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              Solvabilité 2
              Le Pilier 2,
              enjeux opérationnels
              de la gestion des risques




Livre Blanc
Tome 1
Sommaire
           Préface	                                                  2

           Introduction	                                             4

           1. Approche normative 	                                   6
           1.1 Les dispositions générales du Pilier 2	               6
           1.2 Que dit la Directive ?	                               7
           1.3 Que disent les projets de mesures d’application ?	   10
           1.4 Le COSO 2 - ERM	                                     13

           2. Mise en œuvre opérationnelle	                         16

           2.1 L'organisation générale de la « filière risque »	    16
           2.2 Mettre en place le processus de gestion des risques	 25
           2.3 Piloter les chantiers transverses	                   35

           Conclusion	                                              46

           Vos contacts	                                            47
Préface

     Ce livre blanc est publié à un moment clé de l’agenda réglementaire de la Directive Solvabilité 2. En effet,
     la mise en conformité au Pilier 2, pierre angulaire de la prévention des risques de solvabilité, se précise.
     Si, depuis fin janvier, le projet de Directive Omnibus 2 prévoit la possibilité de mesures transitoires,
     offrant ainsi un délai dans certaines conditions et sur quelques points, la préconsultation sur les
     mesures de niveau 2 sur le système de gouvernance des risques est en cours d’achèvement et celle sur les
     mesures de niveau 3 a démarré et s’accélérera au deuxième semestre 2011.

     C’est donc dans ce contexte réglementaire encore incertain mais déjà bien avancé que les priorités des
     entreprises d’assurance s’élargissent au Pilier 2. Or, cette étape implique l’application opérationnelle
     d’une stratégie des risques répondant aux principes et aux exigences émises par le législateur dans le
     second pilier de sa Directive. Ces nouvelles contraintes touchent au cœur du pilotage de vos activités, et
     de votre organisation. Elles sont également une opportunité pour optimiser votre performance
     opérationnelle. L’ORSA est, sur ce point, emblématique. Ce processus documenté entraîne une gestion
     inédite de la solvabilité sur un horizon stratégique de trois à cinq ans.

     PwC accompagne les entreprises dans leurs projets et a travaillé, à leur côté, sur la problématique de la
     gestion des risques en contribuant notamment à l’élaboration du référentiel COSO 2-ERM.
     Nous espérons donc, avec ce livre blanc, continuer à apporter notre expertise dans le cadre de la mise en
     conformité à Solvabilité 2.

     Par ailleurs, nous avons prévu de faire d'autres livres blancs au cours de 2011 et 2012 sur les sujets qui
     intéressent le marché, notamment, la qualité des données, l'ORSA et les reportings financiers.




     Eric Dupont						                                                    Jimmy Zou
     Associé	                                                             Associé
     Responsable du secteur Assurance				                                 Responsable de Solvabilité 2
Introduction




         Avant dernière ligne droite pour la mise en conformité à
         Solvabilité 2, 2011 est une étape importante pour les sociétés
         d’assurance.

         Pour leur apporter des solutions clés en main, PwC consacre un
         livre blanc, « les Enjeux du Pilier 2 », exclusivement dédié à la mise
         en œuvre de ces futures obligations.

         Ce livre blanc propose un cadre méthodologique concret et des
         points de repères dans le travail de déclinaison des principes du
         Pilier 2.
"Ce livre blanc, par son approche pluri-disciplinaire, présente de
                                                    façon claire les points essentiels de la gestion des risques complétés
                                                    d'illustrations possibles. Ce document nous conforte dans nos
                                                    orientations antérieures et il permet de mieux cerner certaines
                                                    déclinaisons opérationnelles à conduire dans les chantiers du Pilier 2.".
                                                    MAIF
                                                    Christophe Raballan
                                                    Directeur de la Maîtrise des risques et du Contrôle interne




Sur la route de la mise en conformité        C’est donc, en ce début d’année 2011,                  L’objectif de ce livre blanc est donc
à Solvabilité 2, les entreprises             sur le Pilier 2 de Solvabilité 2 que vos               de constituer une sorte de « boîte
d’assurance (sociétés d’assurance et         travaux s’étendront. Clef de voûte de                  à outils », utilisable par tous les
de réassurance, mutuelles, IP) sont          la Directive, la conformité au Pilier 2                acteurs intervenant sur les aspects
aujourd’hui arrivées à un tournant           pose donc de nombreuses questions                      organisationnels de la conformité à
stratégique. Après avoir consacré une        aux sociétés d’assurance. Cette étape                  Solvabilité 2. Après avoir rappelé les
part prépondérante de leurs projets de       implique une interrogation sur votre                   spécifications de la réglementation et du
conformité aux aspects quantitatifs du       culture du risque, une (re)définition                  référentiel ERM1, nous nous proposons
Pilier 1, elles se tournent aujourd’hui      de votre stratégie et de gouvernance                   de décliner les enjeux opérationnels
vers les exigences, plus qualitatives        des risques et, enfin, une mise en                     de vos chantiers de conformité
et plus complexes du Pilier 2.               place opérationnelle de votre gestion                  (organisation et gouvernance de la
                                             des risques.Des questions difficiles,                  filière risque, processus de gestion
En effet, en 2010, vous avez mobilisé        qui vous mènent souvent au cœur                        des risques, cadrage des chantiers
vos forces autour de la capacité de          du pilotage de votre activité.                         « transversaux » comme la qualité
votre organisation à modéliser les                                                                  des données ou l’ORSA 2), de poser
risques dans un nouveau référentiel          Qu’exige précisément la réglementation                 les questions structurantes et, enfin,
et à mesurer l’impact de ce nouveau          Solvabilité 2 ? Comment ces                            d’apporter des pistes de réponse
régime sur le montant des fonds propres      dispositions doivent-elles, ou plutôt,                 opérationnelles, via des exemples
nécessaire à horizon du 1er janvier 2013.    peuvent-elles être appliquées à                        concrets de mise en œuvre.
Vous avez également finalisé l’ensemble      mon organisation ? Quels sont les
des exercices liés au QIS 5. Ces exercices   contraintes et déterminants me                         Ce document s’adresse aux pilotes
ont été l’occasion de réaliser un 1er test   permettant de dimensionner un                          opérationnels des projets de conformité
« grandeur nature » sur vos méthodes         dispositif opérationnel de gestion des                 à Solvabilité 2, chefs de projet ou
et processus calculatoires. Lors de          risques ? Quels sont les chantiers que                 directeurs des risques. Toutefois, notre
cette phase, vous effectuez les tests «      recouvrent les exigences du Pilier 2 au                travail de réflexion et de méthodologie
grandeur nature » pour mettre en place       sein de mon projet de conformité ?                     pourra également être utile aux
un processus de réalisation des bilans                                                              dirigeants et administrateurs des
économiques et de calcul des SCR.            La difficulté majeure, partagée                        organismes d’assurance, dont bon
                                             par l’ensemble de nos clients et à                     nombre sont aujourd’hui confrontés à
                                             laquelle s’attaque ce livre blanc,                     des arbitrages difficiles sur le calibrage
                                             est d’interpréter et de calibrer les                   du dispositif, entre les impératifs de
                                             principes des textes réglementaires                    conformité (qui peuvent paraître lourds
                                             aux spécificités de l’organisation pour                au regard des discours de place) et les
                                             créer un dispositif de gestion des risques             ambitions de leur entreprise (approche
                                             conforme, adapté et performant.                        de stricte conformité ou objectif de « best
                                                                                                    in class » en pilotage des risques ?). Nous
                                                                                                    espérons que vous trouverez, ici, des
                                                                                                    axes de réflexion utiles pour vos travaux.




(1) ERM : Enterprise Risk Management
(2)  RSA : Own Risk and Solvency
    O
    Assessment, Évaluation interne
    des risques et de la solvabilité


                                                     Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques     3
1. Approche normative
Introduction


                                                 Dans le cadre de Solvabilité 2, toute organisation devra démontrer qu’elle a mis
                                                 en place un système adéquat et efficace de gestion des risques. Deux référentiels
                                                 principaux servent de guide dans cette perspective de mise en conformité.

                                                 •	Le référentiel réglementaire du Pilier 2 constitue la référence essen-
                                                   tielle. Ses dispositions couvrent les attentes des régulateurs en matière
                                                   d’organisation opérationnelle de la gestion des risques. Les grands prin-
                                                   cipes de la Directive y sont exprimés dans quelques articles. Des mesures
                                                   d’application, toujours en cours de discussion, viennent les préciser.
                                                 •	Le référentiel technique majeur et largement admis est le COSO 23 - ERM. Il est
                                                   utilisé par la quasi-totalité des acteurs cherchant à appréhender les critères d’une
                                                   gestion des risques performante. On notera que les agences de notation ont ainsi
                                                   intégré la « performance » ERM comme un critère d’évaluation à part entière.
                                                 Nous vous proposons une synthèse des principales
                                                 dispositions et concepts de ces deux référentiels.




(3)  OSO est l’acronyme abrégé de Committee Of Sponsoring Organizations
    C
    of the Treadway Commission, une commission à but non lucratif qui a établi
    en 1992 une définition standard du contrôle interne et a créé un cadre pour
    évaluer son efficacité. Par extension, ce standard s'appelle aussi COSO.


                                                          Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques   5
1.1  es dispositions
    L
    générales du Pilier 2
Le Pilier 2 recouvre l’ensemble des principes et pratiques attendus des organisations en matière de gestion des
risques, au regard des estimations de risque et de fonds propres couvertes par le Pilier 1. Ses principales dispositions
peuvent être schématiquement regroupées dans les quatre grandes catégories exposées ci-dessous :



Figure 1 – Les principales dispositions du Pilier 2

                                                        Nouveau processus
     Gouvernance des risques                                                                 Exigences du modèle interne
                                                          de supervision
          (art. 41 à 49)                                                                           (art.120 à 126)
                                                           (art. 27 à 39)
  •	 Des exigences de gouvernance                 •	 Un nouveau processus de                 •	 Une utilisation effective du mo-
     générale (séparation des tâches,                supervision, fondé sur un                  dèle interne dans le pilotage (ges-
     gestion des conflits d’intérêt…)                dialogue permanent avec le                 tion opérationnelle des risques,
                                                     régulateur et où l’entreprise a            allocation de capital notamment)
  •	 Un principe de proportionna-                    la « charge de la preuve »
     lité du dispositif risque à la                                                          •	 Une évaluation objectivée
     complexité du profil de risque               •	 La possibilité pour le régulateur          selon 9 principes (appropria-
                                                     de sanctionner via des « capi-             tion par le management, reflet
  •	 La définition des fonctions clés                tal add-on » tout écart quan-              fidèle du profil de risque…)
     de la gestion des risques et du                 titatif ou qualitatif par rapport
     périmètre du dispositif risque                  aux standards attendus.                 •	 L'existence d’un processus in-
                                                                                                terne de validation du modèle…
  •	 Des exigences de qualités « fit
     and proper » pour les principaux                                                        •	 … et des tests de sensibilité
     acteurs de la gestion des risques                                                          et de stabilité du modèle
  •	 Des principes de bonne conduite
     en termes de rémunération



                                                           L’ORSA (art.45)
  •	 L’ORSA recouvre l’ensemble des processus et des procédures qui permettent d’identifier, évaluer, suivre, contrôler et com-
     muniquer sur les risques internes et externes, à long terme et à court terme auxquels un assureur fait ou pourrait faire face
     et qui permettent de déterminer le niveau de capital dont l’entreprise a besoin pour assurer sa solvabilité en permanence.
  •	 L’ORSA doit satisfaire aux exigences règlementaires du Pilier 1 ainsi qu’à celles des Piliers 2 et 3.



Source : PwC



Lorsque l’on cherche à appréhender             mettre en oeuvre. Ces principes doivent      savoir les enjeux de gouvernance des
les enjeux du Pilier 2, les principales        être traduits et déclinés pour s’appliquer   risques couverts par les articles 41 à
difficultés viennent d’un constat              à la réalité de votre organisation.          49, ainsi que les projets de mesures de
très simple : les articles et mesures                                                       niveau 2 et 3 en cours d’élaboration
d’application définissent des principes        De ce fait, nous avons choisi dans ce        par la Commission Européenne.
structurants, mais fournissent peu             document de nous concentrer sur
d’indications concrètes sur le dispositif à    l’aspect organisationnel du Pilier 2, à




       6            PwC
1.2 Que dit la Directive ?

La Directive européenne prévoit les bases d’une bonne gouvernance comme un système complet composé de
fonctions et règles servies par les instances et des modes de prise de décisions adéquats. Le système de gouvernance
des risques (défini dans l’article n°41) est étayé par 7 « blocs » principaux qui doivent répondre à des attentes
spécifiques. Ces « blocs » sont ensuite détaillés dans un article dédié de la Directive, tel qu’illustré ci-dessous :


Figure 2 – La gouvernance des risques
                                                                        GOUVERNANCE
                                                                           (Art.41)

                                                       Honorabilité et compétences (Art.42 et 43)

                                                                 Gestion des risques (Art.44)

                                                              Évaluation interne des risques
                                                            et de la solvabilité - ORSA (Art. 45)

                                                                   Contrôle interne (Art. 46)

                                                                     Audit interne (Art. 47)

                                                                 Fonction actuarielle (Art. 48)

                                                                    Sous-traitance (Art. 49)



Art.41 – Exigences générales                Art.42  43 – Honorabilité                             Art.44 – Gestion des risques
en matière de gouvernance                   et compétences

L’article 41 précise notamment que          Ces articles 42 et 43 précisent que                    L’article 44 indique que « les entreprises
les entreprises d’assurance et de           « toutes les personnes qui dirigent                    d’assurance et de réassurance doivent
réassurance doivent mettre « en             effectivement l’entreprise ou qui                      mettre en place un système de gestion
place un système de gouvernance             occupent d’autres fonctions clés doivent               des risques efficace, qui comprenne
efficace, qui garantisse une gestion        avoir les qualifications et compétences                les stratégies, processus et procédures
saine et prudente de l'activité ».          requises à l’exercice de ces fonctions                 d’information nécessaires pour déceler,
                                            et que leur réputation et leur intégrité               mesurer, contrôler, gérer et déclarer, en
                                            sont de bon niveau (honorabilité) ».                   permanence, les risques, aux niveaux
                                                                                                   individuel et agrégé, auxquels elles sont
                                            Ces informations doivent en outre                      ou pourraient être exposées ainsi que
                                            être communiquées aux Autorités                        les interdépendances entre ces risques.
                                            de Contrôle en cas de changement
                                            et nécessitent d’être documentées.                     Ce système de gestion des risques
                                                                                                   est efficace, parfaitement intégré
                                                                                                   à la structure organisationnelle et
                                                                                                   aux procédures de prise de décision
                                                                                                   de l’entreprise d’assurance ou de
                                                                                                   réassurance et dument pris en
                                                                                                   compte par les personnes qui dirigent
                                                                                                   effectivement l’entreprise ou qui
                                                                                                   occupent d’autres fonctions clés ».


                                                    Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques     7
Art.44 – suite

          Il décrit également a minima le
          périmètre concerné par la gestion
          des risques (souscription et
          provisionnement, gestion actif-
          passif, investissements, risques
          opérationnels, les risques d’illiquidité
          et de concentration, la réassurance
          et pour partie le modèle interne) et
          précise que les politiques de gestion
          des risques doivent être documentées.

