1. e-Pilly TROP
Maladies infectieuses tropicales
par le Collège des Universitaires
de Maladies Infectieuses et Tropicales
2012édition web
www.infectiologie.com
Editions Alinéa Plus
4. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales
Accès
Le e-Pilly TROP, ouvrage français de référence en infectiologie tropicale élaboré sous l’égide du CMIT et
édité par Alinéa Plus, est accessible via le site internet Infectiologie.com, rubrique formation, sous-
rubrique « livres » (http://www.infectiologie.com/site/livres.php).
Le e-Pilly TROP se présente sous forme d’un fichier pdf interactif (nom du fichier «ePillyTROP.pdf») incluant
l’ensemble des chapitres du e-Pilly TROP ainsi que 45 cas cliniques en médecine tropicale interactifs.
Avant de démarrer…
1. Cliquez sur le fichier PDF interactif «ePillyTROP.pdf» à l’aide du logiciel Acrobat Reader®
, téléchar-
geable gratuitement depuis le site Adobe http://get.adobe.com/fr/reader/, ou autres logiciels compatibles
avec Acrobat Reader®
. Pour information, le logiciel payant Acrobat Pro®
offre plus de fonctionnalités.
2. Afin d’optimiser la lecture en ligne du e-pilly TROP, nous vous suggérons de mettre en place les outils
suivants sur la barre d’outils de votre Acrobat Reader®
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• affichage des signets (Cliquez sur le bouton Signets à gauche du panneau de navigation ou choi-
sissez Affichage —> Panneaux de navigation —> Signets) : les signets constituent un sommaire
visuel, ils s’affichent dans le navigateur situé à gauche de la fenêtre d’Acrobat Reader ;
• outils pour la navigation de pages (Affichage —> Barre d’outils —> Ajouter des outils —> Barre
d’outils Navigation de page : cochez tous les outils) :
• les boutons « Page suivante » et « Page précédente » sont disponibles sur la barre d’outils Navi-
gation de pages. En regard de ces boutons, la zone de texte est également interactive : il vous
suffit de taper un numéro de page et d’appuyer sur Entrée pour atteindre directement la page
voulue ;
• les boutons « Vue précédente » et « Vue suivante » vous permettent de rechercher des pages
PDF que vous avez visualisées auparavant en revenant en arrière dans votre parcours de visua-
lisation. En parlant de vue, il s’agit de l’historique de visualisation des pages. Si, par exemple,
vous avancez et reculez dans un document, l’historique de visualisation revient en arrière, affi-
chant les pages que vous avez vues dans l’ordre inverse de l’affichage initial. Ces boutons « his-
torique de visualisation » apparaissent également à l’intérieur du document (à côté des boutons
Sommaire et Index).
• recherche d’informations : servez-vous de la fenêtre Recherche avancée (Edition > Recherche
avancée) ou de la barre d’outils Recherche pour trouver les informations qui vous intéressent dans
l’ensemble du document et les signets.
L’index en fin d’ouvrage renvoit aux numéros de chapitres correspondants (et non aux pages correspon-
dantes). Les chapitres principaux sont indiqués en gras.
Organisation et interactivité spécifiques du e-Pilly TROP
Le e-Pilly TROP comprend 5 grandes parties (cf. sommaire) repérées par un code couleur qui est retrouvé
dans l’ensemble des chapitres de chaque partie :
e-Pilly TROP : mode d’emploi
Attention, afin que les liens des cas cliniques en médecine tropicale (page 6 du sommaire)
soient actifs, il est indispensable de télécharger et de ranger au préalable
le fichier «ePillyTROP.pdf» et le dossier «Cas_cliniques_ePillyTROP» dans un même dossier.
Sommaire
Index
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5. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales
• En vert : Épidémiologie des maladies infectieuses et tropicales. Santé internationale.
• En orange : Outils en infectiologie tropicale.
• En bleu : Syndromes.
• En rouge : Maladies.
• En mauve : Infections selon le terrain.
Sur chaque page du e-Pilly TROP :
• la partie et le chapitre concernés sont rappelés en haut et à gauche dans le bandeau supérieur ;
• les boutons « sommaire » et « index » situés en haut et à droite dans le bandeau supérieur permettent
d’accéder au sommaire interactif ou à l’index ;
• les liens textes (mots soulignés) renvoient à la tête d’un chapitre ;
• les flèches situées en haut et à droite permettent de passer d’une action à l’autre (à ne pas confondre avec
les flèches disponibles dans votre logiciel Acrobat ou de lecture qui permettent de passer d’une page à
l’autre). Par exemple, vous cliquez sur un lien texte de la page 28 qui vous renvoie page 234 : une fois page
234 il suffit de cliquer sur la flèche de gauche pour revenir à votre page initiale n° 28 ; en cliquant sur la
flèche de droite vous pourrez retourner à la page 234 et ainsi de suite.
Le fichier pdf interactif du e-Pilly TROP permet également une consultation :
• en e-book à l’aide de multiples plateformes web qui mettent à disposition des outils de transformation
d’un fichier pdf en e-book ;
• sur tablette ou smartphone à l’aide de logiciels ou solutions de lecture du format pdf (ex : Adobe Viewer®
ou Goodreader®
sur iPad).
L’utilisateur peut ainsi bénéficier à la fois de l’interactivité spécifique à ce fichier pdf interactif (sommaire,
liens) et de toutes les fonctionnalités propres au logiciel Acrobat Reader®
ou au logiciel de lecture de l’e-book
(recherche intégrale, modes d’affichage, aller à la page n°X, marque-page…). Par exemple, pour rechercher
une thématique qui vous intéresse (ex : paludisme) vous disposez de 2 modes de recherche possible :
• via le sommaire interactif : en cliquant sur le chapitre correspondant dans le sommaire (paludisme),
vous irez directement à la tête du chapitre correspondant (paludisme) ;
• via les signets (outil d’Acrobat) : les signets constituent un sommaire visuel, ils s’affichent dans le navi-
gateur situé à gauche de la fenêtre d’Acrobat Reader. En cliquant sur le chapitre correspondant dans
le sommaire (paludisme), vous irez directement à la tête du chapitre correspondant (paludisme) ;
• via la recherche intégrale par mot (fonctionnalité d’Acrobat ou du logiciel de lecture) : en tapant le mot
recherché (paludisme), le logiciel Acrobat vous indiquera le nombre de mot « paludisme » rencontré dans
l’ouvrage et vous dirigera successivement à tous les endroits où il se situe (visualisation en surlignage).
e-Pilly TROP : mode d’emploi (suite) Index
oi
Sommaire
6. 3 e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales
Sommaire
Partie 1. Épidémiologie des maladies infectieuses et tropicales.
