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INTRODUCTION AU SYSTÈME ÉCONOMIQUE
                     EN ISLAM

                               Au nom de Dieu, le Bienfaiteur, Miséricordieux




1. Préambule

1.1 Importance des idées dans une nation
Les idées représentent, dans toute nation, la plus grande richesse que celle-ci puisse avoir lorsqu’elle
cherche à se développer et à progresser ; elles constituent également le plus grand héritage que
puissent laisser les nations précédentes à condition que ces dernières aient été attachées à la pensée
éclairée.
Les idées dépassent de loin les richesses matérielles, les découvertes scientifiques, les inventions
techniques et autres réalisations. En effet, l’acquisition même de ces richesses dépend des idées, et il
en va de même de leur conservation.
Ainsi, s’il arrive que les richesses matérielles d’une nation soient détruites, il est possible de les
reconstituer rapidement tant que cette nation préservera sa richesse intellectuelle. Par contre si jamais
la richesse intellectuelle d’une nation venait à disparaître, la nation ne conservant que ses richesses
matérielles, celles-ci ne tarderont pas à diminuer et disparaître à leur tour, et la nation sera
inévitablement réduite à la pauvreté. La plupart des valeurs scientifiques que la nation avait
découvertes peuvent être retrouvées, à condition qu’elle ait conservé les idées qui y avaient conduit.
Tandis que si elle perd la méthode productive de pensée, elle régressera rapidement et perdra ses
découvertes et ses inventions. Par conséquent, il est nécessaire de se préoccuper tout d’abord des
idées. Partant de ces idées, en relation avec la méthode productive de pensée, la richesse matérielle
sera obtenue, les découvertes scientifiques et les inventions industrielles seront réalisées.
Nous entendons ici par idées, l’existence, chez une nation, d’un processus intellectuel qui a pour
objet les événements importants de la vie de cette nation, de sorte que la majorité de ses membres
s’en sert lorsqu’elle considère ces événements et y portent un jugement. Cela signifie qu’ils ont des
idées qu’ils s’astreignent à appliquer dans la vie et qui, à force d’être utilisées et réutilisées avec
succés, créent chez eux une méthode productive de pensée. La pensée la plus importante est l’idée
globale expliquant l’homme, la vie, l’univers et les relations qui existent entre ces éléments avec ce
qui les précède et ce qui les suit.

1.2 Situation actuelle de la Nation Islamique
La nation islamique (Oumma) actuelle manque d’idées. Elle est donc dépourvue de méthode
productive de pensée. En effet, la génération actuelle n’a reçu, de la génération précédente, aucune
pensée islamique, ni n’en a produit par elle même. Aussi, est-il naturel de voir cette Nation dans un
état de pauvreté bien qu’elle dispose d’importantes ressources matérielles dans ses régions. Il est
également naturel qu’elle perde les découvertes scientifiques et les inventions industrielles, bien
qu’elle étudie la théorie de ces découvertes et inventions et les vit. Il en est ainsi car, il est impossible
à la nation islamique de tirer profit de ces ressources de façon productive sans posséder une


                                                     1
méthode productive de pensée, c’est-à-dire sans posséder des idées bien déterminées qu’elle
s’emploie à mettre en pratique dans la vie. Par conséquent, il est indispensable aux musulmans,
d’établir pour eux-mêmes des idées et une méthode productive de pensée. La nation musulmane
pourra alors par la suite évoluer suivant ces idées pour acquérir les richesses matérielles, faire des
découvertes scientifiques et des inventions industrielles. Tant que les musulmans ne procéderont pas
de cette manière, ils ne progresseront pas d’un pouce. Ils continueront plutôt à tourner dans un
cercle vicieux, consumant leur réserve d’énergie physique et intellectuelle dans une course sans fin,
pour ne se retrouver au bout du compte qu’à leur point de départ.
La présente génération de musulmans n’a pas adopté les idées qu’elle porte, qui sont contraires à
celles qu’elles devraient avoir et appliquer, au moyen d’une pensée objective ; c’est-à-dire qu’elle
n’a pas adopté ces idées suite à un examen rationnel minutieux des systèmes d’idées en conflit qui lui
aurait permis de choisir le système juste. Au contraire, cette génération est tout simplement
dépourvue de tout système d’idées quel qu’il soit et de toute méthode productive de pensée quelle
qu’en soit la nature. Elle se trouve dans cette situation parce qu’elle a hérité la pensée islamique
comme si c’était une philosophie fictive, au même titre que celle de Platon et d’Aristote pour les
Grecs d’aujourd’hui, et hérité l’Islam en tant que culte et rites, exactement comme le font les
chrétiens pour leur religion. Elle vénère en même temps les idées capitalistes à la simple vue de leurs
résultats et accepte volontairement d’appliquer le système capitaliste. Cependant, cela ne résulte
nullement d’une compréhension de la réalité de ces idées, ni de la façon dont les solutions capitalistes
découlent de la vision du monde adopté par les capitalistes. Cette génération est donc
intellectuellement dépourvue de la pensée capitaliste, bien qu’elle aborde les problèmes de la vie
suivant la méthode capitaliste. Elle est également devenue vide de la pensée islamique sur le plan
pratique, bien qu’elle s’en réclame et l’étudie.
L’attrait de cette génération pour les idées capitalistes dépasse de loin la simple tentative de concilier
l’Islam aux lois et solutions capitalistes. En effet, elle en est parvenue à ressentir l’incapacité de
l’Islam à résoudre les nouveaux problèmes de la vie, et à éprouver la nécessité de prendre les
solutions capitalistes telles qu’elles, sans même éprouver le besoin de les réconcilier à l’Islam. La
Oumma en est parvenu à ne plus voir de mal, ni de péché, à laisser tomber la Loi islamique (charia)
et à adopter d’autres lois à sa place afin de progresser dans le même sens que le monde dit civilisé,
et rattraper le convoi des Nations capitalistes ou les Nations socialistes qui évoluent vers le
communisme, les considérant comme des peuples élevés. Quant au reste qui adhère à l’Islam, ils ont
également le même penchant pour les idées capitalisme mais ils espèrent pouvoir les concilier ou tout
au moins les apaiser par l’Islam. Cependant, ceux qui essaient de concilier l’Islam avec d’autres
idées n’ont aucune influence sur le cours de la vie ni sur la société, c’est-à-dire sur les rapports qui
existent réellement entre les gens.
Par conséquent, les pensées et les règles juridiques islamiques pour résoudre les affaires et les
problèmes de la vie entrent en conflit avec des esprits vides de pensées islamiques et dépourvus de
méthode productive de pensée. Elle se heurte également à l’attirance générale des musulmans vers le
capitalisme ou le socialisme, tout comme elle entre en contradiction avec la réalité de la vie,
gouvernée par le système capitaliste. Ainsi, à moins que l’idée soit suffisamment forte pour secouer
les coeurs et les esprits, elle ne pourra pas mobiliser l’attention des musulmans. Elle doit, en effet,
amener des esprits engourdis et superficiels à penser profondément, et éliminer les idées déviées et
les goûts malsains, afin d’établir la véritable inclination vers les nobles idées de l’Islam et la Loi
islamique.



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1.3 Méthode de changement
Pour parvenir à un changement, il est indispensable que celui qui appel à l’Islam (Da`i), expose
clairement les bases sur lesquelles sont fondées les lois et solutions capitalistes, démontre leur
fausseté et les démolisse intellectuellement. Il doit s’intéresser aux divers nouveaux problèmes de la
vie et y apporter des solutions islamiques. Il démontrera ainsi la capacité de l’Islam en tant que lois
devant être appliquées, parce qu’elles sont les seules agrées par Dieu car, déduites du Coran et de la
Sunna (traditions prophétiques) ou des preuves que ces deux sources ont indiquées. Ces lois ne
doivent pas être suivies parce qu’elles seraient convenables ou non pour une époque donnée, c’est-
à-dire qu’elles doivent être adoptées par conviction idéologique et non pas par intérêt. Aussi, chaque
loi doit être accompagnée de la source révélée d’où elle est déduite, ou de l’explication de la cause
révélée (`illa) qui lui est associée ou qui la représente dans le texte légal.
Il importe de rappeler que les idées liées au système de gouverner et celles concernant l’économie
sont celles dont les musulmans étaient le plus fascinés et pour lesquelles ils ont connu les plus grands
déboires dans leur vie. Ce sont les idées les plus grandioses qui ont reçu la grande attention des
musulmans, et que l’Occident essaie d’instituer et contrôler pratiquement et veille avec persistance à
leur application. Si la Oumma islamique est gouvernée par la démocratie au niveau de la forme, pour
préserver les intérêts et les systèmes du colonisateur occidental, elle est gouvernée dans la pratique
par le système économique capitaliste dans tous les aspects de la vie. Or, ce sont les idées de l’Islam
sur l’économie qui sont les plus fortes, celles qui avaient la plus grande influence sur le monde
musulman, capables de réaliser un revirement total de sa situation. Elles sont également les idées qui
seront le plus combattues par le colonisateur, et les dirigeants actuels qui ont pris la relève des agents
coloniaux, ces fascinés de l’Occident parmi lesquels les despotes et les défaitistes.
Dès lors, il est indispensable de présenter une image claire du système capitaliste, en classifiant les
idées de base sur lesquelles sont fondées les politiques économiques en Occident, pour que ceux qui
suivent le système économique occidental puissent toucher du doigt la corruption de ce système et sa
contradiction avec l’Islam. Nous examinerons ensuite les idées de l’Islam qui traitent des problèmes
économiques et les présentent comme un mode de vie spécifique qui s’oppose à la vie capitaliste
aussi bien dans ses principes que dans ses détails.



2. Présentation du système économique capitaliste

2.1 Principes de base du système économique capitaliste
Si nous passons en revue le système économique dans l’idéologie capitaliste, nous trouvons que
l’économie est la branche des connaissances qui étudie les besoins de l’homme et les moyens de les
satisfaire. Elle s’intéresse uniquement au côté matériel de la vie humaine ; et elle est établie sur trois
principes :


1. La question de la rareté relative des biens et des services par rapport aux besoins. C’est-à-dire,
l’insuffisance des biens et des services pour satisfaire les besoins toujours croissants de l’homme.
Ceci représente le problème économique de la société selon eux.


2. La valeur du produit, qui est la base de la plupart des recherches et des études économiques.


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3. Le prix, et le rôle qu’il joue dans la production, la consommation et la distribution. C’est la pierre
angulaire du système capitaliste

2.2 Rareté relative des biens et des services
Comme nous le verrons, le problème de la rareté relative des biens et des services se pose parce
que les biens et les services sont considérés comme étant les seuls moyens permettant de satisfaire
les besoins de l’homme.

2.3 Biens et services comme moyens de satisfaction des besoins
Les capitalistes estiment que l’homme a des besoins qui demandent tous à être satisfaits, il faut donc
des moyens pour répondre à ces besoins. Ces besoins, considèrent-ils, sont purement matériels, car
ils sont soit sensibles et tangibles, tels que le besoin de se nourrir ou de s’habiller, soit sensibles mais
non tangibles, tels que les services d’un médecin ou d’un enseignant. Quant aux besoins d’ordre
moral et spirituel, tels que la glorification du Créateur ou l’adoration, ils ne sont pas reconnus
économiquement, ils sont donc ignorés et ne sont pas pris en compte dans les recherches
économiques.
Les moyens de satisfaction des besoins sont appelés biens et services. Les biens sont les moyens de
satisfaction des besoins sensibles et tangibles, et les services, ceux des besoins sensibles mais
intangibles. Ce qui procure la satisfaction dans les biens et les services, selon eux, c’est le ‘’profit’’
qu’ils renferment. Ce profit est un attribut qui rend la chose convenable pour satisfaire un besoin. Le
besoin étant le désir sur le plan économique, alors que ce qui est économiquement profitable, c’est
toute chose qui est désirée, qu’elle soit essentielle ou non, et même si certaines personnes l’estiment
profitable et d’autres la considèrent nuisible. Elle sera considérée profitable tant qu’il y aura
quelqu’un qui la désire. Ceci conduit les capitalistes à considérer les choses profitables du point de
vue économique même si l’opinion publique les juge d’aucune utilité ou nuisibles. Ainsi, le vin et le
hachisch sont des choses profitables aux yeux des économistes étant donné que certaines personnes
en veulent.
De même, les économistes considèrent les moyens de satisfaction, c’est-à-dire les biens et les
services, uniquement comme satisfaisant un besoin, et ne prennent aucun autre critère en compte.
Autrement dit, ils considèrent les besoins et les moyens de satisfaction tels qu’ils sont et non pas tels
qu’ils devaient être. Ils regardent donc le profit simplement en tant que satisfaisant un besoin, sans
plus. Ils attribuent une valeur économique au vin parce qu’il répond à la demande d’une clientèle, et
considèrent que le producteur de vin fournit un service en ce sens que ce service, comporte une
valeur économique puisqu’il satisfait au besoin de certaines personnes.
Telle est, chez les capitalistes, la nature des besoins et des moyens de leur satisfaction.

2.4 Problème économique de la société
Il ressort de ce que précède que l’économiste capitaliste ne se préoccupe pas de ce que la société
devrait être, il ne s’intéresse qu’au produit économique dans sa capacité à satisfaire un besoin. Pour
cette raison, ce qui importe aux économistes c’est de fournir des biens et des services, autrement dit
mettre à la disposition de la société des moyens pour satisfaire les besoins de l’homme, sans aucune
autre considération. Ainsi, l’optimisation des moyens de satisfaction des besoins constitue le principal
objet de leur étude. Les biens et les services qui sont les moyens de satisfaction des besoins, étant


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limités selon eux, ils ne sont pas suffisants pour couvrir les besoins de l’homme car ces besoins,
estiment-ils, sont illimités. Par conséquent, on distingue un certain nombre de besoins qui sont des
besoins fondamentaux que l’homme doit nécessairement satisfaire et des besoins qui augmentent
avec le développement de l’urbanisation. Tous ces besoins, sans cesse croissants, demandent à être
satisfaits complètement. Ce qui est irréalisable quel que soit le niveau d’augmentation des biens et
des services. D’où la base du problème économique qui est l’excès des besoins et l’insuffisance des
moyens de leur satisfaction. Autrement dit, c’est l’insuffisance des biens et services pour satisfaire
complètement tous les besoins de l’homme. Dès lors, la société est confrontée au problème
économique qui se traduit par la rareté relative des biens et des services.

2.5 Solution du problème économique
La conséquence inévitable de cette situation est que certains besoins ne pourront être que
partiellement satisfaits ou pas satisfaits du tout. Il devient donc indispensable pour la société d’établir
des règles qui vont décider quels besoins seront satisfaits et quels autres ne le seront pas. En d’autres
termes, il s’agit de déterminer la manière de distribuer les ressources limitées parmi les besoins
illimités. Pour les capitalistes, le problème se situe donc au niveau des besoins et des ressources, et
non pas au niveau de l’individu. C’est-à-dire que ce qui les préoccupe c’est d’optimiser les
ressources pour satisfaire le plus grand nombre de besoins et non pas satisfaire les besoins de
chaque individu pris isolément. Le problème, vu sous cet angle, implique que les règles à établir
soient de nature à garantir le plus haut niveau de production possible pour maximiser les ressources.
Il s’agit donc de fournir des biens et des services pour répondre aux besoins de la société en général
et non à ceux de chaque individu en particulier. Il s’en suit que le problème de la distribution des
ressources est intimement lié à celui de leur production, et l’objectif des études économiques est de
travailler pour augmenter la consommation globale des biens et des services par la société. De ce
fait, l’étude des éléments ayant une influence sur le volume de la production national occupe une
place de choix par rapport à l’ensemble des thèmes économiques, car la recherche de
l’augmentation de cette production est l’un des plus importants sujets de recherche pour résoudre le
problème économique qui est, rappelons-le, la rareté des biens et des services relativement aux
besoins. Il en est ainsi parce que selon eux la seule voie pour résoudre le problème de la pauvreté et
de la privation passe par l’augmentation de la production, et il en va de même du problème
économique.



2.6 Valeur du produit
La valeur d’un produit se définit par son degré d’importance, soit par rapport à un individu donné,
soit par rapport à une autre chose. Dans le premier cas, elle est appelée valeur de profit et dans le
second, ‘’valeur d’échange’’.

2.6.1 Valeur de profit
La valeur de profit ou valeur d’usage de chaque unité d’une chose est évaluée par son utilité
marginale, c’est-à-dire par le profit attribuée à l’unité qui satisfait le plus petit besoin. Les
économistes capitalistes appellent cela la théorie de l’utilité finale ou marginale. Cela signifie que le
profit ne se définit pas du point de vue du producteur, en l’évaluant par son coût de production, car,
procéder ainsi reviendrait à considérer l’offre sans la demande. Le profit ne doit pas non plus se
définir du point de vue du consommateur en prenant en compte le profit qui existe réellement dans le


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produit, et le niveau de besoin qu’en éprouve le consommateur tout en ayant à l’idée le facteur de la
rareté relative, car, ce serait considérer la demande sans l’offre. Il est alors indispensable de
considérer en même temps l’offre et la demande pour déterminer le profit à la limite de la satisfaction
du besoin. De cette façon, la valeur du pain, par exemple, sera estimée à la fin de la faim et non à
son début, et au moment de son abondance sur le marché et non de sa pénurie.

2.6.2 Valeur d’échange
La valeur d’échange est le mérite contenu dans une chose qui la rend désirable pour l’échange. Elle
se mesure par rapport à une autre chose. Ainsi, la valeur d’échange du blé par rapport au maïs est
estimée par la quantité de maïs qui doit être livrée contre une unité de blé. Les capitalistes se réfèrent
à la valeur de profit en utilisant uniquement le terme profit, et se réfèrent à la valeur d’échange,
simplement par le mot valeur.
L’échange est conditionné par l’existence d’une compensation sous la forme d’un bien ou d’un
service qui lui soit proche ou équivalent en terme de valeur. Dès lors, il était indispensable aux
économistes capitalistes d’étudier la valeur, car, elle est la base sur laquelle s’effectue l’échange, en
ce sens qu’elle est le facteur mesurable. Elle représente à ce titre l’échelle par laquelle les produits
économiques sont évalués. De plus, c’est elle qui permet de distinguer une activité productive, d’une
activité qui ne l’est pas. La production est considérée par les capitalistes comme une création de
valeur ou tout au moins son augmentation, et elle s’effectue nécessairement par le travail. Par
conséquent, pour distinguer le travail productif du travail improductif, et pouvoir classifier les activités
selon leur degré de productivité, il fallait évaluer avec précision les différents biens et services. Cette
évaluation correspond aux valeurs sociales attribuées aux divers produits économiques. Il s’agit, en
d’autres termes, d’une estimation globale de l’effort de travail accompli ou du service rendu. Une
telle évaluation est devenue indispensable car la production pour l’autoconsommation a été
remplacée dans les sociétés modernes par la production pour l’échange. Aujourd’hui chacun
échange la totalité ou la plus grande partie de sa production, contre d’autres produits. Or, pour que
l’échange se fasse, il faut qu’il existe une compensation. Il est donc indispensable de déterminer la
valeur d’un bien, non seulement pour sa production mais aussi sa consommation et, partant, pour la
satisfaction des besoins de l’homme.

2.7 Le prix
De nos jours, la valeur d’échange a été restreinte à une seule de ses valeurs qui l’emporte sur les
autres. En effet, elle ne s’évalue plus par rapport à chacun des divers autres produits, mais
uniquement par rapport à un bien particulier qui est la monnaie. C’est la valeur d’échange d’une
chose par rapport à la monnaie qui est appelée le prix. La différence entre la valeur d’échange et le
prix est que la première peut se définir par rapport à tout autre bien alors que le prix est relatif à la
monnaie uniquement. Il en résulte que les prix de tous les produits peuvent monter ou descendre tous
ensemble, alors qu’il est impossible que les valeurs d’échange des produits, les uns par rapport aux
autres, puissent augmenter ou baisser tous ensemble. De même, le prix d’un bien peut varier sans
que sa valeur d’échange varie. Ainsi, le prix est une des valeurs d’un produit : sa valeur d’échange
par rapport à la monnaie uniquement. A ce titre, il est naturel que la monnaie soit l’instrument
permettant de juger si une chose est utile ou non et de mesurer son degré d’utilité. Partant, un bien
ou un service donné sera jugé productif et utile si la société lui attribue un prix. Quant à son degré
d’utilité, il est déterminé par le prix auquel la communauté des consommateurs est prête à l’acquérir.



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Cela est valable quel que soit le type de produit, que le bien soit agricole ou industriel, et que le
service soit une prestation d’une société commerciale, de transport, d’un médecin ou d’un ingénieur.

