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Association 
Internationale 
des Libraires 
Francophones 
L e t t r e d ’ i E D I T O n f o r m a t i o n d e L ’ A I L F 
Président de l’AILF 
Soyez de ceux qui défendent 
la valorisation de leur métier, 
Adhérez à la 
Charte du libraire francophone. 
Nous vous invitons à rejoindre les 
libraires qui ont déjà adhéré à 
la Charte du libraire francophone, 
depuis son lancement en octobre 
2009 à Beyrouth.. 
Si vous souhaitez vous engager à : 
• Assurer le professionnalisme de 
votre équipe 
• Développer une offre de qualité 
• Veiller à la qualité de votre 
service à la clientèle 
• Favoriser les relations entre 
libraires et avec l’interprofession 
N’hésitez pas à y adhérer, nous 
sommes là pour vous soutenir et vous 
accompagner. 
Cet engagement du libraire 
francophone à tendre au respect 
des critères de la charte sera le 
fondement de la reconnaissance 
de son statut par ses clients, ses 
partenaires et son environnement. 
En direct 
du réseau 
Numéro 12 / 2011 
Michel Choueiri 
Et si on partageait ensemble 
la défense, le maintien et le développement 
de la langue française 
La librairie francophone dans le monde doit-elle continuer à se battre presque toute 
seule pour la défense de la langue française ? Ce maillon, le plus actif, mais aussi, le plus 
fragile de la chaîne du livre, n’arrête pas de subir à chaque secousse naturelle, politique, 
sociale et économique, des pertes qui s’accumulent et qui mènent à la fermeture de 
plusieurs librairies. 
Hier, à Haïti, à Madagascar et au Chili, aujourd’hui en Tunisie, en Egypte, au Niger, 
en Côte d’Ivoire et en Algérie, et j’en oublie sans doute, nos libraires sont vraiment en 
difficulté. La défense de la langue française et des cultures francophones dans le monde 
sont non seulement la responsabilité de la chaîne du livre, mais aussi et surtout des 
institutions francophones publiques et privées dans le monde. Il est désormais impératif de 
joindre nos efforts pour que nous puissions ensemble, défendre cette langue à travers le 
livre français, et essayer de la maintenir, voir même de la développer. Nous ne devons plus 
nous permettre de voir des librairies en difficulté. Nous devons réorganiser nos finances 
et restructurer nos démarches, afin de créer des fonds de solidarité, provenant de tous les 
acteurs concernés par cette cause, comme l’OIF, le CNL, l’Institut français, le MAE, les 
états entièrement ou partiellement francophones, les éditeurs, les libraires… Ceci n’est 
pas un souhait, ni une prière, mais un cri du fond du coeur, que je lance au nom de tous 
les libraires de l’AILF que je représente, et de ceux qui sont dans l’oubli. (Lire l’émouvant 
article d’Agnès Debiage, sur les librairies francophones en difficultés, pages 2 et 3). 
Cet objectif figurera dans nos priorités cette année. 
D’autre part, c’est un combat politique que nous devons mener en partenariat avec 
l’OIF, organisation qui représente les gouvernements francophones de la planète. 
Ensemble, nous devons faire passer le message qu’il est devenu inadmissible que plusieurs 
pays signataires du protocole de Nairobi*, particulièrement du Sud, imposent encore des 
taxes et des frais de douane sur les livres, déjà assez chers par rapport au pouvoir d’achat 
de leurs citoyens. 
Neuf ans d’existence ont permis à l’AILF, plutôt que d’être demandeur d’aides 
et de subventions, de devenir aujourd’hui un prestataire de services, qui par son 
professionnalisme, sa connaissance du terrain et sa crédibilité, se permet de répondre aux 
besoins de ses partenaires, et d’en être un des principaux opérateurs. J’en profite ici, pour les 
remercier de leur confiance, de leur fidélité et de leur soutien à nos nombreuses 
activités et actions de par le monde. Je remercie aussi certains partenaires pour les initiatives, 
souvent rapides, prises afin de venir en aide à certains de nos collègues dans la tourmente. 
Je cite l’OIF, le CNL, l’Institut français, le MAE, la Centrale de l’édition, Dilicom, la WBI, 
la SODEC et bien entendu les éditeurs et distributeurs. 
Je suis heureux cette année, de vous annoncer que l’AILF sera présente à l’une des 
sessions des rencontres du réseau des médiathécaires français dans le monde. Nous 
ferons entendre notre voix, particulièrement sur nos relations mutuelles et les différentes 
collaborations qu’il pourrait y avoir avec les libraires. De même, nous serons 
présents pour les écouter, pour mieux comprendre leurs besoins, et faire en sorte que nos 
missions soient complémentaires. 
Je termine cet éditorial, en vous invitant à venir nous rencontrer sur le stand de l’AILF 
au Salon du livre de Paris, au coeur de l’Espace International, où seront assurées des 
permanences, afin de permettre aux libraires de discuter avec l’équipe de l’association 
et enregistrer leurs adhésions. Par ailleurs, nous serons heureux de vous inviter au cocktail 
de bienvenue, le samedi 19 mars de 17h à 19h sur notre stand (n° X 54). Comme chaque 
année, nous avons rendez-vous pour l’Assemblée générale de l’AILF, le dimanche 20 mars 
à 14h30 au Centre national du livre. Je souhaiterais vous voir nombreux y assister, et 
nombreux à vous présenter comme candidats au poste d’administrateurs, afin d’assurer une 
relève saine, dans la continuité et avec du sang neuf et de nouvelles idées. 
* Protocole de Nairobi 
(26 novembre 1976): Article premier 
1. Les États contractants s’engagent à ne pas 
appliquer de droits de douane et autres impositions 
à l’importation ou à l’occasion de l’importation de 
livres, publications et documents.
En direct du réseau A s s o c i a t i o n I n t e r n a t i o n a l e d e s L i b r a i r e s F r a n c o p h o n e s 
Des librairies francophones en difficulté table vu la situation » raconte la directrice 
Instabilité politique, révolutions, catas-trophes 
naturelles, coups d’état, pro-blèmes 
sécuritaires, dévaluations, … 
frappent là où on ne les attend pas for-cément. 
On se souvient de 2010, qui a 
commencé par le dramatique tremble-ment 
de terre en Haïti entraînant, entre 
autres, la destruction de la librairie La 
Pléïade à Port-au-Prince. Les problèmes 
de sécurité au Niger ont marqué les es-prits 
à travers des enlèvements specta-culaires. 
Les élections compliquées en 
Côte d’Ivoire continuent à entretenir une 
situation qui se dégrade de jour en jour 
en faisant craindre une guerre civile. Les 
premiers soulèvements populaires en Tu-nisie 
en décembre 2010, étaient le signe 
avant coureur d’une puissante révolte du 
monde arabe, en quête de liberté. La Tu-nisie 
a ouvert la voie avec la révolution 
de jasmin et la fuite tant voulue de Ben 
Ali. Le peuple égyptien a réussi l’inimagi-nable 
: obtenir la démission de Moubarak 
après 30 années de pouvoir. Aujourd’hui 
les Libyens se battent encore pour leur 
liberté, les troubles agitent Bahrein, le 
Yémen, l’Algérie, la Jordanie, … Les mé-dias, 
et particulièrement les chaînes d’in-formation 
satellitaires, jouent un rôle dé-terminant. 
La réalité parfois si lointaine, 
devient soudainement très proche. On 
voit, en toutes circonstances, une popu-lation 
se battre au quotidien pour survivre 
dans un contexte difficile. On entend des 
commerçants confier leurs angoisses, 
leurs difficultés. Comment les libraires 
francophones de ces pays vivent-ils 
ces périodes de troubles ? C’est ce que 
l’AILF a cherché à savoir à travers plu-sieurs 
interviews que vous retrouvez en 
intégralité sur le site: 
www.librairesfrancophones.org 
Des libraires de Côte d’Ivoire, du Niger, 
de Tunisie et d’Egypte ont répondu à nos 
questions, avec franchise. L’AILF a voulu 
leur donner la parole pour que tous les 
professionnels du livre prennent la me-sure 
de ce que vivent ces librairies. Les 
situations diffèrent d’un pays à l’autre, 
mais dans un contexte de troubles, d’in-sécurité, 
de révolte, de chaos, qui pense 
encore à acheter des livres français ? 
Des librairies ont du 
baisser leur rideau 
Au Niger, ni la librairie Maison du Livre, ni 
Farandole des livres n’ont jusqu’alors été 
obligées de fermer leurs portes. En Tuni-sie, 
«Quand la répression a commencé à 
devenir sanglante et que Ben Ali a donné 
l’ordre de tirer sur les manifestants, nous 
avons pris la décision de fermer la librai-rie 
» confie Selma Jabbès de la librairie 
Al Kitab dont les portes restèrent closes 
durant 6 jours. Au Caire, Zeina Badran, 
directrice de la librairie Livres de France a 
du prendre la décision de fermer ses deux 
points de vente. Quant à la librairie Oum 
El Dounia, située en bordure de la place 
El Tahrir, « L’activité a été complètement 
interrompue pendant 17 jours et depuis la 
réouverture, nous avons du fermer plus 
tôt à quatre reprises par principe de pré-caution 
». En Côte d’Ivoire, les succur-sales 
de la Librairie de France ont cumulé 
16 jours de fermeture au début des élec-tions. 
Pire. René Yedieti ajoute « Nous 
sommes toujours en pleine crise. La si-tuation 
socio-économique empire avec 
la fermeture des banques et un risque 
de conflit armé. Nous avons donc déci-dé 
de fermer 5 librairies sur 8 pour faire 
face à la crise et sécuriser les stocks ».. 
Le témoignage de Badii Ben Younes, dont 
la librairie Plume et Parchemin (Bizerte) 
a été intégralement pillée, est accablant : 
« Le bilan est lourd : plus de 89 000 € 
de marchandises réduits en cendres, 
documents et archives détruits, agen-cement 
et local inexploitables, et cinq 
employés qui se retrouvent à la rue ». 
Des baisses de chiffre 
d’affaires colossales 
Quinze jours après leur réouverture, les 
librairies interrogées au Caire comp-tent 
encore sur les doigts d’une seule 
main les clients journaliers. « Il n’est pas 
simple de clôturer une journée de travail 
avec un chiffre d’affaires qui oscille entre 
0 et 30 € alors que la librairie est parfai-tement 
achalandée et reconnue de tous ! 
Toutes les animations ont été intégrale-ment 
annulées pour deux mois au mini-mum, 
l’évènement livres de la Journée de 
la Francophonie a été reporté à octobre» 
s’accordent à déclarer les deux libraires. 
René Yedieti estime à 65% la baisse de 
CA pour les librairies de France, Oum El 
Dounia au Caire a supporté une chute de 
ses ventes de 30% sur janvier et 90% sur 
février (« l’absence de la clientèle touris-tique 
au coeur de la haute saison égyp-tienne 
a eu des conséquences irréver-sibles 
et il faudra faire preuve de patience 
avant que les touristes ne reviennent 
en masse au Caire »). Pour la librairie 
Al Kitab à Tunis, janvier a enregistré – 
41% et février – 26%. Néanmoins selon 
sa directrice, Selma Jabbès, une reprise 
s’amorce « Les Tunisiens sont deman-deurs 
de connaissances, ils veulent re-trouver 
leurs origines, redécouvrir leur 
histoire et leur identité, et cela, bien sûr, 
passe par les livres. Nous vendons donc 
beaucoup plus de livres de sciences hu-maines 
en général, et les essais traitant 
de la période Ben Ali en particulier, sur-tout 
ceux qui étaient censurés jusque là ». 
Pour Binti Tini de la Farandole des Livres 
au Niger, la baisse de chiffre d’affaires 
se fait sentir pour la Caravane du Livre 
avec – 60% de ventes, « les clients habi-tuels 
(particuliers, représentants d’ONG, 
institutions) n’étaient pas au rendez-vous 
à cause de l’insécurité qui règne dans le 
pays ». Moussa Abdoul Aziz de la Mai-son 
du Livre au Niger, quantifie à 29 % sa 
perte de chiffre d’affaires. 
Les libraires passent ils 
encore des commandes ? 
Seule Binti Tini (Niger) n’a pas changé ses 
habitudes en la matière. Une heureuse 
exception par rapport à ses confrères. 
Librairie de France en Côte d’Ivoire es-saye 
de s’approvisionner sur les 20% de 
titres qui enregistrent la meilleure rota-tion 
et tente de satisfaire les demandes 
récurrentes des clients. En Côte d’Ivoire, 
les troubles durent depuis bientôt 5 mois. 
Suite à la suppression de la censure en 
Tunisie, Selma Jabbès déclare « Nous 
avons, dans un premier temps, limité nos 
commandes aux seuls titres qui étaient 
censurés auparavant, mais nous avons 
rapidement repris un rythme de com-mandes 
habituel ». En Egypte, les deux 
librairies consultées ont suspendu toute 
commande jusqu’à ce jour. « Il faudrait 
commencer à vendre avant de penser 
à commander et nous continuons à at-tendre 
les clients ». 
Le transport 
est-il affecté ? 
« La Centrale de l’Edition et les décisions 
d’embargo ont suspendu tous les envois 
en Côte d’Ivoire » confie René Yedieti qui 
ajoute que « des retards de paiement au-près 
des fournisseurs ont généré des fer-metures 
de comptes ». En Tunisie « Il y a 
eu des grèves au niveau du transport par 
avion et par bateau qui ont retardé un peu 
nos livraisons, mais nous avons pu gérer 
tout cela au mieux et nos clients étaient 
compréhensifs. Les retards n’ont pas ex-cédé 
10 jours, ce qui est tout à fait accep- 
d’Al Kitab. En Egypte, ni Livres de France 
ni Oum El Dounia n’avaient de groupage 
pendant la révolution. Néanmoins, les 
services douaniers et les administrations 
aéroportuaires ont du cesser toute acti-vité. 
Des dossiers et ordinateurs ont été 
détruits au port d’Alexandrie, ralentissant 
la reprise du travail. Aujourd’hui les deux 
librairies cairotes ont bien des colis en 
attente chez Saga Air, mais tant que l’ac-tivité 
ne reprend pas, les groupages sont 
reportés. Au Niger, les conditions d’ache-minement 
sont restées correctes. 
Echéances: un cauchemar 
« Je n’ai effectué aucun règlement du-rant 
la deuxième quinzaine de janvier, le 
temps de voir l’évolution de la situation, 
mais les banques nous ayant assuré de 
leur soutien, j’ai rapidement rattrapé le 
retard et réglé toutes nos échéances dès 
le début du mois de février » témoigne 
Selma Jabès en Tunisie. « Nous avions 
réglé nos échéances pour janvier et fé-vrier, 
mais nous aurons probablement 
des soucis pour les échéances à ve-nir 
» raconte Zeina Badran. « Etant en 
bordure de la place El Tahrir, notre acti-vité 
s’est écroulé financièrement. Notre 
objectif premier a été de payer tous les 
salaires sans supprimer de poste. Nous 
avons bloqué les paiements fournisseurs 
pour sécuriser loyers et salaires. Nous 
accumulons donc un retard. L’avenir 
immédiat ne semble pas s’éclaircir au 
niveau économique et la dévaluation de 
la livre égyptienne de 7 % en un mois et 
demi aggrave les choses » confie Agnès 
Debiage. En Côte d’Ivoire, « Les ventes 
de la rentrée scolaire et des fêtes de fin 
d’année ayant été limitées, nous nous re-trouvons 
avec un surstock et des difficul-tés 
de trésorerie qui ne nous permettent 
pas de respecter nos échéances » selon 
Réné Yedieti. Au Niger, Binti Tini a ren-contré 
des problèmes de paiement uni-quement 
pour le fonds L’Harmattan lais-sé 
en dépôt à l’Association des Libraires 
du Niger. Pour Moussa Abdoul Aziz, la 
situation est particulière « Oui j’ai rencon-tré 
des difficultés à régler mes échéances 
mais cela est dû en grande partie au fait 
que ma librairie est restée fermée pen-dant 
un bon bout de temps par la Direc-tion 
des impôts suite à un malentendu qui 
est finalement réglé ». 
Pour l’Egypte, Volumen a immédiatement 
réagi en proposant par mail un report 
d’échéance de 90 jours. Cette démarche 
solidaire de Jean-Baptiste Dufour alors 
que l’Egypte était en pleine révolution 
et sans savoir ce qu’il allait se passer, 
a été très appréciée. Au Niger, Moussa 
La librairie de Bizerte (Tunisie) saccagée, pillée, brûlée 
Abdoul Aziz remercie Hachette Livre In-ternational 
et Binti Tini, L’Harmattan pour 
le report d’échéance. En Côte d’Ivoire, 
« Nous avons échangé avec nos four-nisseurs 
et la Centrale de l’Edition. Ils 
restent compréhensifs par rapport à la 
situation et nous essayons ensemble 
de trouver des solutions. Nous sommes 
également en contact avec la Coface qui 
suit la situation ». 
Quelle reprise ? 
En Côte d’Ivoire, « Tout reste lié à la du-rée 
de la crise et surtout à son issue », 
et René Yedieti conclut sur une phrase 
d’espoir « Après le retour normal des ac-tivités, 
nous mettrons en place une poli-tique 
adéquate de reprise ». Pour Selma 
Jabbès, « La suppression de la censure 
et la vente des livres qui étaient aupara-vant 
interdits nous a, au moins, permis de 
rattraper un peu la perte de chiffre d’af-faires, 
qui aurait certainement été bien 
plus dramatique autrement ». Au Caire, 
« Non la situation n’est pas complète-ment 
redevenue normale puisque des 
manifestations régulières sont encore 
prévues » selon Zeina Badran (Livres 
de France). « Un noyau de manifestants 
reste jour et nuit sur la place El Tahrir, les 
vendredis sont des journées d’affluence 
pour venir célébrer la liberté sur cette 
place de la Libération, des problèmes 
de sécurité persistent un peu partout 
dans la ville, l’incertitude des mois à ve-nir 
inquiète une partie de la population, 
la Bourse est fermée depuis 45 jours, 
la livre égyptienne dégringole en pente 
douce alors acheter des livres français 
est un peu le dernier des soucis des fran-cophones, 
d’autant plus que la censure a 
toujours cours » selon la directrice de la 
librairie Oum El Dounia. 
Même si les libraires semblent vouloir croire 
en leur avenir, leur quotidien demeure pré-caire. 
Ce qui se passe en Côte d’Ivoire, en 
Tunisie, en Egypte, au Niger, va probable-ment 
toucher dans les mois à venir d’autres 
pays. Quelles actions peuvent mener les 
éditeurs, pour leur venir en aide ? Quelles 
aides sont susceptibles d’être mises en 
place dans de tels cas ? Le Centre natio-nal 
du Livre vient d’allouer une aide aux li-braires 
tunisiens pour participer au finance-ment 
de leurs nouvelles acquisitions. Mais 
que faire pour les libraires qui ont du mal à 
assumer leurs échéances ? Dans quels cas 
de figure, la Centrale de l’édition actionne-t- 
elle le fonds d’invention d’urgence créé à 
cet effet ? 
Ces libraires du bout du monde, qui se 
battent toute l’année pour défendre la 
présence du livre français, ont besoin 
de votre aide. Car il y a plus de librairies 
francophones qui disparaissent que de 
librairies qui se créent. Prenez le temps 
de mettre en balance les paroles de ces 
libraires avec les images que les télévi-sions 
du monde ont diffusé sur les élec-tions 
en Côte d’Ivoire, les révolutions en 
Tunisie et en Egypte, les problèmes sé-curitaires 
et les enlèvements au Niger, et 
essayez d’imaginer le quotidien de vos 
clients, vos partenaires, vos collègues, 
ces libraires francophones du monde. 
Agnès Debiage 
2 
3
En direct du réseau A s s o c i a t i o n I n t e r n a t i o n a l e d e s L i b r a i r e s F r a n c o p h o n e s 
4 
5 
Entièrement détruite lors des évènements 
de décembre 2009, la librairie Lecture et 
Loisirs créée par Sylvie Joliclerc, vient de 
rouvrir ses portes dans la zone commer-ciale 
continuer son activité a animé cette libraire 
du bout du monde. 
Retrouvez son témoignage intégral dans la 
prochaine lettre électronique de l’AILF. 
Et la vie renait à LA PLÉIADE (HAITI) 
Lecture et Loisirs 
à Antananarivo 
revient de loin 
de Tana Waterfront. Une volonté iné-branlable 
de surmonter les difficultés et de 
Après une année douloureuse, longue, difficile, où il a fallu puiser l’énergie pour affronter les lourdes conséquences du séisme du 12 janvier 2010, le livre 
a repris ses droits dans la cité. Une fois le contact libraire / lecteur rétabli, la demande n’a cessé d’évoluer et nous incite plus que jamais à être à l’écoute 
de nos clients. 
La catastrophe a provoqué une migration massive de la population de Port-au-Prince vers les hauteurs de Pétion-Ville moins affectée, et un brassage sans 
précédent. La succursale de Pétion-Ville s’agrandit et s’enrichit de cette nouvelle clientèle issue de milieux moins favorisés. Peu de temps après la reprise 
de nos activités, nous sommes maintenant harcelés par une demande pressante et quotidienne de ceux qui sont restés à Port-au-Prince, privés 
de librairie. Pour répondre à cette attente, nous aménageons un point de vente provisoire de 50m², en attendant la reconstruction de la maison 
principale. Le jour de l’inauguration, le 14 février, la librairie accueille un grand nombre de ces clients venus nous remercier chaleureusement 
d’être de retour parmi eux. Les demandes, d’emblée, fusent dans toutes les directions, nous portant à inclure dans nos rayons des livres que 
nous ne pensions pas intégrer à notre offre à cause de l’exiguïté de l’espace. Dès le 6ème jour, la petite librairie de Bois Patate atteignait un pic 
de fréquentation de 150 personnes se succédant à la file indienne. Un vrai bonheur, mais aussi, quelle responsabilité ! 
Parallèlement, après une année de tergiversations, notre projet d’informatisation avance enfin. Avec l’appui spontané de Natacha Kubiak à travers 
le CNL, nous allons enfin pouvoir réaliser le rêve de voir la librairie entièrement informatisée que nous caressions depuis de nombreuses années. 
Nous lui en sommes infiniment reconnaissantes. 
Les études de structure de la librairie à construire sont en cours. Le temps nous parait long mais nous n’avons pas le choix, et surtout pas droit 
à l’erreur. Nous espérons néanmoins poser la 1ère pierre d’ici le mois de juillet au plus tard. Dans un premier temps, la librairie et la papeterie 
partageront un périmètre de 490m² ; le stock occupera une superficie égale, en sous-sol. Notre compagnie d’assurance n’a jusqu’ici pas versé 
l’intégralité du montant qui nous est dû, ce qui nous oblige à ajourner le projet de construction d’un étage supérieur. 
Plus que jamais, la librairie est devenue pour nous une véritable raison de vivre. Malgré toutes les incertitudes qui pèsent sur notre avenir, nous 
sommes convaincus qu’un pays qui accorde une telle place au livre ne peut pas périr… 
Solange Laffontant 
Librairie La Pléiade, Port-au-Prince, Haïti 
A l’assaut des librairies de 
l’ouest de l’Algérie 
Dans le cadre de la mission exploratoire 
prévue lors du Conseil d’administration 
de mars 2010, j’ai passé quatre jours à 
sillonner les villes de l’ouest de l’Algérie 
à la recherche des librairies. Celles que 
j’ai pu visiter m’ont agréablement surpris 
par leur cadre, leur accueil, mais d’autres 
sont encore loin de pouvoir être quali-fiées 
de librairies au sens professionnel 
du terme. 
La première destination est la ville de 
Chlef, située à 200 km au sud-ouest d’Al-ger. 
