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#6 (282), JUIN 2015
LES PROJETS DES ENTREPRISES FRANÇAISES EN
RUSSIE ET LES OBSTACLES RENCONTRÉS |
QUE PENSE-T-ON DE LA RUSSIE EN FRANCE ? |
L'EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE COMME OUTIL DE
RELANCE DE L'ÉCONOMIE RUSSE | EURO 2016 :
UNE ORGANISATION À LA FRANÇAISE |
LES INNOVATIONS DANS L'AÉROSPATIALE,
L'AGRICULTURE, LES BIOTECHNOLOGIES ET LA
MÉDECINE | COMMENT RÉSOUDRE LES PROBLÈMES
DES PETITES VILLES ? | DES SOLUTIONS VARIÉES À
NICE | RÉFORME DE LA POSTE
Édition réalisée en collaboration avec
moncontact@ccifr.ru
+7 495 721 38 28
www.obsfr.ru
RUSSIE 2015.
REGARDS DE L’OBSERVATOIRE
FRANCO-RUSSE
Le Yearbook présente l’expertise de l’Observatoire sur des thèmes variés :
économie, politique intérieure/société, régions, politique étrangère/défense,
relations franco-russes.
Pour la troisième année consécutive, l’édition russe du Rapport annuel
est présentée au Forum économique international de Saint-Pétersbourg,
et la version française fait l’objet d’une conférence de lancement à Paris.
Plus de 50 experts français et russes de renom ont contribué
à cet ouvrage de référence.
СOMMANDEZ DÈS MAINTENANT VOTRE EXEMPLAIRE
DISPONIBLE LE 20 JUIN EN VERSION RUSSE,
EN SEPTEMBRE POUR LA VERSION FRANÇAISE
3www.lecourrierderussie.com Édition spéciale Russie-France
Chers amis,
L’an dernier, c’était Christophe de Margerie, coprésident du Conseil économique de la
CCI France Russie, qui signait cet éditorial. La tragédie qui l’a emporté en octobre 2014 a
été un choc pour nous tous, pour l’ensemble de la communauté d’affaires franco-russe, et
pour nos deux pays en général. Il aimait sincèrement et respectait la Russie, il partageait
avec les Russes de nombreux traits de caractère et, dès le début des sanctions, il avait sou-
ligné la nécessité pour Total de poursuivre sa coopération avec la Russie.
C’était quelqu’un de fort et de sincère dont nous nous souviendrons à jamais.
Ce jour-là, les dirigeants de la CCI France Russie avaient promis de « continuer d’œuvrer
à la défense de la cause franco-russe, pour laquelle Christophe de Margerie a tant fait. »
Le travail accompli par l’ensemble de l’équipe de la Chambre au cours de l’année écoulée a
montré que ces mots n’étaient pas vides. Délégation d'entreprises françaises dans les ré-
gions russes, Journées Russie dans les régions françaises, conférences et petits déjeuners
d'affaires sur la Russie à Paris, apport d’expertise et soutien aux investisseurs français en
Russie… et, bien sûr, la présentation du troisième rapport annuel Russie 2015, qui a tradi-
tionnellement lieu « ici et maintenant », lors de ce Forum économique de Saint-Péters-
bourg. Toutes nos idées sur le développement et l'évolution de la coopération franco-russe
ont trouvé leur prolongement.
Nous avons été heureux d'apprendre que le 13 mai 2015, le ministre des Affaires étran-
gères de la Fédération de Russie Sergueï Lavrov a remis, sur proposition du président de
l'Union russe des industriels et entrepreneurs (RSPP) Alexandre Chokhine, la médaille
du ministère des Affaires étrangères russe récompensant une « contribution à la coopéra-
tion internationale », à Emmanuel Quidet, président de la CCI France Russie. Il obtient
ainsi la reconnaissance de nos deux pays pour l’œuvre qu’il a accomplie à la tête de la
Chambre : en 2012, la France l’avait élevé au grade de chevalier de la Légion d’honneur.
Le supplément France-Russie que vous tenez entre vos mains doit servir de base à de
nouveaux projets conjoints, à de nouveaux investissements français en Russie et russes
en France. Vous y apprendrez davantage sur le potentiel des différentes branches de l'éco-
nomie française, sur les succès remportés par les innovations françaises dans le monde,
sur le développement de certaines régions et entreprises, ainsi que sur des projets encore
peu habituels en Russie. Si cette lecture vous donne de nouvelles idées, nous en serons
très heureux.
Pour notre part, nous voulons dire que la coopération économique franco-russe conti-
nue à se développer malgré toutes les difficultés, que les entreprises françaises ne quittent
pas la Russie, et que cet état de fait se vérifie par nos expériences de collaboration sur un
certain nombre de grands projets.
Patrick POUYANNÉ et Guennadi TIMTCHENKO
Coprésidents du Conseil économique de la CCI France Russie
Édition réalisée en partenariat avec la CCI France Russie
4 Édition spéciale Russie-France
– L’année qui vient de s’écouler a été difficile
pour les relations franco-russes. Comment la
situation géopolitique a-t-elle affecté votre
travail d’ambassadeur en Russie ?
– Tout au long de l’année, mes collègues
de l’ambassade et moi-même avons été
« sur le pont » 24 heures sur 24, 7 jours
sur 7. Cette crise est l’une des plus sé-
rieuses auxquelles l’Europe ait dû faire
face depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale. Elle a mis en péril la sécurité
du continent européen.
