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PFE 07/2010
Les Chartreux
	 Concernant les ordres monastiques, nous devons distin-
guer deux orientations de vie distinctes.
Le mode de vie cénobitique, qui rassemble au sein d’un même
village une communauté fondée sur le travail et l’étude. Ces pre-
mières communautés consistaient en des groupes de huttes en
bois regroupées autour d’un lieu commun ou une personnalité
réputée pour sa foi.
A l’opposé du cénobitisme, le mode de vie érémitiste est le choix
d’une vie spirituelle dans la solitude et le recueillement, à l’image
du Christ se retirant dans le désert pour prier ; les ermites seront
appelés les «frères du désert».
	 L’ordre Cartusien, que nous étudions ici en rapport à la
Chartreuse de Bosserville, est à la croisée de ces deux univers.
	 Initié au XII ème siècle par Saint-Bruno (1030-1101) dans
le massif de la Chartreuse au Nord de Grenoble, l’ordre Cartu-
sien est régi par une règle austère tenant en quatre mots : expia-
tion, contemplation, solitude et silence.
	 L’architecture des chartreuses n’est que la concrétisation
de cette règle, l’isolement doit être au cœur de la conception,
ainsi si il n’y a pas de Chartreuse modèle, la conception reste
inchangée.
De façon générale c’est le site qui impose la composition des
différents éléments constituants la Chartreuse, la solitude et le
silence sont garantis par le «désert» autour de la Chartreuse.
	 Concernant les constructions, nous pouvons distinguer
trois entités distinctes résultant de la règle de vie choisie par
l’ordre, qui permettent d’entrer progressivement au sein même
de la vie cartusienne.
La Grande Chartreuse dans le massif du même nom, en Isère.
La «porterie» et «l’hôtellerie» regroupent les uniques par-
ties accessibles aux «étrangers» ou familles des pères et frères
concerts. Ces bâtiments, nobles et travaillés au regard des
autres, servent d’entrée et constituent souvent la seule partie
visible de la Chartreuse.
	 Les bâtiments cénobitiques regroupent la vie en commu-
nauté des religieux. Ils se composent principalement de l’église,
des chapelles, du réfectoire et des «obédiences» et ne sont uti-
lisés par les pères que lors des prières communes et des fêtes
religieuses.
	 Enfin, les bâtiments anachoretiques ne concernent que
la vie érémitique des pères. Ils regroupent la bibliothèque, le
grand cloitre qui distribue l’ensemble des cellules. Celles-ci, indi-
viduelles, regroupent l’ensemble des activités solitaires du père ;
il y dort, mange, travaille et étudie. Aucune décoration, les murs
sont blanchis à la chaux, rien ne doit détourner le père de son
objectif. Le jardin est à la libre disposition du père, enfin, le mur
périphérique souligne l’horizon au delà duquel le ciel apparaît.
	 C’est à partir de ces différents éléments que nous devons
commencer notre travail de requalification de ce patrimoine riche.
Les différentes notions propres à chaque entité doivent trouver
résonance dans l’affectation d’un programme de lycée. Ainsi, la
porterie regroupera l’administration et l’enseignement général,
les bâtiments cénobitiques regrouperons les espaces propres à
la culture et au savoir tels que la salle de conférence, la média-
thèque et les éléments de mise en valeur touristique du patri-
moine. Enfin les bâtiments anachoretiques, propices à la médi-
tation et au recueillement, seront affectés à l’internat des élèves
leur permettant une autonomie «encadrée».
Extrait du documentaire “Le grand silence“ - de Philip Gröning
Entrée principale de la Grande CHartreuse
La Chartreuse de Bosserville
	 La construction de la Chartreuse de BOSSERVILLE a
débuté au XVII ème siècle, de la volonté de Charles VI Duc de
Lorraine désireux de s’attirer les faveurs papales, il sollicite la
venue des Chartreux de Rettel. Initialement prévue sur les terres
de Sainte-Anne à Laxou, mais inadaptées pour cela, c’est sur le
vallon de Bosserville que la construction fut débutée en 1666.
	 Construite, en partie, à partir des pierres des fortifications
démembrés de Nancy, par Sieur Collignon, Jean Gravelo puis
Jean Betto, il fallu 60 ans pour l’édification.
	 Les vicissitudes de l’histoire n’ont pas épargné cet édifice,
consacrée en 1712, la révolution chassa les chartreux soixante-
dix sept ans plus tard. S’ensuit différentes affectations des bâti-
ments, de la manufacture à l’ambulance militaire lors des dif-
férents conflits avec l’Allemagne, les chartreux reviendront en
1835 et terminent les cellules nord avant d’être définitivement
chassés en 1901.
	 Grand Séminaire au début du XX ème siècle, classé en
1946, l’édifice à l’abandon cherchera sa destination jusqu’aux
années soixante. Il fût alors décidé d’établir une école technique
de jeunes garçons, ancêtre de l’Ensemble Scolaire Saint-Michel
que nous connaissons aujourd’hui.
	 Même si il n’existe aucun modèle de Chartreuse, nous
avons le sentiment de faire face à un aboutissement du concept.
La symétrie et l’homogénéité de la façade principale ainsi que
le plan aux proportions parfaitement définies et orientées nous
permet d’approcher l’essence même de la typologie d’une char-
treuse.
	 C’est donc avec une certaine modestie que nous devons
aborder ce patrimoine qui nous domine, la démarche que nous
envisageons consiste en une remise en état dans son contexte,
Vitrail représentant Charles IV. Gravure de la Chartreuse de BOSSERVILLE
Localisation des différents éléments constitutifs de
la Chartreuse de BOSSERVILLE
l’objectif étant d’effacer les ajouts postérieurs disparates sans
nier sa nouvelle destination pour l’enseignement. Ainsi la lecture
de l’édifice originel retrouvera toute sa clarté. Cependant il ne
sera nulle question de déférence face à l’édifice, les construc-
tions nécessaires au fonctionnement du lycée devront répondre
à leurs objectifs sans porter atteinte à l’édifice.
	 Située sur la route reliant Nancy à Saint-Nicolas de Port
et sa basilique du XVI ème siècle, c’est à la confluence du vallon
de Bosserville et de la vallée de la Meurthe que la Chartreuse de
Bosserville s’impose.
	 Le terrain possède toutes les qualités requissent à l’édifi-
cation d’une chartreuse. Relativement plat, disposant de sources
d’eau, de forêts, de vergers et de terres cultivables, les condi-
tions sont regroupées pour permettre l’édification d’une commu-
nauté religieuse vivant en autosuffisance.