Elle renferme un grand pôle univer-sitaire 
où sont enseignés les sciences 
humaines et le droit. J’ai visité quatre 
librairies, dont trois sont situées dans le 
Centre culture islamique, l’une à côté de 
l’autre. Quatre m’ont particulièrement in-téressé 
de par leur diversité, leur statut, 
leur situation et leur organisation. Elles 
emploient toutes un personnel réduit, 
peu qualifié, où une forte proportion du 
fonds est constituée de livres en arabe, 
bien qu’il y ait un lectorat francophone. 
Deuxième destination : Mostaganem, sur 
le rebord d’un plateau côtier à 310 km 
d’Alger. On trouve comme pôle universi-taire 
la fac de droit et une université où 
sont enseignées différentes filières. Plu-sieurs 
librairies rayonnent sur la ville et 
ses environs. La plupart emploie un per-sonnel 
réduit, ayant très peu de connais-sances 
sur le métier de libraire. Les livres 
sont dans leur majorité en langue arabe, 
cela n’empêche pas qu’il y ait un public 
bilingue porté sur la culture. 
Troisième destination : Sidi Bel Abbès. 
Elle se situe à 480 km de la capitale. Elle 
renferme plusieurs universités et entre 
autres la bibliothèque fondée par l’écri-vaine 
Maïssa Bey, qui est achalandée 
dans toutes les disciplines ; elle est fré-quentée 
par un grand nombre de lecteurs. 
« Mais c’est un petit Paris ! », s’exclama 
Louis Napoléon Bonaparte en découvrant 
la ville. En plus de son charme, des librai-ries 
assez intéressantes y sont implan-tées. 
J’ai la même remarque à formuler : 
un personnel réduit, peu qualifié, mais 
accueillant et disponible. Une formation 
pour aller vers une professionnalisation 
est souhaitable. Quant à l’assortiment, 
on trouve des livres dans les langues 
arabe et française à proportion égale. 
Dernière station : Oran, la 3e plus grande 
ville d’Algérie. Plusieurs librairies y sont 
implantées. Un nombre important de 
livres sont exposés, que ce soit en arabe, 
en français, en anglais, ou en espagnol. 
Ces librairies sont tenues par des per-sonnes 
ayant une longue expérience 
dans le domaine du livre. 
A l’issue de ma courte visite à l’ouest de 
l’Algérie, j’ai eu le privilège de découvrir 
des libraires avec qui nous avons échan-gé 
nos expériences, parlé de tout ce qui 
attrait à la vie de la librairie. Globalement, 
Accompagnements 
à Madagascar 
En amont de la formation qui s’est dé-roulée 
à Antananarivo, Agnès Debiage 
(librairie Oum El Dounia, Le Caire) a 
consacré deux journées à travailler sur 
site avec des libraires de la capitale. Un 
vaste programme d’accompagnements 
individualisés a été initié à Madagascar 
et c’est la troisième année que l’AILF y 
mène ce type d’action. Huguette Rasao-mananoro, 
directrice de la librairie CMPL 
et présidente de l’ALM, nous avait sollici-té 
pour être accompagnée. Cette journée 
passée au CMPL a été riche : la priorité 
a été de recadrer l’identité de chaque es-pace 
: la librairie universitaire au rez-de-chaussée, 
la galerie d’art Yerden dans la-quelle 
a été installée la sélection de livres 
sur Madagascar (au premier étage) et la 
création de la bibliothèque universitaire, 
chère au coeur d’Huguette, qui a finale-ment 
migré au deuxième étage, pour une 
question de cohérence des espaces. Les 
deux vitrines ont aussi fait l’objet d’une 
analyse pour plus de clarté. Ce regard 
« extérieur » a semblé très profitable à 
cette libraire. 
Une autre journée a été réservée à la 
librairie Espace Loisirs où Danièle Biny a 
revu la présentation de certains rayons, 
ainsi que le classement (notamment 
de tous les ouvrages sur Madagascar). 
Cette librairie au coeur d’un quartier 
animé a résolument une carte à jour, en 
développant un assortiment notamment 
en poches. A travers différents sites web, 
la libraire a pu entrevoir la richesse de 
l’information disponible sur le web et pou-vant 
l’aider dans ses sélections 
Agnès Debiage 
Pourquoi l’AILF développe 
les accompagnements ? 
Des libraires de Chypre, de Syrie, des 
Emirats, de Madagascar, … et bien 
d’autres pays, ont pu bénéficier d’un ac-compagnement 
individualisé de la part 
d’administrateurs de l’AILF. 
Cette opération bien particulière, qui fait 
partie des missions de l’AILF, permet aux 
libraires de profiter de l’expérience et 
du savoir-faire de leurs collègues pour 
se professionnaliser. Les accompagna-teurs, 
avec leur regard extérieur et leur 
objectivité, peuvent ainsi étudier l’envi-ronnement 
de la librairie, observer son 
fonctionnement interne et analyser sa 
situation générale afin de conseiller le 
libraire concerné. Leur but est de l’ac-compagner 
dans la démarche de profes-sionnalisation 
de son métier, en passant 
par l’aménagement de sa librairie, le 
classement, la présentation et le choix 
des livres, sa gestion des stocks et des 
ressources humaines, ses animations 
dans et hors les murs, la formation et la 
motivation de son personnel, etc. 
Ces accompagnements permettent aus-si 
de sensibiliser les acteurs culturels 
du pays à mieux collaborer avec les li-braires. 
Dans l’autre sens, cela aide éga-lement 
les libraires à mieux comprendre 
les besoins de leurs partenaires culturels, 
afin de mieux les servir. L’objectif est que 
cette collaboration soit profitable aux 
deux parties et qu’elle favorise une coo-pération 
culturelle. 
Bien entendu, ce travail ne peut aboutir à 
de bons résultats que si les libraires bé-néficiaires 
suivent, par ailleurs, avec leur 
personnel, des formations. 
Michel Choueiri 
Une pensée pour les 
libraires tunisiens 
Toujours dans le cadre de la prospection 
et du suivi, j’ai entrepris une visite en Tu-nisie 
pour voir l’évolution du secteur après 
les différentes rencontres profession-nelles 
et formations. Malheureusement, la 
mission a coïncidé avec les évènements 
douloureux qui ont secoué ce pays. Tant 
bien que mal, j’ai pu rendre visite à cinq 
libraires (à Tunis, El Marsa, Carthage…) 
qui m’ont fait part d’un certain malaise 
qui les handicape dans l’exercice de leur 
métier : les nouvelles restrictions quant à 
l’importation des livres. 
En effet, tous les libraires sont contraints 
de formuler une demande suivie d’un 
échantillon du livre à importer. Ma mission 
en Tunisie était donc l’occasion de faire un 
tour d’horizon de ce qui a été fait jusqu’à 
présent au niveau de la formation et des 
problèmes rencontrés par les libraires. 
Il est vrai qu’une amélioration sensible a 
été enregistrée, mais il reste beaucoup de 
chantiers à entreprendre dans ce pays. 
Avec le changement que viennent de 
connaître nos collègues tunisiens, il est 
souhaitable de leur venir en aide en éta-blissant 
un programme de formation spéci-fique 
qui les aidera dans l’exercice de leur 
métier. Je ne peux passer sous silence 
ce qu’ont vécu tous les libraires tunisiens, 
particulièrement un membre de l’associa-tion, 
Badji BEN YOUNES, responsable 
des librairies PLUME & PARCHEMIN et 
ALKIRTAS situées à Bizerte. Cette der-nière, 
pillée et incendiée lors de la révolu-tion, 
a subi des dégâts considérables. Je 
lui rends hommage pour son courage et 
son dévouement malgré cette catastrophe. 
Smail Mhand 
les librairies visitées ont besoin de plus 
d’attention des organisations profession-nelles 
pour les accompagner, les former 
et d’une réorganisation pour pouvoir pré-tendre 
à un statut digne de ce nom. En dé-pit 
de ce constat, les efforts déployés par 
les patrons ou les gérants sont méritoires. 
Vu le statut de ces villes, de par leur po-pulation 
assez importante, leur superfi-cie, 
leurs activités socio-économiques et 
leur pôle universitaire, les pouvoirs pu-blics 
ont un grand rôle à jouer dans ce 
domaine afin d’encourager, d’aider les 
algériens à investir davantage dans le 
secteur du livre. 
Smaïl Mhand 
Mieux communiquer 
sur sa librairie 
Tel est le thème qui a été développé 
pendant trois jours au Caire, lors d’une 
formation sous-régionale AILF/BIEF qui 
regroupait 11 libraires du monde arabe 
(Mauritanie, Maroc, Tunisie, Egypte, Li-ban, 
Syrie, Dubai). Animée par Fabien 
Corbou (Electre) et Michel Choueiri (Li-brairie 
El Bourj), coordonnée localement 
par Agnès Debiage (Librairie Oum El 
Dounia), ce programme de formation 
avait pour objectif d’aider les libraires à 
repenser leur stratégie de communica-tion, 
en les incitant à réfléchir aux moyens 
de communication les plus adaptés à cer-taines 
actions et à certains publics. L’ac-cent 
a également été mis sur les outils 
de communication, gratuits et efficaces, 
qu’internet offre à chacun. Une séquence 
très constructive a permis à tous les 
Une nouvelle politique du livre en Algérie 
Une nouvelle politique pour la promotion du livre en Algérie a vu le jour avec la 
création du Centre national du Livre (CNL), sous l’égide du ministère de la Culture. 
Ses objectifs sont multiples : 
- la promotion et le développement du livre 
- l’encouragement de tous les modes d’expression littéraire et la diffusion 
des oeuvres littéraires 
- l’organisation des rencontres, salons et manifestations relatifs à la promotion et 
au rayonnement du livre algérien 
- la contribution et le soutien au développement de l’industrie du livre et 
wwwà sa distribution 
- le soutien à la lecture publique 
Plusieurs commissions ont été installées, à savoir : 
- la commission de la création et de la traduction 
- la commission du livre jeunesse 
- la commission de l’édition et de la diffusion 
- la commission des activités relatives au livre 
Hassan Bendif a été placé à la tête du CNL par la ministre de la Culture afin qu’il 
veille à l’application et à la concrétisation de tous ces objectifs sur le terrain. Ainsi, 
plusieurs activités ont été initiées à cet effet. Une nouvelle dynamique est née…
En direct du réseau A s s o c i a t i o n I n t e r n a t i o n a l e d e s L i b r a i r e s F r a n c o p h o n e s 
6 
7 
1ère édition du programme 
« libraires francophones 
à Paris » 
La première édition du programme des 
libraires francophones à Paris s’est dé-roulée 
du 2 au 19 novembre dernier, à 
l’initiative du CNL et du BIEF et avec la 
participation de l’AILF. 
12 libraires, venant d’horizons très diffé-rents 
et parfois lointains (Melbourne, San-tiago, 
Varsovie, Jérusalem, Hong Kong, 
Turin…) se sont ainsi retrouvées à Paris 
pour suivre ce nouveau programme, le-quel 
s’inscrit dans le cadre des nouvelles 
mesures proposées depuis 2010 par 
le CNL. Faisant suite au rapport sur les 
perspectives pour la politique publique 
de soutien au livre français à l’étranger, 
le CNL a en effet revu l’ensemble de son 
dispositif. Les aides à la librairie à l’étran-ger 
ont ainsi été réformées et élargies : à 
côté de la traditionnelle aide à la diversi-fication 
des fonds, les libraires peuvent à 
présent solliciter une aide pour un projet 
d’animation, d’informatisation, ou encore 
de création d’un point de vente. Pour 
compléter le dispositif, une attention a été 
portée à l’enjeu de la professionnalisation. 
Parallèlement aux programmes de forma-tion 
destinés aux libraires dans les pays 
francophones (en Afrique, au Maghreb, 
au Proche Orient), formations désormais 
principalement pilotées par l’AILF, il a 
donc été décidé de répondre aux voeux 
des libraires exerçant dans les pays non 
francophones et qui ne se retrouvaient 
pas dans les programmes existants 
. 
Mi-formation, mi-séminaire, l’occasion a 
ainsi été donnée à ces douze libraires ve-nues 
des 4 coins du monde de rencontrer 
des éditeurs, des libraires, des diffuseurs, 
des auteurs (dont Roger Grenier et Lau-rent 
Gaudé) mais surtout de vivre le quoti-dien 
d’un libraire français. Ce séjour dans 
une librairie en France, à Paris, Saint- 
Denis, Montreuil, Villejuif, mais aussi à 
Bordeaux et au Havre constituait le coeur 
de ce programme. Car l’idée poursuivie 
est bien de nouer et renforcer des liens 
professionnels mais aussi humains, sans 
lesquels la librairie ne pourrait exister, 
entre des libraires en France et leurs alter 
ego…isolés dans le reste du monde. Ten-tative 
de rapprochement, ce programme 
des libraires francophones à Paris se 
cherche encore un nom de baptême (et 
l’on pourrait ici imaginer d’organiser un 
concours à cet effet) mais il a sans au-cun 
doute fait l’unanimité parmi les 12 
participantes qui ont trouvé là l’occasion 
3 semaines durant de se raconter les dif-ficultés 
de leur métier, parfois même les 
misères mais surtout les mille et un bon-libraires 
de s’essayer à la création d’un 
blog. Claude Guibal, correspondante au 
Caire de Libération et Radio France, a 
fait une intervention très illustrée sur ce 
qui intéresse les journalistes, sur le rôle 
d’un communiqué de presse et sur l’im-portance 
pour le libraire, de s’inscrire 
dans un réseau relationnel. Cette forma-tion 
a largement été facilitée par l’ Institut 
Français d’ Egypte qui a accueilli ces trois 
jours de stage en mettant à notre dispo-sition 
une salle. 
En aval de la formation, les libraires pré-sents 
ont pu rencontrer l’écrivain égyp-tien 
Alaa el Aswany. Plus d’une heure 
de discussion littéraire dans le cadre inti-miste 
de la librairie Oum El Dounia. Alaa 
el Aswany a rendu un bel hommage au 
rôle du libraire à travers cette jolie phrase 
que Michel Choueiri s’est empressé de 
noter : « les libraires sont le Parlement 
des lecteurs ». Les éditions Actes Sud, 
complices de cet évènement, ont offert 
un livre d’Aswany à chaque libraire qui a 
pu le faire dédicacer. 
Grand succès pour 
la formation AILF à 
Madagascar 
En 2010, aucun programme de formation 
n’était budgété pour Madagascar. L’AILF 
a donc, pour la toute première fois, déci-dé 
d’assurer le financement d’une forma-tion, 
sur ses fonds propres. Une première 
qui a eu plusieurs effets positifs : une 
implication plus importante de l’ALM (As-sociation 
des Libraires malgaches) afin 
d’assurer toute la logistique de cette for-mation, 
un partenariat avec le SCAC, qui 
a accueilli la formation dans ses locaux et 
financé les déjeuners des libraires et une 
meilleure communication entre libraires 
et médiathécaires du centre culturel. 
Le thème de la formation « manager son 
équipe » a passionné tous les 12 libraires 
présents (8 d’Antananarivo et 4 de pro-vince). 
Un véritable travail de fond a été 
entrepris, notamment autour du thème 
la délégation. Une heure de discussion 
entre libraires a clôturé cette session de 
formation afin qu’ils décident communé-ment 
de leurs besoins en formation pour 
2011. Chacun s’est exprimé. Les notions 
de communication et animation étaient 
communes à beaucoup de participants. A 
partir de celles-ci, les stagiaires se sont 
expliqués sur ce qu’ils mettaient derrière 
ces mots. Cette trame servira donc de 
base à la construction du prochain mo-dule 
de formation à Madagascar. 
« Quasiment tous les libraires partagent 
une forte motivation à continuer les pro-grammes 
de formation pour les patrons 
de librairies. Au-delà de tous les ac-quis 
techniques d’une formation, c’est 
aussi toute une discussion autour des 
heurs qui en font tout le prix. 
On pourra plus facilement se faire une 
idée de ce programme au travers de deux 
témoignages, celui de Maryline Noël, li-braire 
à Santiago du Chili, reçue par Syl-vie 
Labat à la librairie Folies d’encre à 
Montreuil, et celui d’Hélène Lang qui a le 
projet de créer sa propre librairie à Turin. 
PS : ce programme est annuel. La pro-chaine 
session se déroulera du 23 mai au 
10 juin 2011. 
Pour connaître les conditions de par-ticipation 
à l’édition 2012, se reporter à 
l’adresse du site du Cnl 
(www.centrenationaldulivre.fr) 
ou contacter Natacha Kubiak 
(natacha.kubiak@centrenationaldulivre.fr) 
Deux libraires participantes 
témoignent … 
Maryline Noël, 
librairie Le Comptoir, 
Santiago du Chili 
« Ce stage m’a donné envie de bouger, 
pas vous ? J’ai entrepris depuis le début 
de la semaine de repenser complètement 
l’organisation de mon petit espace. Les 
contraintes sont grandes, je ne peux pas 
repousser les murs et 38 mètres carrés 
seront toujours 38 mètres carrés mais je 
vais tout changer quand même. J’ai trou-vé 
deux meubles aux puces aujourd’hui 
que je vais faire rentrer coute que coute, 
ils me rappellent la table de Sylvie de 
Folie d’Encre que j’avais juré de copier ! 
Je vais également demander à la rentrée 
à mes clients de m’écrire des petites cri-tiques 
des livres qu’ils m’achètent et même 
si je ne fais pas un petit journal sur papier 
comme Anaïs, je les publierai sur mon 
blog... je l’avais déja fait il y a quelques 
années mais j’avais besoin de retrouver 
l’enthousiasme... J’ai ramené des pe-tites 
coccinelles aussi et vais rédiger des 
courtes fiches sur mes coups de coeur. 
Je pense très souvent à «ma» librairie de 
stage à Saint-Denis et j’en parle à tout le 
monde. Malgré des réalités si différentes 
nous avons tant de choses en commun, la 
passion, la pression, même certains pro-fils 
de clients qui se retrouvent dans nos 
deux mondes. J’envie le calme radieux de 
Sylvie et j’aime me souvenir de son rire. 
En arrivant à Paris j’avais passé trop de 
temps isolée, j’avais besoin d’un petit 
coup d’énergie, d’un vote de confiance, 
de retrouver un sentiment d’apparte-nance 
à une profession, à un groupe. 
Je suis repartie forte d’un enthousiasme 
renouvelé, confortée aussi dans la qua-lité 
de mon travail. Sur certains rayons 
comme la jeunesse je n’ai pas senti de vé-ritable 
brèche entre mes connaissances 
et celles de mes collègues français. Par 
contre en littérature un abime, je n’en suis 
pas fière mais je l’explique par nos réali-tés 
si différentes. J’ai un mal fou à vendre 
de la littérature sortie des sentiers battus 
et je n’arrive pas à suivre le pas des nou-veautés. 
Je réfléchis à faire changer cela. 
Bref, de retour au Chili, je suis toujours 
aussi isolée géographiquement, mais je 
ne me sens pas seule ». 
Hélène Leng, 
projet de création de librairie à Turin 
La rencontre et l’échange entre libraires 
passeuses de culture française à l’étran-ger 
et ces deux relais institutionnels en 
France, nous a permis de sortir de l’iso-lement 
induit par la distance qui nous 
sépare du point de départ de la chaîne 
du livre. Ces deux institutions, grâce à 
leur écoute attentive et leur engagement 
professionnel, transmettent l’impression 
qu’il existe une vraie volonté de soutien 
des autorités publiques face aux difficul-tés 
très spécifiques qui sont nôtres. La 
La culture africaine 
représentée à la Foire du 
livre de Bruxelles 
Fruit d’une collaboration entre l’ONG 
CEC, «Coopération Education et 
Culture», et la librairie Graffiti (Waterloo), 
le stand «Echappées africaines» a pré-senté 
une exposition dédiée aux Femmes 
africaines et une librairie spécialisée en 
littératures africaines. Cette librairie a 
rassemblé des livres d’auteurs féminins 
qui ont marqué et marquent toujours 
avec une grande force et une extrême 
vitalité la poésie, le roman et le théâtre. 
Un focus « Haïti » a mis en avant toute 
l’activité littéraire des auteurs de cette île 
que le séisme n’a pu ébranler ou ralentir. 
Un an après, la littérature se relève des 
décombres, bravant tout et offrant récits, 
fictions, essais, livres d’enfants, tant de 
clefs pour mieux comprendre une réalité 
qui nous est très éloignée malgré l’infor-mation 
abondante des médias. Enfin, un 
coin « BD congolaise » sélectionnée par 
Africalia* a donné à découvrir au public 
un secteur d’expression artistique très 
dynamique en République Démocratique 
du Congo, et peu connu. 
problématiques professionnelles des uns 
et des autres qui s’engage lors d’une 
formation » explique Agnès Debiage, li-braire 
au Caire (Oum El Dounia) qui a 
animé cette formation. Elle ajoute que 
ce sont « quelques journées d’échanges 
constructifs qui permettront de mieux 
travailler ensemble tout au long de l’année 
et de développer cette réflexion commune 
autour de la librairie à Madagascar ». 
Paroles des libraires participant à 
la formation 
« Ces formations constituent l’essen-tiel 
de notre apprentissage du métier 
de libraire et nous sont donc bien pré-cieuses. 
Elle sont également les rares 
moments où nous avons l’occasion 
de nous rencontrer et de voir à quel 
point ce métier est une mission à la-quelle 
se consacrent tous les compo-sants 
de la grande société malgache ». 
« Encore une formation très intéres-sante, 
que ce soit au niveau appren-tissage 
ou rencontres puisque tous 
les libraires, ou presque, de Mada-gascar 
se sont réunis autour d’Agnès. 
Merci à l’AILF mais aussi à l’ALM ! ». 
« La formation va m’aider dès main-tenant 
à établir une fiche de fonction, 
un organigramme de fonction, un ob-jectif 
précis et à évaluer si l’objectif est 
atteint. Elle va aussi m’aider à amélio-rer 
ma relation avec les employés ». 
« Très franchement, je ne m’attendais 
pas à un tel apport pour un rôle de mana-ger 
car cet aspect de déléguer ne m’avait 
pas semblé si important et si productif. 
Je tâcherai en tout cas de le dévelop-per, 
de l’appliquer et surtout de rendre 
compte, pour moi-même, des résultats » 
*Africalia est une association belge qui entend 
apporter une contribution à la coopération 
au développement humain durable et a pour 
but d’attirer l’attention du public sur l’art et la 
culture africains contemporains, en Belgique 
notamment, par le biais de la (co-)organisation 
d’événements culturels. A la foire du livre de Bruxelles, le stand « Echappées Africaines» 
Les libraires du monde réunies à Paris
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Rendez-vous au Cameroun 
Après trois années d’absence, l’AILF et le BIEF ont organisé à Douala, au Cameroun, 
en décembre 2010, une rencontre professionnelle animée par deux libraires d’Afrique 
subsaharienne ; Chiel Lijdsman (Rwanda) et Brahim Soro (Côte d’Ivoire), qui ont pu 
compter sur la coordination locale de Judith Egoumé. Les quinze libraires d’Afrique 
Centrale représentant le Cameroun, le Rwanda, Congo Goma et Kinshasa avaient 
au programme l’analyse de l’impact des précédentes formations, l’intérêt d’un projet 
d’informatisation et des défis actuels que les librairies africaines doivent surmonter. 
La demande était grande de la part des libraires qui avaient pâti de ces années 
d’absence mais les échanges se sont avérés stimulants dès lors que le thème de 
l’informatisation de la librairie a été évoqué, notamment à travers la présentation du 
logiciel de la Librairie de France (Côte Ivoire). Enfin, une rencontre entre libraires et 
éditeurs de la région (réunis par le BIEF à Yaoundé ) a permis aux éditeurs de pré-senter 
une partie de leur catalogue, souvent orienté vers le scolaire ou d’intérêt natio-nal. 
