Un document d'introduction théorique aux notions de théorie de la firme avec une approche graphique permettant de situer les principaux auteurs de ce domaine de la science économique.
2. Plan de la séance | Firme+Innovation
Pour en finir avec la firme point
Une critique des fondements microéconomiques de la firme
Questions fondamentales : de Berle et Means à Coase
Deux approches contractuelles : théorie de l'agence et droits de
propriété
L'analyse "historique" de la firme et ses configurations
La firme comme organisation : cognition et comportement
La théorie évolutionniste
4. La firme point | Firme+Innovation
La firme type de la théorie microéconomique
• fonction de production, qui achète sur un marché courant
(spot market) et maximise ses profits (ou ses recettes)
• c’est une théorie rigoureuse, mais rudimentaire :
• elle est mathématiquement formalisable et élégante
• très utile pour envisager les variations provenant de facteurs exogènes
• elle permet d’analyser l’interaction entre firmes dans différents types
de structures de marché (imparfait, oligopolistique, etc.)
• par contre, elle est largement insuffisante :
• n’explique pas l’organisation interne de la firme
• silence sur la résolution de conflits entre parties prenantes
• ne dit pas comment s’accomplit l’objectif de maximisation du profit
• ne dit pas ce qu’est une firme ni quelles sont ses frontières...
6. Questions fondamentales | Firme+Innovation
“ in economic theory we find
that the allocation of factors
of production between
different uses is determined • Coase (1937) rappelle l'importance
by the price mechanism. d'une définition claire de la firme afin
The price of factor A de justifier le choix entre théories
becomes higher in X than in
Y. As a result, A moves from alternatives
Y to X until the difference
between the prices in X and • Si le mécanisme des prix est le seul
Y, except in so far as it critère, pourquoi existe-t-il des firmes?
compensates for other
differential advantages, • Il réintroduit le personnage de
disappears. Yet in the real
world, we find that there are l'entrepreneur comme acteur significatif
many areas where this does
not apply. If a workman • Il y a un coût à utiliser le mécanisme
moves from department Y to des prix
department X, he does not
go because of a change in
relative prices, but because
he is ordered to do so.
”
7. Questions fondamentales | Firme+Innovation
• Berle et Means (1932) s'inquiètent
plutôt de la division observée entre “ The capitalist process, by
propriétaires et managers substituting a mere parcel of
shares for the walls of and the
• La recherche de profit est mise de côté machines in a factory, takes the
au profit des intérêts des directeurs life out of the idea of property. It
loosens the grip that once was so
• La dispersion de la propriété entraîne strong - the grip in the sense of
une concentration du pouvoir the legal right and the actual
ability to do as one pleases with
économique : l'entreprise devient one’s own; the grip also in the
institution sense that the holder of the title
loses the will to fight,
• La firme est donc le lieu de la genèse economically, physically,
du conflit entre acteurs politically, for ‘his’ factory and
his control over it, to die if
”
necessary on its steps
Schumpeter, 1942
9. Deux approches | Firme+Innovation
Petit graphique...
approches
par les droits théorie de
l'agence
Hart & Moore
Klein, Crawford Jensen &
& Alchian Grossman & Hart
Meckling
Institutionalistes Williamson Alchian &
Demsetz
Radicaux
Schumpeter Chandler
Simon
Coase
Knight
Berle & Means
Marshall
Marx
Adam Smith
11. La firme comme institution | Firme+Innovation
Les deux grandes formes de Chandler
Une approche basée sur l'analyse historique des
entreprises américaines, Chandler arrive à deux formes :
La forme unitaire, forme U, décrivant un système centralisé et
une division du travail de gestion par la spécialisation des
départements
La forme multidivisionnelle, forme M, reposant sur la
différenciation et l'intégration, la décentralisation des décisions
et centralisation du pouvoir.
C'est une"quasi-firme", son organisation laisse + d'autonomie
aux filiales
Elle est : [1] plus flexible, [2] mieux coordonné sur le plan des
économies d'échelle et de variété, [3] assure une production plus
efficiente par l'intégration verticale.
