Microsoft Word - Projet Perso Monnaies Regionales.doc
1. 1
Théo
le
Besnerais
Tuteur
:
Frédéric
Mazet
Entreprise
:
Credit
Agricole
Leasing
&
Factoring
Année
:
2014
/
2015,
M1
BFGR
Groupe
B
Lundi 1 juin 2015
Mémoire:
« Les Monnaies régionales : le modèle de Monnaies Régionales peut-
il réellement se développer et s’imposer en Europe ? Les Monnaies
Régionales sont-elles une alternative à la crise économique en
Europe? »
2. 2
Master 1 Monnaie Banque Finance Assurance :
«
spécialité
Banque
Finance
Gestion
des
Risques
BFGR
»
« Les Monnaies régionales : le modèle de
Monnaies Régionales peut-il réellement se
développer et s’imposer en Europe ? Les
Monnaies Régionales sont-elles une
alternative à la crise économique en
Europe ? »
3. 3
Les
Monnaies
Régionales,
sociales
et
complémentaires
apparaissent
comme
une
innovation
monétaire
de
la
société
civile,
comme
une
réappropriation
citoyenne
de
la
monnaie.
Celle-‐ci
est
alors
tournée
en
un
outil
malléable,
permettant
d’orienter
production
et
consommation.
Dans
une
perspective
de
développement
local
endogène,
elles
présenteraient
trois
potentialités
:
la
territorialisation
des
activités,
la
dynamisation
des
échanges
et
la
transformation
des
pratiques,
des
modes
de
vie,
et
des
représentations
sociales.
Ce
mémoire
propose
d’explorer
le
spectre
des
monnaies
régionales
et
complémentaires
dans
un
contexte
européen
;
de
voir
dans
quelle
mesure
elles
pourraient
y
participer
au
développement,
et
sous
quelles
formes.
L’essor
d’Internet
et
de
monnaies
virtuelles
dans
les
jeux
en
ligne
ont
rendu
ce
phénomène
qui
existe
depuis
les
débuts
de
l’histoire
de
la
monnaie
un
peu
plus
familier.
Toutefois,
la
grande
majorité
de
ces
initiatives
ont
un
but
social
et
non
commercial.
Dans
le
contexte
de
crise
économique
et
financière,
j’ai
souhaité
m’interroger
sur
ce
phénomène,
dont
les
partisans
soutiennent
qu’il
peut
devenir
une
solution
systématique
aux
problèmes
économiques
actuels.
L’argument
central
des
théoriciens
des
monnaies
complémentaires
est
la
résilience
que
procure
la
diversité
monétaire
à
l’économie.
4. 4
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
............................................................................
5
INTRODUCTION
..............................................................................
6
CONTEXTE
POLITIQUE
ET
GEOGRAPHIQUE
......................................
6
1.
LA
MONNAIE
CETTE
INCONNUE
.............................................................
7
1.1
L’eau
et
la
monnaie,
deux
flux
d’eau
......................................................
7
1.2
Faire
de
la
monnaie
un
bulletin
de
vote
...................................................
7
1.2.1
Valeurs
et
monnaies
citoyennes
.........................................................................
7
1.2.2
Contester
l’Euro
et
soutenir
l’économie
.............................................................
8
1.2.3
Antécédents
historiques
.....................................................................................
9
1.2.4
Absence
de
diversité
nuit
à
l’efficacité
.............................................................
10
1.2.5
Des
exemples
concrets
de
monnaies
complémentaires
...................................
12
1.3
Frein
à
l’évasion
grâce
aux
renforcements
de
la
production
.................
14
1.3.1
La
richesse
se
crée
quand
la
monnaie
circule
...................................................
14
1.3.2
Un
point
entre
besoins
sans
réponse
et
ressources
sous
employés
.................
15
1.3.3
Ce
qui
compte
reste
invisible
............................................................................
16
1.4
Des
richesses
non
valorisés
en
monnaie
................................................
16
2.
L’AVENIR
DES
MONNAIES
REGIONALES
.................................................
17
2.1
Qu’est
ce
qu’une
Région
et
une
Monnaie
Régionale
?
..........................
17
2.1.1
Vers
une
monnaie
labellisée
.............................................................................
18
2.1.2
Le
rôle
de
l’Euro
et
le
«
Régio
»
........................................................................
19
2.1.3
Vision
et
réalité
................................................................................................
20
2.2
Quelles
propositions
pour
la
digitalisation
d’une
monnaie
régionale
?
.
21
2.2.1
Un
nouveau
moyen
de
paiement
digital
et
local
..............................................
21
2.2.2
La
nécessité
d’une
meilleure
réactivité
............................................................
22
3.
UN
PROJET
POUR
UNE
EUROPE
DES
REGIONS
:
«
MISE
EN
PLACE
D’UNE
MONNAIE
REGIONALE
».
.......................................................................
23
3.1
La
phase
de
définition
de
la
monnaie
:
bien
cerner
les
exigences
et
le
périmètre
de
la
monnaie
.............................................................................
23
3.1.1
Le
«
diagnostic
»
de
l’existant
:
une
nouvelle
monnaie
peu
connue
des
habitants
...................................................................................................................
23
3.1.2
Les
ressources
à
disposition
pour
réaliser
un
circuit
monétaire
.......................
24
3.1.3
Les
contraintes
liées
à
une
Monnaie
Régionale
...............................................
27
3.1.4
Les
résultats
attendus
......................................................................................
28
BILAN
ET
CONCLUSION
..................................................................
29
BIBLIOGRAPHIE
ET
SITOGRAPHIE
..................................................
31
5. 5
Remerciements
Je
remercie
tout
d’abord
Madame
Selsabila
Michel,
professeur
pour
mon
mémoire
pour
m’avoir
guidée
dans
la
réalisation
de
ce
travail
lors
des
soutenances
d’étapes,
pour
ses
précisions
quant
à
la
forme
et
ses
critiques
qui
m’ont
beaucoup
aidé.
Mes
remerciements
vont
aussi
à
Mme
Sandra
Rigot,
professeur
d’Economie
Monétaire
Internationale,
pour
ses
conseils
lors
de
la
relecture
de
mon
plan.
Je
souhaite
également
remercier,
différents
collaborateurs
au
sein
de
Crédit
Agricole
Leasing
&
Factoring,
à
qui
j’ai
pu
demander
des
conseils
lors
de
la
rédaction
de
ce
mémoire.
Ce
mémoire
aurait
manqué
de
profondeur
empirique
sans
les
inépuisables
ressources
d’André-‐Jacques
Holbecq
et
de
Phillipe
Derudder.
6. 6
Introduction
La
crise
de
l’euro
nous
oblige
à
repenser
en
profondeur
la
politique
monétaire
européenne.
Loin
d’un
fédéralisme
monétaire
esquissé
par
certains
économistes,
chaque
états
membres
tout
en
préservant
la
zone
euro
pourrait
mettre
en
circulation
sur
son
propre
territoire
des
monnaies
complémentaire,
garantie
par
les
recettes
fiscales
et
maintenue
à
la
parité
avec
l’euro.
Cette
monnaie
parallèle
serait
une
monnaie
«
populaire
»
émise
sous
forme
de
billets
de
petite
dénomination
et
destinée
aux
achats
quotidiens.
L’euro
continuerait
d’être
utilisé
pour
régler
les
transactions
de
montant
plus
important,
les
transactions
à
l’échelle
européenne
et
servirait
de
monnaie
d’épargne.
Contexte
politique
et
géographique
Le
fédéralisme
monétaire
imaginé
par
certains
économistes,
rompt
avec
le
monopole
bancaire
privé
sur
l’émission
de
monnaie.
La
Banque
Centrale
Européenne
(BCE)
par
le
rachat
des
dettes
souveraines
sur
le
marché
secondaire
ne
fait
que
conforter
un
système
failli
encore
en
place,
alimentant
un
bulle
des
actifs
(en
majorité
dé-‐corrélé
de
l’activité
économique
réelle).
Plus
fondamentalement,
il
faut
affirmer
que
les
principes
d’organisation
de
la
monnaie
doivent
être
cohérents
avec
ceux
qui
fondent
la
communauté
politique.
Dans
le
cas
de
l’Union
européenne,
il
s’agit
de
transposer
sur
le
plan
monétaire
la
vielle
maxime
«
unité
dans
la
diversité
»,
et
de
reconnaître
que
la
politique
monétaire
est
un
des
outils
dont
les
peuples
souverains
doivent
pouvoir
disposer
pour
protéger
leur
existence
et
s’inscrire
dans
la
durée.
Une
monnaie
complémentaire
circulant
durablement
au
sein
de
l’économie
locale,
en
parallèle
à
l’euro
doit
avant
tout
être
acceptée
par
la
population
et
négociée
avec
le
secteur
privé.
Pour
y
parvenir,
le
gouvernement
devra
construire
activement
la
confiance
dans
la
nouvelle
monnaie
et
maintenir
sa
valeur
au
pair
avec
l’euro.
La
concomitance
entre
crise
et
monnaies
complémentaires
se
comprend
aisément
:
l’argent
manque,
les
banques,
en
difficulté,
diminuent
leurs
facilités
de
financement,
les
entreprises
et
les
particuliers
sont
pris
à
la
gorge,
et
naît
alors
l’idée
:
puisque
l’argent
manque,
créons
une
autre
monnaie
!