          En synthèse, retenons surtout
          que la Directive :

          •	présente la fonction de gestion
            des risques (par la suite appelée
            « fonction Risque ») comme une
            fonction obligatoire, efficace
            et intégrée à l’organisation,

          •	fixe un périmètre minimal en termes
            de risques couverts – à savoir les
            risques entrant dans le calcul du SCR
            sans nécessairement s’y limiter,

          •	décrit les responsabilités particulières
            de cette fonction, véritable « chef
            d’orchestre » global du dispositif et
            pilote du modèle interne si applicable.




8   PwC
Art.45 – Évaluation interne des            Art.46 – Système de                                    Art.49 – Sous-traitance
risques et de la solvabilité - ORSA        contrôle interne
                                                                                                  Enfin, l’article 49 déclare que «
L’article 45 indique que dans le cadre     L’article 46 précise que « les entreprises             les entreprises d'assurance et de
de leur système de gestion des risques,    d’assurance et de réassurance                          réassurance conservent l'entière
les entreprises d'assurance et de          disposent d’un système de contrôle                     responsabilité du respect de l'ensemble
réassurance doivent régulièrement «        interne efficace comprenant a minima                   des obligations qui leur incombent
procéder à une évaluation [...] interne    des procédures administratives et                      […] lorsqu'elles sous-traitent des
des risques et de la solvabilité ».        comptables, un cadre de contrôle                       fonctions ou des activités d'assurance
Cette évaluation, propre au profil         interne, des dispositions appropriées                  ou de réassurance » et pourvu que cela
de risque, conduit l’entreprise à          en matière d’information à tous les                    n’ait pas d’incidence sur le système de
expliciter le niveau de risque qui tend    niveaux de l’entreprise et une fonction                gouvernance, l’activité ou le risque
le capital requis en vue d’apprécier       de vérification de la conformité ».                    opérationnel, ni sur la capacité de
son niveau de fonds propres.                                                                      surveillance des Autorités de Contrôle.

Précisons que l’ORSA doit répondre         Art.47 – Audit interne                                 En sus, l’entreprise doit informer
à trois points majeurs :                                                                          le Régulateur de son intention
                                           L’article 47 stipule que « la fonction                 d’externaliser toute fonction ou
•	Démontrer dans les faits la pertinence   d’audit interne évalue notamment                       activité « importante ou critique ».
  des processus de gestion des risques     l’adéquation et l’efficacité du système de
  développés par l’organisation.           contrôle interne et les autres éléments
                                           du système de gouvernance […] de
•	S'intégrer à la stratégie commerciale    manière objective et indépendante
  et à la définition de la stratégie       des fonctions opérationnelles ».
  de l’organisation : ses analyses et
  productions doivent être prises          Art.48 – Fonction actuarielle
  en compte par les décideurs.
                                           Au travers de l’article 48 de la Directive,
•	Pouvoir être réévalué suite à toute      la fonction actuarielle est décrite
  modification significative du profil     comme une fonction d’expertise visant
  de risque de l’organisation.             à « coordonner le calcul des provisions
                                           techniques et garantir le caractère
                                           approprié des méthodologies, des
                                           modèles sous-jacents et des hypothèses
                                           utilisés pour le calcul des provisions
                                           techniques, apprécier la suffisance et
                                           la qualité des données utilisées dans
                                           le calcul des provisions techniques,
                                           comparer les meilleures estimations
                                           aux observations empiriques, informer
                                           l'organe d'administration, de gestion
                                           ou de contrôle de la fiabilité et du
                                           caractère adéquat du calcul des
                                           provisions techniques, superviser
                                           le calcul des provisions techniques,
                                           émettre un avis sur la politique globale
                                           de souscription, émettre un avis sur
                                           l'adéquation des dispositions prises
                                           en matière de réassurance, et enfin
                                           contribuer à la mise en œuvre effective
                                           du système de gestion des risques ».




                                                   Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques     9
1.3 Que disent
les projets de mesures
d’application ?



               A la lecture des textes, les dispositions      L’avis du CEIOPS « Advice for Level 2
               de Solvabilité 2 en matière                    Implementing Measures on Solvency 2 :
               d’organisation et de système de                System of Governance » a fourni des
               gouvernance des risques reposent               premières précisions sur le dispositif
               uniquement sur des principes. Le               de gestion des risques. Les mesures
               régulateur souhaite en effet laisser à         de niveau 3 en cours de discussion
               chaque organisation le soin de définir         préciseront plus avant ce dispositif.
               son propre schéma organisationnel et
               n’a défini à ce titre que les fonctions clés   En résumé, toute entreprise soumise à
               et des attentes très générales. Toutefois,     Solvabilité 2 doit, selon ce référentiel,
               l’interprétation qu’il est possible de faire   démontrer que dans le respect de ces
               au travers de la lecture des articles 41 à     principes, elle possède un dispositif
               49 a conduit le Régulateur à les préciser.     opérationnel de gestion et de pilotage
                                                              de ses risques qui garantit :

                                                              •	Une bonne connaissance des risques
                                                                auxquels elle est exposée (profil de
                                                                risque) et une évaluation cohérente de
                                                                ses expositions à un instant t.

                                                              •	Une mécanique réellement
                                                                opérationnelle de gestion de ces
                                                                risques, c’est-à-dire que les éléments
                                                                clés sont en place et chacun est en
                                                                mesure de faire ce qui est prévu.

                                                              •	Une remontée des informations
                                                                nécessaires et la capacité des instances
                                                                responsables à prendre les décisions
                                                                qui s’imposent.




  10   PwC
Figure 3 – Rappel des exigences du Pilier 2




                              Dispositif de gouvernance (3.29 à 3.36 ; 3.56 à 3.62)
      •	Un schéma robuste, clair et bien documenté afin de favoriser une organisation efficace
      •	Cadrage des conflits d’intérêt, principe du « 4-eyes review », « fit  proper » sur les fonctions clé,
        politique de rémunération


                     Fonction de gestion des risques (3.72 ; 3.87 à 3.89 ; 3.220 à 3.222)
      •	Des processus, procédures et politiques clairement documentées
      •	Un périmètre minimal de « zones de risque » à couvrir : souscription, provisionnement, ALM, placements,
        liquidité et concentration, risque opérationnel, réassurance et autres pratiques de réduction du risque
      •	Responsabilités : (i) architecte et pilote du dispositif ERM, (ii) production de la vision agrégée du profil de
        risques, (iii) reporting sur les expositions risque et (iv) identification et évaluation des risques émergents


                           Fonction de conformité - contrôle interne (3.254 à 3.258)
      •	Une référence aux dimensions COSO (environnement de contrôle, activités de contrôle, communication,…)
      •	Responsabilités : (i) conformité des opérations, (ii) maîtrise des activités opérationnelles et (iii) fiabilité
        de l’information financière et non-financière émise


                                     Fonction d’audit interne (3.276 à 3.279)
     •	Un acteur indépendant, impartial et autonome, compétent sur la totalité des activités et processus
     •	Exigence d’émission d’un rapport annuel sur son activité (plan d’audit fondé sur une approche par les risques)


                                        Fonction actuarielle (3.328 à 3.343)
      •	Responsabilités : coordonner le calcul des provisions techniques, évaluer la pertinence des méthodes
        et la qualité des données, back-tester les best estimates et fournir au management des avis formels le degré
        de fiabilité des modélisations (rapport formel)


                           Dispositif de gestion de l’externalisation (3.376 à 3.382)
      •	Obligation de s’assurer que l’externalisation ne dégrade ni la qualité de service ni l’exposition globale
        au risque opérationnel
      •	Existence de processus et politiques formalisés et complets sur toutes les dimensions d’un projet
        d’externalisation (sélection, contractualisation, pilotage…)



La lecture de ces dispositions révèle à l’évidence qu’il s’agit d’un « socle minimal » à respecter d’un point de vue
réglementaire. Ces principes sont très généraux : chaque organisation doit les décliner de manière spécifique
en fonction de sa taille, de son expertise et de la complexité de son profil de risque : c’est ce que la Directive
appelle le « principe de proportionnalité ». Pour autant, le respect de ce principe et la latitude de « marge de
manœuvre » dont les différentes organisations pourront disposer reste aujourd’hui une question ouverte.




                                                      Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques   11
Focus sur les mesures                             c) Les processus de gestion des                Cas particulier de l’ORSA
de niveau 2                                       risques doivent être appropriés
                                                  et les procédures adaptées pour                L’ORSA est un sujet majeur qui sera
Le point 3.72 donne l’avis du                     identifier, évaluer, gérer, contrôler          traité dans les mesures de niveau 3 a
CEIOPS en matière d’efficacité d’un               les risques ainsi qu’en matière de             priori vers le troisième trimestre 2011
système de gestion des risques et                 reporting.                                     par l’EIOPA4. L’ACP devrait également
préconise les points suivants :                                                                  apporter sa vision lors d’une conférence
                                                  d) Les procédures de reporting des             sur le Pilier 2, la gouvernance et l’ORSA
  a) La stratégie de gestion des                  risques doivent être appropriées.              prévue au second trimestre 2011.
  risques doit être clairement définie            Ces procédures doivent être
  et correctement documentée. Cette               coordonnées et challengées par la              Malgré l’importance de ce processus,
  stratégie doit annoncer les objectifs           fonction de gestion des risques et sont        l’article 45 n’est précisé dans aucun
  de gestion des risques et les principes         activement contrôlées et gérées par            texte relevant des mesures de niveau
  de gestion des risques clés, définir le         toute instance appropriée.                     2. Le CEIOPS a publié un « Issues
  « risk appetite » de l’entreprise, et enfin                                                    Paper » intitulé ORSA en 2008.
  décrire les missions et responsabilités         e) Les reportings qui sont soumis aux
  de la fonction de gestion des risques           instancespar la fonction de gestion            Tel que présenté aujourd’hui, l’ORSA
  de manière transversale à l’entreprise          des risques font référence aux risques         est un processus qui oblige chaque
  et en accord avec la stratégie                  associés (potentiels ou avérés) à              organisation à calculer et maîtriser ses
  commerciale.                                    l’activité de l’entreprise et à l’efficacité   risques, ainsi qu'à s'assurer qu’elle est
                                                  opérationnelle du système de gestion           suffisamment capitalisée. Néanmoins,
  b) Les politiques de gestion des                des risques.                                   certaines caractéristiques méritent
  risques doivent être écrites                                                                   d’être soulignées (figure 4) :
  et adaptées : elles incluent une                f) Enfin, l’ORSA doit être adapté aux
  définition et une nomenclature des              activités de l’entreprise.                     •	L’ORSA est de la responsabilité de la
  risques portés par l’entreprise, les                                                             Direction Générale qui est en charge
  classant par type et par niveau des                                                              de son pilotage et de ses résultats vis-
  limites de risque acceptable. Elles                                                              à-vis du régulateur.
  devront implémenter la stratégie des
  risques, faciliter la mise en œuvre des
  mécanismes de contrôle et prendre
  en compte la nature, la portée
  (périmètre) et l’horizon de temps de
  l'activité et des risques associés.




(4)  IOPA : European Authority for nsurance and Occupational Pensions.
    E
    En janvier 2011, l'EIOPA a remplacé le CEIOPS.


       12            PwC
Figure 4 – Une représentation du système
                                                                                          Stratégie
de gestion des risques
                                                                    • Objectifs stratégiques      • Allocation straté
                                                                    • Stratégie risque            • Réassurance  autres
                                                                    • Valorisation des scénarii     couvertures
                                                                      stratégiques                • Décisions de gestion
                                                                    • Utilisation du capital et   • Horizon de projection
                                                                      des ressources fin.




                    Analyse et évaluation des risques                    Gestion et pilotage de la solvabilité                                   Processus de décision


             •   Identification des risques                          • Bilan économique            • Stress test  scenario         •   Pilotage du profil de risque
             •   Analyses quantitatives                             • Best Estimates              • Fongibilité du capital         •   Pilotage et gestion de la solvabilité
             •   Evaluation de la qualité des contrôles             • Paramètres et               • Evaluation des fonds           •   Tolérance  appétit aux risques
             •   Profil de risques                                     hypothèses risque             propres                        •   Fréquence des évaluation
             •   Politiques de gestion des risques                  • Qualification  chiffrage    • Réconciliation de ces          •   Support pour les décisions stratégiques
                                                                      des fonds propres             évaluations                    •   Documentation de la gouvernance des risques
                                                                                                                                   •   Publications (Pilier 3)




                                                                         Environnement macro-économique

                                                                     • Environnement marco-économique
                                                                     • Contexte business
                                                                     • Risques émergents
                                                                     • Risques à long terme
                                                                     • Dispositif de suivi réglementaire
                                                                     • Evolution de l’environnement juridique
                                                                     • Tendances sociales...




•	L’ORSA est un processus documenté                         économique, risque politique…).                                  •		 ’évaluation des risques dans le
                                                                                                                               L
  de la gestion des risques qui doit être                   L’évaluation s’inscrit sur un horizon                              processus d’ORSA représente la
  présenté au superviseur à intervalle                      de trois à cinq ans et couvre tout                                 vision « propre » de ses risques que
  régulier (au moins une fois par an) et                    le périmètre du groupe (toutes les                                 peut avoir une organisation, au-delà
  dès lors que survient une modification                    entités européennes et celles hors de                              des modules de risque identifiés
  significative du profil de risque de                      l’Union Européenne qui sont sous sa                                dans le calcul du SCR : différence
  l’assureur.                                               supervision).                                                      sur le nombre de risques retenus,
                                                                                                                               sur la mesure des risques c’est-à-dire
•	Il fait partie intégrante de la                         •		 l permet à toute organisation de
                                                            I                                                                  sur l’intervalle de confiance selon
  gestion quotidienne de l’entreprise                       démontrer qu’elle est capable de                                   lequel est calibrée la formule de
  (politique commerciale, stratégie                         mobiliser le capital nécessaire                                    calcul. De plus, l’organisation peut
  d’investissement, gestion du capital,                     pour couvrir le besoin en marge                                    utiliser une approche en formule
  croissance externe…).                                     de solvabilité sur l’horizon de la                                 standard ou un modèle interne pour
                                                            planification stratégique (et non sur                              évaluer son exposition aux risques.
•		 l fournit une approche holistique et
  I                                                         l’horizon d’un an utilisé pour le calcul                           La méthodologie employée doit être
  prospective pour gérer les risques : les                  du SCR).                                                           proportionnée à la complexité de
  risques servant à calculer le SCR et les                                                                                     l’activité de l’entreprise et à la nature
  autres risques (risque de réputation,                                                                                        des risques auxquels elle est exposée.
  risque stratégique, risque macro-



                                                            La question qui se pose est de savoir comment implémenter des fonctions clés
                                                            et un système de gouvernance qui soit conforme à la Directive Solvabilité 2 et
                                                            compatible avec les pratiques du paritarisme. La Directive est très largement
                                                            inspirée de concepts applicables au monde capitalistique : elle intègre a
                                                            priori moins bien dans la valorisation du risque les caractéristiques de la
                                                            gouvernance paritaire qui reposent plus sur des valeurs de solidarité, de
                                                            compensation et de rétrocession.
                                                            Réunica
                                                            Albert Cohen
                                                            Directeur des Risques et de la Solvabilité




                                                                  Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques                               13
1.4 Le COSO 2 - ERM

               Contexte                                la responsabilité des dirigeants ; le
                                                       but étant de mettre en place et de
               Le référentiel COSO sur le contrôle     maintenir une structure de contrôle
               interne a été élaboré dès 1991,         interne adéquate pour l'établissement
               et est aujourd’hui une référence        de l’information financière.
               internationale utilisée par les
               entreprises qui souhaitent mettre       Ce référentiel a émergé suite aux
               à niveau leur dispositif de contrôle    scandales des années 2000 (Enron,
               interne. Depuis 2002, ce référentiel    Parmalat, Worldcom…). Depuis
               s’est imposé comme le cadre de          sa mise en place, il a évolué car les
               référence utilisé par les entreprises   entreprises se sont rendues compte
               internationales pour évaluer            que la stricte perspective du contrôle
               la conformité de leur structure         interne était réductrice et ne permettait
               de contrôle interne avec la loi         pas d’appréhender et maîtriser la
               Sarbanes-Oxley. Celle-ci oblige les     totalité des risques encourus. Le
               dirigeants à évaluer chaque année le    référentiel a donc été mis à jour en
               contrôle interne de leur entreprise     2004 pour donner naissance au «
               (propositions de la SEC, octobre        COSO 2 – ERM ». D’une approche
               2002, et de l'ASB, mars 2003). La       visant à la maîtrise des opérations via
               loi Sarbanes-Oxley exige en outre       la sécurisation par des activités de
               d’émettre un rapport engageant          contrôle, le référentiel a été étendu à :

                                                       •	la vision de l’ensemble des
                                                         types de risques auxquels une
                                                         organisation peut faire face,

                                                       •	l’organisation des différentes
                                                         « briques » à l’œuvre dans une
                                                         gestion globale des risques,

                                                       •	l’intégration des résultats de
                                                         la gestion des risques dans le
                                                         management de l’activité.