2.7.1 Rôle joué par le prix dans la production, la consommation et la distribution
Le prix est l’outil qui décide quels producteurs entreront dans la course à la production, et quels
autres seront maintenus à l’écart, de la même manière qu’il décide quels consommateurs auront le
loisir de satisfaire leurs besoins et quels autres resteront insatisfaits. Le coût de production d’un bien
est le premier facteur qui gouverne son offre sur le marché tandis que l’utilité qu'il renferme est le
premier facteur qui gouverne sa demande, et les deux facteurs sont mesurés par le prix. Par
conséquent l’étude de l’offre et de la demande constitue deux sujets de recherche essentiels dans
l’économie capitaliste. Dans l’expression ‘’l’offre et de la demande’’, il s’agit de l’offre du marché et
de la demande du marché. Tout comme la demande ne peut être définie sans mentionner le prix,
l’offre ne peut être évaluée sans le prix. La demande varie de façon contraire à la variation du prix.
En effet, la demande diminue lorsque le prix augmente, et elle augmente lorsque le prix baisse.
L’offre, au contraire, s’accroît avec l’augmentation du prix, et diminue avec sa baisse. Le prix joue
donc un rôle capital aussi bien dans la production que dans la consommation.
Pour les capitalistes, le système de prix est la méthode idéale pour distribuer les biens et les services
parmi les membres de la société. Il en est ainsi car, ils considèrent que les profits sont le résultat des
efforts que déploie l’homme et, tant que la récompense n’est pas équivalente au travail, le niveau de
production chutera inévitablement. Pour cette raison, la méthode idéale pour la distribution des biens
et des services parmi les gens est celle qui garantie le niveau de production le plus élevé possible.
Cette méthode, c’est le système de prix qui est aussi appelée mécanisme de prix car, selon eux, il
réalise automatiquement l’équilibre. Il consiste à laisser aux consommateurs la liberté de décider eux-
mêmes de la répartition des ressources de la société aux différents secteurs d’activité, en demandant
certains produits et se détournant de certains autres. De cette façon, ils dépenseront leur revenu en
achetant ce dont ils ont besoin ou qu’ils désirent comme bon leur semble. Ainsi, le consommateur qui
déteste le vin s’abstiendra de l’acheter et dépensera son revenu dans d’autres choses. Si le nombre
de ceux qui détestent le vin s’accroît, ou que tout le monde vient à ne plus en vouloir, alors la
production du vin ne sera plus profitable du fait de la chute de sa demande, et s’arrêtera
naturellement. Il en va de même des autres produits. Les consommateurs décident donc eux même
de la qualité et de la quantité de la production, grâce à la liberté qui leur est donnée d’acheter ou de
s’abstenir. C’est le prix qui joue le rôle d’interface pour la distribution des biens et services, en les
rendant accessibles ou non aux consommateurs, rentables ou non aux producteurs.


Le mécanisme de prix est le stimulant de la production, le régulateur de la distribution, il est le moyen
de communication entre le producteur et le consommateur, c’est-à-dire que c’est lui qui assure
l’équilibre entre la production et la consommation.



2.7.2 Le prix, stimulant de la production
Les économistes capitalistes considèrent que le prix est le principal facteur qui pousse l’homme à
entreprendre tout effort de production ou tout sacrifice car, par tout effort qu’il déploie, l’homme
recherche une contrepartie matérielle. Ils excluent la possibilité que l’homme puisse produire un
quelconque effort dans un but moral ou spirituel. Même s’ils reconnaissent la motivation morale, ils


                                                    7
l’attribuent à un mobile matériel, et estiment que l’homme vise essentiellement, par ses efforts, à
satisfaire ses besoins et assouvir ses désirs. Cette satisfaction passe par la consommation des biens
qu’il produit lui-même, ou l’obtention d’une récompense monétaire lui permettant d’acquérir les
biens et les services produits par d’autres. Puisque l’homme se base sur l’échange de ses efforts
contre ceux des autres pour satisfaire la plupart de ses besoins, si ce n’est pas tous, alors il se
concentre plus sur l’obtention de la récompense monétaire de ses efforts que sur la production
directe des biens et services dont il a besoin. C’est donc l’obtention de la contrepartie monétaire (le
prix), qui pousse l’homme à produire. Par conséquent, le prix stimule les producteurs à fournir des
efforts et, à ce titre, il est le stimulant de la production.



2.7.3 Le prix, régulateur de la distribution
L’homme cherche à satisfaire complètement l’ensemble de ses besoins. C’est pour cette raison qu’il
s’efforce à acquérir les biens et les services qui sont les moyens de satisfaction de ces besoins. Si on
laissait à chaque homme la possibilité de se servir librement pour satisfaire ses besoins, il n’arrêterait
pas de consommer ou prendre possession des biens et des services dont il a envie. Mais, puisque
tous les individus poursuivent le même objectif, il est indispensable de s’arrêter dans la satisfaction de
ses besoins, là où s’arrête sa capacité à échanger ses efforts contre ceux des autres, c’est-à-dire à la
limite de la contrepartie monétaire de ses efforts, autrement dit à la limite du prix. Par conséquent, le
prix est la contrainte qui agit naturellement et pousse l’homme à arrêter la possession et la
consommation à une limite proportionnelle à ses ressources. C’est l’existence du prix qui amène
l’homme à réfléchir, comparer et définir des priorités parmi ses concurrents besoins qui demandent
tous à être satisfaits pour en retenir ceux qu’il estime indispensables et délaisser ceux qui le sont
moins. Le prix oblige ainsi l’individu à se contenter d’une satisfaction partielle de certains de ses
besoins. C’est donc le prix qui guide la répartition des nombreux besoins qui sollicitent l’individu. De
même, le prix régule la distribution des profits limités parmi la multitude de consommateurs qui les
recherchent. La disparité des revenus fait que chacun consomme dans la limite de ce que lui
permettent ses revenus. Il en résulte que certains biens deviennent réservés à la catégorie de ceux qui
en ont les moyens, et la consommation de certains autres biens de bas prix devient commune à
l’ensemble des gens aux revenus les plus modestes. L’élévation du prix de certains produits et la
baisse de celui de certains autres, ajouté à l’abondance ou l’insuffisance des ressources suivant les
individus font que le prix est bien un régulateur de la distribution des profits parmi les
consommateurs.



2.7.4 Le prix, source d’équilibre entre production et consommation
Le prix est le moyen de communication entre le producteur et le consommateur, car le producteur
qui répond aux besoins des consommateurs est récompensé à travers les profits qu’il va réaliser. Le
producteur dont les produits sont mal accueillis par les consommateurs finira à coup sûr par des
pertes. Le moyen dont dispose le producteur pour connaître le désir des consommateurs est le prix.
En effet si la demande des consommateurs augmente pour un produit donné, son prix va augmenter
sur le marché et sa production augmentera en réponse au désir des consommateurs. A l’inverse, si
les consommateurs se détournent d’un certain produit, son prix baissera sur le marché et sa
production diminuera en conséquence. Ainsi, les ressources affectées à la production augmentent
lorsque le prix s’élève et diminuent lorsqu’il baisse. C ’est donc, bel et bien le prix qui réalise


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l’équilibre entre la production et la consommation et il constitue en même temps un outil de
communication entre le producteur et le consommateur. Tout cela se produit automatiquement. Par
conséquent, le prix est la base sur laquelle s’appuie l’économie aux yeux des capitalistes, et il est,
selon eux, la pierre angulaire de l’économie.


Ceci est un résumé du système économique dans l’idéologie capitaliste que les intéressés appellent
‘’l’économie politique’’. Il ressort clairement de son étude et analyse approfondie présentée ci-
dessous, la fausseté du système économique capitaliste à plus d’un titre.



3. Critique de l’économie capitaliste
Les capitalistes considèrent que l’économie est le domaine des connaissances qui étudie les besoins
de l’homme et les moyens de les satisfaire, et font de la production des biens et des services qui sont
les moyens de satisfaction des besoins, et de la distribution des ces biens et services parmi les
hommes un même sujet de recherche. Cela signifie qu’il mélange les besoins et les moyens de les
satisfaire en un seul et même problème et en font une recherche unique. Ils ne font aucune distinction
entre les deux, au contraire, ils les entremêlent de façon inextricable. Ainsi le problème de la
distribution des biens et des services est inclus dans celui de leur production. A partir de là, ils
regardent l’économie d’un point de vue qui inclue ressources économiques et la méthode de leur
possession, sans séparation entre eux et sans les différencier. Autrement dit, ils traitent la science
économique et le système économique ensemble comme un seul sujet, sans faire de distinction. Or, il
existe une grande différence entre le système économique et la science économique. En effet, le
système économique est celui qui traite le problème de la distribution de la richesse, de sa
possession, de la manière d’en disposer et d’autres questions semblables. Dans son développement,
le système économique suit une vision du monde bien déterminée, ou idéologie particulière. Par
conséquent, le système économique en Islam diffère de celui du capitalisme tout comme de celui du
socialisme/communisme car chacune suit le point de vue de l’idéologie qui lui a donné naissance. Il
diffère de la science économique qui étudie la production, et recherche les moyens d’améliorer la
production et ses outils. Elle est universelle, commune à toutes les nations et n’est associée à aucune
idéologie particulière tout comme les autres sciences. Ainsi, par exemple, la définition de la notion de
propriété dans le système capitaliste diffère de celle du socialisme/communisme aussi bien que de
celle de l’Islam. Par contre l’amélioration de la production qui est l’étude d’une réalité, il s’agit d’un
problème scientifique, il est le même pour tout le monde, quelles que soient les différences
idéologiques.


Le mélange entre les besoins et les moyens de leur satisfaction dans les études, c’est-à-dire entre les
ressources économiques et leur distribution pour en faire un seul et même sujet de recherche, est une
erreur qui induit le mélange et la confusion dans les recherches économiques menée par les
capitalistes. Par conséquent la base même de la construction de l’économie capitaliste est fausse.


Le fait de considérer que les besoins qui nécessitent une satisfaction sont uniquement d’ordre
matériel est également une erreur et contredit la réalité. En effet, il existe des besoins d’ordre moral



                                                    9
ou spirituel, et ils demandent tous à être satisfaits comme les besoins matériels, et nécessitent tous
pour cela des biens et des services.
Quant au fait de considérer que les besoins et les profits tels qu’ils sont, et non telle que la société
devrait être, cette vision des choses montre que l’économiste capitaliste regarde l’homme comme un
être purement matériel dépourvu de tout penchant spirituel, de toute éthique et de tout idéal moral. Il
ne se préoccupe pas de ce que la société devrait être en terme d’élévation morale en faisant des
vertus la base des relations, ni de ce qui devrait la guider en terme d’élévation spirituelle en faisant de
la relation avec Dieu la ligne directrice des toutes les relations au sein de la société, dans le seul but
de mériter l’agrément de Dieu. Il ne se soucie nullement de tout cela. Ce qui le préoccupe, c’est
uniquement la pure matière pour satisfaire des besoins purement matériels. Ainsi s’il ne triche pas
dans la vente, c’est pour que son commerce marche, mais s’il peut mieux réussir en trichant alors il
tricherait sans état d’âme. De même, ce n’est pas en réponse à l’ordre de Dieu de donner l’aumône
qu’il nourrit les pauvres, mais simplement pour qu’ils ne volent pas de sa marchandise ou pour la
publicité. Si leur famine pouvait l’enrichir, alors il choisirait volontiers de les affamer. Ainsi,
l’économiste considère les profits uniquement comme source de satisfaction de besoins matériels.
Une telle personne qui regarde l’homme à travers cette vision basée sur le profit matériel, et qui
établit la vie économique sur elle, est des plus dangereuses qui puissent exister dans la société.
En ce qui concerne les richesses et les efforts qu’ils appellent les biens et les services, il faut noter
que les gens s’efforcent à les acquérir pour en tirer profit et les échanges qui en résultent établissent
automatiquement des relations entre les gens et définissent la société. Aussi est-il indispensable de
prendre en compte ce que va être la société aussi bien globalement que dans les détails, lorsqu’on
étudie les ressources et les besoins. Le fait de se préoccuper de la matière économique en termes de
satisfaction de besoins sans se soucier de ce que devrait être la société, est une séparation entre les
produits économiques et les relations qui en découleront dans la société. Cela est contraire à la
nature des choses. Pour cette raison, il est erroné de considérer une chose comme étant bénéfique
simplement parce qu’il existe des individus qui en veulent, qu’elle soit par sa nature bénéfique ou
néfaste pour eux, ou qu’elle ait une influence sur les relations entre les gens ou non, et qu’elle soit
licite dans la croyance de la société ou illicite. Il faut plutôt ne qualifier les choses de bénéfiques que
si elles sont réellement bénéfiques compte tenu de ce que la société devrait être. Ainsi, il est faux de
considérer le haschich, l’opium et les produits semblables comme bénéfiques et leur attribuer une
valeur économique, simplement parce que des individus les désirent. Il est donc absolument
nécessaire, de prendre en compte la répercussion qu’aura un produit sur les relations au sein de la
société, lorsqu’on étudie son l’utilité, c’est-à-dire lorsqu’on veut déterminer si oui ou non le produit a
une valeur économique. En d’autres termes, il est indispensable de considérer une chose en fonction
de ce que la société devrait être et non pas restreindre l’analyse juste à la chose telle qu’elle est, en
fermant les yeux sur ses conséquences sociales.
En incluant le problème de la satisfaction des besoins dans celui des moyens de leur satisfaction, et
en regardant ces moyens uniquement comme répondant à des besoins, les économistes se sont
concentrés sur la production des richesses plus que sur leur distribution pour satisfaire effectivement
les besoins. Le problème de la distribution est devenu secondaire. Le système économique
capitaliste vise un seul objectif : augmenter la richesse globale du pays. Il travaille pour atteindre le
plus haut niveau de production possible. Pour les capitalistes l’acquisition du niveau de bien être le
plus élevé des individus passe par l’augmentation du revenu national en élevant la production du
pays, et en donnant aux individus la possibilité de prélever de la richesse au travers de la liberté qu’ils
ont de travailler pour produire et posséder la richesse. Le rôle de l’économie n’est donc pas celui de


                                                    10
satisfaire les besoins des individus et de faciliter la satisfaction des besoins de chaque membre de la
société mais essentiellement celui d’augmenter les moyens de satisfaction des besoins individuels. Il
s’agit, en d’autres termes de chercher à satisfaire les besoins de la communauté prise globalement en
élevant le niveau de production et en augmentant le revenu national du pays. La disponibilité de ce
revenu national est sensée entraîner automatiquement sa distribution parmi les individus, grâce à la
liberté de propriété et la liberté de travail. Il est donc laissé aux membres de la société d’obtenir ce
qu’ils peuvent de la richesse du pays, chacun selon ce qu’il détient comme facteurs de production,
que tous soient satisfaits ou seulement une partie d’entre eux.
Nous venons de voir l’économie politique, autrement dit l’économie capitaliste. Elle est
manifestement fausse, et loin d’être conforme à la nature des choses. Elle ne conduit pas à
l’amélioration du niveau de vie de tous les individus, et ne satisfait pas les besoins vitaux de chaque
individu. L’erreur dans cette conception des choses est que les besoins qui demandent à être
satisfaits sont des besoins individuels, ce sont des besoins humains. Il s’agit des besoins de Jean, de
Marie, de Hassan et non pas ceux d’un g         roupe d’individus, de pays ou de peuples. Celui qui
s’efforce à satisfaire ses besoins c’est l’individu, que la satisfaction puisse s’obtenir directement à
l’échelle individuelle, comme le besoin de manger, ou qu’elle soit liée à l’ensemble de la
communauté, comme la défense de la nation. Pour cela, le problème économique devrait être en
réalité basé sur la distribution des moyens de satisfaction des besoins à l’individu, autrement dit, sur
la distribution des richesses et des profits à chaque membre de la nation, et non pas sur les besoins
qu’éprouve l’ensemble de la nation sans tenir compte des besoins de chaque individu pris isolément.
En d’autres termes, le vrai problème c’est la pauvreté qui atteint l’individu et non pas la pauvreté qui
atteint la nation. Ainsi, la préoccupation du système économique doit être uniquement celle de
satisfaire les besoins vitaux de chaque individu et non pas d’entreprendre des recherches sur la
production de la matière économique.
Dès lors, l’étude des facteurs qui influencent le volume de la production nationale n’est pas un sujet
de recherche pertinent pour la satisfaction complète de l’ensemble des besoins essentiels de chaque
individu pris isolément. Mais le véritable sujet de recherche dans ce sens consiste à étudier les
besoins essentiels l’homme en tant qu'être humain, étudier la distribution de la richesse à chaque
membre de la société de manière à garantir la satisfaction de tous ses besoins essentiels. C’est ce
sujet là qu’il faudrait traiter avant toute chose. En effet, résoudre le problème de la pauvreté du pays
ne résout pas le problème de chaque individu. Par contre, le fait de combattre la pauvreté des
individus et de distribuer la richesse du pays parmi eux, les encourage à travailler pour augmenter le
revenu national. Quant à l’étude des facteurs qui influencent la taille de la production et
l’accroissement du revenu national, c’est dans le cadre de la science économique qu’elle devrait être
entreprise, c’est-à-dire dans le cadre de la recherche sur la matière économique et son
augmentation, mais pas dans l’étude de la satisfaction des besoins humains qui est l’objet du système
économique.


Nous rappelons que selon les capitalistes la base du problème économique qui se pose à la société
est la rareté relative des biens et des services par rapport aux besoins. Ils affirment que compte tenu
des besoins sans cesse croissants des individus, les ressources sont insuffisantes pour satisfaire
complètement les besoins de l’homme. D’où le problème économique. C’est une erreur et ne
concorde pas avec la réalité. En effet, les besoins qui nécessitent absolument d’être satisfaits sont
uniquement les besoins vitaux de l’individu en tant qu'être humain, et non les besoins secondaires ou
de luxe, bien que l’homme s’efforce à satisfaire même ses besoins de luxe. Les besoins vitaux sont


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limités et les ressources et les efforts qu’ils appellent les biens et les services existants dans le monde
sont certainement suffisants pour satisfaire les besoins vitaux de l’homme ; il est possible de satisfaire
complètement tous les besoins vitaux de l’humanité. Il n’existe donc pas de problème au niveau des
besoins essentiels qui mérite d’en faire le problème économique posé à la société. Le problème
économique c’est plutôt de distribuer les ressources existantes à chaque individu pour satisfaire
totalement l’ensemble de ses besoins vitaux, et de l’aider à satisfaire ses besoins de luxe.
Les besoins croissants
En ce qui concerne les besoins qui se renouvellent et augmentent sans cesse, il ne s’agit pas des
besoins vitaux, car les besoins essentiels de l’homme en tant qu'être humain n’augmentent pas, c’est
uniquement les besoins secondaires qui peuvent s’accroître et se renouveler. L’accroissement des
besoins dû au progrès de la vie urbaine relève uniquement des besoins secondaires. Bien que
l’homme travaille pour les satisfaire, leur insatisfaction ne constitue pas un problème. Ce qui pose un
problème c’est la non-satisfaction des besoins vitaux. De plus, la question de l’augmentation des
besoins secondaires concerne une communauté vivant dans un pays donné et non chaque individu de
ce pays. Cette question est résolue par l’impulsion naturelle qu’a l’homme à rechercher à satisfaire
ses besoins. Avec l’accroissement des besoins secondaires, cette impulsion le pousse à travailler
d’avantage pour subvenir aux nouveaux besoins en exploitant les ressources de son pays, en initiant
une activité professionnelle dans un autre pays, en rejoignant un nouveau pays par l’extension des
activités ou la fusion avec des entreprises locales. Cette question est bien différente du problème de
la satisfaction complète des besoins vitaux de chaque membre de la société. En effet, le problème de
la distribution de la richesse à chacun des individus de la société pour satisfaire totalement ses
besoins vitaux et l’aider à répondre à ses besoins secondaires, est un problème qui relève de la
vision du monde et, il est donc propre à une Nation donnée, ou une idéologie déterminée. Par
contre, la question de l’accroissement du revenu national par l’augmentation de la production
concerne la situation réelle du pays, du point de vue de connaissances pratiques permettant
d’accroître la richesse, que ce soit par l’exploitation des ressources du pays, par l’émigration,
l’extension ou la fusion. Ce problème d’accroissement des richesses relève directement de la réalité
et concerne chaque être humain. Il s’agit d’un problème général qui n’est pas lié à une vision du
monde particulière, ni à une nation spécifique, ni à une idéologie déterminée.
Les principes économiques qui doivent être appliqués sont ceux qui garantissent la distribution de la
richesse intérieure et extérieure du pays à tous les individus de la Nation, de manière à garantir la
satisfaction complète de l’ensemble de leurs besoins essentiels, et de permettre ensuite à chacun
d’entre eux de réaliser ses besoins secondaires. Quant à l’élévation du niveau de la production, c’est
un problème qui nécessite des recherches scientifiques et le fait de le traiter dans le cadre du système
économique ne résout pas le problème économique de base, à savoir, la satisfaction complète de
l’ensemble des besoins vitaux de chaque citoyen, individuellement. En effet, l’augmentation de la
production conduit à l’élévation du niveau de richesse du pays, mais elle ne conduit pas à la
satisfaction totale de tous les besoins essentiels de chaque individu. Il se peut qu’un pays soit riche
de part sa production comme l’Irak et l’Arabie Saoudite par exemple, mais que l’ensemble des
besoins vitaux de la majorité de ses citoyens ne soient pas complètement satisfait. Ce qui montre
bien que l’accroissement de la production ne résout pas le problème économique de base qui
pourtant doit absolument être résolu avant toute chose. Nous rappelons qu’il s’agit de satisfaire tout
d’abord complètement l’ensemble des besoins de base de tous les individus, individuellement, et de
les aider ensuite à satisfaire leurs besoins secondaires. Il ressort de ce qui précède que la pauvreté et
la privation à combattre, c’est la non-satisfaction des besoins vitaux de l’homme en tant qu'homme,


                                                    12
et non celle des besoins qui se renouvellent avec le degré d’urbanisation. Ce qui est recherché c’est
résoudre le problème de pauvreté et de privation de chaque individu de la société, individuellement
et non pas celui de la pauvreté et de la privation qui affectent le pays. Le problème de la pauvreté et
de la privation ainsi compris ne se résout pas par l’augmentation de la production, mais plutôt par le
mode de distribution de la richesse à l’ensemble des individus individuellement, de sorte que chacun
puisse satisfaire complètement tous ses besoins fondamentaux et être aidé pour faire face à ses
besoins secondaires.


