Mairies communes du Pays de Fouesnant -php a-hujem
Mairies communes du Pays de Fouesnant --phpo4p c-ej
1. BENODET
Les maires de la commune de BENODET
Le maire est le premier magistrat de la
commune. Le mot est très ancien, et il a
désigné sous l'Ancien Régime des
personnages aux fonctions très diverses.
Mais c'est l’Assemblée Constituante du 12
novembre 1789, complétée par la loi
électorale du 14 décembre suivant qui a
institué les communes, dont le territoire
s'est le plus souvent superposé à celui des
paroisses et des trèves. Ces communes sont
administrées par un "Conseil général
comprenant : le maire, les officiers
municipaux les conseillers et les notables.
Après avoir été
Elu dans sa commune par les citoyens
actifs (payant l'impôt), le maire fut nommé
par le Préfet. La Constitution de 1848
institua le suffrage universel, deux ans plus
tard on en revint au régime antérieur. Puis
le décret du 2 décembre 1851 rétabli le
suffrage universel.
A PERGUET, le premier acte
révolutionnaire fut de rassembler la
population dans l'église paroissiale pour
désigner les délégués à la redaction du
cahier de doléances et à l'élection des
Députés du Tiers-Etat aux Etats Généraux.
Ceci se passait le 5 avril 1789. Pierre Le
CAIN, habitant Le Letty-Keramborgne, et
Jean Le GOFF, de Keranéras avaient la
confiance de leurs concitoyens et
acceptaient d'aller à Concarneau à leurs
frais pour la mission qui leur était confiée.
J’imagine mal le bouillonnement des idées
dans cette population dont la quasitotalité
était illettrée, profondément catholique,
soumise ou rebelle" à l'annonce des
décisions de révolutionnaires parisiens qui
lui demandaient de désigner elle-même ses
administrateurs:
les
plus
fortes
personnalités émergeaient.
Le rappel qui suit du fonctionnement de
nos premières municipalités à Perguet,
depuis l'institution de la fonction, est sans
prétention. En citant les maires, je relaterai
aussi quelques faits, des anecdotes qui
révèlent leurs difficultés à assumer leur
tâche, parfois des traits de leur
personnalité. Quels furent les soucis de nos
premiers maires ?
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2. Il faut savoir que pendant plusieurs
décennies la commune n'eut pas d'argent,
pas d'école, des routes impraticables... et
pas de mairies aucun lieu public pour se
réunir, en dehors de l'église. On les trouve
appliqués à tenir les registres de l'état-civil:
naissances, mariages et décès, qui
remplaçaient les B.M.S. (baptêmes,
mariages, sépultures) jusque là tenus par
les prêtres. Et il semble bien que l'un des
principaux rôles du maire en ces premières
années de la République et dans les
régimes qui se sont succédé fut de
représenter le pouvoir
central dans la commune.
Pierre Le CAIN
Pierre Le Cain fut le premier maire
de la commune de Perguet; il établit les
actes de l’état-civil jusqu'au 14 brumaire
An III (octobre 1794) et décède le 26
ventose de cette même année. La première
municipalité comprenait Jean Le GOFF, du
moulin de Kereven et Alain
KERAVEN, officiers municipaux; Jean Le
GOFF, agent national; Mathurin RIEN fils,
Corentin
NEDELEC,
Guillaume
QUILFEN, notables; François CARADEC
et Pierre Le LOUEDEC, Jacques DANZE
était secrétaire greffier.
Au décès de Pierre Le CAIN, Yves
GUILLERMOU entre dans le conseil et
Michel Le CAIN devient notable.
Jusqu'au 23 brumaire An VII, c'est
Jacques DANZE qui signe les actes de
l’état civil. Ensuite, les registres sont
signés de Jean-Marie KERAVEC qui
précise sa position: "faisant fonction
d'officier public".
