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NNNººº666 Avril 2015 – Publication trimestrielle – 2e
année
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ÉVASION Des trains en Argentine ÉTRANGER Les OFP en Espagne
Publication trimestrielle
Version papier reliée :
France : 12,50 € / Europe : 16 €
Le TGV, une menace
pour le futur du
transport ferroviaire ?
Et aussi :
Signalisation : la variante sud-ouest
La Corrèze et le Cantal en bleu d’Auvergne
De Mignaloux à Jardres sur une desserte Fret
Et le reste de l’actualité !
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2. Pour une nouvelle ambition ferroviaire française
Déclaration commune
ans l'indifférence ou l'ignorance des politiques, des médias, du public, la France, pays du TGV et des trains à l'heure, est en voie
de perdre son statut de grande nation ferroviaire et de devenir un maillon faible de l'Europe ferroviaire. Pourtant nos territoires, nos
entreprises, nos ports, pour renforcer leur identité, leur compétitivité, leur attractivité ont impérativement besoin de bonnes
connexions ferroviaires entre eux et avec l'Europe. Il le faut pour valoriser notre position de carrefour européen occidental. Comme il le faut pour
renforcer les liens entre nos ports, maritimes et fluviaux, et leurs hinterlands. A ces enjeux s'ajoutent les grands défis transverses,
environnemental, énergétique, climatique.
Nous vivons la fin de l'ère des opérateurs nationaux exclusifs, supposés être en mesure de répondre à tous les besoins de leur territoire,
chacun d'eux étant le seul utilisateur de « son » réseau, placé sous son contrôle. Ce qui ne veut en aucun cas dire que ces opérateurs publics
historiques n'ont pas encore un rôle majeur à jouer. Mais les modalités en seront différentes. A défaut, ils courent à leur marginalisation. Le
moment est venu de jouer la carte de la diversité et d'une nouvelle modernité ferroviaire européennes, d'ouvrir notre réseau ferré national à de
nouveaux opérateurs, publics ou privés, de vendre notre savoir-faire ferroviaire dans d'autres pays.
Le niveau actuel d'utilisation de notre réseau ferré national, même avec les nouveaux opérateurs de fret, ne permet plus d'assurer son
équilibre économique. Ce déséquilibre structurel, insoutenable, menace sa pérennité. La France a un besoin impérieux de « nourrir » son réseau
de nouvelles utilisations, de nouveaux opérateurs. Ce qui créera de nouveaux services au public et aux entreprises. C'est le rôle du gestionnaire
du réseau, de statut public, indépendant, de les susciter et les prospecter. Il est appelé à devenir le pilier de la politique ferroviaire française. Il y
a urgence d'action.
Même s'il reste parmi les plus sûrs, les experts alertent sur le vieillissement de notre réseau et son manque d'ouverture aux technologies
modernes. Est-il acceptable en 2015 que des trains de fret se « perdent » encore ? La modernisation de notre réseau, appuyée sur la révolution
numérique, incluant le contrôle et la connexion centralisés des points sensibles, recèle d'importants gisements de sécurité, de fiabilité, de
productivité, d'économie d'énergie. Prolongée par un réseau capillaire décentralisé, géré « en proximité », cette modernisation, augmenterait la
performance nationale, européenne et territoriale du mode ferroviaire. Dès lors, pourquoi ne pas en faire un projet franco-européen contribuant à
la relance économique, mobilisateur pour des start-up françaises ?
Le fret ferroviaire, en quelques années, à contre-courant de l'exigence de report modal portée par le Grenelle de l'environnement, a chuté
en France de 16 à 9 % de part de marché. Ce recul spectaculaire, ignoré du grand public, est une exception européenne qui devient un handicap
logistique pour notre économie. La comparaison avec l'Allemagne est alarmante qui, avec 17 % de part de marché, connaît une croissance que
se partagent l'opérateur national DB Schenker et ses concurrents. Le recul de l'offre pour le wagon isolé en France est lourd de conséquences à
court et long terme. A l'heure où des chaînes logistiques virtuelles structurent le transport de fret, à l'échelle planétaire, le retard numérique du
transport ferroviaire est incompréhensible. La médiocre traçabilité qui en résulte, la complexité de l'accès aux sillons, affaiblissent son potentiel
logistique et écologique.
Dans le domaine des voyageurs, si le TER reste un succès de fréquentation, les régions ne peuvent plus assumer la montée de son coût.
Le Transilien est dans la même situation, le vieillissement du réseau et la baisse de qualité pèsent sur la vie quotidienne des Franciliens. Les
Intercités se dégradent depuis l'avènement du TGV, il y a plus de trois décennies. Le TGV, polarisé sur la concurrence aérienne, fragilisé par les
low cost, peine à trouver un nouveau souffle. La France a repoussé l'échéance de l'ouverture à la concurrence, au risque de voir son opérateur
national, et ses filiales, écartés des appels d'offres européens. Ce délai, à tout le moins, doit être utilisé pour traiter nos points faibles.