Il
faut
comprendre
que
les
monnaies
complémentaires
et/ou
régionales
n’ont
pas
vocation
à
remplacer
la
monnaie
officielle,
mais
à
trouver
sa
place
en
complément
de
celle-‐ci.
On
compte
à
l’heure
à
actuelle
une
multitude
de
monnaies
complémentaires,
puisque
«
nous
en
sommes
à
plus
de
5
000
en
2009,
selon
Bernard
Lietaer,
ancien
haut
fonctionnaire
de
la
Banque
Centrale
de
Belgique
ayant
participé
à
la
création
de
l’euro,
aujourd’hui
l’un
des
spécialistes
mondiaux
des
monnaies
complémentaires
».
7. 7
1. La
monnaie
cette
inconnue
1.1 L’eau
et
la
monnaie,
deux
flux
d’eau
Nos
sociétés
modernes
ont
un
besoin
vital
de
monnaie
pour
vivre
et
prospérer.
La
diversité
et
la
quantité
des
échanges
nécessaires,
la
variété
des
productions
et
des
consommations
de
chacun
est
telle
que
l’absence
de
monnaie
est
quasiment
impossible
à
envisager.
Dans
l’état
actuel
du
monde,
à
cet
instant
de
son
évolution,
l’absence
de
monnaie
signifierait
l’absence
des
échanges,
et
donc
le
retour
de
l’autarcie
primitive.
Nous
sommes
donc
loin
de
la
société
libre,
sereine
et
apaisée
où
les
individus
pourront
vivre
de
leurs
dons
réciproques
sans
que
quiconque
songe
à
tenir
la
comptabilité
de
que
quoi
ce
soit.
La
monnaie
n’a
que
très
rarement
été
produite
logiquement
et
sainement,
en
fonction
des
besoins
d’échanges
de
biens
et
de
services
réels.
Il
a
donc
souvent
existé
un
déficit,
un
manque
de
monnaie
structurel
dû
à
un
décalage
entre
niveau
d’activité
réelle
et
quantité
de
monnaie
en
circulation.
Et
parallèlement
à
cela,
la
distribution
de
la
monnaie
a
presque
toujours
été
effectuée
par
une
autorité
centrale
à
qui
elle
conférait
le
pouvoir
de
décider
ce
qui
serait
valeur
ou
pas
et
quelles
catégories
sociales
seraient
avantagées.
A
l’inverse
,
on
peut
dire
aussi
que
face
à
un
besoin
pressant
de
moyen
d’échange,
il
était
parfaitement
logique,
et
en
quelque
sorte
profitable
à
la
prospérité
d’une
certaine
partie
de
la
société
que
la
monnaie-‐dette
soit
inventée
et
envahisse
le
monde.
Désormais,
95
%
de
la
monnaie
en
circulation
est
constituée
de
simples
lignes
de
chiffres
sur
des
écrans
mais
ce
n’est
pas
une
raison
pour
en
laisser
la
gestion
à
des
émetteurs
privés,
sous
forme
de
dette,
sans
aucun
contrôle,
alors
que
cette
gestion
pourrait
être
faite
de
manière
transparente.
1.2
Faire
de
la
monnaie
un
bulletin
de
vote
1.2.1
Valeurs
et
monnaies
citoyennes
D’un
point
de
vue
économique,
le
système
de
création
et
de
distribution
monétaire
par
le
crédit
qui
est
en
place
dans
la
plupart
des
pays
en
ce
début
de
troisième
millénaire
est
porteur
d’un
grand
nombre
de
défauts
majeurs
et
génère
de
nombreuses
conséquences
négatives
sur
l’ensemble
de
nos
sociétés.
A
part
le
petit
nombre
des
détenteurs
du
privilège
monétaire
qui
profitent
des
avantages
extraordinaires
que
procurent
la
maîtrise
et
le
contrôle
du
processus,
le
reste
des
populations
est
dans
une
situation
de
dépendance
constante.
L’ensemble
de
l’économie
est
déformé
dans
les
grandes
largeurs
par
l’inefficacité
monopolistique
d’un
système
centralisé.
La
dette
qui
accompagne
chaque
unité
monétaire
8. 8
oblige
les
populations
à
un
effort
de
production
insoutenable
qui
ne
peut
être
compensé
que
par
un
endettement
symétrique
et
exponentiel
des
Etats
eux-‐mêmes.
D’un
point
de
vue
politique,
il
est
également
inacceptable
de
laisser
la
gestion
d’un
outil
d’échange
aussi
fondamentale
que
la
monnaie
publique
à
des
entités
privées,
dont
le
but
n’est
pas
de
servir
la
communauté,
mais
au
contraire
d’utiliser
au
mieux
de
ses
propres
intérêts
un
système
qui
lui
a
été
attribué
par
défaut
et
par
ignorance
des
conséquences.
D’un
point
de
vue
éthique,
le
fait
de
confier
la
création
et
la
distribution
de
monnaie
à
des
entités
qui
échappent
au
contrôle
des
populations,
qui
opèrent
sur
des
bases
monopolistiques,
selon
des
règles
non
transparentes
et
sans
le
moindre
accord
démocratique
est
en
complète
contradiction
avec
tous
les
droits
humains
fondamentaux
La
monnaie
courante
est
à
la
fois
très
simple
dans
son
utilisation
et
très
compliqué
dès
que
l’on
essaie
de
s’expliquer
d’où
vient
l’argent,
qui
le
crée,
d’où
vient
le
crédit,
à
quoi
sert
une
banque.
Oser
se
lancer
dans
l’aventure
d’un
projet
de
Monnaie
Régionale,
c’est
finalement
pour
les
citoyens
le
meilleur
moyen
de
s’approprier
les
réponses.
Car
imprimer
des
billets,
c’est
une
façon
pour
nous
et
pour
eux,
de
s’assurer
de
leur
«
infalsifiabilité
»,
de
garantir
les
dépôts,
bref
de
créer
de
la
monnaie.
C’est
l’occasion
de
découvrir
qu’une
simple
association
citoyenne
et
publique
peut
se
réapproprier
cet
usage,
aujourd’hui
confisqué
par
les
établissements
bancaires,
obsédés
non
plus
de
rendre
service
à
leurs
usagers
mais
d’enrichir
leur
actionnaires
et
leur
salariés.
Dans
cette
reconquête
citoyenne,
c’est
le
faire
qui
détermine
le
Comprendre.
1.2.2 Contester
l’Euro
et
soutenir
l’économie
Une
monnaie
complémentaire
est
une
monnaie
qui
peut
être
utilisée
en
complément
de
la
monnaie
officielle.
Nul
n’a
l’obligation
de
faire
ou
de
recevoir
un
paiement
en
monnaie
complémentaire,
il
se
fait
uniquement
si
le
vendeur
et
l’acheteur
sont
d’accord.
La
monnaie
étatique
garde
donc
toute
sa
prééminence,
mais
elle
n’est
pas
unique.
Alors
à
quoi
sert
donc
une
monnaie
complémentaire
?
Tout
simplement
à
permettre
des
transactions
qui
ne
se
feraient
pas
dans
la
monnaie
officielle.
On
peut
expliquer
ce
phénomène
avec
le
WIR
(«
nous
»
en
allemand).
Le
WIR
a
été
créé
en
1934
en
Suisse.
La
crise
de
1929
frappe
durement
les
Etats-‐Unis
et
elle
se
diffuse
dans
toute
l’Europe,
la
Confédération
helvétique
n’y
échappe
pas.
La
tendance
à
la
monnaie
locale
est
particulièrement
forte
depuis
2011.
Elles
ont
plusieurs
noms
selon
la
ville
ou
la
région
où
elles
sont
proposées
mais
surtout,
les
monnaies
locales
sont
considérées
comme
des
monnaies
éthiques,
alternatives
ou
encore
solidaires.
Leur
principe
:
offrir
un
moyen
de
paiement
alternatif
à
l’euro,
basé
sur
un
système
local
reconnu
par
les
partenaires.
En
général,
les
initiateurs
d’une
monnaie
locale
pensent
aussi
à
l’économie
régionale
:
les
artisans,
leur
savoir-‐faire
et
les
produits
locaux
sont
particulièrement
mis
en
valeur.
9. 9
Le
manque
de
confiance
envers
l’euro
est
aussi
l’un
des
moteurs
des
nombreuses
monnaies
locales.
La
monnaie
solidaire
et
peut
être
régionale
un
jour,
est
le
reflet
d’une
crainte
d’une
crise
économique
en
France
et
en
Europe
encore
plus
marquée.
Dotée
de
sa
propre
monnaie,
l’économie
locale
est
et
sera
ainsi
consolidée,
sans
risque
de
crise
de
liquidité.
Bien
entendu,
le
système
a
ses
limites.
1.2.3 Antécédents
historiques
Tout
comme
les
assemblées
directes
locales,
les
monnaies
complémentaires
ne
sont
pas
des
phénomènes
nouveaux,
mais
elles
restent
relativement
méconnues
et
peu
enseignées
dans
nos
cours
d’histoire.
Les
monnaies
complémentaires
qui
ont
existé
dans
l’histoire
ont
pourtant
correspondu
à
des
périodes
de
prospérité
pour
les
habitants.
Contrairement
aux
idées
reçues,
les
monnaies
régionales
disposent
en
Europe
d’une
historicité
considérable.