                                                       Il existe une relation directe entre
                                                       les objectifs que cherche à atteindre
                                                       une organisation et les éléments
                                                       du dispositif de management des




  14   PwC
Figure 5 – Représentation du référentiel COSO 2




                                                                                                               ns
                                                                         gie
                                                                                               s            tio res            ité
                                                                                        t  ion            a                  m
                                                                      té              ra               rm ciè             or
                                                                    ra              é                fo n              nf
                                                                 St              Op                In ina           Co
                                                                                                     F
                                                                  Environnement de contrôle
                Stratégie des risques
                                                                    Définition des objectifs




                                                                                                                                                  UNITE DE GESTION
                                                                                                                                                                     FILIALE
                                                                                                                                                                     FILIALE
                       Profil de risque                         Identification des événements




                                                                                                                          ENTREPRISE
                                                                                                                                       DIVISION
                  Système de mesure                                 Evaluation des risques

               Politique  processus                               Traitements des risques

                 Contrôle des risques                                Activités de contrôles

                Système de reporting                           Information et communication

                              Décisions                                        Pilotage




risques qui représentent ce qui est          Ainsi bâti, le référentiel COSO 2 –                     Il est désormais possible d’appréhender
nécessaire à leur réalisation. La relation   ERM est la structure qui supporte les                   l’ERM comme un processus
est illustrée par une matrice en trois       grands concepts utilisés par la totalité                opérationnel, établi à partir du COSO 2,
dimensions, le fameux « cube COSO ».         des acteurs de la gestion des risques :                 fournissant aux décideurs (managers,
                                             stratégie risque, appétit aux risques,                  administrateurs) une assurance
Présentation                                 profil de risque, dispositifs de mesure                 raisonnable sur la maîtrise des risques
                                             des risques, reporting des expositions…                 effectivement pris au regard des
Les quatre grandes catégories d’objectifs                                                            objectifs stratégiques, dans le cadre
de l’organisation – stratégiques,            Le référentiel a pour objectif principal                d’une appétence globalement définie.
opérationnels, reporting et conformité       de permettre une intégration                            Il facilite la gestion des incertitudes
– sont représentées par les colonnes,        des informations émanant de la                          des activités, la gestion des risques et
les huit « blocs » de la gestion des         gestion des risques aux processus                       des opportunités, l’identification des
risques par les lignes et les unités         décisionnels et stratégiques de                         événements pouvant être à l’origine
de l’organisation par la troisième           l’entreprise. Toute entreprise est à                    de risques, ainsi que la définition des
dimension. Cette représentation illustre     même, en suivant ces préconisations,                    solutions de contrôle interne adaptées.
la façon d’appréhender la gestion des        de piloter sa performance (selon les
risques dans sa globalité ou bien par        critères qu’elle définit de manière
catégorie d’objectifs, par élément,          autonome et spécifique) au regard
par unité ou en les combinant.               du niveau de risque qu’elle prend
                                             pour atteindre ses objectifs.




                                                     Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques                                         15
Le risque étant l’essence même               •	la dimension stratégique : comment
du métier de l’assurance, on                   les instances de décision intègrent-
comprend immédiatement l’utilité               elles le risque dans leur processus,
d’un tel référentiel qui intègre :             comment fixent-elles le cadre de prise
                                               de risque de l’entreprise (ce qui est
•	la définition des objectifs stratégiques     autorisé dans la poursuite des objectifs
  par les instances de décision,               / ce qui est redouté voire interdit) ?

•	l’identification des risques résultant     •	 la dimension organisationnelle : quelles
  des efforts de l’organisation pour            sont les fonctions intervenant dans
  atteindre ces objectifs – le risque           la gestion des risques, quels sont les
  s’entendant aussi bien par menace             processus permettant cette gestion,
  sur l’atteinte des objectifs que comme        et pour les entreprises d’assurance
  opportunité à poursuivre pour en              comment ces analyses sont liées aux
  faciliter leur réalisation,                   exigences de solvabilité,

•	la mise en place d’un dispositif           •	la dimension opérationnelle :
  performant de pilotage des                   comment l’organisation se dote-t-elle
  expositions à ces risques,                   des outils de mesure des risques, des
                                               ressources à même d‘exploiter ces
•	l’information et le reporting des            outils de manière satisfaisante, et
  expositions aux responsables ad hoc.         quels sont les circuits de remontée de
                                               ces informations ?
Cette intégration du risque dans
les processus de pilotage passe par
une « diffusion » de la gestion des
risques dans l’ensemble des niveaux
hiérarchiques et processus de
l’entreprise. Le dispositif sera donc
aligné avec le modèle organisationnel
de l’entreprise, et distinguera des
composantes liées à :




       16           PwC
Conclusion de
l’approche normative




              Le COSO 2 – ERM, conçu comme un                        Mais comment interpréter, adapter et
              référentiel standard et opérationnel,                  appliquer d’une manière opérationnelle
              fournit donc les éléments et la démarche               ces référentiels au sein de chaque
              globale d’un processus de gestion des                  organisation ? C’est le grand défi
              risques. La réglementation Solvabilité                 du Pilier 2 que d’affiner, calibrer et
              2, et plus particulièrement le Pilier 2,               décliner en fonction des spécificités
              va obliger les assureurs à préciser les                de chaque business, de chaque
              fonctions impliquées dans leur gestion                 entreprise et de chaque culture le
              des risques et intégrer l’évaluation des               dispositif de gestion des risques.
              risques et de la solvabilité au pilotage
              de leur entreprise sur un horizon de
              trois à cinq ans au travers de l'ORSA.




                      Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques   17
2.	Mise en œuvre
opérationnelle




 18   PwC
Introduction




               Toutes les organisations n’attribuent                  Nous allons identifier les facteurs
               pas la même importance à la gestion                    clés pour les trois dimensions du
               des risques. Il est donc naturel que leurs             programme de mise en conformité :
               choix divergent face à l’investissement
               important que représente aujourd’hui                   •		 ’organisation générale de
                                                                        l
               la mise en place d’une « filière                         la « filière risque »,
               risque » conforme aux principes et
               aux contraintes réglementaires de                      •	la mise en place du processus
               Solvabilité 2. Or c’est bien cet arbitrage,              de gestion des risques,
               réalisé au niveau de la direction
               générale et en lien avec la stratégie                  •	le pilotage des chantiers
               globale de l’entreprise, qui est très                    transversaux les plus importants.
               difficile à réaliser et à objectiver.




                       Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques     19
2.1 L'organisation générale
de la « filière risque »


Organiser une filière risque au sein            sa conception toute l’attention de tous      pour toute la « filière risque », étant
d’une entreprise disposant d’un long            les acteurs concernés, et en premier         entendue comme l’ensemble des
historique en matière de processus,             lieu celle de la direction générale.         fonctions, processus et instances
d’expertises, d’habitudes, de cultures                                                       concourant au pilotage des risques.
et d’instances de décision constitue un         Si la « nouveauté » principale consiste
projet complexe de transformation.              la plupart du temps à mettre en              Organiser une telle filière nécessite de
Compte-tenu de l’étendue des                    place ou développer une fonction             répondre à cinq questions majeures :
changements qu’il implique et de                de gestion des risques, les projets
l’ancienneté de certaines pratiques qu’il       Solvabilité 2 conduisent aujourd’hui à
conduit à faire évoluer, il demande dès         définir des schémas organisationnels


   Figure 6 – La mise en place de la « filière risque »


                                                           • Quels sont les «blocs» organisationnels regroupés sous le périmètre
               Quels blocs organisationnels                  de la fonction de gestion des risques : risk management ? Actuariat ?
  1                dans le dispositif ?                      Conformité ? Sécurité des SI ?...



                                                           • Quelles sont les fonctions ayant un rôle clé dans la gestion des risques ?
                    Quel périmètre pour
  2                                                        • Quelles sont leurs responsabilités (contrôle, pilotage, reporting…) ?
                    la fonction Risque ?




                                                           • Quelle est l’articulation des prérogatives entre les fonctions Risque
                  Quelle articulation entre                  centrales et locales, notamment dans les implantations à l’étranger ?
  3              les différentes fonctions ?               • Quelles sont les règles de délégation à mettre en place ?




                                                           • Comment répartir concrètement les responsabilités entre la fonction
               Quel niveau de centralisation                 de gestion des risques et les fonctions métier sur les risques clés
  4             pour la fonction Risque ?                    (ALM, investissements, technique…) ?



                                                           • Quels sont les indicateurs fondamentaux guidant le pilotage du
  5                  Quels indicateurs ?                     couple performance / risque (ROE, SCR, MCEV…) ?
                                                             Quels sont les critères d’objectivation du risk appetite ?



Les réponses à ces questions sont déterminées par un ensemble complexe de contraintes, qu’elles soient réglementaires
(Solvabilité 2), externes (notation…) ou internes (ambitions, organisation…).




       20            PwC
2.1.1. Les « blocs
organisationnels »
du dispositif



               Il est primordial de reconnaître                       Le modèle des « 3 lignes de défense
               et de délimiter le périmètre des                       » fournit un référentiel utile pour
               fonctions impliquées dans la gestion                   l’articulation de ces différentes
               des risques. En effet, celle-ci n’est                  fonctions et prérogatives.
               pas uniquement une affaire de
               spécialistes et sa gestion concerne                    •	Ce modèle considère que les risques
               tous les niveaux de l’entreprise. Le                     sont pris en premier lieu par les
               dispositif doit reconnaître qu’à ces                     opérationnels et leur hiérarchie sur le
               différents niveaux correspondent                         terrain, dont les pratiques et processus
               des prérogatives différentes :                           de maîtrise des risques constituent
                                                                        donc la « 1ère ligne de défense ».
               •		 rise de risque opérationnelle
                 p
               •	coordination de la prise de risque
                                                                      •	La « 2nde ligne de défense » est tenue
               •		 upervision de la prise de risque.
                 s                                                      par les fonctions spécialisées en
                                                                        gestion des risques, qui ont pour but
                                                                        de concevoir, coordonner et piloter un
                                                                        cadre cohérent pour la prise de risque,
                                                                        sans être toutefois exposées
                                                                        directement aux activités à risque.
                                                                        Cela recouvre les « fonctions clés » de
                                                                        la gestion des risques au sens du Pilier
                                                                        2 (gestion des risques, contrôle
                                                                        interne et conformité).

                                                                      •	L’audit interne, par ses missions
                                                                        indépendantes, périodiques et dont la
                                                                        priorisation est fondée par une
                                                                        analyse des risques de l’entreprise
                                                                        fournit une « assurance raisonnable »
                                                                        sur la pertinence et le correct
                                                                        fonctionnement de ce dispositif. Il
                                                                        constitue ainsi la « 3ème ligne de
                                                                        défense ».




                       Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques   21
Figure 7 – Les trois lignes de défense


                                           1° ligne de défense                           2° ligne de défense                   3° ligne de défense




                                                      -  ctuariat / Dir.
                                                        A
                       Toutes fonctions (SI, RH,        Technique - ALM / Dir.     - Gestion des risques
      Périmètre        Finance, Production,…)           Investissements            -  ontrôle interne,
                                                                                     C                                            Audit interne
                                                      -  utres
                                                        A                            conformité…
                                                        (s uscription,…)
                                                          o

     Principes et                 N/A                            Propose            Revoit et valide / Propose
       normes

    Mise en œuvre               Applique                  Propose / Applique          Coordonne / Applique
                                                                                                                            Réalise des revues
                                                                                                                            indépendantes et a
      Contrôles            Applique / Propose             Applique / Propose          Supervise, consolide,                 posteriori sur :
                                                                                            analyse                         -  a pertinence des
                                                                                                                              L
                                                                                                                              dispositifs
     Reportings                  Produit                   Produit / Analyse        Consolide, analyse, pilote              - Leur correcte application



    Plans d’action              Applique                  Propose / Applique        Valide et pilote / Applique


	                                                                                rôle de coordination / rôle opérationnel




Sur cette base, les entreprises                 La mise en œuvre de ces principes                    •	L’audit interne a un rôle particulier
définissent généralement des grands             se heurte souvent à 2 difficultés :                    dans le dispositif, et s’avère souvent
principes d’articulation entre les                                                                     difficile à positionner. Les textes de
différentes « strates » de la prise de          •	La fonction de gestion des risques peut              Solvabilité 2 insistent fortement sur le
risque, comme illustré ci-dessus.                 avoir des responsabilités différentes                caractère indépendant de cette
Le schéma organisationnel définit                 en fonction des types de risque :                    fonction. Ses ressources doivent être
le plus souvent les responsabilités               généralement coordinateur, elle peut                 déchargées de toute autre
tout au long des étapes du processus              prendre une responsabilité directe sur               responsabilité opérationnelle. Par
de gestion des risques.                           certains domaines, comme le risque                   ailleurs, selon les normes de l’IIA 5 son
                                                  opérationnel. Ces spécificités sont                  objectif est de fournir de manière
Ces principes serviront ultérieurement            abordées dans l’analyse du                           indépendante une « assurance
de référence dans les attributions                positionnement de cette fonction                     raisonnable » au management quant à
précises des rôles et responsabilités dans        (cf. infra).                                         la pertinence, la qualité et la correcte
la gestion des risques du profil de risque.                                                            application du dispositif de gestion des
                                                                                                       risques. On comprend bien alors
                                                                                                       pourquoi cette fonction doit être
                                                                                                       indépendante afin de pouvoir spécifier
                                                                                                       sa propre approche (basée sur sa
                                                                                                       perception des risques) ainsi que de
                                                                                                       formuler des recommandations libres
                                                                                                       de toute influence extérieure.


