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James Marcelin
envisage de quitter
le football !
Gérald Bordes
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ACTUALITÉ
SOCIÉTÉ
SPORT
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Carrefour-feuilles :
entre insalubrité
et devoir citoyen
Pierre Clitandre
L
a croissance, dit-on,
correspond à la variation
positive de l’activité d’un
pays, qui s’analyse par une
évolution des prix, de la production
des biens et services, ainsi que des
revenus. Notre économie, connait-
elle une variation positive de ses
activités ? N’est-elle pas plutôt
moribonde ?
Pour mesurer la croissance, dit-on
encore, l’indicateur le plus utilisé est
le produit intérieur brut (PIB). Le
PIB permet de déterminer la valeur
de tous les biens et services produits
dans un pays.
Comment va notre PIB ? Celle
qu’on grossit avec les retombées
conjoncturellesdela«reconstruction
» ? Et les prix, ne caractérisent-ils pas
une inflation calamiteuse ? Notre
production de biens et de services
: se rappelle-t-on encore dans ce
pays ce que c’est que de produire
des biens et services ? Nos revenus
? Parlons-en. Quid de leur juste et
équitable répartition, la première
des fonctions régaliennes d’un État ?
L’État haïtien prêt à
affronterlesDominicains
MARDI 13 OCTOBRE 2015 NUMÉRO 103
HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / OMC
Le ministre du Commerce et de l’Industrie, Jude Hervé Day.
BUDGET 2015-2016
Quelle croissance ?Le gouvernement veut faire de l’agriculture, la locomotive de la croissance
économique. Soit. Mais s’est-on demandé d’où sortira la locomotive de croissance
de… l’agriculture haïtienne ? Car pour déplacer une locomotive et lui attacher un
certain nombre de wagons, faut-il bien qu’elle soit en mesure de se mouvoir par ses
propres moyens, sur des rails, avec un itinéraire, des gares, un réseau. De quelle
Vers une
nouvelle gestion
des mandataires
Lionel Édouard
C
ette lettre ne plaide point
en faveur de Simon
Pierre Granville. Il oublia
trop facilement qu’il avait
été pendant longtemps du petit
nombre de ceux que comblait le
gouverneur général. C’est de cette
monnaie qu’il le payait de retour.
Quelles que fussent ses angoisses
et ses inquiétudes au sujet du sort
de sa femme et de ses enfants, il
devait certains ménagements à
son ancien bienfaiteur aujourd’hui
dans le malheur.
Pourtant, après la trêve de Mai
1802, Granville revit sa famille qui
lui apprit, à sa confusion, toutes
les bontés et les attentions que
Louverture avait eues pour elle.
Revenons à Jonathas Granville.
Ses études achevées à Paris, il
fréquenta quelque temps, l’école
de Médecine… Mais ne se sentant
aucun goût pour cette profession, il
embrassa la carrière des armes. A
ce moment-là, l’étoile de Napoléon
brillait de son plus vif éclat. On était
au lendemain d’Ulm et d’Austerlitz,
et à la veille d’Iéna.
La lecture des bulletins jetait
chaque fois le jeune homme
dans une fièvre d’enthousiasme.
Le 20 février 1806, il signait un
engagement volontaire de 10 ans.
Et le 10 mars suivant, il était versé,
comme canonnier au 1er régiment
d’artillerie de marine. Durant six
mois, il courut les mers sur les
vaisseaux « Jean-Bart » et « l’Océan
» et réchappa miraculeusement
d’un naufrage dans le voisinage de
l’île d’Aix.
Mais, ce fut en 1813, durant la cam-
pagne d’Allemagne, que Jonathas
Granville trouva enfin l’occasion de
montrer sa vaillance de soldat. Il
se battit courageusement à Lutzen
(21 mai), à Bautzen, à Wurtchem
(21 et 22 mai), à Dresde et dans
les montagnes de Bohème (26, 27,
28, 29 et 30 août). A Leipzig, il fut
simplement un héros. Il y reçut
huit blessures dont quelques-unes
assez graves. Laissé pour mort
parmi les cadavres qui jonchaient
le champ de bataille, il fut fait pris-
onnier, après que deux escadrons
de cavalerie lui eurent passé sur
le corps. Durant cette campagne
d’Allemagne, Granville avait gagné
tous ses grades : sergent, sergent-
major, sous-lieutenant, lieutenant
et officier de la légion d’honneur.
Rentré de captivité, il servit en
Vendée pendant les Cent jours. Là
encore, il accomplit un fait d’armes
qui sauva sa division. Cette action
d’éclat, qui devait décider de sa
fortune dans la carrière, resta sans
effet, le désastre de Waterloo ayant
ruiné ses plus légitimes espérances.
Granville revint en son pays
d’origine, dans les premiers jours de
1816, à peu près à la même date que
son camarade de la grande armée,
le français Frédéric Martin, celui-
là même qui devait jouer un rôle
si important dans les négociations
franco-haïtiennes de 1824.
Granville reçut un paternel accueil
de Pétion. C’était une précieuse
acquisition pour la République que
ce nouveau citoyen de belle culture.
Le Président l’engagea tout de suite
à s’unir à une jeune haïtienne de la
meilleure éducation. Le mariage
fut célébré avec pompe à Volant-le-
Tort(1)
.
Auparavant, Granville avait été
commissionné arpenteur pour
l’Ouest. Cette profession était très
convoitée parce que lucrative… On
était encore au temps où les haïtiens
entraient en possession, à titre de
fermiers ou de propriétaires, des
terres laissées par les colons.
Il remplissait en même temps dans
l’armée les fonctions d’instructeur
de génie.
Au mois d’octobre 1817, il était
nommé Substitut du Commissaire
du Gouvernement près le tribunal
de première Instance… Mais
l’année suivante fut pour Granville
une année de deuil avec la mort
de Pétion. Il perdait son conseiller
et son protecteur. Jamais plus il
ne retrouvera quelqu’un pour
s’intéresser à un si haut point à son
avancement.
Boyer, il faut bien le reconnaître,
le prit aussi en grande estime,
du moins au début de son
gouvernement.
En 1819, il nomma Granville,
substitut au parquet de Cassation et
plus tard (1820), il l’appela auprès
de lui, comme chef des bureaux
de la guerre, à la Secrétairerie
générale. Granville était là en
contact permanent avec le Chef
de l’État et travaillait avec lui en
intimité. Mais, l’atmosphère n’était
plus celle d’avant la mort de Pétion.
Boyer ne laissait guère de liberté
et d’initiative à ses collaborateurs.
Ils devaient se résigner à être
les exécuteurs de la volonté du
président et courber une tête docile
sous ses admonitions.
C’est miracle que Granville restât
trois années aux bureaux de la
guerre. Avec son tempérament fier
et indépendant, la rupture devait
venir plus tôt que plus tard. Elle
éclata en 1824 à l’occasion d’une
immigration de noirs américains
en Haïti. Boyer l’avait chargé de s’en
occuper…
Et à cette fin il s’était rendu aux
États-Unis. Sans qu’il fût de sa
faute, cette immigration se fit en
dehors des conditions prévues.
D’où déboires et mécomptes pour
le gouvernement et les immigrés
eux-mêmes. Rentré de sa mission,
Granville eut la douleur de
recevoir les plus vifs reproches du
Président. Il donna sa démission
de chef des bureaux, se considérant
comme une victime des intrigues
du Secrétaire d’État Inginac qui
avait pris ombrage de lui.
A la suite de cette première
déception, Granville s’occupa
d’enseignement. C’était une de
ses occupations favorites… En
garnison à Brest et à Rochefort,
il avait couru le cachet; et de
retour au pays, il avait, dans les
premiers temps, donné des leçons
particulières aux jeunes gens en
retard. Il ouvrit donc une école
de garçons qui, en peu de temps,
fit concurrence au lycée national
dirigé alors par le Dr. de Pescay.
Quand celui-ci partit en France
pour y mourir, Boyer dut ratifier
le choix qu’avait fait spontanément
l’opinion publique, en nommant
Granville à la place du défunt.
L’année d’après, il cumula
la direction du lycée et le
commissariat du gouvernement
près le tribunal de Cassation. Mais
il devait résigner volontairement
cette dernière pour aller défendre
devant le tribunal correctionnel
son ami et condisciple au collège
de la Marche en même temps que
son compagnon d’armes, Joseph
Courtois, directeur de « La Feuille
de Commerce », accusé d’un délit
de presse.
Du jour au lendemain, le nom
de Jonathas Granville était sur
toutes les lèvres. On avait depuis
longtemps perdu l’habitude des
gestes chevaleresques. La ville des
Cayes, en signe de son admiration,
lui décerna une médaille d’or
qui lui fut remise par Hérard
Dumesle. Granville reçut, dans
la même circonstance, une lettre
de félicitations du jurisconsulte
et homme politique français
Isambert.
Son acte était vraiment méritoire.
C’étaitàlafoisdudésintéressement,
du courage et de la fidélité à l’amitié
malheureuse. Il avait donné sa
démission sans barguigner, encore
qu’il sût qu’il allait s’attirer la
colère et peut-être les rancunes du
Président Boyer qui était l’homme
le plus vindicatif du monde.
La défense de Courtois fut un gros
succès pour Granville. Jamais le
prétoire haïtien n’avait ouï une
langue si pure ni plus incisive, ni
plus élégante.
C’était comme un écho attardé
des grandes voix des assemblées
révolutionnaires de France. La
cause se prêtait du reste aux
envolées.
Il s’agissait de la liberté de la presse,
chose encore nouvelle chez nous.
Certains traits sur la liberté et les
vertus républicaines n’avaient pas
encore déchu au rang de clichés.
Granville enthousiasma l’auditoire.
Au don de la parole, il joignait
l’aspect physique de l’orateur. D’une
taille au-dessus de la moyenne, la
tête haute et les regards assurés,
tout son être respirait la franchise
et la fierté. D’un teint vieil ivoire, il
avait les cheveux crépus et ras.
Le jour du plaidoyer, il portait son
costume d’apparat : habit noir,
culotte de drap de soie noire, bas
de soie noire, cravate blanche,
chaussures découvertes avec
boucles d’or.
Granville mit le gouvernement
en très mauvaise posture devant
l’opinion. Et si Boyer ne le révoqua
pas de la direction du lycée, c’est
qu’il craignait de mécontenter
outre mesure la ville de Port-au-
Prince.
À suivre
Par Placide David*
Extrait de « Placide David : Figures His-
toriques » – Collection Textes retrouvés,
sous la direction de Michel Soukar, Edition
C3, Haïti 2013.
(1)
Bien de campagne de Pétion.
| TRIBUNE
2 | N0
103 MARDI 13 OCTOBRE 2015
Jonathas Granville (2)
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ACTUALITÉ |
MARDI 13 OCTOBRE 2015 N0
103 | 3
»»» suite de la première page
J
ude Hervé Day, le ministre
haïtien du Commerce et
l’Industrie revient, dans le
cadre d’une conférence de
presse donnée dans la matinée du
12 octobre, sur la mesure adoptée
par le gouvernement interdisant
l’arrivée par voie terrestre de
23 produits dominicains. Par
rapport à cette disposition, Hervé
Day précise que la « décision est
souveraine et vise à renforcer notre
situation fiscale. Nous n’avons pas
de programmes d’interdiction des
produits dominicains », il est juste
question d’« inviter la République
dominicaine à faire entrer ses
produits (en Haïti) par des ports
que nous contrôlons ».
Le contrôle de qualité des produits
et le contrôle fiscal justifient cette
mesure selon le gouvernement.
Dans cette idée, le titulaire du
MCI, explique que le constat de
« pertes insupportables estimées
à près de 300 millions de dollars
américains» à la frontière pour une
Haïti qui attend de l’international
« un portefeuille consolidé de 70
millions » pour établir son budget.
Alors, « dans une perspective de
respect pour soi, je ne crois pas qu’il
faille continuer à courir après 70
millions de dollars tandis que nous
avons les moyens de récupérer une
bonne partie des 300 millions de
dollars de pertes à la frontière »,
poursuit M. Day.
Les dirigeants veulent donc
se montrer responsables en
adoptant cette décision. Toutefois,
cette bonne partie des pertes
qu’ils comptent récupérer, est
difficilement chiffrable, ou
pas chiffrable tout court. « Ce
serait démagogique de vous
communiquer des chiffres », dixit
le ministre Day, qui croit que tout
ne peut être qu’estimation dans le
présent contexte.
Sur le site du journal dominicain,
Listín Diario, il a été évoqué que
les responsables dominicains ont
déposé une plainte par-devant le
comité d’accès aux marchés de
l’OMC en date du 29 septembre.
Face à cette éventualité, le ministre
du Commerce et de l’Industrie
en parle, comme d’une source de
contentement : « moi, je serais
content que cela arrive à l’OMC.
Pour que nous puissions aborder
des problèmes qui interpellent la
communauté haïtienne du point de
vue industriel et commercial. C’est
un bon débat ».
« En attendant que je me présente
par-devant une communauté qui
aura à concilier ce qu’on considère
comme un différend avec la
République dominicaine, nous
nous préparons pour cela, nous
sommes des gens responsables »,
affirme Hervé Day. Également,
« nous faisons partie de l’OMC,
nous savons où nous sommes et la
direction à prendre et sur quoi nous
appuyer », a-t-il ajouté. Concernant
la plainte, il est mentionné qu’Haïti
viole un accord paraphé avec la
République dominicaine, à cela, le
ministre Day juge que les autorités
d’un pays peuvent décider de
revenir sur un accord qui ne sert
plus leurs intérêts.
HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / OMC
L’État haïtien
prêt à affronter
les Dominicains
Les autorités haïtiennes se disent prêtes à répondre
par-devant l’Organisation mondiale du Commerce
(OMC) à toute plainte de la République voisine sur
la mesure d’interdiction d’entrer par voie terrestre
de 23 produits dominicains. L’annonce d’une plainte
des Dominicains au comité d’accès aux marchés
de l’OMC est publiée dans les médias dominicains,
notamment sur Listín Diario, le mardi 6 octobre
dernier. La chancellerie haïtienne précise qu’il n’est
pas question de plainte, mais d’une communication
des inquiétudes. Et quant à l’éventuelle répercussion
de cette mesure sur les prix des produits concernés, le
MCI parle d’un gouvernement responsable.
Le doigt dans la plaie
Le débat public en Haïti est très souvent marqué par des sujets qui ne
touchent en rien aux véritables problèmes de la population. Quand, à de
rares moments, on va vers le primordial et l’urgent, la discussion baisse
de plusieurs tons. Le rire narquois émerge. Les petites tapes affectives
pleuvent et nos horribles drames sociaux ne reçoivent que quelques
éraflures de rhétorique.
C’est à se dire est-ce par malhonnêteté intellectuelle ou par un déficit
d’éthiquedansladiscussionquenousensommesàcettefaçond’entretenir
des conversations et des polémiques.
Le principe même du débat public et de l’échange en temps de démocratie
est un principe qui institue le langage comme instance permettant d’aller
vers les dysfonctionnements des modèles idéologiques, des logiques de
classes et des formes de management public qui fondent nos modes et
moyens d’existence.
Ici en Haïti, le débat public va très souvent et très vite vers le futile et
le vilain. On rit de tout. Papa Bon Dieu n’est jamais loin. Une logique
de fuite discursive et de marronnage convictionnel s’installe dans les
consciences et les pratiques de parole qui envisagent des sujets de société.
C’est à se demander si nous sommes incapables d’être quelque peu sérieux
pour nous massifier derrière l’essentiel.
La vérité n’est pas un fait de communication, elle est un fait de vie. La
fuir, c’est se condamner à périr dans l’indignité. La vérité maintenant en
Haïti donne à voir des universités au sein desquelles la parole savante est
en perte de vitesse ; elle cède le pas à la débrouillardise, à un semblant
d’ascétisme académique, à des échanges enflammés sur le football et à
la naissance de groupuscules de plaisantins qui se revendiquent de la
gauche.
Nos universités prennent de l’eau de partout. Beaucoup des professeurs,
détenteursd’unsimplemaster,nesontpascapablesdemarquerclairement
une réelle plus-value intellectuelle. Les infrastructures physiques de nos
universités avilissent la pensée parce qu’en rien elles ne correspondent
aux minima de disponibilités matérielles qui facilitent la transmission et
la production de savoirs.
La vérité des vérités donne à voir une population haïtienne qui ne mange
que sa misère. Au sein de quelques restaurants en Haïti, la couleur de
peau détermine quelque peu le traitement obtenu. Il y a une infime partie
de la population qui a accès au crédit et qui peut voyager. Avec le principe
des « pèpè », certains États impérialistes font d’Haïti leurs poubelles. Un
tsunami peut se déverser sur la ville du Cap à tout moment. Port-au-
Prince, pour reprendre l’écrivain haïtien Louis Philipe Dalembert est un
Port-aux-Crasses. Les « kokorat » du champ de mars vont nous demander
des comptes dans quelques années. Et encore et encore, le flux peut être
très macabre.
Mais, de toutes ces choses, on ne dit rien en profondeur. On ne creuse
pas notre tragique. Sur deux heures de discussion, on parle du dernier
but de Messi en ligue des champions, du nouveau look de Rihanna, du
mariage pour tous et de la réplique de Juan Carlos à Rosalinda dans telle
télé-novela.
Est-ce qu’il y a des forces politiques ou économiques qui détournent,
compte tenu de leurs intérêts, l’attention de la population de l’essentiel ?
Si non, qu’est-ce qui nous empêche de prendre le futile pour du futile afin
de nous ouvrir aux sujets de discussion qui traitent en profondeur et sur
le long de ce qui détermine nos vies.
Quand nous mettrons-nous à mettre le doigt sur nos plaies ?
Dangelo Néard
ÉDITO
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A
près le premier décaisse-
ment effectué lors du
premier tour des législa-
tives, le gouvernement
a rendu disponible la deuxième
tranche de la subvention allouée
au financement des élections.
Selon Jean Fritz Jean Louis qui
intervenait sur ce dossier le lundi
12 octobre 2015, le ministère de
l’Économie et des Finances est déjà
prêt à débloquer les fonds moyen-
nant les pièces justificatives. Il con-
vie ainsi les responsables des partis
politiques à remplir le formulaire
de demande au Conseil électoral
provisoire au cours de la semaine
afin de pouvoir réclamer la sub-
vention auprès du ministère des
Finances.
Le CEP, de son côté a déjà emboîté
en lançant un appel aux partis
politiquesàremplirleformulaireles
habilitant à recevoir la subvention.
« Le Conseil électoral provisoire
informe les partis et groupements
politiques que, dans le cadre de
la subvention de la campagne
électorale pour les présidentielles
et locales, les formulaires de
financement sont disponibles à la
Direction des affaires juridiques,
sise à la route de Frères, au numéro
133»,précisel’institutionélectorale
un communiqué de presse.
Plus loin, le CEP invite les
représentants légaux des partis
et groupements politiques ou
toute personne mandatée à
cet effet, munis de leur Carte
d’identification nationale, à passer
à l’adresse susmentionnée en
vue de remplir ledit formulaire.
Ce deuxième décaissement est
assorti de conditionnalités selon
les précisions du ministre chargé
de la Question électorale. Les
partis ayant reçu la première
tranche doivent fournir un rapport
préliminaire sur la façon dont cet
argent a été dépensé.
Pour sa part, maître Mosler Georg-
es, directeur exécutif du CEP, a
précisé avoir déjà reçu des rapports
de quelques partis politiques dont
le parti Respè. La majorité des par-
tis bénéficiaires de cette subven-
tion semble ne s’être pas encore
conformés à cette obligation légale.
Pourtant l’article 128 du décret du
2 mars 2015 est sans équivoque
en édictant que trente (30) jours
après la publication des résultats
officiels, le parti, groupement poli-
tique ayant reçu une subvention
de l’État est tenu de faire parvenir
au Conseil électoral provisoire et
au Ministère de l’Économie et des
Finances (MEF), le bilan finan-
cier détaillé, signé d’un comptable
agréé, accompagné des pièces jus-
tificatives des dépenses se rapport-
ant à ladite subvention dans le cad-
re des joutes électorales .
Faute par le parti ou groupement
politique de se soumettre à cette
obligation, il est interdit de toute
activité politique pendant cinq (5)
ans au moins et dix (10) ans au
plus à prononcer par le BCEN sur
convocation du Président du CEP.
Après le délai de trente (30) jours
prévu à l’alinéa ci-dessus le Conseil
électoral provisoire ou l’État
haïtien dénonce le fait, aux fins
de poursuites légales au tribunal
correctionnel pour détournement.
Aussi, convient-il de souligner
que suivant la formule qui a été
trouvée, les 500 millions alloués
au financement des élections ont
été distribués ainsi : 10 % pour les
partis politiques agréés par le CEP,
20 % pour les candidats agréés à la
présidence ayant été inscrits sous
la bannière d’un parti politique,
10 % destinés aux candidats agréés
au Sénat, 20 % aux candidats
agréés à la députation, 25 % aux
candidats agréés aux municipalités
et collectivités territoriales et 15
% pour les partis ayant présenté le
plus de candidats de sexe féminin,
ceux ayant un handicap physique
ainsi que les candidats détenant un
niveau universitaire sanctionné par
au moins une licence. À en croire
les propos de Jean Fritz Jean Louis,
les derniers 15 % devraient être
aussi distribués lors de ce dernier
décaissement.
Noclès Débréus
| ACTUALITÉ
4 | N0
103 MARDI 13 OCTOBRE 2015
Le ministre chargé de la Question électorale, Jean Fritz Jean Louis.
Photo (archives) : J.J. Augustin
HAÏTI / ÉLECTIONS / FINANCEMENT
La deuxième tranche
de la subvention disponible
La deuxième tranche de la subvention accordée aux partis politiques est disponible. C’est ce qu’a annoncé
le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Question électorale, Jean Fritz Jean Louis,
qui invite les responsables des partis et regroupements politiques impliqués dans le processus électoral à
passer à la caisse après avoir rempli les formalités exigées. Ce deuxième décaissement, d’un montant de 300
millions de gourdes, concerne les candidats à la présidence ainsi que ceux des municipalités.
L
e ministère de l’Éducation
nationale et de la For-
mation professionnelle
(MENFP) se mobilise pour
implémenter un enseignement
répondant aux réalités et aux be-
soins du pays. C’est dans cette op-
tique que le titulaire du MENFP
multiplierait ses efforts en vue de
rénover l’enseignement secondaire.
Le système traditionnel a échoué.
Nesmy Manigat veut rompre
avec les vieilles pratiques de cet
enseignement axé sur le « par
cœur ». Ce qui a conduit à l’échec
de plus de 67 % d’élèves. « Il n’est
pas normal qu’en 2015 il n’y ait que
33 % de nos cohortes d’élèves après
neuf années d’études qui restent en
salle de classe », déplore-t-il.
Selon le titulaire du MENFP, ce
sont les lycées de la République qui
doivent donner de bons exemples.
Le MENFP, lance-t-il, est le
ministère de tous les établissements
tant publics que privés. Mais il
revient aux écoles publiques de
donner le ton, en faisant montre
de discipline, de responsabilité et
d’organisation pour aboutir à de
bons résultats.
Revenant sur les résultats des
examens du baccalauréat, Nesmy
Manigat a fait savoir que beaucoup
d’entre eux sont pratiquement
inacceptables, cette année. « Il
n’existe aucune raison, aucun
moyen d’expliquer que les résultats
du département de l’Ouest (zone
métropolitaine de Port-au-Prince)
soient en dessous de la moyenne
nationale de 5 et 10 points d’écart»,
s’est-il plaint.
Causesdel’échec
Contrairement aux critiques
attribuant cet échec à des carences
en énergie électrique, lacunes des
professeurs, manques de moyens,
le ministre veut toucher la plaie
du doigt. Ce fiasco découle d’un
désintérêt des élèves vis-à-vis de
l’inadéquation des pratiques de cet
enseignement. Les élèves, avance
M. Manigat, étudient leurs leçons
par cœur. Ils pensent qu’ils sont
en train de perdre leur temps. Ils
ne savent pas ce qu’ils étudient.
Ils le font juste pour obtenir
leur moyenne, mais ils ne les
comprennent pas véritablement.
De plus, il a rapporté que des élèves
lui avaient déclaré : « Monsieur le
ministre, nous remarquons que
nous sommes des autodidactes. Il
existe plein de disciplines que nous
devrions apprendre afin de gagner
notre vie. Mais nous ne les trouvons
pas dans le système éducatif actuel.
