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Force Science News no 68
26 mars 2007

À COMBIEN DES MYTHES SUIVANTS SUR L’EMPLOI DE LA FORCE CROYEZ-VOUS?
ET À COMBIEN LES GENS QUI VOUS JUGENT CROIENT-ILS?
Première partie d’une série en deux volets.

Les civils qui jugent du bien-fondé de votre emploi de la force, qu’ils fassent partie des médias, d’un comité de révision,
du personnel d’un procureur ou d’un jury, amèneront vraisemblablement tout un bagage de fausses croyances en cours de
route, parce qu’on leur a fait subir des milliers d’heures d’une « formation » qui relève davantage du fantastique que de la
[« cruelle] réalité de la violence » qui règne dans les rues.

Ceux qui véhiculent ces conceptions erronées et ceux qui en sont victimes « ne comprennent pas ou ne réalisent pas la
physique et la dynamique du fonctionnement de la force », affirme Jeffry Johnson, commandant de détachement du
Service de police de Long Beach en Californie, auteur d’un récent rapport pénétrant sur les mythes entourant la force. Ces
mythes « peuvent entraîner de graves complications », car le même emploi de la force lors d’incidents réels, perçu comme
tout à fait justifié par les organismes policiers, peut paraître déraisonnable et excessif aux yeux de bien des citoyens
crédules, mais influents, « surtout dans le cas de confrontations à haute visibilité ou enregistrées sur vidéo ».

« Les policiers oublient souvent que la plupart des gens n’ont pas la même expérience et les mêmes connaissances qu’eux
sur le fonctionnement de l’emploi de la force », écrit Johnson.

De plus, comme Johnson peut en témoigner à partir de sa pénible expérience personnelle, même des policiers par ailleurs
futés se laissent parfois eux-mêmes prendre involontairement à quelques illusions communes dans la population. De là, le
danger potentiel d’espérances, de confusion et de perte de confiance au moment d’une confrontation à risque de mort.

Selon Johnson, il faudrait que le milieu policier consacre davantage d’efforts à éduquer le public et ses membres sur les
vérités de l’emploi de la force et, par la même occasion, à réaffirmer son rôle légitime d’interprète et d’arbitre de ce qui
constitue un emploi raisonnable de la force.

Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec
et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières.

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Le rapport de Johnson, intitulé « Use of Force and the Hollywood Factor »1, est paru pour la première fois dans le «
Journal of California Law Enforcement ». Vous pouvez maintenant le lire dans son intégralité, en anglais, sur le site
Internet de Americans for Effective Law Enforcement : http://www.aele.org/law/2007-04MLJ501.pdf

Il y a 25 ans, la perception du public sur l’emploi de la force par les policiers ne constituait pas « une question de grand
intérêt », écrit Johnson, car « peu de gens en avaient vu un cas réel ». Lorsqu’on analysait un emploi de la force, « c’était
habituellement à partir d’un rapport de police ou d’un témoignage ». Il a confié à Force Science News : « Les gens ne
voyaient pas le côté cru et affreux de la chose. Ce n’est pas beau à voir et il n’existe aucun moyen de l’embellir ».

À commencer par le cas de Rodney King, l’omniprésence croissante de la caméra vidéo a su puiser de manière efficace «
les faits purs et durs entourant l’emploi de la force dans les pages des rapports de police pour les présenter dans toute leur
férocité et leur violence au petit écran du grand public », remarque Johnson.

Cet avènement a créé de profonds conflits entre l’amère réalité de la rue et la description aseptisée à laquelle la population
est endoctrinée depuis longtemps par les films, la télé et aujourd’hui par les jeux vidéos. Les gens « croient réellement
comprendre » comment fonctionne et devrait paraître l’emploi de la force à partir des milliers de versions fictives qu’ils
ont visionnées, explique Johnson. « Bon nombre fondent aussi leur jugement des règles, lois, politiques et de la moralité
qui régissent les forces de police » en fonction des mêmes critères, mais ils se trompent allègrement.

Johnson identifie trois mythes hollywoodiens prédominants qui influencent la perception du public quant à un emploi de
la force raisonnable :

L’ILLUSION DE LA BALLE DÉMONSTRATRICE
En d’autres termes, la balle qui démontre clairement où et quand elle frappe une cible humaine, car le sujet « est pris de
convulsions, projeté à travers une fenêtre [ou] par-dessus un balcon ou perd un membre et une fontaine de sang jaillit
immédiatement de sa blessure…. Ce concept se trouve renforcé par diverses revues spécialisées sur les armes à feu qui
amènent et propagent l’idée de la puissance d’arrêt décisive d’un seul coup tiré à partir d’une arme de poing ».

Johnson a fait l’expérience de ce mythe sur le terrain à titre de policier patrouilleur la nuit où son partenaire et lui se sont
retrouvés sous la menace d’un preneur d’otage imbibé de PCP qui brandissait un fusil de chasse. « Je tirais avec un Colt
de calibre .45, révolver que je croyais capable d’abattre l’individu, mais il ne s’est rien passé. Je lui ai mis quatre balles,
dont une lui a cassé le fémur et une autre pénétré le cœur, mais aucun mouvement n’était apparent de sa part ni aucune

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Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec
et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières.

« L’emploi de la force et le facteur hollywoodien »

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goutte de sang. C’était extrêmement traumatisant. J’ai pensé que la seule façon de l’arrêter était de lui loger une balle dans
la tête », ce que Johnson, un tireur d’élite, est parvenu à faire avec la dernière balle dans son arme.

D’autres policiers qui avaient connu des expériences similaires lui ont confié jusqu’à quel point ils ont été alarmés et
stressés lorsque leur attente de puissance d’arrêt instantané s’est révélée complètement fausse au milieu d’une fusillade.

Par ailleurs, en essuyant des tirs, les policiers réagissent parfois « selon ce qu’ils croient être la dynamique de la force et
non en fonction de ce qu’elle est vraiment ». Par exemple, l’agent des Services secrets qui a reçu la célèbre balle de
calibre .22 destinée au président Reagan « a été pris de convulsions notables lorsqu’il a vu le projectile l’atteindre au bas
du torse ». Johnson a constaté le mythe de la balle démonstratrice « même chez les policiers les plus calés en la matière »,
a-t-il confié à Force Science News.

Dans la réalité, comme l’exprime un rapport du FBI à ce sujet, « Une balle ne peut tout simplement pas renverser un
homme. Si elle dégageait l’énergie nécessaire à le faire, une quantité égale d’énergie serait libérée en sens inverse contre
le tireur qui serait lui aussi renversé. C’est une simple loi de la physique connue depuis des siècles ».

En fait, « la puissance d’arrêt » d’une balle de 9 mm à vitesse initiale est équivalente à la force de frappe d’un objet
comme une balle de baseball tombant d’une hauteur de 1,80 m », selon Johnson. « L’impact d’une balle de .45
automatique serait égale au même objet tombant d’une hauteur de 3,35 m, soit encore très loin de ce que le cinéma veut
nous faire croire.

