6. Le retournement des années 80 Source : Robert Reich, Supercapitalisme, 2007. Croissance du revenu familial réél par quintile aux US 1947-1973 1974- 2004
7. L’impact sur la rémunération des dirigeants Source : Robert Reich, Supercapitalisme, 2007. Ratio de rémunération du PDG par rapport au salaire moyen aux US
8. Et pendant ce temps là en France (1/2) … 0,01 % les plus riches 0,1 % 1 % 5 % 10 % 90 % + 32 % + 19,4 % + 11,3 % + 8,7 % + 4,6 % + 42,6 % Évolution des revenus moyens déclarés pour différents fractiles (euros 2006). Note : le fractile P90-100 correspond aux 10% des foyers les plus riches (3,5 millions de foyers sur 35 millions), le fractile P95-100 au 5% des foyers les plus riches, etc. Le fractile P99,99-100 correspond aux 0,01% des foyers les plus riches (3 500 contribuables les plus riches sur 35 millions) Source : « Les hauts revenus en France (1998-2006) : Une explosion des inégalités ? » Camille Landais, Paris School of Economics, juin 2007..
9. Et pendant ce temps là en France (2/2) … Part dans l'ensemble des salaires des 50 % des salaires les plus faibles et des 10% des salaires les plus forts en France. Source : « Les hauts revenus en France (1998-2006) : Une explosion des inégalités ? » Camille Landais, Paris School of Economics, juin 2007..
11. Le décrochage financier des années 80 Résultats du secteur financier américain en comparaison du secteur non financier (Ratio) On constate un décrochage du secteur financier par rapport à l’économie réelle dans les années 80. Sources : Andrex Glyn, Capitalism Unleashes , New York, Oxford University Press, 2006, pg. 52.Cité par Robert Reich, Supercapitalism , 2007.
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14. La montée du lobbying et le détournement de l’intérêt général à des fins privées Source : Robert Reich, Supercapitalisme, 2007. La montée du lobbying est le fruit de cette concurrence renforcée entre entreprises, et c’est la cause de l’affaiblissement de la démocratie. Le politique et els lois sont devenus un levier parmi d’autres du business
16. Quelle représentation sociale ? > Les partis politiques Le taux de pénétration des partis politiques en France, c'est-à-dire le nombre d'adhérents par rapport au nombre d'électeurs inscrits était de 2,6 %, le plus faible d'Europe en 1980 ! En comparaison ce taux était de 3,3 % en Grande-Bretagne, 9,7 % en Italie, 9,2% en Belgique… Ce taux a encore baissé, chutant de 2,6 % à 2 % en France entre 1980 et 2005, de 4 à 2 % en Allemagne. Les adhérentes aux partis politiques représentent 2 % de la population en France, 812 000 personnes déclarées en 2005 pour 63 millions de français dont 44,5 millions d'électeurs et 38 millions de votants.
17. Quelle représentation sociale ? > Les syndicats Adhésion aux syndicats en France (en % d’adhésion par rapport à la population active)
21. Exemple : la chute des empires textiles ? En moins de 2 ans les recul des ventes de vêtements a annulé 15 ans de croissance dans le secteur Le chiffre d’affaire du secteur textile-habillement après correction de l’inflation est en 2009 prêt de 10% inférieur à celui de 1990 (source IFM 2009)
28. La révolution économique monastique du XIIème siècle L’économie de production de masse du premier capitalisme s’inscrit dans une histoire sacrée, le travail de l’homme accompagne la révélation de Dieu lui-même et son extension aux extrémités des peuples de la terre.