Ce qui nous contraint d’aller
ailleurs, et non en salle de classe ».
Aujourd’hui, souligne Nesmy
Manigat, il n’existe nulle part dans
le cursus de ce secondaire des cours
permettant aux jeunes de cerner la
réalité du pays. Étant donné que
le système est une école sur âgée,
ils apprennent des notions, entre
autres, économiques, ailleurs.
Plusieurs milliers de jeunes
talentueux sont en train d’être
broyés par ce système. Celui-
ci, affirme-t-il, ne permet pas
d’identifier chez eux leur talent de
peintres, d’artistes, de musiciens, de
chanteurs. Et ces jeunes pourraient
les mettre à profit dans leur intérêt,
ceux de leurs parents et du pays,
a insisté le Ministre, arguant que
notre école n’est plus adaptée à la
réalité du monde.
Larénovationdu
secondaire:Passage
obligé
Déterminé, le titulaire du MENFP
a fait remarquer que pour venir à
bout de ce système, la rénovation
du secondaire demeure le passage
obligé. Elle consiste, dit-il, en une
école adaptée rompant avec celle
qui s’apparente à un passe-temps.
Ainsi, les élèves bénéficieront des
compétences particulières par
l’introductiond’autresprogrammes
adéquats dans le cursus.
Selon Nesmy Manigat, une équipe
du Ministère s’est déjà mise au
travail en vue de mettre tous les
matériels de ces modules à la
disposition des enseignants dès le
16 octobre prochain, sur le site de
ladite institution. Cette démarche,
précise-t-il, permettra d’arriver
graduellement à la formation
massive des enseignants. Et
ces derniers vont faire en sorte
que toutes les matières soient
obligatoires d’ici l’année prochaine.
Quant aux matières traditionnelles,
le ministre a tenu à préciser qu’elles
serontmaintenuescetteannée,alors
que les nouvelles seront dispensées
sous forme de séminaires, d’ateliers
et de tutorat. Il s’agit, souligne-t-il,
de préparation en ce qui concerne
ces nouvelles matières afin de les
mettre en place progressivement.
En outre, poursuit le patron
du MENFP, elles ne seront pas
comptabilisées, cette année,
pendant les examens. Il a fait savoir
que les modalités de prise en charge
peuvent toujours subir certaines
modifications. Mais l’introduction
de ces quatorze matières se fera
progressivement dans le cursus.
Ce, en vue d’être prêt durant l’année
académique 2016-2017.
Reynold Aris
ACTUALITÉ |
MARDI 13 OCTOBRE 2015 N0
103 | 5
Le ministre de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat. / Photo : Ruben Chéry
HAÏTI / ÉDUCATION
Le MENFPs’engage à rénover
le secondaire
Le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) a réitéré son engagement
de parvenir à une école de réussite. « Il faut lutter pour le maintien des élèves au niveau secondaire après
quatre années vers la réussite scolaire. Ce qui sera une étape cruciale vers la réussite socioprofessionnelle ».
C’est ce qu’a déclaré le titulaire du MENFP, Nesmy Manigat, lors du congrès des directeurs de lycée tenu
les 8 et 9 octobre 2015 à l’hôtel Mariott, Turgeau (Port-au-Prince).
| ACTUALITÉ
6 | N0
103 MARDI 13 OCTOBRE 2015
»»» suite de la page 3
Selon les informations fournies au
National par Euvonie Georges Au-
guste, lors d’un entretien télépho-
nique, le lundi 12 octobre 2015,
Alix Compas aurait fait des décla-
rations attestant qu’elle a été exclue
de la « Konfederasyon Nasyonal
Vodouyizan Ayisyen » par l’Ati
Max Gesner Beauvoir, peu de
temps avant sa mort, pour fraudes
administratives.
Une déclaration qui frustre
l’intéressée. Mme Auguste exige,
sans négociations aucunes, qu’Alix
Compas fournisse, par-devant la
Justice, des preuves pouvant soute-
nir cette déclaration osée qui, selon
elle, peut même nuire à sa réputa-
tion de grand serviteur au sein de
la KNVA.
En la circonstance, ils ont tous deux
été auditionnés vendredi dernier
par Me Shela Monsanto, juge au
parquet de Port-au-Prince. Et Alix
Compas, l’auteur des déclarations,
est attendu au parquet, mercredi
prochain, avec les preuves pouvant
démontrer qu’effectivement Euvo-
lie Auguste a été impliquée dans
des actions frauduleuses au sein de
la confédération.
À défaut de preuves convaincantes,
M. Alix Compas va devoir adresser
des excuses publiques à toute la «
Konfederasyon Nasyonal Vodouy-
izan Ayisyen » en général, et en
particulier au « grand servitoriat
de la KNVA », selon ce qu’a fait
savoir le grand serviteur, Mme Eu-
volie Georges Auguste.
Un duelpour assurer
l’intérim
La cause occasionnelle de cette dis-
cordance au sein de la KNVA a été
la désignation officielle d’Augustin
Saint Clou comme le remplaçant
de Max Beauvoir par un groupe de
prêtres s’identifiant comme mem-
bres de la « Konfederasyon Nasyo-
nal Vodouyizan Ayisyen ».
Ce choix a été contesté par une
frange de cette même confédéra-
tion. Et depuis, les membres de
l’organisation n’arrivent pas à
s’entendre sur le choix du rempla-
çant de l’Ati national, Max Gesner
Beauvoir, décédé depuis un mois
environ.
Suivant ce qu’a avancé Euvonie
Georges Auguste, au cas où l’Ati na-
tional serait empêché, les principes
de la Confédération prévoient que
seul le grand serviteur est habilité à
assurer l’intérim. Euvonie Georges
Auguste qui dit être le grand ser-
viteur de la KNVA, réclame de
plein droit le titre d’Ati national
de la confédération. Compte tenu
des critères d’éligibilité qu’elle a
partagés avec la salle des nouvelles
du Journal, pour accéder au grade
d’Ati, le houngan ou serviteur doit,
entre autres, être âgé de 57 ans ac-
complis, avoir au moins 31 ans de
sacerdoce, être une référence dans
le secteur, et doit être une personne
de charisme, jouissant d’une bonne
vie et mœurs.
Abordé sur ce point, Augustin
Saint Clou déclare qu’il n’y a aucun
autre Ati au sein de la KNVA à part
lui. Il dit avoir été choisi par les es-
prits, l’énergie de l’Ati Beauvoir, en
plus qu’il est élu officiellement par
l’ensemble des organisations mem-
bres de la KNVA. Un choix qui,
selon M. Saint Clou, découle des
bonnes relations qu’il avait avec
l’Ati Beauvoir, et pour avoir été
également le conseiller général de
la KNVA.
Concernant l’exclusion d’Euvonie
au sein de la KNVA, M. Saint
Clou qui ne veut pas révéler les
choses secrètes de la confédéra-
tion a simplement attiré l’attention
sur une mésentente qu’il y a eue
entre l’Ati Beauvoir et Mme Au-
guste. Laquelle mésentente avait
occasionné l’abandon sans excuses
d’Euvonie pour une période d’un
an et demi environ. L’ancien agent
intérimaire de la commune de Car-
refour rejette d’un revers de main
les critères d’éligibilité avancés par
Mme Auguste. Les critères qui ont
été approuvés par l’Ati Beauvoir,
indique-t-il, ont été une période de
20 ans de sacerdoce, et le houngan
devrait être âgé de 50 ans accompli,
etc. M. Saint clou croit fermement
qu’il est éligible puisqu’il est âgé de
51 ans et que son temps de service
au sein de la KNVA est de 21 an-
nées.
S’agissant de la désignation de Car-
line Vergelin comme le nouveau
représentant du secteur vaudou au
sein du Conseil électoral provisoire
(CEP), Mme Auguste ne veut pas
reconnaître ce choix. Ce ne sera
pas le représentant du secteur vau-
dou, car, indique-t-elle, le secteur
vaudou n’a jamais eu de représent-
ant au sein de ce Conseil.
Selon elle, le choix de Me Néhémy
Joseph avait découlé d’une entente
entre certains partis politiques. Les
deux personnages qui ont été ef-
fectivement proposés par le secteur
vaudou, indique le grand serviteur,
ont été refusés par les autorités
concernées.
Evens RÉGIS
Beaucoup croient que les coûts des
produits concernés par la mesure
vont augmenter sur le marché, à
cela la réponse est « Le (…) MCI
est chargé de rendre le produit
disponible à un prix déterminé
» sur le marché. « Toutes les
directions sont là au travail. S’il
faut qu’on prenne des dispositions,
c’est nous l’État. Nous connaissons
le coût d’un produit sur le marché
externe et nous en connaissons la
charge. Nous pourrons donc en
déterminer les prix sur le marché
(local) », rassure le ministre.
Pasdeplainte à l’OMC
contre Haïti
Contacté par Le National, le
chancelier haïtien, Lener Renauld
rectifie. « Il n’y a pas de plainte
contre Haïti à l’OMC. « Les
Dominicains ont exprimé leurs
appréhensions, leurs inquiétudes
», déclare au National le ministre
Renauld.
Les produits concernés par la
mesure d’interdiction haïtienne
sont la farine de froment, l’huile
comestible, le savon de lessive,
l’eau potable, l’emballage en foam,
la peinture, le beurre de cuisine, la
mantègue et les pâtes alimentaires
entre autres. Cette mesure est
effective depuis le premier octobre.
En tout cas, déjà, de l’autre côté de
la frontière, la Fédération nationale
des transports dominicaine
(Fenatrado) prend des dispositions
pour pousser les autorités
haïtiennes à revenir sur leur
décision d’interdire l’entrée sur le
sol par voie terrestre de 23 de leurs
produits. Ces syndiqués informent
qu’à partir du lundi 12 octobre,
ils ne permettront plus l’entrée
d’Haïtiens, même en possession de
passeport ou d’un visa dominicain
dans leur pays.
Visiblement déterminés, ces
protestataires se disent prêts
à poursuivre leur mouvement
indéfiniment. Depuis le vendredi 9
octobre, ils ont bloqué totalement
le transport terrestre commercial
aux quatre points de passage
officiel de la frontière et la
suspension des marchés bilatéraux
à Jimani, Pedernales, Elías Piña
et Dajabón. Du côté haïtien, des
commerçants à Ouanaminthe et
des riverains haïtiens qui vivent le
long de la frontière ont annoncé des
manifestations contre la décision
du gouvernement haïtien.
Stephen Ralph Henri
HAÏTI/VAUDOU
Discorde au sein de la famille
Suites aux plaintes déposées par Euvonie Georges Auguste, répondant au titre de grand serviteur au sein
de la « Konfederasyon Nasyonal Vodouyizan Ayisyen (KNVA) », le parquet de Port-au-Prince a invité, le
vendredi 9 octobre 2015, le nommé Alix Compas, également membre de la ladite confédération, à fournir
L’État haïtien prêt à affronter
les Dominicains
ACTUALITÉ |
MARDI 13 OCTOBRE 2015 N0
103 | 7
M
osler Georges, di-
recteur exécutif de
l’institution électora-
le, a expliqué que le
nombre élevé de candidats à la pré-
sidence, 54 au total, ne facilite pas
la tâche du Conseil. En effet, il faut
autant de mandataires que de can-
didats pour l’observation des élec-
tions présidentielles, sans compter
les législatives et les municipalités
programmées également au 25 oc-
tobre prochain.
Cette situation risque de
provoquer d’autres troubles lors
du déroulement du scrutin, tenant
compte de l’exiguïté de la majorité
des centres et des bureaux de
vote. Aussi, le Conseil a décidé de
procéder par relève pour arriver à
gérer de manière plus efficace, la
quantité de mandataires accrédités.
Un tirage au sort devrait être
organisé dans la matinée du 25
octobre, d’après les précisions de
Me Mosler George qui répondait
aux questions de Haïti Press
Network. Il a insisté sur le fait que
ce tirage devrait avoir lieu avant
l’ouverture des bureaux de vote,
c’est-à-dire, à partir de 6 heures
AM et concernerait seulement
les personnes qui ont été dûment
accréditées par le Conseil électoral.
Sicetteméthodeestacceptéeparles
partis politiques, Mosler Georges
explique que les mandataires
devront rentrer dans les centres
et les bureaux de vote par groupe
de dix, toutes les 2 heures, afin de
suivre le déroulement du scrutin.
Mais pour éviter tout brouhaha, le
directeur exécutif du CEP a tenu
à signaler que des orienteurs y
seront également placés, avec pour
charge de faciliter la rotation des
représentants de partis politiques.
Cette formule qui est envisagée
par le CEP devra être soumise aux
partis politiques avant la fin de la
semaine.
Une rencontre sera organisée à
cet effet, avec les représentants
des structures politiques
concernées, en vue de discuter de
ladite proposition. Par ailleurs,
Mosler Georges a informé
que les accréditations pour les
organisations et groupements
politiquessontdisponiblesàl’Unité
d’observation électorale, sise à la
route de Frères, au numéro 133.
Rappelons que celles octroyées aux
journalistes sont toujours valables
pour les élections du 25 octobre.
La distribution des mandats qui
avait accusé un retard préjudiciable
le 9 août dernier, débutera cette fois
comme promis, le mardi 13 octobre
pour finir le jeudi 15 octobre,
une manière de faciliter les partis
politiques dans le déploiement de
leurs représentants et d’éviter tout
dérapage le jour du scrutin.
Lionel Édouard
HAÏTI / ÉLECTIONS
Vers une nouvelle gestion des mandataires
La question des mandats et mandataires qui avait été l’une des plus grandes failles enregistrées lors du
scrutin du 9 août 2015 continue de hanter les conseillers électoraux. Pour pallier le problème, plusieurs
rencontres ont été organisées en vue de dégager une formule capable de faciliter la gestion du nombre élevé
relève.
Le directeur exécutif du CEP, Mosler Georges. / Photo (Archives) : J.J. Augustin
8 | N0
103 MARDI 13 OCTOBRE 2015
| MONDE
H
illary Clinton sera
mardi soir au centre
du plateau du premier
débat organisé entre les
candidats à l’investiture démocrate
en vue de l’élection présidentielle
de novembre 2016 et retransmis
en direct par CNN. Après les deux
débats agités et mouvementés
organisés par le Parti républicain,
qui ont attiré de très larges
audiences notamment du fait de
la présence de Donald Trump,
les échanges entre les démocrates
devraient être plus mesurés. Mais
le débat, programmé à Las Vegas
à 20h30 (02h30 mercredi, heure
de Paris, intervient à un moment
délicat pour Hillary Clinton.A son
entrée en campagne, en avril, l’ex-
secrétaire d’Etat, sous le premier
mandat de Barack Obama, était la
grandissime favorite de la primaire
démocrate. Son aura a été depuis
largement entamée par l’affaire
des courriels - elle s’est servie de sa
messagerie personnelle au lieu d’un
compte officiel lorsqu’elle dirigeait
la diplomatie américaine. Ses
déboires ont favorisé l’émergence
dans les sondages du sénateur
indépendant du Vermont Bernie
Sanders, qui se présente comme
un « socialiste démocrate », et
alimenté les spéculations autour
d’une possible candidature de
l’actuel vice-président, Joe Biden,
qui n’a toujours pas mis fin à
l’ambiguïté. Trois autres candidats
seront sur le plateau de CNN. Mais
Martin O’Malley, Lincoln Chafee et
Jim Webb n’ont pas su faire décoller
leurs campagnes.
HILLARYCLINTON
RESTEFAVORITE
Hillary Clinton fait toujours
figure de favorite mais sort d’un
été mouvementé et le début de
l’automne ne lui a pas été plus
favorable.
Celle qui entend effacer son échec
de 2008, lorsque Barack Obama
lui avait barré la route lors de sa
première tentative d’investiture
démocrate, a été rattrapée par
l’affaire des courriels envoyés de
sa messagerie privée lorsqu’elle
dirigeait la diplomatie américaine
(2009-2013).
Résultat, elle est passée en août et
pour la première fois sous les 50
% d’intentions de vote mesurées
auprès d’électeurs inscrits comme
démocrates. Et sa cote auprès de
l’opinion américaine en général
est au plus bas depuis mars 2001.
Le mouvement s’est poursuivi : un
sondage Reuters/Ipsos publié mi-
septembre ne mesurait plus que
huit points d’écart entre Hillary
Clinton (à 39 %) et Bernie Sanders
(31 %). A 67 ans, l’ex-Première
dame, qui a également été élue
sénatrice de l’Etat de New York en
2000, peut néanmoins compter sur
sa puissance financière et sur le
professionnalisme de ses équipes
de campagne. En trois mois de
campagne, elle a levé 45 millions de
dollars,unrecord-en2011,Obama
en avait levé trois de moins sur la
même période. Depuis la rentrée,
elle a multiplié les initiatives,
détaillantsonplanpouruncontrôle
des armes à feu et proposant de
démanteler les banques jugées
trop importantes pour faire faillite,
de mieux contrôler le système
bancaire parallèle et, afin de mettre
un frein aux abus de Wall Street,
d’augmenter les amendes que
les régulateurs peuvent imposer
aux sociétés financières et à leurs
dirigeants. Elle a également pris
position contre le projet d’oléoduc
géant Keystone, qu’elle juge en
contradiction avec la lutte contre
les dérèglements climatiques.
BERNIESANDERS,
LA SURPRISE
Le sénateur indépendant du
Vermont, Bernie Sanders, 74 ans,
est la surprise de l’été. Celui qui
n’hésite pas à se dire « socialiste
démocrate » a profité à plein des
problèmes de Hillary Clinton,
attirant les foules dans ses meetings
de campagne. Entre juillet et août,
il a progressé de dix points dans les
intentions de vote, à 29 %, tandis
que Hillary Clinton en perdait
neuf à 47 %. Dans le dernier
sondage Reuters/Ipsos en date,
il est même pour la première fois
donné à moins de dix points de
l’ex-Première dame et des enquêtes
d’opinion le placent en tête dans le
New Hampshire et l’Iowa, les deux
Etats qui lanceront le processus
des élections primaires en début
d’année prochaine. Occupant
l’espace à gauche du parti, il veut
élargir la couverture maladie,
augmenter le salaire minimum,
taxer davantage les plus hauts
revenusetrendrelesuniversitésplus
accessibles. Mais sa progression se
heurte à ses mauvais scores auprès
des minorités, notamment les
Afro-Américains. Guère habitué
aux débats nationaux en prime-
time, il jouera gros mardi soir. Il
a pourtant refusé de répéter avec
ses conseillers dans les conditions
de l’émission, a confié la semaine
dernièreàReuterssonporte-parole,
Michael Briggs. Sanders n’entend
pas interpeller Clinton sur l’affaire
des courriels. “Il pense qu’il y a des
choses plus importantes”, a ajouté
Briggs. Martin O’Malley, 52 ans,
ancien gouverneur du Maryland,
se positionne lui aussi comme
une alternative plus à gauche que
Hillary Clinton. Sa pré-campagne
s’est focalisée sur les excès de Wall
Street et les injustices sociales. Mais
ilnedécollepas.Lederniersondage
CBS News le donne à 1%. A 62 ans,
Lincoln ChafeeE a d’abord été un
élu républicain au Sénat avant de se
présenter en candidat indépendant
à l’élection du gouverneur de
Rhode Island pour finir au Parti
démocrate en 2013. Il veut extraire
les Etats-Unis de leur implication
dans de coûteuses guerres à
l’étranger et fait de l’éducation, des
infrastructures et de la santé ses
priorités. Lui non plus n’a pas réussi
à s’immiscer dans la lutte. CBS le
mesure aussi à 1 %.Jim Webb, 69
ans, a représenté la Virginie au
Sénat américain de 2007 à 2012.
Dans son annonce sur son site
internet, JimWebb’16, cet ancien
secrétaire à la Navy du président
républicain Ronald Reagan, qui a
fait la guerre du Vietnam, est connu
pour ses critiques sans détour de la
politique étrangère des Etats-Unis
et pour son soutien aux militaires
américains en mission à l’étranger.
Le dernier sondage CBS News lui
accorde 2 % des intentions de vote
des démocrates.
QUIDDEJOEBIDEN
Les intentions de l’actuel vice-
président, Joe Biden, au côté de
Barack Obama depuis leur « ticket
» victorieux de 2008, agitent la
classe politique.
L’hypothèse Biden, dont Barack
Obama disait il y a un an dans
l’hebdomadaire New Yorker qu’il
ferait un « superbe président »,
a pris de l’ampleur à mesure que
la campagne de Hillary Clinton
patinait. Fin août, la Maison
blanche a salué l’habileté et
l’expérience politiques de Joe
Biden qui, à 72 ans, a déjà tenté
à deux reprises l’aventure des
primaires, en 1988 et 2008. Au
début du mois, Barack Obama
a souligné l’importance du vice-
président dans son dispositif mais
a refusé de se prononcer sur son
éventuelle entrée en lice. « Il a ses
propres décisions à prendre », a-t-il
dit. Mais le temps presse pour Joe
Biden, actuellement mesuré autour
de 16 % dans l’électorat démocrate,
s’il entend briguer l’investiture.
Pour l’heure, il entretient le doute.
Mi-septembre, invité du Late Show
sur CBS, il expliquait avec émotion
quelamortrécentedesonfils,Beau,
ne le mettait pas dans une position
lui permettant de se dévouer corps
et âme à une nouvelle candidature
à la présidence américaine. Sans
pour autant fermer la porte.
Source : Reuters
Reuters/Reuters - Hillary Clinton sera mardi soir au centre du plateau du premier
débat organisé entre les candidats à l’investiture démocrate en vue de l’élection
présidentielle de novembre 2016 et retransmis en direct par CNN. /Photo prise le
8 octobre 2015/REUTERS/Yuri Gripas
Premier débat télévisé aux Etats-Unis
de la primaire démocrate
MARDI 13 OCTOBRE 2015 N0
103 |9
MONDE|
L
e secrétaire d’Etat français
aux Affaires européennes
Harlem Désir a indiqué
lundi que l’UE avait
donné son feu vert politique à une
suspension de l’application des
sanctions européennes contre le
Bélarus, après la réélection « dans
un climat apaisé » du président
Alexandre Loukachenko.
« Pour les quatre prochains mois,
il y a la décision de suspendre les
sanctions mais (elles) peuvent être
remises en œuvre immédiatement
si cela était justifié », a déclaré M.
Désir à la sortie d’une réunion des
ministres européens des Affaires
étrangères à Luxembourg. La
décision, déjà entérinée au niveau
des ambassadeurs, doit encore
être formellement adoptée par
l’Union européenne, a toutefois
expliqué une source européenne,
précisant qu’elle n’avait pas figuré à
l’agenda de la réunion ministérielle
à Luxembourg. Les sanctions en
question visent 175 personnes et 14
entités, dont les avoirs ont été gelés
dansl’UEetquisontprivéesdevisas.
Ce feu vert « fait suite à la fois à la
libération de plusieurs prisonniers
politiques - dont nous demandions
depuis déjà plusieurs mois qu’ils
soient relâchés - et aux élections
qui viennent de se dérouler »,
a expliqué le secrétaire d’Etat
français. Le scrutin de dimanche,
lors duquel le président autoritaire
Alexandre Loukachenko a été
réélu pour un cinquième mandat
avec plus de 83 % des voix, a eu
lieu « dans un climat apaisé même
si nous attendons les rapports des
observateurs pour en avoir un
bilan complet », a ajouté M. Désir.
L’Organisation pour la sécurité et
la coopération en Europe (OSCE),
qui avait déployé des observateurs,
a toutefois évoqué des « problèmes
importants dans le comptage et
le dépouillement » des bulletins.
Elle a en revanche noté que «
tous les candidats ont pu faire
campagne » et qu’un « accès égal
en temps leur a été offert dans
les médias d’Etat ». Le président
du Parlement européen, Martin
Schulz, a pour sa part estimé que ce
scrutin n’est « pas à la hauteur des
critères démocratiques » et qu’il
ne constitue « pas une bonne base
pour réévaluer les relations entre
l’UE et le Bélarus ».
« Nous souhaitons encourager (...)
une évolution vers la démocratie,
verslerespectdel’Etatdedroit,vers
évidemment le respect des droits de
l’Homme » au Bélarus, déjà associé
à l’UE par le « partenariat oriental
» auquel participent également
l’Ukraine, la Géorgie ou l’Arménie,
a expliqué M. Désir.