« À moins que la balle ne détruise ou n’endommage le système nerveux central (c’est-à-dire le cerveau ou la moelle
épinière), l’incapacité de bouger peut prendre un certain temps », facilement de 10 à 15 secondes et ce, même après
destruction du cœur du suspect. « Le corps est rarement secoué de convulsions involontaires et il n’y a habituellement
aucun déchirement [visible immédiatement] de la surface des tissus. Souvent, il n’y a pas de sang du tout…. Un policier
pourrait aisément vider un chargeur de 17 balles avant de déceler un signe d’incapacité ». Lorsque plusieurs policiers font
feu, « ce total peut raisonnablement augmenter de façon exponentielle ». Voilà qui contraste grandement avec la mentalité
« d’arrêt d’un seul coup » véhiculée dans les films ».

Trop souvent, on remet en question le jugement des policiers quand ils semblent avoir tiré « trop de balles » en direction
d’un suspect, lance Johnson. Il se souvient du cas controversé d’Amadou Diallo sur qui quatre policiers du Service de
police de New-York avaient tiré à 41 reprises, ce qui avait provoqué de graves émeutes et protestations du public, en plus
d’avoir mené à des accusations au criminel contre les policiers. Un médecin légiste a témoigné que Diallo tenait encore

Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec
et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières.

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debout au moment où il a reçu la plupart des balles fatales. « Croyez-vous que le fait de comprendre l’illusion de la balle
démonstratrice pourrait faire une différence dans la façon dont le public perçoit de tels incidents? », demande Johnson.

LE CODE DU FAR WEST
« Depuis les premiers balbutiements du cinéma, Hollywood nous inculque l’existence d’un code tacite que tout bon gars
doit respecter », écrit Johnson. « Bien que ce code puisse ne pas sembler très logique dans la vraie vie, il a tout de même
créé une attente implicite auprès des policiers ». Il cite neuf exemples relatifs à l’emploi de la force, dont les six suivants :

–Les bons n’ont jamais l’avantage. « Le sort les place dans des situations désespérées, souvent en situation d’infériorité
d’armement, qu’ils finissent par surmonter ». À partir de cette mentalité, comment un policier peut-il raisonnablement
frapper, asperger à l’aérosol capsique ou abattre un suspect désarmé?

–Les bons sont toujours en désavantage numérique. « L’image du héros solitaire affrontant une bande de vilains s’avère
omniprésente au cinéma. La scène de la réalité de la rue où plusieurs policiers s’en prennent à un suspect dans le but de le
maîtriser (comme dans le cas de Rodney King) paraît inadmissible, selon ce standard ».

–Les bons ne sont jamais les agresseurs. Pourtant, dans la vraie vie, « les policiers doivent souvent devenir agresseurs
pour maintenir l’ordre ».

–Les bons ne tirent ou ne frappent jamais les premiers. Dans la réalité, un policier « doit prévoir et devancer les gestes
d’un suspect » et non attendre de se voir « neutralisé par une balle ou assommé par un coup de poing ». Afin de maîtriser
efficacement une situation à risque, un policier peut devoir contraindre, neutraliser à l’aide d’une arme à impulsions
électriques (AIE) ou même abattre un suspect avant que ce dernier ne se montre physiquement agressif. « Ce qui paraîtra
toujours mal aux yeux d’observateurs non avertis ».

–Les bons sont toujours plus résistants que les méchants dans un combat. À vrai dire, un policier ne dispose que « d’un
court laps de temps, peut-être quelques minutes, pour maîtriser un suspect avant d’épuiser son énergie et de se retrouver
dans une dangereuse position de désavantage ». Au cours d’une lutte prolongée, les policiers peuvent devoir employer «
un degré de force croissant, à mesure qu’ils se rapprochent de leur seuil d’épuisement ». Une fois ce seuil atteint ou
dépassé et que le suspect n’est toujours pas maîtrisé, « un policier peut facilement se faire dominer, puis blesser ou tuer ».

–Les bons ne tirent jamais dans le dos. « Voici peut-être l’article le plus connu et le plus souvent cité du Code du Far
West…preuve flagrante que le tir était injustifié et déraisonnable ». Encore là, il existe « une multitude de situations dans
lesquelles un policier peut tout à fait, et à raison, tirer dans le dos d’un suspect », y compris dans le cas d’un individu qui
Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec
et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières.

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représente une menace pour le policier, quand il lui fait face, et qui se retourne pour s’enfuir juste au moment où le
policier réagit.

« Une blessure au dos suite à un tir ne fait qu’indiquer l’endroit où la balle a frappé. Elle ne constitue pas plus une preuve
de culpabilité qu’une blessure au torse, au côté, au gros orteil ou à n’importe quelle autre partie du corps », déclare
Johnson.

POLICIER VIOLENT – MÉTIER VIOLENT
Ce dernier mythe veut que les policiers passent « le plus clair de leur temps à tirer sur les gens et à les malmener », si bien
« qu’on se demande comment les flics d’Hollywood trouvent le temps de remplir leur paperasse », écrit Johnson.

« En fait, les policiers (réels) emploient rarement la force ». Selon les statistiques, les policiers « n’ont pas recours à la
force dans 99,9639 % » des cas où ils sont appelés. En outre, parmi tous les cas d’emploi de la force, quelques-uns
seulement, soit environ 0,2 %, impliquent l’utilisation d’une force mortelle. « Et il est encore vrai que la grande majorité
des policiers (même ceux des grandes villes) ne se servent jamais de leur arme de service ».

« Le fait que les organismes policiers aient si peu souvent recours à la force devrait être considéré comme un indicateur de
succès », insiste Johnson. « Pourtant, à en croire Hollywood, les bulletins de nouvelles et certains activistes, on serait
enclin à penser que les policiers canardent les citoyens et les maltraitent aussi souvent qu’ils démarrent leur autopatrouille ».

Le docteur Bill Lewinski, directeur général du Force Science Research Center de l’Université du Minnesota à Mankato,
aborde le sujet de l’impact néfaste qu’ont les mythes sur la survie physique, morale et juridique des policiers lors des
séminaires de Force Science et ses conclusions rejoignent celles de Johnson en ce qui a trait aux dangers du facteur
hollywoodien.

« Il n’est pas exagéré », a-t-il confié à Force Science News, « d’affirmer que bon nombre de policiers reçoivent bien
davantage de formation de Hollywood que de leurs instructeurs. Pour ne citer qu’une conséquence, la dangereuse tactique
qui consiste à tenir son arme de poing à la hauteur de la tête en explorant un édifice ou en pénétrant dans un lieu… La
prétendue garde haute hollywoodienne n’est enseignée dans aucune école de police de ma connaissance aux États-Unis ».
Mais les policiers l’utilisent, car la télé et le cinéma leur ont « enseigné » à le faire.

« Certains policiers sont tellement convaincus de leur invulnérabilité par les présentations d’Hollywood qu’ils se montrent
réticents à suivre la formation réellement nécessaire à leur survie ». Et, comme le mentionne le commandant Johnson,
Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec
et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières.