La question de l’accessibilité des ouvrages est cependant restée sans réponse. 
première, et non la moindre, étant celle 
d’être une personne privée menant une 
mission commerciale, somme toute, 
« publique » (divulgation et diffusion de 
la langue/culture française) dans des 
contextes non francophones. 
Ma toute première pensée est que le mé-tier 
de libraire tel qu’exercé en France 
ressemble peu au métier de libraire prati-qué 
à l’étranger. 
Certes, la problématique de base relative 
à la vente du produit culturel au rende-ment 
le plus faible est inhérente au métier 
ici ou ailleurs, mais le travail quotidien du 
libraire est très différent. En France, l’ac-cent 
est plus facilement mis sur le rapport 
commercial en amont avec les éditeurs 
ou les distributeurs puisque l’immédiateté 
des rapports est plus linéaire ; le lectorat 
est une donnée potentielle acquise dont 
il faut stimuler la curiosité, le sentiment 
d’appartenance à un lieu au sein duquel 
se définit une facette de son identité socio-culturelle. 
A l’étranger, le lectorat poten-tiel 
est réduit, il faut donc le solliciter très 
individuellement et minutieusement et 
pertinemment, travailler « à l’ancienne » 
dans un rapport en aval au cas par cas, 
de confiance avec le client afin de main-tenir 
et accroître l’activité commerciale. 
Des échanges que nous avons pu 
avoir entre libraires des quatre coins 
du monde, apparaissent clairement 
quelques caractéristiques dont le pré-supposé 
de base est : qu’une librairie 
généraliste à l’étranger se transforme 
en une librairie spécialisée in situ donc 
une librairie dont le client franchit le seuil 
porteur d’une requête particulière. Nos 
clients sont soit - dans certains pays plus 
que d’autres - des expatriés en « mal de 
culture du pays » soit - et le plus sou-vent, 
je pense - des nationaux dont les 
demandes sont très fluctuantes. La diffé-rence 
première est donc « l’impondérabi-lité 
» de la demande en pays non franco-phones. 
Certes, nous pouvons servir des 
prescripteurs locaux : écoles françaises, 
CCF, Alliance française, universités et 
bibliothèques nationales, cependant la 
demande de la clientèle « tout-venant » 
reste énigmatique. Aussi doit-on être très 
à l’écoute du pouls socioculturel du pays 
afin que cela s’en ressente au niveau 
de l’assortiment, ce qui, par ailleurs a le 
mérite de nous éloigner du pléthorique 
« prêt à consommer » éditorial. Peut-être 
sommes-nous donc plus « libres » de nos 
choix d’assortiment, mais le prix de cette 
«semi- liberté » est un travail individuel 
intense, pour rencontrer, voire renforcer 
un lectorat. 
Car, la librairie francophone à l’étranger 
reste un petit coin du pays dont elle ex-pose 
l’âme culturelle et son libraire doit 
La Caravane du Livre 
2010-2011 
La dernière édition de la Caravane du 
Livre est sur le point de se terminer. L’oc-casion 
pour l’AILF de revenir sur les en-jeux 
de cette manifestation qui clôture sa 
septième édition. 
La Caravane du Livre est le fuit du travail 
des libraires qui organisent sur place des 
animations qui mettent, pour la plupart, 
en valeur des auteurs ou artistes locaux 
souvent peu connus. Ainsi, au Niger Is-soufou 
Konaté, Mahamadou Issoufou 
Tiado et Adamou Idé ont participé à plu-sieurs 
conférences publiques pour évo-quer 
des sujets comme la démocratie, 
l’écriture littéraire ou poétique. Au Mali, 
c’est Modibo Sidibé, auteur de livre jeu-nesse 
qui a pu avoir un échange ouvert 
et pédagogique avec des élèves de plu-sieurs 
établissements scolaires sur l’inté-rêt 
de la lecture. Au Bénin, une dizaine 
d’auteurs dont Florent Couao Zotti ont fait 
partie des manifestations organisées au 
Nord comme au Sud du pays. Séances 
de contes ou de Slam, atelier de philoso-phie 
… autant de déclinaisons possibles 
inventées par les libraires qui organisent, 
seuls ou avec des confrères ou média-thécaires, 
ces manifestations. 
La Caravane du Livre et de la Lecture 
est devenue aujourd’hui incontournable 
dans le paysage culturel local, voir na-tional 
de ces pays. Si elle est reconnue 
comme étant populaire, c’est avant tout 
par ce qu’elle se déroule hors les murs. 
Les libraires usent de créativité pour al-ler 
à la recherche de nouveaux publics. 
Ainsi, les écoles, les places publiques, 
ou autres espaces culturels sont investis. 
Tous les moyens sont bons pour atteindre 
les zones les plus reculées : si le dos de 
chameau reste gravé dans l’imaginaire, 
il semblerait que ce soit davantage en 
wagon bibliothèque ou bibliobus que les 
livres sont proposés à la population. Au 
Tchad, c’est par un camion plateau trans-portant 
8 artistes (humoristes, conteurs, 
chanteurs, danseurs) et sillonnant 5 ar-rondissements 
de la capitale que les 
organisateurs ont pu amener le public à 
visiter les stands de livres situés dans 
des places publiques où se déroulaient 
d’autres animations (concours de lecture 
à voix haute…). Au Mali, la libraire orga-nisatrice 
ne pensait pas réitérer l’opéra-tion. 
Finalement, sous la pression des 
acteurs locaux, elle a remis en marche 
une Caravane qui touche des centaines 
d’écoliers et un public en dehors de la ca-pitale 
en proposant des ouvrages publiés 
au Sud. Certes, les contours de l’opéra-tion 
ne correspondent pas aux canaux 
classiques d’animation mais elle montre 
combien le libraire africain souhaite s’ou-vrir 
à tous les publics. C’est ce qui a cer-tainement 
donné cet accent de popularité 
et fait de cet événement un rendez vous 
annuel attendu. 
Dernièrement la preuve de cette noto-riété 
nous vient droit des services cultu-rels 
ou médiathècaires des ambassades 
de France qui expriment leur intérêt pour 
cette opération. Au Bénin d’abord, où, 
après 7 années de mobilisation collec-tive, 
le poste revient sur cette rencontre 
littéraire, devenue désormais nationale. 
Les chiffres qu’ils rapportent en sont la 
preuve : « Douze auteurs nationaux, 
dont Florent Couao-Zotti, prix Amadou 
Kourouma 2010, ont apporté leur talent 
et leur générosité au projet, allant à la 
rencontre de près de 2500 élèves ». Il 
en est de même au Niger où la média-thécaire 
du Centre culturel français Jean 
Rouch déclare : « Les rencontres autour 
du livre et de la lecture ont suscité des 
débats passionnés tant la présence du 
livre fait défaut dans le pays. Témoins 
de ce succès, les lectures sur les places 
publiques, dans les cours d’école, le ci-néma 
en plein air ou encore l’intervention 
du slameur Jhonel qui ont réuni jusqu’à 
500 personnes ». Au Sénégal c’est la 
presse qui en parle le mieux même si elle 
évoque surtout l’anniversaire de la librai-rie 
organisatrice qui a coïncidait avec la 
Caravane du Livre. 
C’est pourtant chaque fois plus délicat 
de monter une opération de cette en-vergure. 
Les difficultés augmentent et 
se diversifient : le contexte politique qui 
divise la Côte d’Ivoire, ou encore du Ni-ger, 
la « crise économique » qui fragilise 
autant le pouvoir d’achat local ou la si-tuation 
financière des librairies qui ne 
peuvent commander aussi facilement 
qu’auparavant auprès des éditeurs fran-çais. 
Pourtant, 75 000 € de commandes 
de littérature pour des librairies de taille 
moyenne, ce n’est pas négligeable ; 
sachant que paradoxalement, les com-mandes 
auprès des éditeurs du Sud ont 
simultanément augmenté. Si tous les 
libraires n’ont pas réapprovisionné de 
manière conséquente leur stock cette an-née, 
c’est aussi car une partie du fonds 
de l’année précédente a été réutilisé. De 
la même manière, le stock restant peut 
parfois être judicieusement présenté 
dans un événement ultérieur. Au Burkina 
Faso par exemple, certains des ouvrages 
comme ceux sur le cinquantenaire d’in-dépendance 
d’Afrique ont été également 
présentés au Fespaco, célèbre festival 
de cinéma qui s’est déroulé quelques 
temps après la Caravane du Livre et de 
la Lecture. 
La Caravane a pu se tenir au Niger dans 
les plus grandes villes du pays malgré 
des conditions sécuritaires dégradées 
mais ce n’est pas le cas de la Côte 
d’Ivoire. La manifestation prévue pour 
mars est bien évidemment annulée, au-cune 
commande ne pouvant parvenir 
de France depuis plusieurs mois et la 
tension ambiante ne permettant pas aux 
Ivoiriens de sortir de chez eux … autant 
d’éléments qui n’encouragent pas les 
membres de l’association des libraires 
ivoiriens à organiser une quelconque ma-nifestation 
de célébration du livre. 
ALS 
La Caravane du Livre et de 
la Lecture ? 
La Caravane permet à une dizaine de li-braires 
de l’AILF de sept pays de propo-ser 
une sélection d’ouvrages de littérature 
africaine à des prix bonifiés et d’animer 
des espaces publiques ou écoles pour al-ler 
à la rencontre du public. Depuis 2004, 
tous les ans, la Caravane passe au Bé-nin, 
Niger, Mali, Burkina Faso, Togo, Côte 
d’Ivoire, Tchad, Sénégal, traversant au 
total une cinquantaine de villes et sensi-bilisant 
plus de 50,000 personnes au livre 
et à la littérature, grâce au soutien des 
pouvoirs publics français et francophones. 
Les libraires du Québec 
prennent le leadership 
Lors de la dernière rencontre interpro-fessionnelle 
sur le livre numérique orga-nisée 
par l’Association des libraires du 
Québec à Montréal, un échange d’infor-mations 
de pointe a permis de faire un 
bilan sur le développement fulgurant du 
livre numérique. 
C’est ainsi que Clément Laberge de la 
Firme Conseil « De Marque », chargé 
des projets de l’entrepôt numérique et 
de l’agrégateur des éditeurs québécois, 
Dominique Lemieux du portail des librai-ries 
indépendantes du Québec et Marie- 
Hélène Vaugeois, présidente de l’ALQ, 
ont démontré l’avancée vertigineuse non 
seulement de l’accès au livre numérique 
mais aussi de la présence envahissante 
de grands joueurs comme Apple, Google, 
Amazon et bien d’autres dans ce dossier. 
L’Ipad, outil numérique performant, pro-voque 
à lui seul la curiosité et marque 
en même temps une étape importante 
dans la promotion et dans l’accès au livre 
numérique. D’ailleurs l’engouement des 
consommateurs américains pour ce pro-duit 
laisse supposer un résultat mondial 
qui pourrait ressembler à celui de l’Iphone 
(60 millions vendus dans le monde). 
Plus de 150 personnes concernées et 
impliquées dans le domaine du livre au 
Québec ont ensuite fait le tour des défis 
et des opportunités qui se présentent afin 
d’en tirer un positionnement efficace et 
durable. Il en ressort que les libraires doi-vent 
être munis de la plus haute techno-logie 
et que le réseau interprofessionnel 
du livre doit pouvoir offrir aux consom-mateurs 
de manière efficace et simple 
le format autant numérique que papier 
du livre. Le gouvernement du Québec 
jouera très certainement un rôle de pre-mier 
plan dans le dossier du livre numé-rique 
comme soutien législatif et politique 
concret pour le maintien et la promotion 
du livre francophone en Amérique et dans 
la francophonie. À suivre… très bientôt. 
Normand Provençal 
Contribution volontaire 
des éditeurs 
Aujourd’hui l’AILF regroupe 80 librairies 
professionnelles vendant du livre fran-çais 
dans plus de 40 pays du monde. 
Ces grandes et petites librairies sont 
avant tout des librairies généralistes, si-gnataires 
de la charte du libraire franco-phone, 
lancée en 2009 à Beyrouth, alors 
capitale mondiale du livre. 
Les défis auxquels la librairie franco-phone 
doit faire face sont nombreux : 
forte concurrence des grandes chaines 
de distribution « encouragée » par l’ab-sence 
de régulation du prix du livre à 
l’étranger, frais d’approche onéreux, dé-veloppement 
de la vente en ligne, parte-nariats 
délicats avec les établissements 
français à l’étranger, concurrence avec 
le livre anglophone, catastrophes natu-relles, 
instabilité politique ou encore éco-nomique 
de certains pays. 
Partout, le français (et donc le livre fran-çais) 
doit lutter pour se maintenir comme 
langue de culture et d’échanges. L’AILF 
a pour cela opté pour des actions de 
professionnalisation qui permettent de 
maintenir un réseau dynamique et réac-tif 
et sur des opérations de promotion du 
livre francophone, comme la Caravane 
du Livre. Créée en 2004, cette mani-festation, 
désormais annuelle, a montré 
que de nouveaux marchés pouvaient se 
développer. Pour les éditeurs, les retom-bées 
sont loin d’être négligeables, et 
l’affichage sur notre site de l’intégralité 
des titres de la sélection, offre une visibi-lité 
aux près de 4 500 visiteurs recensés 
par mois. 
Cependant, l’AILF ne peut plus comp-ter 
uniquement sur des subventions pu-bliques. 
Pour preuve la disparation des 
Fonds de Solidarité Prioritaire du MAEE 
qui finançaient en partie les actions de 
formation. En outre, la récente réforme 
des aides du CNL permettant de soute-nir 
les librairies référentes, met de coté 
un certain nombre d’acteurs, peu ou mal 
connus en France, néanmoins acteurs 
d’une dynamique locale. C’est du moins 
ce que constatent les administrateurs 
de l’AILF. 
Autant de raisons qui nous conduisent à 
solliciter auprès des éditeurs une contri-bution 
volontaire au titre de « membre 
associé de l’AILF ». Le montant de cette 
adhésion pour 2011 en tant qu’organisme 
associé de l’AILF est laissé à la discrétion 
de chacun mais chaque éditeur peut l’es-timer 
en fonction de son chiffre d’affaires. 
Vous êtes éditeur et vous souhaitez de-venir 
membre associé de l’AILF, contac-tez 
Anne-Lise Schmitt (contac@libraires-francophones. 
org) au 06 63 06 49 64. 
être le messager et le guide de cette identi-té 
recherchée par le client. Nous sommes 
amenées à nous impliquer humainement 
beaucoup plus, car de notre implica-tion 
personnelle (compétence, écoute, 
conseil, action…) dépendent nos ventes. 
C’est pourquoi, personnellement, j’ai été 
marqué par les animations « sociales » 
de certaines librairies dont le rôle, de part 
souvent leur emplacement dans des quar-tiers 
dits « difficiles », ressemble plus au 
nôtre hors France : librairie lieu d’accueil 
et d’expression, lieu de recherche et de 
partage de nos humanités. »
En direct du réseau A s s o c i a t i o n I n t e r n a t i o n a l e d e s L i b r a i r e s F r a n c o p h o n e s 
10 
Les aides aux librairies 
11 
francophones à 
l’étranger du CNL 
Le dispositif mis en place en 2010 
s’articule autour de deux types 
d’aides : 
Une aide à la création 
Destinée à accompagner, pendant 
trois ans, les projets de création de 
librairies francophones et de fonds 
d’ouvrages en français, cette aide 
porte sur la constitution des fonds 
mais également sur les outils per-mettant 
le développement qualitatif 
de l’activité : informatisation ren-dant 
possible la gestion de fonds 
en français, outils de sélection bi-bliographique 
pour la constitution 
des fonds, formation de personnels 
francophones. 
Au terme de 3 ans d’activité, les 
librairies qui remplissent les condi-tions 
deviennent éligibles à l’ob-tention 
de l’agrément « librairie 
francophone de référence » et aux 
dispositifs afférents. 
Un agrément « librairie fran-cophone 
de référence » 
La création de cet agrément a pour 
objectif de favoriser la pérennisation 
et le renforcement d’un réseau de 
librairies de qualité commercialisant 
du livre français à l’étranger. Toute 
librairie en activité depuis au moins 
3 ans peut déposer un dossier. 
Cet agrément, valable 3 ans, ouvre 
la possibilité de candidater à deux 
dispositifs d’aide : 
• diversification des fonds : 
subventions à l’achat de livres, ex-clusivement 
en français ; 
• valorisation des fonds : 
soutien à la réalisation d’actions 
régulières de promotion de la créa-tion 
littéraire française, sous forme 
d’animations ou de mise en place 
outils d’information et de service 
autour de l’actualité éditoriale fran-çaise 
(sites internet, édition papier 
ou électronique de catalogues thé-matiques, 
bulletins d’information…). 
Les demandes de subvention pour 
la diversification ou pour la valorisa-tion 
des fonds en langue française 
peuvent être présentées conjointe-ment 
à une demande d’agrément. 
Pourriez-vous rappeler ce qui 
a motivé le CNL dans la mise en 
place de la réforme des aides aux 
librairies à l’étranger ? 
Comment, dans le présent contexte de 
globalisation des échanges et de muta-tions 
technologiques, favoriser le main-tien 
et la pérennisation du réseau des 
librairies francophones, permettre à ses 
membres d’être de véritables acteurs 
culturels, de participer activement au 
commerce du livre français, qui est aussi 
un commerce de personnes, de valeurs 
et d’idées, ainsi qu’à sa promotion et à 
son rayonnement ? 
Notre action dans ce domaine n’a fait que 
confirmer et amplifier les conclusions du 
rapport remis au Conseil du livre en mars 
2009. Une attention légitime y était accor-dée 
au canal essentiel que représentent 
ces libraires dont on ne saurait trop souli-gner 
l’esprit d’engagement et de service. 
Nourri de la longue expérience d’accom-pagnement 
du CNL, ce rapport reprenait 
d’ailleurs les recommandations que nous 
avions élaborées en étroite concertation 
avec les organismes interprofessionnels, 
notamment avec l’AILF dont il faut dire, 
ici, la notable contribution. 
C’est ainsi que nous avons entièrement 
repensé notre approche ainsi que nos 
dispositifs et que nous proposons, de-puis 
le 1er janvier 2010, de nouvelles 
modalités de soutien. Leurs buts pra-tiques 
ne correspondent pas moins à 
des finalités supérieures. Il y va d’abord 
de la consolidation du réseau : la créa-tion 
de l’agrément « librairie francophone 
de référence » ; véritable label de qualité 
et de reconnaissance, ouvre droit, pour 
les acteurs reconnus, à des aides à la 
diversification mais également - et c’est 
nouveau - à la valorisation des fonds et 
de l’expertise. Ensuite, notre propos est 
la professionnalisation du réseau : nous 
avons instauré avec le BIEF, notre par-tenaire 
naturel, un séminaire réservé 
aux zones non francophones, distinct 
des programmes de formation sur site 
dispensés par l’AILF dans les pays de 
la francophonie du Sud. Douze libraires 
en provenance d’Australie, du Chili, du 
Costa Rica, d’Espagne, de Hong-Kong, 
d’Iran, d’Israël, d’Italie, du Mexique, de 
Pologne, de Serbie et du Vietnam ont 
ainsi été réunis lors de la première ses-sion 
qui s’est tenue à Paris en novembre 
2010, en attendant la deuxième qui aura 
lieu du 23 mai au 10 juin 2011. Enfin, 
nous visons l’extension du réseau : l’aide 
à la création de librairies francophones 
ou de fonds en français dans des librai-ries 
internationales constitue désormais 
une des priorités. 
Ces trois mouvements, consolidation, 
professionnalisation, extension, n’en font 
qu’un. Celui d’une réforme qui se veut 
constructive, efficiente, offensive. 
Quels types de demandes semblent 
majoritaires ? 
Les aides à la diversification des 
fonds, le soutien aux animations, 
le soutien au site internet et aux 
bulletins d’information... ? 
Nous manquons de recul, eu égard au 
peu de temps écoulé, pour évaluer la ré-ception 
des nouveaux dispositifs. Sans 
surprise, les projets de diversification des 
fonds demeurent majoritaires en nombre 
des subventions demandées et attri-buées 
comme en valeur des montants. 
L’explication est mécanique : le dispositif, 
qui existe depuis 1997, est bien connu 
des libraires qui, de surcroît, renouvellent 
plus régulièrement leur assortiment que 
leur matériel informatique ou leur site in-ternet. 
Seule certitude : la réforme nous 
invite à plus d’attention aux réalités du 
terrain et à plus d’efforts de communica-tion 
si nous voulons qu’elle joue à plein 
l’effet de levier recherché. Le CNL, là 
comme ailleurs, doit se montrer proactif. 
Un an après sa mise en oeuvre et au vu 
de ces demandes, pensez-vous que 
vous avez atteint les objectifs visés à 
travers cette réforme ? 
S’il est trop tôt, ainsi que je viens de 
l’expliquer, pour tirer des conclusions, 
les tendances sont néanmoins encou-rageantes 
et témoignent d’une salutaire 
prise de conscience. Car il s’agit pour 
nous tous de penser de manière plané-taire 
tant les défis qui se présentent aux 
libraires de l’hexagone et de l’étranger ne 
sont guère différents. L’agrément « librai-rie 
francophone de référence » distingue 
plus de cinquante librairies dans qua-rante- 
trois pays dont le métier est d’oeu-vrer, 
auprès de leurs clients, à fournir 
une offre riche et diversifiée, à garantir un 
service de qualité et de conseil, à propo-ser 
des débats et des animations. Là est 
l’avenir universel de la librairie, dans son 
caractère de lieu unique de relation per-sonnelle 
et de prescription incarnée. D’où 
la nécessité de recourir intensivement 
aux bulletins d’information, aux sites in-ternet, 
que nous aidons également, afin 
d’assurer visiblement cette vocation 
agrégative de publics qui se refusent à 
être traités en simples consommateurs. 
Entre autres signes positifs, il me faudrait 
invoquer, par exemple, l’excellence litté-raire 
et intellectuelle des rencontres que 
nous avons récemment soutenues en 
Espagne, au Liban, et en Egypte. Ou in-diquer 
que nous avons d’ores et déjà en-registré 
vingt-six candidatures en regard 
des douze places proposées à l’occa-sion 
du prochain séminaire d’échanges 
professionnels. Je préfère souligner que 
de tels projets pourraient être plus nom-breux 
et que nous avons la capacité à les 
accompagner plus fortement. 
Quels seraient, selon vous, les 
consignes et recommandations à 
communiquer aux libraires pour at-teindre 
pleinement ces objectifs ? 
Je leur suggérerais d’oser être imagina-tifs, 
de se montrer plus entreprenants, de 
s’affirmer ambitieux. Le développement 
de leur communication, de leur visibilité, 
de leur accueil représente, je l’ai dit, un 
enjeu majeur. Le CNL est là pour les ac-compagner 
dans cette montée en puis-sance 
comme pivots de l’action culturelle 
et créateurs d’évènements. Je veux que 
nous contribuions, mieux et plus, de fa-çon 
adéquate et pertinente surtout, aux 
manifestations qui impliquent la venue 
d’auteurs dans leurs librairies. J’ai bien 
conscience que plus les distances sont 
grandes, plus les coûts de telles opéra-tions 
ressortent prohibitifs. Il faut donc 
procéder par concertation et par mutua-lisation 
que ce soit à Paris entre les pro-fessions 
et les établissements publics 
concernés et sur place, localement, en 
pensant, par exemple, des tournées à 
l’échelle d’une zone géographique, lin-guistique, 
ou culturelle. Ce travail en 
réseau est déterminant et nous avons 
besoin de l’AILF pour le réaliser. 
