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T O W N B O X
Le mensuel gratuit du 2ème Arrondissement
Avril 2008 /// Numéro 2 /// www.townbox.net
 

edito
Quand on s’est connu, quand on s’est reconnu, pourquoi se perdre de
vue ? Nous nous sommes rencontrés le mois dernier, vous nous reconnais-
sez en ce mois d’avril, alors pourquoi se reperdre de vue ?
En Avril, nous ne nous découvrirons pas d’un fil, mais nos pages se cou-
vriront des tissus ou des fibres optiques qui sont la fierté de l’Est de notre
arrondissement. Nous cheminerons ensemble dans les rues du Nil et Saint-
Denis, nous nous reposerons place du Caire. Nous emprunterons un « Sen-
tier » peu connu ensemble. Nous y rencontrerons Fabrice ou Marie-Jo, nous
ferons de l’ancienne cour des miracles, une agora où nous apprendrons à
mieux connaître le maire nouvellement réélu M.Boutault, puis nous irons
ensemble faire nos gammes numériques dans le passage des Panoramas. Et
si un fil tel Ariane guide notre équipe dans cet arrondissement si riche, c’est
encore et toujours l’envie de vous découvrir fil par fil.
Tissons ensemble la toile d’un deuxième arrondissement heureux d’être
le sentier qui mène au cœur de Paris. TOWN BOX deviendra votre navette
favorite pour vous y aiguiller.
SOMMAIRE :
- 4 ça bouge dans la boite!
- 8 citoyen de la boite
- 10 boite à idées
- 14 citoyen de la boite
- 16 boite à dossiers
- 21 boite à images
- 23 boite de jour/boite de nuit ( agenda)
- 26 une nouvelle dans la boite
- 28 boite de jour/boite de nuit ( agenda)
- 29 abonnement
- 31 boite à images
- 34 boite à couture
- 40 boites aux lettres
- 42 boite noire
- 44 boite à musique
- 45 boite artistique
- 46 le numéro de la boite
- 47 boite à saveurs
- 48 boite à souvenirs
- 50 boite à malice
3
Unafterwork,voilàcequ’ilnousfaut
Jeudi, 16h: mon écran disparaît sous les Post-
It, ma boîte mail explose et le diable en Pra-
da hurle à l’autre bout de la rédaction. Coup
de fil SOS à Simone, mon amie elle aussi
surbookée dans sa tour de La Défense: j’ai
un besoin urgent de détente! Décompresser
avec un mojito, me défouler sur un dance-
floor, rencontrer de nouvelles têtes… et être
opérationnelle en réunion demain à 9h. Un
afterwork, voilà ce qu’il nous faut.
L’afterwork, c’est cette tendance qui permet
de concilier sorties et vie active et nous vient
tout droit d’Outre-Manche. D’aussi loin que
je m’en souvienne, le détour par le pub après
le travail est une tradition chez nos voisins
british. Mes escapades à La City m’ont con-
firmé que l’horloge du royaume avance sur
la nôtre: on sort du bureau, on dîne plus tôt
qu’en France, et les bars suivent le rythme.
Habitués à voir fermer leurs pubs avant
minuit, les Anglais sont des adeptes invété-
rés de l’afterwork. Dès 17h, Londres sent le
houblon, et des milliers d’executives laissent
tomber le masque de professionnels over-
bookés.
A l’heure où les tendances traversent la Man-
che plus vite que l’Eurostar, l’afterwork tente
de s’imposer dans l’Hexagone. Si les villes
de province n’adoptent le phénomène que
marginalement, Paris voit le concept émerg-
er grâce au bouche à oreille et à l’explosion
du social networking. La transversalité et
l’instantanéité des réseaux virtuels ayant
bouleversé la carte des échanges, Internet est
«the place to be» pour qui veut s’informer et
multiplier les contacts.
17h: connectée à Google, je parcoure les ré-
sultats pour « afterwork+paris» et m’arrête
sur seven2one.com. Rapide e-mail à ma
liste de friends sur Facebook : rendez-vous
à La Galerie, 161 rue Montmartre, à mi-che-
min entre mon bureau et celui de Simone.
What’s Hap, agence pionnière de l’afterwork
à la sauce parisienne, y organise son Seven
To One chaque jeudi depuis 2001. Ce soir, le
thème, c’est « Rien que pour elles ».
19h: je m’engouffre dans le métro. Rien de
réjouissant dans la rame: un échantillon des
2 millions de Parisiens abonnés aux stressés
anonymes sort du travail. Pour beaucoup,
l’environnement professionnel se durcit:
cibles d’injonctions paradoxales, les indivi-
dus se doivent d’être autonomes et perfor-
mants, tout en manifestant leur épanouisse-
ment. Impatiente de profiter d’un afterwork
bien mérité, je m’arrête à la station Bourse et
fonce à La Galerie.
METRO, BOULOT, MOJITO
ça bouge dans la boite!
4
par Juliane Le Pouezard
Photographe : William Gaye
L’afterwork, terrain de chasse pour solo en
quêtederencontres?
20h: métro, boulot, mojito. Affalée sur un
sofa, je savoure mon cocktail préféré pen-
dant que les filles se font chouchouter au
rez-de-chaussée. Au programme de cet af-
terwork couleur rose bonbon: make-up, ca-
deaux girly, sex-toys… Le décor est digne
d’un épisode de Sex and The City sponsorisé
par Bacardi et Cosmopolitan. Le thème «Rien
que pour elles» est un créneau commercial
de choix pour les marques ciblant la jeune
consommatrice. En signant un partenariat
avec la société évènementielle, alcools, mag-
azines ou marques de lingerie contribuent
matériellement à l’afterwork en échange
d’une visibilité certaine auprès des working
women présentes.
21h: les Carrie Bradshaw parisiennes sont
rejointes par la testostérone qui desserre la
cravate et fait valser l’attaché-case. Derrière
ma vodka-fraise, j’observe la faune. Venus
entre amis à la sortie du travail, traders, con-
sultants et fils de pub dégainent leurs plus
beaux sourires aux jolies filles potentielle-
ment libres. L’afterwork, terrain de chasse
pour solo en quête de rencontres? Leur
rythme de vie s’accélérant sans cesse, les
actifs pressés n’ont plus le temps de cher-
cher l’âme sœur. Preuves en sont les 350 000
célibataires parisiens, poules aux œufs d’or
des sites de rencontres et organisateurs de
speed-dating. Draguer vite pour vivre vite,
slogan de l’afterwork? «Nous ne ciblons pas
les célibataires», souligne Christophe Mau-
mus, fondateur de What’s Hap. «Mais ils
sont de fait assez nombreux, environ 40%
de la clientèle». Sur le dancefloor, les regards
des mâles sur les donzelles en goguette sont
révélateurs. Autour de moi, les discussions
vont bon train. Simone drague un journaliste
aux faux airs de Yann Barthes, Lara et Yves
se déchaînent sur Prince, Madonna ou Cas-
5
Si Oncle René et Tata Denise ont passé 30
ans dans le même service, aujourd’hui,
changer d’employeur pour enrichir son CV
devient courant. Cette mobilité implique
un développement des réseaux profession-
nels, où le carnet d’adresses est un atout. Au
placard les bottins, on réseaute sur le Web
et on court les afterworks pour y rencontrer
ses pairs. Théoriquement accessibles à tous,
des soirées comme la Seven 2 One accueil-
lent une clientèle homogène: 80% de CSP+.
Une endogamie sociale favorisée par la réci-
procité des intérêts: la fiesta sans cernes et
gueule de bois alliée à des rencontres rapides
et utiles.
Afterworkouapéritif?
0h30: entre l’exposé sur le CAC40 de mon
voisin, les décibels qui cognent et mon six-
ième cocktail, mon cerveau s’échauffe. De-
main soir, il est possible que je préfère un
simple troquet au brouhaha des bussiness-
fêtards. En attendant, je dégaine mon Pass
Navigo et regagne mes pénates avec 7h de
sommeil devant moi: pas de petit matin pâ-
teux à l’horizon, je serai d’attaque à l’heure
au bureau. Jeudi prochain, retour à La Galer-
ie? Je tenterai peut-être l’afterwork du Bizen,
111 rue Réaumur, ou alors… L’évidence me
frappe: hormis ces deux espaces, rares sont
les établissement à proposer des afterworks
dans le 2e.
Pourquoi le concept peine-t-il à s’imposer
dans l’arrondissement? Le caractère élitiste
de l’afterwork est certainement la raison
principale à cette difficulté. Si ses rues four-
millent de bureaux, banques et agences,
le 2e vit d’hétérogénéité. Jeunes cadres et
chefs d’entreprises côtoient commerçants,
étudiants et retraités attachés à l’âme des
quartiers Montorgeuil, Sentier ou Opéra.
Nombreux sont ceux qui ne se reconnaissent
pas dans le réseau sélectif des afterworks.
sius… La playlist est peu audacieuse, mais les
fêtards ne sont pas là pour le son. Un groupe
de pubards en Armani m’invite à sa table.
Tout juste diplômés de Sup de Co ou Scienc-
es-Po, ces aficionados de l’afterwork ont un
but commun: oublier la pression du bureau
en faisant des rencontres autour d’un verre.
«L’ambiance est détendue avec l’alcool et la
musique. Les contacts se font rapidement, et
je ne parle pas seulement des filles qui nous
plaisent» déclare Carl, consultant marketing.
«C’est ici que j’ai rencontré mon patron ac-
tuel, qui m’a embauché peu de temps après
un échange de cartes de visites».
LeRéseau,Graaldu21°siècle.
22h: j’ai six numéros de plus dans mon porta-
ble. Laisser mes coordonnées lors d’un dîner
privé me semble presque obsolète. Ouvert
à tous, l’afterwork se révèle un formidable
terrain d’interactions sociales. À cette acces-
sibilité s’ajoutent immédiateté et réciprocité
des intérêts: les «afterworkers» veulent sortir
utile entre personnes du même milieu. A La
Galerie, nul besoin de sondage pour deviner
qu’une catégorie socio-professionnelle bien
précise domine. À cette faune qui fait la-fête-
avant-l’heure correspond un profil type: tren-
tenaire, indépendant, workaholic. L’urbain
en costard-cravate, qui se décline en version
féminine, se consacre à sa carrière. Caché
derrière son écran 50h par semaine, l’animal
reste néanmoins sociable: en solo, en duo
ou en colocation, son IPhone ne s’endort
jamais. Ces cadres et employés à fortes re-
sponsabilités, baptisés CSP+ par les études
sociologiques, sont ce soir plus de 800. Ce
qui les attire sous la boule à facettes dès 19h?
La possibilité d’y élargir leur réseau.
Le mot est sur toutes les lèvres: le réseau,
Graal du 21e siècle. L’ancienneté au sein de
l’entreprise n’est plus reine, compétitivité et
insécurité de l’emploi ont changé la donne.
4
6
Dans cet arrondissement de bouche, l’ambiance populaire ignore l’élitisme, lui préférant la
convivialité d’une tradition bien latine: l’apéritif. Nul besoin de faire partie d’une catégo-
rie précise: le Ricard-cacahuètes sur le zinc fait partie du charme hexagonal et est ouvert à
tous. Jeudi prochain, j’invite mes amis chefs de pub, intermittents et abonnés à l’ANPE à
l’apéro. Rendez-vous à 19h pour l’happy-hour, au Cœur Fou, au Next ou aux Truskel. Devant
quelques guitares et nos pintes à moitié prix, on refera le monde, on oubliera le travail, et en
vraie Cendrillon parisienne, je me coucherai aux douze coups de minuit.
7
citoyen de la boite
Le rideau rouge s’ouvre. Sous le plafond de
Chagall, 1979 spectateurs applaudissent Ma-
rie-Jo. Ils ne l’ont pourtant jamais vue. Ils vi-
ennent rêver devant des étoiles. Mais ce sont
en coulisse dans les yeux de Marie-Jo, qu’à
cet instant, elles dansent encore le mieux.
Marie-Jo est une Carmen dont l’amour n’a
qu’un nom : la danse, et qu’une loi : venir
chaque jour à l’Opéra de Paris. Cette blonde
est espagnole, d’Albacete, le pays de Don
Quichotte. Là-bas, elle fut assistante de bloc
opératoire, mais les plaies n’étaient pas ce
qu’elle voulait recoudre. Alors, lorsque son
cœur battit la même mesure que celui du
Don Juan, passionné de photographie, qui
est toujours son compagnon, elle entama un
pas de deux qui la mena à Paris. Grâce à lui
et à son diplôme en coupe et couture, elle dé-
couvrit son métier, sa passion : en 1981, au
Palais des Congrès, elle devient habilleuse.
Le théâtre commence par le vestiaire. S’il
semble exister une hiérarchie des métiers en-
tre danseuse et habilleuse, la danse et le geste
ouvrier de couture ont la même dynamique :
celle de fabriquer le matériel d’un spectacle.
L’étoile et Marie-Jo partagent le même tra-
vail de gestes laborieux pour être plus per-
formantzaintenant que Marie-Jo, au sein
de cette famille de plus de 1000 personnes
et 70 corps de métiers, répète ses gestes de
retouche et de nettoyage sur l’accessoire le
plus intime de la danseuse : son costume.
Car être habilleuse n’est pas qu’un métier de
couture, c’est un rôle important auprès des
artistes. Certes, elle habille et change les ar-
tistes. Certes, l’aiguille à la main, son esprit
doit être aux aguets, improvisant une solu-
tion pour la bretelle qui lâche en plein spec-
tacle ou la fermeture qui se coince. Certes, sa
main doit être agile. Mais la fierté de Marie-
Jo vient du côté jardin de son travail : elle
est une « petite maman » pour les artistes.
Cette présence rassurante qui leur apporte
tout ce dont ils ont besoin, ce lien proche et
confiant qui justifie tous les caprices, car le
poids que tous les danseurs portent sur leurs
épaules est celui d’un ballet entier, Marie-Jo
en a fait son travail. Pourtant, elle est encore
une petite fille aux yeux qui brillent devant
le spectacle de ces corps gracieusement rom-
pus qu’elle connait si bien.
Elle aurait aimé danser Marie-Jo. Danser
comme Noëlla Pontois, celle qui lui a fait
aimer la danse. Ou même danser comme
ces petits rats de l’Ecole de Danse dont elle
s’est occupée pendant neuf ans. Alors que
les danseurs font des allers-retours perma-
nents entre ses mains avant de s’exposer,
elle, elle a apprit à s’imaginer sur scène pour
bien faire son métier. Car, il faut aller vite, ne
pas s’arrêter, ne pas avoir les doigts rouillés,
parce que, comme pour la danseuse, le chef
d’orchestre n’arrêtera pas la musique pour
une fermeture mal recousue. En moyenne, il
y a cinq changements par ballets, et il faut
suivre les danseurs, leur donner l’eau, les
guêtres, les pointes dont ils ont besoin pour
retourner briller. Il faut de la discipline pour
cela et Marie-Jo qui a travaillé avec le Bol-
choï l’exige d’elle-même comme des autres.
Il en manque un peu parfois à ces yeux dans
cet Opéra Garnier, ce théâtre qui est, pour
elle, le plus beau du monde.
Car Marie-Jo en est très amoureuse de son
Opéra, vieux monsieur charmant de 133
printemps. Elle en a connu d’autres pour-
tant, dans d’autres pays, en tournée. Ceux du
Japon, où elle a suivi In the Night, un ballet
d’étoiles, en 1992, et où coquetterie ultime
pour cette jeune rêveuse, elle a pu porter
trois des robes. Elle est partie à Washington
avec les petits rats. Elle se prépare même à
partir en Chine, avec neuf autres habilleuses,
et les 271 costumes, pour suivre Paquita. Elle
par Abeline Majorel
Photographe : Florent Michel
Les étoiles à portée de main. Marie-Jo Carlos Sanchez
8
connait l’Opéra Bastille, qu’elle juge peu fonctionnel mais fabuleux pour stocker les cos-
tumes. Mais, en bonne amoureuse, elle revient toujours à Garnier, cette corbeille rouge et or
qui la fait se sentir si privilégiée et chanceuse. Elle y a ses meilleurs souvenirs, ceux où tous
tendus vers le même objectif, offrir une représentation de qualité pour le public, ils formaient
une famille. Dans cette ruche, tout est produit par cette famille, des costumes aux décors. Et
si l’univers de la pratique de la couture peut paraître désuet, en voyant le sourire de Marie-Jo
parlant de son métier, il nous reprend des envies de broder. Et avoir des étoiles dans les yeux
comme Marie-Jo qui les a entre ses doigts.
9
boite à idées par Abeline Majorel
Photographe : Florent Michel
Le deuxième arrondissement, le bastion vert de Paris.
Le 29 mars dernier, M.Jacques Boutault a été réélu maire du 2°arrondisse-
ment. Les électeurs du 2° ont voté à 68,3% pour la liste fusionnant celle
de M. Boutault (Verts) et celle de Mme Wieviorka (PS).Rencontre avec la
majorité municipale.
travailler ensemble.
Town box : Les électeurs se sont clairement
prononcés pour cette liste d’alliance entre les
Verts et le PS.
Jacques Boutault : Moi je suis pour
l’unicité, je suis pour rassembler, et on ne
peut rassembler que des gens qui sont dif-
férents de vous. Je serai donc unitaire pour
deux. Les électeurs ont jugé d’une part le
projet d’un maire sortant et d’autre part une
liste composée du PS, PCF, MRG soutenue
par Bertrand Delanoë. Et, cette dernière a
fait jeu égal, quasiment avec juste 3 points
d’écarts, avec la liste autonome qui représen-
te un seul parti politique, les Verts. En ten-
ant compte des précédentes élections, et en
enlevant les 2.5% du PCF, 1.5% du MRG et
les 0.5% du PRG, la première force politique
de l’arrondissement, ce sont les Verts. J’ai
toujours dit que les Verts faisaient partie de
la majorité municipale de Paris, une com-
posante critique certes mais qui a toujours
eu l’intention de fusionner ses listes au 2°
tour avec celle de M. Delanoë. Mais, nous
devions aller, en force autonome, au devant
des électeurs, et non pas avec des obscurs
accords d’appareils décidant de la place des
uns ou des autres. Je travaillerai donc avec
ce que les électeurs m’ont donné comme
feuille de route c’est-à-dire une mairie écolo-
giste et socialiste et communiste et surtout
citoyenne.
Town Box : Notre numéro d’avril a pour fil
rouge le Sentier. Ce quartier subit de plein
fouet la crise du textile, dans le même temps
qu’il est à la pointe de l’innovation avec les
nouvelles technologies d’information et de
communication qui y sont installées. Com-
ment voyez-vous le Sentier lors de votre pro-
chaine mandature ?
Dans son bureau de la mairie du deuxième,
joliment orné d’une lampe en cuivre en
forme de fleur faîte par une amie artiste, le
maire du 2° arrondissement, M. Boutault, est
attentif et détendu. Il nous y a reçoit au lend-
emain du secv tour des municipales. Autour
d’un café, le maire répond, sans hésitation,
à nos questions.
Town Box : Monsieur le Maire, pendant la
première partie de la campagne municipale,
l’existence d’oppositions très frontales avec
votre ex-première adjointe Mme Wievior-
ka…
Jacques Boutault : J’ai toujours respectée en
tant que personne mon ex-première adjointe,
et ne l’ai jamais attaquée frontalement et
quasiment pas interpelée nommément, alors
que la réciproque n’a pas toujours été vraie.
Moi, j’ai toujours voulu communiqué posi-
tivement sur mon projet et sur mes valeurs.
Town Box : Malgré l’existence de désaccords
politiques, comment allez-vous faire pour
travailler ensemble ?
Jacques Boutault : Nous ne sommes pas vé-
ritablement dans une contradiction de projet
et de valeur. Bien sur, lors de la campagne, j’ai
pointé les différences qui m’apparaissaient
comme essentielles pour la compréhension
des projets par les électeurs. Le seul différent
que nous avons eu sur le fond politique, c’est
une très grande suspicion quand à la perti-
nence du projet AUTO’LIB, qui de toutes les
façons, ne relève pas de la compétence d’une
mairie d’arrondissement. Ceci mis à part, je
peux vous affirmer que lorsque j’ai du faire
la synthèse de chacune de nos professions
de foi, lors de la fusion des listes au second
tout, je n’ai eu aucun mal, cela m’a pris cinq
minutes. Donc, je pense que nous pourrons
10
Jacques BoutaultJacques Boutault : Sur l’aspect patrimonialJacques Boutault : Sur l’aspect patrimonialJacques Boutault
du Sentier, nous allons engager dans les mois
qui viennent une opération programmée de
réhabilitation de la ville aux normes haute
qualité environnementale des habitats dégra-
dés, pour aider les copropriétés qui ne peu-
vent pas faire face à leur obligation à mettre
en œuvre les travaux qui s’imposent, sur-
tout dans les fonds de cours. Nous voulons
préserver cet aspect patrimonial mais cela
entraine, en contrepartie pour les proprié-
taires, une obligation de louer leur apparte-
ment à une prix HLM pendant 10 ans.