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même les policiers les plus consciencieux se trouvent à risque dans l’arène judiciaire suite à un emploi de la force, car
bien des civils en position de juger leurs actions croient en connaître beaucoup plus long sur les fusillades impliquant des
policiers qu’ils en savent en réalité et ce, grâce au lavage de cerveau hollywoodien ».

Lewinski explique qu’un des principaux objectifs du FSRC consiste à éduquer le public quant à la véritable dynamique
des interactions avec emploi de la force. Selon Johnson, c’est un élément que les organismes policiers devraient euxmêmes s’efforcer de promouvoir davantage.

Les dirigeants des organismes policiers ne peuvent plus se permettre « de laisser des citoyens non formés et souvent mal
informés se faire ultimes juges de ce qui constitue un emploi de la force raisonnable par la police, surtout dans le cas
d’incidents à haute visibilité, sans même exiger la moindre compréhension rudimentaire de la dynamique de l’emploi de
la force », insiste-t-il. Ils n’ont plus les moyens de continuer à permettre « à la communauté de maintenir des espérances
déraisonnables et conflictuelles envers ses policiers ».

Il propose certaines stratégies d’action dans la deuxième partie de cette série en deux volets.

[Nous tenons à remercier Wayne Schmidt, directeur général de l’Americans for Effective Law Enforcement, de nous avoir
orientés vers le rapport provocateur du commandant Johnson.]

© 2007: Force Science Research Center, www.forcescience.org
Tous droits réservés

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et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières.

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Force Science News no 69
6 avril 2007

COMMENT COMBATTRE LES MYTHES QUI SÈMENT LA CONFUSION AU SUJET DES CONFRONTATIONS
IMPLIQUANT L’EMPLOI DE LA FORCE
Deuxième partie d’une série en deux volets.
[NOTE DE LA RÉDACTION : Dans le bulletin no 68, paru le 26 mars 2007, nous avons abordé de dangereux mythes au
sujet de l’emploi de la force par la police que le cinéma, la télé et les jeux vidéo ont amené les civils et certains policiers à
croire.

Notre rapport faisait mention d’un article provocateur écrit par Jeffry Johnson, commandant de détachement du Service de
police de Long Beach en Californie, intitulé « Use of Force and the Hollywood Factor »2 que l’on peut lire dans son
intégralité à l’adresse suivante : http://www.aele.org/law/2007-04MLJ501.pdf.

Dans le deuxième volet de ce rapport, Johnson traite des moyens nécessaires à contrecarrer ces conceptions erronées qui
peuvent créer un impact négatif sur la façon dont les policiers réagissent en situation de danger de mort et sur celle dont
leurs actions sont jugées par des observateurs civils.]

« À la suite d’un emploi de la force à haute visibilité, davantage de civils que de policiers jugeront vos actions », de
confier Johnson à Force Science News. En tant que membres d’un comité de révision, du personnel du procureur de la
poursuite, d’un jury et des médias, ils détermineront ce qui est raisonnable, donc justifié et ce qui ne l’est pas, donc
criminel.

« La marge est parfois très mince » entre le bien et le mal et de l’établir de façon appropriée exige des connaissances
réalistes sur la véritable dynamique de l’emploi de la force, ses défis et son application, lors de confrontations dans la rue.

Malheureusement, écrit Johnson, « un simple esprit d’équité, jumelé à l’expérience de regarder une multitude d’émissions
policières, ne qualifie pas un civil à analyser des incidents impliquant l’emploi de la force ». Dans la réalité actuelle, « une
grande partie de la collectivité n’est franchement pas préparée à juger l’emploi de la force par la police ».

2

Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec
et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières.

« L’emploi de la force et le facteur hollywoodien »

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« Personne ne prétend que les organismes policiers prennent du recul afin d’exclure ou de décourager toute participation
[des civils] ». Mais, les organismes doivent lancer des campagnes éducatives dynamiques visant à mieux s’assurer que
l’influence exercée par les civils se fonde sur une solide compréhension des principes qui régissent l’emploi de la force,
insiste Johnson.

En particulier, il propose la stratégie suivante aux administrateurs d’organismes policiers :
1. « Ciblez d’abord les civils qui influencent directement le jugement d’incidents impliquant l’emploi de la force ». Ceci
inclut notamment, les comités de ressources humaines, les commissions de révision d’emploi de la force, les procureurs
de la poursuite et autres intervenants.

Leur formation « n’a pas besoin de comprendre de cours intensifs de défense à mains nues, de cours pratiques sur les
armes à feu, ni d’interminables études de jurisprudence et de droit », explique Johnson. « Mais il s’avère très important
qu’ils comprennent ce que devrait constituer une force raisonnable ».

Dans le cadre d’une présentation d’une durée de huit heures, par exemple, d’importants éléments de formation pourraient
« inclure une explication des options d’emploi de la force (soit le continuum ou le paradigme de la force3), rudiments des
lois entourant les arrestations, jeux de rôles, conceptions erronées découlant du facteur hollywoodien, analyse de
statistiques et de données concernant l’emploi de la force ainsi qu’une période de questions et de réponses ». Il serait
également efficace d’ajouter « des composants tels qu’une formation tactique simulée sur les armes à feu ou un
accompagnement de policiers patrouilleurs », histoire de les rapprocher de la réalité.

2. Outre l’enseignement à ces « officiels » civils, « constituez un groupe de ces gens formés qui vous viendront en aide »
lors d’un éventuel incident grave impliquant l’emploi de la force.

« C’est un point essentiel », affirme Johnson. Dans un cas controversé à haute visibilité, « un grand nombre de personnes
débarqueront chez vous ou arriveront des alentours avec une foule d’idées préconçues. Elles auront tendance à
« expliquer » la vidéo de l’incident au public d’une façon vraisemblablement fort différente de votre interprétation à titre
de professionnel. Le fait de pouvoir compter sur des gens respectés de l’extérieur de votre service qui sont parfaitement en
mesure d’atténuer toute déformation peut s’avérer salutaire.

3

Les expressions « continuum » ou « paradigme de la force » sont propres à la réalité policière des États-Unis et basées sur le
cadre juridique spécifique à ce pays. Il est important de savoir que les modélisations de l’emploi de la force utilisées au
Canada sont quant à elles fondées sur l’encadrement juridique du Code Criminel du Canada et de la jurisprudence pertinente.
Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec
et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières.

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3. Saisissez les occasions d’éduquer le public en général, y compris les gens des médias, par des moyens tels que :
Journées portes ouvertes à l’École de police, rencontres et forums dans la collectivité, groupes de surveillance de quartiers
et autres assemblées municipales ou religieuses. « Les profanes démontrent de l’intérêt pour le milieu policier », de dire
Johnson. Même dans une présentation de deux heures, il est possible de grandement dissiper les mythes relatifs à l’emploi
de la force, comme ceux dont il est question dans la première partie de la présente série. « Ajoutez à l’ensemble quelques
vidéos tirées de la série télévisée Cops, question de permettre aux gens de regarder la réalité en face ».

