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12 mars 2002
1 Imad Bakri / Français
La fonte des glaciers par Imad Bakri
Annexe et note
Rapport daté du 12 mars 2002, rédigé par Imad Bakri, né le 17 janvier 1979, passionné par les
différents types de phénomènes résultant d’un changement climatique.
Imad Bakri propose ci-dessous un rapport d’informations relatif à la fonte des glaciers dans le monde
afin de mieux comprendre et cerner ce phénomène.
Les informations contenues dans le document présent sont une synthèse, faite par Imad Bakri,
d’éléments issus du domaine public. Ce rapport n'a pas pour ambition d'être un rapport d'expert mais
de permettre à toute un chacun de prendre connaissance des phénomènes dont il est question.
12 mars 2002
2 Imad Bakri / Français
Table des matières
I. Introduction ...................................................................................................................................................... 4
A. La fonte des glaciers, un phénomène qui commence tôt
1. Depuis 1850
2. Le petit âge glaciaire
3. Le début du recul des glaciers
B. La situation actuelle
1. 1992, le grand tournant dans l’histoire de la fonte des glaciers
2. Une problématique de taille
3. Un niveau d’information insuffisant
II. Comprendre les glaciers ................................................................................................................................. 6
A. La structure du glacier
1. Définition sommaire du glacier
2. Une structure instable, en mouvement
B. Les fluctuations enregistrées au niveau des glaciers
1. L’écoulement
2. Les surges
3. La formation des rimayes, des seracs et des bandes de Forbes
III. Les causes de la fonte des glaciers .............................................................................................................. 9
A. Le réchauffement du climat
1. Généralités
2. Les cycles climatiques comme élément de cadrage
2.1. Un processus naturel sur le temps long
2.2. Le 20ème, un siècle fécond en records de hautes températures
B. Les habitudes de consommation
1. La propension à consommer des produits manufacturés
2. La tendance à amasser et dupliquer certains achats
3. Comment des habitudes quotidiennes peuvent entraîner la fonte des glaciers ?
4. Les gaz à effet de serre
5. La pollution
IV. Les grands glaciers dans le monde face à l’enjeu de la fonte des glaciers ......................................... 14
1. Etat des lieux, un déclin du bilan de la masse glaciaire
2. Les grands glaciers des pôles
2.1. L’inlandsis du Groenland et les glaciers alentours
2.2. Les glaciers des îles canadiennes dans l’arctique
2.3. La situation en Islande
2.4. L’Antarctique, un cas à par de la fonte des glaciers
3. Des glaciers sous les tropiques
3.1. Des glaciers particuliers
3.2. Le mont Kenya et le Kilimandjaro en Afrique
3.3. Les glaciers de l’Amérique du Sud
3.4. Les merveilles de glace de l’Amérique du Nord
3.5. L’Europe, un observatoire d’exception
3.5.1. Les Alpes
3.5.2. Les glaciers nordiques
3.6. L’Himalaya asiatique
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3 Imad Bakri / Français
V. Des conséquences menaçant à tous les coups d’être désastreuses ....................................................... 20
1. L’équilibre hydro-électrique en question
2. L’élévation du niveau de la mer, un risque fort pour les zones côtières
3. La menace qui pèse sur les communautés des régions concernées
4. L’extinction d’espèces
VI. Les explorateurs et les noms associés à l’étude la fonte des glaciers ................................................. 22
1. Fridtjof Nansen
2. Roald Amundsen
3. Franz-Joseph Hugi
4. J .D. Forbes
5. Joseph Vallot
6. François Alphonse Forel
7. Arnold Henry Guyot
8. Louis Agassiz
9. Johann von Charpentier
10. John Tyndall
11. Robert Vivian
Conclusion .......................................................................................................................................................... 26
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4 Imad Bakri / Français
I. Introduction
A. La fonte des glaciers, un phénomène qui commence tôt
1. Depuis 1850
La fonte des glaciers est un phénomène observé depuis très longtemps. Dès 1850, les glaciologues,
spécialistes de la question, notent un début de recul des lignes de démarcation de ces structures, à des
points très précis du globe. L’année marque la fin de ce que les spécialistes appellent la petite période
glaciaire. Le début réel de cette période varie selon les sources, mais l’on a pris l’habitude de
considérer que l’expansion mondiale des glaces débute en 1550. Cette année est ainsi marquée comme
le point de départ du petit âge glaciaire, connu sous le sigle PGA.
2. Le petit âge glaciaire
Le rafraîchissement global de la température de la planète caractérise le PGA. En pratique, les hivers
devenaient plus froids. Le 17ème siècle enregistre notamment des hivers si rudes que la production
agricole en était ralentie. La période comprise entre 1570 et 1730 semble avoir été la plus difficile ;
l’avancée des glaciers étant notée surtout en Amérique du Nord et en Europe. Quelques faits notables
permettent au profane de saisir l’ampleur du phénomène. Le gel de la Tamise, en Angleterre en 1607,
ou celui de la Seine, dont on enregistre plusieurs cas sous Louis XIV. Les statistiques des décès
enregistrés durant les saisons hivernales parlent aussi d’elles-mêmes.
3. Le début du recul des glaciers
A partir de 1850, l’on note une inversion des phénomènes. Les températures augmentent d’année en
année, jusqu’en 1940. La fonte des glaciers se fait alors constater un peu partout dans le monde. Le
phénomène était concomitant d’une augmentation sensible des températures affichées au thermomètre.
Si une courte accalmie s’est manifestée sur environ 30 ans, avec une petite baisse de la température, la
fonte des glaciers a repris de plus belle et atteint une vitesse exponentielle, à compter de 1980.
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5 Imad Bakri / Français
B. La situation actuelle
1. 1992, le grand tournant dans l’histoire de la fonte des glaciers
L’année 1992 marque un tournant décisif dans l’observation de la fonte des glaciers. Les scientifiques
sont mis devant le fait incontestable que la vitesse de recul de ces structures n’a jamais été plus grande
et ne semble pas vouloir décélérer. Le réchauffement de la température planétaire qui commence dans
des dernières décennies du 20ème siècle, constitue la toile de fond de la fonte des glaciers.
2. Une problématique de taille
Si le phénomène constitue aujourd’hui une problématique de taille, c’est notamment par rapport aux
impacts qu’il a sur l’équilibre de la planète en général. Les répercussions des modifications
géographiques que la fonte des glaciers génère sur la vie de la population mondiale, se sont d’emblée
révélées préoccupantes. Le fait étant que les perspectives ne sont pas a priori rassurantes.
3. Un niveau d’information insuffisant
L’on note, par ailleurs que la sensibilité des hommes quant à la question du recul des glaciers et de ses
impacts sur la vie quotidienne et l’avenir de la planète est très éclatée. Des millions d’habitants de
certains pays font déjà les frais de ces impacts, au quotidien. Mais peu de sujets font le pont entre la
raréfaction des sources d’eau potable et la fonte de glaciers, qui sont parfois des réalités qu’ils ne se
représentent même pas.
12 mars 2002
6 Imad Bakri / Français
II. Comprendre les glaciers
A. La structure du glacier
1. Définition sommaire du glacier
Pour bien comprendre le phénomène de la fonte des glaciers, un rappel de principe sur les glaciers
eux-mêmes n’est pas superflu. Le glacier est une structure qui se forme en la présence de quelques
conditions. Il s’agit notamment de conditions de température et climatiques. Le glacier naît de la lente
accumulation de grêle et de neige. Plus loin, l’on note que le glacier est une composition plus
complexe encore. Une étude approfondie de la structure tient compte jusqu’au type de roches qui
constituent le terrain où ils se forment, car cela impacte sur son devenir.
2. Une structure instable, en mouvement
Un détail qu’il ne faut pas oublier, en parlant de glacier, est que la structure n’est pas aussi figée
qu’elle pourrait le paraître. Le glacier est le siège de mouvements qui se comprennent par la nature
même de la matière principale qui le forme, à savoir l’eau. Un glacier s’appréhende par rapport aux
conditions de l’environnement où il est implanté. La force des vents, la fréquence et le volume des
précipitations enregistrées sur le site, ainsi que son orientation, déterminent les modifications dont un
glacier peut faire l’objet au cours de son existence. Un glacier constitue une réalité avec un passé,
marqué par les circonstances de son apparition à la surface du globe. Il a surtout un avenir, qui a la
particularité d’être dépendant des facteurs climatiques qui vont prévaloir.
B. Les fluctuations enregistrées au niveau des glaciers
Sous ses formes imperturbables, le glacier est le siège de mouvements réels, parfois imperceptibles
mais qui sont bien là. Ce qui en fait une structure d’un étonnant dynamisme. Les scientifiques qui se
passionnent pour les glaciers ont décrit plusieurs catégories de mouvements qui se produisent à divers
niveaux du glacier. Nous évoquerons les aspects les plus notables de ces mouvements.
12 mars 2002
7 Imad Bakri / Français
1. L’écoulement
Ce mouvement constitue un phénomène, pour ainsi dire, constant au niveau de tout glacier. De
nombreuses théories et mesures ont été formulées et commandées pour décrire le phénomène. Il
ressort notamment de ces ressources que le glacier est le siège d’un écoulement permanent et
ininterrompu et que contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est en son centre que cet écoulement
est le plus rapide. Cela s’explique notamment par le fait que les structures de base y sont en contact
avec la matrice rocheuse de l’auge glaciaire. Les mesures permettant de soutenir cette théorie
s’enrichissent de l’avancée de la technologie, d’année en année.
Le profane peut facilement se convaincre de la permanence de cet écoulement par un simple constat.
Les annales rapportent de nombreux cas où des masses solides – corps, appareils – ensevelis à des
points précis d’un glacier se retrouvent toujours à des niveaux plus bas, des années après. Elles sont
entraînées par le lent glissement du glacier. L’on peut citre le cas du Malabar Princess, dont les restes
sont rendus en 1975, à 3500m en deçà de son point d’écrasement. Ce dernier date de 1950. De
nombreuses théories sont avancées, quant au pourquoi de ce glissement permanent des glaciers. La
chaleur du rocher d’implantation, comme la dilatation par le gel et d’autres possibilités sont avancées
par de nombreux spécialistes de la question.
2. Les surges
D’autres mouvements animent la vie d’un glacier. Les surges, par exemple, constituent des sortes de
soubresauts qui ponctuent le rythme lent des écoulements. En fait, ces « crues catastrophiques »,
comme les décrivent les auteurs francophones, sont le fruit d’une accélération plus ou moins brusque
de la vitesse d’écoulement. La masse concernée est entraînée sur une grande distance en seulement
quelques mois. Le phénomène est généralement suivi d’une période d’accalmie d’environ un demi-
siècle à plusieurs centaines d’années. Ce genre de mouvement est typique de certains glaciers comme
ceux que l’on rencontre sur le continent asiatique. Mais l’on en rencontre aussi dans l’Atlantique nord
ou en Amérique centrale.
Il est intéressant de s’arrêter sur les modes de survenue de ces crues. Les crues se produisent a priori
en hiver. L’on note une augmentation très sensible de la vitesse de l’écoulement. De 0,5m en général,
elle peut atteindre les 50m par jour. Une onde de crue se diffuse à l’ensemble du glacier, ce qui a pour
impact de secouer assez le glacier, qui se disloque à certains endroits. Notons que l’explication des
mécanismes réels qui sous-tendent ces crues, constitue encore tout un chantier à explorer pour les
glaciologues. Les premières tentatives de modélisation ont été rendues possibles par des
expérimentations menées en Alaska, sur le Variegated Glacier.
12 mars 2002
8 Imad Bakri / Français
3. La formation des rimayes, des seracs et des bandes de Forbes
Comme le rythme de l’écoulement, évoqué plus haut, varie en différents points du glacier, celui-ci
subit des contraintes différentes. L’on assiste notamment à de telles variations entre les niveaux moins
pentues et les ruptures de pente, ou encore entre les bords et le centre du glacier. La conséquence
physique de telles différences sur l’aspect du glacier consiste, par exemple, en la présence des
crevasses. Certains points du glacier – moins ductiles que la partie qui entraîne l’écoulement – se
rompent, d’où crevaison. L’on parle de rimaye pour désigner ces zones, qui servent de point de repère
intéressant. Elle permet de détecter la partie du glacier la plus soumise à l’entraînement et qui glisse,
de l’autre partie qui est plus solidaire à la structure de la matrice rocheuse. Selon la fluctuation des
glissements de cette seconde partie, la rimaye peut être très large.
L’on parle de seracs pour désigner des blocs de forme parallélépipédique ou rectangulaire, que l’on
retrouve au niveau des points de rupture des pentes glaciaires. A de tels niveaux, l’écoulement du
glacier atteint des vitesses comme 900m par an. Inutile de décrire le chaos que cela crée à ces niveaux.
Ce sont des zones qui menacent à tout moment de céder étant donné leur instabilité.
Les bandes de Forbes enfin témoignent des mouvements, qui sourdent parfois sans que l’on s’en rende
compte, à divers niveaux des glaciers. Décrites par le scientifique éponyme, elles apparaissent sous
forme de bandelettes claires et sombres qui s’alternent à la surface des glaciers. Elles marquent le
moment où la glace passe par les zones de séracs. La glace qui passe par la chute de séracs en été ne
peut pas être recouverte de neige et met les impuretés et la poussière à nu. Elle constitue les bandes
sombres. La bande blanche est constituée de la neige qui passe la chute de séracs en hiver. La neige
qui continue de tomber recouvre petit à petit les crevasses et uniformise ses couleurs.
12 mars 2002
9 Imad Bakri / Français
III. Les causes de la fonte des glaciers
La fonte des glaciers est un phénomène général qui marque les grands glaciers du monde, quels que
soient leurs types et leurs localisations. Du Groenland avec sa fameuse calotte glaciaire à
l’Antarctique, en passant par l’Amérique du Sud, les glaciers du monde ont peu à peu perdu de leur
consistance et le phénomène s’est particulièrement accentué, depuis le début des années 90. C’est sans
faire référence au recul tangible et toujours plus sévère des grands glaciers qui ont longtemps fait la
fierté des pays de l’Amérique du Nord. Ni de ce qui se passe sous nos yeux, dans les Alpes et les
Pyrénées. Nous savons maintenant que la structure des glaciers est une unité non stable, soumise à
d’incessantes variations, notamment dues à la succession des saisons. Mais ce que l’on observe dans le
cadre du phénomène de la fonte des glaciers constitue un chapitre à part, où le sage équilibre et les
rythmes naturels de flux et de reflux, de gel et de dégel, ne sont plus en mesure de reconstituer ce qui
fond. De nombreuses causes concourent au grand système de la fonte des glaciers.