Il est sur que la suppression des quotas
d’importation des textiles chinois décrétée
en 2006 par l’Europe, voulue d’ailleurs par
l’Union des Industries Textiles dont Guil-
laume Sarkozy fut président, a fait en sorte
qu’il est moins cher de fabriquer en Chine
et d’importer dans le Sentier que de fabri-
quer dans le Sentier. Il faut donc réorganiser
l’économie textile traditionnelle, en tenant
compte du fait qu’elle doit évoluer et pren-
dre sa place dans un centre urbain dense,
avec un bâtiment ancien comme le notre.
Aujourd’hui, il semble que la première forme
d’industrie textile soit la reprise par des im-
portateurs chinois de magasins traditionnels
pour de la vente en gros. La deuxième forme
d’industrie textile, mais peut-on encore par-
ler d’industrie, ce n’est plus la sous-traitance
rapide des grandes collections. C’est une in-
dustrie de haute qualité, traditionnelle, avec
des sous-traitants de grandes marques de
prêt-à-porter, travaillant sur des petits vol-
umes qualitatifs et rapides. J’estime donc
que ce créneau de marché est adapté à notre
centre urbain car il permet des livraisons
fréquentes car le Sentier est au centre de tout.
La troisième grande évolution de l’industrie
textile est la vitrine, le show room. Les fab-
ricants du Sentier ont bien compris que le
Sentier était une marque, et que pour en
bénéficier, il faut une boutique de présenta-
tion. Faire venir des rouleaux de tissus du
bout de la France, les découper, les assem-
bler en banlieue et les faire revenir ici pour
la vente à des grossistes de toute la France,
est écologiquement et économiquement ab-
surde. J’encourage cette évolution car elle est
parfaitement compatible avec un autre phé-
nomène d’évolution en cours : les ateliers en
étage disparaissant, d’importantes surfaces
en étage sont libérées pour l’habitation.
Donc, des familles vont pouvoir se loger dans
le centre de Paris à des taux pas absurdes.
Et puis, il y a la quatrième évolution,
l’économie numérique qui tend à prendre
peu à peu la place laisser. C’est la raison
pour laquelle j’aimerai que l’évolution dupour laquelle j’aimerai que l’évolution du
Palais Brongniart vers un centre dédié aux
technologies d’information et de communi-
cation, un navire amiral, actif et fort.
Town Box : Nous sommes un magazine cul-
turel donc, nous ne pouvons qu’être intéres-
sés par l’action que va poursuivre la Mairie
du 2° arrondissement en la matière. Quelle
va-t-elle être ?
Jacques BoutaultJacques Boutault : Il faut que l’on fasseJacques Boutault : Il faut que l’on fasseJacques Boutault
beaucoup mieux en terme de culture et
notamment en terme de culture ouverte vers
l’arrondissement. Dans la mandature précé-
dente, nous avons mené des actions en terme
de culture. Toutefois, comme il n’existait pas
de ligne directrice, de colonne vertébrale
commune à notre action, nous sommes obli-
gés de communiquer points par points, de
disperser nos efforts de communications
par projet, ce qui limite notre visibilité, je
le constate à regret. Il faut donc progresser
pour que les projets soit accessibles, com-
préhensibles et de qualité. Pour cela il fautpréhensibles et de qualité. Pour cela il faut
11
se donner les moyens pour faire vivre cette
culture. Je suis donc pour la création d’une
régie municipale culturelle. Pourquoi ? Parce
que je préfèrerais, contrairement à d’autres
arrondissements comme le 3° qui est animé
par une association de loi 1901 sur laquelle
nous n’avons aucune visibilité ( ceci sans
remettre en question leur travail), que la cul-
ture ait pour agir des moyens publics donc
une régie, et que celle-ci soit mise au service
d’une culture en direction des habitants du
2°arrondissement. Il faut qu’elle possède la
même force de frappe que les associations,
type comités des fêtes ou autres.
TownBox : Quels vont être les premiers dos-
siers sur votre bureau ?
Jacques BoutaultJacques Boutault : Je suis très, commentJacques Boutault : Je suis très, commentJacques Boutault
dirais-je, multi-tâches. J’aime pouvoir faire
des choses différentes en même temps. Je
me suis donné des priorités qui sont le loge-
ment, la petite enfance, l’environnement et
l’activité économique. Je vais donc étudier
le programme de réhabilitation du Sentier
tout en continuant à faire des préemptions
pour créer plus de logements sociaux. Nous
allons réfléchir à comment augmenter notre
taux de service « petite enfance » qui est
aujourd’hui de 60%, ce qui veut dire que
40% des parents qui font une demande n’ont
pas de réponse. Nous voulons augmenter
ce taux de service en trouvant des moyens
peut être par la favorisation des crèches
d’appartement, les crèches parentales etc…
Bien sur, l’environnement sera une de nos
actions clés, notamment en travaillant sur
les rues du Sentier qui sont sales et dégra-
dées, et où les livraisons et stationnements
sont difficiles, de même que la situation des
piétons sur les trottoirs surchargés. Et puis,
l’activité économique que l’on doit favoriser,
avec notamment l’étude d’une orientation
marquée vers l’activité numérique, par ex-
emple du Palais Brongniart. Voilà, mes pri-
orités pour les 6 ans qui viennent.
Town Box : Merci Monsieur le Maire.
un questionnaire de Proust pour mieux
connaître votre maire.
Quel est votre principal trait de caractère ?
La philanthropie
La qualité que vous préférez chez un hom-
me ?
La franchise
La qualité que vous préférez chez une
femme ?
L’honnêteté intellectuelle
Ce que vous appréciez le plus chez vos
amis ?
La franchise et l’honnêteté intellectuelle
Votre principal défaut ?
Un peu irascible parfois
Votre occupation préférée ?
Rencontrer l’autre, lui parler, j’aime les gens.
Mon métier n’est pas dû qu’au hasard.
Vos auteurs favoris
Villon, Diderot, Montaigne, Rousseau, Zola,
Stendhal, Hugo, Henry Miller dans « les cau-
chemars climatisés », beaucoup de littérature
contemporaine nord-américaine comme Bu-
kowski, Kerouac, Brautigan, Auster et bien
sur, Romain Gary. Mais je tiens aussi à citer
Nathalie Sarraute.
Si vous étiez un héros de fiction ?
Pour rester dans la littérature, Edmond
Dantès, le comte de Monte-Cristo.
La fleur que vous aimez ?
J’aime le magnolia parce que cela pousse
en mai et que c’est le début du printemps
et l’espoir qui renait, mais aussi, l’edelweiss
parce qu’il est rare. Le tournesol me plait
beaucoup pour le symbole, toujours vers le
soleil.
L’état présent de votre esprit ?
Je me sens disponible et à l’écoute.
Votre devise ?
Je n’ai pas vraiment de devise, mais si j’en
avais une cela serait une phrase de Nelson
Mandela , un de mes héros contemporains,
qu’il a prononcé lors de son investiture à
la présidence de la république d’Afrique du
Sud : « Notre peur la plus profonde est que
nous sommes puissants au-delà de toutes
limites, et c’est notre propre lumière et
non pas notre obscurité qui nous effraie le
plus. »
12
Votre nouvelle équipe municipale
Vous avez appris à connaître dans cet article votre maire M. Jacques Boutault. Derrière lui,
toute une équipe travaille. Découvrons-les :
Première Adjointe au maire du 2° : Dominique Dussart déléguée à l’urbanisme, au
logement, à l’environnement et au développement durable.
Adjoints au maire du 2° :
-Maxime des Gayets : délégué à la démocratie locale (conseils de quartiers), au commerce et
au développement économique.
- Roberta Bernard : déléguée à la vie scolaire et à la petite enfance.
-Jean-Paul Maurel : délégué à la voierie, aux déplacements, aux transports, à l’espace pub-
lic et au sport.
- Sylvie Wieviorka : conseillère de Paris, déléguée à la prévention et à la sécurité.
- Pierre Schapira : adjoint au maire de Paris chargé des relations internationales et de la
francophonie. Délégué au budget et aux finances.
Conseillers du 2° arrondissement :
-Alain Duoduglu : délégué à la propreté et au commerce de gros.
- Florence Ribard : délégué à la vie associative.
- Claire Grover : déléguée à la lutte contre les exclusions et à l’action sociale.
- Anne Sabourin : déléguée à la jeunesse.
- Laurent Bureau.
Et bien sur les élus de l’opposition : Christophe Lekieffre, conseiller du 2°arrondissement.
Tous les contacts de chaque élu sont sur www.mairie2.paris.fr
ou par téléphone au 01 53 29 75 02
13
citoyen de la boite
Habitez-vous dans le 2° et
quelles sont vos habitudes dans
l’arrondissement ?
Non, j’y travaille, mais j’habite en proche
banlieue, une maison où je peux mettre la
musique très fort à 4h du matin, ce qui est
un grand avantage par rapport aux apparte-
ments du deuxième. Je travaille à l’angle de
4 arrondissements, j’ai donc des habitudes
dans tous, mais ma plus grande habitude,
mon addiction, qui dure depuis 15 ans, c’est
évidement le Rex Club.
Le Rex est une alliance parfaite
entre histoire et modernité, en
plein centre de Paris, est-ce impor-
tant pour le Club ?
Je fais partie effectivement du Rex, même si
je ne m’occupe que du club. Classé monu-
ment historique, nous avons des obligations
strictes au niveau des aménagements de la
façade sur laquelle M.Hellman, le proprié-
taire des lieux, avait envisagé des travaux
notamment d’éclairage mais le projet a été
refusé par les architectes de Paris. Il y a des
avantages et des inconvénients à être classé
au patrimoine historique, ne serait-ce que
celui d’être placé sur tous les parcours tour-
istiques. Mais, surtout notre place dans le 2°
nous donne une grande visibilité et accessi-
bilité. Nous sommes ainsi accessible à 80%
de la capitale en une demie heure de marche,
ce qui fait de nous un club écologique
puisque nous ne nécessitons pas la prise de
la voiture, et sommes accessibles par tous les
transports en commun.
Le Rex Club bénéficie en plus
d’une renommée internationale,
comment avez-vous réussi cela ?
Nous devons beaucoup à mon prédécesseur,
Christian Paulet et à Laurent Garnier, qui a
développé l’image de la musique électro-
nique en France, avec les soirées Wake Up
de la grande époque. Moi, je suis arrivé ici en
suivant la musique électronique, il y a déjà 15
ans. Nous possédons une réelle et forte iden-
tité internationale par notre positionnement
fort dans la musique électronique. Nous
créons un échange avec les artistes qui ont
tous joué ou voulu jouer au Rex Club. Nous
sommes plus sollicités que demandeur, mais
nous écoutons tout, et essayons de faire une
sélection proche de l’actualité c’est-à-dire
les sorties d’album, les nouveaux artistes
qui cartonnent à Berlin ou à Detroit. Il faut
trier les valeurs montantes et les grands clas-
siques, et les associer à nos artistes résidents
français, la plupart du temps, qui défendent
haut et fort les couleurs de la musique élec-
tronique. Et comme tout producteur de spec-
tacle, il y a un côté affectif. Certains artistes
viennent jouer au Rex, même sans actualité,
parce que le Rex a fait les grandes heures de
cette musique, et que cela nous fait plaisir de
les accueillir. Nous sélectionnons en fonction
de l’identité de l’artiste et pas que du disque.
Par exemple Kerri Chandler n’avait pas sorti
d’album depuis longtemps et il vient au Rex
Club fêter son nouvel opus. C’est ce qui nous
a permis l’année dernière d’être le seul club
français classé parmi les 50 meilleurs clubs
du monde, en 30eme position. Nous essay-
erons de faire encore mieux cette année.
Qui aimez-vous accueillir au Rex
Club ?
Ici, le mode de sélection n’est pas le même
que dans la plupart des établissements pa-
risiens. Nous ne sélectionnons pas sur
l’aspect vestimentaire mais plutôt sur la mu-
sique qu’ils viennent écouter. Notre intérêt
est avant tout d’avoir des fans de musique,
nous ne sommes pas une discothèque, mais
un club. Cela signifie que la clientèle vient
pour écouter un artiste dans les meilleures
conditions possibles, et c’est ce que nous
nous efforçons de leur offrir.
par Abeline Majorel
Photographe : Florent Michel
14
15
boite à dossiers
Le deuxième arrondissement est un territoire à la pointe de l’innovation. Il
accueille depuis le 22 mai dernier et ce pour 18 mois, une expérimentation sur
le développement progressif d’infrastructures WIFI extérieures s’adressant à
toutes et tous : le Quartier numérique.
Un quartier historique du Web.
Lors d’un voyage officiel aux Etats-Unis,
à la fin de janvier 2007, le maire de Paris,
Bertrand Delanoë pouvait se féliciter d’un
taux de pénétration du haut débit de 60%
dans sa ville. Pourtant, il fut impressionné
par l’accessibilité, la gratuité et l’utilisation
moderne et facile des nouvelles technologies
des villes américaines. De retour en France,
un programme pour le développement des
Nouvelles Technologies d’Information et de
Communication fut mis en place.
En 2004, le programme Lauriat Parvis en
faveur de la création des quartiers numéri-
ques avait été transformé en Paris Ville Nu-
mérique, marquant déjà la forte implication
dans le domaine de la Mairie de Paris. Le
deuxième arrondissement est dès alors à la
pointe de l’innovation, grâce à l’action d’une
association SILICON SENTIER, et deviendra
donc un QUARTIER NUMERIQUE, réponse
émergente en matière de développement des
réseaux et de leurs usages.
Le deuxième arrondissement est un quartier
si l’on peut dire historique pour ces entre-
prises de nouvelles technologies. En ef-
fet, de nombreuses start-up y ont trouvé
résidence, avant 2001 et l’éclatement de la
bulle internet, et y sont restés par la suite.
De grands noms tels Dailymotion y avaient
élus domicile, ainsi qu’une centaine d’autres
16
par Serge Porta
Photographe : Benjamin Boccas
Remerciements : La Cantine - Julien Valero
Petites et Moyennes Entreprises ayant pour
outil principal de travail le Web. La raison
d’une telle concentration sur le deuxième
arrondissement est la présence d’une infra-
structure importante utilisée par la Bourse,
un Point de Présence Opérateur. Son utilisa-
tion permettait donc une mutualisation des
coûts. L’association Silicon Sentier est née
ici, d’une volonté de fertilisation croisée des
projets. Elle regroupe environ 120 PME des
nouvelles technologies de l’information.
« Le quartier se connecte, la vie
s’embellit. »
Après l’éclatement de la bulle internet, beau-
coup d’entreprises du Sentier ont dû déposer
le bilan. Toutefois, Silicon Sentier n’était pas
morte et sans se dégonfler, continua à pro-
poser des projets. De son association avec
ERENIS, leader de la fibre optique, et le mou-
vement WIFI FON réseau communautaire,
est né un QUARTIER NUMERIQUE véritable,
et depuis peu, un espace qui lui est consacré
LA CANTINE. Le principe est donc de com-
pléter l’offre déjà existante des opérateurs
d’accès internet et de téléphonie mobile, en
procurant un réseau extérieur libre d’accès.
Des infrastructures sont ainsi mise en place
comme le raccordement à la fibre optique,
qui présente l’avantage d’être un flux tendu
sans perte de données. En travaillant sur
une approche systématique de raccordement
avec ERENIS, mais aussi sur des connexions
partagées entre habitants et le placement de
borne WIFI chez les commerçants, ils entre-
prennent de soigner la fracture numérique, et
mettent tout en œuvre pour faire progresser
la pénétration résidentielle de ces technolo-
gies. Mais, la mise à disposition de réseaux
n’est qu’un moyen pour une action plus glo-
bale. En effet, le projet QUARTIER NUME-
RIQUE est destiné à créer du lien véritable
et social. Car il faut habiter le réseau, le faire
fonctionner et pour cela, les organisateurs
de ce projet veulent favoriser les initiatives
locales, les rencontres, jusqu’à projeter aux
visiteurs l’image d’un arrondissement ou-
vert sur le monde, un espace collaboratif
en réseau avec d’autres régions ou même
17
à l’étranger. Découvrir et partager dans un
quartier la facilité, la qualité de vie que peu-
vent apporter les technologies numériques,
voilà qui devrait réunir beaucoup d’entre
nous, à commencer par les PME.
Une association de savoir-faire.
L’association Silicon Sentier est l’animatrice
principale de ce projet. Elle y apporte en
effet son savoir-faire en la matière. Elle tra-
vaille principalement sur 3 communautés : la
mobilité, le Web 2.0 et le marketing et enfin
l’open source. La révolution du Web 2.0 qui a
transformé le web consultatif en web partici-
patif, a fait de chacun d’entre nous le centre
de la toile. Cela crée une émulation entre util-
isateurs et permet une innovation constante.
Silicon Sentier met à disposition de tous et
de toutes des animations, conférences, ate-
liers permettant d’évoluer presqu’aussi vite
que la toile et peut être même d’anticiper, de
penser des innovations. Elle travaille aussi
sur cette tendance forte qui semble vouloir
équilibrer un marché à tendance monopo-
listique : les logiciels en open-source. Mais
qu’est ce donc, me direz-vous ? L’open-
source, c’est l’alternative, Linux en est un
exemple. Souvent définie comme logiciel li-
bre, l’open-source est la possibilité de redis-
tribuer, d’accéder au code source ou travaux
dérivés qu’offre un logiciel. L’open-source,
c’est l’antithèse de Microsoft et c’est le ter-
ritoire de l’inventivité et de l’innovation. Les
technologies évoluent à une vitesse impressi-
onnante et pour s’aventurer sur ce territoire,
il peut parfois être nécessaire de bénéficier
d’un accompagnement. En plus de la pos-
sibilité de se connecter de n’importe où en
WIFI dans le deuxième arrondissement pour
peu que vous ayez un ordinateur portable ou
que vous alliez un mardi chercher une FO-
NERA, c’est cet accompagnement qu’offre
le QUARTIER NUMERIQUE en créant un co-
working space.
Travaillons ensemble pour travailler
mieux.
L’expérimentation QUARTIER NUMERIQUE
est une communauté de divers acteurs. On y
retrouve la mairie du 2° arrondissement côte
à côte avec SFR, la région Ile de France et Or-
ange mais aussi Firefox, FaberNovel, la RATP
ou Peuplade. Pour développer les actions col-
laboratives, il fallait un espace de travail et
de rencontre physique. Dans un des passages
du deuxième arrondissement, LA CANTINE
a ouvert ses 180 m² au public le 30 janvier
dernier, prouvant ainsi que tous les réseaux
ne sont pas que virtuels. Décor agréable et
fonctionnel, espace café, LA CANTINE est
ouverte à tous, du professionnel aguerri au
curieux. Toutefois, l’activité est quand même
concentrée principalement sur le tissu de
PME dites innovantes, c’est-à-dire tournées
vers les nouvelles technologies. Elle se veut
être une « vitrine technologique, un héberge-
ment des technologies numériques et une
interface avec les structures de soutien de
l’innovation. » Chaque jour, 5 membres de
Silicon Sentier et d’autres membres actifs de
ce projet, mettent en commun leur compé-
tence et se remuent les méninges pour in-
nover et se mettre à votre service dans une
ambiance chaleureuse et détendue.
18
Pourquoi adultes nous retournons à
La Cantine.
Concrètement, que peuvent nous apporter
toutes ces initiatives ? Nous avons tous re-
marqué combien internet avait changé nos
habitudes et mode de consommation. Plus
besoin de faire la queue au guichet adminis-
tratif, il suffit d’être à la terrasse d’un café
du deuxième arrondissement avec son ordi-
nateur portable pour remplir les démarches.
Et LA CANTINE alors, pourquoi faire ? Pour
son café où l’on échange et s’informe ? C’est
surtout pour les professionnels et les passi-
onnés que cet espace est ouvert, bien que
vous puissiez pour 7euros la demi-journée,
café compris, louer un espace de travail avec
connexion haut débit évidemment, et où
vous apprendrez bien plus si vous êtes atten-
tif et curieux qu’à simplement lire vos courri-
els. Les professionnels peuvent trouver ici un
espace d’écoute de leur projet, une aide au
développement de celui-ci. C’est un espace
de test de qualité de toutes les innovations,
autant qu’une matrice de projets en gestation
les aidant à trouver financement et astuces
pour progresser et grandir. Les projets artis-
tiques y sont même les bienvenus. Comment
vous créez une vitrine sur internet alors que
vous êtes fleuriste ? Passer à la Cantine, son
équipe vous donnera conseil. Vous possé-
dez l’idée géniale d’un nouveau logiciel ?