	 L’entrée de la Chartreuse se faisait depuis l’allée plantée
de platanes (actuelle allée du séminaire) dans l’axe de symétrie
du bâtiment principal, les services étant relégués à l’ouest, de-
puis l’actuel centre de Bosserville. Longeant l’ensemble des bâti-
ments une basse cour permettait de circuler entre les diverses
obédiences.
	 Deux enceintes permettaient l’isolement des pères, la
première au pourtour du “désert“ et la seconde constituée par
le mur périphérique des cellules. Il est primordial de conserver
cette disposition pour préserver ce témoignage.
La Chartreuse dans son paysage
Accès principal à la chartreuse.
Accès depuis le village de BOSSERVILLE
Accès depuis le chemin du Bois Robin
Vue panoramique depuis le parc de la Cure d’Air à Nancy.
La Chartreuse de BOSSERVILLE dans son écrin naturel.
Principes de mise en valeur du patrimoine
	 Le projet sur la chartreuse de Bosserville nécessite d’un
coté une analyse approfondie du site, de son histoire, de ses
caractéristiques particulières et de l’autre coté une réflexion sur
l’empreinte des futures interventions. Le rapport entre le patri-
moine et sa réadaptation aux besoins contemporains a toujours
soulevé des questions. Est ce que le patrimoine est quelque
chose qui vit et donc évolue avec le temps ou quelque chose qui
doit être scrupuleusement préservé dans son état originel.
“Restaurer un édifice ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire
c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à
un moment donné“
Viollet-le-Duc “Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XI
siècle au XVI siècle“
	 Notre démarche pour ce projet a été menée par une vo-
lonté de restaurer la chartreuse au plus près de sa logique et
de son état d’origine. Dans ce but nous avons effectué des re-
cherches historiques approfondies. De ce fait nous avons appris
l’importance de la symétrie du monument : la chartreuse de Bos-
serville est la première dont la symétrie est aussi parfaite.
“La valeur d’ancienneté (la patine du temps) n’est pas égale à la
valeur historique.“ Alois Riegl “Le culte moderne des monuments“
	 Il existe un conflit entre sa fonction spirituelle d’origine et
les besoins du lycée technique, cependant, nous avons décidé
de conserver le lycée puisqu’un des facteurs de la détérioration
de la chartreuse était son incapacité à accueillir d’autres struc-
tures due à son emplacement et son architecture très particu-
lière.
C’est lorsque un édifice ne répond plus aux nouvelles exi-
gences qu’on songe à le transformer. Néanmoins les construc-
tions des années 60–80 ne nous paraissent pas du tout conformes
avec l’aspect général de la chartreuse. La préservation des trois
points de vue (depuis la route de Nancy, depuis l’allée aux pla-
tanes et depuis la vallée au nord) est suffisante pour pouvoir
percevoir la chartreuse comme elle était au 18 siècle. La requa-
lification d’entrées distinctes pour le lycée et les visiteurs et la
destruction de la «butte» du gymnase s’imposent donc d’elles
mêmes.
“L’unité de style n’est pas un but à atteindre au cour d’une restaura-
tion.“
“Les éléments destinés à remplacer les parties manquantes doivent
s’intégrer harmonieusement à l’ensemble, tout en se distinguant des
parties originales afin que la restauration ne falsifie pas le document
d’art et d’histoire.“ Charte de Venise
	 Afin de preserver la symétrie nous projetons l’ajout de
constructions des deux cotés de la chartreuse, lesquels avec leur
contemporanéité ne seront en aucun cas considérés au même
degré de lecture avec le reste, et dont le but est de ne pas être
visible, ni a partir de l’allée des platanes, ni a partir de la route
de Nancy, pour protéger visuellement l’intégrité historique de la
chartreuse.
	
	 Les points forts du projet sont la réutilisation optimale des
espaces dans la chartreuse par un processus de restauration
philologique, d’interventions minimums et de réversibilité de la
restauration, affirmant la lisibilité des interventions contempo-
raines qui se distinguent des phases précédentes du bâtiment.
Etat des lieux.
	 La chartreuse de Bosserville, à son apogée, était habitée
par une vingtaine de moines… aujourd’hui elle est devenue un
lycée pour 900 étudiants. Apres la Révolution française le mo-
nastère a changé de fonction plus d’une fois puis laissé à l’aban-
don, il s’est détérioré progressivement. Aujourd’hui la chartreuse
nécessite une restructuration plus qu’une restauration. A part des
petits travaux (carreaux cassés, murs défraichis…) il sera néces-
saire de procéder à quelques démolitions plus importantes. Nous
avons pris la décision de détruire tous les appentis qui parasitent
l’image de ce monument comme les chaufferies dans les cours
des cellules, les sanitaires extérieurs devant la façade d’entrée
pour restaurer la symétrie du bâtiment, nous avons aussi envi-
sagé la destruction de la prolongation de l’aile droite du bâtiment
de façade, un ajout postérieur au reste qui représente un intérêt
architectural quelconque.
	 Le problème majeur pour une revalorisation de la char-
treuse de Bosserville aujourd’hui est le conflit entre sa fonction
spirituelle d’origine et les besoins du lycée technique qui occupe
les lieux. Actuellement des constructions ont été ajoutées à la
chartreuse : ateliers de travaux pratiques, parking des poids--
lourds et un gymnase. Ces constructions dévalorisent sévère-
ment l’image de ce monument. Il est donc très important de les
reconstruire, d’autant que leur état est vétuste.
Synthèse du programme
Solutions envisagées.
	 Lors de nos différentes visites, nous avons constaté des
dysfonctionnements dans l’organisation, les circulations et un
confort insatisfaisant pour les élèves surtout dû au manque de
surface dans les espaces de repos et de restauration, mais éga-
lement un délabrement général causé par la vaste surface de la
chartreuse, le manque de surveillance et d’entretien.
	 Nous nous sommes alors questionnés sur ce qu’est réel-
lement un lycée, quel est son fonctionnement et surtout ses pro-
blèmes et comment vraiment y remédier : « un lycée ce sont ses
élèves ». Cette institution abrite la tranche d’âge la plus contro-
versée : la charnière entre le monde de l’enfance et celui des
adultes.
	 Le lycée est à la fois le plaisir des rencontres sociales
et la discipline d’étudier. Pour mieux s’intégrer aux règles de la
vie scolaire et sociale, il faut parvenir à transmettre l’envie et la
motivation. La pédagogie passe en premier lieu par l’architecture
de l’établissement scolaire. Contre les problèmes de discipline le
meilleur remède est le respect et pas la répression. Le respect
est une équation entre la sérénité et le dialogue. La sérénité pro-
vient aussi de l’architecture : l’espace, la lumière, le silence et la
nature donnent cette sensation. Le dialogue vient tout naturelle-
ment des rencontres. Notre volonté est de rendre les lieux appro-
priables par la création de différentes zones offrant des espaces
personnalisables.