Michel Le CAIN
Le nom de Michel Le CAIN, qui
est le fils du précédent, apparaît sur les
registres le 20 brumaire de l'An VII (12
novembre 1799). On trouve ensuite sa
signature sur tous les actes de mariage de
la commune, jusqu'au 19 février 1821. Une
seule exception: un mariage célébré au
mois d'août 1818 (le jour n'est pas précisé).
C'est Le CLINCHE, adjoint au maire, qui
officie: C'est que le maire marie son fils,
Joseph, âgé de 21 ans, à Louise COTTEN,
21 ans, de Gouesnac'h. L'acte de mariage
est suivi de six signatures, fait très rare à
l'époque: celle du marié, celles de son père
et de sa mère Josèphe CLORENNEC; celle
de l'officiant, Le CLINCHE, adjoint; et
deux autres CLORENNEC dont l'un,
Alain, était le notaire qui installa les
premières municipalités du canton et
remplaça Alain NEDELEC dans les
fonctions de Juge de Paix en 1792. Un
rapport du préfet MIOLLIS nous éclaire un
peu sur la personnalité du maire et celle de
son épouse:
"Cultivateur, ayant 2.000 livres de rente,
moral et très attaché au gouvernement;
marié avec un garçon en bas-âge. Quoique
presque illettré, c'est le plus instruit de
cette commune située à
l’embouchure de la rivière de Quimper et à
son côté gauche en allant vers la mer, si
l'on excepte le curé et les militaires. 50 ans.
Son épouse, jeune personne plus instruite
et plus active que lui, remplit très bien les
fonctions de maire sous le nom de son
mari. Cette famille
est aimée" .
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3. Malade, Michel Le CAIN démissionnera le
16 juillet 1821. On peut supposer qu'il ne
débordait pas d'estime pour son adjoint
Jean-François Le CLINCHE. Dans sa lettre
il fait savoir au Préfet que sa maladie
l'empêche d'exercer ses fonctions, le
supplie d'accepter sa démission et lui
propose Monsieur GUÉDEC pour lui
succéder:
"Monsieur GUÉDEC est propriétaire
débitant de tabac à la résidence de
Bénaudet. Ce monsieur dont la conduite et
le dévouement pour l'auguste famille des
Bourbons sont connus réunit toutes les
qualités nécessaires pour occuper cette
place. Il est absolument le seul sujet digne
et acceptable de remplir cette fonction".
- HERVE, propriétaire.
- Corentin NEDELEC par Charles Le
GALL son gendre.
- Marc VINCENT par Michel Le CAIN,
ancien maire et riche propriétaire.
- Thomas CALVEZ par CARADEC.
Dans une lettre du 22 octobre 1827,
l'adjoint Le CLINCHE signale au Préfet le
décès du maire Ollivier GUÉDEC. Celui-ci
avait 30 ans, habitait Bénaudet; il est mort
le 20 octobre. Quatre jours plus tôt, on
enterrait sa fille Marie-Renée, âgée de 2
ans, et deux semaines plus tard (le 5
novembre), décédait sa fille Marie-Josèphe
qui avait 7 ans. Maladie infectieuse ?
Epidémie ?
Ollivier Marie GUÉDEC
Ollivier GUÉDEC succède à Michel Le
CAIN au mois de décembre 1821, et il
recevra les actes de l'état-civil jusqu'au 28
août 1827. Le 18 avril 1823, il demande au
Préfet de remplacer, pour des motifs
divers, quatre membres du conseil
municipal:
- Drian PULOCHE par Jean QUÉNÉ
BRIANT DE LAUBRIERE
Le chevalier BRIANT DE LAUBRIÈRE
est nommé maire de Perguet par décision
du Préfet du Finistère le 3 novembre 1827.
Dès le lendemain il prête serment devant
Le CLINCHE,
Adjoint, et en informe le Préfet .
Trois mois plus tard, en mars 1828, il
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4. demande au Préfet de remplacer quatre membres
du conseil municipal:
- Guillaume QUILFEN prendrait la place de son
père, très âgé et illettré.
