Dossier de presse du plan d'apaisement de la circulation de la ville de Tours
Fiche chantier dirigé_Reconnexion d'un bras annexe de la Maine (Angers)
1. Nom des chefs d’équipes:
David Thébault
Lisa Zaganelli
Opération de génie écologique
Reconnexion d’une annexe hydraulique de la Maine
PERSONNE REFERENTE
Technicien de rivière : Florimond NAULLEAU
Mail : f.naulleau@cg49.fr
Téléphone : 0241814949
COMMANDITAIRE
Le Conseil Général 49, qui est également le propriétaire du site.
STATUT DU SITE
Le site se trouve sur une propriété publique à Angers (49) et sur la ZNIEFF « Basses Vallées
Angevines » de type 2 n° 520015393. Les ZNIEFF de type II sont des unités homogènes
délimitées sur la base de critères faunistiques et floristiques. Elles correspondent à des
écosystèmes, “grands ensembles naturels riches et peu modifiés, ou qui offrent des
potentialités biologiques importantes”.
De plus, la boire Jean Moulin fais partie du domaine public fluvial et de par se fait, elle est la
2. propriété de l’État et ici plus précisément du conseil général. En effet, d’après le code du
domaine public fluvial et de la navigation intérieure, article premier (Loi n° 64-1245 du 16
3. décembre 1964, art. 29) : « Le domaine public fluvial comprend : les cours d'eau navigables
ou flottables, depuis le point où ils commencent à être navigables ou flottables jusqu'à
l'embouchure, ainsi que leurs bras, même non navigables ou flottables, s'ils prennent
naissance au-dessous du point où ces cours d'eau deviennent navigables ou flottables […]".
Les boires (ou bras morts) en général, et en particulier celle « Jean Moulin », appartiennent
donc au Domaine public fluvial.
Pour finir, le site est compris dans le Plan de Prévention contre les Risques d’Inondations du
« Val du Louet » classé en Zone rouge, c’est-à-dire une zone inondable à préserver de toute
urbanisation nouvelle.
HABITAT NATUREL
La boire couvre une superficie d’environ 4 400 m2
. Les bras morts sont d’anciens bras
secondaires du cours d’eau principal. Également appelés annexes fluviales, ils peuvent être
des milieux d’eau temporairement courante (lors des crues), stagnante ou être totalement
asséchés. La formation de la Boire Jean Moulin et son évolution est liée aux phénomènes de
déplacement latéral du lit de la Maine. L’habitat n’ayant pas été géré durant environ 40 ans, il
s’est peu à peu refermé par la colonisation de saules sp. sur environ 75% du site. Lorsque la
boire est en assec, on observe la présence d’une mare proéminente accompagnée d’une strate
arborescente et arbustive.
ESPÈCES/ MILIEUX REMARQUABLES
Le milieu humide est dominé par du saule, et du frêne. On y trouve également en termes
d’avifaune du héron cendré (Ardea cinerea), martin-pêcheur (Alcedo atthis). Les espèces
envahissantes observées sont: la Jussie (Ludwigia peploïdes), l’érable negundo (Acer
negundo), et les ragondins (Myocastor coypus).
Aucun inventaire floristique exhaustif n’a été réalisé sur le site en vue de la mauvaise période
de prospection, mais aussi par manque de temps.
FONCTION ÉCOLOGIQUE DU SITE
Les bras morts assurent des fonctions majeures au sein de l’hydrosystème fluvial. Ils servent
de zones tampons en retenant les polluants et les nutriments en excès. Ils jouent également un
rôle important de réserve d’eau et assurent ainsi une régulation des débits du fleuve. Ces
zones d’expansion de crues stockent une partie des eaux lors des crues et permettent ainsi de
diminuer l’importance des inondations. L’eau stockée dans ces milieux est ensuite
progressivement restituée à la Maine en période de basses eaux (étiage). Ce sont aussi des
sites importants en termes de biodiversité. De par la faible profondeur des eaux, ces zones
hébergent souvent une flore et une faune très typiques et diversifiées. Ces annexes fluviales
4. servent de zones de frai pour certains poissons comme le Brochet (Esox lucius). Ce sont
également des lieux de pêche pour de nombreux oiseaux comme l’Aigrette garzette (Egretta
garzetta) ou le Martin pêcheur (Alcedo atthis). Par ailleurs, la mosaïque d’habitats liée à ces
milieux permet la présence d’une grande diversité d’invertébrés aquatiques, d’odonates et
d’amphibiens.
IMPACTS ABIOTIQUES ET BIOTIQUES
Au fil de leur évolution, les boires sont amenés naturellement à se déconnecter du chenal
principal et à s’atterrir progressivement jusqu’à disparaître ou évoluer en boisements humides
ou forêt alluviale.
Les atterrissements tendent à s’amplifier sous l’effet de l’incision du cours principal. Les bras
morts sont de plus en plus souvent à sec en période d’étiage. Le comblement des annexes
hydrauliques est un phénomène naturel, mais qui est grandement amplifié, de façon indirecte,
par l’incision du lit majeur de la Loire et de ses affluents tel que la Maine. Ils offrent un
terrain propice à l’implantation de la végétation ligneuse. Le développement de la saulaie-
peupleraie favorise l’atterrissement et le processus s’accélère jusqu’à la fermeture totale du
milieu. La boire Jean Moulin suit cette évolution et tend elle aussi à se déconnecter de la
Maine et à se fermer via la forte colonisation de la saulaie. La saulaie domine le paysage et
empêche notamment le développement d’autres cortèges floristiques, tel que les frênes.
