« France, portrait social » est un ouvrage de référence pour mieux connaître la société française.
La collection Insee Références propose un état des lieux périodique des grandes questions économiques et sociales. Les données et les commentaires se fondent sur les sources et les méthodes d'analyse de la statistique publique.
http://www.insee.fr/fr/publications-et-services/sommaire.asp?codesage=FPORSOC11&nivgeo=0
1. Édition France,
2011
portrait social
Vue d’ensemble
Premier bilan 2010-2011
Redémarrage de l’économie et repli modéré du chômage 11
Portrait de la population
De 55 à 65 millions d’habitants : pourquoi la population a-t-elle augmenté
plus vite en France que dans les pays voisins ? 25
Les immigrés, les descendants d’immigrés et leurs enfants 33
Diplômes et insertion professionnelle 41
Salaires et niveaux de vie
Les écarts de revenu salarial entre personnes s’expliquent au premier chef
par des différences de durée d’emploi sur l’année 53
Les inégalités de niveau de vie sont plus fortes parmi les chômeurs 77
La redistribution : état des lieux en 2010 et évolution depuis vingt ans 87
Conditions de vie
Satisfaction dans la vie : les personnes se donnent 7 sur 10 en moyenne 105
Les jeunes voient plus leurs amis, les plus âgés leur famille 119
Vivre à domicile ou en institution : effets d’âge, de santé, mais aussi
d’entourage familial 125
Dossiers
L’évolution du nombre d’élèves en difficulté face à l’écrit depuis
une dizaine d’années 137
Les politiques d’accès à l’emploi en faveur des jeunes : qualifier
et accompagner 153
Les conditions d’habitat des enfants : poids des structures familiales
et de la taille des fratries 173
2. Fiches thématiques
1. Économie générale
1.1 - Environnement macroéconomique 192
1.2 - Opinion des ménages sur la situation économique 194
2. Population, éducation
2.1 - Démographie 198
2.2 - Ménages et familles 200
2.3 - Population immigrée 202
2.4 - Parité entre hommes et femmes 204
2.5 - Population scolaire et universitaire 206
2.6 - Diplômes 208
2.7 - Dépenses d'éducation 210
2.8 - Recherche et développement 212
3. Travail, emploi
3.1 - Formation et emploi 216
3.2 - Population active 218
3.3 - Emploi 220
3.4 - Chômage 222
3.5 - Politiques du marché du travail 224
3.6 - Durée et conditions de travail 226
4. Salaires, niveaux de vie
4.1 - Salaires du secteur privé et semi-public 230
4.2 - Salaires de la fonction publique 232
4.3 - Revenu disponible et pouvoir d’achat des ménages 234
4.4 - Niveaux de vie 236
4.5 - Pauvreté monétaire 238
4.6 - Protection sociale 240
4.7 - Consommation et épargne des ménages 242
5. Conditions de vie
5.1 - Logement 246
5.2 - Dépenses de logement 248
5.3 - État de santé de la population 250
5.4 - Dépenses de santé 252
5.5 - Culture et loisirs 254
5.6 - Vie sociale et vie publique 256
5.7 - Insécurité, délinquance 258
5.8 - Justice 260
3. 6. Cadrage européen
6.1 - Démographie 264
6.2 - Éducation 266
6.3 - Emploi et chômage 268
6.4 - Salaires et revenus 270
6.5 - Protection sociale 272
6.6 - Consommation et conditions de vie 274
Annexes
Indicateurs d’inégalités sociales 279
Chronologie 285
Organismes cités dans l’ouvrage 299
Liste des dossiers antérieurs 301
4. Redémarrage de l’économie et repli modéré du chômage
Étienne Debauche, Nathan Rémila*
Il faut du temps au système statistique pour disposer d’une information suffisamment riche
pour permettre de réaliser des analyses détaillées sur les évolutions de la société française
dans toute sa diversité. En revanche, même s’ils peuvent être révisés, les grands indicateurs
macroéconomiques sont disponibles plus rapidement, en particulier ceux qui ont trait à la
situation du marché du travail et au revenu des ménages considérés dans leur ensemble.
En 2010, l’économie française redémarre et soutient les créations d’emploi. En France
métropolitaine, 138 000 emplois salariés sont créés sur l’ensemble de l’année (dont les deux
tiers en intérim) et le taux de chômage recule de 9,6 % fin 2009 à 9,3 % fin 2010. La reprise
est toutefois modérée puisque, mi-2011, l’activité n’a pas encore retrouvé son niveau de
début 2008 et le taux de chômage reste très supérieur à celui d’avant la crise (9,1 % contre
7,2 % début 2008 en France métropolitaine).
Après un recul très inhabituel des prix en 2009, qui avait soutenu l’évolution des salaires
réels et du pouvoir d’achat des ménages, l’inflation redevient positive en 2010. Dans ce
contexte, les salaires réels ralentissent nettement et le pouvoir d’achat par unité de consom-
mation est quasi stable. La confiance des ménages reste à un niveau très bas.
Il faut du temps au système statistique pour disposer d’une information suffisamment riche
pour permettre de réaliser des analyses détaillées sur les évolutions de la société française du
type de celles présentées dans la suite de cet ouvrage. Deux ans en moyenne sont nécessaires
1
pour mener à leur terme l’exploitation détaillée des enquêtes structurelles et des fichiers
administratifs individuels. Par exemple, les deux sources annuelles de référence sur les
revenus et les conditions de vie des ménages, l’enquête sur les revenus fiscaux et sociaux
(ERFS) et le dispositif statistique sur les ressources et les conditions de vie des ménages (SRCV),
qui exploitent toutes deux les données fiscales, délivrent mi-2011 (au moment de la rédaction
de cette édition) l’ensemble de leurs informations détaillées jusqu’en 2009.
Repères
En moyenne en 2010, en France métropolitaine :
• 70,5 % des personnes âgées de 15 à 64 ans sont acti ves, 63,8 % sont en emploi. voir fiches 3.2
Le sous-emploi concerne plus d’1,5 million de personnes. et 3.3
• Le taux de chômage est de 9,4 %.
819 000 personnes souhaitent travailler mais ne sont pas comptées comme
étant au chômage en fin d’année (« halo » du chômage). voir fiche 3.4
• En 2010, le taux de chômage est de 9,7 % dans l’Union européenne.
Il dépasse les 15,0 % en Espagne et dans les pa ys Baltes. voir fiche 6.3
• Les dépenses pour les politiques du marché du travail représentent 2,4 % du PIB en 2009. voir fiche 3.5
* Étienne Debauche, Nathan Rémila, Insee.
1. « Les principales étapes d’une enquête auprès des ménages », Courrier des statistiques n° 126, janvier-avril 2009.
Vue d’ensemble - Premier bilan 2010-2011 11
5. Néanmoins, dans certains domaines concernant directement la situation des ménages,
une information est déjà disponible pour 2010 ou même début 2011. L’enquête Emploi en
continu, les indicateurs conjoncturels ou les données agrégées des comptes nationaux
délivrent rapidement des informations sur la situation sur le marché du travail et les évolutions
globales des salaires, des prix et du revenu des ménages. Ces informations agrégées dessinent
un premier état des lieux des évolutions sociales en cours, que permettront d’analyser ensuite plus
finement les enquêtes et fichiers administratifs détaillés en cours de collecte ou d’exploitation.
2010 : l’activité repart …
En 2010, l’économie française renoue avec la croissance : le produit intérieur brut (PIB)
progresse de 1,5 %, après un repli historique de 2,7 % en 2009, et un recul de 0,1 % en 2008.
er
Sur la première moitié de 2011, la croissance est modérée : très dynamique au 1 trimestre
e
(+ 0,9 %), elle est nulle au 2 trimestre (+ 0,0 %). La reprise apparaît modeste au regard du
creux que l’économie a traversé : mi-2011, l’activité n’a pas encore retrouvé son niveau de
début 2008, avant la crise.
… donc l’emploi redémarre
Après deux années de crise, synonymes de forte dégradation du marché du travail,
l’emploi repart à la hausse avec la reprise de l’activité en 2010. Entre le début et la fin de
2
l’année, on compte 138 000 emplois salariés en plus en France métropolitaine (figure 1).
C’est un tiers du nombre d’emplois qui ont été détruits en 2008 et 2009. Cette tendance se
er 3
confirme au 1 semestre 2011, où l’emploi salarié marchand progresserait de 112 000 .
1. Emploi salarié selon le secteur d’activité
en milliers, données corrigées des variations saisonnières (CVS) en fin d’année
Glissements annuels Niveau
Secteur d’activité d’emploi au
2005 2006 2007 2008 2009 2010 31/12/2010
Emploi salarié des secteurs marchands
non agricoles1 91 194 270 – 188 – 341 129 15 992
Ensemble industrie – 89 – 60 – 44 – 78 – 174 – 62 3 288
dont : industrie manufacturière – 80 – 53 – 42 – 69 – 173 – 64 2 373
Construction 48 61 60 10 – 46 – 13 1 442
Tertiaire marchand2 132 193 254 – 120 – 121 204 11 261
dont : commerce 11 18 40 – 18 – 44 6 2 997
intérim3 22 16 25 – 135 – 19 96 588
Emploi salarié tertiaire essentiellement
non marchand4 73 100 73 32 90 19 7 673
Emploi salarié agricole –7 –5 – 12 – 14 –2 – 10 209
Emploi salarié total 157 289 331 – 171 – 253 138 23 874
1. Secteurs essentiellement marchands : ensemble hors agriculture, administration, éducation, santé et action sociale.
2. Services aux entreprises et aux particuliers.
3. L’emploi intérimaire est un service aux entreprises ; il est par conséquent comptabilisé dans l’emploi tertitaire et non dans le secteur utilisateur.
