La Fédération Française des Télécoms conduit une réflexion permanente sur les problématiques et l’évolution du secteur des télécoms. C’est dans ce cadre qu’elle a demandé à Joëlle Menrath et Laurence Allard, chercheuses chez Discours & Pratiques, d’analyser l’ensemble des facettes de la vie connectée des Français, dont la vie citoyenne. En particulier de faire un zoom sur les élections présidentielles afin de regarder le rapport des français à la politique qui s’installe via le numérique.
Étude économique 2020 | Les Télécoms : premiers acteurs du numérique
Le nouveau rapport à la politique du citoyen connecté à l’heure du numérique
1. Etre un citoyen connecté pendant la campagne présidentielle
Une enquête ethnographique
2. La question de notre enquête :
Comment les citoyens vivent-ils leur campagne électorale entre
tv, radio, internet, ordinateurs, tablettes et téléphones
mobiles ?
2
4. Notre terrain d’enquête
2 enquêteurs :
Laurence Allard, maîtresse de conférences en Sciences de l’Information et de la
Communication à l’Université de Lille 3 – Paris 3/IRCAV
Joëlle Menrath, directrice de Discours & Pratiques
En temps réel pendant la durée de la campagne
Ethnographie digitale : • Observations sur les réseaux sociaux, forums, blogs, sites de
presse
• Analyses de SMS, MMS et photos mobiles
• Analyse d’une centaine de mails (associés à des diaporamas)
transférés quotidiennement par nos interviewés
• Aspiration de tweets pendant l’émission "Des Paroles et des
Actes" et le débat entre Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Observations ethnographiques dans les meetings, les bureaux de vote, les espaces
publics
30 entretiens de longue durée auprès de personnes de milieux sociaux contrastés
Une 30aine d’ entretiens à la volée
3 secteurs géographiques investigués :
Paris et région parisienne, Lisieux et villages alentours, Strasbourg et villages alentours 4
5. 1.
Les citoyens ont tous leur manière propre de
pratiquer activement l’information politique, et de
refuser d’être de simples spectateurs.
5
7. Une journée transmédia de Yves,
cadre supérieur de santé dans un hôpital
psychiatrique, Hoerdt (67)
7h 8h 9h 12 h 17 h 19 h 20 h
7
8. Les combinaisons transmédiatiques des citoyens connectés
« Je lis les articles que je
n’ai pas pu lire dans la
journée »
7h 8h 9h 12 h 17 h 19 h 20 h
8
9. Quelle que soit leur panoplie propre d’outils et de média, nos interviewés
opèrent tous un partage entre
pratiquer l’information politique et en être le simple spectateur
« Dans les matinales sur France Inter ou sur Europe 1, j’ai tout ce
qu’il y a à la télé la veille en mieux : les commentaires des
candidats sur leur prestations télévisuelle, les analyses des
journalistes et des experts. J’ai une variété de points de vue, ça me
fait réfléchir. La télé, non.
C’est comme pour le sport : j’adore faire du sport, mais c’est pas
pour autant que j’aime regarder un match à la télé. »
Pierre, 43 ans, commercial, Strasbourg.
« Pour savoir qui voter, je regarde les commentaires de la télé dans
l’Eveil. Là ils expliquent, ils critiquent : on a le point de vue du
journaliste. Quand je regarde un discours en entier à la télé, pour
moi, c’est comme regarder un film, c’est du spectacle, j’y crois pas
une seconde. C’est pas avec ça que je vais me décider. » ,
Jacqueline, 58 ans, chauffeure routier retraitée, Bailleul la Vallée
(27)
« Je préfère les extraits de débats télévisés sur Internet car je sais
de quoi ça va parler. Il y a le titre dans le thème. Ça résume en gros
ce qu’a dit le candidat. Les débats à la télévision, j’arrive pas à
regarder, faut rester devant. »
Adèle, étudiante, 20 ans, Paris, j-32 1er tour.
9
10. Cette campagne a été marquée par une rupture avec la position
spectatorielle comme assignation à un format, à un temps, à un lieu,
et à une attitude.
Quand refuser d’être spectateur est
une prise de position politique
« Eh bien moi, je n’ai pas regardé Sarko à la télé
dimanche soir : j’ai regardé toutes les chaînes sauf
lui. Je ne veux pas me laisser dicter un horaire par
lui. Je préfère regarder après sur Internet , des
petits extraits vidéos, avec des commentaires. Je
ne veux pas juste écouter du blabla, et on sait que
Sarko, il est fort pour nous entourlouper »
Chauffeur de taxi, Paris, j-35 1er tour.
« The Spectator» (1711-1712), origine historique du statut
spectatoriel du citoyen, qui consistait à commenter à voix
haute avec d’autres ses lectures dans un café.