                                                                                                     (5) IIA : Institute of Internal Auditors


        22           PwC
2.1.2. Le périmètre
de la fonction Risque


Nous l’avons vu, Solvabilité 2 fait           La première concerne le périmètre                      •	De ce fait, elle élabore un véritable
de la fonction Risque le pivot et le          des risques que doit identifier                          outil de management en alliant la
chef d’orchestre du dispositif risque.        ce profil des risques :                                  vision « risque » des intervenants
La réglementation fixe en effet des                                                                    opérationnels (approche « Bottom-up »
responsabilités et un périmètre de            •	Il doit couvrir a minima les modules                   visant à l’exhaustivité du
risques minimaux sur lesquels cette             de risque structurant les calculs de                   recensement) et celle des dirigeants
fonction est référent. Dans le cas où           besoins de fonds propres, que ceux-ci                  (approche « top-down » visant à la
l’entreprise utilise un modèle interne,         soient évalués via la formule standard                 pertinence et à la priorisation des
elle a en charge la conception, les             ou un modèle interne : souscription,                   investissements en matière de risque).
tests, la mise en œuvre et le suivi de          marché, taux, opérationnel…
la performance du modèle retenu,                                                                     Pour finir, elle s’assure pour l’ensemble
qu’il soit partiel ou total. Il est donc      •	Il ne se limite cependant pas à ces                  des éléments de ce profil de risque
naturel que la plupart des entreprises          seuls risques, trop réducteurs pour                  priorisé qu’un dispositif opérationnel de
commencent les chantiers du Pilier              restituer une image fidèle du profil de              gestion et de pilotage est effectivement
2 par la mise en place ou la revue du           risques réel. La fonction Risque doit                en place. Chacun de ces risques doit
positionnement de cette fonction.               donc identifier les autres risques qui               être attribué à un propriétaire de
Cette fonction prend donc en charge             sont propres à l’organisation, en                    risque, porteur de l’expertise la plus
le pilotage de l’ensemble du processus          prenant en compte l’ensemble de ses                  poussée disponible dans l’organisation
de gestion des risques (cf. supra),             filiales et métiers (non nécessairement              sur ce sujet : l’actuariat pour les risques
même si elle ne réalise pas directement         assurantiels).                                       de souscription, de contrepartie au
l’ensemble des opérations, analyses ou                                                               passif et de réassurance, la gestion
calculs nécessaires à ce processus.           La fonction Risque doit par ailleurs                   d’actifs pour les risques de marché
                                              garder à l’esprit que le profil de risque ne           et de crédit… Cette attribution est
Le référent pour l’élaboration du             peut consister en un simple inventaire                 la première brique pour permettre
profil de risque                              de la totalité des risques avérés ou                   la mise en place d’un dispositif de
                                              potentiels :                                           gestion des risques effectivement
Lorsqu’elle se met en place, une fonction                                                            opérationnel. Les composantes du
Risque a pour première tâche d’identifier     •	A partir de ses analyses et des points               processus de gestion des risques sont
les risques auxquels l’organisation est         de vue qu’elle collecte, elle priorise les           reprises en partie 2 ci-dessous.
exposée. Cette identification constitue le      risques devant faire l’objet d’un suivi.
préalable à tous ses travaux. Si la réalité     Sa valeur ajoutée à ce stade repose sur
des risques effectivement encourus              sa capacité à proposer une liste réduite
est spécifique à chaque entreprise,             de risques pour lesquels
l’élaboration du profil de risque obéit         l’investissement dans un dispositif de
néanmoins à quelques bonnes pratiques.          mesure, suivi et pilotage permanent se
                                                justifie au regard des objectifs
                                                business.




                                                      Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques    23
Une fonction en pleine évolution             Les entreprises évoluent
sous l’influence de Solvabilité 2            progressivement sur la courbe
                                             de maturité de l’ERM entre ces 2
Au-delà de cet aspect technique, les         pôles. Au fur et à mesure de cette
organisations positionnent d’abord la        progression, la fonction Risque
fonction Risque en faisant évoluer son       évolue dans son positionnement :
« droit de regard » sur les décisions
opérationnelles. Cette notion                •	Son rattachement hiérarchique tend à
recouvre l’étendue des prérogatives            remonter. On observe actuellement
de cette fonction sur les processus,           une vague très cohérente de
politiques et opérations de prise de           repositionnements des fonctions
risque pour lesquels elle ne constitue         Risque, rattachées de plus en plus
pas l’expert de référence. Dans les            systématiquement à la direction
faits, les interventions de la fonction        générale, marquant la prise en compte
Risque sont en ligne avec la priorité          croissante des enjeux de risque dans le
stratégique accordée au risque :               pilotage des entreprises d’assurance.

•	Une entreprise peut avoir une
  approche conservatrice du risque : sa      •	Le rôle du directeur des risques
  priorité est alors de ne pas                 évolue. Souvent perçu initialement
  compromettre les protections offertes        comme un cadre à orientation
  aux assurés et sécuriser la                  conservatrice et technique, il a
  performance. Dans ce cas, la fonction        vocation à se positionner de plus en
  Risque aura généralement pour                plus comme un « Business Advisor »
  fonction de conseiller les responsables      auprès des instances de décision. Sa
  opérationnels sur la maîtrise de leurs       compréhension unique des risques
  processus et des risques associés. Elle      pris par l’entreprise et de leurs
  n’aura pas (ou peu) de latitude pour         interactions lui permettent de fournir
  bloquer les processus de décision.           un conseil pertinent sur les modalités
                                               de création de valeur.

•	Une entreprise peut aussi décider de
  fonder sa création de valeur sur le        •	Les fonctions Risques, initiées autour
  pilotage des risques qu’elle prend et de     des impératifs réglementaires
  leur impact sur ses variables                successifs (lutte anti-blanchiment,
  stratégiques : MCEV, capitalisation          lutte anti-fraude,…) évoluent vers des
  boursière, capital économique… Dans          organisations plus professionnalisées,
  ce cas, la fonction Risques devient un       le plus souvent structurées par types
  acteur clé dans les décisions                de risque (opérationnels, techniques,
  opérationnelles : elle est partie            capital économique…).
  prenante intégrale de ces processus,
  est consultée pour toute décision
  importante et émet alors un avis
  formel. Elle dispose éventuellement
  d’une possibilité de blocage (qui
  nécessite de prévoir un processus
  d’arbitrage). Ces entreprises utilisent
  quasi systématiquement un modèle
  interne, qui est intégré dans les
  processus de décision stratégiques et
  opérationnels.




       24          PwC
« La mise en place de Solvabilité 2, et tout particulièrement le Pilier 2,
                                                        va nécessiter une plus grande coordination entre tous les acteurs
                                                        participant à la gestion des risques tout en s’appuyant sur les règles
                                                        de gestion existantes, règles qui devront être renforcées à la marge.
                                                        La discipline qui va en découler va permettre de faire émerger des
                                                        opportunités de croissance et de renforcement de la relation avec nos
                                                        clients tout en garantissant à tous (employés, actionnaires, clients…)
                                                        un meilleur contrôle des risques et de ses impacts sur la structure de
                                                        l’entreprise.
                                                        Groupe Euler Hermes
                                                        Ronan Davit
                                                        Directeur des risques




2.1.3. L’articulation
des différentes fonctions
impliquées dans la gestion
des risques


Une fois le profil de risque arrêté,         Si le modèle des 3 lignes de défense                   •	Définir précisément les rôles et
l’enjeu pour la fonction Risque est          illustré précédemment fournit un                         responsabilités de chacun dans le
de promouvoir la mise en place d’un          cadre général en ce sens, cette mise                     processus. Un point d’attention
dispositif risque s’appuyant sur des         en cohérence doit être déclinée                          particulier est à apporter à la capacité
processus de décision clairs et partagés.    précisément pour chacun des risques                      de blocage des fonctions support
La fonction Risques dispose pour             du profil. Il est alors nécessaire de :                  (typiquement, la fonction Risque) par
cela de deux leviers principaux.                                                                      rapport aux fonctions opérationnelles
                                             •	Cartographier les fonctions légitimes                  concernées, et définir ainsi
La définition des rôles et                     dans la prise en charge d'un risque                    précisément cette notion de « droit de
responsabilités sur les principaux             donné : métiers, support, direction ou                 veto » sur les décisions
risques                                        gouvernance…                                           opérationnelles. Notons que la
                                                                                                      définition de ce droit de blocage doit
Pour cela, la fonction Risque part de        •	Localiser dans l’organisation                          s’accompagner de la mise en place
sa formalisation du profil de risque           l’expertise clé en matière de gestion de               d’une procédure claire d’arbitrage en
et pilote l’articulation des rôles et          ce risque (en général, il s’agit du                    cas de désaccord entre la direction des
responsabilités pour chacun des                propriétaire du risque identifié lors                  risques et la direction métier
risques qu’elle y a inscrit. La difficulté     des phases amont de mise en place du                   concernée.
principale repose dans la diversité et         dispositif).
l’hétérogénéité des intervenants.




                                                     Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques   25
Utiliser une matrice des rôles et des responsabilités, telle que présentée dans
l’exemple ci-dessous, permet de formaliser aisément cette répartition des rôles.


Figure 8 – Une matrice des rôles et des responsabilités pour la gestion des
investissements




                                                                     Gestion des investissements

                                              Conseil d’administration (via le comité des risques) : responsabilité de supervision
              Responsable                     globale
        (responsabilité en dernier ressort)   Direction générale : validation et pilotage de la politique de placements


                    Acteur                    Direction des Investissements : propose à la validation les orientations de
         (pilotage de la mise en œuvre        l’allocation stratégique, définit les modalités d’allocation tactique, réalise le suivi.
         opérationnelle)



                  Consulté                    Direction des Risques : émet un avis au regard de l’exposition globale du Groupe
         (avis sollicité de façon             et de son niveau de solvabilité selon l’exposition de l’entité considérée aux risques de
         systématique, publié et pris en      marché. Si avis contraire, arbitrage en comité exécutif.
         compte dans la décision)


                   Informé                    Service Trésorerie (Direction Financière) : informé de l’ensemble des évolutions de
         (modalités de gestion                la politique de placements.
         communiquées régulièrement)




La mise en place d’une                             L’organisation de la décision est                •	Prioriser les types de risque pour
architecture de prise de décision                  bien entendu propre à la culture                   lesquels des instances de pilotage
                                                   de chaque entreprise et fonction                   formelles et régulières sont
Le dispositif de gestion des risques               de son niveau d’avancement sur la                  nécessaires. Au regard de ces priorités,
le mieux conçu ne sera efficace et                 « courbe de maturité » de l’ERM.                   l’entreprise formalisera les
performant que s’il est accompagné d’un            Néanmoins, la revue ou la mise en                  responsabilités attendues de chaque
dispositif d’application opérationnelle            place de l’architecture de décision                niveau organisationnel (supervision
des décisions. Il s’agit de garantir que           passe par quelques étapes clés :                   globale, définition des pratiques, suivi
d’une part, l’ensemble des informations                                                               et reporting…).
utiles remontent à temps aux niveaux               •	Définir les niveaux organisationnels
hiérarchiques appropriés et que                      clés en matière de décision risques.           •	Concevoir les instances de décision ad
d’autre part, ces instances examinent                Ces niveaux sont souvent ceux des                hoc à chaque niveau : type de comité,
les problématiques et prennent les                   principales strates décisionnelles de            membres, attributions, modalités et
décisions nécessaires. L’entreprise est              l’entreprise (comité de direction,               droits de vote, fréquence de réunion.
alors à même de piloter ses expositions              fonctions clés dans la prise de risque,
aux risques de manière continue et de                exécutants…) et sont définis en
réagir rapidement en cas de déviation                cohérence avec les rôles et
inattendue de son profil de risque.                  responsabilités identifiés pour chaque
                                                     type de risque du profil de risque.




       26             PwC
La comitologie peut ainsi s’organiser de manière cohérente au sein de
l’entreprise, comme illustré dans l’exemple indicatif ci-dessous :


Figure 9 – Matrice des rôles et responsabilités




                             Marché                       Crédit                     Souscription                   Opérationnel


     Comex                                                    Comité des risques


                                  Comité d’Investissement                                                                 Comité
     Preneurs                                                                                                             Contrôle
     de risque                                                   Comité de Souscription                                    Interne



     Reporting                             Comité ALM                                   Reporting                       Reporting
     Mitigation




Le nécessaire lien entre la gestion            Initialement, beaucoup d’entreprises                     stade, ces réflexions ont été initiées mais
et le contrôle des risques                     d’assurance ont engagé des démarches                     ne semblent pas avoir été complètement
                                               de cartographie des risques un peu                       arbitrées par les entreprises d’assurance :
Une des leçons principales de la crise         lourdes car fondées sur un niveau de                     le risque opérationnel, très difficile à
financière est qu’une gestion des risques      détail très granulaire. Ces démarches                    appréhender, est totalement spécifique à
performante nécessite un dispositif            ont cherché à identifier et maîtriser                    chaque organisation et ne fait pas l’objet
cohérent, garantissant une articulation        les risques spécifiques à certains                       de définitions précises dans Solvabilité
opérationnelle réelle entre :                  processus ou domaines opérationnels                      2. Les calibrations du SCR au titre du
                                               : fiabilité des processus d’information                  risque opérationnel aboutissent d’ailleurs
•	d’une part, la définition de politiques      financière (projets SOX), sécurité des                   à une charge minime en fonds propres,
  et processus risque pertinents               systèmes d’information, lutte contre la                  n’incitant pas ou peu à investir dans un
  (essentiellement du ressort de la            fraude ou le blanchiment d’argent…                       dispositif poussé de maîtrise de ce risque.
  direction des risques),
                                               Ces réflexions conduisent les entreprises
•	et d’autre part, la correcte application     à mener des travaux spécifiques sur la
  de ces politiques et processus par les       maîtrise du risque opérationnel. Il s’agit
  acteurs concernés (fonctions                 en effet de la mission première du contrôle
  opérationnelles, contrôle interne…).         interne (ou contrôle permanent) : assurer
                                               la correcte maîtrise des processus et
                                               opérations de l’entreprise et la fiabilité des
                                               informations produites par l’entreprise,
                                               quelles soient financières ou non. A ce