4. Y compris contrats aidés.
Champ : France métropolitaine.
Source : Insee, estimations d’emploi.
2. Créations nettes d’emploi = créations brutes - destructions brutes d’emploi. Dans l’ensemble de l’article, on parle de
« créations » pour les créations nettes et de « destructions » pour les destructions nettes.
3. Cf. point de conjoncture d’octobre 2011, Insee.
12 France, portrait social - édition 2011
6. Relativement au PIB, les évolutions de l’emploi paraissent particulièrement favorables
depuis 2008. Habituellement, l’emploi réagit avec retard aux fluctuations de l’activité : il faut
un peu de temps pour que les entreprises ajustent leurs effectifs aux chocs d’activité qu’elles
subissent. Ainsi, l’emploi baisse moins rapidement que l’activité en phase de récession mais
continue de se dégrader quand l’activité repart, de sorte que les entreprises restaurent progres-
4
sivement leur productivité . Pendant la crise, la productivité apparente du travail a fortement
baissé (figure 2), au-delà de ce que l’expérience des crises passées pouvait laisser attendre.
Depuis la fin 2009, l’économie française renoue avec des gains de productivité mais sans
combler la perte enregistrée pendant la crise. Ainsi, le repli de l’emploi dû à la crise de
2008-2009 apparaît aujourd’hui finalement relativement limité, au regard de l’ampleur de la
chute de l’activité.
2. Emploi salarié, valeur ajoutée et productivité dans les secteurs marchands non agricoles
données CVS, glissement annuel en %
6
4
2
0
–2
–4 Productivité
1
Valeur ajoutée
Emploi salarié
–6
1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011
1. voir note 4 en bas de page.
Champ : secteurs marchands non agricoles, France métropolitaine pour l’emploi, France pour la valeur ajoutée.
Note : l’emploi est ici mesuré en moyenne trimestrielle (en calculant la demi-somme de l’emploi en fin de trimestre) pour être comparable à la valeur ajoutée
des secteurs marchands non agricoles, mesurée elle aussi en moyenne trimestrielle.
Source : Insee, estimations d’emploi et comptes nationaux.
L’emploi intérimaire contribue pour plus des deux tiers des emplois créés en 2010
L’intérim a été la principale variable d’ajustement de l’emploi à l’activité entre 2008 et
er er
2010. Entre le 1 trimestre 2008 et le 1 trimestre 2009, les effectifs intérimaires se sont
contractés de 35 %. Le taux de recours à l’intérim s’est effondré dans les secteurs marchands,
er er
passant de 4,1 % au 1 trimestre 2008 à 2,8 % au 1 trimestre 2009 (figure 3). Dès la mi-2009,
l’intérim est reparti à la hausse. Ce redémarrage précoce de l’intérim se poursuit tout au long
de 2010 (+ 96 000 intérimaires). Au total, sur l’année, l’intérim contribue pour plus des deux
tiers aux créations d’emploi. Le dynamisme de l’intérim s’essouffle cependant au
er
1 semestre 2011 (+ 17 000 créations) et le taux de recours se stabilise à 3,8 %, soit légère-
ment en deçà de ce qui prévalait avant la crise.
4. La productivité, dite apparente, du travail rapporte l’activité réalisée aux ressources d’emploi mises en œuvre pour
l’obtenir. Elle est ici définie comme le rapport entre la valeur ajoutée en volume et le nombre d’emplois (les évolutions de
la valeur ajoutée sont quasi équivalentes à celles du PIB : le PIB est égal à la valeur ajoutée, augmentée des impôts moins
les subventions sur les produits).
Vue d’ensemble - Premier bilan 2010-2011 13
7. 3. Taux de recours à l’intérim dans les secteurs marchands non agricoles
données CVS, en %
4
3
2
1er trimestre 2009
1
0
1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011
Champ : France métopolitaine, secteurs marchands non agricoles.
Lecture : au 2e trimestre 2011, 3,8 % des emplois des secteurs marchands non agricoles sont des emplois intérimaires.
Source : Dares, Insee.
L’industrie cesse de perdre des emplois fin 2010 et début 2011
5
Au-delà de l’intérim c’est l’ensemble des secteurs marchands qui bénéficient de la reprise
économique en 2010, même si la dynamique est moins spectaculaire. Sur l’année,
109 000 emplois sont créés dans le tertiaire marchand hors intérim. Cette tendance se
er
poursuit au 1 semestre 2011 (+ 84 000 postes).
L’embellie de la conjoncture s’observe tout particulièrement dans l’industrie. Depuis le
début des années 2000, l’emploi industriel est en baisse tendancielle, du fait de nombreuses
réorganisations du secteur (développement de la sous-traitance, externalisation, gains de
productivité, etc.). La crise de 2008-2009 avait accentué cette tendance : sur ces deux années
l’industrie a perdu environ 250 000 emplois, sans compter les intérimaires en mission dans ce
secteur. En 2010, l’industrie revient sur un rythme de pertes d’emploi proche de celui observé
avant la crise (– 62 000 postes en 2010, soit – 1,8 %). Y compris intérimaires, l’emploi indus-
triel augmente même légèrement en 2010 (+ 6 000 postes). Depuis fin 2010, on observe une
stabilisation des effectifs : l’industrie (hors intérim) ne perd que 2 100 emplois entre le
e e
3 trimestre 2010 et le 2 trimestre 2011.
À l’opposé du tertiaire et de l’industrie, l’activité dans la construction continue de se
dégrader en 2010 et elle perd de nouveau des emplois (– 13 000 emplois). Le cycle écono-
mique de la construction apparaît ainsi en décalage par rapport à celui des autres secteurs : la
dégradation de l’emploi était aussi intervenue plus tardivement, l’essentiel des pertes
d’emploi intervenant en 2009 (– 46 000). Début 2011, le secteur redevient créateur d’emploi
er
(+ 8 900 emplois au 1 semestre), ce qui reste cependant en deçà du rythme des années précé-
dant la crise (environ + 60 000 emplois en 2006, comme en 2007).
L’emploi des secteurs non marchands est resté dynamique en 2010 (+ 19 000), même si la
progression est plus faible qu’en 2009 (+ 90 000 emplois portés en particulier par les contrats
aidés). Début 2010, les moyens financiers alloués aux contrats aidés devaient baisser par
rapport à 2009, en raison de la reprise attendue. Ils ont été revus à la hausse à partir de juillet
2010 dans le cadre du plan « rebond vers l’emploi », contribuant ainsi à la création d’emploi
dans les secteurs non marchands.
5. L’emploi intérimaire est un service aux entreprises, il est par conséquent comptabilisé dans l’emploi tertiaire et non
dans le secteur utilisateur.
14 France, portrait social - édition 2011
8. 3. Taux de recours à l’intérim dans les secteurs marchands non agricoles
données CVS, en %
4
3
2
1er trimestre 2009
1
0
1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011
Champ : France métopolitaine, secteurs marchands non agricoles.
Lecture : au 2e trimestre 2011, 3,8 % des emplois des secteurs marchands non agricoles sont des emplois intérimaires.
Source : Dares, Insee.
L’industrie cesse de perdre des emplois fin 2010 et début 2011
5
Au-delà de l’intérim c’est l’ensemble des secteurs marchands qui bénéficient de la reprise
économique en 2010, même si la dynamique est moins spectaculaire. Sur l’année,
109 000 emplois sont créés dans le tertiaire marchand hors intérim. Cette tendance se
er
poursuit au 1 semestre 2011 (+ 84 000 postes).
L’embellie de la conjoncture s’observe tout particulièrement dans l’industrie. Depuis le
début des années 2000, l’emploi industriel est en baisse tendancielle, du fait de nombreuses
réorganisations du secteur (développement de la sous-traitance, externalisation, gains de
productivité, etc.). La crise de 2008-2009 avait accentué cette tendance : sur ces deux années
l’industrie a perdu environ 250 000 emplois, sans compter les intérimaires en mission dans ce
secteur. En 2010, l’industrie revient sur un rythme de pertes d’emploi proche de celui observé
avant la crise (– 62 000 postes en 2010, soit – 1,8 %). Y compris intérimaires, l’emploi indus-
triel augmente même légèrement en 2010 (+ 6 000 postes). Depuis fin 2010, on observe une
stabilisation des effectifs : l’industrie (hors intérim) ne perd que 2 100 emplois entre le
e e
3 trimestre 2010 et le 2 trimestre 2011.
À l’opposé du tertiaire et de l’industrie, l’activité dans la construction continue de se
dégrader en 2010 et elle perd de nouveau des emplois (– 13 000 emplois). Le cycle écono-
mique de la construction apparaît ainsi en décalage par rapport à celui des autres secteurs : la
dégradation de l’emploi était aussi intervenue plus tardivement, l’essentiel des pertes
d’emploi intervenant en 2009 (– 46 000). Début 2011, le secteur redevient créateur d’emploi
er
(+ 8 900 emplois au 1 semestre), ce qui reste cependant en deçà du rythme des années précé-
dant la crise (environ + 60 000 emplois en 2006, comme en 2007).
L’emploi des secteurs non marchands est resté dynamique en 2010 (+ 19 000), même si la
progression est plus faible qu’en 2009 (+ 90 000 emplois portés en particulier par les contrats
aidés). Début 2010, les moyens financiers alloués aux contrats aidés devaient baisser par
rapport à 2009, en raison de la reprise attendue. Ils ont été revus à la hausse à partir de juillet
2010 dans le cadre du plan « rebond vers l’emploi », contribuant ainsi à la création d’emploi
dans les secteurs non marchands.
5. L’emploi intérimaire est un service aux entreprises, il est par conséquent comptabilisé dans l’emploi tertiaire et non
dans le secteur utilisateur.
