1. JOURNÉE “JEUNES CHERCHEURS :
UNE PROFESSIONNALISATION 2.0”
UNIVERSITÉ PARIS OUEST NANTERRE
LA DÉFENSE, 14 MARS 2013
LE BLOGGING SCIENTIFIQUE : DE LA
COMPÉTENCE DOCTORALE À
L'AMABILITÉ DE LA SCIENCE
MARIE-ANNE PAVEAU
UNIVERSITÉ PARIS 13, PLÉIADE, CFDIP
http://penseedudiscours.hypotheses.org/
http://technodiscours.hypotheses.org/
2. Préambule
– blog ou carnet (Hypothèses) < weblog < log
« journal, registre »
– blog scientifique :
« un séminaire permanent » (André Gunthert, Why
blog , dans RWB)
« une nouvelle forme de la disputatio » (Marin Dacos)
« A democratizing conversation » (Jill Walker)
(choix de citations de Pierre Mounier, Cléo)
3. 1. Les blogs scientifiques
1.1. Monde anglophone, plateformes
– premières plateformes 1999 : Blogger, Open Diary,
Livejournal
– développement des blogs scientifiques : à partir de
2004 environ
– 3 exemples de plateformes de blogs scientifiques
4.
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6.
7. 1. Les blogs scientifiques
1.2. Monde anglophone, blogs hébergés par les universités
– Cornell University
– Boston University
– Scranton University (Student blogs)
– Oxford University
– The University of Nottingham
+ Top 50 Official University blogs
8.
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14. Jill Walker, 2006, « Blogging From Inside the Ivory
Tower », in Axel Bruns, Joanne Jacobs (eds.) Uses of blogs.
New York: Peter Lang, 2006
– Research blogs : public intellectuals, research logs,
pseudonymous blogs about academic life
– JW blogue depuis 2000, découverte de la plateforme
Blogger
– « I was an outsider trying to enter the ivory tower. We
were grad students in a new only half-accepted field in a
country on the outskirt of the world: of course we loved
blogging. Blogging allowed us to circumvent the power
structures of academia and geography. We found our
voices. We heard ourselves, we heard each other and we
were heard by others. It was exhilarating ».
15. – jeune doctorante, le blog outil important dans sa
recherche
– « Blogs, you see, are inherently social. Whether you
have five readers or five hundred doesn’t really
matter, it’s the knowledge that this will be read that is
important ».
– le premier article sur le blogging scientifique :
Mortensen, Torill, and Jill Walker. "Blogging Thoughts:
Personal Publication as an Online Research Tool."
Researching Icts in Context. Ed. Andrew Morrison.
Oslo:
InterMedia, University of Oslo, 2002. 249-79.
16. 1. Les blogs scientifiques
1.3. France, les plateformes
– Café des sciences, 2006, 83 blogs
– Hypothèses (Open edition) 2008, 613 carnets
– Carnets Descartes (Université Paris Descartes), réseau
social, 2008
– Culture visuelle (< ARHV Actualités de la recherche en
histoire visuelle 2005) 2010, 108 blogs (« fermes
de blogs »)
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25. 2. La culture du blogging scientifique
2.1. L’exemple des sciences du langage : les blogs anglophones
– série « Linguistique et numérique », La pensée du discours, été
2012, billet : « Blogs anglophones : l’abondance »
– Arnold Zwicky's Blog : « le “linguablogger world” »
– des centaines de blogs anglophones de linguistique : sphères
étatsunienne, britannique, australienne, & aires anglophones, de
l’Asie du Sud-Est à l’Afrique du Sud en passant par le Canada
et la Scandinavie
– La liste « Top 25 Language Professionals Blogs » décrit des
blogs “professionnels”, tenus par des linguistes ou traducteurs,
consacrés à la traduction, l’écriture, les variantes anglaise et
américaine de l’anglais, la sociolinguistique, les langues
romanes, la linguistique appliquée, la terminologie…
– également « Top 100 Language Lovers »
26.
27.
28. 2.2. Les (rares) blogs francophones de linguistique
– le blogging scientifique n’est pas dans la culture
scientifique française
– les SL font partie des disciplines particulièrement
peu blogueuses (vs histoire, sociologie par exemple)
– deux blogs anciens :
. Technologies du langage, Jean Véronis, 2004
. Rumeur d'espace, Alain Lecomte, 2010 (suite de Kiki
Soso Largyalo, 2006), blog « mixte »
29. Les blogs de linguistique sur Hypothèses
Individuels
– La pensée du discours
– Technologies discursives
– Grammaticalia
– MorFlog (esp.)
