1. MA NUIT AU CHATEAU
Un été, ma sœur, mes parents et moi avions visité le
Périgord et ses châteaux. Nous revenions d'une journée bien
pénible car la pluie nous avait suivie. Comme la nuit
tombait, nous dûmes trouver notre hôtel. Au bout de
quelque temps nous y arrivâmes.
C'était un château qui datait du moyen-âge, et qui avait
été plusieurs fois rénové pour être transformé en hôtel. Il
était assez petit, avec une grande porte d'entrée. Nous
toquâmes trois grands coups.
Un monsieur nous ouvrit. Il était maigre, vieux et
s'aidait d'une canne pour marcher. Il nous tendit un petit
trousseau de clés. Apparemment, nous étions les seuls
clients. Je remarquais que qu'il ne manquait aucune clé au
tableau. Il nous demanda de le suivre. Nous traversâmes
alors un long couloir.
Il y avait là, des peintures écaillées, des statues
fissurées et des vieilles tapisseries aux couleurs passées.
Nous montâmes un sombre escalier en colimaçon qui
menait jusqu'à notre chambre. Elle était vieillotte et sentait
le renfermé. Le monsieur nous laissa et nous déposâmes
nos bagages. Fatigués par cette longue journée, nous nous
couchâmes tôt et sans manger.
2. Alors que les lumières s’éteignaient, je repensais aux
statues croisées dans les couloirs du château. Certaines
représentaient des divinités dont je ne connaissais pas le
nom. Une en particulier m'impressionnait. Malgré sa
structure en plâtre, des pierres semi-précieuses étaient
incrustées dans ses yeux, ce qui la rendait encore plus
effrayante.
Alors que le sommeil m'envahissait, je crus entendre
des bruits de pas et des voix qui ne m'étaient pas familières.
Je me levais et jetais un œil par le trou de la serrure de la
porte de la chambre. Je crus voir des ombres bouger. Cela
me provoquait une peur terrible, mais la gorge nouée, je
trouvais le courage de coller mon oreille contre la porte. Le
bruit avait disparu. Étonnée, je retournai me coucher et je
m'endormis enfin.
Le lendemain, je fus surprise par le soleil de l'aube qui
éblouissait mes mes yeux. Mes parents et ma sœur étaient
déjà levés. Il faisait beau. Préparés pour une nouvelle
journée, nous descendîmes vers la voiture pour la visite de
nouveaux châteaux. Une fois nos ceintures attachées, je
racontais à ma famille la nuit que j'avais passée, ces bruits
que j'avais entendus et ces ombres que j'avais vues.
Mais j'étais apparemment la seule. A croire que j'avais
rêvé. La suite de la journée se passa plutôt bien, jusqu'au
moment ou nous dûmes rejoindre l'hôtel. Nous entrâmes
puis allâmes dans notre chambre. Nous étions rassasiés par
le repas que nous avions pris avant de retourner au logis.
Alors nous nous couchâmes sans demander notre reste.
3. Soudain, un orage éclata de toute sa puissance.
Pourtant mes parents avaient réussi à s'endormir. Mes
membres tremblaient d'horreur. La pluie roulait sur les
vitres de plus en plus vite et de plus en plus fort. Et puis,
j'entendis en bas, les mêmes bruits que la veille. Ma sœur
était elle aussi réveillée. Nous prîmes la décision de
descendre voir ce qu'il se passait. Nous ouvrîmes
discrètement la porte. Soudain ? Après l'avoir franchie, elle
se referma brusquement derrière nous. Était-ce un courant
d'air ou un esprit maléfique ? Nous ne pouvions plus reculer
car personne ne nous entendait à cause de l'orage. Il
grondait de plus en plus fort.
Nous descendîmes le sombre escalier. Arrivées en bas,
nous tressaillîmes. Nous avions pénétré dans le couloir ou
étaient exposées les œuvres qui me semblaient
malfaisantes. Je sentis ma sœur au bord du malaise. Plus
âgée que moi, elle était cependant tétanisée de peur. Pour
ma part, je regardais la statue qui m'avais troublé la veille.
Les éclairs faisait briller ses yeux de rubis. Elle était encore
plus terrifiante. Je ne savais plus ou j'étais.
Tout à coup, nous entendîmes des pas derrière nous.
Paniquées, nous nous mimes à courir comme des folles
pour nous échapper. Ma sœur trébucha. J'essayais de la
relever mais les pas avançaient de plus en plus vite. Je
poursuivis ma course pour me réfugier dans un placard. Je
m'enfermais en essayant de reprendre mon souffle. Les pas
ralentirent et je les entendais se diriger vers moi. La porte
s'ouvrit et je fus éblouie par deux yeux rouges qui me
fixaient dans l'obscurité. Je m'évanouis.
4. Le lendemain matin, je me réveillais dans le lit de ma
chambre. Tout était calme, le temps était redevenu beau. Ma
sœur ne se souvenait de rien des événements de la nuit. Je
ne savais plus quoi croire. Puis je me dis, c'est sur, c'est un
affreux cauchemar. Mon imagination m'avais joué un tour.
Cela ne pouvais pas exister.
Nous descendîmes à la réception de l'hôtel pour payer
la note. Le monsieur qui nous avait reçu n'était plus là.
C'était un jeune fille qui nous demanda si notre séjour s'était
bien passé. Mes parents répondirent que oui. Puis nous
quittâmes l’hôtel.
C'est dans la voiture que, pensant à la statue aux yeux
de rubis, je me rendis compte qu'elle n'était plus à la même
place qu'à mon arrivée, au moment ou nous avions quitté
l’hôtel. Elle avait bougé, j'en étais sûre.