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1) Les représentations de jeanne d’Arc aux XIX et XXème siècle.
Introduction - 3 min./moi
Premier temps : Jeanne vue par leshistoriens à travers les sièclesqui précèdent le XIX° - 5 min./moi
Deuxième temps : les historiens du XIX° siècle et peut-être l'école III° République - 10 min./toi
Troisième temps : les pseudo-spécialisteset le grand public aujourd'hui - 5 min./moi
Quatrième temps : Jeannne en Primaire - 10 min./toi
Cinquième temps : Jeanne au Collège - 10 min./moi
Conclusion - 3 min/toi
XIXème : Deuxième temps : les historiens du XIX° siècle et peut-être l'école III° République - 10 min./toi
Au cours des siècles, et principalement à partir du xixe siècle, la figure historique de Jeanne
d'Arc a été reprise par de nombreux auteurs pour illustrer ou cristalliser des messages
religieux, philosophiques ou politiques.
L'image de Jeanne d'Arc a ainsi été l'objet depuis la fin du xixe siècle de récupération par
différents partis politiques tant de la gauche (voyant en elle une fille du peuple brûlée par
l'Église et abandonnée par le roi) que de la droite (voyant en elle une héroïne nationale,
sainte), et par différents courants de pensée philosophiques ou religieux pour des raisons
parfois contradictoires, faisant même de Jeanne d'Arc en France un personnage officiel.
Elle a ainsi pu, par exemple, illustrer pour Michelet (né le 21 août 1798 à Paris et mort le 9
février 1874 à Hyères, est un historien français)
une « sainte laïque » ou encore, à partir de sonprocès en canonisation en 1897, représenter
le symbole d'une chrétienne luttant poursa foi et sa patrie.
Dans le domaine politique, elle est devenue un symbole national français lors de la guerre
franco-allemande de 1870 puis est reprise par de nombreux partis et figures politiques qui
vont du parti socialiste, avec entre autres Jean Jaurès, jusqu'à l'extrême-droite. Si Jeanne
d'Arc s'estimposée parmi les principales figures de l'histoire de France, c'esten partie dû aux
nombreux relais littéraires, politiques et religieux qui ont mis en avant le personnage depuis
plus de quatre siècles :
Selon Michel Winock (professeur des universités en histoire contemporaine à l'institut
d'études politiques de Paris, où il a enseigné, entre autres, l'histoire des idées politiques. Il
est notammentl’auteur du Siècle des intellectuels (1997),pourlequel il a reçu le prix
Médicis essai en 1997, et des Voix de la liberté (2001), saluéparl'Académie française, et de
MadamedeStaël, prix Goncourt de la biographie2010. Il a dirigé avec Jacques Julliard le
Dictionnaire des intellectuels français.,)
Jeanne d'Arc fut l'objet d'une véritable source de productions au XIX ème et XX ème siècle
après trois siècles d'oubli ou d'inattention.
Sa légende s'est renforcée durant l'époque romantique
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(mouvement culturel apparu à la fin du xviiie siècle en Angleterre et en Allemagneet se
diffusantà toute l’Europe au cours du xixe siècle, jusqu’auxannées1850.Il s’exprime dans
la littérature, la peinture, la sculpture, la musiqueet la politique. Mouvement intellectuel qui
réhabilita le Moyen Age : époquecaractérisée bien souvent parle merveilleux, le folklore,
les légendes etc....)
grâce à des auteurs comme Henri Martin, Théophile Lavallée, Victor Duruy , Ernest
Lavisse, Jules Quicherat, Jean-Charles Sismonde de Sismondi faisant d'une simple bergère,
une héroïne et une légende nationale.
Diapo 1 : Sentiment national
C'està la plume alerte de l'historien Jules Michelet (né le 21 août 1798 à Paris et mort le 9
février 1874 à Hyères, est un historien français) que l'on doit la transformation la plus
radicale du personnage en 1841. Cette année-là en effet, il publie un livre, intitulé Jeanne
d'Arc (en fait le Livre V de son Histoire de France), et fait entrer la jeune femme dans la
catégorie des héros incarnant le peuple.