29. Les technologiques déterminants Les rendements agraires en Bourgogne atteignent 4 pour 1 au XIIe siècle contre 2 à 3 pour 1 à l’époque carolingienne. 4 pour 1 contre 2,5 pour 1 selon Duby entre le IXe et le XIIIe siècle
30. La révolution économique monastique du XIIème siècle chaque meule d'un moulin à eau peut moudre 150 kg de blé à l'heure ce qui correspond au travail de 40 esclaves
31. La fin de l’esclavage la machine à vapeur avait déjà fait son apparition à Alexandrie entre 150 et 100 avant Jésus-Christ, 17 ou 18 siècles avant Denis Papin ! Héron y avait inventé l’éliopile, une turbine à vapeur, qui resta à l’état d’un jouet capable d'ouvrir et fermer la lourde porte d'un temple. Pourquoi cette ingénierie de l’école d’Alexandrie dés le 3ème siècle avant notre ère ne s'est-elle pas transformée en une révolution de production industrielle ? Tout simplement parce que le besoin en énergie dans la société hellénistique reposait sur les esclaves. Mosaïque tunisienne - Fin du IIe siècle apr. JC Musée du Louvre
33. Les foires de champagne et la naissance de « l’économie de marché » Les Flamands vendent draps et toiles ; les Italiens les produits du Levant, les soieries, les épices orientales ; les gens du Midi français des cuirs venus de Cordoue ; les Bourguignons du vin ; les Allemands des fourrures et des cuirs. Les Anglo-normands sont les grands absents de ce rendez-vous quasi-permanent du commerce européen. Au XIIème et XIIIème siècle, les foires de Champagne deviennent la plaque tournante du commerce international entre le bassin méditerranéen et le nord de l'Europe. Des petits vendeurs y côtoient des grands marchands et négociants.
47. L’« Esprit du capitalisme » : Weber citant Benjamin Franklin Souviens-toi que le temps, c'est de l'argent. Celui qui, pouvant gagner dix shillings par jour en travaillant, se promène ou reste dans sa chambre à paresser la moitié du temps, bien que ses plaisirs, que sa paresse, ne lui coûtent que six pence, celui-là ne doit pas se borner à compter cette seule dépense. Il a dépensé en outre, jeté plutôt, cinq autres shillings. […] Souviens-toi que l'argent est, par nature, générateur et prolifique. L'argent engendre l'argent, ses rejetons peuvent en engendrer davantage, et ainsi de suite. Cinq shillings qui travaillent en font six, puis se transforment en sept shillings trois pence, etc., jusqu'à devenir cent livres sterling. […]Celui qui perd cinq shillings, perd non seulement cette somme, mais aussi tout ce qu'il aurait pu gagner en l'utilisant dans les affaires, ce qui constituera une somme d'argent considérable, au fur et à mesure que l'homme jeune prendra de l'âge.
48. Adam Smith, « discours de l’épingle » (1778) « Regardez cette épingle, gentlemen ! Nous pouvons être fermement convaincus que son producteur ne l’a pas créée pour son usage personnel ou sa joie solitaire… Un ouvrier non qualifié, aussi sérieux et appliqué qu'il fut, ne pourrait sans doute pas en produire en une journée une seule qui puisse servir à quelque chose -et dans le meilleur des cas il n'en fabriquerait que quelques-unes… J'ai moi-même visité tout récemment une manufacture dans laquelle 10 ouvriers étaient capables de produire 48 000 épingles chaque jour… C'est dans cette division intelligente du travail et sa recomposition tout aussi judicieuse, Messieurs, que vous pourrez à l'avenir chercher les causes dernières de la richesse des nations, en cela et en rien d'autre… Imaginez, Messieurs, qu'il existe dans une nation de 10 ou 20 manufactures d'aiguille dont chacune n'ait rien à envier à la productivité de celle que j'ai décrite : il faudrait en même temps demander un peuple d'acheteurs d'aiguilles qui exprimeraient son besoin d'être abondamment après approvisionné à ces entités délicates… Dans une seule fabrique on produit 48 000 épingles pour chacun des 300 jours ouvrés de l'année, soit un total d'environ 15 millions… Comprenez-vous à présent ? Voyez-vous les conséquences ? Quel flot de richesse d'une autre nature voyons-nous forcément défiler ici devant nos yeux… Là où l'on a besoin d'un aussi grand nombre d'épingles, il faut aussi qu'existent