Sur les lieux d’une violente confrontation, en présumant en avoir le temps et ne pas être aux prises avec une foule hostile,
il peut se révéler avantageux de « prendre quelques minutes pour expliquer aux civils témoins de la scène vos raisons
d’avoir agi de cette manière », suggère Johnson. Vous pourriez être capable d’amortir l’impact de « quelque chose qui ne
semble pas très correct selon leurs standards » et de leur faire mieux comprendre que « le fait d’employer la force n’est
pas une question d’esprit sportif, mais bien de nécessité de maîtriser une situation dangereuse ».

De la même façon, si vous avez dû lever la main sur un sujet que vous n’avez finalement pas arrêté, quelques mots
d’explication donnés calmement pourraient contribuer à éviter un fâcheux malentendu.

« Il se trouvera toujours des gens que vous ne pourrez pas atteindre, et ce, quels que soient vos efforts. Les médias
voudront toujours montrer les vidéos incriminantes. Mais vous pouvez rétablir un certain équilibre en éduquant les
personnes qui cherchent vraiment à comprendre et qui manifestent une volonté de confiance envers la police. La tâche est
loin d’être facile, mais vous pouvez ouvrir la voie ».

4. Les dirigeants des services de police « ne doivent pas être gênés, ni se répandre en excuses au moment d’affirmer que
les seuls vrais experts en évaluation d’emploi de la force proviennent du milieu [policier]. Tout comme un chirurgien
d’expérience demeure le meilleur élément pour évaluer la technique et le travail d’un autre chirurgien quand il plane un
doute de mauvaise pratique, un policier d’expérience et expert en emploi de la force est le plus qualifié pour juger, ou du
moins pour analyser de manière professionnelle, un incident impliquant l’emploi de la force », écrit Johnson.

« Voilà qui n’a rien d’une grande révélation », admet-il. Mais la collectivité policière a été « si souvent pointée du doigt et
fustigée, sans parler de l’horreur des émeutes, agitations civiles et protestations empreintes de colère déclenchées par des
incidents majeurs au cours des dernières années, que nous avons battu en retraite devant les problèmes relatifs à l’emploi
de la force ».

Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec
et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières.

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« D’une certaine façon, nous avons abdiqué notre rôle d’experts en ce qui constitue l’emploi d’une force raisonnable, afin
de ne pas sembler brutaux ou insensibles aux yeux de la population. Cette retraite a créé un vide que les gens qui nous
critiquent et ceux aux idées bien arrêtées sont venus combler ».

Johnson insiste : « Nous ne devons pas banaliser ce problème … Bien sûr, policiers et organismes doivent accepter de se
soumettre aux droits de regard. Toutefois, l’exercice de ces droits de regard doit être équitable et fondé sur des normes
objectives ».

Les cadres de la police ne devraient pas « craindre d’affirmer leurs compétences pour éviter de paraître moins objectifs et
de mettre en jeu leur propre carrière ». Un organisme policier ne devrait certainement pas passer sous silence un tir
injustifié, précise-t-il, « mais il ne devrait pas non plus être réticent à en plaider le caractère raisonnable. Montrez-vous
capable de déclarer : « Nous avons fait les choses correctement, c’est bien ainsi et voici pourquoi ... ».

5. « Enfin, écrit Johnson, il faut aussi éduquer les policiers, car eux non plus ne sont pas immunisés contre les effets du
facteur hollywoodien. Le fait de ne pas bien évaluer toutes ces conceptions erronées peut se solder par de graves
blessures… ».

« Croyez-vous qu’il soit important pour un policier de se rendre compte que, lorsqu’il fait feu sur un suspect, la réaction
s’avère probablement très différente de celle qu’il a vue toute sa vie à la télé? Une telle formation n’est toujours pas
offerte dans la plupart des écoles de police ni dans les cours de perfectionnement ».

Pour assurer leur propre sécurité et transmettre des informations exactes « à la collectivité qu’ils côtoient chaque jour »,
les policiers doivent connaître « les lois et la mécanique de l’emploi de la force. Ils doivent mieux comprendre les
véritables éléments d’une fusillade, y compris les changements psychologiques qu’ils subissent ». (Soit dit en passant, ce
dernier point constitue une des premières missions du Force Science Research Center de l’Université du Minnesota à
Mankato et des séminaires menés par son directeur général, le docteur Bill Lewinski.)

De plus, les policiers doivent être mieux formés à décrire les confrontations impliquant l’emploi de la force dans leurs
rapports, selon Johnson. Par exemple, le « seuil d’épuisement », au moment de se retrouver « soudainement sans énergie
et très vulnérable au cours d’une lutte », n’est que rarement mentionné, même si ce détail peut représenter un facteur
déterminant pour justifier l’emploi d’une force supérieure si vous sentez venir un degré de fatigue potentiellement néfaste
pour vous, de souligner Johnson.

Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec
et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières.

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« Documenter dans les moindres détails » les gestes posés par le suspect et ce que vous avez ressenti peut s’avérer
essentiel à reconstituer la scène d’une confrontation « du point de vue du policier sur les lieux ».
Il s’agit d’une partie de la norme d’évaluation du caractère raisonnable d’un emploi de la force, telle qu’établie par la
décision novatrice de la Cour suprême des États-Unis dans l’affaire Graham contre Connor.

Sans des mesures éducatives proactives aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des organismes policiers, le clivage entre
les actions de la police et les perceptions du public au sujet d’un emploi raisonnable de la force semble seulement destiné
à s’amplifier.

Selon toute vraisemblance, les déformations mythiques bien ancrées dans l’esprit des civils par l’industrie du
divertissement se feront « progressivement plus prononcées et imagées chaque année afin de maintenir l’intérêt du public
et d’assurer les profits au box-office », écrit Johnson. Dans un même temps, l’exposition du public aux troublantes images
de la réalité policière sera de plus en plus grande.La présence de caméras dans les autos-patrouilles, aux coins des rues,
sur les AIE, téléphones cellulaires et, sans doute avant longtemps, sur les armes à feu, « ne laissera que très peu
d’incidents hors des bandes vidéos », a confié Johnson à FSN. « Nous verrons de plus en plus de cas de confrontations
pour lesquels nous devrons expliquer nos agissements ».

Aussi, plus longtemps les mythes hollywoodiens sur l’emploi de la force demeureront sans riposte,
moins il sera facile aux policiers de fournir ces explications.

[NOTE: L’éducation du public se verra grandement favorisée par la création prochaine du National Law Enforcement
Museum, installations d’une superficie de 8 360 mètres carrés dont l’ouverture est prévue pour 2011, à Washington (DC),
sous commandite du National Law Enforcement Officers Memorial Fund. Fortement axé sur l’interactivité, le musée
mettra en vedette un « simulateur de jugement » grâce auquel les visiteurs pourront « prendre des décisions éclair en ce
qui concerne l’emploi d’une force mortelle ou moins que mortelle », ainsi qu’un « Théâtre de critique policière », où de
véritables policiers émettront de « précieux commentaires au sujet de leurs collègues fictifs de la télé et du cinéma ». Afin
d’obtenir plus de renseignements et d’effectuer une visite virtuelle, allez sur le site : http://www.nleomf.org/museum/.