14 France, portrait social - édition 2011
9. Le taux d’emploi en CDI continue de baisser en 2010
Les formes d’emploi les plus flexibles (l’intérim et les contrats à durée déterminée - CDD)
avaient été les premières à pâtir du retournement conjoncturel en 2008 ; elles ont également
été les premières à bénéficier de la reprise. A contrario, l’emploi en contrat à durée indéter-
minée (CDI) n’a commencé à baisser, et dans des proportions moins fortes, qu’à partir du
e
début 2009. Le taux d’emploi en CDI a ainsi atteint un point haut au 4 trimestre 2008, où il
s’établissait à 50,5 % de la population, puis il a diminué en 2009. La reprise de l’activité
n’enraye pas tout de suite cette diminution : le taux d’emploi en CDI continue de baisser tout
er
au long de 2010 et début 2011 (48,7 % au 1 trimestre 2011) pour ne repartir à la hausse qu’au
e
2 trimestre 2011.
Repli modéré du chômage
6
En lien avec la reprise de l’emploi, le taux de chômage baisse légèrement à partir de la fin
e e
2009. Il recule ainsi de 9,6 % au 4 trimestre 2009 à 9,3 % au 4 trimestre 2010 en France
métropolitaine (de 9,9 % à 9,7 % en France). La baisse se poursuit à un rythme modéré début
2011 mais le chômage reste à un niveau élevé (9,1 % mi-2011 en France métropolitaine). Sa
décrue progressive est loin d’effacer la forte hausse enregistrée pendant la crise (+ 2,4 points
er e
entre le 1 trimestre 2008 et le 4 trimestre 2009, – 0,5 point depuis). Cette baisse est
concentrée sur les jeunes et les personnes âgées de 50 ans ou plus (figure 4), le taux de
chômage des 25-49 ans restant quasiment stable depuis la fin 2009.
7
Les jeunes, plus sensibles que leurs aînés aux fluctuations de la conjoncture , avaient été
particulièrement touchés par le retournement conjoncturel de 2008 : entre le début 2008 et la
fin 2009, le taux de chômage des moins de 25 ans a augmenté de 6,4 points. Par la suite, ils ont
été les premiers à bénéficier de la reprise de l’activité, via notamment le redémarrage de
4. Taux de chômage par tranche d’âge
données CVS, en %
25
15 - 24 ans
20
15
Ensemble 25 - 49 ans
10
50 ans ou plus
5
er
1 trimestre 2008
e
2 trimestre 2009
0
1975 1979 1983 1987 1991 1995 1999 2003 2007 2011
Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans ou plus.
Lecture : au 2e trimestre 2011, 9,1 % des personnes actives de 15 ans ou plus sont au chômage. C’est le cas de 21,9 % des actifs de 15 à 24 ans.
Source : Insee, enquête Emploi.
6. Pour une définition du chômage au sens du BIT, voir fiche 3.4.
e
7. Voir le 3 article de la Vue d’ensemble « Portrait de la Population ».
Vue d’ensemble - Premier bilan 2010-2011 15
10. l’intérim. Entre la fin 2009 et la mi-2011, le taux de chômage des jeunes perd ainsi 1,8 point.
e
Au 2 trimestre 2011, il s’établit à 21,9 %. Le niveau élevé du chômage des jeunes doit toutefois
s’interpréter avec précaution. En effet, entre 15 et 25 ans, seule une minorité de jeunes sont
présents sur le marché du travail, les autres poursuivant leurs études. Avec l’allongement rapide
de la durée des études initiales, la proportion des jeunes présents sur le marché du travail a nette-
ment diminué jusqu’au milieu des années 1990. De ce fait, si l’on considère non plus le taux de
chômage (qui prend en compte les jeunes actifs, i.e. présents sur le marché du travail), mais la
e
part des jeunes au chômage, le niveau est plus faible : au 2 trimestre 2011, 8,6 % de l’ensemble
des 15-24 ans sont au chômage, soit 1,3 point de plus que pour les 25-49 ans.
Le taux de chômage des personnes âgées de 50 ans ou plus a lui aussi augmenté pendant la
er e
crise (+ 1,9 point entre le 1 trimestre 2008 et le 4 trimestre 2009). Cette sensibilité du taux de
chômage des 50 ans ou plus à la contraction de l’activité est atypique en comparaison aux
8
précédentes crises . Depuis fin 2009, leur taux de chômage diminue à un rythme modéré
e e
(– 0,5 point entre le 4 trimestre 2009 et le 2 trimestre 2011).
Avec la crise, la part des chômeurs de longue durée (CLD, chômeurs depuis plus d’un an)
9
parmi l’ensemble des chômeurs a fortement diminué en 2008 . Cette baisse, qui peut sembler
au premier abord paradoxale, est la conséquence mécanique de l’afflux de nouveaux
chômeurs. À partir de 2009, la part des CLD est repartie à la hausse, du fait de la persistance de
la crise et la difficulté croissante à retrouver du travail. Mi-2011, 42 % des chômeurs sont au
chômage depuis plus d’un an.
En euros courants, le salaire mensuel de base et le salaire moyen par tête ont
connu des dynamiques contrastées en 2010
Deux indicateurs complémentaires mesurent l’évolution conjoncturelle des salaires au
niveau agrégé. Le premier, le salaire mensuel de base (SMB), est l’indice qui retrace le salaire
« de base », hors primes et à structure de qualification donnée, des salariés à temps complet.
C’est un indicateur des salaires négociés par les partenaires sociaux. Le second, le salaire
moyen par tête (SMPT), est le rapport de la masse salariale brute aux effectifs salariés physi-
ques : il prend en compte l’ensemble des rémunérations perçues par les salariés, notamment
les primes, l’intéressement ou la rémunération des heures supplémentaires, qui représentent
15 % de la rémunération totale. Il porte sur l’ensemble des salariés et est donc sensible aux
modifications de structure de l’emploi (hausse des qualifications ou destruction d’emplois peu
qualifiés, modification de la part des temps partiels, effet des « entrées-sorties ») : ses évolu-
tions doivent donc être analysées à l’aune de ces modifications.
En 2010, dans les entreprises du secteur privé de 10 salariés ou plus de France métropoli-
taine, le SMB ralentit un peu : + 1,8 % après + 2,2 % en 2009 en moyenne annuelle et en
euros courants (– 0,4 point). Le niveau élevé du chômage a pesé sur les négociations salariales.
En outre, l’inflation, qui est aussi un déterminant des négociations, a fortement reflué en 2009,
dans le sillage de la baisse des prix du pétrole (figure 5). Cette nette décélération des prix en
2009 s’est répercutée sur les salaires début 2010, freinant leur progression. En particulier, la
er
revalorisation du Smic au 1 janvier 2010, fondée sur l’inflation constatée en 2009, a été
limitée (+ 0,5 %). Cette faible revalorisation du Smic s’explique également en partie par le fait
10
qu’une revalorisation avait déjà eu lieu en juillet 2009 . Le ralentissement du SMB affecte
8. En général, le taux de chômage des seniors est assez peu sensible aux fluctuations conjoncturelles. Lors de la précé-
dente crise par exemple, alors que le taux de chômage des 25-49 ans augmentait de 2,5 points de fin 1991 à mi-1994, la
hausse était limitée à 0,2 point pour les 50 ans ou plus. En 2008-2009, le taux de chômage des 50 ans ou plus et celui des
25-49 ans ont augmenté à des rythmes voisins.
9. voir fiche 3.4.
10. La date de revalorisation du Smic est passée du 1er juillet de chaque année au 1er janvier à compter de l’année 2010.
16 France, portrait social - édition 2011
11. 5. Évolution de l’indice des prix à la consommation
glissement annuel, en %
4
3
2
1
0
–1
janv-04 janv-05 janv-06 janv-07 janv-08 janv-09 janv-10 janv-11
Champ : France.
Source : Insee, indice des prix à la consommation (IPC).
toutes les catégories socioprofessionnelles, même s’il est légèrement plus marqué pour les
employés (– 0,6 point par rapport à 2009) que pour les ouvriers et les professions intermédiai-
res (– 0,4 point) et les cadres (– 0,2 point). La hausse du SMB est identique dans chacun des
grands secteurs (construction, industrie et tertiaire) : + 1,8 % sur l’année 2010. C’est dans la
construction que le ralentissement des salaires est le plus fort (– 0,7 point) ; il est moindre dans
l’industrie (– 0,3 point) ou le tertiaire (– 0,4 point).
Le SMPT du secteur marchand non agricole en France présente une toute autre
dynamique, il accélère nettement en 2010 (+ 2,1 % en euros courants après + 1,2 % en
2009). Cela est dû en partie au contrecoup de la forte baisse des primes de résultats dans le
er
tertiaire au 1 trimestre 2009 ; début 2010, les primes versées retrouvent des niveaux usuels
avec le rebond de l’activité.
er
Au cours du 1 trimestre 2011, la croissance des salaires est élevée, tirée par la forte
hausse des prix depuis mi-2010. En particulier, la revalorisation du Smic en janvier, fondée sur
l’inflation de 2010, est sensible : + 1,6 % contre + 0,5 % en 2010. À cela s’ajouterait le versement
er e
de primes sur le 1 trimestre, qui aurait soutenu la progression du SMPT. Au 2 trimestre 2011,
les salaires nominaux demeureraient dynamiques malgré un léger ralentissement.