                                                         Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques     27
Un certain nombre d’acteurs du               Cadrage du dispositif de
marché initie actuellement des               risque opérationnel.
démarches spécifiques à l’analyse du
risque opérationnel et à l’articulation      •	Dans un premier temps, l’effort se
risque – contrôle. Parmi les pistes            porte sur ce que recouvre cette notion.
actuellement envisagées, les                   Il ressort généralement de ces
principales sont les suivantes :               analyses que le risque opérationnel
                                               recouvre tout élément compromettant
Regroupement progressif des                    l’atteinte des objectifs des processus
fonctions risque et contrôle                   opérationnels (voir la nomenclature
sous une unique responsabilité                 définie en ce sens par Bâle 2), ou
(majoritairement, le                           encore toute élément compromettant
directeur des risques).                        la correcte application des politiques
                                               de risques définies par l’entreprise.
•	Cela permet de donner une meilleure          Certaines organisations sont allées
  cohérence entre des initiatives parfois      plus loin : face à la volumétrie trop
  déconnectées auparavant. Ces                 importante des risques opérationnels,
  réflexions sont souvent concentrées          elles ont priorisé les domaines
  sur la problématique de la fonction de       d’exposition critiques et concentré
  conformité : s’agit-il d’un sujet piloté     leurs efforts de déploiement des
  par les acteurs du juridique                 dispositifs de maîtrise sur ces quelques
  (réalisation de la veille                    domaines.
  réglementaires) ou du contrôle interne
  (diffusion des dispositions légales        Modélisation du risque
  dans les processus opérationnels) ?        opérationnel.
  Nous observons une tendance assez
  nette en ce sens à (i) nommer un           •	Certaines entreprises ont mis en place
  responsable conformité, chargé de            des dispositifs de collecte de données
  définir les principaux enjeux de la          liées aux pertes opérationnelles. Ces
  conformité pour l’entreprise et              dispositifs permettent d’évaluer
  coordonner l’application des                 l’exposition réelle de l’entreprise aux
  dispositions juridiques applicables en       pertes opérationnelles, de
  la matière tout en (ii) maintenant la        dimensionner de manière plus
  responsabilité de la veille juridique au     cohérente leur dispositif de maîtrise,
  niveau de la direction juridique, mais       voire de réaliser des économies en
  en créant une instance de                    besoins de fonds propres. Il reste
  coordination à fréquence régulière           toutefois que pour être efficace, ce
  entre ces deux acteurs. D’une manière        dispositif doit être cadré (par exemple,
  générale, les entreprises tendent à          en définissant clairement ce qu’est une
  mettre leur fonction de gestion des          perte opérationnelle et à partir de
  risques en mesure de superviser à la         quelle valeur de seuil on collecte les
  fois la pertinence de leur cadre ERM et      montants des pertes) et profiter d’une
  la correcte application des dispositions     profondeur historique importante. On
  qu’il met en place.                          estime que les résultats deviennent
                                               significatifs au bout de trois à cinq ans
                                               de collecte. Les assureurs sont donc
                                               encore peu avancés en matière
                                               conceptuelle sur la modélisation de ce
                                               risque.




       28           PwC
2.1.4. Le degré
de centralisation
de la fonction Risque


               Les groupes d’assurance sont confrontés                   juridiques. Elle définit éventuellement
               à une difficulté opérationnelle majeure                   un principe de subsidiarité réglant les
               concernant le périmètre opérationnel                      marges de manœuvre des entités, qui
               de la fonction Risque. Comment celle-                     disposent dans ce cas d’un
               ci intègre-t-elle dans ses analyses                       « correspondant risque ». Dans tous les
               et processus des entités et activités                     cas, la fonction Risques est amenée à
               diverses et non nécessairement                            animer un fonctionnement en réseau.
               assurantielles (gestion pour compte de
               régimes de retraite complémentaires                    •	Les groupes ont tendance à imposer à
               ou de sécurité sociale, services                         l’ensemble de leurs entités
               de soins et d’accompagnement,                            assurantielles des principes et
               participations stratégiques…) ?                          schémas de reporting cohérents,
                                                                        définis et pilotés centralement. Ceci
               Si la plupart des organisations sont                     est particulièrement vrai pour les
               encore en recherche du bon niveau                        groupes internationaux disposant de
               d’efficacité dans l’articulation du                      filiales ou entités étrangères exerçant
               dispositif Risque entre les différentes                  dans des pays non soumis à Solvabilité
               entités d’un groupe, quelques bonnes                     2. Dans ce cas, un double reporting est
               pratiques émergent néanmoins :                           le plus souvent choisi : maintien du
                                                                        reporting inspiré des normes
               •	L’organisation de la « filière risques »               prudentielles locales, envoi d’un
                 au sein du groupe est alignée sur la                   reporting risque normalisé (souvent
                 structure organisationnelle et                         selon un « format Solvabilité 2 ») au
                 décisionnelle en place. Dans un                        groupe.
                 groupe très décentralisé, les
                 différentes entités ou filiales disposent
                 souvent d’une fonction Risque locale,
                 rattachée hiérarchiquement à leur
                 direction générale mais reliées
                 fonctionnellement à la direction des
                 risques du groupe. Dans un groupe
                 plus centralisé, la direction des risques
                 du groupe supervise les entités




                       Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques    29
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Solvabilité 2: mise en oeuvre opérationnelle

