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L’ INFOBESITÉ
Mémoire de recherche - Projet de fin d’études

EMILIEN SIMON
AVRIL 2013
L’ÉCOLE DE DESIGN NANTES ATLANTIQUE
MANAGEMENT DU DESIGN ET DE L’INNOVATION
abstract
Information overload
The aim of this study was to explore the phenomenon of information overload
in the digital world and whch role the interactive designer may have and what their
contribution can be to solve this problem. There is two type of filter who present lot
of interest : the context of information and the power of the community, it allowed to
share and select our data with more efficiency.
There is so much interesting digital information that it is difficult to recognize what
really matters.
Since we consider information as a product we can sell, manipulate and control, it is
clear that it will start to be considered as a raw material, such as water, in the near future.
Interaction designers and all the actors of the digital world have a great responsability
on how we will treat the information in the next 10 years. In this project I plan to give an
opportunity to the user to educate themselves and also raire public awareness about
their personnal information. For this, I intend to offer a solution that would lower step
by step the assistance provided to the user about his own information treatment.
In conclusion, educating people throught a game seems to be a smart and playful
way to manage their data step by step. The local user community will be a significant
driving force of this system.
Préambule
Après 7 années de ma vie à l’école de design Nantes Atlantique, il a été facile pour
moi d’observer l’évolution du comportement de chacun vis à vis de la technologie. Je
me souviens que les professeurs ont progressivement intégré l’outil informatique dans
le processus créatif. L’utilisation de logiciels créatifs ou la recherche d’informations sur
internet ne sont ainsi arrivées que progressivement. Ceci j’imagine, afin de garder
en nous une part de créativité sans subir l’influence d’une aide d’outils extérieure.
En parlant d’aide extérieure, l’utilisation d’internet dans la scolarité a pris tellement
d’importance, que le Danemark, dans 10% de ces lycées, autorise l’utilisation d’internet
lors de certaines épreuves au bac.
Cependant malgré nous, l’ordinateur et l’utilisation d’internet sont devenus
indispensables. Aujourd’hui il est même rare de voir l’un d’entre nous assis seul avec
uniquement une feuille et un stylo. Depuis l’utilisation massive d’internet en cours,
j’ai pu observer que la communication dans mes classes devenait de plus en plus
rare. Aujourd’hui, malgré le fait que nous partagions le même espace, nous n’hésitons
plus à passer par l’intermédiaire de nos écrans pour s’échanger un point de vue, une
information ou une blague. Cet accès à l’information permanente s’est intensifié tout
au long de ma scolarité. Aujourd’hui, nous sommes connectés à nos réseaux sociaux et
pendant qu’une vidéo se charge, nous consultons l’actualité en écoutant de la musique
et vérifions nos boîtes mails régulièrement. L’accès à l’information en permanence a
donné énormément d’importance aux moteurs de recherche dans nos vies. Grâce
à son succès phénoménal, Google, après avoir créer un système d’exploitation
mobile nommé Android, a l’ambition de proposer à ses clients son propre système
d’exploitation bureautique. Ainsi, ce qui n’était qu’un moteur de recherche en 1998,
est comparable maintenant aux entreprises tel que Apple ou Windows grâce à son
rôle dans l’information.
Nick Aloisio, créateur de l’application Summly
En Février 2013, Nick D’Aloisio un jeune britannique vends son application à Yahoo
pour 30 millions de dollars. Le principe de son application : résumer automatiquement
des articles d’information afin que leurs contenus s’adaptent sur des écrans de tailles
différentes. L’infobésité ne serait donc pas forcement un problème mais pourrait
devenir une formidable source d’innovation, si nous profitions des enjeux de cette
masse d’information. J’ai passé la première moitié de mon parcours scolaire en design
d’interactivité à me former aux maniements de l’information au travers des projets que
j’ai réalisé sur 3 ans. La seconde moitié à développer mon intérêt pour le management
du design et de l’innovation. Ce mémoire qui se trouve au coeur des problématiques
de ma profession sera de nourrir mes futures interrogations dans le traitements de
l’information.
Sommaire
introduction....................................................................................1
01. l'information NUMÉRIQUE
▶ Qu’est ce que l’information.............................................................2
▶ L’information numérique...................................................................4
▶ Le surplus d’information....................................................................6
02. notre rapport à l’information
▶ Une autre manière de consommer...........................................8
▶ Surconnectés..................................................................................................9
▶ Notre dépendance à l’information..........................................9
03. Le temps
▶ Le culte de l’instantané........................................................................11
▶ Se déconnecter............................................................................................14
04. LES SOLUTIONS
▶ Le stockage......................................................................................................16
▶ Les filtres............................................................................................................20
CONCLUSION.........................................................................................23
REMERCIEMENTS................................................................................25
Sources.........................................................................................................26
Introduction
Avoir une réflexion sur l’infobésité impose d’analyser en premier lieu ce qu’est
l’information numérique et d’identifier l’origine de ce surplus d’information et quelles
solutions peuvent tenter d’y remédier. En second lieu, il sera intéressant d’observer
notre rapport à l’information afin d’identifier quels sont nos points forts et nos points
faibles. Pour finir, je décrypterai un des repères que nous utilisons pour mieux nous
représenter la quantité d’information : le temps.
En se numérisant, l’information est devenu accessible à la majorité d’entre nous à
la seule condition de posséder un ordinateur et une connexion internet. Ce flux
d’information ininterrompu a changé notre manière de vivre au quotidien. En tant
qu’acteur et consommateur de l’information nous sommes de plus en plus sollicité
aux travers de nos notations, discussions, diffusions et sélections. Cette nouvelle
implication nous impose de faire de plus en plus de choix. Cependant, du à
l’accroissement exponentielle de l’information, il devient de plus en plus difficile
choisir ce qui compte réellement pour nous.
Marie- Anne Chabin experte reconnue au niveau international pour l’archivage et
la gestion de l’information numérique définit l’infobésité ainsi : «Infobésité est un
mot-valise, forgé en 1995, pour traduire l’anglais «information overload», expression
remontant aux années 1970 ; on dit aussi sur-information ou surcharge d’information,
expressions plus molles mais aussi plus exactes. En effet, «infobésité» suggère
l’ingestion par le sujet d’une quantité excessive d’informations qu’il ne parvient pas
à digérer et à éliminer, faisant alors de la rétention d’information (au sens médical du
terme), au détriment de son agilité intellectuelle et de son confort documentaire. Or,
l’idée initiale est que le sujet, dans cette société de l’information, de la consommation
et autres sommations numériques, est environné, entouré, surplombé de trop de
données pour pouvoir les ingérer correctement.»
En tant qu’être humain notre capacité à assimiler l’information est limitée et sauf
changement radical de modèle, l’augmentation du flux d’informations sera de plus en
plus problématique. Ce mémoire relate mes recherches et interroge les différentes
facettes de notre relation avec l’information. L’enjeu de ce mémoire sera d’identifier
les différents facteurs pouvant être à l’origine de la surcharge informationnelle.
L’ensemble des points abordés ci-dessus sont incluent dans la problématique suivante
:

EN QUOI NOTRE RAPPORT À L’INFORMATION
EST-IL DEVENU PROBLÉMATIQUE ?

1
01. l'information NUMÉRIQUE
▶ Qu’est ce que l’information
D’après la définition du Larousse : «Tout événement, tout fait, tout jugement porté
à la connaissance d’un public plus ou moins large, sous forme d’images, de textes,
de discours, de sons.» À titre de bref rappel, l’histoire de l’information commence au
début de la renaissance. Ce n’était que de simples copies de lettre recommandée
produites par des professionnels de l’information, diplomatique et politique, qui
étaient diffusées dans toute l’Europe. La circulation de ces nouvelles économiques et
politiques ont permis de tisser des liens de confiance entre les marchands au 16ème
siècles. Parallèlement se diffusaient dans les milieux populaires des «occasionnets»
pour raconter les événements extraordinaires et les rumeurs à caractère politique qui
se multiplièrent avec l’invention de l’imprimerie vers 1440. Depuis la révolution de
1792, la presse aura été l’outil indispensable de la démocratie. Elle contribuera à
créer de part sa fonction d’information la critique dont le public à toujours eu besoin
pour se sentir concerné et impliqué. Donc l’information, grâce à la presse et les divers
médias ont permis de mieux comprendre ce qui se passait près et autour de chez soi.
- Les médias
Par la suite, les quotidiens se sont vendus à des centaines de milliers d’exemplaires
vers la fin du 19ème siècle. Puis les annonceurs et leurs publicités ont permis le
développement et la diffusion des médias de masse. Depuis cette époque, les médias
de masse ont changé de forme en faveur du format numérique majoritairement diffusé
aujourd’hui. Mais Bernard Poulet ancien rédacteur en chef du «Courrier International»,
reste méfiant : «derrière l’abondance des informations sur le web, la multiplication des
sites et des journaux gratuits, le flot des commentaires de toutes sortes, forces est de
constater l’appauvrissement des contenus.» La baisse de qualité de notre information
est donc attribuée ici, à l’abondance de l’information. Mais le jugement qualitatif de
l’information n’est-il pas subjectif. Il l’est pour 2 simples raisons : Le premier, comme
nous le rappelle le lexicographe français Philibert-Joseph Le Roux est simple : «Tous
les goûts sont dans la nature». Le deuxième mentionné dans le documentaire sur
la chaîne Arte intitulé «La qualité dépend-elle de la diversité ?» nous rappelle que
la qualité dépendra souvent du contexte dans lequel elle est consommée. Ainsi,
certaines personnes apprécient parfois de «débrancher leur cerveau» en sortant du
travail. Mais la baisse de la qualité de l’information n’est pas le seul problème que
Bernard Poulet déplore.
*1 http://www.ecrans.fr/Presse-des-chiffres-et-des-pertes,15668.html

2
Il accuse l’ensemble du système en incluant tous les différents acteurs de l’information
: «L’information serait devenue un produit comme les autres, sinon une matière
première dont un marché fixerait les cours et devrait être rentable au même titre que
toutes les autres industries.
- La crise de la presse
Une partie importante des revenus de la presse vient des annonceurs. Leurs
migrations massives vers internet comme support de communication montre
bien qu’ils ne se sentent pas du tout concernés par l’avenir de la presse écrite. Les
chiffres sont unanimes*1 et le résultat s’en fait ressentir, il démontre que la presse
est en pleine crise financière. À ces chiffres s’ajoute les 3.775 postes supprimés aux
États-Unis en 2011 qui selon le blog Paper Cuts représente 30% de perte de plus
que l’an dernier. Au-delà du drame humain que ces licenciements représentent, ce
sont autant de personnes qui ne participerons plus à la création d’une information
de qualité. La presse écrite a également un autre avantage : diversifier le support
de l’information. Ainsi, la disparition progressive de la presse écrite en se déclinant
en version numérique accentuera le phénomène d’infobésité. Nous risquons donc
d’avoir de plus en plus d’information qui sera de moindre qualité.

3
3,2

4,2
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2,9

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-6,2

-3,7

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-0,3
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-1,7

0

5,2
4,1
4,5
3,4

, 4 ans et plus, ensemble de la journée)

6,2

Evolution de la part d'audience des chaînes (points

chaînes historiques¹
2002

2003

autres chaînes

2004

2005

2006

2007

dont chaînes TNT
2008

2009

2010

2011

¹ Dont France 5 et Arte sur leurs tranches horaires de diffusion analogique (respectivement avant/après 19 heures).
² Chaînes TNT, thématiques, locales, régionales, interactives, étrangères et non signées.

Source : Médiamétrie – Médiamat.