Santé internationale
001 Vocabulaire simplifié de l’épidémiologie des maladies transmissibles ................................................................ 7
002 Transmission des infections ............................................................................................................................................................ 11
003 Épidémiologie des infections tropicales. Complexe pathogène tropical,
pathologie géographique ................................................................................................................................................................. 15
004 Risques infectieux des voyages et des migrations entre pays tropicaux ........................................................ 29
005 Vecteurs et lutte antivectorielle .................................................................................................................................................... 34
006 Priorités en infectiologie tropicale. Organismes impliqués dans la lutte contre
les infections tropicales. Programmes nationaux et internationaux ................................................................... 47
Partie 2. Outils en infectiologie tropicale
007 Apports d’une démarche anthropologique à la prévention
et à la prise en charge des maladies infectieuses .......................................................................................................... 56
008 Classification des principales bactéries pathogènes chez l’homme .................................................................. 61
009 Classification des principaux virus pathogènes chez l’homme ............................................................................. 65
010 Classification des principaux parasites pathogènes chez l’homme ................................................................... 67
011 Classification des principaux champignons pathogènes chez l’homme ......................................................... 69
012 Technique, résultats et interprétation des prélèvements ............................................................................................ 72
013 Anti-infectieux essentiels ................................................................................................................................................................. 94
014 Antituberculeux ...................................................................................................................................................................................... 98
015 Antirétroviraux ...................................................................................................................................................................................... 102
016 Antiparasitaires .................................................................................................................................................................................... 105
017 Antifongiques ........................................................................................................................................................................................ 109
018 Antiseptiques et désinfectants. Stérilisation ..................................................................................................................... 111
019 Règles de prescription des antibiotiques ........................................................................................................................... 114
020 Traitements courts ou « minute » .............................................................................................................................................. 118
021 Résistances aux antibactériens ................................................................................................................................................. 120
022 Interactions médicamenteuses avec les anti-infectieux ........................................................................................... 126
023 Chimioprophylaxie anti-infectieuse ......................................................................................................................................... 137
024 Vaccinations. Programme élargi de vaccination (PEV). Séroprévention, sérothérapie ......................... 142
Partie 3. Syndromes
025 Fièvre aiguë. Examen clinique en infectiologie tropicale .......................................................................................... 151
026 Eruptions fébriles ................................................................................................................................................................................ 157
027 Syndromes septiques, choc septique et bactériémies ............................................................................................. 166
028 Fièvres hémorragiques virales .................................................................................................................................................... 170
029 Fièvres prolongées, granulomatoses hépatiques .......................................................................................................... 181
030 Splénomégalies infectieuses ....................................................................................................................................................... 187
031 Adénopathies infectieuses (conduite à tenir) ................................................................................................................... 190
032 Infections buccales ........................................................................................................................................................................... 194
Sommaire
Index
oi
8. 5 e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales
072 Choléra ....................................................................................................................................................................................................... 514
073 Peste ............................................................................................................................................................................................................ 518
074 Charbon .................................................................................................................................................................................................... 522
075 Brucellose ............................................................................................................................................................................................... 527
076 Leptospiroses ....................................................................................................................................................................................... 532
077 Fièvres récurrentes ........................................................................................................................................................................... 537
078 Rickettsioses ......................................................................................................................................................................................... 544
079 Fièvre Q .................................................................................................................................................................................................... 554
080 Bartonelloses ........................................................................................................................................................................................ 560
081 Morve ......................................................................................................................................................................................................... 567
082 Mélioïdose ............................................................................................................................................................................................... 570
083 Actinomycoses - Nocardioses .................................................................................................................................................. 575
084 Infection par le VIH et SIDA ......................................................................................................................................................... 580
085 Infection par HTLV ............................................................................................................................................................................. 628
086 Hépatites virales ................................................................................................................................................................................. 630
087 Infections par les entérovirus ..................................................................................................................................................... 644
088 Viroses respiratoires ........................................................................................................................................................................ 655
089 Herpès (HSV-1, HSV-2) ................................................................................................................................................................... 669
090 Varicelle, zona ...................................................................................................................................................................................... 673
091 Infections par le CMV et l’EBV .................................................................................................................................................. 677
092 Poxviroses .............................................................................................................................................................................................. 684
093 Infections par les papillomavirus (HPV) ............................................................................................................................... 690
094 Arboviroses ............................................................................................................................................................................................ 696
095 Infections par les Filovirus, les Arenavirus et les Hantavirus ................................................................................ 723
096 Rage ............................................................................................................................................................................................................ 734
097 Paludisme ................................................................................................................................................................................................. 740
098 Parasitoses intestinales ................................................................................................................................................................. 756
099 Amoebose tissulaire ......................................................................................................................................................................... 764
100 Gale ............................................................................................................................................................................................................. 769
101 Tungose ..................................................................................................................................................................................................... 774
102 Myiases ..................................................................................................................................................................................................... 777
103 Filarioses .................................................................................................................................................................................................. 783
104 Bilharzioses ou schistosomoses ............................................................................................................................................. 798
105 Maladie du sommeil ......................................................................................................................................................................... 808
106 Trypanosomose américaine ou maladie de Chagas ................................................................................................... 816
107 Leishmanioses ..................................................................................................................................................................................... 821
108 Migrations larvaires et impasses parasitaires ................................................................................................................. 833
109 Distomatoses ........................................................................................................................................................................................ 849
110 Toxoplasmose ...................................................................................................................................................................................... 853
111 Mycoses profondes tropicales .................................................................................................................................................. 857
112 Mycétomes ............................................................................................................................................................................................. 888
113 Teignes ...................................................................................................................................................................................................... 891
Sommaire
Index
9. 6 e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales
Partie 5. Infections selon le terrain
114 Infection et grossesse (hors VIH) ............................................................................................................................................. 897
115 Infections puerpérales .................................................................................................................................................................... 903
116 Infections néonatales ...................................................................................................................................................................... 906
117 Prise en charge intégrée des maladies de l’enfance (PCIME) ............................................................................... 912
118 Infections et drépanocytose ........................................................................................................................................................ 917
119 Infections et diabéte ......................................................................................................................................................................... 923
120 Infections chez le toxicomane ................................................................................................................................................... 928
121 Infections chez le neutropénique ............................................................................................................................................ 932
122 Infections nosocomiales ................................................................................................................................................................ 935
123 Accidents exposant à un risque viral (AEV) ...................................................................................................................... 940
124 Infections transmises par la transfusion de sang ou de ses dérivés ............................................................... 949
125 Infections tropicales et cancers ............................................................................................................................................... 954
Index........................................................................................................................................................................................................................ 958
Liste et coordonnées des auteurs et co-auteurs................................................................................. 964
Collège des universitaires des
Maladies Infectieuses et Tropicales (CMIT)...................................................................................................968
Cas cliniques en médecine tropicale
Cas N° 1
Cas N° 2
Cas N° 3
Cas N° 4
Cas N° 5
Cas N° 6
Cas N° 7
Cas N° 8
Cas N° 9
Cas N° 10
Cas N° 11
Cas N° 12
Cas N° 13
Cas N° 14
Cas N° 15
Cas N° 16
Cas N° 17
Cas N° 18
Cas N° 19
Cas N° 20
Cas N° 21
Cas N° 22
Cas N° 23
Cas N° 24
Cas N° 25
Cas N° 26
Cas N° 27
Cas N° 28
Cas N° 29
Cas N° 30
Cas N° 31
Cas N° 32
Cas N° 33
Cas N° 34
Cas N° 35
Cas N° 36
Cas N° 37
Cas N° 38
Cas N° 39
Cas N° 40
Cas N° 41
Cas N° 42
Cas N° 43
Cas N° 44
Cas N° 45
Sommaire
Index
10. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales7
Epidémiologie des maladies infectieuses et tropicales. Santé internationale
Vocabulaire simplifié de l’épidémiologie des maladies transmissibles
Vocabulaire simplifié de l’épidémiologie
des maladies transmissibles
1. Définitions
L’épidémiologie (tableau 1) est l’étude de la distribution des maladies et de leurs déterminants dans la popu-
lation humaine. Elle permet de connaître l’ampleur et la distribution des phénomènes morbides, d’identifier
des facteurs de risque et de mesurer l’efficacité des interventions.
