Pendant l'enfance et l'adolescence, des douleurs de croissance et de troubles stato-dynamiques peuvent se faire ressentir. Alain Poussou et Laurent Poussou, podologues spécialisés à Marseille, vous explique ce phénomène.
Anomalies orthopediques des membres inf chez l'enfant
Poussou podologue
1. ENFANT-ADOLESCENT : DOULEURS DE CROISSANCE ET TROUBLES STATO-
DYNAMIQUES
Alain et Laurent POUSSOU, podologues (Marseille)
Durant la croissance, des phénomènes douloureux peuvent survenir au niveau des membres inférieurs.
L’examen clinique, complété par une baropodométrie électronique, permet généralement de comprendre la souffrance
micro-traumatique de chaque zone douloureuse, amplifiée par une maturation osseuse délicate et par une activité sportive
intense.
On est souvent en présence d’une apophysite de croissance (ou « ostéochondrose »).
Seule l’approche « mécanique » sera évoquée, mais d’autres paramètres peuvent intervenir (hormonal, vasculaire,…).
D’autres phénomènes douloureux, moins dépendants de cette maturation osseuse, révèlent également une surcharge
fonctionnelle, et sont comparables aux douleurs rencontrées chez les adultes.
Si le traitement par orthèses plantaires est ici mis en exergue, la kinésithérapie représente un apport non négligeable pour un
objectif commun : la cessation de la douleur et la reprise des activités.
1.Les douleurs de 2 à 4 ans.
Peu de cas observés dans notre cabinet : moins de 80 cas.
Les douleurs sont souvent nocturnes, au niveau des membres inférieurs ; elles peuvent durer plusieurs semaines.
En corrigeant les attitudes nocives, surtout des pieds hyper-pronateurs, ces plaintes nocturnes disparaissent.
Est-ce la seule explication ? Dans certains cas, une prescription médicale de magnésium a permis un résultat similaire.
2. 2.Les douleurs, +++de 8 à 15 ans.
Ce texte se présente en deux chapitres bien distincts :
apophysites de croissance
troubles stato-dynamiques mais les inter-relations sont évidentes
2.1 Les apophysites de croissance (« ostéochondrose »).
< Pathologies non inflammatoires
< La souffrance est « mécanique »
< Le + souvent : troubles posturaux ou dynamiques
< L’activité sportive peut l’amplifier
< Les pics de croissance également.
Ne pas négliger une éventuelle souffrance vasculaire.
2.1.1 LA TALALGIE DE SEVER.
C’est la très fréquente apophysite du noyau d’ossification secondaire du calcanéum.
Causes possibles :
- Cette zone subit des tractions :
. Du triceps
. Du système myo-aponévrotique plantaire (pied creux, pied valgus)
- Elle subit des pressions lors du contact-sol.
Traitement par orthèses plantaires (de préférence thermoformées):
- corriger les axes, pour équilibrer les tensions aponévrotiques et améliorer l’attaque
Du talon au sol.
3. - surélever le talon pour relâcher le triceps et reporter le poids sur l’avant-pied.
- protéger le calcanéum en répartissant et en amortissant l’impact.
En kinésithérapie, on peut par exemple étirer en douceur la chaîne postérieure.
2.1.2 LA MALADIE D’OSGOOD-SCHLATTER
C’est l’atteinte de la tubérosité tibiale antérieure.
Elle subit la traction du quadriceps (via le ligament rotulien) qui doit résister à ses antagonistes : les fléchisseurs du
genou.
- Aggravation lors des pics de croissance
- Aggravation avec le sport
- Aggravation avec certains troubles statiques
LA MALADIE DE SINDING-LARSEN
C’est l’atteinte de la pointe de la rotule. Mêmes causes.
L’orthèse plantaire intervient sur les troubles statiques, surtout dans le plan sagittal.
La kinésithérapie améliorera la posture et diminuera les tensions.
La cryothérapie permet aussi une reprise + rapide des activités.
2.1.3 LA NAVICULITE DE KOHLER-MOUCHET
L’os naviculaire subit :
- des stress de cisaillement et de compression
- des tractions du tibial postérieur, surtout en présence d’un pied valgus.
Les orthèses plantaires freinent la pronation pour limiter la traction excessive du tibial postérieur.
Un soutien interne va limiter ses mouvements articulaires au sein du 1er
rayon.
4. 2.1.4 LA MALADIE DE RENANDER
C’est l’atteinte d’un sésamoïde situé sous la 1ère
tête métatarsienne.
Il subit des pressions, aggravées :
- par un pied valgus
- par un abaissement du 1er
métatarsien
- par un crampon d’une chaussure de football.
