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M A I 2 0 1 4 N°416 11RFComptable
Incitation/pression
(Motifs de la fraude)
Ex : l’enrichissement personnel, l’égo, la crainte
Opportunité
Ex : faille dans
le contrôle interne
Rationalisation
(Justification de l’acte)
Ex : se persuade que les
sommes détournées
correspondent
à une rémunération due
Triangle
de la fraude
REPÈRES
La fraude comptable et financière
aujourd’hui
À l’occasion d’une conférence organisée par l’Association des professionnels et directeurs comptabilité
et gestion (APDC) qui œuvre pour la promotion de la fonction comptable en entreprise et dont un
groupe de travail est dédié aux bonnes pratiques dans le domaine du contrôle interne financier, Jean-
Marc Lefort, Associé Forensic, KPMG, a présenté un panorama de la fraude comptable et financière.
Quel est le visage de la fraude en 2014 et comment lutter contre ?
QUE RECOUVRE LA FRAUDE
COMPTABLE ET FINANCIÈRE ?
Définition
La fraude s’entend de l’acte intentionnel commis
par une ou plusieurs personnes parmi les mem-
bres de la direction, les responsables de la gou-
vernance, les employés ou des tiers, impliquant le
recours à des manœuvres trompeuses dans le but
d’obtenir un avantage indu ou illégal.
La fraude comptable et financière porte sur
3 domaines :
Le détournement d’actifs (56 % des cas de
fraude) : paiements frauduleux, vols, abus de biens
sociaux, paiements de fournisseurs fictifs...
La corruption (24 %) : conflit d’intérêt, délit d’initié...
La présentation frauduleuse des états financiers
(20 %) : comptabilisation de revenus fictifs, omis-
sion intentionnelle d’informations capitales, activa-
tion de coûts...
Le triangle de la fraude
Les éléments caractérisant la fraude peuvent être
schématisés ainsi :
LE DÉLIT DE PRÉSENTATION DE COMPTES
ANNUELS NE DONNANT PAS UNE IMAGE
FIDÈLE DANS LES SOCIÉTÉS
La présentation de comptes annuels ne
donnant pas une image fidèle est pénalement
sanctionnée dans les sociétés de capitaux
dès lors que le gérant, le président, les
administrateurs, les directeurs généraux,
les membres du directoire, du conseil de
surveillance, même en l’absence de toute
distribution de dividendes, ont sciemment
publié ou présenté aux associés des comptes
annuels ne donnant pas une image fidèle
du résultat des opérations de l’exercice, de
la situation financière et du patrimoine à
la clôture, en vue de dissimuler la véritable
situation de la société (c.com.art.L. 241-3 ;L. 242-6,
L. 242-30,L.243-1,L. 244-1etL.246-2).
Le profil du fraudeur
Une étude de KPMG de novembre 2013 met en
évidence les constats suivants (KPMG, « Global profiles of
the fraudster », novembre 2013).
Pratiqueratique
comptablecomptable
ratique
comptable
ratiqueratique
comptable
ratique CComptesomptes
consolidés
omptes
consolidés
omptes IFRS IInformationnformation
financière
Juridiqueuridique
et fiscal
uridique
et fiscal
uridique FFinance/inance/
gestion ProfessionrofessionAudit
M A I 2 0 1 4N°416 RFComptable12
61 % des fraudeurs exercent dans l’entreprise
victime, dont 41 % depuis plus de 6 ans.
Dans 70 % des cas, le fraudeur est un homme
entre 36 et 55 ans occupant un poste de manager.
54 % des fraudes sont commises par des
employés ayant des fonctions d’encadrement ou
de direction.
La fraude excède 500 000 $ dans 32 % des cas.
Dans 70 % des cas, le fraudeur agit en collusion
avec d’autres individus et cette tendance est en
constante augmentation.