Sans tarder. 
Un certain nombre de libraires se 
voient refuser ces aides. Quelles 
en sont les principales causes ? 
Comment pensez-vous que les li-braires 
concernés pourraient être 
accompagnés ? 
Voyez combien le bilan chiffré est positif: 
trois commissions, quatre-vingt trois de-mandes 
d’agrément, cinquante-trois ob-tentions, 
soit près de deux tiers d’appro-bation 
pour un petit cinquième de refus 
si l’on prend en compte les ajournements 
en attente de révision dès la présentation 
d’un dossier plus complet lors d’une pro-chaine 
session. C’est là, me semble-t-il, 
un résultat probant. 
Oui, le soutien du CNL est déterminé. 
Pour autant notre exigence reste entière. 
Que faire des sociétés de diffusion dont 
l’activité se concentre dans la papeterie 
ou la presse, dont l’essentiel du chiffre 
d’affaires dépend de ventes aux institu-tions, 
principalement scolaires, donc de 
marchés captifs, et pour qui les ventes 
de détail restent accessoires ? Non seu-lement 
elles ne relèvent ni de nos mis-sions 
originelles, ni de nos champs d’in-tervention, 
mais encore elles dérogent 
à la définition de la librairie généraliste 
sur laquelle se fonde votre association. 
Sans doute peut-on envisager de les ac-compagner, 
mais à la condition expresse 
qu’elles s’engagent concrètement dans 
une démarche volontaire de qualité, de 
diversité et de proximité. Des séminaires 
adaptés, visant à favoriser leur appro-priation 
du coeur de métier et la maîtrise 
de leur mutation, constitue à cet effet une 
piste de travail. 
Pensez-vous que l’AILF ait un rôle 
à jouer pour diminuer le nombre 
de libraires qui se voient refuser 
ces aides ? 
Certainement. D’une part, il n’est de 
meilleur entraînement que l’exemple. 
D’autre part, le CNL et l’AILF n’existent 
pas comme deux entités séparées mais 
dans le lien que suscitent une vision com-mune, 
une synergie expérimentée, une 
solidarité éprouvée. Le financement que 
nous vous apportons depuis de nom-breuses 
années n’est qu’un volant de 
notre relation. Parce qu’elle est pour le 
CNL un authentique interlocuteur, l’AILF 
se trouve en position de double média-tion 
: du Centre vers le terrain, du terrain 
vers le Centre. Soyez nos passeurs, 
menez des missions d’expertise, faites 
circuler l’information. Et, pour ne pas 
laisser cet entretien sans vous adresser 
un challenge à hauteur de notre com-pagnonnage, 
procédons ensemble à un 
vaste programme de jumelages entre 
librairies de l’Ouest et de l’Est, du Nord 
et du Sud 
Quelles sont les mesures que vous 
préconiseriez pour les profession-nels 
du livre des pays arabes en 
mutation pour suivre les change-ments 
sociaux, culturels et poli-tiques 
de leur pays ? 
Pour avoir vécu dans le monde arabe, 
pour en connaître les milieux intellec-tuels 
et artistiques, je porte personnel-lement 
la plus grande attention aux mu-tations 
en cours. Je suis donc satisfait 
de ce que le CNL, dans le droit fil de 
sa tradition constante de coopération, 
s’attache à développer des échanges 
renouvelés entre les deux rives de la 
Méditerranée. Nous avons lancé au mois 
de février un fonds d’urgence pour sou-tenir 
les libraires francophones tunisiens. 
Nous suivons les évolutions ailleurs, 
sans oublier aucun des pays de la zone. 
Ainsi, parallèlement, dans une autre aire 
culturelle, mais contigüe, nous signerons 
le 18 mars au Salon du livre de Paris, 
une convention avec le TEDA, l’orga-nisme 
de la République de Turquie qui 
est notre homologue. Je veux y voir un 
modèle pour demain. C’est l’ensemble 
de ce que les Anciens appelaient la Mare 
Nostrum et où est né le livre qui doit s’en-gager 
pour l’avenir de l’écrit. A l’heure 
du réveil qui traverse le monde arabe, il 
est clair que le livre s’impose comme un 
indispensable vecteur de liberté, un né-cessaire 
ferment de débat, un gage de 
démocratie. A nous, le CNL, avec vous, 
les libraires francophones du Maghreb, 
du Machrek, et de toute l’AILF, d’être 
présents, en promouvant le dialogue des 
cultures, à ce rendez-vous de l’histoire. 
Entretien avec Jean-François Colosimo, 
président du Centre National du Livre 
JF Colossimo ( Copyright CNL )
En direct du réseau A s s o c i a t i o n I n t e r n a t i o n a l e d e s L i b r a i r e s F r a n c o p h o n e s 
L’AILF est une association régie par la loi du 1er Juillet 1901 
11 rue Caillaux - Boite n° 49 
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Courriel: contact@librairiesfrancophones.org 
Site web: www.librairiesfrancophones.org 
Contact: Anne-lise Schmitt - coordinatrice 
12 
Association 
Internationale 
des Libraires 
Francophones 
Conseil d’administration 
Président : 
M. Michel Choueiri (Librairie El Bourj - Liban) 
Vice-Président : 
M. Philippe Goffe (Librairie Graffiti - Belgique) 
Trésorière : 
Mme Anais Massola (Librairie Le rideau rouge - France) 
Secrétaire : 
Mme Agnès Debiage (Librairie Eldorado Oum El Dounia - Egypte) 
Administrateurs : 
- M. Normand Provençal (Librairie JA Boucher - Canada) 
- M. Chiel Lijdsman (Librairie Ikirezi - Rwanda) 
- M. Smail Mhand (Librairie Générale El Biar - Algérie) 
- Mme Sylviane Friederich (La Librairie - Suisse) 
- M. Yacine Retnani (Librairie Carrefour des Livres - Maroc) 
- M. René Yedieti (Librairie de France - Côte d’Ivoire) 
- Mme Renata Sader (Librairie Culture & Co. - Emirats Arabes Unis) 
- M. Jacques Bernard (Librairie Le Forum - Australie) 
Le projet de refacturation 
aux libraires des primes 
d’assurance Coface 
est annulé 
Au terme de réunions qui se sont tenues 
à Paris au dernier trimestre 2010 entre 
les représentants des libraires, des édi-teurs 
(sauf Hachette), du BIEF et du Mi-nistère 
de la Culture, le principe selon 
lequel les libraires n’ont pas à payer les 
primes d’assurance de leurs fournisseurs 
a pu être défendu. Cette décision fait 
suite au tollé qu’a provoqué l’annonce 
par la Centrale de l’Edition de la décision 
des éditeurs de refacturer aux libraires, à 
dater du 1er juillet, une partie des primes 
d’assurance de la Coface. 
Lourdement frappée par la crise écono-mique 
et la forte hausse des défaillances 
d’entreprises, la Coface justifie cette 
hausse par son taux de sinistralité su-périeur 
à 100% entre novembre 2008 et 
mars 2009 et sa perte nette de 163 mil-lions 
d’euros en 2009. La Coface a donc 
tenté de protéger sa rentabilité en aug-mentant 
le coût des primes d’assurance 
et en réduisant son exposition au risque, 
en reprenant 14% des garanties entre 
2008 et 2009. 
La soudaineté de cette décision, prise 
sans concertation avec le secteur de la 
librairie, a suscité une réaction forte de 
l’AILF, du SLF (Syndicat de la librairie 
française) et du SLFB (Syndicat des li-braires 
francophones de Belgique) qui a 
permis le « gel » de la décision des édi-teurs, 
au moins jusqu’à la fin de l’année, 
et l’engagement par ceux-ci d’organiser 
trois réunions de concertation avec les li-braires, 
le Ministère français de la Culture 
prenant en charge à titre provisoire le 
montant de ces augmentations de primes. 
Grâce aux arguments défendus (secteur 
fragile, langue française en diminution 
dans le monde, frais d’approches lourds 
pour les libraires...) et à la mobilisation des 
représentants des libraires, des solutions 
alternatives à la refacturation des primes 
ont été recherchées. Et une mise en 
concurrence, par la Centrale de l’Edition, 
des organismes d’assurance crédit a per-mis 
que la Coface revienne sur sa déci-sion 
initiale. Par là même, les libraires évi-teront 
que leurs charges soient alourdies. 
Les libraires ont été protégés de la re-facturation 
des primes en 2010 grâce au 
Ministère français de la Culture qui a pris 
en charge à titre exceptionnel le montant 
des augmentations de primes. Le secteur 
de la librairie francophone reste fragile, et 
l’actualité est là pour le montrer. Ce n’est 
donc pas le moment de fragiliser davan-tage 
un réseau qui mène souvent un 
travail exemplaire à travers le monde, et 
que l’on juge par ailleurs indispensable, 
au point que le CNL vient d’adopter de 
nouvelles mesure de soutien au secteur. 
Aux frais de transport, de transitaires, de 
douane, aux taxes et aux facteurs d’insta-bilité 
politique, fallait-il ajouter les primes 
d’assurance des éditeurs ? Les libraires, 
à travers l’AILF, ont toujours été partisans 
de la concertation. Ils ont été entendus, 
ce dont ils se félicitent. Et ils espèrent que 
cette concertation interprofessionnelle se 
prolongera dans le futur. 
MISION EXPLORATOIRE 
AU MAROC 
Suite à la décision du conseil d’adminis-tration 
en mars 2010 de mener une mis-sion 
exploratoire au Maroc avec l’aide de 
Yacine Retnani (librairie Carrefour des 
Livres), nouvellement élu administrateur, 
et chargé de réorganiser la situation des li-braires 
au Maroc, je me suis déplacé pour 
y passer cinq jours en novembre 2010. 
J’ai pu visiter la plupart des librairies entre 
Casablanca et Rabat et échanger avec 
les libraires. Pour mieux comprendre 
leur situation, j’ai rencontré des éditeurs 
et des distributeurs marocains, ainsi que 
le directeur du ministère de la Culture, 
des responsables de plusieurs départe-ments 
du ministère et la nouvelle direc-trice 
du Bureau du livre de l’ambassade 
de France. Sans oublier le responsable 
de la filière « Métiers du livre » de la Fa-culté 
des Lettres et Sciences Humaines 
de Casablanca. 
Il est apparu que le manque de regroupe-ment 
des libraires au sein d’une associa-tion 
ou d’un syndicat ne leur permettait 
pas d’assurer une collaboration saine, 
constructive et permanente entre eux, 
mais aussi avec le ministère et le Bu-reau 
du livre. Ces derniers, convaincus 
qu’il est possible de professionnaliser le 
métier de libraire au Maroc sont prêts à y 
participer, à condition qu’il puisse y avoir 
comme interlocuteur une seule structure 
regroupant tous les libraires. 
C’est ainsi que le matin de mon départ, 
l’AILF a organisé une rencontre au 
Centre culturel français de Casablanca, 
qui a réuni des libraires, des éditeurs, la 
directrice du Bureau du livre de l’ambas-sade 
de France et trois représentants du 
ministère de la Culture marocain, ainsi 
que le responsable de la filière « Métiers 
du livre » (certains s’étant déplacés spé-cialement 
de Rabat). Il a été décidé qu’un 
regroupement de libraires verrait bientôt 
le jour, pour se réunir et définir les for-mations 
qu’ils souhaitent recevoir pour 
eux et leur personnel. Le ministère de 
la Culture et le Bureau du livre se sont 
engagés à participer avec l’AILF au fi-nancement 
et à l’organisation logistique 
de deux formations, l’une pour les pa-trons 
et les gérants de librairies et l’autre 
pour le personnel. Le responsable de la 
filière « Métiers du livre » est disposé à 
assurer à l’AILF une aide pédagogique. 
Suite à ces formations, il est également 
prêt à organiser au sein de la faculté des 
modules de formation continue, qui ré-pondraient 
aux besoins des libraires. 
La balle est maintenant dans le camp 
des libraires marocains. Pour assurer un 
meilleur avenir à leur métier, mieux dé-velopper 
leurs librairies et pour que leur 
mission pour la promotion de la lecture 
et de la culture francophone se fasse 
dans les meilleures conditions, ils doivent 
absolument s’entendre entre eux et 
collaborer. L’AILF et ses partenaires 
marocains et français n’attendent qu’un 
signe de leur part pour intervenir et 
assurer ces deux formations en 2011. 
Michel Choueiri 
Mise en page et maquette nathaliechoueiry@gmail.com
En direct 
du réseau 
L e t t r e d ’ i n f o r m a t i o n d e l ’ A I L F 
Numéro 11 / 2010 
La professionnalisation de notre métier de libraires et sa reconnaissance, conti-nuent 
de progresser. En huit ans, l’AILF a pris de l’ampleur et gagné en crédibilité. 
Grâce à ses membres et à ses partenaires, l’AILF est devenue incontournable lorsqu’on 
.évoque la chaîne et les métiers du livre 
Après les formations de formateurs et de libraires, les missions exploratoires, la 
caravane du livre et sa base de données, les séminaires inter-professionnels, le site web 
(www.librairesfrancophones.org) et la lettre électronique trimestrielle, nous voici dé- 
.but 2010 avec deux nouveautés 
La première, qui marque une grande étape dans notre histoire, est le lancement de 
la « charte du libraire francophone » en collaboration avec l’OIF, en octobre 2009 au 
salon du livre francophone de Beyrouth. Une façon pour nous de célébrer le 8ème anni-versaire 
de notre première rencontre qui était à l’origine de l’AILF, lors du sommet de 
la francophonie dans cette même ville en 2001. J’invite les libraires, membres ou non 
de l’AILF, qui seront présents au salon du livre de Paris, à participer à la présentation 
officielle de la charte le lundi 29 mars à 17h sur le stand du CNL, et par la même 
occasion, à formuler leur demande d’adhésion à cette charte. L’AILF est disposée à 
aider les libraires à atteindre les critères de cette charte. Nous espérons que la prochaine 
grande étape de l’histoire de l’AILF, d’ici quelques années, sera la création du « label 
.» du libraire francophone 
La deuxième nouveauté est la présence au, salon du livre francophone de Beyrouth, à l’initiative de l’AILF, de l’espace « Pavillon 
du Sud » (voir article en page 7). Celui-ci rappelle que notre association ne se soucie pas exclusivement des libraires, mais aussi de 
la chaîne du livre, de la diffusion de la langue française et plus particulièrement des cultures francophones. En même temps, je tiens 
à souligner la présence d’un stand de la région Île de France qui, en plus d’inviter des auteurs et des éditeurs, a convié trois libraires 
franciliens, membres de l’AILF, à participer au choix des livres exposés, des éditeurs et des auteurs, et à gérer et à animer le stand 
.pendant toute la durée du salon 
L’année 2009 et le début de l’année 2010 n’ont pas été sans tracas pour l’AILF et ses membres. Pas mal d’évènements nous 
ont secoués. Les librairies de Madagascar, dont la monnaie locale a connu une variation de 20% en trois mois, de leur taux de 
change avec l’euro. La Coface qui a appliqué, du jour au lendemain, des baisses de garanties, à des libraires des pays du Sud, des 
DOM et de l’Union Européenne, en pleine période de commandes pour les rentrées scolaire, universitaire et littéraire. Je remercie 
l’intervention de la Centrale de l’Edition, qui a fait tout son possible pour limiter les dégâts ; nous aurons d’ailleurs l’occasion d’en 
reparler durant la rencontre qui aura lieu sur le stand de la Centrale de l’Edition le mardi 30 mars à 9h30. Mais l’évènement le 
plus dramatique demeure le tremblement de terre survenu en Haïti. En plus de la catastrophe humaine qui a touché ce pays, il a 
détruit des librairies et bibliothèques. Qui n’a pas pensé à Solange et Monique Lafontant, dont la librairie familiale du centre-ville 
a été ravagée. Un extraordinaire élan de solidarité s’est créé autour d’elles. Dans un mail reçu de Monique Lafontant, elle me disait 
«Solange et moi sommes littéralement bouleversées par tous ces témoignages de solidarité ». Solidarité des éditeurs, des distributeurs, 
de nos partenaires ainsi que de nos libraires au Nord comme au Sud, qui chacun selon ses moyens, a organisé une opération d’aide 
aux librairies d’Haïti dans son pays. J’en profite pour les remercier au nom des libraires d’Haïti et de l’AILF. Je cite particulièrement 
le Syndicat de la libraire française, le Syndicat des libraires francophones de Belgique, l’association des libraires Quebequois, certains 
libraires au Sénégal, Liban, Egypte, Australie… Je remercie plus particulièrement, en lui disant que nous pensons beaucoup à elle et 
que nous sommes également prêts à l’aider, Maryline Noël au Chili qui, le jour où elle devait commencer son opération sur Haïti, 
.a connu elle aussi un tremblement de terre. Sa librairie a subi des dégâts et des fissures dus au séisme 
Enfin, et pour terminer avec deux notes positives, l’AILF dispose d’un nouveau siège social à Paris. Pour la première fois, l’AILF 
sera présente au salon du livre de Paris, non plus dans un petit recoin de l’Espace International, mais dans un bureau dédié à 
l’AILF et bien identifié à l’intérieur de ce même espace, grâce au BIEF et à l’OIF. Vous êtes cordialement invités à nous rendre visite, 
l’AILF assurera des permanences pour discuter avec les libraires et enregistrer les adhésions. Mais surtout n’oubliez pas notre rendez- 
.vous annuel pour l’Assemblée générale de l’AILF le dimanche 28 mars à 15h au Centre national du Livre 
Michel CHOUEIRI 
Président de l’AILF 
E D I T O 
Michel Choueiri
En direct du réseau 
A s s o c i a t i o n I n t e r n a t i o n a l e d e s L i b r a i r e s F r a n c o p h o n e s 
Les rencontres professionnelles 
Construire ensemble 
un assortiment de 
livres maghrébins 
Les 21-22 juin 2009, un séminaire s’est 
tenu à Alger en présence de 3 libraires 
tunisiens, 4 marocains, 8 algériens. Donc 
au total,15 libraires réunis dans la salle 
de conférences de Ryad El Fath. Ce sé-minaire 
était organisé conjointement par 
le BIEF et l’AILF en collaboration avec 
l’ASLIA sur le thème de « l’Assortiment 
en librairie et la production francophone 
.» au Maghreb 
Ce programme comportait deux temps 
forts. Le premier consistait à présenter 
une sélection de titres et d’éditeurs de 
chaque pays maghrébin. Cette partie 
était importante puisqu’elle a permis aux 
participants de découvrir des auteurs et 
des maisons d’édition à travers des tours 
de table. Une sélection de 300 titres, par-ticulièrement 
en littérature, beaux livres, 
essais, littérature jeunesse, a également 
été collectivement conçue. Cet échan-tillon 
de livres a ensuite été présenté lors 
du Salon du livre de Beyrouth à l’occa-sion 
de « Beyrouth, capitale mondiale du 
livre ». Pour mener à bien cette sélection, 
des ateliers ont été constitués. Certains 
ont ramené des listings et catalogues qui 
ont grandement facilité la tâche lors des 
travaux. 
Une fois la sélection terminée, la deuxiè-me 
phase a été propice pour évoquer 
certaines difficultées rencontrées par 
les libraires, entre autres, l’importation 
des livres en provenance des pays voi-sins, 
dues à certaines contraintes tant 
administratives que fiscales. La rencon-tre 
d’Alger a permis aux participants de 
dégager trois grands axes, en guise de 
recommandations : 
• La sélection des titres sera rendue 
publique. Un suivi est fortement re-commandé 
pour évaluer, ou suivre les 
retombées du Salon de Beyrouth. 
• Le projet d’un fonds Maghreb 
présent dans les librairies du Maghreb 
avec une première sélection de 5 à 10 
titres dès 2010. 
• Le prix des libraires du Maghreb. 
Le séminaire était animé par Smail M’hand, 
Nathalie Carré et Pierre Myszkowski. 
Smail M’Hand 
Les libraires 
d’Afrique de l’Ouest 
à l’heure des bilans 
Plus de vingt libraires d’Afrique de l’Ouest 
étaient réunis à Cotonou du 2 au 5 juillet 
2009 pour un séminaire consacré aux en-jeux 
de la Caravane du Livre et de la Lec-ture 
en Afrique. Cette rencontre profes-sionnelle 
organisée en partenariat avec 
le BIEF sur un financement du ministère 
des Affaires étrangères, concernait les 
libraires des neufs pays de la sous-ré-gion 
impliqués dans l’organisation d’une 
Caravane du Livre et de la lecture dans 
leur pays (Sénégal, Togo, Ghana, Côte 
d’Ivoire, Bénin, Mali, Niger, Burkina Faso 
.)et Tchad 
Ce fut l’occasion de revenir sur les enjeux 
de l’opération à l’heure où celle-ci est re-connue 
et où ses effets sont importants 
d’un point de vue commercial et culturel. 
Cette rencontre a suscité une réflexion 
commune sur la professionnalisation des 
libraires à travers la Caravane du livre et, 
en particulier, sur l’identité du métier de 
libraire, sa visibilité et son engagement 
culturel. L’impact de l’opération sur l’ac-tivité 
commerciale de la librairie a égale- 
.ment permis de tirer des conclusions 
Une série d’outils de gestion a été conçue 
à partir des échanges d’expériences et a 
permis de préparer notamment un aspect 
fondamental qui est, la recherche de fi-nancement 
par les libraires impliqués 
dans la manifestation. Enfin, la rencon-tre 
avec les éditeurs africains également 
réunis à Cotonou a mis en place un véri-table 
échange de points de vue. Libraires 
et éditeurs ont reconnu qu’ils devaient 
mieux se connaître pour mieux travailler 
ensemble. Les libraires ont énuméré ce 
qu’ils attendaient des éditeurs pour que 
leurs livres soient plus visibles en librairie, 
de leur côté, les éditeurs ont interpelé les 
libraires sur un certain nombre de points. 
L’objectif était de mettre en place les 
fondements d’une véritable coopération 
panafricaine qui porterait ses fruits pour 
que l’édition locale soit mieux distribuée 
et mise en valeur. 
Ce séminaire était animé par René 
Yedieti, Agnès Ajaho, Philippe Goffe et 
Anne-Lise Schmitt. 
Anne-Lise Schmitt 
Libraires et éditeurs 
francophones 
avaient rendez-vous 
à Beyrouth 
Pendant trois jours, libraires et éditeurs 
francophones se sont rencontrés à Bey-routh, 
capitale mondiale du livre, à l’oc-casion 
du salon du Livre. Des échanges, 
organisés par le BIEF et l’AILF, qui se 
sont avérés riches, positifs mais qui ont 
souligné un certain nombre de questions 
et d’inquiétudes pour l’avenir. 
La circulation du livre dans l’espace fran-cophone 
est, on le sait, problématique. 
Frais de transport élevés, barrières doua-nières 
et bancaires, autant d’obstacles à 
surmonter, qui incitent à la pratique de 
cession de droits ou de coéditions, en 
particulier à une époque où le développe-ment 
de la vente en ligne et du livre nu-mérique 
préoccupent libraires et éditeurs 
francophones. 
Les six éditeurs francophones et l’agent 
littéraire invités à ces rencontres ont 
évoqué diverses expériences de coopé-ration 
allant des coéditions aux cessions 
de droit. La plupart ont été des réussites, 
quelques-unes des échecs, mais l’ana-lyse 
par les éditeurs de ces expériences 
permet de tracer la voie vers une meilleu-re 
coopération. 
Les neuf libraires invités à témoigner sur 
les nouveaux visages de la librairie fran-cophone 
ont expliqué comment ils déve-loppaient 
avec ingéniosité et créativité 
de nouvelles pratiques pour rencontrer 
leur public et toucher de nouvelles clien-tèles. 