© 2007: Force Science Research Center, www.forcescience.org
Tous droits réservés

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  • 1. Force Science News no 68 26 mars 2007 À COMBIEN DES MYTHES SUIVANTS SUR L’EMPLOI DE LA FORCE CROYEZ-VOUS? ET À COMBIEN LES GENS QUI VOUS JUGENT CROIENT-ILS? Première partie d’une série en deux volets. Les civils qui jugent du bien-fondé de votre emploi de la force, qu’ils fassent partie des médias, d’un comité de révision, du personnel d’un procureur ou d’un jury, amèneront vraisemblablement tout un bagage de fausses croyances en cours de route, parce qu’on leur a fait subir des milliers d’heures d’une « formation » qui relève davantage du fantastique que de la [« cruelle] réalité de la violence » qui règne dans les rues. Ceux qui véhiculent ces conceptions erronées et ceux qui en sont victimes « ne comprennent pas ou ne réalisent pas la physique et la dynamique du fonctionnement de la force », affirme Jeffry Johnson, commandant de détachement du Service de police de Long Beach en Californie, auteur d’un récent rapport pénétrant sur les mythes entourant la force. Ces mythes « peuvent entraîner de graves complications », car le même emploi de la force lors d’incidents réels, perçu comme tout à fait justifié par les organismes policiers, peut paraître déraisonnable et excessif aux yeux de bien des citoyens crédules, mais influents, « surtout dans le cas de confrontations à haute visibilité ou enregistrées sur vidéo ». « Les policiers oublient souvent que la plupart des gens n’ont pas la même expérience et les mêmes connaissances qu’eux sur le fonctionnement de l’emploi de la force », écrit Johnson. De plus, comme Johnson peut en témoigner à partir de sa pénible expérience personnelle, même des policiers par ailleurs futés se laissent parfois eux-mêmes prendre involontairement à quelques illusions communes dans la population. De là, le danger potentiel d’espérances, de confusion et de perte de confiance au moment d’une confrontation à risque de mort. Selon Johnson, il faudrait que le milieu policier consacre davantage d’efforts à éduquer le public et ses membres sur les vérités de l’emploi de la force et, par la même occasion, à réaffirmer son rôle légitime d’interprète et d’arbitre de ce qui constitue un emploi raisonnable de la force. Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières. Page 1 / 11
  • 2. Le rapport de Johnson, intitulé « Use of Force and the Hollywood Factor »1, est paru pour la première fois dans le « Journal of California Law Enforcement ». Vous pouvez maintenant le lire dans son intégralité, en anglais, sur le site Internet de Americans for Effective Law Enforcement : http://www.aele.org/law/2007-04MLJ501.pdf Il y a 25 ans, la perception du public sur l’emploi de la force par les policiers ne constituait pas « une question de grand intérêt », écrit Johnson, car « peu de gens en avaient vu un cas réel ». Lorsqu’on analysait un emploi de la force, « c’était habituellement à partir d’un rapport de police ou d’un témoignage ». Il a confié à Force Science News : « Les gens ne voyaient pas le côté cru et affreux de la chose. Ce n’est pas beau à voir et il n’existe aucun moyen de l’embellir ». À commencer par le cas de Rodney King, l’omniprésence croissante de la caméra vidéo a su puiser de manière efficace « les faits purs et durs entourant l’emploi de la force dans les pages des rapports de police pour les présenter dans toute leur férocité et leur violence au petit écran du grand public », remarque Johnson. Cet avènement a créé de profonds conflits entre l’amère réalité de la rue et la description aseptisée à laquelle la population est endoctrinée depuis longtemps par les films, la télé et aujourd’hui par les jeux vidéos. Les gens « croient réellement comprendre » comment fonctionne et devrait paraître l’emploi de la force à partir des milliers de versions fictives qu’ils ont visionnées, explique Johnson. « Bon nombre fondent aussi leur jugement des règles, lois, politiques et de la moralité qui régissent les forces de police » en fonction des mêmes critères, mais ils se trompent allègrement. Johnson identifie trois mythes hollywoodiens prédominants qui influencent la perception du public quant à un emploi de la force raisonnable : L’ILLUSION DE LA BALLE DÉMONSTRATRICE En d’autres termes, la balle qui démontre clairement où et quand elle frappe une cible humaine, car le sujet « est pris de convulsions, projeté à travers une fenêtre [ou] par-dessus un balcon ou perd un membre et une fontaine de sang jaillit immédiatement de sa blessure…. Ce concept se trouve renforcé par diverses revues spécialisées sur les armes à feu qui amènent et propagent l’idée de la puissance d’arrêt décisive d’un seul coup tiré à partir d’une arme de poing ». Johnson a fait l’expérience de ce mythe sur le terrain à titre de policier patrouilleur la nuit où son partenaire et lui se sont retrouvés sous la menace d’un preneur d’otage imbibé de PCP qui brandissait un fusil de chasse. « Je tirais avec un Colt de calibre .45, révolver que je croyais capable d’abattre l’individu, mais il ne s’est rien passé. Je lui ai mis quatre balles, dont une lui a cassé le fémur et une autre pénétré le cœur, mais aucun mouvement n’était apparent de sa part ni aucune 1 Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières. « L’emploi de la force et le facteur hollywoodien » Page 2 / 11
  • 3. goutte de sang. C’était extrêmement traumatisant. J’ai pensé que la seule façon de l’arrêter était de lui loger une balle dans la tête », ce que Johnson, un tireur d’élite, est parvenu à faire avec la dernière balle dans son arme. D’autres policiers qui avaient connu des expériences similaires lui ont confié jusqu’à quel point ils ont été alarmés et stressés lorsque leur attente de puissance d’arrêt instantané s’est révélée complètement fausse au milieu d’une fusillade. Par ailleurs, en essuyant des tirs, les policiers réagissent parfois « selon ce qu’ils croient être la dynamique de la force et non en fonction de ce qu’elle est vraiment ». Par exemple, l’agent des Services secrets qui a reçu la célèbre balle de calibre .22 destinée au président Reagan « a été pris de convulsions notables lorsqu’il a vu le projectile l’atteindre au bas du torse ». Johnson a constaté le mythe de la balle démonstratrice « même chez les policiers les plus calés en la matière », a-t-il confié à Force Science News. Dans la réalité, comme l’exprime un rapport du FBI à ce sujet, « Une balle ne peut tout simplement pas renverser un homme. Si elle dégageait l’énergie nécessaire à le faire, une quantité égale d’énergie serait libérée en sens inverse contre le tireur qui serait lui aussi renversé. C’est une simple loi de la physique connue depuis des siècles ». En fait, « la puissance d’arrêt » d’une balle de 9 mm à vitesse initiale est équivalente à la force de frappe d’un objet comme une balle de baseball tombant d’une hauteur de 1,80 m », selon Johnson. « L’impact d’une balle de .45 automatique serait égale au même objet tombant d’une hauteur de 3,35 m, soit encore très loin de ce que le cinéma veut nous faire croire. « À moins que la balle ne détruise ou n’endommage le système nerveux central (c’est-à-dire le cerveau ou la moelle épinière), l’incapacité de bouger peut prendre un certain temps », facilement de 10 à 15 secondes