Le ferroviaire français, et il faut veiller à ce que la réforme ne l'accentue pas, souffre d'un excès de centralisation qui génère des charges de
structures élevées. Il a besoin de réactivité, d'adaptabilité, de proximité, d'un développement de sa capacité d'initiative locale. C'est une évidence
pour le TER et les Intercités. C'est tout aussi vrai pour le fret qui, contrairement à d'autres pays, dont l'Allemagne, manque cruellement de
racines territoriales et portuaires. Des PME ferroviaires réactives et flexibles pourraient aller chercher et organiser les envois dans les territoires
et amorcer les chaînes logistiques modernes à dominante ferroviaire dont notre économie a besoin. Beaucoup d'entreprises sont prêtes à
s'impliquer dans des initiatives locales pour peu qu'elles soient menées dans un esprit de partenariat et d'innovation. En particulier pour les
lignes capillaires, dont le potentiel logistique est sous-estimé, dont il faut résolument exclure la fermeture. Le bilan des premiers OFP, opérateurs
ferroviaires de proximité ou portuaires, appelle à investir ce champ d'innovation.
Le ferroviaire illustre le paradoxe français : d'un côté un potentiel technique et humain que, malgré son recul, bien des pays peuvent encore
nous envier, de l'autre la peur de l'avenir et l'illusion que cet avenir passe par le retour à un passé révolu et idéalisé.
La France, si elle l'ose et si elle le décide, peut figurer parmi les grands gagnants de l'Europe ferroviaire. La réforme le permet. Encore faut-
il que sa mise œuvre ne soit pas détournée de son objectif originel, renforcer l'efficacité de notre système ferroviaire. Pour cela, l'Etat stratège
doit impulser une stratégie innovante, appuyée sur un secteur public différencié et renforcé, une stratégie ouverte à la concurrence, à l'initiative
privée, à l'Europe.
Nous attendons du transport ferroviaire qu'il devienne un acteur du développement durable et de l'attractivité de la France. Nous mesurons
l'ambition, l'énergie, l'esprit transpartisan qu'implique ce grand projet national et européen. Nous sommes prêts à y prendre notre part.
François Asselin, président de la CGPME, Jacques Kopff, président de l'AFPI, Jean Sivardière, président de la FNAUT,
Xavier Beulin, président de FNSEA, André Marcon, président de CCI France, Louis Nègre, président de la FIF.
Denis Choumert, président de l'AUTF, Louis Nègre, président de la FIF,
D
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Un équipement hybride : la variante
régionale Sud-Ouest des gares de
voie directe type unifié SNCF
Texte de Jean Thouvenin
l s’agit d’une situation exceptionnelle dans l’histoire des gares de voie unique régionales en France. Elle a consisté à appliquer
le modèle unifié tout en conservant ou en réutilisant des verrous verticaux provenant des voies uniques de l’ex-PO.
La variante ainsi conçue avait la même signalisation que le type SNCF proprement dit, à savoir celle ci-après :
Par ailleurs, la variante a utilisé
deux modèles de serrure centrale. Le
programme qu’ils réalisaient était le
même et la consigne ci-contre de 1958
ne les distingue donc pas.
Comme dans le modèle SNCF, les
aiguilles d’entrée n’avaient aucun
verrouillage en direction de la voie
d’évitement et les commandes de
désaubinage (disques et sémaphores)
n’étaient pas enclenchées.
La variante n’utilisait pas le TIV de
rappel 40, mais seulement ceux pour 30
km/h ci-après :
- D’abord le modèle sud-ouest en tôle
avec un éclairage par réflexion ;
- Puis le modèle unifié avec un
caisson.
I
14. TTeecchhnniiqquuee
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I – La variante avec la serrure centrale importée du type de « voie
directe Saint-Nazaire – Le Croisic » de la région Ouest
e type « Saint-Nazaire – Le Croisic » fonctionnait en 1942 sur la ligne Ouest (jadis PO) dont il portait le nom. Sa consigne-
type figurait alors dans le recueil des Instructions Régionales de Sécurité de cette région et ne fut abrogée qu’en septembre
1958.
Il était novateur quant à la signalisation et au programme, déjà conforme au schéma donné plus haut, avec la création du TIV de
rappel au taux de 30 km/h manœuvré par le levier du verrou indépendant d’aiguille d’entrée (ce sera aussi la pratique unifiée).
Le type « Saint-Nazaire – Le Croisic » comportait aussi une grosse serrure centrale, de conception nouvelle, organisée en régimes
mais avec 3 clés spéciales d’enclenchement. Pour autant, aucun enclenchement de « nez à nez » entre signaux des deux sens n’existait
sur la voie directe.
Dans la période 1952-1968 pour le moins, ce modèle fut en service dans des gares situées entre Niversac et Tulle (Larche,
Aubazine-Saint-Hilaire, Cornil) et entre Brive et Figeac (Turenne, Les Quatre Routes, Le Pournel).