- Joseph Le LOUEDEC remplacerait Le
MARREC, un vieillard.
- François CARADEC prendrait la place de Le
QUILLEC, paralysé.
- Pierre Le CAIN remplacerait NEDELEC,
décédé.
Le conseil ainsi complété comprend Jean
Le GOFF, Tristan CORIOU, Thomas
CALVEZ, Louis Le
CAIN,
André
Le
PULOCHE,
Alain
BERROU,
François
CARADEC, Pierre Le CAIN, Joseph Le
LOUÉDEC et Guillaume QUILFEN.
L'année 1830, aveclachute de CHARLES
X et l'avènement de Louis PHILIPPE, fut assez
agitée pour le maire de Perguet: le nouveau
gouvernement ordonnait de remplacer le drapeau
blanc par le drapeau tricolore. Perguet n'avait
qu'un drapeau blanc, pas d'argent pour en acheter
un autre et les élus refusaient de se cotiser pour
couvrir la dépense. BRIANT de
LAUBRIÈRE (qui était chevalier de l'Ordre
Royal de la Légion d'Honneur) alla demander au
Préfet si sa commune pouvait conserver le
drapeau blanc. Il fut vertement reçu et sommé,
sous peine de destitution, d'acheter un nouveau
drapeau. Ce qui fut fait, et le drapeau tricolore
fut arboré le 11 août à Bénodet, devant les
membres du conseil et tous les notables.
CONFLIT AVEC L' ADJOINT
Le 6 septembre 1830, le Chevalier BRIANT DE
LAUBRIÈRE signale au Préfet que la veille son
adjoint, le sieur Le CLINCHE, s'est décoré d'une
écharpe blanche pour faire punir un homme qui
avait involontairement donné un coup de pierre à
un autre.
"Il est d'autant plus coupable qu'il m'avait vu le
matin à la messe, décoré de mon écharpe
tricolore. L'écharpe blanche a occasionné une
humeur générale et il ne l'a retirée que lorsqu'il a
vu par lui-même qu'il s'exposait à être insulté. Ce
manque très grave dans l'exercice de ses
fonctions, joint à plusieurs antécédents... me
démontre qu'il ne doit plus mériter de garder des
fonctions administratives qui, d'ailleurs, ne l'ont
jamais beaucoup occupé car il ne sait ni lire, ni
écrire que son nom et ne s'embarrasse que de son
commerce, prétexte qu'il me donne toujours pour
ne pas me seconder, surtoutdepuis le nouveau
règne.
Si vous devez remplacer cet adjoint, j'ai
l'honneur de vous présenter le sieur Jean-Pierre
GOURMELON, marchand de bois, débitant de
tabac et aubergiste. J'ai de plus l'honneur de vous
faire observer. Monsieur le Préfet, que si
Monsieur CARIOU, desservant de notre
commune, reste encore dans sa paroisse et n'est
pas remplacé par un autre prêtre qui ne me
rompe plus en visière, et si M. Le CLINCHE
n'est pas révoqué, il est impossible que je
puisse conserver plus longtemps le poste
honorable qui m'est confié, et alors je vous
prierais, Monsieur le Préfet, de vouloir bien
choisir entre ma démission que je vous
supplierais d'accepter ici ou d'avoir la bonté de
faire droit à ma demande" .
Le Préfet accéda à la demande du maire
de Perguet.Le 9 septembre il suspendait Le
CLINCHE de ses fonctions d'adjoint et le 24 il
nommait à sa place le nommé Jean-Pierre
GOURMELON.
Le 20 septembre de la même année, le
maire et les élus de la commune prêtaient
serment de fidélité au Roi, à la Charte
constitutionnelle et aux lois du Royaume. Des
élections municipales eurent lieu le 3 novembre
1831: 51 électeurs étaient appelés à élire 12
conseillers. Furent élus: François CARADEC,
Jean-François Le CLINCHE, Tristan BERROU,
Pierre Le CAIN. Louis Le CAIN, Alain
BERROU, Julien Le CAIN, Jean-Pierre
GOURMELON, Charles Le GAC, François Le
GOFF, Thomas CALVEZ et Guillaume
QUÉNÉACHERVÉ.