En euros constants, les salaires ralentissent en 2010
L’évolution globale des salaires doit cependant être mise en regard de l’évolution des
prix ; celle-ci a été très contrastée d’une année sur l’autre. En 2009, la progression des salaires
en euros courants a certes été modérée, mais comme l’inflation s’est très fortement réduite
11
dans le même temps, l’évolution des rémunérations réelles (en euros constants, c’est-à-dire
corrigées de l’évolution des prix sur la période) a finalement été plus favorable en 2009 qu’en
2008 ( + 2,1 % pour le SMB réel après + 0,2 %, et + 1,1 % pour le SMPT réel après + 0,2 %,
figure 6). L’évolution des prix est à nouveau positive en 2010 et ce regain d’inflation neutralise
la progression des salaires nominaux. Il conduit à un ralentissement du SMB réel (+ 0,2 %) et
du SMPT réel (+ 0,6 %).
11. On utilise comme déflateur du SMB et du SMPT l’indice des prix à la consommation (y compris tabac) de l’ensemble
des ménages, tandis que pour le pouvoir d’achat c’est le prix de la dépense de consommation finale des ménages qui est
utilisé comme déflateur. Leurs évolutions sont très proches.
Vue d’ensemble - Premier bilan 2010-2011 17
12. 6. Salaires et emploi salarié marchand
évolution annuelle moyenne, en %
4
3
2
1
0
–1
Salaire mensuel de base en euros constants (SMB)
–2
Salaire moyen par tête en euros constants (SMPT)
Emploi salarié des secteurs marchands non agricoles
–3
1991 92 93 94 95 96 97 98 99 2000 01 02 03 04 05 06 07 08 09 2010
Champ : France pour le SMPT, secteurs marchands non agricoles ; France métropolitaine pour l’emploi, secteurs marchands non agricoles ; France
métropolitaine pour le SMB, entreprises de 10 salariés ou plus.
Note : dans ce graphique, on utilise comme déflateur du SMB et du SMPT l’indice des prix à la consommation (y compris tabac) de l’ensemble des ménages.
Sources : Insee, comptes nationaux et estimations d’emploi ; Dares, enquête Acemo.
Début 2011, l’inflation augmente avec la flambée des cours des matières premières.
L’indexation des salaires sur la hausse des prix, spécialement dans le cas d’un choc d’inflation
importée, est généralement partielle et retardée. C’est pourquoi, malgré la forte hausse des salai-
er
res nominaux au 1 semestre 2011, les salaires réels reculeraient dans le même temps, aussi
bien le SMB que le SMPT.
Les salaires du secteur public ralentissent plus nettement en 2010
En euros courants, le SMPT des administrations publiques ralentit nettement en 2010
(+ 1,5 % en moyenne annuelle après + 2,4 %), contrastant avec l’accélération dans le secteur
privé. Si, en moyenne annuelle, les revalorisations du point d’indice de la fonction publique
12
sont proches en 2009 et 2010 , l’indice minimum de la fonction publique ne progresse pas en
2010 (après + 0,7 % en 2009). En outre, le dispositif de prime de garantie individuelle du
pouvoir d’achat (GIPA) est reconduit, mais de façon plus restreinte qu’en 2009. En effet, des
conditions sur le grade et le corps ou cadre d’emplois des agents s’ajoutent en 2010 aux condi-
tions nécessaires pour bénéficier de la GIPA. En diminuant le nombre de bénéficiaires, cela
freine l’augmentation du SMPT. Au total, ces augmentations ne compensent pas l’inflation de
2010 et, en termes réels, le SMPT des administrations publiques diminue légèrement (– 0,1 %
en 2010 après + 2,3 % en 2009).
12. Revalorisations du point d’indice de la fonction publique : + 0,3 % en mars et + 0,5 % en octobre 2008 ; + 0,5 % en
juillet et + 0,3 % en octobre 2009 ; + 0,5 % en juillet 2010. Soit, en moyenne annuelle, + 0,6 % en 2009 et + 0,7 % en 2010.
18 France, portrait social - édition 2011
13. Le pouvoir d’achat par unité de consommation progresse légèrement en 2010
Le revenu disponible brut (RDB) des ménages accélère en 2010 après avoir nettement ralenti
pendant la crise (+ 2,0 % après + 0,8 % en 2009). Le RDB est un indicateur qui agrège l’ensemble
des revenus d’activité et du patrimoine perçus par les ménages, auxquels on ajoute les prestations
sociales et autres transferts et on soustrait les prélevements (impôts directs et cotisations). L’accélé-
ration du RDB découle d’abord du redémarrage des revenus d’activité : le marché du travail cesse
de se dégrader, l’emploi progresse et le salaire moyen par tête accélère en euros courants (cf.
supra). De même, les revenus des entrepreneurs individuels se redressent avec la reprise écono-
mique. Par ailleurs, les revenus du patrimoine sont stables, alors qu’en 2009 leur recul avait forte-
ment pesé sur l’évolution du RDB. Les dividendes perçus par les ménages (assis sur les résultats des
entreprises en forte baisse durant la récession) reculent nettement mais la forte progression des
souscriptions en assurance-vie au cours de l’année 2009 soutient les revenus de la propriété en
2010. À l’inverse, la dynamique des impôts et des prestations freine le RDB en 2010. La reprise de
l’emploi et la fin des mesures exceptionnelles du plan de relance entraînent logiquement l’accélé-
ration des impôts sur le revenu et le patrimoine (via le redémarrage des revenus d’activité) et la
diminution de certaines prestations sociales perçues par les ménages (les indemnités chômage
ralentissent). De plus, le montant global des prestations familiales et vieillesse perçu ralentit, en
raison d’une moindre revalorisation des barèmes et du recul du nombre de départs en retraite
(conséquence notamment du durcissement des conditions de départ en retraite anticipée).
Les évolutions du revenu disponible des ménages doivent également être mises en regard
de celles des prix. Alors que les prix avaient reculé en 2009 et exceptionnellement soutenu le
pouvoir d’achat, ils augmentent à nouveau en 2010. Au final, le pouvoir d’achat du revenu
disponible brut des ménages ralentit en 2010 (+ 0,8 % après + 1,3 %, figure 7). Cette évolu-
tion est mesurée pour l’ensemble des ménages. Compte tenu de la croissance de la popula-
tion, le pouvoir d’achat au niveau individuel (c’est-à-dire par unité de consommation) est
quasi stable en 2010 (+ 0,1 % après + 0,6 % en 2009).
er
Au 1 semestre 2011, les créations d’emploi soutiennent la masse salariale reçue par les
e
ménages, qui augmente de 2,0 % en moyenne semestrielle (après + 1,2 % au 2 semestre 2010).
Le dynamisme de la masse salariale se conjuguant avec celui des prestations sociales (+ 1,6 %
7. Contributions à l’évolution du pouvoir d’achat des ménages
évolution en %, contributions en points
4
2
0
–2
Revenus nets d’activité Prestations sociales (en espèces) et autres transferts courants
Revenus du patrimoine Prix
Impôts sur le revenu et le patrimoine Pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages
–4
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Champ : France.
Lecture : en 2010, les revenus nets d’activité en euros courants contribuent pour + 1,2 point à la croissance de 0,8 % du pouvoir d’achat du revenu disponible brut
des ménages.
Source : Insee, comptes nationaux, base 2005.
Vue d’ensemble - Premier bilan 2010-2011 19
14. e er
après + 1,4 % au 2 semestre 2010, du fait notamment d’une revalorisation des pensions au 1
avril plus importante en 2011 qu’en 2010), le RDB accélère (+ 2,0 % après + 1,5 %). L’accéléra-
tion des prix limite toutefois les gains de pouvoir d’achat : le pouvoir d’achat du RDB par unité de
er
consommation croît de + 0,3 % en moyenne au 1 semestre 2011, plus faiblement qu'au semestre
précédent (+ 0,6 %).
La confiance des ménages recule à nouveau début 2011
Les enquêtes de conjoncture auprès des ménages faisaient état de valeurs historiquement
basses au plus fort de la crise (fin 2008 et début 2009). La confiance des ménages s’est ensuite
un peu redressée entre le printemps 2009 et l’hiver 2010. Depuis lors, elle se tasse à nouveau.
Ainsi, en juin 2011, la confiance des ménages demeure plus basse qu’au plus fort des crises
précédentes. Les ménages ressentent de nouvelles tensions inflationnistes et leurs craintes
face au chômage restent élevées.
À ce stade de l’analyse, on ne dispose que d’évolutions globales des salaires réels et du
pouvoir d’achat. Les progressions moyennes enregistrées ne doivent pas faire oublier que la
réalité est plus variée et que les situations peuvent évoluer, d’une personne à l’autre, de façon
contrastée. La disponibilité future de données détaillées issues des enquêtes auprès des
ménages permettra d’être plus précis dans la description des situations individuelles. n
20 France, portrait social - édition 2011
15. Pour aller plus loin
Emploi
• Le repli de l’emploi pendant la crise est relativement limité au regard de la chute de l’activité. Le
développement de l’intérim et une rupture dans la tendance des gains de productivité sont des pistes
d’explication possibles.
« Comment expliquer les évolutions de l’emploi depuis le début de la crise ? », Note de conjoncture,
Insee, décembre 2010.
• Les flux bruts de création et de destruction des emplois sont beaucoup plus élevés que l’évolution
nette de l’emploi, car une grande partie de ces mouvements se compense à chaque instant.
« Le cycle de l’emploi : les petites entreprises ont été les premières à baisser leurs effectifs pendant la
crise », Note de conjoncture, Insee, mars 2010.
Chômage
• En 2007, 770 000 inactifs de 15 à 64 ans souhaitent travailler, mais ne sont pas comptés comme
chômeurs au sens du BIT soit parce qu’ils ne recherchent pas d’emploi, soit parce qu’ils ne sont pas
disponibles rapidement pour travailler.
« Le "halo" du chômage : entre chômage BIT et inactivité », Insee Première n° 1260, Insee, octobre 2009.