10
11. La prédilection pour les deuxièmes temps de l’information
Le goût du off Décrypter avec d’autres soi-mêmes
« Une séquence avec une faute de
langage comme la « méprisance », je vais
sur Internet quand j’ en ai entendu parler
sur France inter et je vais le réécouter en « Les journalistes ils sont tous formatés, il y a pas
extrait sur DailyMotion, Youtube. » d’autodidactes. Voilà pourquoi sur Internet, il y a des
Samuel, 39 ans, Paris, j-18 1er tour. trucs sympas. Internet, cela peut être bon ou
mauvais , c’est le discours de chacun. », Valérie,
coiffeuse, 51 ans, Paris, j-6 1er tour.
« Les vidéos off, on voit le fond de la
personne, sans langage policé, sans
discours qui se répète. »
Laurence, commerciale, Strasbourg, j – 5
1er tour
11
12. Parler politique en 140 caractères : l’exemple des débats
télévisuels mis en observation collective
• Re-scénariser le débat
12
13. Parler politique en 140 caractères : l’exemple des débats
télévisuels mis en observation collective
• Re-scénariser le débat
• Focaliser le regard sur des détails
13
14. Parler politique en 140 caractères : l’exemple des débats
télévisuels mis en observation collective
• Re-scénariser le débat
• Focaliser le regard sur des détails
• Faire voir les coulisses
14
15. Parler politique en 140 caractères : l’exemple des débats
télévisuels mis en observation collective
• Re-scénariser le débat
• Focaliser le regard sur des détails
• Faire voir les coulisses
• Déconstruire la matière formelle du
discours politique : gestes,
apparences, physionomie
corporelle et langagière …
15
16. Parler politique en 140 caractères : l’exemple des débats
télévisuels mis en observation collective
• Re-scénariser le débat
• Focaliser le regard sur des détails
• Faire voir les coulisses
• Fédérer autour d’un canal
sémantique : #
16
17. Au moyen de leur panoplie d’outils et de médias, les citoyens
connectés sont les protagonistes de la campagne électorale.
« Si le JT m’intéresse, je mets sur pause sur la box et je
couche les enfants »,
Sabine, en recherche d’emploi, 35 ans, Paris, j-18 1er tour
17
18. La télévision et ses médiamorphoses :
« pour regarder la télé, je passe par ça … »
Les programmes télé
« Je regarde la télé avec mon ordinateur à côté pour aller voir les chiffres des
La télé connectée : le
sondages », Henri, 35 ans, technicien, Bailleul la Vallée (27)
double screening
Titres des fils
« Je retrouve les titres du JT sur mon portail Orange », Marie, 38 ans,
d’information ou
institutrice, Cormeilles (27)
des portails mails
Emission de radio « Je suis les programmes télé sur les élections à travers la radio le
lendemain matin », Pierre, 43 ans, commercial, Strasbourg
Extraits vidéos sur « Je regarde des extraits de débats à partir des gens qui les
partagent sur Youtube. Je regarde en fonction du titre si ça
Internet
va m’intéresser », Amina, 19 ans, étudiante en design
commercial, Paris
Commentaires des « Je n’étais pas chez moi : j’ai suivi le débat DPDA sur
émissions sur Twitter », Florence, 42 ans, architecte, Paris
Twitter /Facebook
Applications pour
tablette tactile
« La télévision n me sert que d’écran, je regarde
la télé en rattrapage sur l’iPad avec l’appli
France 2 », Luc, 51 ans, diplomate, Paris, j – 4.
18
19. 2.
Le tabou du « parler politique » n’est pas levé par
Internet.
19
21. Parler politique par image …pour ne pas parler politique :
nouvelles images édifiantes
Les …
Mail envoyé par C., retraité, ancien électronicien, à 10 de ses contacts, Souffelweyersheim (67)
21
22. Parler politique par image … pour ne pas parler politique
Posts d’images détournées et commentaires sur
la forme :
Quand la conversation politique porte sur
la matière formelle du débat
22
24. Quelques stratégies d’énonciation politiques pour
dire sans dire
Liker : une fonctionnalité polysémique
Exprimer son vote par un avatar, ou par
un message codé.
24
25. Quelques stratégies d’énonciation politiques pour
dire sans dire
Liker : une fonctionnalité polysémique
Exprimer son vote par un avatar, ou par
un message codé.
Parler politique par articles de presse
interposés
25
26. Quelques stratégies d’énonciation politiques pour
dire sans dire
Liker : une fonctionnalité polysémique
Exprimer son vote par un avatar, ou par
un message codé.
Parler politique par articles de presse
interposés
Prendre position indirectement
par un « RT »
26
27. Dans les échanges de mails comme sur les réseaux sociaux,
la norme sociale est celle de l’évitement civique (1/2)
D’après une enquête américaine de Pew
Internet, si 75% des usagers de fb postent
Certes, l’élection présidentielle est des contenus politiques, 66% les ignorent
devenue un sujet de conversation sur les (mars 2012)
réseaux sociaux et dans les échanges par
mails. D’après une enquête Publicis Consultants
/ Net Intelligenz, les pages des candidats
ont peu de fans actifs communs, preuve
Mais, en dépit des divergences, ces qu’on ne peut pas parler de « débat
contenus ne donnent que très rarement politique » sur le réseau social, Avril 2012
lieu à un débat.
