1. DOMEAU & PÉRÈS
Philippe Pérès & Bruno Domeau
DOSSIER
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P R O P O S
R E C U E i L L I S
P A R
M I C H A E L
O U A L I D
Il y a une douzaine d’années, j’ai rencontré Bruno Domeau
(sellier) et Philippe Pérès (tapissier), par l’entremise de leur
élégante Mercedes Classe A garée dans ma rue. Au premier
coup d’oeil, il était clair que cette voiture avait un charme
inhabituel. L’intérieur était entièrement gainé de cuir crème,
avec des inserts en crin de cheval coordonnés sur les sièges.
J’appris plus tard que les moquettes étaient en laine d’Avignon
crochetée. Ces jeunes artisans n’en étaient pas à leur coup
d’essai puisqu’ils venaient de !nir, en collaboration avec
Hermès, une série spéciale pour Volvo au Japon et le concept
car Peugeot 607 Paladine.
Depuis, je ne cesse de faire mes classes en suivant le déploiement de leurs
savoir-faire : fabricants, éditeurs, galeristes… avec leur équipe, qu’il s’agisse
d’une corbeille ou d’une incroyable montgol!ère en cuir blanc, des fauteuils
de David Lynch ou un avion spatial de Marc Newson. Cette vision tout
en justesse et ra"nement séduit les plus grandes maisons de luxe : Dior,
Hermès, Louis Vuitton… Comme l’avant-garde des jeunes créateurs
contemporains dont ils ont toujours soutenu les débuts.
Je me suis toujours reposé sur leur vision et leur expertise concernant mes
aventures automobiles, de l’intérieur du concept-car Citroën C-Airdream à
celui du projet de véhicule électrique Mindset illustré dans ces pages où
justement le dé! était d’alléger au maximum le véhicule tout en établissant
de nouveaux standards dans le haut de gamme automobile.
Twel!e years ago, I met Bruno Domeau (saddler) and
Philippe Pérès (upholsterer), thanks to their elegant Mercedes
A-Class, which was parked down my street. At "rst glance,
it was clear that this car had an unusual charm. #e interior
was entirely co!ered with cream leather, with horsehair inserts
coordinated on the seats. I later learned that the carpets were
done with Avignon wool and had crocheted trims. #ese young
cra$men were not just starting out, as they had just "nished, in
collaboration with Hermès, a special series for Vol!o in Japan
and the Peugeot 607 Paladine concept car.
Since then, I keep learning !om them by following the spread of their
expertise: manufacturers, publishers, gallery owners... be it a basket or a huge
white leather air-balloon, chairs for David Lynch or a space plane designed
by Marc Newson. "is vision in accuracy and sophistication attracts the most
renowned luxury houses: Dior, Hermes, Louis Vuitton... as the avant-garde of
young contemporary designers whose beginnings they always supported.
I have always relied on their vision and expertise with regard to my automobile
adventures, !om the Citroen C-Airdream concept car to the Mindset electric
vehicle (shown in these pages), where the challenge was to lighten up the car
while setting new standards for high-end automobiles.
D O M E A U
&
P É R È S
L ’ É C O L E
D E L A
M E S U R E*
*LESSON IN
MODERATION
2. DOSSIER
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DOSSIER
DOMEAU & PÉRÈS
Cela demande certains moyens malgré tout. On l’aborde comme un
aménagement d’espace, un appartement ou comme ici au Silencio, mais
cela reste un lieu roulant.
PP : Les clients vont surtout voir des spécialistes de l’automobile. Nous
avons notre regard, on interprète les choses d’une façon contemporaine.
Nous sommes trop ra"nés pour certains clients et pas assez pointus pour
d’autres qui veulent la référence exacte de vis par exemple.
BD : Souvent les clients se référent à la norme du constructeur, du
modèle, de tel millésime… Ils sont sous le dictat des nomenclatures des
constructeurs. Très peu de personnes ont cette curiosité d’amener leur
projet ailleurs. Étonnamment, il nous est beaucoup plus simple d’intervenir
sur des avions d’a#aires où tout est fait sur-mesure avec des décorateurs.
PP : Et puis, l’époque a changé. La logique aujourd’hui est à la
consommation d’automobiles. Même si on possède le dernier modèle, au
bout de 2 ou 3 ans on doit en changer, et remettre beaucoup d’argent pour
passer au nouveau. Dans ces conditions on n’investit plus dans son intérieur
automobile comme on aurait pu le faire il y a trois ou quatre décennies.
