Mairies communes du Pays de Fouesnant --phpcd5 ll5
Les personnages du Pays de Fouesnant - -phpfxgm4 i
1. Joel PERSON
Une vie de famille
au quartier de Sainte-Anne
Racines
Sur les traces de mes Grands Parents paternels, Corentin PERSON (1869-1960) et
Joséphine QUILFEN (1882-1962), de Silijou en Sainte-ANNE de FOUESNANT.
Elle était la fille de Jean QUILFEN, menuisier-charpentier à Coat Ar Vorc'h, et de
Marie Renée COSTIOU ; lui était le fils de Louis PERSON, agriculteur à Sainte-Anne et de
Marie Yvonne LE BRETON, de Kervouyen en St Evarzec. Après un service militaire de sept
années dans la « Royale » où il fit le tour du monde et visita entre autres le Japon,
Vladivostock, la Chine, Java, Bornéo, Sumatra, mon grand-père décida de « poser sac à terre»
et de se marier. La cérémonie eut lieu par une belle journée, le 6 mai 1903 : la mariée venait
d'avoir 21 ans, son époux allait vers ses 34 ans, mais l'amour n’a que faire des différences
d'âge.. . .
Une nuée d'enfants vint égayer la vie de cette famille pieuse et pratiquante : Louis
(1904-1991) ; Corentin (1906-1998) ; Anna (1911) ; Joseph (1913) ; Pierre (1915-1993) ;
Alain (1917) ; Jean-Baptiste (1920) ; Antoine (1922).
De gauche à droite :
Anna, Jean, Corentin le père, Corentin fils, (+)
Alain, Louis, l'aîné (+), Antoine, dernier né,
Joséphine, la mère; Joseph, Pierre (+).
1/4
2. La ferme
Silijou comptait 7 hectares: terres cultivables, prairies, verger ( pommes à couteau et à
cidre, cerisiers, pruniers, poiriers) ; on y pratiquait la polyculture: blé, pommes de terre,
betteraves fourragères, choux. Corentin Person était le correspondant local des « graines
d'élite Clause » et il faisait venir des semences de pommes de terre (ronde jaune) des graines
de légumes et de fleurs ; un rosier grimpant courait le long de la façade exposée au sud, il
fournit encore ses roses blanches. On semait aussi du chanvre (fin mai) : on le mettait à rouir
dans une mare « Noguen » en breton, que l'on peut voir de nos jours le long du ruisseau ; la
filasse était cardée et tissée chez M. Coatmen de Pleuven, et la toile ainsi obtenue servait à
confectionner des sacs, des chemises, des draps, etc...
Joséphine, en plus des ses charges
familiales et du travail de la ferme trouvait
toujours le temps pour aller réconforter les
malades, veiller les morts et tricoter des habits.
Mon grand père avait la charge de la chapelle :
argent des quêtes, perception du droit de place
auprès des forains lors du pardon de fin juillet
(stands de manèges, casse-gueule, loteries) ; il tuait
le cochon dans les fermes du voisinage et greffait
les pommiers dans les vergers environnants
accompagné d'Anna ou d'un garçon qui avait la
charge de faire fondre la soude caustique (il n'y
avait pas de mastic à l'époque). L'évocation du
nom de mon grand-père nous sert encore de
sésame auprès des vieux cidriers du canton...Il y
avait aussi un cheval, une truie et ses petits, des
poulets.
La récolte des pommes: entre
Joséphine et Corentin Person,
Maryvonne Troboë, née Person.
2/4
3. Le cidre
Le cidre de la ferme était réputé, les marins pêcheurs de Concarneau qui rentraient
chez eux en vendant leur pêche ou leur « godaille » arrivaient comme par hasard dans la cave,
en ayant évité d'autres fermes que, par charité chrétienne, je ne nommerai pas. . .
Donc, les poissons étaient vendus ou échangés; ensuite ils étaient consommés tout de
suite ou alors mis dans des saloirs à conserver dans le sel ou le vinaigre (maquereaux). Dans
la cave, il y avait des muids de 600 litres qui y restaient à demeure, tandis que les barriques de
200 ou 220 litres étaient vendues dans les débits de boisson de Quimper, Concarneau,
Fouesnant (les marins en embarquaient aussi pour les campagnes de pêche). Il est arrivé au
grand-père d'expédier du cidre à Perpignan, à Sélestat, dans les Côtes d'Or, et surtout à
Villejuif où, dans le bar de Pierre Person « Au Rendez-vous des Bretons », le contenu d'une
barrique disparaissait dans la journée. Un docteur de Lesneven était un client fidèle, parmi
d'autres du nord Finistère qu'un camionneur de Crozon se chargeait de ravitailler. A l'époque,
il y avait 2 bars à Sainte Anne: chez Guillermou, et chez Catherine et Olivier Dréau (bar,
boulangerie, épicerie, boulten, salle de danse ).
L'attaque (au tout début du siècle dernier)
Un jour que Corentin revenait de Quimper où il avait livré ses barriques, dans la côte
de Menez Bein le cheval ralentissant, il fut attaqué par deux brigands; le premier essaya
d'atteindre les rênes du cheval tandis que le second tentait de sauter dans la charrette. Mon
grand père ne dut son salut qu'à sa présence d'esprit : il fouetta le cheval qui bondit en avant et
donna un autre coup de fouet au deuxième agresseur qui lâcha prise. En haut de la côte de
«l’Arbre du Chapon » il s'arrêta à la forge de Jacob Mendrès, qui le réconforta, et comme il
possédait un revolver, lui proposa de le raccompagner à Sainte-Anne...
L'armistice de I9I8
Alain (1917) raconte: «Je ne sais plus si je me souviens vraiment, (j'avais 18 mois à
l’époque), où si c'est le fait qu'on me l'ait raconté, toujours est-il que ce 11 novembre 1918
Youen Michelet, le cordonnier, était monté au clocher de la chapelle Sainte Anne, et
brandissait le drapeau tricolore. La foule en liesse était rassemblée autour du monument;
soudain Youen lança en l'air sa casquette qui retomba sur le placître comme une feuille morte.
Je tiens aussi à souligner la participation de ma famille au dernier conflit :
Corentin, douanier à la Réole (ligne de démarcation)
Joseph, (blessé de guerre à Berck)
Pierre, 46ème R.I de Reuilly, prisonnier de guerre en Silésie, évadé en 1942
Antoine, réfractaire au STO , 1ère Armée Delattre de Tassigny, campagne de France ;
Alain, 7ème Cie FFI, bataille des Ardennes, campagne de Belgique ;
Jean, 7ème Cie FFI. »
3/4
4. Les mendiants
Jean-Baptiste (né en 1920) se souvient : « Quand nous étions enfants, vers 1925-1930, des
mendiants venaient à la maison. Ils s'installaient dans la paille de la crèche des vaches et on
leur donnait un bol de soupe avant de dormir ; le lendemain ils repartaient vers d'autres lieux à
la recherche de travail et d'hospitalité. »
La maison n’a guère changé. Vers les années 1930 la compagnie Lebon de Quimper y a
installé l’électricité : un poteau et quatre ampoules.
4/4