Venez en parler à des professionnels et bé-
néficier de la réflexion et de l’expérience que
le travail collaboratif apporte. Participez aux
évènements tels que les BarCamp ou les Mo-
bile Mondays qui y sont organisés.
Si le Web est en perpétuelle mutation, ga-
geons que le dynamisme des équipes de
Silicon Sentier et de La Cantine vont faire
bouger notre arrondissement et en faire
l’arrondissement branché par excellence.
La Cantine, 12 passage des Panoramas, 151
rue Montmartre
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Quelques sites à visiter :
www.Siliconsentier.org
www.lacantine.org
www.quartiernumerique.org
L’initiative QUARTIER NUMERIQUE a mis en place en partenariat avec SFR des flash codes
comme celui que nous vous présentons et que vous pourrez trouver entre autres sur les
abris de bus. Ils vous permettront d’accéder depuis votre mobile au plan du deuxième ar-
rondissement, aux bons plans de celui-ci, aux informations de quartier, à la localisation des
bornes WIFI, ainsi qu’à celle des stations VELIB’ de l’arrondissement.
boite à images Photographe : Anaïs pome
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boite de jour/boite de nuit
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une nouvelle dans la boite
La fille au beau sourire
J’avais rencontré Bertrand de nuit et en pleine forêt. Comme moi, il cherchait son chemin, lampe torche
à la main, les pieds baignant dans la boue, le visage noir de crasse. Contrairement à moi qui jurais et
éructais contre « ces grosses têtes de cons qui nous font marcher au pas », Bertrand conservait lui cette
réserve muette qui pouvait passer pour de la soumission mais qui n’était rien d’autre qu’une belle apti-
tude à l’endurance face aux intempéries et à la connerie humaine. Fils unique d’un couple de paysans du
Loir et Cher, Bertrand connaissait la terre et les hommes. Les étoiles aussi. Grâce à elles, m’expliqua-t-il,
on allait pouvoir retrouver le bon chemin et rejoindre notre régiment. De là, on finirait notre exercice de
marche forcée. Après, on irait se coucher, tiens !
- Avoue que c’est quand même des gros cons ? insistai-je.
Bertrand n’entendait pas brader l’honneur de nos gradés et celui de la France pour si peu. L’armée, il fal-
lait la faire et puis c’est tout, rétorqua-t-il. C’était qu’un mauvais moment à passer, au même titre que les
oreillons et que la rubéole. Et puis les hommes, tu sais, il en existe de tant de sortes….
Je me résignais à suivre la philosophie de ce brave garçon, sage comme un pacha centenaire, bon bougre
comme un bouddha bourru. Indéniablement, Bertrand possédait quelques coudées d’avance sur moi en
terme de connaissance du vivant. Petit Poucet intranquille, je me tus et emboîtai son pas, bien content
finalement d’avoir trouvé au fin fond de cette nuit froide une épaule amie. Nous repartîmes silencieux,
nez en l’air, détectant du doigt l’étoile du berger à travers les branches décharnées d’arbres maigres, sous
l’opacité d’un ciel atroce.
Au bout de vingt minutes, nous atteignîmes l’orée du bois ; et de là, un chemin vicinal qui nous remit
dans la bonne direction. Le sourire de la lune réapparaissait parfois, éclairant la route d’une lumière
spectrale avant d’être enveloppé par le voile d’un bandeau nuageux. Selon Bertrand, nous étions sortis
d’affaires. Le camp de base ne se trouvait plus qu’à une vingtaine de kilomètres. Avec notre barda de
15 kilos à l’épaule, notre fusil en bandoulière, notre gourde à la ceinture et nos ampoules aux pieds,
j’évaluais que cette randonnée tournerait au chemin de croix mieux qu’à la promenade de santé.
Ah les cons, les cons. J’t jure, quelle bande de cons ! entonnai-je, fumasse, pour me galvaniser.
Maintenant Bertrand s’amusait de mes grommellements et les ponctuait, sous la voûte étoilée, de petits
sifflotements d’encouragement. Notre marche forcée virait à la flânerie d’étudiants en goguette.
A l’abord d’un village endormi, on baissa d’un cran le ton et la cadence.
Avant d’enquiller les vingt bornes, j’pensais qu’on pourrait se faire une petite pause-détente, déclara
soudainement Bertrand en dégoupillant une flasque de la poche de son treillis.
Auteur : Denis Gombert
26
La mine réjouie, j’acquiesçai
A l’heure des braves, je réponds présent mon capitaine.
Le auvent d’un abri-bus nous accueillit. Nos sacs échurent au sol comme deux mammouths courbatus.
D’abord, debout, on but. Son alcool, un rinçe-cochon artisanal à base de pomme et de betterave longue-
ment distillés, me souleva le cœur et m’arracha une larme. On décida donc de s’asseoir. Primo pour m’en
remettre. Secundo pour remettre ça.
Quand la flasque fut vide, les premières lueurs du jour pointaient au loin. Ni moi, ni Betrand n’avions
envie de quitter notre taverne ouverte aux quatre vents. Un bon gros bus avec son bon gros chauffeur
moustachu allait bien un jour finir par passer par ici pour nous amener… là-bas… chez nous… à la
caserne. On le stopperait…. De gré ou de force.... Avec nos armes s’il le fallait… Hop là ! Réquisition !
Et pourquoi qu’il nous ramènerait pas direct à la maison, ton gros bus ?
L’héroïque hypothèse était lancée par Bertrand
C’est une idée, applaudis-je.
Comme ça, j’irai retrouver ma belle.
A la lumière du jour naissant, Bertrand sortit d’une autre poche, celle précisément qui reposait sur son
cœur, une photo. La belle effectivement y posait toute belle au milieu d’un champ de luzerne. Elle me
parut avoir un nez trop fort et un front un peu haut mais le volume de ses cheveux, l’éclat de son sourire
et l’intensité de ses grands yeux clairs rééquilibrait le tout. A vingt ans, elle portait sur le visage et dans
l’élan énergique qui animait son corps la prestance et la majesté de ceux qui ont décidé d’aimer pour
toujours et qui se sont jetés dans le tourbillon de ce sentiment incontinent à brides abattues. Bertrand en
était plus que fier. Après l’armée, c’était convenu, ils allaient se marier. Lui et Marine.
Et toi ?
Où était-elle ma belle à moi? Envolée dans les vapeurs d’une soirée parisienne au bras d’un nouvel amant
? Perdue dans un flot de souvenirs qui brouillait son image, trahissait son allure, dénaturait son pas? Ou
bien oubliée tout simplement, faute d’avoir vécue assez longtemps pour daigner se matérialiser ?
La vérité, c’est que j’étais seul. Mais avant de confesser ce triste aveu à mon nouvel ami, un mouvement
d’orgueil imprévisible me fit me révolter.
- Mais malheureux ! Si tu la voyais ne serait-ce qu’une seconde, tu comprendrais ! Je préfère même pas
avoir de photos d’elle sur moi…. Ça me brûlerait les doigts… Tu comprends ? Pour ma..ma..ma Marion,
tout est gravé là. Dans la cabessa !
Au petit matin de ce nouveau jour, perdu en rase campagne, l’index glacé de Bertrand aurait dû percer à
jour ce crâne vide et ce cœur froid qu’étaient devenus les miens. Mais, à ma grande surprise, je vis naître
sur son visage un sourire chaleureux et satisfait. Il me tendit la main pour me féliciter. Encore un peu, il
m’aurait pris dans ses bras pour partager mon bonheur.
27
* Information non communiqué
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longueur maximum 1 feuillet et 1 poème par candidat
à envoyer à scenedubalcon3@aol.com
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vate vintage. Jean et lunettes H&M. Baskets Swear
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fornarina. banane marc by marc jacobs chez 58m. sac
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Remerciements au Passage du Grand Cerf
Elle
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Lui
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Mannequins: Suzana Horvat @ Nathalie et Edouard
Durand @ Angel
Remerciements au Passage du Grand Cerf
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boites aux lettres
«Les arts qui se déploient dans le temps
me plaisent moins que ceux qui
l’arrêtent.»
Edouard Levé poursuit un dialogue avec un ami. Il le tutoie pour décrire, en amorce de
cet objet littéraire, la détonation que la femme de celui-ci, du jardin, entendit, lorsqu’à
25 ans, sans raison apparente, il se donna la mort. Il le tutoie encore lorsqu’il creuse le
tombeau de cette intime énigme qu’est le suicide.
« Tout ce que je dis est vrai, mais qu’importe » disait Edouard Levé. Cette assertion
prend ici une résonnance particulière puisque dix jours après la remise de son manu-
scrit, à 42 ans, s’est suicidé. Suicide est le dévoilement mécanique de ces petits faits et
petites choses qui forment l’empreinte d’un cerveau « obsessionnel et primesautier ».
Cette technique de distanciation garantit un effet de vertige identitaire. Plus narratif
que ses précédents ouvrages, mais avec la même langue incisive et blanche, le même humour, Edouard Levé cherche
encore le squelette des choses, mais ne serait-ce pas un dernier autoportrait qui nous serait donné à voir ? Peut-être
n’est ce pas une coïncidence si comme dans Autoportrait, Suicide se termine sur un tercet : Le bonheur me précède/La
tristesse me suit/La mort m’attend.
Suicide ,Edouard Levé, éditions P.O.L, 123 pages
« Le monde entier est un
discours de l’insaisissable.»
Le fleuve des mots apocalyptiques de Bolano coule dans un lit quinconce. Cinq romans
qui devaient paraître séparément et qui réunis, s’entrechoquent jusqu’à faire jaillir le
chaos du monde, dans un unique roman inachevé 2666. Les univers se confrontent dans
ce roman total et se rejoignent autour d’un personnage et d’un lieu : Archimboldi, un
écrivain allemand mythique recherché par 4 spécialistes de son œuvre, et Santa Teresa,
métaphore de la ville frontière de Ciudad Juarez, théâtre d’un fait divers atroce, la dé-
couverte des corps de 300 femmes, violées et mutilées.
2666 est une œuvre-continent qui inachevée, reste en vie, parce qu’elle est l’écho d’un
monde tumultueux fait de vertiges et de paradoxes. Son auteur y mélange les genres :
du roman noir au vaudeville, en passant par le Bildungsroman. Ici pas de réalisme
magique cher aux auteurs sud-américains, mais l’imaginaire comme principe de réflex-
ion. L’écriture est cérébrale, ironique et surréaliste, pour mieux prendre en charge le de-
voir de transmission des mots dans le chaos du monde, et répondre à l’ultime interrogation de l’écrivain : que peuvent
ces mêmes mots face à la barbarie enfouie en chacun de nous ? On peut lire. « On ne finit jamais de lire, même si les
livres s’achèvent, de la même manière qu’on ne finit jamais de vivre, même si la mort est un fait certain. »
2666, de Roberto Bolano, traduit de l’espagnol par Robert Amutio, éditions Christian Bourgeois, 1016 pages
par Abeline Majorel
40
« La vocation essentielle de l’écrivain
est de rendre compte.»
De février 2006 à mars 2007, deux femmes se sont rencontrées à la prison de Namur.
L’une, Michelle Martin, a sollicité l’autre, Nicole Malinconi, pour rendre compte de
sa vie en prison. La première est condamnée pour complicité d’enlèvements et de
séquestration d’enfants à 30 ans de prison. La seconde est en quête, poursuit son
œuvre qui interroge le réel. L’une est Michelle Martin, ex-femme de Marc Dutroux,
mère de 3 enfants, ayant laissé mourir de faim dans sa cave deux fillettes. L’autre
est l’écrivain, auteur d’Hôpital Silence. Deux femmes dialoguent pour trouver une
vérité.
Sans concession ni impudeur, Nicole Malinconi vouvoie celle que d’aucun ont
qualifié de monstre, rétablissant une distance. Grâce à celle-ci, elle interroge les
mots, ceux de Michelle Martin, parlant d’ « oubli, de négligence, d’erreur » à pro-
pos de la mort des petites filles dans sa propre maison. Parfois insoutenable, cet
objet littéraire nous tend un miroir, car Michelle Martin est avant tout une femme,
une femme dans une soumission absolue, qui croit que poser des mots, même réticents, sur sa monstruosité, créera
l’indifférence. Au contraire, ces mots-là interroge notre « capacité commune à ne pas voir ce que l’on voit. »
Vous vous appelez Michelle Martin, Nicole Malinconi, éditions Denoël, 111 pages.
« ou bien la vie comme
une faible métaphore »
L’ailleurs nous rejoint toujours, surtout lorsque, vivant depuis 28 ans en France,
d’origine perse, cette autre patrie des poètes, vous êtes doublement considérée
comme immigrée. La poétesse Azadée Nichapour a choisi le lieu de son exil : ce
sera la langue.
Elle chante les amours, leur quête, l’Ami, le paysage, celui que Verlaine appelait
son « paysage choisi ». Toute en suggestion, la langue intimiste de la poétesse
parle de la douceur et de la douleur de vivre, murmurant parfois des maximes à
l’accent nietzschéen. Elle nous livre cet ailleurs où la beauté de la langue change
l’univers entier en printemps.
De ses poèmes, elle a donné lecture dans un CD. Les deux recueils Exils et Beauté
se rejoignent et, d’une voix fragile, peignent ensemble Parfois la beauté.
Fragile le corps
Fragile la joie
Fragile l’amour
Fragile la révolte
Fragile l’espoir
Fragile la croyance
C’est un jeu d’échecs en verre
Qui tient debout avec des rêves
Parfois la beauté d’Azadée Nichapour, éditions Seghers, 91 page
41
boite noire
Touchdown.
Dodge Connely, un vieux joueur de football américain, aux mé-
thodes peu orthodoxes, va user de charme et de ruse pour faire
évoluer son sport vers le professionnalisme. Il engage un jeune
prodige, suivi par une journaliste manipulatrice, prête à tout pour
prouver que le jeune homme n’est pas le héros qu’il prétend avoir
été pendant la 1ere guerre mondiale.
George Clooney porte le film, jouant tour à tour de chic et de mal-
adresse, éclipsant joyeusement ces deux compères John Krasinski
et Renée Zellweger. Cette dernière arrivant tout de même à sortir
son épingle du jeu grâce à la joute verbale de leur première ren-
contre : un florilège d’insultes jubilatoire.
La comédie et les mimiques exagérées réussissent à George Clooney qui mène de bout en bout ce film léger qui mêle
la romance, les gags, le sport, et qui, malgré cela, parvient à articuler un débat politique sur l’enjeu du héros fondateur
de l’Amérique.
Pour son troisième long métrage en tant que réalisateur, il délaisse les films engagés pour plonger dans l’Amérique
insouciante des années folles. Clooney trouve tout de même le moyen de faire éclater la vérité, même si cette fois elle
ne servira qu’à déstabiliser son jeune adversaire dans un match capital qui les opposera.
Une comédie au charme désuet pleine de swing et de tempo, qui survole certains de ses thèmes, comme le triangle
amoureux ou l’évolution du sport, mais qui fini par réjouir le spectateur friand de screwball comedy. Essai trans-
formé.
Playing Dirty, de George Clooney
Je passe mon tour.
Par quel tour de passe-passe un film d’une heure et demie peut paraître long ? Un
homme dépose sa mère à l’hôpital, rend visite à sa sœur et repart avec la BMW de
son insupportable beau-frère. Au bord de la route, une femme avec un sac Hermès
rempli de billets.
Sur une toile de fond qui nous rappelle le fait divers Christine Deviers-Joncour :
une maîtresse de ministre, sert d’intermédiaire à une vente d’armes en Corée, se
construit la rencontre improbable d’une emmerdeuse et d’un dépressif.
Edouard Baer et Nathalie Baye prêtent leur classe naturelle aux dialogues dont
l’humour absurde rythme et enjole le début du film.
L’échange va ralentir et se perdre dans les pérégrinations multiples que Toni Mar-
shall impose aux spectateurs : une mère malade, un flirt avec une jeune fille atteinte
du syndrome de Tourette, des politiciens véreux, des altermondialistes, des critiques
gastronomiques…Tous ces chemins mènent à une seule et même idée, à savoir que
la différence nous permet de nous connaître mieux. Ces deux paumés originaux ne
se trouveront réellement qu’au contact de l’autre. L’autre comme révélateur d’une
deuxième chance. C’est grâce à cette rencontre qu’ils vont trouver leur place, qui n’était pas celle qu’ils avaient pl-
anifiées.
Le jeu des deux protagonistes offre un mélange d’élégance et d’efficacité à l’image de certaines comédies américaines.
Mais notre esprit se disperse et les différents fils s’emmêlent. Le tout s’enlise dans l’irrégularité des cadences exigées
par le scénario.
Passe-Passe, de Toni Marshall
par Alice Själander
42
Satisfaction.
Martin Scorsese réalise son rêve : une rencontre en-
tre le cinéma et la musique des Stones. Etes-vous
épatés par le jeu de jambe de Mick ? Par le style de
Keith, la guitare de Charlie Watts et la discrétion de
Ronnie Wood ? Shine The Light est fait pour vous.
De la préparation à la performance, le concert du
Beacon Theater à New York est parsemé d’archives
tournant autour du thème « chanterez-vous encore
dans 30 ans ? », à cela s’ajoute le ravissement de
voir Scorsese en plein travail et la candeur des rock
stars devant les 16 caméras installées autour d’une
scène relativement petite.
Le réalisateur, entouré d’une équipe comprenant les
cadreurs et les directeurs de la photographie les plus réputés du cinéma contemporain, capte l’énergie légendaire de
ces 4 sexagénaires, icônes incontestées du Rock.
Aucune chanson n’est coupée, le spectateur se paye un concert des Stones. Mais ne regrettera-t-il pas d’être assis et
dans le noir, tapant le rythme du pied, frustré de ne pas pouvoir se lever et exprimer son enthousiasme face au show ?
Malheureusement la salle sombre et le fauteuil confortable restent les plus forts.
Hormis la différence de prix entre un concert des Stones et une place de cinéma, ce documentaire nous révèle un
Scorsece heureux devant et derrière la caméra, ainsi que des invités improbables en duo inédits avec les Rolling
Stones: Christina Aguilera, Jack White, Buddy Guy dans un blues incroyable porté par sa voie chaude et puissante.
Une contradiction de l’hymne rock absolu : We can get Satisfaction !
Shine a light, de Martin Scorcese
Same players, play again.
Georges, Anna et leur fils Georgie se rendent dans leur
maison de vacances au bord d’un lac. Paul et Peter deux
jeunes hommes bien comme il faut, s’introduisent dans
la maison sous un prétexte anodin…la partie peut com-
mencer.
Funny Games US : Mêmes dialogues, mêmes plans,
mêmes apartés menaçant les spectateurs. Pourquoi 10
ans et un casting américain plus tard, reprendre traits
pour traits l’original?
La première version est devenue rapidement un film
culte car ultra violent, le malentendu s’est installé
à l’instar du Orange Mécanique de Kubrick, les deux
films ayant été reçus comme des apologies de la torture
gratuite. Si Kubrick imagina retirer son film des salles tant son esthétique séduisante fut capable de rendre la cruauté
fascinante, Michaël Haneke, lui, décide de nous faire voir à nouveau la violence au travers de son regard froid de
clinicien. Il reproduit son film à l’identique, se le réapproprie et impose ainsi sa critique sur la manière dont Funny
Games a été reçu précédemment.
Avec ce remake Haneke n’essaye pas par l’entremise d’un casting américain d’élargir son public, mais bien d’assassiner
la réception de son film le plus polémique. Il critique la standardisation d’une violence esthétisée qui rencontre un
succès croissant chez les spectateurs avides d’expériences excessives.
Haneke infiniment conscient de la force des images, prouve qu’il est possible, même dans une production hollywoodi-
enne, de ne pas servir l’irresponsabilité latente qui tend à déréaliser la violence aux yeux des consommateurs.
Funny games, de Mickaël Haneke
43
boite à musique
Après une partie serrée (Keep on your mean
side), et une revanche moins convaincante (No
Wow), The Kills sonnent les douze coups de la
belle avec Midnight Boom, l’album du règlement
de compte. A ma droite, Jamie “Hotel” Hince, gui-
tare anglaise et humeur de chien. En face, Alison
“V.V.” Mosshart, yankee débraillée luxe, pressée
de montrer ce qu’elle a dans le ventre.
Directement inspiré par les comptines de récré
de Pizza Pizza Daddy-O, un documentaire sur les
écoles de quartiers défavorisés, le troisième al-
bum des Kills met à l’honneur les sales gosses. Le
groupe, nourrit aux grandes heures de Suicide ou
Jesus & Mary Chain, est toujours réduit à sa plus
simple combinaison et n’accepte pas de pièce rap-
portée, à moins qu’elle ne soit mécanique. Au roy-
aume du rock minimaliste et cyclique, les armes
restent donc les mêmes, la boîte à rythme pour
arbitre.
