3. Fatima vit seule avec ses deux
filles : Souad, 15 ans,
adolescente en révolte, et
Nesrine, 18 ans, qui commence
des études de médecine.
Fatima maîtrise mal le français
et le vit comme une frustration
dans ses rapports quotidiens
avec ses filles. Toutes deux sont
sa fierté, son moteur, son
inquiétude aussi.
Afin de leur offrir le meilleur
avenir possible, Fatima travaille
comme femme de ménage avec
des horaires décalés. Un jour,
elle chute dans un escalier. En
arrêt de travail, Fatima se met
à écrire en arabe ce qu'il ne lui
a pas été possible de dire
jusque-là en français à ses
filles.
4. Entre les ménages qui lui permettent de payer les études de ses filles, le
travail à la maison en particulier la préparation des repas, le soutien
matériel et psychologique de sa fille aînée et l’éducation difficile de
Souad. Il ne lui reste plus de temps pour elle, ou si un peu, le soir, dans
son lit, où elle écrit. En effet, le film est inspiré des écrits de Fatima
Elayoubi « Prière à la lune » et « Je peux marcher seule ». Comme pour
cette femme, la langue écrite semble être le seul moyen pour Fatima
d’évacuer la pression et de vivre mieux. C’est un paradoxe pour elle qui a
tant de mal à communiquer avec ses filles. En effet, Fatima parle mal le
français et leur parle donc en arabe alors que celles-ci lui répondent en
français.
5. Fatima est non seulement un personnage de film, mais avant tout une
personne bien vivante. Elle se consacre à ses filles et respecte les
traditions. Elle sait rester discrète et à la place que la société lui a
imposée, même si elle a envie parfois de montrer qu’elle en sait plus que
son entourage ne le pense comme ses employeurs. « Je comprends bien
madame, répète-t-elle. » Fatima attire la sympathie du spectateur et,
tout au long du film, nous partageons ses joies, mais aussi ses peines, car
Fatima souffre, dans sa chair comme dans sa tête. Lorsque la pression
devient trop forte, c’est son corps qui réagit et qui dit non. Son bras
fracturé refuse de guérir tant que la souffrance psychique est présente.
6. Toutes les scènes du film Fatima,
même si elles présentent des
moments du quotidien sont très
riches, car elles permettent d’aborder
des thèmes centraux de notre société.
Comme pour son film Philippe Faucon
aborde la question de la place des
enfants d’émigrés dans notre société,
de leur difficulté , d’une part à
chercher à adopter un mode de vie
moderne plutôt européen et d’autre
part, à conserver la culture d’origine
de leurs parents.
Le problème est certainement encore
plus aigu pour les adultes. Ils doivent
assumer leur propre vie souvent dans
des conditions difficiles, mais surtout,
garder le contact avec leurs enfants,
éviter à tout prix la rupture comme
c’était le cas dans le film précédent
« la désintégration ». La grande
question posée par le film reste :
comment aider ses enfants à
s’épanouir et à voler de leurs propres
ailes dans une société en mutation ?
Philippe Faucon nous apporte
quelques éléments de réponse au
travers de la lutte de Fatima pour sa
reconnaissance en tant que mère et
femme.
7. Née à Batna en Algérie dans une
famille de dix frères et sœurs,
Soria Zeroual arrête ses études à
l’âge de 15 ans. Elle arrive
en France, à Givors, en 2002, sans
parler le français. Mère de trois
garçons, elle devient femme de
ménage pour subvenir aux besoins
de sa famille.
En 2015, elle joue le rôle-titre du
film Fatima de Philippe Faucon.
Le réalisateur cherchait une
actrice non professionnelle pour
interpréter cette mère de famille
maghrébine parlant mal le
français. Après avoir été incitée
par son frère à se présenter au
casting, Soria Zeroual obtient le
rôle, qui lui vaut une nomination
au César de la meilleure actrice.
8. Elle étudie l'histoire de l'art pour rassurer ses
parents et joue dans une troupe de théâtre
amateur avant d'intégrer à Paris, en 2009, L'école
du Jeu - Delphine Eliet et en 2011,
le Conservatoire d'art dramatique, dont elle est
sortie diplômée en 2014.
Zita Hanrot est remarquée dans le film Radiostars.
Puis, elle joue une serveuse de restaurant dans le
film Une nouvelle amie. Elle e incarne Anaïs dans
le film Eden de Mia Hansen-Løve.
En 2015, elle joue le rôle de Nesrine
dans Fatima de Philippe Faucon pour lequel elle
remporte le César du meilleur espoir féminin le 26
février 2016 avant que le film ne remporte
le César du meilleur film. Dans ce film elle
interprète le rôle d'une étudiante en médecine,
fille d'une immigrée maghrébine maîtrisant mal le
français, qui lutte contre le déterminisme social
En 2016, elle tourne De sas en sas, un drame
réalisé par Rachida Brakni sur les femmes qui
rendent visite à un parent au parloir de la maison
d'arrêt de Fleury-Mérogis, et travaille sur l'écriture
d'un court-métrage.
9.
10. CÉSAR DU MEILLEUR FILM DE 2015
Librement adapté du recueil de poèmes « Prière
de lune » de Fatima Elayoubi et conduit par le
cinéaste Philippe Faucon, Fatima est une
nouvelle variation du réalisateur sur un sujet
toujours brûlant, l’intégration des minorités en
France. Il poursuit après La Trahison, Dans la
vie et La désintégration une œuvre consacrée à
décrire avec justesse des parcours d’immigrés
débarqués de l’autre rive de la Méditerranée.
11. Dans une veine naturaliste, un cinéma social
que ne renierait pas les frères Dardenne,
Philippe Faucon dresse le portrait de deux
générations de femmes. Comme dans les
premiers films des cinéastes belges, la
comédienne principale joue ici pour la
première fois devant une caméra. Soria
Zeroual incarne ainsi Fatima, au plus près de
son parcours, ne parlant elle-même pas le
français. Fatima, immigrée en France de
première génération, est une femme-
courage qui de petits en boulots en petits
boulots se démène pour offrir à ses deux
filles une vie meilleure. Son quotidien est
émaillé par une violence sociale souvent
insidieuse, celle de la bourgeoise qui
l’emploie, le regard que lui renvoient les
parents des camarades de ses filles, lui
faisant ressentir le poids de la différence ou
encore celle de la propriétaire qui refuse de
louer son appartement à une femme voilée.
Sans oublier la colère plus frontale de sa plus
jeune fille à son égard, une colère qu’elle
puise dans la non-acceptation de la vie
laborieuse de sa mère et d’une société qui
l’ostracise.
12. Fatima est le portrait d'une femme de ménage d'origine marocaine,
prête à tous les sacrifices pour offrir à ses filles les études dont elle a
été privée. Une chronique aussi solaire et tendre queLa
Désintégration était sombre et âpre... Le réalisateur connaît trop bien
les cités dites « sensibles » et le sort réservé à la communauté
maghrébine pour verser dans un optimisme béat. Dans Fatima, une
propriétaire prétexte un problème de clés pour ne pas faire visiter son
appartement à deux jeunes filles arabes. Et une grande bourgeoise
laisse traîner de l'argent pour tester l'honnêteté de son employée de
maison... Scènes glaçantes qui rappellent le racisme subi au quotidien
par nombre de minorités dans la France où Marine Le Pen progresse.
Fatima, quadragénaire née au bled, fait partie de ces individus «
invisibles » que la société ignore, alors qu'ils lui sont indispensables.