A. Le réchauffement du climat
1. Généralités
Le terme est pleinement intégré dans le discours public depuis les années 80-90. De manière plus
cadrée, l’on définit le réchauffement climatique par la revue à la hausse de la moyenne de
températures qui prévaut à l’échelle de la planète. Cette augmentation de la température a été
enregistrée sur une période de plusieurs années et tient compte autant de ce qui est noté dans
l’atmosphère, que de la température des océans.
Faisant l’objet d’une réflexion poussée, de la part des scientifiques, depuis de nombreuses décennies,
le réchauffement climatique est un phénomène qui a longtemps préparé son terrain. Il faut remonter à
aussi loin que l’année 1910 pour retrouver les prémisses du réchauffement global de la température
que nous expérimentons aujourd'hui. Entre 1945 et 1976, la courbe de la montée des températures a
connu une légère inflexion, mais elle a ré-entamé sa hausse et l’a maintenue depuis 1976. La présence
de gaz à effet de serre, dans l’atmosphère, est la principale cause invoquée à cette modification en
profondeur de la courbe des températures terrestres.
12 mars 2002
10 Imad Bakri / Français
2. Les cycles climatiques comme élément de cadrage
2.1. Un processus naturel sur le temps long
Pour comprendre cette fluctuation de la température, il faut noter que le passage d’une période assez
froide à une autre plus chaude, fait partie des rythmes immuables qui marquent l’histoire de la planète.
Ces distributions naturelles des périodes de chaud et de froid ont des durées s’étendant sur plusieurs
milliers, voire millions d’années. Au cours de ces successions, le visage de la Terre a largement
changé de forme. Il y a 35 millions d’années, la calotte glaciaire de l’Antarctique fait son apparition et
plus près, celle de l’hémisphère nord est pleinement constituée, il y a 4 millions d’années. Ces deux
zones glaciaires sont les images qui résument le plus concrètement l’état de refroidissement dont la
planète est le théâtre durant quelque 60 millions d’années.
Il faut savoir également que ces longues périodes se partagent entre des cycles de glaciation et de
réchauffement. Ce dernier marque le début d’un cycle et il est brutal, avant de se stabiliser sur 10000 à
20 000 ans. Cette durée prépare le terrain à la survenue d’une période glaciaire de grand froid.
Actuellement, nous sommes en pleine période transitoire entre la dernière de ces glaciations et le
prochain cycle qui débutera donc par un grand réchauffement. C’est ainsi que l’on explique la montée
progressive de la température de notre planète.
Dans cette logique d’idée, le réchauffement peut ainsi s’envisager comme un processus tout naturel
que l’homme ne contrôle, ou ne peut influer. En ce sens, ce sont des facteurs comme les cycles solaires
et l’insolation, ou encore l’albédo qui déterminent le niveau des écarts. L’albédo désignant la part de
l’énergie solaire qui est réfléchie. Mais bien entendu, la capacité de réflexion de l’atmosphère est
déterminée par la présence à plusieurs ou moins fortes concentrations de certaines molécules, comme
celles contenues dans les gaz à effet de serre. Moins cette capacité est grande, plus la surface du globe
concentre d’énergie et plus la température tend à être élevée.
2.2. Le 20ème, un siècle fécond en records de hautes températures
Un constat ressort de l’observation des courbes de températures sur ces quatre derniers siècles. Si le
petit âge glaciaire a emmené une vague de froid sur la planète entre 1550 et 1850, une revue de la
courbe des températures, depuis la fin de cette période, montre une augmentation ininterrompue telle
que le 20ème siècle est le plus riche en records. Les 10 pics de températures observés entre 1880 et
2009 correspondent tous à des années de ce siècle. Après l’année 1998 qui est le top 1 de la liste, l’on
note un écart important avec la moyenne du réchauffement, en 2001 à 2003 et en 2004 jusqu’à 2007-
2009. Il s’avère évident que le cap de l’an 2000 est une période charnière. Les écarts avec la moyenne
de référence, celle des années 60 à 90, vont de 0,36 à 0,52°C. La communauté scientifique s’étant
accordée à reconnaître que ce fait n’est pas dû au hasard. Le mode de vie de ces dernières années peut
largement expliquer le réchauffement climatique et partant, le recul des glaciers.
12 mars 2002
11 Imad Bakri / Français
B. Les habitudes de consommation
La manière dont les hommes exploitent les ressources mises à leur disposition, l’évolution des modes
de vie et de consommation, depuis la grande Révolution industrielle, ont contribué de façon immuable
à accélérer le réchauffement des températures. Et par effet boule de neige, la fonte glaciaire et le recul
des glaciers connaissent une accélération qui fait réellement peur.
1. La propension à consommer des produits manufacturés
Ce n’est pas de consommer l’eau en bouteille, plutôt que celle du robinet qui est mal, ni le fait de
préférer des plats en barquettes, plutôt que de cuisiner. Là où le bât blesse, c’est que ce genre de
pratique n’est ni le fait d’une poignée d’individus seulement, ni confiné à une zone de la planète
uniquement. Ce sont des millions de personnes de tous les pays de la planète qui font les mêmes gestes
chaque jour et ces pratiques sont répétées sans limite, depuis des décennies. Pire, là où les gens avaient
l’habitude de prendre le temps et de respecter le rythme de leur environnement, le géant
mondialisation a imposé l’impératif du « tout plus vite et à tous prix ». Conséquence, par peur de rater
la coche, les populations de ces régions de la planète sont venues grossir le rang des auteurs de ces
gestes qui font du tort à l’environnement.
Ce ne sont pas les produits manufacturés qui risquent de faire le plus mal, c’est toute la pression
qu’engendre, sur les ressources, leur processus de fabrication. L’on ne s’en rend pas compte que
chacune des bouteilles en plastique que l’on accumule, par paquets chaque année, inscrit dans
l’histoire de la planète une ligne de scénario futur assez redoutable. Il en va de même de chaque
canette, de chaque autre emballage dont la fabrication n’a pas tenu compte des impacts sur
l’environnement. Cellophane, polyprène, brick, cartons, sacs plastiques, des emballages toujours bien
pratiques dont on ne mesure jamais parfaitement le prix.
2. La tendance à amasser et dupliquer certains achats
La grande société de consommation a posé la règle du plus il y en a, mieux c’est. Par automatisme, de
nombreux ménages tendent à multiplier les mêmes achats pour divers membres de la famille. Autant
de facteurs qui intensifient la pression sur l’environnement, si l’on suit le cycle de chaque article.
Notamment, par rapport à la dépense d’énergie que la fabrication de chacun d’eux engendre. L’esprit
de la récupération commence tout juste à faire son chemin, au niveau des particuliers. Auparavant, le
rythme des innovations et de la tendance a dicté celui du gaspillage. L’on se sépare de maints objets
dès que l’on commence à s’en familiariser, pour amasser d’autres, plus à la mode.
12 mars 2002
12 Imad Bakri / Français
3. Comment des habitudes quotidiennes peuvent entraîner la fonte des glaciers ?
Les impacts de ces divers produits sur l’environnement se manifestent de plusieurs façons et
s’apprécient en des termes divers, qui participent au final à construire un cercle vicieux, dont le
schéma semble de plus en pus complexe. Pour commencer, le prélèvement des matières premières
impacte, à long terme, sur l’équilibre de la biodiversité. Les modes d’adaptation naturels ne sont plus
efficaces, parfois, ce qui entraîne un dérèglement dans la régulation des conditions météorologiques.
Chaleur intense, étés plus longs, hivers plus froids, précipitations plus abondantes sont des extrêmes
de plus en plus difficiles à contenir.
La transformation de ces matières premières ne sait pas encore se passer de l’émission de déchets, pas
uniquement dans l’atmosphère, mais aussi dans l’eau. L’émission des fameux gaz à effet de serre
semble être parmi les facteurs qui ont le plus contribué à accélérer la vitesse du réchauffement de la
planète et ses conséquences sur les glaciers.
4. Les gaz à effet de serre
La manière de consommer de la population mondiale, au cours des 50 dernières années a fortement
favorisé la déperdition des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. C’est bien en ce sens que l’on dit
que le fait humain joue un rôle important dans la survenue de la fonte des glaciers. L’effet de serre est,
en effet, un processus naturel qui aurait normalement dû ne faire que du bien à l’humanité et autres
êtres vivants, en régulant la part d’énergie solaire à retenir pour les besoins de l’habitat. Mais dès lors
qu’un effet de serre supplémentaire vient se greffer sur ce processus naturel, le dérèglement est
incontournable. L’atmosphère condense plus de quantité calorique qu’elle la surface de la terre n’en a
besoin. Les cycles normaux de gel, dégel se dérèglent et des écoulements qui pourraient prendre plus
de temps, au niveau des glaciers, s’accélèrent.
Des mesures ont été prises, à propos de l’utilisation des gaz reconnus comme ayant un impact sur
l’effet de serre naturel. Mais les corrections de longues années de pratiques inefficaces, à grande
échelle, ne sont pas toujours suffisantes pour contrer leurs effets. Les gaz à effet de serre ayant, selon
les connaissances acquises à leur propos, une propension à étendre leurs actions à long terme. Les
sources de l’INRA estiment, par exemple, la durée de vie du dioxyde de carbone, à 100 ans. Et le
scénario est que, même après la stabilisation de ce type de gaz, le réchauffement des températures ne
va pas tout de suite s’infléchir. Il va juste devenir plus modéré, mais se poursuivre néanmoins. Ses
conséquences vont persister de même. D’ailleurs, des phénomènes comme la fonte des calottes de
glaces, une fois enclenchés, se jouent ensuite sur plusieurs milliers d’années.
12 mars 2002
13 Imad Bakri / Français
5. La pollution
La pollution de l’atmosphère et autres milieux de vie, vient parachever les impacts des facteurs cités
supra. Une atmosphère plus chargée n’assume plus parfaitement son rôle de barrière protectrice par
rapport à divers rayonnements intenses. Il a été établi, par ailleurs, que la pollution participe
activement à la fonte des glaciers en un sens bien précis. Pour le cas des émanations polluantes issues
du sud-est asiatique, elles pourraient être à l’origine de la masse de carbone retrouvée dans
l’atmosphère au-dessus du pôle nord. C’est ce qui ressort, en tout cas, des études publiées par James
Hansen et Dorothy Koch. La présence de suie sur les couches de glaces arctiques s’expliquerait par les
émanations issues des industries du nord, des feux de forêts et des émissions de carbone du sud-est
asiatique. L’établissement de la voie empruntée par ces particules, depuis leurs probables points de
départ, jusque dans le pôle Nord, étant fait selon le General Circulation Model, un outil développé par
le GISS, qui est une branche de la NASA.
12 mars 2002
14 Imad Bakri / Français
IV. Les grands glaciers dans le monde face à l’enjeu de la fonte des glaciers
1. Etat des lieux, un déclin du bilan de la masse glaciaire
Une observation de l’ensemble des grands glaciers de la planète montre un déclin évident de leur bilan
de masse, depuis 1970. Cette mesure donne une idée de la part de la structure glacière qui cède à
l’ablation et celle qui se forme par accumulation. Cette dernière est notamment la suite logique de la
chute de neige. L’ablation d’un glacier inclut deux composantes. D’un côté, la sublimation qui entame
une partie de la structure glaciaire par évaporation, sous l’effet du rayonnement solaire. De l’autre, la
fonte proprement dite, selon les mécanismes partiellement compris que l’on a évoqués supra. La ligne
de névé constitue la démarcation de ces deux zones, spécifiques à chaque glacier.
Le bilan de la masse glaciaire des grands glaciers du monde tend à afficher des résultats négatifs,
durant ces dernières décennies. Le maintien d’un bilan de masse négatif sur un temps assez long
signifie que le glacier est en phase de déclin et est incapable de reconstituer l’équilibre nécessaire à sa
survie. Ce sont les glaciers affichant de tels bilans de masse que l’on évoque lorsque l’on parle de
fonte des glaciers. Une cartographie mondiale des bilans de masse fait nettement apparaître des zones
d’amincissements irréversibles. Fort peu de points du globe comptent des glaciers qui empruntent la
courbe inverse et avancent. Pour mieux observer et comparer la manifestation de la fonte des glaciers,
les spécialistes départagent la planète en trois zones de glaciers. Les pôles, les régions tropicales et les
intermédiaires entre les pôles et respectivement les tropiques du Capricorne et du Cancer.
2. Les grands glaciers des pôles
Les régions polaires concentrent la grande majorité des masses glaciaires de la planète. A 99%, les
glaciers se retrouvent au niveau des inlandsis. Ce sont ces énormes étendues de calottes de glace
communes aux régions polaires. A côté de ces masses compactes, dérivent quelques glaciers dits
d’exutoire. Ce sont des blocs qui se sont détachés de la matrice de l’inlandsis et se dirigent vers
l’océan.
2.1. L’inlandsis du Groenland et les glaciers alentours
Les glaciers situés dans cette région du globe affichent une tendance au recul, comme dans de
nombreuses autres régions. Le plus rapide des glaciers d’exutoire, le Jakobshavn Isbrae affiche depuis
1950 un terminus assez table. Mais en 2002, l’on y note une manifestation de recul évident. La vitesse
de recul quotidienne de 30m est très parlante. Le Kangerdlugssuaq, pour sa part affiche des statistiques
encore plus préoccupantes. Tout en perdant en épaisseur, à raison de 100m environ, il recule. Avec un
12 mars 2002
15 Imad Bakri / Français
troisième glacier connu du Groenland, le Helheim, l’on pense que les systèmes de cette région du
globe sont soumis au même processus de fonte des glaciers. Celle-ci est secondaire au réchauffement
climatique enregistré dans la région. La théorie que la fonte soit liée à une simple modification interne
de la structure des glaciers n’est pas valide pour expliquer qu’en plus, ces glaciers d’exutoire aient
augmenté de vitesse de croisière.