Le système économique capitaliste considère la valeur comme chose relative et non réelle, elle est
donc fictive selon eux. Ainsi la valeur d’un mètre d’étoffe en laine est sa valeur marginale en période
de disponibilité sur le marché. Elle est aussi la quantité de biens et de services pouvant être obtenue
en échange de cette étoffe. Cette valeur devient le prix si le bien reçu en échange est de la monnaie.
Ces deux valeurs sont distinctes selon eux, et portent deux noms différents. La première étant
appelée profit ou utilité, et la seconde valeur d’échange. Cette conception de la valeur incluant une
distinction est inexacte car, la valeur de tout bien est la quantité de profit qu’il contient en prenant en
compte le critère de la rareté. Ainsi, l’évaluation exacte de tout bien consiste à considérer l’utilité
qu’il présente en tenant compte de sa rareté, que ce soit par rapport à une personne ou à un autre
bien et, que ce bien soit possédé par l’homme initialement, comme la chasse, ou obtenu par échange.
Par conséquent la valeur est un signifiant correspondant à un signifié bien définit, ayant une réalité
spécifique et non un terme désignant une chose fictive pouvant être appliqué à un signifié sous
certaines hypothèses et ne pas l’être sous d’autres. La valeur est donc une chose réelle et non
relative. Il s’en suit que la conception de la valeur que se font les économistes capitalistes est fausse
dès sa base.
Ce qui est appelé ‘’valeur marginale’’ est en fait une estimation conçue pour concentrer la
production sur les conditions les plus défavorables de distribution des produits. Ainsi l’estimation de
la valeur des produits est basée sur la limite la plus basse de telle sorte que la production se fasse
dans des conditions garantissant la distribution. L’utilité marginale n’est pas réellement une valeur du
produit, ni même son prix car, la valeur d’un produit s’estime par la quantité de profit qu’il renferme
au moment de l’évaluation en prenant en compte l’élément de sa rareté à ce moment. Cette valeur du
produit ne diminuera pas si son prix baisse par la suite, il n’augmentera pas non plus avec une hausse
du prix car, elle est considérée au moment de l’évaluation. La théorie de l’utilité marginale est donc
une théorie pour le prix mais pas pour la valeur. Or, il y a une différence entre le prix et la valeur,
même chez les capitalistes. Ce qui détermine l’estimation du prix c’est l’abondance de la demande
accompagnée d’une insuffisance de l’offre ou l’abondance de l’offre accompagnée d’une demande
insuffisante. C’est une question liée à l’augmentation de la production et non à sa distribution. Alors
que ce qui intervient dans la définition de la valeur d’un bien c’est la quantité de profit qu’il renferme
en tenant compte de sa rareté sans que celle-ci soit une composante de l’évaluation.


Il découle de ce qui précède que l’étude de la valeur chez les capitalistes est fausse dès sa base, et
toute recherche qui s’appuie sur elle est également fausse, le concept de base étant lui-même faux.
Cependant, si la valeur d’un bien ou d’un service était estimée par son utilité ou l’effort investi alors
elle serait une estimation correcte pouvant rester stable sur le court terme. Si, par contre, l’estimation
de la valeur se base sur le prix, alors elle sera fictive et susceptible de changer à tout moment en
fonction du marché. Dès lors, elle perd sa qualité de valeur, et le terme valeur devient impropre


                                                    13
pour la désigner. Il ne s’agira plus que d’un moyen permettant de gagner de l’argent en fonction du
marché et non selon ce que renferme le bien comme utilité.


Les économistes capitalistes affirment que le profit est le résultat des efforts consentis par l’homme.
Aussi, si la récompense n’est pas égale au travail, alors le niveau de production chutera sans aucun
doute. Ce qui les amène à considérer que la méthode idéale pour distribuer la richesse est celle qui
garantie la possibilité d’atteindre le plus haut niveau de production. Eh bien, nous allons montrer que
tout cela est complètement faux. En effet, la réalité tangible est que la source première de l’utilité
dans tout bien est la richesse que Dieu a crée dans l’univers. Ce sont les dépenses consenties pour
améliorer ou initier l’utilité de cette richesse, ajoutées au travail qui la mette sous une forme procurant
une utilité donnée. Par conséquent, considérer le profit comme étant le résultat des seuls efforts est
une erreur, car cela est contraire à la réalité. C’est une méconnaissance de l’importance de la matière
première et des autres dépenses ayant permis d’augmenter le profit. Ces dépenses pourraient être
une compensation de la matière première mais pas de l’effort. Donc, le profit peut être le résultat de
l’effort, le résultat de l’existence d’une matière première, ou des deux à la fois, mais il n’est pas le
résultat du seul effort humain.
Quant à la chute du niveau de la production, il ne résulte pas uniquement de l’inégalité entre la
récompense et le travail, elle peut résulter de cela, mais elle peut aussi résulter d’une baisse générale
de la richesse du pays, tout comme elle peut être la conséquence d’une guerre ou d’autres crises.
Par exemple le déclin de la production qui s’est produit en France et en Angleterre après la
deuxième Guerre mondiale n’a pas été dû à une inégalité entre la récompense et le travail, mais de la
rupture de leur influence sur leurs riches colonies et de leur implication dans la guerre. De même, la
chute de la production des États Unis durant la deuxième Guerre mondiale n’a pas eu pour cause
l’inégalité entre la récompense et le travail, mais à son intervention dans la guerre contre l’Allemagne.
La crise de la production dans le monde musulman aujourd’hui n’est pas due à une différence qui
existerait entre la récompense et le travail mais résulte de la crise intellectuelle dans laquelle patauge
la nation islamique dans sa totalité. Cela montre bien que l’inégalité entre la récompense et le travail
n’est pas la seule cause de la chute de la production. Il est donc incorrect de partir de là pour
déduire que la méthode idéale est celle qui garantie l’élévation du niveau de production. De plus,
atteindre le niveau de production le plus élevé n’a aucun rapport avec le problème de la distribution
des richesses à tous les individus.


Les capitalistes affirment par ailleurs que le prix est le moteur de la production car ce qui pousse
l’homme à fournir tout effort c’est la contrepartie matérielle qu’il escompte. Cette affirmation est
inexacte et contraire à la réalité. En effet, il existe de nombreux cas où l’homme dépense ses forces
pour un idéal tel que la quête de la gloire, ou spirituel comme l’espoir de gagner des récompenses
divines ou encore éthique comme l’honnêteté. Les besoins de l’homme peuvent donc effectivement
être matériels sous forme de profit matériel, mais ils peuvent aussi être spirituels ou moraux. Par
conséquent il est erroné de restreindre les besoins aux seuls besoins m      atériels. Il peut arriver que
l’homme dépense plus généreusement son argent ou son effort pour la satisfaction de ses besoins
spirituels ou moraux qu’il ne le ferait pour ses besoins matériels. D’où, le prix n’est pas l’unique
facteur qui pousse à la production ; ce peut être le prix mais ce peut aussi être autre chose. En effet,
n’a-t-ont jamais vu un tailleur de pierre passer des mois à travailler laborieusement pour la
construction d’une mosquée, ou une usine consacrer plusieurs jours de production au profit des


                                                    14
pauvres, ou encore une nation travailler pour mettre en place une infrastructure pour défendre son
territoire. Alors toutes ces sortes de production sont-elles motivées par le prix? De plus, la
contrepartie matérielle elle-même ne se limite pas au prix puisqu’elle peut être un autre bien ou
service. Donc faire du prix le seul moteur de la production est absolument inexact.
Un des points les plus étranges du système capitaliste est le fait qu’il considère le prix comme
l’unique critère de la distribution des richesses parmi les membres de la société. Ils disent que le prix
est le facteur qui contraint l’homme à s’arrêter de posséder et de consommer à une limite
proportionnelle à ses revenus, restreignant la consommation de chaque individu à ce que permettent
ses revenus. En conséquence, par la hausse du prix de certains produits et la baisse d’autres et par la
disponibilité de l’argent chez certains et sa non-disponibilité chez d’autres, le prix régule la
distribution de la richesse parmi les consommateurs. Il en résulte que la part de chaque individu dans
la richesse du pays n’est pas selon ses besoins vitaux mais égale à sa contribution dans la production
des biens et des services, c’est-à-dire qu’elle est égale à ce qu’il possède comme terre ou capital, ou
encore à l’effort qu’il aura déployé au travail.
Par cette règle, qui consiste à faire du prix le régulateur de la production, le système économique
capitaliste a clairement décidé que l’homme ne mérite la vie que s’il est capable de contribuer à la
production des biens et des services. Quant à celui qui est incapable de participer à la production
parce qu’il est né faible, ou qu’il a été victime d’un handicap quelconque, alors il ne mérite pas la vie
car, il ne mérite pas de prélever à la richesse du pays ce dont il lui faut pour satisfaire ses besoins
vitaux. De même, toute personne ayant plus de possessions par un moyen ou un autre, parce qu’elle
est née physiquement plus forte, ou intellectuellement plus apte aura droit de consommer plus qu’elle
n’en a besoin et de dominer les autres. Celui dont l’attrait pour le matériel est plus forte possédera
plus que les autres, tandis que celui dont le penchant spirituel est plus prononcé et dont l’attachement
à des valeurs morales est plus fort aura moins que les autres du fait de son respect de contraintes
morales ou spirituelles durant la quête de la richesse.
Cela écarte les valeurs spirituelles et éthiques de la vie et la rend purement matérielle. La vie devient
basée sur un combat matérialiste dont le but est de gagner les moyens permettant de satisfaire les
besoins matériels. C’est ce qui se passe réellement dans les pays qui adoptent le système capitaliste
et ceux qui l’appliquent. Il est apparu dans les pays qui ont adopté le capitalisme comme système
économique, la domination des monopoles capitalistes, les producteurs imposant leurs lois aux
consommateurs. Un petit groupe de personnes comme les propriétaires des sociétés d’exploitation
de pétrole, de fabrication automobile et des industries lourdes, en sont venus à régner littéralement
sur la masse de consommateurs leurs imposants des prix déterminés pour les biens. Ce qui a conduit
à certaines tentatives de colmatage du système. Ainsi, ils ont donné à l’État le droit d’intervenir pour
fixer le prix dans certaines circonstances afin de préserver l’économie nationale, protéger les
consommateurs, réduire la consommation de certains produits et, ce faisant, limiter l’autorité des
monopoles.


Raccommodages
Ils ont par ailleurs inclus dans l’organisation de la production, des projets publics dirigés par l’État.
Cependant, toutes ces raccommodages, déjà en contradiction avec la base même du système
capitaliste - qui est la liberté de propriété -, ne sont appliquées que dans des circonstances très
limitées. De plus, de nombreux capitalistes, tels que les partisans des courants individualistes récusent
cet interventionnisme de l’État et le rejettent. Ces derniers estiment que le mécanisme du prix suffit à


                                                   15
lui seul pour réaliser l’harmonie entre les intérêts des producteurs et ceux des consommateurs sans
aucun besoin d’une quelconque intervention de l’État.
Comme nous l’avons dit les raccommodages préconisées par les interventionnistes ne s’appliquent
que dans des circonstances et conditions bien déterminées, mais même dans le cas de leur
application, la distribution de la richesse ne satisfait pas les besoins de tous les membres de société
individuellement et de manière complète.
La mauvaise distribution des biens et des services qui résulte du concept de la liberté de propriété et
du concept qui fait du prix le seul outil de distribution de la richesse, prédomine dans toute société
qui applique le système économique capitaliste. En ce qui concerne l’Amérique, où, à un moment
donné, chaque citoyen avait pu prélever de la richesse nationale de quoi satisfaire complètement ses
besoins vitaux et une partie de ses besoins secondaires, cela a été dû à l’abondance des richesses
dans le pays. Mais, cela n’était nullement le résultat de l’égalité de la part de chacun avec sa
contribution dans la production des biens et des services. Par ailleurs, le fait de considérer le prix
comme l’unique régulateur de la distribution a conduit les monopoles capitalistes à sortir de leur pays
pour conquérir de nouveaux marchés pour acquérir la matière première et écouler leurs produits.
Tout ce dont souffre le monde en terme de colonisation, de zones d’influences et d’invasion
économique n’est que le résultat de ces monopoles et de celui de l’utilisation du prix comme outil de
distribution des ressources. Ainsi toutes les ressources de la terre vont être rassemblées sur cette
base pour être mises entre les mains des monopoles capitalistes. Tout cela est dû aux règles et
principes erronés sur lesquels a été construit le système économique capitaliste.



4. Le système économique socialiste (et communiste)

4.1 Particularités du système économique socialiste
Le système économique socialiste dont le communiste est l’opposé du système économique
capitaliste. La plupart des idées socialistes sont apparues au dix-neuvième siècle. Les socialistes ont
combattu vigoureusement les idées des courants libéraux, et donc le système économique capitaliste.
La puissante apparition du socialisme est due à la flagrante injustice du capitalisme dont la société a
souffert ainsi qu’aux nombreuses erreurs et inadéquations de ce système. Si l’on examine les écoles
de pensées socialistes, il ressort qu’elles partagent trois thèmes qui les distinguent des autres écoles
de pensée économiques:


1. La réalisation d’une certaine forme d’égalité
2. Abolition complète ou partielle de la propriété privée
3. Organisation de la production des biens et services par l’intermédiaire de l’ensemble de la
   population.


Cependant, malgré leur entente sur ces points, ils diffèrent fondamentalement les uns des autres sur
plusieurs autres points dont nous rappelons les plus importants dans ce qui suit.




                                                   16
4.2 Divergences entre les courants socialistes



4.2.1 Forme finale de l’égalité
Les écoles de pensée socialistes diffèrent sur la forme finale de l’égalité qu’ils visent à réaliser. Un
premier groupe préconise l’égalité arithmétique, ce qui signifie égalité dans tout bien profitable, ainsi à
chacun est donné ce qui est donné à l’autre.
Un autre groupe suggère la forme communiste de l’égalité qui consiste à prendre en compte l’habilité
de chacun lors de la distribution du travail, et à considérer les besoins de chacun au moment de la
distribution de la production. Selon eux l’égalité est réalisée lorsque le principe suivant est respecté :
chacun est demandé suivant ses forces ou son habileté dans le travail qu’il effectue, à chacun est
donné suivant ses besoins. Ce principe se résume en : ‘’De chacun selon ses capacités, à chacun
selon ses besoins’’.
Un troisième groupe adopte l’égalité en termes de moyens de production puisque les ressources ne
sont pas suffisantes pour satisfaire les besoins de tous les individus. Ainsi, la base de la distribution
est : ‘’De chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail’’. Ils estiment que l’égalité est
réalisée lorsque tout le monde dispose de moyens de production similaires.

4.2.2 Part de propriété privée à abolir
Les écoles de pensée socialistes diffèrent dans la quantité de ce qu’il faut abolir comme propriété
privée.
Un groupe adopte l’abolition complète de la propriété privée, c’est le communisme.
Un autre préconise l’abolition de la propriété privée relative aux ressources productives appelées
capital, tels que la terre, les usines, les chemins de fer, les mines, etc. Ils empêchent donc la
possession de tout bien utilisé pour la production. Ainsi, l’on ne peut pas posséder une maison à
louer, une usine ou une terre. Mais l’on peut garder la propriété individuelle des biens
consommables. Il est donc permis aux gens de posséder tout ce qu’ils consomment. Ainsi ils ne
peuvent posséder une maison que pour y habiter, et posséder ce que la terre ou les usines
produisent. Ceci est le capitalisme socialiste.
Un troisième groupe ne réclame pas l’abolition de la propriété privée à l’exception de ce qui relève
des terres agricoles. C’est le socialisme agricole.
Un quatrième groupe estime que chaque cas où l’intérêt public exige le passage de la propriété
privée à la propriété publique, doit être étudié. Ils appellent à la restriction du nombre de
propriétaires privés dans plusieurs domaines, en instituant des lois concernant la limite maximale de
l’intérêt, les limites de locations, des salaires minimums et en attribuant aux travailleurs des parts dans
le capital. Ceci est appelé socialisme d’État.



4.2.3 Moyens d’atteindre leurs objectifs
Les écoles de pensée socialistes diffèrent également en terme des moyens qu’ils adoptent pour
atteindre leurs objectifs. Le socialisme révolutionnaire compte sur la libération de la force ouvrière
par ce qu’il appelle action directe, c’est-à-dire par l’effort des ouvriers eux-mêmes, comme les


                                                    17
grèves illimitées, la destruction des machines et la propagation des idées de grèves générales parmi
les ouvriers. Par l’empressement à réaliser ces grèves illimitées jusqu’au moment où ils seront
capables d’appliquer leurs exigences, les processus économiques sont paralysés et le système
économique en place est démoli. Les socialistes marxistes quant à eux, croient à la loi naturelle de
l’évolution dans la société, et sont confiants qu’elle est suffisante à elle seule pour détruire le système
en place et le remplacer par un nouveau système qui sera établi sur le socialisme. Quant aux
partisans du socialisme d’État, le moyen d’appliquer leurs idées est la voie législative. Ainsi, en
mettant en place des lois canons, ils garantissent la préservation de l’intérêt public et l’amélioration
des conditions de la force ouvrière. De plus, en prélevant des taxes, en particulier sur le capital et
l’héritage, il y aura une réduction de la disparité entre les propriétés.

4.2.4 Structures administratives
Les courants de pensée socialistes se distinguent par la structure nécessaire pour administrer les
projets dans le système socialiste. Par exemple, les capitalistes socialistes veulent attribuer
l’organisation de l production et la distribution au gouvernement (l’État). Tandis que les syndicats
                   a
veulent assigner la gestion à un groupe organisé d’ouvrier dirigé par leurs chefs.

4.3 Conception de la valeur
Les plus célèbres et les plus influentes des théories socialistes sont celles de l’allemand Karl Marx.
Ses théories ont dominé le monde socialiste. C’est sur elles que le parti communiste et l’Union
Soviétique étaient établis. Elles ont encore une grande influence aujourd’hui.
Une des théories les plus connues de Karl Marx est la théorie de la ‘’valeur’’ qu’il a pris des
penseurs capitalistes, et sur laquelle il a attaqué le capitalisme. Adam Smith, qui est considéré comme
le fondateur de l’école libérale en Angleterre et celui qui a posé les bases de l’économie politique,
c’est-à-dire le système économique capitaliste, a définit la valeur en disant : ‘’ la valeur de tout bien
dépend de la quantité d’effort dépensé dans sa production’’.
Ainsi, la valeur d’un bien dont la production nécessite 2 heures aura une valeur double de bien dont
la production ne demande qu’une heure. Ricardo est venu par la suite convoiter dans sa théorie du
travail lorsqu’il a défini la valeur en disant : ‘’Ce qui détermine la valeur d’un bien n’est pas seulement
la quantité de travail investie directement dans sa production, mais aussi le travail réalisé dans le
passé pour la production des outils et les machines utilisées dans le processus de la production’’.
Cela signifie que Ricardo croit que la valeur d’un produit dépend des dépenses consenties dans sa
production. Il traduit ces dépenses par un élément qui est le travail.
Après cela, Karl Marx prendra la théorie de Ricardo concernant la conception de la valeur dans le
système économique capitaliste comme une arme pour attaquer le concept de la propriété privée et
le système économique capitaliste tout entier. Il affirme que la seule source de valeur d’un bien est le
travail effectué pour sa production, et les propriétaires paient l’énergie des travailleurs à un prix qui
ne dépasse pas la limite juste nécessaire pour les maintenir en vie et leur permettre de continuer à
travailler. Le financier exploite donc leur énergie en produisant des biens dont la valeur dépasse de
loin celle qui leur est payée. Karl Marx appelle la différence entre la valeur que produit l’ouvrier et
celle qui lui est réellement payée la ‘’plus-value’’. Il a donc considéré que cette plus-value représente
ce que les propriétaires et les employeurs usurpent des droits des travailleurs sous forme de revenus,
de profits et d’intérêt dont naturellement il ne reconnaît pas la légalité.