LOCALISATION
Plan du site de la Boire Jean Moulin
Boire Jean
Moulin
5. ATTENTES DU COMMANDITAIRE
Plusieurs actions seront à mener sur une période de deux ans, les demandes sont les
suivantes :
Réouverture de la boire : Les boires évoluent selon une succession écologique liée à
la dynamique naturelle de leur végétation. Ils ont généralement tendance à se boiser et
se fermer. Cette fermeture du milieu entraîne souvent une diminution du nombre
d’espèces ainsi qu’une plus grande difficulté des milieux à remplir leurs fonctions
écosystémiques. Les frayères à brochet soutiennent et enrichissent les stocks de
brochet à l’échelle du bassin versant. La réouverture de la frayère à brochet, dans la
boire Jean moulin, va permettre de favoriser les populations de cette espèce dans la
Maine.
L’abattage des 100 peupliers : Enlèvement des peupliers en raison des nombreux
inconvénients qu’ils présentent : Système racinaire traçant déstabilisant les berges, une
dégradation des feuilles difficile provoquant un colmatage dans l’eau et la dégradation
des feuilles provoque une toxicité et une désoxygénation de l’eau. Sans oublier, une
installation de la biodiversité moindre.
Modification de la topographie et enlèvement du passage busé pour reconnecter
la boire à la Maine et améliorer la fonctionnalité de l’annexe fluviale: La
connectivité est insuffisante pour la bonne circulation des sédiments, ainsi que pour la
biodiversité ; tel que pour les populations de brochetons qui ne peuvent pas regagner
la Maine.
N.B : Une étude du régime hydrique de la Maine et de la Boire est à prévoir. De plus,
aucun retrait mécanique des sédiments n’est préconisé ici. En effet, une fois l’excès de
ligneux coupés et dessouchés, les sédiments seront restitués naturellement à la Maine par
un phénomène de « chasse ».
Pour cette année le choix s’est porté sur une réouverture de la boire afin de reconnecter
l’annexe hydraulique a la Maine.
- Proscrire l’abattage des frênes
- Supprimer l’Érable negundo
- Valoriser certaines essences en têtards
- Broyage des arbres pour revalorisation en copeaux
6. OBJECTIFS DU CHANTIER
- Rouvrir une zone humide qui est en forte régression depuis quelques décennies ;
- Redynamiser une annexe hydraulique ayant de fortes potentialités écologiques
pour des espèces et habitats d’intérêts communautaires (ex : espèces d’intérêt régional
telles que le Pélodyte ponctué, la Rainette verte et le Triton palmé (présentes sur la
ZNIEFF)) ;
- Restaurer et entretenir la mare pour faciliter la recolonisation de l’avifaune, de
certains odonates ou amphibiens ;
- Éviter la déconnexion totale entre la Boire et la Maine.
MOYENS HUMAINS/ MATÉRIELS
11 stagiaires dont 3 seront responsables chantier et un formateur. Concernant le matériel à
prévoir : un tracteur de 120/150 cv équipé d’un treuil, un broyeur, une remorque, 4
tronçonneuses avec l’huile de chaîne biodégradable, 3 débrousailleuses (trident et rotofils), 2
bidons mixtes, 4 serpes, 3 râteaux, un tourne-billes, une échelle, 5 scies et sécateur de force,
une perche élagueuse thermique, de, 2 fourches, 20 piquets de délimitations, 1 boîte à outils
(limes, chaînes, tournevis…), rubalise, matériels de signalisation de travaux, sacs poubelle, 2
paires de wadders.
MODALITÉS D’ACTIONS CHOISIES
Débroussaillage léger pour rouvrir le milieu
Récupération de la biomasse afin de conserver l’habitat
Techniques douces d’entretien d’élagage de certaines essences
Broyage des branches, troncs et revalorisation en copeaux de bois
SÉCURITÉ CHANTIER
EPI : bottes, gants, pantalons, casques de sécurité ; Abattage directionnel ; panneau pour
prévenir de travaux et couper la circulation du chemin. Un téléphone portable en cas d’accident
(appeler le 15 ou 18 ; coordonnées du chantier : Sous le pont Jean Moulin « Chemin Bas
d’épinard »). Un kit de secours. Maintenir une distance de sécurité lors de l’utilisation de
machines motorisées.
7. SUIVI DE LA BOIRE – MALETTE D’INDICATEUR
Dans le cadre de ce chantier, nous nous dirigeons sur deux types de travaux qui sont la
restauration d’une frayère et une intervention ponctuelle et lourde sur végétation. Pour cela,
nous avons sélectionné les différents indicateurs de suivi à mettre en place à la suite de ces
travaux :
Un suivi de l’Hydropériode et le suivi du niveau d'eau sont primordiaux afin de comprendre
le fonctionnement de la Boire pour réaliser l’étude topographique. De plus, un suivi des
communautés végétales via l’indice d’Ellenberg sera réalisé afin d’étudier leur évolution après
la réouverture de la Boire. La présence d’espèces végétales exotiques envahissantes sera
également prise en compte afin d’estimer le degré d’encombrement des zones humides par les
espèces exotiques envahissantes.
Suivi des amphibiens semble judicieux puisque nous allons intervenir sur la végétation de la
mare temporaire. Ces espèces nous permettront de nous renseigner sur de nombreux paramètres
tels que : la connectivité des milieux, la qualité de l’eau, de l’habitat,…
Suivi des odonates serait intéressant sur cette boire car elles seront très probablement amenées
à coloniser ce milieu. De plus, certains odonates sont de bons bio-indicateurs de qualité des
zones humides, de leur richesse et du fonctionnement des hydrosystèmes.
8. Annexes
Boire Jean
Moulin
Figure 1: Carte hydraulique
Boire Jean
Moulin
Figure 2: Carte géologique
Fz : alluvions récentes fluviatiles et torrentielles des lits majeurs.
O2 : colluvions altérites de schistes d'Angers de l'Ordovicien.