Des exemples concrets
Situations à risque. La vigilance est particulière-
ment de mise dans les situations, entités ou ser-
vices suivants : périodes de vacances (absence
du supérieur hiérarchique), services achats (frais
généraux, travaux), phase de migration informati-
que, phase de réorganisation du service compta-
ble, petite filiale géographiquement éloignée.
E X E M P L E S
L’escroquerie au président – Elle consiste, pour
le fraudeur, à contacter les services comptabilité ou
trésorerie de la société cible en se faisant passer pour
le président de cette même société ou de sa société
mère en invoquant une opération très confidentielle
en cours. Il va demander que soit réalisé en urgence
un virement à destination d’un pays étranger.
La fraude aux virements SEPA – Profitant du
contexte de migration (généralisation repoussée au
1er
août 2014), le fraudeur s’improvise technicien
de la banque de la société cible en prétextant des
tests de compatibilité avec l’entreprise cliente
pour demander à cette dernière de procéder à un
paiement test.
La fraude aux coordonnées bancaires
fournisseurs – Elle consiste à adresser au service
comptable de la société un courrier sur papier
en-tête d’un fournisseur pour l’informer d’un
changement de RIB.
Les nouvelles technologies ont, quant à elles,
ouvert de nouvelles possibilités aux fraudeurs (la
cybercriminalité).
CAS DE PIRATAGE INFORMATIQUE Mise hors service des systèmes,
piratage du trafic réseau, scanning, social engineering, cracking
des mots de passe, phishing.
LE DISPOSITIF – TYPE DE LUTTE
CONTRE LA FRAUDE
Le point central de tout dispositif de fraude est la
direction générale qui doit occuper un rôle cen-
tral.
1) La prévention
La prévention passe en premier lieu par la désigna-
tion d’un responsable de la fraude, un « fraud offi-
cer » qui joue un rôle d’animateur du processus
de prévention.
« FRAUD OFFICER » VS RESPONSABLE
DU CONTRÔLE INTERNE
Les mécanismes de fraude sont spécifiques et nécessitent la mise
en place d’un contrôle interne spécifique, puisque la fraude
supposeunactevolontaire,ainsiquedesoutilspropres.Le«fraud
officer » peut être le responsable du contrôle interne, mais il agira
alors avec d’autres acteurs : l’auditeur interne, le security officer,
la DSI, la DRH ou encore la direction juridique.
E X E M P L E S
Des actions simples de prévention peuvent être
mises en œuvre dans l’exemple de la fraude au
président :
– sensibiliser l’ensemble des personnels des services « à
risque » ;
– rappeler les procédures internes et l’interdiction d’y
déroger ;
– réfléchir à la suppression des virements papier et
renforcer les procédures de confirmation avec les
banques ;
– revoir les firewalls informatiques protégeant le système
de messagerie électronique ;
– limiter la diffusion de la signature du dirigeant sur
Internet.
La cartographie des risques de fraude est un autre
élément important. La fraude est souvent intégrée
dans la cartographie des risques, mais rarement
comme un risque principal, il convient alors de
cartographier spécifiquement le risque de fraude :
– identifier les risques majeurs,
Pratiqueratique
comptablecomptable
ratique
comptable
ratiqueratique
comptable
ratique CComptesomptes
consolidés
omptes
consolidés
omptes IFRS IInformationnformation
financière
Juridiqueuridique
et fiscal
uridique
et fiscal
uridique FFinance/inance/
gestion ProfessionrofessionAudit
M A I 2 0 1 4 N°416 13RFComptable
– les décliner en risques spécifiques,
– convertir des risques bruts en risques résiduels
(c’est-à-dire après prise en compte du contrôle
interne),
– mesurer des risques résiduels sous deux dimen-
sions (criticité et occurrence) et les hiérarchiser.
S’ensuivent des mesures correctives et un suivi.
2) La détection
Deux dispositifs méritent d’être soulignés.