Jeanne d'Arc est à l'origine, selon Michelet, d'une des étapes décisives de la construction de
la France. Elle cristallise le sentiment national8 du peuple français et fait émerger le
nationalisme. Sa vision de Jeanne fait un parallèle, troublant pour cet historien athée, avec
le Christ. Diapo2
Cette vision, par un historien républicain et libre-penseur d'une Jeanne d'Arc populaire —
fille du peuple, oubliée par le roi Charles VII, martyrisée par l'Église, héroïne du peuple —
est amplifiée avec la publication par Jules Quicherat, un élève de Michelet, des actes des
deux procès (en latin) d'après les manuscrits de la Bibliothèque nationale de France (1841-
1849).
Sous la IIIᵉ République (régime politique de la France de 1870 à 1940), Jeanne devient une
figure du patriotisme français. Les Républicains au pouvoir voulurent enraciner
durablement l'idée républicaine auprès du peuple. Dans cette optique, les héros de l'histoire
française ont fait l'objet de propagande, et cette démarche s'estsurtout vue dans les
contenus de l'école républicaine et laïque.
Diapo 3 : Naissance d’une sainte
L'Église catholique romaine est, du fait des circonstances de sa mort, mal à l'aise
au xixe siècle face au personnage de Jeanne d'Arc. Cependant en imposant l'image d'une
« sainte laïque » Michelet crée un mythe perçu comme une véritable machine de guerre
contre l'Église.
C'estpourquoien 1869 monseigneur Félix Dupanloup, évêque d'Orléans met en route le
processus decanonisation afin de faire de Jeanne d'Arc le symbole de la chrétienne luttant
pour sa foi et sa patrie. Ce procès permet, après un demi-siècle de procédure
(2 novembre 1874-16 mai 1920), notamment interrompue par la Grande Guerre, de déclarer
sainte de l'Église catholique cette femme qui fut condamnée par un tribunal ecclésiastique
puis réhabilitée quelques années après sa mort9.
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Bien qu'une première étape soit franchie le 18 avril 1909 avec la béatification de Jeanne, il
faut attendre la fin de la Première Guerre mondiale avec la « chambre bleu horizon »
de 1920, composéede nombreux anciens combattants ayant connu la fraternisation des
religieux et des laïcs dans les tranchées, pour que les points de vue se rapprochent.
Le16 mai 1920, le papeBenoît XV, en présence de l'ambassadeur de France auprès du Saint-
Siège, Gabriel Hanotaux, canonise Jeanne d'Arc12.
La chambre des députés adoptele 24 juin 1920 alors le projet du député (et
écrivain) Maurice Barrès d'instituer une fête nationale de Jeanne d'Arc.
Diapo 4 : Jeanne d'Arc est-elle une figure nationaliste ?
Il s'agit là d'un lointain héritage du conflit de la fin du xixeme siècle entre droite et gauche
pour s'emparer du mythe de « la Pucelle d'Orléans », conflit dont la droite nationaliste de
l'époque sort victorieuse.
Face à la figure d'une Jeanne d'Arc « de gauche », précédemment évoquée avec le rôle de
Michelet et ses contemporains qui y voient une fille du peuple « trahie par son roi et brûlée
par l'Eglise », s'opposentdes prélats français de l'Église catholique qui commencent
dès 1869 une démarche destinée à obtenir la canonisation de Jeanne.
Cette volonté, perçue par la gauche comme un « accaparement » ou une « récupération » de
la « Sainte de la patrie », provoqueà partir du début du xxe siècle un début de rejet du
personnage. Ainsi le journal de gauche L'Action déclare-t-il le 14 avril 1904 :
Diapo 5 « Jeanne d'Arc, même brûlée par les prêtres, ne mérite pas nos sympathies ».
