1. La bonne surprise
démographique
Notre système de retraite par répartition repose sur
le principe de solidarité intergénérationnelle et donc
sur la situation démographique. Sur ce point, la
France présente une dynamique positive et unique
en Europe. Nous avons atteint le seuil du taux de
fécondité de 2 enfants par femme en 2006. « Nous
sommes à un moment charnière, rappelle A.
Charpentier, celui du départ à la retraite des généra-
tions du baby-boom. Or, le ratio actifs/retraités est
essentiel dans notre système. Il n’y a pas de notion
de capitalisation des sommes versées par les actifs
en vue de financer leurs propres retraites. Les coti-
sations sont utilisées pour financer les pensions des
retraités. » Selon le Cor « le rapport entre le nombre
de cotisants et le nombre de retraités diminuerait
très sensiblement, passant de 182 à 121 cotisants
pour 100 retraités (au lieu de 110) entre 2006 et
2050. » Cette évolution est liée à une fécondité plus
forte que prévue depuis 2005 et à des perspectives
d’allongement de la durée de vie revues à la baisse.
Cette dynamique démographique est également ali-
mentée par un solde migratoire estimé dans le scé-
nario central du Cor à 100 000 personnes par an.
L’énigme économique
Notre système est par ailleurs soumis à des facteurs
économiques : croissance, taux de chômage et
d’emploi, productivité et croissance des revenus de
l’activité, revalorisation des pensions. « L’argent col-
lecté chez les actifs pour financer les pensions est un
pourcentage de leur salaire. La capacité de finance-
ment — et son augmentation — est donc liée à la
croissance et au taux d’emploi ainsi qu’aux politi-
ques salariales. Pour atteindre l’équilibre il existe trois
leviers principaux : cotiser plus longtemps ; aug-
menter les cotisations des actifs ; ou augmenter les
salaires (pour augmenter mécaniquement les cotisa-
tions). » Le Cor préconise en novembre 2007 de
combiner les trois : augmenter de 3 ans la date de
départ à la retraite ; augmenter le taux de prélève-
ment de 4,5 points et bien sûr les salaires. On abais-
serait ainsi de 20 % le ratio pensions/revenus.
L’emploi des seniors,
un point clé
« On constate que l’âge effectif de départ à la
retraite est le même dans le privé et le public : 58
ans selon Eurostat, ce qui fait de la France le mau-
vais élève européen. Au début des années 90 un
mécanisme pervers s’est mis en place. Avec l’auto-
risation de ne pas rechercher un travail si l’on est
sans emploi en fin de carrière, la chute des départs
en préretraite est financée par l’assurance chômage.
On a déplacé le problème. » Le montant des pen-
sions est une autre variable d’ajustement. C’est
dans ce contexte que se développent les systèmes
complémentaires. « Tous les 10 ans, les pensions
perdent un point de pourcentage du dernier salaire
perçu. On estime qu’en 2050, un retraité touchera
57 % de son dernier salaire. J’ajoute que la notion de
réversion est à revoir alors qu’une majorité de fem-
mes travaillent. »
Les Français sont
attachés à notre sys-
tème en tant qu’incar-
nation d’une valeur
nationale. Il faut redire
que la volonté politi-
que est essentielle en
matière d’emploi et
d’augmentation des
salaires. Enfin, si notre
démographie est
dynamique, elle ne
sera synonyme d’une
population active
qualifiée et en emploi qu’à la condition de déployer
des politiques volontaires en matière d’éducation et
de formation.
www.cor-retraites.fr
A. D-F
48 - FINANCE GRANDES ECOLES / FÉVRIER 2008
QUI PAIERA LES
RETRAITES EN 2020 ?
Depuis quelques années, des affaires
médiatiques mettent en exergue le pro-
blème récurrent du délit d’initié. La ten-
tation est grande, lorsque l’on détient
des informations boursières de pre-
mière main, de les utiliser pour spéculer
ou pour éviter une perte trop impor-
tante du fait de la variation future d’un
titre.
La qualification de délit d’initié
Le fait, pour une personne disposant
dans l’exercice de sa profession ou de
ses fonctions d’une information privilé-
giée (situation d’un émetteur ou évolu-
tion d’un instrument financier, par
exemple), de la communiquer à un tiers
en dehors du cadre normal de sa pro-
fession ou de ses fonctions, constitue
un délit d’initié.
Des sanctions pénales
Si le délit d’initié est qualifié, les person-
nes concernées risquent deux ans
d’emprisonnement et une amende de
1 500 000 euros. Cette somme peut
être porté au-delà de ce chiffre, jusqu’à
dix fois le profit réalisé. De plus, les per-
sonnes morales peuvent elles-mêmes
être déclarées pénalement responsables.
La prévention
La loi, dans sa grande prudence,
impose aux dirigeants de sociétés (pré-
sidents, DG, directoires, conseils
divers…) de faire mettre sous la forme
nominative ou de déposer les actions
de la société ou de ses filiales qui leurs
appartiennent (ou à leurs enfants
mineurs non émancipés) afin de surveil-
ler les mouvement des titres détenus.
Des condamnations
au compte-goutte
Toutefois, même si l’AMF qui a succédé
à la COB, veille et contrôle les transac-
tions boursières, les chiffres officiels
transmis sur son site font état de 1 445
enquêtes effectuées depuis les années
quatre-vingt dix, ayant donné lieu à
361 transmissions au parquet, ce qui a
aboutit à 2 condamnations pour délit
d’initié. En définitive les Français sont
très honnêtes ou peut-être, très
malins…
Le point sur les délits d’initiés…
Le Conseil d’orientation des retraites (Cor) estime le besoin de financement du système de retrai-
tes à 1 % du PIB en 2020. La réalisation de l’équilibre financier dépend notamment d’un taux
de chômage à 4,5 % à partir de 2010 et donc une progression du nombre de cotisants jusqu’à
26,8 millions en 2015. Car notre système de retraite par répartition repose sur le principe de
solidarité intergénérationnelle ; encore faut-il que les générations actives et à la retraite s’équili-
brent. Arthur Charpentier, professeur à l’Université Rennes I et à l’ENSAE, est notre guide dans
les méandres de l’épineuse question des retraites.
Evolution de la répartition par âge de la population française entre 1950 et 2007
(données provisoires)
Source Insee
- de 20 ans 20 à 59 ans 60 ans et + Dont 75 ans et +
1950 30.2 % 53.6 % 16.7 % 3.8 %
1980 30.6 % 52.4 % 17.0 % 5.7 %
2007 25.0 % 53.9 % 21.1 % 8.3 %
Arthur Charpentier, professeur à
l’Université Rennes I et à l’ENSAE