Le whistleblowing ou l’alerte professionnelle –
Ces dispositifs, autorisés par la CNIL depuis
novembre 2005, sont relativement efficaces, mais
impliquent la mise en place d’une organisation spé-
cifique et un engagement de conformité aux con-
ditions de la CNIL (CNIL, délibération, n° AU-004 modifiée par
la délibération 14-042 du 30 janvier 2014).
L’alerte professionnelle s’adresse plutôt aux grands
groupes et sociétés cotées ainsi qu’à leurs filiales.
Le data mining – Il s’agit d’une procédure d’ex-
traction des données ERP pour être intégrées et
traitées de façon périodiques par l’outil de data
mining afin de générer des états d’exception à ana-
lyser. Ce sont de puissants outils nécessitant une
maîtrise et de l’expérience pour affiner au maxi-
mum les résultats.
E X E M P L E S
Les critères de recherche de données atypiques
peuvent, par exemple, porter sur :
– des fournisseurs en doublon ;
– des fournisseurs français ayant un RIB dans une
banque étrangère ;
– une écriture présentant un schéma atypique ;
– des comptes comptables rarement utilisés ;
– des sorties de stock annulées ;
– un utilisateur ayant saisi peu d’écritures ;
– des écritures comptabilisées sur une période
normalement fermée.
3) L’investigation
Cette étape consiste à analyser des fraudes réelles
et significatives via 4 techniques :
– l’audit classique ;
– le « forensic technology » (acquisition de docu-
ments électroniques afin de préserver les preuves)
pour recueillir, parmi les données électroniques
(mails, serveurs...) des éléments d’information sur
des opérations potentiellement frauduleuses ;
– les entretiens avec les témoins ou les suspects ;
– le « corporate intelligence » (acquisition de don-
nées publiques relatives à des personnes physiques
ou morales en lien avec des opérations potentiel-
lement frauduleuses).
4) Les autres éléments du dispositif
Après l’étape de l’investigation, viennent celles :
– des actions correctives qui, suite à l’analyse des
cas de fraude, permet d’identifier les faiblesses
du contrôle interne et de définir les nouveaux
contrôles ;
– du reporting et de la diffusion des retours d’ex-
périence au sein du groupe ;
– de l’évaluation régulière du dispositif.
 La fraude n’est pas une simple
erreur, elle suppose un acte inten-
tionnel.
 Afin de lutter contre les manœuvres
frauduleuses, les actions de commu-
nication au sein de l’entreprise sur la
fraude sont essentielles.
 La direction générale a un rôle pré-
pondérant dans tout dispositif anti-
fraude.
 Le détournement d’actifs est le pro-
cédé le plus usité dans le cadre de la
fraude comptable et financière.
 Retrouvez l’interview de Jean-Marc
Lefort à la suite de cet article.
L’essentiel
Pratiqueratique
comptablecomptable
ratique
comptable
ratiqueratique
comptable
ratique CComptesomptes
consolidés
omptes
consolidés
omptes IFRS IInformationnformation
financière
Juridiqueuridique
et fiscal
uridique
et fiscal
uridique FFinance/inance/
gestion ProfessionrofessionAudit
M A I 2 0 1 4N°416 RFComptable14
Interview Jean-Marc Lefort, Associé Forensic, KPMG
La fraude comptable et financière en quelques chiffres
S’agissant par définition d’un phénomène occulte, les chiffres ne peuvent porter, par définition,
que sur les fraudes découvertes et les statistiques chiffrées en la matière doivent toujours être
considérées avec précaution.
Selon l’ACFE (Association of Certified Fraud Examiners), le coût des seules fraudes internes
pourrait représenter en moyenne 5 % du chiffre d’affaires des entreprises. Autre chiffre édifiant :
en matière de corruption, la Commission européenne avait évalué fin 2012 le coût de la seule
corruption en Europe à 1 % du PIB, soit 120 milliards d’euros.
Y a-t-il plus de risques de fraude dans les petites entreprises que dans les grandes
sociétés ?