12. La firme comme institution | Firme+Innovation
La réfutation d'Aoki
Le trait principal de la firme M est sa structure hiérarchique rigide
Les tâches sont décrites par la hiérarchie dans un schéma classifié
Chaque travailleur ‘performe’ sa tâche spécialisée selon un barème préétablit
Les règles, formelles ou informelles, sont connues des parties (manuels
d’instruction, directives du superviseur).
La production est très efficiente, mais peu flexible...
Dans la firme J (japonaise) :
Les responsabilités des travailleurs ne sont pas spécifiées dans le détail
Chacun occupe plusieurs postes, avec une rotation continue
Chacun est familier avec l’ensemble du processus, adaptation
Il y a un degré de délégation considérable des pouvoirs décisionnels
Ingénieurs, réparateurs, inspecteurs, avec les travailleurs
14. La firme comme organisation | Firme+Innovation
Cyert et March, une théorie comportementale
la firme est une organisation complexe
de Berle et Means, on sait qu'au moins deux types
d'acteurs existent en ce qui concerne la gouvernance
de la firme
s'ajoutent les composantes internes de la bureaucratie
d'entreprise (financiers, ingénieurs, commerciaux, etc.)
la firme est donc une coalition, animée par le conflit
(thèmes repris par March ensuite)
Ils introduisent également les notions d'apprentissage,
de routines et du relâchement organisationnel, qu'ils
empruntent à Penrose
15. La firme comme organisation | Firme+Innovation
Penrose, ressources et cognition
une approche basée sur les compétences
première à tenter d'intégrer formellement la connaissance
comme un déterminant de la croissance des firmes
les firmes diffèrent en fonction de leur capacité à mobiliser les
ressources, et non pas à les utiliser comme de simples inputs
introduit l'idée de ressources improductives (organizational
slack) servant de réserve de connaissances mobilisables pour
l'innovation
fonde l'approche basée sur les ressources et les capacités
(notamment dynamiques) de la firme : Prahalad et Hamel,
Barney, Teece, Porter, etc...
17. Évolutionisme | Firme+Innovation
Nelson et Winter, évolution et innovation
la firme est un répertoire de routines liant les individus entre eux
utilisent [1] les apport de Schumpeter sur l'innovation ; [2] ceux de Simon
et de Penrose sur l'apprentissage, le principe de satisficing, la rationalité
procédurale et les règles de décision [3] et enfin une approche
biologique de la firme issue des travaux d'Alchian
Trois principes empruntés à la biologie : [1] variété (mutation),
[2] sélection (loi du plus fort), [3] hérédité (gènes)
Les gènes sont incarnés par les routines organisationnelles, i.e. des
modèles d'action et d'interaction ± répétitifs en réponse à des
problèmes particuliers.
Elles résultent de processus d'apprentissage (création de
connaissances ± tacites)
caractère cumulatif, continuité dans le changement et path
dependencies
actifs localisés, spécifiques, source de variété inter-entreprise
Elles impliquent coordination
cohérence du portefeuille d'activités de la firme
trève organisationnelle entre les membres
18. Évolutionisme | Firme+Innovation
“ "Le modèle néoclassique est fondé sur 2 concepts
dont la nature diffère considérablement:
Le premier est la notion d'agent économique
individuel, au comportement régi par un critère
d'optimisation sous contraintes, lesquelles sont soit
des données, propres à l'agent (par exemple la
fonction de production), soit des termes de l'échange
avec le système économique global.
Le second est le marché : ici est pris en compte
l'agrégat des décisions individuelles, et les termes de
l'échange sont ajustés jusqu'à ce que les décisions des
”
individus soient mutuellement compatibles,
globalement."
(Arrow 1974, Limited knowledge and economic analysis,
AER, mars, p.1-3)
19. Évolutionisme | Firme+Innovation
En d'autres termes, la théorie standard s'appuie sur 2
piliers :
la rationalité des comportements individuels - réduite à
l'optimisation
-- rationalité substantielle --
la coordination des comportements individuels - réduite au
marché
-- marché (individu) --
Rupture majeure grâce notamment aux travaux de Simon :
rationalité limitée (procédurale, règles et satisficing)
coordination via l'organisation (collectif)