et ce, même après destruction du cœur du suspect. « Le corps est rarement secoué de convulsions involontaires et il n’y a habituellement aucun déchirement [visible immédiatement] de la surface des tissus. Souvent, il n’y a pas de sang du tout…. Un policier pourrait aisément vider un chargeur de 17 balles avant de déceler un signe d’incapacité ». Lorsque plusieurs policiers font feu, « ce total peut raisonnablement augmenter de façon exponentielle ». Voilà qui contraste grandement avec la mentalité « d’arrêt d’un seul coup » véhiculée dans les films ». Trop souvent, on remet en question le jugement des policiers quand ils semblent avoir tiré « trop de balles » en direction d’un suspect, lance Johnson. Il se souvient du cas controversé d’Amadou Diallo sur qui quatre policiers du Service de police de New-York avaient tiré à 41 reprises, ce qui avait provoqué de graves émeutes et protestations du public, en plus d’avoir mené à des accusations au criminel contre les policiers. Un médecin légiste a témoigné que Diallo tenait encore Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières. Page 3 / 11
  • 4. debout au moment où il a reçu la plupart des balles fatales. « Croyez-vous que le fait de comprendre l’illusion de la balle démonstratrice pourrait faire une différence dans la façon dont le public perçoit de tels incidents? », demande Johnson. LE CODE DU FAR WEST « Depuis les premiers balbutiements du cinéma, Hollywood nous inculque l’existence d’un code tacite que tout bon gars doit respecter », écrit Johnson. « Bien que ce code puisse ne pas sembler très logique dans la vraie vie, il a tout de même créé une attente implicite auprès des policiers ». Il cite neuf exemples relatifs à l’emploi de la force, dont les six suivants : –Les bons n’ont jamais l’avantage. « Le sort les place dans des situations désespérées, souvent en situation d’infériorité d’armement, qu’ils finissent par surmonter ». À partir de cette mentalité, comment un policier peut-il raisonnablement frapper, asperger à l’aérosol capsique ou abattre un suspect désarmé? –Les bons sont toujours en désavantage numérique. « L’image du héros solitaire affrontant une bande de vilains s’avère omniprésente au cinéma. La scène de la réalité de la rue où plusieurs policiers s’en prennent à un suspect dans le but de le maîtriser (comme dans le cas de Rodney King) paraît inadmissible, selon ce standard ». –Les bons ne sont jamais les agresseurs. Pourtant, dans la vraie vie, « les policiers doivent souvent devenir agresseurs pour maintenir l’ordre ». –Les bons ne tirent ou ne frappent jamais les premiers. Dans la réalité, un policier « doit prévoir et devancer les gestes d’un suspect » et non attendre de se voir « neutralisé par une balle ou assommé par un coup de poing ». Afin de maîtriser efficacement une situation à risque, un policier peut devoir contraindre, neutraliser à l’aide d’une arme à impulsions électriques (AIE) ou même abattre un suspect avant que ce dernier ne se montre physiquement agressif. « Ce qui paraîtra toujours mal aux yeux d’observateurs non avertis ». –Les bons sont toujours plus résistants que les méchants dans un combat. À vrai dire, un policier ne dispose que « d’un court laps de temps, peut-être quelques minutes, pour maîtriser un suspect avant d’épuiser son énergie et de se retrouver dans une dangereuse position de désavantage ». Au cours d’une lutte prolongée, les policiers peuvent devoir employer « un degré de force croissant, à mesure qu’ils se rapprochent de leur seuil d’épuisement ». Une fois ce seuil atteint ou dépassé et que le suspect n’est toujours pas maîtrisé, « un policier peut facilement se faire dominer, puis blesser ou tuer ». –Les bons ne tirent jamais dans le dos. « Voici peut-être l’article le plus connu et le plus souvent cité du Code du Far West…preuve flagrante que le tir était injustifié et déraisonnable ». Encore là, il existe « une multitude de situations dans lesquelles un policier peut tout à fait, et à raison, tirer dans le dos d’un suspect », y compris dans le cas d’un individu qui Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières. Page 4 / 11
  • 5. représente une menace pour le policier, quand il lui fait face, et qui se retourne pour s’enfuir juste au moment où le policier réagit. « Une blessure au dos suite à un tir ne fait qu’indiquer l’endroit où la balle a frappé. Elle ne constitue pas plus une preuve de culpabilité qu’une blessure au torse, au côté, au gros orteil ou à n’importe quelle autre partie du corps », déclare Johnson. POLICIER VIOLENT – MÉTIER VIOLENT Ce dernier mythe veut que les policiers passent « le plus clair de leur temps à tirer sur les gens et à les malmener », si bien « qu’on se demande comment les flics d’Hollywood trouvent le temps de remplir leur paperasse », écrit Johnson. « En fait, les policiers (réels) emploient rarement la force ». Selon les statistiques, les policiers « n’ont pas recours à la force dans 99,9639 % » des cas où ils sont appelés. En outre, parmi tous les cas d’emploi de la force, quelques-uns seulement, soit environ 0,2 %, impliquent l’utilisation d’une force mortelle. « Et il est encore vrai que la grande majorité des policiers (même ceux des grandes villes) ne se servent jamais de leur arme de service ». « Le fait que les organismes policiers aient si peu souvent recours à la force devrait être considéré comme un indicateur de succès », insiste Johnson. « Pourtant, à en croire Hollywood, les bulletins de nouvelles et certains activistes, on serait enclin à penser que les policiers canardent les citoyens et les maltraitent aussi souvent qu’ils démarrent leur autopatrouille ». Le docteur Bill Lewinski, directeur général du Force Science Research Center de l’Université du Minnesota à Mankato, aborde le sujet de l’impact néfaste qu’ont les mythes sur la survie physique, morale et juridique des policiers lors des séminaires de Force Science et ses conclusions rejoignent celles de Johnson en ce qui a trait aux dangers du facteur hollywoodien. « Il n’est pas exagéré », a-t-il confié à Force Science News, « d’affirmer que bon nombre de policiers reçoivent bien davantage de formation de Hollywood que de leurs instructeurs. Pour ne citer qu’une conséquence, la dangereuse tactique qui consiste à tenir son arme de poing à la hauteur de la tête en explorant un édifice ou en pénétrant dans un lieu… La prétendue garde haute hollywoodienne n’est enseignée dans aucune école de police de ma connaissance aux États-Unis ». Mais les policiers l’utilisent, car la télé et le cinéma leur ont « enseigné » à le faire. « Certains policiers sont tellement convaincus de leur invulnérabilité par les présentations d’Hollywood qu’ils se montrent réticents à suivre la formation réellement nécessaire à leur survie ». Et, comme le mentionne le commandant Johnson, Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières. Page 5 / 11