Elles
existèrent
de
façon
continue
entre
Charlemagne
et
Napoléon.
Il
faut
noter
que
si
les
monnaies
régionales
ont
disparu
du
paysage
européen,
ce
n’est
pas
en
raison
de
leur
inefficacité.
Dans
la
plupart
des
cas,
elles
ont
été
abolies,
sans
autre
forme
de
procès,
par
un
pouvoir
central
qui
entendait
étendre
l’usage
de
son
propre
système
monétaire
pour
mieux
contrôler
les
économies
régionales,
et
cela
sans
égard
pour
les
effets
négatifs
sur
la
population.
Il
est
important
de
rappeler
que
la
monopolisation
monétaire
s’est
souvent
accompagnée
de
mesures
de
répression
militaires
et
d’interdiction
de
systèmes
et
d’usages
préexistants.
Le
parallélisme
avec
les
assemblées
des
villes
et
les
luttes
des
communes
contre
l’Etat
pour
le
maintien
des
«
libertés
municipales
»
est
frappant.
Il
faut
reconnaître
toutefois
que
dans
certains
pays
et
sous
certaines
conditions,
il
existe
des
monnaies
complémentaires
connaissant
un
succès
qui
ne
se
dément
pas.
Le
WIR
notamment,
en
Suisse,
qui
a
réussi
à
perdurer
depuis
1934
(le
fait
que
l’organisation
se
trouve
à
Bâle
et
possède
le
statut
bancaire
y
est
peut-‐être
pour
quelque
chose).
Les
banques,
dont
la
situation
se
détériore,
restreignent
les
lignes
de
crédit
accordées
aux
entreprises,
au
risque
de
les
pousser
à
la
faillite.
Seize
entrepreneurs
décident
alors
de
se
réunir
pour
voir
comment
ils
pourraient
sauver
leurs
sociétés.
Constatant
que
l’entreprise
A
a
besoin
d’argent
pour
acheter
des
marchandises
à
l’entreprise
B,
qui
elle-‐même
a
besoin
d’argent
pour
payer
son
principal
fournisseur,
l’entreprise
C,
ils
décident
de
créer
un
système
de
crédit
mutuel
entre
eux
:
quand
A
achète
chez
B,
A
enregistre
un
débit
et
B
un
crédit
correspondant,
de
même
quand
B
achète
à
C,
etc.
Ces
débits
et
crédits
sont
dénommés
WIR,
et
pour
simplifier
les
choses,
il
est
établi
que
1
WIR
=
1
franc
suisse.
Mais
dans
ce
nouveau
système,
l’argent
dus
système
bancaire
ne
circule
plus.
Ces
entrepreneurs
venaient
de
créer
leur
propre
monnaie,
ainsi
que
leur
propre
banque
(la
banque
WIR)
pour
la
gérer.
A
l’époque,
les
banques
suisses
firent
tout
pour
stopper
ce
projet,
mais
en
vain.
C’était
en
effet
une
part
de
leur
marché
qui
leur
échappait,
des
transactions
sur
lesquelles
10. 10
elles
ne
toucheraient
plus
de
commission.
Mais
le
WIR
perdure
et
se
diffuse
dans
toute
l’économie
suisse.
Aujourd’hui,
une
PME
suisse
sur
cinq
(soit
60
000
entreprises)
adhère
au
système,
et
utilise
donc
le
WIR
en
complément
du
franc
suisse.
En
2000,
un
économiste
américain,
James
Stodder,
a
réalisé
une
étude
économétrique
qui
reprenait
tout
l’historique
des
transactions
depuis
la
naissance
du
système.
Il
a
démontré
que
le
volume
d’activité
du
WIR
augmente
lorsque
l’économie
suisse
se
retrouve
en
récession,
et
baisse
en
période
de
croissance.
Autrement
dit,
cette
monnaie
a
un
effet
contra-‐cyclique.
Une
excellente
chose,
et
qui
ne
coûte
pas
un
franc
d’argent
public.
Sans
le
WIR,
des
PME
suisses
auraient
fermé
leurs
portes,
d’autres
auraient
été
amenées
à
réduire
leur
niveau
d’activité.
La
monnaie
officielle,
notamment
quant
le
secteur
bancaire
est
malade,
peut
devenir
une
contrainte
qui
étouffe
l’économie
;
une
autre
monnaie,
fonctionnant
sur
d’autres
bases,
peut
alors
apporter,
au
moins
en
partie,
une
réponse.
Actuellement
(chiffre
en
décembre
2014),
la
Banque
WIR
compte
plus
de
67
000
PME
participantes
soit
environ
1/5
des
PME
suisses.
Les
transactions
en
WIR
atteignent
1,7
milliards
de
francs
suisses
soit
environ
1,1
milliard
d’euros
et
le
système
monétaire
WIR
représente
1
%
de
la
masse
monétaire
en
circulation
en
francs
suisses.
Par
ailleurs,
884,5
millions
ont
été
octroyés
sous
forme
de
crédits
en
WIR.
Depuis
1998,
le
système
WIR
suisse
s’est
transformé
en
banque
coopérative,
ajoutant
à
ses
fonctions
originelles,
un
système
de
crédit
en
WIR
a
des
taux
avantageux
et
propose
des
services
bancaires
classiques
comme
des
placements.
De
plus,
il
met
aussi
ouvert
au
public,
et
met
à
disposition
des
clients
et
particuliers
une
carte
à
puce
WIR
permettant
de
réaliser
les
paiements
en
WIR
et
Francs
suisse
(CHF)
:
8
325
entreprises
l’acceptent
comme
mode
de
paiement
en
WIR
et
6
727
en
WIR
et
CHF,
pour
49
879
d’utilisateurs.
Ce
dispositif
est
le
seul
survivant
de
la
vague
de
création
de
systèmes
d’échange-‐marchandises
des
années
30.
1.2.4 Absence
de
diversité
nuit
à
l’efficacité
Le
Yin-‐Yang
est
un
concept
taoïste
de
relation
entre
deux
polarités.
Le
Yin
correspond
plutôt
au
féminin,
au
coopératif
et
le
Yang
au
masculin
et
au
compétitif.
Selon
Lao
Tseu,
«
Quand
le
masculin
et
le
féminin
se
combinent
toutes
les
choses
réalisent
l’harmonie
».
Les
monnaies
conventionnelles,
comme
l’euro
ou
le
dollar,
peuvent
être
qualifiées
de
monnaies
Yang.
«
Une
monnaie
Yang
est
une
monnaie
dont
l’émission
est
basée
sur
une
hiérarchie,
sur
laquelle
on
applique
un
intérêt
qui
encourage
l’accumulation,
et
qui
tend
à
créer
la
compétition
entre
ses
utilisateurs.
Toutes
les
monnaies
conventionnelles
sont
des
monnaies
Yang
parce
qu’elles
manifestent
chacune
de
ces
caractéristiques.
C’est
pourquoi
l’économie
compétitive
qu’elles
alimentent
sera
définie
comme
«
économie
Yang
».
Une
économie
Yang
vise
à
générer
du
capital
financier.
11. 11
Les
monnaies
complémentaires,
quant
à
elles,
peuvent
être
qualifiées
de
monnaie
Yin.
Une
Monnaie
Yin
est
une
monnaie
dont
l’émission
est
gérée
par
les
utilisateurs
eux-‐
mêmes,
qui
décourage
l’accumulation
et
qui
encourage
la
coopération
entre
ses
usagers.
L’économie
Yin
vise
à
générer
du
capital
social.
La
complémentarité
entre
monnaies
Yang
(monnaies
conventionnelles)
et
monnaies
Ying
(monnaies
complémentaires,
régionales
ou
locales)
pourrait
nous
permettre
de
lutter
efficacement
contre
la
rareté
de
l’argent
et
contre
le
chômage
et
nous
conduire
vers
une
prospérité
économique,
financière,
sociale
et
durable,
ainsi
que
l’analyse
Bernard
Lietaer
:
«
les
monnaies
complémentaires
sont
un
des
instruments
qui
facilitent
la
transition
vers
le
prochain
système
économique.
The
Future
of
the
money
donne
un
plan
détaillé
pour
une
stratégie
systématique
qui
offre
dès
aujourd’hui
une
possibilité
réaliste
d’atteindre
l’abondance
durable
en
une
génération
au
moyen
des
monnaies
complémentaires.
Source
:
Lietaer,
2009
Aujourd’hui
il
existe
plusieurs
types
de
monnaies
:
-‐ les
monnaies
basées
sur
le
temps
-‐ S.E.L
ou
Systèmes
d’Echanges
Locaux
-‐ Monnaies
locales
complémentaires
Les
monnaies
basées
sur
un
système
d’échange
de
temps.
Les
conditions
de
l’échange
peuvent
être,
soit
indépendantes
de
la
valeur
du
service
rendu
(une
heure
vaut
une
heure),
soit
basées
sur
la
négociation
(on
se
met
d’accord
sur
des
valeurs
d’échange
différentes
selon
la
nature
du
service).
Elles
sont
bien
adaptées
aux
communautés
où
le
besoin
essentiel
est
l’entraide
mutuelle.
Le
Time
Dollar
et
les
SELs
fonctionnent
souvent
sur
ce
modèle.
