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Chroniques de Fouesnant - v
1. Pierre BOUSSARD
Marie-Louise LARZUL et François COSQUERIC
Missionnaire à Malacca,
François Corentin Le Mahec
a consacré sa vie à son
diocèse,
en Malaisie.
Rien ne prédestinait François Corentin
Le Mahec à la vie de missionnaire. C’est
pourtant à cet enfant du pays, fils et petitfils de bedeau que l’on doit la création de
missions à Malacca, en Malaisie. Avant de
devenir le père Le Mahec, le jeune
François a grandi au bourg de Gouesnac’h,
dans une Bretagne bretonnante, élevé par
de pieux parents qui le laissèrent orphelin
de bonne heure.
François Le Mahec est né le 10 mars 1875
au bourg de Gouesnac’h. Son père, Izidore,
avait épousé Marie-Jeanne Lalaison, à
Gouesnac’h, le 11 juillet 1864. François n’avait que 2 ans, lorsque sa mère est décédée. Son
père s’est remarié le 14 juillet 1878, avec Marie-Anne Donnard.
Une famille de bedeaux
Il avait un frère aîné, Isidore né en 1865, qui a succédé à son père à la charge de bedeau.
Celui-ci a été l’avant-dernier sonneur de cloche. Aujourd’hui encore, de nombreuses
personnes se souviennent de son successeur : Hervé Marzin résidait chez ses enfants, Jean et
Mimi Dantec, qui tenait le bar épicerie, station essence, à la sortie du bourg de Gouesnac’h,
en direction de Quimper. Les enfants d’Isidore Le Mahec (neveux de François) au nombre de
huit, ont tous immigré à Paris, entre 1918 et 1940.
Son grand-père, Isidore Le Mahec (1813-1887), fut également bedeau à Gouesnac’h. De
même, que son arrière-grand-père, Guillaume Le Berre (1778-1844). Ce dernier habitait la
ferme de Kerveur.
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2. Un bretonnant
Entré à 14 ans à l’école apostolique, à Poitiers, François Le Mahec s’exprime dans sa
langue maternelle, le breton. Ce qui ne l’empêche pas de réussir brillamment sa rhétorique. A
17 ans, il décide de devenir missionnaire et intègre comme laïc, le séminaire des missions
étrangères de l’Immaculée Conception, à Bièvres, le 7 septembre 1892. Ses études sont
interrompues durant son service militaire, qu’il réalisa à l’âge de 19 ans, en devançant l’appel
sous les drapeaux (il est soldat au 118è de ligne à Quimper).
Ordonné prêtre le 26 septembre 1897, François Le Mahec est alors l’un des plus jeunes de
son cours. Il revient faire une visite d’adieux à sa Bretagne. Son séjour est court. Le 21
novembre il quitte le port de Marseille. Direction Singapour, où il débarque les jours
précédant les fêtes de Noël. La paroisse indienne de Penang l’attend, car elle n’a plus de
prêtre en résidence, depuis plus de 3 mois. Monseigneur Fée, se charge lui-même de l’y
conduire. Là, il est placé sous la direction du père Renard qui a en charge la paroisse de Poulo
Tikus. Pour communiquer avec ses paroissiens, il fait immédiatement l’apprentissage du
tamoul. En parallèle, il apprend également l’anglais, langue officielle de la Malaisie, ainsi
qu’un peu de Malais. Il apprend donc à pratiquer 6 langues ensemble : le français, le latin, le
breton, l’anglais, le tamoul et le malais. Dans ses lettres il reconnaît parfois un peu tout
mélanger.
Construction d’une église à BaganSerai
Le père Diridollou, l’un de ses
compatriotes, décède ; François Le Mahec est
appelé à lui succéder en juillet 1898, auprès
des indiens de Bagan-Sérai. Le site dispose de
deux écoles, d’un presbytère acceptable et
d’une église. Cette dernière, n’est en réalité
qu’un simple hangar. Son souci va donc être
double. D’une part, construire une église
digne de ce nom ; D’autre part, il lui fallait
pousser les chrétiens à cultiver leurs rizières,
car le peu de résultats ne les encourageait
guère à poursuivre le travail de leur terrain.
François n’hésite pas à donner de sa
personne, en participant aux travaux dans la
rizière, les pieds dans l’eau, la tête brûlée par
le soleil. On devine aisément que la situation
n’est guère propice à élever une nouvelle
église. Néanmoins, en mai 1905, il posait la
première pierre.
Le 10 septembre 1905, Monseigneur Barillon, viendra bénir son église. Nous fêtons cette
année le centenaire de cette église, toujours en pleine activité.