	 Nous nous sommes donné comme objectif d’avoir des
salles de classe plus lumineuses, des chambres d’internat
confortables et intimistes et surtout un réfectoire spacieux qui
permettra aux lycéens de se restaurer en toute tranquillité.
PLAN MASSE PROJET
La bonne disposition de la salle de classe, ses qualités
sonores et son éclairage sont à l’origine du bon fonctionnement
de l’établissement scolaire. Notre attention s’est donc portée tout
particulièrement sur « la salle de classe » comme élément fédé-
rateur du lycée. A présent, les salles de classes se trouvent dans
les cellules des moines et dispersées dans le bâtiment principal,
ce qui a pour inconvénient de dénaturaliser les cellules et surtout
d’avoir des salles de classes peu commodes avec un éclairage
différent et souvent insuffisant. Nouas avons décidé de regrou-
per les salles d’enseignement général au R+1 et au R+2 du bâti-
ment façade.
	 La forme rectangulaire propose une bonne sensation de
hiérarchie, ce qui est important pour la bonne entente entre le
professeur et ses élèves : le professeur « dirige » la salle. Cette
forme favorise aussi un bon éclairage jusqu’à la dernière ran-
gée de table et la distance entre le tableau et le dernier rang est
grande. Pour une meilleure visibilité l’installation d’une estrade
est souhaitable. Une volonté esthétique de dissimuler les portes
par un jeu de différentes profondeurs dans le plan va créer des
perspectives et augmenter visuellement le volume de la pièce.
Pour les salles d’études, nous avons choisi une forme qui se rap-
proche du carré : sans hiérarchie pour des activités plus libres.
Cette forme favorise la disposition des tables autour d’un centre,
ce qui sous entant un meilleur dialogue. De plus cette forme géo-
métrique propose un bon éclairage pour tous les élèves, un bon
angle de vue pour les rangées de coté et une distance accep-
table pour les élèves au dernier rang. Nous avons favorisé la
création de « sous-espaces » par le mobilier : la possibilité de
s’assoir différemment provoque un comportement différent.
	 Le couloir qui relie les salles ne doit pas être perçu juste
comme une circulation, mais aussi comme un lieu de rencontre.
La création des bancs concaves offrira la possibilité de s’assoir
entre amis en attendant le professeur.
Plan type des salles de classe.
Vue intérieure des salles de classe.
Notre projet consiste par ailleurs à reconstruire les ateliers
comme des modules, en bande ; cette disposition permettra un
phasage entre démolition et reconstruction. Jouant avec la pente
du terrain, le rez-de-chaussée sera semi-enterré sur le coté de
la chartreuse et l’étage sera dédié aux salles de classe dédiées
à l’enseignement technique. Dans cette « bande » le nouveau
gymnase trouvera également sa place.
		 L’éclairage ainsi que la ventilation seront assurés
dans la profondeur du bâtiment par une façade largement vitrée,
ainsi qu’un éclairage zénithal sur patio et un saut de loup pour le
fond des ateliers.
	 Entre chacun des pôles seront disposés les circulations
verticales assurant la desserte et la communication entre le pla-
teau atelier au rez-de-chaussée et les salles de cours attenantes
à l’étage, ainsi chaque spécialité est concentrée en un même
lieu.
	 Le gymnase tel qu’il existe aujourd’hui participe à l’étale-
ment des fonctions, malgrès sa volonté d’intégration il crée un
talus qui perturbe la perception de la chartreuse depuis le Nord.
C’est pourquoi, nous préconisons de supprimer celui-ci au profit
d’un bâtiment en continuité des ateliers. Il participe ainsi à l’uni-
tés de l’ensemble en opposition à l’éclatement constaté. Profi-
tant lui aussi de sa position semi-enterrée, des gradins seront
accessibles depuis la «rue haute».
Jusqu’à présent le lycée manquait d’un véritable hall
d’entrée qui soit à la fois un espace de distribution mais aussi
un lieu social. Pour lier la « bande » d’ateliers au reste du bâti-
ment et surtout créer une nouvelle entrée, nous avons projeté
un nouveau hall d’entrée qui desservira les ateliers, depuis la
“rue haute“, le bâtiment de façade et le foyer des collégiens et
lycéens. Ce véritable lien entre les différentes activités est voulu
comme un espace à la fois transparent et traversant. Ce nou-
veau hall grâce à la pente naturelle du terrain servira d’entrée
pour les élèves, les professeurs ainsi que les personnes à mobi-
lité réduite. Cet espace de transition sera aussi un lieu de ren-
contre entre les élèves et les professeurs.
	 Le hall d’entrée est à proximité de la cour de recréation
et du foyer des élèves. Une galerie couverte dessert de part et
d’autre les ateliers avec les salles de classes spécialisées au
noyau éducatif, ce qui rend la cour rapidement accessible par
sa position au centre de la circulation journalière. Pour éviter les
altercations entre les élèves et mieux répondre aux besoins de
chacun, nous avons pris la décision de séparer les espaces dé-
tentes des collégiens et des lycéens, toutefois, cette séparation
n’est pas imperméable. Les élèves auront comme lieux com-
muns l’espace-vente et les sanitaires. Les foyers comprennent
respectivement une grande salle de détente qui peut être sé-
parée en deux par des portes coulissantes, délimitant alors un
espace dédié à un club ou une autre activité quelconque.
	 Le bureau des surveillants se trouvant à proximité, dans
le hall, assure une surveillance plus aisée. Les cours de recréa-
tion, le préau, la galerie couverte et le patio formeront un pôle
de vie sociale qui contre balance le pôle éducatif autour du nou-
veau C. D. I.
Le réfectoire actuel est une construction ajoutée ultérieu-
rement qui occupe une cour intérieure. Cette construction déva-
lorise les éléments architecturaux qui l’entourent. De plus cette
extension ne répond pas pleinement à sa fonction, son volume
restreint est la cause d’une longue file d’attente et contraint les
élèves à se restaurer plus rapidement. La distance que les plats
et la vaisselle sale doivent franchir entre la cuisine, qui se trouve
dans le bâtiment façade et le réfectoire, est trop grande.
	 Dans notre projet, nous avons donc décidé la destruction
de cette extension pour reconstruire le réfectoire en continuité
de la “bande“ des internats et redonner ainsi du sens à cette
cour qui a ses qualités architecturales. Cet espace extérieur
sera en lien avec le nouveau C. D. I., le but étant qu’il soit perçu
comme son extension extérieure, comme sa cour. Le jeu soigné
des revêtements de sol et la possibilité de lecture en extérieur
donneront l’aspect souhaité d’un parc en miniature où l’on pour-
ra apprendre en toute quiétude.