Les maladies transmissibles sont causées par des agents infectieux qui ont la capacité de se transmettre
entre individus.
Tableau 1. Les différents domaines d’activité de l’épidémiologie
Epidémiologie
descriptive
Quelle est la distribution dans le temps et dans l’espace des problèmes de santé
au sein d’une population et quelles sont les personnes concernées ? Répondre
aux trois questions qui, où et quand permet d’émettre des hypothèses sur le
comment et le pourquoi.
Epidémiologie
analytique
Existe-t-il un lien entre une exposition (facteur de risque) et la survenue d’une
maladie ?
Epidémiologie
évaluative
Les actions entreprises pour résoudre un problème de santé publique ont-elles été
efficaces ?
2. Glossaire des termes courants en épidémiologie (tableau 2)
Tableau 2. Les principaux termes courants en épidémiologie
Termes Définitions
Agents
infectieux
Etres vivants (organismes appartenant à l’une des 4 familles suivantes : bactéries,
virus, parasites, champignons microscopiques) ou inanimés (toxines), dits
pathogènes car susceptibles d’entraîner des infections ou des toxi-infections.
Biais de
surveillance
Toute erreur produisant systématiquement des estimations supérieures ou
inférieures à la valeur réelle des paramètres étudiés.
Exemple : les maladies à déclaration obligatoire en France ne sont pas
systématiquement notifiées et leur fréquence réelle est ainsi sous-estimée.
Contagion Pénétration de l’agent pathogène chez un individu réceptif. Terme issu du latin cum
(avec) et tangere (toucher), il a pour synonyme contage ou contamination.
Contagiosité Capacité de l’agent pathogène à diffuser entre individus réceptifs.
Echantillon Sous-ensemble de la population étudiée. Le choix des unités qui constituent le
sous-ensemble peut être effectué par différentes méthodes (échantillonnage). On
utilise des échantillons parce qu’une étude approfondie de toute la population serait
impossible, trop longue et trop chère pour le niveau de précision exigé.
Endémie Persistance de cas d’une maladie dans un lieu donné pendant une longue période.
Exemples : tuberculose, paludisme.
•••
1 Sommaire
Index
11. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales8
Epidémiologie des maladies infectieuses et tropicales. Santé internationale
Vocabulaire simplifié de l’épidémiologie des maladies transmissibles
Tableau 2. Les principaux termes courants en épidémiologie
Termes Définitions
Endémo-
épidémie
Persistance de cas d’une maladie dans un lieu donné pendant une longue période
avec des épisodes épidémiques.
Exemple : méningite à méningocoque.
Epidémie Apparition d’un nombre anormalement élevé de cas d’une maladie, concentrés dans
le temps et dans l’espace.
Exemples : rougeole, chikungunya, grippe.
Facteur de
risque
Facteur augmentant le risque de maladie.
Exemples : promiscuité et rougeole, rapport sexuel non protégé et IST
Facteur
protecteur
Facteur diminuant le risque de maladie.
Exemples : vaccination, adduction d’eau potable.
Faux négatif Un résultat faux négatif est un test négatif chez un sujet malade.
Faux positif Un résultat faux positif est un test positif chez un sujet non malade.
Immunité
collective
La vaccination (ou la maladie) d’un pourcentage élevé de la population lui confère ce
que l’on appelle l’immunité collective ou immunité de groupe.
La couverture vaccinale nécessaire pour obtenir une immunité de groupe optimale
varie selon la maladie : pour la variole, la diphtérie, la poliomyélite, la rubéole et les
oreillons, le seuil de couverture à atteindre pour créer une immunité collective est de
80-85 % ; pour la coqueluche et la rougeole, il est de 90-95 %.
Incidence Nombre de nouveaux malades dans une population au cours d’une période
déterminée (la plupart du temps un an). Elle peut être exprimée sous forme
d’incidence cumulée.
Incidence
cumulée
Rapport entre le nombre de nouveaux cas survenus pendant la période
d’observation et le nombre de personnes en observation et susceptibles de devenir
des cas au début de la période. Il s’agit d’une proportion et d’une mesure du risque
qui doit toujours être accompagnée de la mention de la durée d’observation.
Exemple : 5 nouveaux cas de tuberculose dans une cohorte de 100 patients VIH+
suivis pendant 1 an ; incidence cumulée = 5/100 = 5 %
Incubation
(période d’)
Temps qui s’écoule entre la pénétration de l’agent pathogène et l’apparition des
premiers symptômes de la maladie.
Indice Fraction dont le numérateur et le dénominateur n’appartiennent pas au même
ensemble.
Exemple : 100 élèves, 10 latrines dans une école, soit 1 latrine pour 10 élèves.
Pandémie Endémie ou épidémie qui survient dans une zone géographique très étendue telle
qu’un continent ou la planète entière.
Exemple : grippe, infection à VIH
Pouvoir invasif Capacité de multiplication et de diffusion de l’agent pathogène dans l’organisme.
Pouvoir
pathogène
Capacité d’un agent infectieux à engendrer une maladie
Prévalence Proportion de personnes présentant l’événement de santé dans une population
donnée à un moment donné. Elle s’exprime en nombre de cas rapporté à une
population.
•••
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12. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales9
Epidémiologie des maladies infectieuses et tropicales. Santé internationale
Vocabulaire simplifié de l’épidémiologie des maladies transmissibles
Tableau 2. Les principaux termes courants en épidémiologie
Termes Définitions
Prévention
primaire
Ensemble des mesures visant à diminuer l’apparition des maladies en réduisant
l’exposition aux facteurs de risque lorsque cela est possible. Elle tend à diminuer
l’incidence.
Exemple : vaccination
Prévention
secondaire
Ensemble des mesures visant à déceler et traiter une maladie infectieuse à un
stade précoce, pour influencer favorablement le pronostic du malade et réduire la
transmission dans son entourage.
Exemple : traitement précoce et mesures d’isolement du malade.
Prévention
tertiaire
Ensemble des mesures (interventions auprès du patient qui présente des
symptômes) visant à réduire les conséquences ultérieures de la maladie.
Proportion Rapport de deux quantités appartenant au même ensemble et dans lequel le
numérateur est inclus dans le dénominateur.
Exemple : groupe de 50 filles et 100 garçons. Proportion de filles dans le groupe
= 50/(50+100) = 33 %
Rapport Expression la plus générale de la relation entre deux quantités qui peuvent
indifféremment appartenir ou non au même ensemble.
Ratio Rapport dans lequel le numérateur et le dénominateur appartiennent au même
ensemble, mais où le numérateur n’est pas inclus dans le dénominateur.
Exemple : groupe de 50 filles et 100 garçons. Ratio de masculinité (sex-ratio)
garçons/filles dans le groupe = 100/50 = 2
Réservoir de
germe
Endroit où l’agent pathogène infectieux se multiplie et se maintient. Les différents
réservoirs sont l’homme, l’animal et l’environnement (eau, air, sol et surfaces).
Risque Probabilité de survenue d’un événement de santé durant une période donnée. Il est
généralement mesuré par l’incidence.