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3. Construction d’une deuxième église et projet d’une troisième
Jusqu’en 1910, il restera à Bagan Serai où, depuis peu, la population jouissait d’un
quotidien meilleur, grâce à la venue du chemin de fer, de l’irrigation des rizières… Lorsque
ses supérieurs lui demandent de fonder le poste indien de Kuala Lumpur, il s’empresse
d’accepter. Sa mission consiste alors à fonder une paroisse exclusivement composée par les
indiens. Aux difficultés matérielles qui attendaient François Le Mahec, s’ajoutent des
problèmes de divisions entre chrétiens. En 1913, la nouvelle église est achevée. Les fonds
recueillis n’ont pas permis au missionnaire de la construire aussi grande qu’il l’aurait
souhaité, et qu’il aurait fallu ; la population en constante augmentation réclamait un plus
grand espace de prière. A ce moment-là, son ministère l’amène également à s’occuper des
milliers d’indiens qui travaillent dans les plantations de caoutchouc.
En 1920, François Le Mahec revient en
France, notamment en Bretagne, afin de se
refaire une santé. Un congé bien mérité, dont il
saura profiter pour reprendre des forces.
Il retrouve sa mission. Ce sera l’occasion de
bénir les trois cloches qui ornent l’église SaintAntoine. En 1923, il laisse son baraquement de
fortune, pour aménager dans un presbytère
flambant neuf.
L’année
suivante,
correspond
avec
l’ouverture d’une école de filles, à l’initiative
des dames de Saint-Maur, et construite à
proximité de Kuala Lumpur. Déjà, le père a
lancé l’idée d’une église pour les 600 chrétiens
de cette localité. Nous sommes en 1926. Les
plans sont dessinés. Hélas, il n’ira pas au bout
de ce projet qui lui tenait à cœur.
Le père Le Mahec repose depuis 1927 à Berh Road
Atteint d’un cancer du palais, le père Le Mahec est opéré avec succès à Singapour, en
septembre 1926. Il effectue quelques semaines de convalescence. Malgré des difficultés de
paroles, il retrouve sa paroisse. Durant les 6 mois qui vont suivre, il va être confronté à des
souffrances continuelles. Une crise violente survint le 10 mai 1927, et le fit s’éteindre à deux
heures du matin, à Kuala Lumpur. Ses obsèques furent célébrées le lendemain, en présence de
vingt pères ; ses paroissiens remplirent l’église que le défunt avait décidé d’édifier.
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4. D’un tempérament timide et réservé, François Le
Mahec était animé d’un grand esprit de foi. Il repose
en Malaisie, dans une sépulture à Berh Road.
Au cours de sa mission auprès des indiens
Tamoul, il n’a cependant jamais oublié sa Bretagne
natale, et dans toute sa correspondance avec sa
famille, la langue bretonne est souvent présente.
Correction en 1894, de l’acte de naissance
(1875)
Le procureur de la République près le tribunal de
première instance de Quimper, a l’honneur
d’exposer que :
« Le Mahec François Corentin, est né à
Gouesnac’h le 10 mars 1875, du légitime mariage
de Le Mahec Ysidore et de Jeanne Lalaison ; Que
néanmoins, et par erreur, l’acte de naissance n’a
pas été rapporté ; Qu’il importe de réparer cette omission ; Le Mahec ayant toujours joui de
la possession constante de fils légitime de Le Mahec Ysidore et de Jeanne Lalaison ; Qu’il
importe également de rectifier l’acte de mariage des époux Le Mahec, auteurs de Le Mahec
François Corentin, célébré en la mairie de Gouesnac’h, le 11 juillet 1864, en ce que Mahec
Isidore sera dit Le Mahec Isidore, comme il est écrit à son acte de naissance enregistré aux
registres des naissances de la commune de Gouesnac’h, à la date du 6 mai 1842.
En conséquence, vu les pièces produites constatant l’indigence,
Vu les articles de la loi du 10 Xbre 1850,
Requiert qu’il plaise au tribunal, rendre un jugement déclarant constatant à la date du 10
mars 1875, la naissance à Gouesnac’h, de Le Mahec François Corentin, filiation que cidessus, dire que l’acte de mariage des époux Le Mahec, célébré en la mairie de Gouesnac’h,
le 04 juillet 1864, sera rectifié en ce sens, que Mahec Isidore sera dit, Le Mahec Ysidore,
comme il est écrit en son acte de naissance.
Le jugement sera visé pour timbre et enregistré gratis, en vertu de la loi du 10 décembre
1850, au parquet à Quimper, le 03 avril 1894.
Pour le procureur de la république. Signé : Vidal.
Le maire de Gouesnac’h :
G. de la Sablière. »
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