BD : %uand on voit des voitures modernes à 80.000 euros, j’estime que
le client devrait pouvoir choisir “son” propre intérieur, la forme du siège qui
lui fait envie, le tissu ou le cuir qui lui correspond, et pas simplement subir
les goûts du constructeur. Les clients n’imaginent même pas que cela puisse
se faire.
PP : C’est étonnant qu’il n’y ait personne pour accompagner les clients
sur ce terrain. Chez soi on ré&échit soigneusement au mobilier, à ce que
l’on accroche au mur, aux livres. Il n’existe pas de décorateurs d’automobiles
à qui con!er ses besoins, ses envies, qui nous feraient des propositions
surprenantes et chics. Il n’y a pas de culture dans ce domaine. Les rares
initiatives récentes de sur-mesure des marques très haut de gamme arrivent
bien tard. C’est dommage que ce ne soit pas les constructeurs généralistes
qui développent ce marché.
MO : À ce propos, que pensez-vous des matériaux utilisés dans les
automobiles ?
BD : Le problème dans l’automobile, c’est qu’ils n’ont pas évolué. Ils
sont toujours sur la performance, pour la vitesse, la solidité, la sécurité…
tout est mesuré. Les cuirs sont saturés de traitements chimiques, peints
pour conserver leur aspect neuf. Il n’y a plus de relation à la vie, à l’objet, à
la matière, à la fragilité. Cette conscience là, du contact avec la matière, de
faire corps avec la machine, n’existe plus. On est juste posé sur une surface
inerte et froide, mais performante. D’ailleurs c’est pour cela que l’on assiste
à une surenchère de surpiqûres dans les intérieurs automobiles. Les piqûres
“sellier” rassurent le client sur le fait qu’il est dans un intérieur cuir, car
la matière n’y su"t plus. À un moment donné, il vaut mieux acheter du
plastique, c’est beaucoup plus “performant”.
PP : Nous avons été invités récemment par Aston Martin à ré&échir
à un projet d’intérieur d’un de leurs modèles avec carte blanche et budget
quasi illimité. Mais en même temps, la personne en charge nous dit “on
garde l’Alcantara pour le plafond”. C’est une micro!bre synthétique qui
n’a aucun intérêt au toucher, c’est du faux. À aucun moment ils ne se sont
dit pourquoi nous ne travaillerons pas sur un cuir poncé ou un velours par
exemple. C’est-à-dire que même ces maisons là ont perdu cette culture de la
matière. La sellerie n’est plus de leur domaine. C’est un prix unitaire qu’elles
much easier to work on business aircra)s where everything is tailor made with
decorators.
PP: Times have changed. "e mentality in automobiles now is geared
toward consumption. Even if you own the latest model, you are expected to
change it a)er 2 or 3 years and in#est a lot of money into the new car. Under
these conditions no one in#ests in the car’s interior as one might have done four
decades ago.
BD: When we see some modern cars that cost more than 80,000 €, I think
the client should be able to choose “his” own interior, the shape of the seat as he
likes it, the fabric or leather that suits him, and not simply su'er !om the taste
of the manufacturers. Customers don’t even imagine that that can be done.
PP: It’s surprising that no-one is leading customers in this direction.
At home we think carefully about our furniture, the objects that we hang on
the walls, books... "ere is no car designer to whom we can entrust our needs
and desires, who would suggest something chic and surprising. We don’t have
this culture. "e few initiatives of tailor-made services !om very high-end
manufacturers came quite recently. It’s too bad that popular manufacturers
don’t develop this market.
MO: #erefore, what do you think of the materials used in automobiles
nowadays?
BD: "e problem is that the automobile industry hasn’t evol#ed. It’s still
performance-driven for speed, sti'ness, security... everything is measured. "e
leather is saturated with chemical treatments and painted to keep it looking
new forever. "ere is no more link to the object’s life, to the materials, to their
!agility. We are no longer aware of being one with the machine. We just put
oursel#es on something cold and inert, yet e&cient. Besides, this is why we
are witnessing an escalation of stitching in car interiors. “Saddler stitchings”
reassure the customers and tell them that they are sitting in a leather interior,
because the material no longer tells them that. "ere comes a point where it’s
better to buy plastic, which is much more “e&cient”.