M. Loukachenko avait été inscrit
sur la « liste noire » de l’UE en
janvier 2011 en raison de la
répression violente qui avait suivi
sa réélection contestée fin 2010.
« La libération des trois prisonniers
politiques était pour nous un signe
attendu, très important. Il a été
effectué et donc on veut encourager
le régime à évoluer dans cette
direction », a encore dit M. Désir.
« Mais (...) à tout moment, si
le constat était d’un retour en
arrière », l’UE pourrait revenir
sur sa décision, a-t-il prévenu.
Concrètement, l’UE va d’ici la fin
du mois reconduire pour quatre
mois les sanctions, qui arrivent
à expiration le 31 octobre. Mais
elle va en même temps décider
de suspendre leur application.
Une levée définitive des sanctions
sera entretemps examinée par
l’UE. « Nous avons dit que nous
pouvons évaluer en début d’année
prochaine, à la fin janvier », si les
conditions sont réunies, a expliqué
le chef de la diplomatie allemande
Frank Walter Steinmeier.
L’UE compte toutefois maintenir
seulement quatre personnes sur
la liste noire, accusées d’avoir
participé à des disparitions
d’opposants politiques, ainsi que
l’embargo sur les armes décrété
contre le régime.
Source: AFP
L
’émissaire de l’Onu pour la
Syrie, Staffan de Mistura,
espère amener la Russie et
les Etats-Unis à s’entendre
sur la formation à propos de la
Syrie d’un ou plusieurs « groupes
de contact » à même de mener des
négociations de paix. Le diplomate,
qui s’adressait à la presse lundi à
Genève, a annoncé son départ pour
Moscou, où il sera mardi pour des
discussions sur le conflit qui le
conduiront ensuite à Washington.
« Ce qu’il faut à tout prix éviter à
ce stade (...) c’est une poursuite
du conflit (...) et une partition
qui est déjà perçue dans les faits
comme une possibilité, et que nous
considérerionscommeunetragédie
», a déclaré Staffan de Mistura. « La
situation risque de se transformer
en cocktail toxique, combinaison
d’Afghanistan, de Libye et de
Somalie. Il est donc urgent
d’entamer un processus politique
», a-t-il ajouté. La campagne de
bombardements aériens russes a
déjà entraîné le déplacement de
40 000 civils et ils pourraient être
bien plus nombreux à quitter le
pays si les combats s’intensifient, a
souligné l’émissaire de l’Onu. Pour
sortir de l’impasse, les Nations
unies espèrent réunir au sein de
groupes de travail les principaux
acteurs du conflit, dont la Russie,
les Etats-Unis, l’Arabie saoudite,
l’Iran, la Turquie et d’autres pays
de la région. « Si certains pays ne
veulent pas se parler directement,
on peut imaginer des groupes de
contacts séparés qui pourraient
ensuite discuter par l’intermédiaire
de l’Onu », a suggéré le diplomate.
Staffan de Mistura a une nouvelle
fois appelé l’aviation de Bachar al
Assadàcesserdedéverserdesbarils
d’explosifs sur les zones civiles et
demandé à Moscou de respecter
les cessez-le-feu qui étaient en
vigueur avant l’intervention russe
dans plusieurs villes du pays pour
permettre l’évacuation des civils et
des blessés.
Source : Reuters
AFP/AFP/Archives - Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, le 10 mai
2015 à Minsk
Reuters/Reuters - L’émissaire de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, espère
amener la Russie et les Etats-Unis à s’entendre sur la formation à propos de la Syrie
d’un ou plusieurs “groupes de contact” à même de mener des négociations de
paix. /Photo prise le 12 octobre 2015/REUTERS/Denis Balibouse
Feu vert de l’UE pour suspendre l’application
des sanctions contre le Bélarus
L’Onu veut que Russie et Etats-Unis
s’entendent sur la Syrie
Discernement et le
dépassement de soi
La croissance est un terme utilisé
par les économistes pour décrire
une augmentation de la produc-
tion sur le long terme. Deux types
de croissance sont distingués par
les économistes. La croissance ex-
tensive désigne l’augmentation des
quantités de facteurs de produc-
tion.
Cette croissance permet la créa-
tion de nouveaux emplois. La
croissance intensive correspond à
l’augmentation de la production
par l’intermédiaire des gains de
productivité. Est-ce cas chez nous
? Pourquoi ce déficit carabiné de
notre balance commerciale ? Où
sont les emplois ? Réinvestit-on
chez nous les gains de productivité
? Ne vivons-nous pas plutôt dans
une économie de rente ? Dans des
estimations préliminaires relatives
aux comptes économiques publiés
en décembre 2014, l’Institut haïtien
des statistiques et d’informatique
(IHSI) annonçait déjà un exercice
fiscal 2014-1015 plutôt morose
avec l’incertitude politique qui per-
dure. N’est-ce pas encore le cas, en
ce début de nouvel exercice fiscal ?
Cette situation, estimait l’IHSI,
« est de nature à provoquer chez
les agents économiques une sorte
d’attentismequiseraitplutôtnéfaste
pour le dynamisme de l’économie ».
Il ne croyait pas si bien dire, excep-
tion faite, bien sûr, des oligarques
et de leurs états-majors qui ont
su, comme à l’accoutumée, faire
ripaille et bombance aux dépens
de notre économie. Inutile de rap-
peler les circonstances entourant
l’éclatement de la bulle financière
haïtienne, ses antécédents, ses con-
séquences sur la monnaie natio-
nale, les prix des produits de pre-
mière nécessité. Inutile également
de rappeler le laxisme de certaines
factions des secteurs de pouvoir
dominants, l’opportunisme et le
cynisme des autres. Ainsi, pour
sauvegarder les acquis des années
antérieures et maintenir Haïti sur
une trajectoire de croissance, con-
cluait l’IHSI, « les maitres mots
restent et demeurent l’esprit de dis-
cernement et le dépassement de soi
qui permettront de transformer la
morosité annoncée (...) en une an-
née de grandes opportunités pour
l’économie haïtienne.
Etl’agriculture?
Les estimations du Ministère
de l’Agriculture des Ressources
naturelles et du Développement
rural (MARNDR), depuis quelque
temps déjà, indiquent un déclin du
secteuragricole.En2014,ceconstat
nous renvoyait notamment aux
cultures céréalières et vivrières. Il
en est résulté une chute de 1.5 % de
sa valeur ajoutée à prix constants.
Il en résulte régulièrement une
chute de la valeur ajoutée. Et pas
seulement des prix des cultures
céréalières et vivrières.
Les conditions climatologiques,
racontent les autorités pour
justifier l’injustifiable, n’ont pas été
tout à fait clémentes, car certaines
régions du pays ont connu une
rude sécheresse qui a mis à mal
la performance de la branche
agricole.C’esttout?Quiddesautres
facteurs, endogènes et exogènes,
structurels et conjoncturels ?
Lesstatistiquesetle
cirquedesjongleurs
En 2011, Le Fonds monétaire in-
ternational (FMI) pronostiquait
pour Haïti un taux de croissance
de 7.8 % pour 2012. Cette augmen-
tation de plus de deux points, ar-
gumentaient à l’époque les experts
de l’institution de Bretton Woods,
était due aux efforts de reconstruc-
tion du pays après le séisme de jan-
vier 2010.
Comparée à la République domini-
caine – 4.5 % en 2012 –, cette
prévision faisait d’Haïti le pays
ayant la plus forte croissance pro-
jetée de toute la Caraïbe. Signalons
que la région, en état de convales-
cence après avoir vécu une longue
récession caractérisée par des taux
d’endettement élevés et par une
forte dépendance du touriste, es-
pérait dans son ensemble un taux
de croissance de 3.75 % en 2012 et
de 4 % en 2013.
Pour la même période, l’Institut
haïtien d’informatique et de
statistique (IHSI) enregistrait
pourtant “un taux de croissance
du produit intérieur brut (PIB) de
4.5 %, après les 3.4 attendus pour
l’exercice fiscal 2012-2013”. Mais ce
n’est pas tout. L’IHSI constatait par
ailleurs que “l’économie haïtienne
n’a pas pu atteindre l’objectif de
croissance de 3.6 % de croissance
qui a été fixé pour l’exercice fiscal
2013-2014”.
2013. Le FMI récidive. Il publie un
Rapport mondial sur les perspec-
tives de l’économie qui prévoie
pour l’île d’Hispaniola en 2014 et
2015 “le plus fort taux de crois-
sance économique de la région
de la Caraïbe”. Dans ce rapport, le
Fonds prédit pour la République
dominicaine “le plus fort taux de
croissance de la région des Cara-
ïbes, suivie par Haïti”.
En 2014, précisait le rapport, la Ré-
publique dominicaine connaitra
une hausse de 5,3 % de son PIB,
suivi par Haïti avec 3,8 %. Là en-
core, il était question du plus fort
taux de croissance de la région des
Caraïbes, la République domini-
caine devenant en 2015 “le leader
dans la région”, avec une croissance
moyenne du PIB sur deux ans de
4,75 % pour la République domini-
caine. Haïti se hissait à la seconde
place avec une croissance moyenne
de 3,7 %.
Finalement, à court d’arguments,
les voilà forcés, ces jongleurs
doublés d’acrobates, de ramener le
taux de croissance projeté à hauteur
de 2 %, ce taux minimum qui,
combiné à l’inflation carabinée,
fait de notre économie un espace-
temps où il fait bon de vivre.. dans
la stagflation.
Unnouveauparadigme
s’impose
Il faut une révolution des men-
talités pour changer le paradigme
économique actuel. Il faut sortir
de l’économie de rente. Il faut une
nouvelle classe d’entrepreneurs
pour instrumentaliser cette révolu-
tion.
Il faut une nouvelle classe
d’entrepreneurs parallèlement à
cette classe d’oligarques spécu-
lateurs. Des entrepreneurs qui
réinvestissent leur argent dans
l’économie. Au début, il faut les aid-
er à capitaliser leurs entreprises à
partir d’un Fonds d’investissement
ou d’une Banque de développe-
ment. Et cette capitalisation devrait
pouvoir les inciter à produire, en-
core et encore, et à investir leurs
profits dans l’économie. Encore et
encore.
Le “plan” pour Haïti, tel que conçu
par nos “maitres queues” et leurs
alliés locaux, est de ne pas produire
afin de ne pas entrer en concur-
rence avec les produits étasuniens
et dominicains. Ce “plan” est con-
tre toute velléité de production
nationale. Ils essaient de nous per-
suader – à tort, naturellement, qu’il
faut laisser aux banques commer-
ciales privées le soin de financer la
production locale. Ces dernières,
on le sait maintenant, en majorité,
préfèrent financer le déficit com-
mercial et réinvestir leurs gains à
l’extérieur du pays.
Une banque de développement
ou un Fonds d’investissement est
ce qu’il faut – de toute urgence —
pour aider à capitaliser les PME
et les PMI haïtiennes avec un taux
d’intérêt très bas. Et non pas à un
taux usuraire. De quoi retrouver
notre capacité à produire, du
ciment, par exemple, pour ne plus
avoir à en importer au bout de
4 à 6 ans d’efforts. Une nouvelle
classe d’hommes, c’est un élément
fondamental de cette révolution.
Tenez, la politique fiscale. Des ex-
perts nous le disent : il faut rem-
placer la taxe sur le chiffre d’affaires
(TCA) par la taxe sur la valeur
ajoutée (TVA). On ne peut pas
pénaliser la production avec une
TCA et à un moment où elle est
plus vulnérable !
Dans ce pays, il nous faudra
faire une réforme fiscale, une
réforme budgétaire et une réforme
monétaire. Il faudra, parallèlement,
une nouvelle politique fiscale, une
nouvelle politique budgétaire et
une nouvelle politique monétaire.
Autrement, de quel développement
durable et équitable parle-t-on ? Et
de quelle croissance ?
Henri Alphonse
|ÉCONOMIE
10 | N0
103 MARDI 13 OCTOBRE 2015
Se rappelle-t-on encore dans ce pays ce que c’est que de produire des biens et services ? | © www.capterminal.com
BUDGET 2015-2016
Quelle croissance ?
MARDI 13 OCTOBRE 2015 N0
103 | 11
ÉCONOMIE |
L
aCommissionéconomique
pour l’Amérique latine et
les Caraïbes, la CEPALC,
a révisé à la baisse la
croissance économique prévue
pour la région de l’Amérique
latine et les Caraïbes pour 2015.
Globalement, celle-ci devrait tabler
sur une croissance négative de
-0,3 % en 2015 avant de connaître
une légère augmentation de 0.7
% en 2016. Toutefois, la Caraïbe
devrait accuser une croissance
économique moyenne de 1.6 % en
2015 et de1.8 %.
Plusieurs facteurs sont à la base
de cette situation notamment
la faiblesse constatée au niveau
de la demande intérieure des
pays concernés, l’environnement
mondial caractérisé par une faible
croissancedanslespaysdéveloppés,
le ralentissement significatif
dans les économies émergentes,
notamment la Chine, l’appréciation
du dollar et la volatilité accrue sur
les marchés financiers, et une baisse
significative des prix des produits
primaires, a déclaré la CEPALC.
Ces projections font également
état d’une croissance hétérogène
au niveau de la région qui
reflète la nature des partenariats
commerciaux que les pays de la
région entretiennent avec certaines
économies développées. En effet,
les économies d’Amérique du Sud,
spécialisées dans la production de
produits de base, en particulier
le pétrole et les minéraux, et
développant un lien commercial
beaucoup plus étroit avec la
Chine, devraient accuser un plus
grand ralentissement, soit une
contraction de -1,3 % en 2015 et
-0,1 % en 2016. Parallèlement,
celles ayant développé des liens
étroits avec les USA afficheront des
taux de croissance positifs.
C’est le cas du Mexique et de
certainspaysdel’Amériquecentrale
qui afficheront une croissance de
2,6 % en 2015 et 2,9 % en 2016.
Parallèlement, les économies
de la Caraïbe pourraient croître
d’environ 1,6 % en 2015 et 1,8 % en
2016.
Pour faire face au ralentissement
de l’activité économique, « il est
impératif d’inverser la tendance
qu’a connue le taux de croissance
de l’investissement et la faible
contribution de la formation brute
de capital à la croissance » ont fait
savoirlesexpertsdelaCEPALC.Car
les performances de ces dernières
variables macroéconomiques
impactent négativement le cycle
économique.
Des tauxdecroissance
de 2 %et2.5%pourHaïti
respectivementen2015 et
2016
En ce qui concerne Haïti, il
convient de mentionner que le
taux de croissance économique
prévu par la CEPALC devrait
atteindre 2 % pour la fin de 2015
avant de connaître une hausse de
2.5 % en 2016. En effet, l’économie
haïtienne continue de subir
les effets négatifs des résultats
économiques catastrophiques
cumulés lors des deux derniers
exercices fiscaux (2012/2013 et
2013/2014). Une situation qui,
probablement, se répètera lors de
l’exercice 2014/2015 vu le contexte
sociopolitique et économique
prévalant actuellement dans le
pays.
En effet, les résultats de l’exercice
2013/2014 ont été non seulement
causés par une mauvaise
performance du secteur agricole
(-1,5 %), mais également par
les résultats décevants en 2011-
2012 consécutifs à la faiblesse du
dynamisme de certains secteurs
clés de l’économie comme le
commerce et la construction. Entre
autres, l’investissement intérieur
brut n’a pas été au rendez-vous
en 2014 comparativement à la
performance qu’il affichait durant
les trois dernières années. En effet,
celui-ci a crû seulement de 2,1 %,
comparativement à la moyenne
de 7 % au cours des trois années
précédentes.
Durant l’exercice 2013/2014, les
niveaux absolus de l’investissement
étranger, 99 millions de dollars
américains, étaient insignifiants
pour stimuler la création d’emplois
danslepays.Cettesituationétait,en
grandepartie,dueàunefortebaisse
de l’investissement public en raison
de contraintes institutionnelles et
une diminution de 238 millions
de dollars américains de l’aide
étrangère (subventions et prêts
nets) avance la CEPALC.
Parallèlement,aucoursdel’exercice
2013/2014, le secteur agricole a
connu une croissance négative
de (-1,5 %). Outre les conditions
météorologiques défavorables
dans plusieurs régions, le retard
et des intrants (engrais, semences
et matériel) fournis par des
entités publiques qui ont été à la
base de cette situation, le secteur
a du pâtir aussi de la faiblesse
des décaissements pour les
programmes d’investissement du
gouvernement.
Ces résultats décevants ont con-
tribué très largement à ces per-
formances atoniques du secteur
agricole, mais se sont répétés égale-
ment en 2015.
Du côté des dépenses, l’activité
économique a également montré
une modeste performance, avec
des taux réduits de la croissance
des importations (2,6 %), de la
consommation (2,3 %) et des ex-
portations (4,5 %) au cours de
l’année 2014.
Cette situation, en absence
de redressement, continuera
d’influencer les prochains exer-
cices fiscaux comme l’a fait savoir
ce rapport de la CEPALC.
Pierre Ricardo Placide
La CEPALC prévoit un taux de croissance négative de
0.3 % pour les Caraïbes et 2 % pour Haïti en 2015
Pour faire face au ralentissement de l’activité économique, « il est impératif d’inverser la tendance qu’a connue le taux de
croissance de l’investissement et la faible contribution de la formation brute de capital à la croissance » ont fait savoir les
experts de la CEPALC. | © hopeline.org
Selon un dernier rapport de la CEPALC sur la performance de la région, les pays de l’Amérique et des
Caraïbes devraient connaître une croissance économique négative de 0.3 % en 2015 avant de rebondir à
0.7 % en 2016. En ce qui concerne Haïti, le taux de croissance économique prévue par la CEPALC devrait
|ÉCONOMIE
12 | N0
103 MARDI 13 OCTOBRE 2015
U
ne loi d’orientation
agro-sylvo-pastorale
de la politique agricole
d’Haïti serait, de l’avis
des experts, un atout important
pour un développement durable
et équitable. Dans une telle per-
spective, l’exemple du Sénégal
est à suivre de près. Le National
poursuit dans la présente édition
la publication des différentes sec-
tions d’une loi dite d’orientation
agro-sylvo-pastorale qui tient
compte de l’ensemble des activités
économiques en milieu rural ainsi
que de leurs fonctions sociales et
environnementales.
Chapitre13 : La
promotionde l’équité
socialeenmilieurural
Article 53 : Afin de corriger les
déséquilibres entre la ville et
la campagne, l’Etat s’emploie à
améliorer le cadre et les conditions
de vie en milieu rural et y renforcer
l’accès aux services sociaux de base,
à mieux y satisfaire les besoins en
matière d’éducation, de formation
et de santé.
L’Etat, conjointement avec les
collectivités locales, définit et
met en œuvre une politique de
promotion de la qualité de la vie et
de développement des initiatives
économiques locales en milieu
rural, notamment la création de
micro entreprises rurales dans
l’artisanat et les services.
Article54:L’Etatassurelaparitédes
droits des femmes et des hommes
en milieu rural, en particulier dans
l’exploitation agricole.
En outre, des facilités d’accès au
foncier et au crédit sont accordées
aux femmes.
Article 55 : L’insertion des jeunes
dans toutes les activités liées aux
métiers de l’agriculture constitue
une priorité pour l’Etat et les
collectivités locales. Des facilités
leur sont accordées pour l’accès au
foncier et au crédit.
L’Etat établit, dans un délai de trois
ans à compter de la promulgation
de la présente loi, un système d’aide
à l’installation des jeunes agri-
culteurs ayant reçu une formation
professionnelle agricole.
Chapitre13 : Protection
contrelescalamités
naturelleset les risques
liésauxactivités agro-
sylvo-pastorales
Article 56 : La protection contre les
calamités naturelles et les risques
liés aux activités agro-sylvo-
pastorales est assurée par l’Etat.
Article 57 : L’Etat, en concertation
avec les organisations profession-
nelles agricoles, définit et met en
œuvre une politique de soutien
aux assurances agricoles, afin de
sécuriser les productions, les reve-
nus et les équipements.
Article 58 : Une réserve de semenc-
es pré-base est constituée par l’Etat
pour chacune des productions
stratégiques ou gravement mena-
cées par les aléas climatiques. La
multiplication de ces semences est
assurée par les acteurs des filières
en conformité avec la législation
semencière, qui devra être actuali-
sée à cet effet.
Article 59 : L’Etat, en concertation
avec les organisations profession-
nelles agricoles, réalise une évalu-
ation de l’ensemble des dispositifs
et des mécanismes juridiques, in-
stitutionnels et financiers concer-
nant les calamités naturelles et les
risques (fonds de calamités, de
garantie et de bonification, etc.)
et il définit les mesures visant à en
améliorer l’efficacité dans un délai
de deux ans à compter de la prom-
ulgation de la présente loi.
TITREIV:MESURES
D’ACCOMPAGNEMENT
Chapitre14 :Information
agricole,éducationet
formationauxmétiers
agricoles etruraux
Article 60 : L’information agricole
est d’une importance stratégique
pour la prise de décision par les
acteurs publics et privés et pour
la mise en œuvre de la politique
de développement agro-sylvo-
pastoral. La fourniture d’une
information régulière, suffisante et
de qualité est d’intérêt public.
Article 61 : L’Etat, en concerta-
tion avec les acteurs économiques,
évalue les systèmes d’information
agricole existants et définit un
programme pour leur améliora-
tion dans un délai de deux ans à
compter de la promulgation de la
présente loi.
Article 62 : L’éducation,
l’alphabétisation et la forma-
tion constitue des leviers straté-
giques pour la modernisation de
l’agriculture. L’Etat définit et met
en œuvre, en partenariat avec
l’ensemble des acteurs du dével-
oppement agro-sylvopastoral, une
Stratégie Nationale de Formation
Agro-Sylvo-Pastorale (SNFASP).
Garant de l’éducation universelle
et de l’alphabétisation, l’Etat se fixe
un délai de vingt ans pour assurer
l’éducationdebaseàtouslesenfants
vivant en milieu rural et un délai
de dix ans pour l’alphabétisation de
tous les ruraux.
Autitredelapolitiquedeformation
agro-sylvo-pastorale, l’Etat crée,
dans un délai de dix ans à compter
de la promulgation de la présente
loi, des structures de formation
aux métiers de l’agriculture dans
chaque département.
Article 63 : Le droit à la formation
initiale et continue est reconnu aux
personnes exerçant les métiers de
l’agriculture et à tous les acteurs ru-
raux. Ils bénéficient à ce titre d’une
formation générale, technique et
professionnelle dans les métiers
de l’agriculture, de la sylviculture
et de l’élevage, qui est dispensée
par des institutions publiques ou
privées agréées. Cette formation
est soutenue par l’Etat.
Article 64 : L’Etat procède, dans un
délai de deux ans à compter de la
promulgation de la présente loi, à
la création d’établissements et de
structures de formation supérieure
des sciences et techniques du dével-
oppement agro-sylvo-pastoral.
Chapitre15:
Renforcementdes
capacitésdespaysans
etdesorganisations
professionnelles,
desorganisationsde
lasociétécivile, des
collectivitéslocalesetdes
servicesde l’Etat
Article 65 : Les paysans, les organ-
isations professionnelles agricoles
et les organisations de la société
civile jouent un rôle essentiel dans
le développement agro-sylvo-
pastoral. L’Etat et les collectivités
locales peuvent leur confier, par
délégation, des missions de service
public.
Article 66 : Les paysans, les organ-
isations professionnelles agricoles
et les organisations de la société
civile participent à l’élaboration, la
mise en œuvre et l’évaluation des
politiques et programmes publics
dans le secteur agro-sylvo-pastoral.
À cet effet, l’Etat et les collectivités
locales leur apportent un soutien
technique et financier.
Dans ce cadre, l’Etat, en concerta-
tion avec les paysans, les organisa-
tions professionnelles agricoles et
les organisations de la société civi-
le, définit et met en œuvre un pro-
gramme de renforcement de leurs
capacités, notamment dans les do-
maines de la maîtrise d’œuvre, de
la gestion, des politiques agricoles
(préparation, formulation et évalu-
ation), des négociations commer-
ciales internationales, des ques-
tions d’intégration sous-régionale,
etc.