des montagnes de tissus, des halles entières de soie noble, des trésors textiles du monde et de gigantesques entrepôts pleins de vêtements, de draps, de couvertures et de rideaux de toutes espèces… des dizaines de milliers de mains qui cousant qui piquent tout ce qu'elles attrapent… Nous voyons immédiatement apparaître l'image d'innombrables dames élégantes qui, vêtus de robes magnifiques, virevoltent devant leur miroir… Et songez aux navires dans les ports, aux véhicules sur les routes nationales, qui acheminent à de tels trésors de par le monde ! Bref, il a fallu que tous ces besoins soient éveillés et aient atteints des niveaux éminents pour que l'industrie locale de l'épingle atteigne le sommet de ses performances. Qui sait honorer alors que cette épingle insignifiante devienne une source de grande prospérité pour un nombre non négligeable de personnes, est une base de revenus assez sûre pour beaucoup d'autres ?... Plus nous envisageons sèchement les choses, plus notre admiration va augmenter en constatant que non seulement les épingles, mais des dizaines de milliers de produits différents suivent leur route avec la ponctualité la plus étonnante, comme si une main invisible les guidait vers leur lieu de destination. Que résulte-t-il de tout cela pour l'art de diriger une grande communauté ? demanderez-vous Messieurs... Dans un état bien régi ou l'on a bridé le gaspillage des gens improductifs apparaît inévitablement une prospérité générale sensible jusque dans les catégories les plus basses de la population. Elle se forme obligatoirement si les gouvernements se conforment à l'idée de ne pas entraver le grand métier à tisser et la main invisible qu'il l’actionne… Heureux le monde qui sera un jour une unique foire emplie du bruit des marchands et des acheteurs !... Tous admettront un jour que ce bien élevé qui, depuis l'époque des Anciens, porte le nom de liberté humaine, n'est rien d'autre que le reflet des choses mobiles sur les marchés, qui ont acquis la liberté par leur prix, si je peux m'exprimer ainsi. La liberté signifie pour les choses de la possibilité de changer de propriétaire ; la liberté pour les personnes signifie en revanche qu'elles se libèrent par rachat du service qu'elles devaient à des pouvoirs féodaux de devenir leurs propres propriétaires. »
49. Tocqueville : le christianisme, moteur de l’égalité économique et de la démocratie « parmi les objets nouveaux qui, pendant mon séjour aux Etats-Unis, ont attiré mon attention, aucun n'a plus vivement frappé mes regards que l'égalité des conditions », les américains ont eu la chance d' « être nés égaux au lieu de le devenir ». Cette « passion pour l’égalité est la marque de la démocratie ». Cette égalité nivelle les écarts sociaux en faisant émerger une classe moyenne « il n'y a plus de races de pauvres, il n'y a plus de races de riches » « Je me reporte pour un moment à ce qu’était la France il y a sept cents ans : je la trouve partagée entre un petit nombre de familles qui possèdent la terre et gouvernent les habitants ; le droit de commander descend alors de générations en générations avec les héritages ; les hommes n’ont qu’un seul moyen d’agir les uns sur les autres, la force ; on ne découvre qu’une seule origine de la puissance, la propriété foncière. Mais voici le pouvoir politique du clergé qui vient à se fonder et bientôt à s’étendre. Le clergé ouvre ses rangs à tous, au pauvre et au riche, au roturier et au seigneur ; l’égalité commence à pénétrer par l’Église au sein du gouvernement, et celui qui eût végété comme serf dans un éternel esclavage, se place comme prêtre au milieu des nobles, et va souvent s’asseoir au-dessus des rois. » «Si, à partir du XIe siècle, vous examinez ce qui se passe en France de cinquante en cinquante années, au bout de chacune de ces périodes, vous ne manquerez point d’apercevoir qu’une double révolution s’est opérée dans l’état de la société. Le noble aura baissé dans l’échelle sociale, le roturier s’y sera élevé ; l’un descend, l’autre monte. Chaque demi-siècle les rapproche, et bientôt ils vont se toucher. » Tocqueville, De la démocratie en Amérique, 1835.