                                                    18
Karl Marx a estimé que les écoles socialistes qui ont existé avant lui devaient leur succès à l’amour
de la justice et la volonté de défendre l’oppressé qui sont innés chez l’homme. Ces écoles adoptaient
de nouvelles méthodes qu’elles considéraient applicables à la société, puis les présentaient aux
gouvernants, aux propriétaires et aux intellectuels pour les inciter à mettre ces méthodes en
application. Karl Marx, lui, n’a pas construit son école de pensée sur cette procédure, ni adopté
leurs méthodes. Il l’a établi sur une idée philosophique connue sous le nom de ‘’matérialisme
historique’’, également désigné par la ‘’théorie dialectique’’. Selon lui, l’instauration d’un nouveau
système dans la société se fera par l’effet des seules lois économiques conformément à la loi de
l’évolution qui existe dans la société. Tout cela sans l’intervention de qui que ce soit pour légiférer ou
réformer. Le socialisme de Karl Marx a été appelé ‘’socialisme scientifique’’, pour le distinguer des
autres méthodes socialistes qui l’ont précédé et qui ont été désigné sous le nom de ‘’socialisme
idéaliste’’. La théorie socialiste de Karl Marx se résume comme suit :
Le système qui anime la société à chaque époque est le résultat de la situation économique. Les
changements qui affectent ce système sont tous dus à une seule raison qui est la lutte des classes
pour améliorer leur situation matérielle. L’histoire nous montre que cette lutte finit toujours par le
même résultat qui est la victoire de la classe la plus nombreuse et dont la plus pauvre sur la classe la
plus riche et la plus petite en nombre. Il appelle cela la loi de l’évolution sociale. Elle s’applique aussi
bien à l’avenir qu’au passé. Dans le passé cette lutte des classes existait entre les hommes libres et
les esclaves, ensuite entre les nobles et les hommes du commun, puis entre les nobles et les paysans,
de même entre les maîtres de jurande et les compagnons. La lutte finit toujours par la victoire de la
classe opprimée, majoritaire, sur la classe oppressive, minoritaire. Après sa victoire la classe
opprimée se transforme en une classe oppressive et conservatrice.
Depuis la révolution française, la lutte existe entre la bourgeoisie et la classe des travailleurs. La
première classe est devenue la maîtresse des projets économiques, la propriétaire du capital et
conservatrice. En face d’elle se dresse la classe des travailleurs qui ne possède rien du capital mais
qui est numériquement plus grande. Il y a donc un conflit d’intérêt entre ces deux classes, et il est dû
à des raisons économiques.
Le système de production aujourd’hui ne marche plus avec le système de propriété. La production
n’est plus individuelle, c’est-à-dire réalisée par une seule personne comme c’était le cas dans le
passé ; mais elle est devenue collective, c’est-à-dire partagée entre plusieurs individus. Cependant, la
propriété n’a pas changé en conséquence. Ainsi, la propriété individuelle a perduré et elle est encore
la base du système en cours dans la société actuelle. En conséquence, la classe ouvrière qui participe
à la production n’est pas associée à la propriété du capital et se retrouve à la merci des capitalistes
(les propriétaires du capital) qui, de surcroît, ne participent pas en personne à la production. Alors
qu’ils exploitent les ouvriers en ne les payant qu’un salaire de survie et les ouvriers sont contraints
d’accepter ce salaire puisque leur unique source de revenu est leur travail. La différence entre la
valeur du produit et le salaire ouvrier - que Marx appelle ‘’plus-value’’- constitue le profit que
monopolise le capitaliste alors que la justice veut qu’il la partage avec les travailleurs.
Par conséquent, le conflit continuera entre les deux classes jusqu’à ce que le système de propriété
soit conforme au système de production, c’est-à-dire lorsque la propriété devient socialiste ou
collective. Ce combat finira par la victoire de la classe ouvrière conformément à la loi de l’évolution
de la société, puisque c’est la classe opprimée et numériquement la plus importante.
Quant à la manière dont la classe ouvrière vaincra et les causes de sa victoire, la loi de l’évolution de
la société en donne l’explication. L’ordre social en place porte en lui les racines du groupe à venir et


                                                    19
disparaîtra par l’effet des lois économiques auxquelles il obéit. Il est arrivé un moment où la classe
moyenne a eu la victoire sur la classe des nobles et a joué un rôle important dans l’économie
puisqu’elle était alors propriétaire du capital. Cependant, aujourd’hui, son rôle est terminé et le
moment est arrivé pour elle de céder la place à la classe ouvrière. Ce qui le contraint à cela c’est la
loi de la ‘’concentration’’ et le jeu de la libre compétition. Par l’effet de la ‘’loi de la concentration’’,
le nombre de capitalistes diminue, et le nombre d’individus de la classe ouvrière augmente. Par l’effet
de la ‘’libre compétition’’, la production dépasse toute limite, et la quantité produite dépasse ce que
les consommateurs, membres de la classe ouvrière peuvent acheter avec leur faible salaire. Cela
conduit à des crises entraînant certains à perdre leur capital et rejoindre ainsi dans la classe ouvrière.
Avec l’évolution du processus, les crises s’intensifient, leur fréquence augmente et, le nombre de
capitalistes diminue progressivement. Alors il ne sera plus loin le moment où une crise beaucoup plus
importante que toutes les précédentes surviendra. Elle sera d’une telle ampleur qu’elle détruira les
piliers du système économique capitaliste, et le socialisme s’établira sur les ruines du capitalisme.
Marx voit dans l’avènement du socialisme l’étape ultime de l’évolution historique, car il détruit la
propriété privée, et par conséquent il n’existera plus de raisons pour provoquer des conflits entre les
classes sociales puisqu’il n’y aura plus de différence entre elles.
La loi de la concentration à laquelle Marx fait référence fait partie du système économique
capitaliste. En résumé, il y a une migration du capital de certains projets vers d’autres, de sorte que
certains augmentent tandis que d’autres diminuent. Tout cela constitue des signes annonciateurs
d’une concentration dans la production. Si vous comptez le nombre de projets dans un secteur de
production industrielle, les usines de chocolat par exemple, vous trouverez que le nombre de projet
diminue graduellement avec le temps, alors que la moyenne de la force de travail mise en oeuvre par
projet augmente. Ce qui prouve qu’il y a eu concentration dans ce secteur de production, puisque les
unités de production de grande taille remplacent progressivement les petites. Ainsi, si le nombre
d’usines était de dix par exemple, il ne sera plus que de quatre ou cinq grandes usines et les autres
auront disparu.
Quant à la libre compétition évoquée par Marx, cela exprime le principe de la liberté du travail, ce
qui signifie que chaque individu a le droit de produire ce qu’il veut comme il veut.


Pour ce qui est des crises économiques mentionnées dans ses propos, elles s’appliquent à toute
perturbation brusque affectant la balance économique. La crise spécifique comprend toutes sortes de
crises qui s’abattent sur un secteur particulier, du fait du déséquilibre entre la production et la
consommation. Cela se produit soit à cause d’une surproduction, soit à cause d’une
surconsommation ou d’une sous-consommation.
La crise générale périodique, apparaît sous la forme d’une violente agitation qui secoue les piliers du
système économique tout entier. Elle devient alors le point de séparation entre la période de plein
essor économique et celle de la dépression. Chacune de ces deux périodes dure entre trois et cinq
ans. Les crises générales périodiques ont des caractéristiques particulières qui les distinguent des
autres.

4.4 Caractéristiques des crises
La plupart des caractéristiques se retrouvent dans les trois qualités suivantes :




                                                     20
Premièrement, la généralisation, de sorte que dans un pays, la crise atteigne tous les aspects de la
prospérité économique ou au moins la plupart. Elle apparaît d’abord dans un pays et s’y généralise,
puis elle contamine d’autres pays, ceux qui ont réalisé un certain progrès économique et qui sont liés
par des relations permanentes.
La deuxième qualité est la périodicité, dans ce sens qu’elle apparaît après un certain laps de temps
de façon périodique. La durée entre deux crises est comprise entre sept et onze ans. Cette durée
n’est pas fixe, mais elle reste périodique.
La troisième qualité est l’excès de production, de telle sorte que les propriétaires de grandes unités
de production aient une grande difficulté à écouler leurs produits. Ainsi, la production surpasse la
consommation pour la plupart des produits, et, la crise s’installe.
Karl Marx considèrent que la crise conduit à la perte des capitaux de beaucoup de propriétaires qui
gagnent alors les rangs des travailleurs. Ce qui entraîne la diminution du nombre de capitalistes et
l’augmentation de celui des travailleurs, préparant ainsi la société à une crise générale qui détruira
l’ancien système.




5. Critique de l’économie socialisme

5.1 De la question de l’égalité
Il ressort de ce bref résumé du socialisme, et du communisme qui est une de ses formes, que les
écoles socialistes, dont le communisme, travaillent pour l’égalité réelle entre les individus. Cette
égalité s’exprime, selon les tendances, soit en termes de profits, soit en termes de moyens de
production, soit de façon absolue. Chacune de ces types d’égalité n’est que purement imaginaire car
impossible à réaliser dans la réalité. Il s’agit là donc d’une impossibilité pratique. Il en ainsi car
l’égalité envisagée est elle-même irréelle, et donc impossible à mettre en pratique. L’irréalité de cette
égalité s’explique par le fait que les êtres humains, par leur nature innée diffèrent aussi bien sur le plan
physique que mental. De même ils diffèrent en termes de satisfaction de leurs besoins. D’où
l’impossibilité de réaliser une égalité entre eux. En effet, même si on leur distribue, par force, la même
quantité de biens et de services, ils ne pourront pas en tirer profit de façon égale. Par ailleurs, il est
impossible de faire l’égalité entre les gens en termes de quantité de biens, nécessaire pour satisfaire
leurs besoins. Un homme de grande corpulence a habituellement besoin de manger plus qu’une
personne petite. Les besoins secondaires aussi varient largement suivant les individus. Aussi l’égalité
entre les gens n’est-elle qu’une philosophie, purement théorique et imaginaire.

De plus, l’égalité entre les gens elle-même, alors qu’ils n’ont pas les mêmes capacités, est loin de la
justice que les socialistes prétendre essayer de réaliser. Les différences entre les êtres humains en
termes de propriété, de moyens de production sont une réalité inévitable et, cela est tout à fait
normal et naturel. Toute tentative de réaliser l’égalité est vouée à l’échec car elle s’oppose aux
différences naturelles qui existent entre les gens.

5.2 De l’abolition de la propriété
Quant à l’abolition de la propriété privée, elle est contraire à la nature humaine, car le besoin de
posséder est inné en l’homme, c’est une des manifestations de son instinct de survie qui existe en lui



                                                    21
de façon définitive. Ce besoin de posséder fait partie de la nature humaine, c’est une partie intégrante
de son être qui ne saurait lui être dissocié. Il est impossible de l’abolir car c’est instinctif. En effet,
tout ce qui est instinctif en l’homme ne peut lui être enlevé tant qu’il est vivant. Toute tentative
d’abolition de propriété privée est une tentative de suppression d’un instinct naturel et ne mènera
qu’à la désolation et au trouble. Par conséquent, ce qu’il convient de faire c’est organiser les instincts
pour l’intérêt de la société, plutôt que d’essayer de les éliminer.

S’agissant de l’abolition partielle de la propriété, cela peut recouvrir différentes significations qui
méritent d’être précisées.
• Si l’on entend par là, la restriction de la possession par un plafond, alors ce serait une limitation en
    termes de quantité, ce qui est faux car cela reviendrait à limiter l’activité humaine, freiner ses
    efforts et réduire sa production. En empêchant à l’homme de posséder au delà d’un certain
    niveau, il sera effectivement arrêté à cette limite, son activité sera suspendue, et la société sera
    privée du bénéfice de l’activité qu’il aurait pu mener. Les sociétés qui ont appliqué cette
    restriction de la propriété sont inévitablement marquées par un manque de motivation à travailler
    et à être productif. Cependant, si la propriété est limitée à certains produits mais sans limitation de
    la quantité possédée, alors c’est acceptable car cela ne met pas d’obstacle à l’activité de
    l’homme. Cette approche organise la propriété des biens parmi les individus, et permet ainsi
    d’encourager à fournir des efforts et accroître l’activité.
• Si l’abolition partielle signifie empêcher l’individu de posséder certains biens, tandis que d’autres
    biens peuvent être possédés sans aucune limite sur la quantité, là aussi il faut examiner le cas. Si
    l’utilité que recèle le bien ne peut être tirée par un seul individu qu’en privant le public d’en
    bénéficier, alors il est tout à fait normal d’empêcher sa possession par un seul individu. Il s’agit
    dans ce cas de biens dont le profit est par nature commun aux gens, tels que les routes, les jardins
    publics, les fleuves, les mers et autres biens analogues. La restriction est imposée par la nature
    même du bien. Pour cette raison, il n’y a aucun mal à interdire la propriété exclusive par un
    individu de certains biens qui sont d’utilité publique, au cas où cette propriété individuelle
    empêcherait les autres d’en profiter.
• Si la nature du bien ne requiert pas une restriction à sa possession, dans ce cas il faut également
    examiner plusieurs éventualités avant de décider un droit de propriété sans limites. Si le bien est
    directement lié à un bien dont la propriété individuelle est interdite, comme les biens dont la
    source ne peut être possédée de façon privée, tels que l’eau et les immenses ressources
    minérales, alors il n’y a pas de mal à en interdire la propriété privée. Ce qui lie ces deux types de
    biens c’est leur origine commune. Si les biens qui ne sont pas communs par nature ne présentent
    pas un tel lien, alors il ne devrait pas y avoir une restriction à leur possession. Le faire limiterait
    injustement la propriété sans aucune raison. Cela est semblable à la limitation de propriété par la
    quantité et conduit aux mêmes résultats, c’est-à-dire : restriction de l’activité humaine, frein de ses
    efforts, réduction de la production et arrêt de travail, une fois arrivé au seuil imposé.
L’abolition partielle de la possession dont il est question dans le socialisme est une limitation par la
quantité plutôt que par la manière. Elle empêche la possession de certains biens qui par leur nature et
celle de leur origine devraient être possédés de façon individuelle. Le socialisme limite la propriété
soit par la quantité, comme la restriction de la possession des terres dans certaines régions, soit par
certaines caractéristiques comme l’interdiction de propriété des biens qui sont des moyens de
production. Beaucoup de ces biens, par leur nature, pouvaient être possédés par des individus.
L’interdiction de la possession de ces biens est une restriction de l’activité humaine, que ces biens
soient spécifiés, comme l’interdiction du droit d’héritage, la possession des mines, des chemins de


                                                    22
fer, ou d’usines ; ou qu’il soit laissé à l’État le soin d’empêcher la possession d’un bien chaque fois
que l’intérêt public l’exige. Tout cela constitue une limitation à l’activité des individus tant que ces
biens sont empêchés d’être possédé, alors que de par leur nature ils peuvent être possédés par des
individus.


5.3 De l’organisation de la production
En ce qui concerne l’organisation de la production et la distribution par des moyens publics, cela
n’est pas satisfaisant puisqu’elle provoque inquiétude et perturbation parmi les gens, et crée rancoeur
et haine parmi eux, les uns envers les autres. Il en résultat donc de l’anarchie et non de l’organisation.
De plus une organisation ne vient pas naturellement par le cours des choses en laissant les travailleurs
subir l’injustice des propriétaires. En effet, il se peut que ces derniers soient assez habiles pour payer
les travailleurs de quoi satisfaire tous leurs besoins essentiels - comme c’est le cas aux États-Unis par
exemple - de sorte que ceux-ci ne se rendent pas compte de l’injustice commis par les propriétaires
en spoliant le fruit de leurs efforts. Par conséquent, l’évolution sensée réguler la production et la
distribution ne se produira pas d’elle même, et elle ne s’est pas produite dans l’exemple cité. Pour
cette raison, il est indispensable que cette régulation soit mise en place par des lois et des solutions
appropriées, fondées sur une base sûre et définitive qui s’applique bien à la réalité des problèmes.
Or, pour organiser la production et la distribution, le socialisme recours soit à la création des tensions
et des troubles parmi les travailleurs, soit à la loi de l’évolution de la société, soit enfin à une
législation établie par l’homme, et donc circonstancielle et non fondée sur une base sûre et définitive.
Par conséquent, cette organisation est fausse dès sa base.
Ceci est une preuve de la fausseté du socialisme en général. Quant à la fausseté du socialisme de
Karl Marx en particulier, elle apparaît sous trois aspects.

5.4 De la théorie marxiste

Premièrement : Son opinion sur la valeur est erronée et contraire à la réalité. En effet, considérer que
la seule source de valeur d’un bien est le travail est en contradiction flagrante avec la réalité puisque
le travail n’est qu’une source de la valeur et non pas la seule source. Il y a bien d’autres facteurs
autres que le travail qui entre dans la constitution de la valeur d’un produit. Il y a par exemple la
matière première sur laquelle se fait le travail, il y a aussi le désir exprimé pour l’utilité que comporte
le produit. Dans certains cas la matière première présente plus d’intérêt que le travail effectué pour
les acquérir, comme dans la chasse par exemple. Sans gibier, l’action de chasser ne saurait créer de
la valeur. Par ailleurs, un produit peut ne pas avoir de la demande sur le marché local et être interdit
à l’exportation comme le vin chez les musulmans. Ainsi, considérer le travail comme la seule source
de valeur est incorrect, et ne correspond pas à la réalité du produit en tant que tel.

Deuxièmement : Karl Marx affirme que le système social qui existe à une époque donnée est le
résultat de la situation économique, et que les divers changements qui affectent ce système sont tous
dus à une seule raison qui est la lutte des classes pour améliorer leurs conditions matérielles. Eh bien,
cette affirmation est une erreur. Elle est en contradiction avec la réalité et basée sur une supposition
théorique douteuse. La preuve de sa fausseté et de sa contradiction avec la réalité apparaît
clairement aussi bien à travers les événements historiques que les faits vécus. En effet, chacun peut
constater que le passage de la Russie soviétique au socialisme n’a été ni le résultat d’une évolution
matérielle, ni celui d’une lutte entre les classes qui aurait remplacé un système par un autre. Mais il



                                                    23
s’agit d’un groupe qui est arrivé au pouvoir par une révolution sanglante et qui s’est mis à appliquer
ses idées sur le peuple, changeant ainsi le système. C’est le même scénario qui s’est déroulé en
Chine. L’application du socialisme à l’Allemagne de l’Est à l’exclusion de l’Ouest, et à L’Europe de
l’Est et pas à l’Europe de l’Ouest, n’a pas été non plus le résultat d’une lutte des classes. Cela a été
plutôt le fait de l’occupation de ces pays par un État socialiste qui a appliqué son système sur eux,
exactement comme cela s’est passé avec le système capitaliste, avec le système de l’Islam et,
comme cela se passe avec tout système.
Les pays pour lesquels la loi de l’évolution prévoit un changement par l’effet de la lutte des classes
sont l’Allemagne, l’Angleterre et les États-Unis, qui sont des pays capitalistes et où les propriétaires
et les travailleurs sont les plus nombreux ; et non pas la Russie tsariste ou la Chine qui sont deux pays
beaucoup plus agricoles qu'industriels, et où les classes capitalistes et ouvrières sont plutôt réduites,
comparées aux pays occidentaux. Et malgré la présence de ces deux classes antagonistes en Europe
occidentale et en Amérique, il ne s’est pas produit un passage au socialisme dans ces régions, et elles
continuent d’appliquer le système capitaliste. La présence des classes capitalistes et ouvrières n’a eu
aucune influence sur le système en cours. Cela suffit largement pour réfuter cette théorie de
l’évolution dès sa base.

La troisième erreur de la théorie de Karl Marx apparaît dans son opinion à propos de l’évolution de
la société, affirmant que le système économique est fatalement destiné à l’extinction par l’effet des
lois économiques auxquelles il est soumis. Il ajoute que la classe moyenne, victorieuse de la classe
des nobles - précédemment détentrice des capitaux -, cédera inévitablement sa place à la classe
ouvrière et cela par le seul effet de la loi de concentration. L’erreur dans cette opinion vient du fait
que Marx l’a fondée sur sa théorie concernant la concentration de la production selon laquelle le
nombre des travailleurs augmenterait sans cesse et celui des propriétaires diminuerait sans cesse est
fausse. Elle est fausse parce qu’il y a une limite que la concentration de la production ne peut pas
dépasser. En effet, arrivée à une certaine limite la concentration s’arrête, et par conséquent, il ne se
produit jamais l’évolution qu’a imaginée Marx. De plus, la concentration n’intervient pas du tout dans
l’un des plus importants secteurs d’activité qui est l’agriculture. Alors comment la loi de l’évolution
peut-elle s’appliquer sur la société ? Par ailleurs, Karl Marx croit que la concentration de la
production sera suivie par celle des ressources, qui entraînera la réduction du nombre
d’investisseurs, détenteurs des capitaux, et l’augmentation de celui des travailleurs démunis. Or, cela
est faux car la concentration de la production peut entraîner une augmentation de propriétaires de
capitaux, et il peut même en résulter la transformation de la classe ouvrière en capitaliste. Les
sociétés par actions, forme la plus courante pour les grands projets, comptent souvent parmi les
actionnaires plusieurs de leurs propres salariés. Ces travailleurs sont donc, en même temps,
détenteurs de capitaux, ce qui réfute la théorie de la concentration. De plus, dans les usines,
beaucoup d’employés ont des salaires élevés tels que les ingénieurs, les chimistes, les gestionnaires.
Ils sont ainsi capables d’épargner une bonne partie de leurs revenues et devenir eux-mêmes des
investisseurs sans avoir à créer de nouvelles entreprises. Par conséquent, ce que Karl Marx répand
comme théorie à propos de l’évolution de la classe ouvrière ne s’applique à eux.
Ceci n’est qu’un bref examen des principes sur lesquels sont établis respectivement les systèmes
économiques capitaliste et socialiste, y compris communiste. Cet examen rapide fait ressortir une
petite partie de ce que ces systèmes recèlent comme erreurs, idées fausses et conceptions perverses.




                                                   24
6. La conception islamique de l’économie

6.1 Divergences du capitalisme et du socialisme par rapport à l’Islam

La comparaison de ces deux systèmes avec l’Islam montre qu’ils diffèrent fondamentalement dans la
méthode utilisée pour résoudre les problèmes et qu’ils sont en totale contradiction avec l’Islam.

La première différence fondamentale entre ces deux idéologies et l’Islam réside dans la méthode que
l’Islam utilise pour résoudre les problèmes. Cette méthode est exactement la même pour tous les
problèmes qui se posent à l’homme, qu’ils soient économiques ou non. Elle consiste à étudier la
réalité du problème, le comprendre, et ensuite en déduire la solution des textes de la législation
islamique après avoir bien étudié ces textes et s’être assuré que cette solution correspond bien au
problème traité. Cela diffère de la façon dont le capitalisme et le socialisme traite les problèmes
économiques. Dans le capitalisme, la solution est déduite de la réalité même du problème après
l’avoir étudié. Et dans le socialisme, les solutions sont tirées des suppositions théoriques que l’on
imagine exister dans le problème. Les solutions sont donc établies conformément à ces suppositions
et non pas à la réalité du problème. Les deux méthodes, capitaliste et socialiste sont différentes de la
méthode islamique. Par conséquent, il n’est pas permis à un musulman de les utiliser, ni d’adopter les
solutions obtenues par ces méthodes.

Quant à la contradiction totale des systèmes économiques capitaliste, d’une part, et socialiste y
compris communiste, d’autre part, avec l’Islam, c’est que l’Islam adopte ses solutions en tant que
lois islamiques, c’est-à-dire tirées de la révélation puisque ce sont uniquement les textes révélés qui
servent de preuves dans la déduction de ces lois. Alors que les solutions capitalistes et socialistes ne
s’appuient nullement sur la révélation. Ce sont donc, au contraire, des lois du kufr et, par
conséquent, illégales aux yeux de l’Islam. Juger et gouverner par ces lois, signifie juger par autre
chose que ce Dieu a révélé, et il n’est pas permis à un musulman de les adopter, de quelque manière
que ce soit. Leur adoption est un péché exhibé (Fisq) si celui qui les adopte n’y ajoute pas foi, mais
s’il est convaincu qu’elles sont des lois justes, et que les lois islamiques sont inadaptées au monde
moderne, ou incapables de résoudre les problèmes modernes, alors cela devient une mécréance.
Que Dieu nous en préserve.