  • 6. même les policiers les plus consciencieux se trouvent à risque dans l’arène judiciaire suite à un emploi de la force, car bien des civils en position de juger leurs actions croient en connaître beaucoup plus long sur les fusillades impliquant des policiers qu’ils en savent en réalité et ce, grâce au lavage de cerveau hollywoodien ». Lewinski explique qu’un des principaux objectifs du FSRC consiste à éduquer le public quant à la véritable dynamique des interactions avec emploi de la force. Selon Johnson, c’est un élément que les organismes policiers devraient euxmêmes s’efforcer de promouvoir davantage. Les dirigeants des organismes policiers ne peuvent plus se permettre « de laisser des citoyens non formés et souvent mal informés se faire ultimes juges de ce qui constitue un emploi de la force raisonnable par la police, surtout dans le cas d’incidents à haute visibilité, sans même exiger la moindre compréhension rudimentaire de la dynamique de l’emploi de la force », insiste-t-il. Ils n’ont plus les moyens de continuer à permettre « à la communauté de maintenir des espérances déraisonnables et conflictuelles envers ses policiers ». Il propose certaines stratégies d’action dans la deuxième partie de cette série en deux volets. [Nous tenons à remercier Wayne Schmidt, directeur général de l’Americans for Effective Law Enforcement, de nous avoir orientés vers le rapport provocateur du commandant Johnson.] © 2007: Force Science Research Center, www.forcescience.org Tous droits réservés Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières. Page 6 / 11
  • 7. Force Science News no 69 6 avril 2007 COMMENT COMBATTRE LES MYTHES QUI SÈMENT LA CONFUSION AU SUJET DES CONFRONTATIONS IMPLIQUANT L’EMPLOI DE LA FORCE Deuxième partie d’une série en deux volets. [NOTE DE LA RÉDACTION : Dans le bulletin no 68, paru le 26 mars 2007, nous avons abordé de dangereux mythes au sujet de l’emploi de la force par la police que le cinéma, la télé et les jeux vidéo ont amené les civils et certains policiers à croire. Notre rapport faisait mention d’un article provocateur écrit par Jeffry Johnson, commandant de détachement du Service de police de Long Beach en Californie, intitulé « Use of Force and the Hollywood Factor »2 que l’on peut lire dans son intégralité à l’adresse suivante : http://www.aele.org/law/2007-04MLJ501.pdf. Dans le deuxième volet de ce rapport, Johnson traite des moyens nécessaires à contrecarrer ces conceptions erronées qui peuvent créer un impact négatif sur la façon dont les policiers réagissent en situation de danger de mort et sur celle dont leurs actions sont jugées par des observateurs civils.] « À la suite d’un emploi de la force à haute visibilité, davantage de civils que de policiers jugeront vos actions », de confier Johnson à Force Science News. En tant que membres d’un comité de révision, du personnel du procureur de la poursuite, d’un jury et des médias, ils détermineront ce qui est raisonnable, donc justifié et ce qui ne l’est pas, donc criminel. « La marge est parfois très mince » entre le bien et le mal et de l’établir de façon appropriée exige des connaissances réalistes sur la véritable dynamique de l’emploi de la force, ses défis et son application, lors de confrontations dans la rue. Malheureusement, écrit Johnson, « un simple esprit d’équité, jumelé à l’expérience de regarder une multitude d’émissions policières, ne qualifie pas un civil à analyser des incidents impliquant l’emploi de la force ». Dans la réalité actuelle, « une grande partie de la collectivité n’est franchement pas préparée à juger l’emploi de la force par la police ». 2 Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières. « L’emploi de la force et le facteur hollywoodien » Page 7 / 11
  • 8. « Personne ne prétend que les organismes policiers prennent du recul afin d’exclure ou de décourager toute participation [des civils] ». Mais, les organismes doivent lancer des campagnes éducatives dynamiques visant à mieux s’assurer que l’influence exercée par les civils se fonde sur une solide compréhension des principes qui régissent l’emploi de la force, insiste Johnson. En particulier, il propose la stratégie suivante aux administrateurs d’organismes policiers : 1. « Ciblez d’abord les civils qui influencent directement le jugement d’incidents impliquant l’emploi de la force ». Ceci inclut notamment, les comités de ressources humaines, les commissions de révision d’emploi de la force, les procureurs de la poursuite et autres intervenants. Leur formation « n’a pas besoin de comprendre de cours intensifs de défense à mains nues, de cours pratiques sur les armes à feu, ni d’interminables études de jurisprudence et de droit », explique Johnson. « Mais il s’avère très important qu’ils comprennent ce que devrait constituer une force raisonnable ». Dans le cadre d’une présentation d’une durée de huit heures, par exemple, d’importants éléments de formation pourraient « inclure une explication des options d’emploi de la force (soit le continuum ou le paradigme de la force3), rudiments des lois entourant les arrestations, jeux de rôles, conceptions erronées découlant du facteur hollywoodien, analyse de statistiques et de données concernant l’emploi de la force ainsi qu’une période de questions et de réponses ». Il serait également efficace d’ajouter « des composants tels qu’une formation tactique simulée sur les armes à feu ou un accompagnement de policiers patrouilleurs », histoire de les rapprocher de la réalité. 2. Outre l’enseignement à ces « officiels » civils, « constituez un groupe de ces gens formés qui vous viendront en aide » lors d’un éventuel incident grave impliquant l’emploi de la force. « C’est un point essentiel », affirme Johnson. Dans un cas controversé à haute visibilité, « un grand nombre de personnes débarqueront chez vous ou arriveront des alentours avec une foule d’idées préconçues. Elles auront tendance à « expliquer » la vidéo de l’incident au public d’une façon vraisemblablement fort différente de votre interprétation à titre de professionnel. Le fait de pouvoir compter sur des gens respectés de l’extérieur de votre service qui sont parfaitement en mesure d’atténuer toute déformation peut s’avérer salutaire. 3 Les expressions « continuum » ou « paradigme de la force » sont propres à la réalité policière des États-Unis et basées sur le cadre juridique spécifique à ce pays. Il est important de savoir que les modélisations de l’emploi de la force utilisées au Canada sont quant à elles fondées sur l’encadrement juridique du Code Criminel du Canada et de la jurisprudence pertinente. Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières. Page 8 / 11
  • 9. 3. Saisissez les occasions d’éduquer le public en général, y compris les gens des médias, par des moyens tels que : Journées portes ouvertes à l’École de police, rencontres et forums dans la collectivité, groupes de surveillance de quartiers et autres assemblées municipales ou religieuses. « Les profanes démontrent de l’intérêt pour le milieu policier », de dire Johnson. Même dans une présentation de deux heures, il est possible de grandement dissiper les mythes relatifs à l’emploi de la force, comme ceux dont il est question dans la première partie de la présente série. « Ajoutez à l’ensemble quelques vidéos tirées de la série télévisée Cops, question de permettre aux gens de regarder la réalité en face ». Sur les lieux d’une violente confrontation, en présumant en avoir le temps et ne pas être aux prises avec une foule hostile, il peut se révéler avantageux de « prendre quelques minutes pour expliquer aux civils témoins de la scène vos raisons d’avoir agi de cette manière », suggère Johnson. Vous pourriez être capable d’amortir l’impact de « quelque chose qui ne semble pas très correct selon leurs standards » et de leur faire mieux comprendre que « le fait d’employer la force n’est pas une question d’esprit sportif, mais bien de nécessité de maîtriser une situation dangereuse ». De la même façon, si vous avez dû lever la main sur un sujet que vous n’avez finalement pas arrêté, quelques mots d’explication donnés calmement pourraient contribuer à éviter un fâcheux malentendu. « Il se trouvera toujours des gens que vous ne pourrez pas atteindre, et ce, quels que soient vos efforts. Les médias voudront toujours montrer les vidéos incriminantes. Mais vous pouvez rétablir un certain équilibre en éduquant les personnes qui cherchent vraiment à comprendre et qui manifestent une volonté de confiance envers la police. La tâche est loin d’être facile, mais vous pouvez ouvrir la voie ». 