Ces
systèmes
fonctionnent
très
bien
à
court
terme
:
les
blocages
économiques
12. 12
dus
au
manque
de
chiffres
dans
le
système
monétaire
officiel
(récession,
pauvreté,
chômage)
sont
résolus
quasi
instantanément.
Mais
à
long
terme,
tout
comme
dans
le
système
monétaire
actuel,
la
question
de
l’accumulation
n’est
pas
traitée.
Un
S.E.L.
permet
des
échanges
de
biens,
de
services
et
de
savoirs.
Comme
tous
mes
systèmes
d’échange,
il
regroupe
une
communauté
de
personnes
bien
définie
au
sein
d’une
ville
ou
d’une
région.
Il
y
a
plus
de
450
SELs
en
France.
Ils
ont
tendance
à
se
former
à
la
suite
ou
au
cours
d’une
crise
dans
les
régions
où
la
pénurie
monétaire
se
fait
douloureusement
sentir
au
niveau
de
l’activité
économique
et
de
l’emploi.
Les
difficultés
financières
provoquent
une
prise
de
conscience
de
la
source
profonde
du
problème
:
un
manque
de
moyen
d’échange.
La
solidarité
et
l’astuce
font
le
reste.
La
monnaie
d’un
SEL
est
une
simple
comptabilité
mutuelle
matérialisée
par
un
certain
nombre
d’unités
monétaires
autonomes.
Chaque
membre
de
l’association
possède
son
propre
carnet
de
compte.
Les
transactions,
crédit
de
l’un
et
début
de
l’autre,
sont
simplement
inscrites
sur
les
carnets
de
deux
intervenants
à
chaque
transaction,
avec
parfois
une
troisième
inscription
sur
un
registre
global.
Chaque
monnaie
complémentaire,
qu’elle
soit
mise
en
œuvre
sous
forme
de
monnaie
locale,
de
SEL,
ou
autre,
est
fondée
sur
des
règles
parfois
complexes,
mais
toujours
transparentes.
Ces
règles
sont
acceptées
librement
et
en
tout
connaissance
de
cause
par
l’ensemble
des
membres
de
la
communauté
qui
l’utilisent.
Plus
de
2
000
systèmes
de
monnaies
complémentaires
sont
utilisés
dans
le
monde.
Toutefois,
il
va
sans
dire
que
les
Etats
surveillent
sans
relâche
du
coin
de
leur
œil
omniscient
toutes
ces
tentatives
de
se
libérer
du
joug
de
la
monnaie-‐dette
officielle.
Au
moindre
signe
de
succès
ou
d’extension
en
dehors
d’un
petite
zone
bien
contrôlable
et
maîtrisée,
la
bras
omnipotent
de
l’Etat,
armé
de
son
arsenal
efficace
de
lois
diverses
et
variées,
ne
manque
pas
de
décourager
et
d’étouffer
toute
velléité
d’extension,
soit
en
qualifiant
les
entraides
locales
en
travail
clandestin
et
en
poursuivant
les
adhérents
malchanceux,
soit
en
mettant
l’amende
et
en
taxant
les
utilisateurs
les
plus
zélés
qui
effectueraient
des
transactions
trop
fréquentes,
soit
encore
en
interdisant
tout
simplement
la
prolongation
des
expériences
bien
avant
qu’elle
puissent
menacer
de
concurrencer
le
monopole
d’Etat.
1.2.5
Des
exemples
concrets
de
monnaies
complémentaires
En
France
une
monnaie
complémentaire
a
acquis
une
certaine
célébrité
:
le
SEL.
Les
membres
de
ce
groupe
(une
association
dont
il
faut
être
membre)
s’échangent
des
services
ou
des
savoir-‐faire.
Ici
l’unité
de
compte
est
l’heure.
S’il
on
donne
un
cours
particulier
de
mathématiques,
on
obtient
un
crédit
qui
permet
ensuite
de
demander
une
réparation
demandant
une
heure
de
travail
à
un
plombier.
Seul
le
temps
de
travail
est
ici
pris
en
compte,
et
non
son
niveau
de
compétence
supposé
ou
réel
:
une
heure
de
cours
de
trigonométrie
vaut
une
heure
de
tonte
de
pelouse.
On
trouve
de
tels
systèmes
également
aux
Etats-‐Unis
(les
Time
Dollars),
au
Canada,
au
Japon,
en
Suisse,
etc.
Les
premiers
SEL
sont
apparus
en
France
en
1994,
on
est
compte
aujourd’hui
300.
Ils
se
développent
plutôt
dans
13. 13
les
régions
enclavées
et
à
faible
niveau
de
revenu
:
l’argent
manque
et
payer
un
plombier
revient
trop
cher,
alors
on
donne
de
son
temps
dans
une
compétence
que
l’on
possède,
et
on
peut
ensuite
payer
la
réparation.
On
comprend
ici
parfaitement
comment
cette
monnaie
complémentaire
permet
la
réalisation
de
transactions
qui
sinon
ne
se
feraient
pas.
Ces
échanges
permettent
ensuite
aux
personnes
de
mieux
s’intégrer
dans
le
tissu
économique,
pour
leur
plus
grand
bénéfice
et
celui
de
la
communauté.
Dans
l’un
de
ses
ouvrages,
l’économiste
anglais
Nicholas
Kaldor
(1908-‐1986)
glisse
une
remarque
anodine
:
lorsqu’une
compagnie
aérienne
offre
des
miles
à
ses
clients,
ne
fait-‐
elle
pas
d’une
monnaie
au
plein
sens
du
terme
bien
sûr,
le
bénéficiaire
ne
peut
pas
le
céder
ou
l’utiliser
chez
son
marchand
des
quatre-‐saisons.
Mais
tout
de
même,
il
s’agit
de
«
quasi-‐
monnaie
».
Avec
certains
programmes,
on
peut
acheter
des
objets
ou
des
services
(location
de
voiture,
cinéma,
etc.).
On
est
ici
à
la
frontière
du
programme
de
fidélisation
et
de
la
monnaie.
De
la
même
façon,
lorsque
l’on
utilise
un
chèque
déjeuner
au
restaurant
ou
au
rayon
traiteur
du
supermarché,
on
utilise
aussi
une
quasi-‐monnaie.
Ces
transactions
échappent
au
réseau
bancaire,
mais
elles
n’existeraient
pas
toutes
si
les
paiements
devaient
s’effectuer
en
euros.
Au
delà
d’exemple
particuliers,
les
monnaies
complémentaires
les
plus
répandues
sont
celles
qui
s’affichent
à
parité
avec
la
monnaie
officielle,
comme
le
WIR
(1
WIR
=
1
franc
suisse)
et
sont
utilisables
chez
tout
ou
partie
des
commerçants
d’une
ville
ou
d’une
région
comme
j’ai
pu
l’expliquer
précédemment.
En
Allemagne,
des
dizaines
de
monnaies
sont
actives
ou
en
cours
de
lancement,
la
plus
connue
étant
le
Chiemgauer,
du
nom
de
cette
région
de
Bavière
qui
l’utilise
:
lancée
en
2003,
elle
est
acceptée
par
plus
de
600
commerçants
et
a
déjà
circulé
à
hauteur
de
plusieurs
millions.
En
Belgique,
le
RES
circule
surtout
en
Flandre
depuis
1996
et
réunit
plus
de
5
000
commerçants
et
PME,
et
100
000
particuliers.
Le
RES
est
à
la
fois
une
monnaie
inter-‐
entreprises,
comme
le
WIR,
et
une
monnaie
ouverte
aux
particuliers,
comme
le
Chiemgauer.
En
France,
plusieurs
projets
locaux
apparaissent
:
l’Eusko
dans
le
Pays
basque,
le
Déodat
à
Saint-‐Dié-‐des-‐Vosges,
l’abeille
à
Villeneuve-‐sur-‐Lot,
l’Occitant
à
Pézenas,
la
muse
à
Anger,
l’Héol
à
Brest,
la
sardine
à
Concarneau,
la
mesure
à
Romans-‐sur-‐Isère
etc.
A
chaque
fois,
une
unité
de
ces
monnaies
égale
en
euro,
par
souci
de
simplicité.
On
compte
plus
de
5
000
monnaies
complémentaires
à
travers
le
monde,
contre
seulement
quelques-‐unes
au
début
des
années
1990.
Nous
vivons
à
l’époque
de
l’avènement
des
monnaies
complémentaires.
Pour
exemple,
les
promoteurs
de
l’Eusko
attendent
des
collectivités
qu’elles
acceptent
la
monnaie
complémentaire
dans
les
piscines,
les
transports
communs,
la
restauration
scolaire,
etc.
Tout
est
cela
est
prévu
et
pensé
dans
les
esprits,
mais
ce
n’est
pas
encore
mis
en
place.
14. 14
1.3 Frein
à
l’évasion
grâce
aux
renforcements
de
la
production
1.3.1 La
richesse
se
crée
quand
la
monnaie
circule
Une
monnaie-‐dette
rapporte
quand
elle
n’est
pas
utilisée,
elle
permet
de
soutirer
de
la
richesse
à
ceux
qui
n’en
possèdent
pas
et
à
qui
on
peut
la
prêter
avec
intérêt,
ce
qui
évite
d’avoir
à
produire
soi-‐même.
La
monnaie-‐dette
a
donc
tendance
à
être
accumulée.
Dans
certaines
monnaies
complémentaires,
l’unité
est
parfois
«
fondante
»,
c’est
à
dire
grevée
d’un
intérêt
négatif.