6.2 Différence entre science économique et système économique

Tout d’abord, il importe de rappeler que le mot économie est dérivé d’un vieux terme du grec
ancien, qui signifie ‘’la gestion des affaires de la maison’’, de sorte que ses membres actifs puissent
participer à la production des biens et la réalisation des services. De même, tous ses membres
bénéficient de ce qu’ils possèdent. Au fil du temps, les gens ont étendu le sens du mot ‘’maison’’,
jusqu’à ce qu’il désigne l’ensemble de personnes gouvernées par un même État. Ce qui est
recherché par le mot économie, ce n’est pas son sens linguistique qui est l’épargne ou la propriété. Il
s’agit plutôt de son sens conventionnel, c’est-à-dire, l’administration des biens, soit par son
accroissement, soit par la garantie de sa production qui est étudiée dans la science économique, ou
la manière de le distribuer traité par le système économique.




                                                  25
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Introduction au système économique en islam

  • 1. INTRODUCTION AU SYSTÈME ÉCONOMIQUE EN ISLAM Au nom de Dieu, le Bienfaiteur, Miséricordieux 1. Préambule 1.1 Importance des idées dans une nation Les idées représentent, dans toute nation, la plus grande richesse que celle-ci puisse avoir lorsqu’elle cherche à se développer et à progresser ; elles constituent également le plus grand héritage que puissent laisser les nations précédentes à condition que ces dernières aient été attachées à la pensée éclairée. Les idées dépassent de loin les richesses matérielles, les découvertes scientifiques, les inventions techniques et autres réalisations. En effet, l’acquisition même de ces richesses dépend des idées, et il en va de même de leur conservation. Ainsi, s’il arrive que les richesses matérielles d’une nation soient détruites, il est possible de les reconstituer rapidement tant que cette nation préservera sa richesse intellectuelle. Par contre si jamais la richesse intellectuelle d’une nation venait à disparaître, la nation ne conservant que ses richesses matérielles, celles-ci ne tarderont pas à diminuer et disparaître à leur tour, et la nation sera inévitablement réduite à la pauvreté. La plupart des valeurs scientifiques que la nation avait découvertes peuvent être retrouvées, à condition qu’elle ait conservé les idées qui y avaient conduit. Tandis que si elle perd la méthode productive de pensée, elle régressera rapidement et perdra ses découvertes et ses inventions. Par conséquent, il est nécessaire de se préoccuper tout d’abord des idées. Partant de ces idées, en relation avec la méthode productive de pensée, la richesse matérielle sera obtenue, les découvertes scientifiques et les inventions industrielles seront réalisées. Nous entendons ici par idées, l’existence, chez une nation, d’un processus intellectuel qui a pour objet les événements importants de la vie de cette nation, de sorte que la majorité de ses membres s’en sert lorsqu’elle considère ces événements et y portent un jugement. Cela signifie qu’ils ont des idées qu’ils s’astreignent à appliquer dans la vie et qui, à force d’être utilisées et réutilisées avec succés, créent chez eux une méthode productive de pensée. La pensée la plus importante est l’idée globale expliquant l’homme, la vie, l’univers et les relations qui existent entre ces éléments avec ce qui les précède et ce qui les suit. 1.2 Situation actuelle de la Nation Islamique La nation islamique (Oumma) actuelle manque d’idées. Elle est donc dépourvue de méthode productive de pensée. En effet, la génération actuelle n’a reçu, de la génération précédente, aucune pensée islamique, ni n’en a produit par elle même. Aussi, est-il naturel de voir cette Nation dans un état de pauvreté bien qu’elle dispose d’importantes ressources matérielles dans ses régions. Il est également naturel qu’elle perde les découvertes scientifiques et les inventions industrielles, bien qu’elle étudie la théorie de ces découvertes et inventions et les vit. Il en est ainsi car, il est impossible à la nation islamique de tirer profit de ces ressources de façon productive sans posséder une 1
  • 2. méthode productive de pensée, c’est-à-dire sans posséder des idées bien déterminées qu’elle s’emploie à mettre en pratique dans la vie. Par conséquent, il est indispensable aux musulmans, d’établir pour eux-mêmes des idées et une méthode productive de pensée. La nation musulmane pourra alors par la suite évoluer suivant ces idées pour acquérir les richesses matérielles, faire des découvertes scientifiques et des inventions industrielles. Tant que les musulmans ne procéderont pas de cette manière, ils ne progresseront pas d’un pouce. Ils continueront plutôt à tourner dans un cercle vicieux, consumant leur réserve d’énergie physique et intellectuelle dans une course sans fin, pour ne se retrouver au bout du compte qu’à leur point de départ. La présente génération de musulmans n’a pas adopté les idées qu’elle porte, qui sont contraires à celles qu’elles devraient avoir et appliquer, au moyen d’une pensée objective ; c’est-à-dire qu’elle n’a pas adopté ces idées suite à un examen rationnel minutieux des systèmes d’idées en conflit qui lui aurait permis de choisir le système juste. Au contraire, cette génération est tout simplement dépourvue de tout système d’idées quel qu’il soit et de toute méthode productive de pensée quelle qu’en soit la nature. Elle se trouve dans cette situation parce qu’elle a hérité la pensée islamique comme si c’était une philosophie fictive, au même titre que celle de Platon et d’Aristote pour les Grecs d’aujourd’hui, et hérité l’Islam en tant que culte et rites, exactement comme le font les chrétiens pour leur religion. Elle vénère en même temps les idées capitalistes à la simple vue de leurs résultats et accepte volontairement d’appliquer le système capitaliste. Cependant, cela ne résulte nullement d’une compréhension de la réalité de ces idées, ni de la façon dont les solutions capitalistes découlent de la vision du monde adopté par les capitalistes. Cette génération est donc intellectuellement dépourvue de la pensée capitaliste, bien qu’elle aborde les problèmes de la vie suivant la méthode capitaliste. Elle est également devenue vide de la pensée islamique sur le plan pratique, bien qu’elle s’en réclame et l’étudie. L’attrait de cette génération pour les idées capitalistes dépasse de loin la simple tentative de concilier l’Islam aux lois et solutions capitalistes. En effet, elle en est parvenue à ressentir l’incapacité de l’Islam à résoudre les nouveaux problèmes de la vie, et à éprouver la nécessité de prendre les solutions capitalistes telles qu’elles, sans même éprouver le besoin de les réconcilier à l’Islam. La Oumma en est parvenu à ne plus voir de mal, ni de péché, à laisser tomber la Loi islamique (charia) et à adopter d’autres lois à sa place afin de progresser dans le même sens que le monde dit civilisé, et rattraper le convoi des Nations capitalistes ou les Nations socialistes qui évoluent vers le communisme, les considérant comme des peuples élevés. Quant au reste qui adhère à l’Islam, ils ont également le même penchant pour les idées capitalisme mais ils espèrent pouvoir les concilier ou tout au moins les apaiser par l’Islam. Cependant, ceux qui essaient de concilier l’Islam avec d’autres idées n’ont aucune influence sur le cours de la vie ni sur la société, c’est-à-dire sur les rapports qui existent réellement entre les gens. Par conséquent, les pensées et les règles juridiques islamiques pour résoudre les affaires et les problèmes de la vie entrent en conflit avec des esprits vides de pensées islamiques et dépourvus de méthode productive de pensée. Elle se heurte également à l’attirance générale des musulmans vers le capitalisme ou le socialisme, tout comme elle entre en contradiction avec la réalité de la vie, gouvernée par le système capitaliste. Ainsi, à moins que l’idée soit suffisamment forte pour secouer les coeurs et les esprits, elle ne pourra pas mobiliser l’attention des musulmans. Elle doit, en effet, amener des esprits engourdis et superficiels à penser profondément, et éliminer les idées déviées et les goûts malsains, afin d’établir la véritable inclination vers les nobles idées de l’Islam et la Loi islamique. 2
  • 3. 1.3 Méthode de changement Pour parvenir à un changement, il est indispensable que celui qui appel à l’Islam (Da`i), expose clairement les bases sur lesquelles sont fondées les lois et solutions capitalistes, démontre leur fausseté et les démolisse intellectuellement. Il doit s’intéresser aux divers nouveaux problèmes de la vie et y apporter des solutions islamiques. Il démontrera ainsi la capacité de l’Islam en tant que lois devant être appliquées, parce qu’elles sont les seules agrées par Dieu car, déduites du Coran et de la Sunna (traditions prophétiques) ou des preuves que ces deux sources ont indiquées. Ces lois ne doivent pas être suivies parce qu’elles seraient convenables ou non pour une époque donnée, c’est- à-dire qu’elles doivent être adoptées par conviction idéologique et non pas par intérêt. Aussi, chaque loi doit être accompagnée de la source révélée d’où elle est déduite, ou de l’explication de la cause révélée (`illa) qui lui est associée ou qui la représente dans le texte légal. Il importe de rappeler que les idées liées au système de gouverner et celles concernant l’économie sont celles dont les musulmans étaient le plus fascinés et pour lesquelles ils ont connu les plus grands déboires dans leur vie. Ce sont les idées les plus grandioses qui ont reçu la grande attention des musulmans, et que l’Occident essaie d’instituer et contrôler pratiquement et veille avec persistance à leur application. Si la Oumma islamique est gouvernée par la démocratie au niveau de la forme, pour préserver les intérêts et les systèmes du colonisateur occidental, elle est gouvernée dans la pratique par le système économique capitaliste dans tous les aspects de la vie. Or, ce sont les idées de l’Islam sur l’économie qui sont les plus fortes, celles qui avaient la plus grande influence sur le monde musulman, capables de réaliser un revirement total de sa situation. Elles sont également les idées qui seront le plus combattues par le colonisateur, et les dirigeants actuels qui ont pris la relève des agents coloniaux, ces fascinés de l’Occident parmi lesquels les despotes et les défaitistes. Dès lors, il est indispensable de présenter une image claire du système capitaliste, en classifiant les idées de base sur lesquelles sont fondées les politiques économiques en Occident, pour que ceux qui suivent le système économique occidental puissent toucher du doigt la corruption de ce système et sa contradiction avec l’Islam. Nous examinerons ensuite les idées de l’Islam qui traitent des problèmes économiques et les présentent comme un mode de vie spécifique qui s’oppose à la vie capitaliste aussi bien dans ses principes que dans ses détails. 2. Présentation du système économique capitaliste 2.1 Principes de base du système économique capitaliste Si nous passons en revue le système économique dans l’idéologie capitaliste, nous trouvons que l’économie est la branche des connaissances qui étudie les besoins de l’homme et les moyens de les satisfaire. Elle s’intéresse uniquement au côté matériel de la vie humaine ; et elle est établie sur trois principes : 1. La question de la rareté relative des biens et des services par rapport aux besoins. C’est-à-dire, l’insuffisance des biens et des services pour satisfaire les besoins toujours croissants de l’homme. Ceci représente le problème économique de la société selon eux. 2. La valeur du produit, qui est la base de la plupart des recherches et des études économiques. 3
  • 4. 3. Le prix, et le rôle qu’il joue dans la production, la consommation et la distribution. C’est la pierre angulaire du système capitaliste 2.2 Rareté relative des biens et des services Comme nous le verrons, le problème de la rareté relative des biens et des services se pose parce que les biens et les services sont considérés comme étant les seuls moyens permettant de satisfaire les besoins de l’homme. 2.3 Biens et services comme moyens de satisfaction des besoins Les capitalistes estiment que l’homme a des besoins qui demandent tous à être satisfaits, il faut donc des moyens pour répondre à ces besoins. Ces besoins, considèrent-ils, sont purement matériels, car ils sont soit sensibles et tangibles, tels que le besoin de se nourrir ou de s’habiller, soit sensibles mais non tangibles, tels que les services d’un médecin ou d’un enseignant. Quant aux besoins d’ordre moral et spirituel, tels que la glorification du Créateur ou l’adoration, ils ne sont pas reconnus économiquement, ils sont donc ignorés et ne sont pas pris en compte dans les recherches économiques. Les moyens de satisfaction des besoins sont appelés biens et services. Les biens sont les moyens de satisfaction des besoins sensibles et tangibles, et les services, ceux des besoins sensibles mais intangibles. Ce qui procure la satisfaction dans les biens et les services, selon eux, c’est le ‘’profit’’ qu’ils renferment. Ce profit est un attribut qui rend la chose convenable pour satisfaire un besoin. Le besoin étant le désir sur le plan économique, alors que ce qui est économiquement profitable, c’est toute chose qui est désirée, qu’elle soit essentielle ou non, et même si certaines personnes l’estiment profitable et d’autres la considèrent nuisible. Elle sera considérée profitable tant qu’il y aura quelqu’un qui la désire. Ceci conduit les capitalistes à considérer les choses profitables du point de vue économique même si l’opinion publique les juge d’aucune utilité ou nuisibles. Ainsi, le vin et le hachisch sont des choses profitables aux yeux des économistes étant donné que certaines personnes en veulent. De même, les économistes considèrent les moyens de satisfaction, c’est-à-dire les biens et les services, uniquement comme satisfaisant un besoin, et ne prennent aucun autre critère en compte. Autrement dit, ils considèrent les besoins et les moyens de satisfaction tels qu’ils sont et non pas tels qu’ils devaient être. Ils regardent donc le profit simplement en tant que satisfaisant un besoin, sans plus. Ils attribuent une valeur économique au vin parce qu’il répond à la demande d’une clientèle, et considèrent que le producteur de vin fournit un service en ce sens que ce service, comporte une valeur économique puisqu’il satisfait au besoin de certaines personnes. Telle est, chez les capitalistes, la nature des besoins et des moyens de leur satisfaction. 2.4 Problème économique de la société Il ressort de ce que précède que l’économiste capitaliste ne se préoccupe pas de ce que la société devrait être, il ne s’intéresse qu’au produit économique dans sa capacité à satisfaire un besoin. Pour cette raison, ce qui importe aux économistes c’est de fournir des biens et des services, autrement dit mettre à la disposition de la société des moyens pour satisfaire les besoins de l’homme, sans aucune autre considération. Ainsi, l’optimisation des moyens de satisfaction des besoins constitue le principal objet de leur étude. Les biens et les services qui sont les moyens de satisfaction des besoins, étant 4
  • 5. limités selon eux, ils ne sont pas suffisants pour couvrir les besoins de l’homme car ces besoins, estiment-ils, sont illimités. Par conséquent, on distingue un certain nombre de besoins qui sont des besoins fondamentaux que l’homme doit nécessairement satisfaire et des besoins qui augmentent avec le développement de l’urbanisation. Tous ces besoins, sans cesse croissants, demandent à être satisfaits complètement. Ce qui est irréalisable quel que soit le niveau d’augmentation des biens et des services. D’où la base du problème économique qui est l’excès des besoins et l’insuffisance des moyens de leur satisfaction. Autrement dit, c’est l’insuffisance des biens et services pour satisfaire complètement tous les besoins de l’homme. Dès lors, la société est confrontée au problème économique qui se traduit par la rareté relative des biens et des services. 2.5 Solution du problème économique La conséquence inévitable de cette situation est que certains besoins ne pourront être que partiellement satisfaits ou pas satisfaits du tout. Il devient donc indispensable pour la société d’établir des règles qui vont décider quels besoins seront satisfaits et quels autres ne le seront pas. En d’autres termes, il s’agit de déterminer la manière de distribuer les ressources limitées parmi les besoins illimités. Pour les capitalistes, le problème se situe donc au niveau des besoins et des ressources, et non pas au niveau de l’individu. C’est-à-dire que ce qui les préoccupe c’est d’optimiser les ressources pour satisfaire le plus grand nombre de besoins et non pas satisfaire les besoins de chaque individu pris isolément. Le problème, vu sous cet angle, implique que les règles à établir soient de nature à garantir le plus haut niveau de production possible pour maximiser les ressources. Il s’agit donc de fournir des biens et des services pour répondre aux besoins de la société en général et non à ceux de chaque individu en particulier. Il s’en suit que le problème de la distribution des ressources est intimement lié à celui de leur production, et l’objectif des études économiques est de travailler pour augmenter la consommation globale des biens et des services par la société. De ce fait, l’étude des éléments ayant une influence sur le volume de la production national occupe une place de choix par rapport à l’ensemble des thèmes économiques, car la recherche de l’augmentation de cette production est l’un des plus importants sujets de recherche pour résoudre le problème économique qui est, rappelons-le, la rareté des biens et des services relativement aux besoins. Il en est ainsi parce que selon eux la seule voie pour résoudre le problème de la pauvreté et de la privation passe par l’augmentation de la production, et il en va de même du problème économique. 2.6 Valeur du produit La valeur d’un produit se définit par son degré d’importance, soit par rapport à un individu donné, soit par rapport à une autre chose. Dans le premier cas, elle est appelée valeur de profit et dans le second, ‘’valeur d’échange’’. 2.6.1 Valeur de profit La valeur de profit ou valeur d’usage de chaque unité d’une chose est évaluée par son utilité marginale, c’est-à-dire par le profit attribuée à l’unité qui satisfait le plus petit besoin. Les économistes capitalistes appellent cela la théorie de l’utilité finale ou marginale. Cela signifie que le profit ne se définit pas du point de vue du producteur, en l’évaluant par son coût de production, car, procéder ainsi reviendrait à considérer l’offre sans la demande. Le profit ne doit pas non plus se définir du point de vue du consommateur en prenant en compte le profit qui existe réellement dans le 5
  • 6. produit, et le niveau de besoin qu’en éprouve le consommateur tout en ayant à l’idée le facteur de la rareté relative, car, ce serait considérer la demande sans l’offre. Il est alors indispensable de considérer en même temps l’offre et la demande pour déterminer le profit à la limite de la satisfaction du besoin. De cette façon, la valeur du pain, par exemple, sera estimée à la fin de la faim et non à son début, et au moment de son abondance sur le marché et non de sa pénurie. 2.6.2 Valeur d’échange La valeur d’échange est le mérite contenu dans une chose qui la rend désirable pour l’échange. Elle se mesure par rapport à une autre chose. Ainsi, la valeur d’échange du blé par rapport au maïs est estimée par la quantité de maïs qui doit être livrée contre une unité de blé. Les capitalistes se réfèrent à la valeur de profit en utilisant uniquement le terme profit, et se réfèrent à la valeur d’échange, simplement par le mot valeur. L’échange est conditionné par l’existence d’une compensation sous la forme d’un bien ou d’un service qui lui soit proche ou équivalent en terme de valeur. Dès lors, il était indispensable aux économistes capitalistes d’étudier la valeur, car, elle est la base sur laquelle s’effectue l’échange, en ce sens qu’elle est le facteur mesurable. Elle représente à ce titre l’échelle par laquelle les produits économiques sont évalués. De plus, c’est elle qui permet de distinguer une activité productive, d’une activité qui ne l’est pas. La production est considérée par les capitalistes comme une création de valeur ou tout au moins son augmentation, et elle s’effectue nécessairement par le travail. Par conséquent, pour distinguer le travail productif du travail improductif, et pouvoir classifier les activités selon leur degré de productivité, il fallait évaluer avec précision les différents biens et services. Cette évaluation correspond aux valeurs sociales attribuées aux divers produits économiques. Il s’agit, en d’autres termes, d’une estimation globale de l’effort de travail accompli ou du service rendu. Une telle évaluation est devenue indispensable car la production pour l’autoconsommation a été remplacée dans les sociétés modernes par la production pour l’échange. Aujourd’hui chacun échange la totalité ou la plus grande partie de sa production, contre d’autres produits. Or, pour que l’échange se fasse, il faut qu’il existe une compensation. Il est donc indispensable de déterminer la valeur d’un bien, non seulement pour sa production mais aussi sa consommation et, partant, pour la satisfaction des besoins de l’homme. 2.7 Le prix De nos jours, la valeur d’échange a été restreinte à une seule de ses valeurs qui l’emporte sur les autres. En effet, elle ne s’évalue plus par rapport à chacun des divers autres produits, mais uniquement par rapport à un bien particulier qui est la monnaie. C’est la valeur d’échange d’une chose par rapport à la monnaie qui est appelée le prix. La différence entre la valeur d’échange et le prix est que la première peut se définir par rapport à tout autre bien alors que le prix est relatif à la monnaie uniquement. Il en résulte que les prix de tous les produits peuvent monter ou descendre tous ensemble, alors qu’il est impossible que les valeurs d’échange des produits, les uns par rapport aux autres, puissent augmenter ou baisser tous ensemble. De même, le prix d’un bien peut varier sans que sa valeur d’échange varie. Ainsi, le prix est une des valeurs d’un produit : sa valeur d’échange par rapport à la monnaie uniquement. A ce titre, il est naturel que la monnaie soit l’instrument permettant de juger si une chose est utile ou non et de mesurer son degré d’utilité. Partant, un bien ou un service donné sera jugé productif et utile si la société lui attribue un prix. Quant à son degré d’utilité, il est déterminé par le prix auquel la communauté des consommateurs est prête à l’acquérir. 6