	 La médiathèque est un lieu très important pour un éta-
blissement scolaire, son architecture doit être accueillante et
sereine afin d’éveiller le plaisir de la lecture. Elle trouvera sa
place dans l’ancien réfectoire des moines, ce qui va lui redonner
sa place au cœur du lycée. Profitant de la hauteur sous plafond,
nous voulons créer deux niveaux qui formeront deux zones dis-
tinctes. Le concept est basé sur l’image d’une cabane dans les
arbres au cœur du jardin, un espace réservé aux jeunes permet-
tant l’isolement et qui donne envie d’y être.
En annexe du CDI on retrouve la salle de travail en équipe dans
l’ancienne salle du Chapitre.
Proposition d’aménagement de la médiathèque dans l’ancien réfectoire des pères
Afin d’assimiler la fonction initiale des cellules des
moines, nous avons décidé de les transformer toutes en inter-
nat. De plus les salles de classe dans les cellules à l’ouest sont
actuellement desservies par un double couloir qui ne répond en
aucun cas aux plans d’origine.
	 Chaque cellule aura ses sanitaires, ses douches, sa salle
de travail et ses chambres d’internat. Elle va redevenir une en-
tité, reliée au grand cloitre. Le nombre de lits nécessaire et l’es-
pace restreint des cellules nous a obligé d’en mettre plusieurs
dans chaque pièce. Mais pour rendre les chambres confortables
et intimistes nous préconisons un système de « meuble » qui
inclue un lit, une séparation, un point d’eau, un rangement et
un bureau, de sorte que chaque pensionnaire aura son espace
qu’il pourra personnaliser. Néanmoins, nous nous sommes vite
aperçu que pour les besoins de l’internat, ces cellules seront
insuffisantes.
	 De l’autre coté afin de preserver la symétrie, nous pro-
jetons d’ajouter des constructions des deux cotés de la char-
treuse. Cette caractéristique particulière du monument est très
importante : la chartreuse de Bosserville est la première dont la
symétrie (considérée à l’époque comme un signe de la sagesse
divine sur terre) est aussi parfaite. De plus en étudiant des
vieilles gravures nous nous sommes rendu compte que l’exten-
sion d’une chartreuse était souvent obtenue grâce à l’ajout d’un
nouveau cloitre entouré de cellules.. C’est ce que nous avons
décidé de faire, nous avons ajouté une deuxième « bande » de
volumes qui reprend l’idée du cloitre. La hauteur des nouvelles
« cellules » se détermine par la hauteur du mur existant. Ce qui
rend les nouvelles constructions invisibles depuis l’intérieur et
ce qui préserve le concept d’origine : le ciel est l’horizon des
chartreux. Au bout de cette « bande » nous trouverons l’empla-
cement de la future cantine, qui ouvre sur le grand paysage. Cet
emplacement favorise l’accès des livraisons depuis le parking
paysagé à proximité.
Croquis d’ambiance des internats.
FACADE PRINCIPALE SUD
FACADE DES ATELIERS
FACADE DES INTERNATS ET RESTAURANT SCOLAIRE
Espaces extérieurs.
	 Ces interventions ont aussi pour but l’enrichissement
des espaces extérieures. Dans notre projet nous avons prévu
une place importante pour leur revalorisation. En commençant
par l’allée plantée de l’entrée qui sera libérée des places de par-
king. Les espaces verts du nouvel axe d’entrée seront retravail-
lés. Un parvis minéral devant le nouveau hall marquera l’entrée.
Des arbres plantés en bande seront un lien visuel entre le parvis
et la « rue haute» intérieure entre les cellules et les ateliers.
	
	 Des espaces extérieurs seront libérés dans la chartreuse
à la place de la salle des professeurs et du réfectoire. Ils seront
réaménagés dans une logique de « bande verte » qui consiste
en un traitement de sol uni et des arbres plantés en ligne ; cette
« bande verte » mènera jusqu’ à la nouvelle demi-pension.
	
	 Le nouveau « cloitre » et les espaces entre les nouvelles
cellules seront boisés. Ce que nous recherchons c’est une am-
biance calme et intime.
	 Le grand cloitre, le petit cloitre et le jardin de la cellule
témoin seront des espaces verts témoins qui seront replantés
dans la continuité de la démarche pédagogique déjà initiée par
l’établissement.
Circuit touristique.	
	 Le pôle touristique regroupera l’église, la salle du cha-
pitre, la salle du pilier, le petit cloitre et une cellule qui sera amé-
nagée comme salle d’exposition. On imagine que la promenade
touristique peut commencer au début de l’allée des platanes,
passer par l’entrée principale, faire le tour des éléments les plus
importants et préservés de la chartreuse. Tout en profitant des
vues vers les espaces extérieurs revalorisés, ce parcours conti-
nuera jusqu’à la cellule témoin au nord de la chartreuse, incluant
les changements d’ambiance, de lumière et de volumes. De
cette façon, les visiteurs vont vivre par eux-mêmes la distance à
parcourir et sentir le microcosme de la cellule et le macrocosme
de la chartreuse.
	 Nous souhaitons que cette promenade se termine à l’ex-
térieur, continuant vers le nord, tout en longeant le ruisseau et
la muraille de la chartreuse. Notre projet a pour ambition de
s’étendre entre le bassin de pisciculture et “l’étang des morts“
en formant un parcours paysager lié à cet élément naturel. Ce
parcours sera traité en trois séquances, la première passera
par la route de la chartreuse jusqu’à la muraille, la seconde lon-
gera le petit ruisseau et la troisième inclue le trottoir qui longe
la chartreuse. Traité de manière sobre avec des lames de bois
sombre et nervurés, enchainant des graviers blancs le chemin
s’éloignera de la chartreuse vers l’étang. La promenade quittera
le territoire du lycée pour cheminer entre la muraille et le petit
ruisseau.
	 Ce parcours mettra en valeur l’horizontalité du mur et son
coté poétique de ruine pittoresque. Le chemin va bifurquer pour
continuer au-dessus de la terre marécageuse du fil d’eau. Ce
que nous avons voulu c’est planter des roseaux pour délimiter
la zone et créer un circuit en bois qui surplombe l’eau et la végé-
tation. Le but éducatif d’un tel circuit est la prise de conscience
du site, de ses qualités et à quel point il a été soigneusement
choisi.
Ruisseau marécageux et mur en ruine
Ponton sur le lit du ruisseau
Proposition d’aménagement de la promenade entre la chartreuse et l’étang
Notre objectif est de créer un lieu agréable aux visiteurs
et d’attirer les gens vers ce monument de l’histoire et du patri-
moine lorrain. Ceci en preservant sa fonction d’enseignement,
qui lui a permis d’arriver jusqu’à nous dans des conditions favo-
rables, car un édifice sans fonction est voué à la ruine.