Ceci
incite
à
la
dépenser
plutôt
qu’à
la
thésauriser,
puisque
plus
on
la
garde,
plus
elle
perd
de
sa
valeur.
Ceci
à
tendance
à
accélérer
la
fréquence
des
transactions
(V,
la
vitesse
de
circulation
augmente),
ce
qui
relance
mécaniquement
l’activité
économique
de
la
région.
Mais
à
long
terme,
l’option
«
monnaie
fondante
»
retire
de
la
valeur
à
l’unité
monétaire
et
diminue
la
masse
monétaire
existante.
De
plus,
la
question
de
l’accumulation
et
de
ses
conséquences
n’est
toujours
pas
réglée.
Par
exemple,
si
j’épargne
et
garde
toute
la
monnaie
chez
moi
pour
le
futur,
une
des
conséquence
est
que
je
peux
priver
les
autres
de
cet
argent
pour
réaliser
leurs
échanges
potentiels.
C’est
ce
que
l’on
observe
à
l’échelle
mondiale
où
l’argent
est
ultra-‐concentré
dans
certaines
zones
et
complètement
absent
à
d’autres
endroits.
Le
capitalisme
avec
l’intérêt
met
en
avant
la
thésaurisation.
Le
fait
d’épargner
et
d’accumuler
100
euros
deviendront
104
euros
à
la
fin
de
l’année.
La
fonte
de
la
monnaie
(développée
par
Silvio
Gesell)
mais
qui
existait
déjà
au
Moyen-‐Âge
(monnaie
de
Surestarie),
et
en
Egypte
ancienne
permet
de
diminuer
la
valeur
de
la
monnaie
avec
le
temps.
La
monnaie
est
un
outil.
En
fonction
des
besoins
et
de
ce
que
l’on
souhaite
créer,
on
peut
arbitrer
entre
accumulation
et/ou
circulation
on
peut
choisir
l’un
ou
l’autre
des
paramètres.
Nous
savons
depuis
Jared
Diammond
que
la
plupart
des
civilisations
qui
nous
ont
précédé
ont
disparu
par
au
moins
deux
causes
similaires
:
la
consommation
plus
rapide
que
la
production
des
ressources
nécessaires
à
leur
survie
et
l’explosion
liée
au
manque
de
cohésion
sociale
et
d’intégration
de
leurs
populations
de
plus
en
plus
diverses,
que
leur
empire
centralisé
n’a
pu
assurer.
Imaginer
donc
notre
société
qui
offrira
trop
de
promesses
de
consommation
via
le
crédit
?
La
réponse
semble
simple,
réduire
nos
promesses,
réduire
notre
empreinte,
mais
donner
corps
à
une
autre
promesse
via
des
outils
monétaires
et
bancaires
à
une
échelle
«
géographique
»
plus
proche.
15. 15
1.3.2
Un
point
entre
besoins
sans
réponse
et
ressources
sous
employés
Avec
des
monnaies
locales
complémentaires,
les
forces
productives
paralysées
par
le
manque
de
monnaie
officielle
peuvent
à
nouveau
s’exprimer,
les
chômeurs
se
remettent
en
activité,
et
tous
les
gens
qui
ont
des
savoir-‐faire
et
des
connaissances
inemployées
peuvent
recommencer
à
les
utiliser
de
manière
productive.
Même
si
le
volume
de
monnaie
locale
augmente
considérablement
suite
à
cette
relance,
c’est
uniquement
parce
que
l’activité
augmente.
Les
régions
ont
de
nombreux
besoins,
liés
notamment
à
des
problèmes
sociaux
tels
que
le
chômage,
l’emploi
des
jeunes
ou
la
prise
en
charge
des
personnes
âgées.
Davantage
de
besoins
économiques
seront
satisfaits
quand
un
réseau
de
clients
bien
constitué
permettra
aux
entreprises
locales
de
mieux
faire
face
à
la
concurrence
des
grandes
entreprises.
Les
besoins
écologiques
ou
culturels
peuvent
être
remplis
si
l’on
soutient
efficacement
les
associations
locales.
La
préservation
de
l’identité
locale
répond
également
à
un
besoin
culturel.
Par
exemple,
la
prochaine
fois
que
vous
irez
au
restaurant
ou
au
cinéma,
comptez
le
nombre
de
places
ou
de
tables
vides
:
il
s’agit
là
aussi
de
ressources
non
mobilisées.
Les
écoles
fermées
après
les
heures
de
cours
ou
pendant
les
vacances
d’été,
sont
également
une
ressource,
tout
comme
certains
cours
de
l’université
que
suivent
parfois
tout
au
plus
une
dizaine
d’apprentis.
L’idée
est
d’introduire
des
monnaies
locales
et
complémentaires
(MLC)
ou
monnaies
régionales,
là
où
les
monnaies
nationales
ne
permettent
pas
de
satisfaire
tous
les
besoins
et,
en
plus,
négligent
l’utilisation
de
ressources
bien
réelles.
1.3.3 Ce
qui
compte
reste
invisible
L’économie
ne
demande
qu’à
grandir
et
à
accueillir
toutes
les
personnes
qui
le
souhaitent.
Il
y
a
d’immenses
champs
d’activité
qui
ne
sont
pas
reconnus
par
le
système
monétaire
existant.
Un
bénévole
qui
rend
visité
à
des
personnes
âgées
ne
crée-‐t-‐il
pas
de
la
Besoins
insatisfaits
Ressources
non
utilisées
-‐Emploi
des
jeunes
-‐Aide
aux
personnes
âgées
-‐Préservation
de
l’environnement
-‐Ecoles
en-‐dehors
des
heures
de
cours
-‐Sièges
vides
dans
les
cinémas
et
restaurants
-‐Chômeurs
16. 16
richesse
pour
tous
?
Un
jeune
homme
n’enrichit-‐il
pas
la
société
quand
il
crée
un
logiciel
gratuit.
Un
retraité
qui
transmet
son
expérience
à
des
plus
jeunes
ne
produit-‐il
rien
?
Une
mère
qui
s’occupe
elle-‐même
de
son
bébé,
qui
aide
ses
enfants
à
faire
leurs
devoirs,
un
père
qui
passe
du
temps
avec
sa
famille
ne
sont-‐ils
pas
utiles
à
la
société
tout
entière.
Dans
un
système
redevenu
juste
équitable,
croissance
des
échanges
ne
signifie
pas
forcément
croissance
et
pollution
et
du
pillage
des
ressources,
bien
au
contraire.
Il
y
a
tant
d’activités
nuisibles
à
réduire
et
des
secteurs
utiles
à
développer.
La
monnaie
est
devenue
un
anneau
dans
le
nez
de
«
l’homo
economicus
»
et
dicte
sa
loi
violente
et
absurde
à
six
milliards
d’humains
et
à
quasiment
toutes
les
formes
de
vie
sur
terre.
Que
penseront
nos
arrières
arrière-‐petits-‐enfants,
quand
ils
regarderont
les
pertes
collatérales
de
cette
compulsion
dévorante
et
addictive
pour
l’argent
comme
fin,
et
non
comme
moyen
?
98
%
des
transactions
en
monnaie
se
font
sur
les
marchés
financiers
et
à
peine
2
%
servent
à
l’économie
réelle
qui
pourtant
à
pour
fonction
entre
autre
de
maintenir
en
santé,
nourrir,
vêtir,
loger,
déplacer
et
informer
tous
les
citoyens
pour
qu’ils
puissent,
dans
le
respect
des
autres
et
du
bien
commun,
étendre
leur
liberté
individuelle
et
expérimenter
le
chemin
de
leur
propre
bonheur.
1.4 Des
richesses
non
valorisés
en
monnaie
L’hypothèse
sous-‐jacente
à
la
mise
en
place
d’une
Monnaie
Régionale
est
celle
de
l’existence
d’une
capacité
excédentaire
des
entreprises
locales,
par
exemple
un
surplus
de
stocks
pour
certaines
ou
un
surplus
de
temps
pour
d’autres.
Il
existe
une
demande
non
satisfaite
de
ces
biens
et
services
parce
qu’il
y
a
une
pénurie
de
moyens
d’échange.
En
d’autres
termes,
des
biens
et
services
sont
offerts,
que
d’autres
souhaitent
acheter,
mais
à
cause
de
la
pauvreté
(en
monnaie
nationale),
les
biens
et
services
excédentaires
ne
sont
pas
utilisés,
et
la
demande
n’est
pas
satisfaite.
C’est
cette
capacité
excédentaire
qui
n’est
pas
utilisée
qu’il
s’agit
de
monétiser
par
la
création
de
nouveaux
moyens
d’émettre
et
d’acquitter
des
crédits
entre
ces
entreprises.
Derrière
les
caractéristiques
technique
des
monnaies
complémentaires,
il
y
a
volonté,
celle
de
se
réapproprier
les
échanges
économiques
et
la
circulation
monétaire,
et
ainsi
de
favoriser
l’activité
locale
avec
une
monnaie
«
saine
»
(sans
planche
à
billets).
L’absence
de
taux
d’intérêt
indique
aussi
clairement
que
ce
n’est
pas
de
l’accumulation
d’argent
que
viendra
la
richesse
mais
bien
du
travail.
L’économie
réelle
marque
ainsi
clairement
sa
primauté
sur
une
vision
purement
financière.
