Mairies communes du Pays de Fouesnant -php0 b-opvf
Ecoles du Pays de Fouesnant - xk-fq
1. VINGT DEUX ANS POUR CONSTRUIRE
UNE ECOLE 1834 1856
En 1832, François Thomas Hernio a remplacé Pierre Clorennec à la mairie de CloharsFouesnant. A la différence de son prédécesseur, le nouveau maire à pensé qu'une maison
d'école serait bienvenue dans la commune.
Le 7 août 1834, il a été heureux de signer, en tant que maire, la donation faite à la
commune par les époux Jean Le Quilliec et Suzanne Le Niger, de bâtiments et terres située au
village, de Kerper, près du bourg : 2 ha, 49 a, 8 ca, le tout évalué 2700 Francs.
La donation était faite :
" AVEC L'INTENTION DE PREPARER A LA COMMUNE
LES MOYENS D'ETABLIR PAR LA SUITE UNE MAISON
D'ECOLE ET D'ELEVER UN PRESBYTERE."
La construction du presbytère a été vite et rondement menée. Celle de l'école s'est heurtée à la
détermination contraire de Pierre Clorennec et d'une partie de la population, hostiles au
principe même d'une nouvelle construction.
François Thomas Hernio s'est démené et a multiplié les démarches. En 1839, avant
qu'elles aboutissent, il a été contraint de rendre la mairie à Pierre Clorennec? Celui-ci est resté
neuf ans en place, et durant tout ce temps, a réussi à maintenir gelé le projet d'école neuve.
Appelé à en délibérer le 17 mai 1846, le Conseil municipal, à l'unanimité moins une voix :
" CONSIDERANT QUE DANS L, ETAT OU SONT LES CHEMINS
DE LA COMUNE IL EST DEJA DIFFICILE AUX GRANDES PERSONNES
DE SE RENDRE AU BOURG POUR LES AFFAIRES INDISPENSABLES,
POUR ASSISTER PAR EXEMPLE AUX EXERCICES
DU CULTE, CONSIDERANT QUE TANT QUE LA CHEMIN DE PLEUVEN
AU MOULIN A VENT DE BODINIO EN PASSANT PAR LE BOURG, NE
SERA PAS CLASSE AU NOMBRE DES CHEMINS VICINAUX...
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2. " IL SERA PHYSIQUEMENT IMPOSSIBLE AUX 2/3
DE LA COMMUNE DE SE RENDRE AU BOURG
AUTREMENT QU'A TRAVERS, CHAMPS, QUE PAR CONSEQUENT
IL NE SERAIT PAS RAISONNABLE D,EXIGER QUE
DES JEUNES ENFANTS SE RENDISSENT A L'ECOLE
PAR DE SEMBLABLES CHEMINS...
…DECIDE QU'IL N'Y A PAS LIEU DE VOTER
LA CONSTRUCTJON D'UNE MAISON D'ECOLE
TANT QUE LES CHEMINS SERONT DANS CET ETAT. "
En 1848, François-Thomas Hernio est redevenu maire. Dans un climat de tension et de
division extrêmes, il a de suite réouvert le dossier de la maison d'école, et s'est affronté à la
nécessité de partager équitablement les biens donnés entre le presbytère et l'école.
François-Thomas Hernio a toujours pensé que le presbytère pouvait se contenter d'un
peu moins de biens parce que l’école parce que s'était endettée de 3000 Frs pour le construire,
et parce que, même doté d'une plus petite part, le recteur recevrait plus que le minimum
légalement prévu pour les desservants. Il a d'autre part été vite persuadé que la meilleure
façon de parvenir à une juste répartition c'était de s'en remettre à la sagesse du tribunal civil
de Quimper; mais pour saisir la justice, il lui fallait une autorisation que le conseil de
préfecture n'était pas du tout disposé à lui accorder.