2.2. Les glaciers des îles canadiennes dans l’arctique
Les dépendances canadiennes situées dans cette région du globe comptent nombre de calottes
glaciaires. De celle de Bylot à celles de Barnes ou de Penny, sans oublier la calotte glaciaire de Devon,
elles sont toutes le siège d’amincissement et de recul. Les mesures effectuées entre 1960 et 2002
corroborent pour soutenir cette thèse. Des reculs sur 1 à 3 km depuis 1960, caractérisent les glaciers de
Devon. L’équivalent de 67km² de glace s’est détaché de ce glacier, qui se retrouve sévèrement aminci.
L’ensemble des calottes des îles canadiennes a régressé, à raison de 25km² annuels de glace perdus, en
5 ans de 1995 à 2000. Les prospectives à l’horizon 2050 font état d’une disparition totale de ce qui
reste du glacier dénommé Plateau de Hazen, en l’absence d’inflexion dans les conditions de
températures. Quelques autres faits notables permettent de saisir tout le chaos qui se joue au niveau de
cette région au fil des ans. La presque totalité de la surface du Ward Hunt a été entamée tout au long
du dernier siècle. Ce glacier a notamment connu une désagrégation majeure au cours de l’année 2002.
L’on se rappelle sinon de la dérive d’un grand bloc de 66 km² de la barrière de glace d’Ayles en 2005.
2.3. La situation en Islande
L’Europe partage la popularité du Vatnajökull avec l’Islande. C’est la plus grande calotte glaciaire du
continent. Entre 1973 et 2004, un de ses glaciers d’exutoire, le Breiðamerkurjökull enregistre un recul
de 2km. Sur un ensemble de 34 glaciers dont les mouvements ont été étudiés de près par les
spécialistes, il n’y en a pratiquement que 6 qui ne manifestaient pas des caractéristiques de recul. Tous
les autres sont concernés, soit par des pertes en épaisseur, soit par des reculs sur des longueurs de 2 à
3km. Parfois, comme pour le Breiðamerkurjökull, le recul a créé des figures géographiques nouvelles.
En l’occurrence, il s’agissait d’une lagune de quelque 110m de profondeur. L’envergure de celle-ci a
facilement doublé en l’espace de 10 ans, de 1994 à 2004.
2.4. L’Antarctique, un cas à par de la fonte des glaciers
La Mer d’Amundsen est le cadre de la dérive du grand glacier d’exutoire de Pine Island. Durant la
trentaine d’années passées, le bloc s’est vu reculer de 5 km, alors que son épaisseur réduit de quelque
3,5m par an, soit d’un total de 133 mètres. La particularité de ce glacier réside dans le fait que les
spécialistes trouvent en lui, le point de faiblesse de la calotte de l’Antarctique orientale. Chaque fois
qu’il recule, c’est une partie de cette matrice de base qui est entraînée. Mais ce sont les phénomènes
12 mars 2002
16 Imad Bakri / Français
observés au niveau de la péninsule éponyme et de la barrière de Larsen qui sollicitent le plus de
préoccupations. En 2002, cette barrière de glace était le siège de dislocations à plusieurs points qui
totalisent une surface de 3250km². Le processus a seulement pris 35 jours pour se jouer. Il faut
cependant noter qu’une perte de 2500km² de surface a déjà affectée le même bloc, durant les 6
précédentes années.
Le mécanisme d’altération de cette barrière de glace s’explique par la fonte des glaces de surface.
Celle-ci est largement sous-tendue par des températures plus élevées que celles rencontrées
normalement en période de fonte. Le mécanisme, normal, est ainsi exacerbé, la principale conséquence
étant l’apparition d’étangs à la surface du glacier. Ce qui ne peut que favoriser le déséquilibre de sa
structure, à long terme.
Dans les zones plus proches du cercle antarctique, plusieurs centaines de glaciers affichent un recul,
allant jusqu’à 600m, si on rapporte leurs dimensions actuelles, à celles prises autour de 1953. Le
constat d’une trentaine de glaciers en état d’avancement ne peut faire le poids en présence du côté
chaotique des reculs.
3. Des glaciers sous les tropiques
3.1. Des glaciers particuliers
Les glaciers des tropiques ne sont pas toujours aussi impressionnants que dans les autres points du
globe. Il faut des situations vraiment particulières de températures et de climat en général, pour des
glaciers se forment dans ces zones plutôt chaudes. Pourtant les quelques glaciers que l’on y recense
souffrent également de la fonte des glaciers. Il n’est même pas déplacé d’avancer que les
manifestations y sont plus sévères. Pour certains, le déséquilibre qui entraîne la fonte est dû à
l’insuffisance d’accumulation, parce que les chutes de neige se raréfient. En même temps, les
températures déjà plutôt élevées font encore l’objet de hausse, à laquelle des structures souvent assez
minces de ces glaciers ne résistent pas longtemps.
Les quelques montagnes isolées où siègent des glaciers constituent dès lors des chantiers
d’observation uniques pour les chercheurs qui s’interrogent sur la fonte des glaciers.
12 mars 2002
17 Imad Bakri / Français
3.2. Le mont Kenya et le Kilimandjaro en Afrique
Les chercheurs issus de l’US Geological Survey ont inventorié près de 18 glaciers autour du Mont
Kenya au début du 20ème siècle. 11 de ces glaciers sont encore retrouvés à l’année 1986. Les mesures
parallèles des superficies occupées par ces glaciers corroborent le constat de leur disparition, puisque
de 1,6km² au total, les aires recouvertes de glaciers ne sont plus que de 0,4 km² en 2000. le 20ème
siècle a vu près de 45% des volumes des glaciers retrouvés dans les environs du Mont Kenya.
14 ans ont de même suffi au glacier de Furtwängler pour perdre plus de la moitié de sa structure.
60000m² est alors tout ce qui reste d’une superficie d’origine de 113000m². Les observateurs n’ont
plus retrouvé à la place que des trous, qui tendraient à se creuser de plus en plus, disloquant totalement
le reste infime de ce qui fut le glacier, il y a quelques années.
Le Kilimandjaro lui-même a vu ses neiges éternelles faire faux bond. Perdant en épaisseur et ne
cessant de reculer, le glacier qui a fait sa réputation auprès des alpinistes n’a plus que 20% de son
volume de glaces. Le drame est à son comble lorsque l’on sait que les prospectives ne donnent pas
plus de 52 à 10 ans, pour que les glaces du Kilimandjaro ne soient plus que des faits de légende.
Depuis 11000 ans, pour la première fois, les roches de la montagne sont visibles et mises à nu.
3.3. Les glaciers de l’Amérique du Sud
Les Andes font partie des curiosités touristiques que l’on aime explorer au Pérou. Mais il semble que
bientôt, les cartes ne traceront plus d’aires de glaces dans cette région du monde. Au nord, les Andes
sont presque totalement en phase de dépérissement. L’Antizana de l’Equateur et le Chacaltaya
bolivien ont perdu environ 0,6 à 1,4m d’épaisseur par an. 2015 semble également être la limite de fin
de vie pour le second, qui a perdu depuis 1940, 90% de sa masse. Sur le versant sud, du côté du Pérou,
les Andes se portent juste un peu mieux. Entre 1977 et 1983, bien que les recherches ne soient pas
toujours avancées, l’on note un recul de 7%. La plus grande de son genre, sous les tropiques, la calotte
glaciaire dénommée Quelccaya donne quelques glaciers d’exutoire. Ils sont tous affectés par le
phénomène de recul. 2020 est le seuil maximal que l’on peut espérer pour tracer sur la carte ce glacier
dont on enregistre une vitesse de fonte de près de 60m annuels.
Les champs de glace de Patagonie font fureur avec leurs propres records. Ils sont les plus rapides au
monde en terme de vitesse de recul. L’on estime que les fontes que l’on y enregistre sont responsables
de près de 9% de la hausse des niveaux de la mer.
12 mars 2002
18 Imad Bakri / Français
3.4. Les merveilles de glace de l’Amérique du Nord
Les Etats-Unis sont très bien équipés pour observer à loisir l’état de leurs glaciers. Le Parc national de
glaciers, aménagé dans le Montana n’a cessé de reculer durant les deux derniers siècles. Les
photographies de chaque glacier, prises systématiquement vers le milieu du 19ème siècle, montrent
des visages tout différents, rapportés aux clichés actuels. 1850 marque le début de l’appauvrissement
des structures. Auparavant le parc correspondait à une superficie de 99km² mais en 1993, 27%
seulement de la surface avaient encore des couvertures de glaces. Les plus petits ont déjà disparu. A
l’horizon 2030, les personnes qui procèdent au suivi de l’état de santé de ces masses de glaces ne sont
plus guère optimistes. Sauf dans le cas improbable d’une inversion climatique, la majeure patue de la
surface sera rayée de la carte.
Les rocheuses canadiennes constituent un autre terrain immense d’observation de la fonte des glaciers.
Le glacier exutoire Athabasca enregistre près de 1500m de recul depuis la moitié du 19ème. Issu de la
banquise de Colombie, il semble toutefois en mesure d’envisager une reprise, comme l’on observe des
manifestations allant dans ce sens, depuis 1980. Le climat beaucoup plus froid du Canada semble
donner raison à ses glaciers qui, malgré des reculs affichent une certaine faculté d’avancement. Et les
reculs ne sont pas aussi catastrophiques que dans les autres coins du monde.
Ceci étant, l’Alaska est aussi le siège de recul assez préoccupant de ses glaciers. La particularité dans
cette partie du globe étant que si des reculs ont été régulièrement observés en l’espace de 40 ans, les
dix dernières années ont été les pires. La fonte triple et le niveau de la mer fait l’objet d’une hausse de
près de 0,14mm annuels. L’on peut notamment citer dans le lot, le glacier de Colombie. Situé près de
la localité appelée Valdez, les icebergs issus de ce glacier ont été à l’origine d’un événement tristement
célèbre dans l’histoire. C’est en percutant l’un de ces icebergs que le fameux Exxon Valdez a échoué,
générant un drame écologique, parmi les plus graves connus. En 25 ans, le glacier en question a vu
près de 15km de son envergure s’effriter petit à petit.
L’Alaska reste, en outre un tremplin fertile pour observer les phénomènes de surges glaciaires. Les
glaciers concernés, tels le Black Rapids ou le Sustina sont connus pour leurs épisodes passés de
surges. Ils se sont un peu stabilisés depuis. L’on note également que près de 67 glaciers d’Alaska ont
doublé la sévérité de leur amincissement, en 45 ans, depuis 1950. L’on retient une moyenne de 0,7m
de perte d’épaisseur annuelle.
12 mars 2002
19 Imad Bakri / Français
3.5. L’Europe, un observatoire d’exception
3.5.1. Les Alpes
Les Alpes constituent une véritable particularité en Europe. Quel que soit le pays où l’on mène les
études, le même résultat en ressort. Les glaciers des Alpes manifestent un recul évident et de sévérité
plus marquée qu’il y a quelques décennies. Par rapport à leurs états en 1870, le Mont blanc et le
glacier d’Argentière ont reculé de 1400 et 1150m. Les glaciers de France fluctuent assez dans leur
avancée et leur recul, mais la seconde tendance est plus courante après 1982. Une période de 5 ans a
été définie pour observer en simultané l’état des Alpes, sous plusieurs angles de vue. Mais de la Suisse
à l’Autriche et de l’Italie à la France, la fonte des glaciers est un fait observée par les séries de reculs.
En 2005 notamment, il fallait souligner que plus aucun glacier n’est en mesure d’enclencher une phase
d’avancée, tous les pics étudiés ont montré des pertes d’épaisseur et un recul. En Suisse, le
Morteratsch est le cas le plus notoire. L’on a relevé un recul plus ou moins permanent de 1878 à 1998.
Mais les records sont battus en 2000-2005, 30m annuels de recul.
3.5.2. Les glaciers nordiques
Le reste de l’Europe manifeste la même tendance au recul de ses glaciers. Mais le cas de la Norvège
est particulièrement intéressante parce que là où les autres pays n’ont vu que des séries de recul sans
aucune rémission, elle a eu droit à trois chapitres d’embellie. La plus récente se passe en 1990 et
siègent sur près de la moitié des glaciers alors étudiés. En 2002-2003 toutefois, le pays rejoint de
nouveau le reste de ses voisins dans le recul des glaciers. En 2005 ; l’on note d’ailleurs une majorité de
reculs, et quelques rares glaciers stationnaires. Et les étendues du recul sont toujours assez
importantes, autour de 116 à 206m selon les lieux.
3.6. L’Himalaya asiatique
L’enjeu de la fonte des glaciers est de suite de taille quand on évoque le cas de cette immense chaîne
de montagnes qui pourvoit en eau potable bien des pays de la région. De l’Afghanistan à la Mongolie,
en passant par la Chine. Perte de sources en eau, mais également un risque de dérèglement biologique
de taille, voilà les problèmes avec lesquels il faut s’attendre à composer si les glaciers de ce coin du
globe venaient à disparaître de la cartographie. Le glacier de Gangotri en Inde fait partie de ceux qui
menacent de se conclure mal. Régulièrement entre 1976 et la fin du 20ème siècle, le glacier a reculé.
Etendue estimée du recul, 34m annuels et presque autant, à compter de 2000. En plus de la disparition
à petits feux d’une source d’eau potable, c’est aux dangers des débâcles à partir des lacs formés, qu’il
faut aussi s’attendre. De vraies épées de Damoclès pour des pays à forte concentration humaine, qui
rendent tous les scénarios encore plus catastrophes.
