Serge Tisseron, Le bonheur dans l'image, Les empêcheurs de tourner en rond, 1996 (2°ed, 2003)
Chapitre 4, 5 et 6
Séminaire Arts Numériques, Master Arts et Création Numérique, UVHC, 2011
1. Chapitre 4 : Le regard de la
photographie
● Par sa ressemblance avec le reflet : support à
l'imaginaire de soi §2 : le vol de l'âme
● Intégration symbolique dans une communauté
plus vaste §3 : faire partie du décor
● En écho au « ça a été » de Barthes : présence
du passé
● « ça a été ensemble » : fort pouvoir
d'enveloppe, ensemble de relations
2. Roland Barthes
La chambre claire, 1980
Journal de deuil, 2009
● Idée récurrente : les photographes s'acharnent à capter le
vivant, témoignant en fait de l'obsession de la mort
● Rideau = symbolique du dévoilement, voire du caché, idée
d'un dévoilement de soi ou d'un chemin vers le caché en soi,
l'inconscient. / légende de Zeuxis et Parrhasios
3. « ça a été »
dans la Photographie, je ne puis jamais nier que la chose a
été là (…) et puisque cette contrainte n'existe que pour elle,
on doit la tenir, pour l'essence même, le noème de la
Photographie (…) ce que j'intentionnalise dans une photo,
ce n'est ni l'Art, ni la Communication, c'est la Référence, qui
est l'ordre fondateur de la Photographie. Le nom du noème
de la Photographie sera donc : « ça a été » cela que je vois
a été là, et cependant tout de suite séparé ; il a été
absolument, irrécusablement présent, et cependant déjà
différé.
On dit souvent que ce sont les peintres qui ont inventé la
photographie (…) Je dis : non, ce sont les chimistes. La
photo est littéralement une émanation du référent (…)
rayons différés d'une étoile
authentification prime sur la représentation
4. 1 – une image qui nous regarde
● Regard porté sur le monde
● par le photographe,
● par le spectateur
● Impression d'un regard porté sur le spectateur
lui-même : elle lui impose un point de vue qui n'est pas
le sien
● Spectateur est à la fois
● sujet de ce qu'il regarde
● objet de l'image qu'il regarde
6. … la photo enveloppe son spectateur
selon Barthes : Photographie
(spectrum)
● 3 points de vue
● Spectrum : la photographie représente ce moment où je
ne suis ni un sujet ni un objet
● Spectator : certaines provoquent de Spectateur
« menues jubilations », d'autres (spectator)
l'indiffèrent, comprendre la raison de cet attrait
●
Operator
● Caractéristiques qui déclenchent le sentiment
● Studium : il ressent un « affect moyen » une sorte d'intérêt
culturel, social, politique.Lecture raisonnée,
conventionnelle. Nuance du « I like »
● Punctum : c'est la piqûre, le petit trou, la petite tâche
(coup de dé en latin). C'est le hasard qui à la fois me
« point » mais aussi me meurtrit. Nuance du « I love »
7. 2 – Le vol de l'âme
● Tout se passe comme si la photographie pouvait
réellement contenir quelque chose des modèles
● Imaginaire de la représentation : 3 axes
● Confirmation de l'image de soi : « se voir de
l'extérieur » stade du miroir individuel, socia . Reste
un reflet visuel et statique.l
● Inclusion dans une même représentation du sujet et
de son environnement
● Appartenance du sujet à un groupe humain plus
vaste
8. 3 – Faire partie du décor
La photographie :
● Contient tous les éléments du décor : physique,
naturel, humain
● Contient le photographe lui-même
Photographie
(spectrum)
Observateur de la Réalité
Réalité Photographe (operator)
Spectateur
(spectator)
9. L'invention du corps, M.A. Descamps, 1986
Stade du miroir social
● L'ombre, première forme du reflet : Le mythe de la caverne
● Introduire l'ordre et la raison : Conquête de la perspective
● L'image naturelle de l'homme
● Mythe du regard aveuglant
● Trois périodes : totémisme, fétichisme, nudisme.
10. Chapitre 4 – Le cinéma et sa salle
obscure
● Projection accélérée : 24 images/sec
● Imaginaire de la durée, du mouvement, de la
temporalité : durée illimitée vs présent éternel
de la photographie
● Renoncer à notre propre rythme intérieur pour
adhérer à celui de la projection
11. Page 59
Ainsi, ce n'est pas la distinction entre image fixe et animé qui fonde
l'opposition entre la photographie et le cinéma, mais l'invention d'un dispositif,
la salle obscure.
Dans la photographie, les spectateurs sont confrontés à leur solitude face à
une image qu'ils sont invités chacun à explorer du regard pour en recréer la
profondeur écrasée et dégager sa valeur de signe. Non seulement le
caractère stable de l'image permet cette exploration stable et minutieuse,
mais encore l'écrasement des différents plans de l'image sur la surface du
support y invite.
Rien de semblable au cinéma : l'image va
trop vite ! Mais cette impossibilité est
contournée par un dispositif scénique.
Faute de pouvoir entrer dans l'image, les
spectateurs sont invités à entrer dans une
pièce obscure où ils sont physiquement
immergés dans la lumière du projecteur
qui traverse la salle pour se projeter
devant eux. Ils se laissent alors entraîner
ensemble dans l'illusion d'une perception
partagée où la nécessité du signe s'efface
derrière le plaisir fusionnel alimenté par la
narration et le dispositif optique.
12. Chapitre 6 – L'agitation télévisuelle
● Espace de diffusion privé
● L'écran émet sa propre lumière
1 - Un repère familier
p 62 L'image télévisée, qui est par définition changement permanent
et irruption permanente de la nouveauté, s'est finalement trouvée
rangée au service de notre perception de la stabilité et de la
continuité.
13. 2 – Les limites du « visuel »
●
Un reflet du monde (info, téléréalité)
● Visuel vs imagé : donne plus à voir qu'à représenter
● Un contenu nomade en recherche de contenant
La lucarne du poste de TV enveloppe certes les objets qui y sont
représentés. Mais son cadre est bien plus une limite qu'une
enveloppe. Les côtés de l'écran sont comme les parois d'un
aquarium. Mais il manque à l'image TV la matière continue qui
lierait entre eux les objets qui s'y trouvent.
Zapping : le sens est donné par sa propre quêteuu
3 – Séduire pour exister
● Appel au spectateur : nostalgie d'interactivité
Illusion d'intimité, aucune sensori-motricité, dispositf optique
● Cf expérience Mac Luhan
14. Marshall McLuhan
(1911-1980)
● «Le message, c'est le médium» : ce n'est pas le contenu
qui affecte la société, mais le canal de transmission lui-
même.
● deux grandes catégories :
● les médias « chauds », participation d'un seul de nos sens. L'information
reçue très riche, la participation du cerveau faible.
● les médias « froids » s'adressent à plusieurs sens et sont plutôt pauvres,
participation très importante pour compenser cette pauvreté. Ainsi, à cause
de la très grande différence de qualité des images, le cinéma est « chaud »,
alors que la télévision est « froide »