Ainsi, au gré de leurs envies, le couple nous prend
pour témoin ou par la main, comme dans U.R.A.
Fever, conversation téléphonique saccadée façon
ping-pong, où V.V. et Hotel se renvoient la balle,
régulièrement interrompus par les riffs impudiques
de leur guitare nymphomane.
Tape Song et Hook and Line, donnent l’avantage
à V.V. Habituellement considérée comme une
grande chose sombre et parfaite, douée en diable
pour crier ce que son mec lui soufflait à l’oreille,
Alison range ses gémissements sexys au profit
d’un venin subtil.
Si la belle se prend encore à lécher, c’est désormais
du bout d’une langue fourchue. Le sexe a toujours
tenu une place prépondérante dans l’inspiration
des Kills, en revanche, c’est la frustration qui
scellera leur succès. Initialement amants, le duo
ne s’envoie désormais en l’air que sur scène. La
logique aurait voulu qu’elle se précipite vers le
côté obscur du rock (pas la drogue, la mode), c’est
en fait lui qui s’est refait une beauté. Hotel file le
parfait amour avec Kate Moss et V.V. promet au
top-model de lui casser la gueule si elle s’approche
du micro. Les choses sont dites, mais la consola-
tion se fait douce sur Black Balloon, une superbe
ballade où la brune solitaire dit adieu.
Pas de guerre sans trêves, les Kills se retrou-
vent côte à côte, voire l’un contre l’autre pour
l’aphrodisiaque Getting Down ou, évoquent leur
passion commune, sur le tranchant What N.Y. used
to be, ode au New-York sixties mort et enterré, où
l’on s’extasie encore sur le “leopard-skin pill-box
hat”, cher à Dylan, d’une Eddie Sedgwick à côté
de ses pompes griffées. Alison joue d’ailleurs les
factory girl, perruque blonde et lunettes en main,
dans le clip du single Cheap and Cheerful, délire
snob au possible de deux gamins pris en flag à
plonger les doigts pour la première fois dans le pot
de confiture pop.
“I’m bored of cheap and cheerful, I want expensive
sadness”: romantisme destructeur et décadence
quatre étoiles sont au menu. Depuis son invention,
tout le monde veut participer au Beggars Banquet,
mais le dernier carton d’invitation s’appelle Mid-
night Boom.
The Kills, “Midnight Boom” Pias
par Diane Pantine
44
boite artistique
Invité aux quatre coins du monde, l’artiste use et
abuse parfois du système des résidences d’artiste.
La Galerie de Noisy-Le-Sec a accueilli pendant neuf
mois Dominique Blais avec au final, l’exposition
collective Visions Nocturnes.
Lumière sur ces invitations en
mode touriste.
La résidence a cette année pour
thème l’obscurité comme es-
pace symbolique. En évitant
la boite noire qui fait peur ou
l’aveuglement avec un strobo-
scope, la nuit se fait douce mé-
taphore. Jason Dodge dévalise
une maison située en lisière de
forêt polonaise, de ses ampoules
et bougies. Rassemblés à terre,
en rappel à l’artiste anglais Tony Cragg, tous ces
restes marquent la disparition de forces symbol-
iques et humaines.
Ailleurs, un œuf est posé chaque jour sur une
sculpture conique en marbre noir, tel le soleil gobé
par la densité nocturne. Proposition incongrue,
Francesco Gennari signe ici un retour au langage
de la matière éphémère, très « Arte Povera » ital-
ien des années 1970. Les peintures d’Anne Laure
Sacristie jouent quant à elle sur une économie de
moyens. Ses représentations lugubres de rivières
renvoient au thème très romantique de la nature
comme reflet de l’âme.
Dominique Blais préfère prendre de revers la
nuit et ses démons. Un lustre diffuse par le biais
d’enceintes, des bruits enregistrés la nuit. L’espace
est réaménagé comme à l’époque où la Galerie éta-
it résidence particulière, avec ses portes fenêtres
teintées pour l’occasion. Au sous-sol, un disque
noir a été disposé sur une platine vinyle mac-
ulée de ferrofluide magnétique, créant ainsi des
vaguelettes irisées. Les soubresauts du lieu sont
ainsi évoqués par les mouvements fascinants du
disque, comme le ronron d’une musique invisible
et familière. Les fantasmes nocturnes se collent à
une réalité adoucie, entre les piétons à l’extérieur
et l’espace calfeutré de la Galerie.
Ce moment enchanté de la résidence impose né-
anmoins deux remarques. Cer-
tains pointent le cercle vicieux
dans lequel s’enferment de
nombreux artistes, entre dé-
connection (salvatrice) du
marché de l’art et systéma-
tisme du procédé. S’il n’existe
pas un « artiste de résidence »,
le rythme de production invite
à d’autres rapports de priorité.
La dernière conférence con-
sacrée à ce sujet, à la fondation
d’entreprise Ricard, démontre
que le temps est en suspens.
L’artiste se ressource et devient anthropologue du
lieu qui l’accueille. On pense à la pratique sécu-
laire des artistes du XVIIIe siècle, partis faire leur
grand tour de l’Italie pour apprendre l’art clas-
sique. Le terme de « tourisme » fut créé à l’époque
et c’est souvent dans un sens plus contemporain
que le qualificatif s’applique encore.
Visionsnocturnes–LaGalerie,
Noisy-Le-Sec–8mars–10mai2008
Touriste or not
touriste….
1/ LA TERRA GIRA LE SPALLE AL SOLE, 2007
136 x 35 x 35 cm,
marbre noir de Belgique, fer, œuf
Collection privée
Courtesy Tucci Russo Studio per l’Arte Contempranea,
Torre Pellicez2/ RUBIES INSIDE OF AN OWL
Pendant le processus d’embaumement, des pierres
précieuses ont été placées à l’intérieur d’une chouette,
2007
Courtesy Jason Dodge et Yvon Lambert, Paris
par Damien Delille
45
le numéro de la boite par Serge Porta
« Oh mes sœurs, mes chéries notre vie n’est
pas encore terminée ! Nous vivons ! La mu-
sique est si gaie, si joyeuse ; encore un peu
on croirait savoir pourquoi l’on vit, pour-
quoi l’on souffre…si l’on pouvait savoir… »
écrivait Tchekhov dans Les trois sœurs. Au
théâtre de la Pépinière Opéra, la nouvelle
pièce de l’auteur de Moi aussi, je suis Cathe-
rine Deneuve décline avec brio cette volonté
de bonheur.
Annette et Bernadette sont sœurs, de celles
qu’on ne peut pas croire sorties du même
moule. L’une sèche et bleue, l’autre ronde
et rouge. A la mort de leur mère, elles dé-
cident plutôt que de la laisser devenir « un
centre commercial pour la population sou-
terraine » d’emmener ses cendres, dans une
boite à biscuits, rejoindre leur père. Mais où
est Papa ? Sous des hêtres, dans un cimetière
près d’Amiens, voilà leur seul indice pour re-
trouver ce père, mort vingt ans auparavant.
Commence alors un périple qui, d’un bus de
60 personnes en passant par les cimetières
aux alentours d’Amiens, nous mènera dans
un commissariat et à la joie.
Catherine Salviat et Christine Murillo sont
Annette et Bernadette avec une réjouissante
énergie burlesque et une sensibilité juste.
Les deux grandes dames, sociétaires de la
Comédie Française semblent prendre un
plaisir enfantin à chanter et servir les répli-
ques à l’humour grinçant du texte de Pierre
Notte. La voix off introductive de chaque
petite saynète leur permet d’utiliser ce cof-
fre, objet polysémique, qui sera le seul décor
à leur talent. Ce coffre à jouet qui devien-
dra une malle à souvenirs est le seul artifice
de cette mise en scène minimaliste choisie
par Patrice Kerbrat, laissant la place au tal-
ent des deux comédiennes, pour jouter dans
cette fantaisie avec chansons sur les deuils
mal faits. Les deux comédiennes prennent le
texte à bras le corps, oscillent entre tragique
et comique avec nervosité, et incarnent par-
faitement les deux pôles d’une même lutte
contre la banalité du quotidien et pour la re-
conquête de la vie.
Le texte de Pierre Notte est enthousiaste,
manque sûrement de recul, déborde de
chansons et musiques qu’il a lui-même com-
posées. Dans cette histoire de deuil d’ « une
maman en poudre », il veut toucher à tous
les sentiments : l’amour, la méchanceté,
l’oubli, les regrets, les ressentis, la maladres-
se, l’espérance et le désespoir. Son ton in-
cisif mis au service de personnages ridicules,
l’une s’évanouissant, l’autre s’étouffant, fait
merveille pour trouver, sans drame, dans le
cœur du spectateur un écho à cette explo-
ration incongrue des relations de famille.
Malgré quelques attaques assez convenues,
et des citations un peu faciles, cette réunion
de deux sœurs que tout oppose sauf leur
ressemblance à leur mère, nous fait sourire
tendrement en grinçant des dents grâce à cet
humour noir si réjouissant qu’on connait à
l’auteur.
Comme dans la vie, il n’y a pas de sujets
tranchés, pas d’effets dans Deux petites
dames vers le Nord, il y a la vie où tout est
mêlé, le profond et le mesquin, le tragique et
le ridicule, et le tout en chantant.
46
boite à saveurs
LalanguedesAlchimistesestcelledelarêverie.
LesAlchimistes,16rueFavart.
Téléphone:0142966986
Le 16, de la rue Favart s’est trouvée une
marraine de conte de fée. Voilà sept mois,
Elisabeth Salesse-Villanova s’est penchée sur
cette vieille brasserie familiale et armée de sa
baguette et de son sourire, l’a transformée en
princesse des saveurs.
Passé la double porte traditionnelle des bras-
series, l’univers élaboré par le décorateur
Jacques Garcia et Elizabeth nous enveloppe,
piquant et suranné à la fois, dans ce cadre
classé au patrimoine historique. Sous les
frises d’époques, les lumières aux multiples
teintes tamisées par des voiles, donnent les
couleurs de la vie aux nombreuses photog-
raphies noires et blanches des acteurs et ac-
trices ayant joué en face, à l’Opéra Comique.
Des compositions florales originales et des
bougies relèvent par leur discrète présence, la
couleur pourprée du mobilier et réchauffent
les boiseries.
A toute heure, et particulièrement après les
spectacles, le charme joyeux de la bonne fée
des lieux vous conduira à votre table fleurie
simplement mais avec goût. A la carte, pas
de traditionnel. Du classique relevé d’une
touche d’instinct. Le chef, Stéphane Ewan-
gelista, confectionne tout par lui-même et à
l’évidence, avec des produits frais. La carte
varie avec les saisons. Au menu, un dél-
icieux velouté de potiron aux gambas grillés,
un surprenant clafoutis de tomates cerises et
son caillé de chèvre au basilic. Le chef aime
travailler le poisson et le prouve avec son
blanc de bar rôti en marinière avec son étu-
vée de poireaux. Mais la carte ne laisse pas
en reste les amoureux de viande tendre avec
notamment un excellent filet de bœuf cha-
rolais comme un bourguignon. L’assiette est
copieuse et même coquette dans sa faïence
blanche, élégante et traditionnelle.
Elizabeth aime recevoir, marier les saveurs et
l’élégance, pour donner à tous un petit mo-
ment de bonheur. Lorsqu’elle vous apporte
son velouté de carotte au cumin, en amuse-
bouche, votre sourire s’accorde au sien tant
cela est ravissant pour vos papilles. La carte
des vins offre à tous les amateurs une chance
de se faire plaisir, simplement et de façon
abordable. Ici, le client est traité en ami.
Eclectique et joviale, la clientèle d’Elizabeth
redemande de ses sortilèges culinaires tous
les midis, où son gratin dauphinois fait mer-
veille autour des viandes. Le soir, l’ambiance
cosy enchantera les dîners amoureux. Et
l’on partage alors avec délice, un sablé à la
mangue sauce caramel, ou le doux mi-cuit
au chocolat et sa glace au gingembre. Les
gentlemen n’auront pas de réticence même
à payer l’addition car si la magie a un prix,
ici, pas besoin d’un pacte faustien avec son
banquier pour dîner. Comptez sur vos doigts
jusqu’à environ 40 euros par personne et dis-
paraissez...ou restez boire un verre au bar
avec votre bonne fée.
Et quand l’horloge sonnera les douze coups
de minuits ? Les Alchimistes continueront à
transformer votre soirée en or.
par Serge Porta
Photographe : Les Alchimistes
47
boite à souvenirs par la photothèque des jeunes parisiens
La Photothèque des Jeunes Parisiens, instal-
lée depuis 20002 au 9 rue de Mulhouse (01
45 08 11 97) a été créée par Jean-Louis Celati,
natif du sentier et possède un fonds unique
de 20 000 photographies du vieux Paris. Elle
a créé le site www.parimagine.com dans
lequel vous trouverez la carte postale début
du siècle de votre rue.
Elle édite la collection Mémoire des rues dont
chaque volume est consacré à un arrondisse-
ment. Elle a réédité celui du 2e en décembre.
Elle vous réserve le meilleur accueil pour dé-
couvrir ses trésors (entrée libre)
Savez-vous pourquoi le quartier à l’est de
l’arrondissement, à cheval entre les quartiers du
Mail et de Bonne Nouvelle s’appelle le « Sentier » ?
Si la rue du même nom qui le traverse en est la
cause, la dénomination de celle-ci vient d’une dé-
formation du mot « chantier ».
Actuellement délimité par la rue du Sentier à l’Est,
les Grands Boulevards au Nord, le boulevard Sé-
bastopol à l’Ouest, il est difficile d’imaginer que
ce rectangle d’immeubles était , quelques siècles
auparavant, une forêt à la sortie de Paris, qu’on
appelait « chantier » parce que soumis à une dé-
forestation féroce pour les besoins de construction
d’alors. Jusqu’à la fin du 18° siècle, ce fut même
un quartier verdoyant, car du haut de la Butte aux
gravois, dans la rue Beauregard, la campagne était
à portée de vue.
Le quartier des Humbles du Cœur de
Paris
Le « Sentier », ce fut surtout un quartier grouil-
lant, le plus peuplé de Paris, avec 30 000 habitants
jusqu’au début du siècle dernier. A la Révolution,
en 1789, les biens de l’Eglise furent confisqués, et
en lieu et place des couvents de la rue Saint-Denis,
des rues et des passages furent construits, comme
celui du Caire sur les jardins des Filles-Dieu. Ce
couvent fondé par Saint Louis en 1226 possédait
un terrain appelé cour des miracles, celle même
où l’Esmeralda de Victor Hugo était reine. Selon
la légende, dans l’actuelle rue du Nil, un miracle
guérissait chaque soir l’un des nombreux invalides
transformés en mendiant. Nicolas de La Reynie,
lieutenant général de police de Louis XIV, vida
l’endroit de toutes ses marquises des anges, vo-
leurs aux grands cœurs, et assassins, en 1667. A
cette époque, au nord des vestiges de l’enceinte
de Charles V s’élève ce qu’on appelait la butte aux
moulins, puis la butte aux gravois, qui selon cer-
tains historiens, ne serait pas naturelle, mais for-
mée par les immondices déposés en ce lieu par les
parisiens depuis le Moyen-Age.
48
De cette époque, le Sentier a gardé son aspect pit-
toresque avec ses rues étroites et animées. Il ne
subit qu’une seule percée haussmannienne, la
rue Réaumur. De nombreux bâtiments furent al-
ors construits avec verrière pour mieux capter la
lumière du jour, alors que les passages tels celui
du Caire, au 237 de la rue Saint-Denis, ouvert en
1798, spécialisé en lithographie et en fabrication
de mannequins pour la couture, laissaient les pa-
risiens profiter de leur ombrage.
Le Sentier, véritablement international
Mais qu’est-ce qui a offert au « Sentier » cette
identité internationale qui se poursuit depuis le
19°siècle? Peut-être son aspect pittoresque, com-
me le prouve la place du Caire, mise en valeur
par la maison au sphinx et sa façade aux frises
égyptiennes. Les rues ont des noms qui évoquent
un ailleurs exotique, Caire, Aboukir, débaptisées
puis renommées pour rendre gloire à l’aventure de
Napoléon en Egypte. Peut-être est-ce le magasin de
jouets faisant rêver tous les petits parisiens ou le
fabricant d’accordéons qui s’étaient établis passage
du Grand Cerf ? C’est au 19°siècle que le « Sen-
tier » a acquis toute sa réputation, en devenant
le quartier de la confection. Alors, né un quartier
bourdonnant, où le son des divers langages des im-
migrants se mélangent à celui des ciseaux, car la
couture est depuis toujours un métier d’immigrés.
Se succèderont et se mélangeront ici, les juifs
du Bosphore, les alsaciens et les normands, les
juifs de Salonique et d’Europe de l’Est, avant ceux
d’Afrique du Nord, les arméniens, les Turcs puis
les pakistanais et les chinois. En ce milieu de 19°
siècle, les fabricants de tissus venus d’Alsace (d’où
le nom de la rue de Mulhouse par exemple) ont
entreposé leurs marchandises et monté leurs fab-
riques dans ces rues populaires. Plus à l’Est, les
« petites mains » travaillaient en chambre dans
les ateliers de confection. L’activité commerciale
y était riche et diverse : fabricants de dentelles, de
paillettes, de boucles et boutons, de chapeaux de
paille, de plumes, de draps, de faux-cols, de tulles
perlées, de chenilles ( passements de soie velout-
ée), de ruches ( bande plissée de tulle ou de toile),
des marchands de satin de Chine, d’Alpagas, de
corsets. Il fut même prétendu que lorsqu’un cou-
turier lançait sa collection, vingt-quatre heures
après, elle était disponible dans toutes les tailles
et toutes les couleurs, pour le dixième de son prix
dans le Sentier.
L’homme et avant tout l’homme
Ici, rien d’aseptisé, de l’entreprise certes, mais
l’entreprise c’est l’homme et avant tout l’homme.
Lorsque la presse envahit les abords du « Sentier »,
la rue du Croissant était une des plus pittoresques,
avec en son 8, M. Thomas, le récupérateur de pa-
pier et métaux qui offrant quelques sous le kilo,
permis à la jeunesse de l’époque de s’offrir Caram-
bar et Mistral. Des dizaines de crieurs de journaux
y croisaient quotidiennement les livreurs de tissus,
et chacun pouvait sourire en admirant les progrès
en escrime que tous les enfants du quartier pou-
vaient faire grâce aux rouleaux dont ils leur lais-
saient l’usage. La rue de Mulhouse bruissait des
bavardages et coups de balais, des nombreuses
concierges s’y rencontrant, du fait de ses larges
trottoirs, et toutes avaient la gentillesse de lais-
ser les clochards se construire des maisonnettes
avec les cartons de livraison dans les porches
d’immeubles. Les filles coiffaient Sainte Catherine,
statue avec sa roue et sa palme (refaite en 1987) au
coin de la rue de Cléry et des Petits Carreaux, tous
les 25 novembre. La rue Saint-Denis, ancienne voie
royale, fourmille d’anecdotes de couvents ou des
filles de petites vertus. Dans ce quartier si vivant,
humble et si humain, sont nés de grands hommes
comme Georges Charpak ou Edgar Morin.
Le « Sentier » est un Paris populaire, bruyant, aux
cages d’escaliers ténébreuses, et aux voûtes écras-
antes. C’est un Paris heureux, celui des Parisiens
gâtés comme l’on peut l’être lorsque l’on vit entre
les Halles et Grands Boulevards.
49
question 1: Combien existe-t-il environ de cé-
libataires à Paris ?
question 2: Qui fut promue étoile pour danser
Gisèle, danseuse fétiche de Noureev et actuelle
directrice de l’Ecole de Danse de l’Opéra de
Paris?
question 3: De quoi l’entreprise ERENIS, ini-
tiateur entre autres du projet Quartier Numéri-
que, est-elle le leader?
question 4: Quel DJ français importa la mu-
sique électronique de l’Hacienda à Paris ?
question 5: Quel philosophe, ami de la Boétie,
est un des auteurs préférés de M. Boutault ?
question 6: Qui expose actuellement à la BNF
Richelieu, un travail sur la réception d’une
lettre de rupture?
question 7: Où ont-été prises les photos de la
Boite à couture ?
question 8: De quelle nationalité est l’auteur
de 2666?
question 9: Qui est l’acteur principal du film
Passe Passe de Toni Marshall
question 10: Où était située la Cour des Mir-
acles ?
Toutes les réponses sont dans ce numéro de
TOWN BOX .... Bonne lecture!
boite à malice
TOWN BOX.