Il n’existe pas, à ma connaissance, de statistiques précises en la matière. La distinction entre
petites et grandes entreprises prête elle-même à discussion : un grand groupe peut être cons-
titué de centaines de filiales, parfois de très petite taille. Ainsi, la seule distinction entre petites
et grandes entreprises peut s’avérer non pertinente. En outre, les fraudes survenant dans les
petites structures indépendantes sont moins répertoriées et donc moins étudiées.
Toutefois, on observe généralement que les défaillances de contrôle interne ayant favorisé les
fraudes diffèrent selon les tailles des entreprises. Ainsi, dans certains cas, les éléments positifs
en termes de prévention de fraude que l’on retrouve généralement dans les grandes sociétés
(existence d’un contrôle interne fort, principe de séparation des tâches renforcé, etc.) sont
parfois obérés par des dysfonctionnements également propres à leur taille (dilution des respon-
sabilités managériales, inflation d’informations et de reportings non exploités, prépondérance
de la « compliance » sur le contrôle effectif des opérations, etc.).
Selon vous, combien coûte la prévention de la fraude à une entreprise ?
L’un des freins à la mise en place d’un dispositif de prévention de fraude porte précisément sur
la difficulté à en évaluer le coût. L’une des raisons de cette difficulté porte sur le champ d’ap-
plication du contrôle interne qui va couvrir à la fois les risques d’erreur et de fraude. Dès lors,
comment chiffrer le coût de la seule prévention de fraude ?
Plutôt qu’un chiffrage global, l’approche généralement retenue va consister à dresser une carto-
graphie des risques de fraude et à rationaliser, dans la mesure du possible, pour chaque risque
significatif, le rapport coût/avantage du dispositif de prévention envisagé. Pour chaque risque de
fraude analysé, la méthode va consister à comparer le coût financier en cas de matérialisation
du risque (pondéré par sa probabilité de survenance) avec les coûts de conception et de mise
en place du contrôle visant à réduire ou supprimer le risque considéré.
Attention toutefois aux arbitrages strictement financiers qui pourraient conduire l’entreprise à
ne pas couvrir un risque de fraude et ne négligeons pas les effets potentiellement dévastateurs
d’une fraude de grande ampleur pour un groupe, notamment en termes d’image.
Pratiqueratique
comptablecomptable
ratique
comptable
ratiqueratique
comptable
ratique CComptesomptes
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  • 1. M A I 2 0 1 4 N°416 11RFComptable Incitation/pression (Motifs de la fraude) Ex : l’enrichissement personnel, l’égo, la crainte Opportunité Ex : faille dans le contrôle interne Rationalisation (Justification de l’acte) Ex : se persuade que les sommes détournées correspondent à une rémunération due Triangle de la fraude REPÈRES La fraude comptable et financière aujourd’hui À l’occasion d’une conférence organisée par l’Association des professionnels et directeurs comptabilité et gestion (APDC) qui œuvre pour la promotion de la fonction comptable en entreprise et dont un groupe de travail est dédié aux bonnes pratiques dans le domaine du contrôle interne financier, Jean- Marc Lefort, Associé Forensic, KPMG, a présenté un panorama de la fraude comptable et financière. Quel est le visage de la fraude en 2014 et comment lutter contre ? QUE RECOUVRE LA FRAUDE COMPTABLE ET FINANCIÈRE ? Définition La fraude s’entend de l’acte intentionnel commis par une ou plusieurs personnes parmi les mem- bres de la direction, les responsables de la gou- vernance, les employés ou des tiers, impliquant le recours à des manœuvres trompeuses dans le but d’obtenir un avantage indu ou illégal. La fraude comptable et financière porte sur 3 domaines : Le détournement d’actifs (56 % des cas de fraude) : paiements frauduleux, vols, abus de biens sociaux, paiements de fournisseurs fictifs... La corruption (24 %) : conflit d’intérêt, délit d’initié... La présentation frauduleuse des états financiers (20 %) : comptabilisation de revenus fictifs, omis- sion intentionnelle d’informations capitales, activa- tion de coûts... Le triangle de la fraude Les éléments caractérisant la fraude peuvent être schématisés ainsi : LE DÉLIT DE PRÉSENTATION DE COMPTES ANNUELS NE DONNANT PAS UNE IMAGE FIDÈLE DANS LES SOCIÉTÉS La présentation de comptes annuels ne donnant pas une image fidèle est pénalement sanctionnée dans les sociétés de capitaux dès lors que le gérant, le président, les administrateurs, les directeurs généraux, les membres du directoire, du conseil de surveillance, même en l’absence de toute distribution de dividendes, ont sciemment publié ou présenté aux associés des comptes annuels ne donnant pas une image fidèle du résultat des opérations de l’exercice, de la situation financière et du patrimoine à la clôture, en vue de dissimuler la véritable situation de la société (c.com.art.L. 241-3 ;L. 242-6, L. 242-30,L.243-1,L. 244-1etL.246-2). Le profil du fraudeur Une étude de KPMG de novembre 2013 met en évidence les constats suivants (KPMG, « Global profiles of the fraudster », novembre 2013). Pratiqueratique comptablecomptable ratique comptable ratiqueratique comptable ratique CComptesomptes consolidés omptes consolidés omptes IFRS IInformationnformation financière Juridiqueuridique et fiscal uridique et fiscal uridique FFinance/inance/ gestion ProfessionrofessionAudit
  • 2. M A I 2 0 1 4N°416 RFComptable12 61 % des fraudeurs exercent dans l’entreprise victime, dont 41 % depuis plus de 6 ans. Dans 70 % des cas, le fraudeur est un homme entre 36 et 55 ans occupant un poste de manager. 54 % des fraudes sont commises par des employés ayant des fonctions d’encadrement ou de direction. La fraude excède 500 000 $ dans 32 % des cas. Dans 70 % des cas, le fraudeur agit en collusion avec d’autres individus et cette tendance est en constante augmentation. Des exemples concrets Situations à risque. La vigilance est particulière- ment de mise dans les situations, entités ou ser- vices suivants : périodes de vacances (absence du supérieur hiérarchique), services achats (frais généraux, travaux), phase de migration informati- que, phase de réorganisation du service compta- ble, petite filiale géographiquement éloignée. E X E M P L E S L’escroquerie au président – Elle consiste, pour le fraudeur, à contacter les services comptabilité ou trésorerie de la société cible en se faisant passer pour le président de cette même société ou de sa société mère en invoquant une opération très confidentielle en cours. Il va demander que soit réalisé en urgence un virement à destination d’un pays étranger. La fraude aux virements SEPA – Profitant du contexte de migration (généralisation repoussée au 1er août 2014), le fraudeur s’improvise technicien de la banque de la société cible en prétextant des tests de compatibilité avec l’entreprise cliente pour demander à cette dernière de procéder à un paiement test. La fraude aux coordonnées bancaires fournisseurs – Elle consiste à adresser au service comptable de la société un courrier sur papier en-tête d’un fournisseur pour l’informer d’un changement de RIB. Les nouvelles technologies ont, quant à elles, ouvert de nouvelles possibilités aux fraudeurs (la cybercriminalité). CAS DE PIRATAGE INFORMATIQUE Mise hors service des systèmes, piratage du trafic réseau, scanning, social engineering, cracking des mots de passe, phishing. LE DISPOSITIF – TYPE DE LUTTE CONTRE LA FRAUDE Le point central de tout dispositif de fraude est la direction générale qui doit occuper un rôle cen- tral. 1) La prévention La prévention passe en premier lieu par la désigna- tion d’un responsable de la fraude, un « fraud offi- cer » qui joue un rôle d’animateur du processus de prévention. « FRAUD OFFICER » VS RESPONSABLE DU CONTRÔLE INTERNE Les mécanismes de fraude sont spécifiques et nécessitent la mise en place d’un contrôle interne spécifique, puisque la fraude supposeunactevolontaire,ainsiquedesoutilspropres.Le«fraud officer » peut être le responsable du contrôle interne, mais