27
28. Dans les échanges de mails comme sur les réseaux sociaux,
la norme sociale est celle de l’évitement civique (2/2)
Facebook : Editer le débat
«Il y a eu une esclandre avec une « amie
Cette norme sociale peut être Facebook » J’ai découvert qu’elle était
transgressée : elle donne lieu alors à des Chevènementiste quand elle a réagi à un
article que j’ai posté autour de Chevènement et
réparations son ralliement à Hollande. Elle a commenté en
disant : « Je ne supporte pas que tu insultes
Chevènement.» J’étais géné, je me suis
excusé par commentaire.»
Laurent, 51 ans, employé de banque, Paris, j-4
1er tour.
Twitter : Occuper le terrain d’une
guérilla sémantique
28
30. Dans le secret de l’isoloir ? Ce qui se montre de l’intimité civique
30
31. 3.
Les outils connectés permettent de transformer le
devoir civique en bon plaisir numérique.
31
32. Comment transformer son devoir civique en plaisir numérique (1/2)
« J’aime pas être assis trop longtemps devant la
télé pour les discours parce qu’au bout d’un
Un plaisir qui tient à l’adaptabilité moment j’ai mal au dos. Donc j’arrête quand j’en
propre aux outils numériques ai marre de rester assis, et je passe sur
l’ordinateur, où je vais tout trouver, à mon
rythme »
• aux contraintes des situations de vie
• aux capacités sensorielles « Dans le bus, avec mon iPhone je profite des 20
minutes de trajets pour écouter France Inter, et
• aux dispositions corporelles selon les sujets qui m’intéressent, je vais lire plus
à fond les articles. »
« Je me suis assez ennuyé devant les débats
télévisés, j’en ai vu des campagnes : maintenant ,
dès que je sens que cela m’ennuie, je change de
chaîne, et le lendemain, je vois ce qui s’est passé
sur Internet. ».
32
33. Comment transformer son devoir civique en plaisir numérique (2/2)
Se distraire du politique … avec le
politique
« Je regarde les débats avec le livetweet de Libé ou je
regarde sur Twitter sans avoir de comptes. Twitter ça a un
petit côté match, second degré.»,Attaché Territorial, 35 ans,
Meeting Hollande, Vincennes, j-7 1er tour.
« Je n’accède à la politique qu’à partir de Facebook, et de ce
que postent mes amis. Sinon, ça m’ennuie. », Carole, 43
ans, esthéticienne, Strasbourg, J – 2, 1er tour.
33
34. Mais détourner le politique n’équivaut pas à
s’en détourner
Démonter la communication politique
n’implique pas une perte d’exigence vis-à-
vis du politique
« Le président devient le joujou de tout le monde. A force, il est désacralisé. On a le
sentiment qu’on peut aller lui parler au bistrot du coin. Dans un blog, j’ai même lu une
comparaison du président avec du Lactimel. », Yacine, 20 ans, étudiant, Paris, J - 20
« C’est au président de se débrouiller pour qu’il ne soit pas caricaturé »
Sofia, étudiante, 20 ans, Châtenay Malabry, j-32 , 1er tour
34
35. 4.
Internet joue le rôle d’un observatoire pluraliste
favorisant la curiosité politique.
35
37. Le numérique au service d’un usage stéréophonique de la
politique
Suivre plusieurs comptes de candidats simultanément
« Je ne sais plus qui dit quoi entre mes différents comptes de
gauche. Si je regarde la tv, je vote Mélenchon. En suivant Twitter je
ne sais plus trop entre Mélenchon et Eva Joly qui a dit quoi. Je me
déciderais après les premiers sondages qui sortiront sur Twitter »,
Pierre, 40 ans, développeur, j-33 1er tour
Prendre connaissance d’idées politiques hors de la seule logique partisane
« Je suis allée voir aussi le site de Marine Le Pen. C’est une
nouvelle façon de s’informer. J’ose accéder à des choses comme
ça. Autrefois, cela signifiait aller acheter Minute chez mon
marchand de journaux. Le site de Le Pen est gratuit, l’anonymat ne
nous engage pas. », Lucien, 51 ans, Paris, j-4, 1er tour.
Regarder un débat télévisé tout en lisant sur Twitter les réactions de l’autre camp
« Je regarde les débats avec Twitter pour se marrer et voir
comment les mecs de droite réagissent. Par exemple, je suis le
compte de Coppé pour voir ce qu’il dit sur Hollande. », Attaché
Territorial, 35 ans, meeting Hollande à Vincennes, 15 avril 2012, j-7
1er tour.
S’observer entre militants
« Je vais aussi poster sur les forums du Figaro et de Libération.
On s’aperçoit en fait qu’il y a plus de gens à droite sur les forums
de Libé et plus de gauche sur celui du Figaro. » 37
38. Twitter comme espace de ressources oppositionnelles
Corpus de Des paroles et des actes de Nicolas Sarkozy du 6 mars:
• 1467 tweets sur 3 minutes entre 22h19 et 22h22
• dont 1430 tweets uniques, 791 RT et 87 liens : articles anti-sarkozy pour les 2/3
• A savoir que pour #ledébat 500 000 tweets émis par 90 000 internautes
38
39. 5.