Évolution de la part d’audience des chaînes télévisées

L’économie de la télévision (2002-2011)
Source : Médiamétrie - Médiamat, L’économie de la télévision

▶ L’information numérique
Beaucoup de personnes considèrent encore que l’apparition d’un nouveau média est
censée faire disparaître celui qui le précédait. Pourtant, la radio n’a pas fait disparaître
la presse écrite et la télévision n’a pas tué la radio, même si celle-ci a vu son audience
divisée par deux depuis les années 1980. Les grandes chaînes de télévision perdent
aussi chaque année des dizaines de milliers de spectateurs. (Source : Médiamétrie
- Médiamat) L’information numérique a connu un développement fulgurant en très
peu de temps. Ainsi, la masse d’information qui nous entoure dépasse de loin notre
capacité à percevoir notre environnement numérique. Par exemple, internet aurait
doublé sa taille entre l’année 2010 et 2011 si on prend en compte la multiplication du
nombre de site web (source : pingdom.com).
- La perception du numérique
Notre contact avec l’environnement proche s’établit à travers cinq sens : la vue,
l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût. Ils nous permettent d’interpréter l’information
du monde qui nous entoure sous forme de stimulus. Selon une parution du CNRS*1,
notre système de perception est un processus actif : comme il n’est pas possible
d’absorber et de traiter toute l’information qui nous entoure, nous réalisons un
processus de sélection. Ce que résume le blogueur Richard Chappuis : Comment faiton pour archiver ? Dans ma tête, je ne suis pas obligé de « Enregistrer sous… » les
épisodes de ma vie, ni de leurs donner un titre, pour les retrouver et les organiser. Je
n’ai ni à supprimer définitivement ni à ranger les informations qui ne me sont plus utiles
maintenant, ni même à me demander si elles me seront utiles plus tard.»
*1 http://www.cnrs.fr/insb/recherche/parutions/articles2011/al-giraud.htm

4
Internet par sa nature immatérielle diffuse l’information sur un écran. Peut importe
sa taille ou sa forme, à l’heure actuellle, un écran agit uniquement sur notre sens de
l’ouïe et de la vue. Notre perception spaciale de l’information numérique n’est donc
pas complète. L’utilisation des logiciels pour organiser notre espace nécessite un
fort investissement de temps à l’opposé de notre cerveau qui classe et sélectionne
l’information de façon automatique. La capacité naturelle de sélection dont fait
preuve l’homme grâce à son cerveau signifie que la capacité à organiser notre univers
informationnel serait donc plus compliqué qu’il n’y paraîtrait. Ainsi, John Perry dans
son livre «La procrastination», explique que pour palier au surplus d’informations, nous
avons développé deux systèmes d’organisation, verticale et horizontale. L’organisation
verticale serait représentée par la multiplication des dossiers sur nos ordinateurs et
l’organisation horizontale par la multiplication des icônes sur notre bureau. De ce
fait, la dématérialisation de nos données sur Internet influencerait directement notre
capacité à visualiser l’information dont nous avons besoin. Il s’agit donc de privilégier
l’accès à l’information utile plutôt que la propriété. Le flux d’information est une
des clés : derrière la notion de conductivité on montre la nécessité de permettre à
l’information de transiter à travers l’organisation là où elle doit aller et non pas là où
veut la garder.

5
▶ Le surplus d’information
Aref JDEY, spécialiste dans la recherche et le management de l’information, anime
le blog de référence «Demain la veille». Il soutient que l’infobésité ne touche pas
uniquement à l’information numérique et existe depuis longtemps. On retrouve ce
sentiment de dépassement, de surcharge, à toutes les époques de l’humanité. De
la Grèce Antique à aujourd’hui, chaque époque la ressent comme quelque chose
de nouveau, comme quelque chose de particulier à son époque. Dans le dialogue
socratique «phèdre» de Platon, Socrate critique déjà l’écriture comme quelque chose
qui nous fait perdre notre mémoire. Descartes explique dans «Recherche de la vérité
par la lumière naturelle», qu’on passe plus de temps à choisir les livres qu’à les trouver.
Par exemple, la bibliothèque du Congrès situé à Washington possède 34,5 millions de
livres. Pourtant, si on lit un livre par semaine et ce sur une durée comprise entre 10 et
100 ans, le plus motivé des lecteurs ne saura en lire qu’une infime partie : 4600 ! Ayant
conscience de cela, afin de ne pas «perdre» notre temps sur un ouvrage «médiocre»,
nous pourrions tenter de rechercher sur internet le livre qui a le plus de chance de
nous plaire. Mais le phénomène se reproduit également sur internet et il est même
renforcé. Nous ne pourrons donc jamais tout voir, tout lire ou tout écouter mais ce
n’est pas ce qui importe. Anaïs Saint-Jude, fondatrice et responsable du programme
BiblioTech de la bibliothèque de Stanford, lors de sa présentation sur la scène du Lift*
2012, estime que : “La surcharge d’information fait partie de la condition humaine: nous
sommes confrontés par trop de possibilité, trop de complexité [...] Ce sentiment de
surcharge exprime autrement notre insatiable curiosité et notre besoin d’innovation.»
Le surplus d’information ne serait dans ce cas pas un problème mais une solution et
ferait partie intégrante de notre envie de chercher, trouver, ranger, classer et
comprendre le monde qui nous entoure.
- La difficulté de choisir

«Le seul mauvais choix est l’absence de choix.»
Amélie Nothomb
Dans la conférence Ted, le psychologue Barry Scwartz en s’appuyant sur son livre
«The Paradox of Choice: Why More Is Less» nous explique que de nos jours, nous
les citoyens industrialisés, nous attendons tellement la perfection que nous sommes
toujours un peu déçus. Ainsi, la quantité d’information disponible et les outils qui
sont supposés nous guider pour faire le meilleur choix ne nous permettent pas d’être
agréablement surpris. Selon lui réduire ses attentes constituerait le secret de
notre bonheur.

6
- Difficulté à se concentrer
Une étude réalisée en 2009 par trois chercheurs de l’Université de Stanford montre
que les gens qui sont constamment en ligne et font plusieurs choses à la fois perdent
plus facilement leur concentration. Le temps nécessaire pour retrouver son niveau
de concentration est ensuite 10 à 15 fois plus élevé que le temps d’interruption. De
plus, selon la loi de Carlson notre cerveau a besoin de temps (environ 3 minutes) pour
fonctionner à plein régime sur une tâche donnée. Jonathan Spira, chercheur sur le
surplus d’information, affirme que l’infobésité a un impact négatif sur la mémoire et sur
la concentration. Il compare ce phénomène à une drogue: «Nous développons une
tolérance à l’infobésité et nous avons besoin de toujours plus d’informations pour nous
satisfaire.» Notre dispersion de l’attention aurait donc de grandes conséquences sur
notre capacité à consommer de l’information.
- Ce qu’en retient le designer
S’il faut réduire la quantité d’information numérique qui nous parvient, quels
systèmes ou outils seront enclin à provoquer la sensation de satiété numérique ?
Quelles facultés manque-t-il à l’outil informatique pour lui donner notre savoir-faire
physiologique en matière de traitement de l’information? La première révolution
de l’information était quantitative, la seconde sera probablement qualitative ainsi
l’information primera et non pas la facilité ou la nécessité d’y accéder.

7
02. notre rapport à l'information
▶ Une autre manière de consommer
Depuis la création d’internet, nos rapports avec l’information ont complètement été
bouleversés. L’ arrivée du « Web 2.0 » a permis l’avènement du «web social» et nous
sommes passés de simples consommateurs à celui d’acteurs de l’information. Cette
nouvelle liberté a permis à quiconque d’exprimer son avis, de partager l’information
qu’il considérera comme importante à ses yeux, celle-ci est à l’origine du succès des
réseaux sociaux qui font aujourd’hui partie de notre quotidien tel Instagram qui le
rend exceptionnel grâce à des différents filtres sur nos photos personnelles. De plus,
les nouveaux outils technologiques qui permettent de capturer de mieux en mieux
notre environnement (cameras GoPro) nous ont rapprochés d’une information de
plus en plus endogène.
L’apparition des nouveaux moyens de communication a bouleversé une grande partie
de nos comportements sociaux : manière de se parler, de se rencontrer, d’écouter, de
lire, d’écrire et de consommer. La plupart des spécialistes affirment que l’on n’a jamais
autant lu ni communiqué que depuis l’apparition d’Internet. Cependant, nous avons
redéfini le terme «lire» et «communiquer». Bernard Poulet spécialiste de l’information
l’explique ainsi : «Que veut dire communiquer quand la connexion est manifestement
plus importante que le message ?» En effet, communiquer implique selon sa propre
définition d’avoir un échange d’information, ce qui n’est plus forcement le cas
aujourd’hui : La communication est de plus en plus indirecte. Par exemple, lorsque
nous diffusons une information sur Facebook ou Twitter, celle-ci restera peut-être
sans réponse. De même, concernant la lecture : les chercheurs de l’ University College
de Londres lors d’une étude sur les manières de lire des internautes ont relevé que
la plupart des visiteurs de ces sites avaient tendance à ne lire qu’une ou deux pages
avant de passer au document suivant. Ce survol de l’information montre que notre
curiosité est proportionnelle à la quantité d’information disponible, rendant donc
difficile l’arrêt de la consommation dans ce flux d’information. Ce qui est clairement
une des conséquences en lien avec l’infobésité.

8
▶ Surconnectés
Nos téléphones connectés en permanence sur internet nous permettent de
franchir une nouvelle étape dans notre connection aux flux, plus celui-ci augmentera
son débit, plus nous serons enclin à le suivre. La proximité qu’ils nous offrent est
telle qu’il sera même difficile d’en sortir. Ainsi, le professeur Sergio Chaparro dans le
cadre d’un cours sur les technologies de l’information à l’université Rutgers, en 2006,
avait demandé à ses élèves de délaisser leur téléphone portable pendant trois jours.
Résultat: seuls 3 étudiants sur 220 avaient réussi à aller jusqu’au bout de l’expérience.
De cette expérience et de celle réalisée sur 2132 personnes à Londres deux années
plus tard est née le terme « nomophobie » ou la peur de perdre son téléphone. Ces
expériences montrent que la proximité et à la disponibilité de l’information nous
ont rendus lentement dépendants à la celle-ci. Selon Xavier de la Porte, producteur
de l’émission « Place de la Toile » sur France Culture, cette dépendance serait en
partie lié à nos téléphones qui : « tuent chaque seconde d’ennui en un effleurement
d’écran ». Si faire disparaître l’ennui semblerait bénéfique pour l’humain, le centre
de recherche sur les questions sociales d’Oxford, nous met en garde : « La surcharge
informationnelle restreint considérablement le temps alloué à la réflexion personnelle,
à la pensée, ou simplement à la digression mentale[...]. Avec un téléphone portable
continuellement allumé et une pléthore de distractions possibles pour l’œil, il est
compréhensible que certains trouvent difficile de s’ennuyer de manière introspective. »

▶ Notre dépendance à l’information
Le neurologue Irving Biederman démontre*1 qu’une nouvelle information déclenche
chez chacun d’entre nous des réactions d’ordre chimique qui nous font nous sentir
bien. Caterina Fake, cofondatrice de Flickr complète en disant : «Notre connexion
permanente aux médias sociaux nous rend plus attentifs à ce que l’on rate et vous
donne le faux sentiment de participer à ce que font les autres par leur intermédiaire.»
Le fait d’être connecté en continue amplifierait donc notre dépendance et serait à
l’origine de l’effet FOMO (Fear of Missing Out) qui se manifeste par la peur de manquer
une information. Ceci est renforcé par la facilité que nous avons à nous comparer par
l’intermédiaire de nos réseaux sociaux. Ainsi, on pourra en permanence se comparer
non seulement à ses amis, collègues ou voisins, mais aussi avec des personnes que
l’on ne connaît pas. Le site klout.com vous permettra par exemple de connaître votre
score d’influence sur vos réseaux sociaux.
*1http://online.wsj.com/public/article/SB120527756506928579-3wNdJRXhkpLqY4EDBt4j3ly1f
oo_20090312.html?mod=rss_free

9
- Ce qu’en retient le designer
Les informations endogènes devraient prendre de plus en plus d’importance ces
prochaines années en devenant de plus en plus facile et rapide à produire. Il faudra
alors créer des services qui proposent de réduire cette nouvelle masse incontrôlable
d’information.

10
03. Le temps
▶ Le culte de l’instantané
- Qu’est ce que le temps ?
Le temps est une notion simple et compliquée à la fois, Saint Augustin le philosophe
l’expliquait ainsi: «Quand on ne me le demande pas, je sais ce qu’est le temps ; quand
on me le demande, je ne sais plus.» Dans son livre « Les Tactiques de Chronos » le
physicien français Etienne Klein décrit le temps comme un mot incluant les concepts
de simultanéité, de succession et de durée et conclu que la mort est l’une des
meilleures représentations que nous avons du temps car celle-ci est à échelle
humaine. Alban Gonord, dans l’ouvrage sobrement intitulé «Le temps» complète au
travers des explications des plus grand philosophes ce que pourrait être le temps.
Parmi toutes ces définitions, toutes plus intéressantes les unes que les autres, son
analyse de « L’oubli vital » de Nietzsche m’a semblé la plus pertinente dans la notion
d’infobésité : « L’importance capitale qu’il faut attribuer à l’oubli qui permet de bien
«digérer» les choses de la vie et de ne pas s’y attarder. C’est cet oubli encore qui permet
de libérer le regard du flux ininterrompu du temps et de l’orienter vers un horizon
futur et déterminé.[...] L’oubli permet de créer, c’est à dire de participer activement
au présent en sachant ce qu’il faut puiser dans le passé en délimitant un horizon à
venir. [...] » Ainsi, lorsqu’il parle de «digérer» ,de «flux ininterrompu» et «d’oubli», le
rapprochement entre la notion de temps et d’infobésité semble clair.
- Un des fantasme de l’homme : le contrôler
S’il y a un art dans lequel l’homme a des fantasmes sur le contrôle du temps, c’est
dans le cinéma. Que se soit dans la saga «Retour vers le futur» du réalisateur Robert
Zemeckis qui propose de pouvoir influencer notre destinée, dans «Primer» de Shane
Carruth qui nous démontre de manière scientifique la possibilité et complexité d’un
voyage dans le temps, dans «Next» de Lee Tamahori qui montre l’humain capable de
ralentir le temps à sa guise, dans «Minority Report» de Steven Spielberg et la série
«Person of Interest» de Jonathan Nolan où l’humain est capable de prédire les crimes
avant qu’ils ne se réalisent. Mais lorsque Google recrute l’équipe qui a conçu Behavio,
une Startup qui propose de prédire le futur en croisant nos données, la réalité rattrape
la fiction. Malgré l’existence de certains moteurs de recherches qui ne conservent
pas les données personnelles comme Ixquick, d’après un article*1 paru sur le journal
«Le Monde», Google aurait déjà plus de données sur la France que l’INSEE (L’Institut
national de la statistique et des études économiques).