– Mater dolorosa
– Métablog
– Le texte en miettes
31. 2.3. Les blogs de doctorants
– Hypothèses : 48 carnets de thèse et 17 carnets de
méthodologie dont certains de doctorants
– ouverture simple sur formulaire, hébergement
gratuit, rattachement institutionnel, ouverture rapide,
wordpress, trois thèmes
– Site de Paris Ouest : 14 blogs dont 5 de doctorants
(ADN, Geckodoc, ED 139, rés-EAU P10, HAR) –
plateforme ?
32. Exemples de carnets collectifs
– DEVHIST (Devenir historien.ne), HP, méthodologie de
la recherche en histoire
– EFIGIES (Études Féministes, Genre et Sexualités), HP,
étudiants, doctorants et jeunes chercheurs, recherche
– Les aspects concrets de la thèse, HP, information,
formation, insertion pro, méthodologie
– Le blog des doctorants de l'ED 139, Blogspot, veille
– A l'Ouest du doctorat, Paris Ouest, veille
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37.
38. Exemples de carnets individuels
– Devam edecek… (études culturelles), HP
– L’Infusoir (SIC, STS), HP (transformé en carnet de
post-thèse : Infuse !)
– Enklask/Enquête (histoire), HP
– Misanthropologue (anthropologie), HP
– Le texte en miettes (TAL, SIC), HP
– Sobookonline (Info-com, pluridisciplinarité),
– Identités numériques (SIC)
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46. 3. Une philosophie : élaboration et
diffusion du savoir
– les blogs posent la question de la place du discours
scientifique sur le web
– un mode mineur de communication scientifique (Pierre
Mounier, 2010)
– la fluidité du « work in progress » : ce qu’est le
travail scientifique, en particulier le premier, la
thèse
– une conversation (Gerrit Visser, 2007) : échanges
apportant des connaissances et des contacts,
réseaux pour élaboration et partage des savoirs
47. – une communication scientifique directe sans les
contraintes des deadlines, des thématiques et des
orientations imposées par les éditeurs de revues
– pose la question de la validation des contenus
scientifiques, mise en débat des modes
institutionnels d’évaluation
– la reconnaissance des contenus est en cours (ISSN),
les modalités de citation des billets sont en train de
se diffuser
48.
49. Deux témoignages de chercheurs
André Gunthert, 2008, « Why blog », RWB (ARVH puis L’atelier
des icônes)
« Avec quatre ans de recul, cette expérience n’a jamais déçu mes attentes.
Elle m’a au contraire porté bien au-delà de ce que j’espérais. Ses
conséquences pour moi sont d’ores et déjà considérables. Elle m’a permis
d’optimiser mon travail d’enseignant et de chercheur. Elle m’a montré les
coulisses du web 2.0 et fait pénétrer dans les arcanes de la participation
et de la « viralité ». Elle a fait évoluer mes méthodes, mes approches, mon
énonciation, mon style et jusqu’à ma vision de la science. Elle a
accompagné le déplacement de mon domaine de recherche. Elle a
favorisé des dizaines de rencontres et d’échanges de haut niveau. Elle m’a
ouvert la porte à des colloques ou à des participations à des projets
éloignés de ma discipline. Elle m’a permis de participer au débat public et
m’a offert une notoriété que je ne cherchais pas. Elle m’a appris à mieux
appréhender l’art difficile du dialogue et m’a rendu plus tolérant. Elle ne
m’a rien coûté, qu’un peu de temps, qui est du temps sauvé de l’oubli. »
50. Deux témoignages de chercheurs
Arthur Charpentier, Freakonometrics, « Chercher, et bloguer »,
mars 2013
« Je suis toujours surpris par mon h-index, qui me semble plus
élevé que beaucoup de chercheurs biens meilleurs que moi.
Et je pense que le blog aide. Je pense que des papiers sont
cités par beaucoup de monde parce qu’ils apparaissent tôt
dans les recherches sur Google, mes blogs ayant tous été
très bien référencés. […] Aussi, alors que j’ai longtemps cru
que tenir un blog actif était contre-productif pour mes
activités de recherche (et effectivement, le temps passé à
écrire dans le blog se fait parfois au détriment d’autres
taches) j’en suis de moins en moins convaincu. Je pense que
des papiers ont été cités parce qu’ils sont mentionnés sur le
blog. »
51. 4. Le doctorant 2.0. Quelles activités de
blogging ?