L'agitateur anticlérical Laurent Tailhade écrit le 26 avril de la même année :
Diapo 6 « Que le 8 mai prochain la France libre-penseuse proteste par une tempête de
sifflets, par une trombe de huées contre le culte rendu à une idiote qui causa notre malheur ».
Ce rejet explique en partie pourquoiJeanne va facilement devenir une figure emblématique
de la droite nationaliste.
Certes d'autres voix à gauche gardent une sympathie pour le personnage (Jean Jaurès par
exemple).
Sous la Révolution nationale de Pétain, c'estmoins celle qui a combattu l'envahisseur qui est
célébrée que Jeanne la terrienne, bonne catholique et surtout anglophobe.
Pour autant, si le Maréchal Pétain utilisa l'image de Jeanne dans ses propagandes, les
résistants s'emparèrent de sa symbolique. Un exemple est assez évocateur de ce fait.
Sur une couverture de magazine anglais Time, on peut apercevoir Charles de Gaulle, entouré
d'une Jeanne d'Arc à cheval et de la liberté guidant le peuple, du peintre romantique
Delacroix.
Je n’évoquerai pas ici, la récupération par un certain parti d’extrême droite
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Diapo 7 : Jeanne d’arc dans l’espace public
a)Cinéma :
Le domaine du cinéma est assez représentatif de l'honneur donné à ce personnage. Jeanne
d'Arc a inspiré près d'une centaine de films et téléfilms.
Le dernier film ayant connu un succès étant celui de Luc Besson( sorti en 1999).
Dès le début du XX ème siècle, soit à peu près une vingtaine d'années après l'invention de la
cinématographie par les frères Lumière, nombreux sont les réalisateurs qui s'inspirent de la
vie de Jeanne. Carl Dreyer s'inspire du procès pourfaire un film sur Jeanne ( la passion de
Jeanne d'Arc en 1928) . On peut citer également les films de Victor Fleming ( 1948), de Gleb
Panfilov ( 1970) et bien d'autres encore.
Le dernier film en date est celui de Philippe Ramos « Jeanne captive » qui retrace son
parcours depuis son arrestation par les Bourguignons, ses doutes quant à l'arrêt des voix (
film sorti en 2011).
b) Jeanne et la publicité
Jeanne d'Arc qui fut longuement un personnage placé au centre de l’intérêt des français,
et après avoir été utilisée à la fois par l’Église et les républicains, devient un argument
commercial et un attrait en termes de publicité dès la fin du XIXesiècle.
Bon nombre d'objets sontvendus à soneffigie d'autres portent juste son nom.
Les quatre principaux produits vendus sont :
-des produits locaux dans les lieux johanniques,
-des produits français à l'étranger,
-des produits qui ont une allusion à la chaleur puisque ce sont des allumettes, des briquets,
alcools et flanelles,
-et des produits faisant référence plus ou moins à la personnalité de Jeanne.
Dans chaque ville où Jeanne a fait escale, on trouvera des rues portant son nom et au moins
une statue la représentant. Et dans d'autres, on trouvera aussi des commerces portant son
nom.
Les produits français vendus à l'étranger sont principalement de la nourriture ou des
cosmétiques. Jeanne est le symbole de la France, pays de la bonne chère et des parfums.
Au Japonais des savonnettes sous la marque de ' Jeanne d'Arc ' sont vendus.
Diapo 7
Tous les produits ne sont pas français puisque y sont aussi vendus sous la même appellation
des cœurs de Palmiers au Brésil, des haricots rouges aux États-Unis ou bien encore des
chocolats au Canada.
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Beaucoup d'alcoolest aussi vendu sous le nom de Jeanne d'Arc en France ou à l'étranger
mais ils sont à la limite de l'utilisation décalé :
qui sait ce que l'alcool peut vous faire voir ?