17. 17
2.
L’avenir
des
Monnaies
Régionales
2.1 Qu’est
ce
qu’une
Région
et
une
Monnaie
Régionale
aujourd’hui
?
Pourquoi
la
majorité
des
acteurs
(économistes
et
intellectuels)
spécialistes
des
monnaies
complémentaires
font-‐ils
le
choix
de
les
structurer
et
de
tenter
de
les
administrer
à
l’échelle
de
la
région
et
des
régions
de
l’Europe
?
On
peut
citer
les
écrits
de
Jane
Jacobs
qui
a
démontré
de
façon
convaincante
que
la
«
cité-‐région
»
est
l’unité
de
base
de
l’activité
économique
humaine,
car
elle
est
l’unité
au
sein
de
laquelle
les
ressources
naturelles
et
la
division
humaine
du
travail
s’associent
pour
répondre
aux
besoins
humains.
Du
point
vu
des
promoteurs
des
monnaies
complémentaires,
il
est
essentiel
que
les
initiatives
locales
se
formalisent
autour
d’une
échelle
plus
grande,
la
région.
Cette
dernière
devant
ainsi
être
la
mesure
pour
imaginer
une
économie
du
futur,
sociale
et
solidaire.
La
proposition
consiste
à
utiliser
la
région
biogéographique
métropolitaine
comme
l’unité
parfaite
pour
développer
des
stratégies
de
redynamisation
régionale
;
qui
incorpore
la
ville
et
son
arrière-‐pays
écologique.
Une
monnaie
bio-‐régionale
serait
une
monnaie
complémentaire
dont
l’objectif
spécifique
combinerait
des
besoins
insatisfaits
avec
des
ressources
inutilisées
;
ces
deux
produits
étant
façonnés
dans
la
région
par
les
hommes
et
la
nature.
Les
systèmes
de
monnaies
complémentaires
exposés
dans
la
partie
une
de
mon
mémoire
tendent
à
montrer
que
le
réseau
ne
dépasse
pas
mille
personnes.
L’ambition
à
travers
la
région
est
de
pouvoir
fédérer
sur
un
plus
grand
spectre
un
nombre
d’acteur
et
de
participants
conséquents
;
par
exemple
entre
dix
mille
à
un
million
d’acteurs.
Le
postulat
qu’il
faut
considérer
avant
de
se
pencher
sur
la
création
d’une
Monnaie
Régionale,
est
que
la
résolution
de
la
crise
de
l’Euro
est
possible.
La
monnaie
régionale
peut
suivre
un
chemin
très
efficace.
Avec
elle,
les
états
en
crise
de
l’Euro
pourront
accélérer
la
circulation
de
la
monnaie
dans
leurs
économies
(optimisation
de
liquidité)
;
ceci
conduira
à
une
croissance
économique,
à
de
nouveaux
emplois,
à
plus
de
recettes
fiscales
et
à
plus
d’indépendance
de
l’étranger.
Les
parlements
et
gouvernements
de
la
Grèce,
du
Portugal
ou
de
l’Irlande
pourront
décider
cela
eux-‐mêmes
et
introduire
une
monnaie
régionale
d’état,
monnaie
qui
sera
appelé
«
Régio
»
dans
la
suite
de
ce
texte.
18. 18
2.1.1 Vers
une
monnaie
labellisée
Le
problème
c’est
que
les
banques
n’aiment
pas
les
monnaies
complémentaires.
Et
on
les
comprend.
Personne
n’abandonne
de
gaîté
de
cœur
une
situation
de
monopole.
Or
les
banques
le
sont
à
la
fois
sur
la
création
de
monnaie
et
sur
le
contrôle
des
échanges.
C’est
comme
expliquer
les
bénéfices
du
logiciel
libre
à
Bill
Gates.
Ces
nouveaux
logiciels
se
sont
pourtant
développés
sans
lui,
preuve
que
la
bataille
est
jouable.
Analyser
le
rôle
des
pouvoirs
publics
dans
le
processus
d’émergence
des
dispositifs
de
monnaies
sociales
nécessite
de
revenir
brièvement
sur
les
conditions
dans
lesquelles
ils
émergent
généralement.
En
première
approche,
nous
pouvons
distinguer
deux
cas
:
d’une
part,
les
dispositifs
de
monnaies
sociales
qui
sont
impulsés
au
niveau
local
par
des
regroupements
associatifs
(formels
ou
informels,
et
quels
que
soient
les
statuts
lorsqu’ils
sont
formels),
et
d’autre
part
ceux
initiés
localement
par
les
collectivités
locales
ou
avec
leur
appui.
Que
les
gouvernements
centraux
établissent
un
cadre
législatif
adapté
est
une
autre
question.
Une
monnaie
régionale
d’état
pourrait
être
introduite
par
un
parlement
européen
ou
par
un
gouvernement
d’un
des
états
en
crise.
Parmi
les
propositions
qui
circulent
actuellement
au
sujet
de
la
Grèce
et
des
autres
pays
en
crise,
une
principale
se
rapproche
d’une
monnaie
régionale
dont
l’Etat
resterait
le
garant.
En
2012,
Christian
Gelleri
est
aussi
aller
dans
ce
sens
en
parlant
de
«
monnaie
express
»
(il
est
à
l’origine
de
la
monnaie
régionale
bavaroise
le
Chiemgauer).
Cette
monnaie
devra
être
l’unité
de
compte
du
bien
commun,
expression
de
notre
volonté
commune
et
qui
sera
l’incarnation
même
de
la
deuxième
phrase
du
premier
article
des
droits
de
l’homme
et
du
citoyen
de
1789,
fondement
de
notre
constitution
pour
faire
société
entre
nous
:
«
…
les
distinctions
sociales
sont
fondées
sur
l’utilité
commune
».
Pour
arriver
à
cette
finalité,
il
nous
faudra
«
labelliser
»
notre
monnaie
commune,
lui
donner
une
odeur,
l’odeur
de
ce
qui
est
juste
et
bon,
du
bien
et
du
vrai,
de
l’utile
et
du
vital.
On
pourrait
d’ores
et
déjà
imaginer
cette
monnaie
labellisée
pourrait
être
l’acte
le
plus
engagé
qui
soit
donnée
à
un
citoyen
dans
ce
contexte
de
crises
monétaires
et
financières
à
répétition.
19. 19
2.1.2 Le
rôle
de
l’Euro
et
le
«
Régio
»
Le
Régio
ne
sera
pas
une
monnaie
autonome,
mais
une
monnaie
«
secondaire
»
de
l’Euro
;
il
lui
sera
attaché
et
sera
utilisé
en
complément.
Il
sera
mis
en
circulation
par
l’état
et
la
banque
centrale
ensemble.
Le
Régio
aura
deux
particularité
:
par
l’impulsion
à
circuler
(droit
d’usage
de
la
monnaie),
sa
circulation
sera
accélérée
;
cela
stimulera
l’économie.
Un
doublement
de
la
vitesse
de
la
circulation
pourra
conduire
à
un
doublement
du
Produit
Intérieur
Brut
(PIB).
Par
un
frein
à
l’évasion
(change
contre
Euro
payant),
la
monnaie
restera
dans
le
pays,
renforcera
l’économie
régionale
et
réduira
le
déficit
commercial.
Le
projet
est
simple
il
met
l’accent
sur
la
dynamisation
des
économies
locales,
il
cherche
à
faire
circuler
plus
rapidement
la
masse
d’euros
disponible
dans
une
région
en
la
convertissant
en
une
monnaie
de
type
«
Régio
»
dotée
à
la
fois
d’une
incitation
à
circuler
(taxe
de
liquidité
sur
les
avoirs
liquides
excessifs
poussant
les
détenteurs
de
liquidité
à
ne
pas
les
conserver
en
l’état
mais
à
les
dépenser
ou
à
les
investir
à
long
terme)
et
d’un
frein
à
l’évasion
(taux
de
change
de
monnaie
régionale
en
euro
grevée
de
10
%
de
frais
pour
limiter
sa
conversion).
Par
ce
biais,
la
pénurie
monétaire
pourrait
être
entièrement
résolue
par
le
seul
accroissement
de
la
vitesse
de
la
circulation
de
la
monnaie
régionale.
Les
pays
bénéficieront
des
avantages
d’une
monnaie
régionale
et
pourront
en
même
temps
rester
en
zone
Euro
;
cela
sera
une
alternative
largement
meilleure
à
une
sortie
catastrophique
de
l’Euro.
On
débat
souvent
si
la
Grèce,
le
Portugal
et
d’autres
pays
surendettés
devraient
sortir
de
la
zone
euro,
car
il
serait
trop
fort
et
«
étouffant
»
pour
ces
pays.
L’Euro
fort
ne
conviendrait
pas
à
l’économie
faible
des
pays,
les
prestations
intérieures
deviendraient
trop
chères,
raison
pour
laquelle
ces
pays
ne
pourraient
se
sortir
de
la
récession,
du
chômage
et
des
recettes
fiscales
en
baisse.
Une
sortie
de
la
zone
couplée
à
l’introduction
d’une
monnaie
nationale
comme
le
Drachme,
l’Escudo
ou
la
Livre
irlandaise
conduirait
à
une
forte
dévaluation
contre
l’Euro
et
baisserait
ainsi
surtout
les
coûts
salariaux
à
un
niveau
compétitif.