• Depuis 25 ans, en métropole, les taux de chômage des femmes et des hommes en début de vie active
se sont rapprochés.
« Femmes et hommes en début de carrière : les femmes commencent à tirer profit de leur réussite
scolaire », Insee première n° 1284, février 2010.
Salaires et Revenus des ménages voir Vue d’ensemble, chapitre « Salaires et niveaux de vie ».
Et aussi
• « Emploi, chômage, population active : bilan de l’année 2010 », Dares Analyses n° 065, août 2011.
• Insee Références Emploi et salaires, édition 2011.
• Insee Références L’économie française, édition 2011.
• La « Note de conjoncture », Insee conjoncture, tous les trimestres.
Vue d’ensemble - Premier bilan 2010-2011 21
16. De 55 à 65 millions d’habitants :
pourquoi la population a-t-elle augmenté plus vite
en France que dans les pays voisins ?
Catherine Beaumel, Pascale Breuil-Genier*
En l’espace d’une génération, la population française est passée de 55 millions d’habitants en
er
1981 à 65 millions au 1 janvier 2011. La croissance démographique a été beaucoup plus
forte en France (+ 10 millions d’habitants en trente ans) qu’en Allemagne (+ 3 millions), en
Italie (+ 4 millions) ou au Royaume-Uni (+ 6 millions). La fécondité, plus élevée en France,
explique largement les écarts avec l’Allemagne et l’Italie, mais elle n’explique ni l’écart avec
le Royaume-Uni ni la croissance de la population française. Les variations de la fécondité ont
d’ailleurs minoré de 1,3 million de personnes la croissance démographique sur la période.
La forte croissance de la population française trouve son origine dans d’autres facteurs. La
progression de l’espérance de vie (+ 7 ans en trente ans) et les effets des migrations ont
chacun entraîné une augmentation de la population de 3 millions. Enfin, 5 millions découlent
de la forme très particulière de la pyramide des âges française en 1981. Celle-ci se caractéri-
sait par une population relativement faible au-delà de 60 ans, du fait notamment des généra-
tions creuses de la première guerre mondiale. Au contraire, les générations alors âgées de
moins de 30 ans (issues du baby-boom) étaient relativement nombreuses, elles ont eu des
enfants depuis. De ce fait, la France a connu en trente ans 2 millions de décès de moins et, à
fécondité équivalente, 1 million de naissances de plus que le Royaume-Uni, et donc une
croissance démographique transitoirement plus vive.
er
Au 1 janvier 2011, la population française (métropole et départements d’outre-mer)
1
atteint pour la première fois les 65 millions d’habitants , contre 60 millions début 1999 et
55 millions début 1981 (figure 1). En trente ans, c’est-à-dire en l’espace d’une génération, la
population a ainsi augmenté de 10 millions d’habitants. Cette croissance est supérieure à celle
Repères
En 2010 :
• 65,0 millions d’habitants
• 2,01 enfants par femme Voir fiche 2.1
• 84,8 ans d’espérance de vie pour les femmes et 78,1 ans pour les hommes
• 4 Pacs conclus pour 5 mariages
• 20,6 % des familles avec enfants mineurs sont monoparentales en 2008, Voir fiche 2.2
7,7 % sont recomposées en 2006
* Catherine Beaumel, Pascale Breuil-Genier, Insee.
1. Ces estimations prennent pour point de départ les populations légales 2008 issues du recensement, qui sont actuali-
sées à partir des données d’état civil sur les naissances et décès, et d’estimations du solde migratoire. Tous les indicateurs
démographiques sur la France présentés dans cet article résultent d’estimations réalisées fin décembre 2010. Ils sont
donc provisoires pour les années récentes.
Vue d’ensemble - Portrait de la population 25
17. des trois autres pays européens les plus peuplés : 3 millions en trente ans pour la population
2
allemande , 4 millions pour la population italienne et 6 millions pour la population britan-
nique. Les populations du Royaume-Uni et de l’Italie, qui étaient légèrement supérieures à
celle de la France au début des années 1980, lui sont donc aujourd’hui inférieures de 3 ou
4 millions d’habitants. Quels sont les facteurs à l’origine de la plus forte croissance de la
population française ?
1. Évolution de la population des quatre pays les plus peuplés de l’Union européenne
er
en millions d’habitants au 1 janvier
Allemagne : 81,8 millions
80
70
France : 65,0 millions
Royaume-Uni : 62,4 millions
60 Italie : 60,6 millions
50
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Lecture : en 30 ans, la population a augmenté de 10 millions en France, contre 6 millions au Royaume-Uni, 4 millions en Italie et 3 millions en Allemagne.
Sources : Eurostat pour l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie ; Insee, estimations de population et calculs des auteurs pour la France.
La forte fécondité française explique l’écart de croissance démographique
avec l’Allemagne ou l’Italie...
La fécondité française, traditionnellement plus élevée que celle de ses voisins, explique
bien sûr en partie le différentiel de croissance démographique. Pendant les trente dernières
années, l’indice conjoncturel de fécondité a été en moyenne de 1,85 enfant par femme en
France, contre 1,77 au Royaume-Uni, 1,33 en Italie et 1,37 en Allemagne (figure 2). Ces écarts
sont en partie liés à l’âge moyen à l’accouchement, qui a plus augmenté dans ces deux derniers
pays (encadré). Or, une différence de 0,1 enfant par femme sur l’indice conjoncturel de fécon-
dité se traduit au bout de trente ans par un écart de 1,4 million d’habitants pour la population
3
française . Ainsi, la population française n’aurait augmenté que de 3 millions entre 1981 et
2011 si elle avait eu le niveau moyen de fécondité de l’Allemagne ou de l’Italie : le différentiel
de fécondité suffit donc à expliquer l’écart de croissance démographique entre la France et ces
4
deux pays .
2. Dans tout l’article, la démographie allemande est reconstituée dans les frontières actuelles du pays.
3. Résultat obtenu en modifiant uniquement la moyenne de la fécondité sur 1981-2010, mais en conservant le profil tem-
porel des indicateurs conjoncturels de fécondité et de leur répartition par âge.
4. De fait, entre 1981 et 2011, il y a eu 7 millions de naissances de moins en Italie qu’en France, et autant de naissances en
Allemagne qu’en France pour une population allemande bien plus nombreuse (82 millions d’habitants en 2011).
26 France, portrait social - édition 2011
18. 2. Évolution des indices conjoncturels nombre d’enfants par femme
de fécondité 2,2
2,0
France
1,8
Royaume-Uni
1,6
Allemagne
1,4
Italie
1,2
Sources : Eurostat pour le Royaume-Uni et l’Italie jusqu’en 2008, Istat
en 2009-2010 pour l’Italie ; Ined pour l’Allemagne ; Insee, statistiques
1,0
de l’état civil, estimations de population et calculs des auteurs pour la
France. 1981 1986 1991 1996 2001 2006 2010
Encadré
En France, l’âge moyen à l’accouchement atteint 30 ans en 2010 :
il a augmenté d’un an tous les dix ans depuis 1980
En 1980, en France, l’âge moyen à l’accouche- Pendant la même période, l’âge moyen à
ment (tous rangs de naissance confondus) était l’accouchement a augmenté de deux ans et demi
légèrement inférieur à 27 ans. Il avait décru au Royaume-Uni. Ainsi, alors que les âges moyens
depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, à l’accouchement étaient identiques en France et
jusqu’à atteindre un point bas à la fin des années au Royaume-Uni en 1980, les mères accouchent
1970, juste après la fin du baby-boom. Il est maintenant en moyenne 6 mois plus jeunes de
reparti à la hausse à partir de 1977 et a atteint 30 ans l’autre côté de la Manche. Cette différence
en 2010, soit une augmentation d’un an tous les s’explique toutefois largement par la part plus
dix ans. L’âge moyen des pères à la naissance de élevée des grossesses adolescentes au
leurs enfants a connu la même augmentation, Royaume-Uni. En Italie et en Allemagne, l’âge
passant de 30 à 33 ans. Au début, ces augmenta- moyen à l’accouchement a augmenté plus forte-
tions étaient liées à l’allongement des études et ment qu’en France (plus de trois ans et demi en
au recul de l’âge de mise en couple. Mais la trente ans). Déjà plus élevé que dans les autres
durée des études n’augmente plus depuis 1995 pays en 1980, l’âge moyen à l’accouchement
et la proportion de moins de 30 ans vivant en dépasse maintenant 31 ans en Italie. Dans ce
couple a cessé de baisser. Si les bébés ont des pays, l’âge au départ du foyer familial est très
parents de plus en plus âgés, c’est donc surtout tardif, en lien avec des difficultés économiques
parce que les personnes en couple attendent très marquées chez les jeunes. En Allemagne, la
plus longtemps pour avoir des enfants, par conciliation vie familiale-vie professionnelle reste
exemple pour être plus avancées dans leur vie difficile.
professionnelle ou profiter de la vie à deux. Au Or, les variations de l’âge à l’accouchement ont
total, moins d’un bébé sur deux naît en 2010 une incidence sur la fécondité : un report des
avant les 30 ans de sa mère (contre les trois naissances se traduit par un nombre de naissances
quarts en 1980), et moins d’un bébé sur trois diminué de manière transitoire, ou de manière
avant les 30 ans de son père (contre plus de la définitive si certains projets de parentalité repoussés
moitié en 1980). ne se concrétisent pas.