il agira alors avec d’autres acteurs : l’auditeur interne, le security officer, la DSI, la DRH ou encore la direction juridique. E X E M P L E S Des actions simples de prévention peuvent être mises en œuvre dans l’exemple de la fraude au président : – sensibiliser l’ensemble des personnels des services « à risque » ; – rappeler les procédures internes et l’interdiction d’y déroger ; – réfléchir à la suppression des virements papier et renforcer les procédures de confirmation avec les banques ; – revoir les firewalls informatiques protégeant le système de messagerie électronique ; – limiter la diffusion de la signature du dirigeant sur Internet. La cartographie des risques de fraude est un autre élément important. La fraude est souvent intégrée dans la cartographie des risques, mais rarement comme un risque principal, il convient alors de cartographier spécifiquement le risque de fraude : – identifier les risques majeurs, Pratiqueratique comptablecomptable ratique comptable ratiqueratique comptable ratique CComptesomptes consolidés omptes consolidés omptes IFRS IInformationnformation financière Juridiqueuridique et fiscal uridique et fiscal uridique FFinance/inance/ gestion ProfessionrofessionAudit
  • 3. M A I 2 0 1 4 N°416 13RFComptable – les décliner en risques spécifiques, – convertir des risques bruts en risques résiduels (c’est-à-dire après prise en compte du contrôle interne), – mesurer des risques résiduels sous deux dimen- sions (criticité et occurrence) et les hiérarchiser. S’ensuivent des mesures correctives et un suivi. 2) La détection Deux dispositifs méritent d’être soulignés. Le whistleblowing ou l’alerte professionnelle – Ces dispositifs, autorisés par la CNIL depuis novembre 2005, sont relativement efficaces, mais impliquent la mise en place d’une organisation spé- cifique et un engagement de conformité aux con- ditions de la CNIL (CNIL, délibération, n° AU-004 modifiée par la délibération 14-042 du 30 janvier 2014). L’alerte professionnelle s’adresse plutôt aux grands groupes et sociétés cotées ainsi qu’à leurs filiales. Le data mining – Il s’agit d’une procédure d’ex- traction des données ERP pour être intégrées et traitées de façon périodiques par l’outil de data mining afin de générer des états d’exception à ana- lyser. Ce sont de puissants outils nécessitant une maîtrise et de l’expérience pour affiner au maxi- mum les résultats. E X E M P L E S Les critères de recherche de données atypiques peuvent, par exemple, porter sur : – des fournisseurs en doublon ; – des fournisseurs français ayant un RIB dans une banque étrangère ; – une écriture présentant un schéma atypique ; – des comptes comptables rarement utilisés ; – des sorties de stock annulées ; – un utilisateur ayant saisi peu d’écritures ; – des écritures comptabilisées sur une période normalement fermée. 3) L’investigation Cette étape consiste à analyser des fraudes réelles et significatives via 4 techniques : – l’audit classique ; – le « forensic technology » (acquisition de docu- ments électroniques afin de préserver les preuves) pour recueillir, parmi les données électroniques (mails, serveurs...) des éléments d’information sur des opérations potentiellement frauduleuses ; – les entretiens avec les témoins ou les suspects ; – le « corporate intelligence » (acquisition de don- nées publiques relatives à des personnes physiques ou morales en lien avec des opérations potentiel- lement frauduleuses). 4) Les autres éléments du dispositif Après l’étape de l’investigation, viennent celles : – des actions correctives qui, suite à l’analyse des cas de fraude, permet d’identifier les faiblesses du contrôle interne et de définir les nouveaux contrôles ; – du reporting et de la diffusion des retours d’ex- périence au sein du groupe ; – de l’évaluation régulière du dispositif.  La fraude n’est pas une simple erreur, elle suppose un acte inten- tionnel.  Afin de lutter contre les manœuvres frauduleuses, les actions de commu- nication au sein de l’entreprise sur la fraude sont essentielles.  La direction générale a un rôle pré- pondérant dans tout dispositif anti- fraude.  Le détournement d’actifs est le pro- cédé le plus usité dans le cadre de la fraude comptable et financière.  Retrouvez l’interview de Jean-Marc Lefort à la suite de cet article. L’essentiel Pratiqueratique comptablecomptable ratique comptable ratiqueratique comptable ratique CComptesomptes consolidés omptes consolidés omptes IFRS IInformationnformation financière Juridiqueuridique et fiscal uridique et fiscal uridique FFinance/inance/ gestion ProfessionrofessionAudit