*1http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/01/07/les-donnees-puissance-du-futur_1813693_3232.html

11
Burning Monk - Immolation par le feu d’un moine bouddhiste, Malcolm Browne, Saïgon, 1963
- Culte du présent

«Une photographie, c’est un fragment de temps
qui ne reviendra pas.» Martine Franck
La photographie a été pendant longtemps le meilleur moyen de capturer le présent,
son utilisation dans les journaux a toujours été un excellent moyen de marquer les
esprits comme le montre cette photo de Malcolm Browne en 1963, représentant
l’immolation par le feu d’un moine bouddhiste. Aujourd’hui les nouveaux outils tel
que Twitter nous permettent d’être toujours plus «proche» de l’information. Cette
proximité se calcule par la durée entre le moment où l’événement a lieu et le moment
ou nous recevons cette information. Ainsi, plus ce laps de temps sera court, plus
l’information paraîtra proche de l’utilisateur. Cependant, dans cette course contre le
temps, les journaux télévisés ne semblent ne pas réussir à s’adapter et nous pouvons
de plus en plus régulièrement entendre s’excuser les journalistes pour avoir diffuser
de fausses informations sans en avoir vérifier la source. Par exemple La chaîne Tf1 s’est
excusée, après avoir présenté un reportage sur la pluie de météorites ayant eu lieu le
15 Février 2013 en Russie. Elle avait en réalité diffusé une vidéo filmée le 29 Juin 2011
au Mexique.

12
Plus grave encore, Sunil Tripathi qui accusé (à tort) par les réseaux sociaux d’être
coupable des attentats de Boston du 15 Avril 2013 a été retrouvé mort seulement
10 jours après les faits. Avec l’augmentation massive des formats de diffusion de
l’information sur internet, l’avenir du journalisme sera probablement axé sur la
capacité à prouver la crédibilité des informations annoncées. Comme nous avons
pu l’observer lors des différents débats pour l’élection présidentielle où chaque chiffre
énoncé par le candidat était aussitôt contrôlé donnant ainsi au futur président un score
de fiabilité et donc de confiance.
- Consommer le plus rapidement possible
Partout, l’information devient de plus en plus rapide à consommer comme si cette
accélération nous permettait de rendre le présent plus intense. Ainsi, les formats
des articles sur nos smartphones deviennent de plus en plus court à lire. La vidéo
voit également son format se rétrécir comme le prouve les séries à succès tel que
«Kaamelot» de Alexandre Astier (2005), «Scène de ménage» par Alain Kappauf (2009)
ou «Bref» de Kyan Khojandi (2011). Twitter semble avoir encore une fois une longueur
d’avance avec son application Vine qui permet la création de vidéo de 6 secondes
seulement. L’utilisation de Vine a déjà été utilisée dans la bande annonce du film «
Wolverine » de James Mangold. Plus représentatif encore du potentiel de cette
application, le festival de cinéma Tribeca*1, a mis sur pied un concours autour de Vine.

*1 http://tribecafilm.com/festival

13
Lorenz Potthast - The Decelerator Helmet – Une vision ultra-ralentie on Vimeo.

▶ Se déconnecter
Se déconnecter fait partie d’un mouvement plus large nommé «slow life». Le site
internetactu.net décrit parfaitement le phénomène dans l’article intitulé «Sortir de la
tyrannie du présent»*1. L’article conclu sur une remarque du journaliste Paul Salopek
qui dit «[...]Nous n’avons pas besoin de plus d’informations, nous avons besoin de plus
de sens… Il faut beaucoup ralentir pour comprendre[...]»
Harmut Rosa dans «Accélération Une critique sociale du temps», ajoute «le véritable
luxe serait de prendre son temps.» Il nous propose cette histoire pleine de sens : «
Dans une lointaine contrée rurale d’Europe du Sud, un pêcheur est assis face à une
mer d’huile, et pêche avec une vieille canne artisanale. Un entrepreneur prospère, qui
s’offre un congé en solitaire au bord de la mer, l’aperçoit au cours d’une promenade,
l’observe un moment, secoue la tête et lui demande pourquoi il pêche à cet endroit.
Là-bas, près des brisants, il pourrait prendre deux fois plus de poissons. Le pêcheur
le regarde, étonné. «Pour quoi faire ?», demande-t-il d’un air perplexe. Eh bien,
il pourrait vendre les autres poissons au marché de la ville voisine, acheter avec le
produit de sa vente une canne à pêche en fibre de verre toute neuve, et en plus des
hameçons spéciaux extrêmement efficaces. Le produit quotidien de sa pêche en serait
certainement doublé sans aucune peine. «Et alors ?», demande le pêcheur toujours
aussi perplexe. Et alors, répond l’homme d’affaires qui commence à perdre patience,
il pourrait rapidement acheter un bateau, naviguer en haute mer, prendre dix fois plus
de poissons, et devenir ainsi rapidement assez riche pour s’offrir un chalutier moderne.
L’homme d’affaires rayonne, grisé par sa propre vision. «Bien, dit le pêcheur, et qu’est
ce que je fais après ?»
*1 http://www.internetactu.net/2013/02/05/sortir-de-la-tyrannie-du-present/

14
Après, s’enthousiasme l’entrepreneur, il contrôlera la pêche sur toute la côte et il pourra
faire travailler pour lui toute une flotte de bateaux de pêche. « Ah, répond le pêcheur,
et moi, qu’est-ce que je fais, s’ils travaillent pour moi ?» Eh bien, il n’aura plus qu’à
rester assis sur la plage toute la journée, à profiter du soleil et à pêcher. « Oui, dit le
pêcheur, c’est justement ce que je suis en train de faire». » Alors qu’on s’inquiétait
hier de la fracture numérique, qui donnerait aux milieux aisés une avance en termes
d’équipement et d’accès aux nouvelles technologies, les précurseurs d’hier sont ceux
qui peuvent aujourd’hui s’offrir le luxe de décrocher. L’école «Waldorf School of the
Peninsula» en Californie propose même à des parents de limiter l’exposition aux écrans
jusqu’à l’équivalent de la sixième, et n’introduit l’outil informatique qu’en quatrième.

- Ce que retient le designer
Le temps pourrait bien devenir la nouvelle unité de mesure de l’information au
détriment de son espace occupant nos disques durs. Donner la possibilité à l’utilisateur
de se déconnecter de notre service contrairement aux apparences, pourrait s’avérer
être un plus.

15
04. LES SOLUTIONS
▶ Le stockage
- Accroissement des capacités de stockage
L’augmentation des capacités de stockage depuis les années 1950 concerne non
seulement les supports physiques des programmes et contenus détenus par les utilisateurs finaux, mais aussi les serveurs et les capacités des offreurs. Cette capacité
augmente grâce aux progrès de la densité de stockage (volume stocké/cm2). Ces
augmentations de performances se combinent avec une concurrence très vive sur les
prix, en sorte que le coût de stockage (prix/volume) diminue aussi de manière exponentielle (Morris et Truskoski, 2003), permettant des gains d’efficacité dans toutes les
filières de l’informatique associées (PC, baladeurs, serveurs,...)
- Le stockage est moins coûteux
En se basant sur le disque dur externe qui est le format de stockage le plus répandu
aujourd’hui, le modèle standard propose une capacité de 500 Go (équivalent d’environ
500 films, 125 000 chansons ou 500 000 images). Aujourd’hui sur le site materiel.net, la

différence de prix entre le 500 Go (proposé à 53 euros) et le 1000 Go (1To) n’est que
d’environ 8 euros. Le format 1 To est donc rapidement devenu la nouvelle référence
en terme de quantité/prix. Pourtant, il faut savoir qu’en cas d’accident, le coût d’une
récupération des données passe d’une moyenne de 450 euros pour un disque dur
500 Go à environs 550 euros pour le modèle 1 To. L’enjeu aujourd’hui n’est plus le
rapport quantité/prix, mais le rapport quantité/prix/fiabilité. C’est pourquoi nous
voyons aujourd’hui apparaître des sites internets qui propose de sauvegarder nos
données en ligne. Par exemple, le site dropbox.com propose de stocker nos informations moyennant un prélèvement mensuel.
Les avantages principaux étant la garantie d’une information protégéz contre les accidents du quotidien (chute, chaleur,...) et l’accessibilité à ses données personnelles à
partir de nos appareils tel que smartphone et ordinateur fixe et portable.
	

16
En revanche, l’offre n’est pas équivalente à l’achat d’un disque dur externe sur
le rapport quantité/prix. En effet, la location d’un espace de 500 Go sera facturé en
moyenne 50 euros par mois, ce qui correspond au prix d’un disque dur externe d’un
espace de stockage équivalent.
De plus, ce système de stockage en ligne pose le problème de la propriété de nos
données puisque la sécurité sur internet est encore loin d’être parfaite.
Pour finir, si nous comparons uniquement en terme de coût pour l’utilisateur, alors
qu’il suffit par exemple d’imprimer ses photos pour les regarder, d’un baladeur pour
écouter sa musique ou d’un classeur pour ses documents administratifs, cette nouvelle solution de stockage sur internet impose l’achat de matériel informatique, d’une
connexion internet et d’un abonnement mensuel ce qui représente un investissement
important.

17
Francois Ferracci - LOST MEMORIES, 2012

- On stock de plus en plus
Aujourd’hui, nous gardons certains réflexes du passé pour stocker notre
information. Ainsi, nos films sur cassette ou dvd nécessitaient une armoire parfois très
encombrante pour les plus cinéphiles d’entre nous. Notre musique sur vinyl imposait
souvent un rangement très encombrant et nos disques compacts signifiaient des
tours dépassant parfois le mètre. Nos photos étaient stockées sur des albums et il
était très amusant de les ressortir lors des grandes réunions de famille. Aujourd’hui,
la dématérialisation de toutes ces données montre que notre comportement a
radicalement changé. Par exemple, nos listes interminables de films rendent difficile le
choix de ceux-ci, à l’opposé des séries où l’on se contente de suivre l’épisode qui suit ;
les radios sur Internet sont capables d’analyser nos goûts au fur et à mesure de notre
écoute (exemple : pandora.com) et ont remplacé nos disques compacts. De même,
nous accumulons nos photos sur les réseaux sociaux sans jamais plus les regarder.
Donc, nous stockons de plus en plus parce que le support a évolué. La numérisation
des données a permis une nouvelle polyvalence qui a brisé les couples contenus/
supports. En effet, chaque type de contenu était stocké et diffusé sous une forme
propre, spécifique, incompatible avec celle d’autres contenus : disque vinyle pour
le son, papier pour l’édition, cassettes vidéo pour l’image. Aujourd’hui, la diversité
des support de stockage n’est plus exclusive et assimilée à un style de contenu. Par
exemple, un film pourra être stocké et consulté sur un téléphone portable, une tablette
tactile et un ordinateur portable.