Article 67 : L’Etat définit et met
en œuvre un programme de ren-
forcement des capacités de ses
agents et des représentants des
collectivités locales, notamment
dans les domaines de la formu-
lation, la négociation, et la ges-
tion des politiques agricoles.
Source : Gouvernement du
Sénégal
Prochainement : Le financement
du développement agro-sylvo-
pastoral.
NOURRIR LA RÉFLEXION
Promotion de l’équité sociale en milieu rural
Le droit à la formation initiale et continue est reconnu aux personnes exerçant les
métiers de l’agriculture et à tous les acteurs ruraux.
JUSTICE |
MARDI 13 OCTOBRE 2015 N0
103 | 13
L’Association professionnelle des magistrats
s’adresse aux acteurs judiciaires
C
ette prise de position
portant la signature du
magistrat Wando Saint-
Villier, président de ladite
association, touche tour à tour, à
la question de l’indépendance de
la Justice, à la nécessité de revoir
nos lois sur le statut des magistrats
et celles sur le CSPJ et à l’épineux
dossier de renouvellement du
mandat des juges. Se réjouissant
de la réforme de notre législation
pénale, l’association s’est enfin
adressée aux magistrats eux-
mêmes, en faisant appel à leur
force de caractère et à leur bonne
conscience.
Matérialiser
l’indépendance
delaJustice
« L’indépendance de la Justice
est inhérente à l’idée même de
l’état de droit et indispensable à
l’impartialité des juges et au fonc-
tionnement du pouvoir judiciaire
», écrit l’Association profession-
nelle des magistrats qui croit que
malgré la mise en place du CSPJ,
cette indépendance longtemps re-
cherchée tarde encore à devenir
une réalité. Estimant que le législa-
teur n’a pas assez doté le CSPJ de
moyens techniques pour bien rem-
plir sa mission, l’association juge
que les membres de cedit Conseil
« ne se sont pas toujours armés de
courage nécessaire pour défendre
cette indépendance dont ils sont
garants. » Elle regrette aussi le fait
que les officiers du parquet soient
laissés « à la merci du ministère
de la Justice qui peut les révoquer
ou les mettre en disponibilité à
n’importe quel moment. » De sur-
croit, ces mesures disciplinaires
sont souvent prises avant même
que le parquetier censuré n’ait la
chance de s’expliquer à ses supéri-
eurs hiérarchiques.
Fairedelafonction de
jugeunefonction de
carrière
Qu’il s’agisse des magistrats sans
mandat ou de ceux dotés d’un
mandat légal, l’association note
que ceux-ci ont à chaque besoin
de l’intervention d’une autorité
politique pour rester en poste ou
pour obtenir le renouvellement
de leur mandat. Elle croit que le
législateur peut éviter ces déboires
aux magistrats, en instituant le
renouvellement automatique du
mandat des juges et en faisant,
par ainsi, de la magistrature, une
fonction de carrière. « Il s’évidente
que cette loi (loi du 27 novembre
2007) mérite d’être réformée en
vue d’offrir un meilleur statut aux
magistrats tant assis que debout. »
Soucieuse d’aborder le problème de
l’indépendance de la Justice dans
toutes ses formes, l’association a
souligné la nécessité qu’elle soit à la
fois institutionnelle et personnelle.
D’un point de vue institutionnel,
cette indépendance de la justice
doit la libérer de toute emprise
deux autres pouvoirs. Et sur le plan
personnel, le magistrat doit lui-
même se montrer à la hauteur de
l’indépendance qui lui est reconnue
et doit toujours être prêt à la
défendre dans ses moindres faits
et gestes. « Les magistrats doivent
commencer par avoir conscience
qu’ils sont titulaires d’une fonction
régalienne d’État et qu’ils sont
appelés à remplir leur fonction
suivant la loi et les règles éthiques
et de déontologie qui gouvernent
leur état », écrit l’association.
Renouvelerlemandatdes
juges, éviter l’empilement
des dossiers
La nouvelle année judiciaire vient
trouver certaines juridictions du
paysdansdessituationsdeparalysie
quasi totale, ce, en raison de la
fin du mandat de plusieurs juges
d’instruction qui y sont affectés. À
ce sujet, l’association n’a pas voulu
indexer un seul acteur, croyant que
la responsabilité à ce niveau est
partagée entre le CSPJ, le ministère
de la Justice et le palais national.
« L’association professionnelle
des magistrats s’interroge sur les
véritables motivations des autorités
concernées qui ne se sont pas
évertuées à résoudre ce problème
», lit-on dans le document transmis
au journal Le National, par ladite
association.
Les magistrats membres de
ladite association estiment que
seule une vraie synergie entre
le CSPJ, le MJSP et le président
de la République peut aider à
résoudre ce problème qui a pour
principal effet celui de rengorger
les cabinets d’instruction de
dossiers trainant pendant plusieurs
années, augmentant ainsi le taux
de détention provisoire prolongée
dans les juridictions concernées
par ce problème. « En attendant
les réformes sus-souhaitées,
l’association exhorte les membres
du CSPJ, le ministre de la Justice
et le président de la République à
travailler en parfaite synergie et
en toute diligence pour renouveler
les mandats des juges qui méritent
d’être renouvelés en vue de faciliter
un meilleur fonctionnement des
tribunaux de première instance
au cours de cette nouvelle année
judiciaire ».
BâtirlaJustice,
reconstruiresonimage
Depuis le séisme du 12 janvier
2010 et même avant, la Justice
est distribuée dans des bâtiments
souvent délabrés et très
inappropriés. Les tribunaux de
paix en particulier sont pour la
plupart logés dans des maisons
louées et dont les infrastructures
ne répondent pas au service
public qu’ils sont censés offrir. Le
ministère de la Justice a, certes,
engagé au cours des quatre
dernières années un vaste chantier
de reconstruction ou de rénovation
des bâtiments de Justice,
l’association professionnelle des
magistrats croit toutefois que l’état
actuel de certains de nos tribunaux
ne fait pas honneur au caractère
régalien de la Justice.
Le mode de fonctionnement et
la configuration structurelle du
système judiciaire préoccupent
l’Association professionnelle des
magistrats. Elle déplore le manque
de moyens techniques mis à la
disposition des juges qui limitent
particulièrement leur capacité
à mener à bien les enquêtes
judiciaires.
L’association fait remarquer que
la justice a besoin de moyens
adéquatspourremplirefficacement
sa mission. « Une modernisation
ne pourra être possible sans la
résolution des problèmes ci-dessus
évoqués », estime-t-elle.
La prise de position de cette
associationintervientauseuild’une
année judiciaire qui s’annonce avec
de grands défis pour le secteur de
la justice. La 50e législature qui
entrera en fonction dans environ
trois mois devra nécessairement
se pencher sur des documents
législatifs qui concernent
directement le fonctionnement
du pouvoir judiciaire. Entre
modernisation et réadaptation, le
système judiciaire doit trouver la
meilleure façon de se reformer.
Eddy Laguerre, Av.
| SOCIÉTÉ
14 | N0
103 MARDI 13 OCTOBRE 2015
Le réchauffement
de la planète :
une nouvelle religion ?
D
epuis la pelouse de la
Maison-Blanche,lepape
François a récemment
fait un fervent plaidoyer
pour nous exhorter à protéger
notre « maison commune » : la
terre, du changement climatique.
Cela peut paraître étrange pour un
chef religieux d’aborder le sujet du
réchauffement de la planète. Mais
pour beaucoup, le réchauffement
climatique est une religion.
Non, ce n’est pas un sacrilège. Car
la foi inébranlable en la théorie du
réchauffement climatique que pro-
fessent ces adeptes, particulière-
ment la frange de gauche, est simi-
laire à celle des religieux et nous,
ne sommes pas les seules à partager
ce point de vue. L’auteur mondiale-
ment connu de Michael Crichton a
été peut-être le premier à appeler ce
mouvement radical « religion » dans
un discours prémonitoire en 2003.
Depuis lors, d’autres sont arrivés à la
même conclusion.
« Le réchauffement climatique
est devenu une religion », a averti
Richard Lindzen, professeur au MIT
et l’une des sommités de renommée
mondiale sur le changement
climatique.
« Le réchauffement climatique est
vraiment devenu une nouvelle
religion », fait écho Nobel physicien
lauréat du prix Ivar Giaever — qui,
soit dit en passant, a supporté la
candidature de Barack Obama à
la présidence en 2008 : « Parce que
vous ne pouvez pas en discuter,
car ce n’est pas convenable, un peu
comme l’Église catholique ».
Un autre grand physicien Freeman
Dyson a fait des observations
remarquablement similaires,
appelant le changement climatique à
la fois « une science et une religion.
La croyance est forte, même lorsque
les preuves scientifiques sont faibles
ou douteuses. »
Même les plus fervents défenseurs
de cette théorie l’admettent. Dans
sa lettre de démission après un
scandale au tout début de l’année
2015, Rajendra Pachauri, le chef du
département de la propagande sur le
réchauffement climatique de l’ONU,
a appelé le mouvement changement
climatique et le développement
durable « ma religion et mon
dharma. »
Toutefois, c’est l’ancien chancelier
britannique Nigel Lawson qui a vrai-
ment touché la plaie du doigt : « Il
y a surtout au niveau des jeunes un
grand vide spirituel en Europe avec
le déclin de toute croyance réelle
dans le marxisme et toute vraie croy-
ance dans le christianisme. Ce mou-
vement a comblé ce vide. »
En effet, la gauche verte, ayant aban-
donné la religion judéo-chrétienne,
et perdue sa foi dans le marxisme qui
comblait ce vide, a rejoint l’église du
changement climatique. Voilà pour-
quoi ces vrais croyants verts embras-
sent chaleureusement le message du
pape François.
Quant aux similitudes littérales à
la religion organisée, ils sont en
frappant. Considérez ces quelques
éléments :
LaFoi
Le réchauffement climatique,
comme l’église, est fondé sur la foi –
il manque de preuves tangibles, mais
n’est pas moins cru avec ferveur.
Le Péchéoriginel
En étant nés dans une société sans
combustible fossile, nous sommes
tous plongés dans le péché et nous
devons expier nos richesses en
réduisant fortement notre mode de
vie.
Lessceptiques
Vilipendés comme des « sceptiques
» et « négationnistes », tout comme
dans l’église médiévale, ils sont ciblés
pour la punition extrême — comme
le montre la lettre de 20 scientifiques,
fervents partisans du réchauffement
planétaire, adressée au président
Obama lui demandant de poursuivre
ceux qui rejettent la théorie du
réchauffement climatique.
Lesindulgences
Ceux qui ont péché, comme dans
l’église médiévale, peuvent acheter
des indulgences — nous les appelons
des compensations de carbone ou le
recyclage. C’est la même idée.
LesRituels
Le Jour de la Terre, les campagnes
des entreprises « vertes », conduire
des voitures électriques, recyclage.
Ces rituels entrainent de fortes
dépenses, mais ils signalent qui sont
les vrais « verts ».
Le Paradis
Oui, ils ont ça aussi. Il est ici sur
terre, mais seulement après que
nous ayons abandonné l’utilisation
de carburants à base de carbone.
Nous ne sommes donc pas surpris
que les propos du pape résonnent si
fortement aux oreilles de ceux qui ne
croient plus en Dieu, car il parle une
langue qu’ils peuvent comprendre.
Rudolph Homère Victor/
Météorologiste
Plus comme avant
Tout change. Les temps, le monde, l’homme particulièrement.
L’ère où les paroles s’en allaient et que les écritures traversaient le
temps et les générations, est révolue. La technologie transforme
tout, ou mieux encore, elle améliore tout à sa manière. Les
gadgets électroniques et les outils informatiques sont des signes
de son apogée. Les échanges entre les continents sont plus
envisageables au moyen de l’internet qui, aujourd’hui, est plus
accessible. Le tour du monde en 80 jours est possible. On peut
espionner derrière un téléphone ou un ordinateur portable
équipé de l’internet, à travers une puce électronique. Nous avons
alors plus d’ouverture sur le monde, mais moins de couverture.
Plus nous sommes exposés au piratage et à la divulgation de
gros secrets, à la fuite d‘informations confidentielles, et à la
publication d’une relation officieuse extra — conjugale. Rien
n’est donc personnel, jamais bien caché. Moins nous sommes
en sécurité. Nous rêvons plus chaque jour et nombreux de
nos désirs sont stimulés par les pubs diffusés à la télévision,
circulés sur les réseaux sociaux, affichés en grand plan à chaque
coin de rue. Destinés d’ailleurs à créer ou à réveiller en nous
des sentiments de folie, d’obsession et d’ambition. Nos besoins
illimités le deviennent infiniment encore plus. Nous rêvons, ce
n’est pas mauvais. Est-ce que nous voulons réellement vivre nos
rêves en agissant, en conséquence, c’est la grande question.
Négatif. Trop occupés à passer des heures devant le petit écran et
à changer de chaîne, à surfer sur le net, à fouiner dans les affaires
des autres et fourrer le nez dans ce qui ne nous regarde pas que
nous oublions naturellement de nous mettre à la réalisation de
nos rêves innés ou acquis. Nous croyons surtout que c’est ce qu’il
y a de mieux à faire dans la vie. Passer du bon temps, pavaner,
c’est le seul temps à nous, après le stress du bureau entre la
paperasse, les rapports annuels de l’année fiscale qui est à sa fin,
les exigences quotidiennes et les frustrations de la société.
Il nous est donné plus de loisirs, enfin, plus de moyens pour nous
divertir ou pour nous faire oublier le cours de notre vie et les
horribles tâches de tous les jours qui nous reviennent de droit.
Les psp, xp, jeux de cartes, de dames, scrabble et d’autres plus
intéressants, auraient un certain rôle réparateur et thérapeutique
à jouer pour nos passe-temps. Apprivoisant ceux-là, nous
sommes plus disposés à en jouir, les yeux rivés sur l’appareil à
qui nous devons le plaisir de cette « diversion ». Même pour
recevoir un sourire, voire en partager, nous ne détournerons pas
notre attention. En tout cas, pas pour si peu.
Dans les réunions de grande envergure, on veut parler. Parler
pourneriendireleplussouvent,poursefaireentendresûrement.
Écouter est apparemment radié du vocabulaire humain. Il faut
parler pour faire montre de sa… culture. Euh ! oui, culture.
Par ailleurs, on oublie que deux personnes ne parlent pas en
même temps (sauf dans les prises de bouche ou dans le cinéma).
Contrairement, l’une d’elles est impolie et, personne ne met
plus en évidence sa maladresse ou sa mauvaise éducation que
celle qui commence à parler avant que son interlocuteur n’ait
fini. C’est là que Jimi Hendrix dirait que la connaissance parle,
mais la sagesse écoute. Parler est un besoin, quoi. Conscient de
tant de découvertes extraordinaires en ce XXIe siècle, devant
l’immensité du savoir acquis, comment garder la bouche bée
avec la langue pendue. (Rire).
Roberlyne Normil
D
iscuter de la feuille de
route pour la rentrée
académique 2015-2016
en vue d’améliorer le
fonctionnement et la gestion des
lycées de la République ; outiller
le personnel enseignant et non
enseignant ; revoir la gestion
administrative et la supervision
pédagogique, tels sont les
principaux objectifs poursuivis
dans le cadre de ce congrès.
La revalorisation des écoles
publiques revêt une grande
importance dans le cadre du virage
vers la qualité de l’éducation, a
fait savoir le titulaire du MENFP,
Nesmy Manigat. C’est dans cette
optique qu’il a rendu hommage
à une dizaine d’enseignants qui
ont consacré une grande partie de
leur vie au service du pays. Cela,
précise-t-il, se fait dans le cadre
de la célébration de la Journée
mondiale des enseignants, le 5
octobre.
Ernst Ulysse Innocent, Ronald,
Gypsie La Pierre, Axivien Sylvain
sont respectivement directeurs de
lycée de Saint Marc, de Jacmel et
de Mombin Crochu. Ils travaillent
chacun en ce qui le concerne
depuis 42; 34 et 32 ans dans
l’enseignement. Mario Pérard et
Joël Serge Milien, directeur du
lycée de Fort Liberté, travaillent
dans l’enseignement depuis 36 ans.
D’autres comme Marie Saintil
Duroseau, JeanMichelPierreLouis
dirigent des établissements tels
les lycées de Saint-Louis du Nord,
celui des Cayes. Ils fournissent leur
service aux enfants du pays depuis
respectivement 30 et 33 ans. C’est
pratiquement le même cas pour
Ronald Saint Surin, Jean Claude
Joseph, aux commandes des lycées
de Jérémie et du Cap-Haïtien,
depuis 35 ans.
Saluant l’initiative du MENFP,
le directeur du lycée de Saint
Marc, Ernst Ulysse Innocent
invite ces pairs à œuvrer pour
l’implémentation d’une école plus
performante. Cela, explique-t-il,
permettra aux jeunes de mieux
s’armer pour affronter l’avenir et
réussir leur vie.
L’inspectiongénérale
du MENFPest
opérationnelle
Par ailleurs, le ministre Manigat
a lancé le service d’inspection
générale du MENFP. Jackson
Pléteau, Rénan Michel, Francesca
Villetante et Charles Lévelt
Joseph sont les quatre inspecteurs
généraux. Ils sont inamovibles
durant cinq ans selon le titulaire
du MENFP. Ils sont superviseurs
des superviseurs, inspecteurs
des inspecteurs. Ils assureront
la formation du premier noyau
d’inspecteurs qui seront déployés
sur toute l’étendue du territoire
national afin d’assurer la qualité
et la promotion de la qualité de
l’éducation. Aussi le ministre les
invite-t-il à la tenue d’une enquête
sur le fonctionnement des semi-
lycées.
Quant à sa mission, l’Inspection
générale devra encadrer,
accompagner et faire des rapports
auministre.Cettemission,explique
Nesmy Manigat, concerne la saine
gestion des projets de scolarisation
en cours tels le Psugo et l’EPT
ainsi que les autres guichets de
financement et de subvention en
particulier.
L’inspection générale devra
également aider le MENFP dans le
cadre de la de mise en application
des décisions du Ministère via les
circulaires, les décisions d’ordre
pédagogique, administratif ou de
gouvernance. Elle aura comme
tâche d’encadrer le personnel de ce
ministère, notamment la direction
générale, les directions techniques,
départementales. Elle est rattachée
directement au Ministère.
Reynold Aris
SOCIÉTÉ |
MARDI 13 OCTOBRE 2015 N0
103 | 15
Les quatre inspecteurs généraux inamovibles durant cinq ans./ Photo : Ruben Chéry
HAÏTI/ÉDUCATION
Le MENFPhonore des enseignants
-
Perte de Plaque AA-93644
Je, soussigné, Lucien James-Wid,
avise le public en général que la plaque de mon véhicule
Toyota RAV4 de couleur blanche,
immatriculée au No AA-93644 a été égarée.
En conséquence, je décline toutes responsabilités dans
tous éventuels cas d’utilisation de la susdite plaque.
Lucien James-Wid
L
es vieux résidents du
quartier qui ont choisi
de rester au pays se bar-
ricadent derrière de hauts
murs. Ils sont, en grande partie,
dans la soixantaine. Aller bourl-
inguer aux États-Unis d’Amérique
ou au Canada a été un rêve de la
trentaine. Maintenant qu’ils ont
des enfants qui ne vivent pas au
pays, ils restent chez eux, dans des
résidences muettes qui n’ont pas été
détruites par le séisme du 12 jan-
vier 2010.
À leur âge, ils ne peuvent plus se
fendre en quatre pour trouver les
moyens économiques, des prêts à
la banque, des hypothèques, pour
faire fouiller la fondation, acheter du
matériel de construction et gravir le
calvaire des dépenses pour « monter
la maison ». Et sortir du loyer.
Aujourd’hui, qu’ils sont devenus
vieux, ils se disent, nostalgiques du
temps qui passe trop vite : mieux
vaut rester dans son petit coin. Mais,
il faut se protéger. D’abord contre les
tracasseries de la rue. Ensuite contre
les émotions de la vieillesse.
Ce qui complique la situation, c’est
l’insalubrité que les marchandises
établies sur les trottoirs provoquent
partout où elles s’installent. Si ces
vieux résidents ont encore un boulot,
ils sortent au petit matin et rentrent
fort tard. Ils préfèrent passer un
peu de temps dans un restaurant et
rentrent chez eux le soir, les vitres de
leurs voitures montées.
Il n’y avait pas cette habitude, il
y a une trentaine d’années. Entre
voisins, c’était le sourire partagé
et l’entraide de tous les jours. Les
hauts murs n’existaient pas. De la
galerie, on pouvait regarder la rue
avec ses petites scènes bucoliques : la
marchande de lait sur sa bourrique,
l’unique bus public d’Arnold, la
marchande de fruits avec son
panier sur la tête… Ils étaient tous
catholiques. Ils pratiquaient le
vodou en cachette. Ils n’avaient pas à
éviter des amas de détritus. L’avenue
n’était pas encore bétonnée. Mais les
égouts étaient souvent curés. L’eau
du morne l’Hôpital laissait déjà des
graviers, ici et là.
Les vieux résidents de Carrefour-
Feuilles se calfeutrent aujourd’hui
chez eux face aux métamorphoses
de leur quartier. Le bonheur des
jours a été rompu, un dimanche du
milieu des années soixante-dix, par
l’assassinat de Pierre Novembre. Un
fils de Justin Bertrand avait tiré la
balle fatale. Les amis du temps passé
sont partis vers l’étranger.
Laisséa son marécage
Les vieux résidents de Carrefour-
Feuilles, dans les années soixante,
savaient voir passer nos camions de
ramassage de détritus. À l’époque,
on prenait soin de la population «
avec Docteur Duvalier », s’exclame
un ancien fonctionnaire public.
La négligence, le laisser-aller, la
charge de fatras qu’on donne à
porter au voisin, les tentacules du
commerce informel, les petits cagibis
de borlette et autres établis sur les
trottoirs, c’est déjà l’antichambre du
chaos. « Depuis l’assassinat de Pierre
Novembre par Justin Bertrand qui
voulait être ministre des Travaux
publics, la négligence étatique a
laissé Carrefour-Feuilles dans son
grand marécage, » se lamente un
propriétaire de la zone.
La terre peut s’effondrer sous les
pieds des résidents, à n’importe
quel moment. Les infrastructures
laissées par l’occupation américaine
dans les années trente n’ont pas été
construites pour une population si
dense. Le marécage peut, au moment
où l’on s’y attend le moins, devenir
un tsunami localisé. L’avenue
Magloire Ambroise, de la rue Ridoré
au carrefour de l’église wesleyenne
est un grand danger s’il pleut sur la
ville durant trois heures d’affilée.
«Nouscombattonsles
ténèbres»
Ce qui révolte, en plus, les
vieux résidents du quartier
c’est l’établissement des églises
protestantes qui font, en toute
liberté, un vacarme de tous les
diables, une terrible pollution sonore
pour imposer leurs rites à coups de
décibels. Que proposent-elles sur le
plan social ? Il y a le ciel à conquérir.
Mais, comment préparer ce « ciel
» quand nos pasteurs sans faute
ni péché ne mobilisent pas leur «
jeunesse » pour un bon coup de balai
dans l’environnement immédiat de
leur église. Il faut capitaliser sur les
insalubrités publiques, avoir des
prêches alarmistes sur des séismes,
maintenir un discours sur « le diable
ancestral » pour attirer ceux qui se
sentent coupables d’une « faute ».
La liberté religieuse reconnue par
la Constitution haïtienne devrait
imposer des devoirs civiques à ces
cultes qui font beaucoup de dégât à
l’identitéculturelledupeuplehaïtien.
Une schizophrénie collective, par
exemple.
«Sil’Amériqueprotestantedonnedes
moyens économiques pour sauver
les âmes, reproche un professeur de
sciences sociales habitant la zone,
pourquoi elle ne fait pas de même
pour des écoles, des musées, des
centres scientifiques, des salles de
théâtre ? » Depuis le séisme, les vieux
résidents de Carrefour-Feuilles ne
sont pas dupes : la bataille contre
le vodou n’est pas terminée. Pas
question de préparer les esprits à la
science, à la culture, à l’objectivité.
« Nous combattons les ténèbres »,
lancent les protestants.
Lebunkerdumarché
Les vieux résidents de Carrefour-
Feuilles font le douloureux constat
que les maisons changent de
configuration.
