1. En février, nous, la classe des Seconde B du
Lycée Français International Marguerite
Duras d’Ho Chi Minh Ville, sommes partis
dans les hauts plateaux du Vietnam pour
approfondir nos connaissances sur une
minorité : les Bahnar.
Les secondes B à l’orphelinat Vinh son 6
Les Bahnar font partie des nombreuses
minorités ethniques du Vietnam, vivant dans
les hauts plateaux de la région de Tay
Nguyen, aux alentours de la ville de Kon Tum.
Ils appartiennent à la famille Mon-Khmer.
Depuis longtemps, cette population peuple
les lieux avec une autre minorité qui vit dans
cette région, les Jarai, et suivent ainsi les
traditions que transmettent leurs ancêtres.
Les Bahnar vivent tous dans des villages plus
ou moins éloignés de la ville de Kon Tum.
Aujourd'hui nous pouvons séparer cette
minorité en deux groupes : les animistes et les
catholiques. En effet à l’arrivée des
missionnaires français au XIXe siècle dans la
région, de nombreuses familles furent
converties au catholicisme. Mais les villages
les plus éloignés sont restés très animistes et
reçoivent peu de visites d’étrangers. Nous
avons donc pu collecter plus d’informations
sur les villages catholiques et notre guide,
Carte des groupes ethniques du Sud-Vietnam Monsieur Son, nous a fourni quelques
Source : L’Agence centrale de renseignement (CIA) éléments sur les Bahnar animistes.
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2. Nous avons eu l’occasion de visiter un
village Bahnar et nous avons pu
constater que leur vie reste très
rustique et traditionnelle. Toutes les
maisons sont sur pilotis, la plupart sont
en bois même si, pour éviter que le
bois pourrisse et pour que la maison
soit plus solide, les Bahnar construisent
désormais des maisons en briques. On
retrouve les maisons sur pilotis dans
beaucoup de minorités ethniques, les
raisons en sont toujours les mêmes : se
protéger contre les bêtes sauvages, le
bas des maisons servant aussi d’étable
pour les animaux de ferme (vaches,
cochons et poules). Avant la tombée
de la nuit, les femmes Bahnar stockent
le bois autour de la maison. On peut
Maison traditionnelle bahnar sur pilotis, aussi y trouver des cercueils que la
le « Rung », par Lê Kim-Ly famille prévoit à l’avance.
Maintenant un petit tour chez les
Bahnar animistes. Ils ont un génie pour chaque fleuve, source, montagne, etc. Ils
suivent exactement les traditions des
ancêtres. Ils croient en trois monde : Maison sur pilotis avec stockage de bois en dessous
celui des vivants, des morts et celui des
génies. Pour eux, le monde des morts
est parfaitement similaire au notre : les
esprits vivent toujours dans le village et,
comme les vivants, les morts ont aussi
besoin de nourriture, de vêtements,
d’une maison et d’argent. C’est pour
cela que la famille du mort l’enterre
avec les objets nécessaires à sa vie
future et construit une hutte au-dessus
de la tombe, qui représente la maison
de l’esprit.
Les Bahnar sont des gens très pieux
envers leurs ancêtres et envers ceux qui ont quitté le monde des vivants pour rejoindre
celui des morts. Quand il y a un mort, tout le village doit assister aux cérémonies. Toute
la famille est mobilisée pour les préparatifs : les femmes doivent préparer la nourriture
alors que les hommes vont dans la forêt pour trouver un gros tronc d’arbre pour la
fabrication d’une tombe pour le mort. Les veufs et les veuves doivent porter le deuil
pendant un an.
La conception du monde des génies pour les Bahnar est à peu près la même que la
notre car ils le désignent comme les « les cieux, en haut ». Les cieux sont l’endroit où
résident les Génies les plus puissants. Les Génies ont une vue déformée, c’est-à-dire
qu’ils ne voient pas comme nous. Par exemple, les Mânes, les âmes des morts, voient
une gourde mais les Génies verront un buffle. Les Génies vivent de la même façon que
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3. les Bahnar, ils ont aussi une maison, des objets, etc. Ils viennent de temps en temps dans
le monde des vivants pour recevoir leurs offrandes. Ils sont invités par les vivants à venir
s’installer à côté de l’officiant lors des sacrifices qui leur sont offerts. La différence
essentielle entre le monde des vivants et le monde des Génies est que la vie de ces
divinités se déroule six mois avant la nôtre. À côté des génies protecteurs, il y a des
esprits malfaisants : ce sont des génies féroces à qui les Bahnar ne demandent rien, ils
cherchent simplement à les chasser.
Chez les Bahnar ce sont les femmes qui décident ! Envie de venir vous installer ici
mesdames ? Pas si vite, même si ce
sont les femmes qui ont le pouvoir,
ce sont quand même elles qui
travaillent le plus !
Très tôt le matin, elles partent dans
les champs cultiver le manioc,
principale culture de la région. Les
femmes Bahnar sont également de
très bonnes tisseuses de tissu
traditionnel.
Ici, ce sont elles qui choisissent leur
mari, les parents ne sont là que pour
faire respecter les traditions et les
Femmes Bahnar entrain de danser une danse rites. Pour les mariages, les familles
traditionnelle autour d'un feu doivent s’échanger une vache et les
deux familles doivent inviter tout le
village. L'homme vient s'installer chez la femme pendant un an ; la femme partira plus
tard dans la famille de son époux.
Après la naissance du premier enfant, le couple peut s’installer dans sa propre maison.
Quand un nouveau-né atteint l’age d’un mois, la coutume veut qu’on organise la
cérémonie dite « hlom don » au cours de laquelle on lui perce les lobes d’oreille. C’est
un rite qui permet de protéger l’enfant des mauvais signes à sa mort. Une fois les lobes
percés, l’enfant est considéré comme membre de la famille. La coutume Bahnar
impose au mari de rester au foyer auprès de son épouse et de ses enfants.
Les Bahnar n'avaient pas de monnaie, leur
commerce se faisait par du troc, des
échanges de bœufs, de bijoux, de jarres ou
de gongs qui restent des instruments très
importants dans leur tradition. Selon les
Bahnar les meilleurs gongs viendraient du
Laos, pays frontalier du Vietnam, la frontière
ne se situant pas loin de Kontum, ce qui
favorise le commerce entre les deux pays
et surtout entre les minorités Bahnar du
Vietnam et celles vivant au Laos.
Gong Bahnar « Cens»
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