18
Avoir un doublon de ce film sur un ordinateur fixe n’a aucune conséquence, le
phénomène est multiplié par le nombre de support que nous possédons. Ainsi, la
diversification de ces moyens de stockage et de consultation renforce la difficulté
à organiser et à classer notre information. La synchronisation entre les différents
supports sera donc probablement une des clés de réussite du futur.
- La mémoire artificielle
Marie-Anne Chabin, dans son livre intitulé «Sérendipité et autres curiosité» explique
«Les mémoires informatiques sont de plus en plus puissantes, et celles des individus de
plus en plus plates, étendues mais peu profondes. [...] plus on est abreuvé de données
et plus on a de mal à les tamiser, à les capitaliser[...].» L’outil informatique est donc
handicapé de ne pouvoir « oublier » et de « se rappeler» comme nous en sommes
capables. Nous considérons donc cette extension de mémoire artificielle comme une
extension de notre mémoire personnelle et nous faisons de moins en moins appel à
cette dernière. Notre répertoire téléphonique est un exemple flagrant car aujourd’hui
en cas d’urgence, sans notre téléphone il nous sera plus difficile de nous rappeler du
numéro d’un de nos proches. Cela atténue progressivement la confiance que nous
pouvons avoir en notre propre mémoire. De plus, ceci est un cercle vicieux, car plus
nous utilisons notre mémoire artificielle, moins la personnelle est performante et moins
nous avons confiance en nous, plus nous utilisons notre mémoire artificielle. Pourtant,
notre mémoire qui fait office de filtre naturel, trie notre information automatiquement,
et selon son degré d’importance (Source : Ca m’intéresse N°371, paru le 28 décembre
2011), ce qui n’est pas le cas de notre mémoire artificielle présente sur les disque durs.

19
Feedreader - Agrégateur de flux rss

▶ Les filtres
- Individuels ou universels
Lors d’une conférence TED*, JP Rangaswami le technologue et économiste propose
cette idée : « L’information est comparable à la nourriture : la façon dont nous produisons nos aliments et notre information sont similaires.» , il cite alors les points communs qui existe entre l’obésité et l’infobésité et conclu sur une réflexion de Clay Shirky
spécialiste de l’information qui dit « la surcharge d’information n’existe pas, il y a seulement une défaillance du filtre » Pour «filtrer» notre consommation de nourriture nous
disposons d’atouts physiologiques telle que la sensation de satiété qui nous permet
de réguler notre appétit. Notre système gustatif qui, associé à notre mémoire, nous
permet d’apprécier la qualité de ce que nous mangeons. Cependant, ces systèmes de
filtration physiologiques n’existent pas encore dans l’univers du numérique, ainsi nous
avons créer un ensemble de solutions palliatives à cela. De ce fait, pour réguler notre
appétit et nos préférences, nous utilisons des agrégateurs de flux rss*1 qui ne règlent
en fait qu’une partie du problème puisqu’il n’y a pas de limite à la quantité de flux
suivi. Autre exemple, selon Eli Pariser auteur du livre «Filter bubble», pour augmenter
la pertinence de notre résultat qui s’affiche lors d’une recherche sur internet, Google
sélectionne ce qui s’affiche selon 57 critères et cela même hors connexion. Cette solution paraîtrait très appréciable si elle ne posait pas le problème de la liberté de choix
sur internet*2. Les systèmes de filtres ne s’appliquant uniquement qu’à l’individu ne
résolve donc le plus souvent qu’une partie du problème et en créer d’autres bien plus
complexes. C’est pourquoi j’ai décidé de mettre en avant les filtres applicables à un
ensemble de personnes.
*1 S’abonner au flux rss de sites Internet donne la possibilité de consulter rapidement l’activité de ses sites
préférés en obtenant une vue d’ensemble grâce à l’utilisation d’agrégateurs qui permettent de réunir ses
articles sur une même interface, un peu à la manière d’une boite mail.
*2 http://www.ted.com/talks/lang/fr/eli_pariser_beware_online_filter_bubbles.html

20
- La communauté est devenu un filtre pour l’information
Depuis la création des réseaux sociaux comme Facebook en 2004, la diffusion de
l’information a progressé exponentiellement. Aujourd’hui, il n’est pas rare de trouver
des personnes inscrites sur plusieurs réseaux sociaux. Tout est fait dans le but de nous
encourager à partager le plus largement possible notre information et diffuser celle
des autres personnes. Il est par exemple possible de partager une information sur
l’ensemble de ses réseaux en une seule fois, comme le propose le site socialcam.
com. L’influence de la communauté sur la popularité d’une information est telle, que
sa crédibilité et donc sa diffusion sont limitées. L’importance des communautés dans
l’approbation de l’information est telle qu’elle remplace progressivement celle des
spécialistes. Exemple concret, le nombre d’avis sur un film, un album, un article, etc,...
prime sur l’expertise d’une seule personne. Pour illustrer cette idée, le journaliste
américain James Surowiecki, dans son livre «la sagesse des foules» donne l’exemple,
d’une foule dans un marché aux bestiaux qui fournit le poids exact d’un taureau,
en faisant la moyenne de huit cent réponses. Cette tendance de fond se confirme
lorsqu’on observe le nombre de site dédiés à la critique dans de nombreux domaines
culturels tel que la musique, le cinéma, la bande dessinée, le livre, le jeux vidéo.
-La communauté à l’échelle locale
Grâce à la géolocalisation, qui permet de localiser précisément notre position, grâce
au développement des moteurs de recherches locaux et à la progression fulgurante de
la téléphonie mobile, tous les critères sont réunis pour mettre en avant une information
de proximité. «Life is local», a exprimé Tim Bowler, directeur général du Johnson Press
(l’un des plus trois grands groupes britanniques de journaux locaux et régionaux.) qui
à côté de ses 18 quotidiens et de ses trois cents hebdomadaires, a développé 323
sites Internet afin de couvrir tous les besoins de ses lecteurs en matière d’informations
et de services.
En France, le groupe Ouest-France a créer en 1999 le site maville.com, un réseau de
site Internet de proximité, composé de guides urbains, d’actualité, de services, de
petite annonces et de publicité à échelle de la ville et du département. Clay Johnson
référence en matière de données ouvertes au public précise : «Créer un mouvement
d’information durable, un peu comme les mouvements d’agriculture durable.
Consommez des informations locales. Consommez des informations à propos de vos
amis et de votre famille avant tout. Soyez plus concernés par votre épouse que par
celle du président. Ou que par les stars. » L’information locale fera donc ainsi office de
filtre naturel en redonnant de la valeur à l’information elle-même.

21
- Le multi-écran
Le numérique a permis d’augmenter l’expérience du média en mêlant de manière
interactive sons, vidéos, photos et des différents types de données disponibles telles
que la géolocalisation, la température, l’altitude, etc... Cette amélioration a largement
contribué au succès des écrans qui grâce à leurs interfaces ont permis l’agencement
de l’information et sa meilleure hiérarchisation de façon ergonomique. Grâce à ses
différents supports pour l’information, celle-ci est fragmentée et donc plus facile à
consommer. Le fournisseur d’accès internet Numéricable inclus par exemple une
tablette tactile dans son offre. Plus marquant encore, Toute l’interface de Window 8 a
été clairement conçue dans le but d’optimiser la lecture de l’information sur tablette
numérique, cependant leur nouvelle interface ne se prête pourtant pas à un écran de
22 pouces par exemple.

- Ce que retient le designer
L’augmentation de la capacité de stockage de notre information quelque soit sa forme,
n’apportera aucune solution à l’infobésité. la solution se situe donc dans la création
de filtres performants capable de s’appliquer à l’ensemble d’une communauté. Ainsi,
l’approbation qualitative de l’information par une communauté, en revalorisant celleci permettrait la création d’un filtre social durable et fiable.

22
CONCLUSION
Le premier risque dans ce mémoire était de souffrir des effets de mon propre sujet
et donc de me perdre dans l’énorme quantité d’information disponible autour de moi.
Mes recherches ont donc été méthodiques et mes résultats immédiatement classés
en catégorie selon leurs pertinences, fiabilités et apports.
Au fur et à mesure de ma progression, je me suis rendu compte de la complexité de
ce sujet entre autre sur la notion de temps. Mais j’ai pris cette sophistication comme
un défi et cela a attisé ma motivation et m’a permis de m’enrichir personnellement
et professionnellement. Ce sujet m’a inspiré de nouvelles idées proche des
problématiques liées à ma spécialisation comme : Comment hiérarchiser les données?
Comment apporter une information pertinente aux consommateurs ? Comment
utiliser les nouvelles données que nous capturons autour de nous ? Comment filtrer
l’information par l’approbation d’une communauté ? Mais à fait naître en moi des
questions plus originales que je garde précieusement sur le coin d’un carnet comme :
Comment améliorer de manière qualitative une information qui devient quantitative ?
Comment réduire ses attentes afin de mieux apprécier la découverte d’une information
? Comment utiliser notre connexion aux flux de données afin de se déconnecter ?
Ce sujet touche énormément d’aspects de l’information numérique. Son seul point
faible étant l’ampleur du travail à réaliser sur chacun d’entre eux. Mais ce problème sera
résolu je l’imagine par mon travail en équipes pluridisciplinaires. Mes rôles principaux
en tant que designer seront ma capacité à proposer des idées créatives et innovantes
en m’assurant dans la mesure du possible de veiller au bon déroulement du projet, de
sa problématique de départ à sa réalisation. Ma formation en management du design
et de l’innovation semble donc rassembler toutes les compétences requises.

23
Dans ce mémoire j’ai décris l’information comme étant un outil indispensable à la
démocratie. J’ai expliqué que sa conversion au format numérique signifiait d’encourager la diversification de son support et de privilégier l’accès à une information utile.
J’ai souligné que le surplus d’information faisait partie intégrante de notre envie de
chercher, trouver, ranger, classer et comprendre le monde qui nous entoure et que
notre difficulté à choisir était due essentiellement à notre niveau d’exigence. J’ai mis
en valeur que notre participation à la création de l’information avait changé notre
rapport avec elle mais avait également créer une forme de dépendance et que nous
ne prenons plus de temps d’apprécier celle-ci. En parcourant les solutions possibles à
l’infobésité je retiendrais que la crédibilité et la fiabilité de l’information étaient les
bases sans lesquelles un projet ne pouvait pas fonctionner. J’attacherai un soin particulier à créer et varier les supports de mon information. J’ai conclu qu’il fallait mettre
en avant une information locale car celle-ci était source de contact humain. Ainsi la
suite de ce projet sera dirigée par le questionnement suivant :

«Comment rester exigeant avec l’information qui nous
entoure malgré la tentation du moindre effort pour la
trouver ?»

24
REMERCIEMENTS
Je remercie Jean-yves Chevalier et Delphine Giuliani pour leur suivi et leurs conseils
tout au long de l’écriture de ce mémoire. Je souhaitais adresser mes remerciements
les plus sincères aux personnes qui m’ont apporté leur aide et qui ont contribué à
l’élaboration de ce mémoire. Je n’oublie pas mes parents pour leur contribution, leur
soutien et leur gentillesse. Je tiens à exprimer ma reconnaissance envers ma maman
qui a eu la patience de lire et corriger ce travail. Enfin, j’adresse mes remerciements à
tous mes proches et amis, qui m’ont toujours soutenu et encouragé dans les moments
les plus durs.
Merci à Clément, Vincent, Thomas, Michael, Betty, et tous les autres !

25
SOURCEs
▶ Bibliographie
John Perry, La Procrastination - L’art de reporter au lendemain, Edition Autrement, 2012
Marie-Anne Chabin - Sérendipité et autres curiosités, recueil, 2012
Olivier Carpentier - Les ressort de la mémoire, page 58, Ca m’intéresse N°371, 28
décembre 2011
Philippe Chantepie, Alain Le Diberder - Révolution numérique et industries culturelles,
La découverte, 2010
Bernard Poulet - La fin des journaux et l’avenir de l’information, Gallimard, 2009
James Surowieck - la sagesse des foules, Lattès, 2008
Hartmu Rosa - Accélération une critique social du temps, La découverte, 2005
Jeremy Rifkin - L’âge de l’accès, La découverte, 2005
Etienne Klein - Les tactiques de Chronos, Flammarion, 2004
Alban Gonord - Le temps, Flammarion, 2001
Nietzsche - Seconde Considération intempestive, GF-Flammarion, page75-81, 1988

26
▶ Webographie
Rémi Sussan, «Sortir de la tyrannie du présent», 2013
http://www.internetactu.net/2013/02/05/sortir-de-la-tyrannie-du-present/

Anaïs Saint-Jude, «Perspective on information overload», Lift 2012
http://www.youtube.com/watch?v=ny022v-zTOE&feature=related

Xavier de la Porte, «Les smartphones ont-ils tué l’ennui ?», internetactu.net, 2012
http://internetactu.blog.lemonde.fr/2012/10/12/les-smartphones-ont-ils-tue-lennui/

JP Rangaswami, «Information is food», 2012
http://www.ted.com/talks/lang/en/jp_rangaswami_information_is_food.html

Claire Abrieux, «L’information au régime», 2012
http://www.rslnmag.fr/post/2012/04/02/Linformation-au-regime-!.aspx

Jenna Wortham, «Feel Like a Wallflower? Maybe It’s Your Facebook Wall», The New
York Times, 2011
http://psychcentral.com/blog/archives/2011/04/14/fomo-addiction-the-fear-of-missing-out/

Barry Schwartz, «The paradox of choice», 2009
http://www.ted.com/talks/barry_schwartz_on_the_paradox_of_choice.html