4. Les dirigeants des services de police « ne doivent pas être gênés, ni se répandre en excuses au moment d’affirmer que les seuls vrais experts en évaluation d’emploi de la force proviennent du milieu [policier]. Tout comme un chirurgien d’expérience demeure le meilleur élément pour évaluer la technique et le travail d’un autre chirurgien quand il plane un doute de mauvaise pratique, un policier d’expérience et expert en emploi de la force est le plus qualifié pour juger, ou du moins pour analyser de manière professionnelle, un incident impliquant l’emploi de la force », écrit Johnson. « Voilà qui n’a rien d’une grande révélation », admet-il. Mais la collectivité policière a été « si souvent pointée du doigt et fustigée, sans parler de l’horreur des émeutes, agitations civiles et protestations empreintes de colère déclenchées par des incidents majeurs au cours des dernières années, que nous avons battu en retraite devant les problèmes relatifs à l’emploi de la force ». Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières. Page 9 / 11
  • 10. « D’une certaine façon, nous avons abdiqué notre rôle d’experts en ce qui constitue l’emploi d’une force raisonnable, afin de ne pas sembler brutaux ou insensibles aux yeux de la population. Cette retraite a créé un vide que les gens qui nous critiquent et ceux aux idées bien arrêtées sont venus combler ». Johnson insiste : « Nous ne devons pas banaliser ce problème … Bien sûr, policiers et organismes doivent accepter de se soumettre aux droits de regard. Toutefois, l’exercice de ces droits de regard doit être équitable et fondé sur des normes objectives ». Les cadres de la police ne devraient pas « craindre d’affirmer leurs compétences pour éviter de paraître moins objectifs et de mettre en jeu leur propre carrière ». Un organisme policier ne devrait certainement pas passer sous silence un tir injustifié, précise-t-il, « mais il ne devrait pas non plus être réticent à en plaider le caractère raisonnable. Montrez-vous capable de déclarer : « Nous avons fait les choses correctement, c’est bien ainsi et voici pourquoi ... ». 5. « Enfin, écrit Johnson, il faut aussi éduquer les policiers, car eux non plus ne sont pas immunisés contre les effets du facteur hollywoodien. Le fait de ne pas bien évaluer toutes ces conceptions erronées peut se solder par de graves blessures… ». « Croyez-vous qu’il soit important pour un policier de se rendre compte que, lorsqu’il fait feu sur un suspect, la réaction s’avère probablement très différente de celle qu’il a vue toute sa vie à la télé? Une telle formation n’est toujours pas offerte dans la plupart des écoles de police ni dans les cours de perfectionnement ». Pour assurer leur propre sécurité et transmettre des informations exactes « à la collectivité qu’ils côtoient chaque jour », les policiers doivent connaître « les lois et la mécanique de l’emploi de la force. Ils doivent mieux comprendre les véritables éléments d’une fusillade, y compris les changements psychologiques qu’ils subissent ». (Soit dit en passant, ce dernier point constitue une des premières missions du Force Science Research Center de l’Université du Minnesota à Mankato et des séminaires menés par son directeur général, le docteur Bill Lewinski.) De plus, les policiers doivent être mieux formés à décrire les confrontations impliquant l’emploi de la force dans leurs rapports, selon Johnson. Par exemple, le « seuil d’épuisement », au moment de se retrouver « soudainement sans énergie et très vulnérable au cours d’une lutte », n’est que rarement mentionné, même si ce détail peut représenter un facteur déterminant pour justifier l’emploi d’une force supérieure si vous sentez venir un degré de fatigue potentiellement néfaste pour vous, de souligner Johnson. Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières. Page 10 / 11
  • 11. « Documenter dans les moindres détails » les gestes posés par le suspect et ce que vous avez ressenti peut s’avérer essentiel à reconstituer la scène d’une confrontation « du point de vue du policier sur les lieux ». Il s’agit d’une partie de la norme d’évaluation du caractère raisonnable d’un emploi de la force, telle qu’établie par la décision novatrice de la Cour suprême des États-Unis dans l’affaire Graham contre Connor. Sans des mesures éducatives proactives aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des organismes policiers, le clivage entre les actions de la police et les perceptions du public au sujet d’un emploi raisonnable de la force semble seulement destiné à s’amplifier. Selon toute vraisemblance, les déformations mythiques bien ancrées dans l’esprit des civils par l’industrie du divertissement se feront « progressivement plus prononcées et imagées chaque année afin de maintenir l’intérêt du public et d’assurer les profits au box-office », écrit Johnson. Dans un même temps, l’exposition du public aux troublantes images de la réalité policière sera de plus en plus grande.La présence de caméras dans les autos-patrouilles, aux coins des rues, sur les AIE, téléphones cellulaires et, sans doute avant longtemps, sur les armes à feu, « ne laissera que très peu d’incidents hors des bandes vidéos », a confié Johnson à FSN. « Nous verrons de plus en plus de cas de confrontations pour lesquels nous devrons expliquer nos agissements ». Aussi, plus longtemps les mythes hollywoodiens sur l’emploi de la force demeureront sans riposte, moins il sera facile aux policiers de fournir ces explications. [NOTE: L’éducation du public se verra grandement favorisée par la création prochaine du National Law Enforcement Museum, installations d’une superficie de 8 360 mètres carrés dont l’ouverture est prévue pour 2011, à Washington (DC), sous commandite du National Law Enforcement Officers Memorial Fund. Fortement axé sur l’interactivité, le musée mettra en vedette un « simulateur de jugement » grâce auquel les visiteurs pourront « prendre des décisions éclair en ce qui concerne l’emploi d’une force mortelle ou moins que mortelle », ainsi qu’un « Théâtre de critique policière », où de véritables policiers émettront de « précieux commentaires au sujet de leurs collègues fictifs de la télé et du cinéma ». Afin d’obtenir plus de renseignements et d’effectuer une visite virtuelle, allez sur le site : http://www.nleomf.org/museum/. © 2007: Force Science Research Center, www.forcescience.org Tous droits réservés Ce texte a été traduit sous la supervision de l’École nationale de police du Québec et grâce au soutien du Centre canadien de recherches policières. Page 11 / 11