La campagne 2012 a inauguré de nouvelles formes
de militance connectée, qui privilégient la parole
libre.
39
40. La gamme large de la militance connectée
« Toute la campagne se fait par la boite mail de
Facebook. A un moment, il y a eu des photos des
Plutôt que comme espace de débat, équipes de porte à porte qui ont circulé par SMS. Au
Internet a été utilisé comme un outil de début. Elles étaient aussi sur Facebook. Pour se
mobilisation par les militants : stimuler.
Mais en fait, j’ai toutes les infos à la cellule. Je ne
• Boites mails regarde pas toujours la boite mail, ça fait trop, ça fait
doublon. L’info, je l’ai. », Militante PS, «génération
papier », Meeting Hollande Vincennes, j-6 1er tour.
• SMS/MMS
• Groupes Facebook « Quand on adhère à la page jeune UMP on est
informé par mails –dans la boite de réception – des
meetings, de réunions, des débats », Caissière,
• Comptes personnels de réseaux Meeting Sarkozy, j-6 1er tour
sociaux
« Je mets des photos de séquence au tractage au
marché sur mon Facebook pour donner envie aux
« Là je viens de recevoir un SMS de « Nicolas Sarkozy », autres militants », Militant UMP, 25 ans, Meetting
Carole, enseignante, 31 ans, Paris, j-2 1er tour. UMP à Souffelweyersheim (67)
40
41. La gamme large de la militance connectée
« Poster mon opinion sur Facebook, c’est ma façon à
moi de militer.» , Lucien, 51 ans, diplomate, j-4 1er tour.
« Je milite avec Internet autant qu’une personne sur les
marchés, cela me prend du temps et je trouve que c’est
Une forme spécifique de militance, la aussi valable », Militante UMP, Meeting Sarkozy, Place
de la Concorde, le 15 avril 2012.
militance par la parole est promue par
Internet.
Cette forme de militance élargit le
cercle des engagés potentiels : poster
son opinion devient une façon de
militer.
41
42. Les techniques digitales de la parole militante :
les petits mots qui circulent, préférés aux consignes
«On sent sur Twitter, plein de petits mots « France
Facebook et Twitter, réserves de Forte, Majorité silencieuse, Peuple de France », des
paroles et chambres d’écho de la hashtags et ça me suffit comme éléments de
langage. Pour le reste, je prends ma formulation à
parole militante moi : je ne suis pas béni oui oui », Carole, 31 ans,
enseignante, militante UMP, Paris, j-1 1er tour.
42
43. Les techniques digitales de la parole militante :
les petits mots qui circulent préférés aux consignes
« Quand il y a un débat à la télé, j’ai facebook ouvert
et un word ouvert dans lequel je note les choses
importantes. Et à la fin de l’émission, je vais une
La fabrique de la parole militante : synthèse pour Facebook. Je vais me focaliser sur 3
propositions. Ensuite, je refais une synthèse pour
Twitter, ça donne plus de mal .», Carole, 31 ans,
• occuper le terrain : la guerre des enseignante, militante UMP, Paris, j-2 1er tour
hastags ou canaliser
« Sur Twitter, je vais voir quelles phrases sont bien
la parole militante. retweetées, quelles formulations fonctionnent. Faut
trouver un juste milieu entre « intello » et « proche
des gens. », Olivier, 38 ans, militant PS, Paris, j-5 1er
tour.
• travailler la parole « en réception »
La cellule Twitter du Meeting Eva Joly du 18 avril 2012 au
Cirque d’Hiver. L’un fait des tweets d’après un document du
discours que prononce en direct la candidate, tandis que
l’autre regarde Twitter sur son smartphone pour retweeter
les bons tweets, ceux qui sont « biens vus », « bien dits.»
43
44. 6.
La nouveauté de la campagne 2012, c’est la
métamorphose des espaces publics par la
connexion.
44
45. Nouveaux espaces publics hybrides : espace de conversation
autour des outils numériques connectés
Le bus 3G Le véhicule de co-voiturage
« L’autre soir, je suis partie tôt d’un dîner où on a « Si j’ai pas accès à l’info, si j’ai raté un épisode, les
parlé de la position de la gauche sur l’enthanasie. rebondissements, je demande dans la voiture [de co-
Dans le bus, j’ai tapé « Hollande euthanasie », et j’ai voiturage] ce qui s’est passé.Et on me montre sur le
trouvé une vidéo d’Hollande qui s’exprimait sur le mobile », Nadia, salariée d'association, 35 ans,
sujet, et je l’ai envoyé tout de suite avec mon iPhone. Nancy, j-16.
Ils m’ont dit ensuite qu’en regardant ma vidéo, ils en
ont parlé », Laurence, consultante, 29 ans, Paris.
Le banc connecté
« Dans la cour de l’immeuble, on parle de tout, de
politique avec des amis, des jeunes de 25 ans à 28
ans. Il y a un cour avec un petit jardin et un banc.
