La première partie d’une entrevue avec HUGUES SWEENEY
producteur exécutif du Studio de production interactive du Programme français de l’ONF
La première partie d’une entrevue avec
HUGUES SWEENEY
producteur exécutif du Studio de production interactive du Programme français de l’ONF
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La première partie d’une entrevue avec
HUGUES SWEENEY
producteur exécutif du Studio de production
interactive du Programme français de l’ONF
3. Après plusieurs années à tordre les lettres aussi bien que les idées en étudiant
philosophie (au Collège universitaire dominicain de la philosophie et de
théologie, à Ottawa) et du multimédia (maîtrise à l’UQAM), la littérature et le
death metal, Hugues Sweeney s’est rapidement intéressé autant aux histoires
qu’aux possibilités qu’offre la technologie de les raconter. D’abord aux
nouveaux médias de Radio Canada, puis à la tête de Bande à Part et Espace
Musique, il a rejoint l’Office National du Film du Canada en 2009 en tant que
producteur exécutif dédié aux œuvres interactives. Les projets issus du studio
interactif de l’ONF ont reçu de nombreux prix canadiens et internationaux dont
plusieurs prix Boomerang, SXSW, Japan Media Arts et FIPA d’or.
qui est HUGUES SWEENEY?
4. S.O. : L’ONF entretient un certain nombre de partenariats, avec ARTE par
exemple, où l’ONF prend d’abord la direction, puis le partenaire prend le relais.
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À l’heure actuelle, le Canada est perçu mondialement comme un endroit
important pour la production interactive et multiplateforme. Auriez-vous des
conseils, des recommandations ou des idées au sujet de la coproduction
internationale ?
1
HS. : Franchement, non ! (rires) C’est un espace à combler. À l’ONF, nous
avons saisi l’occasion de combler ce manque. Nous avons un partenariat
avec ARTE, un avec France Télévisions, un autre avec Encuentro
(Argentine), et nous sommes en discussion pour en établir un avec la
Colombie. Nous développons donc des relations solides avec l’Amérique du
Sud actuellement, mais également avec le Quartier des spectacles, à
Montréal, au sujet d’installations publiques au centre-ville.
5. …
1HS. : Je ne fais pas de coproduction avec des producteurs (c’est ça qui est
étrange) ; mes coproducteurs sont souvent des diffuseurs, mais parfois
aussi d’autre types de média. Nous sommes d’ailleurs en discussion avec le
New York Times.
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Il y a un vide, un angle mort où nous savons que si nous nous juxtaposons
avec des établissements comme le nôtre, nous obtiendrons des résultats
que nous serions incapables d’atteindre seuls. Alors, avec ARTE, nous
signons des accords internationaux, puis nous réalisons des projets dans le
cadre de ce partenariat. write global agreements and then we do projects
inside that agreement.
7. S.O. : Lorsqu’on réalise des coproductions, discute-t-on de la façon de
produire des contenus adaptés à des publics de différents pays ?2
HS. : : Oui, absolument. ARTE était un coproducteur de « Fort
McMoney » et nous aimons avoir son apport sur le plan éditorial étant
donné le besoin d’universalité du projet. Le projet « Insomnie » ne s’est
pas réalisé avec des partenaires, mais il a été conçu avec l’idée d’une
diffusion internationale, de façon à être pertinent en Espagne ou au
Japon.
Je pense qu’aujourd’hui, les cultures ne doivent plus à être définies selon
le territoire, mais plus selon l’intérêt du sujet et la préoccupation. C’est ce
qui s’est passé avec la musique ces 15 dernières années, et nous
devrions suivre cette voie. Nous faisons très attention à la manière dont le
public s’approprie le projet et nous nous assurons que le contenu est
pertinent, quelle que soit l’origine du public.
8. S.O. : Comment organisez-vous la répartition du travail dans le cadre d’un
partenariat ? Comment travaillez-vous à distance avec vos partenaires ?
Auriez-vous des conseils ?3
HS. : Si je regarde notre liste de productions des 12 prochains mois,
presque chaque projet est lié à un partenaire international. L’axe Nord-
Sud est plus facile à gérer, puisqu’il n’y a pas de décalage de six à sept
heures à prendre en compte.
Il y a cependant des limites à la communication numérique. Sur une
collaboration de 12 mois, il faut se voir au moins deux fois pour que
l’informel nourrisse le formel. Skype arrive presque le faire. Par exemple,
avec mon correspondant à Vancouver, nous parlons chaque semaine.
Skype fait vraiment la différence par rapport au simple courriel. Mais
nous avons aussi besoin de travailler avec une certaine proximité
physique de temps à autre.