PP: We were recently in#ited by Aston Martin to consider re$tting the
interior of one of their models with a !ee hand and virtually unlimited budget.
At the same time, the person in charge told us that “we will keep Alcantara for
the ceiling”. "at’s a synthetic micro$ber that is fake and boring to touch. At no
time did they say: why not work in sanded leather or vel#et, for example? "at
is to say that even those prestigious $rms have lost their culture of materials.
Upholstery is no longer in their $eld. "ey are concerned about unit price,
without a global vision for the elegance of the result. Furthermore, if done well,
thinking globally could be more pro$table in the end.
MO: Does the automotive industry get lost in its de"nition of luxury?
BD: I don’t think the auto industry cares about luxury. What it wants is to
sell more. A Bentley is a big expensive car, but ultimately I do not call it luxury.
When we had visited the Aston Martin factory, everything was very well done,
even perfect. But honestly, I have not seen any di'erence between these cars and
a Mercedes or a Jaguar. Obviously, all the cars lined up at the entrance represent
the history of the brand, competition, James Bond... "at’s impressive, but then,
inside the plant, it’s just heavy industry.
PP: Luxury is not necessarily excessively high prices, it is about being able
to say “I enjoy something that pleases me,” being in tune with your own desires.
"is could be an old pair of jeans that was worn and that suits you very well.
"ere is no point in getting your company to pay for a full option car. "e real
luxury is sometimes saying “no” to a project that doesn’t $t with your artistic
identity.
BD: Today, cars are thought out in a way that makes it very di&cult to
change a part, to bring them in a di'erent direction. For example, we made a
set of seats and bench for the %agship of a major German car brand. Our concern
for re$nement was such that we managed to co#er the rear bench in a single
bull skin without any visible seam. We even designed integrated headrests by
molding the skin, and we planned on a place to customize the set with amazing
materials. Narratives, material comforts, the subtle elegance of $nishes: it
was a superb result... and one which in-house designers misunderstood. We
favoured references !om the world of luxury over references !om the world
of automobiles, and professionals were disoriented. "e system is culturally
impo#erished. It’s stuck.
Michael Oualid : Comment envisagez-vous votre métier ?
Philippe Pérès : Les clients, les designers qui viennent nous voir savent
ce qu’ils veulent, savent dessiner une forme, mais ont besoin d’aide pour lui
donner vie, la recouvrir. À un moment donné, le créatif n’a plus les réponses
à ses questions vis-à-vis d’un dessin esthétique, il s’en remet à l’homme de
la profession pour s’occuper des !nitions. Se noue alors une relation de
compréhension réciproque, de con!ance indispensable. Ils savent qu’avec
Domeau & Pérès ce sera fait au mieux, se sentent soulagés, et se disent
“ce sera comme on aime”. Nous allons toujours dans le sens du dessin du
créatif, toujours vers lui. Paradoxalement, c’est ce qui fait notre “signature”.
Bruno Domeau : Nous sommes spécialisés dans le contemporain.
C’est une question de tempérament, cela nous paraît logique d’orienter nos
savoir-faire artisanaux dans cette direction. Personnellement, je m’ennuie
très vite, j’ai besoin d’inventer, d’être dans un environnement où l’on invente.
Cela nous stimule, nous amuse, nous permet de construire des choses. Une
invention en entraîne une autre, il y a une sorte de dynamique. Et puis, je
pense que les personnes qui sont dans cet environnement de création sont
beaucoup plus sympathiques, plus rigolotes, que celles qui vivent dans le
passé à toujours refaire les mêmes recettes. Je préfère vivre avec ces gens-là
qu’avec d’autres. Ainsi, j’ai l’impression d’être dans mon époque.
MO : Du coup, comment percevez-vous l’évolution des voitures
contemporaines ?
BD : Ce que je reproche aux automobiles modernes, c’est qu’elles ont
un design guerrier, pour agresser le client et qu’il achète. On n’est pas dans
un design d’usage, doux. Il n’est plus question d’apporter un service, mais de
vendre des voitures. C’est aussi dû au fait que les cadres de l’industrie ne font
plus carrière comme on le faisait dans le temps. Ils changent de poste tous
les 4/5 ans, et même d’entreprise. Du coup, ils ont perdu la relation avec le
client en face, que l’on sert au mieux parce qu’on connaît ses habitudes. Le
design s’en ressent évidemment.