Souvent, on y pose le portable avec la wifi. On se
refile les codes qui marchent le mieux. Il y a 7 à 15
personnes le soir. Et en fonction du sujet, on tape un
mot-clé et c’est parti. On discute, on va voir des
articles, un site, on continue nos recherches. Il y a en
qui sont un peu calés et qui vont trouver des infos
sympas, des trucs qu’on a pas lu. », Arnaud, 50 ans,
technicien au chômage, Paris.
45
46. La véritable nouveauté de la campagne 2012 :
le meeting en plein air connecté.
Assister à un meeting un portable à la main pour :
• Envoyer des photos en direct à ses proches
• Faire des photos ou des vidéos
pour les conserver ou les poster plus tard
• Envoyer des SMS pour se retrouver
• Poster des statuts et des photos sur Facebook
• Se checker comme une façon de dire
sa « position »
• Chercher sur Twitter à avoir des informations
sur ce qui est en train de se passer dans le meeting
Fabrice à Waterloo
« Là je cherche du réseau pour aller sur Twitter et voir les tweets du staff de Hollande car je connais
quelqu’un qui y est. Pour savoir quand Hollande va parler etc. », Etudiante, Sciences Po, Meeting Hollande,
Vincennes, j-6. 46
47. Sur les places publiques qui mobilisent des foules,
la connexion peut prendre une signification politique.
La connexion comme support La déconnexion comme condition de
transnational entre ici et là-bas formation d’un collectif ici et maintenant
47
C’est une autre promesse de la webcampagne que nous avons en ligne de mire ici ; « le média c’est nous ! » Cette part active prise dans la campagne se traduit a minima par la mise en place pour chaque citoyen de cycles transmédiatiques qui lui sont propres. Autrement dit :
Aujourd’hui quand on est électeur "On remarque par ailleurs que les portails Internet sont particulièrement cités par les plus âgés (73% des personnes de 65 ans et plus) tandis que les sites de grands médias le sont plus par les étudiants (63%) ou les cadres et professions libérales (69%). Il est aussi intéressant de constater que les médias sociaux sont particulièrement utilisés par les CSP- quand il s'agit de s'informer sur l'élection (25% au lieu de 15% en moyenne) mais aussi par les hommes de 25 à 34 ans (31%), le signe peut-être d'une tendance en train de se diffuser."
Point important : les individus choisissent moins des médias, que des agencements entre un moment, un outil, un média ….
Point important : les individus choisissent moins des médias, que des agencements entre un moment, un outil, un média ….
Personne n’est dupe Pas de naîveté vis-à-vis du politique comme communication , que chacun peut aisément détourner mais chacun peut attendre autre chose … Sur ce terrain on fait mumuse, mais la poltique ne se dissout pas dans le Quelles leçons sur le politique tirer de ces pratiques de partage de détournements d’images ? Dans un contexte où le visionnement de vidéos humoristique sur la politique s’élève à 20% et constitue le deuxième usage d’Internet après la recherche d’information. Certains articles de presse laissent à penser que la politique est soluble dan le LOL. On peut aimer visionner les vidéos mais ne pas les partager sur les réseaux sociaux par esprit de sérieux. « Sur Dailymotion, je vais voir les parodies où on se moque de Hollande. Mais je ne les partage pas sur Facebook ce n’est pas la vie réelle. » (Militante UMP, Meeting Sarkozy) Pour la génération nourrie aux vidéos LOL (33% regardent des vidéos LOL, CSA, Elections 2012, 11 avril 2012), ces pratiques de détournement loin de désacraliser la figure présidentielle rendent plus exigeant encore envers le politique La désacralisation du politique qui se joue dans ces caricatures n’est pas l’horizon des pratiques
Point important : les individus choisissent moins des médias, que des agencements entre un moment, un outil, un média ….
Etre spectateur d’un côté / exercer son point de vue de l’autre. Il y a des spécialisations mais celles qui ont été assignées Pas d’assignation de fonctions aussi fermes : une valeur de discussion / ou de mobilisation Des attitudes qui sont équipées par différents outils (savoir plus, autrement, tout écouter ( ex : celui qui écoute tout : occupe le terrain de l’information comme le sportif occupe son terrain de sport ) : le savoir en alerte ; garder en alerte son esprit critique rapport de praticien de l’information ( travail de vérification, de recoupement, …) même quand on écoute tout on a le sentiment de pratiquer l’information ( la distribution des fonctions n’est pas celle qu’on croit) (redonner un nouveau sens au praticien) : le praticien va jusuq’à l’auditeur assidu, autrement quelques soient leurs combinaisons d’outils et de médias, les utilisateurs répartissent les rôles, dédient des fonctions à certains outils … affecte au rôle : réaffectation : spécialisation dans l’usage entre praticien et spectateur ) Même s’ils donnent l’impression d’être des ultra-spectateurs / ultra auditeurs : ils préfèrent se décrire comme des praticiens actifs
Un très bon exemple de ce rôle de protagoniste qu’on se donne , c’est le refis d’être spectateur , au sens traditionnel du terme. les gens inventent des cycles médiatiques, Il s’agit de ne pas être un audimat, de ne pas être un spectateur passif. C’est un petit geste politique que de s’extraire du public télévisuel comme audimat et de regarder après coup, par extraits sur le mode du décryptage, de l’analyse.
