Rencontres économiques de l'IGPDE du 10 mai 2011
Diaporama de présentation de l'intervention de Jean-Luc GAFFARD,
économiste, professeur des universités, directeur du département de recherche sur l'innovation et la concurrence de l'OFCE.
Sujet de l'intervention :
L’INNOVATION, LEVIER DE LA CROISSANCE : PROBLÈMES ET DIFFICULTÉS
1. Innovation, levier de la
croissance: problèmes et
difficultés
Les enjeux d’une sortie de crise
Jean-Luc Gaffard OFCE et SKEMA Business School
2. • La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au
présent (Albert Camus L’homme révolté)
• Ceux qui prétendent tout savoir et tout régler finissent par tout
tuer (Albert Camus Actuelles)
• Le long terme est un guide trompeur pour les événements
actuels. A long terme nous serons tous morts. Les économistes
se donnent une tâche trop facile et trop inutile si, dans une
période orageuse, ils se contentent de nous dire que quand la
tempête est passée l’océan redevient calme (Keynes A Tract on
Monetary Reform)
3. L’interrogation fondamentale
• Sortir de la crise, maîtriser les dettes publiques requiert
de retrouver un rythme de croissance suffisamment
élevé et donc une capacité d’innover
• Faut-il revenir aux mécanismes caractéristiques de la
‘nouvelle économie’ faits de déréglementation, de
libéralisation des marchés et de neutralisation de l’Etat,
ou faut-il les remettre en cause?
5. L’économie de la connaissance
• Technologies, préférences, règles institutionnelles
gouvernent les comportements et le fonctionnement des
marchés
• De mauvaises institutions empêchent d’accéder à
l’économie de la connaissance qui constitue le moteur
de la croissance
• De bonnes règles et institutions assurent une croissance
forte et régulière
6. Stabilité macroéconomique et
réformes structurelles
• Les interventions qui garantissent la stabilité
macroéconomique (stabilité des prix, équilibre des
budgets publics) sont une étape préalable.
• La neutralité de l’Etat est censée permettre aux marchés
de déployer pleinement leur efficacité. Les marchés,
libérés de toute entrave, sont des lieux où sont effectués
les meilleurs choix
• L’innovation est une affaire d’offre et de réformes
structurelles tendues vers la dérégulation et la flexibilité
des marchés
7. Les choix technologiques
• La protection de l’emploi conduira à choisir d’investir
dans des activités peu risquées à faibles gains de
productivité, la flexibilité conduira à des
investissements risqués
• L’existence de barrières à l’entrée sur les marchés
n’incitera pas des entreprises sur la frontière des
technologies à innover pour échapper à la concurrence
9. La nature de l’innovation
• L’innovation consiste dans l’introduction de nouveaux
biens, de nouvelles technologies, l’entrée sur de
nouveaux marchés, la réorganisation de l’industrie
• C’est une rupture des équilibres existants et une
transformation qui prend du temps, crée déséquilibres
et distorsions: les gains ne sont ni immédiats, ni assurés
10. La difficulté d’innover
• L’innovation coûte avant de produire un revenu: la
difficulté réside dans la gestion de ces coûts
irrévocables
• Globalement, faute d’un apport suffisant de ressources
l’innovation conduit temporairement à un chute de
l’emploi et à une chute de la productivité
• Au niveau de l’industrie, l’entreprise innovante affronte
une chute de compétitivité avant d’obtenir un avantage
concurrentiel
11. Les défauts de coordination
• Créer une offre ne suffit pas: il faut aussi créer une
demande, distribuer les gains de productivité aux
salariés, s’assurer d’une répartition qui valide les choix
technologiques
• Les investissements concurrents peuvent être excessifs
et les investissements concurrents insuffisants
12. De l’utilité des rigidités
et frictions
Quand le court terme aide le long terme
13. Les marchés de biens entre
concurrence et coopération
• Des asymétries réelles ou supposées d’information sont
nécessaires. A défaut, une coordination des
investissements concurrents ou complémentaires est
nécessaire pour éviter des déséquilibres trop importants
• Cette coordination suppose des prix rigides et des
pratiques monopolistes (accords de coopération,
pratiques d’exclusivité, discrimination de prix)
14. Les marchés de travail entre
fluidité et rigidité
• La flexibilité de l’emploi est censée fournir une
incitation à innover, mais …
• Une relation d’emploi stable reste le facteur principal