Ces témoignages étaient riches 
en anecdotes et en photos qui ont per-mis 
de mieux comprendre le contexte 
de certaines librairies. Etre libraire dans 
une zone non francophone a été un sujet 
passionnant développé par Rénata Sa-der 
(Culture&Co à Dubai et Abou Dhabi), 
Madeline Progin (Parenthèses à Hong 
Kong), Jacques Bernard (Le Forum en 
Australie) et Patrick Suel, librairie Zadig 
à Berlin. Ces libraires ont tous développé 
un réseau relationnel et ne ménagent 
pas les animations pour faire vivre le li-vre 
français dans des contextes très di-vers. 
Une demi-journée a été consacrée 
à la transmission d’une librairie avec, là 
aussi, des expériences passionnantes 
qui ont mis en relief la difficulté de pas-ser 
le relais, mais en même temps, qui 
ont montré qu’une nouvelle génération 
de libraires abordait ce métier avec un 
regard différent et d’autres compétences 
de l’année
aujourd’hui indispensables, notamment 
en informatique. Tous se sont accordés à 
reconnaître qu’une transmission se pré-pare 
longtemps à l’avance et s’accompa-gne. 
Ces débats entre libraires et éditeurs, fort 
denses tout au long de ces trois journées, 
attestent d’une réelle volonté de coopé-ration. 
En outre, les expériences menées 
par l’AILF pour valoriser les productions 
du Sud dans le cadre de la Caravane du 
livre ont fait leurs preuves. Dernièrement, 
le séminaire d’Alger, co-organisé avec le 
BIEF, a permis aux libraires de constituer 
un fonds Maghreb composé d’éditeurs 
des trois pays. 
Mais les craintes aujourd’hui semble-raient 
porter sur l’avenir du livre numé-rique 
et sur la révolution que cela impli-querait 
dans l’organisation de la chaîne 
du livre. Editeurs et libraires se montrent 
inquiets, même si la version papier et le 
nécessaire rôle de médiateur-conseil du 
libraire ne pourront disparaître du jour au 
lendemain. 
Anne-Lise Schmitt 
Libraires et éditeurs assistant, après leur rencontre, au lancement offiiciel de la Charte 
)du libraire francophone à Beyrouth (octobre 2009 
Les nouvelles aides aux librairies francophones à l’étranger 
Cette année, le Centre national du livre met en place un nouveau dispositif de soutien aux librairies francophones à l’étranger 
qui vise à soutenir le maintien et la pérennisation d’un réseau de librairies de référence, acteurs de la promotion de la production 
éditoriale française à l’étranger. Il s’adresse aux librairies étrangères commercialisant uniquement du livre français mais égale-ment, 
sous certaines conditions, aux grandes librairies internationales souhaitant créer ou développer une offre commerciale en 
.français 
»Un agrément «Librairie francophone de référence 
La création de cet agrément a pour objectif de favoriser la pérennisation et le renforcement d’un réseau de librairies de qualité 
.commercialisant du livre français à l’étranger. Toute librairie en activité depuis au moins 3 ans peut déposer un dossier 
Ce nouveau dispositif s’articule autour de deux types d’aides. Cet agrément, valable 3 ans, ouvre la possibilité de candidater à 
deux dispositifs d’aide : 
• diversification des fonds : subventions à l’achat de livres, exclusivement en français ; 
• valorisation des fonds : soutien à la réalisation d’actions régulières de promotion de la création littéraire française, sous 
forme d’animations ou de mise en place d’outils d’information et de service autour de l’actualité éditoriale française (sites inter-net, 
édition papier ou électronique de catalogues thématiques, bulletins d’information...). 
Les demandes de subvention pour la diversification ou pour la valorisation des fonds en langue française peuvent être présentées 
.conjointement à une demande d’agrément 
Une aide à la création de librairie 
Destinée à accompagner, pendant trois ans, les projets de création de librairies francophones et de fonds d’ouvrages en français, 
cette aide porte sur la constitution des fonds mais également sur les outils permettant le développement qualitatif de l’activité : 
informatisation rendant possible la gestion de fonds en français, outils de sélection bibliographique pour la constitution des fonds, 
formation de personnels francophones. Au terme de 3 ans d’activité, les librairies qui remplissent les conditions deviennent éligi-bles 
à l’obtention de l’agrément « librairie francophone de référence » et aux dispositifs afférents. 
Les dossiers doivent être transmis en double exemplaire : 
• directement au Centre national du livre, pour instruction 
• auprès des services culturels de l’ambassade de France, pour avis de leur part 
Les dates limites de dépôt des dossiers sont fixées aux : 30 mars / 30 juillet / 30 novembre. Les commissions se tiennent entre 6 
et 8 semaines après ces dates. 
.CNL- Bureau des échanges internationaux: Natacha Kubiak, Hôtel d’Avejan 53, rue de Verneui 75343 Paris cedex 07 
Tél. : 00 33 (0)1 49 54 68 43 / Mail. : natacha.kubiak@culture.fr 
Ou à l’Ambassade de France dans le pays de résidence de la librairie. Site: www.centrenationaldulivre.fr
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Woofing et autres tendances - CB BUZZ - Décembre 2014
 

En direct du réseau / AILF (numéros de 2011, 2010 et 2009)

  • 1. Association Internationale des Libraires Francophones L e t t r e d ’ i E D I T O n f o r m a t i o n d e L ’ A I L F Président de l’AILF Soyez de ceux qui défendent la valorisation de leur métier, Adhérez à la Charte du libraire francophone. Nous vous invitons à rejoindre les libraires qui ont déjà adhéré à la Charte du libraire francophone, depuis son lancement en octobre 2009 à Beyrouth.. Si vous souhaitez vous engager à : • Assurer le professionnalisme de votre équipe • Développer une offre de qualité • Veiller à la qualité de votre service à la clientèle • Favoriser les relations entre libraires et avec l’interprofession N’hésitez pas à y adhérer, nous sommes là pour vous soutenir et vous accompagner. Cet engagement du libraire francophone à tendre au respect des critères de la charte sera le fondement de la reconnaissance de son statut par ses clients, ses partenaires et son environnement. En direct du réseau Numéro 12 / 2011 Michel Choueiri Et si on partageait ensemble la défense, le maintien et le développement de la langue française La librairie francophone dans le monde doit-elle continuer à se battre presque toute seule pour la défense de la langue française ? Ce maillon, le plus actif, mais aussi, le plus fragile de la chaîne du livre, n’arrête pas de subir à chaque secousse naturelle, politique, sociale et économique, des pertes qui s’accumulent et qui mènent à la fermeture de plusieurs librairies. Hier, à Haïti, à Madagascar et au Chili, aujourd’hui en Tunisie, en Egypte, au Niger, en Côte d’Ivoire et en Algérie, et j’en oublie sans doute, nos libraires sont vraiment en difficulté. La défense de la langue française et des cultures francophones dans le monde sont non seulement la responsabilité de la chaîne du livre, mais aussi et surtout des institutions francophones publiques et privées dans le monde. Il est désormais impératif de joindre nos efforts pour que nous puissions ensemble, défendre cette langue à travers le livre français, et essayer de la maintenir, voir même de la développer. Nous ne devons plus nous permettre de voir des librairies en difficulté. Nous devons réorganiser nos finances et restructurer nos démarches, afin de créer des fonds de solidarité, provenant de tous les acteurs concernés par cette cause, comme l’OIF, le CNL, l’Institut français, le MAE, les états entièrement ou partiellement francophones, les éditeurs, les libraires… Ceci n’est pas un souhait, ni une prière, mais un cri du fond du coeur, que je lance au nom de tous les libraires de l’AILF que je représente, et de ceux qui sont dans l’oubli. (Lire l’émouvant article d’Agnès Debiage, sur les librairies francophones en difficultés, pages 2 et 3). Cet objectif figurera dans nos priorités cette année. D’autre part, c’est un combat politique que nous devons mener en partenariat avec l’OIF, organisation qui représente les gouvernements francophones de la planète. Ensemble, nous devons faire passer le message qu’il est devenu inadmissible que plusieurs pays signataires du protocole de Nairobi*, particulièrement du Sud, imposent encore des taxes et des frais de douane sur les livres, déjà assez chers par rapport au pouvoir d’achat de leurs citoyens. Neuf ans d’existence ont permis à l’AILF, plutôt que d’être demandeur d’aides et de subventions, de devenir aujourd’hui un prestataire de services, qui par son professionnalisme, sa connaissance du terrain et sa crédibilité, se permet de répondre aux besoins de ses partenaires, et d’en être un des principaux opérateurs. J’en profite ici, pour les remercier de leur confiance, de leur fidélité et de leur soutien à nos nombreuses activités et actions de par le monde. Je remercie aussi certains partenaires pour les initiatives, souvent rapides, prises afin de venir en aide à certains de nos collègues dans la tourmente. Je cite l’OIF, le CNL, l’Institut français, le MAE, la Centrale de l’édition, Dilicom, la WBI, la SODEC et bien entendu les éditeurs et distributeurs. Je suis heureux cette année, de vous annoncer que l’AILF sera présente à l’une des sessions des rencontres du réseau des médiathécaires français dans le monde. Nous ferons entendre notre voix, particulièrement sur nos relations mutuelles et les différentes collaborations qu’il pourrait y avoir avec les libraires. De même, nous serons présents pour les écouter, pour mieux comprendre leurs besoins, et faire en sorte que nos missions soient complémentaires. Je termine cet éditorial, en vous invitant à venir nous rencontrer sur le stand de l’AILF au Salon du livre de Paris, au coeur de l’Espace International, où seront assurées des permanences, afin de permettre aux libraires de discuter avec l’équipe de l’association et enregistrer leurs adhésions. Par ailleurs, nous serons heureux de vous inviter au cocktail de bienvenue, le samedi 19 mars de 17h à 19h sur notre stand (n° X 54). Comme chaque année, nous avons rendez-vous pour l’Assemblée générale de l’AILF, le dimanche 20 mars à 14h30 au Centre national du livre. Je souhaiterais vous voir nombreux y assister, et nombreux à vous présenter comme candidats au poste d’administrateurs, afin d’assurer une relève saine, dans la continuité et avec du sang neuf et de nouvelles idées. * Protocole de Nairobi (26 novembre 1976): Article premier 1. Les États contractants s’engagent à ne pas appliquer de droits de douane et autres impositions à l’importation ou à l’occasion de l’importation de livres, publications et documents.
  • 2. En direct du réseau A s s o c i a t i o n I n t e r n a t i o n a l e d e s L i b r a i r e s F r a n c o p h o n e s Des librairies francophones en difficulté table vu la situation » raconte la directrice Instabilité politique, révolutions, catas-trophes naturelles, coups d’état, pro-blèmes sécuritaires, dévaluations, … frappent là où on ne les attend pas for-cément. On se souvient de 2010, qui a commencé par le dramatique tremble-ment de terre en Haïti entraînant, entre autres, la destruction de la librairie La Pléïade à Port-au-Prince. Les problèmes de sécurité au Niger ont marqué les es-prits à travers des enlèvements specta-culaires. Les élections compliquées en Côte d’Ivoire continuent à entretenir une situation qui se dégrade de jour en jour en faisant craindre une guerre civile. Les premiers soulèvements populaires en Tu-nisie en décembre 2010, étaient le signe avant coureur d’une puissante révolte du monde arabe, en quête de liberté. La Tu-nisie a ouvert la voie avec la révolution de jasmin et la fuite tant voulue de Ben Ali. Le peuple égyptien a réussi l’inimagi-nable : obtenir la démission de Moubarak après 30 années de pouvoir. Aujourd’hui les Libyens se battent encore pour leur liberté, les troubles agitent Bahrein, le Yémen, l’Algérie, la Jordanie, … Les mé-dias, et particulièrement les chaînes d’in-formation satellitaires, jouent un rôle dé-terminant. La réalité parfois si lointaine, devient soudainement très proche. On voit, en toutes circonstances, une popu-lation se battre au quotidien pour survivre dans un contexte difficile. On entend des commerçants confier leurs angoisses, leurs difficultés. Comment les libraires francophones de ces pays vivent-ils ces périodes de troubles ? C’est ce que l’AILF a cherché à savoir à travers plu-sieurs interviews que vous retrouvez en intégralité sur le site: www.librairesfrancophones.org Des libraires de Côte d’Ivoire, du Niger, de Tunisie et d’Egypte ont répondu à nos questions, avec franchise. L’AILF a voulu leur donner la parole pour que tous les professionnels du livre prennent la me-sure de ce que vivent ces librairies. Les situations diffèrent d’un pays à l’autre, mais dans un contexte de troubles, d’in-sécurité, de révolte, de chaos, qui pense encore à acheter des livres français ? Des librairies ont du baisser leur rideau Au Niger, ni la librairie Maison du Livre, ni Farandole des livres n’ont jusqu’alors été obligées de fermer leurs portes. En Tuni-sie, «Quand la répression a commencé à devenir sanglante et que Ben Ali a donné l’ordre de tirer sur les manifestants, nous avons pris la décision de fermer la librai-rie » confie Selma Jabbès de la librairie Al Kitab dont les portes restèrent closes durant 6 jours. Au Caire, Zeina Badran, directrice de la librairie Livres de France a du prendre la décision de fermer ses deux points de vente. Quant à la librairie Oum El Dounia, située en bordure de la place El Tahrir, « L’activité a été complètement interrompue pendant 17 jours et depuis la réouverture, nous avons du fermer plus tôt à quatre reprises par principe de pré-caution ». En Côte d’Ivoire, les succur-sales de la Librairie de France ont cumulé 16 jours de fermeture au début des élec-tions. Pire. René Yedieti ajoute « Nous sommes toujours en pleine crise. La si-tuation socio-économique empire avec la fermeture des banques et un risque de conflit armé. Nous avons donc déci-dé de fermer 5 librairies sur 8 pour faire face à la crise et sécuriser les stocks ».. Le témoignage de Badii Ben Younes, dont la librairie Plume et Parchemin (Bizerte) a été intégralement pillée, est accablant : « Le bilan est lourd : plus de 89 000 € de marchandises réduits en cendres, documents et archives détruits, agen-cement et local inexploitables, et cinq employés qui se retrouvent à la rue ». Des baisses de chiffre d’affaires colossales Quinze jours après leur réouverture, les librairies interrogées au Caire comp-tent encore sur les doigts d’une seule main les clients journaliers. « Il n’est pas simple de clôturer une journée de travail avec un chiffre d’affaires qui oscille entre 0 et 30 € alors que la librairie est parfai-tement achalandée et reconnue de tous ! Toutes les animations ont été intégrale-ment annulées pour deux mois au mini-mum, l’évènement livres de la Journée de la Francophonie a été reporté à octobre» s’accordent à déclarer les deux libraires. René Yedieti estime à 65% la baisse de CA pour les librairies de France, Oum El Dounia au Caire a supporté une chute de ses ventes de 30% sur janvier et 90% sur février (« l’absence de la clientèle touris-tique au coeur de la haute saison égyp-tienne a eu des conséquences irréver-sibles et il faudra faire preuve de patience avant que les touristes ne reviennent en masse au Caire »). Pour la librairie Al Kitab à Tunis, janvier a enregistré – 41% et février – 26%. Néanmoins selon sa directrice, Selma Jabbès, une reprise s’amorce « Les Tunisiens sont deman-deurs de connaissances, ils veulent re-trouver leurs origines, redécouvrir leur histoire et leur identité, et cela, bien sûr, passe par les livres. Nous vendons donc beaucoup plus de livres de sciences hu-maines en général, et les essais traitant de la période Ben Ali en particulier, sur-tout ceux qui étaient censurés jusque là ». Pour Binti Tini de la Farandole des Livres au Niger, la baisse de chiffre d’affaires se fait sentir pour la Caravane du Livre avec – 60% de ventes, « les clients habi-tuels (particuliers, représentants d’ONG, institutions) n’étaient pas au rendez-vous à cause de l’insécurité qui règne dans le pays ». Moussa Abdoul Aziz de la Mai-son du Livre au Niger, quantifie à 29 % sa perte de chiffre d’affaires. Les libraires passent ils encore des commandes ? Seule Binti Tini (Niger) n’a pas changé ses habitudes en la matière. Une heureuse exception par rapport à ses confrères. Librairie de France en Côte d’Ivoire es-saye de s’approvisionner sur les 20% de titres qui enregistrent la meilleure rota-tion et tente de satisfaire les demandes récurrentes des clients. En Côte d’Ivoire, les troubles durent depuis bientôt 5 mois. Suite à la suppression de la censure en Tunisie, Selma Jabbès déclare « Nous avons, dans un premier temps, limité nos commandes aux seuls titres qui étaient censurés auparavant, mais nous avons rapidement repris un rythme de com-mandes habituel ». En Egypte, les deux librairies consultées ont suspendu toute commande jusqu’à ce jour. « Il faudrait commencer à vendre avant de penser à commander et nous continuons à at-tendre les clients ». Le transport est-il affecté ? « La Centrale de l’Edition et les décisions d’embargo ont suspendu tous les envois en Côte d’Ivoire » confie René Yedieti qui ajoute que « des retards de paiement au-près des fournisseurs ont généré des fer-metures de comptes ». En Tunisie « Il y a eu des grèves au niveau du transport par avion et par bateau qui ont retardé un peu nos livraisons, mais nous avons pu gérer tout cela au mieux et nos clients étaient compréhensifs. Les retards n’ont pas ex-cédé 10 jours, ce qui est tout à fait accep- d’Al Kitab. En Egypte, ni Livres de France ni Oum El Dounia n’avaient de groupage pendant la révolution. Néanmoins, les services douaniers et les administrations aéroportuaires ont du cesser toute acti-vité. Des dossiers et ordinateurs ont été détruits au port d’Alexandrie, ralentissant la reprise du travail. Aujourd’hui les deux librairies cairotes ont bien des colis en attente chez Saga Air, mais tant que l’ac-tivité ne reprend pas, les groupages sont reportés. Au Niger, les conditions d’ache-minement sont restées correctes. Echéances: un cauchemar « Je n’ai effectué aucun règlement du-rant la deuxième quinzaine de janvier, le temps de voir l’évolution de la situation, mais les banques nous ayant assuré de leur soutien, j’ai rapidement rattrapé le retard et réglé toutes nos échéances dès le début du mois de février » témoigne Selma Jabès en Tunisie. « Nous avions réglé nos échéances pour janvier et fé-vrier, mais nous aurons probablement des soucis pour les échéances à ve-nir » raconte Zeina Badran. « Etant en bordure de la place El Tahrir, notre acti-vité s’est écroulé financièrement. Notre objectif premier a été de payer tous les salaires sans supprimer de poste. Nous avons bloqué les paiements fournisseurs pour sécuriser loyers et salaires. Nous accumulons donc un retard. L’avenir immédiat ne semble pas s’éclaircir au niveau économique et la dévaluation de la livre égyptienne de 7 % en un mois et demi aggrave les choses » confie Agnès Debiage. En Côte d’Ivoire, « Les ventes de la rentrée scolaire et des fêtes de fin d’année ayant été limitées, nous nous re-trouvons avec un surstock et des difficul-tés de trésorerie qui ne nous permettent pas de respecter nos échéances » selon Réné Yedieti. Au Niger, Binti Tini a ren-contré des problèmes de paiement uni-quement pour le fonds L’Harmattan lais-sé en dépôt à l’Association des Libraires du Niger. Pour Moussa Abdoul Aziz, la situation est particulière « Oui j’ai rencon-tré des difficultés à régler mes échéances mais cela est dû en grande partie au fait que ma librairie est restée fermée pen-dant un bon bout de temps par la Direc-tion des impôts suite à un malentendu qui est finalement réglé ». Pour l’Egypte, Volumen a immédiatement réagi en proposant par mail un report d’échéance de 90 jours. Cette démarche solidaire de Jean-Baptiste Dufour alors que l’Egypte était en pleine révolution et sans savoir ce qu’il allait se passer, a été très appréciée. Au Niger, Moussa La librairie de Bizerte (Tunisie) saccagée, pillée, brûlée Abdoul Aziz remercie Hachette Livre In-ternational et Binti Tini, L’Harmattan pour le report d’échéance. En Côte d’Ivoire, « Nous avons échangé avec nos four-nisseurs et la Centrale de l’Edition. Ils restent compréhensifs par rapport à la situation et nous essayons ensemble de trouver des solutions. Nous sommes également en contact avec la Coface qui suit la situation ». Quelle reprise ? En Côte d’Ivoire, « Tout reste lié à la du-rée de la crise et surtout à son issue », et René Yedieti conclut sur une phrase d’espoir « Après le retour normal des ac-tivités, nous mettrons en place une poli-tique adéquate de reprise ». Pour Selma Jabbès, « La suppression de la censure et la vente des livres qui étaient aupara-vant interdits nous a, au moins, permis de rattraper un peu la perte de chiffre d’af-faires, qui aurait certainement été bien plus dramatique autrement ». Au Caire, « Non la situation n’est pas complète-ment redevenue normale puisque des manifestations régulières sont encore prévues » selon Zeina Badran (Livres de France). « Un noyau de manifestants reste jour et nuit sur la place El Tahrir, les vendredis sont des journées d’affluence pour venir célébrer la liberté sur cette place de la Libération, des problèmes de sécurité persistent un peu partout dans la ville, l’incertitude des mois à ve-nir inquiète une partie de la population, la Bourse est fermée depuis 45 jours, la livre égyptienne dégringole en pente douce alors acheter des livres français est un peu le dernier des soucis des fran-cophones, d’autant plus que la censure a toujours cours » selon la directrice de la librairie Oum El Dounia. Même si les libraires semblent vouloir croire en leur avenir, leur quotidien demeure pré-caire. Ce qui se passe en Côte d’Ivoire, en Tunisie, en Egypte, au Niger, va probable-ment toucher dans les mois à venir d’autres pays. Quelles actions peuvent mener les éditeurs, pour leur venir en aide ? Quelles aides sont susceptibles d’être mises en place dans de tels cas ? Le Centre natio-nal du Livre vient d’allouer une aide aux li-braires tunisiens pour participer au finance-ment de leurs nouvelles acquisitions. Mais que faire pour les libraires qui ont du mal à assumer leurs échéances ? Dans quels cas de figure, la Centrale de l’édition actionne-t- elle le fonds d’invention d’urgence créé à cet effet ? Ces libraires du bout du monde, qui se battent toute l’année pour défendre la présence du livre français, ont besoin de votre aide. Car il y a plus de librairies francophones qui disparaissent que de librairies qui se créent. Prenez le temps de mettre en balance les paroles de ces libraires avec les images que les télévi-sions du monde ont diffusé sur les élec-tions en Côte d’Ivoire, les révolutions en Tunisie et en Egypte, les problèmes sé-curitaires et les enlèvements au Niger, et essayez d’imaginer le quotidien de vos clients, vos partenaires, vos collègues, ces libraires francophones du monde. Agnès Debiage 2 3