Un des usages de twitter dans le cadre du double screening qui consister à ne pas voir sans décrypter typique d’un double agir que nous avons repéré dans une enquête »Vie intérieure connectée. » est une séance de décrypage collectif, entre anonymes sous un mode sportifié ou ludifié.
Les double agir : Intégrer le deuxième temps dans le temps de la vision – ne pas voir sans décrypter … Ne pas voir sans photographier / Ne pas voir sans lire par ailleurs des commentaires : les sous-titrage consubtsanciel ; dans le même mouvement voir, écouter, analyser …
Les double agir : Intégrer le deuxième temps dans le temps de la vision – ne pas voir sans décrypter … Ne pas voir sans photographier / Ne pas voir sans lire par ailleurs des commentaires : les sous-titrage consubtsanciel ; dans le même mouvement voir, écouter, analyser …
Les double agir : Intégrer le deuxième temps dans le temps de la vision – ne pas voir sans décrypter … Ne pas voir sans photographier / Ne pas voir sans lire par ailleurs des commentaires : les sous-titrage consubtsanciel ; dans le même mouvement voir, écouter, analyser …
Les double agir : Intégrer le deuxième temps dans le temps de la vision – ne pas voir sans décrypter … Ne pas voir sans photographier / Ne pas voir sans lire par ailleurs des commentaires : les sous-titrage consubtsanciel ; dans le même mouvement voir, écouter, analyser …
Contexte nouveau lié aux rôles potentiels des citoyens connectés qui peuvent être lecteurs, spectateurs, commentateurs, auteurs de statuts de posts, de billets de tweets …. Les attentes étaient grandes dans un contexte nouveau ou les outils numériques confèrent aux citoyens d’autres rôles
Consécration de la télé sociale : invitation à commenter la télé avec twitter
C’est une autre promesse de la webcampagne que nous avons en ligne de mire ici ; « le média c’est nous ! » Cette part active prise dans la campagne se traduit a minima par la mise en place pour chaque citoyen de cycles transmédiatiques qui lui sont propres. Autrement dit :
Sur facebook, dans les mails, comme partout, l’élection a aimanté les échanges : c’est devenu un sujet. Mais comment parle-t-on politique sur Internet Eh bien, comme dans les situations d’interaction directe, parler politique c’est privé et la pudeur demeure. . Tout le travail expressif des internautes est au service de la certitude partagée selon laquelle, à la ville comme sur les écrans, « l’opinion politique est personnelle ». C’est pourquoi, sur les réseaux sociaux, comme par mail, on utilise des procédés indirects, humoristiques, imagés, on commente la forme plus que le fond ou encore on parle politique par articles de presse interposés : en somme, l’expression politique existe bien sur les réseaux scoiaux mais pas massivement sous la forme traditionnelle d’un débat argumenté et contradictoire où chacun défendrait de façon explicitement sa position. Cette expression reste toujours indirecte, à décrypter, Ces images prêtes à être likées sont tels des masques pour nos opinions politiques sur les sites de réseaux sociaux. Même quand le choix de vote donne lieu, le jour J, à ce qui s’apparente à un « coming out » ( prendre l’avatar de son candidat, poster la photo de son bulletin de vote, écrire son soulagement ou sa déception, le lundi matin et « nettoyer » son profil le lendemain), ce qui se montre du secret de l’isoloir ne se dévoile pas sans élaboration sur les réseaux sociaux. On ne s’expose pas politiquement et par conséquence on débat rarrmeent très directement. C’est ce que nous appelons l’évitement civique à la suite de Goffman ! Le sociologue Erving Goffman parlait d’ « inattention civile » pour désigner les comportements par lesquels on reconnaît l’autre comme un interlocuteur possible, tout en ne s’engageant pas dans l’interaction. Nous formulons quant à nous l’hypothèse que « l’évitement civique » constitue la norme sociale qui régit les échanges politiques sur les réseaux sociaux. Cette norme peut être transgressée, (chacun a des exemples) comme toutes les normes, mais alors cela suppose réparations, nettoyage de profils : et les rares débats qu’on trouve sur facebook donnent lieu à un travail d’édition La réalité des pratiques ne va donc pas dans le sens de la représentation idéalisée d’un Internet où s’épanouirait le débat public.
Transférer par des gens de gauche à condition que cela fasse sourire
Transition : Ces formes d’évitement ne sont pas forcément des dérobades mais peuvent être des processus actifs Si on s’attarde sur les commentaires On a tendance à restreindre l’échange politique entre citoyens à la forme débat d’idée et à s’en tenir à la dimension verbale. L’expression politique avec le numérique connecté est multimodale. Sur les réseaux socio-numériques, les citoyens conversent par contenus que l’on peut s’approprier matériellement et notamment par images photo et vidéo. Cette appropriation peut être mais également transformative. Par le détournement d’images, s’opère une resignification politique. Ce format d’échange est prisé car il convient à la norme de l’évitement civique : on ne parle pas tant de quel candidat se trouve ainsi caricaturé mais on s’accorde sur les caractéristiques esthétiques du détournement. Images qui parlent d’elles-mêmes : un contenu tout fait / préfabriqué Même si l'énoncé est explicite au plan politique, l'acte d'énonciation se fait par le biais d'un partage de contenus dont l'énonciation politique est indirecte. C'est donc une façon de dire quelque chose mais sans le dire personnellement. ( en son nom propre) On s’exprime à travers un contenu "tout fait", une image prête à partager et donc pas une expression personnelle.