  • 1. www.pwc.fr Solvabilité 2 Le Pilier 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques Livre Blanc Tome 1
  • 2. Sommaire Préface 2 Introduction 4 1. Approche normative 6 1.1 Les dispositions générales du Pilier 2 6 1.2 Que dit la Directive ? 7 1.3 Que disent les projets de mesures d’application ? 10 1.4 Le COSO 2 - ERM 13 2. Mise en œuvre opérationnelle 16 2.1 L'organisation générale de la « filière risque » 16 2.2 Mettre en place le processus de gestion des risques 25 2.3 Piloter les chantiers transverses 35 Conclusion 46 Vos contacts 47
  • 3. Préface Ce livre blanc est publié à un moment clé de l’agenda réglementaire de la Directive Solvabilité 2. En effet, la mise en conformité au Pilier 2, pierre angulaire de la prévention des risques de solvabilité, se précise. Si, depuis fin janvier, le projet de Directive Omnibus 2 prévoit la possibilité de mesures transitoires, offrant ainsi un délai dans certaines conditions et sur quelques points, la préconsultation sur les mesures de niveau 2 sur le système de gouvernance des risques est en cours d’achèvement et celle sur les mesures de niveau 3 a démarré et s’accélérera au deuxième semestre 2011. C’est donc dans ce contexte réglementaire encore incertain mais déjà bien avancé que les priorités des entreprises d’assurance s’élargissent au Pilier 2. Or, cette étape implique l’application opérationnelle d’une stratégie des risques répondant aux principes et aux exigences émises par le législateur dans le second pilier de sa Directive. Ces nouvelles contraintes touchent au cœur du pilotage de vos activités, et de votre organisation. Elles sont également une opportunité pour optimiser votre performance opérationnelle. L’ORSA est, sur ce point, emblématique. Ce processus documenté entraîne une gestion inédite de la solvabilité sur un horizon stratégique de trois à cinq ans. PwC accompagne les entreprises dans leurs projets et a travaillé, à leur côté, sur la problématique de la gestion des risques en contribuant notamment à l’élaboration du référentiel COSO 2-ERM. Nous espérons donc, avec ce livre blanc, continuer à apporter notre expertise dans le cadre de la mise en conformité à Solvabilité 2. Par ailleurs, nous avons prévu de faire d'autres livres blancs au cours de 2011 et 2012 sur les sujets qui intéressent le marché, notamment, la qualité des données, l'ORSA et les reportings financiers. Eric Dupont Jimmy Zou Associé Associé Responsable du secteur Assurance Responsable de Solvabilité 2
  • 4. Introduction Avant dernière ligne droite pour la mise en conformité à Solvabilité 2, 2011 est une étape importante pour les sociétés d’assurance. Pour leur apporter des solutions clés en main, PwC consacre un livre blanc, « les Enjeux du Pilier 2 », exclusivement dédié à la mise en œuvre de ces futures obligations. Ce livre blanc propose un cadre méthodologique concret et des points de repères dans le travail de déclinaison des principes du Pilier 2.
  • 5. "Ce livre blanc, par son approche pluri-disciplinaire, présente de façon claire les points essentiels de la gestion des risques complétés d'illustrations possibles. Ce document nous conforte dans nos orientations antérieures et il permet de mieux cerner certaines déclinaisons opérationnelles à conduire dans les chantiers du Pilier 2.". MAIF Christophe Raballan Directeur de la Maîtrise des risques et du Contrôle interne Sur la route de la mise en conformité C’est donc, en ce début d’année 2011, L’objectif de ce livre blanc est donc à Solvabilité 2, les entreprises sur le Pilier 2 de Solvabilité 2 que vos de constituer une sorte de « boîte d’assurance (sociétés d’assurance et travaux s’étendront. Clef de voûte de à outils », utilisable par tous les de réassurance, mutuelles, IP) sont la Directive, la conformité au Pilier 2 acteurs intervenant sur les aspects aujourd’hui arrivées à un tournant pose donc de nombreuses questions organisationnels de la conformité à stratégique. Après avoir consacré une aux sociétés d’assurance. Cette étape Solvabilité 2. Après avoir rappelé les part prépondérante de leurs projets de implique une interrogation sur votre spécifications de la réglementation et du conformité aux aspects quantitatifs du culture du risque, une (re)définition référentiel ERM1, nous nous proposons Pilier 1, elles se tournent aujourd’hui de votre stratégie et de gouvernance de décliner les enjeux opérationnels vers les exigences, plus qualitatives des risques et, enfin, une mise en de vos chantiers de conformité et plus complexes du Pilier 2. place opérationnelle de votre gestion (organisation et gouvernance de la des risques.Des questions difficiles, filière risque, processus de gestion En effet, en 2010, vous avez mobilisé qui vous mènent souvent au cœur des risques, cadrage des chantiers vos forces autour de la capacité de du pilotage de votre activité. « transversaux » comme la qualité votre organisation à modéliser les des données ou l’ORSA 2), de poser risques dans un nouveau référentiel Qu’exige précisément la réglementation les questions structurantes et, enfin, et à mesurer l’impact de ce nouveau Solvabilité 2 ? Comment ces d’apporter des pistes de réponse régime sur le montant des fonds propres dispositions doivent-elles, ou plutôt, opérationnelles, via des exemples nécessaire à horizon du 1er janvier 2013. peuvent-elles être appliquées à concrets de mise en œuvre. Vous avez également finalisé l’ensemble mon organisation ? Quels sont les des exercices liés au QIS 5. Ces exercices contraintes et déterminants me Ce document s’adresse aux pilotes ont été l’occasion de réaliser un 1er test permettant de dimensionner un opérationnels des projets de conformité « grandeur nature » sur vos méthodes dispositif opérationnel de gestion des à Solvabilité 2, chefs de projet ou et processus calculatoires. Lors de risques ? Quels sont les chantiers que directeurs des risques. Toutefois, notre cette phase, vous effectuez les tests « recouvrent les exigences du Pilier 2 au travail de réflexion et de méthodologie grandeur nature » pour mettre en place sein de mon projet de conformité ? pourra également être utile aux un processus de réalisation des bilans dirigeants et administrateurs des économiques et de calcul des SCR. La difficulté majeure, partagée organismes d’assurance, dont bon par l’ensemble de nos clients et à nombre sont aujourd’hui confrontés à laquelle s’attaque ce livre blanc, des arbitrages difficiles sur le calibrage est d’interpréter et de calibrer les du dispositif, entre les impératifs de principes des textes réglementaires conformité (qui peuvent paraître lourds aux spécificités de l’organisation pour au regard des discours de place) et les créer un dispositif de gestion des risques ambitions de leur entreprise (approche conforme, adapté et performant. de stricte conformité ou objectif de « best in class » en pilotage des risques ?). Nous espérons que vous trouverez, ici, des axes de réflexion utiles pour vos travaux. (1) ERM : Enterprise Risk Management (2) RSA : Own Risk and Solvency O Assessment, Évaluation interne des risques et de la solvabilité Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques 3
  • 7. Introduction Dans le cadre de Solvabilité 2, toute organisation devra démontrer qu’elle a mis en place un système adéquat et efficace de gestion des risques. Deux référentiels principaux servent de guide dans cette perspective de mise en conformité. • Le référentiel réglementaire du Pilier 2 constitue la référence essen- tielle. Ses dispositions couvrent les attentes des régulateurs en matière d’organisation opérationnelle de la gestion des risques. Les grands prin- cipes de la Directive y sont exprimés dans quelques articles. Des mesures d’application, toujours en cours de discussion, viennent les préciser. • Le référentiel technique majeur et largement admis est le COSO 23 - ERM. Il est utilisé par la quasi-totalité des acteurs cherchant à appréhender les critères d’une gestion des risques performante. On notera que les agences de notation ont ainsi intégré la « performance » ERM comme un critère d’évaluation à part entière. Nous vous proposons une synthèse des principales dispositions et concepts de ces deux référentiels. (3) OSO est l’acronyme abrégé de Committee Of Sponsoring Organizations C of the Treadway Commission, une commission à but non lucratif qui a établi en 1992 une définition standard du contrôle interne et a créé un cadre pour évaluer son efficacité. Par extension, ce standard s'appelle aussi COSO. Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques 5
  • 8. 1.1 es dispositions L générales du Pilier 2 Le Pilier 2 recouvre l’ensemble des principes et pratiques attendus des organisations en matière de gestion des risques, au regard des estimations de risque et de fonds propres couvertes par le Pilier 1. Ses principales dispositions peuvent être schématiquement regroupées dans les quatre grandes catégories exposées ci-dessous : Figure 1 – Les principales dispositions du Pilier 2 Nouveau processus Gouvernance des risques Exigences du modèle interne de supervision (art. 41 à 49) (art.120 à 126) (art. 27 à 39) • Des exigences de gouvernance • Un nouveau processus de • Une utilisation effective du mo- générale (séparation des tâches, supervision, fondé sur un dèle interne dans le pilotage (ges- gestion des conflits d’intérêt…) dialogue permanent avec le tion opérationnelle des risques, régulateur et où l’entreprise a allocation de capital notamment) • Un principe de proportionna- la « charge de la preuve » lité du dispositif risque à la • Une évaluation objectivée complexité du profil de risque • La possibilité pour le régulateur selon 9 principes (appropria- de sanctionner via des « capi- tion par le management, reflet • La définition des fonctions clés tal add-on » tout écart quan- fidèle du profil de risque…) de la gestion des risques et du titatif ou qualitatif par rapport périmètre du dispositif risque aux standards attendus. • L'existence d’un processus in- terne de validation du modèle… • Des exigences de qualités « fit and proper » pour les principaux • … et des tests de sensibilité acteurs de la gestion des risques et de stabilité du modèle • Des principes de bonne conduite en termes de rémunération L’ORSA (art.45) • L’ORSA recouvre l’ensemble des processus et des procédures qui permettent d’identifier, évaluer, suivre, contrôler et com- muniquer sur les risques internes et externes, à long terme et à court terme auxquels un assureur fait ou pourrait faire face et qui permettent de déterminer le niveau de capital dont l’entreprise a besoin pour assurer sa solvabilité en permanence. • L’ORSA doit satisfaire aux exigences règlementaires du Pilier 1 ainsi qu’à celles des Piliers 2 et 3. Source : PwC Lorsque l’on cherche à appréhender mettre en oeuvre. Ces principes doivent savoir les enjeux de gouvernance des les enjeux du Pilier 2, les principales être traduits et déclinés pour s’appliquer risques couverts par les articles 41 à difficultés viennent d’un constat à la réalité de votre organisation. 49, ainsi que les projets de mesures de très simple : les articles et mesures niveau 2 et 3 en cours d’élaboration d’application définissent des principes De ce fait, nous avons choisi dans ce par la Commission Européenne. structurants, mais fournissent peu document de nous concentrer sur d’indications concrètes sur le dispositif à l’aspect organisationnel du Pilier 2, à 6 PwC
  • 9. 1.2 Que dit la Directive ? La Directive européenne prévoit les bases d’une bonne gouvernance comme un système complet composé de fonctions et règles servies par les instances et des modes de prise de décisions adéquats. Le système de gouvernance des risques (défini dans l’article n°41) est étayé par 7 « blocs » principaux qui doivent répondre à des attentes spécifiques. Ces « blocs » sont ensuite détaillés dans un article dédié de la Directive, tel qu’illustré ci-dessous : Figure 2 – La gouvernance des risques GOUVERNANCE (Art.41) Honorabilité et compétences (Art.42 et 43) Gestion des risques (Art.44) Évaluation interne des risques et de la solvabilité - ORSA (Art. 45) Contrôle interne (Art. 46) Audit interne (Art. 47) Fonction actuarielle (Art. 48) Sous-traitance (Art. 49) Art.41 – Exigences générales Art.42 43 – Honorabilité Art.44 – Gestion des risques en matière de gouvernance et compétences L’article 41 précise notamment que Ces articles 42 et 43 précisent que L’article 44 indique que « les entreprises les entreprises d’assurance et de « toutes les personnes qui dirigent d’assurance et de réassurance doivent réassurance doivent mettre « en effectivement l’entreprise ou qui mettre en place un système de gestion place un système de gouvernance occupent d’autres fonctions clés doivent des risques efficace, qui comprenne efficace, qui garantisse une gestion avoir les qualifications et compétences les stratégies, processus et procédures saine et prudente de l'activité ». requises à l’exercice de ces fonctions d’information nécessaires pour déceler, et que leur réputation et leur intégrité mesurer, contrôler, gérer et déclarer, en sont de bon niveau (honorabilité) ». permanence, les risques, aux niveaux individuel et agrégé, auxquels elles sont Ces informations doivent en outre ou pourraient être exposées ainsi que être communiquées aux Autorités les interdépendances entre ces risques. de Contrôle en cas de changement et nécessitent d’être documentées. Ce système de gestion des risques est efficace, parfaitement intégré à la structure organisationnelle et aux procédures de prise de décision de l’entreprise d’assurance ou de réassurance et dument pris en compte par les personnes qui dirigent effectivement l’entreprise ou qui occupent d’autres fonctions clés ». Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques 7
  • 10. Art.44 – suite Il décrit également a minima le périmètre concerné par la gestion des risques (souscription et provisionnement, gestion actif- passif, investissements, risques opérationnels, les risques d’illiquidité et de concentration, la réassurance et pour partie le modèle interne) et précise que les politiques de gestion des risques doivent être documentées. En synthèse, retenons surtout que la Directive : • présente la fonction de gestion des risques (par la suite appelée « fonction Risque ») comme une fonction obligatoire, efficace et intégrée à l’organisation, • fixe un périmètre minimal en termes de risques couverts – à savoir les risques entrant dans le calcul du SCR sans nécessairement s’y limiter, • décrit les responsabilités particulières de cette fonction, véritable « chef d’orchestre » global du dispositif et pilote du modèle interne si applicable. 8 PwC
  • 11. Art.45 – Évaluation interne des Art.46 – Système de Art.49 – Sous-traitance risques et de la solvabilité - ORSA contrôle interne Enfin, l’article 49 déclare que « L’article 45 indique que dans le cadre L’article 46 précise que « les entreprises les entreprises d'assurance et de de leur système de gestion des risques, d’assurance et de réassurance réassurance conservent l'entière les entreprises d'assurance et de disposent d’un système de contrôle responsabilité du respect de l'ensemble réassurance doivent régulièrement « interne efficace comprenant a minima des obligations qui leur incombent procéder à une évaluation [...] interne des procédures administratives et […] lorsqu'elles sous-traitent des des risques et de la solvabilité ». comptables, un cadre de contrôle fonctions ou des activités d'assurance Cette évaluation, propre au profil interne, des dispositions appropriées ou de réassurance » et pourvu que cela de risque, conduit l’entreprise à en matière d’information à tous les n’ait pas d’incidence sur le système de expliciter le niveau de risque qui tend niveaux de l’entreprise et une fonction gouvernance, l’activité ou le risque le capital requis en vue d’apprécier de vérification de la conformité ». opérationnel, ni sur la capacité de son niveau de fonds propres. surveillance des Autorités de Contrôle. Précisons que l’ORSA doit répondre Art.47 – Audit interne En sus, l’entreprise doit informer à trois points majeurs : le Régulateur de son intention L’article 47 stipule que « la fonction d’externaliser toute fonction ou • Démontrer dans les faits la pertinence d’audit interne évalue notamment activité « importante ou critique ». des processus de gestion des risques l’adéquation et l’efficacité du système de développés par l’organisation. contrôle interne et les autres éléments du système de gouvernance […] de • S'intégrer à la stratégie commerciale manière objective et indépendante et à la définition de la stratégie des fonctions opérationnelles ». de l’organisation : ses analyses et productions doivent être prises Art.48 – Fonction actuarielle en compte par les décideurs. Au travers de l’article 48 de la Directive, • Pouvoir être réévalué suite à toute la fonction actuarielle est décrite modification significative du profil comme une fonction d’expertise visant de risque de l’organisation. à « coordonner le calcul des provisions techniques et garantir le caractère approprié des méthodologies, des modèles sous-jacents et des hypothèses utilisés pour le calcul des provisions techniques, apprécier la suffisance et la qualité des données utilisées dans le calcul des provisions techniques, comparer les meilleures estimations aux observations empiriques, informer l'organe d'administration, de gestion ou de contrôle de la fiabilité et du caractère adéquat du calcul des provisions techniques, superviser le calcul des provisions techniques, émettre un avis sur la politique globale de souscription, émettre un avis sur l'adéquation des dispositions prises en matière de réassurance, et enfin contribuer à la mise en œuvre effective du système de gestion des risques ». Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques 9
  • 12. 1.3 Que disent les projets de mesures d’application ? A la lecture des textes, les dispositions L’avis du CEIOPS « Advice for Level 2 de Solvabilité 2 en matière Implementing Measures on Solvency 2 : d’organisation et de système de System of Governance » a fourni des gouvernance des risques reposent premières précisions sur le dispositif uniquement sur des principes. Le de gestion des risques. Les mesures régulateur souhaite en effet laisser à de niveau 3 en cours de discussion chaque organisation le soin de définir préciseront plus avant ce dispositif. son propre schéma organisationnel et n’a défini à ce titre que les fonctions clés En résumé, toute entreprise soumise à et des attentes très générales. Toutefois, Solvabilité 2 doit, selon ce référentiel, l’interprétation qu’il est possible de faire démontrer que dans le respect de ces au travers de la lecture des articles 41 à principes, elle possède un dispositif 49 a conduit le Régulateur à les préciser. opérationnel de gestion et de pilotage de ses risques qui garantit : • Une bonne connaissance des risques auxquels elle est exposée (profil de risque) et une évaluation cohérente de ses expositions à un instant t. • Une mécanique réellement opérationnelle de gestion de ces risques, c’est-à-dire que les éléments clés sont en place et chacun est en mesure de faire ce qui est prévu. • Une remontée des informations nécessaires et la capacité des instances responsables à prendre les décisions qui s’imposent. 10 PwC