Sensibilité Probabilité que le résultat d’un test diagnostique soit positif chez un individu malade.
Autrement dit, c’est la proportion de patients réellement malades dans la population
qui présente un résultat positif pour le test utilisé (par rapport à l’ensemble des
personnes malades). Un test ayant une sensibilité élevée détecte un nombre élevé
d’individus véritablement malades, donc peu de faux négatifs.
Spécificité Probabilité que le résultat d’un test diagnostique soit négatif chez un individu non
malade. Autrement dit, c’est la proportion de personnes qui n’ont pas la maladie
dans une population et qui présentent un résultat négatif pour le test utilisé (par
rapport à l’ensemble des personnes qui n’ont pas la maladie). Un test ayant une
spécificité élevée donne peu de faux positifs.
Stratégie
d’élimination
Vise à réduire à zéro cas l’incidence de la maladie, sans parvenir à faire disparaître la
présence de l’agent pathogène.
Exemple : tétanos
Stratégie
d’éradication
Vise à réduire à zéro cas l’incidence de la maladie et à faire disparaître la présence
de l’agent pathogène. L’éradication ne peut être envisagée que si le réservoir du
germe est strictement humain.
Exemples : variole éradiquée en 1980 ; poliomyélite et dracunculose en voie
d’éradication mondiale.
Stratégie de
contrôle
Vise à réduire le nombre de cas et de décès de telle sorte que la maladie ne soit plus
un problème de santé publique majeur.
Exemple : paludisme.
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Index
13. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales10
Epidémiologie des maladies infectieuses et tropicales. Santé internationale
Vocabulaire simplifié de l’épidémiologie des maladies transmissibles
Tableau 2. Les principaux termes courants en épidémiologie
Termes Définitions
Surveillance
épidémiologique
Collecte continue et systématique, analyse et interprétation de données de santé
essentielles pour la planification, la mise en place et l’évaluation des pratiques
en santé publique, étroitement associée à la diffusion en temps opportun de ces
données à ceux qui en ont besoin. L’étape finale du cycle de la surveillance est
l’application de ces données au contrôle et à la prévention des maladies.
Taux Rapport constitué d’un numérateur représenté par le nombre d’individus porteurs
d’un attribut ou présentant un événement dans une population (dénominateur)
susceptible de présenter cet attribut ou cet événement, en général à un moment ou
durant une période donnée. C’est donc un rapport qui mesure la vitesse de survenue
d’un événement dans une population.
Taux d’attaque Proportion des personnes malades par rapport aux personnes exposées à un
facteur de risque reconnu. Il s’agit d’une mesure d’incidence cumulée utilisée surtout
au cours des épidémies.
Taux de létalité Proportion de cas fatals liés à une maladie spécifique dans une population. Il s’agit
d’un indicateur de gravité de la maladie. Il est calculé en divisant le nombre de décès
causés par la maladie pendant une certaine période de temps par le nombre de
patients affectés par la maladie durant cette même période.
Taux de
mortalité
Mesure de la fréquence de décès dans une population. Il est calculé en divisant le
nombre de décès pour une période donnée dans une population à risque.
Valeur prédictive
négative
Probabilité qu’une personne ayant obtenu un résultat négatif lors d’un examen
diagnostique ne soit pas malade.
Valeur prédictive
positive
Probabilité qu’une personne ayant obtenu un résultat positif lors d’un examen
diagnostique soit réellement malade.
Sites web recommandés concernant ce chapitre :
Roch Giorgi, Définitions de termes couramment utilisés en épidémiologie et en recherche médicale. LERTIM,
Faculté de Médecine, Université de la Méditerranée
http://cybertim.timone.univ-mrs.fr/Members/rgiorgi/DossierPublic/Enseignement/
Réseau francophone en santé publique
http://www.universante.org/glossaire.php).
BDSP. Banque de Données en Santé Publique. Glossaire multilingue
http://asp.bdsp.ehesp.fr/Glossaire/
1 Sommaire
Index
14. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales11
Epidémiologie des maladies infectieuses et tropicales. Santé internationale
Transmission des infections
Transmission des infections
• La transmission d’une maladie infectieuse peut se faire selon deux modes :
-- en dehors d’un milieu de soins : infections communautaires ;
-- en milieu de soins : infections nosocomiales.
• L’agent infectieux (bactérie, virus, parasite, champignon) peut contaminer l’homme à partir de réservoirs :
-- milieu naturel : sol (ex : Clostridium tetani), eau (ex : Vibrio cholerae) ou air (ex : Histoplasma capsulatum) ;
-- animal (zoonose, ex : virus de la rage) ou homme (ex : Myxovirus influenzae) malade ou porteur sain ;
-- sang, produits dérivés du sang ou greffons contaminés (ex : VIH) ;
-- matériel médical contaminé (ex : VHB).
• La pénétration de l’agent pathogène dans l’organisme se fait par différentes voies (tableau 1).
• Un agent pathogène peut utiliser plusieurs voies de transmission. Par exemple, les fièvres hémorragiques africaines
peuvent se transmettre par contact étroit avec un patient, par voie aérienne (aérosol), transconjonctivale ou
parentérale. Elles peuvent être communautaires ou nosocomiales. Leur très haute contagiosité justifie des
mesures d’isolement, de transport et d’analyse des prélèvements stricts ainsi qu’une protection renforcée
du personnel soignant.
• La compréhension du mode de transmission des infections permet de proposer des mesures de protection
individuelles et collectives adaptées à la population réceptive, aux malades et au personnel soignant.
• Les maladies hautement contagieuses ou à risque d’entraîner des épidémies nécessitent un signalement
aux autorités de santé locales et internationales selon les recommandations du Règlement Sani-
taire International (RSI) (voir le lien en fin de chapitre) afin de mettre en route des mesures de protection
collectives. La quarantaine est l’isolement de personnes ou d’animaux suspects d’être porteurs d’agents
infectieux transmissibles à une population réceptrice. Sa durée est fonction du temps d’incubation propre
à la maladie et elle doit respecter les droits des personnes.
• L’isolement « septique » (figure 1) d’un patient infecté (malade, porteur sain ou suspect de contagiosité) vise
à éviter qu’il ne transmette l’agent infectieux à des individus non infectés et non porteurs mais réceptifs
(tableau 1). Il est à distinguer de l’isolement « protecteur » (figure 1) qui vise à protéger des patients immu-
nodéprimés de tout agent potentiellement infectieux (voir le chapitre « Infections chez le neutropénique »).
2 Sommaire
Index
15. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales12
Epidémiologie des maladies infectieuses et tropicales. Santé internationale
Transmission des infections
Tableau 1. Voies de transmission des maladies infectieuses et mesures de prévention
Voie de
transmission
Exemples de maladies
infectieuses
Mesures de prévention
concernant la
population et/ou le
personnel soignant
Mesures de
prévention
concernant les
malades
Aérienne :
aérosols
gouttelettes
de salive
spores
Tuberculose, peste pulmonaire,
méningite cérébrospinale,
diphtérie, coqueluche, fièvre Q,
légionellose, nocardiose,
lèpre, SRAS, rougeole,
grippe, varicelle, infection
à rhinovirus, adénovirus,
EBV, CMV, VRS, Hantavirus ;
fièvres hémorragiques
(Arenaviridae), pneumocystose,
aspergillose, cryptococcose,
cocidioïdomycose,
histoplasmose, rhinosporidiose.