François Le GOFF.
François Le GOFF est nommé maire dès
le mois de novembre 1831. Il était meunier au
moulin de Keraven. Durant son mandat, Perguet
allait connaître des années difficiles. Trois
mauvaises récoltes consécutives en 1833, 1834
et 1835 obligèrent les cultivateurs à acheter du
grain "au lieu d'approvisionner les marchés". Le
28 mars 1836 un ouragan ravagea les bâtiments,
les églises, et rasa les vergers. Le 15 mai un
incendie détruisit le presbytère, et le desservant,
privé de logis, s'en alla en laissant ses paroissiens
sans pasteur. Avec la disette, les épidémies
s'installèrent. Beaucoup de mendiants mouraient
dans les fermes. Les décès ne sont même plus
déclarés: celui de Morie-Louise Le GAC, 8 ans,
de Keraven - Vras, fait l'objet
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5. d'un jugement déclaratif de décès un an
après sa disparition. Dans cette commune
de quelque 700 âmes on compte 21
naissances pour 30 décès en 1837, et 19
pour 30 en 1838. François Le GOFF ne
devait pas être un modèle d'administrateur.
Le 28 juin 1832 le Procureur du Roi lui
réclamait les registres de l'état-civil qu'il
n'avait pas fournis pour 1831 et le menaçait
de poursuites. Le 8 mars 1837, c'est le
Receveur qui se plaint qu'il n'a pas été
fourni d'états de décès de la commune de
Perguet depuis le 6 mai 1835.
Le presbytère incendié fut vite reconstruit. En 1837 deux conseillers, Pierre Le
CAIN et Corentin CARIOU, sont nommés
commissaires spéciaux de surveillance des
travaux, exécutés sous la direction de JeanMarie DESSAUX ingénieur à la retraite
demeurant à Kermaria. Il en coûtera 4559
F. François Le GOFF démissionne de son
poste de maire quelques mois après sa
réélection de1837. Le motif nous est
inconnu, mais il ne l'était pas de JeanMarie DESSAUX qui avait été nommé
adjoint par arrêté du 26 septembre 1837.
Jean - Marie DESSAUX
Jean-Marie DESSAUX habitait le manoir
de Kermaria dont il était propriétaire
depuis 1830. Ingénieur des Mines à la
retraite, il se voulait réformateur. Il a
vivement combattu les maux qui minaient
la commune, prenant des arrêtés contre le
manque d'hygiène (les tas de fumier au
bord des rues, la divagation des porcs...). Il
déplorait l'illettrisme et l'intempérance. Il
se consacra à la réfection et à
l'amélioration des ponts et des routes, le
conseil lui ayant donné pleins pouvoirs en
ce domaine. Sous son impulsion le conseil
prit une délibération enjoignant aux
transporteurs qui venaient au port de
Bénodet pour livrer du bois de prendre un
tiers de mètre cube de pierres au retour, au
lieu de s'en aller à vide.
Le 6 octobre 1837, dix jours après sa
nomination au poste d'adjoint au maire de
Perguet, Jean-Marie DESSAUX adresse un
courrier au Préfet:
"J'ai désiré cette fonction afin d'être à
même de réparer convenablement les
chemins de la commune délaissés depuis
longtemps et devenus impraticables. J'ose
vous promettre, si ma santé devient
meilleure, que dans deux campagnes les
chemins de Perguet seront dignes de votre
approbation ainsi que les ponts et les
édifices publics que j'ai déjà relevés de leur
ruine".