27
▶ Filmographie
Retour vers le futur - réalisateur Robert Zemeckis, 1985
Primer - Shane Carruth, 2007
Next - Lee Tamahori, 2007
Minority Report - Steven Spielberg, 2002
Person of Interest - Jonathan Nolan, 2011

28
EMILIEN SIMON
emiliensimon.com
e.simon@lecolededesign.com
Emilien simon   mémoire - version finale a4 double
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Emilien simon mémoire - version finale a4 double

  • 1. L’ INFOBESITÉ Mémoire de recherche - Projet de fin d’études EMILIEN SIMON AVRIL 2013 L’ÉCOLE DE DESIGN NANTES ATLANTIQUE MANAGEMENT DU DESIGN ET DE L’INNOVATION
  • 2.
  • 3. abstract Information overload The aim of this study was to explore the phenomenon of information overload in the digital world and whch role the interactive designer may have and what their contribution can be to solve this problem. There is two type of filter who present lot of interest : the context of information and the power of the community, it allowed to share and select our data with more efficiency. There is so much interesting digital information that it is difficult to recognize what really matters. Since we consider information as a product we can sell, manipulate and control, it is clear that it will start to be considered as a raw material, such as water, in the near future. Interaction designers and all the actors of the digital world have a great responsability on how we will treat the information in the next 10 years. In this project I plan to give an opportunity to the user to educate themselves and also raire public awareness about their personnal information. For this, I intend to offer a solution that would lower step by step the assistance provided to the user about his own information treatment. In conclusion, educating people throught a game seems to be a smart and playful way to manage their data step by step. The local user community will be a significant driving force of this system.
  • 4. Préambule Après 7 années de ma vie à l’école de design Nantes Atlantique, il a été facile pour moi d’observer l’évolution du comportement de chacun vis à vis de la technologie. Je me souviens que les professeurs ont progressivement intégré l’outil informatique dans le processus créatif. L’utilisation de logiciels créatifs ou la recherche d’informations sur internet ne sont ainsi arrivées que progressivement. Ceci j’imagine, afin de garder en nous une part de créativité sans subir l’influence d’une aide d’outils extérieure. En parlant d’aide extérieure, l’utilisation d’internet dans la scolarité a pris tellement d’importance, que le Danemark, dans 10% de ces lycées, autorise l’utilisation d’internet lors de certaines épreuves au bac. Cependant malgré nous, l’ordinateur et l’utilisation d’internet sont devenus indispensables. Aujourd’hui il est même rare de voir l’un d’entre nous assis seul avec uniquement une feuille et un stylo. Depuis l’utilisation massive d’internet en cours, j’ai pu observer que la communication dans mes classes devenait de plus en plus rare. Aujourd’hui, malgré le fait que nous partagions le même espace, nous n’hésitons plus à passer par l’intermédiaire de nos écrans pour s’échanger un point de vue, une information ou une blague. Cet accès à l’information permanente s’est intensifié tout au long de ma scolarité. Aujourd’hui, nous sommes connectés à nos réseaux sociaux et pendant qu’une vidéo se charge, nous consultons l’actualité en écoutant de la musique et vérifions nos boîtes mails régulièrement. L’accès à l’information en permanence a donné énormément d’importance aux moteurs de recherche dans nos vies. Grâce à son succès phénoménal, Google, après avoir créer un système d’exploitation mobile nommé Android, a l’ambition de proposer à ses clients son propre système d’exploitation bureautique. Ainsi, ce qui n’était qu’un moteur de recherche en 1998, est comparable maintenant aux entreprises tel que Apple ou Windows grâce à son rôle dans l’information.
  • 5. Nick Aloisio, créateur de l’application Summly En Février 2013, Nick D’Aloisio un jeune britannique vends son application à Yahoo pour 30 millions de dollars. Le principe de son application : résumer automatiquement des articles d’information afin que leurs contenus s’adaptent sur des écrans de tailles différentes. L’infobésité ne serait donc pas forcement un problème mais pourrait devenir une formidable source d’innovation, si nous profitions des enjeux de cette masse d’information. J’ai passé la première moitié de mon parcours scolaire en design d’interactivité à me former aux maniements de l’information au travers des projets que j’ai réalisé sur 3 ans. La seconde moitié à développer mon intérêt pour le management du design et de l’innovation. Ce mémoire qui se trouve au coeur des problématiques de ma profession sera de nourrir mes futures interrogations dans le traitements de l’information.
  • 6.
  • 7. Sommaire introduction....................................................................................1 01. l'information NUMÉRIQUE ▶ Qu’est ce que l’information.............................................................2 ▶ L’information numérique...................................................................4 ▶ Le surplus d’information....................................................................6 02. notre rapport à l’information ▶ Une autre manière de consommer...........................................8 ▶ Surconnectés..................................................................................................9 ▶ Notre dépendance à l’information..........................................9 03. Le temps ▶ Le culte de l’instantané........................................................................11 ▶ Se déconnecter............................................................................................14 04. LES SOLUTIONS ▶ Le stockage......................................................................................................16 ▶ Les filtres............................................................................................................20 CONCLUSION.........................................................................................23 REMERCIEMENTS................................................................................25 Sources.........................................................................................................26
  • 8. Introduction Avoir une réflexion sur l’infobésité impose d’analyser en premier lieu ce qu’est l’information numérique et d’identifier l’origine de ce surplus d’information et quelles solutions peuvent tenter d’y remédier. En second lieu, il sera intéressant d’observer notre rapport à l’information afin d’identifier quels sont nos points forts et nos points faibles. Pour finir, je décrypterai un des repères que nous utilisons pour mieux nous représenter la quantité d’information : le temps. En se numérisant, l’information est devenu accessible à la majorité d’entre nous à la seule condition de posséder un ordinateur et une connexion internet. Ce flux d’information ininterrompu a changé notre manière de vivre au quotidien. En tant qu’acteur et consommateur de l’information nous sommes de plus en plus sollicité aux travers de nos notations, discussions, diffusions et sélections. Cette nouvelle implication nous impose de faire de plus en plus de choix. Cependant, du à l’accroissement exponentielle de l’information, il devient de plus en plus difficile choisir ce qui compte réellement pour nous. Marie- Anne Chabin experte reconnue au niveau international pour l’archivage et la gestion de l’information numérique définit l’infobésité ainsi : «Infobésité est un mot-valise, forgé en 1995, pour traduire l’anglais «information overload», expression remontant aux années 1970 ; on dit aussi sur-information ou surcharge d’information, expressions plus molles mais aussi plus exactes. En effet, «infobésité» suggère l’ingestion par le sujet d’une quantité excessive d’informations qu’il ne parvient pas à digérer et à éliminer, faisant alors de la rétention d’information (au sens médical du terme), au détriment de son agilité intellectuelle et de son confort documentaire. Or, l’idée initiale est que le sujet, dans cette société de l’information, de la consommation et autres sommations numériques, est environné, entouré, surplombé de trop de données pour pouvoir les ingérer correctement.» En tant qu’être humain notre capacité à assimiler l’information est limitée et sauf changement radical de modèle, l’augmentation du flux d’informations sera de plus en plus problématique. Ce mémoire relate mes recherches et interroge les différentes facettes de notre relation avec l’information. L’enjeu de ce mémoire sera d’identifier les différents facteurs pouvant être à l’origine de la surcharge informationnelle. L’ensemble des points abordés ci-dessus sont incluent dans la problématique suivante : EN QUOI NOTRE RAPPORT À L’INFORMATION EST-IL DEVENU PROBLÉMATIQUE ? 1
  • 9. 01. l'information NUMÉRIQUE ▶ Qu’est ce que l’information D’après la définition du Larousse : «Tout événement, tout fait, tout jugement porté à la connaissance d’un public plus ou moins large, sous forme d’images, de textes, de discours, de sons.» À titre de bref rappel, l’histoire de l’information commence au début de la renaissance. Ce n’était que de simples copies de lettre recommandée produites par des professionnels de l’information, diplomatique et politique, qui étaient diffusées dans toute l’Europe. La circulation de ces nouvelles économiques et politiques ont permis de tisser des liens de confiance entre les marchands au 16ème siècles. Parallèlement se diffusaient dans les milieux populaires des «occasionnets» pour raconter les événements extraordinaires et les rumeurs à caractère politique qui se multiplièrent avec l’invention de l’imprimerie vers 1440. Depuis la révolution de 1792, la presse aura été l’outil indispensable de la démocratie. Elle contribuera à créer de part sa fonction d’information la critique dont le public à toujours eu besoin pour se sentir concerné et impliqué. Donc l’information, grâce à la presse et les divers médias ont permis de mieux comprendre ce qui se passait près et autour de chez soi. - Les médias Par la suite, les quotidiens se sont vendus à des centaines de milliers d’exemplaires vers la fin du 19ème siècle. Puis les annonceurs et leurs publicités ont permis le développement et la diffusion des médias de masse. Depuis cette époque, les médias de masse ont changé de forme en faveur du format numérique majoritairement diffusé aujourd’hui. Mais Bernard Poulet ancien rédacteur en chef du «Courrier International», reste méfiant : «derrière l’abondance des informations sur le web, la multiplication des sites et des journaux gratuits, le flot des commentaires de toutes sortes, forces est de constater l’appauvrissement des contenus.» La baisse de qualité de notre information est donc attribuée ici, à l’abondance de l’information. Mais le jugement qualitatif de l’information n’est-il pas subjectif. Il l’est pour 2 simples raisons : Le premier, comme nous le rappelle le lexicographe français Philibert-Joseph Le Roux est simple : «Tous les goûts sont dans la nature». Le deuxième mentionné dans le documentaire sur la chaîne Arte intitulé «La qualité dépend-elle de la diversité ?» nous rappelle que la qualité dépendra souvent du contexte dans lequel elle est consommée. Ainsi, certaines personnes apprécient parfois de «débrancher leur cerveau» en sortant du travail. Mais la baisse de la qualité de l’information n’est pas le seul problème que Bernard Poulet déplore. *1 http://www.ecrans.fr/Presse-des-chiffres-et-des-pertes,15668.html 2
  • 10. Il accuse l’ensemble du système en incluant tous les différents acteurs de l’information : «L’information serait devenue un produit comme les autres, sinon une matière première dont un marché fixerait les cours et devrait être rentable au même titre que toutes les autres industries. - La crise de la presse Une partie importante des revenus de la presse vient des annonceurs. Leurs migrations massives vers internet comme support de communication montre bien qu’ils ne se sentent pas du tout concernés par l’avenir de la presse écrite. Les chiffres sont unanimes*1 et le résultat s’en fait ressentir, il démontre que la presse est en pleine crise financière. À ces chiffres s’ajoute les 3.775 postes supprimés aux États-Unis en 2011 qui selon le blog Paper Cuts représente 30% de perte de plus que l’an dernier. Au-delà du drame humain que ces licenciements représentent, ce sont autant de personnes qui ne participerons plus à la création d’une information de qualité. La presse écrite a également un autre avantage : diversifier le support de l’information. Ainsi, la disparition progressive de la presse écrite en se déclinant en version numérique accentuera le phénomène d’infobésité. Nous risquons donc d’avoir de plus en plus d’information qui sera de moindre qualité. 3
