J'innove en Nord-Pas de Calais, dossier Intelligence économique : Garder une ...
Plénière du 20 octobre 2014
1. Plénière du 20 octobre 2014
Intervention d’Alain Rousset, Président du
Conseil Régional d’Aquitaine
Bienvenue à Sylvie Durruty, nouvelle conseillère régionale,
en remplacement d’Alain Lamassoure. Elle rejoindra le groupe
UMP-NC-CPNT. Sylvie Durruty est actuellement 1er adjointe au
Maire de Bayonne en charge de l'économie, du commerce, du
tourisme, des ressources humaines et des systèmes
d'informations. Elle est également Vice-présidente de
l’Agglomération Côte Basque Adour en charge de l'action
économique, des filières d'excellence, des technopoles et de la
formation professionnelle, et continue d’exercer des fonctions
de Directrice générale au groupe SUDCAR.
Je salue également Matthias Fekl, Secrétaire d'État chargé
du Commerce extérieur, de la Promotion du tourisme et des
Français de l'étranger, depuis le 4 septembre 2014.
Cette plénière marque la fin d’un cycle. Ce sera en effet la
dernière au cours de laquelle seront présentées des
orientations budgétaires « aquitano-aquitaines », puisque l’an
2. prochain, nous devrons envisager notre action sur un périmètre
beaucoup plus vaste.
La région qui naîtra du rapprochement de l’Aquitaine, du
Poitou-Charentes et du Limousin, sera très différente de celle
que nous connaissons. Il nous faudra bâtir une région
entièrement nouvelle en empruntant à chacune des trois entités
ce qu’elles ont de meilleur à apporter au nouvel ensemble. Il
n’est donc sans doute pas inutile, avant d’aborder cette
nouvelle étape de notre histoire, de nous interroger sur le sens
de ce que nous avons entrepris ici en Aquitaine.
Cette plénière nous en fournira l’occasion, puisque l’un des
temps forts de cette journée sera la présentation d’une thèse de
doctorat dont les conclusions laissent penser que nous avons
fait le bon choix, lorsque nous avons décidé il y a une quinzaine
d’années de consacrer une part importante de notre budget à
l’enseignement supérieur et à la recherche.
Un nouvel éclairage sur la politique d’innovation en
Aquitaine
Ce que met en lumière ce travail universitaire réalisé dans le
cadre du Groupe de recherche en économie théorique et
3. appliquée de l’Université de Bordeaux, c’est tout d’abord une
réalité comptable : depuis 1998, la Région a investi 1,2 milliard
d’euros au titre de la recherche (900 millions d’euros) et du
transfert de technologies (300 millions d’euros). L’Aquitaine est
aujourd’hui, parmi les régions françaises, celle dont
l’investissement en faveur de l’innovation par habitant est le
plus élevé (29 euros contre 12,6 en moyenne).
Mais le plus intéressant réside sans doute dans l’analyse des
multiples effets positifs de cette politique.
Effets sur la production scientifique :
- Le nombre de publications scientifiques a crû de 25% sur
la période 2000-2010 (moyenne nationale : 21%).
- Le nombre de brevets déposés a augmenté de façon
spectaculaire (+75% en France sur 2000-2010 contre 30%
ailleurs en France).
Montée en compétence de la population aquitaine :
- Selon le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche, on comptait un peu plus de 110 000 étudiants
lors de la rentrée 2012-2013, soit une augmentation de
4. 11,8% par rapport à 2003 (moyenne nationale : + 5,8%).
La Région Aquitaine se place aujourd’hui au deuxième
rang des régions françaises par la croissance de ses
effectifs estudiantins.
- Le plus spectaculaire : on compte 4200 élèves ingénieurs
à la rentrée 2012-2013, résultat d’une augmentation de
47% en dix ans (moyenne nationale : + 21,3%).
- Autre conséquence (en rapport direct avec le point
précédent) : la part des emplois de cadres et des
professions intellectuelles est passée de 12,5% à 14%
entre 2006 et 2011.
Effets sur les entreprises :
- L’Aquitaine est devenue la 1ère région créatrice
d’entreprises, tant en termes de croissance que de taux de
création.
- Entre 2000 et 2011, les PME aidées par la Région ont
augmenté de plus de 85% leur budget R&D.
Effets sur l’emploi :
5. - L’Aquitaine, qui auparavant, produisait moins d’emplois de
R&D, en a produit bien davantage que les autres régions
françaises entre 1999 et 2008 (au rythme de + 1,2% par
an contre + 0,1% par an en moyenne au niveau national).
- L’emploi industriel s’est bien mieux maintenu qu’ailleurs
sur la période 2000-2010 (– 12% contre – 20% au niveau
national).