Nommé maire de Perguet par décision
préfectorale du 14 mars 1838, Mr DESSAUX est installé dans ses fonctions le 5
avril suivant. Le Préfet refuse de lui
adjoindre François Le GOFF et c'est Pierre
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6. Le CAIN, fils de l'ancien maire, qui est
nommé adjoint. Dès qu'il a connaissance
de sa nomination, Jean-Marie DESSAUX
écrit au Préfet:
"Kermaria - Bénodet, 13 mars 1838.
Corn.
de
Perguet.
Organisation
municipale Monsieur le Préfet, par votre
lettre du 10 vous me faites part de votre
acceptation de la démission que vous a
adressée le sieur Le GOFF de ses
fonctions de maire dans cette commune et
vous me demandez si j'accepterais ces
fonctions dans le cas où vous m'y
appelassiez.
Si je connaissais dans le conseil
municipal une personne en état de remplir
ces fonctions, même avec l'aide que je
pourrais lui fournir en lui servant de
secrétaire, j'écouterais alors les avertissements d'une santé trop souvent infidèle et
je ne m'exposerais pas aux haines
inévitables qu'amasse tout réformateur;
car tel sera mon rôle après le sieur Le
GOFF, véritable maire-soliveau; mais
après vous avoir signalé sa déplorable
conduite et avoir demandé sa révocation,
je croirais manquer à toute délicatesse si
je vous laissais dans l'embarras fort grand
de pourvoir aux nécessités de notre
organisation municipale.
J'accepterai donc, quels que soient les
désagréments qui m'attendent, parce que
je compte sur votre appui dans les
contestations que je ne pourrai éviter en
procédant avec prudence et ménagement à
l'exécution des lois et de vos règlements.
Restaurateur des ponts de la commune
et de ses édifices consacrés au culte, je
crois lui avoir rendu un service aussi utile
relativement à l'état-civil de ses habitants
auxquels mes sollicitations réitérées ont
procuré un secours de 2.200 F. Je me
dévoue encore à la réparation des chemins
vicinaux et à l'inimitié probable de
quelques individus. Puisse ma santé
actuellement bonne ne pas m'abandonner
et notre conseil de (pouvoir?) recruter une
capacité pour me succéder.
Agréez je vous prie, Monsieur le Baron,
mes sentiments respectueux. "
LE TORCHON BRULE ENTRE LE
MAIRE ET SON ADJ OINT
Le 20 mai 1838, le maire de Perguet
prenait un arrêté concernant la divagation
des animaux, les fumiers et dépôts
prohibés sur la voie publique, l'insalubrité
du bourg de Bénodet où des fièvres
intermittentes régnaient depuis plus d'une
année. Il était notamment précisé que les
porcs devaient avoir le groin épinglé, que
les chevaux, boeufs, vaches et porcs ne
pourraient vaguer les dimanches et jours de
fête dans les deux bourgs, parce que les
portes des cimetières étaient ouvertes ces
jours-là.
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7. Le maire en informait personnellement le
sieur Le CLINCHE (son adjoint) "qui avait 9 ou
10 énormes cochons non épinglés qui ravageaient
les routes et les clôtures». Le 24 juin pendant la
procession du Saint Sacrement dans le bourg de
Bénodet, le maire constatait que quatre cochons
appartenant à M. Le CLINCHE divaguaient, et
que deux d'entre eux "entraient dans le cimetière,
y cherchant suivant leur coutume des ossements à
dévorer". La longanimité du maire était poussée à
bout, il dressait un rapport de contravention qu'il
transmettait au juge de paix de Concarneau, lequel
refusait de poursuivre pour irrégularité de
procédure. Colère de M. le maire et lettre au
préfet, dans laquelle il estime sa dignité
compromise et exige que cette affaire se termine à
son honneur, "quitte à Monsieur le Procureur du
Roi de se pouvoir en Cassassion".
Jean-Marie DESSAUX était un homme de
grande culture. En dehors de ses fonctions de
maire, il fut un observateur passionné des moeurs
du pays. Il a laissé des témoignages fort
intéressants sur les costumes et les coutumes de
l'époque. Originaire de Morlaix, il est décédé en
1866 à l'âge de 87 ans. II était marié à Manon du
HAFFONT dont le père, seigneur de Lestrédiagat,
sénéchal de Quimper, joua un rôle important dans
la société quimpéroise pendant la Révolution.