Le recteur, Louis-Marie Le Goezec, pensait de son côté que bâtiments et terrains
devaient être partagés à parts égales. A plusieurs reprises, pourtant, il a fait des concession et
s'est montré disposé à se contenter de la part la moins bonne ou la plus petite, sans toutefois
déployer un zèle excessif pour parvenir à un accord rapide et définitif.
Sans doute appréciait-il d'exploiter provisoirement et à son profit la totalité des terrains
donnés; par ailleurs, politiquement, il était certainement plus proche de Pierre Clorennec que
de François Hernio.
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3. A trois reprises, le maire et le recteur sont parvenus à un accord. Ces accords ont tous été
remis en cause par le maire, parce que lui venait subitement l'idée de vendre une partie des
terrains, ou celle d'en réserver une autre pour la création d'un nouveau cimetière, ou parce que
l'emplacement prévu pour le cimetière se révélant trop marécageux, il fallait chercher
ailleurs...
A la préfecture, on a suivi l'affaire de près, et l'on s'est efforcé de la faire aboutir. On a
tenu par dessus tout à un partage amiable sanctionné par un arrêté préfectoral, mais le préfet
ne pouvait prendre cet arrêté sans avoir d'abord recueilli l'accord des deux parties.
On était dans l'impasse lorsque François-Thomas Hernio est décédé. En Août 1850,
son ami et ancien adjoint Louis Le Calvez s'est installé dans le fauteuil de maire. Très vite, il
s'est arrangé avec le recteur, et dès le 27 novembre 1850, l'arrêté préfectoral de partage a été
signé.
Restait à construire l'école. Louis Le Calvez a fait établir le plan de la bâtisse et le
devis (5292Frs66) par Mr Bigot, architecte départemental. Le 14 août 1851, il a soumis à
l'assemblée des conseillers municipaux et des personnes les plus imposées de la commune, un
plan de financement prévoyant un emprunt de 2000 Frs, et le vote de 10 centimes additionnels
pendant 10 ans pour son amortissement. Le tout a été rejeté. Dépité et découragé, Louis Le
Calvez écrit au préfet préfet :
" L'ASSEMBLEE, A 15 VOIX CONTRE 6, A REPOUSSE
MA PROPOSITION A UNE GRANDE MAJORITE
SE COMPOSANT, IL FAUT LE DIRE, NON SEULEMENT
DE Mr LANASCOL, DELEGUE DE L'ACADEMIE
POUR L'INSTRUCTION PRIMAIRE DE NOTRE COMMUNE,
DE Mr PERROTIN, JUGE DE PAIX DE KERGOZ,
CLORENNEC ET AUTRES PERSONNES AUSSI ECLAIREES,
MAIS ENCORE DE CULTIVATEURS ILLETTRES,
DONT LES ENFANTS SUIVENT LES COURS
DE NOTRE ECOLE COMMUNALE, ENTRAINES QU ILS ONT ETE
PAR DES CONSIDERATIONS TOUT A FAIT HOSTILES
AU PROJET.
EN L'ETAT, Mr LE PREFET, JE NE PUIS QUE M'EN
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4. REMETTRE A LA SAGESSE ET A LA VIGILANCE DE L'ADMI NISTRATION
SUPERIEURE POUR LES MESURES QU'IL RESTE
A PRENDRE AFIN DE METTRE UN TERME A UN ETAT DE CHOSE
PREJUDICIABLE AUX INTERETS DE LA COMMUNE, ET SPECIALEMENT
DES PERES DE FAMILLE QUI NE SONT PAS ASSEZ RICHES POUR ENVOTER
LEURS ENFANTS ETUDIER HORS DE LA COMMUNE. "
Une somme de 1000 Frs fut inscrite au budget du département, et la préfecture
demandait à Paris un secours exceptionnel de 3193 Frs à prélever sur les fonds de l'état.
Le préfet a plaidé de son mieux la cause de ce secours exceptionnel près du ministre de
l'Instruction Publique :
" LE CONTINGENT DE LA COMMMUNE EST EN DESSOUS
DE CE QU'ON ETAIT EN DROIT D'ATTENDRE...