d’apprentissage et d’incitation à l’accumulation d’un
capital humain
• La flexibilité de l’emploi face à un chômage par
insuffisance d’investissement ou de demande finale est
générateur d’une baisse relative des salaires
préjudiciable à la croissance
15. La finance entre libéralisation et
restriction
• Les marchés financiers favorisent l’émergence
d’activités nouvelles ainsi que les restructurations
d’entreprises: de ce point de vue ils privilégient le long
terme, mais …
• Les banques rassemblant une information préalable,
exerçant une activité de supervision et gardant leurs
créances conservent un rôle éminent notamment quand
il s’agit de financer des actifs non redéployables
16. Réduire les fluctuations
• Les temps difficiles n’ont pas d’effets positifs quand les
fluctuations sont la conséquence des distorsions de la
capacité productive nées de l’innovation
• Réduire les fluctuations est le meilleur moyen
d’augmenter le taux de croissance moyen
• Cette réduction peut exiger d’accepter des tensions
inflationnistes, des déséquilibres extérieurs, un
endettement public, bref de conduire des politiques
macroéconomiques discrétionnaires
17. L’économie française
face à l’innovation
Quand l’ouverture internationale comme les ruptures technologiques
créent des distorsions internes
18. Le rôle de l’activité
manufacturière
• Une désindustrialisation manifeste en termes d’emplois
mais pas en termes de valeur ajoutée
• Une activité essentielle au regard de l’innovation et de
l’entrée sur de nouveaux marchés puisqu’elle
représente 75% d la R&D et 80% des exportations
• Les taux de croissance sont élevés ou très élevés dans
les secteurs de moyenne-haute technologie ou de haute
technologie, c’est-à-dire dans les secteurs à forte
intensité de R&D
19. La nature des entreprises en
forte croissance
• Des entreprises à forte intensité de R&D
• Des entreprises ayant fait le choix de la fragmentation
de la production et de la modularité
• Des entreprises fortement internationalisées
(exportations, investissements directs à l’étranger,
externalisation d’activités à l’étranger)
• Ces entreprises dont l’intensité d’exportation est élevée
sont moins sensibles aux variables de change et de coût
20. Les retards relatifs
• Le poids relatif croissant des activités à forte intensité de
R&D ne va pas de pair avec un accroissement de leur part
dans les exportations
• Une moindre spécialisation par rapport aux principaux
partenaires dans les activités de moyenne-haute ou de haute
technologie
• Des dépenses relativement plus faibles en R&D et une
efficacité moindre de ces dépenses
• Des proportions de chiffre d’affaires exporté relativement
faibles pour la plupart des entreprises exportatrices
21. Le déficit de compétitivité
• Il ne réside pas dans un coût salarial qui serait trop
élevé (le coût salarial horaire est de 25€ en France
contre 28€ en Allemagne), mais bien davantage dans le
retard pris en matière d’internationalisation de l’activité
et de R&D
• L’avantage comparé de l’Allemagne est lié
l’organisation de son industrie et à sa dimension
internationale renforcée par la baisse récente du coût
unitaire du travail
22. La difficulté d’innover
• Les jeunes entreprises ont un rôle mineur dans les
activités de haute technologie et leur survie dépend
négativement du degré de concentration du marché
• Les gains de productivité dans les activités de haute
technologie sont le fait d’un apprentissage interne plus
que d’une réallocation des parts de marché
• Cela révèle l’existence de barrières à la croissance (plus
qu’à l’entrée) et une insuffisante sélectivité
23. La politique industrielle
• Ne pas sélectionner a priori des activités mais soutenir
l’innovation (introduction de nouveaux produits, de
nouvelles technologies, entrée sur de nouveaux
marchés)
• Subordonner les aides à la R&D et à l’exportation à des
engagements de coopérations entre entreprises
• Favoriser l’émergence et le développement de consortia
technologiques (programmes transversaux, clusters
géographiques)
24. Politique industrielle et
politique macroéconomique
• Les tensions internes: le soutien à l’innovation est
susceptible d’engendrer des tensions inflationnistes
temporaires; la politique monétaire pas plus que la
politique budgétaire ne doivent constituer un frein à
l’adaptation
• Les tensions externes: l’exportation ne peut pas être le
seul moteur de la croissance; la demande finale
intérieure compte aussi