On peut tirer au moins deux enseignements de ces résultats :
- Plus vous innovez, plus vous produisez et plus vous
créez de l’emploi, et notamment de l’emploi qualifié.
- Le modèle qui marche aujourd’hui en Europe est celui
qui associe les régions et les PME : ce que j’ai appelé
« le couple régions/PME ». On ne peut d’ailleurs que
se réjouir d’avoir aujourd’hui un Premier ministre qui
le reconnaisse !
Nous avons toutes les raisons d’être fiers de cette situation, et
ce d’autant plus que les progrès de cette économie de
l’innovation se sont faits dans le respect de
l’environnement, comme nous aurons l’occasion de le voir à
lors de la présentation du rapport sur la situation en matière de
développement durable 2014.
6. Une Aquitaine durable
Les principaux enseignements que l’on peut tirer de ce rapport :
- On a observé depuis 1998 une diminution de 14% des
émissions de gaz à effets de serre (contre – 8% au niveau
national).
- Ce résultat est d’autant plus remarquable que la
croissance aquitaine, sur la même période, a été de 22%.
Notre avenir immédiat : poursuivre notre trajectoire
d’innovation au service du progrès économique et social
Nous allons continuer à investir pour la recherche,
continuer à investir pour les entreprises, car le progrès
économique et le progrès social se renforcent l’un l’autre...
L’année 2015 sera notamment marquée par le lancement du
projet « Start-up Region » et l’accompagnement, dans le cadre
de l’Usine du Futur, de 200 PME et ETI à potentiel en vue de
réaliser pour chacune d’entre elles un diagnostic individualisé
de leur chaîne de valeur.
7. Ces efforts d’investissement sont d’autant plus nécessaires
que la conjoncture demeure hésitante :
A côté des signaux positifs…
Ø Les entreprises de l’industrie et des services font état
d’un léger redressement de leur niveau d’activité.
Ø Les créations d’entreprises restent orientées à la
hausse et la progression des défaillances d’entreprises
marque un coup d’arrêt pour la première fois depuis de
nombreux mois.
… Plusieurs signaux négatifs :
Ø La situation du BTP demeure difficile et les prévisions
des entreprises du secteur sont plutôt pessimistes.
Ø Malgré une évolution plus favorable qu’au niveau
national, l’emploi progresse modérément, et cela ne
suffit pas à enrayer la montée du chômage. Notre taux
de chômage, jusqu’à présent de 9,6%, a rejoint le
niveau national (9,7%).
Cela justifie que la Région continue à pleinement jouer son rôle
de premier investisseur public, mais également que des
moyens supplémentaires soient accordés aux territoires
les plus en difficulté. Cette année 2015 sera donc aussi
8. marquée par la mise en oeuvre d’une nouvelle politique
contractuelle. La grande nouveauté de cette politique sera la
philosophie qui l’inspire, puisque nous entendons différencier
nos interventions en fonction des problématiques et des
difficultés propres à chaque territoire.
Cette plénière sera aussi l’occasion de présenter plusieurs
dispositifs destinés à soutenir l’emploi : aides à l’installation
des jeunes agriculteurs, formation professionnelle des
personnes détenues, développement de l’accès à
l’apprentissage des travailleurs handicapés… J’en profite par
ailleurs pour vous signaler que j’ai demandé à Mathias Fekl
de finaliser le travail entamé il y a deux ans sur les éco-socio
conditionnalités posées dans le versement des aides
aux entreprises. Une délibération à ce sujet devrait être
présentée à la plénière de décembre.
Comment financer ces investissements ?
- Cela suppose d’abord de préserver notre épargne afin
de conserver une capacité d’autofinancement et
d’emprunter aux taux les plus attractifs. L’objectif est
de limiter à 4 ans notre capacité de désendettement (ce
qui correspond à la moyenne des régions métropolitaines).
9. Cette stratégie, la Région peut l’assumer en raison de la
solidité de sa situation financière. La Banque européenne
d’investissement et l’agence de notation Standard and
Poor’s soulignent toutes deux la qualité de la gouvernance
et de la gestion financière de notre institution.
- Nous devrons également stabiliser, voire diminuer nos
dépenses de fonctionnement. Cela implique dès
aujourd’hui de faire des choix. La Région doit, sans
attendre la suppression de la clause de compétence
générale, fixer des priorités. Concrètement, cela veut dire
réduire certaines dépenses voire en abandonner certaines
s’il n’est plus possible de les financer.