PP : Elles sont dessinées pour être plus faciles à vendre. Il y a bien
des aspects qualitatifs, mais on s’éloigne petit à petit d’une cohérence
entre l’objet et la vie qu’on mène avec. Nous sommes dans une logique de
consommation, où le mot d’ordre est de “renouveler régulièrement”.
BD : Nous entrons dans une ère de location de véhicule. En soi, cela ne
me dérange pas de ne plus posséder de voiture. Tu la loues pour une heure
et voilà. Mais, outre le fait qu’elles ne soient pas très jolies , c’est impossible
de se sentir chez soi. Il existe quand même un sentiment d’enfant de vouloir
posséder son jouet. J’aime bien l’idée d’un service automobile pour tous les
jours et avoir sa Méhari pour les vacances.
PP : On va peut-être voir arriver des clients sympathiques qui
viendront avec leurs petites voitures pas chères, réclamer des intérieurs
de toutes les couleurs . Ils demanderont à refaire l’intérieur de leur 4L en
tweed comme à l’époque. Même les constructeurs populaires pourront
en!n ouvrir leurs o#res et proposer ce service. Il doit bien y avoir quelques
possibilités d’accompagner les clients qui veulent se faire plaisir. C’est
sûrement di"cile de revoir le système, mais il faut parfois se donner du mal.
%uand on s’attaque à des choses un peu complexes, il y a des problèmes, il
faut les soulever.
BD : Ce qui est intéressant par exemple dans votre magazine, c’est
d’être en aval, pas en amont. On parle toujours des produits proposés
par des industriels qui se prétendent géniaux, mais on ne parle jamais de
comment on vit avec ces objets. J’adore l’idée qu’on me raconte l’histoire
d’une personne passionnée par une mobylette des années 70, une vieille
voiture ou même une voiture d’aujourd’hui et qui se l’approprie. C’est
plutôt l’usage que les gens en font qui est intéressant.
PP : Je ne connais pas bien les magazines automobiles, mais je trouve
que dès que ce sont des photos de salons automobiles ou de soit disantes
ré&exions vis-à-vis du design, on s’ennuie vite.
MO : Alors quand un projet automobile vous arrive, comment le
considérez-vous ?
BD : On a assez peu de projets automobiles car il n’y a pas beaucoup
de clients qui se donnent la liberté de le faire. Donc lorsque cela arrive,
c’est souvent un projet ambitieux de la part du client, comme pour nous.
Michael Oualid : How do you consider your profession?
Philippe Pérès: Clients and designers who come to us know what they
want. "ey know how to draw a shape, but they need help to give it life, to cra)
it. "ere is a point where the designer is no longer answering to an aesthetic
goal, he is relying on a cra)sman to take care of details. "at’s when you develop
a relationship of mutual understanding, of essential trust. "ey know that
Domeau&Pérès will do its best to go in the direction that they want. "ey
are relieved, and they tell themsel#es that “the result will be just as we like.”
We always go in the direction of the designer’s design, always toward him.
Paradoxically, this is what makes our “touch”.
Bruno Domeau: We are driven by contemporary topics. It is a matter of
temperament, it seems logical to us to focus our cra)smanship in this direction.
Personally, I get bored very quickly, I need to in#ent, to be in a creative
en#ironment. To us, building things is both stimulating and amusing. One
in#ention leads to another, there is a kind of dynamic. Moreo#er, I feel that
creative people are much nicer, than those living in the past, who always repeat
the same recipes. I prefer to live with these people than with others. "at way, I
feel that I am mo#ing with the times.
MO: So, how do you en!ision the evolution of contemporary cars?
BD: My complaint with modern automobiles is about their warriorish
design, which assaults the customers and forces them to purchase. "ey are not
designed with so) use in mind. "ere is no question of pro#iding a service; it’s
about selling cars. "is is also due to the fact that industry executives’ careers are
no longer what what they used to be. "ey change position every 4/5 years. So
they have lost the relationship with the !ont-end customer, the ability to give
him the best because they know his habits. "e design is obviously a'ected by
that.
PP: "ey are designed to be easier to sell. "ere are some qualitative facets,
but gradually the coherence between the object and how we use it is lost. We are
in a pure consumer logic, where the watchword is “renew regularly.”
BD: We are entering an era of car rentals. No longer owning a car does
not strike me as a problem. You rent it for an hour and #oila. But despite the
fact that they are not so pretty, you cannot make it yours. "ere is still a childish
aspect, where you want your own toy. I like the idea of using car service for every
day life and have your own Jeep for the holidays.