  • 3. En direct du réseau A s s o c i a t i o n I n t e r n a t i o n a l e d e s L i b r a i r e s F r a n c o p h o n e s 4 5 Entièrement détruite lors des évènements de décembre 2009, la librairie Lecture et Loisirs créée par Sylvie Joliclerc, vient de rouvrir ses portes dans la zone commer-ciale continuer son activité a animé cette libraire du bout du monde. Retrouvez son témoignage intégral dans la prochaine lettre électronique de l’AILF. Et la vie renait à LA PLÉIADE (HAITI) Lecture et Loisirs à Antananarivo revient de loin de Tana Waterfront. Une volonté iné-branlable de surmonter les difficultés et de Après une année douloureuse, longue, difficile, où il a fallu puiser l’énergie pour affronter les lourdes conséquences du séisme du 12 janvier 2010, le livre a repris ses droits dans la cité. Une fois le contact libraire / lecteur rétabli, la demande n’a cessé d’évoluer et nous incite plus que jamais à être à l’écoute de nos clients. La catastrophe a provoqué une migration massive de la population de Port-au-Prince vers les hauteurs de Pétion-Ville moins affectée, et un brassage sans précédent. La succursale de Pétion-Ville s’agrandit et s’enrichit de cette nouvelle clientèle issue de milieux moins favorisés. Peu de temps après la reprise de nos activités, nous sommes maintenant harcelés par une demande pressante et quotidienne de ceux qui sont restés à Port-au-Prince, privés de librairie. Pour répondre à cette attente, nous aménageons un point de vente provisoire de 50m², en attendant la reconstruction de la maison principale. Le jour de l’inauguration, le 14 février, la librairie accueille un grand nombre de ces clients venus nous remercier chaleureusement d’être de retour parmi eux. Les demandes, d’emblée, fusent dans toutes les directions, nous portant à inclure dans nos rayons des livres que nous ne pensions pas intégrer à notre offre à cause de l’exiguïté de l’espace. Dès le 6ème jour, la petite librairie de Bois Patate atteignait un pic de fréquentation de 150 personnes se succédant à la file indienne. Un vrai bonheur, mais aussi, quelle responsabilité ! Parallèlement, après une année de tergiversations, notre projet d’informatisation avance enfin. Avec l’appui spontané de Natacha Kubiak à travers le CNL, nous allons enfin pouvoir réaliser le rêve de voir la librairie entièrement informatisée que nous caressions depuis de nombreuses années. Nous lui en sommes infiniment reconnaissantes. Les études de structure de la librairie à construire sont en cours. Le temps nous parait long mais nous n’avons pas le choix, et surtout pas droit à l’erreur. Nous espérons néanmoins poser la 1ère pierre d’ici le mois de juillet au plus tard. Dans un premier temps, la librairie et la papeterie partageront un périmètre de 490m² ; le stock occupera une superficie égale, en sous-sol. Notre compagnie d’assurance n’a jusqu’ici pas versé l’intégralité du montant qui nous est dû, ce qui nous oblige à ajourner le projet de construction d’un étage supérieur. Plus que jamais, la librairie est devenue pour nous une véritable raison de vivre. Malgré toutes les incertitudes qui pèsent sur notre avenir, nous sommes convaincus qu’un pays qui accorde une telle place au livre ne peut pas périr… Solange Laffontant Librairie La Pléiade, Port-au-Prince, Haïti A l’assaut des librairies de l’ouest de l’Algérie Dans le cadre de la mission exploratoire prévue lors du Conseil d’administration de mars 2010, j’ai passé quatre jours à sillonner les villes de l’ouest de l’Algérie à la recherche des librairies. Celles que j’ai pu visiter m’ont agréablement surpris par leur cadre, leur accueil, mais d’autres sont encore loin de pouvoir être quali-fiées de librairies au sens professionnel du terme. La première destination est la ville de Chlef, située à 200 km au sud-ouest d’Al-ger. Elle renferme un grand pôle univer-sitaire où sont enseignés les sciences humaines et le droit. J’ai visité quatre librairies, dont trois sont situées dans le Centre culture islamique, l’une à côté de l’autre. Quatre m’ont particulièrement in-téressé de par leur diversité, leur statut, leur situation et leur organisation. Elles emploient toutes un personnel réduit, peu qualifié, où une forte proportion du fonds est constituée de livres en arabe, bien qu’il y ait un lectorat francophone. Deuxième destination : Mostaganem, sur le rebord d’un plateau côtier à 310 km d’Alger. On trouve comme pôle universi-taire la fac de droit et une université où sont enseignées différentes filières. Plu-sieurs librairies rayonnent sur la ville et ses environs. La plupart emploie un per-sonnel réduit, ayant très peu de connais-sances sur le métier de libraire. Les livres sont dans leur majorité en langue arabe, cela n’empêche pas qu’il y ait un public bilingue porté sur la culture. Troisième destination : Sidi Bel Abbès. Elle se situe à 480 km de la capitale. Elle renferme plusieurs universités et entre autres la bibliothèque fondée par l’écri-vaine Maïssa Bey, qui est achalandée dans toutes les disciplines ; elle est fré-quentée par un grand nombre de lecteurs. « Mais c’est un petit Paris ! », s’exclama Louis Napoléon Bonaparte en découvrant la ville. En plus de son charme, des librai-ries assez intéressantes y sont implan-tées. J’ai la même remarque à formuler : un personnel réduit, peu qualifié, mais accueillant et disponible. Une formation pour aller vers une professionnalisation est souhaitable. Quant à l’assortiment, on trouve des livres dans les langues arabe et française à proportion égale. Dernière station : Oran, la 3e plus grande ville d’Algérie. Plusieurs librairies y sont implantées. Un nombre important de livres sont exposés, que ce soit en arabe, en français, en anglais, ou en espagnol. Ces librairies sont tenues par des per-sonnes ayant une longue expérience dans le domaine du livre. A l’issue de ma courte visite à l’ouest de l’Algérie, j’ai eu le privilège de découvrir des libraires avec qui nous avons échan-gé nos expériences, parlé de tout ce qui attrait à la vie de la librairie. Globalement, Accompagnements à Madagascar En amont de la formation qui s’est dé-roulée à Antananarivo, Agnès Debiage (librairie Oum El Dounia, Le Caire) a consacré deux journées à travailler sur site avec des libraires de la capitale. Un vaste programme d’accompagnements individualisés a été initié à Madagascar et c’est la troisième année que l’AILF y mène ce type d’action. Huguette Rasao-mananoro, directrice de la librairie CMPL et présidente de l’ALM, nous avait sollici-té pour être accompagnée. Cette journée passée au CMPL a été riche : la priorité a été de recadrer l’identité de chaque es-pace : la librairie universitaire au rez-de-chaussée, la galerie d’art Yerden dans la-quelle a été installée la sélection de livres sur Madagascar (au premier étage) et la création de la bibliothèque universitaire, chère au coeur d’Huguette, qui a finale-ment migré au deuxième étage, pour une question de cohérence des espaces. Les deux vitrines ont aussi fait l’objet d’une analyse pour plus de clarté. Ce regard « extérieur » a semblé très profitable à cette libraire. Une autre journée a été réservée à la librairie Espace Loisirs où Danièle Biny a revu la présentation de certains rayons, ainsi que le classement (notamment de tous les ouvrages sur Madagascar). Cette librairie au coeur d’un quartier animé a résolument une carte à jour, en développant un assortiment notamment en poches. A travers différents sites web, la libraire a pu entrevoir la richesse de l’information disponible sur le web et pou-vant l’aider dans ses sélections Agnès Debiage Pourquoi l’AILF développe les accompagnements ? Des libraires de Chypre, de Syrie, des Emirats, de Madagascar, … et bien d’autres pays, ont pu bénéficier d’un ac-compagnement individualisé de la part d’administrateurs de l’AILF. Cette opération bien particulière, qui fait partie des missions de l’AILF, permet aux libraires de profiter de l’expérience et du savoir-faire de leurs collègues pour se professionnaliser. Les accompagna-teurs, avec leur regard extérieur et leur objectivité, peuvent ainsi étudier l’envi-ronnement de la librairie, observer son fonctionnement interne et analyser sa situation générale afin de conseiller le libraire concerné. Leur but est de l’ac-compagner dans la démarche de profes-sionnalisation de son métier, en passant par l’aménagement de sa librairie, le classement, la présentation et le choix des livres, sa gestion des stocks et des ressources humaines, ses animations dans et hors les murs, la formation et la motivation de son personnel, etc. Ces accompagnements permettent aus-si de sensibiliser les acteurs culturels du pays à mieux collaborer avec les li-braires. Dans l’autre sens, cela aide éga-lement les libraires à mieux comprendre les besoins de leurs partenaires culturels, afin de mieux les servir. L’objectif est que cette collaboration soit profitable aux deux parties et qu’elle favorise une coo-pération culturelle. Bien entendu, ce travail ne peut aboutir à de bons résultats que si les libraires bé-néficiaires suivent, par ailleurs, avec leur personnel, des formations. Michel Choueiri Une pensée pour les libraires tunisiens Toujours dans le cadre de la prospection et du suivi, j’ai entrepris une visite en Tu-nisie pour voir l’évolution du secteur après les différentes rencontres profession-nelles et formations. Malheureusement, la mission a coïncidé avec les évènements douloureux qui ont secoué ce pays. Tant bien que mal, j’ai pu rendre visite à cinq libraires (à Tunis, El Marsa, Carthage…) qui m’ont fait part d’un certain malaise qui les handicape dans l’exercice de leur métier : les nouvelles restrictions quant à l’importation des livres. En effet, tous les libraires sont contraints de formuler une demande suivie d’un échantillon du livre à importer. Ma mission en Tunisie était donc l’occasion de faire un tour d’horizon de ce qui a été fait jusqu’à présent au niveau de la formation et des problèmes rencontrés par les libraires. Il est vrai qu’une amélioration sensible a été enregistrée, mais il reste beaucoup de chantiers à entreprendre dans ce pays. Avec le changement que viennent de connaître nos collègues tunisiens, il est souhaitable de leur venir en aide en éta-blissant un programme de formation spéci-fique qui les aidera dans l’exercice de leur métier. Je ne peux passer sous silence ce qu’ont vécu tous les libraires tunisiens, particulièrement un membre de l’associa-tion, Badji BEN YOUNES, responsable des librairies PLUME & PARCHEMIN et ALKIRTAS situées à Bizerte. Cette der-nière, pillée et incendiée lors de la révolu-tion, a subi des dégâts considérables. Je lui rends hommage pour son courage et son dévouement malgré cette catastrophe. Smail Mhand les librairies visitées ont besoin de plus d’attention des organisations profession-nelles pour les accompagner, les former et d’une réorganisation pour pouvoir pré-tendre à un statut digne de ce nom. En dé-pit de ce constat, les efforts déployés par les patrons ou les gérants sont méritoires. Vu le statut de ces villes, de par leur po-pulation assez importante, leur superfi-cie, leurs activités socio-économiques et leur pôle universitaire, les pouvoirs pu-blics ont un grand rôle à jouer dans ce domaine afin d’encourager, d’aider les algériens à investir davantage dans le secteur du livre. Smaïl Mhand Mieux communiquer sur sa librairie Tel est le thème qui a été développé pendant trois jours au Caire, lors d’une formation sous-régionale AILF/BIEF qui regroupait 11 libraires du monde arabe (Mauritanie, Maroc, Tunisie, Egypte, Li-ban, Syrie, Dubai). Animée par Fabien Corbou (Electre) et Michel Choueiri (Li-brairie El Bourj), coordonnée localement par Agnès Debiage (Librairie Oum El Dounia), ce programme de formation avait pour objectif d’aider les libraires à repenser leur stratégie de communica-tion, en les incitant à réfléchir aux moyens de communication les plus adaptés à cer-taines actions et à certains publics. L’ac-cent a également été mis sur les outils de communication, gratuits et efficaces, qu’internet offre à chacun. Une séquence très constructive a permis à tous les Une nouvelle politique du livre en Algérie Une nouvelle politique pour la promotion du livre en Algérie a vu le jour avec la création du Centre national du Livre (CNL), sous l’égide du ministère de la Culture. Ses objectifs sont multiples : - la promotion et le développement du livre - l’encouragement de tous les modes d’expression littéraire et la diffusion des oeuvres littéraires - l’organisation des rencontres, salons et manifestations relatifs à la promotion et au rayonnement du livre algérien - la contribution et le soutien au développement de l’industrie du livre et wwwà sa distribution - le soutien à la lecture publique Plusieurs commissions ont été installées, à savoir : - la commission de la création et de la traduction - la commission du livre jeunesse - la commission de l’édition et de la diffusion - la commission des activités relatives au livre Hassan Bendif a été placé à la tête du CNL par la ministre de la Culture afin qu’il veille à l’application et à la concrétisation de tous ces objectifs sur le terrain. Ainsi, plusieurs activités ont été initiées à cet effet. Une nouvelle dynamique est née…
  • 4. En direct du réseau A s s o c i a t i o n I n t e r n a t i o n a l e d e s L i b r a i r e s F r a n c o p h o n e s 6 7 1ère édition du programme « libraires francophones à Paris » La première édition du programme des libraires francophones à Paris s’est dé-roulée du 2 au 19 novembre dernier, à l’initiative du CNL et du BIEF et avec la participation de l’AILF. 12 libraires, venant d’horizons très diffé-rents et parfois lointains (Melbourne, San-tiago, Varsovie, Jérusalem, Hong Kong, Turin…) se sont ainsi retrouvées à Paris pour suivre ce nouveau programme, le-quel s’inscrit dans le cadre des nouvelles mesures proposées depuis 2010 par le CNL. Faisant suite au rapport sur les perspectives pour la politique publique de soutien au livre français à l’étranger, le CNL a en effet revu l’ensemble de son dispositif. Les aides à la librairie à l’étran-ger ont ainsi été réformées et élargies : à côté de la traditionnelle aide à la diversi-fication des fonds, les libraires peuvent à présent solliciter une aide pour un projet d’animation, d’informatisation, ou encore de création d’un point de vente. Pour compléter le dispositif, une attention a été portée à l’enjeu de la professionnalisation. Parallèlement aux programmes de forma-tion destinés aux libraires dans les pays francophones (en Afrique, au Maghreb, au Proche Orient), formations désormais principalement pilotées par l’AILF, il a donc été décidé de répondre aux voeux des libraires exerçant dans les pays non francophones et qui ne se retrouvaient pas dans les programmes existants . Mi-formation, mi-séminaire, l’occasion a ainsi été donnée à ces douze libraires ve-nues des 4 coins du monde de rencontrer des éditeurs, des libraires, des diffuseurs, des auteurs (dont Roger Grenier et Lau-rent Gaudé) mais surtout de vivre le quoti-dien d’un libraire français. Ce séjour dans une librairie en France, à Paris, Saint- Denis, Montreuil, Villejuif, mais aussi à Bordeaux et au Havre constituait le coeur de ce programme. Car l’idée poursuivie est bien de nouer et renforcer des liens professionnels mais aussi humains, sans lesquels la librairie ne pourrait exister, entre des libraires en France et leurs alter ego…isolés dans le reste du monde. Ten-tative de rapprochement, ce programme des libraires francophones à Paris se cherche encore un nom de baptême (et l’on pourrait ici imaginer d’organiser un concours à cet effet) mais il a sans au-cun doute fait l’unanimité parmi les 12 participantes qui ont trouvé là l’occasion 3 semaines durant de se raconter les dif-ficultés de leur métier, parfois même les misères mais surtout les mille et un bon-libraires de s’essayer à la création d’un blog. Claude Guibal, correspondante au Caire de Libération et Radio France, a fait une intervention très illustrée sur ce qui intéresse les journalistes, sur le rôle d’un communiqué de presse et sur l’im-portance pour le libraire, de s’inscrire dans un réseau relationnel. Cette forma-tion a largement été facilitée par l’ Institut Français d’ Egypte qui a accueilli ces trois jours de stage en mettant à notre dispo-sition une salle. En aval de la formation, les libraires pré-sents ont pu rencontrer l’écrivain égyp-tien Alaa el Aswany. Plus d’une heure de discussion littéraire dans le cadre inti-miste de la librairie Oum El Dounia. Alaa el Aswany a rendu un bel hommage au rôle du libraire à travers cette jolie phrase que Michel Choueiri s’est empressé de noter : « les libraires sont le Parlement des lecteurs ». Les éditions Actes Sud, complices de cet évènement, ont offert un livre d’Aswany à chaque libraire qui a pu le faire dédicacer. Grand succès pour la formation AILF à Madagascar En 2010, aucun programme de formation n’était budgété pour Madagascar. L’AILF a donc, pour la toute première fois, déci-dé d’assurer le financement d’une forma-tion, sur ses fonds propres. Une première qui a eu plusieurs effets positifs : une implication plus importante de l’ALM (As-sociation des Libraires malgaches) afin d’assurer toute la logistique de cette for-mation, un partenariat avec le SCAC, qui a accueilli la formation dans ses locaux et financé les déjeuners des libraires et une meilleure communication entre libraires et médiathécaires du centre culturel. Le thème de la formation « manager son équipe » a passionné tous les 12 libraires présents (8 d’Antananarivo et 4 de pro-vince). Un véritable travail de fond a été entrepris, notamment autour du thème la délégation. Une heure de discussion entre libraires a clôturé cette session de formation afin qu’ils décident communé-ment de leurs besoins en formation pour 2011. Chacun s’est exprimé. Les notions de communication et animation étaient communes à beaucoup de participants. A partir de celles-ci, les stagiaires se sont expliqués sur ce qu’ils mettaient derrière ces mots. Cette trame servira donc de base à la construction du prochain mo-dule de formation à Madagascar. « Quasiment tous les libraires partagent une forte motivation à continuer les pro-grammes de formation pour les patrons de librairies. Au-delà de tous les ac-quis techniques d’une formation, c’est aussi toute une discussion autour des heurs qui en font tout le prix. On pourra plus facilement se faire une idée de ce programme au travers de deux témoignages, celui de Maryline Noël, li-braire à Santiago du Chili, reçue par Syl-vie Labat à la librairie Folies d’encre à Montreuil, et celui d’Hélène Lang qui a le projet de créer sa propre librairie à Turin. PS : ce programme est annuel. La pro-chaine session se déroulera du 23 mai au 10 juin 2011. Pour connaître les conditions de par-ticipation à l’édition 2012, se reporter à l’adresse du site du Cnl (www.centrenationaldulivre.fr) ou contacter Natacha Kubiak (natacha.kubiak@centrenationaldulivre.fr) Deux libraires participantes témoignent … Maryline Noël, librairie Le Comptoir, Santiago du Chili « Ce stage m’a donné envie de bouger, pas vous ? J’ai entrepris depuis le début de la semaine de repenser complètement l’organisation de mon petit espace. Les contraintes sont grandes, je ne peux pas repousser les murs et 38 mètres carrés seront toujours 38 mètres carrés mais je vais tout changer quand même. J’ai trou-vé deux meubles aux puces aujourd’hui que je vais faire rentrer coute que coute, ils me rappellent la table de Sylvie de Folie d’Encre que j’avais juré de copier ! Je vais également demander à la rentrée à mes clients de m’écrire des petites cri-tiques des livres qu’ils m’achètent et même si je ne fais pas un petit journal sur papier comme Anaïs, je les publierai sur mon blog... je l’avais déja fait il y a quelques années mais j’avais besoin de retrouver l’enthousiasme... J’ai ramené des pe-tites coccinelles aussi et vais rédiger des courtes fiches sur mes coups de coeur. Je pense très souvent à «ma» librairie de stage à Saint-Denis et j’en parle à tout le monde. Malgré des réalités si différentes nous avons tant de choses en commun, la passion, la pression, même certains pro-fils de clients qui se retrouvent dans nos deux mondes. J’envie le calme radieux de Sylvie et j’aime me souvenir de son rire. En arrivant à Paris j’avais passé trop de temps isolée, j’avais besoin d’un petit coup d’énergie, d’un vote de confiance, de retrouver un sentiment d’apparte-nance à une profession, à un groupe. Je suis repartie forte d’un enthousiasme renouvelé, confortée aussi dans la qua-lité de mon travail. Sur certains rayons comme la jeunesse je n’ai pas senti de vé-ritable brèche entre mes connaissances et celles de mes collègues français. Par contre en littérature un abime, je n’en suis pas fière mais je l’explique par nos réali-tés si différentes. J’ai un mal fou à vendre de la littérature sortie des sentiers battus et je n’arrive pas à suivre le pas des nou-veautés. Je réfléchis à faire changer cela. Bref, de retour au Chili, je suis toujours aussi isolée géographiquement, mais je ne me sens pas seule ». Hélène Leng, projet de création de librairie à Turin La rencontre et l’échange entre libraires passeuses de culture française à l’étran-ger et ces deux relais institutionnels en France, nous a permis de sortir de l’iso-lement induit par la distance qui nous sépare du point de départ de la chaîne du livre. Ces deux institutions, grâce à leur écoute attentive et leur engagement professionnel, transmettent l’impression qu’il existe une vraie volonté de soutien des autorités publiques face aux difficul-tés très spécifiques qui sont nôtres. La La culture africaine représentée à la Foire du livre de Bruxelles Fruit d’une collaboration entre l’ONG CEC, «Coopération Education et Culture», et la librairie Graffiti (Waterloo), le stand «Echappées africaines» a pré-senté une exposition dédiée aux Femmes africaines et une librairie spécialisée en littératures africaines. Cette librairie a rassemblé des livres d’auteurs féminins qui ont marqué et marquent toujours avec une grande force et une extrême vitalité la poésie, le roman et le théâtre. Un focus « Haïti » a mis en avant toute l’activité littéraire des auteurs de cette île que le séisme n’a pu ébranler ou ralentir. Un an après, la littérature se relève des décombres, bravant tout et offrant récits, fictions, essais, livres d’enfants, tant de clefs pour mieux comprendre une réalité qui nous est très éloignée malgré l’infor-mation abondante des médias. Enfin, un coin « BD congolaise » sélectionnée par Africalia* a donné à découvrir au public un secteur d’expression artistique très dynamique en République Démocratique du Congo, et peu connu. problématiques professionnelles des uns et des autres qui s’engage lors d’une formation » explique Agnès Debiage, li-braire au Caire (Oum El Dounia) qui a animé cette formation. Elle ajoute que ce sont « quelques journées d’échanges constructifs qui permettront de mieux travailler ensemble tout au long de l’année et de développer cette réflexion commune autour de la librairie à Madagascar ». Paroles des libraires participant à la formation « Ces formations constituent l’essen-tiel de notre apprentissage du métier de libraire et nous sont donc bien pré-cieuses. Elle sont également les rares moments où nous avons l’occasion de nous rencontrer et de voir à quel point ce métier est une mission à la-quelle se consacrent tous les compo-sants de la grande société malgache ». « Encore une formation très intéres-sante, que ce soit au niveau appren-tissage ou rencontres puisque tous les libraires, ou presque, de Mada-gascar se sont réunis autour d’Agnès. Merci à l’AILF mais aussi à l’ALM ! ». « La formation va m’aider dès main-tenant à établir une fiche de fonction, un organigramme de fonction, un ob-jectif précis et à évaluer si l’objectif est atteint. Elle va aussi m’aider à amélio-rer ma relation avec les employés ». « Très franchement, je ne m’attendais pas à un tel apport pour un rôle de mana-ger car cet aspect de déléguer ne m’avait pas semblé si important et si productif. Je tâcherai en tout cas de le dévelop-per, de l’appliquer et surtout de rendre compte, pour moi-même, des résultats » *Africalia est une association belge qui entend apporter une contribution à la coopération au développement humain durable et a pour but d’attirer l’attention du public sur l’art et la culture africains contemporains, en Belgique notamment, par le biais de la (co-)organisation d’événements culturels. A la foire du livre de Bruxelles, le stand « Echappées Africaines» Les libraires du monde réunies à Paris