En
même
temps,
toutes
les
importations
renchériraient
et
deviendraient
inaccessibles
pour
les
bas
salaires.
Et
puisque
les
dettes
antérieures
sont
libellées
en
Euros,
celles-‐ci
exploseraient,
et
une
restructuration
radicale
s’imposerait.
La
confiance
des
créanciers
extérieurs
serait
totalement
ruinée.
Celle-‐ci
n’est
déjà
pas
très
grande
et
maintenue
seulement
par
le
fait
que
les
pays
à
meilleure
signature
assument
la
garantie.
Ce
que
je
cherche
à
démontrer,
c’est
qu’il
y
a
une
meilleure
alternative
que
la
sortie
de
l’Euro.
L’idée
d’une
monnaie
régionale,
pourvue
d’un
frein
à
l’évasion
pourrait
stimuler
en
plus
l’économie
nationale,
tout
en
évitant
la
création
de
nouvelles
dettes
extérieures,
ni
subventions.
En
quelque
sorte
cela
reviendrait
à
dire
que
l’autonomie
et
la
responsabilité
directe
du
pays
en
difficulté
viendraient
au
premier
plan
et
remplaceraient
la
dépendance
extérieure
grandissante.
Davantage
de
transactions
conduiraient
à
davantage
d’emplois,
réduiraient
le
déficit
commercial,
les
prestations
sociales
et
augmenteraient
les
impôts.
20. 20
L’idée
de
base
est
:
Si
on
peut
introduire
davantage
de
monnaie
dans
l’économie
parce
qu’elle
se
retire
instantanément
via
les
importations
ou
la
fuite
de
la
monnaie,
il
conviendrait
donc
d’utiliser
une
des
monnaies
régionales
«
Euro
Régio
»
ou
monnaies
complémentaire
déjà
existante
;
cela
produirait
une
optimisation
de
liquidité
au
sein
du
zone
géographique
précise.
2.1.3 Vision
et
réalité
Après
le
boom
des
monnaies
locales,
quel
est
le
bilan
?
Les
monnaies
locales
ne
sont
pas
une
solution
en
cas
de
crise.
Complémentaire
de
l’euro
–
car
tous
les
achats
ne
peuvent
réglés
avec
une
monnaie
locale
-‐,
les
monnaies
locales
en
sont
aussi
dépendantes.
Le
taux
de
change
de
1
pour
1
est
une
preuve.
La
monnaie
locale
reste
adossée
à
l’euro…
et
à
ses
risques.
En
cas
de
grave
crise
économique,
si
l’euro
devait
subir
une
forte
dépréciation,
la
valeur
des
monnaies
locales
serait
probablement
dévaluée
d’autant.
En
Allemagne,
le
Chiemgauer
est
la
plus
important
des
plus
de
60
Regiogeld
(monnaies
régionales)
qui
existent
dans
le
pays.
Né
en
2002,
elle
a
actuellement
un
turnover
de
plus
de
550
000
CH/mois
pour
un
chiffre
d’affaire
annuel
des
entreprises
en
Chiemgauer
de
plus
de
6
millions
d’euros
en
2011.
De
plus,
en
2010,
le
Chiemgauer
fait
partie
du
projet
REGIO,
qui
regroupe
environ
30
monnaies
locales
opérationnelles.
Le
réseau
Chiemgauer
compte
aujourd’hui
3
050
membres
(1%
de
la
population
de
la
région)
:
602
entreprises,
217
associations,
2
230
consommateurs.
Il
s’est
associé
récemment
à
un
système
local
voisin,
le
Sterntaler.
De
fait,
le
Chiemgauer
s’est
développé
avec
le
«
bio
»,
et
50%
des
Chiemgauers
passent
par
les
agriculteurs
«
bio
».
1,5
millions
d’euros
ont
été
changés
en
Chiemgauer
«
papier
»
en
2010,
520
000
Chiemgauers
sont
en
circulation,
(dont
330
000
en
e-‐
Chiemgauer,
la
monnaie
électronique).
Après
étude
pour
l’année
2010,
les
Chiemgauers
ont
circulé
en
2010
sur
le
territoire
2,3
fois
plus
vite
que
les
euros
(11,23
contre
4,87
fois
pour
l’euro).
En
Suisse,
la
Banque
WIR
opère
un
système
d’échange
de
marchandises
inter-‐
entreprises
à
partir
d’une
unité
monétaire
interne.
Née
en
Suisse
en
1934
afin
de
lutter
contre
les
effets
de
la
dépression
sur
les
petites
et
moyennes
entreprises,
elle
fédère
aujourd’hui
plus
de
50
000
PME
et
a
été
analysée
comme
un
facteur
de
la
stabilité
économique
suisse,
ayant
un
effet
contra-‐cyclique
et
stabilisateur
sur
l’économie
nationales.
Au
Royaume-‐Uni,
les
Brixton
Pounds
et
les
Bristol
Pounds
sont
deux
initiatives
majeures
de
monnaies
locales
et
complémentaires
du
Réseau
des
Villes
en
Transition.
La
première,
lancée
en
septembre
2009
compte
200
commerçants
affiliés
pendant
que
la
seconde,
lancée
en
septembre
2012,
inclut
400
commerçants
et
800
particuliers.
Soutenues
par
des
conseils
municipaux
de
ces
deux
villes,
ces
monnaies
permettent
d’y
régler
ses
taxes
municipales,
et
à
Bristol
une
partie
des
salaires
des
fonctionnaires
est
payée
en
monnaie
locale.
21. 21
La
multiplication
des
monnaies
locales
est
une
problématique.
Au
fond
ne
serait-‐il
pas
judicieux
d’avoir
une
seule
monnaie
complémentaire
à
l’échelle
d’une
région
?
Le
«
Régio
»
devrait
faire
face
aux
mêmes
problèmes
exposés
ci-‐dessus.
A
noter,
point
crucial,
que
la
question
du
coût
du
financement
des
pouvoirs
publics
n’est
pas
prise
en
considération
pour
l’élaboration
administrative
et
technique
de
la
monnaie
«
Régio
Ȉ
l’échelle
de
la
France
ou
d’autre
pays
au
sein
de
l’Union
européenne.
2.2 Quelles
propositions
pour
la
digitalisation
d’une
monnaie
régionale
?
La
technologie
a
précipité
le
déclin
de
l’argent
liquide.
97%
de
la
masse
monétaire
est
constitué
de
monnaie
électronique.
L’émission
d’argent
liquide
est
monopole
étatique,
tandis
que
la
monnaie
électronique
peut
être
créée
par
les
banques
lorsqu’elles
octroient
des
crédits.
Ce
pourcentage
a
donc
un
impact
important
:
l’immense
majorité
de
la
création
monétaire
repose
désormais
entre
les
mains
d’acteurs
privés
(un
fait
dont
sont
conscients
étonnement
peu
de
personnes,
et
en
particuliers
peu
de
décideurs
ou
d’entrepreneurs).
2.2.1 Un
nouveau
moyen
de
paiement
digital
et
local
A
titre
d’exemple,
fin
2006,
l’institution
qui
gère
les
Chiemgauer
a
émis
des
e-‐
Chiemgauer.
Au
début,
les
commerçants
avaient
tendance
à
échanger
leur
e-‐Chiemgauer
qu’ils
n’avaient
pas
dépensé
;
maintenant
les
utilisateurs
sont
prêts
à
les
conserver.
Le
support
électronique
a
parfois
été
choisi.
Le
SOL
expérimental
en
France
a
choisi
des
cartes
à
puce
lues
par
des
terminaux
spécifiques.
Le
coût
technique
est
alors
bien
plus
élevé
que
les
coupons
papier.
Bien
entendu,
le
choix
de
la
carte
à
puce
a
des
effets
directs
sur
la
façon
dont
la
monnaie
peut
être
diffusée,
acceptée
et
appropriée
par
les
acteurs.
Lors
de
ma
soutenance
orale,
j’aborderai
le
thème
des
«
FinTech
»,
à
travers
la
stratégie
de
grands
groupes
innovants
que
sont
Google,
Amazon,
Facebook
et
Apple.
22. 22
2.2.2
La
nécessité
d’une
meilleure
réactivité
Les
monnaies
régionales
convertibles
en
euro
sont
dépendantes
de
l’euro.
Le
taux
de
change
de
un
pour
un
en
est
une
preuve.
La
monnaie
régionale
comme
imaginée
reste
adossée
à
l’euro…
et
à
ses
risques.
En
cas
de
grave
crise
économique,
si
l’euro
devait
subir
une
forte
dépréciation,
la
valeur
des
monnaies
locales
serait
probablement
dévaluée
d’autant.
On
peut
considérer
que
la
monnaie
papier
comme
l’euro
actuel
n’est
adossée
à
aucune
valeur
tangible.
De
l’autre
côté,
on
identifie
une
monnaie
locale
et
régionale
est
destiné
à
un
usage
immédiat.
Cette
dernière
ne
permet
aucune
épargne
dans
le
temps.
Certaines
monnaies
locales
sont
d’ailleurs
«
fondantes
»
:
leur
valeur
décroît
avec
le
temps,
une
fois
un
délai
de
trois
mois
passé.
C’est
aspect
comme
on
l’a
vu
est
censé
favoriser
leur
circulation.