  • 7. Cela est valable quel que soit le type de produit, que le bien soit agricole ou industriel, et que le service soit une prestation d’une société commerciale, de transport, d’un médecin ou d’un ingénieur. 2.7.1 Rôle joué par le prix dans la production, la consommation et la distribution Le prix est l’outil qui décide quels producteurs entreront dans la course à la production, et quels autres seront maintenus à l’écart, de la même manière qu’il décide quels consommateurs auront le loisir de satisfaire leurs besoins et quels autres resteront insatisfaits. Le coût de production d’un bien est le premier facteur qui gouverne son offre sur le marché tandis que l’utilité qu'il renferme est le premier facteur qui gouverne sa demande, et les deux facteurs sont mesurés par le prix. Par conséquent l’étude de l’offre et de la demande constitue deux sujets de recherche essentiels dans l’économie capitaliste. Dans l’expression ‘’l’offre et de la demande’’, il s’agit de l’offre du marché et de la demande du marché. Tout comme la demande ne peut être définie sans mentionner le prix, l’offre ne peut être évaluée sans le prix. La demande varie de façon contraire à la variation du prix. En effet, la demande diminue lorsque le prix augmente, et elle augmente lorsque le prix baisse. L’offre, au contraire, s’accroît avec l’augmentation du prix, et diminue avec sa baisse. Le prix joue donc un rôle capital aussi bien dans la production que dans la consommation. Pour les capitalistes, le système de prix est la méthode idéale pour distribuer les biens et les services parmi les membres de la société. Il en est ainsi car, ils considèrent que les profits sont le résultat des efforts que déploie l’homme et, tant que la récompense n’est pas équivalente au travail, le niveau de production chutera inévitablement. Pour cette raison, la méthode idéale pour la distribution des biens et des services parmi les gens est celle qui garantie le niveau de production le plus élevé possible. Cette méthode, c’est le système de prix qui est aussi appelée mécanisme de prix car, selon eux, il réalise automatiquement l’équilibre. Il consiste à laisser aux consommateurs la liberté de décider eux- mêmes de la répartition des ressources de la société aux différents secteurs d’activité, en demandant certains produits et se détournant de certains autres. De cette façon, ils dépenseront leur revenu en achetant ce dont ils ont besoin ou qu’ils désirent comme bon leur semble. Ainsi, le consommateur qui déteste le vin s’abstiendra de l’acheter et dépensera son revenu dans d’autres choses. Si le nombre de ceux qui détestent le vin s’accroît, ou que tout le monde vient à ne plus en vouloir, alors la production du vin ne sera plus profitable du fait de la chute de sa demande, et s’arrêtera naturellement. Il en va de même des autres produits. Les consommateurs décident donc eux même de la qualité et de la quantité de la production, grâce à la liberté qui leur est donnée d’acheter ou de s’abstenir. C’est le prix qui joue le rôle d’interface pour la distribution des biens et services, en les rendant accessibles ou non aux consommateurs, rentables ou non aux producteurs. Le mécanisme de prix est le stimulant de la production, le régulateur de la distribution, il est le moyen de communication entre le producteur et le consommateur, c’est-à-dire que c’est lui qui assure l’équilibre entre la production et la consommation. 2.7.2 Le prix, stimulant de la production Les économistes capitalistes considèrent que le prix est le principal facteur qui pousse l’homme à entreprendre tout effort de production ou tout sacrifice car, par tout effort qu’il déploie, l’homme recherche une contrepartie matérielle. Ils excluent la possibilité que l’homme puisse produire un quelconque effort dans un but moral ou spirituel. Même s’ils reconnaissent la motivation morale, ils 7
  • 8. l’attribuent à un mobile matériel, et estiment que l’homme vise essentiellement, par ses efforts, à satisfaire ses besoins et assouvir ses désirs. Cette satisfaction passe par la consommation des biens qu’il produit lui-même, ou l’obtention d’une récompense monétaire lui permettant d’acquérir les biens et les services produits par d’autres. Puisque l’homme se base sur l’échange de ses efforts contre ceux des autres pour satisfaire la plupart de ses besoins, si ce n’est pas tous, alors il se concentre plus sur l’obtention de la récompense monétaire de ses efforts que sur la production directe des biens et services dont il a besoin. C’est donc l’obtention de la contrepartie monétaire (le prix), qui pousse l’homme à produire. Par conséquent, le prix stimule les producteurs à fournir des efforts et, à ce titre, il est le stimulant de la production. 2.7.3 Le prix, régulateur de la distribution L’homme cherche à satisfaire complètement l’ensemble de ses besoins. C’est pour cette raison qu’il s’efforce à acquérir les biens et les services qui sont les moyens de satisfaction de ces besoins. Si on laissait à chaque homme la possibilité de se servir librement pour satisfaire ses besoins, il n’arrêterait pas de consommer ou prendre possession des biens et des services dont il a envie. Mais, puisque tous les individus poursuivent le même objectif, il est indispensable de s’arrêter dans la satisfaction de ses besoins, là où s’arrête sa capacité à échanger ses efforts contre ceux des autres, c’est-à-dire à la limite de la contrepartie monétaire de ses efforts, autrement dit à la limite du prix. Par conséquent, le prix est la contrainte qui agit naturellement et pousse l’homme à arrêter la possession et la consommation à une limite proportionnelle à ses ressources. C’est l’existence du prix qui amène l’homme à réfléchir, comparer et définir des priorités parmi ses concurrents besoins qui demandent tous à être satisfaits pour en retenir ceux qu’il estime indispensables et délaisser ceux qui le sont moins. Le prix oblige ainsi l’individu à se contenter d’une satisfaction partielle de certains de ses besoins. C’est donc le prix qui guide la répartition des nombreux besoins qui sollicitent l’individu. De même, le prix régule la distribution des profits limités parmi la multitude de consommateurs qui les recherchent. La disparité des revenus fait que chacun consomme dans la limite de ce que lui permettent ses revenus. Il en résulte que certains biens deviennent réservés à la catégorie de ceux qui en ont les moyens, et la consommation de certains autres biens de bas prix devient commune à l’ensemble des gens aux revenus les plus modestes. L’élévation du prix de certains produits et la baisse de celui de certains autres, ajouté à l’abondance ou l’insuffisance des ressources suivant les individus font que le prix est bien un régulateur de la distribution des profits parmi les consommateurs. 2.7.4 Le prix, source d’équilibre entre production et consommation Le prix est le moyen de communication entre le producteur et le consommateur, car le producteur qui répond aux besoins des consommateurs est récompensé à travers les profits qu’il va réaliser. Le producteur dont les produits sont mal accueillis par les consommateurs finira à coup sûr par des pertes. Le moyen dont dispose le producteur pour connaître le désir des consommateurs est le prix. En effet si la demande des consommateurs augmente pour un produit donné, son prix va augmenter sur le marché et sa production augmentera en réponse au désir des consommateurs. A l’inverse, si les consommateurs se détournent d’un certain produit, son prix baissera sur le marché et sa production diminuera en conséquence. Ainsi, les ressources affectées à la production augmentent lorsque le prix s’élève et diminuent lorsqu’il baisse. C ’est donc, bel et bien le prix qui réalise 8
  • 9. l’équilibre entre la production et la consommation et il constitue en même temps un outil de communication entre le producteur et le consommateur. Tout cela se produit automatiquement. Par conséquent, le prix est la base sur laquelle s’appuie l’économie aux yeux des capitalistes, et il est, selon eux, la pierre angulaire de l’économie. Ceci est un résumé du système économique dans l’idéologie capitaliste que les intéressés appellent ‘’l’économie politique’’. Il ressort clairement de son étude et analyse approfondie présentée ci- dessous, la fausseté du système économique capitaliste à plus d’un titre. 3. Critique de l’économie capitaliste Les capitalistes considèrent que l’économie est le domaine des connaissances qui étudie les besoins de l’homme et les moyens de les satisfaire, et font de la production des biens et des services qui sont les moyens de satisfaction des besoins, et de la distribution des ces biens et services parmi les hommes un même sujet de recherche. Cela signifie qu’il mélange les besoins et les moyens de les satisfaire en un seul et même problème et en font une recherche unique. Ils ne font aucune distinction entre les deux, au contraire, ils les entremêlent de façon inextricable. Ainsi le problème de la distribution des biens et des services est inclus dans celui de leur production. A partir de là, ils regardent l’économie d’un point de vue qui inclue ressources économiques et la méthode de leur possession, sans séparation entre eux et sans les différencier. Autrement dit, ils traitent la science économique et le système économique ensemble comme un seul sujet, sans faire de distinction. Or, il existe une grande différence entre le système économique et la science économique. En effet, le système économique est celui qui traite le problème de la distribution de la richesse, de sa possession, de la manière d’en disposer et d’autres questions semblables. Dans son développement, le système économique suit une vision du monde bien déterminée, ou idéologie particulière. Par conséquent, le système économique en Islam diffère de celui du capitalisme tout comme de celui du socialisme/communisme car chacune suit le point de vue de l’idéologie qui lui a donné naissance. Il diffère de la science économique qui étudie la production, et recherche les moyens d’améliorer la production et ses outils. Elle est universelle, commune à toutes les nations et n’est associée à aucune idéologie particulière tout comme les autres sciences. Ainsi, par exemple, la définition de la notion de propriété dans le système capitaliste diffère de celle du socialisme/communisme aussi bien que de celle de l’Islam. Par contre l’amélioration de la production qui est l’étude d’une réalité, il s’agit d’un problème scientifique, il est le même pour tout le monde, quelles que soient les différences idéologiques. Le mélange entre les besoins et les moyens de leur satisfaction dans les études, c’est-à-dire entre les ressources économiques et leur distribution pour en faire un seul et même sujet de recherche, est une erreur qui induit le mélange et la confusion dans les recherches économiques menée par les capitalistes. Par conséquent la base même de la construction de l’économie capitaliste est fausse. Le fait de considérer que les besoins qui nécessitent une satisfaction sont uniquement d’ordre matériel est également une erreur et contredit la réalité. En effet, il existe des besoins d’ordre moral 9
  • 10. ou spirituel, et ils demandent tous à être satisfaits comme les besoins matériels, et nécessitent tous pour cela des biens et des services. Quant au fait de considérer que les besoins et les profits tels qu’ils sont, et non telle que la société devrait être, cette vision des choses montre que l’économiste capitaliste regarde l’homme comme un être purement matériel dépourvu de tout penchant spirituel, de toute éthique et de tout idéal moral. Il ne se préoccupe pas de ce que la société devrait être en terme d’élévation morale en faisant des vertus la base des relations, ni de ce qui devrait la guider en terme d’élévation spirituelle en faisant de la relation avec Dieu la ligne directrice des toutes les relations au sein de la société, dans le seul but de mériter l’agrément de Dieu. Il ne se soucie nullement de tout cela. Ce qui le préoccupe, c’est uniquement la pure matière pour satisfaire des besoins purement matériels. Ainsi s’il ne triche pas dans la vente, c’est pour que son commerce marche, mais s’il peut mieux réussir en trichant alors il tricherait sans état d’âme. De même, ce n’est pas en réponse à l’ordre de Dieu de donner l’aumône qu’il nourrit les pauvres, mais simplement pour qu’ils ne volent pas de sa marchandise ou pour la publicité. Si leur famine pouvait l’enrichir, alors il choisirait volontiers de les affamer. Ainsi, l’économiste considère les profits uniquement comme source de satisfaction de besoins matériels. Une telle personne qui regarde l’homme à travers cette vision basée sur le profit matériel, et qui établit la vie économique sur elle, est des plus dangereuses qui puissent exister dans la société. En ce qui concerne les richesses et les efforts qu’ils appellent les biens et les services, il faut noter que les gens s’efforcent à les acquérir pour en tirer profit et les échanges qui en résultent établissent automatiquement des relations entre les gens et définissent la société. Aussi est-il indispensable de prendre en compte ce que va être la société aussi bien globalement que dans les détails, lorsqu’on étudie les ressources et les besoins. Le fait de se préoccuper de la matière économique en termes de satisfaction de besoins sans se soucier de ce que devrait être la société, est une séparation entre les produits économiques et les relations qui en découleront dans la société. Cela est contraire à la nature des choses. Pour cette raison, il est erroné de considérer une chose comme étant bénéfique simplement parce qu’il existe des individus qui en veulent, qu’elle soit par sa nature bénéfique ou néfaste pour eux, ou qu’elle ait une influence sur les relations entre les gens ou non, et qu’elle soit licite dans la croyance de la société ou illicite. Il faut plutôt ne qualifier les choses de bénéfiques que si elles sont réellement bénéfiques compte tenu de ce que la société devrait être. Ainsi, il est faux de considérer le haschich, l’opium et les produits semblables comme bénéfiques et leur attribuer une valeur économique, simplement parce que des individus les désirent. Il est donc absolument nécessaire, de prendre en compte la répercussion qu’aura un produit sur les relations au sein de la société, lorsqu’on étudie son l’utilité, c’est-à-dire lorsqu’on veut déterminer si oui ou non le produit a une valeur économique. En d’autres termes, il est indispensable de considérer une chose en fonction de ce que la société devrait être et non pas restreindre l’analyse juste à la chose telle qu’elle est, en fermant les yeux sur ses conséquences sociales. En incluant le problème de la satisfaction des besoins dans celui des moyens de leur satisfaction, et en regardant ces moyens uniquement comme répondant à des besoins, les économistes se sont concentrés sur la production des richesses plus que sur leur distribution pour satisfaire effectivement les besoins. Le problème de la distribution est devenu secondaire. Le système économique capitaliste vise un seul objectif : augmenter la richesse globale du pays. Il travaille pour atteindre le plus haut niveau de production possible. Pour les capitalistes l’acquisition du niveau de bien être le plus élevé des individus passe par l’augmentation du revenu national en élevant la production du pays, et en donnant aux individus la possibilité de prélever de la richesse au travers de la liberté qu’ils ont de travailler pour produire et posséder la richesse. Le rôle de l’économie n’est donc pas celui de 10
  • 11. satisfaire les besoins des individus et de faciliter la satisfaction des besoins de chaque membre de la société mais essentiellement celui d’augmenter les moyens de satisfaction des besoins individuels. Il s’agit, en d’autres termes de chercher à satisfaire les besoins de la communauté prise globalement en élevant le niveau de production et en augmentant le revenu national du pays. La disponibilité de ce revenu national est sensée entraîner automatiquement sa distribution parmi les individus, grâce à la liberté de propriété et la liberté de travail. Il est donc laissé aux membres de la société d’obtenir ce qu’ils peuvent de la richesse du pays, chacun selon ce qu’il détient comme facteurs de production, que tous soient satisfaits ou seulement une partie d’entre eux. Nous venons de voir l’économie politique, autrement dit l’économie capitaliste. Elle est manifestement fausse, et loin d’être conforme à la nature des choses. Elle ne conduit pas à l’amélioration du niveau de vie de tous les individus, et ne satisfait pas les besoins vitaux de chaque individu. L’erreur dans cette conception des choses est que les besoins qui demandent à être satisfaits sont des besoins individuels, ce sont des besoins humains. Il s’agit des besoins de Jean, de Marie, de Hassan et non pas ceux d’un g roupe d’individus, de pays ou de peuples. Celui qui s’efforce à satisfaire ses besoins c’est l’individu, que la satisfaction puisse s’obtenir directement à l’échelle individuelle, comme le besoin de manger, ou qu’elle soit liée à l’ensemble de la communauté, comme la défense de la nation. Pour cela, le problème économique devrait être en réalité basé sur la distribution des moyens de satisfaction des besoins à l’individu, autrement dit, sur la distribution des richesses et des profits à chaque membre de la nation, et non pas sur les besoins qu’éprouve l’ensemble de la nation sans tenir compte des besoins de chaque individu pris isolément. En d’autres termes, le vrai problème c’est la pauvreté qui atteint l’individu et non pas la pauvreté qui atteint la nation. Ainsi, la préoccupation du système économique doit être uniquement celle de satisfaire les besoins vitaux de chaque individu et non pas d’entreprendre des recherches sur la production de la matière économique. Dès lors, l’étude des facteurs qui influencent le volume de la production nationale n’est pas un sujet de recherche pertinent pour la satisfaction complète de l’ensemble des besoins essentiels de chaque individu pris isolément. Mais le véritable sujet de recherche dans ce sens consiste à étudier les besoins essentiels l’homme en tant qu'être humain, étudier la distribution de la richesse à chaque membre de la société de manière à garantir la satisfaction de tous ses besoins essentiels. C’est ce sujet là qu’il faudrait traiter avant toute chose. En effet, résoudre le problème de la pauvreté du pays ne résout pas le problème de chaque individu. Par contre, le fait de combattre la pauvreté des individus et de distribuer la richesse du pays parmi eux, les encourage à travailler pour augmenter le revenu national. Quant à l’étude des facteurs qui influencent la taille de la production et l’accroissement du revenu national, c’est dans le cadre de la science économique qu’elle devrait être entreprise, c’est-à-dire dans le cadre de la recherche sur la matière économique et son augmentation, mais pas dans l’étude de la satisfaction des besoins humains qui est l’objet du système économique. Nous rappelons que selon les capitalistes la base du problème économique qui se pose à la société est la rareté relative des biens et des services par rapport aux besoins. Ils affirment que compte tenu des besoins sans cesse croissants des individus, les ressources sont insuffisantes pour satisfaire complètement les besoins de l’homme. D’où le problème économique. C’est une erreur et ne concorde pas avec la réalité. En effet, les besoins qui nécessitent absolument d’être satisfaits sont uniquement les besoins vitaux de l’individu en tant qu'être humain, et non les besoins secondaires ou de luxe, bien que l’homme s’efforce à satisfaire même ses besoins de luxe. Les besoins vitaux sont 11
  • 12. limités et les ressources et les efforts qu’ils appellent les biens et les services existants dans le monde sont certainement suffisants pour satisfaire les besoins vitaux de l’homme ; il est possible de satisfaire complètement tous les besoins vitaux de l’humanité. Il n’existe donc pas de problème au niveau des besoins essentiels qui mérite d’en faire le problème économique posé à la société. Le problème économique c’est plutôt de distribuer les ressources existantes à chaque individu pour satisfaire totalement l’ensemble de ses besoins vitaux, et de l’aider à satisfaire ses besoins de luxe. Les besoins croissants En ce qui concerne les besoins qui se renouvellent et augmentent sans cesse, il ne s’agit pas des besoins vitaux, car les besoins essentiels de l’homme en tant qu'être humain n’augmentent pas, c’est uniquement les besoins secondaires qui peuvent s’accroître et se renouveler. L’accroissement des besoins dû au progrès de la vie urbaine relève uniquement des besoins secondaires. Bien que l’homme travaille pour les satisfaire, leur insatisfaction ne constitue pas un problème. Ce qui pose un problème c’est la non-satisfaction des besoins vitaux. De plus, la question de l’augmentation des besoins secondaires concerne une communauté vivant dans un pays donné et non chaque individu de ce pays. Cette question est résolue par l’impulsion naturelle qu’a l’homme à rechercher à satisfaire ses besoins. Avec l’accroissement des besoins secondaires, cette impulsion le pousse à travailler d’avantage pour subvenir aux nouveaux besoins en exploitant les ressources de son pays, en initiant une activité professionnelle dans un autre pays, en rejoignant un nouveau pays par l’extension des activités ou la fusion avec des entreprises locales. Cette question est bien différente du problème de la satisfaction complète des besoins vitaux de chaque membre de la société. En effet, le problème de la distribution de la richesse à chacun des individus de la société pour satisfaire totalement ses besoins vitaux et l’aider à répondre à ses besoins secondaires, est un problème qui relève de la vision du monde et, il est donc propre à une Nation donnée, ou une idéologie déterminée. Par contre, la question de l’accroissement du revenu national par l’augmentation de la production concerne la situation réelle du pays, du point de vue de connaissances pratiques permettant d’accroître la richesse, que ce soit par l’exploitation des ressources du pays, par l’émigration, l’extension ou la fusion. Ce problème d’accroissement des richesses relève directement de la réalité et concerne chaque être humain. Il s’agit d’un problème général qui n’est pas lié à une vision du monde particulière, ni à une nation spécifique, ni à une idéologie déterminée. Les principes économiques qui doivent être appliqués sont ceux qui garantissent la distribution de la richesse intérieure et extérieure du pays à tous les individus de la Nation, de manière à garantir la satisfaction complète de l’ensemble de leurs besoins essentiels, et de permettre ensuite à chacun d’entre eux de réaliser ses besoins secondaires. Quant à l’élévation du niveau de la production, c’est un problème qui nécessite des recherches scientifiques et le fait de le traiter dans le cadre du système économique ne résout pas le problème économique de base, à savoir, la satisfaction complète de l’ensemble des besoins vitaux de chaque citoyen, individuellement. En effet, l’augmentation de la production conduit à l’élévation du niveau de richesse du pays, mais elle ne conduit pas à la satisfaction totale de tous les besoins essentiels de chaque individu. Il se peut qu’un pays soit riche de part sa production comme l’Irak et l’Arabie Saoudite par exemple, mais que l’ensemble des besoins vitaux de la majorité de ses citoyens ne soient pas complètement satisfait. Ce qui montre bien que l’accroissement de la production ne résout pas le problème économique de base qui pourtant doit absolument être résolu avant toute chose. Nous rappelons qu’il s’agit de satisfaire tout d’abord complètement l’ensemble des besoins de base de tous les individus, individuellement, et de les aider ensuite à satisfaire leurs besoins secondaires. Il ressort de ce qui précède que la pauvreté et la privation à combattre, c’est la non-satisfaction des besoins vitaux de l’homme en tant qu'homme, 12