  • 11. 3,2 4,2 4,0 2,9 3,7 1,0 1,4 0,3 0,9 1,7 -6,2 -3,7 -4,2 -4,0 -2,9 -1,0 -1,4 -0,3 -0,9 -1,7 0 5,2 4,1 4,5 3,4 , 4 ans et plus, ensemble de la journée) 6,2 Evolution de la part d'audience des chaînes (points chaînes historiques¹ 2002 2003 autres chaînes 2004 2005 2006 2007 dont chaînes TNT 2008 2009 2010 2011 ¹ Dont France 5 et Arte sur leurs tranches horaires de diffusion analogique (respectivement avant/après 19 heures). ² Chaînes TNT, thématiques, locales, régionales, interactives, étrangères et non signées. Source : Médiamétrie – Médiamat. Évolution de la part d’audience des chaînes télévisées L’économie de la télévision (2002-2011) Source : Médiamétrie - Médiamat, L’économie de la télévision ▶ L’information numérique Beaucoup de personnes considèrent encore que l’apparition d’un nouveau média est censée faire disparaître celui qui le précédait. Pourtant, la radio n’a pas fait disparaître la presse écrite et la télévision n’a pas tué la radio, même si celle-ci a vu son audience divisée par deux depuis les années 1980. Les grandes chaînes de télévision perdent aussi chaque année des dizaines de milliers de spectateurs. (Source : Médiamétrie - Médiamat) L’information numérique a connu un développement fulgurant en très peu de temps. Ainsi, la masse d’information qui nous entoure dépasse de loin notre capacité à percevoir notre environnement numérique. Par exemple, internet aurait doublé sa taille entre l’année 2010 et 2011 si on prend en compte la multiplication du nombre de site web (source : pingdom.com). - La perception du numérique Notre contact avec l’environnement proche s’établit à travers cinq sens : la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût. Ils nous permettent d’interpréter l’information du monde qui nous entoure sous forme de stimulus. Selon une parution du CNRS*1, notre système de perception est un processus actif : comme il n’est pas possible d’absorber et de traiter toute l’information qui nous entoure, nous réalisons un processus de sélection. Ce que résume le blogueur Richard Chappuis : Comment faiton pour archiver ? Dans ma tête, je ne suis pas obligé de « Enregistrer sous… » les épisodes de ma vie, ni de leurs donner un titre, pour les retrouver et les organiser. Je n’ai ni à supprimer définitivement ni à ranger les informations qui ne me sont plus utiles maintenant, ni même à me demander si elles me seront utiles plus tard.» *1 http://www.cnrs.fr/insb/recherche/parutions/articles2011/al-giraud.htm 4
  • 12. Internet par sa nature immatérielle diffuse l’information sur un écran. Peut importe sa taille ou sa forme, à l’heure actuellle, un écran agit uniquement sur notre sens de l’ouïe et de la vue. Notre perception spaciale de l’information numérique n’est donc pas complète. L’utilisation des logiciels pour organiser notre espace nécessite un fort investissement de temps à l’opposé de notre cerveau qui classe et sélectionne l’information de façon automatique. La capacité naturelle de sélection dont fait preuve l’homme grâce à son cerveau signifie que la capacité à organiser notre univers informationnel serait donc plus compliqué qu’il n’y paraîtrait. Ainsi, John Perry dans son livre «La procrastination», explique que pour palier au surplus d’informations, nous avons développé deux systèmes d’organisation, verticale et horizontale. L’organisation verticale serait représentée par la multiplication des dossiers sur nos ordinateurs et l’organisation horizontale par la multiplication des icônes sur notre bureau. De ce fait, la dématérialisation de nos données sur Internet influencerait directement notre capacité à visualiser l’information dont nous avons besoin. Il s’agit donc de privilégier l’accès à l’information utile plutôt que la propriété. Le flux d’information est une des clés : derrière la notion de conductivité on montre la nécessité de permettre à l’information de transiter à travers l’organisation là où elle doit aller et non pas là où veut la garder. 5
  • 13. ▶ Le surplus d’information Aref JDEY, spécialiste dans la recherche et le management de l’information, anime le blog de référence «Demain la veille». Il soutient que l’infobésité ne touche pas uniquement à l’information numérique et existe depuis longtemps. On retrouve ce sentiment de dépassement, de surcharge, à toutes les époques de l’humanité. De la Grèce Antique à aujourd’hui, chaque époque la ressent comme quelque chose de nouveau, comme quelque chose de particulier à son époque. Dans le dialogue socratique «phèdre» de Platon, Socrate critique déjà l’écriture comme quelque chose qui nous fait perdre notre mémoire. Descartes explique dans «Recherche de la vérité par la lumière naturelle», qu’on passe plus de temps à choisir les livres qu’à les trouver. Par exemple, la bibliothèque du Congrès situé à Washington possède 34,5 millions de livres. Pourtant, si on lit un livre par semaine et ce sur une durée comprise entre 10 et 100 ans, le plus motivé des lecteurs ne saura en lire qu’une infime partie : 4600 ! Ayant conscience de cela, afin de ne pas «perdre» notre temps sur un ouvrage «médiocre», nous pourrions tenter de rechercher sur internet le livre qui a le plus de chance de nous plaire. Mais le phénomène se reproduit également sur internet et il est même renforcé. Nous ne pourrons donc jamais tout voir, tout lire ou tout écouter mais ce n’est pas ce qui importe. Anaïs Saint-Jude, fondatrice et responsable du programme BiblioTech de la bibliothèque de Stanford, lors de sa présentation sur la scène du Lift* 2012, estime que : “La surcharge d’information fait partie de la condition humaine: nous sommes confrontés par trop de possibilité, trop de complexité [...] Ce sentiment de surcharge exprime autrement notre insatiable curiosité et notre besoin d’innovation.» Le surplus d’information ne serait dans ce cas pas un problème mais une solution et ferait partie intégrante de notre envie de chercher, trouver, ranger, classer et comprendre le monde qui nous entoure. - La difficulté de choisir «Le seul mauvais choix est l’absence de choix.» Amélie Nothomb Dans la conférence Ted, le psychologue Barry Scwartz en s’appuyant sur son livre «The Paradox of Choice: Why More Is Less» nous explique que de nos jours, nous les citoyens industrialisés, nous attendons tellement la perfection que nous sommes toujours un peu déçus. Ainsi, la quantité d’information disponible et les outils qui sont supposés nous guider pour faire le meilleur choix ne nous permettent pas d’être agréablement surpris. Selon lui réduire ses attentes constituerait le secret de notre bonheur. 6
  • 14. - Difficulté à se concentrer Une étude réalisée en 2009 par trois chercheurs de l’Université de Stanford montre que les gens qui sont constamment en ligne et font plusieurs choses à la fois perdent plus facilement leur concentration. Le temps nécessaire pour retrouver son niveau de concentration est ensuite 10 à 15 fois plus élevé que le temps d’interruption. De plus, selon la loi de Carlson notre cerveau a besoin de temps (environ 3 minutes) pour fonctionner à plein régime sur une tâche donnée. Jonathan Spira, chercheur sur le surplus d’information, affirme que l’infobésité a un impact négatif sur la mémoire et sur la concentration. Il compare ce phénomène à une drogue: «Nous développons une tolérance à l’infobésité et nous avons besoin de toujours plus d’informations pour nous satisfaire.» Notre dispersion de l’attention aurait donc de grandes conséquences sur notre capacité à consommer de l’information. - Ce qu’en retient le designer S’il faut réduire la quantité d’information numérique qui nous parvient, quels systèmes ou outils seront enclin à provoquer la sensation de satiété numérique ? Quelles facultés manque-t-il à l’outil informatique pour lui donner notre savoir-faire physiologique en matière de traitement de l’information? La première révolution de l’information était quantitative, la seconde sera probablement qualitative ainsi l’information primera et non pas la facilité ou la nécessité d’y accéder. 7
  • 15. 02. notre rapport à l'information ▶ Une autre manière de consommer Depuis la création d’internet, nos rapports avec l’information ont complètement été bouleversés. L’ arrivée du « Web 2.0 » a permis l’avènement du «web social» et nous sommes passés de simples consommateurs à celui d’acteurs de l’information. Cette nouvelle liberté a permis à quiconque d’exprimer son avis, de partager l’information qu’il considérera comme importante à ses yeux, celle-ci est à l’origine du succès des réseaux sociaux qui font aujourd’hui partie de notre quotidien tel Instagram qui le rend exceptionnel grâce à des différents filtres sur nos photos personnelles. De plus, les nouveaux outils technologiques qui permettent de capturer de mieux en mieux notre environnement (cameras GoPro) nous ont rapprochés d’une information de plus en plus endogène. L’apparition des nouveaux moyens de communication a bouleversé une grande partie de nos comportements sociaux : manière de se parler, de se rencontrer, d’écouter, de lire, d’écrire et de consommer. La plupart des spécialistes affirment que l’on n’a jamais autant lu ni communiqué que depuis l’apparition d’Internet. Cependant, nous avons redéfini le terme «lire» et «communiquer». Bernard Poulet spécialiste de l’information l’explique ainsi : «Que veut dire communiquer quand la connexion est manifestement plus importante que le message ?» En effet, communiquer implique selon sa propre définition d’avoir un échange d’information, ce qui n’est plus forcement le cas aujourd’hui : La communication est de plus en plus indirecte. Par exemple, lorsque nous diffusons une information sur Facebook ou Twitter, celle-ci restera peut-être sans réponse. De même, concernant la lecture : les chercheurs de l’ University College de Londres lors d’une étude sur les manières de lire des internautes ont relevé que la plupart des visiteurs de ces sites avaient tendance à ne lire qu’une ou deux pages avant de passer au document suivant. Ce survol de l’information montre que notre curiosité est proportionnelle à la quantité d’information disponible, rendant donc difficile l’arrêt de la consommation dans ce flux d’information. Ce qui est clairement une des conséquences en lien avec l’infobésité. 8
  • 16. ▶ Surconnectés Nos téléphones connectés en permanence sur internet nous permettent de franchir une nouvelle étape dans notre connection aux flux, plus celui-ci augmentera son débit, plus nous serons enclin à le suivre. La proximité qu’ils nous offrent est telle qu’il sera même difficile d’en sortir. Ainsi, le professeur Sergio Chaparro dans le cadre d’un cours sur les technologies de l’information à l’université Rutgers, en 2006, avait demandé à ses élèves de délaisser leur téléphone portable pendant trois jours. Résultat: seuls 3 étudiants sur 220 avaient réussi à aller jusqu’au bout de l’expérience. De cette expérience et de celle réalisée sur 2132 personnes à Londres deux années plus tard est née le terme « nomophobie » ou la peur de perdre son téléphone. Ces expériences montrent que la proximité et à la disponibilité de l’information nous ont rendus lentement dépendants à la celle-ci. Selon Xavier de la Porte, producteur de l’émission « Place de la Toile » sur France Culture, cette dépendance serait en partie lié à nos téléphones qui : « tuent chaque seconde d’ennui en un effleurement d’écran ». Si faire disparaître l’ennui semblerait bénéfique pour l’humain, le centre de recherche sur les questions sociales d’Oxford, nous met en garde : « La surcharge informationnelle restreint considérablement le temps alloué à la réflexion personnelle, à la pensée, ou simplement à la digression mentale[...]. Avec un téléphone portable continuellement allumé et une pléthore de distractions possibles pour l’œil, il est compréhensible que certains trouvent difficile de s’ennuyer de manière introspective. » ▶ Notre dépendance à l’information Le neurologue Irving Biederman démontre*1 qu’une nouvelle information déclenche chez chacun d’entre nous des réactions d’ordre chimique qui nous font nous sentir bien. Caterina Fake, cofondatrice de Flickr complète en disant : «Notre connexion permanente aux médias sociaux nous rend plus attentifs à ce que l’on rate et vous donne le faux sentiment de participer à ce que font les autres par leur intermédiaire.» Le fait d’être connecté en continue amplifierait donc notre dépendance et serait à l’origine de l’effet FOMO (Fear of Missing Out) qui se manifeste par la peur de manquer une information. Ceci est renforcé par la facilité que nous avons à nous comparer par l’intermédiaire de nos réseaux sociaux. Ainsi, on pourra en permanence se comparer non seulement à ses amis, collègues ou voisins, mais aussi avec des personnes que l’on ne connaît pas. Le site klout.com vous permettra par exemple de connaître votre score d’influence sur vos réseaux sociaux. *1http://online.wsj.com/public/article/SB120527756506928579-3wNdJRXhkpLqY4EDBt4j3ly1f oo_20090312.html?mod=rss_free 9
  • 17. - Ce qu’en retient le designer Les informations endogènes devraient prendre de plus en plus d’importance ces prochaines années en devenant de plus en plus facile et rapide à produire. Il faudra alors créer des services qui proposent de réduire cette nouvelle masse incontrôlable d’information. 10