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Rédactrice en chef : Abeline Majorel, rédaction@townbox.net
Graphisme/maquette : Vincent Maklès
Responsable commerciale : Clémence Doutre, annonceurs@townbox.net
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Boccas, Quentin Caffier, William Gaye, Florent Michel, Aron Mizrahi, Anais Pome
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BP 136 - 26, boulevard Kennedy
89101 Sens – France
Parution et dépôt légal avril 2008
Editions Cléry, SARL, 8 rue Saint Joseph 75002 Paris, actionnaires : Edward Mayor, Adeline Majorel
Ne pas jeter sur la voie publique. L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos et
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50
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  • 1. T O W N B O X Le mensuel gratuit du 2ème Arrondissement Avril 2008 /// Numéro 2 /// www.townbox.net
  • 2.
  • 3.    edito Quand on s’est connu, quand on s’est reconnu, pourquoi se perdre de vue ? Nous nous sommes rencontrés le mois dernier, vous nous reconnais- sez en ce mois d’avril, alors pourquoi se reperdre de vue ? En Avril, nous ne nous découvrirons pas d’un fil, mais nos pages se cou- vriront des tissus ou des fibres optiques qui sont la fierté de l’Est de notre arrondissement. Nous cheminerons ensemble dans les rues du Nil et Saint- Denis, nous nous reposerons place du Caire. Nous emprunterons un « Sen- tier » peu connu ensemble. Nous y rencontrerons Fabrice ou Marie-Jo, nous ferons de l’ancienne cour des miracles, une agora où nous apprendrons à mieux connaître le maire nouvellement réélu M.Boutault, puis nous irons ensemble faire nos gammes numériques dans le passage des Panoramas. Et si un fil tel Ariane guide notre équipe dans cet arrondissement si riche, c’est encore et toujours l’envie de vous découvrir fil par fil. Tissons ensemble la toile d’un deuxième arrondissement heureux d’être le sentier qui mène au cœur de Paris. TOWN BOX deviendra votre navette favorite pour vous y aiguiller. SOMMAIRE : - 4 ça bouge dans la boite! - 8 citoyen de la boite - 10 boite à idées - 14 citoyen de la boite - 16 boite à dossiers - 21 boite à images - 23 boite de jour/boite de nuit ( agenda) - 26 une nouvelle dans la boite - 28 boite de jour/boite de nuit ( agenda) - 29 abonnement - 31 boite à images - 34 boite à couture - 40 boites aux lettres - 42 boite noire - 44 boite à musique - 45 boite artistique - 46 le numéro de la boite - 47 boite à saveurs - 48 boite à souvenirs - 50 boite à malice 3
  • 4. Unafterwork,voilàcequ’ilnousfaut Jeudi, 16h: mon écran disparaît sous les Post- It, ma boîte mail explose et le diable en Pra- da hurle à l’autre bout de la rédaction. Coup de fil SOS à Simone, mon amie elle aussi surbookée dans sa tour de La Défense: j’ai un besoin urgent de détente! Décompresser avec un mojito, me défouler sur un dance- floor, rencontrer de nouvelles têtes… et être opérationnelle en réunion demain à 9h. Un afterwork, voilà ce qu’il nous faut. L’afterwork, c’est cette tendance qui permet de concilier sorties et vie active et nous vient tout droit d’Outre-Manche. D’aussi loin que je m’en souvienne, le détour par le pub après le travail est une tradition chez nos voisins british. Mes escapades à La City m’ont con- firmé que l’horloge du royaume avance sur la nôtre: on sort du bureau, on dîne plus tôt qu’en France, et les bars suivent le rythme. Habitués à voir fermer leurs pubs avant minuit, les Anglais sont des adeptes invété- rés de l’afterwork. Dès 17h, Londres sent le houblon, et des milliers d’executives laissent tomber le masque de professionnels over- bookés. A l’heure où les tendances traversent la Man- che plus vite que l’Eurostar, l’afterwork tente de s’imposer dans l’Hexagone. Si les villes de province n’adoptent le phénomène que marginalement, Paris voit le concept émerg- er grâce au bouche à oreille et à l’explosion du social networking. La transversalité et l’instantanéité des réseaux virtuels ayant bouleversé la carte des échanges, Internet est «the place to be» pour qui veut s’informer et multiplier les contacts. 17h: connectée à Google, je parcoure les ré- sultats pour « afterwork+paris» et m’arrête sur seven2one.com. Rapide e-mail à ma liste de friends sur Facebook : rendez-vous à La Galerie, 161 rue Montmartre, à mi-che- min entre mon bureau et celui de Simone. What’s Hap, agence pionnière de l’afterwork à la sauce parisienne, y organise son Seven To One chaque jeudi depuis 2001. Ce soir, le thème, c’est « Rien que pour elles ». 19h: je m’engouffre dans le métro. Rien de réjouissant dans la rame: un échantillon des 2 millions de Parisiens abonnés aux stressés anonymes sort du travail. Pour beaucoup, l’environnement professionnel se durcit: cibles d’injonctions paradoxales, les indivi- dus se doivent d’être autonomes et perfor- mants, tout en manifestant leur épanouisse- ment. Impatiente de profiter d’un afterwork bien mérité, je m’arrête à la station Bourse et fonce à La Galerie. METRO, BOULOT, MOJITO ça bouge dans la boite! 4 par Juliane Le Pouezard Photographe : William Gaye
  • 5. L’afterwork, terrain de chasse pour solo en quêtederencontres? 20h: métro, boulot, mojito. Affalée sur un sofa, je savoure mon cocktail préféré pen- dant que les filles se font chouchouter au rez-de-chaussée. Au programme de cet af- terwork couleur rose bonbon: make-up, ca- deaux girly, sex-toys… Le décor est digne d’un épisode de Sex and The City sponsorisé par Bacardi et Cosmopolitan. Le thème «Rien que pour elles» est un créneau commercial de choix pour les marques ciblant la jeune consommatrice. En signant un partenariat avec la société évènementielle, alcools, mag- azines ou marques de lingerie contribuent matériellement à l’afterwork en échange d’une visibilité certaine auprès des working women présentes. 21h: les Carrie Bradshaw parisiennes sont rejointes par la testostérone qui desserre la cravate et fait valser l’attaché-case. Derrière ma vodka-fraise, j’observe la faune. Venus entre amis à la sortie du travail, traders, con- sultants et fils de pub dégainent leurs plus beaux sourires aux jolies filles potentielle- ment libres. L’afterwork, terrain de chasse pour solo en quête de rencontres? Leur rythme de vie s’accélérant sans cesse, les actifs pressés n’ont plus le temps de cher- cher l’âme sœur. Preuves en sont les 350 000 célibataires parisiens, poules aux œufs d’or des sites de rencontres et organisateurs de speed-dating. Draguer vite pour vivre vite, slogan de l’afterwork? «Nous ne ciblons pas les célibataires», souligne Christophe Mau- mus, fondateur de What’s Hap. «Mais ils sont de fait assez nombreux, environ 40% de la clientèle». Sur le dancefloor, les regards des mâles sur les donzelles en goguette sont révélateurs. Autour de moi, les discussions vont bon train. Simone drague un journaliste aux faux airs de Yann Barthes, Lara et Yves se déchaînent sur Prince, Madonna ou Cas- 5
  • 6. Si Oncle René et Tata Denise ont passé 30 ans dans le même service, aujourd’hui, changer d’employeur pour enrichir son CV devient courant. Cette mobilité implique un développement des réseaux profession- nels, où le carnet d’adresses est un atout. Au placard les bottins, on réseaute sur le Web et on court les afterworks pour y rencontrer ses pairs. Théoriquement accessibles à tous, des soirées comme la Seven 2 One accueil- lent une clientèle homogène: 80% de CSP+. Une endogamie sociale favorisée par la réci- procité des intérêts: la fiesta sans cernes et gueule de bois alliée à des rencontres rapides et utiles. Afterworkouapéritif? 0h30: entre l’exposé sur le CAC40 de mon voisin, les décibels qui cognent et mon six- ième cocktail, mon cerveau s’échauffe. De- main soir, il est possible que je préfère un simple troquet au brouhaha des bussiness- fêtards. En attendant, je dégaine mon Pass Navigo et regagne mes pénates avec 7h de sommeil devant moi: pas de petit matin pâ- teux à l’horizon, je serai d’attaque à l’heure au bureau. Jeudi prochain, retour à La Galer- ie? Je tenterai peut-être l’afterwork du Bizen, 111 rue Réaumur, ou alors… L’évidence me frappe: hormis ces deux espaces, rares sont les établissement à proposer des afterworks dans le 2e. Pourquoi le concept peine-t-il à s’imposer dans l’arrondissement? Le caractère élitiste de l’afterwork est certainement la raison principale à cette difficulté. Si ses rues four- millent de bureaux, banques et agences, le 2e vit d’hétérogénéité. Jeunes cadres et chefs d’entreprises côtoient commerçants, étudiants et retraités attachés à l’âme des quartiers Montorgeuil, Sentier ou Opéra. Nombreux sont ceux qui ne se reconnaissent pas dans le réseau sélectif des afterworks. sius… La playlist est peu audacieuse, mais les fêtards ne sont pas là pour le son. Un groupe de pubards en Armani m’invite à sa table. Tout juste diplômés de Sup de Co ou Scienc- es-Po, ces aficionados de l’afterwork ont un but commun: oublier la pression du bureau en faisant des rencontres autour d’un verre. «L’ambiance est détendue avec l’alcool et la musique. Les contacts se font rapidement, et je ne parle pas seulement des filles qui nous plaisent» déclare Carl, consultant marketing. «C’est ici que j’ai rencontré mon patron ac- tuel, qui m’a embauché peu de temps après un échange de cartes de visites». LeRéseau,Graaldu21°siècle. 22h: j’ai six numéros de plus dans mon porta- ble. Laisser mes coordonnées lors d’un dîner privé me semble presque obsolète. Ouvert à tous, l’afterwork se révèle un formidable terrain d’interactions sociales. À cette acces- sibilité s’ajoutent immédiateté et réciprocité des intérêts: les «afterworkers» veulent sortir utile entre personnes du même milieu. A La Galerie, nul besoin de sondage pour deviner qu’une catégorie socio-professionnelle bien précise domine. À cette faune qui fait la-fête- avant-l’heure correspond un profil type: tren- tenaire, indépendant, workaholic. L’urbain en costard-cravate, qui se décline en version féminine, se consacre à sa carrière. Caché derrière son écran 50h par semaine, l’animal reste néanmoins sociable: en solo, en duo ou en colocation, son IPhone ne s’endort jamais. Ces cadres et employés à fortes re- sponsabilités, baptisés CSP+ par les études sociologiques, sont ce soir plus de 800. Ce qui les attire sous la boule à facettes dès 19h? La possibilité d’y élargir leur réseau. Le mot est sur toutes les lèvres: le réseau, Graal du 21e siècle. L’ancienneté au sein de l’entreprise n’est plus reine, compétitivité et insécurité de l’emploi ont changé la donne. 4 6
  • 7. Dans cet arrondissement de bouche, l’ambiance populaire ignore l’élitisme, lui préférant la convivialité d’une tradition bien latine: l’apéritif. Nul besoin de faire partie d’une catégo- rie précise: le Ricard-cacahuètes sur le zinc fait partie du charme hexagonal et est ouvert à tous. Jeudi prochain, j’invite mes amis chefs de pub, intermittents et abonnés à l’ANPE à l’apéro. Rendez-vous à 19h pour l’happy-hour, au Cœur Fou, au Next ou aux Truskel. Devant quelques guitares et nos pintes à moitié prix, on refera le monde, on oubliera le travail, et en vraie Cendrillon parisienne, je me coucherai aux douze coups de minuit. 7
  • 8. citoyen de la boite Le rideau rouge s’ouvre. Sous le plafond de Chagall, 1979 spectateurs applaudissent Ma- rie-Jo. Ils ne l’ont pourtant jamais vue. Ils vi- ennent rêver devant des étoiles. Mais ce sont en coulisse dans les yeux de Marie-Jo, qu’à cet instant, elles dansent encore le mieux. Marie-Jo est une Carmen dont l’amour n’a qu’un nom : la danse, et qu’une loi : venir chaque jour à l’Opéra de Paris. Cette blonde est espagnole, d’Albacete, le pays de Don Quichotte. Là-bas, elle fut assistante de bloc opératoire, mais les plaies n’étaient pas ce qu’elle voulait recoudre. Alors, lorsque son cœur battit la même mesure que celui du Don Juan, passionné de photographie, qui est toujours son compagnon, elle entama un pas de deux qui la mena à Paris. Grâce à lui et à son diplôme en coupe et couture, elle dé- couvrit son métier, sa passion : en 1981, au Palais des Congrès, elle devient habilleuse. Le théâtre commence par le vestiaire. S’il semble exister une hiérarchie des métiers en- tre danseuse et habilleuse, la danse et le geste ouvrier de couture ont la même dynamique : celle de fabriquer le matériel d’un spectacle. L’étoile et Marie-Jo partagent le même tra- vail de gestes laborieux pour être plus per- formantzaintenant que Marie-Jo, au sein de cette famille de plus de 1000 personnes et 70 corps de métiers, répète ses gestes de retouche et de nettoyage sur l’accessoire le plus intime de la danseuse : son costume. Car être habilleuse n’est pas qu’un métier de couture, c’est un rôle important auprès des artistes. Certes, elle habille et change les ar- tistes. Certes, l’aiguille à la main, son esprit doit être aux aguets, improvisant une solu- tion pour la bretelle qui lâche en plein spec- tacle ou la fermeture qui se coince. Certes, sa main doit être agile. Mais la fierté de Marie- Jo vient du côté jardin de son travail : elle est une « petite maman » pour les artistes. Cette présence rassurante qui leur apporte tout ce dont ils ont besoin, ce lien proche et confiant qui justifie tous les caprices, car le poids que tous les danseurs portent sur leurs épaules est celui d’un ballet entier, Marie-Jo en a fait son travail. Pourtant, elle est encore une petite fille aux yeux qui brillent devant le spectacle de ces corps gracieusement rom- pus qu’elle connait si bien. Elle aurait aimé danser Marie-Jo. Danser comme Noëlla Pontois, celle qui lui a fait aimer la danse. Ou même danser comme ces petits rats de l’Ecole de Danse dont elle s’est occupée pendant neuf ans. Alors que les danseurs font des allers-retours perma- nents entre ses mains avant de s’exposer, elle, elle a apprit à s’imaginer sur scène pour bien faire son métier. Car, il faut aller vite, ne pas s’arrêter, ne pas avoir les doigts rouillés, parce que, comme pour la danseuse, le chef d’orchestre n’arrêtera pas la musique pour une fermeture mal recousue. En moyenne, il y a cinq changements par ballets, et il faut suivre les danseurs, leur donner l’eau, les guêtres, les pointes dont ils ont besoin pour retourner briller. Il faut de la discipline pour cela et Marie-Jo qui a travaillé avec le Bol- choï l’exige d’elle-même comme des autres. Il en manque un peu parfois à ces yeux dans cet Opéra Garnier, ce théâtre qui est, pour elle, le plus beau du monde. Car Marie-Jo en est très amoureuse de son Opéra, vieux monsieur charmant de 133 printemps. Elle en a connu d’autres pour- tant, dans d’autres pays, en tournée. Ceux du Japon, où elle a suivi In the Night, un ballet d’étoiles, en 1992, et où coquetterie ultime pour cette jeune rêveuse, elle a pu porter trois des robes. Elle est partie à Washington avec les petits rats. Elle se prépare même à partir en Chine, avec neuf autres habilleuses, et les 271 costumes, pour suivre Paquita. Elle par Abeline Majorel Photographe : Florent Michel Les étoiles à portée de main. Marie-Jo Carlos Sanchez 8
  • 9. connait l’Opéra Bastille, qu’elle juge peu fonctionnel mais fabuleux pour stocker les cos- tumes. Mais, en bonne amoureuse, elle revient toujours à Garnier, cette corbeille rouge et or qui la fait se sentir si privilégiée et chanceuse. Elle y a ses meilleurs souvenirs, ceux où tous tendus vers le même objectif, offrir une représentation de qualité pour le public, ils formaient une famille. Dans cette ruche, tout est produit par cette famille, des costumes aux décors. Et si l’univers de la pratique de la couture peut paraître désuet, en voyant le sourire de Marie-Jo parlant de son métier, il nous reprend des envies de broder. Et avoir des étoiles dans les yeux comme Marie-Jo qui les a entre ses doigts. 9
  • 10. boite à idées par Abeline Majorel Photographe : Florent Michel Le deuxième arrondissement, le bastion vert de Paris. Le 29 mars dernier, M.Jacques Boutault a été réélu maire du 2°arrondisse- ment. Les électeurs du 2° ont voté à 68,3% pour la liste fusionnant celle de M. Boutault (Verts) et celle de Mme Wieviorka (PS).Rencontre avec la majorité municipale. travailler ensemble. Town box : Les électeurs se sont clairement prononcés pour cette liste d’alliance entre les Verts et le PS. Jacques Boutault : Moi je suis pour l’unicité, je suis pour rassembler, et on ne peut rassembler que des gens qui sont dif- férents de vous. Je serai donc unitaire pour deux. Les électeurs ont jugé d’une part le projet d’un maire sortant et d’autre part une liste composée du PS, PCF, MRG soutenue par Bertrand Delanoë. Et, cette dernière a fait jeu égal, quasiment avec juste 3 points d’écarts, avec la liste autonome qui représen- te un seul parti politique, les Verts. En ten- ant compte des précédentes élections, et en enlevant les 2.5% du PCF, 1.5% du MRG et les 0.5% du PRG, la première force politique de l’arrondissement, ce sont les Verts. J’ai toujours dit que les Verts faisaient partie de la majorité municipale de Paris, une com- posante critique certes mais qui a toujours eu l’intention de fusionner ses listes au 2° tour avec celle de M. Delanoë. Mais, nous devions aller, en force autonome, au devant des électeurs, et non pas avec des obscurs accords d’appareils décidant de la place des uns ou des autres. Je travaillerai donc avec ce que les électeurs m’ont donné comme feuille de route c’est-à-dire une mairie écolo- giste et socialiste et communiste et surtout citoyenne. Town Box : Notre numéro d’avril a pour fil rouge le Sentier. Ce quartier subit de plein fouet la crise du textile, dans le même temps qu’il est à la pointe de l’innovation avec les nouvelles technologies d’information et de communication qui y sont installées. Com- ment voyez-vous le Sentier lors de votre pro- chaine mandature ? Dans son bureau de la mairie du deuxième, joliment orné d’une lampe en cuivre en forme de fleur faîte par une amie artiste, le maire du 2° arrondissement, M. Boutault, est attentif et détendu. Il nous y a reçoit au lend- emain du secv tour des municipales. Autour d’un café, le maire répond, sans hésitation, à nos questions. Town Box : Monsieur le Maire, pendant la première partie de la campagne municipale, l’existence d’oppositions très frontales avec votre ex-première adjointe Mme Wievior- ka… Jacques Boutault : J’ai toujours respectée en tant que personne mon ex-première adjointe, et ne l’ai jamais attaquée frontalement et quasiment pas interpelée nommément, alors que la réciproque n’a pas toujours été vraie. Moi, j’ai toujours voulu communiqué posi- tivement sur mon projet et sur mes valeurs. Town Box : Malgré l’existence de désaccords politiques, comment allez-vous faire pour travailler ensemble ? Jacques Boutault : Nous ne sommes pas vé- ritablement dans une contradiction de projet et de valeur. Bien sur, lors de la campagne, j’ai pointé les différences qui m’apparaissaient comme essentielles pour la compréhension des projets par les électeurs. Le seul différent que nous avons eu sur le fond politique, c’est une très grande suspicion quand à la perti- nence du projet AUTO’LIB, qui de toutes les façons, ne relève pas de la compétence d’une mairie d’arrondissement. Ceci mis à part, je peux vous affirmer que lorsque j’ai du faire la synthèse de chacune de nos professions de foi, lors de la fusion des listes au second tout, je n’ai eu aucun mal, cela m’a pris cinq minutes. Donc, je pense que nous pourrons 10