  • 5. En direct du réseau A s s o c i a t i o n I n t e r n a t i o n a l e d e s L i b r a i r e s F r a n c o p h o n e s 8 9 Rendez-vous au Cameroun Après trois années d’absence, l’AILF et le BIEF ont organisé à Douala, au Cameroun, en décembre 2010, une rencontre professionnelle animée par deux libraires d’Afrique subsaharienne ; Chiel Lijdsman (Rwanda) et Brahim Soro (Côte d’Ivoire), qui ont pu compter sur la coordination locale de Judith Egoumé. Les quinze libraires d’Afrique Centrale représentant le Cameroun, le Rwanda, Congo Goma et Kinshasa avaient au programme l’analyse de l’impact des précédentes formations, l’intérêt d’un projet d’informatisation et des défis actuels que les librairies africaines doivent surmonter. La demande était grande de la part des libraires qui avaient pâti de ces années d’absence mais les échanges se sont avérés stimulants dès lors que le thème de l’informatisation de la librairie a été évoqué, notamment à travers la présentation du logiciel de la Librairie de France (Côte Ivoire). Enfin, une rencontre entre libraires et éditeurs de la région (réunis par le BIEF à Yaoundé ) a permis aux éditeurs de pré-senter une partie de leur catalogue, souvent orienté vers le scolaire ou d’intérêt natio-nal. La question de l’accessibilité des ouvrages est cependant restée sans réponse. première, et non la moindre, étant celle d’être une personne privée menant une mission commerciale, somme toute, « publique » (divulgation et diffusion de la langue/culture française) dans des contextes non francophones. Ma toute première pensée est que le mé-tier de libraire tel qu’exercé en France ressemble peu au métier de libraire prati-qué à l’étranger. Certes, la problématique de base relative à la vente du produit culturel au rende-ment le plus faible est inhérente au métier ici ou ailleurs, mais le travail quotidien du libraire est très différent. En France, l’ac-cent est plus facilement mis sur le rapport commercial en amont avec les éditeurs ou les distributeurs puisque l’immédiateté des rapports est plus linéaire ; le lectorat est une donnée potentielle acquise dont il faut stimuler la curiosité, le sentiment d’appartenance à un lieu au sein duquel se définit une facette de son identité socio-culturelle. A l’étranger, le lectorat poten-tiel est réduit, il faut donc le solliciter très individuellement et minutieusement et pertinemment, travailler « à l’ancienne » dans un rapport en aval au cas par cas, de confiance avec le client afin de main-tenir et accroître l’activité commerciale. Des échanges que nous avons pu avoir entre libraires des quatre coins du monde, apparaissent clairement quelques caractéristiques dont le pré-supposé de base est : qu’une librairie généraliste à l’étranger se transforme en une librairie spécialisée in situ donc une librairie dont le client franchit le seuil porteur d’une requête particulière. Nos clients sont soit - dans certains pays plus que d’autres - des expatriés en « mal de culture du pays » soit - et le plus sou-vent, je pense - des nationaux dont les demandes sont très fluctuantes. La diffé-rence première est donc « l’impondérabi-lité » de la demande en pays non franco-phones. Certes, nous pouvons servir des prescripteurs locaux : écoles françaises, CCF, Alliance française, universités et bibliothèques nationales, cependant la demande de la clientèle « tout-venant » reste énigmatique. Aussi doit-on être très à l’écoute du pouls socioculturel du pays afin que cela s’en ressente au niveau de l’assortiment, ce qui, par ailleurs a le mérite de nous éloigner du pléthorique « prêt à consommer » éditorial. Peut-être sommes-nous donc plus « libres » de nos choix d’assortiment, mais le prix de cette «semi- liberté » est un travail individuel intense, pour rencontrer, voire renforcer un lectorat. Car, la librairie francophone à l’étranger reste un petit coin du pays dont elle ex-pose l’âme culturelle et son libraire doit La Caravane du Livre 2010-2011 La dernière édition de la Caravane du Livre est sur le point de se terminer. L’oc-casion pour l’AILF de revenir sur les en-jeux de cette manifestation qui clôture sa septième édition. La Caravane du Livre est le fuit du travail des libraires qui organisent sur place des animations qui mettent, pour la plupart, en valeur des auteurs ou artistes locaux souvent peu connus. Ainsi, au Niger Is-soufou Konaté, Mahamadou Issoufou Tiado et Adamou Idé ont participé à plu-sieurs conférences publiques pour évo-quer des sujets comme la démocratie, l’écriture littéraire ou poétique. Au Mali, c’est Modibo Sidibé, auteur de livre jeu-nesse qui a pu avoir un échange ouvert et pédagogique avec des élèves de plu-sieurs établissements scolaires sur l’inté-rêt de la lecture. Au Bénin, une dizaine d’auteurs dont Florent Couao Zotti ont fait partie des manifestations organisées au Nord comme au Sud du pays. Séances de contes ou de Slam, atelier de philoso-phie … autant de déclinaisons possibles inventées par les libraires qui organisent, seuls ou avec des confrères ou média-thécaires, ces manifestations. La Caravane du Livre et de la Lecture est devenue aujourd’hui incontournable dans le paysage culturel local, voir na-tional de ces pays. Si elle est reconnue comme étant populaire, c’est avant tout par ce qu’elle se déroule hors les murs. Les libraires usent de créativité pour al-ler à la recherche de nouveaux publics. Ainsi, les écoles, les places publiques, ou autres espaces culturels sont investis. Tous les moyens sont bons pour atteindre les zones les plus reculées : si le dos de chameau reste gravé dans l’imaginaire, il semblerait que ce soit davantage en wagon bibliothèque ou bibliobus que les livres sont proposés à la population. Au Tchad, c’est par un camion plateau trans-portant 8 artistes (humoristes, conteurs, chanteurs, danseurs) et sillonnant 5 ar-rondissements de la capitale que les organisateurs ont pu amener le public à visiter les stands de livres situés dans des places publiques où se déroulaient d’autres animations (concours de lecture à voix haute…). Au Mali, la libraire orga-nisatrice ne pensait pas réitérer l’opéra-tion. Finalement, sous la pression des acteurs locaux, elle a remis en marche une Caravane qui touche des centaines d’écoliers et un public en dehors de la ca-pitale en proposant des ouvrages publiés au Sud. Certes, les contours de l’opéra-tion ne correspondent pas aux canaux classiques d’animation mais elle montre combien le libraire africain souhaite s’ou-vrir à tous les publics. C’est ce qui a cer-tainement donné cet accent de popularité et fait de cet événement un rendez vous annuel attendu. Dernièrement la preuve de cette noto-riété nous vient droit des services cultu-rels ou médiathècaires des ambassades de France qui expriment leur intérêt pour cette opération. Au Bénin d’abord, où, après 7 années de mobilisation collec-tive, le poste revient sur cette rencontre littéraire, devenue désormais nationale. Les chiffres qu’ils rapportent en sont la preuve : « Douze auteurs nationaux, dont Florent Couao-Zotti, prix Amadou Kourouma 2010, ont apporté leur talent et leur générosité au projet, allant à la rencontre de près de 2500 élèves ». Il en est de même au Niger où la média-thécaire du Centre culturel français Jean Rouch déclare : « Les rencontres autour du livre et de la lecture ont suscité des débats passionnés tant la présence du livre fait défaut dans le pays. Témoins de ce succès, les lectures sur les places publiques, dans les cours d’école, le ci-néma en plein air ou encore l’intervention du slameur Jhonel qui ont réuni jusqu’à 500 personnes ». Au Sénégal c’est la presse qui en parle le mieux même si elle évoque surtout l’anniversaire de la librai-rie organisatrice qui a coïncidait avec la Caravane du Livre. C’est pourtant chaque fois plus délicat de monter une opération de cette en-vergure. Les difficultés augmentent et se diversifient : le contexte politique qui divise la Côte d’Ivoire, ou encore du Ni-ger, la « crise économique » qui fragilise autant le pouvoir d’achat local ou la si-tuation financière des librairies qui ne peuvent commander aussi facilement qu’auparavant auprès des éditeurs fran-çais. Pourtant, 75 000 € de commandes de littérature pour des librairies de taille moyenne, ce n’est pas négligeable ; sachant que paradoxalement, les com-mandes auprès des éditeurs du Sud ont simultanément augmenté. Si tous les libraires n’ont pas réapprovisionné de manière conséquente leur stock cette an-née, c’est aussi car une partie du fonds de l’année précédente a été réutilisé. De la même manière, le stock restant peut parfois être judicieusement présenté dans un événement ultérieur. Au Burkina Faso par exemple, certains des ouvrages comme ceux sur le cinquantenaire d’in-dépendance d’Afrique ont été également présentés au Fespaco, célèbre festival de cinéma qui s’est déroulé quelques temps après la Caravane du Livre et de la Lecture. La Caravane a pu se tenir au Niger dans les plus grandes villes du pays malgré des conditions sécuritaires dégradées mais ce n’est pas le cas de la Côte d’Ivoire. La manifestation prévue pour mars est bien évidemment annulée, au-cune commande ne pouvant parvenir de France depuis plusieurs mois et la tension ambiante ne permettant pas aux Ivoiriens de sortir de chez eux … autant d’éléments qui n’encouragent pas les membres de l’association des libraires ivoiriens à organiser une quelconque ma-nifestation de célébration du livre. ALS La Caravane du Livre et de la Lecture ? La Caravane permet à une dizaine de li-braires de l’AILF de sept pays de propo-ser une sélection d’ouvrages de littérature africaine à des prix bonifiés et d’animer des espaces publiques ou écoles pour al-ler à la rencontre du public. Depuis 2004, tous les ans, la Caravane passe au Bé-nin, Niger, Mali, Burkina Faso, Togo, Côte d’Ivoire, Tchad, Sénégal, traversant au total une cinquantaine de villes et sensi-bilisant plus de 50,000 personnes au livre et à la littérature, grâce au soutien des pouvoirs publics français et francophones. Les libraires du Québec prennent le leadership Lors de la dernière rencontre interpro-fessionnelle sur le livre numérique orga-nisée par l’Association des libraires du Québec à Montréal, un échange d’infor-mations de pointe a permis de faire un bilan sur le développement fulgurant du livre numérique. C’est ainsi que Clément Laberge de la Firme Conseil « De Marque », chargé des projets de l’entrepôt numérique et de l’agrégateur des éditeurs québécois, Dominique Lemieux du portail des librai-ries indépendantes du Québec et Marie- Hélène Vaugeois, présidente de l’ALQ, ont démontré l’avancée vertigineuse non seulement de l’accès au livre numérique mais aussi de la présence envahissante de grands joueurs comme Apple, Google, Amazon et bien d’autres dans ce dossier. L’Ipad, outil numérique performant, pro-voque à lui seul la curiosité et marque en même temps une étape importante dans la promotion et dans l’accès au livre numérique. D’ailleurs l’engouement des consommateurs américains pour ce pro-duit laisse supposer un résultat mondial qui pourrait ressembler à celui de l’Iphone (60 millions vendus dans le monde). Plus de 150 personnes concernées et impliquées dans le domaine du livre au Québec ont ensuite fait le tour des défis et des opportunités qui se présentent afin d’en tirer un positionnement efficace et durable. Il en ressort que les libraires doi-vent être munis de la plus haute techno-logie et que le réseau interprofessionnel du livre doit pouvoir offrir aux consom-mateurs de manière efficace et simple le format autant numérique que papier du livre. Le gouvernement du Québec jouera très certainement un rôle de pre-mier plan dans le dossier du livre numé-rique comme soutien législatif et politique concret pour le maintien et la promotion du livre francophone en Amérique et dans la francophonie. À suivre… très bientôt. Normand Provençal Contribution volontaire des éditeurs Aujourd’hui l’AILF regroupe 80 librairies professionnelles vendant du livre fran-çais dans plus de 40 pays du monde. Ces grandes et petites librairies sont avant tout des librairies généralistes, si-gnataires de la charte du libraire franco-phone, lancée en 2009 à Beyrouth, alors capitale mondiale du livre. Les défis auxquels la librairie franco-phone doit faire face sont nombreux : forte concurrence des grandes chaines de distribution « encouragée » par l’ab-sence de régulation du prix du livre à l’étranger, frais d’approche onéreux, dé-veloppement de la vente en ligne, parte-nariats délicats avec les établissements français à l’étranger, concurrence avec le livre anglophone, catastrophes natu-relles, instabilité politique ou encore éco-nomique de certains pays. Partout, le français (et donc le livre fran-çais) doit lutter pour se maintenir comme langue de culture et d’échanges. L’AILF a pour cela opté pour des actions de professionnalisation qui permettent de maintenir un réseau dynamique et réac-tif et sur des opérations de promotion du livre francophone, comme la Caravane du Livre. Créée en 2004, cette mani-festation, désormais annuelle, a montré que de nouveaux marchés pouvaient se développer. Pour les éditeurs, les retom-bées sont loin d’être négligeables, et l’affichage sur notre site de l’intégralité des titres de la sélection, offre une visibi-lité aux près de 4 500 visiteurs recensés par mois. Cependant, l’AILF ne peut plus comp-ter uniquement sur des subventions pu-bliques. Pour preuve la disparation des Fonds de Solidarité Prioritaire du MAEE qui finançaient en partie les actions de formation. En outre, la récente réforme des aides du CNL permettant de soute-nir les librairies référentes, met de coté un certain nombre d’acteurs, peu ou mal connus en France, néanmoins acteurs d’une dynamique locale. C’est du moins ce que constatent les administrateurs de l’AILF. Autant de raisons qui nous conduisent à solliciter auprès des éditeurs une contri-bution volontaire au titre de « membre associé de l’AILF ». Le montant de cette adhésion pour 2011 en tant qu’organisme associé de l’AILF est laissé à la discrétion de chacun mais chaque éditeur peut l’es-timer en fonction de son chiffre d’affaires. Vous êtes éditeur et vous souhaitez de-venir membre associé de l’AILF, contac-tez Anne-Lise Schmitt (contac@libraires-francophones. org) au 06 63 06 49 64. être le messager et le guide de cette identi-té recherchée par le client. Nous sommes amenées à nous impliquer humainement beaucoup plus, car de notre implica-tion personnelle (compétence, écoute, conseil, action…) dépendent nos ventes. C’est pourquoi, personnellement, j’ai été marqué par les animations « sociales » de certaines librairies dont le rôle, de part souvent leur emplacement dans des quar-tiers dits « difficiles », ressemble plus au nôtre hors France : librairie lieu d’accueil et d’expression, lieu de recherche et de partage de nos humanités. »
  • 6. En direct du réseau A s s o c i a t i o n I n t e r n a t i o n a l e d e s L i b r a i r e s F r a n c o p h o n e s 10 Les aides aux librairies 11 francophones à l’étranger du CNL Le dispositif mis en place en 2010 s’articule autour de deux types d’aides : Une aide à la création Destinée à accompagner, pendant trois ans, les projets de création de librairies francophones et de fonds d’ouvrages en français, cette aide porte sur la constitution des fonds mais également sur les outils per-mettant le développement qualitatif de l’activité : informatisation ren-dant possible la gestion de fonds en français, outils de sélection bi-bliographique pour la constitution des fonds, formation de personnels francophones. Au terme de 3 ans d’activité, les librairies qui remplissent les condi-tions deviennent éligibles à l’ob-tention de l’agrément « librairie francophone de référence » et aux dispositifs afférents. Un agrément « librairie fran-cophone de référence » La création de cet agrément a pour objectif de favoriser la pérennisation et le renforcement d’un réseau de librairies de qualité commercialisant du livre français à l’étranger. Toute librairie en activité depuis au moins 3 ans peut déposer un dossier. Cet agrément, valable 3 ans, ouvre la possibilité de candidater à deux dispositifs d’aide : • diversification des fonds : subventions à l’achat de livres, ex-clusivement en français ; • valorisation des fonds : soutien à la réalisation d’actions régulières de promotion de la créa-tion littéraire française, sous forme d’animations ou de mise en place outils d’information et de service autour de l’actualité éditoriale fran-çaise (sites internet, édition papier ou électronique de catalogues thé-matiques, bulletins d’information…). Les demandes de subvention pour la diversification ou pour la valorisa-tion des fonds en langue française peuvent être présentées conjointe-ment à une demande d’agrément. Pourriez-vous rappeler ce qui a motivé le CNL dans la mise en place de la réforme des aides aux librairies à l’étranger ? Comment, dans le présent contexte de globalisation des échanges et de muta-tions technologiques, favoriser le main-tien et la pérennisation du réseau des librairies francophones, permettre à ses membres d’être de véritables acteurs culturels, de participer activement au commerce du livre français, qui est aussi un commerce de personnes, de valeurs et d’idées, ainsi qu’à sa promotion et à son rayonnement ? Notre action dans ce domaine n’a fait que confirmer et amplifier les conclusions du rapport remis au Conseil du livre en mars 2009. Une attention légitime y était accor-dée au canal essentiel que représentent ces libraires dont on ne saurait trop souli-gner l’esprit d’engagement et de service. Nourri de la longue expérience d’accom-pagnement du CNL, ce rapport reprenait d’ailleurs les recommandations que nous avions élaborées en étroite concertation avec les organismes interprofessionnels, notamment avec l’AILF dont il faut dire, ici, la notable contribution. C’est ainsi que nous avons entièrement repensé notre approche ainsi que nos dispositifs et que nous proposons, de-puis le 1er janvier 2010, de nouvelles modalités de soutien. Leurs buts pra-tiques ne correspondent pas moins à des finalités supérieures. Il y va d’abord de la consolidation du réseau : la créa-tion de l’agrément « librairie francophone de référence » ; véritable label de qualité et de reconnaissance, ouvre droit, pour les acteurs reconnus, à des aides à la diversification mais également - et c’est nouveau - à la valorisation des fonds et de l’expertise. Ensuite, notre propos est la professionnalisation du réseau : nous avons instauré avec le BIEF, notre par-tenaire naturel, un séminaire réservé aux zones non francophones, distinct des programmes de formation sur site dispensés par l’AILF dans les pays de la francophonie du Sud. Douze libraires en provenance d’Australie, du Chili, du Costa Rica, d’Espagne, de Hong-Kong, d’Iran, d’Israël, d’Italie, du Mexique, de Pologne, de Serbie et du Vietnam ont ainsi été réunis lors de la première ses-sion qui s’est tenue à Paris en novembre 2010, en attendant la deuxième qui aura lieu du 23 mai au 10 juin 2011. Enfin, nous visons l’extension du réseau : l’aide à la création de librairies francophones ou de fonds en français dans des librai-ries internationales constitue désormais une des priorités. Ces trois mouvements, consolidation, professionnalisation, extension, n’en font qu’un. Celui d’une réforme qui se veut constructive, efficiente, offensive. Quels types de demandes semblent majoritaires ? Les aides à la diversification des fonds, le soutien aux animations, le soutien au site internet et aux bulletins d’information... ? Nous manquons de recul, eu égard au peu de temps écoulé, pour évaluer la ré-ception des nouveaux dispositifs. Sans surprise, les projets de diversification des fonds demeurent majoritaires en nombre des subventions demandées et attri-buées comme en valeur des montants. L’explication est mécanique : le dispositif, qui existe depuis 1997, est bien connu des libraires qui, de surcroît, renouvellent plus régulièrement leur assortiment que leur matériel informatique ou leur site in-ternet. Seule certitude : la réforme nous invite à plus d’attention aux réalités du terrain et à plus d’efforts de communica-tion si nous voulons qu’elle joue à plein l’effet de levier recherché. Le CNL, là comme ailleurs, doit se montrer proactif. Un an après sa mise en oeuvre et au vu de ces demandes, pensez-vous que vous avez atteint les objectifs visés à travers cette réforme ? S’il est trop tôt, ainsi que je viens de l’expliquer, pour tirer des conclusions, les tendances sont néanmoins encou-rageantes et témoignent d’une salutaire prise de conscience. Car il s’agit pour nous tous de penser de manière plané-taire tant les défis qui se présentent aux libraires de l’hexagone et de l’étranger ne sont guère différents. L’agrément « librai-rie francophone de référence » distingue plus de cinquante librairies dans qua-rante- trois pays dont le métier est d’oeu-vrer, auprès de leurs clients, à fournir une offre riche et diversifiée, à garantir un service de qualité et de conseil, à propo-ser des débats et des animations. Là est l’avenir universel de la librairie, dans son caractère de lieu unique de relation per-sonnelle et de prescription incarnée. D’où la nécessité de recourir intensivement aux bulletins d’information, aux sites in-ternet, que nous aidons également, afin d’assurer visiblement cette vocation agrégative de publics qui se refusent à être traités en simples consommateurs. Entre autres signes positifs, il me faudrait invoquer, par exemple, l’excellence litté-raire et intellectuelle des rencontres que nous avons récemment soutenues en Espagne, au Liban, et en Egypte. Ou in-diquer que nous avons d’ores et déjà en-registré vingt-six candidatures en regard des douze places proposées à l’occa-sion du prochain séminaire d’échanges professionnels. Je préfère souligner que de tels projets pourraient être plus nom-breux et que nous avons la capacité à les accompagner plus fortement. Quels seraient, selon vous, les consignes et recommandations à communiquer aux libraires pour at-teindre pleinement ces objectifs ? Je leur suggérerais d’oser être imagina-tifs, de se montrer plus entreprenants, de s’affirmer ambitieux. Le développement de leur communication, de leur visibilité, de leur accueil représente, je l’ai dit, un enjeu majeur. Le CNL est là pour les ac-compagner dans cette montée en puis-sance comme pivots de l’action culturelle et créateurs d’évènements. Je veux que nous contribuions, mieux et plus, de fa-çon adéquate et pertinente surtout, aux manifestations qui impliquent la venue d’auteurs dans leurs librairies. J’ai bien conscience que plus les distances sont grandes, plus les coûts de telles opéra-tions ressortent prohibitifs. Il faut donc procéder par concertation et par mutua-lisation que ce soit à Paris entre les pro-fessions et les établissements publics concernés et sur place, localement, en pensant, par exemple, des tournées à l’échelle d’une zone géographique, lin-guistique, ou culturelle. Ce travail en réseau est déterminant et nous avons besoin de l’AILF pour le réaliser. Sans tarder. Un certain nombre de libraires se voient refuser ces aides. Quelles en sont les principales causes ? Comment pensez-vous que les li-braires concernés pourraient être accompagnés ? Voyez combien le bilan chiffré est positif: trois commissions, quatre-vingt trois de-mandes d’agrément, cinquante-trois ob-tentions, soit près de deux tiers d’appro-bation pour un petit cinquième de refus si l’on prend en compte les ajournements en attente de révision dès la présentation d’un dossier plus complet lors d’une pro-chaine session. C’est là, me semble-t-il, un résultat probant. Oui, le soutien du CNL est déterminé. Pour autant notre exigence reste entière. Que faire des sociétés de diffusion dont l’activité se concentre dans la papeterie ou la presse, dont l’essentiel du chiffre d’affaires dépend de ventes aux institu-tions, principalement scolaires, donc de marchés captifs, et pour qui les ventes de détail restent accessoires ? Non seu-lement elles ne relèvent ni de nos mis-sions originelles, ni de nos champs d’in-tervention, mais encore elles dérogent à la définition de la librairie généraliste sur laquelle se fonde votre association. Sans doute peut-on envisager de les ac-compagner, mais à la condition expresse qu’elles s’engagent concrètement dans une démarche volontaire de qualité, de diversité et de proximité. Des séminaires adaptés, visant à favoriser leur appro-priation du coeur de métier et la maîtrise de leur mutation, constitue à cet effet une piste de travail. Pensez-vous que l’AILF ait un rôle à jouer pour diminuer le nombre de libraires qui se voient refuser ces aides ? Certainement. D’une part, il n’est de meilleur entraînement que l’exemple. D’autre part, le CNL et l’AILF n’existent pas comme deux entités séparées mais dans le lien que suscitent une vision com-mune, une synergie expérimentée, une solidarité éprouvée. Le financement que nous vous apportons depuis de nom-breuses années n’est qu’un volant de notre relation. Parce qu’elle est pour le CNL un authentique interlocuteur, l’AILF se trouve en position de double média-tion : du Centre vers le terrain, du terrain vers le Centre. Soyez nos passeurs, menez des missions d’expertise, faites circuler l’information. Et, pour ne pas laisser cet entretien sans vous adresser un challenge à hauteur de notre com-pagnonnage, procédons ensemble à un vaste programme de jumelages entre librairies de l’Ouest et de l’Est, du Nord et du Sud Quelles sont les mesures que vous préconiseriez pour les profession-nels du livre des pays arabes en mutation pour suivre les change-ments sociaux, culturels et poli-tiques de leur pays ? Pour avoir vécu dans le monde arabe, pour en connaître les milieux intellec-tuels et artistiques, je porte personnel-lement la plus grande attention aux mu-tations en cours. Je suis donc satisfait de ce que le CNL, dans le droit fil de sa tradition constante de coopération, s’attache à développer des échanges renouvelés entre les deux rives de la Méditerranée. Nous avons lancé au mois de février un fonds d’urgence pour sou-tenir les libraires francophones tunisiens. Nous suivons les évolutions ailleurs, sans oublier aucun des pays de la zone. Ainsi, parallèlement, dans une autre aire culturelle, mais contigüe, nous signerons le 18 mars au Salon du livre de Paris, une convention avec le TEDA, l’orga-nisme de la République de Turquie qui est notre homologue. Je veux y voir un modèle pour demain. C’est l’ensemble de ce que les Anciens appelaient la Mare Nostrum et où est né le livre qui doit s’en-gager pour l’avenir de l’écrit. A l’heure du réveil qui traverse le monde arabe, il est clair que le livre s’impose comme un indispensable vecteur de liberté, un né-cessaire ferment de débat, un gage de démocratie. A nous, le CNL, avec vous, les libraires francophones du Maghreb, du Machrek, et de toute l’AILF, d’être présents, en promouvant le dialogue des cultures, à ce rendez-vous de l’histoire. Entretien avec Jean-François Colosimo, président du Centre National du Livre JF Colossimo ( Copyright CNL )