  • 18. 03. Le temps ▶ Le culte de l’instantané - Qu’est ce que le temps ? Le temps est une notion simple et compliquée à la fois, Saint Augustin le philosophe l’expliquait ainsi: «Quand on ne me le demande pas, je sais ce qu’est le temps ; quand on me le demande, je ne sais plus.» Dans son livre « Les Tactiques de Chronos » le physicien français Etienne Klein décrit le temps comme un mot incluant les concepts de simultanéité, de succession et de durée et conclu que la mort est l’une des meilleures représentations que nous avons du temps car celle-ci est à échelle humaine. Alban Gonord, dans l’ouvrage sobrement intitulé «Le temps» complète au travers des explications des plus grand philosophes ce que pourrait être le temps. Parmi toutes ces définitions, toutes plus intéressantes les unes que les autres, son analyse de « L’oubli vital » de Nietzsche m’a semblé la plus pertinente dans la notion d’infobésité : « L’importance capitale qu’il faut attribuer à l’oubli qui permet de bien «digérer» les choses de la vie et de ne pas s’y attarder. C’est cet oubli encore qui permet de libérer le regard du flux ininterrompu du temps et de l’orienter vers un horizon futur et déterminé.[...] L’oubli permet de créer, c’est à dire de participer activement au présent en sachant ce qu’il faut puiser dans le passé en délimitant un horizon à venir. [...] » Ainsi, lorsqu’il parle de «digérer» ,de «flux ininterrompu» et «d’oubli», le rapprochement entre la notion de temps et d’infobésité semble clair. - Un des fantasme de l’homme : le contrôler S’il y a un art dans lequel l’homme a des fantasmes sur le contrôle du temps, c’est dans le cinéma. Que se soit dans la saga «Retour vers le futur» du réalisateur Robert Zemeckis qui propose de pouvoir influencer notre destinée, dans «Primer» de Shane Carruth qui nous démontre de manière scientifique la possibilité et complexité d’un voyage dans le temps, dans «Next» de Lee Tamahori qui montre l’humain capable de ralentir le temps à sa guise, dans «Minority Report» de Steven Spielberg et la série «Person of Interest» de Jonathan Nolan où l’humain est capable de prédire les crimes avant qu’ils ne se réalisent. Mais lorsque Google recrute l’équipe qui a conçu Behavio, une Startup qui propose de prédire le futur en croisant nos données, la réalité rattrape la fiction. Malgré l’existence de certains moteurs de recherches qui ne conservent pas les données personnelles comme Ixquick, d’après un article*1 paru sur le journal «Le Monde», Google aurait déjà plus de données sur la France que l’INSEE (L’Institut national de la statistique et des études économiques). *1http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/01/07/les-donnees-puissance-du-futur_1813693_3232.html 11
  • 19. Burning Monk - Immolation par le feu d’un moine bouddhiste, Malcolm Browne, Saïgon, 1963 - Culte du présent «Une photographie, c’est un fragment de temps qui ne reviendra pas.» Martine Franck La photographie a été pendant longtemps le meilleur moyen de capturer le présent, son utilisation dans les journaux a toujours été un excellent moyen de marquer les esprits comme le montre cette photo de Malcolm Browne en 1963, représentant l’immolation par le feu d’un moine bouddhiste. Aujourd’hui les nouveaux outils tel que Twitter nous permettent d’être toujours plus «proche» de l’information. Cette proximité se calcule par la durée entre le moment où l’événement a lieu et le moment ou nous recevons cette information. Ainsi, plus ce laps de temps sera court, plus l’information paraîtra proche de l’utilisateur. Cependant, dans cette course contre le temps, les journaux télévisés ne semblent ne pas réussir à s’adapter et nous pouvons de plus en plus régulièrement entendre s’excuser les journalistes pour avoir diffuser de fausses informations sans en avoir vérifier la source. Par exemple La chaîne Tf1 s’est excusée, après avoir présenté un reportage sur la pluie de météorites ayant eu lieu le 15 Février 2013 en Russie. Elle avait en réalité diffusé une vidéo filmée le 29 Juin 2011 au Mexique. 12
  • 20. Plus grave encore, Sunil Tripathi qui accusé (à tort) par les réseaux sociaux d’être coupable des attentats de Boston du 15 Avril 2013 a été retrouvé mort seulement 10 jours après les faits. Avec l’augmentation massive des formats de diffusion de l’information sur internet, l’avenir du journalisme sera probablement axé sur la capacité à prouver la crédibilité des informations annoncées. Comme nous avons pu l’observer lors des différents débats pour l’élection présidentielle où chaque chiffre énoncé par le candidat était aussitôt contrôlé donnant ainsi au futur président un score de fiabilité et donc de confiance. - Consommer le plus rapidement possible Partout, l’information devient de plus en plus rapide à consommer comme si cette accélération nous permettait de rendre le présent plus intense. Ainsi, les formats des articles sur nos smartphones deviennent de plus en plus court à lire. La vidéo voit également son format se rétrécir comme le prouve les séries à succès tel que «Kaamelot» de Alexandre Astier (2005), «Scène de ménage» par Alain Kappauf (2009) ou «Bref» de Kyan Khojandi (2011). Twitter semble avoir encore une fois une longueur d’avance avec son application Vine qui permet la création de vidéo de 6 secondes seulement. L’utilisation de Vine a déjà été utilisée dans la bande annonce du film « Wolverine » de James Mangold. Plus représentatif encore du potentiel de cette application, le festival de cinéma Tribeca*1, a mis sur pied un concours autour de Vine. *1 http://tribecafilm.com/festival 13
  • 21. Lorenz Potthast - The Decelerator Helmet – Une vision ultra-ralentie on Vimeo. ▶ Se déconnecter Se déconnecter fait partie d’un mouvement plus large nommé «slow life». Le site internetactu.net décrit parfaitement le phénomène dans l’article intitulé «Sortir de la tyrannie du présent»*1. L’article conclu sur une remarque du journaliste Paul Salopek qui dit «[...]Nous n’avons pas besoin de plus d’informations, nous avons besoin de plus de sens… Il faut beaucoup ralentir pour comprendre[...]» Harmut Rosa dans «Accélération Une critique sociale du temps», ajoute «le véritable luxe serait de prendre son temps.» Il nous propose cette histoire pleine de sens : « Dans une lointaine contrée rurale d’Europe du Sud, un pêcheur est assis face à une mer d’huile, et pêche avec une vieille canne artisanale. Un entrepreneur prospère, qui s’offre un congé en solitaire au bord de la mer, l’aperçoit au cours d’une promenade, l’observe un moment, secoue la tête et lui demande pourquoi il pêche à cet endroit. Là-bas, près des brisants, il pourrait prendre deux fois plus de poissons. Le pêcheur le regarde, étonné. «Pour quoi faire ?», demande-t-il d’un air perplexe. Eh bien, il pourrait vendre les autres poissons au marché de la ville voisine, acheter avec le produit de sa vente une canne à pêche en fibre de verre toute neuve, et en plus des hameçons spéciaux extrêmement efficaces. Le produit quotidien de sa pêche en serait certainement doublé sans aucune peine. «Et alors ?», demande le pêcheur toujours aussi perplexe. Et alors, répond l’homme d’affaires qui commence à perdre patience, il pourrait rapidement acheter un bateau, naviguer en haute mer, prendre dix fois plus de poissons, et devenir ainsi rapidement assez riche pour s’offrir un chalutier moderne. L’homme d’affaires rayonne, grisé par sa propre vision. «Bien, dit le pêcheur, et qu’est ce que je fais après ?» *1 http://www.internetactu.net/2013/02/05/sortir-de-la-tyrannie-du-present/ 14
  • 22. Après, s’enthousiasme l’entrepreneur, il contrôlera la pêche sur toute la côte et il pourra faire travailler pour lui toute une flotte de bateaux de pêche. « Ah, répond le pêcheur, et moi, qu’est-ce que je fais, s’ils travaillent pour moi ?» Eh bien, il n’aura plus qu’à rester assis sur la plage toute la journée, à profiter du soleil et à pêcher. « Oui, dit le pêcheur, c’est justement ce que je suis en train de faire». » Alors qu’on s’inquiétait hier de la fracture numérique, qui donnerait aux milieux aisés une avance en termes d’équipement et d’accès aux nouvelles technologies, les précurseurs d’hier sont ceux qui peuvent aujourd’hui s’offrir le luxe de décrocher. L’école «Waldorf School of the Peninsula» en Californie propose même à des parents de limiter l’exposition aux écrans jusqu’à l’équivalent de la sixième, et n’introduit l’outil informatique qu’en quatrième. - Ce que retient le designer Le temps pourrait bien devenir la nouvelle unité de mesure de l’information au détriment de son espace occupant nos disques durs. Donner la possibilité à l’utilisateur de se déconnecter de notre service contrairement aux apparences, pourrait s’avérer être un plus. 15
  • 23. 04. LES SOLUTIONS ▶ Le stockage - Accroissement des capacités de stockage L’augmentation des capacités de stockage depuis les années 1950 concerne non seulement les supports physiques des programmes et contenus détenus par les utilisateurs finaux, mais aussi les serveurs et les capacités des offreurs. Cette capacité augmente grâce aux progrès de la densité de stockage (volume stocké/cm2). Ces augmentations de performances se combinent avec une concurrence très vive sur les prix, en sorte que le coût de stockage (prix/volume) diminue aussi de manière exponentielle (Morris et Truskoski, 2003), permettant des gains d’efficacité dans toutes les filières de l’informatique associées (PC, baladeurs, serveurs,...) - Le stockage est moins coûteux En se basant sur le disque dur externe qui est le format de stockage le plus répandu aujourd’hui, le modèle standard propose une capacité de 500 Go (équivalent d’environ 500 films, 125 000 chansons ou 500 000 images). Aujourd’hui sur le site materiel.net, la différence de prix entre le 500 Go (proposé à 53 euros) et le 1000 Go (1To) n’est que d’environ 8 euros. Le format 1 To est donc rapidement devenu la nouvelle référence en terme de quantité/prix. Pourtant, il faut savoir qu’en cas d’accident, le coût d’une récupération des données passe d’une moyenne de 450 euros pour un disque dur 500 Go à environs 550 euros pour le modèle 1 To. L’enjeu aujourd’hui n’est plus le rapport quantité/prix, mais le rapport quantité/prix/fiabilité. C’est pourquoi nous voyons aujourd’hui apparaître des sites internets qui propose de sauvegarder nos données en ligne. Par exemple, le site dropbox.com propose de stocker nos informations moyennant un prélèvement mensuel. Les avantages principaux étant la garantie d’une information protégéz contre les accidents du quotidien (chute, chaleur,...) et l’accessibilité à ses données personnelles à partir de nos appareils tel que smartphone et ordinateur fixe et portable. 16
  • 24. En revanche, l’offre n’est pas équivalente à l’achat d’un disque dur externe sur le rapport quantité/prix. En effet, la location d’un espace de 500 Go sera facturé en moyenne 50 euros par mois, ce qui correspond au prix d’un disque dur externe d’un espace de stockage équivalent. De plus, ce système de stockage en ligne pose le problème de la propriété de nos données puisque la sécurité sur internet est encore loin d’être parfaite. Pour finir, si nous comparons uniquement en terme de coût pour l’utilisateur, alors qu’il suffit par exemple d’imprimer ses photos pour les regarder, d’un baladeur pour écouter sa musique ou d’un classeur pour ses documents administratifs, cette nouvelle solution de stockage sur internet impose l’achat de matériel informatique, d’une connexion internet et d’un abonnement mensuel ce qui représente un investissement important. 17
  • 25. Francois Ferracci - LOST MEMORIES, 2012 - On stock de plus en plus Aujourd’hui, nous gardons certains réflexes du passé pour stocker notre information. Ainsi, nos films sur cassette ou dvd nécessitaient une armoire parfois très encombrante pour les plus cinéphiles d’entre nous. Notre musique sur vinyl imposait souvent un rangement très encombrant et nos disques compacts signifiaient des tours dépassant parfois le mètre. Nos photos étaient stockées sur des albums et il était très amusant de les ressortir lors des grandes réunions de famille. Aujourd’hui, la dématérialisation de toutes ces données montre que notre comportement a radicalement changé. Par exemple, nos listes interminables de films rendent difficile le choix de ceux-ci, à l’opposé des séries où l’on se contente de suivre l’épisode qui suit ; les radios sur Internet sont capables d’analyser nos goûts au fur et à mesure de notre écoute (exemple : pandora.com) et ont remplacé nos disques compacts. De même, nous accumulons nos photos sur les réseaux sociaux sans jamais plus les regarder. Donc, nous stockons de plus en plus parce que le support a évolué. La numérisation des données a permis une nouvelle polyvalence qui a brisé les couples contenus/ supports. En effet, chaque type de contenu était stocké et diffusé sous une forme propre, spécifique, incompatible avec celle d’autres contenus : disque vinyle pour le son, papier pour l’édition, cassettes vidéo pour l’image. Aujourd’hui, la diversité des support de stockage n’est plus exclusive et assimilée à un style de contenu. Par exemple, un film pourra être stocké et consulté sur un téléphone portable, une tablette tactile et un ordinateur portable. 18