Population : port de
masque, hygiène des
mains, dépistage
des sources de
contamination,
dépistage et traitement
des porteurs,
chimioprophylaxie,
vaccination.
Soignants : hygiène des
mains, gants, masques,
blouses, lunettes de
protection.
Eviction.
Port de masque
jusqu’à l’arrêt de la
transmission.
Isolement en chambre
individuelle ventilée ou
à pression négative.
Stérilisation,
incinération des
excréta et des déchets
d’activité de soins
à risques infectieux
(DASRI).
Mesures spécifiques
en cas de fièvres
hémorragiques.
Digestive Salmonelloses, shigellose,
yersiniose, infection à
Campylobacter spp., choléra,
brucellose, botulisme, listériose,
E. coli entéropathogènes,
H. pylori, C. difficile, VHA, VHE,
rotavirus, astrovirus, calicivirus,
coronavirus, virus ECHO et
coxsackies ; poliomyélite,
amœbose, giardiose,
ascaridiose, trichocéphalose,
oxyurose, tæniasis,
distomatoses, cysticercose,
trichinose, dracunculose,
cryptosporidiose,
microsporidioses, isosporose.
Population : hygiène
individuelle et collective
pour la préparation et
la conservation des
aliments, cuisson des
aliments, eau potable,
tout à l’égout, recherche
et traitement des
porteurs sains, recherche
et éviction des sources
de contaminations
collectives : production,
conservation, distribution,
commercialisation.
Soignants : port de gants,
friction hydro-alcoolique
des mains
Mesures spécifiques
en cas de fièvres
hémorragiques.
Eviction.
Stérilisation,
incinération des
excréta et des déchets
d’activité de soins
à risques infectieux
(DASRI).
Sexuelle Syphilis, gonococcie,
chlamydioses génitales,
mycoplasmoses, chancre mou,
donovanose, infection à VIH,
HPV, herpès.
Utilisation de préservatifs
masculins et féminins,
vaccination.
Utilisation de
préservatifs jusqu’à la
guérison.
•••
2 Sommaire
Index
16. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales13
Epidémiologie des maladies infectieuses et tropicales. Santé internationale
Transmission des infections
Tableau 1. Voies de transmission des maladies infectieuses et mesures de prévention
Voie de
transmission
Exemples de maladies
infectieuses
Mesures de prévention
concernant la
population et/ou le
personnel soignant
Mesures de
prévention
concernant les
malades
Verticale
(mère-enfant)
Syphilis, bactériémies, rubéole,
infection à VHB, VIH, CMV,
HSV, parvovirus B19, listériose,
toxoplasmose, maladie de
Chagas, paludisme.
Vaccination des femmes
en âge de procréer,
immunothérapie,
dépistage et traitement
précoce chez la femme
enceinte.
Parentérale Syphilis, infections à VHB,
VHC, VIH, HTLV, CMV, fièvres
hémorragiques, maladie de
Chagas, paludisme.
Dépistage chez les
donneurs de sang et
d’organes.
Soignants : port de gants,
mesures spécifiques
« fièvres hémorragiques »
et « accidents d’exposition
au sang (AES) ».
Mesures spécifiques
en cas de fièvres
hémorragiques.
Transcutanée,
conjonctivale
Leptospirose, tularémie,
anguillulose, ankylostomose,
bilharzioses, maladie de
Chagas, fièvres hémorragiques.
Protection individuelle
mécanique ou chimique.
Soignants : mesures
spécifiques en cas de
fièvres hémorragiques.
Mesures spécifiques
en cas de fièvres
hémorragiques.
Inoculation Tétanos, tularémie, rouget du
porc, pasteurellose, haverillose,
Sodoku, charbon, mélioïdose,
maladie des griffes du chat,
rage, hantaviroses, fièvres
hémorragiques (Filoviridae),
Orf, nodule des trayeurs,
sporotrichose, mycétomes,
lobomycose, blastomycose.
Traitement précoce
des plaies, vaccination
post-exposition en
cas de morsure par un
mammifère (rage).
Soignants : mesures
spécifiques en cas de
fièvres hémorragiques.
Mesures spécifiques
en cas de fièvres
hémorragiques.
Vectorielle Peste, rickettsioses, typhus
des broussailles, borrélioses,
bartonelloses, arboviroses,
paludisme, filarioses
lymphatiques, onchocercose,
loïose, trypanosomose
africaine, maladie de Chagas,
babésiose.
Protection antivectorielle
individuelle :
moustiquaires, répulsifs,
insecticides.
Lutte antivectorielle
collective.
Isolement des
malades des vecteurs
de la maladie en
zone d’endémie
(moustiquaire).
Nosocomiale Infections à entérobactéries,
S. aureus, P. aeruginosa,
C. difficile, fièvres
hémorragiques.
Voir le chapitre « infections iatrogènes et
nosocomiales ».
Mesures spécifiques en cas de fièvres
hémorragiques.
2 Sommaire
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17. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales14
Epidémiologie des maladies infectieuses et tropicales. Santé internationale
Transmission des infections
Figure 1. Mesures d’isolement
Isolement « protecteur » :
mesures avant l’entrée dans la chambre
d’un malade immunodéprimé
Isolement « septique » :
- entérique
- contact
- respiratoire (air)
mesures avant la sortie de la chambre d’un malade contagieux,
d’un porteur sain ou d’un sujet suspect de contagiosité
Site web recommandé concernant ce chapitre :
Règlement Sanitaire International OMS :
http://www.who.int/ihr/fr/index.html
2 Sommaire
Index
18. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales15
Epidémiologie des maladies infectieuses et tropicales. Santé internationale
Épidémiologie des infections tropicales.
Complexe pathogène tropical, pathologie géographique
Épidémiologie des infections tropicales.
Complexe pathogène tropical,
pathologie géographique
Complexe pathogène tropical
Ce complexe, individualisé par le géographe Maximilien Sorre en 1933, correspond à :
-- un espace géographique déterminé ;
-- un facteur de risque spécifique (exemple : agent infectieux + vecteur + hôte réservoir) ;
-- la présence d’individus réceptifs.
Dans cette situation, des conditions favorisantes impriment un profil épidémiologique particulier à l’affection
en cause : épidémie, endémie, endémo-épidémie, sporadicité.
Le complexe pathogène envisage la totalité des grands déterminants de la santé : biologique, environne-
mental (facteurs humains, économiques, socio-culturels, techniques…), comportemental et le système de
soins.
La trypanosomose humaine africaine illustre bien cet exemple. L’espace de risque est déterminé par la
distribution des glossines.