Vue d’ensemble - Portrait de la population 27
19. ... mais pas l’ampleur de la croissance de la population française
Si le niveau de la fécondité française peut expliquer un écart de croissance démographique
avec l’Allemagne ou l’Italie, il ne peut cependant être considéré comme le moteur de la crois-
5
sance démographique de la France. En effet, même à 2,01 enfants par femme en 2010 (niveau
record depuis la fin du baby-boom), la fécondité n’atteint pas le « seuil de renouvellement des
6
générations » . De surcroît, les évolutions de cette fécondité depuis 1980 ont joué en moyenne
négativement sur la croissance démographique : en 2011, la population française est inférieure de
1,3 million à ce qu’elle aurait été si la fécondité relativement élevée de 1980 (1,95 enfant par
femme) et les taux de fécondité par âge de cette année s’étaient maintenus sur toute la période.
La hausse de l’espérance de vie s’est traduite par 3 millions de personnes
supplémentaires en trente ans
C’est donc ailleurs que dans la fécondité qu’il faut chercher les facteurs de croissance de la
population, et notamment, dans l’augmentation de l’espérance de vie et dans la diminution
transitoire des décès qu’elle entraîne. En France, en trente ans, l’espérance de vie a augmenté
de 8 ans pour les hommes et de 6,5 ans pour les femmes, réduisant ainsi légèrement l’écart
hommes-femmes qui avait atteint sa valeur maximale en début de période (conséquence de la
progression des morts violentes et de la mortalité cancéreuse chez les hommes entre 1950 et
1980). En 2010, l’espérance de vie des hommes (78,1 ans) a presque rejoint celle qu’avaient
les femmes en 1980. Les progressions de l’espérance de vie lors des trois dernières décennies
sont surtout liées aux progrès réalisés au-delà de 65 ans (notamment en matière de la lutte
contre les maladies cardio-vasculaires), mais également à une diminution de la mortalité
à l’âge adulte chez les hommes (figure 3). À 84,8 ans, l’espérance de vie des femmes
françaises est parmi les plus élevées en Europe. À elle seule, la hausse de l’espérance de vie
3. Décès par âge avec les taux de mortalité de 1980 et de 2010
âge
110
2010
100
2010
90
80
70
1980
1980
60
50
Taux de décès avant 60 ans : Taux de décès avant 60 ans :
40 21 % en 1980, 10 % en 1980,
12 % en 2010 6 % en 2010
30
20
10
Hommes Femmes
0
50 40 30 20 10 0 10 20 30 40 50
en ‰
Champ : France.
Lecture : sur 1 000 femmes qui vivraient toute leur vie dans les conditions de mortalité de 2010, près de 48 décèderaient à 91 ans, mais 60 (soit 6 %) mourraient
avant 60 ans. Ce mode de calcul permet de s’affranchir de la forme de la pyramide des âges.
Source : Insee, estimations de population, statistiques de l'état civil et calculs des auteurs.
5. Indice conjoncturel de fécondité provisoire, estimé sur la base des données démographiques arrêtées fin 2010
(comme l’ensemble des données concernant la France de cet article).
6. En effet, 100 femmes devraient en moyenne avoir 207 enfants pour renouveler leur génération, c’est-à-dire pour que
parmi leurs enfants, 100 femmes atteignent elles-mêmes l’âge d’avoir des enfants.
28 France, portrait social - édition 2011
20. entre 1980 et 2010 s’est traduite par une augmentation de la population française de
3,1 millions de personnes au bout de trente ans. La progression de l’espérance de vie est assez
proche d’un pays à l’autre : à l’inverse de la fécondité, elle est une des raisons de l’augmenta-
tion de la population dans les quatre pays étudiés, mais en revanche elle n’explique pas les
différentiels de croissance démographique entre eux.
Les migrations sont à l’origine d’une croissance démographique de 3 millions
de personnes
Un troisième facteur de la croissance démographique est le solde migratoire, différence
entre les entrées et les sorties du territoire. Sur trente ans, le solde migratoire de la France
dépasse les deux millions de personnes. Le Royaume-Uni a connu un solde migratoire proche,
tandis qu’il était plus élevé en Allemagne (6 millions) ou en Italie (4 millions). Au bout de
trente ans, l’impact du solde migratoire sur la population ne se réduit pas au total cumulé des
entrées et sorties. En effet, en contribuant à l’augmentation de la population, les migrations
augmentent également à terme le nombre de naissances (et ce, même à taux de fécondité par
âge inchangés) : c’est un effet indirect du solde migratoire. Au total, ces effets direct et indirect
du solde migratoire expliquent 3 millions de la croissance démographique française en trente
ans, sans tenir compte ici des variations de fécondité liées aux migrations.
Le solde migratoire cumulé (2 millions) ne s’identifie pas à la croissance de la population
7
immigrée (passée de 4 à 5,3 millions entre les recensements de 1982 et 2008) , ni au nombre
d’immigrés arrivés en France depuis une trentaine d’années. En effet, en 2008, 3,3 millions
d’immigrés déclarent être arrivés en France depuis moins de trente ans, mais une partie des
immigrés qui vivaient en France il y a trente ans sont décédés ou repartis à l’étranger (cf. Vue
d’ensemble, « Les immigrés, les descendants d’immigrés et leurs enfants »). De plus, le solde
migratoire dépend également des entrées et sorties des non-immigrés.
La moitié de la croissance démographique française entre 1981 et 2011 est
liée à son histoire avant 1981
Au total, si l’on décompose, la population française a diminué de 1,3 million entre 1981 et
2011 du fait de la baisse en moyenne de la fécondité, elle a augmenté de 3,1 millions sous
l’effet de la hausse de l’espérance de vie, et encore de 3 millions sous les effets directs et
indirects du solde migratoire (figure 4). Les évolutions de la fécondité et de la mortalité
ajoutées aux migrations entre 1981 et 2011 expliquent donc un peu moins de 5 millions de
croissance démographique, soit à peine la moitié de la croissance observée (figure 5.a). Pour
comprendre le reste de l’augmentation de la population, il faut s’intéresser à la forme particu-
lière de la pyramide des âges française en 1981 et donc aux évolutions démographiques
antérieures à 1981, notamment en matière de fécondité. Ce sont largement elles qui expli-
quent qu’en 1981, les générations âgées de moins de 35 ans sont relativement nombreuses,
notamment celles nées pendant le baby-boom de 1946 à 1974, tandis que les générations
âgées de plus de 60 ans sont quant à elles peu nombreuses (figure 5.b). En particulier, les
personnes âgées de 61 à 65 ans début 1981, nées entre 1915 et 1919, appartiennent à des
générations ayant compté en moyenne 450 000 personnes à la naissance (en métropole),
contre 760 000 à 780 000 pour les générations voisines. Il a ainsi « manqué » plus
de 300 000 naissances par an pendant cette période : au total sur cinq ans, le déficit de
8
naissances lié à la première guerre mondiale s’élève donc à plus de 1,5 million de personnes .
7. Dernière estimation disponible, la population immigrée étant estimée à partir du recensement.
8. En comparaison, les naissances 1940-1945 sont de 590 000 en moyenne (métropole), contre 625 000 avant, soit un
déficit de 35 000 ou 5 % par an, et un déficit cumulé de l’ordre de 200 000.
Vue d’ensemble - Portrait de la population 29
21. 4. Décomposition de la croissance démographique de la France entre 1981 et 2011
en millions d'habitants
Variation de la population entre les 1er janvier 1981 et 2011 …
…liée au changement
…si le comportement totale liée
du comportement démogra-
démographique était resté au comportement
phique
à son niveau de 1980 démographique
entre 1980 et 2010
Fécondité + 24,4 – 1,3 + 23,1
Mortalité – 19,2 + 3,1 – 16,2
Solde naturel + 5,1 + 1,7 + 6,9
dont : moins de 30 ans – 1,7
30 ans ou plus + 6,8
Solde migratoire (impact direct et indirect) + 2,3 + 0,6 + 3,0
Total + 7,5 + 2,3 + 9,8
Champ : France.
Lecture : en l’absence de migrations, et si la fécondité et la mortalité étaient restées celles de 1980, la population française aurait augmenté de 5,1 millions entre le
1er janvier 1981 et le 1er janvier 2011. Si l’on ajoute à cela les effets des variations de la fécondité (– 1,3 million), de la mortalité (+ 3,1) et l’impact direct et indirect
des migrations (+ 3,0), on obtient la variation totale de la population effectivement obser vée, soit + 9,8 millions d’habitants en trente ans.
Source : Insee, calculs des auteurs.
En conséquence, la population française de 60 ans ou plus était relativement peu
nombreuse en 1981 : 9,5 millions de personnes (17 %), soit presque 2 millions de moins qu’au
Royaume-Uni par exemple (11,3 millions, 20 %). En trente ans, la France (comme l’Italie) a
donc connu 2 millions de décès de moins que le Royaume-Uni. À l’inverse en 1981, la France
et l’Italie comptaient 1 million de personnes de moins de 30 ans de plus que le Royaume-Uni.
Ces générations ont eu des enfants sur la période : avec la fécondité française, cela correspond
à environ 1 million de naissances supplémentaires dans les trente années suivantes. In fine,
c’est l’histoire démographique d’avant 1981 qui explique le différentiel de croissance des
9
populations française et britannique . En contrepartie, la part de la population âgée de 60 ans
ou plus a progressé beaucoup plus vite en France (+ 6 points), contre moins de la moitié au
Royaume-Uni, et ces deux pays ont maintenant retrouvé une structure par âge proche. Aussi, à
l’avenir, si leurs évolutions d’espérance de vie restent comparables, ce sont les différences de
fécondité ou de migrations qui seront à l’origine de leurs écarts de croissance démographique.