12 mars 2002
20 Imad Bakri / Français
V. Des conséquences menaçant à tous les coups d’être désastreuses
1. L’équilibre hydro-électrique en question
Là où les glaciers constituent des sources d’eau utile pour l’agriculture et d’autres impératifs
quotidiens, il faut s’attendre une menace de forts déséquilibres. Lorsque toute la masse de glaces qui
alimentent les écoulements lors des périodes de dégel auront été entamées, la question est de savoir de
quelle autre manière va-t-on remplacer l’eau dont la population riveraine avait l’habitude de disposer
et qui a fondé des pratiques au fil des années. Alors que les pays du Sud verront un grand enjeu se
poser par rapport à l’agriculture, qui est une des principales activités pour la survie, ceux du nord se
questionneront sur la suite de l’économie hydro-électrique. Sont concernés par cette seconde
préoccupation les pays de l’Amérique du nord, les riverains des Alpes et les habitants de la Norvège.
2. L’élévation du niveau de la mer, un risque fort pour les zones côtières
La principale autre conséquence de la fonte des glaciers est l’élévation de l’eau de la mer. Tout se
transforme et il faut bien que les masses réduites en liquides, à partir des grands blocs de glaces
atterrissent quelque part. l’élévation du niveau de la mer constitue un scénario aux multiples
retombées. Les limites des zones côtières seront soumises à des sollicitations plus fortes qui les
entameront dans des mesures de temps assez incertaines. L’occurrence de tempête peut être plus
redoutable parce que les températures de l’eau vont aussi varier et si le réchauffement de la
température se maintient, ceci est d’autant pus probable. Les pertes économiques à cause de la
dégradation des exploitations jusqu’ici génératrices de revenus ne se compteront même plus. Parce
qu’à côté, ce sont aussi des communautés culturellement basées et reliées avec la mer et les zones
maritimes qui vont devoir en faire les frais. Le volume plue important d’eau de mer modifiera
immanquablement l’équilibre des échanges avec les nappes souterraines. Les eaux douces pourront
avoir tendance à se saliniser.
Il ne faut pas oublier que les océans et la mer sont des lieux de vie à l’équilibre rigoureux. Une seule
variation dans les conditions de leurs compositions et c’est tout l’écosystème marin qui sera en
dérèglement. Des populations de faune et de flore pourraient voir leur mode d’existence changer du
tout au tout avec des conséquences à long terme encore assez improbables.
La disparition de certaines îles et atolls est aussi à redouter. Pour dire que la fonte des glaciers est un
problème qui ne bousculera pas que son système, mais influera sur des cercles de plus en plus éloignés
de l’épicentre, que sont les glaciers.
12 mars 2002
21 Imad Bakri / Français
3. La menace qui pèse sur les communautés des régions concernées
Bien avant les scénarii catastrophes que l’on peut monter avec des combinaisons infinies, ce sont les
communautés vivant près des grands glaciers qui seront les premiers affectés par leur fonte. Déjà
quelques communautés de la région arctique expérimentent les retombées immédiates de la fonte des
glaciers. Les modes de vie sont bousculés parce que ce qui était « terre » de vie pour des milliers de
chasseurs et de pêcheurs, représente en permanence un danger potentiel de céder.
La fonte des glaciers est concomitante de variations de températures qui appellent certains animaux
comme les grizzli à évoluer dans des zones rendues sécurisées pour les hommes jusqu’alors. Par
adaptation, les végétaux tendent à disparaître dans les zones de pousse normales. Les pâturages pour
certaines espèces comme les rennes reculent de plus en plus. Les gens ont à faire plus de kilomètres,
pour tomber sur un terrain favorable à une activité qu’ils exercent au quotidien.
La perte des repères culturels fortement rattachés à ces sols gelés constitue un méfait pour l’humanité
entière et sa mémoire, l’essence même de son existence. La question peut notamment bousculer, quand
de l’autre côté, les efforts de la communauté internationale penchent justement vers la sauvegarde des
coutumes et pratiques les plus représentatives de la diversité humaine.
4. L’extinction d’espèces
Il faut commencer par les espèces que l’on ne rencontre que sous les conditions spécifiques de grand
froid. L’on citera par exemple des vigognes. L’espèce évolue dans les Andes alors que c’est un
camélidé. Une merveille insondable de l’adaptation de l’espèce. Après avoir adopté les zones fraîches
comme habitat, ces animaux ont de plus en plus de mal à gérer un processus inverse et on les voit déjà
fuir vers des zones à plus basses températures, vers les sommets. Les phoques de Weddel qui ont de
tout temps subjugué les explorateurs. Leur intelligence poussée en fait des espèces qui ne méritent pas
de s’éteindre. Les quelques 4000 à 8000 léopards sauvages qui vivent en liberté près des glaciers du
Népal font également partie des espèces soumises à ces pressions.
12 mars 2002
22 Imad Bakri / Français
VI. Les explorateurs et les noms associés à l’étude la fonte des
glaciers
De nombreux explorateurs et scientifiques se sont penchés sur la question des glaciers à travers les
époques. L’on ne peut bien sûr se passer des apports des pionniers qui ont collaboré à faire
comprendre le mécanisme des glaciers. Connaissances dont on ne peut se passer pour s’expliquer leurs
fontes et éventuellement adapter les mesures aux constats.
1. Fridtjof Nansen
Ce personnage a contribué à lever le voile sur le grand mystère du Groënland, lorsqu’il y part en 1882.
L’idée de son exploration part pour ainsi dire d’un événement fortuit. Lorsqu’il trouve les notes d’un
carnet de bord d’une embarcation échue en Sibérie. De là lui vient l’intuition que l’océan Arctique est
à l’origine de la banquise qui dérive. L’expérience qu’il signe 11 ans plus tard apparaît comme des
plus saugrenues mais son idée était de vérifier la théorie de la dérive des glaciers. Emprisonnant son
embarcation dans un bloc de glace, il se laisse porter. Sans grand succès, ce qui le pousse à partir sur
les lieux en traîneau. Avec Hjalmar Johansen, il franchit un passage que jamais les pieds des hommes
n’avaient foulé. Ils débarquent à 86°14’ N, un grand pas pour l’humanité en terme d’exploration des
grands espaces polaires.
2. Roald Amundsen
Celui-ci a surtout aidé à comprendre les conditions qui prévalent en Antarctique. Devancé par Robert
E. Peary dans le défi de rejoindre le Pôle Nord, c’est un peu par revanche qu’il se met en tête de faire
cap vers le Sud. Le Norvégien y débarque un jour de décembre 1911. Son expérience inaugurera
d’autres explorations qui vont permettre d’enrichir le répertoire des connaissances acquises sur cette
partie de la planète. Le palmarès de ce pionnier des glaciers inclut notamment des expéditions comme
celle de la Belgica vers la fin des années 1890. Le Passage nord ouest fait également partie des grands
chantiers qui furent parmi les plus captivants de sa vie.
3. Franz-Joseph Hugi
Le personnage pense en premier à observer de plus près les mouvements qui animent les glaciers. Il
choisit comme point de départ de ses observations le glacier de l’Aar. Avec quelques autres
scientifiques, il établit le glacier est le siège d’un mouvement permanent de type écoulement. Ses
premières théorisations conduisent des personnes comme J .D. Forbes à s’approcher d’autres glaciers
et de contribuer à l’enrichissement des observations allant dans le même sens.
12 mars 2002
23 Imad Bakri / Français
4. J .D. Forbes
Les réflexions et descentes sur terrain de ce personnage lui permettent de signer une découverte
singulière dans la compréhension de la structure des glaciers. C’est en effet à cet homme que les
bandes marquant les diverses périodes de gel et de dégel sur un même glacier doivent leur appellation
de bandes de Forbes. Cette connaissance est notamment utile quand il s’agit de retracer les divers
moments forts qui ont marqués un glacier donné, à diverses périodes de son existence.
5. Joseph Vallot
Il fait figure de pionnier également dans la France du 19ème siècle. La Mer de Glace l’intéresse
particulièrement pour ses études de la vitesse de l’écoulement et du déplacement de la langue du
glacier. La méthode alors utilisée est celle de la ligne de pierres peintes. Le personnage procède
patiemment au recueil des données de son terrain. Au fil des ans, il ne manque pas de remettre sa ligne
sur le profil d’origine. L’exercice n’a plus rien de fastidieux lorsque les résultats de ces mesures
successives permettent de comparer les variations après chaque année écoulée. Le plus intéressant
dans le profil de ce Français et de sa méthode, c’est que cette dernière va intégrer le domaine des Eaux
et Forêts, comme méthode de calcul à part entière. Les glaciers sur lesquels on applique la démarche
de 1907 à 1960 deviennent ainsi les plus documentés. Ce qui permet aux observateurs des époques
ultérieures à avoir des données rigoureuses, pour constater une tendance à l’avancée ou au recul.
6. François Alphonse Forel
C’est la figure de proue de la spécialité en Suisse. Il commence à s’intéresser à la question à partir de
l’année 1894. Outre son intérêt pour les glaciers, le personnage était médecin. Il s’intéressait en outre
au lac Léman dont il est devenu un spécialiste de référence. Par rapport à sa passion pou la glaciologie,
il préside la commission de son pays dédiée à la question. Philanthrope, il contribue à financer une
expédition suisse au Groenland en procédant à une collecte de fonds.
7. Arnold Henry Guyot
Ce Suisse américain fait partie des grandes figures de son domaine. Déjà rompu à d’autres sciences, il
rejoint la Société française de géologie et passe quelques semaines de terrain sur un des glaciers de son
pays. Il était parmi les premiers à noter les différences notables dans le mouvement des glaciers au
niveau de leur centre et des bords. Il formalise aussi le constat que le sommet de ces structures est le
siège de mouvements plus fluides que les bases. Il enregistre aussi une somme de connaissances assez
12 mars 2002
24 Imad Bakri / Français
complète concernant les blocs migratoires. Outre la glaciologie, le personnage s’est fait connaître par
les enseignements qu’il donne à la prestigieuse université de Princeton. Ses recherches en
météorologie le conduisent à générer un ensemble de procédures qui feront date aux Etats-Unis. On lui
doit d’ailleurs en grande partie la création du Bureau américain de la météorologie.
8. Louis Agassiz
Ce savant se distingue par la théorie qu’il fonde quant à l’existence d’une période glaciaire dans
l’histoire de la Terre. Nous sommes en 1837. Intéressé par la possibilité évoquée par ses
contemporains que certaines composantes retrouvées à divers endroits auraient pu être véhiculées par
des glaciers, il se joint à diverses explorations des glaciers de l’Aar pour dissiper ses doutes sur la
question. Etudes sur les Glaciers apparaît trois ans plus tard. Ses travaux se révéleront par la suite
fondateurs pour l’ensemble de la science glaciologique, en mettant en lumière des phénomènes aussi
complexes que l’influence des glaciers sur les matrices où ils sont implantés. Outre ses connaissances,
fruits de recherches laborieuses dans le domaine de la glaciation, Louis Agassiz était, comme de
nombreux savants de son temps, rompu à d’autres filières. Il a notamment signé des travaux relatifs à
la zoologie et l’histoire naturelle.
9. Johann von Charpentier
Ce géologue germano-suisse a laissé de grandes empreintes dans le domaine de la compréhension des
glaciers. Son intérêt se focalise notamment sur les glaciers des Alpes, notamment suite à la rupture
d’un bloc de ces structures qui cause de nombreuses morts. Tâchant de comprendre comment le
phénomène a pu se produire, il met sur la piste de la recherche sur terrain. Ses observations des blocs
de roche set de moraines lui fait penser à la possibilité que l’étendue glaciaire était plus importante à
des périodes antérieures. A sa suite, Louis Agassiz tentera de développer l’idée.
10. John Tyndall
Ce personnage apparaît dans la liste des personnalités à ne pas dissocier de la glaciologie, même si la
science n’est pas encore constituée, quand il commence à se poser les questions basiques qui déblaient
le terrain. Alors que ses contemporains ont toujours eu comme conviction intime que c’est sur le
terrain et là seulement se trouvaient les réponses aux flots de questions posées, notre personnage va
dépasser l’a priori. Il fait de la formalisation avant l’heure en pensant soumettre aux tests de son
laboratoire ses hypothèses. Cette démarche introduit dans le flot d’entreprises engagées ici et là un
début de rigueur, toujours déterminante pour faire valoir les découvertes. Les physiciens joueront
d’ailleurs à partir de ce moment des rôles notables dans l’étude de tous les phénomènes rattachés aux
glaciers et leurs mouvements et caractéristiques.
12 mars 2002
25 Imad Bakri / Français
Il se penche avec autant d’attention que ses contemporains sur le mouvement des glaciers, qui fut le
dada de la glaciologie à ses prémisses. Son principal apport apparaît toutefois clairement dans
l’ensemble des théories qui émergent dans ce vivier de réflexions. Il identifie les deux mouvements
qui siègent au niveau des glaciers. Il s’agit de la déformation et du glissement. Il se détache également
de la démarche un rien monolithique de tous ces scientifiques en se traçant des pistes pas encore
envisagées, à savoir l’observation du sol sous glaciaire. Plus tard, de nombreux aspects des idées qu’il
diffuse s’avéreront faussées par des investigations plus poussées. Mais John Tyndall reste à jamais une
image forte des annales des glaciologues, pour la rigueur qu’il a su insufflé à cette science encore
balbutiante. Ses explorations en tant qu’alpinistes constituent aussi un grand pan du parcours de ce
physicien reconverti.
11. Robert Vivian
Ce professeur d’université fait partie des académiciens qui se sont tôt penchés sur la question des
glaciers. Il a consacré une grande partie de son existence à essayer de communiquer vers le public
profane tous les aspects intéressants de ces structures. Un de ses grands travaux fait le tour des glaciers
par bassin. Un répertoire de connaissances précieuses sur les typologies et les caractéristiques de
nombreux glaciers dont de nombreux autres ont profité à sa suite.
12 mars 2002
26 Imad Bakri / Français
Conclusion
La fonte des glaciers est un phénomène qui constitue un vaste champ de questions et de prospectives.
Celles-ci dessinent des perspectives autrement alarmantes et personne ne peut plus nier le fait que
certaines de ces prédictions sont déjà des faits pour de nombreuses personnes de par le monde. A
défaut de faire reculer un phénomène qui n’est plus juste imminent, mais est déjà parfaitement en
action, la question est de savoir si l’Humanité saura composer avec de nouvelles façons de penser
moins immédiates et des manières de concevoir plus soucieuses des conséquences, avant d’en faire les
frais.