PP: We may well see !iendly customers show up in cheap cars demanding
colourful, gaudy interiors. "ey will be asking to have the interior of their 4L
redone in tweed, as it was back in the day. Even popular manufacturers will
eventually widen their o'er and propose this service. "ere must be opportunities
to assist customers who want to have fun. It’s probably di&cult to overhaul the
system, but sometimes you need to take the trouble. When you tackle things that
are a bit complex, problems appear; they must be considered.
BD: What’s interesting, for example, in your magazine, is when we are
not upstream, but downstream. We always talk about things that are made
by major manufacturers who pretend to be great, but we never talk about how
we experience with these objects. I lo#e being told a story about a guy who is
passionate about a ‘70s moped, an old car or even a modern car that he makes
his own. It’s the use that people make of their cars which is interesting to me.
PP: I don’t know a lot about car magazines, but photos of car shows or so-called
thoughts about design tend to bore me pretty quickly.
MO: #us, what is your mentality when an automotive project comes your
way?
BD: We have very few car projects because there are not many customers
who allow themsel#es that kind of !eedom. So when this happens, it’s o)en a very
ambitious project !om the client, and for us. "is requires some fairly serious means
anyway. We approach it as we would the design for a space, like an apartment or
this place, the Silencio nightclub in Paris, but it’s still a mo#ing space.
PP: Customers will go mostly to automobile specialists. We have our own
vision, we interpret things in a contemporary way. We are too sophisticated
for some clients and not enough sharp for others who want the proper screw
reference.
BD: Customers o)en refer to the manufacturer’s standard, model, year
... Clients live under the diktat of manufacturers’ labels. Very few customers
have the curiosity to take their project in a di'erent direction. Surprisingly, it is
BRUNO DOMEAU & PHILIPPE PÉRÈS
Depuis 1996, ce duo dynamique fabrique, édite et promeut la création
contemporaine avec la même rigueur artistique, à travers leur collection de
mobilier dessinée par Matali Crasset, Christophe Pillet, Martin Szekely, Erwan
et Ronan Bouroullec... et des collaborations étonnantes avec des artistes comme
Richard Prince, Pharell Williams, Pablo Reinoso ou Fabien Verschaere.
Since 1996, this dynamic duo manufactures, publishes and promotes contemporary
design with the highest standards through their furniture collection designed by
Matali Crasset, Christophe Pillet, Martin Szekely, Erwan and Ronan Bouroullec...
and astonishing artistic colaborations with Richard Prince, Pharell Williams, Pablo
Reinoso or Fabien Verschaere.
3. DOSSIER
DOMEAU & PÉRÈS
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DOSSIER
DOMEAU & PÉRÈS
achètent, sans cette vision globale sur l’élégance du résultat. Alors que bien
menée, cette ré&exion peut s’avérer plus économique au !nal.
MO : L’industrie automobile s’égare-t-elle dans sa dé!nition du luxe ?
BD : Je pense que l’industrie automobile ne se préoccupe pas du luxe.
Ce qu’elle veut c’est vendre. Une Bentley c’est une grosse voiture chère, mais
!nalement je n’appelle pas ça du luxe. %uand on nous a fait visiter l’usine
Aston Martin, tout était très bien fait, parfait même. Mais honnêtement
je n’ai pas vu de di#érence entre ces voitures et des Mercedes ou des
Jaguar. Évidemment, toutes les voitures alignées à l’entrée qui représentent
l’histoire de la marque, la compétition, James Bond... c’est impressionnant.
Mais ensuite dans l’usine, c’est de l’industrie lourde.
PP : Le luxe ce n’est pas forcément l’excessivité dans le prix, c’est surtout
de pouvoir se dire “je pro!te de quelque chose qui me plaît”, d’être en phase
avec ses propres envies. Cela peut être un vieux jean longtemps porté, usé
et qui nous va très bien. Se faire payer une voiture toutes options par sa
société, ça n’a aucun intérêt. Le vrai luxe, c’est parfois de pouvoir dire non à
un projet qui ne colle pas avec l’identité artistique que tu t’es donnée.
BD : Aujourd’hui, les voitures sont tellement pensées dans un certain
sens qu’il est très di"cile de n’en changer qu’une partie, de les emmener vers
autre chose. Par exemple, nous avions réalisé ensemble une proposition de
sièges et banquette pour le vaisseau amiral d’une grande marque allemande.