D’après les hypothèses de projection retenues par Eurostat, la population britannique pourrait
dépasser la population française vers 2030, en raison d’un solde migratoire plus élevé
compensant une fécondité légèrement inférieure. La croissance de la population italienne
resterait en deçà. La baisse de la population allemande amorcée en 2003, se poursuivrait ; elle
pourrait être dépassée par la population britannique, puis par la population française au cours
des années 2040. Le vieillissement de la population serait plus prononcé en Allemagne et en
Italie : la part des 60 ans ou plus y atteindrait respectivement 39 % et 38 % en 2060, contre 32 %
en France et 30 % au Royaume-Uni, supposés conserver une fécondité plus élevée (et donc
une part de jeunes plus grande). n
9. En effet, même avec la fécondité, la mortalité et les migrations qu’a connues la France depuis 1981, la population du
Royaume-Uni n’aurait augmenté que de 7 millions, contre 10 millions pour la France ou l’Italie.
30 France, portrait social - édition 2011
22. 5. Effet des différents facteurs sur la croissance démographique depuis 1981
a. effet des variations de fécondité, de mortalité et des migrations
âge Hommes Femmes
100
90
80
70
60
50
40
30
20
Lecture : si la fécondité et la mortalité étaient restées inchangées
depuis 1980, et s’il n’y avait pas eu de migrations, la population de la 10
France au 1er janvier 2011 aurait été de 60,4 millions (pyramide
pleine) contre 65 millions en réalité (pyramide en contour). La 0
différence entre ces deux pyramides correspond donc à l’effet des 500 400 300 200 100 0 100 200 300 400 500
migrations et des variations de la fécondité et de la mortalité depuis
1980. en milliers
b. effet « forme de la pyramide des âges » en 1981
âge Hommes Femmes
100
90
80
70
60
50
40
30
20
Lecture : même à fécondité et mortalité inchangées et sans 10
migrations, la population serait passée d’un peu plus de 55 millions
au 1 er janvier 1 9 8 1 ( p y r a m i d e p l e i n e ) à 60,4 millions au 0
1er janvier 2011 (pyramide en contour). La comparaison des deux 500 400 300 200 100 0 100 200 300 400 500
pyramides ci-contre illustre la croissance démographique liée à la
forme de la pyramide des âges de 1981. en milliers
Champ : France.
Source : Insee, calculs des auteurs.
Vue d’ensemble - Portrait de la population 31
23. Pour aller plus loin
Fécondité
• Près de 10 % des femmes nées entre 1945 et 1953 et 14 % des hommes nés entre 1943 et 1951 n’ont
pas eu d’enfant.
« Ne pas avoir eu d’enfant : plus fréquent pour les femmes les plus diplômées et les hommes les
moins diplômés », Insee Références France, portrait social, édition 2006.
• Les femmes ont aujourd’hui leur premier enfant vers 28 ans, contre 24 ans dans les années 1970 et
e
25 ans au début du xx siècle.
« Pourquoi le nombre de naissances continue-t-il d’augmenter ? » Population et sociétés n° 454,
Ined, mars 2009.
• La fécondité aurait pu croître plus fortement en France sans la récession.
« Deux enfants par femme dans la France de 2010 : la fécondité serait-elle insensible à la crise
économique ? », Population et sociétés n° 476, Ined, mars 2011.
Mortalité et longévité
• Le nombre de décès augmente depuis 2006 car les générations les plus âgées sont de plus en plus
nombreuses. La mortalité infantile stagne tandis que celle de nos voisins européens continue de
baisser.
« Le nombre de décès augmente, l’espérance de vie aussi », Insee Première n° 1318, octobre 2010.
• À l’heure où les retombées de la révolution cardiovasculaire en termes d’espérance de vie
s’épuisent, les futurs gains d’espérance de vie pourraient venir d’une attention grandissante portée
aux personnes âgées.
« Espérance de vie : peut-on gagner trois mois par an indéfiniment ? », Population et sociétés n° 473,
Ined, décembre 2010.
• Il y a treize fois plus de centenaires en 2010 qu’en 1970. Un sur deux vit encore à domicile.
«15 000 centenaires en 2010 en France, 200 000 en 2060 ? », Insee Première n° 1319, octobre 2010.
Couples
• La proportion de jeunes de 20 à 24 ans en couple ne baisse plus. Celle des personnes de plus de
60 ans en couple continue d’augmenter.
« Vivre en couple », Insee Première n° 1281, février 2010.
• Malgré une très forte progression, le nombre des pacsés reste faible aux âges où l’on se met en
er
couple. Ainsi, au 1 janvier 2009, 3 % des adultes de 18 à 39 ans sont pacsés.
« Un million de pacsés début 2010 », Insee Première n° 1336, février 2011.
Évolution démographique
• « Bilan démographique 2010 - La population française atteint 65 millions d’habitants», Insee
Première n° 1332, janvier 2011.
• « L’évolution démographique récente en France : les adultes vivent moins souvent en couple »,
Population n° 3, Ined, 2010.
• « Projections de la population à l’horizon 2060 - Un tiers de la population âgé de plus de 60 ans »,
Insee Première n° 1320, octobre 2010.
• « The greying of the baby boomers - A century-long view of ageing in European populations » ,
Statistics in Focus, Eurostat, 23/2011.
32 France, portrait social - édition 2011
24. Les immigrés, les descendants d’immigrés et leurs enfants
Pascale Breuil-Genier, Catherine Borrel, Bertrand Lhommeau*
En 2008, 8,4 % des personnes vivant en France sont immigrées. Deux immigrés sur dix vivent
en France depuis quarante ans au moins et trois sur dix sont arrivés il y a moins de dix ans. Par
ailleurs, les descendants directs d’immigrés représentent 11 % de la population en France
métropolitaine ; la moitié ont entre 18 et 50 ans, et parmi eux, la moitié ont un seul parent
immigré.
La diversité des origines de la population se retrouve chaque année dans les naissances. En
2010, comme au début des années 1980, 16 % des nouveaux-nés ont une mère immigrée.
Souvent, le père et la mère ont des histoires différentes. Ainsi, parmi les enfants nés entre
2006 et 2008 ayant un parent immigré, six sur dix ont un autre parent qui n’est pas immigré.
Sur deux générations et en combinant les histoires des deux parents, les histoires familiales
des enfants nés entre 2006 et 2008 sont donc variées : un enfant sur dix a deux parents
immigrés, six sur dix ont deux parents qui ne sont ni immigrés ni descendants d’immigrés, et
trois enfants sur dix ont des profils plus « mixtes ». Cette diversité apparaît encore plus
nettement quand on tient compte des pays d’origine des parents ou grands-parents.
1
En 2008, 5,3 millions d’immigrés résident en France (5,2 millions en métropole). C’est un
tiers de plus qu’en 1982 ; ils étaient alors 4 millions (voir fiche 2.3). La part des immigrés dans
la population de la France est ainsi passée de 7,4 % au cours des années 1980 et jusqu’à la fin
des années 1990 à 8,4 % en 2008 ; elle a crû d’1 point en 10 ans.
Deux immigrés sur dix vivent en France depuis quarante ans au moins et trois
sur dix sont arrivés il y a moins de dix ans
Diverses vagues d’immigration ont contribué à la composition de la population immigrée
2
actuelle . L’ancienneté de présence sur le territoire témoigne de ces apports successifs
(figure 1). Les immigrés les plus anciens viennent majoritairement d’Europe du Sud. En 1982,
Repères
5,3 millions d’immigrés en 2008 en France :
- la moitié sont des femmes, voir fiche 2.3
- 15 % ont moins de 30 ans, 36 % ont 60 ans ou plus,
- 38 % sont originaires d’Europe, 43 % sont originaires d’Afrique.
* Pascale Breuil-Genier, Catherine Borrel, Bertrand Lhommeau, Insee.
1. La population immigrée est constituée des personnes nées étrangères à l’étranger et résidant en France. Elle comprend
donc en partie des personnes qui, depuis leur arrivée, ont acquis la nationalité française. À l’inverse, elle exclut les
Français de naissance nés à l’étranger et résidant en France ainsi que les étrangers nés en France.
2. L’analyse des caractéristiques des personnes présentes ne reflète que partiellement l’histoire migratoire puisqu’elle ne
tient compte que des migrants qui sont restés en France. En outre, les vagues migratoires les plus anciennes du XIXe ou du
début du XXe siècle, tels que les Belges, Polonais, Russes, etc., ne sont plus « repérables » : les immigrés et leurs descen-
dants directs sont pour la plupart décédés.
Vue d’ensemble - Portrait de la population 33
25. la France comptait plus d’un million d’immigrés originaires d’Espagne ou d’Italie. Leur
nombre a diminué de près de la moitié depuis (du fait des décès ou des retours au pays
d’origine). En 1982, la population immigrée la plus nombreuse était originaire du Portugal
(plus de 600 000 personnes). Elle l’est restée jusqu’en 1999, mais comme l’immigration
italienne ou espagnole, du fait des décès ou des retours au pays d’origine, elle diminue
régulièrement au fil du temps. De fait, en 2008, près de 600 000 immigrés sont originaires
d’Espagne ou d’Italie, et autant sont venus du Portugal ; 84 % des premiers et 69 % des seconds
sont arrivés en France depuis au moins 30 ans.
L’essor de l’immigration algérienne a commencé au début des années 1950 et s’est
poursuivi au cours des décennies suivantes. De 600 000 en 1982, le nombre d’immigrés nés
en Algérie a augmenté de près de 20 % pour atteindre 710 000 en 2008. La continuité de
l’immigration algérienne se reflète dans l’ancienneté de la présence en France de ses
immigrés : en 2008, 25 % des immigrés venus d’Algérie sont arrivés en France depuis 40 ans
ou plus tandis que 29 % y vivent depuis moins de 10 ans. Les migrations venues d’un pays
d’Afrique hors Maghreb sont plus récentes. En 2008, le nombre d’immigrés d’Afrique hors
3
Maghreb est de 670 000. 43 % d’entre eux sont en France depuis moins de 10 ans et seuls
12 % y résident depuis 30 ans ou plus (3 % depuis 40 ans ou plus).