AVERTISSEMENT
Ce document ne constitue en rien un document d'expert, ni une étude scientifique. Les propos tenus dans ce
document n'engagent que son auteur. L'auteur ne peut être tenu pour responsable de l'interprétation que lui
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Imad Bakri / La fonte des glaciers

  • 1. 12 mars 2002 1 Imad Bakri / Français La fonte des glaciers par Imad Bakri Annexe et note Rapport daté du 12 mars 2002, rédigé par Imad Bakri, né le 17 janvier 1979, passionné par les différents types de phénomènes résultant d’un changement climatique. Imad Bakri propose ci-dessous un rapport d’informations relatif à la fonte des glaciers dans le monde afin de mieux comprendre et cerner ce phénomène. Les informations contenues dans le document présent sont une synthèse, faite par Imad Bakri, d’éléments issus du domaine public. Ce rapport n'a pas pour ambition d'être un rapport d'expert mais de permettre à toute un chacun de prendre connaissance des phénomènes dont il est question.
  • 2. 12 mars 2002 2 Imad Bakri / Français Table des matières I. Introduction ...................................................................................................................................................... 4 A. La fonte des glaciers, un phénomène qui commence tôt 1. Depuis 1850 2. Le petit âge glaciaire 3. Le début du recul des glaciers B. La situation actuelle 1. 1992, le grand tournant dans l’histoire de la fonte des glaciers 2. Une problématique de taille 3. Un niveau d’information insuffisant II. Comprendre les glaciers ................................................................................................................................. 6 A. La structure du glacier 1. Définition sommaire du glacier 2. Une structure instable, en mouvement B. Les fluctuations enregistrées au niveau des glaciers 1. L’écoulement 2. Les surges 3. La formation des rimayes, des seracs et des bandes de Forbes III. Les causes de la fonte des glaciers .............................................................................................................. 9 A. Le réchauffement du climat 1. Généralités 2. Les cycles climatiques comme élément de cadrage 2.1. Un processus naturel sur le temps long 2.2. Le 20ème, un siècle fécond en records de hautes températures B. Les habitudes de consommation 1. La propension à consommer des produits manufacturés 2. La tendance à amasser et dupliquer certains achats 3. Comment des habitudes quotidiennes peuvent entraîner la fonte des glaciers ? 4. Les gaz à effet de serre 5. La pollution IV. Les grands glaciers dans le monde face à l’enjeu de la fonte des glaciers ......................................... 14 1. Etat des lieux, un déclin du bilan de la masse glaciaire 2. Les grands glaciers des pôles 2.1. L’inlandsis du Groenland et les glaciers alentours 2.2. Les glaciers des îles canadiennes dans l’arctique 2.3. La situation en Islande 2.4. L’Antarctique, un cas à par de la fonte des glaciers 3. Des glaciers sous les tropiques 3.1. Des glaciers particuliers 3.2. Le mont Kenya et le Kilimandjaro en Afrique 3.3. Les glaciers de l’Amérique du Sud 3.4. Les merveilles de glace de l’Amérique du Nord 3.5. L’Europe, un observatoire d’exception 3.5.1. Les Alpes 3.5.2. Les glaciers nordiques 3.6. L’Himalaya asiatique
  • 3. 12 mars 2002 3 Imad Bakri / Français V. Des conséquences menaçant à tous les coups d’être désastreuses ....................................................... 20 1. L’équilibre hydro-électrique en question 2. L’élévation du niveau de la mer, un risque fort pour les zones côtières 3. La menace qui pèse sur les communautés des régions concernées 4. L’extinction d’espèces VI. Les explorateurs et les noms associés à l’étude la fonte des glaciers ................................................. 22 1. Fridtjof Nansen 2. Roald Amundsen 3. Franz-Joseph Hugi 4. J .D. Forbes 5. Joseph Vallot 6. François Alphonse Forel 7. Arnold Henry Guyot 8. Louis Agassiz 9. Johann von Charpentier 10. John Tyndall 11. Robert Vivian Conclusion .......................................................................................................................................................... 26
  • 4. 12 mars 2002 4 Imad Bakri / Français I. Introduction A. La fonte des glaciers, un phénomène qui commence tôt 1. Depuis 1850 La fonte des glaciers est un phénomène observé depuis très longtemps. Dès 1850, les glaciologues, spécialistes de la question, notent un début de recul des lignes de démarcation de ces structures, à des points très précis du globe. L’année marque la fin de ce que les spécialistes appellent la petite période glaciaire. Le début réel de cette période varie selon les sources, mais l’on a pris l’habitude de considérer que l’expansion mondiale des glaces débute en 1550. Cette année est ainsi marquée comme le point de départ du petit âge glaciaire, connu sous le sigle PGA. 2. Le petit âge glaciaire Le rafraîchissement global de la température de la planète caractérise le PGA. En pratique, les hivers devenaient plus froids. Le 17ème siècle enregistre notamment des hivers si rudes que la production agricole en était ralentie. La période comprise entre 1570 et 1730 semble avoir été la plus difficile ; l’avancée des glaciers étant notée surtout en Amérique du Nord et en Europe. Quelques faits notables permettent au profane de saisir l’ampleur du phénomène. Le gel de la Tamise, en Angleterre en 1607, ou celui de la Seine, dont on enregistre plusieurs cas sous Louis XIV. Les statistiques des décès enregistrés durant les saisons hivernales parlent aussi d’elles-mêmes. 3. Le début du recul des glaciers A partir de 1850, l’on note une inversion des phénomènes. Les températures augmentent d’année en année, jusqu’en 1940. La fonte des glaciers se fait alors constater un peu partout dans le monde. Le phénomène était concomitant d’une augmentation sensible des températures affichées au thermomètre. Si une courte accalmie s’est manifestée sur environ 30 ans, avec une petite baisse de la température, la fonte des glaciers a repris de plus belle et atteint une vitesse exponentielle, à compter de 1980.
  • 5. 12 mars 2002 5 Imad Bakri / Français B. La situation actuelle 1. 1992, le grand tournant dans l’histoire de la fonte des glaciers L’année 1992 marque un tournant décisif dans l’observation de la fonte des glaciers. Les scientifiques sont mis devant le fait incontestable que la vitesse de recul de ces structures n’a jamais été plus grande et ne semble pas vouloir décélérer. Le réchauffement de la température planétaire qui commence dans des dernières décennies du 20ème siècle, constitue la toile de fond de la fonte des glaciers. 2. Une problématique de taille Si le phénomène constitue aujourd’hui une problématique de taille, c’est notamment par rapport aux impacts qu’il a sur l’équilibre de la planète en général. Les répercussions des modifications géographiques que la fonte des glaciers génère sur la vie de la population mondiale, se sont d’emblée révélées préoccupantes. Le fait étant que les perspectives ne sont pas a priori rassurantes. 3. Un niveau d’information insuffisant L’on note, par ailleurs que la sensibilité des hommes quant à la question du recul des glaciers et de ses impacts sur la vie quotidienne et l’avenir de la planète est très éclatée. Des millions d’habitants de certains pays font déjà les frais de ces impacts, au quotidien. Mais peu de sujets font le pont entre la raréfaction des sources d’eau potable et la fonte de glaciers, qui sont parfois des réalités qu’ils ne se représentent même pas.
  • 6. 12 mars 2002 6 Imad Bakri / Français II. Comprendre les glaciers A. La structure du glacier 1. Définition sommaire du glacier Pour bien comprendre le phénomène de la fonte des glaciers, un rappel de principe sur les glaciers eux-mêmes n’est pas superflu. Le glacier est une structure qui se forme en la présence de quelques conditions. Il s’agit notamment de conditions de température et climatiques. Le glacier naît de la lente accumulation de grêle et de neige. Plus loin, l’on note que le glacier est une composition plus complexe encore. Une étude approfondie de la structure tient compte jusqu’au type de roches qui constituent le terrain où ils se forment, car cela impacte sur son devenir. 2. Une structure instable, en mouvement Un détail qu’il ne faut pas oublier, en parlant de glacier, est que la structure n’est pas aussi figée qu’elle pourrait le paraître. Le glacier est le siège de mouvements qui se comprennent par la nature même de la matière principale qui le forme, à savoir l’eau. Un glacier s’appréhende par rapport aux conditions de l’environnement où il est implanté. La force des vents, la fréquence et le volume des précipitations enregistrées sur le site, ainsi que son orientation, déterminent les modifications dont un glacier peut faire l’objet au cours de son existence. Un glacier constitue une réalité avec un passé, marqué par les circonstances de son apparition à la surface du globe. Il a surtout un avenir, qui a la particularité d’être dépendant des facteurs climatiques qui vont prévaloir. B. Les fluctuations enregistrées au niveau des glaciers Sous ses formes imperturbables, le glacier est le siège de mouvements réels, parfois imperceptibles mais qui sont bien là. Ce qui en fait une structure d’un étonnant dynamisme. Les scientifiques qui se passionnent pour les glaciers ont décrit plusieurs catégories de mouvements qui se produisent à divers niveaux du glacier. Nous évoquerons les aspects les plus notables de ces mouvements.
  • 7. 12 mars 2002 7 Imad Bakri / Français 1. L’écoulement Ce mouvement constitue un phénomène, pour ainsi dire, constant au niveau de tout glacier. De nombreuses théories et mesures ont été formulées et commandées pour décrire le phénomène. Il ressort notamment de ces ressources que le glacier est le siège d’un écoulement permanent et ininterrompu et que contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est en son centre que cet écoulement est le plus rapide. Cela s’explique notamment par le fait que les structures de base y sont en contact avec la matrice rocheuse de l’auge glaciaire. Les mesures permettant de soutenir cette théorie s’enrichissent de l’avancée de la technologie, d’année en année. Le profane peut facilement se convaincre de la permanence de cet écoulement par un simple constat. Les annales rapportent de nombreux cas où des masses solides – corps, appareils – ensevelis à des points précis d’un glacier se retrouvent toujours à des niveaux plus bas, des années après. Elles sont entraînées par le lent glissement du glacier. L’on peut citre le cas du Malabar Princess, dont les restes sont rendus en 1975, à 3500m en deçà de son point d’écrasement. Ce dernier date de 1950. De nombreuses théories sont avancées, quant au pourquoi de ce glissement permanent des glaciers. La chaleur du rocher d’implantation, comme la dilatation par le gel et d’autres possibilités sont avancées par de nombreux spécialistes de la question. 2. Les surges D’autres mouvements animent la vie d’un glacier. Les surges, par exemple, constituent des sortes de soubresauts qui ponctuent le rythme lent des écoulements. En fait, ces « crues catastrophiques », comme les décrivent les auteurs francophones, sont le fruit d’une accélération plus ou moins brusque de la vitesse d’écoulement. La masse concernée est entraînée sur une grande distance en seulement quelques mois. Le phénomène est généralement suivi d’une période d’accalmie d’environ un demi- siècle à plusieurs centaines d’années. Ce genre de mouvement est typique de certains glaciers comme ceux que l’on rencontre sur le continent asiatique. Mais l’on en rencontre aussi dans l’Atlantique nord ou en Amérique centrale. Il est intéressant de s’arrêter sur les modes de survenue de ces crues. Les crues se produisent a priori en hiver. L’on note une augmentation très sensible de la vitesse de l’écoulement. De 0,5m en général, elle peut atteindre les 50m par jour. Une onde de crue se diffuse à l’ensemble du glacier, ce qui a pour impact de secouer assez le glacier, qui se disloque à certains endroits. Notons que l’explication des mécanismes réels qui sous-tendent ces crues, constitue encore tout un chantier à explorer pour les glaciologues. Les premières tentatives de modélisation ont été rendues possibles par des expérimentations menées en Alaska, sur le Variegated Glacier.
  • 8. 12 mars 2002 8 Imad Bakri / Français 3. La formation des rimayes, des seracs et des bandes de Forbes Comme le rythme de l’écoulement, évoqué plus haut, varie en différents points du glacier, celui-ci subit des contraintes différentes. L’on assiste notamment à de telles variations entre les niveaux moins pentues et les ruptures de pente, ou encore entre les bords et le centre du glacier. La conséquence physique de telles différences sur l’aspect du glacier consiste, par exemple, en la présence des crevasses. Certains points du glacier – moins ductiles que la partie qui entraîne l’écoulement – se rompent, d’où crevaison. L’on parle de rimaye pour désigner ces zones, qui servent de point de repère intéressant. Elle permet de détecter la partie du glacier la plus soumise à l’entraînement et qui glisse, de l’autre partie qui est plus solidaire à la structure de la matrice rocheuse. Selon la fluctuation des glissements de cette seconde partie, la rimaye peut être très large. L’on parle de seracs pour désigner des blocs de forme parallélépipédique ou rectangulaire, que l’on retrouve au niveau des points de rupture des pentes glaciaires. A de tels niveaux, l’écoulement du glacier atteint des vitesses comme 900m par an. Inutile de décrire le chaos que cela crée à ces niveaux. Ce sont des zones qui menacent à tout moment de céder étant donné leur instabilité. Les bandes de Forbes enfin témoignent des mouvements, qui sourdent parfois sans que l’on s’en rende compte, à divers niveaux des glaciers. Décrites par le scientifique éponyme, elles apparaissent sous forme de bandelettes claires et sombres qui s’alternent à la surface des glaciers. Elles marquent le moment où la glace passe par les zones de séracs. La glace qui passe par la chute de séracs en été ne peut pas être recouverte de neige et met les impuretés et la poussière à nu. Elle constitue les bandes sombres. La bande blanche est constituée de la neige qui passe la chute de séracs en hiver. La neige qui continue de tomber recouvre petit à petit les crevasses et uniformise ses couleurs.