  • 26. Avoir un doublon de ce film sur un ordinateur fixe n’a aucune conséquence, le phénomène est multiplié par le nombre de support que nous possédons. Ainsi, la diversification de ces moyens de stockage et de consultation renforce la difficulté à organiser et à classer notre information. La synchronisation entre les différents supports sera donc probablement une des clés de réussite du futur. - La mémoire artificielle Marie-Anne Chabin, dans son livre intitulé «Sérendipité et autres curiosité» explique «Les mémoires informatiques sont de plus en plus puissantes, et celles des individus de plus en plus plates, étendues mais peu profondes. [...] plus on est abreuvé de données et plus on a de mal à les tamiser, à les capitaliser[...].» L’outil informatique est donc handicapé de ne pouvoir « oublier » et de « se rappeler» comme nous en sommes capables. Nous considérons donc cette extension de mémoire artificielle comme une extension de notre mémoire personnelle et nous faisons de moins en moins appel à cette dernière. Notre répertoire téléphonique est un exemple flagrant car aujourd’hui en cas d’urgence, sans notre téléphone il nous sera plus difficile de nous rappeler du numéro d’un de nos proches. Cela atténue progressivement la confiance que nous pouvons avoir en notre propre mémoire. De plus, ceci est un cercle vicieux, car plus nous utilisons notre mémoire artificielle, moins la personnelle est performante et moins nous avons confiance en nous, plus nous utilisons notre mémoire artificielle. Pourtant, notre mémoire qui fait office de filtre naturel, trie notre information automatiquement, et selon son degré d’importance (Source : Ca m’intéresse N°371, paru le 28 décembre 2011), ce qui n’est pas le cas de notre mémoire artificielle présente sur les disque durs. 19
  • 27. Feedreader - Agrégateur de flux rss ▶ Les filtres - Individuels ou universels Lors d’une conférence TED*, JP Rangaswami le technologue et économiste propose cette idée : « L’information est comparable à la nourriture : la façon dont nous produisons nos aliments et notre information sont similaires.» , il cite alors les points communs qui existe entre l’obésité et l’infobésité et conclu sur une réflexion de Clay Shirky spécialiste de l’information qui dit « la surcharge d’information n’existe pas, il y a seulement une défaillance du filtre » Pour «filtrer» notre consommation de nourriture nous disposons d’atouts physiologiques telle que la sensation de satiété qui nous permet de réguler notre appétit. Notre système gustatif qui, associé à notre mémoire, nous permet d’apprécier la qualité de ce que nous mangeons. Cependant, ces systèmes de filtration physiologiques n’existent pas encore dans l’univers du numérique, ainsi nous avons créer un ensemble de solutions palliatives à cela. De ce fait, pour réguler notre appétit et nos préférences, nous utilisons des agrégateurs de flux rss*1 qui ne règlent en fait qu’une partie du problème puisqu’il n’y a pas de limite à la quantité de flux suivi. Autre exemple, selon Eli Pariser auteur du livre «Filter bubble», pour augmenter la pertinence de notre résultat qui s’affiche lors d’une recherche sur internet, Google sélectionne ce qui s’affiche selon 57 critères et cela même hors connexion. Cette solution paraîtrait très appréciable si elle ne posait pas le problème de la liberté de choix sur internet*2. Les systèmes de filtres ne s’appliquant uniquement qu’à l’individu ne résolve donc le plus souvent qu’une partie du problème et en créer d’autres bien plus complexes. C’est pourquoi j’ai décidé de mettre en avant les filtres applicables à un ensemble de personnes. *1 S’abonner au flux rss de sites Internet donne la possibilité de consulter rapidement l’activité de ses sites préférés en obtenant une vue d’ensemble grâce à l’utilisation d’agrégateurs qui permettent de réunir ses articles sur une même interface, un peu à la manière d’une boite mail. *2 http://www.ted.com/talks/lang/fr/eli_pariser_beware_online_filter_bubbles.html 20
  • 28. - La communauté est devenu un filtre pour l’information Depuis la création des réseaux sociaux comme Facebook en 2004, la diffusion de l’information a progressé exponentiellement. Aujourd’hui, il n’est pas rare de trouver des personnes inscrites sur plusieurs réseaux sociaux. Tout est fait dans le but de nous encourager à partager le plus largement possible notre information et diffuser celle des autres personnes. Il est par exemple possible de partager une information sur l’ensemble de ses réseaux en une seule fois, comme le propose le site socialcam. com. L’influence de la communauté sur la popularité d’une information est telle, que sa crédibilité et donc sa diffusion sont limitées. L’importance des communautés dans l’approbation de l’information est telle qu’elle remplace progressivement celle des spécialistes. Exemple concret, le nombre d’avis sur un film, un album, un article, etc,... prime sur l’expertise d’une seule personne. Pour illustrer cette idée, le journaliste américain James Surowiecki, dans son livre «la sagesse des foules» donne l’exemple, d’une foule dans un marché aux bestiaux qui fournit le poids exact d’un taureau, en faisant la moyenne de huit cent réponses. Cette tendance de fond se confirme lorsqu’on observe le nombre de site dédiés à la critique dans de nombreux domaines culturels tel que la musique, le cinéma, la bande dessinée, le livre, le jeux vidéo. -La communauté à l’échelle locale Grâce à la géolocalisation, qui permet de localiser précisément notre position, grâce au développement des moteurs de recherches locaux et à la progression fulgurante de la téléphonie mobile, tous les critères sont réunis pour mettre en avant une information de proximité. «Life is local», a exprimé Tim Bowler, directeur général du Johnson Press (l’un des plus trois grands groupes britanniques de journaux locaux et régionaux.) qui à côté de ses 18 quotidiens et de ses trois cents hebdomadaires, a développé 323 sites Internet afin de couvrir tous les besoins de ses lecteurs en matière d’informations et de services. En France, le groupe Ouest-France a créer en 1999 le site maville.com, un réseau de site Internet de proximité, composé de guides urbains, d’actualité, de services, de petite annonces et de publicité à échelle de la ville et du département. Clay Johnson référence en matière de données ouvertes au public précise : «Créer un mouvement d’information durable, un peu comme les mouvements d’agriculture durable. Consommez des informations locales. Consommez des informations à propos de vos amis et de votre famille avant tout. Soyez plus concernés par votre épouse que par celle du président. Ou que par les stars. » L’information locale fera donc ainsi office de filtre naturel en redonnant de la valeur à l’information elle-même. 21
  • 29. - Le multi-écran Le numérique a permis d’augmenter l’expérience du média en mêlant de manière interactive sons, vidéos, photos et des différents types de données disponibles telles que la géolocalisation, la température, l’altitude, etc... Cette amélioration a largement contribué au succès des écrans qui grâce à leurs interfaces ont permis l’agencement de l’information et sa meilleure hiérarchisation de façon ergonomique. Grâce à ses différents supports pour l’information, celle-ci est fragmentée et donc plus facile à consommer. Le fournisseur d’accès internet Numéricable inclus par exemple une tablette tactile dans son offre. Plus marquant encore, Toute l’interface de Window 8 a été clairement conçue dans le but d’optimiser la lecture de l’information sur tablette numérique, cependant leur nouvelle interface ne se prête pourtant pas à un écran de 22 pouces par exemple. - Ce que retient le designer L’augmentation de la capacité de stockage de notre information quelque soit sa forme, n’apportera aucune solution à l’infobésité. la solution se situe donc dans la création de filtres performants capable de s’appliquer à l’ensemble d’une communauté. Ainsi, l’approbation qualitative de l’information par une communauté, en revalorisant celleci permettrait la création d’un filtre social durable et fiable. 22
  • 30. CONCLUSION Le premier risque dans ce mémoire était de souffrir des effets de mon propre sujet et donc de me perdre dans l’énorme quantité d’information disponible autour de moi. Mes recherches ont donc été méthodiques et mes résultats immédiatement classés en catégorie selon leurs pertinences, fiabilités et apports. Au fur et à mesure de ma progression, je me suis rendu compte de la complexité de ce sujet entre autre sur la notion de temps. Mais j’ai pris cette sophistication comme un défi et cela a attisé ma motivation et m’a permis de m’enrichir personnellement et professionnellement. Ce sujet m’a inspiré de nouvelles idées proche des problématiques liées à ma spécialisation comme : Comment hiérarchiser les données? Comment apporter une information pertinente aux consommateurs ? Comment utiliser les nouvelles données que nous capturons autour de nous ? Comment filtrer l’information par l’approbation d’une communauté ? Mais à fait naître en moi des questions plus originales que je garde précieusement sur le coin d’un carnet comme : Comment améliorer de manière qualitative une information qui devient quantitative ? Comment réduire ses attentes afin de mieux apprécier la découverte d’une information ? Comment utiliser notre connexion aux flux de données afin de se déconnecter ? Ce sujet touche énormément d’aspects de l’information numérique. Son seul point faible étant l’ampleur du travail à réaliser sur chacun d’entre eux. Mais ce problème sera résolu je l’imagine par mon travail en équipes pluridisciplinaires. Mes rôles principaux en tant que designer seront ma capacité à proposer des idées créatives et innovantes en m’assurant dans la mesure du possible de veiller au bon déroulement du projet, de sa problématique de départ à sa réalisation. Ma formation en management du design et de l’innovation semble donc rassembler toutes les compétences requises. 23
  • 31. Dans ce mémoire j’ai décris l’information comme étant un outil indispensable à la démocratie. J’ai expliqué que sa conversion au format numérique signifiait d’encourager la diversification de son support et de privilégier l’accès à une information utile. J’ai souligné que le surplus d’information faisait partie intégrante de notre envie de chercher, trouver, ranger, classer et comprendre le monde qui nous entoure et que notre difficulté à choisir était due essentiellement à notre niveau d’exigence. J’ai mis en valeur que notre participation à la création de l’information avait changé notre rapport avec elle mais avait également créer une forme de dépendance et que nous ne prenons plus de temps d’apprécier celle-ci. En parcourant les solutions possibles à l’infobésité je retiendrais que la crédibilité et la fiabilité de l’information étaient les bases sans lesquelles un projet ne pouvait pas fonctionner. J’attacherai un soin particulier à créer et varier les supports de mon information. J’ai conclu qu’il fallait mettre en avant une information locale car celle-ci était source de contact humain. Ainsi la suite de ce projet sera dirigée par le questionnement suivant : «Comment rester exigeant avec l’information qui nous entoure malgré la tentation du moindre effort pour la trouver ?» 24
  • 32. REMERCIEMENTS Je remercie Jean-yves Chevalier et Delphine Giuliani pour leur suivi et leurs conseils tout au long de l’écriture de ce mémoire. Je souhaitais adresser mes remerciements les plus sincères aux personnes qui m’ont apporté leur aide et qui ont contribué à l’élaboration de ce mémoire. Je n’oublie pas mes parents pour leur contribution, leur soutien et leur gentillesse. Je tiens à exprimer ma reconnaissance envers ma maman qui a eu la patience de lire et corriger ce travail. Enfin, j’adresse mes remerciements à tous mes proches et amis, qui m’ont toujours soutenu et encouragé dans les moments les plus durs. Merci à Clément, Vincent, Thomas, Michael, Betty, et tous les autres ! 25
  • 33. SOURCEs ▶ Bibliographie John Perry, La Procrastination - L’art de reporter au lendemain, Edition Autrement, 2012 Marie-Anne Chabin - Sérendipité et autres curiosités, recueil, 2012 Olivier Carpentier - Les ressort de la mémoire, page 58, Ca m’intéresse N°371, 28 décembre 2011 Philippe Chantepie, Alain Le Diberder - Révolution numérique et industries culturelles, La découverte, 2010 Bernard Poulet - La fin des journaux et l’avenir de l’information, Gallimard, 2009 James Surowieck - la sagesse des foules, Lattès, 2008 Hartmu Rosa - Accélération une critique social du temps, La découverte, 2005 Jeremy Rifkin - L’âge de l’accès, La découverte, 2005 Etienne Klein - Les tactiques de Chronos, Flammarion, 2004 Alban Gonord - Le temps, Flammarion, 2001 Nietzsche - Seconde Considération intempestive, GF-Flammarion, page75-81, 1988 26
  • 34. ▶ Webographie Rémi Sussan, «Sortir de la tyrannie du présent», 2013 http://www.internetactu.net/2013/02/05/sortir-de-la-tyrannie-du-present/ Anaïs Saint-Jude, «Perspective on information overload», Lift 2012 http://www.youtube.com/watch?v=ny022v-zTOE&feature=related Xavier de la Porte, «Les smartphones ont-ils tué l’ennui ?», internetactu.net, 2012 http://internetactu.blog.lemonde.fr/2012/10/12/les-smartphones-ont-ils-tue-lennui/ JP Rangaswami, «Information is food», 2012 http://www.ted.com/talks/lang/en/jp_rangaswami_information_is_food.html Claire Abrieux, «L’information au régime», 2012 http://www.rslnmag.fr/post/2012/04/02/Linformation-au-regime-!.aspx Jenna Wortham, «Feel Like a Wallflower? Maybe It’s Your Facebook Wall», The New York Times, 2011 http://psychcentral.com/blog/archives/2011/04/14/fomo-addiction-the-fear-of-missing-out/ Barry Schwartz, «The paradox of choice», 2009 http://www.ted.com/talks/barry_schwartz_on_the_paradox_of_choice.html 27
  • 35. ▶ Filmographie Retour vers le futur - réalisateur Robert Zemeckis, 1985 Primer - Shane Carruth, 2007 Next - Lee Tamahori, 2007 Minority Report - Steven Spielberg, 2002 Person of Interest - Jonathan Nolan, 2011 28