Une expansion commerciale éten-
dait ses bras bien avant 2010. Des af-
faires immobilières hermétiques mé-
tamorphosent le quartier. Banques,
maisons de transfert, pharmacies,
supermarchés s’implantent.
Ce serait un moindre mal si toutes
ces nouvelles structures respectaient
des normes et ne venaient pas mettre
un « abcès sur le clou. »
Les vieux résidents de Carrefour-
Feuilles n’acceptent pas de voir
que le marché de la zone vient
empirer l’informel devant leurs
maisons construites au prix de
tous les tracasseries et sacrifices
personnels. C’est un vaste hall. Il y
a un manque de professionnalisme
dans cette construction. Aucune
étude anthropologique n’a été faite.
Les étalages s’étendent ici et là, sans
aucun compartimentage de l’espace.
Les marchandes manquent de
places. Les espaces de circulation des
acheteurs sont très réduits.
Le tremblement de terre avait fissuré
le marché de Carrefour-Feuilles. Les
marchandes l’avaient abandonné.
Celui-ci s’étend. Il va vers la rue Sicot,
il continue vers la ruelle Miron, il
monte l’Avenue Magloire Ambroise,
il arrive plus haut que la rue Ridoré.
Les vieux résidents de Carrefour-
Feuilles sont impuissants. S’ils
balaient aujourd’hui, demain ils
sont accablés par le retour des
immondices devant leurs barrières.
À la ruelle Miron, les canaux sont
bouchés. L’eau a déjà fait un noyé. Le
rond-point est cassé par un député
proche du pouvoir en place et ce
sont des carcasses de voitures et des
immondices qui y font un décor
d’apocalypse.
C’est à ce carrefour que Pierre
Novembre a été tué. Justin Bertrand
a fini sa vie dans une cellule à Fort-
Dimanche, dans des conditions
exécrables.
Les vieux résidents doivent se
mobiliser contre l’insalubrité.
Carrefour-Feuilles a une richesse
rare : l’eau.
Dans leur résidence muette, la do-
dine se balance. On est dans son
petit coin, paniqué par la moindre
détonation d’une arme. L’avenir de
Carrefour-Feuilles dépend du nou-
veau militantisme de ses résidents.
L’OPL a parlé de Carrefour-Feuilles.
Applaudissons Sauveur Pierre
Étienne et attendons voir !
Pierre Clitandre
| SOCIÉTÉ
16 | N0
103 MARDI 13 OCTOBRE 2015
Carrefour-Feuilles : entre
insalubrité et devoir citoyen
Vue du marché de Carrefour-Feuilles. / Photo : Pierre Clitandre
No. 103
No. 103
No. 103
No. 103
No. 103
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No. 103
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No. 103

  • 1. James Marcelin envisage de quitter le football ! Gérald Bordes »»» page 3 »»»   P. 7 »»»   P. 16 »»»   P. 22 ACTUALITÉ SOCIÉTÉ SPORT »»» suite page 10 Carrefour-feuilles : entre insalubrité et devoir citoyen Pierre Clitandre L a croissance, dit-on, correspond à la variation positive de l’activité d’un pays, qui s’analyse par une évolution des prix, de la production des biens et services, ainsi que des revenus. Notre économie, connait- elle une variation positive de ses activités ? N’est-elle pas plutôt moribonde ? Pour mesurer la croissance, dit-on encore, l’indicateur le plus utilisé est le produit intérieur brut (PIB). Le PIB permet de déterminer la valeur de tous les biens et services produits dans un pays. Comment va notre PIB ? Celle qu’on grossit avec les retombées conjoncturellesdela«reconstruction » ? Et les prix, ne caractérisent-ils pas une inflation calamiteuse ? Notre production de biens et de services : se rappelle-t-on encore dans ce pays ce que c’est que de produire des biens et services ? Nos revenus ? Parlons-en. Quid de leur juste et équitable répartition, la première des fonctions régaliennes d’un État ? L’État haïtien prêt à affronterlesDominicains MARDI 13 OCTOBRE 2015 NUMÉRO 103 HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / OMC Le ministre du Commerce et de l’Industrie, Jude Hervé Day. BUDGET 2015-2016 Quelle croissance ?Le gouvernement veut faire de l’agriculture, la locomotive de la croissance économique. Soit. Mais s’est-on demandé d’où sortira la locomotive de croissance de… l’agriculture haïtienne ? Car pour déplacer une locomotive et lui attacher un certain nombre de wagons, faut-il bien qu’elle soit en mesure de se mouvoir par ses propres moyens, sur des rails, avec un itinéraire, des gares, un réseau. De quelle Vers une nouvelle gestion des mandataires Lionel Édouard
  • 2. C ette lettre ne plaide point en faveur de Simon Pierre Granville. Il oublia trop facilement qu’il avait été pendant longtemps du petit nombre de ceux que comblait le gouverneur général. C’est de cette monnaie qu’il le payait de retour. Quelles que fussent ses angoisses et ses inquiétudes au sujet du sort de sa femme et de ses enfants, il devait certains ménagements à son ancien bienfaiteur aujourd’hui dans le malheur. Pourtant, après la trêve de Mai 1802, Granville revit sa famille qui lui apprit, à sa confusion, toutes les bontés et les attentions que Louverture avait eues pour elle. Revenons à Jonathas Granville. Ses études achevées à Paris, il fréquenta quelque temps, l’école de Médecine… Mais ne se sentant aucun goût pour cette profession, il embrassa la carrière des armes. A ce moment-là, l’étoile de Napoléon brillait de son plus vif éclat. On était au lendemain d’Ulm et d’Austerlitz, et à la veille d’Iéna. La lecture des bulletins jetait chaque fois le jeune homme dans une fièvre d’enthousiasme. Le 20 février 1806, il signait un engagement volontaire de 10 ans. Et le 10 mars suivant, il était versé, comme canonnier au 1er régiment d’artillerie de marine. Durant six mois, il courut les mers sur les vaisseaux « Jean-Bart » et « l’Océan » et réchappa miraculeusement d’un naufrage dans le voisinage de l’île d’Aix. Mais, ce fut en 1813, durant la cam- pagne d’Allemagne, que Jonathas Granville trouva enfin l’occasion de montrer sa vaillance de soldat. Il se battit courageusement à Lutzen (21 mai), à Bautzen, à Wurtchem (21 et 22 mai), à Dresde et dans les montagnes de Bohème (26, 27, 28, 29 et 30 août). A Leipzig, il fut simplement un héros. Il y reçut huit blessures dont quelques-unes assez graves. Laissé pour mort parmi les cadavres qui jonchaient le champ de bataille, il fut fait pris- onnier, après que deux escadrons de cavalerie lui eurent passé sur le corps. Durant cette campagne d’Allemagne, Granville avait gagné tous ses grades : sergent, sergent- major, sous-lieutenant, lieutenant et officier de la légion d’honneur. Rentré de captivité, il servit en Vendée pendant les Cent jours. Là encore, il accomplit un fait d’armes qui sauva sa division. Cette action d’éclat, qui devait décider de sa fortune dans la carrière, resta sans effet, le désastre de Waterloo ayant ruiné ses plus légitimes espérances. Granville revint en son pays d’origine, dans les premiers jours de 1816, à peu près à la même date que son camarade de la grande armée, le français Frédéric Martin, celui- là même qui devait jouer un rôle si important dans les négociations franco-haïtiennes de 1824. Granville reçut un paternel accueil de Pétion. C’était une précieuse acquisition pour la République que ce nouveau citoyen de belle culture. Le Président l’engagea tout de suite à s’unir à une jeune haïtienne de la meilleure éducation. Le mariage fut célébré avec pompe à Volant-le- Tort(1) . Auparavant, Granville avait été commissionné arpenteur pour l’Ouest. Cette profession était très convoitée parce que lucrative… On était encore au temps où les haïtiens entraient en possession, à titre de fermiers ou de propriétaires, des terres laissées par les colons. Il remplissait en même temps dans l’armée les fonctions d’instructeur de génie. Au mois d’octobre 1817, il était nommé Substitut du Commissaire du Gouvernement près le tribunal de première Instance… Mais l’année suivante fut pour Granville une année de deuil avec la mort de Pétion. Il perdait son conseiller et son protecteur. Jamais plus il ne retrouvera quelqu’un pour s’intéresser à un si haut point à son avancement. Boyer, il faut bien le reconnaître, le prit aussi en grande estime, du moins au début de son gouvernement. En 1819, il nomma Granville, substitut au parquet de Cassation et plus tard (1820), il l’appela auprès de lui, comme chef des bureaux de la guerre, à la Secrétairerie générale. Granville était là en contact permanent avec le Chef de l’État et travaillait avec lui en intimité. Mais, l’atmosphère n’était plus celle d’avant la mort de Pétion. Boyer ne laissait guère de liberté et d’initiative à ses collaborateurs. Ils devaient se résigner à être les exécuteurs de la volonté du président et courber une tête docile sous ses admonitions. C’est miracle que Granville restât trois années aux bureaux de la guerre. Avec son tempérament fier et indépendant, la rupture devait venir plus tôt que plus tard. Elle éclata en 1824 à l’occasion d’une immigration de noirs américains en Haïti. Boyer l’avait chargé de s’en occuper… Et à cette fin il s’était rendu aux États-Unis. Sans qu’il fût de sa faute, cette immigration se fit en dehors des conditions prévues. D’où déboires et mécomptes pour le gouvernement et les immigrés eux-mêmes. Rentré de sa mission, Granville eut la douleur de recevoir les plus vifs reproches du Président. Il donna sa démission de chef des bureaux, se considérant comme une victime des intrigues du Secrétaire d’État Inginac qui avait pris ombrage de lui. A la suite de cette première déception, Granville s’occupa d’enseignement. C’était une de ses occupations favorites… En garnison à Brest et à Rochefort, il avait couru le cachet; et de retour au pays, il avait, dans les premiers temps, donné des leçons particulières aux jeunes gens en retard. Il ouvrit donc une école de garçons qui, en peu de temps, fit concurrence au lycée national dirigé alors par le Dr. de Pescay. Quand celui-ci partit en France pour y mourir, Boyer dut ratifier le choix qu’avait fait spontanément l’opinion publique, en nommant Granville à la place du défunt. L’année d’après, il cumula la direction du lycée et le commissariat du gouvernement près le tribunal de Cassation. Mais il devait résigner volontairement cette dernière pour aller défendre devant le tribunal correctionnel son ami et condisciple au collège de la Marche en même temps que son compagnon d’armes, Joseph Courtois, directeur de « La Feuille de Commerce », accusé d’un délit de presse. Du jour au lendemain, le nom de Jonathas Granville était sur toutes les lèvres. On avait depuis longtemps perdu l’habitude des gestes chevaleresques. La ville des Cayes, en signe de son admiration, lui décerna une médaille d’or qui lui fut remise par Hérard Dumesle. Granville reçut, dans la même circonstance, une lettre de félicitations du jurisconsulte et homme politique français Isambert. Son acte était vraiment méritoire. C’étaitàlafoisdudésintéressement, du courage et de la fidélité à l’amitié malheureuse. Il avait donné sa démission sans barguigner, encore qu’il sût qu’il allait s’attirer la colère et peut-être les rancunes du Président Boyer qui était l’homme le plus vindicatif du monde. La défense de Courtois fut un gros succès pour Granville. Jamais le prétoire haïtien n’avait ouï une langue si pure ni plus incisive, ni plus élégante. C’était comme un écho attardé des grandes voix des assemblées révolutionnaires de France. La cause se prêtait du reste aux envolées. Il s’agissait de la liberté de la presse, chose encore nouvelle chez nous. Certains traits sur la liberté et les vertus républicaines n’avaient pas encore déchu au rang de clichés. Granville enthousiasma l’auditoire. Au don de la parole, il joignait l’aspect physique de l’orateur. D’une taille au-dessus de la moyenne, la tête haute et les regards assurés, tout son être respirait la franchise et la fierté. D’un teint vieil ivoire, il avait les cheveux crépus et ras. Le jour du plaidoyer, il portait son costume d’apparat : habit noir, culotte de drap de soie noire, bas de soie noire, cravate blanche, chaussures découvertes avec boucles d’or. Granville mit le gouvernement en très mauvaise posture devant l’opinion. Et si Boyer ne le révoqua pas de la direction du lycée, c’est qu’il craignait de mécontenter outre mesure la ville de Port-au- Prince. À suivre Par Placide David* Extrait de « Placide David : Figures His- toriques » – Collection Textes retrouvés, sous la direction de Michel Soukar, Edition C3, Haïti 2013. (1) Bien de campagne de Pétion. | TRIBUNE 2 | N0 103 MARDI 13 OCTOBRE 2015 Jonathas Granville (2)
  • 3. »»» suite page 6 ACTUALITÉ | MARDI 13 OCTOBRE 2015 N0 103 | 3 »»» suite de la première page J ude Hervé Day, le ministre haïtien du Commerce et l’Industrie revient, dans le cadre d’une conférence de presse donnée dans la matinée du 12 octobre, sur la mesure adoptée par le gouvernement interdisant l’arrivée par voie terrestre de 23 produits dominicains. Par rapport à cette disposition, Hervé Day précise que la « décision est souveraine et vise à renforcer notre situation fiscale. Nous n’avons pas de programmes d’interdiction des produits dominicains », il est juste question d’« inviter la République dominicaine à faire entrer ses produits (en Haïti) par des ports que nous contrôlons ». Le contrôle de qualité des produits et le contrôle fiscal justifient cette mesure selon le gouvernement. Dans cette idée, le titulaire du MCI, explique que le constat de « pertes insupportables estimées à près de 300 millions de dollars américains» à la frontière pour une Haïti qui attend de l’international « un portefeuille consolidé de 70 millions » pour établir son budget. Alors, « dans une perspective de respect pour soi, je ne crois pas qu’il faille continuer à courir après 70 millions de dollars tandis que nous avons les moyens de récupérer une bonne partie des 300 millions de dollars de pertes à la frontière », poursuit M. Day. Les dirigeants veulent donc se montrer responsables en adoptant cette décision. Toutefois, cette bonne partie des pertes qu’ils comptent récupérer, est difficilement chiffrable, ou pas chiffrable tout court. « Ce serait démagogique de vous communiquer des chiffres », dixit le ministre Day, qui croit que tout ne peut être qu’estimation dans le présent contexte. Sur le site du journal dominicain, Listín Diario, il a été évoqué que les responsables dominicains ont déposé une plainte par-devant le comité d’accès aux marchés de l’OMC en date du 29 septembre. Face à cette éventualité, le ministre du Commerce et de l’Industrie en parle, comme d’une source de contentement : « moi, je serais content que cela arrive à l’OMC. Pour que nous puissions aborder des problèmes qui interpellent la communauté haïtienne du point de vue industriel et commercial. C’est un bon débat ». « En attendant que je me présente par-devant une communauté qui aura à concilier ce qu’on considère comme un différend avec la République dominicaine, nous nous préparons pour cela, nous sommes des gens responsables », affirme Hervé Day. Également, « nous faisons partie de l’OMC, nous savons où nous sommes et la direction à prendre et sur quoi nous appuyer », a-t-il ajouté. Concernant la plainte, il est mentionné qu’Haïti viole un accord paraphé avec la République dominicaine, à cela, le ministre Day juge que les autorités d’un pays peuvent décider de revenir sur un accord qui ne sert plus leurs intérêts. HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / OMC L’État haïtien prêt à affronter les Dominicains Les autorités haïtiennes se disent prêtes à répondre par-devant l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) à toute plainte de la République voisine sur la mesure d’interdiction d’entrer par voie terrestre de 23 produits dominicains. L’annonce d’une plainte des Dominicains au comité d’accès aux marchés de l’OMC est publiée dans les médias dominicains, notamment sur Listín Diario, le mardi 6 octobre dernier. La chancellerie haïtienne précise qu’il n’est pas question de plainte, mais d’une communication des inquiétudes. Et quant à l’éventuelle répercussion de cette mesure sur les prix des produits concernés, le MCI parle d’un gouvernement responsable. Le doigt dans la plaie Le débat public en Haïti est très souvent marqué par des sujets qui ne touchent en rien aux véritables problèmes de la population. Quand, à de rares moments, on va vers le primordial et l’urgent, la discussion baisse de plusieurs tons. Le rire narquois émerge. Les petites tapes affectives pleuvent et nos horribles drames sociaux ne reçoivent que quelques éraflures de rhétorique. C’est à se dire est-ce par malhonnêteté intellectuelle ou par un déficit d’éthiquedansladiscussionquenousensommesàcettefaçond’entretenir des conversations et des polémiques. Le principe même du débat public et de l’échange en temps de démocratie est un principe qui institue le langage comme instance permettant d’aller vers les dysfonctionnements des modèles idéologiques, des logiques de classes et des formes de management public qui fondent nos modes et moyens d’existence. Ici en Haïti, le débat public va très souvent et très vite vers le futile et le vilain. On rit de tout. Papa Bon Dieu n’est jamais loin. Une logique de fuite discursive et de marronnage convictionnel s’installe dans les consciences et les pratiques de parole qui envisagent des sujets de société. C’est à se demander si nous sommes incapables d’être quelque peu sérieux pour nous massifier derrière l’essentiel. La vérité n’est pas un fait de communication, elle est un fait de vie. La fuir, c’est se condamner à périr dans l’indignité. La vérité maintenant en Haïti donne à voir des universités au sein desquelles la parole savante est en perte de vitesse ; elle cède le pas à la débrouillardise, à un semblant d’ascétisme académique, à des échanges enflammés sur le football et à la naissance de groupuscules de plaisantins qui se revendiquent de la gauche. Nos universités prennent de l’eau de partout. Beaucoup des professeurs, détenteursd’unsimplemaster,nesontpascapablesdemarquerclairement une réelle plus-value intellectuelle. Les infrastructures physiques de nos universités avilissent la pensée parce qu’en rien elles ne correspondent aux minima de disponibilités matérielles qui facilitent la transmission et la production de savoirs. La vérité des vérités donne à voir une population haïtienne qui ne mange que sa misère. Au sein de quelques restaurants en Haïti, la couleur de peau détermine quelque peu le traitement obtenu. Il y a une infime partie de la population qui a accès au crédit et qui peut voyager. Avec le principe des « pèpè », certains États impérialistes font d’Haïti leurs poubelles. Un tsunami peut se déverser sur la ville du Cap à tout moment. Port-au- Prince, pour reprendre l’écrivain haïtien Louis Philipe Dalembert est un Port-aux-Crasses. Les « kokorat » du champ de mars vont nous demander des comptes dans quelques années. Et encore et encore, le flux peut être très macabre. Mais, de toutes ces choses, on ne dit rien en profondeur. On ne creuse pas notre tragique. Sur deux heures de discussion, on parle du dernier but de Messi en ligue des champions, du nouveau look de Rihanna, du mariage pour tous et de la réplique de Juan Carlos à Rosalinda dans telle télé-novela. Est-ce qu’il y a des forces politiques ou économiques qui détournent, compte tenu de leurs intérêts, l’attention de la population de l’essentiel ? Si non, qu’est-ce qui nous empêche de prendre le futile pour du futile afin de nous ouvrir aux sujets de discussion qui traitent en profondeur et sur le long de ce qui détermine nos vies. Quand nous mettrons-nous à mettre le doigt sur nos plaies ? Dangelo Néard ÉDITO
  • 4. www.lenationalht.com 10, rue Gabart · Pétion-Ville info@lenational.ht (509) 4612-1010 / 3214-5554 *** Propriétaire: Le National S.A Fondateur: Hervé Lerouge, Ing. Directeur général: Jean Gardy Lorcy Directrice de la publication: Nicole Siméon *** Rédaction redaction@lenational.ht (509) 4614-1010 Rédacteur en chef : Gary Victor Rédacteur en chef adjoint : Henri Alphonse Secrétaire de rédaction : Jacques Desrosiers Conseiller à la rédaction : Pierre Clitandre *** Directeur artistique : *** Chef de Rubriques Actualité : Lionel Édouard Arts & Culture : Dangelo Néard Économie : Henri Alphonse Société : Joe Antoine Jean-Baptiste Sports : Gérald Bordes Rédacteurs Reynold Aris, Stéphanie Balmir, Walter Cameau, Noclès Debréus, Kenson Désir, Stephen Ralph Henri Cadet Jean-Michel, Eddy Laguerre, Schultz Laurent Junior, Ricardo Placide, Evens Régis, Therno N.A. Sénélus, Zétrenne Ritzmarum *** Graphistes : Junior Admé, Lesly Placide Caricaturiste : Francisco Silva Photographes Jean Jacques Augustin, Ruben Chéry Correction & révision Frantz Clergé, Jean Eric Fouché, Jackson Joseph Internet & Multimédias Jean Bernard Brutus, Stanley Pierre, Steevens Placide, Aurelien Junior Sylvain *** Administration : Rachelle Compère administration@lenational.ht (509) 4610-1010 / 4611-1010 Publicité et Marketing: Cassandra Bosquet publicite@lenational.ht (509) 4610-1010 Vente & Distribution : (509) 3854-8870/4306-5205 *** Imprimé en Haïti aux Éditions des Antilles S.A A près le premier décaisse- ment effectué lors du premier tour des législa- tives, le gouvernement a rendu disponible la deuxième tranche de la subvention allouée au financement des élections. Selon Jean Fritz Jean Louis qui intervenait sur ce dossier le lundi 12 octobre 2015, le ministère de l’Économie et des Finances est déjà prêt à débloquer les fonds moyen- nant les pièces justificatives. Il con- vie ainsi les responsables des partis politiques à remplir le formulaire de demande au Conseil électoral provisoire au cours de la semaine afin de pouvoir réclamer la sub- vention auprès du ministère des Finances. Le CEP, de son côté a déjà emboîté en lançant un appel aux partis politiquesàremplirleformulaireles habilitant à recevoir la subvention. « Le Conseil électoral provisoire informe les partis et groupements politiques que, dans le cadre de la subvention de la campagne électorale pour les présidentielles et locales, les formulaires de financement sont disponibles à la Direction des affaires juridiques, sise à la route de Frères, au numéro 133»,précisel’institutionélectorale un communiqué de presse. Plus loin, le CEP invite les représentants légaux des partis et groupements politiques ou toute personne mandatée à cet effet, munis de leur Carte d’identification nationale, à passer à l’adresse susmentionnée en vue de remplir ledit formulaire. Ce deuxième décaissement est assorti de conditionnalités selon les précisions du ministre chargé de la Question électorale. Les partis ayant reçu la première tranche doivent fournir un rapport préliminaire sur la façon dont cet argent a été dépensé. Pour sa part, maître Mosler Georg- es, directeur exécutif du CEP, a précisé avoir déjà reçu des rapports de quelques partis politiques dont le parti Respè. La majorité des par- tis bénéficiaires de cette subven- tion semble ne s’être pas encore conformés à cette obligation légale. Pourtant l’article 128 du décret du 2 mars 2015 est sans équivoque en édictant que trente (30) jours après la publication des résultats officiels, le parti, groupement poli- tique ayant reçu une subvention de l’État est tenu de faire parvenir au Conseil électoral provisoire et au Ministère de l’Économie et des Finances (MEF), le bilan finan- cier détaillé, signé d’un comptable agréé, accompagné des pièces jus- tificatives des dépenses se rapport- ant à ladite subvention dans le cad- re des joutes électorales . Faute par le parti ou groupement politique de se soumettre à cette obligation, il est interdit de toute activité politique pendant cinq (5) ans au moins et dix (10) ans au plus à prononcer par le BCEN sur convocation du Président du CEP. Après le délai de trente (30) jours prévu à l’alinéa ci-dessus le Conseil électoral provisoire ou l’État haïtien dénonce le fait, aux fins de poursuites légales au tribunal correctionnel pour détournement. Aussi, convient-il de souligner que suivant la formule qui a été trouvée, les 500 millions alloués au financement des élections ont été distribués ainsi : 10 % pour les partis politiques agréés par le CEP, 20 % pour les candidats agréés à la présidence ayant été inscrits sous la bannière d’un parti politique, 10 % destinés aux candidats agréés au Sénat, 20 % aux candidats agréés à la députation, 25 % aux candidats agréés aux municipalités et collectivités territoriales et 15 % pour les partis ayant présenté le plus de candidats de sexe féminin, ceux ayant un handicap physique ainsi que les candidats détenant un niveau universitaire sanctionné par au moins une licence. À en croire les propos de Jean Fritz Jean Louis, les derniers 15 % devraient être aussi distribués lors de ce dernier décaissement. Noclès Débréus | ACTUALITÉ 4 | N0 103 MARDI 13 OCTOBRE 2015 Le ministre chargé de la Question électorale, Jean Fritz Jean Louis. Photo (archives) : J.J. Augustin HAÏTI / ÉLECTIONS / FINANCEMENT La deuxième tranche de la subvention disponible La deuxième tranche de la subvention accordée aux partis politiques est disponible. C’est ce qu’a annoncé le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Question électorale, Jean Fritz Jean Louis, qui invite les responsables des partis et regroupements politiques impliqués dans le processus électoral à passer à la caisse après avoir rempli les formalités exigées. Ce deuxième décaissement, d’un montant de 300 millions de gourdes, concerne les candidats à la présidence ainsi que ceux des municipalités.