10. S.O. : Une rencontre est sans doute nécessaire dans les premières étapes
de la conception, de l’exploration des possibilités, où les schémas et les
prototypes sont essentiels. Comment faites-vous cela à distance ?
Organisez-vous des réunions dès le début ?
4
HS. : Avec un partenaire national, l’idée est de toujours trouver notre projet
ensemble. Quel sujet, quel traitement et comment nous voulons le formuler,
que ce soit sur le plan de la forme ou de l’expérience.
Généralement, nous nous enfermons dans une pièce pour deux ou trois jours,
nous trouvons le sujet, trouvons le traitement, ainsi que certains éléments clés,
puis celui qui est responsable du projet commence le travail. Ensuite, quand
quelque chose prend forme, lorsque l’idée devient un concept et que le
concept devient tangible, nous travaillons physiquement ensemble quatre à
cinq mois plus tard, pendant un jour ou deux, pour développer le concept en
tant qu’expérience.
Finalement, au tout dernier moment où nous pouvons encore faire des
modifications importantes, nous nous assoyons de nouveau pour terminer le
projet. Il y a donc toujours trois réunions.
11. 4HS. : La distance change aussi la façon dont nous élaborons le projet,
parce que l’étape du développement est en général plus longue. C’est
long et vous perdez de l’énergie parce que vous ne pouvez parler du
projet que quelques heures ici et là. Alors, au point critique du début du
développement, nous mettons soigneusement en place un séminaire de
cinq jours pendant lequel nous prenons toutes les décisions artistiques et
éditoriales importantes de l’expérience. Nous nous réunissons en huis
clos avec les créateurs du projet.
C’est ce que nous avons fait en novembre avec le projet argentin. Je
tirais les ficelles pendant toute la semaine ; je tenais secret le programme
des participants afin qu’ils ne sachent pas ce qui était prévu. Chaque fois
que je leur donnais une tâche, je leur donnais aussi un délai.
….
12. 4HS. : Il y avait un écran, un projecteur et un compte à rebours. Les
participants disposaient de 30 minutes et ne savaient rien de l’étape
suivante. C’est au milieu de la semaine qu’ils ont réalisé qu’ils écrivaient
le scénario du projet. Mais je n’avais jamais dit que c’était le but du
séminaire. Je ne leur ai dit que de suivre les objectifs. Nous essayons de
passer le moins de temps possible sur des discussions stériles ; nous
tentons de simplement agir.
C’est un bon résultat pour cette situation. Nous devenons très efficaces et
supprimons toutes discussions inutiles. Il s’agit plus d’une méthode de
développeur : éliminer, produire, éliminer, produire, éliminer… Vous
tracez le chemin au fur et à mesure qu’il se déroule.
….
14. S.O. : Vous dites qu’il y a des éléments cruciaux qui sont décidés pendant
cette étape. Pouvez-vous préciser ?
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HS. : Nous voulons mettre sur pied un concept d’expérience utilisateur à
360 degrés, de façon qu’à la fin de cette étape, il est possible de raconter
l’histoire de l’expérience de l’utilisateur dans sa totalité. Donc, vous faites
ceci, et vous faites cela sur le Web, puis on vous demande de faire telle
action, vous la faites, puis une autre, une autre, encore une autre, et vous
sortez de l’expérience ainsi, ou vous faites telle action après…
Nous définissons le look et la sensation de chaque plateforme. Nous
essayons de façonner les séminaires en fonction de la nature du projet. Si le
projet est très axé sur la participation, nous passons beaucoup de temps à
réfléchir sur l’auditoire. Souvent, le contenu, le rédactionnel, l’expérience
vont résulter de notre perception de l’auditoire.
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Fin partie 1 « Coproduction » – Partie 2 « Design d’expérience »
15. Code Barre : http://codebarre.tv/fr/#/fr
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Journal d’une insomnie collective : http://insomnie.onf.ca/#/insomnie
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Mégaphone : http://megaphonemtl.ca/
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Fort McMoney : http://www.fortmcmoney.com/fr/#/fortmcmoney
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The Devil’s Toy Remix : http://thedevilstoy.com/en/?lg=fr
Les Projets
16. La Hugues Sweeney CoProduction
entrevue est distribué sous une licence
NonCommercial ShareAlike Creative Commons à
partager, remixé et élargi les non-‐commercially, aussi
longtemps que vous reconnaissez le TMC Resource Kit,
le créateur de l'étude de cas, Anthea Foyer et/ou Dr
Siobhan O'Flynn et vos nouvelles créations identiques
aux termes de la licence..
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copyright original.