  • 4. M A I 2 0 1 4N°416 RFComptable14 Interview Jean-Marc Lefort, Associé Forensic, KPMG La fraude comptable et financière en quelques chiffres S’agissant par définition d’un phénomène occulte, les chiffres ne peuvent porter, par définition, que sur les fraudes découvertes et les statistiques chiffrées en la matière doivent toujours être considérées avec précaution. Selon l’ACFE (Association of Certified Fraud Examiners), le coût des seules fraudes internes pourrait représenter en moyenne 5 % du chiffre d’affaires des entreprises. Autre chiffre édifiant : en matière de corruption, la Commission européenne avait évalué fin 2012 le coût de la seule corruption en Europe à 1 % du PIB, soit 120 milliards d’euros. Y a-t-il plus de risques de fraude dans les petites entreprises que dans les grandes sociétés ? Il n’existe pas, à ma connaissance, de statistiques précises en la matière. La distinction entre petites et grandes entreprises prête elle-même à discussion : un grand groupe peut être cons- titué de centaines de filiales, parfois de très petite taille. Ainsi, la seule distinction entre petites et grandes entreprises peut s’avérer non pertinente. En outre, les fraudes survenant dans les petites structures indépendantes sont moins répertoriées et donc moins étudiées. Toutefois, on observe généralement que les défaillances de contrôle interne ayant favorisé les fraudes diffèrent selon les tailles des entreprises. Ainsi, dans certains cas, les éléments positifs en termes de prévention de fraude que l’on retrouve généralement dans les grandes sociétés (existence d’un contrôle interne fort, principe de séparation des tâches renforcé, etc.) sont parfois obérés par des dysfonctionnements également propres à leur taille (dilution des respon- sabilités managériales, inflation d’informations et de reportings non exploités, prépondérance de la « compliance » sur le contrôle effectif des opérations, etc.). Selon vous, combien coûte la prévention de la fraude à une entreprise ? L’un des freins à la mise en place d’un dispositif de prévention de fraude porte précisément sur la difficulté à en évaluer le coût. L’une des raisons de cette difficulté porte sur le champ d’ap- plication du contrôle interne qui va couvrir à la fois les risques d’erreur et de fraude. Dès lors, comment chiffrer le coût de la seule prévention de fraude ? Plutôt qu’un chiffrage global, l’approche généralement retenue va consister à dresser une carto- graphie des risques de fraude et à rationaliser, dans la mesure du possible, pour chaque risque significatif, le rapport coût/avantage du dispositif de prévention envisagé. Pour chaque risque de fraude analysé, la méthode va consister à comparer le coût financier en cas de matérialisation du risque (pondéré par sa probabilité de survenance) avec les coûts de conception et de mise en place du contrôle visant à réduire ou supprimer le risque considéré. Attention toutefois aux arbitrages strictement financiers qui pourraient conduire l’entreprise à ne pas couvrir un risque de fraude et ne négligeons pas les effets potentiellement dévastateurs d’une fraude de grande ampleur pour un groupe, notamment en termes d’image. Pratiqueratique comptablecomptable ratique comptable ratiqueratique comptable ratique CComptesomptes consolidés omptes consolidés omptes IFRS IInformationnformation financière Juridiqueuridique et fiscal uridique et fiscal uridique FFinance/inance/ gestion ProfessionrofessionAudit