– thèse ≠ doctorat – « Distinguer la thèse du doctorat :
Une condition pour “exceller” », Les aspects concrets de
la thèse, février 2013
– le web : à la fois l’espace de la thèse (recherche
scientifique, production de connaissances, carrière
académique) et du doctorat comme expérience
professionnelle permettant une insertion
professionnelle : les compétences du doctorant à la fois
académiques et professionnelles, i.e. permettant son
employabilité, et cela aussi hors de la sphère
académique
52. 4.1. La question du temps consacré au blog
– question fréquente et réserve importante
– la question ne se pose plus si l’on intègre son
activité de blogging à ses activités doctorales : le
blog ou carnet comme arrière-cuisine de la thèse,
remplaçant le carnet à spirales, les fiches
cartonnées, mais aussi les interrogations solitaires et
silencieuses puisque le carnet est conversationnel
53. Freakonometrics, « Chercher, et bloguer », 2013
– Chercheur ou EC : enseigner, chercher, bloguer
– Doctorant-chercheur : chercher, se former, bloguer
54. – incubateur et facilitateur d’écriture : multiplier les
petits écrits brefs permet de mieux entrer dans
l’écrit long de la thèse
– du temps déplacé et non pas forcément consommé
en plus
– en même temps : un temps et un lieu autonomes
par rapport aux autres temps et lieux
institutionnels
– cependant : plus facile d’être actif en début de
thèse qu’en fin – quand la rédaction commence,
difficile de bloguer
69. 4.3. Les pages fixes
– CV, partie de l’identité numérique 2.0, important
pour la professionnalisation
– liste de publications : se faire connaître, faire
connaître son dossier pour recrutement académique
( mettre des liens vers HAL ou dépôt institutionnel)
– liste de compétences, formations, expériences et
savoir-faire doctoraux (≠ thèse) pour insertion pro
efficace
– Sources et ressources
– Programmes de séminaires, journées
71. 4.4. Les blogrolls
– liste de liens classés par thèmes, ressources
disponibles immédiatement (Devam edecek)
– important car les blogs comme sources en SHS
DACOS : donc blogs « en collègue et en corpus »
– liens extérieurs à la thèse et/ou à la discipline :
réseautage du blog
– abonnement flux d’annonces par exemple (calenda)
72.
73. 4.5. Le blog dans la présence 2.0
– relier son blog à d’autres espaces en ligne pour
permettre échanges et circulations
– blog isolé n’a que peu de chance d’être lu, ni enrichi
par les apports des collaborateurs volontaires et
involontaires du web
– être présent sur le web : créer, penser, travailler,
discuter, rencontrer, apprendre, construire des
sociabilités professionnelles
74. Connecter son blog
– outils de veille et de diffusion : Twitter, Google reader
(lecteur de flux), Diigo (archive de liens), Scoopit
(curation), outils d’automatisation de la diffusion
– gestionnaires de références : Zotero, Mendeley
– lieux institutionnels : page perso institutionnelle université
et/ou labo, réseau de doctorants (EFIGIES), groupes liés
à l’activité doctorale (ADAL)
– publications : blog, HAL, Academia
– professionnel : LinkedIn, Viadeo
– personnel : Facebook, Flickr, Pinterest, Google +
(utilisation professionnelle possible)
75. Pour conclure: Meredith, unexpected reader
Pierre Mounier, « Impressions d’automne 1 : Le cas Meredith », Homo
numericus, janvier 2012
« Phil Bourne raconte en effet qu’en tant que rédacteur en chef de la
revue Plos Computational Biology, il reçut un jour le manuscrit d’un
article particulièrement innovant sur les questions de modélisation
des pandémies qui était proposé par une certaine Meredith.
Lorsqu’il voulut discuter de son travail avec l’auteure, c’est à sa
grande surprise une lycéenne âgée de 15 ans qui se présenta.
Celle-ci avait rédigé son article parce qu’elle s’était passionnée
pour le sujet à la suite d’une fête de la science. Elle s’était alors
renseignée en utilisant Wikipedia puis la littérture spécialisée en
libre accès. Enfin, pour établir son modèle, elle avait demandé et
obtenu du temps de calcul sur les ordinateurs du San Diego Super
computer Center ainsi que l’accès à des bases de données. »