Pour la trypanosomose à Trypanosoma gambiense, l’hôte-réceptif et l’hôte-réservoir se confondent : c’est
l’homme. La morbidité ne peut s’exprimer que s’il existe des gîtes adaptés aux glossines (ombre, chaleur
et humidité), des aires d’attaque (clairières, champs, routes, pistes, voies fluviales), une densité et une
régularité de fréquentation de ces aires par les hommes. Ces conditions sont réparties de manière très
hétérogène. Il en résulte une irrégularité de répartition des foyers de trypanosomoses au sein de l’aire de
distribution des glossines. Les modifications anthropiques, telles que la déforestation, le développement
de l’agriculture et les migrations de populations, favorisent l’éclosion de nouveaux foyers si les migrants
proviennent d’un foyer connu et actif et importent l’agent pathogène. Il existe donc une séméiologie com-
munautaire qui doit être reconnue. Il faut tenir compte de l’environnement physique et humain, au même
titre que de la séméiologie clinique. La connaissance de la clinique va permettre de concevoir des soins
complets et la séméiologie communautaire de faire en sorte qu’ils soient adaptés et surtout continus. Il
serait vain, en effet, de soigner correctement un trypanosomé pour le renvoyer par la suite s’exposer aux
risques identiques dans son environnement. Il serait éthiquement inacceptable de ne pas se préoccuper
de l’ensemble des personnes exposées aux mêmes risques. La découverte d’un cas de trypanosomose
peut éventuellement conduire à la découverte d’un nouveau foyer endémique ou épidémique.
A l’inverse, dans le cas de la trypanosomose est-africaine à Trypanosoma rhodesiense, le réservoir
est constitué d’animaux sauvages dont la répartition géographique varie selon les migrations et donc sans
réelle notion de foyers humains. De plus, la maladie chez l’homme frappe plutôt les personnes pénétrant
activement dans l’écosystème naturel des glossines et a alors une évolution défavorable bien plus rapide
que pour l’espèce ouest-africaine. Le complexe pathogène tropical est donc radicalement différent pour ces
deux trypanosomoses humaines africaines.
La prise en compte du complexe pathogène a donc plusieurs intérêts :
-- il constitue une contribution à l’approche diagnostique ;
-- il sensibilise à la notion que toute pathologie, fût-elle infectieuse, est toujours multifactorielle et, par corollaire,
que sa solution nécessite la prise en charge des différents facteurs.
Elle permet de mieux concevoir la vulnérabilité réelle à la maladie. Chacun des facteurs de l’infection a
en effet son poids et la négligence de certains d’entre eux peut compromettre la guérison de l’individu
et la sécurité de l’ensemble de la communauté. Elle contraint à la vigilance et à la veille épidémiologique,
permettant de détecter, d’une manière précoce, les situations épidémiques et, éventuellement, l’émer-
gence de nouveaux agents pathogènes.
3 Sommaire
Index
19. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales16
Epidémiologie des maladies infectieuses et tropicales. Santé internationale
Épidémiologie des infections tropicales.
Complexe pathogène tropical, pathologie géographique
Si le caractère multifactoriel de la trypanosomose apparaît évident, il l’est moins pour d’autres affections à
transmission directe, par exemple la tuberculose. Et pourtant, l’évolution de la mortalité de cette maladie
dans le temps montre à l’évidence que la diminution de l’incidence de cette mortalité a été influencée autant
par l’élévation du niveau de vie que par l’avènement des antibiotiques antituberculeux. Malgré ceux-ci et
leur large diffusion, l’augmentation du nombre de personnes au-dessous du seuil de pauvreté, d’une part,
et l’apparition d’une autre épidémie, en l’occurrence celle du VIH-SIDA, d’autre part, sont responsables de
la recrudescence de la maladie. En 2010, la mortalité de la tuberculose était estimée à 1,4 millions de per-
sonnes par an. Cette fréquence pourrait croître dans les décennies qui viennent si des mesures volontaristes
et efficaces ne sont pas prises pour lutter contre ces deux facteurs majeurs de morbidité et de mortalité.
Envisager le complexe pathogène devient une exigence diagnostique et pronostique tant en médecine indi-
viduelle qu’en médecine communautaire ou des collectivités, soit en urgence (médecine des catastrophes),
soit en développement durable.
Lors d’une démarche diagnostique, la connaissance physiologique de l’individu (qui), de ses activités et son
comportement (a fait quoi), de ses lieux de vie et de séjour (où), des temps d’exposition au risque (quand),
de ses contacts humains (avec qui) sont des éléments indispensables et souvent éclairants permettant de
hiérarchiser les hypothèses et de choisir les examens complémentaires adaptés. La connaissance de
l’environnement ainsi défini conditionne aussi toute demande préventive.
En santé collective, la mesure du risque dans le cadre du complexe pathogène est de plus en plus précise
grâce à :
-- une meilleure typologie des déterminants de la santé (indicateurs) ;
-- les progrès de l’épidémiologie fondamentale ;
-- la puissance (et les effets secondaires) des services de soins ;
-- une approche plus précise de la vulnérabilité (technique, économique, culturelle) des facteurs de risque.
L’intérêt d’envisager le complexe pathogène permet d’anticiper des risques sanitaires devant :
-- la rapidité des transformations anthropiques (aménagements hydro-agricoles, déforestation, urbanisation) ;
-- l’ampleur des mouvements migratoires (mondialisation de certaines maladies) ;
-- l’apparition de nouvelles niches écologiques (émergence) ;
-- les changements climatiques ;
-- les nouveaux comportements (marginalisation, violence urbaine, addictions…).
Les tableaux 1 à 12 présentent les principales pathologies infectieuses endémiques ou épidémiques dans
les grandes régions tropicales ou subtropicales. En caractères gras sont mentionnées les pathologies
particulièrement fréquentes dans ces régions. Etant donné qu’il s’agit de données macro-épidémiolo-
giques sur de vastes surfaces continentales, il est indispensable de confirmer l’information sur la présence
de l’agent pathogène à l’échelon du pays ou d’une région en se référant au chapitre spécifique ou à une
source de données sanitaires fiables : sites de l’OMS, des CDC… Les agents pathogènes ou infections
plus spécifiques d’une zone continentale sont indiqués en gras à titre indicatif.
3 Sommaire
Index
30. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales27
Epidémiologie des maladies infectieuses et tropicales. Santé internationale
Épidémiologie des infections tropicales.
Complexe pathogène tropical, pathologie géographique
Tableau 11. Amérique centrale et Caraïbes
Bactéries Virus Parasites Champignons
Tuberculose
Lèpre
Syphilis
Tréponématoses
endémiques
Streptococcies
Pneumococcies
Staphylococcies
Méningocoque
Tétanos
Diphtérie
Coqueluche
Fièvre typhoïde
Salmonelloses non
typhiques
Listériose
Helicobacter pylori
Shigelloses
Choléra
Brucellose
Leptospirose
Borrélioses
Rickettsioses, typhus
exanthématique
Fièvre Q
Gonococcie
Chancre mou
Chlamydioses
VIH-SIDA
Infection par HTLV
Hépatites virales
Poliomyélite, coxsackie,
ECHO
Rougeole, grippe, VRS,
Herpès, varicelle, zona
CMV, EBV
Papillomaviroses
Dengue,
Encéphalite équine
vénézuélienne,
Hantavirus
Rage
Paludisme (surtout
P. vivax)
Protozooses
Helminthoses
Amœbose
Gale
Tungose
Myiases
Maladie de Chagas
Leishmanioses cutanées,
cutanéo-muqueuses et
viscérales
Angiostrongylose
Histoplasmose
américaine
Cryptococcose
Sporotichose
Lobomycose
Coccidioïdomycose
Paracoccidioïdomy-
cose
Basidiobolose
Mycétomes
Teignes
3 Sommaire
Index
31. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales28
Epidémiologie des maladies infectieuses et tropicales. Santé internationale
Épidémiologie des infections tropicales.