Madame BOUC~ née Denise PICHON, actuelle
propriétaire du manoir du Vouérec est son arrière
petite-fille.
Pierre Le CAIN
On remarquera en passant que le mandat
de Jean-Pierre DESSAUX comme avant lui celui
du Chevalier BRIANT de LAUBRIERE, n'alla
pas au-de1à de l'élection suivant sa nomination;
que l'un et l'autre n'étaient pas de souche
bénodétoise (ou perguétoise).
Le 15 octobre 1840, le conseil municipal
était réuni pour installer un nouveau maire, Pierre
Le CAIN, nommé par arrêté préfectoral du 9
octobre. Corentin CARIOU était adjoint; dans
l'assemblée, Pierre PERROTIN, gendre de M.
DESSAUX.
Pierre Le CAIN était déjà adjoint dans la
précédente municipalité et il devait sa nomination
à ce poste à M. DESSAUX qui en avait fait au
Préfet une présentation élogieuse: "Fils d'un
ancien maire et homme fort estimable et considéré
dans la commune. Il m'a fallu beaucoup
d'insistance... Son refus eut obligé à recourir à
l'unique conseiller sachant lire: le sieur CARIOU.
dont la mince capacité n'aurait pas compensé les
inconvénients de sa profession de cabaretier" .
Nous sommes à une époque où les voies
de communication sont la grande préoccupation
des maires. On signale que pendant l'hiver on ne
peut se rendre de Bénodet à Quimper qu'à dos de
cheval. Le 23 janvier 1843 le conseil municipal de
Perguet demande que la route de Bénodet à
Quimper soit classée " chemin de grande
communication". Un conseiller s'engage à céder
gratuitement le terrain nécessaire à l'élargissement
de la route le long de sa propriété.
La majeure partie des réunions du conseil
est consacrée à délibérer sur l'état des routes, les
droits de passage, le mauvais état de l'église, la
divagation des animaux.
Aux élections communales du 30 juillet
1848 il y a 85 votants. Trois des candidats sont
élus avec 85 voix: Pierre Le CAIN, Pierre Le
CAIN fils, Alain BERROU, Pierre Le CAIN est
reconduit dans ses fonctions.
Il est de nouveau élu maire après les
élections de 1852. La prestation de serment faite
le 14 mai 1852 est signée du maire, de PERRON
et de BERROU, les autres ne sachant signer.
Le 12 septembre de la même année, les
électeurs sont à nouveau appelés aux urnes. 12
postes sont à pourvoir. 160 électeurs inscrits, 72
votent. Pierre Le CAIN, Alain BERROU et René
BERROU obtiennent 72 voix; le premier est réélu
maire et le restera jusqu'à la nomination de JeanMarie PRIANT le 21 octobre 1866.
Pierre Le CAIN a connu des années
difficiles à la tête de la commune: les
contributions sont utilisées à l'entretien des routes
et on ne peut payer un cantonnier à plein temps.
Plusieurs fois sommé par le Préfet de construire
une école dans la commune, le conseil répondra
qu'il n'a pas d'argent. Le 21 mai 1866, qui sera la
dernière séance présidée par Pierre Le CAIN, le
conseil vote une contribution extraordinaire de 5
centimes pour améliorer le traitement du
secrétaire de mairie. Un conseiller et "un des plus
imposés" refuseront cette contribution.