  • 7. En direct du réseau A s s o c i a t i o n I n t e r n a t i o n a l e d e s L i b r a i r e s F r a n c o p h o n e s L’AILF est une association régie par la loi du 1er Juillet 1901 11 rue Caillaux - Boite n° 49 75013 Paris-France Tél.: + 33 (0) 6 63 06 49 64 Télécopie: + 33 (0) 1 46 34 63 83 Courriel: contact@librairiesfrancophones.org Site web: www.librairiesfrancophones.org Contact: Anne-lise Schmitt - coordinatrice 12 Association Internationale des Libraires Francophones Conseil d’administration Président : M. Michel Choueiri (Librairie El Bourj - Liban) Vice-Président : M. Philippe Goffe (Librairie Graffiti - Belgique) Trésorière : Mme Anais Massola (Librairie Le rideau rouge - France) Secrétaire : Mme Agnès Debiage (Librairie Eldorado Oum El Dounia - Egypte) Administrateurs : - M. Normand Provençal (Librairie JA Boucher - Canada) - M. Chiel Lijdsman (Librairie Ikirezi - Rwanda) - M. Smail Mhand (Librairie Générale El Biar - Algérie) - Mme Sylviane Friederich (La Librairie - Suisse) - M. Yacine Retnani (Librairie Carrefour des Livres - Maroc) - M. René Yedieti (Librairie de France - Côte d’Ivoire) - Mme Renata Sader (Librairie Culture & Co. - Emirats Arabes Unis) - M. Jacques Bernard (Librairie Le Forum - Australie) Le projet de refacturation aux libraires des primes d’assurance Coface est annulé Au terme de réunions qui se sont tenues à Paris au dernier trimestre 2010 entre les représentants des libraires, des édi-teurs (sauf Hachette), du BIEF et du Mi-nistère de la Culture, le principe selon lequel les libraires n’ont pas à payer les primes d’assurance de leurs fournisseurs a pu être défendu. Cette décision fait suite au tollé qu’a provoqué l’annonce par la Centrale de l’Edition de la décision des éditeurs de refacturer aux libraires, à dater du 1er juillet, une partie des primes d’assurance de la Coface. Lourdement frappée par la crise écono-mique et la forte hausse des défaillances d’entreprises, la Coface justifie cette hausse par son taux de sinistralité su-périeur à 100% entre novembre 2008 et mars 2009 et sa perte nette de 163 mil-lions d’euros en 2009. La Coface a donc tenté de protéger sa rentabilité en aug-mentant le coût des primes d’assurance et en réduisant son exposition au risque, en reprenant 14% des garanties entre 2008 et 2009. La soudaineté de cette décision, prise sans concertation avec le secteur de la librairie, a suscité une réaction forte de l’AILF, du SLF (Syndicat de la librairie française) et du SLFB (Syndicat des li-braires francophones de Belgique) qui a permis le « gel » de la décision des édi-teurs, au moins jusqu’à la fin de l’année, et l’engagement par ceux-ci d’organiser trois réunions de concertation avec les li-braires, le Ministère français de la Culture prenant en charge à titre provisoire le montant de ces augmentations de primes. Grâce aux arguments défendus (secteur fragile, langue française en diminution dans le monde, frais d’approches lourds pour les libraires...) et à la mobilisation des représentants des libraires, des solutions alternatives à la refacturation des primes ont été recherchées. Et une mise en concurrence, par la Centrale de l’Edition, des organismes d’assurance crédit a per-mis que la Coface revienne sur sa déci-sion initiale. Par là même, les libraires évi-teront que leurs charges soient alourdies. Les libraires ont été protégés de la re-facturation des primes en 2010 grâce au Ministère français de la Culture qui a pris en charge à titre exceptionnel le montant des augmentations de primes. Le secteur de la librairie francophone reste fragile, et l’actualité est là pour le montrer. Ce n’est donc pas le moment de fragiliser davan-tage un réseau qui mène souvent un travail exemplaire à travers le monde, et que l’on juge par ailleurs indispensable, au point que le CNL vient d’adopter de nouvelles mesure de soutien au secteur. Aux frais de transport, de transitaires, de douane, aux taxes et aux facteurs d’insta-bilité politique, fallait-il ajouter les primes d’assurance des éditeurs ? Les libraires, à travers l’AILF, ont toujours été partisans de la concertation. Ils ont été entendus, ce dont ils se félicitent. Et ils espèrent que cette concertation interprofessionnelle se prolongera dans le futur. MISION EXPLORATOIRE AU MAROC Suite à la décision du conseil d’adminis-tration en mars 2010 de mener une mis-sion exploratoire au Maroc avec l’aide de Yacine Retnani (librairie Carrefour des Livres), nouvellement élu administrateur, et chargé de réorganiser la situation des li-braires au Maroc, je me suis déplacé pour y passer cinq jours en novembre 2010. J’ai pu visiter la plupart des librairies entre Casablanca et Rabat et échanger avec les libraires. Pour mieux comprendre leur situation, j’ai rencontré des éditeurs et des distributeurs marocains, ainsi que le directeur du ministère de la Culture, des responsables de plusieurs départe-ments du ministère et la nouvelle direc-trice du Bureau du livre de l’ambassade de France. Sans oublier le responsable de la filière « Métiers du livre » de la Fa-culté des Lettres et Sciences Humaines de Casablanca. Il est apparu que le manque de regroupe-ment des libraires au sein d’une associa-tion ou d’un syndicat ne leur permettait pas d’assurer une collaboration saine, constructive et permanente entre eux, mais aussi avec le ministère et le Bu-reau du livre. Ces derniers, convaincus qu’il est possible de professionnaliser le métier de libraire au Maroc sont prêts à y participer, à condition qu’il puisse y avoir comme interlocuteur une seule structure regroupant tous les libraires. C’est ainsi que le matin de mon départ, l’AILF a organisé une rencontre au Centre culturel français de Casablanca, qui a réuni des libraires, des éditeurs, la directrice du Bureau du livre de l’ambas-sade de France et trois représentants du ministère de la Culture marocain, ainsi que le responsable de la filière « Métiers du livre » (certains s’étant déplacés spé-cialement de Rabat). Il a été décidé qu’un regroupement de libraires verrait bientôt le jour, pour se réunir et définir les for-mations qu’ils souhaitent recevoir pour eux et leur personnel. Le ministère de la Culture et le Bureau du livre se sont engagés à participer avec l’AILF au fi-nancement et à l’organisation logistique de deux formations, l’une pour les pa-trons et les gérants de librairies et l’autre pour le personnel. Le responsable de la filière « Métiers du livre » est disposé à assurer à l’AILF une aide pédagogique. Suite à ces formations, il est également prêt à organiser au sein de la faculté des modules de formation continue, qui ré-pondraient aux besoins des libraires. La balle est maintenant dans le camp des libraires marocains. Pour assurer un meilleur avenir à leur métier, mieux dé-velopper leurs librairies et pour que leur mission pour la promotion de la lecture et de la culture francophone se fasse dans les meilleures conditions, ils doivent absolument s’entendre entre eux et collaborer. L’AILF et ses partenaires marocains et français n’attendent qu’un signe de leur part pour intervenir et assurer ces deux formations en 2011. Michel Choueiri Mise en page et maquette nathaliechoueiry@gmail.com
  • 8. En direct du réseau L e t t r e d ’ i n f o r m a t i o n d e l ’ A I L F Numéro 11 / 2010 La professionnalisation de notre métier de libraires et sa reconnaissance, conti-nuent de progresser. En huit ans, l’AILF a pris de l’ampleur et gagné en crédibilité. Grâce à ses membres et à ses partenaires, l’AILF est devenue incontournable lorsqu’on .évoque la chaîne et les métiers du livre Après les formations de formateurs et de libraires, les missions exploratoires, la caravane du livre et sa base de données, les séminaires inter-professionnels, le site web (www.librairesfrancophones.org) et la lettre électronique trimestrielle, nous voici dé- .but 2010 avec deux nouveautés La première, qui marque une grande étape dans notre histoire, est le lancement de la « charte du libraire francophone » en collaboration avec l’OIF, en octobre 2009 au salon du livre francophone de Beyrouth. Une façon pour nous de célébrer le 8ème anni-versaire de notre première rencontre qui était à l’origine de l’AILF, lors du sommet de la francophonie dans cette même ville en 2001. J’invite les libraires, membres ou non de l’AILF, qui seront présents au salon du livre de Paris, à participer à la présentation officielle de la charte le lundi 29 mars à 17h sur le stand du CNL, et par la même occasion, à formuler leur demande d’adhésion à cette charte. L’AILF est disposée à aider les libraires à atteindre les critères de cette charte. Nous espérons que la prochaine grande étape de l’histoire de l’AILF, d’ici quelques années, sera la création du « label .» du libraire francophone La deuxième nouveauté est la présence au, salon du livre francophone de Beyrouth, à l’initiative de l’AILF, de l’espace « Pavillon du Sud » (voir article en page 7). Celui-ci rappelle que notre association ne se soucie pas exclusivement des libraires, mais aussi de la chaîne du livre, de la diffusion de la langue française et plus particulièrement des cultures francophones. En même temps, je tiens à souligner la présence d’un stand de la région Île de France qui, en plus d’inviter des auteurs et des éditeurs, a convié trois libraires franciliens, membres de l’AILF, à participer au choix des livres exposés, des éditeurs et des auteurs, et à gérer et à animer le stand .pendant toute la durée du salon L’année 2009 et le début de l’année 2010 n’ont pas été sans tracas pour l’AILF et ses membres. Pas mal d’évènements nous ont secoués. Les librairies de Madagascar, dont la monnaie locale a connu une variation de 20% en trois mois, de leur taux de change avec l’euro. La Coface qui a appliqué, du jour au lendemain, des baisses de garanties, à des libraires des pays du Sud, des DOM et de l’Union Européenne, en pleine période de commandes pour les rentrées scolaire, universitaire et littéraire. Je remercie l’intervention de la Centrale de l’Edition, qui a fait tout son possible pour limiter les dégâts ; nous aurons d’ailleurs l’occasion d’en reparler durant la rencontre qui aura lieu sur le stand de la Centrale de l’Edition le mardi 30 mars à 9h30. Mais l’évènement le plus dramatique demeure le tremblement de terre survenu en Haïti. En plus de la catastrophe humaine qui a touché ce pays, il a détruit des librairies et bibliothèques. Qui n’a pas pensé à Solange et Monique Lafontant, dont la librairie familiale du centre-ville a été ravagée. Un extraordinaire élan de solidarité s’est créé autour d’elles. Dans un mail reçu de Monique Lafontant, elle me disait «Solange et moi sommes littéralement bouleversées par tous ces témoignages de solidarité ». Solidarité des éditeurs, des distributeurs, de nos partenaires ainsi que de nos libraires au Nord comme au Sud, qui chacun selon ses moyens, a organisé une opération d’aide aux librairies d’Haïti dans son pays. J’en profite pour les remercier au nom des libraires d’Haïti et de l’AILF. Je cite particulièrement le Syndicat de la libraire française, le Syndicat des libraires francophones de Belgique, l’association des libraires Quebequois, certains libraires au Sénégal, Liban, Egypte, Australie… Je remercie plus particulièrement, en lui disant que nous pensons beaucoup à elle et que nous sommes également prêts à l’aider, Maryline Noël au Chili qui, le jour où elle devait commencer son opération sur Haïti, .a connu elle aussi un tremblement de terre. Sa librairie a subi des dégâts et des fissures dus au séisme Enfin, et pour terminer avec deux notes positives, l’AILF dispose d’un nouveau siège social à Paris. Pour la première fois, l’AILF sera présente au salon du livre de Paris, non plus dans un petit recoin de l’Espace International, mais dans un bureau dédié à l’AILF et bien identifié à l’intérieur de ce même espace, grâce au BIEF et à l’OIF. Vous êtes cordialement invités à nous rendre visite, l’AILF assurera des permanences pour discuter avec les libraires et enregistrer les adhésions. Mais surtout n’oubliez pas notre rendez- .vous annuel pour l’Assemblée générale de l’AILF le dimanche 28 mars à 15h au Centre national du Livre Michel CHOUEIRI Président de l’AILF E D I T O Michel Choueiri
  • 9. En direct du réseau A s s o c i a t i o n I n t e r n a t i o n a l e d e s L i b r a i r e s F r a n c o p h o n e s Les rencontres professionnelles Construire ensemble un assortiment de livres maghrébins Les 21-22 juin 2009, un séminaire s’est tenu à Alger en présence de 3 libraires tunisiens, 4 marocains, 8 algériens. Donc au total,15 libraires réunis dans la salle de conférences de Ryad El Fath. Ce sé-minaire était organisé conjointement par le BIEF et l’AILF en collaboration avec l’ASLIA sur le thème de « l’Assortiment en librairie et la production francophone .» au Maghreb Ce programme comportait deux temps forts. Le premier consistait à présenter une sélection de titres et d’éditeurs de chaque pays maghrébin. Cette partie était importante puisqu’elle a permis aux participants de découvrir des auteurs et des maisons d’édition à travers des tours de table. Une sélection de 300 titres, par-ticulièrement en littérature, beaux livres, essais, littérature jeunesse, a également été collectivement conçue. Cet échan-tillon de livres a ensuite été présenté lors du Salon du livre de Beyrouth à l’occa-sion de « Beyrouth, capitale mondiale du livre ». Pour mener à bien cette sélection, des ateliers ont été constitués. Certains ont ramené des listings et catalogues qui ont grandement facilité la tâche lors des travaux. Une fois la sélection terminée, la deuxiè-me phase a été propice pour évoquer certaines difficultées rencontrées par les libraires, entre autres, l’importation des livres en provenance des pays voi-sins, dues à certaines contraintes tant administratives que fiscales. La rencon-tre d’Alger a permis aux participants de dégager trois grands axes, en guise de recommandations : • La sélection des titres sera rendue publique. Un suivi est fortement re-commandé pour évaluer, ou suivre les retombées du Salon de Beyrouth. • Le projet d’un fonds Maghreb présent dans les librairies du Maghreb avec une première sélection de 5 à 10 titres dès 2010. • Le prix des libraires du Maghreb. Le séminaire était animé par Smail M’hand, Nathalie Carré et Pierre Myszkowski. Smail M’Hand Les libraires d’Afrique de l’Ouest à l’heure des bilans Plus de vingt libraires d’Afrique de l’Ouest étaient réunis à Cotonou du 2 au 5 juillet 2009 pour un séminaire consacré aux en-jeux de la Caravane du Livre et de la Lec-ture en Afrique. Cette rencontre profes-sionnelle organisée en partenariat avec le BIEF sur un financement du ministère des Affaires étrangères, concernait les libraires des neufs pays de la sous-ré-gion impliqués dans l’organisation d’une Caravane du Livre et de la lecture dans leur pays (Sénégal, Togo, Ghana, Côte d’Ivoire, Bénin, Mali, Niger, Burkina Faso .)et Tchad Ce fut l’occasion de revenir sur les enjeux de l’opération à l’heure où celle-ci est re-connue et où ses effets sont importants d’un point de vue commercial et culturel. Cette rencontre a suscité une réflexion commune sur la professionnalisation des libraires à travers la Caravane du livre et, en particulier, sur l’identité du métier de libraire, sa visibilité et son engagement culturel. L’impact de l’opération sur l’ac-tivité commerciale de la librairie a égale- .ment permis de tirer des conclusions Une série d’outils de gestion a été conçue à partir des échanges d’expériences et a permis de préparer notamment un aspect fondamental qui est, la recherche de fi-nancement par les libraires impliqués dans la manifestation. Enfin, la rencon-tre avec les éditeurs africains également réunis à Cotonou a mis en place un véri-table échange de points de vue. Libraires et éditeurs ont reconnu qu’ils devaient mieux se connaître pour mieux travailler ensemble. Les libraires ont énuméré ce qu’ils attendaient des éditeurs pour que leurs livres soient plus visibles en librairie, de leur côté, les éditeurs ont interpelé les libraires sur un certain nombre de points. L’objectif était de mettre en place les fondements d’une véritable coopération panafricaine qui porterait ses fruits pour que l’édition locale soit mieux distribuée et mise en valeur. Ce séminaire était animé par René Yedieti, Agnès Ajaho, Philippe Goffe et Anne-Lise Schmitt. Anne-Lise Schmitt Libraires et éditeurs francophones avaient rendez-vous à Beyrouth Pendant trois jours, libraires et éditeurs francophones se sont rencontrés à Bey-routh, capitale mondiale du livre, à l’oc-casion du salon du Livre. Des échanges, organisés par le BIEF et l’AILF, qui se sont avérés riches, positifs mais qui ont souligné un certain nombre de questions et d’inquiétudes pour l’avenir. La circulation du livre dans l’espace fran-cophone est, on le sait, problématique. Frais de transport élevés, barrières doua-nières et bancaires, autant d’obstacles à surmonter, qui incitent à la pratique de cession de droits ou de coéditions, en particulier à une époque où le développe-ment de la vente en ligne et du livre nu-mérique préoccupent libraires et éditeurs francophones. Les six éditeurs francophones et l’agent littéraire invités à ces rencontres ont évoqué diverses expériences de coopé-ration allant des coéditions aux cessions de droit. La plupart ont été des réussites, quelques-unes des échecs, mais l’ana-lyse par les éditeurs de ces expériences permet de tracer la voie vers une meilleu-re coopération. Les neuf libraires invités à témoigner sur les nouveaux visages de la librairie fran-cophone ont expliqué comment ils déve-loppaient avec ingéniosité et créativité de nouvelles pratiques pour rencontrer leur public et toucher de nouvelles clien-tèles. Ces témoignages étaient riches en anecdotes et en photos qui ont per-mis de mieux comprendre le contexte de certaines librairies. Etre libraire dans une zone non francophone a été un sujet passionnant développé par Rénata Sa-der (Culture&Co à Dubai et Abou Dhabi), Madeline Progin (Parenthèses à Hong Kong), Jacques Bernard (Le Forum en Australie) et Patrick Suel, librairie Zadig à Berlin. Ces libraires ont tous développé un réseau relationnel et ne ménagent pas les animations pour faire vivre le li-vre français dans des contextes très di-vers. Une demi-journée a été consacrée à la transmission d’une librairie avec, là aussi, des expériences passionnantes qui ont mis en relief la difficulté de pas-ser le relais, mais en même temps, qui ont montré qu’une nouvelle génération de libraires abordait ce métier avec un regard différent et d’autres compétences de l’année
  • 10. aujourd’hui indispensables, notamment en informatique. Tous se sont accordés à reconnaître qu’une transmission se pré-pare longtemps à l’avance et s’accompa-gne. Ces débats entre libraires et éditeurs, fort denses tout au long de ces trois journées, attestent d’une réelle volonté de coopé-ration. En outre, les expériences menées par l’AILF pour valoriser les productions du Sud dans le cadre de la Caravane du livre ont fait leurs preuves. Dernièrement, le séminaire d’Alger, co-organisé avec le BIEF, a permis aux libraires de constituer un fonds Maghreb composé d’éditeurs des trois pays. Mais les craintes aujourd’hui semble-raient porter sur l’avenir du livre numé-rique et sur la révolution que cela impli-querait dans l’organisation de la chaîne du livre. Editeurs et libraires se montrent inquiets, même si la version papier et le nécessaire rôle de médiateur-conseil du libraire ne pourront disparaître du jour au lendemain. Anne-Lise Schmitt Libraires et éditeurs assistant, après leur rencontre, au lancement offiiciel de la Charte )du libraire francophone à Beyrouth (octobre 2009 Les nouvelles aides aux librairies francophones à l’étranger Cette année, le Centre national du livre met en place un nouveau dispositif de soutien aux librairies francophones à l’étranger qui vise à soutenir le maintien et la pérennisation d’un réseau de librairies de référence, acteurs de la promotion de la production éditoriale française à l’étranger. Il s’adresse aux librairies étrangères commercialisant uniquement du livre français mais égale-ment, sous certaines conditions, aux grandes librairies internationales souhaitant créer ou développer une offre commerciale en .français »Un agrément «Librairie francophone de référence La création de cet agrément a pour objectif de favoriser la pérennisation et le renforcement d’un réseau de librairies de qualité .commercialisant du livre français à l’étranger. Toute librairie en activité depuis au moins 3 ans peut déposer un dossier Ce nouveau dispositif s’articule autour de deux types d’aides. Cet agrément, valable 3 ans, ouvre la possibilité de candidater à deux dispositifs d’aide : • diversification des fonds : subventions à l’achat de livres, exclusivement en français ; • valorisation des fonds : soutien à la réalisation d’actions régulières de promotion de la création littéraire française, sous forme d’animations ou de mise en place d’outils d’information et de service autour de l’actualité éditoriale française (sites inter-net, édition papier ou électronique de catalogues thématiques, bulletins d’information...). Les demandes de subvention pour la diversification ou pour la valorisation des fonds en langue française peuvent être présentées .conjointement à une demande d’agrément Une aide à la création de librairie Destinée à accompagner, pendant trois ans, les projets de création de librairies francophones et de fonds d’ouvrages en français, cette aide porte sur la constitution des fonds mais également sur les outils permettant le développement qualitatif de l’activité : informatisation rendant possible la gestion de fonds en français, outils de sélection bibliographique pour la constitution des fonds, formation de personnels francophones. Au terme de 3 ans d’activité, les librairies qui remplissent les conditions deviennent éligi-bles à l’obtention de l’agrément « librairie francophone de référence » et aux dispositifs afférents. Les dossiers doivent être transmis en double exemplaire : • directement au Centre national du livre, pour instruction • auprès des services culturels de l’ambassade de France, pour avis de leur part Les dates limites de dépôt des dossiers sont fixées aux : 30 mars / 30 juillet / 30 novembre. Les commissions se tiennent entre 6 et 8 semaines après ces dates. .CNL- Bureau des échanges internationaux: Natacha Kubiak, Hôtel d’Avejan 53, rue de Verneui 75343 Paris cedex 07 Tél. : 00 33 (0)1 49 54 68 43 / Mail. : natacha.kubiak@culture.fr Ou à l’Ambassade de France dans le pays de résidence de la librairie. Site: www.centrenationaldulivre.fr