- Nous devrons enfin convaincre l’Etat que la situation
financière des régions n’est pas viable et obtenir des
moyens à la hauteur de nos missions:
Ø Les efforts budgétaires doivent être mieux répartis
entre l’Etat et les collectivités. Cf. le fait que sur les
11,5 milliards d’euros d’économies prévues au budget
de l’Etat pour la période 2015-2017, 11 correspondent à
des coupes dans les dotations aux collectivités.
Ø Les crédits évoqués dans le cadre de la négociation
financière pour le CPER 2015-2020 devront être
10. revus à la hausse et être mieux ciblés. Cf. le fait que
dans la première mouture du document qui nous a été
proposé, une large part de l’enveloppe (60%) est
consacrée aux opérations routières au détriment des
opérations ferroviaires, et que les montants sont très
insuffisants, notamment en ce qui concerne le volet
enseignement supérieur-recherche-innovation (44
millions d’euros contre 120 pour la période 2007-2013).
Les dernières déclarations du Premier ministre laissent
penser que le gouvernement devrait se montrer ouvert à
la négociation.
Ø Les régions demeurent mal armées sur le plan
fiscal. Avec la suppression de la taxe professionnelle
en 2010, les régions sont devenues beaucoup trop
dépendantes des dotations de l’Etat (43% de leurs
ressources). Il est donc urgent de procéder à une
redistribution des impôts existants, et notamment de la
CVAE, dont la part allouée aux régions devrait passer
de 25 à 70% pour tenir compte de leurs compétences
économiques.
11. Réforme territoriale : la Région en ordre de marche
Je vous le disais au début de cette intervention : l’an prochain,
à la même période, nous devrons inscrire notre action dans
un cadre entièrement nouveau. La Région, son
administration, sont d’ores et déjà en ordre de marche pour
préparer cette échéance.
J’ai déjà eu l’occasion de m’entretenir avec Jean-Paul Denanot
à Thiviers, à l’occasion de l’inauguration du Pôle d’excellence
des métiers du cuir et du luxe, et une seconde fois, en
compagnie cette fois de Jean-François Macaire, dans le cadre
d’un débat télévisé sur France 3.
Une nouvelle étape sera franchie au début du mois de
novembre avec l’organisation d’un séminaire associant les trois
directions générales en vue de préciser les modalités de
rapprochement des trois régions. Il s’agira d’examiner les
convergences, les synergies, les complémentarités possibles
dans le domaine portuaire, le tourisme, les filières agricoles,
agro-alimentaires et industrielles. Il y aura également un
important volet RH qui naturellement occupera une place
importante dans les discussions.
12. Une nouvelle réunion entre les exécutifs des trois régions
devrait avoir lieu en décembre ou en janvier.
A ce jour, il est prévu que le Sénat, à partir du 28 octobre, se
saisisse en seconde lecture du texte sur la fusion des régions
et le calendrier électoral. Et il est toujours question que les
élections départementales se déroulent les 22 et 29 mars 2015,
et les élections régionales à la fin de l’année 2015.
La loi relative à la nouvelle organisation territoriale de la
République (NOTRe), concernant les compétences des
différents échelons territoriaux, serait examinée par le Sénat mi-décembre,
puis par l’Assemblée nationale pour une adoption en
première lecture dans les deux Assemblées en janvier ou début
février au plus tard.
Eléments d’actualité pouvant également être abordés dans
ce discours d’ouverture :
- L’essor du dispositif Sud Ouest France, avec
notamment l’ouverture le 25 octobre, à l’occasion de
votre voyage en Chine, de cinq nouveaux points de
vente dans le Sichuan.
13. - L’annonce par Jean-Yves Le Drian du transfert du
Commandement des forces aériennes (CFA) à
Bordeaux-Mérignac et de son fusionnement avec le
Commandement du soutien des forces aériennes
(CSFA). La base de Bordeaux-Mérignac va ainsi se
retrouver renforcée dans ses compétences et ses effectifs,
en particulier sur la maintenance aéronautique, un des
domaines dans lesquels la Région a beaucoup investi, au
travers notamment de l’Aérocampus de Latresne. Une
autre annonce semblable pourrait intervenir au cours des
prochaines semaines.
- La publication dans Sud Ouest Dimanche d’un article
très critique sur la rentabilité des LGV. Cet article fait
écho à un rapport de la Cour des comptes qui doit être
rendu public jeudi.
L’article épingle les liaisons Bordeaux-Espagne et Poitiers-
Limoges, mais ne dit rien en revanche de Bordeaux-Toulouse...
Les éléments de langage suggérés par Cyril Socolovert :
1) Alors qu'au niveau européen, un budget important est
envisagé pour relancer l'économie et que le nouveau
Ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, parle de New Deal,
14. quel meilleur moyen qu'une politique de grands travaux
permettant de compléter nos grandes infrastructures et
améliorer la compétitivité de nos territoires et nos entreprises ?