  • 11. Jacques BoutaultJacques Boutault : Sur l’aspect patrimonialJacques Boutault : Sur l’aspect patrimonialJacques Boutault du Sentier, nous allons engager dans les mois qui viennent une opération programmée de réhabilitation de la ville aux normes haute qualité environnementale des habitats dégra- dés, pour aider les copropriétés qui ne peu- vent pas faire face à leur obligation à mettre en œuvre les travaux qui s’imposent, sur- tout dans les fonds de cours. Nous voulons préserver cet aspect patrimonial mais cela entraine, en contrepartie pour les proprié- taires, une obligation de louer leur apparte- ment à une prix HLM pendant 10 ans. Il est sur que la suppression des quotas d’importation des textiles chinois décrétée en 2006 par l’Europe, voulue d’ailleurs par l’Union des Industries Textiles dont Guil- laume Sarkozy fut président, a fait en sorte qu’il est moins cher de fabriquer en Chine et d’importer dans le Sentier que de fabri- quer dans le Sentier. Il faut donc réorganiser l’économie textile traditionnelle, en tenant compte du fait qu’elle doit évoluer et pren- dre sa place dans un centre urbain dense, avec un bâtiment ancien comme le notre. Aujourd’hui, il semble que la première forme d’industrie textile soit la reprise par des im- portateurs chinois de magasins traditionnels pour de la vente en gros. La deuxième forme d’industrie textile, mais peut-on encore par- ler d’industrie, ce n’est plus la sous-traitance rapide des grandes collections. C’est une in- dustrie de haute qualité, traditionnelle, avec des sous-traitants de grandes marques de prêt-à-porter, travaillant sur des petits vol- umes qualitatifs et rapides. J’estime donc que ce créneau de marché est adapté à notre centre urbain car il permet des livraisons fréquentes car le Sentier est au centre de tout. La troisième grande évolution de l’industrie textile est la vitrine, le show room. Les fab- ricants du Sentier ont bien compris que le Sentier était une marque, et que pour en bénéficier, il faut une boutique de présenta- tion. Faire venir des rouleaux de tissus du bout de la France, les découper, les assem- bler en banlieue et les faire revenir ici pour la vente à des grossistes de toute la France, est écologiquement et économiquement ab- surde. J’encourage cette évolution car elle est parfaitement compatible avec un autre phé- nomène d’évolution en cours : les ateliers en étage disparaissant, d’importantes surfaces en étage sont libérées pour l’habitation. Donc, des familles vont pouvoir se loger dans le centre de Paris à des taux pas absurdes. Et puis, il y a la quatrième évolution, l’économie numérique qui tend à prendre peu à peu la place laisser. C’est la raison pour laquelle j’aimerai que l’évolution dupour laquelle j’aimerai que l’évolution du Palais Brongniart vers un centre dédié aux technologies d’information et de communi- cation, un navire amiral, actif et fort. Town Box : Nous sommes un magazine cul- turel donc, nous ne pouvons qu’être intéres- sés par l’action que va poursuivre la Mairie du 2° arrondissement en la matière. Quelle va-t-elle être ? Jacques BoutaultJacques Boutault : Il faut que l’on fasseJacques Boutault : Il faut que l’on fasseJacques Boutault beaucoup mieux en terme de culture et notamment en terme de culture ouverte vers l’arrondissement. Dans la mandature précé- dente, nous avons mené des actions en terme de culture. Toutefois, comme il n’existait pas de ligne directrice, de colonne vertébrale commune à notre action, nous sommes obli- gés de communiquer points par points, de disperser nos efforts de communications par projet, ce qui limite notre visibilité, je le constate à regret. Il faut donc progresser pour que les projets soit accessibles, com- préhensibles et de qualité. Pour cela il fautpréhensibles et de qualité. Pour cela il faut 11
  • 12. se donner les moyens pour faire vivre cette culture. Je suis donc pour la création d’une régie municipale culturelle. Pourquoi ? Parce que je préfèrerais, contrairement à d’autres arrondissements comme le 3° qui est animé par une association de loi 1901 sur laquelle nous n’avons aucune visibilité ( ceci sans remettre en question leur travail), que la cul- ture ait pour agir des moyens publics donc une régie, et que celle-ci soit mise au service d’une culture en direction des habitants du 2°arrondissement. Il faut qu’elle possède la même force de frappe que les associations, type comités des fêtes ou autres. TownBox : Quels vont être les premiers dos- siers sur votre bureau ? Jacques BoutaultJacques Boutault : Je suis très, commentJacques Boutault : Je suis très, commentJacques Boutault dirais-je, multi-tâches. J’aime pouvoir faire des choses différentes en même temps. Je me suis donné des priorités qui sont le loge- ment, la petite enfance, l’environnement et l’activité économique. Je vais donc étudier le programme de réhabilitation du Sentier tout en continuant à faire des préemptions pour créer plus de logements sociaux. Nous allons réfléchir à comment augmenter notre taux de service « petite enfance » qui est aujourd’hui de 60%, ce qui veut dire que 40% des parents qui font une demande n’ont pas de réponse. Nous voulons augmenter ce taux de service en trouvant des moyens peut être par la favorisation des crèches d’appartement, les crèches parentales etc… Bien sur, l’environnement sera une de nos actions clés, notamment en travaillant sur les rues du Sentier qui sont sales et dégra- dées, et où les livraisons et stationnements sont difficiles, de même que la situation des piétons sur les trottoirs surchargés. Et puis, l’activité économique que l’on doit favoriser, avec notamment l’étude d’une orientation marquée vers l’activité numérique, par ex- emple du Palais Brongniart. Voilà, mes pri- orités pour les 6 ans qui viennent. Town Box : Merci Monsieur le Maire. un questionnaire de Proust pour mieux connaître votre maire. Quel est votre principal trait de caractère ? La philanthropie La qualité que vous préférez chez un hom- me ? La franchise La qualité que vous préférez chez une femme ? L’honnêteté intellectuelle Ce que vous appréciez le plus chez vos amis ? La franchise et l’honnêteté intellectuelle Votre principal défaut ? Un peu irascible parfois Votre occupation préférée ? Rencontrer l’autre, lui parler, j’aime les gens. Mon métier n’est pas dû qu’au hasard. Vos auteurs favoris Villon, Diderot, Montaigne, Rousseau, Zola, Stendhal, Hugo, Henry Miller dans « les cau- chemars climatisés », beaucoup de littérature contemporaine nord-américaine comme Bu- kowski, Kerouac, Brautigan, Auster et bien sur, Romain Gary. Mais je tiens aussi à citer Nathalie Sarraute. Si vous étiez un héros de fiction ? Pour rester dans la littérature, Edmond Dantès, le comte de Monte-Cristo. La fleur que vous aimez ? J’aime le magnolia parce que cela pousse en mai et que c’est le début du printemps et l’espoir qui renait, mais aussi, l’edelweiss parce qu’il est rare. Le tournesol me plait beaucoup pour le symbole, toujours vers le soleil. L’état présent de votre esprit ? Je me sens disponible et à l’écoute. Votre devise ? Je n’ai pas vraiment de devise, mais si j’en avais une cela serait une phrase de Nelson Mandela , un de mes héros contemporains, qu’il a prononcé lors de son investiture à la présidence de la république d’Afrique du Sud : « Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toutes limites, et c’est notre propre lumière et non pas notre obscurité qui nous effraie le plus. » 12
  • 13. Votre nouvelle équipe municipale Vous avez appris à connaître dans cet article votre maire M. Jacques Boutault. Derrière lui, toute une équipe travaille. Découvrons-les : Première Adjointe au maire du 2° : Dominique Dussart déléguée à l’urbanisme, au logement, à l’environnement et au développement durable. Adjoints au maire du 2° : -Maxime des Gayets : délégué à la démocratie locale (conseils de quartiers), au commerce et au développement économique. - Roberta Bernard : déléguée à la vie scolaire et à la petite enfance. -Jean-Paul Maurel : délégué à la voierie, aux déplacements, aux transports, à l’espace pub- lic et au sport. - Sylvie Wieviorka : conseillère de Paris, déléguée à la prévention et à la sécurité. - Pierre Schapira : adjoint au maire de Paris chargé des relations internationales et de la francophonie. Délégué au budget et aux finances. Conseillers du 2° arrondissement : -Alain Duoduglu : délégué à la propreté et au commerce de gros. - Florence Ribard : délégué à la vie associative. - Claire Grover : déléguée à la lutte contre les exclusions et à l’action sociale. - Anne Sabourin : déléguée à la jeunesse. - Laurent Bureau. Et bien sur les élus de l’opposition : Christophe Lekieffre, conseiller du 2°arrondissement. Tous les contacts de chaque élu sont sur www.mairie2.paris.fr ou par téléphone au 01 53 29 75 02 13
  • 14. citoyen de la boite Habitez-vous dans le 2° et quelles sont vos habitudes dans l’arrondissement ? Non, j’y travaille, mais j’habite en proche banlieue, une maison où je peux mettre la musique très fort à 4h du matin, ce qui est un grand avantage par rapport aux apparte- ments du deuxième. Je travaille à l’angle de 4 arrondissements, j’ai donc des habitudes dans tous, mais ma plus grande habitude, mon addiction, qui dure depuis 15 ans, c’est évidement le Rex Club. Le Rex est une alliance parfaite entre histoire et modernité, en plein centre de Paris, est-ce impor- tant pour le Club ? Je fais partie effectivement du Rex, même si je ne m’occupe que du club. Classé monu- ment historique, nous avons des obligations strictes au niveau des aménagements de la façade sur laquelle M.Hellman, le proprié- taire des lieux, avait envisagé des travaux notamment d’éclairage mais le projet a été refusé par les architectes de Paris. Il y a des avantages et des inconvénients à être classé au patrimoine historique, ne serait-ce que celui d’être placé sur tous les parcours tour- istiques. Mais, surtout notre place dans le 2° nous donne une grande visibilité et accessi- bilité. Nous sommes ainsi accessible à 80% de la capitale en une demie heure de marche, ce qui fait de nous un club écologique puisque nous ne nécessitons pas la prise de la voiture, et sommes accessibles par tous les transports en commun. Le Rex Club bénéficie en plus d’une renommée internationale, comment avez-vous réussi cela ? Nous devons beaucoup à mon prédécesseur, Christian Paulet et à Laurent Garnier, qui a développé l’image de la musique électro- nique en France, avec les soirées Wake Up de la grande époque. Moi, je suis arrivé ici en suivant la musique électronique, il y a déjà 15 ans. Nous possédons une réelle et forte iden- tité internationale par notre positionnement fort dans la musique électronique. Nous créons un échange avec les artistes qui ont tous joué ou voulu jouer au Rex Club. Nous sommes plus sollicités que demandeur, mais nous écoutons tout, et essayons de faire une sélection proche de l’actualité c’est-à-dire les sorties d’album, les nouveaux artistes qui cartonnent à Berlin ou à Detroit. Il faut trier les valeurs montantes et les grands clas- siques, et les associer à nos artistes résidents français, la plupart du temps, qui défendent haut et fort les couleurs de la musique élec- tronique. Et comme tout producteur de spec- tacle, il y a un côté affectif. Certains artistes viennent jouer au Rex, même sans actualité, parce que le Rex a fait les grandes heures de cette musique, et que cela nous fait plaisir de les accueillir. Nous sélectionnons en fonction de l’identité de l’artiste et pas que du disque. Par exemple Kerri Chandler n’avait pas sorti d’album depuis longtemps et il vient au Rex Club fêter son nouvel opus. C’est ce qui nous a permis l’année dernière d’être le seul club français classé parmi les 50 meilleurs clubs du monde, en 30eme position. Nous essay- erons de faire encore mieux cette année. Qui aimez-vous accueillir au Rex Club ? Ici, le mode de sélection n’est pas le même que dans la plupart des établissements pa- risiens. Nous ne sélectionnons pas sur l’aspect vestimentaire mais plutôt sur la mu- sique qu’ils viennent écouter. Notre intérêt est avant tout d’avoir des fans de musique, nous ne sommes pas une discothèque, mais un club. Cela signifie que la clientèle vient pour écouter un artiste dans les meilleures conditions possibles, et c’est ce que nous nous efforçons de leur offrir. par Abeline Majorel Photographe : Florent Michel 14
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  • 16. boite à dossiers Le deuxième arrondissement est un territoire à la pointe de l’innovation. Il accueille depuis le 22 mai dernier et ce pour 18 mois, une expérimentation sur le développement progressif d’infrastructures WIFI extérieures s’adressant à toutes et tous : le Quartier numérique. Un quartier historique du Web. Lors d’un voyage officiel aux Etats-Unis, à la fin de janvier 2007, le maire de Paris, Bertrand Delanoë pouvait se féliciter d’un taux de pénétration du haut débit de 60% dans sa ville. Pourtant, il fut impressionné par l’accessibilité, la gratuité et l’utilisation moderne et facile des nouvelles technologies des villes américaines. De retour en France, un programme pour le développement des Nouvelles Technologies d’Information et de Communication fut mis en place. En 2004, le programme Lauriat Parvis en faveur de la création des quartiers numéri- ques avait été transformé en Paris Ville Nu- mérique, marquant déjà la forte implication dans le domaine de la Mairie de Paris. Le deuxième arrondissement est dès alors à la pointe de l’innovation, grâce à l’action d’une association SILICON SENTIER, et deviendra donc un QUARTIER NUMERIQUE, réponse émergente en matière de développement des réseaux et de leurs usages. Le deuxième arrondissement est un quartier si l’on peut dire historique pour ces entre- prises de nouvelles technologies. En ef- fet, de nombreuses start-up y ont trouvé résidence, avant 2001 et l’éclatement de la bulle internet, et y sont restés par la suite. De grands noms tels Dailymotion y avaient élus domicile, ainsi qu’une centaine d’autres 16 par Serge Porta Photographe : Benjamin Boccas Remerciements : La Cantine - Julien Valero
  • 17. Petites et Moyennes Entreprises ayant pour outil principal de travail le Web. La raison d’une telle concentration sur le deuxième arrondissement est la présence d’une infra- structure importante utilisée par la Bourse, un Point de Présence Opérateur. Son utilisa- tion permettait donc une mutualisation des coûts. L’association Silicon Sentier est née ici, d’une volonté de fertilisation croisée des projets. Elle regroupe environ 120 PME des nouvelles technologies de l’information. « Le quartier se connecte, la vie s’embellit. » Après l’éclatement de la bulle internet, beau- coup d’entreprises du Sentier ont dû déposer le bilan. Toutefois, Silicon Sentier n’était pas morte et sans se dégonfler, continua à pro- poser des projets. De son association avec ERENIS, leader de la fibre optique, et le mou- vement WIFI FON réseau communautaire, est né un QUARTIER NUMERIQUE véritable, et depuis peu, un espace qui lui est consacré LA CANTINE. Le principe est donc de com- pléter l’offre déjà existante des opérateurs d’accès internet et de téléphonie mobile, en procurant un réseau extérieur libre d’accès. Des infrastructures sont ainsi mise en place comme le raccordement à la fibre optique, qui présente l’avantage d’être un flux tendu sans perte de données. En travaillant sur une approche systématique de raccordement avec ERENIS, mais aussi sur des connexions partagées entre habitants et le placement de borne WIFI chez les commerçants, ils entre- prennent de soigner la fracture numérique, et mettent tout en œuvre pour faire progresser la pénétration résidentielle de ces technolo- gies. Mais, la mise à disposition de réseaux n’est qu’un moyen pour une action plus glo- bale. En effet, le projet QUARTIER NUME- RIQUE est destiné à créer du lien véritable et social. Car il faut habiter le réseau, le faire fonctionner et pour cela, les organisateurs de ce projet veulent favoriser les initiatives locales, les rencontres, jusqu’à projeter aux visiteurs l’image d’un arrondissement ou- vert sur le monde, un espace collaboratif en réseau avec d’autres régions ou même 17
  • 18. à l’étranger. Découvrir et partager dans un quartier la facilité, la qualité de vie que peu- vent apporter les technologies numériques, voilà qui devrait réunir beaucoup d’entre nous, à commencer par les PME. Une association de savoir-faire. L’association Silicon Sentier est l’animatrice principale de ce projet. Elle y apporte en effet son savoir-faire en la matière. Elle tra- vaille principalement sur 3 communautés : la mobilité, le Web 2.0 et le marketing et enfin l’open source. La révolution du Web 2.0 qui a transformé le web consultatif en web partici- patif, a fait de chacun d’entre nous le centre de la toile. Cela crée une émulation entre util- isateurs et permet une innovation constante. Silicon Sentier met à disposition de tous et de toutes des animations, conférences, ate- liers permettant d’évoluer presqu’aussi vite que la toile et peut être même d’anticiper, de penser des innovations. Elle travaille aussi sur cette tendance forte qui semble vouloir équilibrer un marché à tendance monopo- listique : les logiciels en open-source. Mais qu’est ce donc, me direz-vous ? L’open- source, c’est l’alternative, Linux en est un exemple. Souvent définie comme logiciel li- bre, l’open-source est la possibilité de redis- tribuer, d’accéder au code source ou travaux dérivés qu’offre un logiciel. L’open-source, c’est l’antithèse de Microsoft et c’est le ter- ritoire de l’inventivité et de l’innovation. Les technologies évoluent à une vitesse impressi- onnante et pour s’aventurer sur ce territoire, il peut parfois être nécessaire de bénéficier d’un accompagnement. En plus de la pos- sibilité de se connecter de n’importe où en WIFI dans le deuxième arrondissement pour peu que vous ayez un ordinateur portable ou que vous alliez un mardi chercher une FO- NERA, c’est cet accompagnement qu’offre le QUARTIER NUMERIQUE en créant un co- working space. Travaillons ensemble pour travailler mieux. L’expérimentation QUARTIER NUMERIQUE est une communauté de divers acteurs. On y retrouve la mairie du 2° arrondissement côte à côte avec SFR, la région Ile de France et Or- ange mais aussi Firefox, FaberNovel, la RATP ou Peuplade. Pour développer les actions col- laboratives, il fallait un espace de travail et de rencontre physique. Dans un des passages du deuxième arrondissement, LA CANTINE a ouvert ses 180 m² au public le 30 janvier dernier, prouvant ainsi que tous les réseaux ne sont pas que virtuels. Décor agréable et fonctionnel, espace café, LA CANTINE est ouverte à tous, du professionnel aguerri au curieux. Toutefois, l’activité est quand même concentrée principalement sur le tissu de PME dites innovantes, c’est-à-dire tournées vers les nouvelles technologies. Elle se veut être une « vitrine technologique, un héberge- ment des technologies numériques et une interface avec les structures de soutien de l’innovation. » Chaque jour, 5 membres de Silicon Sentier et d’autres membres actifs de ce projet, mettent en commun leur compé- tence et se remuent les méninges pour in- nover et se mettre à votre service dans une ambiance chaleureuse et détendue. 18
  • 19. Pourquoi adultes nous retournons à La Cantine. Concrètement, que peuvent nous apporter toutes ces initiatives ? Nous avons tous re- marqué combien internet avait changé nos habitudes et mode de consommation. Plus besoin de faire la queue au guichet adminis- tratif, il suffit d’être à la terrasse d’un café du deuxième arrondissement avec son ordi- nateur portable pour remplir les démarches. Et LA CANTINE alors, pourquoi faire ? Pour son café où l’on échange et s’informe ? C’est surtout pour les professionnels et les passi- onnés que cet espace est ouvert, bien que vous puissiez pour 7euros la demi-journée, café compris, louer un espace de travail avec connexion haut débit évidemment, et où vous apprendrez bien plus si vous êtes atten- tif et curieux qu’à simplement lire vos courri- els. Les professionnels peuvent trouver ici un espace d’écoute de leur projet, une aide au développement de celui-ci. C’est un espace de test de qualité de toutes les innovations, autant qu’une matrice de projets en gestation les aidant à trouver financement et astuces pour progresser et grandir. Les projets artis- tiques y sont même les bienvenus. Comment vous créez une vitrine sur internet alors que vous êtes fleuriste ? Passer à la Cantine, son équipe vous donnera conseil. Vous possé- dez l’idée géniale d’un nouveau logiciel ? Venez en parler à des professionnels et bé- néficier de la réflexion et de l’expérience que le travail collaboratif apporte. Participez aux évènements tels que les BarCamp ou les Mo- bile Mondays qui y sont organisés. Si le Web est en perpétuelle mutation, ga- geons que le dynamisme des équipes de Silicon Sentier et de La Cantine vont faire bouger notre arrondissement et en faire l’arrondissement branché par excellence. La Cantine, 12 passage des Panoramas, 151 rue Montmartre 19 Quelques sites à visiter : www.Siliconsentier.org www.lacantine.org www.quartiernumerique.org L’initiative QUARTIER NUMERIQUE a mis en place en partenariat avec SFR des flash codes comme celui que nous vous présentons et que vous pourrez trouver entre autres sur les abris de bus. Ils vous permettront d’accéder depuis votre mobile au plan du deuxième ar- rondissement, aux bons plans de celui-ci, aux informations de quartier, à la localisation des bornes WIFI, ainsi qu’à celle des stations VELIB’ de l’arrondissement.