Complexe pathogène tropical, pathologie géographique
Tableau 12. Pacifique sud
Bactéries Virus Parasites Champignons
Tuberculose
Lèpre
Syphilis
Streptococcies
Pneumococcies
Staphylococcies
Méningocoque
Tétanos
Diphtérie
Coqueluche
Fièvre typhoïde
Salmonelloses non
typhiques
Helicobacter pylori
Shigelloses
Brucellose
Leptospirose
Mélioïdose
VIH-SIDA
Infection par HTLV
Hépatites virales
Poliomyélite, coxsackie,
ECHO
Rougeole, grippe, VRS,
Herpès
Varicelle, zona
CMV, EBV
Papillomaviroses
Dengue, Ross River
(Australie)
Hantavirus
Rage
Paludisme
Protozooses
Helminthoses
Amœbose
Gale
Myiases
Filarioses lymphatiques
Leishmanioses cutanées
Angiostrongylose
Histoplasmose
américaine
Cryptococcose
Sporotichose
Teignes
Sites web recommandés concernant ce chapitre :
OMS :
http://www.who.int/ith
CDC :
http://www.cdc.gov/fre/
3 Sommaire
Index
32. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales29
Risques infectieux des voyages
et des migrations entre pays tropicaux
1. Historique et typologie des migrations ; importance des migrations
intertropicales
Les migrations humaines au cours de l’histoire ont été permanentes. Elles ont commencé dès le début de
l’humanité puisque, à partir de son berceau (probablement) de la vallée du Rift, nos ancêtres d’il y a 3 à 4 mil-
lions d’années se sont lentement déplacés vers le nord pour rejoindre les différents continents actuels. L’his-
toire plus récente a également connu des vagues de migrations massives : la fin de l’empire romain puis les
croisades au Moyen Age ont déplacé des milliers de personnes à travers l’Europe et l’Asie. Plus récemment
les possibilités de colonisation ont poussé les Européens vers « les nouveaux mondes ». Plus tard, dans la
première moitié du 20e
siècle, des mouvements intra-européens se sont faits à partir des pays d’Europe du
Sud les moins riches vers les plus riches. Parmi toutes les migrations, la plupart du temps forcées par les
contraintes du moment et rarement désirées, il en est une qui a eu des conséquences incalculables dans les
zones d’origine et dans les terres d’accueil : il s’agit de la traite des esclaves qui a entraîné le déplacement
forcé de quelques 20 millions de personnes à l’intérieur du continent africain puis des côtes africaines vers
le continent américain.
Beaucoup d’experts, et notamment le Haut Commissariat aux Réfugiés, pensent que le 21e
siècle sera le
siècle des migrations en raison de la confluence des mécanismes poussant à se déplacer, notamment à
l’intérieur d’un même continent parfois d’un même pays. Ainsi, si les populations migrantes représentaient
2 % du total mondial il y a 40 ans, elles en représentent maintenant 3 % (191 millions), ce qui correspond
virtuellement au 5e
pays du monde.
Les raisons qui poussent à la migration sont principalement économiques, liées à des conflits (ethniques,
religieux ou politiques) et, phénomène nouveau qui va se développer dans les prochaines décennies, la
conséquence des changements climatiques qui vont pousser des populations entières à quitter leur terre
en raison d’inondations (élévation du niveau de la mer comme par exemple au Bengladesh ou dans beau-
coup des zones côtières non montagneuses notamment des zones tropicales), de désertification (accrois-
sement de surface des grands déserts), de manque d’eau ou d’appauvrissement extrême des sols en raison
d’une déforestation massive avec lessivage des sols. Ces évolutions géo-climatiques sont pourvoyeuses de
conflits elles-mêmes, sources de migrations (par exemple, la quête de l’eau liée à l’assèchement du Jourdain
est une des causes du conflit israélo-palestinien). Les mouvements de population ont donné lieu à l’organisa-
tion des émigrés en diasporas qui jouent souvent un rôle considérable par les liens économiques qu’elles ont
maintenu avec leur pays d’origine que ce soit en inter ou en intracontinental. Elles ont organisé des réseaux
commerciaux entre les différents pays où elles sont installées et le pays d’origine. C’est notamment le cas
des Libanais en Afrique de l’Ouest ou des Indiens en Afrique de l’Est. Ces liens réguliers jouent un rôle mal
évalué mais probablement significatif dans la transmission et la diffusion de certains agents pathogènes.
Après les migrants économiques, les réfugiés représentent probablement numériquement la deuxième
population de migrants. Ces « migrants forcés » seraient 67 millions, si l’on y inclut les 26 millions qui sont
forcés à se déplacer à l’intérieur de leur pays du fait de violences. Le reste se partage entre 16 millions qui
quittent leur pays du fait de persécutions ou d’une situation de violence généralisée et 25 millions du fait
de catastrophes naturelles. Ces déplacements forcés souvent de grande ampleur et souvent à un niveau
sous-régional sont relativement récents puisqu’ils étaient pratiquement inconnus avant le vingtième siècle.
Par exemple la partition de l’Inde a mis 15 millions de personnes sur les routes et le conflit en Palestine 4 mil-
lions. Si un nombre limité d’entre eux arrive à s’intégrer dans des pays d’accueil, la plupart vivent dans des
conditions extrêmement difficiles, l’intervention du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) ayant souvent un
impact limité. Une des grandes difficultés est notamment de trouver une solution durable après la fuite de
ces populations. Ainsi plus de 8 millions de réfugiés vivraient depuis plus de 10 ans dans des camps, sou-
vent dans un pays limitrophe de leur région d’origine, et selon le HCR un réfugié doit attendre en moyenne
17 ans pour trouver une solution durable à son exil. Les traumatismes physiques et psychologiques subis et
Epidémiologie des maladies infectieuses et tropicales. Santé internationale
Risques infectieux des voyages et des migrations entre pays tropicaux
4 Sommaire
Index
33. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales30
Epidémiologie des maladies infectieuses et tropicales. Santé internationale
Risques infectieux des voyages et des migrations entre pays tropicaux
les conditions de vie dans les camps (promiscuité, malnutrition et parfois hygiène défectueuse) expliquent
la vulnérabilité de ces populations sur le plan de la santé et notamment vis à vis des maladies infectieuses :
par exemple, la shigellose (dysenterie bacillaire), souvent sans grande conséquence habituellement, peut
prendre le masque d’une épidémie dramatique dans certains camps de réfugiés.
Enfin on ne peut pas clore ce bref panorama sur les phénomènes migratoires et leurs liens avec la santé,
notamment dans le cadre des déplacements entre pays tropicaux, sans évoquer les grands rassemblements
pouvant concerner plusieurs millions de personnes, essentiellement religieux (les plus importants ayant lieu en
Inde), qui ont pu jouer un rôle considérable dans les grandes épidémies historiques et dans la diffusion inter-
nationale de certains microorganismes. On rappellera ici le rôle de plaque tournante entre l’Asie et l’Afrique ou
entre pays africains qu’a joué le pèlerinage de La Mecque pour le choléra ou la méningite épidémique.
2. Principales infections liées aux migrations entre pays tropicaux
2.1. Facteurs communs impactant le risque infectieux lié aux migrations
Si la littérature est riche en données et commentaires sur les risques infectieux encourus par les voyageurs
des pays industrialisés allant dans les pays en développement et, à un moindre degré par les émigrants des
pays du sud allant dans les pays industrialisés, la recherche bibliographique sur les risques infectieux liés
aux migrations entre pays tropicaux est extrêmement pauvre.