  • 5. L e ministère de l’Éducation nationale et de la For- mation professionnelle (MENFP) se mobilise pour implémenter un enseignement répondant aux réalités et aux be- soins du pays. C’est dans cette op- tique que le titulaire du MENFP multiplierait ses efforts en vue de rénover l’enseignement secondaire. Le système traditionnel a échoué. Nesmy Manigat veut rompre avec les vieilles pratiques de cet enseignement axé sur le « par cœur ». Ce qui a conduit à l’échec de plus de 67 % d’élèves. « Il n’est pas normal qu’en 2015 il n’y ait que 33 % de nos cohortes d’élèves après neuf années d’études qui restent en salle de classe », déplore-t-il. Selon le titulaire du MENFP, ce sont les lycées de la République qui doivent donner de bons exemples. Le MENFP, lance-t-il, est le ministère de tous les établissements tant publics que privés. Mais il revient aux écoles publiques de donner le ton, en faisant montre de discipline, de responsabilité et d’organisation pour aboutir à de bons résultats. Revenant sur les résultats des examens du baccalauréat, Nesmy Manigat a fait savoir que beaucoup d’entre eux sont pratiquement inacceptables, cette année. « Il n’existe aucune raison, aucun moyen d’expliquer que les résultats du département de l’Ouest (zone métropolitaine de Port-au-Prince) soient en dessous de la moyenne nationale de 5 et 10 points d’écart», s’est-il plaint. Causesdel’échec Contrairement aux critiques attribuant cet échec à des carences en énergie électrique, lacunes des professeurs, manques de moyens, le ministre veut toucher la plaie du doigt. Ce fiasco découle d’un désintérêt des élèves vis-à-vis de l’inadéquation des pratiques de cet enseignement. Les élèves, avance M. Manigat, étudient leurs leçons par cœur. Ils pensent qu’ils sont en train de perdre leur temps. Ils ne savent pas ce qu’ils étudient. Ils le font juste pour obtenir leur moyenne, mais ils ne les comprennent pas véritablement. De plus, il a rapporté que des élèves lui avaient déclaré : « Monsieur le ministre, nous remarquons que nous sommes des autodidactes. Il existe plein de disciplines que nous devrions apprendre afin de gagner notre vie. Mais nous ne les trouvons pas dans le système éducatif actuel. Ce qui nous contraint d’aller ailleurs, et non en salle de classe ». Aujourd’hui, souligne Nesmy Manigat, il n’existe nulle part dans le cursus de ce secondaire des cours permettant aux jeunes de cerner la réalité du pays. Étant donné que le système est une école sur âgée, ils apprennent des notions, entre autres, économiques, ailleurs. Plusieurs milliers de jeunes talentueux sont en train d’être broyés par ce système. Celui- ci, affirme-t-il, ne permet pas d’identifier chez eux leur talent de peintres, d’artistes, de musiciens, de chanteurs. Et ces jeunes pourraient les mettre à profit dans leur intérêt, ceux de leurs parents et du pays, a insisté le Ministre, arguant que notre école n’est plus adaptée à la réalité du monde. Larénovationdu secondaire:Passage obligé Déterminé, le titulaire du MENFP a fait remarquer que pour venir à bout de ce système, la rénovation du secondaire demeure le passage obligé. Elle consiste, dit-il, en une école adaptée rompant avec celle qui s’apparente à un passe-temps. Ainsi, les élèves bénéficieront des compétences particulières par l’introductiond’autresprogrammes adéquats dans le cursus. Selon Nesmy Manigat, une équipe du Ministère s’est déjà mise au travail en vue de mettre tous les matériels de ces modules à la disposition des enseignants dès le 16 octobre prochain, sur le site de ladite institution. Cette démarche, précise-t-il, permettra d’arriver graduellement à la formation massive des enseignants. Et ces derniers vont faire en sorte que toutes les matières soient obligatoires d’ici l’année prochaine. Quant aux matières traditionnelles, le ministre a tenu à préciser qu’elles serontmaintenuescetteannée,alors que les nouvelles seront dispensées sous forme de séminaires, d’ateliers et de tutorat. Il s’agit, souligne-t-il, de préparation en ce qui concerne ces nouvelles matières afin de les mettre en place progressivement. En outre, poursuit le patron du MENFP, elles ne seront pas comptabilisées, cette année, pendant les examens. Il a fait savoir que les modalités de prise en charge peuvent toujours subir certaines modifications. Mais l’introduction de ces quatorze matières se fera progressivement dans le cursus. Ce, en vue d’être prêt durant l’année académique 2016-2017. Reynold Aris ACTUALITÉ | MARDI 13 OCTOBRE 2015 N0 103 | 5 Le ministre de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat. / Photo : Ruben Chéry HAÏTI / ÉDUCATION Le MENFPs’engage à rénover le secondaire Le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) a réitéré son engagement de parvenir à une école de réussite. « Il faut lutter pour le maintien des élèves au niveau secondaire après quatre années vers la réussite scolaire. Ce qui sera une étape cruciale vers la réussite socioprofessionnelle ». C’est ce qu’a déclaré le titulaire du MENFP, Nesmy Manigat, lors du congrès des directeurs de lycée tenu les 8 et 9 octobre 2015 à l’hôtel Mariott, Turgeau (Port-au-Prince).
  • 6. | ACTUALITÉ 6 | N0 103 MARDI 13 OCTOBRE 2015 »»» suite de la page 3 Selon les informations fournies au National par Euvonie Georges Au- guste, lors d’un entretien télépho- nique, le lundi 12 octobre 2015, Alix Compas aurait fait des décla- rations attestant qu’elle a été exclue de la « Konfederasyon Nasyonal Vodouyizan Ayisyen » par l’Ati Max Gesner Beauvoir, peu de temps avant sa mort, pour fraudes administratives. Une déclaration qui frustre l’intéressée. Mme Auguste exige, sans négociations aucunes, qu’Alix Compas fournisse, par-devant la Justice, des preuves pouvant soute- nir cette déclaration osée qui, selon elle, peut même nuire à sa réputa- tion de grand serviteur au sein de la KNVA. En la circonstance, ils ont tous deux été auditionnés vendredi dernier par Me Shela Monsanto, juge au parquet de Port-au-Prince. Et Alix Compas, l’auteur des déclarations, est attendu au parquet, mercredi prochain, avec les preuves pouvant démontrer qu’effectivement Euvo- lie Auguste a été impliquée dans des actions frauduleuses au sein de la confédération. À défaut de preuves convaincantes, M. Alix Compas va devoir adresser des excuses publiques à toute la « Konfederasyon Nasyonal Vodouy- izan Ayisyen » en général, et en particulier au « grand servitoriat de la KNVA », selon ce qu’a fait savoir le grand serviteur, Mme Eu- volie Georges Auguste. Un duelpour assurer l’intérim La cause occasionnelle de cette dis- cordance au sein de la KNVA a été la désignation officielle d’Augustin Saint Clou comme le remplaçant de Max Beauvoir par un groupe de prêtres s’identifiant comme mem- bres de la « Konfederasyon Nasyo- nal Vodouyizan Ayisyen ». Ce choix a été contesté par une frange de cette même confédéra- tion. Et depuis, les membres de l’organisation n’arrivent pas à s’entendre sur le choix du rempla- çant de l’Ati national, Max Gesner Beauvoir, décédé depuis un mois environ. Suivant ce qu’a avancé Euvonie Georges Auguste, au cas où l’Ati na- tional serait empêché, les principes de la Confédération prévoient que seul le grand serviteur est habilité à assurer l’intérim. Euvonie Georges Auguste qui dit être le grand ser- viteur de la KNVA, réclame de plein droit le titre d’Ati national de la confédération. Compte tenu des critères d’éligibilité qu’elle a partagés avec la salle des nouvelles du Journal, pour accéder au grade d’Ati, le houngan ou serviteur doit, entre autres, être âgé de 57 ans ac- complis, avoir au moins 31 ans de sacerdoce, être une référence dans le secteur, et doit être une personne de charisme, jouissant d’une bonne vie et mœurs. Abordé sur ce point, Augustin Saint Clou déclare qu’il n’y a aucun autre Ati au sein de la KNVA à part lui. Il dit avoir été choisi par les es- prits, l’énergie de l’Ati Beauvoir, en plus qu’il est élu officiellement par l’ensemble des organisations mem- bres de la KNVA. Un choix qui, selon M. Saint Clou, découle des bonnes relations qu’il avait avec l’Ati Beauvoir, et pour avoir été également le conseiller général de la KNVA. Concernant l’exclusion d’Euvonie au sein de la KNVA, M. Saint Clou qui ne veut pas révéler les choses secrètes de la confédéra- tion a simplement attiré l’attention sur une mésentente qu’il y a eue entre l’Ati Beauvoir et Mme Au- guste. Laquelle mésentente avait occasionné l’abandon sans excuses d’Euvonie pour une période d’un an et demi environ. L’ancien agent intérimaire de la commune de Car- refour rejette d’un revers de main les critères d’éligibilité avancés par Mme Auguste. Les critères qui ont été approuvés par l’Ati Beauvoir, indique-t-il, ont été une période de 20 ans de sacerdoce, et le houngan devrait être âgé de 50 ans accompli, etc. M. Saint clou croit fermement qu’il est éligible puisqu’il est âgé de 51 ans et que son temps de service au sein de la KNVA est de 21 an- nées. S’agissant de la désignation de Car- line Vergelin comme le nouveau représentant du secteur vaudou au sein du Conseil électoral provisoire (CEP), Mme Auguste ne veut pas reconnaître ce choix. Ce ne sera pas le représentant du secteur vau- dou, car, indique-t-elle, le secteur vaudou n’a jamais eu de représent- ant au sein de ce Conseil. Selon elle, le choix de Me Néhémy Joseph avait découlé d’une entente entre certains partis politiques. Les deux personnages qui ont été ef- fectivement proposés par le secteur vaudou, indique le grand serviteur, ont été refusés par les autorités concernées. Evens RÉGIS Beaucoup croient que les coûts des produits concernés par la mesure vont augmenter sur le marché, à cela la réponse est « Le (…) MCI est chargé de rendre le produit disponible à un prix déterminé » sur le marché. « Toutes les directions sont là au travail. S’il faut qu’on prenne des dispositions, c’est nous l’État. Nous connaissons le coût d’un produit sur le marché externe et nous en connaissons la charge. Nous pourrons donc en déterminer les prix sur le marché (local) », rassure le ministre. Pasdeplainte à l’OMC contre Haïti Contacté par Le National, le chancelier haïtien, Lener Renauld rectifie. « Il n’y a pas de plainte contre Haïti à l’OMC. « Les Dominicains ont exprimé leurs appréhensions, leurs inquiétudes », déclare au National le ministre Renauld. Les produits concernés par la mesure d’interdiction haïtienne sont la farine de froment, l’huile comestible, le savon de lessive, l’eau potable, l’emballage en foam, la peinture, le beurre de cuisine, la mantègue et les pâtes alimentaires entre autres. Cette mesure est effective depuis le premier octobre. En tout cas, déjà, de l’autre côté de la frontière, la Fédération nationale des transports dominicaine (Fenatrado) prend des dispositions pour pousser les autorités haïtiennes à revenir sur leur décision d’interdire l’entrée sur le sol par voie terrestre de 23 de leurs produits. Ces syndiqués informent qu’à partir du lundi 12 octobre, ils ne permettront plus l’entrée d’Haïtiens, même en possession de passeport ou d’un visa dominicain dans leur pays. Visiblement déterminés, ces protestataires se disent prêts à poursuivre leur mouvement indéfiniment. Depuis le vendredi 9 octobre, ils ont bloqué totalement le transport terrestre commercial aux quatre points de passage officiel de la frontière et la suspension des marchés bilatéraux à Jimani, Pedernales, Elías Piña et Dajabón. Du côté haïtien, des commerçants à Ouanaminthe et des riverains haïtiens qui vivent le long de la frontière ont annoncé des manifestations contre la décision du gouvernement haïtien. Stephen Ralph Henri HAÏTI/VAUDOU Discorde au sein de la famille Suites aux plaintes déposées par Euvonie Georges Auguste, répondant au titre de grand serviteur au sein de la « Konfederasyon Nasyonal Vodouyizan Ayisyen (KNVA) », le parquet de Port-au-Prince a invité, le vendredi 9 octobre 2015, le nommé Alix Compas, également membre de la ladite confédération, à fournir L’État haïtien prêt à affronter les Dominicains
  • 7. ACTUALITÉ | MARDI 13 OCTOBRE 2015 N0 103 | 7 M osler Georges, di- recteur exécutif de l’institution électora- le, a expliqué que le nombre élevé de candidats à la pré- sidence, 54 au total, ne facilite pas la tâche du Conseil. En effet, il faut autant de mandataires que de can- didats pour l’observation des élec- tions présidentielles, sans compter les législatives et les municipalités programmées également au 25 oc- tobre prochain. Cette situation risque de provoquer d’autres troubles lors du déroulement du scrutin, tenant compte de l’exiguïté de la majorité des centres et des bureaux de vote. Aussi, le Conseil a décidé de procéder par relève pour arriver à gérer de manière plus efficace, la quantité de mandataires accrédités. Un tirage au sort devrait être organisé dans la matinée du 25 octobre, d’après les précisions de Me Mosler George qui répondait aux questions de Haïti Press Network. Il a insisté sur le fait que ce tirage devrait avoir lieu avant l’ouverture des bureaux de vote, c’est-à-dire, à partir de 6 heures AM et concernerait seulement les personnes qui ont été dûment accréditées par le Conseil électoral. Sicetteméthodeestacceptéeparles partis politiques, Mosler Georges explique que les mandataires devront rentrer dans les centres et les bureaux de vote par groupe de dix, toutes les 2 heures, afin de suivre le déroulement du scrutin. Mais pour éviter tout brouhaha, le directeur exécutif du CEP a tenu à signaler que des orienteurs y seront également placés, avec pour charge de faciliter la rotation des représentants de partis politiques. Cette formule qui est envisagée par le CEP devra être soumise aux partis politiques avant la fin de la semaine. Une rencontre sera organisée à cet effet, avec les représentants des structures politiques concernées, en vue de discuter de ladite proposition. Par ailleurs, Mosler Georges a informé que les accréditations pour les organisations et groupements politiquessontdisponiblesàl’Unité d’observation électorale, sise à la route de Frères, au numéro 133. Rappelons que celles octroyées aux journalistes sont toujours valables pour les élections du 25 octobre. La distribution des mandats qui avait accusé un retard préjudiciable le 9 août dernier, débutera cette fois comme promis, le mardi 13 octobre pour finir le jeudi 15 octobre, une manière de faciliter les partis politiques dans le déploiement de leurs représentants et d’éviter tout dérapage le jour du scrutin. Lionel Édouard HAÏTI / ÉLECTIONS Vers une nouvelle gestion des mandataires La question des mandats et mandataires qui avait été l’une des plus grandes failles enregistrées lors du scrutin du 9 août 2015 continue de hanter les conseillers électoraux. Pour pallier le problème, plusieurs rencontres ont été organisées en vue de dégager une formule capable de faciliter la gestion du nombre élevé relève. Le directeur exécutif du CEP, Mosler Georges. / Photo (Archives) : J.J. Augustin
  • 8. 8 | N0 103 MARDI 13 OCTOBRE 2015 | MONDE H illary Clinton sera mardi soir au centre du plateau du premier débat organisé entre les candidats à l’investiture démocrate en vue de l’élection présidentielle de novembre 2016 et retransmis en direct par CNN. Après les deux débats agités et mouvementés organisés par le Parti républicain, qui ont attiré de très larges audiences notamment du fait de la présence de Donald Trump, les échanges entre les démocrates devraient être plus mesurés. Mais le débat, programmé à Las Vegas à 20h30 (02h30 mercredi, heure de Paris, intervient à un moment délicat pour Hillary Clinton.A son entrée en campagne, en avril, l’ex- secrétaire d’Etat, sous le premier mandat de Barack Obama, était la grandissime favorite de la primaire démocrate. Son aura a été depuis largement entamée par l’affaire des courriels - elle s’est servie de sa messagerie personnelle au lieu d’un compte officiel lorsqu’elle dirigeait la diplomatie américaine. Ses déboires ont favorisé l’émergence dans les sondages du sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders, qui se présente comme un « socialiste démocrate », et alimenté les spéculations autour d’une possible candidature de l’actuel vice-président, Joe Biden, qui n’a toujours pas mis fin à l’ambiguïté. Trois autres candidats seront sur le plateau de CNN. Mais Martin O’Malley, Lincoln Chafee et Jim Webb n’ont pas su faire décoller leurs campagnes. HILLARYCLINTON RESTEFAVORITE Hillary Clinton fait toujours figure de favorite mais sort d’un été mouvementé et le début de l’automne ne lui a pas été plus favorable. Celle qui entend effacer son échec de 2008, lorsque Barack Obama lui avait barré la route lors de sa première tentative d’investiture démocrate, a été rattrapée par l’affaire des courriels envoyés de sa messagerie privée lorsqu’elle dirigeait la diplomatie américaine (2009-2013). Résultat, elle est passée en août et pour la première fois sous les 50 % d’intentions de vote mesurées auprès d’électeurs inscrits comme démocrates. Et sa cote auprès de l’opinion américaine en général est au plus bas depuis mars 2001. Le mouvement s’est poursuivi : un sondage Reuters/Ipsos publié mi- septembre ne mesurait plus que huit points d’écart entre Hillary Clinton (à 39 %) et Bernie Sanders (31 %). A 67 ans, l’ex-Première dame, qui a également été élue sénatrice de l’Etat de New York en 2000, peut néanmoins compter sur sa puissance financière et sur le professionnalisme de ses équipes de campagne. En trois mois de campagne, elle a levé 45 millions de dollars,unrecord-en2011,Obama en avait levé trois de moins sur la même période. Depuis la rentrée, elle a multiplié les initiatives, détaillantsonplanpouruncontrôle des armes à feu et proposant de démanteler les banques jugées trop importantes pour faire faillite, de mieux contrôler le système bancaire parallèle et, afin de mettre un frein aux abus de Wall Street, d’augmenter les amendes que les régulateurs peuvent imposer aux sociétés financières et à leurs dirigeants. Elle a également pris position contre le projet d’oléoduc géant Keystone, qu’elle juge en contradiction avec la lutte contre les dérèglements climatiques. BERNIESANDERS, LA SURPRISE Le sénateur indépendant du Vermont, Bernie Sanders, 74 ans, est la surprise de l’été. Celui qui n’hésite pas à se dire « socialiste démocrate » a profité à plein des problèmes de Hillary Clinton, attirant les foules dans ses meetings de campagne. Entre juillet et août, il a progressé de dix points dans les intentions de vote, à 29 %, tandis que Hillary Clinton en perdait neuf à 47 %. Dans le dernier sondage Reuters/Ipsos en date, il est même pour la première fois donné à moins de dix points de l’ex-Première dame et des enquêtes d’opinion le placent en tête dans le New Hampshire et l’Iowa, les deux Etats qui lanceront le processus des élections primaires en début d’année prochaine. Occupant l’espace à gauche du parti, il veut élargir la couverture maladie, augmenter le salaire minimum, taxer davantage les plus hauts revenusetrendrelesuniversitésplus accessibles. Mais sa progression se heurte à ses mauvais scores auprès des minorités, notamment les Afro-Américains. Guère habitué aux débats nationaux en prime- time, il jouera gros mardi soir. Il a pourtant refusé de répéter avec ses conseillers dans les conditions de l’émission, a confié la semaine dernièreàReuterssonporte-parole, Michael Briggs. Sanders n’entend pas interpeller Clinton sur l’affaire des courriels. “Il pense qu’il y a des choses plus importantes”, a ajouté Briggs. Martin O’Malley, 52 ans, ancien gouverneur du Maryland, se positionne lui aussi comme une alternative plus à gauche que Hillary Clinton. Sa pré-campagne s’est focalisée sur les excès de Wall Street et les injustices sociales. Mais ilnedécollepas.Lederniersondage CBS News le donne à 1%. A 62 ans, Lincoln ChafeeE a d’abord été un élu républicain au Sénat avant de se présenter en candidat indépendant à l’élection du gouverneur de Rhode Island pour finir au Parti démocrate en 2013. Il veut extraire les Etats-Unis de leur implication dans de coûteuses guerres à l’étranger et fait de l’éducation, des infrastructures et de la santé ses priorités. Lui non plus n’a pas réussi à s’immiscer dans la lutte. CBS le mesure aussi à 1 %.Jim Webb, 69 ans, a représenté la Virginie au Sénat américain de 2007 à 2012. Dans son annonce sur son site internet, JimWebb’16, cet ancien secrétaire à la Navy du président républicain Ronald Reagan, qui a fait la guerre du Vietnam, est connu pour ses critiques sans détour de la politique étrangère des Etats-Unis et pour son soutien aux militaires américains en mission à l’étranger. Le dernier sondage CBS News lui accorde 2 % des intentions de vote des démocrates. QUIDDEJOEBIDEN Les intentions de l’actuel vice- président, Joe Biden, au côté de Barack Obama depuis leur « ticket » victorieux de 2008, agitent la classe politique. L’hypothèse Biden, dont Barack Obama disait il y a un an dans l’hebdomadaire New Yorker qu’il ferait un « superbe président », a pris de l’ampleur à mesure que la campagne de Hillary Clinton patinait. Fin août, la Maison blanche a salué l’habileté et l’expérience politiques de Joe Biden qui, à 72 ans, a déjà tenté à deux reprises l’aventure des primaires, en 1988 et 2008. Au début du mois, Barack Obama a souligné l’importance du vice- président dans son dispositif mais a refusé de se prononcer sur son éventuelle entrée en lice. « Il a ses propres décisions à prendre », a-t-il dit. Mais le temps presse pour Joe Biden, actuellement mesuré autour de 16 % dans l’électorat démocrate, s’il entend briguer l’investiture. Pour l’heure, il entretient le doute. Mi-septembre, invité du Late Show sur CBS, il expliquait avec émotion quelamortrécentedesonfils,Beau, ne le mettait pas dans une position lui permettant de se dévouer corps et âme à une nouvelle candidature à la présidence américaine. Sans pour autant fermer la porte. Source : Reuters Reuters/Reuters - Hillary Clinton sera mardi soir au centre du plateau du premier débat organisé entre les candidats à l’investiture démocrate en vue de l’élection présidentielle de novembre 2016 et retransmis en direct par CNN. /Photo prise le 8 octobre 2015/REUTERS/Yuri Gripas Premier débat télévisé aux Etats-Unis de la primaire démocrate