Avec une marge d’erreur … Une signe ambigu et polysémique : ratification du lien ? Supporter (apporter son support en augmentant le nombre de like) ? Une prise de position indirecte ? Goût pou l’image ? Ces réseaux sociaux numériques avec des gens plus ou moins familiers : ce que ça fait au rapport au politique ….
Même si l'énoncé est explicite au plan politique, l'acte d'énonciation se fait par le biais d'un partage de contenus dont l'énonciation politique est indirecte. C'est donc une façon de dire quelque chose mais sans le dire personnellement. ( en son nom propre) On s’exprime à travers un contenu "tout fait", une image prête à partager et donc pas une expression personnelle.
Même si l'énoncé est explicite au plan politique, l'acte d'énonciation se fait par le biais d'un partage de contenus dont l'énonciation politique est indirecte. C'est donc une façon de dire quelque chose mais sans le dire personnellement. ( en son nom propre) On s’exprime à travers un contenu "tout fait", une image prête à partager et donc pas une expression personnelle.
On ne nie pas que la campagne est devenu un sujet de conversation … Mais cela ne donne lieu que très rarement à ce qu’on appelle un débat , ie une confrontation d’idées argumentée
On ne nie pas que la campagne est devenu un sujet de conversation … Mais cela ne donne lieu que très rarement à ce qu’on appelle un débat , ie une confrontation d’idées argumentée
Mettre en scène sa campage et dramatisation du jour J Mettre sa scène sa campagne électorale /dramatisation de son jour J
C’est une autre promesse de la webcampagne que nous avons en ligne de mire ici ; « le média c’est nous ! » Cette part active prise dans la campagne se traduit a minima par la mise en place pour chaque citoyen de cycles transmédiatiques qui lui sont propres. Autrement dit :
La sportification de la politique.
La spinach politique : la politique peut être ennuyeux, certains s’obligent à s’y intéresser ( pour faire son choix, mais aussi au titre de la « culture générale »), et une façon de faire passer le gôut des épinards, c’est de les agrémenter. La sportification de la politique. Rire : réagir à la dimension obligatoire de la politique, le LOL est une façon de donner une saveur à ce devoir. Le LOL redonne peut-être le goût de la politique.
Voir : La sportification de la politique. Agir entre anonymes)
Personne n’est dupe Pas de naîveté vis-à-vis du politique comme communication , que chacun peut aisément détourner mais chacun peut attendre autre chose … Sur ce terrain on fait mumuse, mais la poltique ne se dissout pas dans le Quelles leçons sur le politique tirer de ces pratiques de partage de détournements d’images ? Dans un contexte où le visionnement de vidéos humoristique sur la politique s’élève à 20% et constitue le deuxième usage d’Internet après la recherche d’information. Certains articles de presse laissent à penser que la politique est soluble dan le LOL. On peut aimer visionner les vidéos mais ne pas les partager sur les réseaux sociaux par esprit de sérieux. « Sur Dailymotion, je vais voir les parodies où on se moque de Hollande. Mais je ne les partage pas sur Facebook ce n’est pas la vie réelle. » (Militante UMP, Meeting Sarkozy) Pour la génération nourrie aux vidéos LOL (33% regardent des vidéos LOL, CSA, Elections 2012, 11 avril 2012), ces pratiques de détournement loin de désacraliser la figure présidentielle rendent plus exigeant encore envers le politique La désacralisation du politique qui se joue dans ces caricatures n’est pas l’horizon des pratiques L’une des qualités d’un présidentiable idéal serait d’échapper au détournement.
C’est une autre promesse de la webcampagne que nous avons en ligne de mire ici ; « le média c’est nous ! » Cette part active prise dans la campagne se traduit a minima par la mise en place pour chaque citoyen de cycles transmédiatiques qui lui sont propres. Autrement dit :
Voilà ce que pourrait être un choix de vote possible si l’on prend au sérieux ce que fait internet à l’élection.
Tout particulièrement pour ceux de nos interviewés qui ne parlent de leur opinion politique qu’avec leurs intimes (conjoint), Internet est un observatoire des opinions multiples exprimées par des anonymes à travers les commentaires d’articles, les contenus échangés, postés ….
C’est une autre promesse de la webcampagne que nous avons en ligne de mire ici ; « le média c’est nous ! » Cette part active prise dans la campagne se traduit a minima par la mise en place pour chaque citoyen de cycles transmédiatiques qui lui sont propres. Autrement dit :
De l’avis des militants rencontrés, la campagne 2012 est animée par une véritable stratégie numérique. Les sites de réseaux sociaux, leurs boites mails ou leurs fonctionnalités évenements, les groupes Facebook , les SMS et les messages vocaux sont utilisés par les équipes de campagne pour mobiliser les militants et par les militants pour se coordonner, s’envoyer des informations etc.