  • 13. et non celle des besoins qui se renouvellent avec le degré d’urbanisation. Ce qui est recherché c’est résoudre le problème de pauvreté et de privation de chaque individu de la société, individuellement et non pas celui de la pauvreté et de la privation qui affectent le pays. Le problème de la pauvreté et de la privation ainsi compris ne se résout pas par l’augmentation de la production, mais plutôt par le mode de distribution de la richesse à l’ensemble des individus individuellement, de sorte que chacun puisse satisfaire complètement tous ses besoins fondamentaux et être aidé pour faire face à ses besoins secondaires. Le système économique capitaliste considère la valeur comme chose relative et non réelle, elle est donc fictive selon eux. Ainsi la valeur d’un mètre d’étoffe en laine est sa valeur marginale en période de disponibilité sur le marché. Elle est aussi la quantité de biens et de services pouvant être obtenue en échange de cette étoffe. Cette valeur devient le prix si le bien reçu en échange est de la monnaie. Ces deux valeurs sont distinctes selon eux, et portent deux noms différents. La première étant appelée profit ou utilité, et la seconde valeur d’échange. Cette conception de la valeur incluant une distinction est inexacte car, la valeur de tout bien est la quantité de profit qu’il contient en prenant en compte le critère de la rareté. Ainsi, l’évaluation exacte de tout bien consiste à considérer l’utilité qu’il présente en tenant compte de sa rareté, que ce soit par rapport à une personne ou à un autre bien et, que ce bien soit possédé par l’homme initialement, comme la chasse, ou obtenu par échange. Par conséquent la valeur est un signifiant correspondant à un signifié bien définit, ayant une réalité spécifique et non un terme désignant une chose fictive pouvant être appliqué à un signifié sous certaines hypothèses et ne pas l’être sous d’autres. La valeur est donc une chose réelle et non relative. Il s’en suit que la conception de la valeur que se font les économistes capitalistes est fausse dès sa base. Ce qui est appelé ‘’valeur marginale’’ est en fait une estimation conçue pour concentrer la production sur les conditions les plus défavorables de distribution des produits. Ainsi l’estimation de la valeur des produits est basée sur la limite la plus basse de telle sorte que la production se fasse dans des conditions garantissant la distribution. L’utilité marginale n’est pas réellement une valeur du produit, ni même son prix car, la valeur d’un produit s’estime par la quantité de profit qu’il renferme au moment de l’évaluation en prenant en compte l’élément de sa rareté à ce moment. Cette valeur du produit ne diminuera pas si son prix baisse par la suite, il n’augmentera pas non plus avec une hausse du prix car, elle est considérée au moment de l’évaluation. La théorie de l’utilité marginale est donc une théorie pour le prix mais pas pour la valeur. Or, il y a une différence entre le prix et la valeur, même chez les capitalistes. Ce qui détermine l’estimation du prix c’est l’abondance de la demande accompagnée d’une insuffisance de l’offre ou l’abondance de l’offre accompagnée d’une demande insuffisante. C’est une question liée à l’augmentation de la production et non à sa distribution. Alors que ce qui intervient dans la définition de la valeur d’un bien c’est la quantité de profit qu’il renferme en tenant compte de sa rareté sans que celle-ci soit une composante de l’évaluation. Il découle de ce qui précède que l’étude de la valeur chez les capitalistes est fausse dès sa base, et toute recherche qui s’appuie sur elle est également fausse, le concept de base étant lui-même faux. Cependant, si la valeur d’un bien ou d’un service était estimée par son utilité ou l’effort investi alors elle serait une estimation correcte pouvant rester stable sur le court terme. Si, par contre, l’estimation de la valeur se base sur le prix, alors elle sera fictive et susceptible de changer à tout moment en fonction du marché. Dès lors, elle perd sa qualité de valeur, et le terme valeur devient impropre 13
  • 14. pour la désigner. Il ne s’agira plus que d’un moyen permettant de gagner de l’argent en fonction du marché et non selon ce que renferme le bien comme utilité. Les économistes capitalistes affirment que le profit est le résultat des efforts consentis par l’homme. Aussi, si la récompense n’est pas égale au travail, alors le niveau de production chutera sans aucun doute. Ce qui les amène à considérer que la méthode idéale pour distribuer la richesse est celle qui garantie la possibilité d’atteindre le plus haut niveau de production. Eh bien, nous allons montrer que tout cela est complètement faux. En effet, la réalité tangible est que la source première de l’utilité dans tout bien est la richesse que Dieu a crée dans l’univers. Ce sont les dépenses consenties pour améliorer ou initier l’utilité de cette richesse, ajoutées au travail qui la mette sous une forme procurant une utilité donnée. Par conséquent, considérer le profit comme étant le résultat des seuls efforts est une erreur, car cela est contraire à la réalité. C’est une méconnaissance de l’importance de la matière première et des autres dépenses ayant permis d’augmenter le profit. Ces dépenses pourraient être une compensation de la matière première mais pas de l’effort. Donc, le profit peut être le résultat de l’effort, le résultat de l’existence d’une matière première, ou des deux à la fois, mais il n’est pas le résultat du seul effort humain. Quant à la chute du niveau de la production, il ne résulte pas uniquement de l’inégalité entre la récompense et le travail, elle peut résulter de cela, mais elle peut aussi résulter d’une baisse générale de la richesse du pays, tout comme elle peut être la conséquence d’une guerre ou d’autres crises. Par exemple le déclin de la production qui s’est produit en France et en Angleterre après la deuxième Guerre mondiale n’a pas été dû à une inégalité entre la récompense et le travail, mais de la rupture de leur influence sur leurs riches colonies et de leur implication dans la guerre. De même, la chute de la production des États Unis durant la deuxième Guerre mondiale n’a pas eu pour cause l’inégalité entre la récompense et le travail, mais à son intervention dans la guerre contre l’Allemagne. La crise de la production dans le monde musulman aujourd’hui n’est pas due à une différence qui existerait entre la récompense et le travail mais résulte de la crise intellectuelle dans laquelle patauge la nation islamique dans sa totalité. Cela montre bien que l’inégalité entre la récompense et le travail n’est pas la seule cause de la chute de la production. Il est donc incorrect de partir de là pour déduire que la méthode idéale est celle qui garantie l’élévation du niveau de production. De plus, atteindre le niveau de production le plus élevé n’a aucun rapport avec le problème de la distribution des richesses à tous les individus. Les capitalistes affirment par ailleurs que le prix est le moteur de la production car ce qui pousse l’homme à fournir tout effort c’est la contrepartie matérielle qu’il escompte. Cette affirmation est inexacte et contraire à la réalité. En effet, il existe de nombreux cas où l’homme dépense ses forces pour un idéal tel que la quête de la gloire, ou spirituel comme l’espoir de gagner des récompenses divines ou encore éthique comme l’honnêteté. Les besoins de l’homme peuvent donc effectivement être matériels sous forme de profit matériel, mais ils peuvent aussi être spirituels ou moraux. Par conséquent il est erroné de restreindre les besoins aux seuls besoins m atériels. Il peut arriver que l’homme dépense plus généreusement son argent ou son effort pour la satisfaction de ses besoins spirituels ou moraux qu’il ne le ferait pour ses besoins matériels. D’où, le prix n’est pas l’unique facteur qui pousse à la production ; ce peut être le prix mais ce peut aussi être autre chose. En effet, n’a-t-ont jamais vu un tailleur de pierre passer des mois à travailler laborieusement pour la construction d’une mosquée, ou une usine consacrer plusieurs jours de production au profit des 14
  • 15. pauvres, ou encore une nation travailler pour mettre en place une infrastructure pour défendre son territoire. Alors toutes ces sortes de production sont-elles motivées par le prix? De plus, la contrepartie matérielle elle-même ne se limite pas au prix puisqu’elle peut être un autre bien ou service. Donc faire du prix le seul moteur de la production est absolument inexact. Un des points les plus étranges du système capitaliste est le fait qu’il considère le prix comme l’unique critère de la distribution des richesses parmi les membres de la société. Ils disent que le prix est le facteur qui contraint l’homme à s’arrêter de posséder et de consommer à une limite proportionnelle à ses revenus, restreignant la consommation de chaque individu à ce que permettent ses revenus. En conséquence, par la hausse du prix de certains produits et la baisse d’autres et par la disponibilité de l’argent chez certains et sa non-disponibilité chez d’autres, le prix régule la distribution de la richesse parmi les consommateurs. Il en résulte que la part de chaque individu dans la richesse du pays n’est pas selon ses besoins vitaux mais égale à sa contribution dans la production des biens et des services, c’est-à-dire qu’elle est égale à ce qu’il possède comme terre ou capital, ou encore à l’effort qu’il aura déployé au travail. Par cette règle, qui consiste à faire du prix le régulateur de la production, le système économique capitaliste a clairement décidé que l’homme ne mérite la vie que s’il est capable de contribuer à la production des biens et des services. Quant à celui qui est incapable de participer à la production parce qu’il est né faible, ou qu’il a été victime d’un handicap quelconque, alors il ne mérite pas la vie car, il ne mérite pas de prélever à la richesse du pays ce dont il lui faut pour satisfaire ses besoins vitaux. De même, toute personne ayant plus de possessions par un moyen ou un autre, parce qu’elle est née physiquement plus forte, ou intellectuellement plus apte aura droit de consommer plus qu’elle n’en a besoin et de dominer les autres. Celui dont l’attrait pour le matériel est plus forte possédera plus que les autres, tandis que celui dont le penchant spirituel est plus prononcé et dont l’attachement à des valeurs morales est plus fort aura moins que les autres du fait de son respect de contraintes morales ou spirituelles durant la quête de la richesse. Cela écarte les valeurs spirituelles et éthiques de la vie et la rend purement matérielle. La vie devient basée sur un combat matérialiste dont le but est de gagner les moyens permettant de satisfaire les besoins matériels. C’est ce qui se passe réellement dans les pays qui adoptent le système capitaliste et ceux qui l’appliquent. Il est apparu dans les pays qui ont adopté le capitalisme comme système économique, la domination des monopoles capitalistes, les producteurs imposant leurs lois aux consommateurs. Un petit groupe de personnes comme les propriétaires des sociétés d’exploitation de pétrole, de fabrication automobile et des industries lourdes, en sont venus à régner littéralement sur la masse de consommateurs leurs imposants des prix déterminés pour les biens. Ce qui a conduit à certaines tentatives de colmatage du système. Ainsi, ils ont donné à l’État le droit d’intervenir pour fixer le prix dans certaines circonstances afin de préserver l’économie nationale, protéger les consommateurs, réduire la consommation de certains produits et, ce faisant, limiter l’autorité des monopoles. Raccommodages Ils ont par ailleurs inclus dans l’organisation de la production, des projets publics dirigés par l’État. Cependant, toutes ces raccommodages, déjà en contradiction avec la base même du système capitaliste - qui est la liberté de propriété -, ne sont appliquées que dans des circonstances très limitées. De plus, de nombreux capitalistes, tels que les partisans des courants individualistes récusent cet interventionnisme de l’État et le rejettent. Ces derniers estiment que le mécanisme du prix suffit à 15
  • 16. lui seul pour réaliser l’harmonie entre les intérêts des producteurs et ceux des consommateurs sans aucun besoin d’une quelconque intervention de l’État. Comme nous l’avons dit les raccommodages préconisées par les interventionnistes ne s’appliquent que dans des circonstances et conditions bien déterminées, mais même dans le cas de leur application, la distribution de la richesse ne satisfait pas les besoins de tous les membres de société individuellement et de manière complète. La mauvaise distribution des biens et des services qui résulte du concept de la liberté de propriété et du concept qui fait du prix le seul outil de distribution de la richesse, prédomine dans toute société qui applique le système économique capitaliste. En ce qui concerne l’Amérique, où, à un moment donné, chaque citoyen avait pu prélever de la richesse nationale de quoi satisfaire complètement ses besoins vitaux et une partie de ses besoins secondaires, cela a été dû à l’abondance des richesses dans le pays. Mais, cela n’était nullement le résultat de l’égalité de la part de chacun avec sa contribution dans la production des biens et des services. Par ailleurs, le fait de considérer le prix comme l’unique régulateur de la distribution a conduit les monopoles capitalistes à sortir de leur pays pour conquérir de nouveaux marchés pour acquérir la matière première et écouler leurs produits. Tout ce dont souffre le monde en terme de colonisation, de zones d’influences et d’invasion économique n’est que le résultat de ces monopoles et de celui de l’utilisation du prix comme outil de distribution des ressources. Ainsi toutes les ressources de la terre vont être rassemblées sur cette base pour être mises entre les mains des monopoles capitalistes. Tout cela est dû aux règles et principes erronés sur lesquels a été construit le système économique capitaliste. 4. Le système économique socialiste (et communiste) 4.1 Particularités du système économique socialiste Le système économique socialiste dont le communiste est l’opposé du système économique capitaliste. La plupart des idées socialistes sont apparues au dix-neuvième siècle. Les socialistes ont combattu vigoureusement les idées des courants libéraux, et donc le système économique capitaliste. La puissante apparition du socialisme est due à la flagrante injustice du capitalisme dont la société a souffert ainsi qu’aux nombreuses erreurs et inadéquations de ce système. Si l’on examine les écoles de pensées socialistes, il ressort qu’elles partagent trois thèmes qui les distinguent des autres écoles de pensée économiques: 1. La réalisation d’une certaine forme d’égalité 2. Abolition complète ou partielle de la propriété privée 3. Organisation de la production des biens et services par l’intermédiaire de l’ensemble de la population. Cependant, malgré leur entente sur ces points, ils diffèrent fondamentalement les uns des autres sur plusieurs autres points dont nous rappelons les plus importants dans ce qui suit. 16
  • 17. 4.2 Divergences entre les courants socialistes 4.2.1 Forme finale de l’égalité Les écoles de pensée socialistes diffèrent sur la forme finale de l’égalité qu’ils visent à réaliser. Un premier groupe préconise l’égalité arithmétique, ce qui signifie égalité dans tout bien profitable, ainsi à chacun est donné ce qui est donné à l’autre. Un autre groupe suggère la forme communiste de l’égalité qui consiste à prendre en compte l’habilité de chacun lors de la distribution du travail, et à considérer les besoins de chacun au moment de la distribution de la production. Selon eux l’égalité est réalisée lorsque le principe suivant est respecté : chacun est demandé suivant ses forces ou son habileté dans le travail qu’il effectue, à chacun est donné suivant ses besoins. Ce principe se résume en : ‘’De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins’’. Un troisième groupe adopte l’égalité en termes de moyens de production puisque les ressources ne sont pas suffisantes pour satisfaire les besoins de tous les individus. Ainsi, la base de la distribution est : ‘’De chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail’’. Ils estiment que l’égalité est réalisée lorsque tout le monde dispose de moyens de production similaires. 4.2.2 Part de propriété privée à abolir Les écoles de pensée socialistes diffèrent dans la quantité de ce qu’il faut abolir comme propriété privée. Un groupe adopte l’abolition complète de la propriété privée, c’est le communisme. Un autre préconise l’abolition de la propriété privée relative aux ressources productives appelées capital, tels que la terre, les usines, les chemins de fer, les mines, etc. Ils empêchent donc la possession de tout bien utilisé pour la production. Ainsi, l’on ne peut pas posséder une maison à louer, une usine ou une terre. Mais l’on peut garder la propriété individuelle des biens consommables. Il est donc permis aux gens de posséder tout ce qu’ils consomment. Ainsi ils ne peuvent posséder une maison que pour y habiter, et posséder ce que la terre ou les usines produisent. Ceci est le capitalisme socialiste. Un troisième groupe ne réclame pas l’abolition de la propriété privée à l’exception de ce qui relève des terres agricoles. C’est le socialisme agricole. Un quatrième groupe estime que chaque cas où l’intérêt public exige le passage de la propriété privée à la propriété publique, doit être étudié. Ils appellent à la restriction du nombre de propriétaires privés dans plusieurs domaines, en instituant des lois concernant la limite maximale de l’intérêt, les limites de locations, des salaires minimums et en attribuant aux travailleurs des parts dans le capital. Ceci est appelé socialisme d’État. 4.2.3 Moyens d’atteindre leurs objectifs Les écoles de pensée socialistes diffèrent également en terme des moyens qu’ils adoptent pour atteindre leurs objectifs. Le socialisme révolutionnaire compte sur la libération de la force ouvrière par ce qu’il appelle action directe, c’est-à-dire par l’effort des ouvriers eux-mêmes, comme les 17
  • 18. grèves illimitées, la destruction des machines et la propagation des idées de grèves générales parmi les ouvriers. Par l’empressement à réaliser ces grèves illimitées jusqu’au moment où ils seront capables d’appliquer leurs exigences, les processus économiques sont paralysés et le système économique en place est démoli. Les socialistes marxistes quant à eux, croient à la loi naturelle de l’évolution dans la société, et sont confiants qu’elle est suffisante à elle seule pour détruire le système en place et le remplacer par un nouveau système qui sera établi sur le socialisme. Quant aux partisans du socialisme d’État, le moyen d’appliquer leurs idées est la voie législative. Ainsi, en mettant en place des lois canons, ils garantissent la préservation de l’intérêt public et l’amélioration des conditions de la force ouvrière. De plus, en prélevant des taxes, en particulier sur le capital et l’héritage, il y aura une réduction de la disparité entre les propriétés. 4.2.4 Structures administratives Les courants de pensée socialistes se distinguent par la structure nécessaire pour administrer les projets dans le système socialiste. Par exemple, les capitalistes socialistes veulent attribuer l’organisation de l production et la distribution au gouvernement (l’État). Tandis que les syndicats a veulent assigner la gestion à un groupe organisé d’ouvrier dirigé par leurs chefs. 4.3 Conception de la valeur Les plus célèbres et les plus influentes des théories socialistes sont celles de l’allemand Karl Marx. Ses théories ont dominé le monde socialiste. C’est sur elles que le parti communiste et l’Union Soviétique étaient établis. Elles ont encore une grande influence aujourd’hui. Une des théories les plus connues de Karl Marx est la théorie de la ‘’valeur’’ qu’il a pris des penseurs capitalistes, et sur laquelle il a attaqué le capitalisme. Adam Smith, qui est considéré comme le fondateur de l’école libérale en Angleterre et celui qui a posé les bases de l’économie politique, c’est-à-dire le système économique capitaliste, a définit la valeur en disant : ‘’ la valeur de tout bien dépend de la quantité d’effort dépensé dans sa production’’. Ainsi, la valeur d’un bien dont la production nécessite 2 heures aura une valeur double de bien dont la production ne demande qu’une heure. Ricardo est venu par la suite convoiter dans sa théorie du travail lorsqu’il a défini la valeur en disant : ‘’Ce qui détermine la valeur d’un bien n’est pas seulement la quantité de travail investie directement dans sa production, mais aussi le travail réalisé dans le passé pour la production des outils et les machines utilisées dans le processus de la production’’. Cela signifie que Ricardo croit que la valeur d’un produit dépend des dépenses consenties dans sa production. Il traduit ces dépenses par un élément qui est le travail. Après cela, Karl Marx prendra la théorie de Ricardo concernant la conception de la valeur dans le système économique capitaliste comme une arme pour attaquer le concept de la propriété privée et le système économique capitaliste tout entier. Il affirme que la seule source de valeur d’un bien est le travail effectué pour sa production, et les propriétaires paient l’énergie des travailleurs à un prix qui ne dépasse pas la limite juste nécessaire pour les maintenir en vie et leur permettre de continuer à travailler. Le financier exploite donc leur énergie en produisant des biens dont la valeur dépasse de loin celle qui leur est payée. Karl Marx appelle la différence entre la valeur que produit l’ouvrier et celle qui lui est réellement payée la ‘’plus-value’’. Il a donc considéré que cette plus-value représente ce que les propriétaires et les employeurs usurpent des droits des travailleurs sous forme de revenus, de profits et d’intérêt dont naturellement il ne reconnaît pas la légalité. 18
  • 19. Karl Marx a estimé que les écoles socialistes qui ont existé avant lui devaient leur succès à l’amour de la justice et la volonté de défendre l’oppressé qui sont innés chez l’homme. Ces écoles adoptaient de nouvelles méthodes qu’elles considéraient applicables à la société, puis les présentaient aux gouvernants, aux propriétaires et aux intellectuels pour les inciter à mettre ces méthodes en application. Karl Marx, lui, n’a pas construit son école de pensée sur cette procédure, ni adopté leurs méthodes. Il l’a établi sur une idée philosophique connue sous le nom de ‘’matérialisme historique’’, également désigné par la ‘’théorie dialectique’’. Selon lui, l’instauration d’un nouveau système dans la société se fera par l’effet des seules lois économiques conformément à la loi de l’évolution qui existe dans la société. Tout cela sans l’intervention de qui que ce soit pour légiférer ou réformer. Le socialisme de Karl Marx a été appelé ‘’socialisme scientifique’’, pour le distinguer des autres méthodes socialistes qui l’ont précédé et qui ont été désigné sous le nom de ‘’socialisme idéaliste’’. La théorie socialiste de Karl Marx se résume comme suit : Le système qui anime la société à chaque époque est le résultat de la situation économique. Les changements qui affectent ce système sont tous dus à une seule raison qui est la lutte des classes pour améliorer leur situation matérielle. L’histoire nous montre que cette lutte finit toujours par le même résultat qui est la victoire de la classe la plus nombreuse et dont la plus pauvre sur la classe la plus riche et la plus petite en nombre. Il appelle cela la loi de l’évolution sociale. Elle s’applique aussi bien à l’avenir qu’au passé. Dans le passé cette lutte des classes existait entre les hommes libres et les esclaves, ensuite entre les nobles et les hommes du commun, puis entre les nobles et les paysans, de même entre les maîtres de jurande et les compagnons. La lutte finit toujours par la victoire de la classe opprimée, majoritaire, sur la classe oppressive, minoritaire. Après sa victoire la classe opprimée se transforme en une classe oppressive et conservatrice. Depuis la révolution française, la lutte existe entre la bourgeoisie et la classe des travailleurs. La première classe est devenue la maîtresse des projets économiques, la propriétaire du capital et conservatrice. En face d’elle se dresse la classe des travailleurs qui ne possède rien du capital mais qui est numériquement plus grande. Il y a donc un conflit d’intérêt entre ces deux classes, et il est dû à des raisons économiques. Le système de production aujourd’hui ne marche plus avec le système de propriété. La production n’est plus individuelle, c’est-à-dire réalisée par une seule personne comme c’était le cas dans le passé ; mais elle est devenue collective, c’est-à-dire partagée entre plusieurs individus. Cependant, la propriété n’a pas changé en conséquence. Ainsi, la propriété individuelle a perduré et elle est encore la base du système en cours dans la société actuelle. En conséquence, la classe ouvrière qui participe à la production n’est pas associée à la propriété du capital et se retrouve à la merci des capitalistes (les propriétaires du capital) qui, de surcroît, ne participent pas en personne à la production. Alors qu’ils exploitent les ouvriers en ne les payant qu’un salaire de survie et les ouvriers sont contraints d’accepter ce salaire puisque leur unique source de revenu est leur travail. La différence entre la valeur du produit et le salaire ouvrier - que Marx appelle ‘’plus-value’’- constitue le profit que monopolise le capitaliste alors que la justice veut qu’il la partage avec les travailleurs. Par conséquent, le conflit continuera entre les deux classes jusqu’à ce que le système de propriété soit conforme au système de production, c’est-à-dire lorsque la propriété devient socialiste ou collective. Ce combat finira par la victoire de la classe ouvrière conformément à la loi de l’évolution de la société, puisque c’est la classe opprimée et numériquement la plus importante. Quant à la manière dont la classe ouvrière vaincra et les causes de sa victoire, la loi de l’évolution de la société en donne l’explication. L’ordre social en place porte en lui les racines du groupe à venir et 19