“La restauration constitue le moment méthodologique
de la reconnaissance de l’œuvre d’art, dans sa consistance
physique et dans sa double polarité esthétique et historique,
en vue de sa transmission au futur.”
Cesare Brandi “Théorie de la restauration“.
Notice Explicative réhabilitation Chartreuse de Bosserville

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Notice Explicative réhabilitation Chartreuse de Bosserville

  • 2. Les Chartreux Concernant les ordres monastiques, nous devons distin- guer deux orientations de vie distinctes. Le mode de vie cénobitique, qui rassemble au sein d’un même village une communauté fondée sur le travail et l’étude. Ces pre- mières communautés consistaient en des groupes de huttes en bois regroupées autour d’un lieu commun ou une personnalité réputée pour sa foi. A l’opposé du cénobitisme, le mode de vie érémitiste est le choix d’une vie spirituelle dans la solitude et le recueillement, à l’image du Christ se retirant dans le désert pour prier ; les ermites seront appelés les «frères du désert». L’ordre Cartusien, que nous étudions ici en rapport à la Chartreuse de Bosserville, est à la croisée de ces deux univers. Initié au XII ème siècle par Saint-Bruno (1030-1101) dans le massif de la Chartreuse au Nord de Grenoble, l’ordre Cartu- sien est régi par une règle austère tenant en quatre mots : expia- tion, contemplation, solitude et silence. L’architecture des chartreuses n’est que la concrétisation de cette règle, l’isolement doit être au cœur de la conception, ainsi si il n’y a pas de Chartreuse modèle, la conception reste inchangée. De façon générale c’est le site qui impose la composition des différents éléments constituants la Chartreuse, la solitude et le silence sont garantis par le «désert» autour de la Chartreuse. Concernant les constructions, nous pouvons distinguer trois entités distinctes résultant de la règle de vie choisie par l’ordre, qui permettent d’entrer progressivement au sein même de la vie cartusienne. La Grande Chartreuse dans le massif du même nom, en Isère.
  • 3. La «porterie» et «l’hôtellerie» regroupent les uniques par- ties accessibles aux «étrangers» ou familles des pères et frères concerts. Ces bâtiments, nobles et travaillés au regard des autres, servent d’entrée et constituent souvent la seule partie visible de la Chartreuse. Les bâtiments cénobitiques regroupent la vie en commu- nauté des religieux. Ils se composent principalement de l’église, des chapelles, du réfectoire et des «obédiences» et ne sont uti- lisés par les pères que lors des prières communes et des fêtes religieuses. Enfin, les bâtiments anachoretiques ne concernent que la vie érémitique des pères. Ils regroupent la bibliothèque, le grand cloitre qui distribue l’ensemble des cellules. Celles-ci, indi- viduelles, regroupent l’ensemble des activités solitaires du père ; il y dort, mange, travaille et étudie. Aucune décoration, les murs sont blanchis à la chaux, rien ne doit détourner le père de son objectif. Le jardin est à la libre disposition du père, enfin, le mur périphérique souligne l’horizon au delà duquel le ciel apparaît. C’est à partir de ces différents éléments que nous devons commencer notre travail de requalification de ce patrimoine riche. Les différentes notions propres à chaque entité doivent trouver résonance dans l’affectation d’un programme de lycée. Ainsi, la porterie regroupera l’administration et l’enseignement général, les bâtiments cénobitiques regrouperons les espaces propres à la culture et au savoir tels que la salle de conférence, la média- thèque et les éléments de mise en valeur touristique du patri- moine. Enfin les bâtiments anachoretiques, propices à la médi- tation et au recueillement, seront affectés à l’internat des élèves leur permettant une autonomie «encadrée». Extrait du documentaire “Le grand silence“ - de Philip Gröning Entrée principale de la Grande CHartreuse
  • 4. La Chartreuse de Bosserville La construction de la Chartreuse de BOSSERVILLE a débuté au XVII ème siècle, de la volonté de Charles VI Duc de Lorraine désireux de s’attirer les faveurs papales, il sollicite la venue des Chartreux de Rettel. Initialement prévue sur les terres de Sainte-Anne à Laxou, mais inadaptées pour cela, c’est sur le vallon de Bosserville que la construction fut débutée en 1666. Construite, en partie, à partir des pierres des fortifications démembrés de Nancy, par Sieur Collignon, Jean Gravelo puis Jean Betto, il fallu 60 ans pour l’édification. Les vicissitudes de l’histoire n’ont pas épargné cet édifice, consacrée en 1712, la révolution chassa les chartreux soixante- dix sept ans plus tard. S’ensuit différentes affectations des bâti- ments, de la manufacture à l’ambulance militaire lors des dif- férents conflits avec l’Allemagne, les chartreux reviendront en 1835 et terminent les cellules nord avant d’être définitivement chassés en 1901. Grand Séminaire au début du XX ème siècle, classé en 1946, l’édifice à l’abandon cherchera sa destination jusqu’aux années soixante. Il fût alors décidé d’établir une école technique de jeunes garçons, ancêtre de l’Ensemble Scolaire Saint-Michel que nous connaissons aujourd’hui. Même si il n’existe aucun modèle de Chartreuse, nous avons le sentiment de faire face à un aboutissement du concept. La symétrie et l’homogénéité de la façade principale ainsi que le plan aux proportions parfaitement définies et orientées nous permet d’approcher l’essence même de la typologie d’une char- treuse. C’est donc avec une certaine modestie que nous devons aborder ce patrimoine qui nous domine, la démarche que nous envisageons consiste en une remise en état dans son contexte, Vitrail représentant Charles IV. Gravure de la Chartreuse de BOSSERVILLE
  • 5. Localisation des différents éléments constitutifs de la Chartreuse de BOSSERVILLE
  • 6. l’objectif étant d’effacer les ajouts postérieurs disparates sans nier sa nouvelle destination pour l’enseignement. Ainsi la lecture de l’édifice originel retrouvera toute sa clarté. Cependant il ne sera nulle question de déférence face à l’édifice, les construc- tions nécessaires au fonctionnement du lycée devront répondre à leurs objectifs sans porter atteinte à l’édifice. Située sur la route reliant Nancy à Saint-Nicolas de Port et sa basilique du XVI ème siècle, c’est à la confluence du vallon de Bosserville et de la vallée de la Meurthe que la Chartreuse de Bosserville s’impose. Le terrain possède toutes les qualités requissent à l’édifi- cation d’une chartreuse. Relativement plat, disposant de sources d’eau, de forêts, de vergers et de terres cultivables, les condi- tions sont regroupées pour permettre l’édification d’une commu- nauté religieuse vivant en autosuffisance. L’entrée de la Chartreuse se faisait depuis l’allée plantée de platanes (actuelle allée du séminaire) dans l’axe de symétrie du bâtiment principal, les services étant relégués à l’ouest, de- puis l’actuel centre de Bosserville. Longeant l’ensemble des bâti- ments une basse cour permettait de circuler entre les diverses obédiences. Deux enceintes permettaient l’isolement des pères, la première au pourtour du “désert“ et la seconde constituée par le mur périphérique des cellules. Il est primordial de conserver cette disposition pour préserver ce témoignage. La Chartreuse dans son paysage Accès principal à la chartreuse. Accès depuis le village de BOSSERVILLE Accès depuis le chemin du Bois Robin
  • 7. Vue panoramique depuis le parc de la Cure d’Air à Nancy. La Chartreuse de BOSSERVILLE dans son écrin naturel.