LA COMMUNE DE CLOHARS-FOUESNANT SE TROUVE
DANS DES CONDITIONS PARTICULIERES. ELLE EST MALHEUREUSEMENT
DIVISEE EN DEUX PARTIES BIEN TRANCHEES, ET QU'IL EST IMPOSSIBLE
D'AMENER A SE FAIRE L'UNE A L'AUTRE AUCUNE CONCESSION.
CES REGRETTABLES DIVISIONS ONT POUR EFFET D' EMPECHER LE BIEN
DE SE REALISER, ET C'EST A ELLES QUE L'ON DOIT ATTRIBUER LE
VOTE QUE JE VIENS DE MENTIONNER. TANT QU'ELLES EXISTERONT
ET L'ON NE PEUT ESPERER D'EN VOIR PROCHAINEMENT LE TERME
PARCE QU'ELLES ONT LEUR ORIGINE DANS DES PASSIONS POLITIQUES
ET DES RIVALITES LOCALES DEJA ANCIENNES, IL N'EST PAS PERMIS
D'ENVISAGER LA CONSTRUCTION D'UNE ~MAISON D'ECOLE A CLOHARS.
OR CE SERAIT LA CHOSE TRES FACHEUSE, LE LOCAL QUI SERT
ACTUELLEMENT A LA TENUE DE LA CLASSE N'EST EN EFFET
NULLEMENT APPROPRIE A SA DESTINATION, ET L'ON NE SAURAIT Y
LAISSER PLUS LONGTEMPS L'INSTITUTEUR ET LES ELEVES SANS
COMPROMETTRE GRA VEM:ENT LEUR SANTE. "
Le 14 mai 1852, le ministre a refusé le secours exceptionnel, l'Etat n'entendant pas se
substituer financièrement à une commune qui refusait de s'endetter raisonnablement, et ne
voulant
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6. pas imposer une école neuve aux habitants de Clohars qui n’en voulaient pas.
A la Préfecture, on ne s'est pas découragé. On a entrepris de faire comprendre aux
édiles locaux qu'ils devaient se montrer plus généreux. La tâche n'a pas été facilitée par le
remplacement à la mairie de Louis Le Calvez par Pierre Clorennec.
Comme lors de sa précédente magistrature, le maire a tenté de geler le dossier.
Pendant plus d'un an, il n'a ni obtempéré ni répondu aux lettres du préfet, qui lui demandait de
saisir à nouveau de l'affaire ses conseillers et les plus imposés.
De guerre lasse, et sans doute un peu forcé, il a fini par céder Le 13 février 1854, il a
fait voter un emprunt de 1200 Frs. Le moment n'était pas mal choisi, le ministre étant alors
plus disposer à délier les cordons de sa bourse.
On doit pouvoir établir comme suit le financement de la construction de la première maison
d'école de Clohars-Fouesnant :
Commune
3092,66
Etat
1200,00
Département 1000,00
5292,66
La réalisation des travaux a été confiée à Mr Gassis, entrepreneur à Chateaulin. Ils ont été
terminés en aôut 1856.
« CETTE ECOLE COMPREND UNE CUISINE ET UNE SALLE
DE CLASSE SUFFISANTES AU REZ DE CHAUSSEE;
AU PREMIER ETAGE DEUX CHMBRES ET UN CABINET,
MAIS ON N'Y TROUVE NI LIEU DE DECHARGE, NI CELLIER,
NI BUCHER,
CE QUI EST FORT INCOMMODE POUR L' INSTITUTEUR."
Ajoutant encore à cette incommodité, Pierre Clorennec n'a pas tardé à installer sa
mairie dans l'une des pièces prévues pour le logement de l'instituteur !
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Source:
L'essentiel de cet article a été puisé dans un dossier conservé aux Archives
Départementales du Finistère sous la côte 2 O 272.
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