  • 9. 12 mars 2002 9 Imad Bakri / Français III. Les causes de la fonte des glaciers La fonte des glaciers est un phénomène général qui marque les grands glaciers du monde, quels que soient leurs types et leurs localisations. Du Groenland avec sa fameuse calotte glaciaire à l’Antarctique, en passant par l’Amérique du Sud, les glaciers du monde ont peu à peu perdu de leur consistance et le phénomène s’est particulièrement accentué, depuis le début des années 90. C’est sans faire référence au recul tangible et toujours plus sévère des grands glaciers qui ont longtemps fait la fierté des pays de l’Amérique du Nord. Ni de ce qui se passe sous nos yeux, dans les Alpes et les Pyrénées. Nous savons maintenant que la structure des glaciers est une unité non stable, soumise à d’incessantes variations, notamment dues à la succession des saisons. Mais ce que l’on observe dans le cadre du phénomène de la fonte des glaciers constitue un chapitre à part, où le sage équilibre et les rythmes naturels de flux et de reflux, de gel et de dégel, ne sont plus en mesure de reconstituer ce qui fond. De nombreuses causes concourent au grand système de la fonte des glaciers. A. Le réchauffement du climat 1. Généralités Le terme est pleinement intégré dans le discours public depuis les années 80-90. De manière plus cadrée, l’on définit le réchauffement climatique par la revue à la hausse de la moyenne de températures qui prévaut à l’échelle de la planète. Cette augmentation de la température a été enregistrée sur une période de plusieurs années et tient compte autant de ce qui est noté dans l’atmosphère, que de la température des océans. Faisant l’objet d’une réflexion poussée, de la part des scientifiques, depuis de nombreuses décennies, le réchauffement climatique est un phénomène qui a longtemps préparé son terrain. Il faut remonter à aussi loin que l’année 1910 pour retrouver les prémisses du réchauffement global de la température que nous expérimentons aujourd'hui. Entre 1945 et 1976, la courbe de la montée des températures a connu une légère inflexion, mais elle a ré-entamé sa hausse et l’a maintenue depuis 1976. La présence de gaz à effet de serre, dans l’atmosphère, est la principale cause invoquée à cette modification en profondeur de la courbe des températures terrestres.
  • 10. 12 mars 2002 10 Imad Bakri / Français 2. Les cycles climatiques comme élément de cadrage 2.1. Un processus naturel sur le temps long Pour comprendre cette fluctuation de la température, il faut noter que le passage d’une période assez froide à une autre plus chaude, fait partie des rythmes immuables qui marquent l’histoire de la planète. Ces distributions naturelles des périodes de chaud et de froid ont des durées s’étendant sur plusieurs milliers, voire millions d’années. Au cours de ces successions, le visage de la Terre a largement changé de forme. Il y a 35 millions d’années, la calotte glaciaire de l’Antarctique fait son apparition et plus près, celle de l’hémisphère nord est pleinement constituée, il y a 4 millions d’années. Ces deux zones glaciaires sont les images qui résument le plus concrètement l’état de refroidissement dont la planète est le théâtre durant quelque 60 millions d’années. Il faut savoir également que ces longues périodes se partagent entre des cycles de glaciation et de réchauffement. Ce dernier marque le début d’un cycle et il est brutal, avant de se stabiliser sur 10000 à 20 000 ans. Cette durée prépare le terrain à la survenue d’une période glaciaire de grand froid. Actuellement, nous sommes en pleine période transitoire entre la dernière de ces glaciations et le prochain cycle qui débutera donc par un grand réchauffement. C’est ainsi que l’on explique la montée progressive de la température de notre planète. Dans cette logique d’idée, le réchauffement peut ainsi s’envisager comme un processus tout naturel que l’homme ne contrôle, ou ne peut influer. En ce sens, ce sont des facteurs comme les cycles solaires et l’insolation, ou encore l’albédo qui déterminent le niveau des écarts. L’albédo désignant la part de l’énergie solaire qui est réfléchie. Mais bien entendu, la capacité de réflexion de l’atmosphère est déterminée par la présence à plusieurs ou moins fortes concentrations de certaines molécules, comme celles contenues dans les gaz à effet de serre. Moins cette capacité est grande, plus la surface du globe concentre d’énergie et plus la température tend à être élevée. 2.2. Le 20ème, un siècle fécond en records de hautes températures Un constat ressort de l’observation des courbes de températures sur ces quatre derniers siècles. Si le petit âge glaciaire a emmené une vague de froid sur la planète entre 1550 et 1850, une revue de la courbe des températures, depuis la fin de cette période, montre une augmentation ininterrompue telle que le 20ème siècle est le plus riche en records. Les 10 pics de températures observés entre 1880 et 2009 correspondent tous à des années de ce siècle. Après l’année 1998 qui est le top 1 de la liste, l’on note un écart important avec la moyenne du réchauffement, en 2001 à 2003 et en 2004 jusqu’à 2007- 2009. Il s’avère évident que le cap de l’an 2000 est une période charnière. Les écarts avec la moyenne de référence, celle des années 60 à 90, vont de 0,36 à 0,52°C. La communauté scientifique s’étant accordée à reconnaître que ce fait n’est pas dû au hasard. Le mode de vie de ces dernières années peut largement expliquer le réchauffement climatique et partant, le recul des glaciers.
  • 11. 12 mars 2002 11 Imad Bakri / Français B. Les habitudes de consommation La manière dont les hommes exploitent les ressources mises à leur disposition, l’évolution des modes de vie et de consommation, depuis la grande Révolution industrielle, ont contribué de façon immuable à accélérer le réchauffement des températures. Et par effet boule de neige, la fonte glaciaire et le recul des glaciers connaissent une accélération qui fait réellement peur. 1. La propension à consommer des produits manufacturés Ce n’est pas de consommer l’eau en bouteille, plutôt que celle du robinet qui est mal, ni le fait de préférer des plats en barquettes, plutôt que de cuisiner. Là où le bât blesse, c’est que ce genre de pratique n’est ni le fait d’une poignée d’individus seulement, ni confiné à une zone de la planète uniquement. Ce sont des millions de personnes de tous les pays de la planète qui font les mêmes gestes chaque jour et ces pratiques sont répétées sans limite, depuis des décennies. Pire, là où les gens avaient l’habitude de prendre le temps et de respecter le rythme de leur environnement, le géant mondialisation a imposé l’impératif du « tout plus vite et à tous prix ». Conséquence, par peur de rater la coche, les populations de ces régions de la planète sont venues grossir le rang des auteurs de ces gestes qui font du tort à l’environnement. Ce ne sont pas les produits manufacturés qui risquent de faire le plus mal, c’est toute la pression qu’engendre, sur les ressources, leur processus de fabrication. L’on ne s’en rend pas compte que chacune des bouteilles en plastique que l’on accumule, par paquets chaque année, inscrit dans l’histoire de la planète une ligne de scénario futur assez redoutable. Il en va de même de chaque canette, de chaque autre emballage dont la fabrication n’a pas tenu compte des impacts sur l’environnement. Cellophane, polyprène, brick, cartons, sacs plastiques, des emballages toujours bien pratiques dont on ne mesure jamais parfaitement le prix. 2. La tendance à amasser et dupliquer certains achats La grande société de consommation a posé la règle du plus il y en a, mieux c’est. Par automatisme, de nombreux ménages tendent à multiplier les mêmes achats pour divers membres de la famille. Autant de facteurs qui intensifient la pression sur l’environnement, si l’on suit le cycle de chaque article. Notamment, par rapport à la dépense d’énergie que la fabrication de chacun d’eux engendre. L’esprit de la récupération commence tout juste à faire son chemin, au niveau des particuliers. Auparavant, le rythme des innovations et de la tendance a dicté celui du gaspillage. L’on se sépare de maints objets dès que l’on commence à s’en familiariser, pour amasser d’autres, plus à la mode.
  • 12. 12 mars 2002 12 Imad Bakri / Français 3. Comment des habitudes quotidiennes peuvent entraîner la fonte des glaciers ? Les impacts de ces divers produits sur l’environnement se manifestent de plusieurs façons et s’apprécient en des termes divers, qui participent au final à construire un cercle vicieux, dont le schéma semble de plus en pus complexe. Pour commencer, le prélèvement des matières premières impacte, à long terme, sur l’équilibre de la biodiversité. Les modes d’adaptation naturels ne sont plus efficaces, parfois, ce qui entraîne un dérèglement dans la régulation des conditions météorologiques. Chaleur intense, étés plus longs, hivers plus froids, précipitations plus abondantes sont des extrêmes de plus en plus difficiles à contenir. La transformation de ces matières premières ne sait pas encore se passer de l’émission de déchets, pas uniquement dans l’atmosphère, mais aussi dans l’eau. L’émission des fameux gaz à effet de serre semble être parmi les facteurs qui ont le plus contribué à accélérer la vitesse du réchauffement de la planète et ses conséquences sur les glaciers. 4. Les gaz à effet de serre La manière de consommer de la population mondiale, au cours des 50 dernières années a fortement favorisé la déperdition des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. C’est bien en ce sens que l’on dit que le fait humain joue un rôle important dans la survenue de la fonte des glaciers. L’effet de serre est, en effet, un processus naturel qui aurait normalement dû ne faire que du bien à l’humanité et autres êtres vivants, en régulant la part d’énergie solaire à retenir pour les besoins de l’habitat. Mais dès lors qu’un effet de serre supplémentaire vient se greffer sur ce processus naturel, le dérèglement est incontournable. L’atmosphère condense plus de quantité calorique qu’elle la surface de la terre n’en a besoin. Les cycles normaux de gel, dégel se dérèglent et des écoulements qui pourraient prendre plus de temps, au niveau des glaciers, s’accélèrent. Des mesures ont été prises, à propos de l’utilisation des gaz reconnus comme ayant un impact sur l’effet de serre naturel. Mais les corrections de longues années de pratiques inefficaces, à grande échelle, ne sont pas toujours suffisantes pour contrer leurs effets. Les gaz à effet de serre ayant, selon les connaissances acquises à leur propos, une propension à étendre leurs actions à long terme. Les sources de l’INRA estiment, par exemple, la durée de vie du dioxyde de carbone, à 100 ans. Et le scénario est que, même après la stabilisation de ce type de gaz, le réchauffement des températures ne va pas tout de suite s’infléchir. Il va juste devenir plus modéré, mais se poursuivre néanmoins. Ses conséquences vont persister de même. D’ailleurs, des phénomènes comme la fonte des calottes de glaces, une fois enclenchés, se jouent ensuite sur plusieurs milliers d’années.
  • 13. 12 mars 2002 13 Imad Bakri / Français 5. La pollution La pollution de l’atmosphère et autres milieux de vie, vient parachever les impacts des facteurs cités supra. Une atmosphère plus chargée n’assume plus parfaitement son rôle de barrière protectrice par rapport à divers rayonnements intenses. Il a été établi, par ailleurs, que la pollution participe activement à la fonte des glaciers en un sens bien précis. Pour le cas des émanations polluantes issues du sud-est asiatique, elles pourraient être à l’origine de la masse de carbone retrouvée dans l’atmosphère au-dessus du pôle nord. C’est ce qui ressort, en tout cas, des études publiées par James Hansen et Dorothy Koch. La présence de suie sur les couches de glaces arctiques s’expliquerait par les émanations issues des industries du nord, des feux de forêts et des émissions de carbone du sud-est asiatique. L’établissement de la voie empruntée par ces particules, depuis leurs probables points de départ, jusque dans le pôle Nord, étant fait selon le General Circulation Model, un outil développé par le GISS, qui est une branche de la NASA.