Les orthèses plantaires vont mieux répartir les pressions, et corriger l’éventuel valgus.
2.1.5 LA MALADIE D’ISELIN
C'est l’atteinte de la styloïde du 5e
métatarsien.
- Contraintes avec la chaussure
- Traction du court fibulaire.
Traitement par orthèses plantaires thermoformées :
- évidement au niveau de la styloïde
- correction pour relâcher le court fibulaire.
2.1.6 LA MALADIE DE FREIBERG
Atteinte de la 2e
tête métatarsienne (quelquefois la 3e
)
C’est généralement une surcharge mécanique d’appui, facilement soulagée par une orthèse plantaire de décharge. Mais
en cas d’échec,le chirurgien opérera pour limiter les risques d’une nécrose.
5. 2.2 Les douleurs, hors dystrophies de croissance.
Comme pour les adultes, les enfants et les adolescents peuvent consulter pour des douleurs mécaniques. L’étude de la
statique et de la dynamique permettra de repérer les troubles fonctionnels.
2.2.1 LES METATARSALGIES
Causes favorisantes : pied creux - centre de gravité antériorisé - répartition inégale des appuis métatarsiens - griffe
d’orteil.
LES TALALGIES
Causes fréquentes : pied creux - centre de gravité postériorisé - mauvaise attaque du pas lors du déroulé.
Orthèses plantaires pour métatarsalgies et talalgies :
- modifier les axes
- déplacer le centre de gravité
- Répartir les pressions et amortir les impacts
2.2.2 LE PIED BOT VARUS EQUIN
La rééducation, les attelles, les plâtres successifs et/ou la chirurgie vont permettre une transformation radicale de ce
pied bot varus équin.
Mais ce ne sera jamais un pied normal (déficit musculaire, déformation osseuse).
L’orthèse plantaire doit faire « au mieux » pour compenser ce qui n’a pu être rétabli correctement.
Exemples possibles de réalisation :
- corriger la supination persistante … ou la pronation iatrogène.
6. - compenser :
. L’équin résiduel ;
. L’insuffisance d’appui du 1er
métatarsien ;
. La différence de pointure dans le chaussage du pied ;
. L’inégalité fréquente de longueur du membre inférieur.
- harmoniser le déroulé du pas.
La complémentarité pluridisciplinaire facilitera un confort de marche, et permettra à certains de pratiquer du sport à
haut niveau.
2.2.3 TENDINITE D’ACHILLE
Causes : groupe musculaire postérieur fonctionnellement court.
Avec l’orthèse plantaire, on stabilise les défauts d’axes et on surélève le talon … alors que le kinésithérapeute va
étirer ; ce n’est pas contradictoire mais complémentaire dans le résultat.
2.2.4 PERIOSTITE TIBIALE (surtout en activité sportive)
- Mauvais déroulé du pas, surtout à l’attaque du talon
- Chaussures de foot à crampons sur terrain dur
- Enthésopathie d’insertion du tibial antérieur ou postérieur.
Orthèses plantaires : amortissement et correction des axes
7. 2.2.5 LE PIED VALGUS (pied « pronateur »)
Il génère à lui seul de nombreuses pathologies.
Les lignes de force se déportent en interne pour chaque membre inférieur.
Les conséquences :
- Porte-à-faux articulaire
- Surcharge fonctionnelle :
- musculaire
- ostéo-articulaire
Quand cette pronation podale est générée ou aggravée par une hyper antéversion fémorale, les porte-à-faux sont
amplifiés.
C’est une vrai chaîne de fermeture :
- horizontalisation du sacrum
- antéversion iliaque
- rotation fémorale interne
- rotation/torsion tibiale externe relative
- pied valgus bien marqué
Avec des douleurs possibles à tous les étages :
- l’horizontalisation sacrée favorise la poussée en avant L3, L4, voire L5 ; d’où possible spondylolisthésis, lombalgie,
…
8. - Avec la rotation fémorale interne et le pied valgus :
de très fréquents syndromes rotuliens avec risque d’instabilité ou de subluxation externe
une souffrance des zones surmenées : tibial postérieur, zone malléolaire interne, naviculaire,
aponévrosite plantaire.
L’effet ascendant de l’orthèse plantaire :
- limite les attitudes nocives à différents niveaux
- améliore la cinétique du membre inférieur.
La cessation de la douleur est souvent rapide.
La pratique du sport est facilitée.
But des orthèses plantaires :
- modifier les positionnements ostéo-articulaires et les rapports entre les groupes musculaires
Faciliter le travail du kinésithérapeute en limitant le surmenage fonctionnel qui reprend après la séance de rééducation
L. et A. Poussou, Centre de Podologie Médicale et Sportive.