  • 20. disparaîtra par l’effet des lois économiques auxquelles il obéit. Il est arrivé un moment où la classe moyenne a eu la victoire sur la classe des nobles et a joué un rôle important dans l’économie puisqu’elle était alors propriétaire du capital. Cependant, aujourd’hui, son rôle est terminé et le moment est arrivé pour elle de céder la place à la classe ouvrière. Ce qui le contraint à cela c’est la loi de la ‘’concentration’’ et le jeu de la libre compétition. Par l’effet de la ‘’loi de la concentration’’, le nombre de capitalistes diminue, et le nombre d’individus de la classe ouvrière augmente. Par l’effet de la ‘’libre compétition’’, la production dépasse toute limite, et la quantité produite dépasse ce que les consommateurs, membres de la classe ouvrière peuvent acheter avec leur faible salaire. Cela conduit à des crises entraînant certains à perdre leur capital et rejoindre ainsi dans la classe ouvrière. Avec l’évolution du processus, les crises s’intensifient, leur fréquence augmente et, le nombre de capitalistes diminue progressivement. Alors il ne sera plus loin le moment où une crise beaucoup plus importante que toutes les précédentes surviendra. Elle sera d’une telle ampleur qu’elle détruira les piliers du système économique capitaliste, et le socialisme s’établira sur les ruines du capitalisme. Marx voit dans l’avènement du socialisme l’étape ultime de l’évolution historique, car il détruit la propriété privée, et par conséquent il n’existera plus de raisons pour provoquer des conflits entre les classes sociales puisqu’il n’y aura plus de différence entre elles. La loi de la concentration à laquelle Marx fait référence fait partie du système économique capitaliste. En résumé, il y a une migration du capital de certains projets vers d’autres, de sorte que certains augmentent tandis que d’autres diminuent. Tout cela constitue des signes annonciateurs d’une concentration dans la production. Si vous comptez le nombre de projets dans un secteur de production industrielle, les usines de chocolat par exemple, vous trouverez que le nombre de projet diminue graduellement avec le temps, alors que la moyenne de la force de travail mise en oeuvre par projet augmente. Ce qui prouve qu’il y a eu concentration dans ce secteur de production, puisque les unités de production de grande taille remplacent progressivement les petites. Ainsi, si le nombre d’usines était de dix par exemple, il ne sera plus que de quatre ou cinq grandes usines et les autres auront disparu. Quant à la libre compétition évoquée par Marx, cela exprime le principe de la liberté du travail, ce qui signifie que chaque individu a le droit de produire ce qu’il veut comme il veut. Pour ce qui est des crises économiques mentionnées dans ses propos, elles s’appliquent à toute perturbation brusque affectant la balance économique. La crise spécifique comprend toutes sortes de crises qui s’abattent sur un secteur particulier, du fait du déséquilibre entre la production et la consommation. Cela se produit soit à cause d’une surproduction, soit à cause d’une surconsommation ou d’une sous-consommation. La crise générale périodique, apparaît sous la forme d’une violente agitation qui secoue les piliers du système économique tout entier. Elle devient alors le point de séparation entre la période de plein essor économique et celle de la dépression. Chacune de ces deux périodes dure entre trois et cinq ans. Les crises générales périodiques ont des caractéristiques particulières qui les distinguent des autres. 4.4 Caractéristiques des crises La plupart des caractéristiques se retrouvent dans les trois qualités suivantes : 20
  • 21. Premièrement, la généralisation, de sorte que dans un pays, la crise atteigne tous les aspects de la prospérité économique ou au moins la plupart. Elle apparaît d’abord dans un pays et s’y généralise, puis elle contamine d’autres pays, ceux qui ont réalisé un certain progrès économique et qui sont liés par des relations permanentes. La deuxième qualité est la périodicité, dans ce sens qu’elle apparaît après un certain laps de temps de façon périodique. La durée entre deux crises est comprise entre sept et onze ans. Cette durée n’est pas fixe, mais elle reste périodique. La troisième qualité est l’excès de production, de telle sorte que les propriétaires de grandes unités de production aient une grande difficulté à écouler leurs produits. Ainsi, la production surpasse la consommation pour la plupart des produits, et, la crise s’installe. Karl Marx considèrent que la crise conduit à la perte des capitaux de beaucoup de propriétaires qui gagnent alors les rangs des travailleurs. Ce qui entraîne la diminution du nombre de capitalistes et l’augmentation de celui des travailleurs, préparant ainsi la société à une crise générale qui détruira l’ancien système. 5. Critique de l’économie socialisme 5.1 De la question de l’égalité Il ressort de ce bref résumé du socialisme, et du communisme qui est une de ses formes, que les écoles socialistes, dont le communisme, travaillent pour l’égalité réelle entre les individus. Cette égalité s’exprime, selon les tendances, soit en termes de profits, soit en termes de moyens de production, soit de façon absolue. Chacune de ces types d’égalité n’est que purement imaginaire car impossible à réaliser dans la réalité. Il s’agit là donc d’une impossibilité pratique. Il en ainsi car l’égalité envisagée est elle-même irréelle, et donc impossible à mettre en pratique. L’irréalité de cette égalité s’explique par le fait que les êtres humains, par leur nature innée diffèrent aussi bien sur le plan physique que mental. De même ils diffèrent en termes de satisfaction de leurs besoins. D’où l’impossibilité de réaliser une égalité entre eux. En effet, même si on leur distribue, par force, la même quantité de biens et de services, ils ne pourront pas en tirer profit de façon égale. Par ailleurs, il est impossible de faire l’égalité entre les gens en termes de quantité de biens, nécessaire pour satisfaire leurs besoins. Un homme de grande corpulence a habituellement besoin de manger plus qu’une personne petite. Les besoins secondaires aussi varient largement suivant les individus. Aussi l’égalité entre les gens n’est-elle qu’une philosophie, purement théorique et imaginaire. De plus, l’égalité entre les gens elle-même, alors qu’ils n’ont pas les mêmes capacités, est loin de la justice que les socialistes prétendre essayer de réaliser. Les différences entre les êtres humains en termes de propriété, de moyens de production sont une réalité inévitable et, cela est tout à fait normal et naturel. Toute tentative de réaliser l’égalité est vouée à l’échec car elle s’oppose aux différences naturelles qui existent entre les gens. 5.2 De l’abolition de la propriété Quant à l’abolition de la propriété privée, elle est contraire à la nature humaine, car le besoin de posséder est inné en l’homme, c’est une des manifestations de son instinct de survie qui existe en lui 21
  • 22. de façon définitive. Ce besoin de posséder fait partie de la nature humaine, c’est une partie intégrante de son être qui ne saurait lui être dissocié. Il est impossible de l’abolir car c’est instinctif. En effet, tout ce qui est instinctif en l’homme ne peut lui être enlevé tant qu’il est vivant. Toute tentative d’abolition de propriété privée est une tentative de suppression d’un instinct naturel et ne mènera qu’à la désolation et au trouble. Par conséquent, ce qu’il convient de faire c’est organiser les instincts pour l’intérêt de la société, plutôt que d’essayer de les éliminer. S’agissant de l’abolition partielle de la propriété, cela peut recouvrir différentes significations qui méritent d’être précisées. • Si l’on entend par là, la restriction de la possession par un plafond, alors ce serait une limitation en termes de quantité, ce qui est faux car cela reviendrait à limiter l’activité humaine, freiner ses efforts et réduire sa production. En empêchant à l’homme de posséder au delà d’un certain niveau, il sera effectivement arrêté à cette limite, son activité sera suspendue, et la société sera privée du bénéfice de l’activité qu’il aurait pu mener. Les sociétés qui ont appliqué cette restriction de la propriété sont inévitablement marquées par un manque de motivation à travailler et à être productif. Cependant, si la propriété est limitée à certains produits mais sans limitation de la quantité possédée, alors c’est acceptable car cela ne met pas d’obstacle à l’activité de l’homme. Cette approche organise la propriété des biens parmi les individus, et permet ainsi d’encourager à fournir des efforts et accroître l’activité. • Si l’abolition partielle signifie empêcher l’individu de posséder certains biens, tandis que d’autres biens peuvent être possédés sans aucune limite sur la quantité, là aussi il faut examiner le cas. Si l’utilité que recèle le bien ne peut être tirée par un seul individu qu’en privant le public d’en bénéficier, alors il est tout à fait normal d’empêcher sa possession par un seul individu. Il s’agit dans ce cas de biens dont le profit est par nature commun aux gens, tels que les routes, les jardins publics, les fleuves, les mers et autres biens analogues. La restriction est imposée par la nature même du bien. Pour cette raison, il n’y a aucun mal à interdire la propriété exclusive par un individu de certains biens qui sont d’utilité publique, au cas où cette propriété individuelle empêcherait les autres d’en profiter. • Si la nature du bien ne requiert pas une restriction à sa possession, dans ce cas il faut également examiner plusieurs éventualités avant de décider un droit de propriété sans limites. Si le bien est directement lié à un bien dont la propriété individuelle est interdite, comme les biens dont la source ne peut être possédée de façon privée, tels que l’eau et les immenses ressources minérales, alors il n’y a pas de mal à en interdire la propriété privée. Ce qui lie ces deux types de biens c’est leur origine commune. Si les biens qui ne sont pas communs par nature ne présentent pas un tel lien, alors il ne devrait pas y avoir une restriction à leur possession. Le faire limiterait injustement la propriété sans aucune raison. Cela est semblable à la limitation de propriété par la quantité et conduit aux mêmes résultats, c’est-à-dire : restriction de l’activité humaine, frein de ses efforts, réduction de la production et arrêt de travail, une fois arrivé au seuil imposé. L’abolition partielle de la possession dont il est question dans le socialisme est une limitation par la quantité plutôt que par la manière. Elle empêche la possession de certains biens qui par leur nature et celle de leur origine devraient être possédés de façon individuelle. Le socialisme limite la propriété soit par la quantité, comme la restriction de la possession des terres dans certaines régions, soit par certaines caractéristiques comme l’interdiction de propriété des biens qui sont des moyens de production. Beaucoup de ces biens, par leur nature, pouvaient être possédés par des individus. L’interdiction de la possession de ces biens est une restriction de l’activité humaine, que ces biens soient spécifiés, comme l’interdiction du droit d’héritage, la possession des mines, des chemins de 22
  • 23. fer, ou d’usines ; ou qu’il soit laissé à l’État le soin d’empêcher la possession d’un bien chaque fois que l’intérêt public l’exige. Tout cela constitue une limitation à l’activité des individus tant que ces biens sont empêchés d’être possédé, alors que de par leur nature ils peuvent être possédés par des individus. 5.3 De l’organisation de la production En ce qui concerne l’organisation de la production et la distribution par des moyens publics, cela n’est pas satisfaisant puisqu’elle provoque inquiétude et perturbation parmi les gens, et crée rancoeur et haine parmi eux, les uns envers les autres. Il en résultat donc de l’anarchie et non de l’organisation. De plus une organisation ne vient pas naturellement par le cours des choses en laissant les travailleurs subir l’injustice des propriétaires. En effet, il se peut que ces derniers soient assez habiles pour payer les travailleurs de quoi satisfaire tous leurs besoins essentiels - comme c’est le cas aux États-Unis par exemple - de sorte que ceux-ci ne se rendent pas compte de l’injustice commis par les propriétaires en spoliant le fruit de leurs efforts. Par conséquent, l’évolution sensée réguler la production et la distribution ne se produira pas d’elle même, et elle ne s’est pas produite dans l’exemple cité. Pour cette raison, il est indispensable que cette régulation soit mise en place par des lois et des solutions appropriées, fondées sur une base sûre et définitive qui s’applique bien à la réalité des problèmes. Or, pour organiser la production et la distribution, le socialisme recours soit à la création des tensions et des troubles parmi les travailleurs, soit à la loi de l’évolution de la société, soit enfin à une législation établie par l’homme, et donc circonstancielle et non fondée sur une base sûre et définitive. Par conséquent, cette organisation est fausse dès sa base. Ceci est une preuve de la fausseté du socialisme en général. Quant à la fausseté du socialisme de Karl Marx en particulier, elle apparaît sous trois aspects. 5.4 De la théorie marxiste Premièrement : Son opinion sur la valeur est erronée et contraire à la réalité. En effet, considérer que la seule source de valeur d’un bien est le travail est en contradiction flagrante avec la réalité puisque le travail n’est qu’une source de la valeur et non pas la seule source. Il y a bien d’autres facteurs autres que le travail qui entre dans la constitution de la valeur d’un produit. Il y a par exemple la matière première sur laquelle se fait le travail, il y a aussi le désir exprimé pour l’utilité que comporte le produit. Dans certains cas la matière première présente plus d’intérêt que le travail effectué pour les acquérir, comme dans la chasse par exemple. Sans gibier, l’action de chasser ne saurait créer de la valeur. Par ailleurs, un produit peut ne pas avoir de la demande sur le marché local et être interdit à l’exportation comme le vin chez les musulmans. Ainsi, considérer le travail comme la seule source de valeur est incorrect, et ne correspond pas à la réalité du produit en tant que tel. Deuxièmement : Karl Marx affirme que le système social qui existe à une époque donnée est le résultat de la situation économique, et que les divers changements qui affectent ce système sont tous dus à une seule raison qui est la lutte des classes pour améliorer leurs conditions matérielles. Eh bien, cette affirmation est une erreur. Elle est en contradiction avec la réalité et basée sur une supposition théorique douteuse. La preuve de sa fausseté et de sa contradiction avec la réalité apparaît clairement aussi bien à travers les événements historiques que les faits vécus. En effet, chacun peut constater que le passage de la Russie soviétique au socialisme n’a été ni le résultat d’une évolution matérielle, ni celui d’une lutte entre les classes qui aurait remplacé un système par un autre. Mais il 23
  • 24. s’agit d’un groupe qui est arrivé au pouvoir par une révolution sanglante et qui s’est mis à appliquer ses idées sur le peuple, changeant ainsi le système. C’est le même scénario qui s’est déroulé en Chine. L’application du socialisme à l’Allemagne de l’Est à l’exclusion de l’Ouest, et à L’Europe de l’Est et pas à l’Europe de l’Ouest, n’a pas été non plus le résultat d’une lutte des classes. Cela a été plutôt le fait de l’occupation de ces pays par un État socialiste qui a appliqué son système sur eux, exactement comme cela s’est passé avec le système capitaliste, avec le système de l’Islam et, comme cela se passe avec tout système. Les pays pour lesquels la loi de l’évolution prévoit un changement par l’effet de la lutte des classes sont l’Allemagne, l’Angleterre et les États-Unis, qui sont des pays capitalistes et où les propriétaires et les travailleurs sont les plus nombreux ; et non pas la Russie tsariste ou la Chine qui sont deux pays beaucoup plus agricoles qu'industriels, et où les classes capitalistes et ouvrières sont plutôt réduites, comparées aux pays occidentaux. Et malgré la présence de ces deux classes antagonistes en Europe occidentale et en Amérique, il ne s’est pas produit un passage au socialisme dans ces régions, et elles continuent d’appliquer le système capitaliste. La présence des classes capitalistes et ouvrières n’a eu aucune influence sur le système en cours. Cela suffit largement pour réfuter cette théorie de l’évolution dès sa base. La troisième erreur de la théorie de Karl Marx apparaît dans son opinion à propos de l’évolution de la société, affirmant que le système économique est fatalement destiné à l’extinction par l’effet des lois économiques auxquelles il est soumis. Il ajoute que la classe moyenne, victorieuse de la classe des nobles - précédemment détentrice des capitaux -, cédera inévitablement sa place à la classe ouvrière et cela par le seul effet de la loi de concentration. L’erreur dans cette opinion vient du fait que Marx l’a fondée sur sa théorie concernant la concentration de la production selon laquelle le nombre des travailleurs augmenterait sans cesse et celui des propriétaires diminuerait sans cesse est fausse. Elle est fausse parce qu’il y a une limite que la concentration de la production ne peut pas dépasser. En effet, arrivée à une certaine limite la concentration s’arrête, et par conséquent, il ne se produit jamais l’évolution qu’a imaginée Marx. De plus, la concentration n’intervient pas du tout dans l’un des plus importants secteurs d’activité qui est l’agriculture. Alors comment la loi de l’évolution peut-elle s’appliquer sur la société ? Par ailleurs, Karl Marx croit que la concentration de la production sera suivie par celle des ressources, qui entraînera la réduction du nombre d’investisseurs, détenteurs des capitaux, et l’augmentation de celui des travailleurs démunis. Or, cela est faux car la concentration de la production peut entraîner une augmentation de propriétaires de capitaux, et il peut même en résulter la transformation de la classe ouvrière en capitaliste. Les sociétés par actions, forme la plus courante pour les grands projets, comptent souvent parmi les actionnaires plusieurs de leurs propres salariés. Ces travailleurs sont donc, en même temps, détenteurs de capitaux, ce qui réfute la théorie de la concentration. De plus, dans les usines, beaucoup d’employés ont des salaires élevés tels que les ingénieurs, les chimistes, les gestionnaires. Ils sont ainsi capables d’épargner une bonne partie de leurs revenues et devenir eux-mêmes des investisseurs sans avoir à créer de nouvelles entreprises. Par conséquent, ce que Karl Marx répand comme théorie à propos de l’évolution de la classe ouvrière ne s’applique à eux. Ceci n’est qu’un bref examen des principes sur lesquels sont établis respectivement les systèmes économiques capitaliste et socialiste, y compris communiste. Cet examen rapide fait ressortir une petite partie de ce que ces systèmes recèlent comme erreurs, idées fausses et conceptions perverses. 24
  • 25. 6. La conception islamique de l’économie 6.1 Divergences du capitalisme et du socialisme par rapport à l’Islam La comparaison de ces deux systèmes avec l’Islam montre qu’ils diffèrent fondamentalement dans la méthode utilisée pour résoudre les problèmes et qu’ils sont en totale contradiction avec l’Islam. La première différence fondamentale entre ces deux idéologies et l’Islam réside dans la méthode que l’Islam utilise pour résoudre les problèmes. Cette méthode est exactement la même pour tous les problèmes qui se posent à l’homme, qu’ils soient économiques ou non. Elle consiste à étudier la réalité du problème, le comprendre, et ensuite en déduire la solution des textes de la législation islamique après avoir bien étudié ces textes et s’être assuré que cette solution correspond bien au problème traité. Cela diffère de la façon dont le capitalisme et le socialisme traite les problèmes économiques. Dans le capitalisme, la solution est déduite de la réalité même du problème après l’avoir étudié. Et dans le socialisme, les solutions sont tirées des suppositions théoriques que l’on imagine exister dans le problème. Les solutions sont donc établies conformément à ces suppositions et non pas à la réalité du problème. Les deux méthodes, capitaliste et socialiste sont différentes de la méthode islamique. Par conséquent, il n’est pas permis à un musulman de les utiliser, ni d’adopter les solutions obtenues par ces méthodes. Quant à la contradiction totale des systèmes économiques capitaliste, d’une part, et socialiste y compris communiste, d’autre part, avec l’Islam, c’est que l’Islam adopte ses solutions en tant que lois islamiques, c’est-à-dire tirées de la révélation puisque ce sont uniquement les textes révélés qui servent de preuves dans la déduction de ces lois. Alors que les solutions capitalistes et socialistes ne s’appuient nullement sur la révélation. Ce sont donc, au contraire, des lois du kufr et, par conséquent, illégales aux yeux de l’Islam. Juger et gouverner par ces lois, signifie juger par autre chose que ce Dieu a révélé, et il n’est pas permis à un musulman de les adopter, de quelque manière que ce soit. Leur adoption est un péché exhibé (Fisq) si celui qui les adopte n’y ajoute pas foi, mais s’il est convaincu qu’elles sont des lois justes, et que les lois islamiques sont inadaptées au monde moderne, ou incapables de résoudre les problèmes modernes, alors cela devient une mécréance. Que Dieu nous en préserve. 6.2 Différence entre science économique et système économique Tout d’abord, il importe de rappeler que le mot économie est dérivé d’un vieux terme du grec ancien, qui signifie ‘’la gestion des affaires de la maison’’, de sorte que ses membres actifs puissent participer à la production des biens et la réalisation des services. De même, tous ses membres bénéficient de ce qu’ils possèdent. Au fil du temps, les gens ont étendu le sens du mot ‘’maison’’, jusqu’à ce qu’il désigne l’ensemble de personnes gouvernées par un même État. Ce qui est recherché par le mot économie, ce n’est pas son sens linguistique qui est l’épargne ou la propriété. Il s’agit plutôt de son sens conventionnel, c’est-à-dire, l’administration des biens, soit par son accroissement, soit par la garantie de sa production qui est étudiée dans la science économique, ou la manière de le distribuer traité par le système économique. 25