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  • 21. boite à images Photographe : Anaïs pome 21
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  • 23. boite de jour/boite de nuit 23
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  • 26. une nouvelle dans la boite La fille au beau sourire J’avais rencontré Bertrand de nuit et en pleine forêt. Comme moi, il cherchait son chemin, lampe torche à la main, les pieds baignant dans la boue, le visage noir de crasse. Contrairement à moi qui jurais et éructais contre « ces grosses têtes de cons qui nous font marcher au pas », Bertrand conservait lui cette réserve muette qui pouvait passer pour de la soumission mais qui n’était rien d’autre qu’une belle apti- tude à l’endurance face aux intempéries et à la connerie humaine. Fils unique d’un couple de paysans du Loir et Cher, Bertrand connaissait la terre et les hommes. Les étoiles aussi. Grâce à elles, m’expliqua-t-il, on allait pouvoir retrouver le bon chemin et rejoindre notre régiment. De là, on finirait notre exercice de marche forcée. Après, on irait se coucher, tiens ! - Avoue que c’est quand même des gros cons ? insistai-je. Bertrand n’entendait pas brader l’honneur de nos gradés et celui de la France pour si peu. L’armée, il fal- lait la faire et puis c’est tout, rétorqua-t-il. C’était qu’un mauvais moment à passer, au même titre que les oreillons et que la rubéole. Et puis les hommes, tu sais, il en existe de tant de sortes…. Je me résignais à suivre la philosophie de ce brave garçon, sage comme un pacha centenaire, bon bougre comme un bouddha bourru. Indéniablement, Bertrand possédait quelques coudées d’avance sur moi en terme de connaissance du vivant. Petit Poucet intranquille, je me tus et emboîtai son pas, bien content finalement d’avoir trouvé au fin fond de cette nuit froide une épaule amie. Nous repartîmes silencieux, nez en l’air, détectant du doigt l’étoile du berger à travers les branches décharnées d’arbres maigres, sous l’opacité d’un ciel atroce. Au bout de vingt minutes, nous atteignîmes l’orée du bois ; et de là, un chemin vicinal qui nous remit dans la bonne direction. Le sourire de la lune réapparaissait parfois, éclairant la route d’une lumière spectrale avant d’être enveloppé par le voile d’un bandeau nuageux. Selon Bertrand, nous étions sortis d’affaires. Le camp de base ne se trouvait plus qu’à une vingtaine de kilomètres. Avec notre barda de 15 kilos à l’épaule, notre fusil en bandoulière, notre gourde à la ceinture et nos ampoules aux pieds, j’évaluais que cette randonnée tournerait au chemin de croix mieux qu’à la promenade de santé. Ah les cons, les cons. J’t jure, quelle bande de cons ! entonnai-je, fumasse, pour me galvaniser. Maintenant Bertrand s’amusait de mes grommellements et les ponctuait, sous la voûte étoilée, de petits sifflotements d’encouragement. Notre marche forcée virait à la flânerie d’étudiants en goguette. A l’abord d’un village endormi, on baissa d’un cran le ton et la cadence. Avant d’enquiller les vingt bornes, j’pensais qu’on pourrait se faire une petite pause-détente, déclara soudainement Bertrand en dégoupillant une flasque de la poche de son treillis. Auteur : Denis Gombert 26
  • 27. La mine réjouie, j’acquiesçai A l’heure des braves, je réponds présent mon capitaine. Le auvent d’un abri-bus nous accueillit. Nos sacs échurent au sol comme deux mammouths courbatus. D’abord, debout, on but. Son alcool, un rinçe-cochon artisanal à base de pomme et de betterave longue- ment distillés, me souleva le cœur et m’arracha une larme. On décida donc de s’asseoir. Primo pour m’en remettre. Secundo pour remettre ça. Quand la flasque fut vide, les premières lueurs du jour pointaient au loin. Ni moi, ni Betrand n’avions envie de quitter notre taverne ouverte aux quatre vents. Un bon gros bus avec son bon gros chauffeur moustachu allait bien un jour finir par passer par ici pour nous amener… là-bas… chez nous… à la caserne. On le stopperait…. De gré ou de force.... Avec nos armes s’il le fallait… Hop là ! Réquisition ! Et pourquoi qu’il nous ramènerait pas direct à la maison, ton gros bus ? L’héroïque hypothèse était lancée par Bertrand C’est une idée, applaudis-je. Comme ça, j’irai retrouver ma belle. A la lumière du jour naissant, Bertrand sortit d’une autre poche, celle précisément qui reposait sur son cœur, une photo. La belle effectivement y posait toute belle au milieu d’un champ de luzerne. Elle me parut avoir un nez trop fort et un front un peu haut mais le volume de ses cheveux, l’éclat de son sourire et l’intensité de ses grands yeux clairs rééquilibrait le tout. A vingt ans, elle portait sur le visage et dans l’élan énergique qui animait son corps la prestance et la majesté de ceux qui ont décidé d’aimer pour toujours et qui se sont jetés dans le tourbillon de ce sentiment incontinent à brides abattues. Bertrand en était plus que fier. Après l’armée, c’était convenu, ils allaient se marier. Lui et Marine. Et toi ? Où était-elle ma belle à moi? Envolée dans les vapeurs d’une soirée parisienne au bras d’un nouvel amant ? Perdue dans un flot de souvenirs qui brouillait son image, trahissait son allure, dénaturait son pas? Ou bien oubliée tout simplement, faute d’avoir vécue assez longtemps pour daigner se matérialiser ? La vérité, c’est que j’étais seul. Mais avant de confesser ce triste aveu à mon nouvel ami, un mouvement d’orgueil imprévisible me fit me révolter. - Mais malheureux ! Si tu la voyais ne serait-ce qu’une seconde, tu comprendrais ! Je préfère même pas avoir de photos d’elle sur moi…. Ça me brûlerait les doigts… Tu comprends ? Pour ma..ma..ma Marion, tout est gravé là. Dans la cabessa ! Au petit matin de ce nouveau jour, perdu en rase campagne, l’index glacé de Bertrand aurait dû percer à jour ce crâne vide et ce cœur froid qu’étaient devenus les miens. Mais, à ma grande surprise, je vis naître sur son visage un sourire chaleureux et satisfait. Il me tendit la main pour me féliciter. Encore un peu, il m’aurait pris dans ses bras pour partager mon bonheur. 27
  • 28. * Information non communiqué participez au 5e concours de poésie sur le thème “Eloge de l’Autre” longueur maximum 1 feuillet et 1 poème par candidat à envoyer à scenedubalcon3@aol.com ou la Scene du Balcon, 8 rue Monsigny 75002 Pour nous transmettre les dates des évenements que vous organiser pour que gratuitement nous en faisions part dans notre agenda, veuillez nous contacter sur : agenda@townbox.net 28
  • 29. TOWN BOX dans votre boite ? Vous voulez connaître l’arrondissement où vous vivez sur le bout des doigts ? Vous voulez être tenu au courant de l’actualité culturelle et associative du deuxième ? Vous cherchez un bon plan de sortie ? TOWN BOX, votre nouveau magazine de proximité, vous offre mensuellement une vue d’ensemble de ce cœur de Paris où il fait bon vivre. Dans notre boite, vous trou- verez le relais actif de vos attentes. Nos reportages vous permettront de découvrir les divers acteurs économiques, sociaux et culturels de votre arrondissement, l’œil de nos photographes vous emmènera en promenade dans l’insolite beauté des rues du deuxième, l’agenda vous offrira un choix de sorties culturelles et divertissantes, et vous rencontrerez des personnalités aussi intéressantes qu’attachantes… Alors pourquoi vous déplacez pour ouvrir notre boite ? Recevez-la chez vous ! En nous montrant votre soutien, pour 38 euros à l’année (ou plus si vous estimez que nous le valons bien !), vous ouvrirez notre boite dans votre fauteuil ! Exprimez ce souhait par le biais d’un mail à notre directeur de publication : edward@townbox.net, et l’équipe de TOWN BOX sera heureuse de le satisfaire ou adressez directement un chèque aux Editions Cléry, 8 rue Saint Joseph, 75 002 Paris, en stipulant bien votre adresse. Alors à bientôt dans votre boite ! abonnement 29
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  • 39. Elle Veste Paul&Joe. Sarouel Vero Moda. Chemise Boss Black. Cravate Antik Batik. Minaudière Accessorise. Sandales Lanvin chez 58M. Lui Smoking Boss Black. Chemise Hugo Boss. Cravate Bill Tornade. Mocassins Paul&Joe. Maquillage : LO’ Coiffure : Adams Artiste Mannequins: Suzana Horvat @ Nathalie et Edouard Durand @ Angel Remerciements au Passage du Grand Cerf Elle Veste Paul&Joe. Sarouel Vero Moda. Chemise Boss Black. Cravate Antik Batik. Minaudière Accessorise. Sandales Lanvin chez 58M. Lui Smoking Boss Black. Chemise Hugo Boss. Cravate Bill Tornade. Mocassins Paul&Joe. Maquillage : LO’ Coiffure : Adams Artiste Mannequins: Suzana Horvat @ Nathalie et Edouard Durand @ Angel Remerciements au Passage du Grand Cerf 39
  • 40. boites aux lettres «Les arts qui se déploient dans le temps me plaisent moins que ceux qui l’arrêtent.» Edouard Levé poursuit un dialogue avec un ami. Il le tutoie pour décrire, en amorce de cet objet littéraire, la détonation que la femme de celui-ci, du jardin, entendit, lorsqu’à 25 ans, sans raison apparente, il se donna la mort. Il le tutoie encore lorsqu’il creuse le tombeau de cette intime énigme qu’est le suicide. « Tout ce que je dis est vrai, mais qu’importe » disait Edouard Levé. Cette assertion prend ici une résonnance particulière puisque dix jours après la remise de son manu- scrit, à 42 ans, s’est suicidé. Suicide est le dévoilement mécanique de ces petits faits et petites choses qui forment l’empreinte d’un cerveau « obsessionnel et primesautier ». Cette technique de distanciation garantit un effet de vertige identitaire. Plus narratif que ses précédents ouvrages, mais avec la même langue incisive et blanche, le même humour, Edouard Levé cherche encore le squelette des choses, mais ne serait-ce pas un dernier autoportrait qui nous serait donné à voir ? Peut-être n’est ce pas une coïncidence si comme dans Autoportrait, Suicide se termine sur un tercet : Le bonheur me précède/La tristesse me suit/La mort m’attend. Suicide ,Edouard Levé, éditions P.O.L, 123 pages « Le monde entier est un discours de l’insaisissable.» Le fleuve des mots apocalyptiques de Bolano coule dans un lit quinconce. Cinq romans qui devaient paraître séparément et qui réunis, s’entrechoquent jusqu’à faire jaillir le chaos du monde, dans un unique roman inachevé 2666. Les univers se confrontent dans ce roman total et se rejoignent autour d’un personnage et d’un lieu : Archimboldi, un écrivain allemand mythique recherché par 4 spécialistes de son œuvre, et Santa Teresa, métaphore de la ville frontière de Ciudad Juarez, théâtre d’un fait divers atroce, la dé- couverte des corps de 300 femmes, violées et mutilées. 2666 est une œuvre-continent qui inachevée, reste en vie, parce qu’elle est l’écho d’un monde tumultueux fait de vertiges et de paradoxes. Son auteur y mélange les genres : du roman noir au vaudeville, en passant par le Bildungsroman. Ici pas de réalisme magique cher aux auteurs sud-américains, mais l’imaginaire comme principe de réflex- ion. L’écriture est cérébrale, ironique et surréaliste, pour mieux prendre en charge le de- voir de transmission des mots dans le chaos du monde, et répondre à l’ultime interrogation de l’écrivain : que peuvent ces mêmes mots face à la barbarie enfouie en chacun de nous ? On peut lire. « On ne finit jamais de lire, même si les livres s’achèvent, de la même manière qu’on ne finit jamais de vivre, même si la mort est un fait certain. » 2666, de Roberto Bolano, traduit de l’espagnol par Robert Amutio, éditions Christian Bourgeois, 1016 pages par Abeline Majorel 40
  • 41. « La vocation essentielle de l’écrivain est de rendre compte.» De février 2006 à mars 2007, deux femmes se sont rencontrées à la prison de Namur. L’une, Michelle Martin, a sollicité l’autre, Nicole Malinconi, pour rendre compte de sa vie en prison. La première est condamnée pour complicité d’enlèvements et de séquestration d’enfants à 30 ans de prison. La seconde est en quête, poursuit son œuvre qui interroge le réel. L’une est Michelle Martin, ex-femme de Marc Dutroux, mère de 3 enfants, ayant laissé mourir de faim dans sa cave deux fillettes. L’autre est l’écrivain, auteur d’Hôpital Silence. Deux femmes dialoguent pour trouver une vérité. Sans concession ni impudeur, Nicole Malinconi vouvoie celle que d’aucun ont qualifié de monstre, rétablissant une distance. Grâce à celle-ci, elle interroge les mots, ceux de Michelle Martin, parlant d’ « oubli, de négligence, d’erreur » à pro- pos de la mort des petites filles dans sa propre maison. Parfois insoutenable, cet objet littéraire nous tend un miroir, car Michelle Martin est avant tout une femme, une femme dans une soumission absolue, qui croit que poser des mots, même réticents, sur sa monstruosité, créera l’indifférence. Au contraire, ces mots-là interroge notre « capacité commune à ne pas voir ce que l’on voit. » Vous vous appelez Michelle Martin, Nicole Malinconi, éditions Denoël, 111 pages. « ou bien la vie comme une faible métaphore » L’ailleurs nous rejoint toujours, surtout lorsque, vivant depuis 28 ans en France, d’origine perse, cette autre patrie des poètes, vous êtes doublement considérée comme immigrée. La poétesse Azadée Nichapour a choisi le lieu de son exil : ce sera la langue. Elle chante les amours, leur quête, l’Ami, le paysage, celui que Verlaine appelait son « paysage choisi ». Toute en suggestion, la langue intimiste de la poétesse parle de la douceur et de la douleur de vivre, murmurant parfois des maximes à l’accent nietzschéen. Elle nous livre cet ailleurs où la beauté de la langue change l’univers entier en printemps. De ses poèmes, elle a donné lecture dans un CD. Les deux recueils Exils et Beauté se rejoignent et, d’une voix fragile, peignent ensemble Parfois la beauté. Fragile le corps Fragile la joie Fragile l’amour Fragile la révolte Fragile l’espoir Fragile la croyance C’est un jeu d’échecs en verre Qui tient debout avec des rêves Parfois la beauté d’Azadée Nichapour, éditions Seghers, 91 page 41
  • 42. boite noire Touchdown. Dodge Connely, un vieux joueur de football américain, aux mé- thodes peu orthodoxes, va user de charme et de ruse pour faire évoluer son sport vers le professionnalisme. Il engage un jeune prodige, suivi par une journaliste manipulatrice, prête à tout pour prouver que le jeune homme n’est pas le héros qu’il prétend avoir été pendant la 1ere guerre mondiale. George Clooney porte le film, jouant tour à tour de chic et de mal- adresse, éclipsant joyeusement ces deux compères John Krasinski et Renée Zellweger. Cette dernière arrivant tout de même à sortir son épingle du jeu grâce à la joute verbale de leur première ren- contre : un florilège d’insultes jubilatoire. La comédie et les mimiques exagérées réussissent à George Clooney qui mène de bout en bout ce film léger qui mêle la romance, les gags, le sport, et qui, malgré cela, parvient à articuler un débat politique sur l’enjeu du héros fondateur de l’Amérique. Pour son troisième long métrage en tant que réalisateur, il délaisse les films engagés pour plonger dans l’Amérique insouciante des années folles. Clooney trouve tout de même le moyen de faire éclater la vérité, même si cette fois elle ne servira qu’à déstabiliser son jeune adversaire dans un match capital qui les opposera. Une comédie au charme désuet pleine de swing et de tempo, qui survole certains de ses thèmes, comme le triangle amoureux ou l’évolution du sport, mais qui fini par réjouir le spectateur friand de screwball comedy. Essai trans- formé. Playing Dirty, de George Clooney Je passe mon tour. Par quel tour de passe-passe un film d’une heure et demie peut paraître long ? Un homme dépose sa mère à l’hôpital, rend visite à sa sœur et repart avec la BMW de son insupportable beau-frère. Au bord de la route, une femme avec un sac Hermès rempli de billets. Sur une toile de fond qui nous rappelle le fait divers Christine Deviers-Joncour : une maîtresse de ministre, sert d’intermédiaire à une vente d’armes en Corée, se construit la rencontre improbable d’une emmerdeuse et d’un dépressif. Edouard Baer et Nathalie Baye prêtent leur classe naturelle aux dialogues dont l’humour absurde rythme et enjole le début du film. L’échange va ralentir et se perdre dans les pérégrinations multiples que Toni Mar- shall impose aux spectateurs : une mère malade, un flirt avec une jeune fille atteinte du syndrome de Tourette, des politiciens véreux, des altermondialistes, des critiques gastronomiques…Tous ces chemins mènent à une seule et même idée, à savoir que la différence nous permet de nous connaître mieux. Ces deux paumés originaux ne se trouveront réellement qu’au contact de l’autre. L’autre comme révélateur d’une deuxième chance. C’est grâce à cette rencontre qu’ils vont trouver leur place, qui n’était pas celle qu’ils avaient pl- anifiées. Le jeu des deux protagonistes offre un mélange d’élégance et d’efficacité à l’image de certaines comédies américaines. Mais notre esprit se disperse et les différents fils s’emmêlent. Le tout s’enlise dans l’irrégularité des cadences exigées par le scénario. Passe-Passe, de Toni Marshall par Alice Själander 42
  • 43. Satisfaction. Martin Scorsese réalise son rêve : une rencontre en- tre le cinéma et la musique des Stones. Etes-vous épatés par le jeu de jambe de Mick ? Par le style de Keith, la guitare de Charlie Watts et la discrétion de Ronnie Wood ? Shine The Light est fait pour vous. De la préparation à la performance, le concert du Beacon Theater à New York est parsemé d’archives tournant autour du thème « chanterez-vous encore dans 30 ans ? », à cela s’ajoute le ravissement de voir Scorsese en plein travail et la candeur des rock stars devant les 16 caméras installées autour d’une scène relativement petite. Le réalisateur, entouré d’une équipe comprenant les cadreurs et les directeurs de la photographie les plus réputés du cinéma contemporain, capte l’énergie légendaire de ces 4 sexagénaires, icônes incontestées du Rock. Aucune chanson n’est coupée, le spectateur se paye un concert des Stones. Mais ne regrettera-t-il pas d’être assis et dans le noir, tapant le rythme du pied, frustré de ne pas pouvoir se lever et exprimer son enthousiasme face au show ? Malheureusement la salle sombre et le fauteuil confortable restent les plus forts. Hormis la différence de prix entre un concert des Stones et une place de cinéma, ce documentaire nous révèle un Scorsece heureux devant et derrière la caméra, ainsi que des invités improbables en duo inédits avec les Rolling Stones: Christina Aguilera, Jack White, Buddy Guy dans un blues incroyable porté par sa voie chaude et puissante. Une contradiction de l’hymne rock absolu : We can get Satisfaction ! Shine a light, de Martin Scorcese Same players, play again. Georges, Anna et leur fils Georgie se rendent dans leur maison de vacances au bord d’un lac. Paul et Peter deux jeunes hommes bien comme il faut, s’introduisent dans la maison sous un prétexte anodin…la partie peut com- mencer. Funny Games US : Mêmes dialogues, mêmes plans, mêmes apartés menaçant les spectateurs. Pourquoi 10 ans et un casting américain plus tard, reprendre traits pour traits l’original? La première version est devenue rapidement un film culte car ultra violent, le malentendu s’est installé à l’instar du Orange Mécanique de Kubrick, les deux films ayant été reçus comme des apologies de la torture gratuite. Si Kubrick imagina retirer son film des salles tant son esthétique séduisante fut capable de rendre la cruauté fascinante, Michaël Haneke, lui, décide de nous faire voir à nouveau la violence au travers de son regard froid de clinicien. Il reproduit son film à l’identique, se le réapproprie et impose ainsi sa critique sur la manière dont Funny Games a été reçu précédemment. Avec ce remake Haneke n’essaye pas par l’entremise d’un casting américain d’élargir son public, mais bien d’assassiner la réception de son film le plus polémique. Il critique la standardisation d’une violence esthétisée qui rencontre un succès croissant chez les spectateurs avides d’expériences excessives. Haneke infiniment conscient de la force des images, prouve qu’il est possible, même dans une production hollywoodi- enne, de ne pas servir l’irresponsabilité latente qui tend à déréaliser la violence aux yeux des consommateurs. Funny games, de Mickaël Haneke 43