Mais
dans
ces
conditions,
impossible
de
garder
des
valeurs
chez
soi
pour
les
coups
durs.
Heureusement
que
cette
valeur
ne
caractérise
pas
l’or
(monnaie
refuge
par
excellence).
Par
exemple,
si
l’or
garantit
le
capital
des
particuliers,
il
pourrait
aussi
garantir
une
solidité
du
système
monétaire.
L’or
comme
l’argent
sont
d’ailleurs
longtemps
restés
des
modes
de
paiement
reconnus,
et
dans
le
monde
entier
d’ailleurs.
Sans
pour
autant
qu’une
pièce
ne
perde
de
sa
valeur
:
avec
une
once
d’or,
on
peut
acheter
sensiblement
les
mêmes
valeurs
qu’au
début
du
siècle.
Pour
développer
une
monnaie
solidaire
de
référence,
c’est
sans
doute
vers
un
étalon
or
qu’il
faudrait
se
tourner.
Une
solution
qui
permettrait
aux
particuliers
de
payer
les
pots
cassés
en
cas
de
faillite
bancaire,
ou
de
crise
économique
à
grande
échelle.
Pour
poursuivre
qu’il
s’agisse
de
la
monnaie
«
Regio
»
ou
d’une
monnaie
régionale
basé
sur
l’or,
on
comprend
vite
que
la
mise
en
place
de
telles
monnaies
n’a
rien
d’un
simple
problème
technique
ou
juridique.
Le
défit
est
d’ordre
politique
:
bien
entendu
il
ne
va
pas
de
soi
qu’un
Etat
frappé
par
une
crise
financière
et
déchiré
par
des
conflits
sociaux
parvienne
à
réunir
les
conditions
politiques
nécessaire
pour
créer
la
confiance
dans
une
monnaie
régionale
de
ce
type,
ni
qu’il
soit
capable
d’assumer
une
politique
fiscale
et
monétaire
responsable
par
la
suite.
La
comparaison
des
différentes
expériences
montrent
que
les
difficultés
varient
en
fonction
des
conditions
économiques
objectives
(taux
d’endettement,
de
déficit
extérieur,
d’exportations,
etc.)
mais
aussi
de
conditions
politiques
(légitimité
des
institutions
et
qualité
des
négociations
collectives).
Spontanément,
on
comprend
que
la
responsabilité
revient
aux
acteurs
eux-‐mêmes.
23. 23
3.
Un
projet
pour
une
Europe
des
Régions
:
«
Mise
en
place
d’une
Monnaie
Régionale
».
Au
fil
de
mes
recherches
et
de
mes
questionnement,
je
me
suis
rendu
compte
que
les
personnes
étaient
séduites
par
l’idée
d’une
monnaie
régionale
complémentaire
mais
démunies,
c’est
pour
cela
que
j’ai
décidé
d’imaginer
la
troisième
partie
de
mon
mémoire
comme
un
guide
afin
que
les
personnes
désireuses
de
se
lancer
dans
l’aventure
est
un
canevas.
Cette
dernière
partie
est
un
laboratoire,
où
l’erreur
est
permise.
3.1 La
phase
de
définition
de
la
monnaie
:
bien
cerner
les
exigences
et
le
périmètre
de
la
monnaie
Une
monnaie
est
le
symbole
de
la
confiance
en
mouvement
dans
l’espace
et
dans
le
temps.
C’est
aussi
tout
système
librement
accepté
au
sein
d’une
communauté
pour
tenir
la
comptabilité
mutuelle
de
ses
échanges
de
valeur.
A
l’instar
du
rugby
et
de
la
diversité
de
ses
adhérents,
elle
doit
intégrer
des
entreprises
de
nature,
de
forme
et
de
taille
différente.
La
monnaie
devra
être
analyser
comme
une
institution
sociale
et
non
comme
l’outil
de
maximisation
individuelle
de
l’utilité.
La
monnaie
ne
sera
que
la
manifestation
visible
de
la
main
invisible,
d’un
voile
posé
sur
les
échanges,
un
lubrifiant
qui
aide
l’économie
dans
la
sphère
réelle.
De
plus,
les
individus,
de
par
leurs
relations
qui
entretiennent
font
société,
alors
que
celle-‐ci
finalement
n’est
observée
comme
un
tissu
de
dettes
;
dont
la
monnaie
serait
le
médium
qui
donnerait
une
forme
mesurable
et
quantifiée
à
cet
ensemble
de
relations
sociales.
3.1.1 Le
«
diagnostic
»
de
l’existant
:
une
nouvelle
monnaie
peu
connue
des
habitants
Il
est
souhaitable,
souvent
nécessaire
vis-‐à-‐vis
de
la
loi,
que
les
personnes
qui
désirent
utiliser
la
MLC
adoptée
sur
leur
territoire
adhèrent
de
manière
formelle
au
réseau.
On
peut
suggérer
que
cette
adhésion
se
traduise
par
:
-‐ La
remise
d’un
bulletin
d’adhésion
sur
lequel
figure
une
charte.
La
signature
de
la
charte
représente
en
effet
l’acte
essentiel
d’adhésion.
Par
cette
signature,
la
personne
signifie
qu’elle
a
pris
connaissance
des
valeurs
et
objectifs
et
qu’elle
les
partage.
-‐ Le
paiement
d’une
contribution
annuelle.
24. 24
Bien
entendu,
il
faut
rappeler
que
le
réseau
a
besoin
de
revenus.
S’agissant
d’une
démarche
qui
s’inscrit
dans
la
durée,
elle
ne
peut
être
imaginée
que
conduite
par
des
bénévoles.
L’expérience
démontre
qu’il
y
a
usure.
Un
ou
des
salariés
seront
nécessaires
tôt
ou
tard.
Compte
tenu
de
la
nature
de
la
participation
à
cette
expérience,
une
contribution
financière
donne
crédibilité
et
valeur
à
l’engagement
citoyen.
Reste
maintenant
à
déterminer
le
montant
:
fixer
une
contribution
pivot
invitant
les
personnes
ayant
plus
d’aisance
financière
à
donner
plus
et
permettant
à
ceux
qui
ont
de
faibles
revenus
à
verser
moins
est
une
piste
intéressante
à
explorer.
De
même
que
pour
les
utilisateurs,
il
est
demandé
aux
prestataires
professionnels
de
remplir
un
bulletin
d’adhésion,
de
signer
la
charte
et
de
verser
une
contribution.
Mais
au-‐
delà
de
cela
se
pose
la
question
de
savoir
si
on
accepte
tout
le
monde
sans
distinction
?
Au
contraire
souhaite-‐t-‐on
être
très
sélectif
afin
de
n’accueillir
que
les
prestataires
qui
correspondent
aux
valeurs
de
la
charte
?
Selon
l’endroit
où
l’on
se
trouve,
il
n’est
pas
inutile
de
savoir
comment
l’expérience
peut
s’intégrer
dans
le
paysage
sans
risquer
d’être
abandonnée
pour
cause
d’illégalité,
à
moins
bien
sûr
d’en
faire
une
action
délibérée
de
désobéissance
civile.
Dans
tous
les
cas,
mieux
vaut
savoir
où
on
pose
les
pieds
et
prendre
en
considération
que
ce
que
l’on
décide
de
faire
peut
avoir
des
conséquences
sur
l’ensemble
du
mouvement.
En
général,
les
promoteurs
se
sont
mis
en
rapport
avec
les
autorités
monétaires
de
leur
pays
pour
avoir
confirmation
de
la
légalité
de
leur
action.
Tel
fut
le
cas
pour
le
RES
en
Flandres,
et
pour
le
Chiemgauer
en
Allemagne
qui
a
contacté
la
banque
centrale.
En
France,
les
MCL
sont
légales
à
condition
qu’elles
circulent
à
l’intérieur
d’un
réseau
identifié
et
limité
et
qu’elles
soient
garanties
par
un
montant
équivalent
en
euros.
Ceci
n’est
pas
le
cas
partout.
En
règle
générale,
il
est
fortement
recommandé
d’apposer
sur
les
billets
une
mention
du
type
«
coupon
d’échange,
«
bon
d’échange
»
ou
quelque
chose
du
genre
pour
éviter
d’être
accusés
de
contrevenir
au
monopole
d’émission
de
la
monnaie.
3.1.2 Les
ressources
à
disposition
pour
réaliser
un
circuit
monétaire
L’attitude
prédominante
consiste-‐t-‐elle
à
veiller
à
ce
que
les
entreprises
candidates
soient
en
accord
avec
la
finalité
de
l’action
et
précisent
leur
ferme
intention
de
poser
des
actes
pour
tendre
pas
à
pas
vers
cette
finalité
;
la
création
de
monnaies
régionales
au
sein
de
l’Union
Européenne.
Les
ressources
actuelles
se
trouvent
au
sein
même
des
institutions
européennes.
Il
suffirait
d’étoffer
et
de
faire
rayonner
les
institutions
ci-‐dessous.
L’Association
des
Régions
frontalières
européennes
(ARFE)
est
un
institut
européen
qui
en
réalité
est
une
fondation,
avec
une
organisation
et
une
direction
allemandes.
Nous
distinguerons
essentiellement
deux
éléments
:
les
caractéristiques
alliées
à
l’aspect
historique
et
les
conséquences
sur
le
terrain.
L’ARFE
a
pour
but
de
favoriser
la
coopération