Nous avions pousser le ra"nement à réaliser la banquette dans une seule
peau de taurillon sans aucune couture apparente. Le cuir était même moulé
au niveau des appui-têtes pour les intégrer, et nous avions prévu une place
pour personnaliser l’ensemble avec des matières étonnantes. Histoire à
raconter, confort des matières, élégance subtile des !nitions, le résultat était
superbe et… incompris par les designers en interne. Nous avions quitté
les codes de l’automobile pour ceux du luxe, et les professionnels étaient
perdus. Le système s’appauvrit culturellement. On n’avance plus.
PP : C’est une a#aire d’apprentissage. %uand tu commences à marcher
sur une certaine épaisseur, tu l’apprécies au fur et à mesure. Tu sens les
épaisseurs de moquette et tu te dis “là, c’est agréable”. C’est une sensation,
un toucher. C’est quelque chose qui s’apprend, quelque soit le niveau social.
%uand on apporte toujours une attention particulière aux matières, aux
!nitions, les clients l’apprécient progressivement et en redemandent.
C.A.R. 2007 / Mindset
-
Coupé électrique haut-de gamme aux dimensions
intérieures d’une Porsche 911.
L’assise avant est une banquette conviviale, structurelle
et !xe pour des raisons de légèreté.
La planche de bord est simplement conçue autour
d’une tôle perforée et pliée, dont les trous permettent le
passage à la fois du chau#age, du son, des informations
visuelles et des câbles des commandes progressifs et
personnalisables. On tire plus ou moins longtemps
pour faire monter ou descendre la température, le son.
Toutes les !nitions sont en cuir chocolat et o#rent
un panorama subtil et délicat des codes de l’artisanat
du luxe traditionnel mais sur un dessin extrêmement
contemporain.
L’épais tapis de sol qui traverse la voiture dans sa
longueur en faisant o"ce au passage de confortable
banquette arrière est en laine d’Avignon, crochetée et
dont la tranche est gainée en cuir.
-
"e !ont seat is an in#iting $xed bench which is integrated
into the structure to reduce weight. "e dashboard is a
simple design: folded, perforated sheet metal, with holes
let through heat, sound and visual information, as well
as cables to control commands. "ese are gradual and
customizable.Depending on how long you pull them,
PP: It is a matter of learning. When you begin to walk upon a certain
thickness, you appreciate it as you go along. You feel the layers of carpet and you
say “there, it’s nice.” It has a feeling, a touch. "is is something that is learned,
whatever the social level. When one always brings special attention to materials,
to $nishes, customers appreciate it gradually and ask for it then.
Design : Anne-Lise Dugat & Augustin Cazalas
Photos : Dominique Levenez
Design : Domeau&Pérès
Photos : Gilles Uzan
you will raise or lower the temperature, the #olume...All
$nishes are chocolate leather and o'er a large panorama
of subtle and delicate cra)smanship !om the traditional
codes of luxury, but on a very contemporary design.
Fiat 500 Domeau&Pérès
-
Cette icône a été réalisée en réponse à l’invitation du
Centre Culturel Français à l’occasion de la rétrospective
de la collection Domeau&Pérès au Salon du meuble de
Milan en 2001.
La carrosserie est d’une couleur blanc porcelaine de
chez Rolls-Royce. Pour alléger encore le dessin, certains
éléments décoratifs en inox ont été supprimés, alors que
ceux restants ont été dorés à l’or 14 carats pour évoquer
les re&ets du soleil de Toscane.
Les sièges sont en veau naturel à la patine incomparable,
le sol est tapissé d’un étonnant papier tressé et la capote
est en gabardine beige coordonnée.
-
"is model was created in response to an in#itation !om
the French Cultural Center for a retrospective of the
Domeau & Pérès collection at the Milan Furniture Fair
in 2001.
"e body is co#ered with Rolls-Royce white porcelain
paint. To further lighten the design, some stainless steel
decorative elements were remo#ed, while those remaining
were gilded with 14 carat gold to evoke re%ections of the
Tuscan sun.
Seats are made of raw calf leather o'ering an
incomparable natural patina, while the ground is carpeted
with an amazing wo#en paper and the open top is made of
coordinated beige gabardine.
"e thick mat that crosses the car through its length, by
acting the way of comfortable back seat, is made of Avignon
wool, hooked and whose side is sheathed in leather.