  • 14. 12 mars 2002 14 Imad Bakri / Français IV. Les grands glaciers dans le monde face à l’enjeu de la fonte des glaciers 1. Etat des lieux, un déclin du bilan de la masse glaciaire Une observation de l’ensemble des grands glaciers de la planète montre un déclin évident de leur bilan de masse, depuis 1970. Cette mesure donne une idée de la part de la structure glacière qui cède à l’ablation et celle qui se forme par accumulation. Cette dernière est notamment la suite logique de la chute de neige. L’ablation d’un glacier inclut deux composantes. D’un côté, la sublimation qui entame une partie de la structure glaciaire par évaporation, sous l’effet du rayonnement solaire. De l’autre, la fonte proprement dite, selon les mécanismes partiellement compris que l’on a évoqués supra. La ligne de névé constitue la démarcation de ces deux zones, spécifiques à chaque glacier. Le bilan de la masse glaciaire des grands glaciers du monde tend à afficher des résultats négatifs, durant ces dernières décennies. Le maintien d’un bilan de masse négatif sur un temps assez long signifie que le glacier est en phase de déclin et est incapable de reconstituer l’équilibre nécessaire à sa survie. Ce sont les glaciers affichant de tels bilans de masse que l’on évoque lorsque l’on parle de fonte des glaciers. Une cartographie mondiale des bilans de masse fait nettement apparaître des zones d’amincissements irréversibles. Fort peu de points du globe comptent des glaciers qui empruntent la courbe inverse et avancent. Pour mieux observer et comparer la manifestation de la fonte des glaciers, les spécialistes départagent la planète en trois zones de glaciers. Les pôles, les régions tropicales et les intermédiaires entre les pôles et respectivement les tropiques du Capricorne et du Cancer. 2. Les grands glaciers des pôles Les régions polaires concentrent la grande majorité des masses glaciaires de la planète. A 99%, les glaciers se retrouvent au niveau des inlandsis. Ce sont ces énormes étendues de calottes de glace communes aux régions polaires. A côté de ces masses compactes, dérivent quelques glaciers dits d’exutoire. Ce sont des blocs qui se sont détachés de la matrice de l’inlandsis et se dirigent vers l’océan. 2.1. L’inlandsis du Groenland et les glaciers alentours Les glaciers situés dans cette région du globe affichent une tendance au recul, comme dans de nombreuses autres régions. Le plus rapide des glaciers d’exutoire, le Jakobshavn Isbrae affiche depuis 1950 un terminus assez table. Mais en 2002, l’on y note une manifestation de recul évident. La vitesse de recul quotidienne de 30m est très parlante. Le Kangerdlugssuaq, pour sa part affiche des statistiques encore plus préoccupantes. Tout en perdant en épaisseur, à raison de 100m environ, il recule. Avec un
  • 15. 12 mars 2002 15 Imad Bakri / Français troisième glacier connu du Groenland, le Helheim, l’on pense que les systèmes de cette région du globe sont soumis au même processus de fonte des glaciers. Celle-ci est secondaire au réchauffement climatique enregistré dans la région. La théorie que la fonte soit liée à une simple modification interne de la structure des glaciers n’est pas valide pour expliquer qu’en plus, ces glaciers d’exutoire aient augmenté de vitesse de croisière. 2.2. Les glaciers des îles canadiennes dans l’arctique Les dépendances canadiennes situées dans cette région du globe comptent nombre de calottes glaciaires. De celle de Bylot à celles de Barnes ou de Penny, sans oublier la calotte glaciaire de Devon, elles sont toutes le siège d’amincissement et de recul. Les mesures effectuées entre 1960 et 2002 corroborent pour soutenir cette thèse. Des reculs sur 1 à 3 km depuis 1960, caractérisent les glaciers de Devon. L’équivalent de 67km² de glace s’est détaché de ce glacier, qui se retrouve sévèrement aminci. L’ensemble des calottes des îles canadiennes a régressé, à raison de 25km² annuels de glace perdus, en 5 ans de 1995 à 2000. Les prospectives à l’horizon 2050 font état d’une disparition totale de ce qui reste du glacier dénommé Plateau de Hazen, en l’absence d’inflexion dans les conditions de températures. Quelques autres faits notables permettent de saisir tout le chaos qui se joue au niveau de cette région au fil des ans. La presque totalité de la surface du Ward Hunt a été entamée tout au long du dernier siècle. Ce glacier a notamment connu une désagrégation majeure au cours de l’année 2002. L’on se rappelle sinon de la dérive d’un grand bloc de 66 km² de la barrière de glace d’Ayles en 2005. 2.3. La situation en Islande L’Europe partage la popularité du Vatnajökull avec l’Islande. C’est la plus grande calotte glaciaire du continent. Entre 1973 et 2004, un de ses glaciers d’exutoire, le Breiðamerkurjökull enregistre un recul de 2km. Sur un ensemble de 34 glaciers dont les mouvements ont été étudiés de près par les spécialistes, il n’y en a pratiquement que 6 qui ne manifestaient pas des caractéristiques de recul. Tous les autres sont concernés, soit par des pertes en épaisseur, soit par des reculs sur des longueurs de 2 à 3km. Parfois, comme pour le Breiðamerkurjökull, le recul a créé des figures géographiques nouvelles. En l’occurrence, il s’agissait d’une lagune de quelque 110m de profondeur. L’envergure de celle-ci a facilement doublé en l’espace de 10 ans, de 1994 à 2004. 2.4. L’Antarctique, un cas à par de la fonte des glaciers La Mer d’Amundsen est le cadre de la dérive du grand glacier d’exutoire de Pine Island. Durant la trentaine d’années passées, le bloc s’est vu reculer de 5 km, alors que son épaisseur réduit de quelque 3,5m par an, soit d’un total de 133 mètres. La particularité de ce glacier réside dans le fait que les spécialistes trouvent en lui, le point de faiblesse de la calotte de l’Antarctique orientale. Chaque fois qu’il recule, c’est une partie de cette matrice de base qui est entraînée. Mais ce sont les phénomènes
  • 16. 12 mars 2002 16 Imad Bakri / Français observés au niveau de la péninsule éponyme et de la barrière de Larsen qui sollicitent le plus de préoccupations. En 2002, cette barrière de glace était le siège de dislocations à plusieurs points qui totalisent une surface de 3250km². Le processus a seulement pris 35 jours pour se jouer. Il faut cependant noter qu’une perte de 2500km² de surface a déjà affectée le même bloc, durant les 6 précédentes années. Le mécanisme d’altération de cette barrière de glace s’explique par la fonte des glaces de surface. Celle-ci est largement sous-tendue par des températures plus élevées que celles rencontrées normalement en période de fonte. Le mécanisme, normal, est ainsi exacerbé, la principale conséquence étant l’apparition d’étangs à la surface du glacier. Ce qui ne peut que favoriser le déséquilibre de sa structure, à long terme. Dans les zones plus proches du cercle antarctique, plusieurs centaines de glaciers affichent un recul, allant jusqu’à 600m, si on rapporte leurs dimensions actuelles, à celles prises autour de 1953. Le constat d’une trentaine de glaciers en état d’avancement ne peut faire le poids en présence du côté chaotique des reculs. 3. Des glaciers sous les tropiques 3.1. Des glaciers particuliers Les glaciers des tropiques ne sont pas toujours aussi impressionnants que dans les autres points du globe. Il faut des situations vraiment particulières de températures et de climat en général, pour des glaciers se forment dans ces zones plutôt chaudes. Pourtant les quelques glaciers que l’on y recense souffrent également de la fonte des glaciers. Il n’est même pas déplacé d’avancer que les manifestations y sont plus sévères. Pour certains, le déséquilibre qui entraîne la fonte est dû à l’insuffisance d’accumulation, parce que les chutes de neige se raréfient. En même temps, les températures déjà plutôt élevées font encore l’objet de hausse, à laquelle des structures souvent assez minces de ces glaciers ne résistent pas longtemps. Les quelques montagnes isolées où siègent des glaciers constituent dès lors des chantiers d’observation uniques pour les chercheurs qui s’interrogent sur la fonte des glaciers.
  • 17. 12 mars 2002 17 Imad Bakri / Français 3.2. Le mont Kenya et le Kilimandjaro en Afrique Les chercheurs issus de l’US Geological Survey ont inventorié près de 18 glaciers autour du Mont Kenya au début du 20ème siècle. 11 de ces glaciers sont encore retrouvés à l’année 1986. Les mesures parallèles des superficies occupées par ces glaciers corroborent le constat de leur disparition, puisque de 1,6km² au total, les aires recouvertes de glaciers ne sont plus que de 0,4 km² en 2000. le 20ème siècle a vu près de 45% des volumes des glaciers retrouvés dans les environs du Mont Kenya. 14 ans ont de même suffi au glacier de Furtwängler pour perdre plus de la moitié de sa structure. 60000m² est alors tout ce qui reste d’une superficie d’origine de 113000m². Les observateurs n’ont plus retrouvé à la place que des trous, qui tendraient à se creuser de plus en plus, disloquant totalement le reste infime de ce qui fut le glacier, il y a quelques années. Le Kilimandjaro lui-même a vu ses neiges éternelles faire faux bond. Perdant en épaisseur et ne cessant de reculer, le glacier qui a fait sa réputation auprès des alpinistes n’a plus que 20% de son volume de glaces. Le drame est à son comble lorsque l’on sait que les prospectives ne donnent pas plus de 52 à 10 ans, pour que les glaces du Kilimandjaro ne soient plus que des faits de légende. Depuis 11000 ans, pour la première fois, les roches de la montagne sont visibles et mises à nu. 3.3. Les glaciers de l’Amérique du Sud Les Andes font partie des curiosités touristiques que l’on aime explorer au Pérou. Mais il semble que bientôt, les cartes ne traceront plus d’aires de glaces dans cette région du monde. Au nord, les Andes sont presque totalement en phase de dépérissement. L’Antizana de l’Equateur et le Chacaltaya bolivien ont perdu environ 0,6 à 1,4m d’épaisseur par an. 2015 semble également être la limite de fin de vie pour le second, qui a perdu depuis 1940, 90% de sa masse. Sur le versant sud, du côté du Pérou, les Andes se portent juste un peu mieux. Entre 1977 et 1983, bien que les recherches ne soient pas toujours avancées, l’on note un recul de 7%. La plus grande de son genre, sous les tropiques, la calotte glaciaire dénommée Quelccaya donne quelques glaciers d’exutoire. Ils sont tous affectés par le phénomène de recul. 2020 est le seuil maximal que l’on peut espérer pour tracer sur la carte ce glacier dont on enregistre une vitesse de fonte de près de 60m annuels. Les champs de glace de Patagonie font fureur avec leurs propres records. Ils sont les plus rapides au monde en terme de vitesse de recul. L’on estime que les fontes que l’on y enregistre sont responsables de près de 9% de la hausse des niveaux de la mer.
  • 18. 12 mars 2002 18 Imad Bakri / Français 3.4. Les merveilles de glace de l’Amérique du Nord Les Etats-Unis sont très bien équipés pour observer à loisir l’état de leurs glaciers. Le Parc national de glaciers, aménagé dans le Montana n’a cessé de reculer durant les deux derniers siècles. Les photographies de chaque glacier, prises systématiquement vers le milieu du 19ème siècle, montrent des visages tout différents, rapportés aux clichés actuels. 1850 marque le début de l’appauvrissement des structures. Auparavant le parc correspondait à une superficie de 99km² mais en 1993, 27% seulement de la surface avaient encore des couvertures de glaces. Les plus petits ont déjà disparu. A l’horizon 2030, les personnes qui procèdent au suivi de l’état de santé de ces masses de glaces ne sont plus guère optimistes. Sauf dans le cas improbable d’une inversion climatique, la majeure patue de la surface sera rayée de la carte. Les rocheuses canadiennes constituent un autre terrain immense d’observation de la fonte des glaciers. Le glacier exutoire Athabasca enregistre près de 1500m de recul depuis la moitié du 19ème. Issu de la banquise de Colombie, il semble toutefois en mesure d’envisager une reprise, comme l’on observe des manifestations allant dans ce sens, depuis 1980. Le climat beaucoup plus froid du Canada semble donner raison à ses glaciers qui, malgré des reculs affichent une certaine faculté d’avancement. Et les reculs ne sont pas aussi catastrophiques que dans les autres coins du monde. Ceci étant, l’Alaska est aussi le siège de recul assez préoccupant de ses glaciers. La particularité dans cette partie du globe étant que si des reculs ont été régulièrement observés en l’espace de 40 ans, les dix dernières années ont été les pires. La fonte triple et le niveau de la mer fait l’objet d’une hausse de près de 0,14mm annuels. L’on peut notamment citer dans le lot, le glacier de Colombie. Situé près de la localité appelée Valdez, les icebergs issus de ce glacier ont été à l’origine d’un événement tristement célèbre dans l’histoire. C’est en percutant l’un de ces icebergs que le fameux Exxon Valdez a échoué, générant un drame écologique, parmi les plus graves connus. En 25 ans, le glacier en question a vu près de 15km de son envergure s’effriter petit à petit. L’Alaska reste, en outre un tremplin fertile pour observer les phénomènes de surges glaciaires. Les glaciers concernés, tels le Black Rapids ou le Sustina sont connus pour leurs épisodes passés de surges. Ils se sont un peu stabilisés depuis. L’on note également que près de 67 glaciers d’Alaska ont doublé la sévérité de leur amincissement, en 45 ans, depuis 1950. L’on retient une moyenne de 0,7m de perte d’épaisseur annuelle.
  • 19. 12 mars 2002 19 Imad Bakri / Français 3.5. L’Europe, un observatoire d’exception 3.5.1. Les Alpes Les Alpes constituent une véritable particularité en Europe. Quel que soit le pays où l’on mène les études, le même résultat en ressort. Les glaciers des Alpes manifestent un recul évident et de sévérité plus marquée qu’il y a quelques décennies. Par rapport à leurs états en 1870, le Mont blanc et le glacier d’Argentière ont reculé de 1400 et 1150m. Les glaciers de France fluctuent assez dans leur avancée et leur recul, mais la seconde tendance est plus courante après 1982. Une période de 5 ans a été définie pour observer en simultané l’état des Alpes, sous plusieurs angles de vue. Mais de la Suisse à l’Autriche et de l’Italie à la France, la fonte des glaciers est un fait observée par les séries de reculs. En 2005 notamment, il fallait souligner que plus aucun glacier n’est en mesure d’enclencher une phase d’avancée, tous les pics étudiés ont montré des pertes d’épaisseur et un recul. En Suisse, le Morteratsch est le cas le plus notoire. L’on a relevé un recul plus ou moins permanent de 1878 à 1998. Mais les records sont battus en 2000-2005, 30m annuels de recul. 3.5.2. Les glaciers nordiques Le reste de l’Europe manifeste la même tendance au recul de ses glaciers. Mais le cas de la Norvège est particulièrement intéressante parce que là où les autres pays n’ont vu que des séries de recul sans aucune rémission, elle a eu droit à trois chapitres d’embellie. La plus récente se passe en 1990 et siègent sur près de la moitié des glaciers alors étudiés. En 2002-2003 toutefois, le pays rejoint de nouveau le reste de ses voisins dans le recul des glaciers. En 2005 ; l’on note d’ailleurs une majorité de reculs, et quelques rares glaciers stationnaires. Et les étendues du recul sont toujours assez importantes, autour de 116 à 206m selon les lieux. 3.6. L’Himalaya asiatique L’enjeu de la fonte des glaciers est de suite de taille quand on évoque le cas de cette immense chaîne de montagnes qui pourvoit en eau potable bien des pays de la région. De l’Afghanistan à la Mongolie, en passant par la Chine. Perte de sources en eau, mais également un risque de dérèglement biologique de taille, voilà les problèmes avec lesquels il faut s’attendre à composer si les glaciers de ce coin du globe venaient à disparaître de la cartographie. Le glacier de Gangotri en Inde fait partie de ceux qui menacent de se conclure mal. Régulièrement entre 1976 et la fin du 20ème siècle, le glacier a reculé. Etendue estimée du recul, 34m annuels et presque autant, à compter de 2000. En plus de la disparition à petits feux d’une source d’eau potable, c’est aux dangers des débâcles à partir des lacs formés, qu’il faut aussi s’attendre. De vraies épées de Damoclès pour des pays à forte concentration humaine, qui rendent tous les scénarios encore plus catastrophes.