LA MAIRIE DE PERGUET
Au mois de juillet 1846, le Préfet est saisi de
réclamations parce que les élections à Perguet se
font dans une habitation privée. Dans une lettre du
9 juillet, Pierre Le CAIN répond que l'habitation
visée par les mécontents comme étant la maison
de campagne de
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8. Monsieur PERROllN, il "la nomme Mairie parce que là se font tous les mariages, sont reçues toutes les
déclarations de naissances et de décès, existent toutes les archives; que M. PERROnN soit présent ou absent, le
maire a l'entière jouissance de ce local". Le maire ajoute que trois élections ont déjà été faites dans cette maison,
à Kelnlaria. et il précise que dans l'agglomération de Bénodet "il n'existe que trois endroits où se puissent faire
les élections: l'église, l'auberge du sieur Le CLINCHE et celle du sieur CARIOU. Si trois personnes, bien
intéressées, se sont rencontrées pour réclamer contre le lieu désigné par moi, il s'en trouverait cinquante, le maire
en tête... pour que la réunion électorale n'ait pas lieu dans l'église. Restent donc deux cabarets. Certes, monsieur
le Préfet, je ne puis croire que votre intention soit que les élections de nIa commune dégénèrent en orgies et que
les voix des électeurs soient acquises à qui offrira le plus de cidre et d'eau de vie".
On ignore pendant combien de temps le maire considéra encore la maison de M. PERROllN comme la mairie de
la COD:mlUne, mais on peut noter qu'en 1855 et 1860 les élections se fIrent au presbytère.
Les élections de 1855 étaient fiXées au 29 juillet: le maire écrivit au Préfet pour lui dire que cette date était
mauvaise parce que c'était celle du pardon de Sainte Anne de Fouesnant " où se rendent annuellement tous les
habitants du canton et de plusieurs lieues à la ronde". On vota le dimanche suivant, 5 août.
Jean - Marie FmANT
Jean-Marie PRIANT est élu maire le 21 octobre 1866 et il ,,'Onservera son fauteuil jusqu'aux élections de 1878,
lors desquelles le premier tour lui ayant été défavorable, il démissionnera avant le second tour. C'est René
BERROU, propriétaire de la fenlle de Kerconan, qui lui succédera.
Durant son mandat, Jean-Marie F1UANT s'occupera beaucoup de l'état des routes. Mais déjà la vie se
transforme, des pro~s se font dans tous les domaines. La population se fait plus exigeante, et elle est alors en
pleine expansion, passant de 657 âmes en 1861 à
705 en 1866. Cettebelle santé
n'allait
d'ailleurs
pas
durer: le choléra
fit son
apparition. Il y eut 61 décès en 1870, autant en 1871. La population tomba à 622 en 1872. Le maire dut
denlander une aide au Préfet pour se procurer des médicaments.
Le port de Bénodet connaissait une grande activité; le tourisme était déjà né. Dans sa séance du 11 février 1872,
le conseil réclamait une amélioration du service postal, au motif suivant: "Bénodet reçoit en relâche un grand
nombre de navires, et de nombreux étrangers viennent l'été prendre des bains de
mer". Il
réclamaitaussi "un relais
à
l'embranchement
de Pleuven"pour
le
courrier
qui était acheminé àcheval de
Quimper à Fouesnant.
C'est aussi sous le mandat de JeanMarie F1UANT qu/une école a été ouverte à Bénodet. Nous avons déjà
entretenu nos lecteurs des péripéties de cette création dans les numéros 8 et 9 de roEN-lZELLA.
La période F1UANT a également été
marquée par
destravaux aubourg:
creusement d'un puits, installation d'une pompe, agencement du lavoir près de la fontaine publique,
assainissement de cette dernière qui était envahie par la mer lors des grandes marées. C/est aussi sous ce mandat
qu'a été décidé le transfert du cimetière et demandé que la coD:mlune de Perguet soit autorisée à changer de nom
pour adopter ceilli de Bénodet.
Mais si Jean-Marie F1UANT eut les honneurs de la presse, en l'occurence le
journal"Le Finistère" ,c'est pouravoir
inteIdit les danses dans sa CO!1lD!Lme un jour de grandes régates...
Dans notre prochain bulletin: LES ~ DE BENODET .
RenéBLEUZEN
(avec le concours de Renan CLORENNEC)
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