Charles Coppolani : « Internet n'a pas déstabilisé le monde des jeux » Par Christophe Palierse Charles Coppolani a été nommé en février président de l'Autorité de régulation des jeux en ligne. Dans un entretien - sa première interview - aux « Echos », ce haut fonctionnaire de soixante-trois ans analyse la situation du secteur et détaille sa feuille de route. Christophe PALIERSE: L'Arjel constate l'effondrement prolongé du pari hippique et du poker en ligne dans son bilan d'activité pour le premier trimestre. Cette situation n'est-elle pas inquiétante ? Charles COPPOLANI: C'est effectivement un sujet de préoccupation, et il faut s'interroger sur cette situation. Il y a des éléments communs et des éléments spécifiques qui l'expliquent. L'impact de la crise est le premier élément commun. Le pari hippique et le poker en ligne sont des activités de loisirs même s'il existe des joueurs professionnels. Autre élément commun : l'un et l'autre de ces deux jeux ont une difficulté à renouveler leur population de joueurs. S'agissant du pari hippique, le sujet est le vieillissement de la population de joueurs et le caractère un peu technique du jeu. La question est tout autre pour le poker pratiqué par un public plutôt jeune. L'effet de mode est passé. Au fond, le marché du poker en ligne est peut-être arrivé à maturité. Christophe PALIERSE: Vous avez évoqué l'impact de la crise. Pourtant, l'engouement pour le pari sportif sur Internet ne se dément pas… Charles COPPOLANI: N'oublions pas qu'il avait connu, contrairement au pari hippique et au poker en ligne, une chute après avoir bénéficié d'un démarrage tonitruant avec la Coupe du monde de football de 2010. Il y a, à nouveau, depuis plus d'un an, un effet locomotive du football. Il tient à l'attractivité de la Ligue 1 et de la Ligue des champions. Le sport, et le football en particulier, relève du culturel. Or, le marché du pari sportif continue de s'élargir car le nombre de comptes joueurs actifs augmente. Quel bilan tirez-vous de ces quatre ans, quasiment, d'ouverture et de nouvelle régulation du secteur ? Globalement, le marché n'est pas au rendez-vous des espérances des opérateurs. En revanche, l'objectif du législateur qui était de faire basculer l'offre illégale existante vers une offre légale, régulée et sécurisée pour le joueur, est atteint. Et, contrairement à ce que d'aucuns redoutaient, Internet n'a pas déstabilisé le monde des jeux en France. Christophe PALIERSE: Quels sont les priorités de votre mandat ? Charles COPPOLANI: La protection des joueurs est une priorité permanente. A ce titre, nous réfléchissons à la mise en oeuvre d'indicateurs avancés de l'addiction. Nous devons par ailleurs être en mesure de surveiller les paris à l'étranger sur les compétitions françaises. On surveille l'activité en France mais nous n'avons aucune visibilité sur ce qui se passe en dehors. Par ailleurs, nous allons travailler main dans la main avec la Française des Jeux.