  • 20. 12 mars 2002 20 Imad Bakri / Français V. Des conséquences menaçant à tous les coups d’être désastreuses 1. L’équilibre hydro-électrique en question Là où les glaciers constituent des sources d’eau utile pour l’agriculture et d’autres impératifs quotidiens, il faut s’attendre une menace de forts déséquilibres. Lorsque toute la masse de glaces qui alimentent les écoulements lors des périodes de dégel auront été entamées, la question est de savoir de quelle autre manière va-t-on remplacer l’eau dont la population riveraine avait l’habitude de disposer et qui a fondé des pratiques au fil des années. Alors que les pays du Sud verront un grand enjeu se poser par rapport à l’agriculture, qui est une des principales activités pour la survie, ceux du nord se questionneront sur la suite de l’économie hydro-électrique. Sont concernés par cette seconde préoccupation les pays de l’Amérique du nord, les riverains des Alpes et les habitants de la Norvège. 2. L’élévation du niveau de la mer, un risque fort pour les zones côtières La principale autre conséquence de la fonte des glaciers est l’élévation de l’eau de la mer. Tout se transforme et il faut bien que les masses réduites en liquides, à partir des grands blocs de glaces atterrissent quelque part. l’élévation du niveau de la mer constitue un scénario aux multiples retombées. Les limites des zones côtières seront soumises à des sollicitations plus fortes qui les entameront dans des mesures de temps assez incertaines. L’occurrence de tempête peut être plus redoutable parce que les températures de l’eau vont aussi varier et si le réchauffement de la température se maintient, ceci est d’autant pus probable. Les pertes économiques à cause de la dégradation des exploitations jusqu’ici génératrices de revenus ne se compteront même plus. Parce qu’à côté, ce sont aussi des communautés culturellement basées et reliées avec la mer et les zones maritimes qui vont devoir en faire les frais. Le volume plue important d’eau de mer modifiera immanquablement l’équilibre des échanges avec les nappes souterraines. Les eaux douces pourront avoir tendance à se saliniser. Il ne faut pas oublier que les océans et la mer sont des lieux de vie à l’équilibre rigoureux. Une seule variation dans les conditions de leurs compositions et c’est tout l’écosystème marin qui sera en dérèglement. Des populations de faune et de flore pourraient voir leur mode d’existence changer du tout au tout avec des conséquences à long terme encore assez improbables. La disparition de certaines îles et atolls est aussi à redouter. Pour dire que la fonte des glaciers est un problème qui ne bousculera pas que son système, mais influera sur des cercles de plus en plus éloignés de l’épicentre, que sont les glaciers.
  • 21. 12 mars 2002 21 Imad Bakri / Français 3. La menace qui pèse sur les communautés des régions concernées Bien avant les scénarii catastrophes que l’on peut monter avec des combinaisons infinies, ce sont les communautés vivant près des grands glaciers qui seront les premiers affectés par leur fonte. Déjà quelques communautés de la région arctique expérimentent les retombées immédiates de la fonte des glaciers. Les modes de vie sont bousculés parce que ce qui était « terre » de vie pour des milliers de chasseurs et de pêcheurs, représente en permanence un danger potentiel de céder. La fonte des glaciers est concomitante de variations de températures qui appellent certains animaux comme les grizzli à évoluer dans des zones rendues sécurisées pour les hommes jusqu’alors. Par adaptation, les végétaux tendent à disparaître dans les zones de pousse normales. Les pâturages pour certaines espèces comme les rennes reculent de plus en plus. Les gens ont à faire plus de kilomètres, pour tomber sur un terrain favorable à une activité qu’ils exercent au quotidien. La perte des repères culturels fortement rattachés à ces sols gelés constitue un méfait pour l’humanité entière et sa mémoire, l’essence même de son existence. La question peut notamment bousculer, quand de l’autre côté, les efforts de la communauté internationale penchent justement vers la sauvegarde des coutumes et pratiques les plus représentatives de la diversité humaine. 4. L’extinction d’espèces Il faut commencer par les espèces que l’on ne rencontre que sous les conditions spécifiques de grand froid. L’on citera par exemple des vigognes. L’espèce évolue dans les Andes alors que c’est un camélidé. Une merveille insondable de l’adaptation de l’espèce. Après avoir adopté les zones fraîches comme habitat, ces animaux ont de plus en plus de mal à gérer un processus inverse et on les voit déjà fuir vers des zones à plus basses températures, vers les sommets. Les phoques de Weddel qui ont de tout temps subjugué les explorateurs. Leur intelligence poussée en fait des espèces qui ne méritent pas de s’éteindre. Les quelques 4000 à 8000 léopards sauvages qui vivent en liberté près des glaciers du Népal font également partie des espèces soumises à ces pressions.
  • 22. 12 mars 2002 22 Imad Bakri / Français VI. Les explorateurs et les noms associés à l’étude la fonte des glaciers De nombreux explorateurs et scientifiques se sont penchés sur la question des glaciers à travers les époques. L’on ne peut bien sûr se passer des apports des pionniers qui ont collaboré à faire comprendre le mécanisme des glaciers. Connaissances dont on ne peut se passer pour s’expliquer leurs fontes et éventuellement adapter les mesures aux constats. 1. Fridtjof Nansen Ce personnage a contribué à lever le voile sur le grand mystère du Groënland, lorsqu’il y part en 1882. L’idée de son exploration part pour ainsi dire d’un événement fortuit. Lorsqu’il trouve les notes d’un carnet de bord d’une embarcation échue en Sibérie. De là lui vient l’intuition que l’océan Arctique est à l’origine de la banquise qui dérive. L’expérience qu’il signe 11 ans plus tard apparaît comme des plus saugrenues mais son idée était de vérifier la théorie de la dérive des glaciers. Emprisonnant son embarcation dans un bloc de glace, il se laisse porter. Sans grand succès, ce qui le pousse à partir sur les lieux en traîneau. Avec Hjalmar Johansen, il franchit un passage que jamais les pieds des hommes n’avaient foulé. Ils débarquent à 86°14’ N, un grand pas pour l’humanité en terme d’exploration des grands espaces polaires. 2. Roald Amundsen Celui-ci a surtout aidé à comprendre les conditions qui prévalent en Antarctique. Devancé par Robert E. Peary dans le défi de rejoindre le Pôle Nord, c’est un peu par revanche qu’il se met en tête de faire cap vers le Sud. Le Norvégien y débarque un jour de décembre 1911. Son expérience inaugurera d’autres explorations qui vont permettre d’enrichir le répertoire des connaissances acquises sur cette partie de la planète. Le palmarès de ce pionnier des glaciers inclut notamment des expéditions comme celle de la Belgica vers la fin des années 1890. Le Passage nord ouest fait également partie des grands chantiers qui furent parmi les plus captivants de sa vie. 3. Franz-Joseph Hugi Le personnage pense en premier à observer de plus près les mouvements qui animent les glaciers. Il choisit comme point de départ de ses observations le glacier de l’Aar. Avec quelques autres scientifiques, il établit le glacier est le siège d’un mouvement permanent de type écoulement. Ses premières théorisations conduisent des personnes comme J .D. Forbes à s’approcher d’autres glaciers et de contribuer à l’enrichissement des observations allant dans le même sens.
  • 23. 12 mars 2002 23 Imad Bakri / Français 4. J .D. Forbes Les réflexions et descentes sur terrain de ce personnage lui permettent de signer une découverte singulière dans la compréhension de la structure des glaciers. C’est en effet à cet homme que les bandes marquant les diverses périodes de gel et de dégel sur un même glacier doivent leur appellation de bandes de Forbes. Cette connaissance est notamment utile quand il s’agit de retracer les divers moments forts qui ont marqués un glacier donné, à diverses périodes de son existence. 5. Joseph Vallot Il fait figure de pionnier également dans la France du 19ème siècle. La Mer de Glace l’intéresse particulièrement pour ses études de la vitesse de l’écoulement et du déplacement de la langue du glacier. La méthode alors utilisée est celle de la ligne de pierres peintes. Le personnage procède patiemment au recueil des données de son terrain. Au fil des ans, il ne manque pas de remettre sa ligne sur le profil d’origine. L’exercice n’a plus rien de fastidieux lorsque les résultats de ces mesures successives permettent de comparer les variations après chaque année écoulée. Le plus intéressant dans le profil de ce Français et de sa méthode, c’est que cette dernière va intégrer le domaine des Eaux et Forêts, comme méthode de calcul à part entière. Les glaciers sur lesquels on applique la démarche de 1907 à 1960 deviennent ainsi les plus documentés. Ce qui permet aux observateurs des époques ultérieures à avoir des données rigoureuses, pour constater une tendance à l’avancée ou au recul. 6. François Alphonse Forel C’est la figure de proue de la spécialité en Suisse. Il commence à s’intéresser à la question à partir de l’année 1894. Outre son intérêt pour les glaciers, le personnage était médecin. Il s’intéressait en outre au lac Léman dont il est devenu un spécialiste de référence. Par rapport à sa passion pou la glaciologie, il préside la commission de son pays dédiée à la question. Philanthrope, il contribue à financer une expédition suisse au Groenland en procédant à une collecte de fonds. 7. Arnold Henry Guyot Ce Suisse américain fait partie des grandes figures de son domaine. Déjà rompu à d’autres sciences, il rejoint la Société française de géologie et passe quelques semaines de terrain sur un des glaciers de son pays. Il était parmi les premiers à noter les différences notables dans le mouvement des glaciers au niveau de leur centre et des bords. Il formalise aussi le constat que le sommet de ces structures est le siège de mouvements plus fluides que les bases. Il enregistre aussi une somme de connaissances assez
  • 24. 12 mars 2002 24 Imad Bakri / Français complète concernant les blocs migratoires. Outre la glaciologie, le personnage s’est fait connaître par les enseignements qu’il donne à la prestigieuse université de Princeton. Ses recherches en météorologie le conduisent à générer un ensemble de procédures qui feront date aux Etats-Unis. On lui doit d’ailleurs en grande partie la création du Bureau américain de la météorologie. 8. Louis Agassiz Ce savant se distingue par la théorie qu’il fonde quant à l’existence d’une période glaciaire dans l’histoire de la Terre. Nous sommes en 1837. Intéressé par la possibilité évoquée par ses contemporains que certaines composantes retrouvées à divers endroits auraient pu être véhiculées par des glaciers, il se joint à diverses explorations des glaciers de l’Aar pour dissiper ses doutes sur la question. Etudes sur les Glaciers apparaît trois ans plus tard. Ses travaux se révéleront par la suite fondateurs pour l’ensemble de la science glaciologique, en mettant en lumière des phénomènes aussi complexes que l’influence des glaciers sur les matrices où ils sont implantés. Outre ses connaissances, fruits de recherches laborieuses dans le domaine de la glaciation, Louis Agassiz était, comme de nombreux savants de son temps, rompu à d’autres filières. Il a notamment signé des travaux relatifs à la zoologie et l’histoire naturelle. 9. Johann von Charpentier Ce géologue germano-suisse a laissé de grandes empreintes dans le domaine de la compréhension des glaciers. Son intérêt se focalise notamment sur les glaciers des Alpes, notamment suite à la rupture d’un bloc de ces structures qui cause de nombreuses morts. Tâchant de comprendre comment le phénomène a pu se produire, il met sur la piste de la recherche sur terrain. Ses observations des blocs de roche set de moraines lui fait penser à la possibilité que l’étendue glaciaire était plus importante à des périodes antérieures. A sa suite, Louis Agassiz tentera de développer l’idée. 10. John Tyndall Ce personnage apparaît dans la liste des personnalités à ne pas dissocier de la glaciologie, même si la science n’est pas encore constituée, quand il commence à se poser les questions basiques qui déblaient le terrain. Alors que ses contemporains ont toujours eu comme conviction intime que c’est sur le terrain et là seulement se trouvaient les réponses aux flots de questions posées, notre personnage va dépasser l’a priori. Il fait de la formalisation avant l’heure en pensant soumettre aux tests de son laboratoire ses hypothèses. Cette démarche introduit dans le flot d’entreprises engagées ici et là un début de rigueur, toujours déterminante pour faire valoir les découvertes. Les physiciens joueront d’ailleurs à partir de ce moment des rôles notables dans l’étude de tous les phénomènes rattachés aux glaciers et leurs mouvements et caractéristiques.
  • 25. 12 mars 2002 25 Imad Bakri / Français Il se penche avec autant d’attention que ses contemporains sur le mouvement des glaciers, qui fut le dada de la glaciologie à ses prémisses. Son principal apport apparaît toutefois clairement dans l’ensemble des théories qui émergent dans ce vivier de réflexions. Il identifie les deux mouvements qui siègent au niveau des glaciers. Il s’agit de la déformation et du glissement. Il se détache également de la démarche un rien monolithique de tous ces scientifiques en se traçant des pistes pas encore envisagées, à savoir l’observation du sol sous glaciaire. Plus tard, de nombreux aspects des idées qu’il diffuse s’avéreront faussées par des investigations plus poussées. Mais John Tyndall reste à jamais une image forte des annales des glaciologues, pour la rigueur qu’il a su insufflé à cette science encore balbutiante. Ses explorations en tant qu’alpinistes constituent aussi un grand pan du parcours de ce physicien reconverti. 11. Robert Vivian Ce professeur d’université fait partie des académiciens qui se sont tôt penchés sur la question des glaciers. Il a consacré une grande partie de son existence à essayer de communiquer vers le public profane tous les aspects intéressants de ces structures. Un de ses grands travaux fait le tour des glaciers par bassin. Un répertoire de connaissances précieuses sur les typologies et les caractéristiques de nombreux glaciers dont de nombreux autres ont profité à sa suite.
  • 26. 12 mars 2002 26 Imad Bakri / Français Conclusion La fonte des glaciers est un phénomène qui constitue un vaste champ de questions et de prospectives. Celles-ci dessinent des perspectives autrement alarmantes et personne ne peut plus nier le fait que certaines de ces prédictions sont déjà des faits pour de nombreuses personnes de par le monde. A défaut de faire reculer un phénomène qui n’est plus juste imminent, mais est déjà parfaitement en action, la question est de savoir si l’Humanité saura composer avec de nouvelles façons de penser moins immédiates et des manières de concevoir plus soucieuses des conséquences, avant d’en faire les frais. AVERTISSEMENT Ce document ne constitue en rien un document d'expert, ni une étude scientifique. Les propos tenus dans ce document n'engagent que son auteur. L'auteur ne peut être tenu pour responsable de l'interprétation que lui donneront les tiers quel qu’ils soient et ne peut être tenu pour responsable de tout dommage occasionné par la mise en application de tout principe ou utilisation des données exposées dans ce document.