Bien qu'il y ait beaucoup d'objets de tout genre vendus portant le nom de Jeanne, des
publicités ont aussi été réalisées sur elle dont une en 1996 ou la marque Pioneer proposeun
lecteur CD, a ajouté ce commentaire : Diapo 8
<< Pour 1 990 francs, en plus d'entendre des voix, vous allez avoir des visions >>.
Le visuel de la publicité est une jeune fille aux cheveux courts, en armure, sur fond de
château fort. C'estune pub qui tourne à la dérision l'image de la Sainte et qui s'en moque.
De moins bongoût encore sont sans doute les publicités de poulets rouennais Le Jeanne
d'Arc << prêt à cuire >> et la Rôtisserie Jeanned'Arc qui exista un temps, place du Vieux-
Marché à Rouen.
Troisième temps : les pseudo-spécialisteset le grand public aujourd'hui - 5 min./moi
Quatrième temps : Jeanne en Primaire - 10 min./toi
Conséquences des diverses récupérations sur les programmes et manuels scolaires.
Nous venons de voir que le personnage de Jeanne a longtemps été disputé par plusieurs
courants politiques et religieux. Cette appropriation historiographique, cependant, ne s'est
pas faite uniquement dans les ouvrages scientifiques. En effet, les manuels scolaires ont
également été concernés. Ainsi, selon le point de vue auquel on se place, que ce soit celui des
religieux ou celui des républicains, l'histoire de Jeanne n'est pas racontée de la même
manière.
Si les auteurs des manuels républicains se saisissent de la période médiévale pour exalter la
patrie, grâce à certains héros (Saint Louis, Jeanne d'Arc etc...), on remarque malgré tout que
les catholiques voient dans ces manuels l'occasionde discréditer l'Église et tout ce qui a trait
à la religion et au personnage de Jeanne d'Arc dont la folie est dans certains manuels de
l’époque sous entendue voire explicite.
On peut dire que l'enseignement du personnage de Jeanne a été l’objet de modifications
depuis le 19 ème siècle.
Cette évolution est étroitement liée au contexte politique mais aussi à l’évolution de
l’historiographie concernant jeanne. Les programmes et manuels ont donc été l'objet d'une
profondemodification quant à leur contenu et aux activités proposées.
Depuis le début des années 1880, Jeanne d'Arc et les autres figures illustres ont servi de
supportpour enseigner et inculquer les valeurs de l'école républicaine, le sentiment
national, le patriotisme.
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De nos jours, et plus particulièrement avec les documents d’application de 2002 rédigés sous
la responsabilité d’uncertain Philippe Joutard, et avec le BO de janvier 2012 , Jeanne d'Arc
et d'autres personnages sont de nouveau des personnages incités à être enseignés. En effet, il
n'était pas souvent mentionné dans les bulletins officiels quels étaient les personnages devant
être enseignés ; c'est désormais le cas.
Jeanne est un personnage qui doit être étudié en école élémentaire.
Lorsqu’onpense une séance sur Jeanne d’Arc , il semble alors pertinent de s’interroger sur
comment essayer, tenter, espérer, en fin de séance sur Jeanne D’Arc, dépasserl’image d’une
illuminée qui entend des voix qui et finalement brûlée vive ?
On peut ici faire un parallèle avec l’enseignement de Jésus dans le sens ou l’histoire du
personnage pourrait s’arrêter là. En tout cas celle de jeanne d’Arc terrestre.
Cependant ne peut-on pas considérer qu’une autre histoire commence vieille de 6 siècles et
dont l’impact n’est certes pas aussi considérable que l’histoire de Jésus, mais dont les
conséquences sur « la construction de l’histoire de France » sont, comme nous l’avons
survolé, nombreuses et ne peuvent être ignorées par de futurs citoyens si l’on attend d’eux
qu’ils donnent du sens à l’histoire et à l’actualité.