Les risques infectieux vont concerner la population migrante elle même mais aussi la ou les populations
d’accueil, ces deux populations pouvant jouer selon les cas soit le rôle « d’émetteur » du risque soit celui de
« récepteur ».
Les facteurs qui vont pouvoir influencer ces risques sont nombreux et pour beaucoup non spécifiques au
cadre de ce chapitre. Sans être exhaustif, les principaux sont les suivants :
-- modalités de transmission de la maladie concernée : existence ou non d’un vecteur ou hôte intermédiaire
dans la zone d’accueil, son abondance éventuellement fluctuante dans le temps ; influence du climat (avec
des évènements réguliers comme les saisons des pluies ou des évènements accidentels comme typhon
ou inondation) et de l’environnement en général ; influence de la densité de population et éventuellement
des ratio de classes d’âge ; influence de la typologie et qualité de l’habitat dans la zone d’accueil ; influence
de l’incidence / prévalence de l’infection en question au sein de la population « émetteuse » versus la popu-
lation « réceptrice » ;
-- statut immunitaire de la population émetteuse et/ou réceptrice (on se souvient par exemple des ravages
faits par la rougeole importée sur le continent américain par les Espagnols ou plus récemment de la sévé-
rité de l’épidémie de schistosomose digestive à Richard Toll au Sénégal du fait d’une population réceptive
totalement naïve) en y incluant les variations de couverture vaccinale entre les 2 populations ;
-- état de santé de la population concernée qui par exemple en cas de grave déficit nutritionnel (camp de réfugiés,
migration dans des conditions difficiles,…) réagira d’autant moins bien à toute agression infectieuse ;
-- niveau d’éducation et de façon générale niveau socio-économique des populations concernées ;
-- accès aux soins dans la zone d’accueil (dépendant de facteurs économiques et techniques mais aussi
politiques au niveau national ou international). Cela inclut la possible existence dans la zone d’accueil d’un
programme de prévention ou de prise en charge contre l’infection en cause. Cela inclut aussi, indépendam-
ment des aspects « techniques » ou d’accès aux soins, une compétence ou non dans la prise en charge
de telle ou telle infection selon qu’elle est connue ou non des professionnels de soin locaux (la prise en
charge d’une filariose lymphatique dans une zone où la maladie n’existe pas posera un problème en soi) ;
-- niveau d’acceptation sociale et/ou politique de la migration avec les conséquences positives ou négatives
que cela pourra entraîner.
Les variations dans ces facteurs vont impacter le risque infectieux entre les populations concernées (émet-
teuses et réceptrices) mais aussi au sein même de chacune de ces populations.
2.2. Principales maladies infectieuses concernées
Il n’est pas question ici de faire une liste exhaustive des infections possiblement transmises dans le cadre
des migrations entre pays tropicaux. Seront évoquées les principales ce qui n’exclut pas des omissions pouvant
4 Sommaire
Index
34. e-Pilly Trop 2012 - Maladies infectieuses tropicales31
Epidémiologie des maladies infectieuses et tropicales. Santé internationale
Risques infectieux des voyages et des migrations entre pays tropicaux
paraître importantes dans tel ou tel contexte (voir le chapitre « Épidémiologie des infections tropicales.
Complexe pathogène tropical, pathologie géographique »).
2.2.1. Infections parasitaires
Paludisme
Compte tenu de son importance épidémiologique dans beaucoup des pays « tropicaux » et notamment
en Afrique sub-Saharienne, le paludisme justifie dans ce cadre une attention particulière. Les conditions
environnementales (différences de pluviométrie, gîtes larvaires, survenue d’évènements climatologiques
inhabituels…) vont considérablement influencer le risque. L’autre phénomène déterminant sera le statut
immunitaire des populations déplacées vis à vis du paludisme : l’arrivée dans une zone d’endémie d’une
population non prémunie se soldera par une incidence élevée de cas et surtout de formes graves. Par
ailleurs à l’inverse, l’arrivée d’une population bien immunisée pourra augmenter le réservoir de parasites
(porteurs non malades) et faire circuler des souches différentes de celles inféodées habituellement à la zone
d’accueil notamment en terme de résistance aux antipaludiques.
Schistosomoses (bilharzioses) urinaires ou digestives
Les prévalences très variables, y compris dans des zones parfois proches, selon les zones d’origine ou d’accueil
pouvant aller de 0 % jusqu’à 80 voire 100 % chez les enfants vont pouvoir avoir un impact considérable sur
l’introduction, la réintroduction, le développement ou le profil épidémio-clinique de la schistosomose dans
la zone d’accueil comme l’a régulièrement montrée l’histoire de cette parasitose. On rappelle ici l’exemple
cité déjà plus haut de l’épidémie de Richard Toll ayant entraîné un impact considérable sur la santé de la
population « réceptrice » immunitairement totalement naïve vis à vis de Schistosoma mansoni, le cycle de
transmission ayant été initié de novo par l’arrivée de travailleurs issus d’une zone de forte endémie. De
nombreux autres exemples illustrent ce risque : Assouan en Egypte ou Akosombo au Ghana (construction
d’un barrage avec déplacement de population), Mangoky à Madagascar (conflit ethnique responsable
d’une migration)…
Parasitoses intestinales, digestives ou extra-digestives
Bien que les parasitoses digestives soient habituellement non ou peu symptomatiques, leur impact peut néan-
moins être significatif voire sévère notamment chez les enfants polyparasités ou en insécurité nutritionnelle. La
réintroduction de parasitoses comme la strongyloïdose et de façon générale liées au péril fécal a ainsi pu être
démontrée en raison de l’arrivée de populations porteuses dans des zones où elles étaient contrôlées.
Citons aussi ici à titre d’exemple d’autres parasitoses potentiellement sévères comme l’amœbose tissulaire,
l’hydatidose ou la cysticercose dont le risque de transmission localement est nul ou faible mais qui peuvent
poser des problèmes de prise en charge chez des migrants arrivant dans des zones où ces infections ne
sont pas connues.
Filarioses
La réintroduction ou la redynamisation d’un cycle de transmission de filarioses, notamment lymphatique du
fait de son caractère assez ubiquitaire à l’inverse de la loase, est possible en raison de l’arrivée dans une région
où un contrôle a été obtenu de porteurs du parasite pour peu que la lutte antivectorielle fléchisse un peu.
Trypanosomoses
La Maladie de Chagas (trypanosomose américaine) concernant uniquement les personnes originaires de
l’Amérique Latine pauvre et rurale (Bolivie particulièrement), peut concerner les populations d’accueil soit,
dans le cadre d’une migration loco-régionale, en réintroduisant un réservoir de parasites dans des zones où
l’habitat précaire permettra la transmission (présence de réduves), soit dans des zones non endémiques par
le risque lié au don du sang (voire d’organes).
Sur le continent africain la trypanosomose africaine peut comporter des risques comparables.
Ectoparasitoses
Les grands mouvements de population notamment en situation de proximité et de vulnérabilité sont très
favorables à la transmission de la gale et des pédiculoses qui occasionnent une gène considérable dans les
concentrations de population précaire (camp de réfugiés, installation de populations déplacées précaires
dans des bidonvilles…).
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