2) Doit-on remettre en cause la rentabilité de
l'infrastructure ou bien le modèle économique de ceux qui
l'exploitent ? Le modèle inflationniste de la SNCF n'est plus
tenable aujourd'hui, les régions et les usagers le subissent au
quotidien avec des charges qui augmentent sans cesse alors
que le niveau de service se dégrade. De plus, tant que la
charge de la dette de RFF n'aura pas été réglée on ne pourra
pas améliorer les choses. En Allemagne, l'Etat a pris en charge
cette dette avant de réformer son système et de l'ouvrir à la
concurrence. C'est ainsi que la Deusche Bahn a pu conserver
la plus grande part de son marché.
3) Les retombées économiques attendues pour le GPSO
Les avis de l’Autorité environnementale et du Commissariat
Général à l’Investissement apportent un éclairage objectif sur
l’apport du GPSO pour la collectivité.
Si le niveau de rentabilité n’est plus aussi élevé que pour les
premières infrastructures réalisées (15% pour Paris-Lyon), les
LGV présentent toujours pour le secteur une réelle rentabilité
financière : les excédents d’exploitation générés permettent
15. l’amortissement de la dette de construction. L’ensemble dégage
une valeur actuelle nette (VAN) positive, donc un intérêt
pour la collectivité.
Hors coûts d’opportunité des fonds publics, le bilan socio-économique
montre que le programme GPSO dégage un
surplus en VAN de 4,8 Mds€. Le taux de rentabilité interne du
projet s’établit à 4,4%, ce qui est un chiffre remarquable.
Parmi les usagers, les passagers ferroviaires sont les premiers
bénéficiaires du programme GPSO, avec un gain supérieur à
l’investissement initial, à près de 15 Mds€. Il s’agit
principalement de gain de temps.
GPSO présente également un bilan positif pour les acteurs du
transport ferroviaire, avec 3,9 Mds€, ce qui souligne sa
pertinence économique.
Les investissements en faveur des LGV ne sont pas
responsables de l’endettement structurel de RFF, conséquence
de l’accumulation de déficits d’exploitation récurrents.
Le nombre d’emploi directs, indirects et induits générés par la
réalisation du chantier devrait dépasser les 10 000.
16. Le GPSO contribue à créer un espace transfrontalier de
rencontre professionnelle, en particulier pour le secteur tertiaire
qui nécessite des déplacements fréquents. Cela permet d’attirer
les entreprises mais également les investisseurs (immobilier
par exemple). L’enjeu consiste à étendre cette attractivité
jusqu’aux villes moyennes et aux territoires les plus éloignés
afin qu’ils puissent bénéficier de cette croissance. L’exemple
d’Angoulême, qui sera dès 2017 à 35 mn de la métropole
bordelaise, peut être transposé à Agen, Montauban ou Mont de
Marsan.
Modifier les proximités à une échelle suprarégionale améliore
la compétitivité économique.
Le report significatif des modes routiers et aériens vers le
ferroviaire est un atout indéniable.
La réduction des temps de parcours autorise le
développement des coopérations entre les établissements
d’enseignement supérieur et de recherche fortement
représentés dans les deux régions. Les compétences peuvent
s’exprimer sans s’expatrier, ce qui est une richesse pour la
collectivité.
17. La suppression récente de l’effet frontière à Figueras (mise
à écartement UIC avec la pose du 3ème rail) et la connexion au
réseau LGV espagnol a eu des effets remarquables : la SNCF a
comptabilisé 14 000 voyages TGV entre Narbonne et l’Espagne
entre janvier et avril 2014 et la demande est forte.
4) Les CCI d’Aquitaine estiment les retombées
économiques de GPSO à 350 M€.
L’observatoire des retombées socio-économiques de la LGV
Tours-Bordeaux a été créé en 2012 dans cette perspective et
ses travaux vont s’échelonner sur au moins quinze ans. Outil
de référence, il permettra d’aider et d’orienter les acteurs
publics locaux dans les choix de leurs politiques publiques sur
une base factuelle et mesurable construite dans le temps. Ses
travaux serviront de base de travail pour GPSO.
On notera par ailleurs qu’à l’occasion de leurs congrès annuels
respectifs, les deux organisations professionnelles
représentatives de la construction auprès de l’Union
européenne, la FIEC et l’EBC, ont démontré que chaque emploi
créé dans le secteur de la construction génère 2,2 autres
emplois dans l’économie. D'où la nécessité d'un
investissement public fort pour soutenir l'activité…