  • 9. MARDI 13 OCTOBRE 2015 N0 103 |9 MONDE| L e secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes Harlem Désir a indiqué lundi que l’UE avait donné son feu vert politique à une suspension de l’application des sanctions européennes contre le Bélarus, après la réélection « dans un climat apaisé » du président Alexandre Loukachenko. « Pour les quatre prochains mois, il y a la décision de suspendre les sanctions mais (elles) peuvent être remises en œuvre immédiatement si cela était justifié », a déclaré M. Désir à la sortie d’une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Luxembourg. La décision, déjà entérinée au niveau des ambassadeurs, doit encore être formellement adoptée par l’Union européenne, a toutefois expliqué une source européenne, précisant qu’elle n’avait pas figuré à l’agenda de la réunion ministérielle à Luxembourg. Les sanctions en question visent 175 personnes et 14 entités, dont les avoirs ont été gelés dansl’UEetquisontprivéesdevisas. Ce feu vert « fait suite à la fois à la libération de plusieurs prisonniers politiques - dont nous demandions depuis déjà plusieurs mois qu’ils soient relâchés - et aux élections qui viennent de se dérouler », a expliqué le secrétaire d’Etat français. Le scrutin de dimanche, lors duquel le président autoritaire Alexandre Loukachenko a été réélu pour un cinquième mandat avec plus de 83 % des voix, a eu lieu « dans un climat apaisé même si nous attendons les rapports des observateurs pour en avoir un bilan complet », a ajouté M. Désir. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui avait déployé des observateurs, a toutefois évoqué des « problèmes importants dans le comptage et le dépouillement » des bulletins. Elle a en revanche noté que « tous les candidats ont pu faire campagne » et qu’un « accès égal en temps leur a été offert dans les médias d’Etat ». Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a pour sa part estimé que ce scrutin n’est « pas à la hauteur des critères démocratiques » et qu’il ne constitue « pas une bonne base pour réévaluer les relations entre l’UE et le Bélarus ». « Nous souhaitons encourager (...) une évolution vers la démocratie, verslerespectdel’Etatdedroit,vers évidemment le respect des droits de l’Homme » au Bélarus, déjà associé à l’UE par le « partenariat oriental » auquel participent également l’Ukraine, la Géorgie ou l’Arménie, a expliqué M. Désir. M. Loukachenko avait été inscrit sur la « liste noire » de l’UE en janvier 2011 en raison de la répression violente qui avait suivi sa réélection contestée fin 2010. « La libération des trois prisonniers politiques était pour nous un signe attendu, très important. Il a été effectué et donc on veut encourager le régime à évoluer dans cette direction », a encore dit M. Désir. « Mais (...) à tout moment, si le constat était d’un retour en arrière », l’UE pourrait revenir sur sa décision, a-t-il prévenu. Concrètement, l’UE va d’ici la fin du mois reconduire pour quatre mois les sanctions, qui arrivent à expiration le 31 octobre. Mais elle va en même temps décider de suspendre leur application. Une levée définitive des sanctions sera entretemps examinée par l’UE. « Nous avons dit que nous pouvons évaluer en début d’année prochaine, à la fin janvier », si les conditions sont réunies, a expliqué le chef de la diplomatie allemande Frank Walter Steinmeier. L’UE compte toutefois maintenir seulement quatre personnes sur la liste noire, accusées d’avoir participé à des disparitions d’opposants politiques, ainsi que l’embargo sur les armes décrété contre le régime. Source: AFP L ’émissaire de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, espère amener la Russie et les Etats-Unis à s’entendre sur la formation à propos de la Syrie d’un ou plusieurs « groupes de contact » à même de mener des négociations de paix. Le diplomate, qui s’adressait à la presse lundi à Genève, a annoncé son départ pour Moscou, où il sera mardi pour des discussions sur le conflit qui le conduiront ensuite à Washington. « Ce qu’il faut à tout prix éviter à ce stade (...) c’est une poursuite du conflit (...) et une partition qui est déjà perçue dans les faits comme une possibilité, et que nous considérerionscommeunetragédie », a déclaré Staffan de Mistura. « La situation risque de se transformer en cocktail toxique, combinaison d’Afghanistan, de Libye et de Somalie. Il est donc urgent d’entamer un processus politique », a-t-il ajouté. La campagne de bombardements aériens russes a déjà entraîné le déplacement de 40 000 civils et ils pourraient être bien plus nombreux à quitter le pays si les combats s’intensifient, a souligné l’émissaire de l’Onu. Pour sortir de l’impasse, les Nations unies espèrent réunir au sein de groupes de travail les principaux acteurs du conflit, dont la Russie, les Etats-Unis, l’Arabie saoudite, l’Iran, la Turquie et d’autres pays de la région. « Si certains pays ne veulent pas se parler directement, on peut imaginer des groupes de contacts séparés qui pourraient ensuite discuter par l’intermédiaire de l’Onu », a suggéré le diplomate. Staffan de Mistura a une nouvelle fois appelé l’aviation de Bachar al Assadàcesserdedéverserdesbarils d’explosifs sur les zones civiles et demandé à Moscou de respecter les cessez-le-feu qui étaient en vigueur avant l’intervention russe dans plusieurs villes du pays pour permettre l’évacuation des civils et des blessés. Source : Reuters AFP/AFP/Archives - Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, le 10 mai 2015 à Minsk Reuters/Reuters - L’émissaire de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, espère amener la Russie et les Etats-Unis à s’entendre sur la formation à propos de la Syrie d’un ou plusieurs “groupes de contact” à même de mener des négociations de paix. /Photo prise le 12 octobre 2015/REUTERS/Denis Balibouse Feu vert de l’UE pour suspendre l’application des sanctions contre le Bélarus L’Onu veut que Russie et Etats-Unis s’entendent sur la Syrie
  • 10. Discernement et le dépassement de soi La croissance est un terme utilisé par les économistes pour décrire une augmentation de la produc- tion sur le long terme. Deux types de croissance sont distingués par les économistes. La croissance ex- tensive désigne l’augmentation des quantités de facteurs de produc- tion. Cette croissance permet la créa- tion de nouveaux emplois. La croissance intensive correspond à l’augmentation de la production par l’intermédiaire des gains de productivité. Est-ce cas chez nous ? Pourquoi ce déficit carabiné de notre balance commerciale ? Où sont les emplois ? Réinvestit-on chez nous les gains de productivité ? Ne vivons-nous pas plutôt dans une économie de rente ? Dans des estimations préliminaires relatives aux comptes économiques publiés en décembre 2014, l’Institut haïtien des statistiques et d’informatique (IHSI) annonçait déjà un exercice fiscal 2014-1015 plutôt morose avec l’incertitude politique qui per- dure. N’est-ce pas encore le cas, en ce début de nouvel exercice fiscal ? Cette situation, estimait l’IHSI, « est de nature à provoquer chez les agents économiques une sorte d’attentismequiseraitplutôtnéfaste pour le dynamisme de l’économie ». Il ne croyait pas si bien dire, excep- tion faite, bien sûr, des oligarques et de leurs états-majors qui ont su, comme à l’accoutumée, faire ripaille et bombance aux dépens de notre économie. Inutile de rap- peler les circonstances entourant l’éclatement de la bulle financière haïtienne, ses antécédents, ses con- séquences sur la monnaie natio- nale, les prix des produits de pre- mière nécessité. Inutile également de rappeler le laxisme de certaines factions des secteurs de pouvoir dominants, l’opportunisme et le cynisme des autres. Ainsi, pour sauvegarder les acquis des années antérieures et maintenir Haïti sur une trajectoire de croissance, con- cluait l’IHSI, « les maitres mots restent et demeurent l’esprit de dis- cernement et le dépassement de soi qui permettront de transformer la morosité annoncée (...) en une an- née de grandes opportunités pour l’économie haïtienne. Etl’agriculture? Les estimations du Ministère de l’Agriculture des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR), depuis quelque temps déjà, indiquent un déclin du secteuragricole.En2014,ceconstat nous renvoyait notamment aux cultures céréalières et vivrières. Il en est résulté une chute de 1.5 % de sa valeur ajoutée à prix constants. Il en résulte régulièrement une chute de la valeur ajoutée. Et pas seulement des prix des cultures céréalières et vivrières. Les conditions climatologiques, racontent les autorités pour justifier l’injustifiable, n’ont pas été tout à fait clémentes, car certaines régions du pays ont connu une rude sécheresse qui a mis à mal la performance de la branche agricole.C’esttout?Quiddesautres facteurs, endogènes et exogènes, structurels et conjoncturels ? Lesstatistiquesetle cirquedesjongleurs En 2011, Le Fonds monétaire in- ternational (FMI) pronostiquait pour Haïti un taux de croissance de 7.8 % pour 2012. Cette augmen- tation de plus de deux points, ar- gumentaient à l’époque les experts de l’institution de Bretton Woods, était due aux efforts de reconstruc- tion du pays après le séisme de jan- vier 2010. Comparée à la République domini- caine – 4.5 % en 2012 –, cette prévision faisait d’Haïti le pays ayant la plus forte croissance pro- jetée de toute la Caraïbe. Signalons que la région, en état de convales- cence après avoir vécu une longue récession caractérisée par des taux d’endettement élevés et par une forte dépendance du touriste, es- pérait dans son ensemble un taux de croissance de 3.75 % en 2012 et de 4 % en 2013. Pour la même période, l’Institut haïtien d’informatique et de statistique (IHSI) enregistrait pourtant “un taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) de 4.5 %, après les 3.4 attendus pour l’exercice fiscal 2012-2013”. Mais ce n’est pas tout. L’IHSI constatait par ailleurs que “l’économie haïtienne n’a pas pu atteindre l’objectif de croissance de 3.6 % de croissance qui a été fixé pour l’exercice fiscal 2013-2014”. 2013. Le FMI récidive. Il publie un Rapport mondial sur les perspec- tives de l’économie qui prévoie pour l’île d’Hispaniola en 2014 et 2015 “le plus fort taux de crois- sance économique de la région de la Caraïbe”. Dans ce rapport, le Fonds prédit pour la République dominicaine “le plus fort taux de croissance de la région des Cara- ïbes, suivie par Haïti”. En 2014, précisait le rapport, la Ré- publique dominicaine connaitra une hausse de 5,3 % de son PIB, suivi par Haïti avec 3,8 %. Là en- core, il était question du plus fort taux de croissance de la région des Caraïbes, la République domini- caine devenant en 2015 “le leader dans la région”, avec une croissance moyenne du PIB sur deux ans de 4,75 % pour la République domini- caine. Haïti se hissait à la seconde place avec une croissance moyenne de 3,7 %. Finalement, à court d’arguments, les voilà forcés, ces jongleurs doublés d’acrobates, de ramener le taux de croissance projeté à hauteur de 2 %, ce taux minimum qui, combiné à l’inflation carabinée, fait de notre économie un espace- temps où il fait bon de vivre.. dans la stagflation. Unnouveauparadigme s’impose Il faut une révolution des men- talités pour changer le paradigme économique actuel. Il faut sortir de l’économie de rente. Il faut une nouvelle classe d’entrepreneurs pour instrumentaliser cette révolu- tion. Il faut une nouvelle classe d’entrepreneurs parallèlement à cette classe d’oligarques spécu- lateurs. Des entrepreneurs qui réinvestissent leur argent dans l’économie. Au début, il faut les aid- er à capitaliser leurs entreprises à partir d’un Fonds d’investissement ou d’une Banque de développe- ment. Et cette capitalisation devrait pouvoir les inciter à produire, en- core et encore, et à investir leurs profits dans l’économie. Encore et encore. Le “plan” pour Haïti, tel que conçu par nos “maitres queues” et leurs alliés locaux, est de ne pas produire afin de ne pas entrer en concur- rence avec les produits étasuniens et dominicains. Ce “plan” est con- tre toute velléité de production nationale. Ils essaient de nous per- suader – à tort, naturellement, qu’il faut laisser aux banques commer- ciales privées le soin de financer la production locale. Ces dernières, on le sait maintenant, en majorité, préfèrent financer le déficit com- mercial et réinvestir leurs gains à l’extérieur du pays. Une banque de développement ou un Fonds d’investissement est ce qu’il faut – de toute urgence — pour aider à capitaliser les PME et les PMI haïtiennes avec un taux d’intérêt très bas. Et non pas à un taux usuraire. De quoi retrouver notre capacité à produire, du ciment, par exemple, pour ne plus avoir à en importer au bout de 4 à 6 ans d’efforts. Une nouvelle classe d’hommes, c’est un élément fondamental de cette révolution. Tenez, la politique fiscale. Des ex- perts nous le disent : il faut rem- placer la taxe sur le chiffre d’affaires (TCA) par la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). On ne peut pas pénaliser la production avec une TCA et à un moment où elle est plus vulnérable ! Dans ce pays, il nous faudra faire une réforme fiscale, une réforme budgétaire et une réforme monétaire. Il faudra, parallèlement, une nouvelle politique fiscale, une nouvelle politique budgétaire et une nouvelle politique monétaire. Autrement, de quel développement durable et équitable parle-t-on ? Et de quelle croissance ? Henri Alphonse |ÉCONOMIE 10 | N0 103 MARDI 13 OCTOBRE 2015 Se rappelle-t-on encore dans ce pays ce que c’est que de produire des biens et services ? | © www.capterminal.com BUDGET 2015-2016 Quelle croissance ?
  • 11. MARDI 13 OCTOBRE 2015 N0 103 | 11 ÉCONOMIE | L aCommissionéconomique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, la CEPALC, a révisé à la baisse la croissance économique prévue pour la région de l’Amérique latine et les Caraïbes pour 2015. Globalement, celle-ci devrait tabler sur une croissance négative de -0,3 % en 2015 avant de connaître une légère augmentation de 0.7 % en 2016. Toutefois, la Caraïbe devrait accuser une croissance économique moyenne de 1.6 % en 2015 et de1.8 %. Plusieurs facteurs sont à la base de cette situation notamment la faiblesse constatée au niveau de la demande intérieure des pays concernés, l’environnement mondial caractérisé par une faible croissancedanslespaysdéveloppés, le ralentissement significatif dans les économies émergentes, notamment la Chine, l’appréciation du dollar et la volatilité accrue sur les marchés financiers, et une baisse significative des prix des produits primaires, a déclaré la CEPALC. Ces projections font également état d’une croissance hétérogène au niveau de la région qui reflète la nature des partenariats commerciaux que les pays de la région entretiennent avec certaines économies développées. En effet, les économies d’Amérique du Sud, spécialisées dans la production de produits de base, en particulier le pétrole et les minéraux, et développant un lien commercial beaucoup plus étroit avec la Chine, devraient accuser un plus grand ralentissement, soit une contraction de -1,3 % en 2015 et -0,1 % en 2016. Parallèlement, celles ayant développé des liens étroits avec les USA afficheront des taux de croissance positifs. C’est le cas du Mexique et de certainspaysdel’Amériquecentrale qui afficheront une croissance de 2,6 % en 2015 et 2,9 % en 2016. Parallèlement, les économies de la Caraïbe pourraient croître d’environ 1,6 % en 2015 et 1,8 % en 2016. Pour faire face au ralentissement de l’activité économique, « il est impératif d’inverser la tendance qu’a connue le taux de croissance de l’investissement et la faible contribution de la formation brute de capital à la croissance » ont fait savoirlesexpertsdelaCEPALC.Car les performances de ces dernières variables macroéconomiques impactent négativement le cycle économique. Des tauxdecroissance de 2 %et2.5%pourHaïti respectivementen2015 et 2016 En ce qui concerne Haïti, il convient de mentionner que le taux de croissance économique prévu par la CEPALC devrait atteindre 2 % pour la fin de 2015 avant de connaître une hausse de 2.5 % en 2016. En effet, l’économie haïtienne continue de subir les effets négatifs des résultats économiques catastrophiques cumulés lors des deux derniers exercices fiscaux (2012/2013 et 2013/2014). Une situation qui, probablement, se répètera lors de l’exercice 2014/2015 vu le contexte sociopolitique et économique prévalant actuellement dans le pays. En effet, les résultats de l’exercice 2013/2014 ont été non seulement causés par une mauvaise performance du secteur agricole (-1,5 %), mais également par les résultats décevants en 2011- 2012 consécutifs à la faiblesse du dynamisme de certains secteurs clés de l’économie comme le commerce et la construction. Entre autres, l’investissement intérieur brut n’a pas été au rendez-vous en 2014 comparativement à la performance qu’il affichait durant les trois dernières années. En effet, celui-ci a crû seulement de 2,1 %, comparativement à la moyenne de 7 % au cours des trois années précédentes. Durant l’exercice 2013/2014, les niveaux absolus de l’investissement étranger, 99 millions de dollars américains, étaient insignifiants pour stimuler la création d’emplois danslepays.Cettesituationétait,en grandepartie,dueàunefortebaisse de l’investissement public en raison de contraintes institutionnelles et une diminution de 238 millions de dollars américains de l’aide étrangère (subventions et prêts nets) avance la CEPALC. Parallèlement,aucoursdel’exercice 2013/2014, le secteur agricole a connu une croissance négative de (-1,5 %). Outre les conditions météorologiques défavorables dans plusieurs régions, le retard et des intrants (engrais, semences et matériel) fournis par des entités publiques qui ont été à la base de cette situation, le secteur a du pâtir aussi de la faiblesse des décaissements pour les programmes d’investissement du gouvernement. Ces résultats décevants ont con- tribué très largement à ces per- formances atoniques du secteur agricole, mais se sont répétés égale- ment en 2015. Du côté des dépenses, l’activité économique a également montré une modeste performance, avec des taux réduits de la croissance des importations (2,6 %), de la consommation (2,3 %) et des ex- portations (4,5 %) au cours de l’année 2014. Cette situation, en absence de redressement, continuera d’influencer les prochains exer- cices fiscaux comme l’a fait savoir ce rapport de la CEPALC. Pierre Ricardo Placide La CEPALC prévoit un taux de croissance négative de 0.3 % pour les Caraïbes et 2 % pour Haïti en 2015 Pour faire face au ralentissement de l’activité économique, « il est impératif d’inverser la tendance qu’a connue le taux de croissance de l’investissement et la faible contribution de la formation brute de capital à la croissance » ont fait savoir les experts de la CEPALC. | © hopeline.org Selon un dernier rapport de la CEPALC sur la performance de la région, les pays de l’Amérique et des Caraïbes devraient connaître une croissance économique négative de 0.3 % en 2015 avant de rebondir à 0.7 % en 2016. En ce qui concerne Haïti, le taux de croissance économique prévue par la CEPALC devrait
  • 12. |ÉCONOMIE 12 | N0 103 MARDI 13 OCTOBRE 2015 U ne loi d’orientation agro-sylvo-pastorale de la politique agricole d’Haïti serait, de l’avis des experts, un atout important pour un développement durable et équitable. Dans une telle per- spective, l’exemple du Sénégal est à suivre de près. Le National poursuit dans la présente édition la publication des différentes sec- tions d’une loi dite d’orientation agro-sylvo-pastorale qui tient compte de l’ensemble des activités économiques en milieu rural ainsi que de leurs fonctions sociales et environnementales. Chapitre13 : La promotionde l’équité socialeenmilieurural Article 53 : Afin de corriger les déséquilibres entre la ville et la campagne, l’Etat s’emploie à améliorer le cadre et les conditions de vie en milieu rural et y renforcer l’accès aux services sociaux de base, à mieux y satisfaire les besoins en matière d’éducation, de formation et de santé. L’Etat, conjointement avec les collectivités locales, définit et met en œuvre une politique de promotion de la qualité de la vie et de développement des initiatives économiques locales en milieu rural, notamment la création de micro entreprises rurales dans l’artisanat et les services. Article54:L’Etatassurelaparitédes droits des femmes et des hommes en milieu rural, en particulier dans l’exploitation agricole. En outre, des facilités d’accès au foncier et au crédit sont accordées aux femmes. Article 55 : L’insertion des jeunes dans toutes les activités liées aux métiers de l’agriculture constitue une priorité pour l’Etat et les collectivités locales. Des facilités leur sont accordées pour l’accès au foncier et au crédit. L’Etat établit, dans un délai de trois ans à compter de la promulgation de la présente loi, un système d’aide à l’installation des jeunes agri- culteurs ayant reçu une formation professionnelle agricole. Chapitre13 : Protection contrelescalamités naturelleset les risques liésauxactivités agro- sylvo-pastorales Article 56 : La protection contre les calamités naturelles et les risques liés aux activités agro-sylvo- pastorales est assurée par l’Etat. Article 57 : L’Etat, en concertation avec les organisations profession- nelles agricoles, définit et met en œuvre une politique de soutien aux assurances agricoles, afin de sécuriser les productions, les reve- nus et les équipements. Article 58 : Une réserve de semenc- es pré-base est constituée par l’Etat pour chacune des productions stratégiques ou gravement mena- cées par les aléas climatiques. La multiplication de ces semences est assurée par les acteurs des filières en conformité avec la législation semencière, qui devra être actuali- sée à cet effet. Article 59 : L’Etat, en concertation avec les organisations profession- nelles agricoles, réalise une évalu- ation de l’ensemble des dispositifs et des mécanismes juridiques, in- stitutionnels et financiers concer- nant les calamités naturelles et les risques (fonds de calamités, de garantie et de bonification, etc.) et il définit les mesures visant à en améliorer l’efficacité dans un délai de deux ans à compter de la prom- ulgation de la présente loi. TITREIV:MESURES D’ACCOMPAGNEMENT Chapitre14 :Information agricole,éducationet formationauxmétiers agricoles etruraux Article 60 : L’information agricole est d’une importance stratégique pour la prise de décision par les acteurs publics et privés et pour la mise en œuvre de la politique de développement agro-sylvo- pastoral. La fourniture d’une information régulière, suffisante et de qualité est d’intérêt public. Article 61 : L’Etat, en concerta- tion avec les acteurs économiques, évalue les systèmes d’information agricole existants et définit un programme pour leur améliora- tion dans un délai de deux ans à compter de la promulgation de la présente loi. Article 62 : L’éducation, l’alphabétisation et la forma- tion constitue des leviers straté- giques pour la modernisation de l’agriculture. L’Etat définit et met en œuvre, en partenariat avec l’ensemble des acteurs du dével- oppement agro-sylvopastoral, une Stratégie Nationale de Formation Agro-Sylvo-Pastorale (SNFASP). Garant de l’éducation universelle et de l’alphabétisation, l’Etat se fixe un délai de vingt ans pour assurer l’éducationdebaseàtouslesenfants vivant en milieu rural et un délai de dix ans pour l’alphabétisation de tous les ruraux. Autitredelapolitiquedeformation agro-sylvo-pastorale, l’Etat crée, dans un délai de dix ans à compter de la promulgation de la présente loi, des structures de formation aux métiers de l’agriculture dans chaque département. Article 63 : Le droit à la formation initiale et continue est reconnu aux personnes exerçant les métiers de l’agriculture et à tous les acteurs ru- raux. Ils bénéficient à ce titre d’une formation générale, technique et professionnelle dans les métiers de l’agriculture, de la sylviculture et de l’élevage, qui est dispensée par des institutions publiques ou privées agréées. Cette formation est soutenue par l’Etat. Article 64 : L’Etat procède, dans un délai de deux ans à compter de la promulgation de la présente loi, à la création d’établissements et de structures de formation supérieure des sciences et techniques du dével- oppement agro-sylvo-pastoral. Chapitre15: Renforcementdes capacitésdespaysans etdesorganisations professionnelles, desorganisationsde lasociétécivile, des collectivitéslocalesetdes servicesde l’Etat Article 65 : Les paysans, les organ- isations professionnelles agricoles et les organisations de la société civile jouent un rôle essentiel dans le développement agro-sylvo- pastoral. L’Etat et les collectivités locales peuvent leur confier, par délégation, des missions de service public. Article 66 : Les paysans, les organ- isations professionnelles agricoles et les organisations de la société civile participent à l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques et programmes publics dans le secteur agro-sylvo-pastoral. À cet effet, l’Etat et les collectivités locales leur apportent un soutien technique et financier. Dans ce cadre, l’Etat, en concerta- tion avec les paysans, les organisa- tions professionnelles agricoles et les organisations de la société civi- le, définit et met en œuvre un pro- gramme de renforcement de leurs capacités, notamment dans les do- maines de la maîtrise d’œuvre, de la gestion, des politiques agricoles (préparation, formulation et évalu- ation), des négociations commer- ciales internationales, des ques- tions d’intégration sous-régionale, etc. Article 67 : L’Etat définit et met en œuvre un programme de ren- forcement des capacités de ses agents et des représentants des collectivités locales, notamment dans les domaines de la formu- lation, la négociation, et la ges- tion des politiques agricoles. Source : Gouvernement du Sénégal Prochainement : Le financement du développement agro-sylvo- pastoral. NOURRIR LA RÉFLEXION Promotion de l’équité sociale en milieu rural Le droit à la formation initiale et continue est reconnu aux personnes exerçant les métiers de l’agriculture et à tous les acteurs ruraux.