  • 8. Principes de mise en valeur du patrimoine Le projet sur la chartreuse de Bosserville nécessite d’un coté une analyse approfondie du site, de son histoire, de ses caractéristiques particulières et de l’autre coté une réflexion sur l’empreinte des futures interventions. Le rapport entre le patri- moine et sa réadaptation aux besoins contemporains a toujours soulevé des questions. Est ce que le patrimoine est quelque chose qui vit et donc évolue avec le temps ou quelque chose qui doit être scrupuleusement préservé dans son état originel. “Restaurer un édifice ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné“ Viollet-le-Duc “Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XI siècle au XVI siècle“ Notre démarche pour ce projet a été menée par une vo- lonté de restaurer la chartreuse au plus près de sa logique et de son état d’origine. Dans ce but nous avons effectué des re- cherches historiques approfondies. De ce fait nous avons appris l’importance de la symétrie du monument : la chartreuse de Bos- serville est la première dont la symétrie est aussi parfaite. “La valeur d’ancienneté (la patine du temps) n’est pas égale à la valeur historique.“ Alois Riegl “Le culte moderne des monuments“ Il existe un conflit entre sa fonction spirituelle d’origine et les besoins du lycée technique, cependant, nous avons décidé de conserver le lycée puisqu’un des facteurs de la détérioration de la chartreuse était son incapacité à accueillir d’autres struc- tures due à son emplacement et son architecture très particu- lière.
  • 9. C’est lorsque un édifice ne répond plus aux nouvelles exi- gences qu’on songe à le transformer. Néanmoins les construc- tions des années 60–80 ne nous paraissent pas du tout conformes avec l’aspect général de la chartreuse. La préservation des trois points de vue (depuis la route de Nancy, depuis l’allée aux pla- tanes et depuis la vallée au nord) est suffisante pour pouvoir percevoir la chartreuse comme elle était au 18 siècle. La requa- lification d’entrées distinctes pour le lycée et les visiteurs et la destruction de la «butte» du gymnase s’imposent donc d’elles mêmes. “L’unité de style n’est pas un but à atteindre au cour d’une restaura- tion.“ “Les éléments destinés à remplacer les parties manquantes doivent s’intégrer harmonieusement à l’ensemble, tout en se distinguant des parties originales afin que la restauration ne falsifie pas le document d’art et d’histoire.“ Charte de Venise Afin de preserver la symétrie nous projetons l’ajout de constructions des deux cotés de la chartreuse, lesquels avec leur contemporanéité ne seront en aucun cas considérés au même degré de lecture avec le reste, et dont le but est de ne pas être visible, ni a partir de l’allée des platanes, ni a partir de la route de Nancy, pour protéger visuellement l’intégrité historique de la chartreuse. Les points forts du projet sont la réutilisation optimale des espaces dans la chartreuse par un processus de restauration philologique, d’interventions minimums et de réversibilité de la restauration, affirmant la lisibilité des interventions contempo- raines qui se distinguent des phases précédentes du bâtiment.
  • 10. Etat des lieux. La chartreuse de Bosserville, à son apogée, était habitée par une vingtaine de moines… aujourd’hui elle est devenue un lycée pour 900 étudiants. Apres la Révolution française le mo- nastère a changé de fonction plus d’une fois puis laissé à l’aban- don, il s’est détérioré progressivement. Aujourd’hui la chartreuse nécessite une restructuration plus qu’une restauration. A part des petits travaux (carreaux cassés, murs défraichis…) il sera néces- saire de procéder à quelques démolitions plus importantes. Nous avons pris la décision de détruire tous les appentis qui parasitent l’image de ce monument comme les chaufferies dans les cours des cellules, les sanitaires extérieurs devant la façade d’entrée pour restaurer la symétrie du bâtiment, nous avons aussi envi- sagé la destruction de la prolongation de l’aile droite du bâtiment de façade, un ajout postérieur au reste qui représente un intérêt architectural quelconque. Le problème majeur pour une revalorisation de la char- treuse de Bosserville aujourd’hui est le conflit entre sa fonction spirituelle d’origine et les besoins du lycée technique qui occupe les lieux. Actuellement des constructions ont été ajoutées à la chartreuse : ateliers de travaux pratiques, parking des poids-- lourds et un gymnase. Ces constructions dévalorisent sévère- ment l’image de ce monument. Il est donc très important de les reconstruire, d’autant que leur état est vétuste. Synthèse du programme
  • 11.
  • 12. Solutions envisagées. Lors de nos différentes visites, nous avons constaté des dysfonctionnements dans l’organisation, les circulations et un confort insatisfaisant pour les élèves surtout dû au manque de surface dans les espaces de repos et de restauration, mais éga- lement un délabrement général causé par la vaste surface de la chartreuse, le manque de surveillance et d’entretien. Nous nous sommes alors questionnés sur ce qu’est réel- lement un lycée, quel est son fonctionnement et surtout ses pro- blèmes et comment vraiment y remédier : « un lycée ce sont ses élèves ». Cette institution abrite la tranche d’âge la plus contro- versée : la charnière entre le monde de l’enfance et celui des adultes. Le lycée est à la fois le plaisir des rencontres sociales et la discipline d’étudier. Pour mieux s’intégrer aux règles de la vie scolaire et sociale, il faut parvenir à transmettre l’envie et la motivation. La pédagogie passe en premier lieu par l’architecture de l’établissement scolaire. Contre les problèmes de discipline le meilleur remède est le respect et pas la répression. Le respect est une équation entre la sérénité et le dialogue. La sérénité pro- vient aussi de l’architecture : l’espace, la lumière, le silence et la nature donnent cette sensation. Le dialogue vient tout naturelle- ment des rencontres. Notre volonté est de rendre les lieux appro- priables par la création de différentes zones offrant des espaces personnalisables. Nous nous sommes donné comme objectif d’avoir des salles de classe plus lumineuses, des chambres d’internat confortables et intimistes et surtout un réfectoire spacieux qui permettra aux lycéens de se restaurer en toute tranquillité. PLAN MASSE PROJET
  • 13.