  • 44. boite à musique Après une partie serrée (Keep on your mean side), et une revanche moins convaincante (No Wow), The Kills sonnent les douze coups de la belle avec Midnight Boom, l’album du règlement de compte. A ma droite, Jamie “Hotel” Hince, gui- tare anglaise et humeur de chien. En face, Alison “V.V.” Mosshart, yankee débraillée luxe, pressée de montrer ce qu’elle a dans le ventre. Directement inspiré par les comptines de récré de Pizza Pizza Daddy-O, un documentaire sur les écoles de quartiers défavorisés, le troisième al- bum des Kills met à l’honneur les sales gosses. Le groupe, nourrit aux grandes heures de Suicide ou Jesus & Mary Chain, est toujours réduit à sa plus simple combinaison et n’accepte pas de pièce rap- portée, à moins qu’elle ne soit mécanique. Au roy- aume du rock minimaliste et cyclique, les armes restent donc les mêmes, la boîte à rythme pour arbitre. Ainsi, au gré de leurs envies, le couple nous prend pour témoin ou par la main, comme dans U.R.A. Fever, conversation téléphonique saccadée façon ping-pong, où V.V. et Hotel se renvoient la balle, régulièrement interrompus par les riffs impudiques de leur guitare nymphomane. Tape Song et Hook and Line, donnent l’avantage à V.V. Habituellement considérée comme une grande chose sombre et parfaite, douée en diable pour crier ce que son mec lui soufflait à l’oreille, Alison range ses gémissements sexys au profit d’un venin subtil. Si la belle se prend encore à lécher, c’est désormais du bout d’une langue fourchue. Le sexe a toujours tenu une place prépondérante dans l’inspiration des Kills, en revanche, c’est la frustration qui scellera leur succès. Initialement amants, le duo ne s’envoie désormais en l’air que sur scène. La logique aurait voulu qu’elle se précipite vers le côté obscur du rock (pas la drogue, la mode), c’est en fait lui qui s’est refait une beauté. Hotel file le parfait amour avec Kate Moss et V.V. promet au top-model de lui casser la gueule si elle s’approche du micro. Les choses sont dites, mais la consola- tion se fait douce sur Black Balloon, une superbe ballade où la brune solitaire dit adieu. Pas de guerre sans trêves, les Kills se retrou- vent côte à côte, voire l’un contre l’autre pour l’aphrodisiaque Getting Down ou, évoquent leur passion commune, sur le tranchant What N.Y. used to be, ode au New-York sixties mort et enterré, où l’on s’extasie encore sur le “leopard-skin pill-box hat”, cher à Dylan, d’une Eddie Sedgwick à côté de ses pompes griffées. Alison joue d’ailleurs les factory girl, perruque blonde et lunettes en main, dans le clip du single Cheap and Cheerful, délire snob au possible de deux gamins pris en flag à plonger les doigts pour la première fois dans le pot de confiture pop. “I’m bored of cheap and cheerful, I want expensive sadness”: romantisme destructeur et décadence quatre étoiles sont au menu. Depuis son invention, tout le monde veut participer au Beggars Banquet, mais le dernier carton d’invitation s’appelle Mid- night Boom. The Kills, “Midnight Boom” Pias par Diane Pantine 44
  • 45. boite artistique Invité aux quatre coins du monde, l’artiste use et abuse parfois du système des résidences d’artiste. La Galerie de Noisy-Le-Sec a accueilli pendant neuf mois Dominique Blais avec au final, l’exposition collective Visions Nocturnes. Lumière sur ces invitations en mode touriste. La résidence a cette année pour thème l’obscurité comme es- pace symbolique. En évitant la boite noire qui fait peur ou l’aveuglement avec un strobo- scope, la nuit se fait douce mé- taphore. Jason Dodge dévalise une maison située en lisière de forêt polonaise, de ses ampoules et bougies. Rassemblés à terre, en rappel à l’artiste anglais Tony Cragg, tous ces restes marquent la disparition de forces symbol- iques et humaines. Ailleurs, un œuf est posé chaque jour sur une sculpture conique en marbre noir, tel le soleil gobé par la densité nocturne. Proposition incongrue, Francesco Gennari signe ici un retour au langage de la matière éphémère, très « Arte Povera » ital- ien des années 1970. Les peintures d’Anne Laure Sacristie jouent quant à elle sur une économie de moyens. Ses représentations lugubres de rivières renvoient au thème très romantique de la nature comme reflet de l’âme. Dominique Blais préfère prendre de revers la nuit et ses démons. Un lustre diffuse par le biais d’enceintes, des bruits enregistrés la nuit. L’espace est réaménagé comme à l’époque où la Galerie éta- it résidence particulière, avec ses portes fenêtres teintées pour l’occasion. Au sous-sol, un disque noir a été disposé sur une platine vinyle mac- ulée de ferrofluide magnétique, créant ainsi des vaguelettes irisées. Les soubresauts du lieu sont ainsi évoqués par les mouvements fascinants du disque, comme le ronron d’une musique invisible et familière. Les fantasmes nocturnes se collent à une réalité adoucie, entre les piétons à l’extérieur et l’espace calfeutré de la Galerie. Ce moment enchanté de la résidence impose né- anmoins deux remarques. Cer- tains pointent le cercle vicieux dans lequel s’enferment de nombreux artistes, entre dé- connection (salvatrice) du marché de l’art et systéma- tisme du procédé. S’il n’existe pas un « artiste de résidence », le rythme de production invite à d’autres rapports de priorité. La dernière conférence con- sacrée à ce sujet, à la fondation d’entreprise Ricard, démontre que le temps est en suspens. L’artiste se ressource et devient anthropologue du lieu qui l’accueille. On pense à la pratique sécu- laire des artistes du XVIIIe siècle, partis faire leur grand tour de l’Italie pour apprendre l’art clas- sique. Le terme de « tourisme » fut créé à l’époque et c’est souvent dans un sens plus contemporain que le qualificatif s’applique encore. Visionsnocturnes–LaGalerie, Noisy-Le-Sec–8mars–10mai2008 Touriste or not touriste…. 1/ LA TERRA GIRA LE SPALLE AL SOLE, 2007 136 x 35 x 35 cm, marbre noir de Belgique, fer, œuf Collection privée Courtesy Tucci Russo Studio per l’Arte Contempranea, Torre Pellicez2/ RUBIES INSIDE OF AN OWL Pendant le processus d’embaumement, des pierres précieuses ont été placées à l’intérieur d’une chouette, 2007 Courtesy Jason Dodge et Yvon Lambert, Paris par Damien Delille 45
  • 46. le numéro de la boite par Serge Porta « Oh mes sœurs, mes chéries notre vie n’est pas encore terminée ! Nous vivons ! La mu- sique est si gaie, si joyeuse ; encore un peu on croirait savoir pourquoi l’on vit, pour- quoi l’on souffre…si l’on pouvait savoir… » écrivait Tchekhov dans Les trois sœurs. Au théâtre de la Pépinière Opéra, la nouvelle pièce de l’auteur de Moi aussi, je suis Cathe- rine Deneuve décline avec brio cette volonté de bonheur. Annette et Bernadette sont sœurs, de celles qu’on ne peut pas croire sorties du même moule. L’une sèche et bleue, l’autre ronde et rouge. A la mort de leur mère, elles dé- cident plutôt que de la laisser devenir « un centre commercial pour la population sou- terraine » d’emmener ses cendres, dans une boite à biscuits, rejoindre leur père. Mais où est Papa ? Sous des hêtres, dans un cimetière près d’Amiens, voilà leur seul indice pour re- trouver ce père, mort vingt ans auparavant. Commence alors un périple qui, d’un bus de 60 personnes en passant par les cimetières aux alentours d’Amiens, nous mènera dans un commissariat et à la joie. Catherine Salviat et Christine Murillo sont Annette et Bernadette avec une réjouissante énergie burlesque et une sensibilité juste. Les deux grandes dames, sociétaires de la Comédie Française semblent prendre un plaisir enfantin à chanter et servir les répli- ques à l’humour grinçant du texte de Pierre Notte. La voix off introductive de chaque petite saynète leur permet d’utiliser ce cof- fre, objet polysémique, qui sera le seul décor à leur talent. Ce coffre à jouet qui devien- dra une malle à souvenirs est le seul artifice de cette mise en scène minimaliste choisie par Patrice Kerbrat, laissant la place au tal- ent des deux comédiennes, pour jouter dans cette fantaisie avec chansons sur les deuils mal faits. Les deux comédiennes prennent le texte à bras le corps, oscillent entre tragique et comique avec nervosité, et incarnent par- faitement les deux pôles d’une même lutte contre la banalité du quotidien et pour la re- conquête de la vie. Le texte de Pierre Notte est enthousiaste, manque sûrement de recul, déborde de chansons et musiques qu’il a lui-même com- posées. Dans cette histoire de deuil d’ « une maman en poudre », il veut toucher à tous les sentiments : l’amour, la méchanceté, l’oubli, les regrets, les ressentis, la maladres- se, l’espérance et le désespoir. Son ton in- cisif mis au service de personnages ridicules, l’une s’évanouissant, l’autre s’étouffant, fait merveille pour trouver, sans drame, dans le cœur du spectateur un écho à cette explo- ration incongrue des relations de famille. Malgré quelques attaques assez convenues, et des citations un peu faciles, cette réunion de deux sœurs que tout oppose sauf leur ressemblance à leur mère, nous fait sourire tendrement en grinçant des dents grâce à cet humour noir si réjouissant qu’on connait à l’auteur. Comme dans la vie, il n’y a pas de sujets tranchés, pas d’effets dans Deux petites dames vers le Nord, il y a la vie où tout est mêlé, le profond et le mesquin, le tragique et le ridicule, et le tout en chantant. 46
  • 47. boite à saveurs LalanguedesAlchimistesestcelledelarêverie. LesAlchimistes,16rueFavart. Téléphone:0142966986 Le 16, de la rue Favart s’est trouvée une marraine de conte de fée. Voilà sept mois, Elisabeth Salesse-Villanova s’est penchée sur cette vieille brasserie familiale et armée de sa baguette et de son sourire, l’a transformée en princesse des saveurs. Passé la double porte traditionnelle des bras- series, l’univers élaboré par le décorateur Jacques Garcia et Elizabeth nous enveloppe, piquant et suranné à la fois, dans ce cadre classé au patrimoine historique. Sous les frises d’époques, les lumières aux multiples teintes tamisées par des voiles, donnent les couleurs de la vie aux nombreuses photog- raphies noires et blanches des acteurs et ac- trices ayant joué en face, à l’Opéra Comique. Des compositions florales originales et des bougies relèvent par leur discrète présence, la couleur pourprée du mobilier et réchauffent les boiseries. A toute heure, et particulièrement après les spectacles, le charme joyeux de la bonne fée des lieux vous conduira à votre table fleurie simplement mais avec goût. A la carte, pas de traditionnel. Du classique relevé d’une touche d’instinct. Le chef, Stéphane Ewan- gelista, confectionne tout par lui-même et à l’évidence, avec des produits frais. La carte varie avec les saisons. Au menu, un dél- icieux velouté de potiron aux gambas grillés, un surprenant clafoutis de tomates cerises et son caillé de chèvre au basilic. Le chef aime travailler le poisson et le prouve avec son blanc de bar rôti en marinière avec son étu- vée de poireaux. Mais la carte ne laisse pas en reste les amoureux de viande tendre avec notamment un excellent filet de bœuf cha- rolais comme un bourguignon. L’assiette est copieuse et même coquette dans sa faïence blanche, élégante et traditionnelle. Elizabeth aime recevoir, marier les saveurs et l’élégance, pour donner à tous un petit mo- ment de bonheur. Lorsqu’elle vous apporte son velouté de carotte au cumin, en amuse- bouche, votre sourire s’accorde au sien tant cela est ravissant pour vos papilles. La carte des vins offre à tous les amateurs une chance de se faire plaisir, simplement et de façon abordable. Ici, le client est traité en ami. Eclectique et joviale, la clientèle d’Elizabeth redemande de ses sortilèges culinaires tous les midis, où son gratin dauphinois fait mer- veille autour des viandes. Le soir, l’ambiance cosy enchantera les dîners amoureux. Et l’on partage alors avec délice, un sablé à la mangue sauce caramel, ou le doux mi-cuit au chocolat et sa glace au gingembre. Les gentlemen n’auront pas de réticence même à payer l’addition car si la magie a un prix, ici, pas besoin d’un pacte faustien avec son banquier pour dîner. Comptez sur vos doigts jusqu’à environ 40 euros par personne et dis- paraissez...ou restez boire un verre au bar avec votre bonne fée. Et quand l’horloge sonnera les douze coups de minuits ? Les Alchimistes continueront à transformer votre soirée en or. par Serge Porta Photographe : Les Alchimistes 47
  • 48. boite à souvenirs par la photothèque des jeunes parisiens La Photothèque des Jeunes Parisiens, instal- lée depuis 20002 au 9 rue de Mulhouse (01 45 08 11 97) a été créée par Jean-Louis Celati, natif du sentier et possède un fonds unique de 20 000 photographies du vieux Paris. Elle a créé le site www.parimagine.com dans lequel vous trouverez la carte postale début du siècle de votre rue. Elle édite la collection Mémoire des rues dont chaque volume est consacré à un arrondisse- ment. Elle a réédité celui du 2e en décembre. Elle vous réserve le meilleur accueil pour dé- couvrir ses trésors (entrée libre) Savez-vous pourquoi le quartier à l’est de l’arrondissement, à cheval entre les quartiers du Mail et de Bonne Nouvelle s’appelle le « Sentier » ? Si la rue du même nom qui le traverse en est la cause, la dénomination de celle-ci vient d’une dé- formation du mot « chantier ». Actuellement délimité par la rue du Sentier à l’Est, les Grands Boulevards au Nord, le boulevard Sé- bastopol à l’Ouest, il est difficile d’imaginer que ce rectangle d’immeubles était , quelques siècles auparavant, une forêt à la sortie de Paris, qu’on appelait « chantier » parce que soumis à une dé- forestation féroce pour les besoins de construction d’alors. Jusqu’à la fin du 18° siècle, ce fut même un quartier verdoyant, car du haut de la Butte aux gravois, dans la rue Beauregard, la campagne était à portée de vue. Le quartier des Humbles du Cœur de Paris Le « Sentier », ce fut surtout un quartier grouil- lant, le plus peuplé de Paris, avec 30 000 habitants jusqu’au début du siècle dernier. A la Révolution, en 1789, les biens de l’Eglise furent confisqués, et en lieu et place des couvents de la rue Saint-Denis, des rues et des passages furent construits, comme celui du Caire sur les jardins des Filles-Dieu. Ce couvent fondé par Saint Louis en 1226 possédait un terrain appelé cour des miracles, celle même où l’Esmeralda de Victor Hugo était reine. Selon la légende, dans l’actuelle rue du Nil, un miracle guérissait chaque soir l’un des nombreux invalides transformés en mendiant. Nicolas de La Reynie, lieutenant général de police de Louis XIV, vida l’endroit de toutes ses marquises des anges, vo- leurs aux grands cœurs, et assassins, en 1667. A cette époque, au nord des vestiges de l’enceinte de Charles V s’élève ce qu’on appelait la butte aux moulins, puis la butte aux gravois, qui selon cer- tains historiens, ne serait pas naturelle, mais for- mée par les immondices déposés en ce lieu par les parisiens depuis le Moyen-Age. 48
  • 49. De cette époque, le Sentier a gardé son aspect pit- toresque avec ses rues étroites et animées. Il ne subit qu’une seule percée haussmannienne, la rue Réaumur. De nombreux bâtiments furent al- ors construits avec verrière pour mieux capter la lumière du jour, alors que les passages tels celui du Caire, au 237 de la rue Saint-Denis, ouvert en 1798, spécialisé en lithographie et en fabrication de mannequins pour la couture, laissaient les pa- risiens profiter de leur ombrage. Le Sentier, véritablement international Mais qu’est-ce qui a offert au « Sentier » cette identité internationale qui se poursuit depuis le 19°siècle? Peut-être son aspect pittoresque, com- me le prouve la place du Caire, mise en valeur par la maison au sphinx et sa façade aux frises égyptiennes. Les rues ont des noms qui évoquent un ailleurs exotique, Caire, Aboukir, débaptisées puis renommées pour rendre gloire à l’aventure de Napoléon en Egypte. Peut-être est-ce le magasin de jouets faisant rêver tous les petits parisiens ou le fabricant d’accordéons qui s’étaient établis passage du Grand Cerf ? C’est au 19°siècle que le « Sen- tier » a acquis toute sa réputation, en devenant le quartier de la confection. Alors, né un quartier bourdonnant, où le son des divers langages des im- migrants se mélangent à celui des ciseaux, car la couture est depuis toujours un métier d’immigrés. Se succèderont et se mélangeront ici, les juifs du Bosphore, les alsaciens et les normands, les juifs de Salonique et d’Europe de l’Est, avant ceux d’Afrique du Nord, les arméniens, les Turcs puis les pakistanais et les chinois. En ce milieu de 19° siècle, les fabricants de tissus venus d’Alsace (d’où le nom de la rue de Mulhouse par exemple) ont entreposé leurs marchandises et monté leurs fab- riques dans ces rues populaires. Plus à l’Est, les « petites mains » travaillaient en chambre dans les ateliers de confection. L’activité commerciale y était riche et diverse : fabricants de dentelles, de paillettes, de boucles et boutons, de chapeaux de paille, de plumes, de draps, de faux-cols, de tulles perlées, de chenilles ( passements de soie velout- ée), de ruches ( bande plissée de tulle ou de toile), des marchands de satin de Chine, d’Alpagas, de corsets. Il fut même prétendu que lorsqu’un cou- turier lançait sa collection, vingt-quatre heures après, elle était disponible dans toutes les tailles et toutes les couleurs, pour le dixième de son prix dans le Sentier. L’homme et avant tout l’homme Ici, rien d’aseptisé, de l’entreprise certes, mais l’entreprise c’est l’homme et avant tout l’homme. Lorsque la presse envahit les abords du « Sentier », la rue du Croissant était une des plus pittoresques, avec en son 8, M. Thomas, le récupérateur de pa- pier et métaux qui offrant quelques sous le kilo, permis à la jeunesse de l’époque de s’offrir Caram- bar et Mistral. Des dizaines de crieurs de journaux y croisaient quotidiennement les livreurs de tissus, et chacun pouvait sourire en admirant les progrès en escrime que tous les enfants du quartier pou- vaient faire grâce aux rouleaux dont ils leur lais- saient l’usage. La rue de Mulhouse bruissait des bavardages et coups de balais, des nombreuses concierges s’y rencontrant, du fait de ses larges trottoirs, et toutes avaient la gentillesse de lais- ser les clochards se construire des maisonnettes avec les cartons de livraison dans les porches d’immeubles. Les filles coiffaient Sainte Catherine, statue avec sa roue et sa palme (refaite en 1987) au coin de la rue de Cléry et des Petits Carreaux, tous les 25 novembre. La rue Saint-Denis, ancienne voie royale, fourmille d’anecdotes de couvents ou des filles de petites vertus. Dans ce quartier si vivant, humble et si humain, sont nés de grands hommes comme Georges Charpak ou Edgar Morin. Le « Sentier » est un Paris populaire, bruyant, aux cages d’escaliers ténébreuses, et aux voûtes écras- antes. C’est un Paris heureux, celui des Parisiens gâtés comme l’on peut l’être lorsque l’on vit entre les Halles et Grands Boulevards. 49
  • 50. question 1: Combien existe-t-il environ de cé- libataires à Paris ? question 2: Qui fut promue étoile pour danser Gisèle, danseuse fétiche de Noureev et actuelle directrice de l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris? question 3: De quoi l’entreprise ERENIS, ini- tiateur entre autres du projet Quartier Numéri- que, est-elle le leader? question 4: Quel DJ français importa la mu- sique électronique de l’Hacienda à Paris ? question 5: Quel philosophe, ami de la Boétie, est un des auteurs préférés de M. Boutault ? question 6: Qui expose actuellement à la BNF Richelieu, un travail sur la réception d’une lettre de rupture? question 7: Où ont-été prises les photos de la Boite à couture ? question 8: De quelle nationalité est l’auteur de 2666? question 9: Qui est l’acteur principal du film Passe Passe de Toni Marshall question 10: Où était située la Cour des Mir- acles ? Toutes les réponses sont dans ce numéro de TOWN BOX .... Bonne lecture! boite à malice TOWN BOX. Directeur de Publication : Edward Mayor, edward@townbox.net Rédactrice en chef : Abeline Majorel, rédaction@townbox.net Graphisme/maquette : Vincent Maklès Responsable commerciale : Clémence Doutre, annonceurs@townbox.net Collaborateurs : Stéphanie Antoine, Juliane Le Pouezard, Damien Delille, Diane Pantine, La Photothèque des Jeunes Parisiens, Benjamin Boccas, Quentin Caffier, William Gaye, Florent Michel, Aron Mizrahi, Anais Pome Adresse e-mail : edward@townbox.net, rédaction@townbox.net Site : www.townbox.net Imprimé par : Chevillon Imprimeur BP 136 - 26, boulevard Kennedy 89101 Sens – France Parution et dépôt légal avril 2008 Editions Cléry, SARL, 8 rue Saint Joseph 75002 Paris, actionnaires : Edward Mayor, Adeline Majorel Ne pas jeter sur la voie publique. L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos et libellés, ou annonces fournies par un annonceur, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tout droit d’auteur réservé pour tout pays. Toute reproduction même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’information par système de traitement de données à ses fins personnelles sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. Mensuel gratuit. Photo de couverture : Florent Michel 50