  • 13. JUSTICE | MARDI 13 OCTOBRE 2015 N0 103 | 13 L’Association professionnelle des magistrats s’adresse aux acteurs judiciaires C ette prise de position portant la signature du magistrat Wando Saint- Villier, président de ladite association, touche tour à tour, à la question de l’indépendance de la Justice, à la nécessité de revoir nos lois sur le statut des magistrats et celles sur le CSPJ et à l’épineux dossier de renouvellement du mandat des juges. Se réjouissant de la réforme de notre législation pénale, l’association s’est enfin adressée aux magistrats eux- mêmes, en faisant appel à leur force de caractère et à leur bonne conscience. Matérialiser l’indépendance delaJustice « L’indépendance de la Justice est inhérente à l’idée même de l’état de droit et indispensable à l’impartialité des juges et au fonc- tionnement du pouvoir judiciaire », écrit l’Association profession- nelle des magistrats qui croit que malgré la mise en place du CSPJ, cette indépendance longtemps re- cherchée tarde encore à devenir une réalité. Estimant que le législa- teur n’a pas assez doté le CSPJ de moyens techniques pour bien rem- plir sa mission, l’association juge que les membres de cedit Conseil « ne se sont pas toujours armés de courage nécessaire pour défendre cette indépendance dont ils sont garants. » Elle regrette aussi le fait que les officiers du parquet soient laissés « à la merci du ministère de la Justice qui peut les révoquer ou les mettre en disponibilité à n’importe quel moment. » De sur- croit, ces mesures disciplinaires sont souvent prises avant même que le parquetier censuré n’ait la chance de s’expliquer à ses supéri- eurs hiérarchiques. Fairedelafonction de jugeunefonction de carrière Qu’il s’agisse des magistrats sans mandat ou de ceux dotés d’un mandat légal, l’association note que ceux-ci ont à chaque besoin de l’intervention d’une autorité politique pour rester en poste ou pour obtenir le renouvellement de leur mandat. Elle croit que le législateur peut éviter ces déboires aux magistrats, en instituant le renouvellement automatique du mandat des juges et en faisant, par ainsi, de la magistrature, une fonction de carrière. « Il s’évidente que cette loi (loi du 27 novembre 2007) mérite d’être réformée en vue d’offrir un meilleur statut aux magistrats tant assis que debout. » Soucieuse d’aborder le problème de l’indépendance de la Justice dans toutes ses formes, l’association a souligné la nécessité qu’elle soit à la fois institutionnelle et personnelle. D’un point de vue institutionnel, cette indépendance de la justice doit la libérer de toute emprise deux autres pouvoirs. Et sur le plan personnel, le magistrat doit lui- même se montrer à la hauteur de l’indépendance qui lui est reconnue et doit toujours être prêt à la défendre dans ses moindres faits et gestes. « Les magistrats doivent commencer par avoir conscience qu’ils sont titulaires d’une fonction régalienne d’État et qu’ils sont appelés à remplir leur fonction suivant la loi et les règles éthiques et de déontologie qui gouvernent leur état », écrit l’association. Renouvelerlemandatdes juges, éviter l’empilement des dossiers La nouvelle année judiciaire vient trouver certaines juridictions du paysdansdessituationsdeparalysie quasi totale, ce, en raison de la fin du mandat de plusieurs juges d’instruction qui y sont affectés. À ce sujet, l’association n’a pas voulu indexer un seul acteur, croyant que la responsabilité à ce niveau est partagée entre le CSPJ, le ministère de la Justice et le palais national. « L’association professionnelle des magistrats s’interroge sur les véritables motivations des autorités concernées qui ne se sont pas évertuées à résoudre ce problème », lit-on dans le document transmis au journal Le National, par ladite association. Les magistrats membres de ladite association estiment que seule une vraie synergie entre le CSPJ, le MJSP et le président de la République peut aider à résoudre ce problème qui a pour principal effet celui de rengorger les cabinets d’instruction de dossiers trainant pendant plusieurs années, augmentant ainsi le taux de détention provisoire prolongée dans les juridictions concernées par ce problème. « En attendant les réformes sus-souhaitées, l’association exhorte les membres du CSPJ, le ministre de la Justice et le président de la République à travailler en parfaite synergie et en toute diligence pour renouveler les mandats des juges qui méritent d’être renouvelés en vue de faciliter un meilleur fonctionnement des tribunaux de première instance au cours de cette nouvelle année judiciaire ». BâtirlaJustice, reconstruiresonimage Depuis le séisme du 12 janvier 2010 et même avant, la Justice est distribuée dans des bâtiments souvent délabrés et très inappropriés. Les tribunaux de paix en particulier sont pour la plupart logés dans des maisons louées et dont les infrastructures ne répondent pas au service public qu’ils sont censés offrir. Le ministère de la Justice a, certes, engagé au cours des quatre dernières années un vaste chantier de reconstruction ou de rénovation des bâtiments de Justice, l’association professionnelle des magistrats croit toutefois que l’état actuel de certains de nos tribunaux ne fait pas honneur au caractère régalien de la Justice. Le mode de fonctionnement et la configuration structurelle du système judiciaire préoccupent l’Association professionnelle des magistrats. Elle déplore le manque de moyens techniques mis à la disposition des juges qui limitent particulièrement leur capacité à mener à bien les enquêtes judiciaires. L’association fait remarquer que la justice a besoin de moyens adéquatspourremplirefficacement sa mission. « Une modernisation ne pourra être possible sans la résolution des problèmes ci-dessus évoqués », estime-t-elle. La prise de position de cette associationintervientauseuild’une année judiciaire qui s’annonce avec de grands défis pour le secteur de la justice. La 50e législature qui entrera en fonction dans environ trois mois devra nécessairement se pencher sur des documents législatifs qui concernent directement le fonctionnement du pouvoir judiciaire. Entre modernisation et réadaptation, le système judiciaire doit trouver la meilleure façon de se reformer. Eddy Laguerre, Av.
  • 14. | SOCIÉTÉ 14 | N0 103 MARDI 13 OCTOBRE 2015 Le réchauffement de la planète : une nouvelle religion ? D epuis la pelouse de la Maison-Blanche,lepape François a récemment fait un fervent plaidoyer pour nous exhorter à protéger notre « maison commune » : la terre, du changement climatique. Cela peut paraître étrange pour un chef religieux d’aborder le sujet du réchauffement de la planète. Mais pour beaucoup, le réchauffement climatique est une religion. Non, ce n’est pas un sacrilège. Car la foi inébranlable en la théorie du réchauffement climatique que pro- fessent ces adeptes, particulière- ment la frange de gauche, est simi- laire à celle des religieux et nous, ne sommes pas les seules à partager ce point de vue. L’auteur mondiale- ment connu de Michael Crichton a été peut-être le premier à appeler ce mouvement radical « religion » dans un discours prémonitoire en 2003. Depuis lors, d’autres sont arrivés à la même conclusion. « Le réchauffement climatique est devenu une religion », a averti Richard Lindzen, professeur au MIT et l’une des sommités de renommée mondiale sur le changement climatique. « Le réchauffement climatique est vraiment devenu une nouvelle religion », fait écho Nobel physicien lauréat du prix Ivar Giaever — qui, soit dit en passant, a supporté la candidature de Barack Obama à la présidence en 2008 : « Parce que vous ne pouvez pas en discuter, car ce n’est pas convenable, un peu comme l’Église catholique ». Un autre grand physicien Freeman Dyson a fait des observations remarquablement similaires, appelant le changement climatique à la fois « une science et une religion. La croyance est forte, même lorsque les preuves scientifiques sont faibles ou douteuses. » Même les plus fervents défenseurs de cette théorie l’admettent. Dans sa lettre de démission après un scandale au tout début de l’année 2015, Rajendra Pachauri, le chef du département de la propagande sur le réchauffement climatique de l’ONU, a appelé le mouvement changement climatique et le développement durable « ma religion et mon dharma. » Toutefois, c’est l’ancien chancelier britannique Nigel Lawson qui a vrai- ment touché la plaie du doigt : « Il y a surtout au niveau des jeunes un grand vide spirituel en Europe avec le déclin de toute croyance réelle dans le marxisme et toute vraie croy- ance dans le christianisme. Ce mou- vement a comblé ce vide. » En effet, la gauche verte, ayant aban- donné la religion judéo-chrétienne, et perdue sa foi dans le marxisme qui comblait ce vide, a rejoint l’église du changement climatique. Voilà pour- quoi ces vrais croyants verts embras- sent chaleureusement le message du pape François. Quant aux similitudes littérales à la religion organisée, ils sont en frappant. Considérez ces quelques éléments : LaFoi Le réchauffement climatique, comme l’église, est fondé sur la foi – il manque de preuves tangibles, mais n’est pas moins cru avec ferveur. Le Péchéoriginel En étant nés dans une société sans combustible fossile, nous sommes tous plongés dans le péché et nous devons expier nos richesses en réduisant fortement notre mode de vie. Lessceptiques Vilipendés comme des « sceptiques » et « négationnistes », tout comme dans l’église médiévale, ils sont ciblés pour la punition extrême — comme le montre la lettre de 20 scientifiques, fervents partisans du réchauffement planétaire, adressée au président Obama lui demandant de poursuivre ceux qui rejettent la théorie du réchauffement climatique. Lesindulgences Ceux qui ont péché, comme dans l’église médiévale, peuvent acheter des indulgences — nous les appelons des compensations de carbone ou le recyclage. C’est la même idée. LesRituels Le Jour de la Terre, les campagnes des entreprises « vertes », conduire des voitures électriques, recyclage. Ces rituels entrainent de fortes dépenses, mais ils signalent qui sont les vrais « verts ». Le Paradis Oui, ils ont ça aussi. Il est ici sur terre, mais seulement après que nous ayons abandonné l’utilisation de carburants à base de carbone. Nous ne sommes donc pas surpris que les propos du pape résonnent si fortement aux oreilles de ceux qui ne croient plus en Dieu, car il parle une langue qu’ils peuvent comprendre. Rudolph Homère Victor/ Météorologiste Plus comme avant Tout change. Les temps, le monde, l’homme particulièrement. L’ère où les paroles s’en allaient et que les écritures traversaient le temps et les générations, est révolue. La technologie transforme tout, ou mieux encore, elle améliore tout à sa manière. Les gadgets électroniques et les outils informatiques sont des signes de son apogée. Les échanges entre les continents sont plus envisageables au moyen de l’internet qui, aujourd’hui, est plus accessible. Le tour du monde en 80 jours est possible. On peut espionner derrière un téléphone ou un ordinateur portable équipé de l’internet, à travers une puce électronique. Nous avons alors plus d’ouverture sur le monde, mais moins de couverture. Plus nous sommes exposés au piratage et à la divulgation de gros secrets, à la fuite d‘informations confidentielles, et à la publication d’une relation officieuse extra — conjugale. Rien n’est donc personnel, jamais bien caché. Moins nous sommes en sécurité. Nous rêvons plus chaque jour et nombreux de nos désirs sont stimulés par les pubs diffusés à la télévision, circulés sur les réseaux sociaux, affichés en grand plan à chaque coin de rue. Destinés d’ailleurs à créer ou à réveiller en nous des sentiments de folie, d’obsession et d’ambition. Nos besoins illimités le deviennent infiniment encore plus. Nous rêvons, ce n’est pas mauvais. Est-ce que nous voulons réellement vivre nos rêves en agissant, en conséquence, c’est la grande question. Négatif. Trop occupés à passer des heures devant le petit écran et à changer de chaîne, à surfer sur le net, à fouiner dans les affaires des autres et fourrer le nez dans ce qui ne nous regarde pas que nous oublions naturellement de nous mettre à la réalisation de nos rêves innés ou acquis. Nous croyons surtout que c’est ce qu’il y a de mieux à faire dans la vie. Passer du bon temps, pavaner, c’est le seul temps à nous, après le stress du bureau entre la paperasse, les rapports annuels de l’année fiscale qui est à sa fin, les exigences quotidiennes et les frustrations de la société. Il nous est donné plus de loisirs, enfin, plus de moyens pour nous divertir ou pour nous faire oublier le cours de notre vie et les horribles tâches de tous les jours qui nous reviennent de droit. Les psp, xp, jeux de cartes, de dames, scrabble et d’autres plus intéressants, auraient un certain rôle réparateur et thérapeutique à jouer pour nos passe-temps. Apprivoisant ceux-là, nous sommes plus disposés à en jouir, les yeux rivés sur l’appareil à qui nous devons le plaisir de cette « diversion ». Même pour recevoir un sourire, voire en partager, nous ne détournerons pas notre attention. En tout cas, pas pour si peu. Dans les réunions de grande envergure, on veut parler. Parler pourneriendireleplussouvent,poursefaireentendresûrement. Écouter est apparemment radié du vocabulaire humain. Il faut parler pour faire montre de sa… culture. Euh ! oui, culture. Par ailleurs, on oublie que deux personnes ne parlent pas en même temps (sauf dans les prises de bouche ou dans le cinéma). Contrairement, l’une d’elles est impolie et, personne ne met plus en évidence sa maladresse ou sa mauvaise éducation que celle qui commence à parler avant que son interlocuteur n’ait fini. C’est là que Jimi Hendrix dirait que la connaissance parle, mais la sagesse écoute. Parler est un besoin, quoi. Conscient de tant de découvertes extraordinaires en ce XXIe siècle, devant l’immensité du savoir acquis, comment garder la bouche bée avec la langue pendue. (Rire). Roberlyne Normil
  • 15. D iscuter de la feuille de route pour la rentrée académique 2015-2016 en vue d’améliorer le fonctionnement et la gestion des lycées de la République ; outiller le personnel enseignant et non enseignant ; revoir la gestion administrative et la supervision pédagogique, tels sont les principaux objectifs poursuivis dans le cadre de ce congrès. La revalorisation des écoles publiques revêt une grande importance dans le cadre du virage vers la qualité de l’éducation, a fait savoir le titulaire du MENFP, Nesmy Manigat. C’est dans cette optique qu’il a rendu hommage à une dizaine d’enseignants qui ont consacré une grande partie de leur vie au service du pays. Cela, précise-t-il, se fait dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale des enseignants, le 5 octobre. Ernst Ulysse Innocent, Ronald, Gypsie La Pierre, Axivien Sylvain sont respectivement directeurs de lycée de Saint Marc, de Jacmel et de Mombin Crochu. Ils travaillent chacun en ce qui le concerne depuis 42; 34 et 32 ans dans l’enseignement. Mario Pérard et Joël Serge Milien, directeur du lycée de Fort Liberté, travaillent dans l’enseignement depuis 36 ans. D’autres comme Marie Saintil Duroseau, JeanMichelPierreLouis dirigent des établissements tels les lycées de Saint-Louis du Nord, celui des Cayes. Ils fournissent leur service aux enfants du pays depuis respectivement 30 et 33 ans. C’est pratiquement le même cas pour Ronald Saint Surin, Jean Claude Joseph, aux commandes des lycées de Jérémie et du Cap-Haïtien, depuis 35 ans. Saluant l’initiative du MENFP, le directeur du lycée de Saint Marc, Ernst Ulysse Innocent invite ces pairs à œuvrer pour l’implémentation d’une école plus performante. Cela, explique-t-il, permettra aux jeunes de mieux s’armer pour affronter l’avenir et réussir leur vie. L’inspectiongénérale du MENFPest opérationnelle Par ailleurs, le ministre Manigat a lancé le service d’inspection générale du MENFP. Jackson Pléteau, Rénan Michel, Francesca Villetante et Charles Lévelt Joseph sont les quatre inspecteurs généraux. Ils sont inamovibles durant cinq ans selon le titulaire du MENFP. Ils sont superviseurs des superviseurs, inspecteurs des inspecteurs. Ils assureront la formation du premier noyau d’inspecteurs qui seront déployés sur toute l’étendue du territoire national afin d’assurer la qualité et la promotion de la qualité de l’éducation. Aussi le ministre les invite-t-il à la tenue d’une enquête sur le fonctionnement des semi- lycées. Quant à sa mission, l’Inspection générale devra encadrer, accompagner et faire des rapports auministre.Cettemission,explique Nesmy Manigat, concerne la saine gestion des projets de scolarisation en cours tels le Psugo et l’EPT ainsi que les autres guichets de financement et de subvention en particulier. L’inspection générale devra également aider le MENFP dans le cadre de la de mise en application des décisions du Ministère via les circulaires, les décisions d’ordre pédagogique, administratif ou de gouvernance. Elle aura comme tâche d’encadrer le personnel de ce ministère, notamment la direction générale, les directions techniques, départementales. Elle est rattachée directement au Ministère. Reynold Aris SOCIÉTÉ | MARDI 13 OCTOBRE 2015 N0 103 | 15 Les quatre inspecteurs généraux inamovibles durant cinq ans./ Photo : Ruben Chéry HAÏTI/ÉDUCATION Le MENFPhonore des enseignants - Perte de Plaque AA-93644 Je, soussigné, Lucien James-Wid, avise le public en général que la plaque de mon véhicule Toyota RAV4 de couleur blanche, immatriculée au No AA-93644 a été égarée. En conséquence, je décline toutes responsabilités dans tous éventuels cas d’utilisation de la susdite plaque. Lucien James-Wid
  • 16. L es vieux résidents du quartier qui ont choisi de rester au pays se bar- ricadent derrière de hauts murs. Ils sont, en grande partie, dans la soixantaine. Aller bourl- inguer aux États-Unis d’Amérique ou au Canada a été un rêve de la trentaine. Maintenant qu’ils ont des enfants qui ne vivent pas au pays, ils restent chez eux, dans des résidences muettes qui n’ont pas été détruites par le séisme du 12 jan- vier 2010. À leur âge, ils ne peuvent plus se fendre en quatre pour trouver les moyens économiques, des prêts à la banque, des hypothèques, pour faire fouiller la fondation, acheter du matériel de construction et gravir le calvaire des dépenses pour « monter la maison ». Et sortir du loyer. Aujourd’hui, qu’ils sont devenus vieux, ils se disent, nostalgiques du temps qui passe trop vite : mieux vaut rester dans son petit coin. Mais, il faut se protéger. D’abord contre les tracasseries de la rue. Ensuite contre les émotions de la vieillesse. Ce qui complique la situation, c’est l’insalubrité que les marchandises établies sur les trottoirs provoquent partout où elles s’installent. Si ces vieux résidents ont encore un boulot, ils sortent au petit matin et rentrent fort tard. Ils préfèrent passer un peu de temps dans un restaurant et rentrent chez eux le soir, les vitres de leurs voitures montées. Il n’y avait pas cette habitude, il y a une trentaine d’années. Entre voisins, c’était le sourire partagé et l’entraide de tous les jours. Les hauts murs n’existaient pas. De la galerie, on pouvait regarder la rue avec ses petites scènes bucoliques : la marchande de lait sur sa bourrique, l’unique bus public d’Arnold, la marchande de fruits avec son panier sur la tête… Ils étaient tous catholiques. Ils pratiquaient le vodou en cachette. Ils n’avaient pas à éviter des amas de détritus. L’avenue n’était pas encore bétonnée. Mais les égouts étaient souvent curés. L’eau du morne l’Hôpital laissait déjà des graviers, ici et là. Les vieux résidents de Carrefour- Feuilles se calfeutrent aujourd’hui chez eux face aux métamorphoses de leur quartier. Le bonheur des jours a été rompu, un dimanche du milieu des années soixante-dix, par l’assassinat de Pierre Novembre. Un fils de Justin Bertrand avait tiré la balle fatale. Les amis du temps passé sont partis vers l’étranger. Laisséa son marécage Les vieux résidents de Carrefour- Feuilles, dans les années soixante, savaient voir passer nos camions de ramassage de détritus. À l’époque, on prenait soin de la population « avec Docteur Duvalier », s’exclame un ancien fonctionnaire public. La négligence, le laisser-aller, la charge de fatras qu’on donne à porter au voisin, les tentacules du commerce informel, les petits cagibis de borlette et autres établis sur les trottoirs, c’est déjà l’antichambre du chaos. « Depuis l’assassinat de Pierre Novembre par Justin Bertrand qui voulait être ministre des Travaux publics, la négligence étatique a laissé Carrefour-Feuilles dans son grand marécage, » se lamente un propriétaire de la zone. La terre peut s’effondrer sous les pieds des résidents, à n’importe quel moment. Les infrastructures laissées par l’occupation américaine dans les années trente n’ont pas été construites pour une population si dense. Le marécage peut, au moment où l’on s’y attend le moins, devenir un tsunami localisé. L’avenue Magloire Ambroise, de la rue Ridoré au carrefour de l’église wesleyenne est un grand danger s’il pleut sur la ville durant trois heures d’affilée. «Nouscombattonsles ténèbres» Ce qui révolte, en plus, les vieux résidents du quartier c’est l’établissement des églises protestantes qui font, en toute liberté, un vacarme de tous les diables, une terrible pollution sonore pour imposer leurs rites à coups de décibels. Que proposent-elles sur le plan social ? Il y a le ciel à conquérir. Mais, comment préparer ce « ciel » quand nos pasteurs sans faute ni péché ne mobilisent pas leur « jeunesse » pour un bon coup de balai dans l’environnement immédiat de leur église. Il faut capitaliser sur les insalubrités publiques, avoir des prêches alarmistes sur des séismes, maintenir un discours sur « le diable ancestral » pour attirer ceux qui se sentent coupables d’une « faute ». La liberté religieuse reconnue par la Constitution haïtienne devrait imposer des devoirs civiques à ces cultes qui font beaucoup de dégât à l’identitéculturelledupeuplehaïtien. Une schizophrénie collective, par exemple. «Sil’Amériqueprotestantedonnedes moyens économiques pour sauver les âmes, reproche un professeur de sciences sociales habitant la zone, pourquoi elle ne fait pas de même pour des écoles, des musées, des centres scientifiques, des salles de théâtre ? » Depuis le séisme, les vieux résidents de Carrefour-Feuilles ne sont pas dupes : la bataille contre le vodou n’est pas terminée. Pas question de préparer les esprits à la science, à la culture, à l’objectivité. « Nous combattons les ténèbres », lancent les protestants. Lebunkerdumarché Les vieux résidents de Carrefour- Feuilles font le douloureux constat que les maisons changent de configuration. Une expansion commerciale éten- dait ses bras bien avant 2010. Des af- faires immobilières hermétiques mé- tamorphosent le quartier. Banques, maisons de transfert, pharmacies, supermarchés s’implantent. Ce serait un moindre mal si toutes ces nouvelles structures respectaient des normes et ne venaient pas mettre un « abcès sur le clou. » Les vieux résidents de Carrefour- Feuilles n’acceptent pas de voir que le marché de la zone vient empirer l’informel devant leurs maisons construites au prix de tous les tracasseries et sacrifices personnels. C’est un vaste hall. Il y a un manque de professionnalisme dans cette construction. Aucune étude anthropologique n’a été faite. Les étalages s’étendent ici et là, sans aucun compartimentage de l’espace. Les marchandes manquent de places. Les espaces de circulation des acheteurs sont très réduits. Le tremblement de terre avait fissuré le marché de Carrefour-Feuilles. Les marchandes l’avaient abandonné. Celui-ci s’étend. Il va vers la rue Sicot, il continue vers la ruelle Miron, il monte l’Avenue Magloire Ambroise, il arrive plus haut que la rue Ridoré. Les vieux résidents de Carrefour- Feuilles sont impuissants. S’ils balaient aujourd’hui, demain ils sont accablés par le retour des immondices devant leurs barrières. À la ruelle Miron, les canaux sont bouchés. L’eau a déjà fait un noyé. Le rond-point est cassé par un député proche du pouvoir en place et ce sont des carcasses de voitures et des immondices qui y font un décor d’apocalypse. C’est à ce carrefour que Pierre Novembre a été tué. Justin Bertrand a fini sa vie dans une cellule à Fort- Dimanche, dans des conditions exécrables. Les vieux résidents doivent se mobiliser contre l’insalubrité. Carrefour-Feuilles a une richesse rare : l’eau. Dans leur résidence muette, la do- dine se balance. On est dans son petit coin, paniqué par la moindre détonation d’une arme. L’avenir de Carrefour-Feuilles dépend du nou- veau militantisme de ses résidents. L’OPL a parlé de Carrefour-Feuilles. Applaudissons Sauveur Pierre Étienne et attendons voir ! Pierre Clitandre | SOCIÉTÉ 16 | N0 103 MARDI 13 OCTOBRE 2015 Carrefour-Feuilles : entre insalubrité et devoir citoyen Vue du marché de Carrefour-Feuilles. / Photo : Pierre Clitandre