  • 14. La bonne disposition de la salle de classe, ses qualités sonores et son éclairage sont à l’origine du bon fonctionnement de l’établissement scolaire. Notre attention s’est donc portée tout particulièrement sur « la salle de classe » comme élément fédé- rateur du lycée. A présent, les salles de classes se trouvent dans les cellules des moines et dispersées dans le bâtiment principal, ce qui a pour inconvénient de dénaturaliser les cellules et surtout d’avoir des salles de classes peu commodes avec un éclairage différent et souvent insuffisant. Nouas avons décidé de regrou- per les salles d’enseignement général au R+1 et au R+2 du bâti- ment façade. La forme rectangulaire propose une bonne sensation de hiérarchie, ce qui est important pour la bonne entente entre le professeur et ses élèves : le professeur « dirige » la salle. Cette forme favorise aussi un bon éclairage jusqu’à la dernière ran- gée de table et la distance entre le tableau et le dernier rang est grande. Pour une meilleure visibilité l’installation d’une estrade est souhaitable. Une volonté esthétique de dissimuler les portes par un jeu de différentes profondeurs dans le plan va créer des perspectives et augmenter visuellement le volume de la pièce. Pour les salles d’études, nous avons choisi une forme qui se rap- proche du carré : sans hiérarchie pour des activités plus libres. Cette forme favorise la disposition des tables autour d’un centre, ce qui sous entant un meilleur dialogue. De plus cette forme géo- métrique propose un bon éclairage pour tous les élèves, un bon angle de vue pour les rangées de coté et une distance accep- table pour les élèves au dernier rang. Nous avons favorisé la création de « sous-espaces » par le mobilier : la possibilité de s’assoir différemment provoque un comportement différent. Le couloir qui relie les salles ne doit pas être perçu juste comme une circulation, mais aussi comme un lieu de rencontre. La création des bancs concaves offrira la possibilité de s’assoir entre amis en attendant le professeur. Plan type des salles de classe. Vue intérieure des salles de classe.
  • 15.
  • 16. Notre projet consiste par ailleurs à reconstruire les ateliers comme des modules, en bande ; cette disposition permettra un phasage entre démolition et reconstruction. Jouant avec la pente du terrain, le rez-de-chaussée sera semi-enterré sur le coté de la chartreuse et l’étage sera dédié aux salles de classe dédiées à l’enseignement technique. Dans cette « bande » le nouveau gymnase trouvera également sa place. L’éclairage ainsi que la ventilation seront assurés dans la profondeur du bâtiment par une façade largement vitrée, ainsi qu’un éclairage zénithal sur patio et un saut de loup pour le fond des ateliers. Entre chacun des pôles seront disposés les circulations verticales assurant la desserte et la communication entre le pla- teau atelier au rez-de-chaussée et les salles de cours attenantes à l’étage, ainsi chaque spécialité est concentrée en un même lieu. Le gymnase tel qu’il existe aujourd’hui participe à l’étale- ment des fonctions, malgrès sa volonté d’intégration il crée un talus qui perturbe la perception de la chartreuse depuis le Nord. C’est pourquoi, nous préconisons de supprimer celui-ci au profit d’un bâtiment en continuité des ateliers. Il participe ainsi à l’uni- tés de l’ensemble en opposition à l’éclatement constaté. Profi- tant lui aussi de sa position semi-enterrée, des gradins seront accessibles depuis la «rue haute».
  • 17.
  • 18. Jusqu’à présent le lycée manquait d’un véritable hall d’entrée qui soit à la fois un espace de distribution mais aussi un lieu social. Pour lier la « bande » d’ateliers au reste du bâti- ment et surtout créer une nouvelle entrée, nous avons projeté un nouveau hall d’entrée qui desservira les ateliers, depuis la “rue haute“, le bâtiment de façade et le foyer des collégiens et lycéens. Ce véritable lien entre les différentes activités est voulu comme un espace à la fois transparent et traversant. Ce nou- veau hall grâce à la pente naturelle du terrain servira d’entrée pour les élèves, les professeurs ainsi que les personnes à mobi- lité réduite. Cet espace de transition sera aussi un lieu de ren- contre entre les élèves et les professeurs. Le hall d’entrée est à proximité de la cour de recréation et du foyer des élèves. Une galerie couverte dessert de part et d’autre les ateliers avec les salles de classes spécialisées au noyau éducatif, ce qui rend la cour rapidement accessible par sa position au centre de la circulation journalière. Pour éviter les altercations entre les élèves et mieux répondre aux besoins de chacun, nous avons pris la décision de séparer les espaces dé- tentes des collégiens et des lycéens, toutefois, cette séparation n’est pas imperméable. Les élèves auront comme lieux com- muns l’espace-vente et les sanitaires. Les foyers comprennent respectivement une grande salle de détente qui peut être sé- parée en deux par des portes coulissantes, délimitant alors un espace dédié à un club ou une autre activité quelconque. Le bureau des surveillants se trouvant à proximité, dans le hall, assure une surveillance plus aisée. Les cours de recréa- tion, le préau, la galerie couverte et le patio formeront un pôle de vie sociale qui contre balance le pôle éducatif autour du nou- veau C. D. I.
  • 19.
  • 20. Le réfectoire actuel est une construction ajoutée ultérieu- rement qui occupe une cour intérieure. Cette construction déva- lorise les éléments architecturaux qui l’entourent. De plus cette extension ne répond pas pleinement à sa fonction, son volume restreint est la cause d’une longue file d’attente et contraint les élèves à se restaurer plus rapidement. La distance que les plats et la vaisselle sale doivent franchir entre la cuisine, qui se trouve dans le bâtiment façade et le réfectoire, est trop grande. Dans notre projet, nous avons donc décidé la destruction de cette extension pour reconstruire le réfectoire en continuité de la “bande“ des internats et redonner ainsi du sens à cette cour qui a ses qualités architecturales. Cet espace extérieur sera en lien avec le nouveau C. D. I., le but étant qu’il soit perçu comme son extension extérieure, comme sa cour. Le jeu soigné des revêtements de sol et la possibilité de lecture en extérieur donneront l’aspect souhaité d’un parc en miniature où l’on pour- ra apprendre en toute quiétude. La médiathèque est un lieu très important pour un éta- blissement scolaire, son architecture doit être accueillante et sereine afin d’éveiller le plaisir de la lecture. Elle trouvera sa place dans l’ancien réfectoire des moines, ce qui va lui redonner sa place au cœur du lycée. Profitant de la hauteur sous plafond, nous voulons créer deux niveaux qui formeront deux zones dis- tinctes. Le concept est basé sur l’image d’une cabane dans les arbres au cœur du jardin, un espace réservé aux jeunes permet- tant l’isolement et qui donne envie d’y être. En annexe du CDI on retrouve la salle de travail en équipe dans l’ancienne salle du Chapitre. Proposition d’aménagement de la médiathèque dans l’ancien réfectoire des pères
  • 21.