  • 13. Figure 3 – Rappel des exigences du Pilier 2 Dispositif de gouvernance (3.29 à 3.36 ; 3.56 à 3.62) • Un schéma robuste, clair et bien documenté afin de favoriser une organisation efficace • Cadrage des conflits d’intérêt, principe du « 4-eyes review », « fit proper » sur les fonctions clé, politique de rémunération Fonction de gestion des risques (3.72 ; 3.87 à 3.89 ; 3.220 à 3.222) • Des processus, procédures et politiques clairement documentées • Un périmètre minimal de « zones de risque » à couvrir : souscription, provisionnement, ALM, placements, liquidité et concentration, risque opérationnel, réassurance et autres pratiques de réduction du risque • Responsabilités : (i) architecte et pilote du dispositif ERM, (ii) production de la vision agrégée du profil de risques, (iii) reporting sur les expositions risque et (iv) identification et évaluation des risques émergents Fonction de conformité - contrôle interne (3.254 à 3.258) • Une référence aux dimensions COSO (environnement de contrôle, activités de contrôle, communication,…) • Responsabilités : (i) conformité des opérations, (ii) maîtrise des activités opérationnelles et (iii) fiabilité de l’information financière et non-financière émise Fonction d’audit interne (3.276 à 3.279) • Un acteur indépendant, impartial et autonome, compétent sur la totalité des activités et processus • Exigence d’émission d’un rapport annuel sur son activité (plan d’audit fondé sur une approche par les risques) Fonction actuarielle (3.328 à 3.343) • Responsabilités : coordonner le calcul des provisions techniques, évaluer la pertinence des méthodes et la qualité des données, back-tester les best estimates et fournir au management des avis formels le degré de fiabilité des modélisations (rapport formel) Dispositif de gestion de l’externalisation (3.376 à 3.382) • Obligation de s’assurer que l’externalisation ne dégrade ni la qualité de service ni l’exposition globale au risque opérationnel • Existence de processus et politiques formalisés et complets sur toutes les dimensions d’un projet d’externalisation (sélection, contractualisation, pilotage…) La lecture de ces dispositions révèle à l’évidence qu’il s’agit d’un « socle minimal » à respecter d’un point de vue réglementaire. Ces principes sont très généraux : chaque organisation doit les décliner de manière spécifique en fonction de sa taille, de son expertise et de la complexité de son profil de risque : c’est ce que la Directive appelle le « principe de proportionnalité ». Pour autant, le respect de ce principe et la latitude de « marge de manœuvre » dont les différentes organisations pourront disposer reste aujourd’hui une question ouverte. Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques 11
  • 14. Focus sur les mesures c) Les processus de gestion des Cas particulier de l’ORSA de niveau 2 risques doivent être appropriés et les procédures adaptées pour L’ORSA est un sujet majeur qui sera Le point 3.72 donne l’avis du identifier, évaluer, gérer, contrôler traité dans les mesures de niveau 3 a CEIOPS en matière d’efficacité d’un les risques ainsi qu’en matière de priori vers le troisième trimestre 2011 système de gestion des risques et reporting. par l’EIOPA4. L’ACP devrait également préconise les points suivants : apporter sa vision lors d’une conférence d) Les procédures de reporting des sur le Pilier 2, la gouvernance et l’ORSA a) La stratégie de gestion des risques doivent être appropriées. prévue au second trimestre 2011. risques doit être clairement définie Ces procédures doivent être et correctement documentée. Cette coordonnées et challengées par la Malgré l’importance de ce processus, stratégie doit annoncer les objectifs fonction de gestion des risques et sont l’article 45 n’est précisé dans aucun de gestion des risques et les principes activement contrôlées et gérées par texte relevant des mesures de niveau de gestion des risques clés, définir le toute instance appropriée. 2. Le CEIOPS a publié un « Issues « risk appetite » de l’entreprise, et enfin Paper » intitulé ORSA en 2008. décrire les missions et responsabilités e) Les reportings qui sont soumis aux de la fonction de gestion des risques instancespar la fonction de gestion Tel que présenté aujourd’hui, l’ORSA de manière transversale à l’entreprise des risques font référence aux risques est un processus qui oblige chaque et en accord avec la stratégie associés (potentiels ou avérés) à organisation à calculer et maîtriser ses commerciale. l’activité de l’entreprise et à l’efficacité risques, ainsi qu'à s'assurer qu’elle est opérationnelle du système de gestion suffisamment capitalisée. Néanmoins, b) Les politiques de gestion des des risques. certaines caractéristiques méritent risques doivent être écrites d’être soulignées (figure 4) : et adaptées : elles incluent une f) Enfin, l’ORSA doit être adapté aux définition et une nomenclature des activités de l’entreprise. • L’ORSA est de la responsabilité de la risques portés par l’entreprise, les Direction Générale qui est en charge classant par type et par niveau des de son pilotage et de ses résultats vis- limites de risque acceptable. Elles à-vis du régulateur. devront implémenter la stratégie des risques, faciliter la mise en œuvre des mécanismes de contrôle et prendre en compte la nature, la portée (périmètre) et l’horizon de temps de l'activité et des risques associés. (4) IOPA : European Authority for nsurance and Occupational Pensions. E En janvier 2011, l'EIOPA a remplacé le CEIOPS. 12 PwC
  • 15. Figure 4 – Une représentation du système Stratégie de gestion des risques • Objectifs stratégiques • Allocation straté • Stratégie risque • Réassurance autres • Valorisation des scénarii couvertures stratégiques • Décisions de gestion • Utilisation du capital et • Horizon de projection des ressources fin. Analyse et évaluation des risques Gestion et pilotage de la solvabilité Processus de décision • Identification des risques • Bilan économique • Stress test scenario • Pilotage du profil de risque • Analyses quantitatives • Best Estimates • Fongibilité du capital • Pilotage et gestion de la solvabilité • Evaluation de la qualité des contrôles • Paramètres et • Evaluation des fonds • Tolérance appétit aux risques • Profil de risques hypothèses risque propres • Fréquence des évaluation • Politiques de gestion des risques • Qualification chiffrage • Réconciliation de ces • Support pour les décisions stratégiques des fonds propres évaluations • Documentation de la gouvernance des risques • Publications (Pilier 3) Environnement macro-économique • Environnement marco-économique • Contexte business • Risques émergents • Risques à long terme • Dispositif de suivi réglementaire • Evolution de l’environnement juridique • Tendances sociales... • L’ORSA est un processus documenté économique, risque politique…). • ’évaluation des risques dans le L de la gestion des risques qui doit être L’évaluation s’inscrit sur un horizon processus d’ORSA représente la présenté au superviseur à intervalle de trois à cinq ans et couvre tout vision « propre » de ses risques que régulier (au moins une fois par an) et le périmètre du groupe (toutes les peut avoir une organisation, au-delà dès lors que survient une modification entités européennes et celles hors de des modules de risque identifiés significative du profil de risque de l’Union Européenne qui sont sous sa dans le calcul du SCR : différence l’assureur. supervision). sur le nombre de risques retenus, sur la mesure des risques c’est-à-dire • Il fait partie intégrante de la • l permet à toute organisation de I sur l’intervalle de confiance selon gestion quotidienne de l’entreprise démontrer qu’elle est capable de lequel est calibrée la formule de (politique commerciale, stratégie mobiliser le capital nécessaire calcul. De plus, l’organisation peut d’investissement, gestion du capital, pour couvrir le besoin en marge utiliser une approche en formule croissance externe…). de solvabilité sur l’horizon de la standard ou un modèle interne pour planification stratégique (et non sur évaluer son exposition aux risques. • l fournit une approche holistique et I l’horizon d’un an utilisé pour le calcul La méthodologie employée doit être prospective pour gérer les risques : les du SCR). proportionnée à la complexité de risques servant à calculer le SCR et les l’activité de l’entreprise et à la nature autres risques (risque de réputation, des risques auxquels elle est exposée. risque stratégique, risque macro- La question qui se pose est de savoir comment implémenter des fonctions clés et un système de gouvernance qui soit conforme à la Directive Solvabilité 2 et compatible avec les pratiques du paritarisme. La Directive est très largement inspirée de concepts applicables au monde capitalistique : elle intègre a priori moins bien dans la valorisation du risque les caractéristiques de la gouvernance paritaire qui reposent plus sur des valeurs de solidarité, de compensation et de rétrocession. Réunica Albert Cohen Directeur des Risques et de la Solvabilité Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques 13
  • 16. 1.4 Le COSO 2 - ERM Contexte la responsabilité des dirigeants ; le but étant de mettre en place et de Le référentiel COSO sur le contrôle maintenir une structure de contrôle interne a été élaboré dès 1991, interne adéquate pour l'établissement et est aujourd’hui une référence de l’information financière. internationale utilisée par les entreprises qui souhaitent mettre Ce référentiel a émergé suite aux à niveau leur dispositif de contrôle scandales des années 2000 (Enron, interne. Depuis 2002, ce référentiel Parmalat, Worldcom…). Depuis s’est imposé comme le cadre de sa mise en place, il a évolué car les référence utilisé par les entreprises entreprises se sont rendues compte internationales pour évaluer que la stricte perspective du contrôle la conformité de leur structure interne était réductrice et ne permettait de contrôle interne avec la loi pas d’appréhender et maîtriser la Sarbanes-Oxley. Celle-ci oblige les totalité des risques encourus. Le dirigeants à évaluer chaque année le référentiel a donc été mis à jour en contrôle interne de leur entreprise 2004 pour donner naissance au « (propositions de la SEC, octobre COSO 2 – ERM ». D’une approche 2002, et de l'ASB, mars 2003). La visant à la maîtrise des opérations via loi Sarbanes-Oxley exige en outre la sécurisation par des activités de d’émettre un rapport engageant contrôle, le référentiel a été étendu à : • la vision de l’ensemble des types de risques auxquels une organisation peut faire face, • l’organisation des différentes « briques » à l’œuvre dans une gestion globale des risques, • l’intégration des résultats de la gestion des risques dans le management de l’activité. Il existe une relation directe entre les objectifs que cherche à atteindre une organisation et les éléments du dispositif de management des 14 PwC
  • 17. Figure 5 – Représentation du référentiel COSO 2 ns gie s tio res ité t ion a m té ra rm ciè or ra é fo n nf St Op In ina Co F Environnement de contrôle Stratégie des risques Définition des objectifs UNITE DE GESTION FILIALE FILIALE Profil de risque Identification des événements ENTREPRISE DIVISION Système de mesure Evaluation des risques Politique processus Traitements des risques Contrôle des risques Activités de contrôles Système de reporting Information et communication Décisions Pilotage risques qui représentent ce qui est Ainsi bâti, le référentiel COSO 2 – Il est désormais possible d’appréhender nécessaire à leur réalisation. La relation ERM est la structure qui supporte les l’ERM comme un processus est illustrée par une matrice en trois grands concepts utilisés par la totalité opérationnel, établi à partir du COSO 2, dimensions, le fameux « cube COSO ». des acteurs de la gestion des risques : fournissant aux décideurs (managers, stratégie risque, appétit aux risques, administrateurs) une assurance Présentation profil de risque, dispositifs de mesure raisonnable sur la maîtrise des risques des risques, reporting des expositions… effectivement pris au regard des Les quatre grandes catégories d’objectifs objectifs stratégiques, dans le cadre de l’organisation – stratégiques, Le référentiel a pour objectif principal d’une appétence globalement définie. opérationnels, reporting et conformité de permettre une intégration Il facilite la gestion des incertitudes – sont représentées par les colonnes, des informations émanant de la des activités, la gestion des risques et les huit « blocs » de la gestion des gestion des risques aux processus des opportunités, l’identification des risques par les lignes et les unités décisionnels et stratégiques de événements pouvant être à l’origine de l’organisation par la troisième l’entreprise. Toute entreprise est à de risques, ainsi que la définition des dimension. Cette représentation illustre même, en suivant ces préconisations, solutions de contrôle interne adaptées. la façon d’appréhender la gestion des de piloter sa performance (selon les risques dans sa globalité ou bien par critères qu’elle définit de manière catégorie d’objectifs, par élément, autonome et spécifique) au regard par unité ou en les combinant. du niveau de risque qu’elle prend pour atteindre ses objectifs. Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques 15
  • 18. Le risque étant l’essence même • la dimension stratégique : comment du métier de l’assurance, on les instances de décision intègrent- comprend immédiatement l’utilité elles le risque dans leur processus, d’un tel référentiel qui intègre : comment fixent-elles le cadre de prise de risque de l’entreprise (ce qui est • la définition des objectifs stratégiques autorisé dans la poursuite des objectifs par les instances de décision, / ce qui est redouté voire interdit) ? • l’identification des risques résultant • la dimension organisationnelle : quelles des efforts de l’organisation pour sont les fonctions intervenant dans atteindre ces objectifs – le risque la gestion des risques, quels sont les s’entendant aussi bien par menace processus permettant cette gestion, sur l’atteinte des objectifs que comme et pour les entreprises d’assurance opportunité à poursuivre pour en comment ces analyses sont liées aux faciliter leur réalisation, exigences de solvabilité, • la mise en place d’un dispositif • la dimension opérationnelle : performant de pilotage des comment l’organisation se dote-t-elle expositions à ces risques, des outils de mesure des risques, des ressources à même d‘exploiter ces • l’information et le reporting des outils de manière satisfaisante, et expositions aux responsables ad hoc. quels sont les circuits de remontée de ces informations ? Cette intégration du risque dans les processus de pilotage passe par une « diffusion » de la gestion des risques dans l’ensemble des niveaux hiérarchiques et processus de l’entreprise. Le dispositif sera donc aligné avec le modèle organisationnel de l’entreprise, et distinguera des composantes liées à : 16 PwC
  • 19. Conclusion de l’approche normative Le COSO 2 – ERM, conçu comme un Mais comment interpréter, adapter et référentiel standard et opérationnel, appliquer d’une manière opérationnelle fournit donc les éléments et la démarche ces référentiels au sein de chaque globale d’un processus de gestion des organisation ? C’est le grand défi risques. La réglementation Solvabilité du Pilier 2 que d’affiner, calibrer et 2, et plus particulièrement le Pilier 2, décliner en fonction des spécificités va obliger les assureurs à préciser les de chaque business, de chaque fonctions impliquées dans leur gestion entreprise et de chaque culture le des risques et intégrer l’évaluation des dispositif de gestion des risques. risques et de la solvabilité au pilotage de leur entreprise sur un horizon de trois à cinq ans au travers de l'ORSA. Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques 17
  • 21. Introduction Toutes les organisations n’attribuent Nous allons identifier les facteurs pas la même importance à la gestion clés pour les trois dimensions du des risques. Il est donc naturel que leurs programme de mise en conformité : choix divergent face à l’investissement important que représente aujourd’hui • ’organisation générale de l la mise en place d’une « filière la « filière risque », risque » conforme aux principes et aux contraintes réglementaires de • la mise en place du processus Solvabilité 2. Or c’est bien cet arbitrage, de gestion des risques, réalisé au niveau de la direction générale et en lien avec la stratégie • le pilotage des chantiers globale de l’entreprise, qui est très transversaux les plus importants. difficile à réaliser et à objectiver. Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques 19
  • 22. 2.1 L'organisation générale de la « filière risque » Organiser une filière risque au sein sa conception toute l’attention de tous pour toute la « filière risque », étant d’une entreprise disposant d’un long les acteurs concernés, et en premier entendue comme l’ensemble des historique en matière de processus, lieu celle de la direction générale. fonctions, processus et instances d’expertises, d’habitudes, de cultures concourant au pilotage des risques. et d’instances de décision constitue un Si la « nouveauté » principale consiste projet complexe de transformation. la plupart du temps à mettre en Organiser une telle filière nécessite de Compte-tenu de l’étendue des place ou développer une fonction répondre à cinq questions majeures : changements qu’il implique et de de gestion des risques, les projets l’ancienneté de certaines pratiques qu’il Solvabilité 2 conduisent aujourd’hui à conduit à faire évoluer, il demande dès définir des schémas organisationnels Figure 6 – La mise en place de la « filière risque » • Quels sont les «blocs» organisationnels regroupés sous le périmètre Quels blocs organisationnels de la fonction de gestion des risques : risk management ? Actuariat ? 1 dans le dispositif ? Conformité ? Sécurité des SI ?... • Quelles sont les fonctions ayant un rôle clé dans la gestion des risques ? Quel périmètre pour 2 • Quelles sont leurs responsabilités (contrôle, pilotage, reporting…) ? la fonction Risque ? • Quelle est l’articulation des prérogatives entre les fonctions Risque Quelle articulation entre centrales et locales, notamment dans les implantations à l’étranger ? 3 les différentes fonctions ? • Quelles sont les règles de délégation à mettre en place ? • Comment répartir concrètement les responsabilités entre la fonction Quel niveau de centralisation de gestion des risques et les fonctions métier sur les risques clés 4 pour la fonction Risque ? (ALM, investissements, technique…) ? • Quels sont les indicateurs fondamentaux guidant le pilotage du 5 Quels indicateurs ? couple performance / risque (ROE, SCR, MCEV…) ? Quels sont les critères d’objectivation du risk appetite ? Les réponses à ces questions sont déterminées par un ensemble complexe de contraintes, qu’elles soient réglementaires (Solvabilité 2), externes (notation…) ou internes (ambitions, organisation…). 20 PwC
  • 23. 2.1.1. Les « blocs organisationnels » du dispositif Il est primordial de reconnaître Le modèle des « 3 lignes de défense et de délimiter le périmètre des » fournit un référentiel utile pour fonctions impliquées dans la gestion l’articulation de ces différentes des risques. En effet, celle-ci n’est fonctions et prérogatives. pas uniquement une affaire de spécialistes et sa gestion concerne • Ce modèle considère que les risques tous les niveaux de l’entreprise. Le sont pris en premier lieu par les dispositif doit reconnaître qu’à ces opérationnels et leur hiérarchie sur le différents niveaux correspondent terrain, dont les pratiques et processus des prérogatives différentes : de maîtrise des risques constituent donc la « 1ère ligne de défense ». • rise de risque opérationnelle p • coordination de la prise de risque • La « 2nde ligne de défense » est tenue • upervision de la prise de risque. s par les fonctions spécialisées en gestion des risques, qui ont pour but de concevoir, coordonner et piloter un cadre cohérent pour la prise de risque, sans être toutefois exposées directement aux activités à risque. Cela recouvre les « fonctions clés » de la gestion des risques au sens du Pilier 2 (gestion des risques, contrôle interne et conformité). • L’audit interne, par ses missions indépendantes, périodiques et dont la priorisation est fondée par une analyse des risques de l’entreprise fournit une « assurance raisonnable » sur la pertinence et le correct fonctionnement de ce dispositif. Il constitue ainsi la « 3ème ligne de défense ». Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques 21