La Région Sud-Ouest semble avoir fait ces choix pour réaliser des économies. En tout cas, l’exemplaire de serrure centrale
employé à Cornil s’y trouvait en 1954 assez rouillé…
Configuration de la serrure centrale de cette gare selon document technique daté de mai 1967
À Aubazine et aux Quatre Routes, le verrouillage à distance et son contrôle par verrou vertical existaient aux deux aiguilles
d’entrée. Dans ces deux gares, la serrure centrale possédait, à la place de son entrée V.1 de Cornil, une entrée Vv.1 dénommée
« Verrou vertical du verrou indépendant du verrou de l’aig.1 ».
La dénomination de certaines entrées de clés dans les installations purement unifiées est la même que ci-dessus. Exemple : les
entrées dénommées S sont pour les accès aux voies de service.
L
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II – La variante avec serrure centrale de voie directe SNCF
ette serrure était du modèle
applicable aux gares de voie
directe SNCF quand ces
dernières n’avaient aucune aiguille commandée
à distance. L’image ci-contre en montre l’aspect
de principe.
La seule différence avec l’emploi de la
serrure centrale « Saint-Nazaire – Le Croisic »
était celle-là. Dans tous les cas, les
équipements unifiés disponibles et mis en
œuvre n’étaient que ceux de première
génération et donc sans les compléments
futurs : il n’y avait pas de signalisation
lumineuse, pas de circuits de voie pour
protéger la voie directe, pas d’empêchement à
l’ouverture simultanée vers elle de tous les
signaux des deux sens.
À peu près à la même époque que dans le
cas de l’autre modèle, l’équipement concerné
fut installé entre Montluçon et Saint-Sulpice-
Laurière, ainsi qu’à Marsac-sur-Tarn, sur Milhac d’Auberoche (à partir de 1955) et Thenon (depuis 1956, resté en service en août 1967).
Il fut même appliqué à La Bachellerie et à Terrasson, en remplacement de l’arrêt général qui était jusqu’alors imposé dans ces deux
gares.
Ci-après, la gare de Treignat dans sa situation au 2 mai 1961 :
C
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III – Comment étaient choisies les aiguilles d’entrée dotées du
verrouillage à distance ?
ertaines n’en étaient pas pourvues, mais au moins l’aiguille la plus éloignée du BV en était munie dans chaque gare. Ce
pouvait être l’aiguille de l’une ou l’autre entrée. Des gares où ces aiguilles étaient toutes deux verrouillées à distance
existaient aussi, notamment chaque fois où les deux entrées étaient à peu près équidistantes du BV. Par ces dispositions,
l’on s’efforçait avant tout de limiter les déplacements du personnel, et même de les éviter au cours de l’exécution des croisements.
Exemple de la situation entre
Montluçon et St. Sulpice-Laurière à l’été
1954 ci-contre.
En 1978, la variante n’existait plus,
remplacée le cas échéant par le type
unifié pur et simple de voie directe. À
cette date, sur Saint-Sulpice –
Montluçon, les aiguilles que l’on avait
dotées du verrouillage à distance étaient
désormais aussi commandées à
distance (du moins celles des gares qui
étaient encore en service). Les critères
pour décider des commandes à distance
étaient en effet les mêmes dans le type
unifié, avec variante ou non.
Conclusion
Exception faite des vestiges en
gare de La Rochefoucauld, les types
régionaux Sud-Ouest de gares de voie
unique ont à présent disparu. L’on ne
trouve plus maintenant sur les lignes à
signalisation normale concernées que
des installations :
- soit unifiées : premiers types
SNCF, avec compléments
éventuels, ou modèles plus récents codifiés chacun par 4 chiffres : V G 1011 ; VD 1021, etc. ;
- soit de voie directe type ancien Ouest : équipements répandus à partir des dernières années de la Seconde Guerre mondiale sur
diverses lignes de l’ensemble du réseau national : là encore des compléments éventuels sont venus par la suite s’ajouter au
modèle de base qu’avait fait se répandre sa grande simplicité.
Mais les types régionaux du Sud-
Ouest avaient bien répondu de manière
générale aux exigences de leur temps.
Le temps où, sauf au Nord et au PLM, le
block enclenché de voie unique était
rarissime en France (il fonctionna
pourtant de Meymac à Ussel une
trentaine d’années depuis 1913). Le
temps aussi où la commande d’aiguilles
de dédoublement depuis le bâtiment des
voyageurs ou ses abords n’existait guère
chez nous : à peine quelques cas sur
l’Est, des tentatives du PLM dont une en 1932, et une aiguille du PO en service de 1928 à la guerre à Sornac-Saint-Rémy (entre Felletin
et Ussel). Tel était le contexte que la SNCF s’attacha à moderniser ensuite. L’ère du tout électrique et de l’informatique, celle des
automatismes et des télécommandes y compris pour simple voie, ne saurait faire méconnaitre les conditions de travail dans les gares de
jadis, ni des recherches d’alors qui menèrent aux progrès.
C
37. PPaarrtteennaarriiaatt
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