  • 22. Afin d’assimiler la fonction initiale des cellules des moines, nous avons décidé de les transformer toutes en inter- nat. De plus les salles de classe dans les cellules à l’ouest sont actuellement desservies par un double couloir qui ne répond en aucun cas aux plans d’origine. Chaque cellule aura ses sanitaires, ses douches, sa salle de travail et ses chambres d’internat. Elle va redevenir une en- tité, reliée au grand cloitre. Le nombre de lits nécessaire et l’es- pace restreint des cellules nous a obligé d’en mettre plusieurs dans chaque pièce. Mais pour rendre les chambres confortables et intimistes nous préconisons un système de « meuble » qui inclue un lit, une séparation, un point d’eau, un rangement et un bureau, de sorte que chaque pensionnaire aura son espace qu’il pourra personnaliser. Néanmoins, nous nous sommes vite aperçu que pour les besoins de l’internat, ces cellules seront insuffisantes. De l’autre coté afin de preserver la symétrie, nous pro- jetons d’ajouter des constructions des deux cotés de la char- treuse. Cette caractéristique particulière du monument est très importante : la chartreuse de Bosserville est la première dont la symétrie (considérée à l’époque comme un signe de la sagesse divine sur terre) est aussi parfaite. De plus en étudiant des vieilles gravures nous nous sommes rendu compte que l’exten- sion d’une chartreuse était souvent obtenue grâce à l’ajout d’un nouveau cloitre entouré de cellules.. C’est ce que nous avons décidé de faire, nous avons ajouté une deuxième « bande » de volumes qui reprend l’idée du cloitre. La hauteur des nouvelles « cellules » se détermine par la hauteur du mur existant. Ce qui rend les nouvelles constructions invisibles depuis l’intérieur et ce qui préserve le concept d’origine : le ciel est l’horizon des chartreux. Au bout de cette « bande » nous trouverons l’empla- cement de la future cantine, qui ouvre sur le grand paysage. Cet emplacement favorise l’accès des livraisons depuis le parking paysagé à proximité. Croquis d’ambiance des internats.
  • 23. FACADE PRINCIPALE SUD FACADE DES ATELIERS FACADE DES INTERNATS ET RESTAURANT SCOLAIRE
  • 24. Espaces extérieurs. Ces interventions ont aussi pour but l’enrichissement des espaces extérieures. Dans notre projet nous avons prévu une place importante pour leur revalorisation. En commençant par l’allée plantée de l’entrée qui sera libérée des places de par- king. Les espaces verts du nouvel axe d’entrée seront retravail- lés. Un parvis minéral devant le nouveau hall marquera l’entrée. Des arbres plantés en bande seront un lien visuel entre le parvis et la « rue haute» intérieure entre les cellules et les ateliers. Des espaces extérieurs seront libérés dans la chartreuse à la place de la salle des professeurs et du réfectoire. Ils seront réaménagés dans une logique de « bande verte » qui consiste en un traitement de sol uni et des arbres plantés en ligne ; cette « bande verte » mènera jusqu’ à la nouvelle demi-pension. Le nouveau « cloitre » et les espaces entre les nouvelles cellules seront boisés. Ce que nous recherchons c’est une am- biance calme et intime. Le grand cloitre, le petit cloitre et le jardin de la cellule témoin seront des espaces verts témoins qui seront replantés dans la continuité de la démarche pédagogique déjà initiée par l’établissement.
  • 25. Circuit touristique. Le pôle touristique regroupera l’église, la salle du cha- pitre, la salle du pilier, le petit cloitre et une cellule qui sera amé- nagée comme salle d’exposition. On imagine que la promenade touristique peut commencer au début de l’allée des platanes, passer par l’entrée principale, faire le tour des éléments les plus importants et préservés de la chartreuse. Tout en profitant des vues vers les espaces extérieurs revalorisés, ce parcours conti- nuera jusqu’à la cellule témoin au nord de la chartreuse, incluant les changements d’ambiance, de lumière et de volumes. De cette façon, les visiteurs vont vivre par eux-mêmes la distance à parcourir et sentir le microcosme de la cellule et le macrocosme de la chartreuse. Nous souhaitons que cette promenade se termine à l’ex- térieur, continuant vers le nord, tout en longeant le ruisseau et la muraille de la chartreuse. Notre projet a pour ambition de s’étendre entre le bassin de pisciculture et “l’étang des morts“ en formant un parcours paysager lié à cet élément naturel. Ce parcours sera traité en trois séquances, la première passera par la route de la chartreuse jusqu’à la muraille, la seconde lon- gera le petit ruisseau et la troisième inclue le trottoir qui longe la chartreuse. Traité de manière sobre avec des lames de bois sombre et nervurés, enchainant des graviers blancs le chemin s’éloignera de la chartreuse vers l’étang. La promenade quittera le territoire du lycée pour cheminer entre la muraille et le petit ruisseau. Ce parcours mettra en valeur l’horizontalité du mur et son coté poétique de ruine pittoresque. Le chemin va bifurquer pour continuer au-dessus de la terre marécageuse du fil d’eau. Ce que nous avons voulu c’est planter des roseaux pour délimiter la zone et créer un circuit en bois qui surplombe l’eau et la végé- tation. Le but éducatif d’un tel circuit est la prise de conscience du site, de ses qualités et à quel point il a été soigneusement choisi. Ruisseau marécageux et mur en ruine Ponton sur le lit du ruisseau Proposition d’aménagement de la promenade entre la chartreuse et l’étang
  • 26. Notre objectif est de créer un lieu agréable aux visiteurs et d’attirer les gens vers ce monument de l’histoire et du patri- moine lorrain. Ceci en preservant sa fonction d’enseignement, qui lui a permis d’arriver jusqu’à nous dans des conditions favo- rables, car un édifice sans fonction est voué à la ruine. “La restauration constitue le moment méthodologique de la reconnaissance de l’œuvre d’art, dans sa consistance physique et dans sa double polarité esthétique et historique, en vue de sa transmission au futur.” Cesare Brandi “Théorie de la restauration“.