  • 24. Figure 7 – Les trois lignes de défense 1° ligne de défense 2° ligne de défense 3° ligne de défense - ctuariat / Dir. A Toutes fonctions (SI, RH, Technique - ALM / Dir. - Gestion des risques Périmètre Finance, Production,…) Investissements - ontrôle interne, C Audit interne - utres A conformité… (s uscription,…) o Principes et N/A Propose Revoit et valide / Propose normes Mise en œuvre Applique Propose / Applique Coordonne / Applique Réalise des revues indépendantes et a Contrôles Applique / Propose Applique / Propose Supervise, consolide, posteriori sur : analyse - a pertinence des L dispositifs Reportings Produit Produit / Analyse Consolide, analyse, pilote - Leur correcte application Plans d’action Applique Propose / Applique Valide et pilote / Applique rôle de coordination / rôle opérationnel Sur cette base, les entreprises La mise en œuvre de ces principes • L’audit interne a un rôle particulier définissent généralement des grands se heurte souvent à 2 difficultés : dans le dispositif, et s’avère souvent principes d’articulation entre les difficile à positionner. Les textes de différentes « strates » de la prise de • La fonction de gestion des risques peut Solvabilité 2 insistent fortement sur le risque, comme illustré ci-dessus. avoir des responsabilités différentes caractère indépendant de cette Le schéma organisationnel définit en fonction des types de risque : fonction. Ses ressources doivent être le plus souvent les responsabilités généralement coordinateur, elle peut déchargées de toute autre tout au long des étapes du processus prendre une responsabilité directe sur responsabilité opérationnelle. Par de gestion des risques. certains domaines, comme le risque ailleurs, selon les normes de l’IIA 5 son opérationnel. Ces spécificités sont objectif est de fournir de manière Ces principes serviront ultérieurement abordées dans l’analyse du indépendante une « assurance de référence dans les attributions positionnement de cette fonction raisonnable » au management quant à précises des rôles et responsabilités dans (cf. infra). la pertinence, la qualité et la correcte la gestion des risques du profil de risque. application du dispositif de gestion des risques. On comprend bien alors pourquoi cette fonction doit être indépendante afin de pouvoir spécifier sa propre approche (basée sur sa perception des risques) ainsi que de formuler des recommandations libres de toute influence extérieure. (5) IIA : Institute of Internal Auditors 22 PwC
  • 25. 2.1.2. Le périmètre de la fonction Risque Nous l’avons vu, Solvabilité 2 fait La première concerne le périmètre • De ce fait, elle élabore un véritable de la fonction Risque le pivot et le des risques que doit identifier outil de management en alliant la chef d’orchestre du dispositif risque. ce profil des risques : vision « risque » des intervenants La réglementation fixe en effet des opérationnels (approche « Bottom-up » responsabilités et un périmètre de • Il doit couvrir a minima les modules visant à l’exhaustivité du risques minimaux sur lesquels cette de risque structurant les calculs de recensement) et celle des dirigeants fonction est référent. Dans le cas où besoins de fonds propres, que ceux-ci (approche « top-down » visant à la l’entreprise utilise un modèle interne, soient évalués via la formule standard pertinence et à la priorisation des elle a en charge la conception, les ou un modèle interne : souscription, investissements en matière de risque). tests, la mise en œuvre et le suivi de marché, taux, opérationnel… la performance du modèle retenu, Pour finir, elle s’assure pour l’ensemble qu’il soit partiel ou total. Il est donc • Il ne se limite cependant pas à ces des éléments de ce profil de risque naturel que la plupart des entreprises seuls risques, trop réducteurs pour priorisé qu’un dispositif opérationnel de commencent les chantiers du Pilier restituer une image fidèle du profil de gestion et de pilotage est effectivement 2 par la mise en place ou la revue du risques réel. La fonction Risque doit en place. Chacun de ces risques doit positionnement de cette fonction. donc identifier les autres risques qui être attribué à un propriétaire de Cette fonction prend donc en charge sont propres à l’organisation, en risque, porteur de l’expertise la plus le pilotage de l’ensemble du processus prenant en compte l’ensemble de ses poussée disponible dans l’organisation de gestion des risques (cf. supra), filiales et métiers (non nécessairement sur ce sujet : l’actuariat pour les risques même si elle ne réalise pas directement assurantiels). de souscription, de contrepartie au l’ensemble des opérations, analyses ou passif et de réassurance, la gestion calculs nécessaires à ce processus. La fonction Risque doit par ailleurs d’actifs pour les risques de marché garder à l’esprit que le profil de risque ne et de crédit… Cette attribution est Le référent pour l’élaboration du peut consister en un simple inventaire la première brique pour permettre profil de risque de la totalité des risques avérés ou la mise en place d’un dispositif de potentiels : gestion des risques effectivement Lorsqu’elle se met en place, une fonction opérationnel. Les composantes du Risque a pour première tâche d’identifier • A partir de ses analyses et des points processus de gestion des risques sont les risques auxquels l’organisation est de vue qu’elle collecte, elle priorise les reprises en partie 2 ci-dessous. exposée. Cette identification constitue le risques devant faire l’objet d’un suivi. préalable à tous ses travaux. Si la réalité Sa valeur ajoutée à ce stade repose sur des risques effectivement encourus sa capacité à proposer une liste réduite est spécifique à chaque entreprise, de risques pour lesquels l’élaboration du profil de risque obéit l’investissement dans un dispositif de néanmoins à quelques bonnes pratiques. mesure, suivi et pilotage permanent se justifie au regard des objectifs business. Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques 23
  • 26. Une fonction en pleine évolution Les entreprises évoluent sous l’influence de Solvabilité 2 progressivement sur la courbe de maturité de l’ERM entre ces 2 Au-delà de cet aspect technique, les pôles. Au fur et à mesure de cette organisations positionnent d’abord la progression, la fonction Risque fonction Risque en faisant évoluer son évolue dans son positionnement : « droit de regard » sur les décisions opérationnelles. Cette notion • Son rattachement hiérarchique tend à recouvre l’étendue des prérogatives remonter. On observe actuellement de cette fonction sur les processus, une vague très cohérente de politiques et opérations de prise de repositionnements des fonctions risque pour lesquels elle ne constitue Risque, rattachées de plus en plus pas l’expert de référence. Dans les systématiquement à la direction faits, les interventions de la fonction générale, marquant la prise en compte Risque sont en ligne avec la priorité croissante des enjeux de risque dans le stratégique accordée au risque : pilotage des entreprises d’assurance. • Une entreprise peut avoir une approche conservatrice du risque : sa • Le rôle du directeur des risques priorité est alors de ne pas évolue. Souvent perçu initialement compromettre les protections offertes comme un cadre à orientation aux assurés et sécuriser la conservatrice et technique, il a performance. Dans ce cas, la fonction vocation à se positionner de plus en Risque aura généralement pour plus comme un « Business Advisor » fonction de conseiller les responsables auprès des instances de décision. Sa opérationnels sur la maîtrise de leurs compréhension unique des risques processus et des risques associés. Elle pris par l’entreprise et de leurs n’aura pas (ou peu) de latitude pour interactions lui permettent de fournir bloquer les processus de décision. un conseil pertinent sur les modalités de création de valeur. • Une entreprise peut aussi décider de fonder sa création de valeur sur le • Les fonctions Risques, initiées autour pilotage des risques qu’elle prend et de des impératifs réglementaires leur impact sur ses variables successifs (lutte anti-blanchiment, stratégiques : MCEV, capitalisation lutte anti-fraude,…) évoluent vers des boursière, capital économique… Dans organisations plus professionnalisées, ce cas, la fonction Risques devient un le plus souvent structurées par types acteur clé dans les décisions de risque (opérationnels, techniques, opérationnelles : elle est partie capital économique…). prenante intégrale de ces processus, est consultée pour toute décision importante et émet alors un avis formel. Elle dispose éventuellement d’une possibilité de blocage (qui nécessite de prévoir un processus d’arbitrage). Ces entreprises utilisent quasi systématiquement un modèle interne, qui est intégré dans les processus de décision stratégiques et opérationnels. 24 PwC
  • 27. « La mise en place de Solvabilité 2, et tout particulièrement le Pilier 2, va nécessiter une plus grande coordination entre tous les acteurs participant à la gestion des risques tout en s’appuyant sur les règles de gestion existantes, règles qui devront être renforcées à la marge. La discipline qui va en découler va permettre de faire émerger des opportunités de croissance et de renforcement de la relation avec nos clients tout en garantissant à tous (employés, actionnaires, clients…) un meilleur contrôle des risques et de ses impacts sur la structure de l’entreprise. Groupe Euler Hermes Ronan Davit Directeur des risques 2.1.3. L’articulation des différentes fonctions impliquées dans la gestion des risques Une fois le profil de risque arrêté, Si le modèle des 3 lignes de défense • Définir précisément les rôles et l’enjeu pour la fonction Risque est illustré précédemment fournit un responsabilités de chacun dans le de promouvoir la mise en place d’un cadre général en ce sens, cette mise processus. Un point d’attention dispositif risque s’appuyant sur des en cohérence doit être déclinée particulier est à apporter à la capacité processus de décision clairs et partagés. précisément pour chacun des risques de blocage des fonctions support La fonction Risques dispose pour du profil. Il est alors nécessaire de : (typiquement, la fonction Risque) par cela de deux leviers principaux. rapport aux fonctions opérationnelles • Cartographier les fonctions légitimes concernées, et définir ainsi La définition des rôles et dans la prise en charge d'un risque précisément cette notion de « droit de responsabilités sur les principaux donné : métiers, support, direction ou veto » sur les décisions risques gouvernance… opérationnelles. Notons que la définition de ce droit de blocage doit Pour cela, la fonction Risque part de • Localiser dans l’organisation s’accompagner de la mise en place sa formalisation du profil de risque l’expertise clé en matière de gestion de d’une procédure claire d’arbitrage en et pilote l’articulation des rôles et ce risque (en général, il s’agit du cas de désaccord entre la direction des responsabilités pour chacun des propriétaire du risque identifié lors risques et la direction métier risques qu’elle y a inscrit. La difficulté des phases amont de mise en place du concernée. principale repose dans la diversité et dispositif). l’hétérogénéité des intervenants. Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques 25
  • 28. Utiliser une matrice des rôles et des responsabilités, telle que présentée dans l’exemple ci-dessous, permet de formaliser aisément cette répartition des rôles. Figure 8 – Une matrice des rôles et des responsabilités pour la gestion des investissements Gestion des investissements Conseil d’administration (via le comité des risques) : responsabilité de supervision Responsable globale (responsabilité en dernier ressort) Direction générale : validation et pilotage de la politique de placements Acteur Direction des Investissements : propose à la validation les orientations de (pilotage de la mise en œuvre l’allocation stratégique, définit les modalités d’allocation tactique, réalise le suivi. opérationnelle) Consulté Direction des Risques : émet un avis au regard de l’exposition globale du Groupe (avis sollicité de façon et de son niveau de solvabilité selon l’exposition de l’entité considérée aux risques de systématique, publié et pris en marché. Si avis contraire, arbitrage en comité exécutif. compte dans la décision) Informé Service Trésorerie (Direction Financière) : informé de l’ensemble des évolutions de (modalités de gestion la politique de placements. communiquées régulièrement) La mise en place d’une L’organisation de la décision est • Prioriser les types de risque pour architecture de prise de décision bien entendu propre à la culture lesquels des instances de pilotage de chaque entreprise et fonction formelles et régulières sont Le dispositif de gestion des risques de son niveau d’avancement sur la nécessaires. Au regard de ces priorités, le mieux conçu ne sera efficace et « courbe de maturité » de l’ERM. l’entreprise formalisera les performant que s’il est accompagné d’un Néanmoins, la revue ou la mise en responsabilités attendues de chaque dispositif d’application opérationnelle place de l’architecture de décision niveau organisationnel (supervision des décisions. Il s’agit de garantir que passe par quelques étapes clés : globale, définition des pratiques, suivi d’une part, l’ensemble des informations et reporting…). utiles remontent à temps aux niveaux • Définir les niveaux organisationnels hiérarchiques appropriés et que clés en matière de décision risques. • Concevoir les instances de décision ad d’autre part, ces instances examinent Ces niveaux sont souvent ceux des hoc à chaque niveau : type de comité, les problématiques et prennent les principales strates décisionnelles de membres, attributions, modalités et décisions nécessaires. L’entreprise est l’entreprise (comité de direction, droits de vote, fréquence de réunion. alors à même de piloter ses expositions fonctions clés dans la prise de risque, aux risques de manière continue et de exécutants…) et sont définis en réagir rapidement en cas de déviation cohérence avec les rôles et inattendue de son profil de risque. responsabilités identifiés pour chaque type de risque du profil de risque. 26 PwC
  • 29. La comitologie peut ainsi s’organiser de manière cohérente au sein de l’entreprise, comme illustré dans l’exemple indicatif ci-dessous : Figure 9 – Matrice des rôles et responsabilités Marché Crédit Souscription Opérationnel Comex Comité des risques Comité d’Investissement Comité Preneurs Contrôle de risque Comité de Souscription Interne Reporting Comité ALM Reporting Reporting Mitigation Le nécessaire lien entre la gestion Initialement, beaucoup d’entreprises stade, ces réflexions ont été initiées mais et le contrôle des risques d’assurance ont engagé des démarches ne semblent pas avoir été complètement de cartographie des risques un peu arbitrées par les entreprises d’assurance : Une des leçons principales de la crise lourdes car fondées sur un niveau de le risque opérationnel, très difficile à financière est qu’une gestion des risques détail très granulaire. Ces démarches appréhender, est totalement spécifique à performante nécessite un dispositif ont cherché à identifier et maîtriser chaque organisation et ne fait pas l’objet cohérent, garantissant une articulation les risques spécifiques à certains de définitions précises dans Solvabilité opérationnelle réelle entre : processus ou domaines opérationnels 2. Les calibrations du SCR au titre du : fiabilité des processus d’information risque opérationnel aboutissent d’ailleurs • d’une part, la définition de politiques financière (projets SOX), sécurité des à une charge minime en fonds propres, et processus risque pertinents systèmes d’information, lutte contre la n’incitant pas ou peu à investir dans un (essentiellement du ressort de la fraude ou le blanchiment d’argent… dispositif poussé de maîtrise de ce risque. direction des risques), Ces réflexions conduisent les entreprises • et d’autre part, la correcte application à mener des travaux spécifiques sur la de ces politiques et processus par les maîtrise du risque opérationnel. Il s’agit acteurs concernés (fonctions en effet de la mission première du contrôle opérationnelles, contrôle interne…). interne (ou contrôle permanent) : assurer la correcte maîtrise des processus et opérations de l’entreprise et la fiabilité des informations produites par l’entreprise, quelles soient financières ou non. A ce Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques 27
  • 30. Un certain nombre d’acteurs du Cadrage du dispositif de marché initie actuellement des risque opérationnel. démarches spécifiques à l’analyse du risque opérationnel et à l’articulation • Dans un premier temps, l’effort se risque – contrôle. Parmi les pistes porte sur ce que recouvre cette notion. actuellement envisagées, les Il ressort généralement de ces principales sont les suivantes : analyses que le risque opérationnel recouvre tout élément compromettant Regroupement progressif des l’atteinte des objectifs des processus fonctions risque et contrôle opérationnels (voir la nomenclature sous une unique responsabilité définie en ce sens par Bâle 2), ou (majoritairement, le encore toute élément compromettant directeur des risques). la correcte application des politiques de risques définies par l’entreprise. • Cela permet de donner une meilleure Certaines organisations sont allées cohérence entre des initiatives parfois plus loin : face à la volumétrie trop déconnectées auparavant. Ces importante des risques opérationnels, réflexions sont souvent concentrées elles ont priorisé les domaines sur la problématique de la fonction de d’exposition critiques et concentré conformité : s’agit-il d’un sujet piloté leurs efforts de déploiement des par les acteurs du juridique dispositifs de maîtrise sur ces quelques (réalisation de la veille domaines. réglementaires) ou du contrôle interne (diffusion des dispositions légales Modélisation du risque dans les processus opérationnels) ? opérationnel. Nous observons une tendance assez nette en ce sens à (i) nommer un • Certaines entreprises ont mis en place responsable conformité, chargé de des dispositifs de collecte de données définir les principaux enjeux de la liées aux pertes opérationnelles. Ces conformité pour l’entreprise et dispositifs permettent d’évaluer coordonner l’application des l’exposition réelle de l’entreprise aux dispositions juridiques applicables en pertes opérationnelles, de la matière tout en (ii) maintenant la dimensionner de manière plus responsabilité de la veille juridique au cohérente leur dispositif de maîtrise, niveau de la direction juridique, mais voire de réaliser des économies en en créant une instance de besoins de fonds propres. Il reste coordination à fréquence régulière toutefois que pour être efficace, ce entre ces deux acteurs. D’une manière dispositif doit être cadré (par exemple, générale, les entreprises tendent à en définissant clairement ce qu’est une mettre leur fonction de gestion des perte opérationnelle et à partir de risques en mesure de superviser à la quelle valeur de seuil on collecte les fois la pertinence de leur cadre ERM et montants des pertes) et profiter d’une la correcte application des dispositions profondeur historique importante. On qu’il met en place. estime que les résultats deviennent significatifs au bout de trois à cinq ans de collecte. Les assureurs sont donc encore peu avancés en matière conceptuelle sur la modélisation de ce risque. 28 PwC
  • 31. 2.1.4. Le degré de centralisation de la fonction Risque Les groupes d’assurance sont confrontés juridiques. Elle définit éventuellement à une difficulté opérationnelle majeure un principe de subsidiarité réglant les concernant le périmètre opérationnel marges de manœuvre des entités, qui de la fonction Risque. Comment celle- disposent dans ce cas d’un ci intègre-t-elle dans ses analyses « correspondant risque ». Dans tous les et processus des entités et activités cas, la fonction Risques est amenée à diverses et non nécessairement animer un fonctionnement en réseau. assurantielles (gestion pour compte de régimes de retraite complémentaires • Les groupes ont tendance à imposer à ou de sécurité sociale, services l’ensemble de leurs entités de soins et d’accompagnement, assurantielles des principes et participations stratégiques…) ? schémas de reporting cohérents, définis et pilotés centralement. Ceci Si la plupart des organisations sont est particulièrement vrai pour les encore en recherche du bon niveau groupes internationaux disposant de d’efficacité dans l’articulation du filiales ou entités étrangères exerçant dispositif Risque entre les différentes dans des pays non soumis à Solvabilité entités d’un groupe, quelques bonnes 2. Dans ce cas, un double reporting est pratiques émergent néanmoins : le plus souvent choisi : maintien du reporting inspiré des normes • L’organisation de la « filière risques » prudentielles locales, envoi d’un au sein du groupe est alignée sur la reporting risque normalisé (souvent structure organisationnelle et selon un « format Solvabilité 2 ») au décisionnelle en place. Dans un groupe. groupe très décentralisé, les différentes entités ou filiales disposent souvent d’une fonction Risque locale, rattachée hiérarchiquement à leur direction générale mais reliées fonctionnellement à la direction des risques du groupe. Dans un groupe plus centralisé, la direction des risques du groupe supervise les entités Le Pilier 2 de Solvabilité 2, enjeux opérationnels de la gestion des risques 29