En prenant en compte la stratégie numérique, il existe aujourd’hui une gamme large de la militance : du tractage dans les marchés à la militance de la parole. Internet rend possible une activité militante spécifique : la militance par la parole Et cette activité peut concerner des militants, ceux qu’on pouvait appeler des sympathisants. La militance par la parole a pour conséquence d’élargir le cercle des engagés potentiels. Poster son opinion est une « façon de militer » et « cela prend autant de temps que d’aller sur les marchés. » On peut parler d’un nouveau de statut de militant, un militant libre de sa parole et dont l’adhésion peut consister à simplement « aimer » la page « Jeunes UMP. » Une militance de la parole qui s’observe dans des messages les plus ordinaires postés sur Facebook où les petites phrases de la campagne deviennent matière à opiner, à dire sa désapprobation sur tel ou tel sujet comme « mulsuman d’apparence » qui devient « mangera plutôt du porc pour tromper les apparences. »
On a pu observé la mise en place d’une combinaison d’outils mais aussi de techniques d’écriture de la parole militante libre au sens où certains militants préfèrent exprimer leur formulation que reprendre des consignes ou des slogans proposés par les sites officiels. Twitter est ainsi utilisé comme une réserve de petits mots et la chambre d’écho de la parole militante : Cindy « On sent sur Twitter.... »
Cette prise de parole s’effectue en observation, à l’écoute, de la façon dont les petites phrases propres aux militants sont reçues. Comme par exemple lors du Meeting d’Eva Joly du 18 avril 2012 au Cirque d’Hiver, la cellule Twitter s’est répartie ainsi le travail de militance de la parole. L’un fait des tweets d’après un document du discours que prononce en direct la candidate, tandis que l’autre regarde Twitter sur son smartphone pour retweeter les bons tweets, ceux qui sont « biens vus », « bien dits.»
C’est une autre promesse de la webcampagne que nous avons en ligne de mire ici ; « le média c’est nous ! » Cette part active prise dans la campagne se traduit a minima par la mise en place pour chaque citoyen de cycles transmédiatiques qui lui sont propres. Autrement dit :
Internet ne peut plus être pensé comme un espace en soi, délimité par le cadre d’un ordinateur. De par l’internet mobile ou le wifi, la connexion peut transformer une chose ou une machine en un objet connecté autour duquel se nouent ou se poursuivent des discussions au sujet de la campagne. Ces agencements d’objets et de technologies forment de nouveaux espaces publics hybrides, actualisant l’espace de conversation politique né au XVIIIème siècle avec les premiers cafés. Ce peut être un bus, un banc, un véhicule de co-voiturage.
Et parmi ces espaces publics hydrides connectés, on doit compter le meeting en plein air qui a été la grande redécouverte de cette campagne mais dont on doit pas oublier comment la connexion le transforme. Car c’est portable à la main que l’on a assisté à ces rassemblements : cf tweet « en 1981 on avait des roses à la Bastille, en 2012, on aura des smartphones » Différents usages du meeting portable à la main –voire tablette comme on pu l’observer. Cas extrême : chercher sur Twitter des informations sur le meeting auquel on assiste : effet de focalisation externe, chercher un savoir externe car comme Fabrice à Waterloo qui n’a rien de la bataille : être dedans ne signifie pas tout savoir.
Les meetings en plein air ont souvent eu lieu sur des places publiques. De façon plus générale, il nous semble que la place publique connectée soit devenue au cours de 2011-2012 le lieu du politique et ce à l’échelle globale. Les élections françaises de 2012 et la démultiplication des meetings où le téléphone portable voire la tablette sont convoqués pour les usages mentionnés s’inscrivent dans un contexte plus global, celui des révolutions arabes et des mouvements d’occupation Indignés, OWS. Qu’ont en commun tous ces mouvements, ces meetings ? Ils possèdent une dimension scénique. La révolution égyptienne s’est déroulé sur la Place Tahrir, les Indignés Espagnol ont répliqué cette dramaturgie politique en occupant la Piazza del Sol. Et les mots d’ordre d’OWS pour occuper Zuccotti Park étaient une invitation à vivre « A Tahrir Moment. » La place publique des grandes villes devient une scène qui avec la connexion permet aux protagonistes de se photographier ou de filmer en livre pour ceux qui les soutiennent à l’extérieur du pays et qui se retrouve sur l’espace transnational que représente Internet. Etre connecté veut dire ne pas en être : le sens politique que peut avoir la connexion. 1. La déconnexion comme condition de formation d’un collectif ici et maintenant mélenchon : être happé par la présence auratique lepen : nécessité de former un nous face à des observateurs : donner le spectacle du nous / ils étaient aussi le spectacle 2. La connexion comme support transnational ici et là bas 3. La connexion intermitente et poyvalente sur les scènes des révolutions arabes, les outils connectés ont permis au monde entier d’en être