La quasi-totalité des immigrés originaires d’Asie (97 %) vit en France depuis moins de 40 ans.
Mais au sein de ce groupe les profils migratoires présentent des caractéristiques très contrastées.
La plupart des immigrés d’Asie du Sud-est (Cambodge, Laos, Vietnam) sont venus en France après
les événements qui ont affecté cette région du monde à la fin des années 1970 : 70 % d’entre eux
se sont établis en France depuis 20 à 39 ans. L’arrivée des immigrés originaires de Turquie a été
plus étalée dans le temps. L’immigration des autres pays d’Asie (Chine, Liban, Sri-Lanka, etc.) est
très récente : plus de 4 immigrés sur 10 vivent en France depuis moins de 10 ans.
Au total, 20 % des immigrés vivent en France depuis 40 ans au moins, 50 % habitent en
France depuis 10 à 40 ans et 30 % sont arrivés il y a moins de 10 ans.
1. Les personnes immigrées en 2008, selon le pays de naissance et l’ancienneté d’arrivée
en France
en %
Ancienneté d’arrivée en France
Effectifs
Pays de naissance moins 40 ans Total
(en milliers) 10-19 ans 20-29 ans 30-39 ans
de 10 ans et plus
Europe 2 030 25 13 8 18 36 100
Union européenne (UE 27) 1 810 22 12 8 18 39 100
dont : Espagne 260 8 4 3 10 75 100
Italie 320 9 5 4 7 76 100
Portugal 580 11 11 9 41 28 100
Autres pays de l’UE 27 650 44 20 12 8 17 100
Autres pays d’Europe 220 48 20 6 12 14 100
Afrique 2 270 32 19 18 18 14 100
Maghreb 1 600 27 16 17 21 18 100
dont : Algérie 710 29 16 14 16 25 100
Maroc, Tunisie 890 25 16 20 25 13 100
Autres pays d’Afrique 670 43 24 20 9 3 100
Asie 760 33 21 26 17 3 100
dont : Turquie 240 28 22 27 20 2 100
Cambodge, Laos, Vietnam 160 12 11 39 31 6 100
Autres pays d’Asie 360 46 25 20 8 3 100
Amérique, Océanie 280 47 23 19 8 3 100
Ensemble 5 340 30 17 15 17 20 100
Champ : France.
Note : la répartition par ancienneté est calculée sur les personnes ayant donné leur année d’arrivée.
Source : Insee, recensement 2008, exploitation principale.
3. Hors Algérie, Maroc, Tunisie, il y a plus de 50 pays dans cette zone géographique.
34 France, portrait social - édition 2011
26. 3,1 millions de personnes de 18 à 50 ans nées en France métropolitaine ont
au moins un parent immigré
Les immigrés ont parfois eu des enfants après leur arrivée en France, que ce soit avec une
personne immigrée ou non. En 2008, environ 6,5 millions de descendants directs d’un ou de
4
deux parents immigrés vivent en France métropolitaine (et y sont nés) . 3,1 millions ont
entre 18 et 50 ans, la moitié d’entre eux ont un parent immigré et un parent non immigré
(figure 2).
L’origine du ou des parents immigrés des descendants de 18 à 50 ans est logiquement liée à
l’ancienneté des différentes vagues de migrations : la moitié des descendants directs ont un
parent immigré né en Europe (huit fois sur dix en Espagne, en Italie ou au Portugal), et 35 % ont
un parent né au Maghreb. Par ailleurs, lorsque l’un des parents est immigré d’Afrique, d’Asie
ou du Portugal, deux fois sur trois l’autre est aussi immigré, éventuellement d’un autre pays.
Pour les autres pays d’Europe, c’est le cas une fois sur trois, voire moins. Ces écarts s’expli-
quent en partie par les circonstances de l’immigration des parents. Notamment, la part des
immigrés venus en couple varie selon les pays d’origine, en lien avec l’âge d’arrivée et le motif
de migration.
2. Pays de naissance des parents immigrés des descendants directs âgés de 18 à 50 ans en 2008
Un ou deux parents immigrés Dont deux parents immigrés
Pays de naissance du parent immigré1
(en milliers) en milliers en %
Europe 1 540 580 38
Union européenne (UE 27) 1 470 550 38
dont : Espagne 350 120 33
Italie 430 140 33
Portugal 420 270 65
Autres pays de l’UE 27 280 30 10
Autres pays d’Europe 70 30 37
Afrique 1 280 870 68
Maghreb 1 090 750 69
dont : Algérie 620 410 67
Maroc, Tunisie 470 340 71
Autres pays d’Afrique 190 120 62
Asie 210 130 63
dont : Turquie 60 60 90
Autres pays d’Asie (y.c. Cambodge, Laos, Vietnam) 140 70 51
Amérique, Océanie 50 10 29
Ensemble des descendants 3 080 1 590 52
1. Pays du parent immigré, celui du père s’il est différent de celui de la mère.
Champ : adultes nés en France métropolitaine d’au moins un parent immigré entre 1958 et 1990 et vivant en France métropolitaine en ménage ordinaire.
Lecture : 1,6 million de personnes de 18 à 50 ans nées et vivant en France métropolitaine ont deux parents immigrés. Parmi elles, 270 000 ont un père immigré du
Portugal (et une mère également immigrée, du Portugal ou d’ailleurs).
Source : Ined ; Insee, enquête Trajectoires et Origines 2008.
4. Personnes résidant en ménages ordinaires, nées et vivant en France métropolitaine, et qui ont un père ou une mère
immigré. Cette estimation du nombre de descendants combine le recensement de la population (pour les moins de
18 ans), l’enquête Trajectoires et Origines (pour les 18-50 ans) et l’enquête Emploi (pour les 51 ans ou plus). Avec les
définitions retenues, les enfants ayant migré avec leurs parents sont eux-mêmes considérés comme des immigrés et non
comme des descendants d’immigrés. Par définition, aucun descendant d’immigré n’est lui-même immigré.
Vue d’ensemble - Portrait de la population 35
27. Pour 10 % des naissances actuelles, les deux parents sont immigrés, pour
15 % un seul
La diversité des histoires familiales de la population se retrouve chaque année dans les
naissances. L’enquête Trajectoires et Origines 2008 permet d’étudier le lien à la migration des
enfants qui naissent en France en remontant de deux générations, celle des parents puis celle
5
des grands-parents .
Entre 2006 et 2008, 16 % des naissances sont de mère immigrée, niveau proche de celui
du début des années 1980 (encadré). La part des naissances d’au moins un parent immigré
(père ou mère) est logiquement plus élevée, à 24 % pour 2006-2008 ; elle inclut 15 % de
naissances d’un parent immigré et d’un parent non-immigré. Au total, cette dernière part
ajoutée à celle des naissances de deux parents non-immigrés (76 %) conduit à 90 % de
naissances d’au moins un parent non-immigré. Autrement dit, seul un bébé sur dix a deux
parents immigrés.
Les parents sont plus souvent tous les deux immigrés lorsqu’ils sont originaires de pays
hors de l’Union européenne que de pays dans l’Union (figure 3), pour les naissances
2006-2008 comme pour l’ensemble des descendants d’immigrés (cf. supra). Lorsqu’un parent
est immigré, l’autre parent n’est pas immigré dans six cas sur dix, et n’est ni immigré ni descen-
dant d’immigré dans un tiers des cas.
Pour 15 % de naissances, l’un des grands-parents est immigré et les parents
ne le sont pas
Parmi les enfants nés entre 2006 et 2008, 15 % ont un grand-parent immigré sans avoir de
parent immigré : un de leurs parents est donc descendant direct d’immigré, et quatre fois sur
cinq le deuxième parent ne l’est pas.
Au total, pour la moitié des naissances d’un parent immigré ou descendant d’immigré,
l’autre parent n’est ni immigré, ni descendant d’immigré ; cette part s’élève à trois quarts
si l’immigration est de l’Union européenne et 45 % si elle est d’un pays hors Union
européenne.
3. Répartition des naissances, selon le statut d’immigré et de descendant d’immigré
des parents et leur origine
en %
Origine du parent immigré
Total ou descendant d’immigré1
Union européenne Maghreb Autre
Deux parents immigrés 10 1 4 5
Un parent immigré et un parent descendant d’immigré 6 1 4 1
Un parent immigré et un parent ni immigré ni descendant d’immigré 9 1 4 3
Deux parents descendants d’immigrés 3 1 1 0
Un parent descendant d’immigré et un parent ni immigré ni descendant d’immigré 12 7 3 2
Deux parents ni immigrés ni descendants d’immigrés 61 – – –
Total 100
1. Origine du père si les deux parents sont immigrés ou descendants d’immigrés.
Champ : enfants nés en 2006, 2007 ou 2008 en France d’un parent qui vit en ménage ordinaire en France métropolitaine.
Lecture : 10 % des enfants nés en 2006-2008 ont deux parents immigrés : 1 % ont un père immigré né dans l’UE à 27, 4 % un père immigré né dans le
Maghreb, 5 % un père immigré né dans un autre pays. Et 6 % des enfants nés en 2006-2008 ont un parent immigré et un parent descendant direct d’immigré
(né en métropole).
Source : Ined ; Insee, enquête Trajectoires et Origines 2008.
5. Chaque personne enquêtée décrit tous ses enfants, qu’ils vivent ou non avec elle. Par la suite, on s’intéressera à ceux de
ces enfants nés en France après 2006, c’est-à-dire principalement entre 2006 et 2008 (avec quelques naissances 2009).
36 France, portrait social - édition 2011