
(90% S+
à Péni G)
• Résistance à l’aztréonam
• 2-15% de résistance à l’érythromycine
• 10% de résistance à cipro
• 50% de résistance aux C3G.
• Clinda : 4% de résistane C. diphteriae, >90% R+
C.
ulcerans.
36. TRAITEMENT.
• Isolement (gouttelettes) et traitement symptomatique.
• Sérothérapie si forme toxinique.
• Antibiothérapie:
▫ AMX 1g x 3/j (100mg/kg enfant) x 14j
▫ Si Allergies : Macrolides 14j (5j pour AZM) selon
antibiogramme.
• Vaccination pendant convalescence.
• Mesure prophylaxiques et épidémiologique
(MDO)
37. Pour C. urealyticum:
• Résistances fréquentes : β-lactamines et
aminosides,
• Sensibilité : aux FQ variable, à la
vancomycine.
Pour C. jeikeium:
• Résistance fréquentes: β-lactamines, aminosides
et FQ.
• Sensible aux glycopeptides.
38. • Recommandations BEH 23 / 1998 - CONDUITE
A TENIR LORS DE L'APPARITION D'UN CAS
DE DIPHTERIE
• ESKA 2007 – Précis de bactériologie clinique
Notas do Editor
Bacillus, Lactobacillus et Listeria BG+ rectilignes.
Bacillus, Lactobacillus et Listeria BG+ rectilignes.
Croissance atmo aérobie, croissance fav en atmo enrichies CO2 chez ana pref
Catalase positive (négative chez Actinomyces et Arcanobacterium)
Attention certaines formes peuvent être coccoïdes
La formation de palissade est assez caractéristique du genre Corynebacterium, alors que les branchements rudimentaires sont plutôt typiques pour les genres Actinomyces et Proprionibacterium
Bacillus, Lactobacillus et Listeria BG+ rectilignes.
Bacillus, Lactobacillus et Listeria BG+ rectilignes.
Pas de relation de gravité entre biotypes mitis et gravis