Nous avons informé Paris « en di-
rect » et sommes restés en contact per-
manent avec les autorités russes, les
médias et les membres de la société
civile russe, afin d’être en position de
conseiller Paris en temps réel au sujet
des évolutions en cours à Moscou et des
issues possibles à la crise. Nous avons
dû organiser deux visites du président
Hollande à Moscou avec seulement
quelques heures de préavis.
J’ai également dû déployer des efforts
pour expliquer au public russe la poli-
tique de l’Union européenne, qui com-
bine dialogue et sanctions. Nous de-
vons convaincre l’opinion en Russie que
les sanctions sont la conséquence de
l’annexion illégale de la Crimée et de la
déstabilisation de l’Ukraine, et qu’elles
ne sont pas destinées à nuire aux ci-
toyens russes. Et que la France ne veut
pas que la Russie s’éloigne de l’Europe.
Au contraire, la France veut mainte-
nir le dialogue avec les autorités russes,
continuer à tendre la main à la popu-
lation russe et regarder au-delà des
difficultés actuelles afin de développer
autant que possible notre dialogue et
notre coopération en matière de résolu-
tion de crises internationales – la Russie
et la France sont des membres perma-
nents du Conseil de sécurité de l’ONU
et ont, à ce titre, des responsabilités
particulières – ainsi que nos échanges
économiques dans les deux sens. Pour
rappel, la Russie effectue la majeure
partie de ses échanges commerciaux
avec l’Union européenne : plus de 52 %
des exportations russes étaient desti-
nées à l’UE en 2014.
L’initiative « de Normandie » a mon-
tré l’engagement de la France et de
l’Allemagne à travailler de concert avec
Kiev et Moscou afin de trouver des solu-
tions à la crise ukrainienne.
– Le président François Hollande a été très
actif dans la négociation de l’accord de paix
de Minsk entre les dirigeants ukrainiens et
les séparatistes du Donbass. Pensez-vous que
cet accord tiendra et que les relations fran-
co-russes pourront commencer à s’améliorer ?
– Le président Hollande a organisé la
première réunion au format « Norman-
die » il y a un an, le 6 juin 2014. Il a dé-
cidé d’y associer la chancelière Merkel
et s’est rendu depuis à Moscou à deux
reprises pour discuter de la crise en
Ukraine avec le président Poutine, une
fois en tête-à-tête en décembre, puis
lors d’une visite effectuée conjointe-
ment avec la chancelière allemande. Ils
se sont également entretenus à Milan
et, plus récemment, à Erevan. François
Hollande a été en contact téléphonique
quasi quotidien avec les présidents
Porochenko et Poutine. Outre ces dis-
cussions de haut niveau, les ministres
des Affaires étrangères sont restés en
contact permanent.
Le président français et la chancelière
allemande ont déployé toute leur éner-
gie et leurs efforts pour maintenir le
dialogue, car la restauration de la paix
en Europe, la souveraineté de l’Ukraine
et le rapprochement entre la Russie et
ses partenaires européens sont essen-
tiels pour nous. Pour nous Français,
pour nous Européens, et aussi pour le
peuple russe.
– Cette année marque le 70e
anniversaire de la
fin de la Seconde Guerre mondiale. La France
et l’Union soviétique étaient alliées pendant
cette guerre. Pensez-vous que cette histoire
commune est une bonne base pour essayer de
reconstruire la relation franco-russe ?
– Ce n’est pas dans ces termes que la
question se pose. Il y a une grave crise
de confiance entre l’Europe et la Russie
depuis l’annexion illégale de la Crimée,
mais il n’y a aucune nécessité de « re-
construire » notre relation. Coopéra-
tion et dialogue ont continué tout au
long de la crise, en dépit de nos diver-
gences.
INTERVIEW
DE L’AMBASSADEUR
DE FRANCE EN RUSSIE
Jean-Maurice RIPERT,
Ambassadeur de France en Russie |
AMBASSADE DE FRANCE EN RUSSIE
5www.lecourrierderussie.com Édition spéciale Russie-France
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Cela étant dit, la France tient à mar-
quer l’importance de célébrer les pages
d’histoire qu’elle partage avec la Rus-
sie. C’est la raison pour laquelle le pré-
sident Poutine a été invité l’an dernier
en France par le président Hollande
pour les célébrations du 70e
anniver-
saire du Débarquement sur les plages
de Normandie. C’est aussi pourquoi le
ministre français des Affaires étran-
gères, Laurent Fabius, a participé aux
cérémonies de la Victoire à Moscou le 9
mai. Nous savons très bien ce que l’Eu-
rope doit à la population de l’Union so-
viétique et à l’Armée rouge, de même
que nous savons combien nous sommes
redevables aux Américains, aux Britan-
niques et à tous nos autres alliés de tous
les continents qui ont combattu côte à
côte pour libérer l’Europe et le monde
du nazisme.
Permettez-moi de vous parler d’un
épisode qui incarne la fraternité
d’armes franco-russe. En 1942, le géné-
ral de Gaulle, qui était à l’époque chef de
file des Forces françaises libres basées à
Londres, a envoyé un groupe de pilotes
de l’armée de l’air française pour com-
battre aux côtés des forces soviétiques
sur le front de l’Est. Ensemble, les pi-
lotes français et les mécaniciens sovié-
tiques de la célèbre escadrille Norman-
die-Niémen ont combattu dans le cadre
de trois campagnes sous le drapeau de
l’Union soviétique, et ce jusqu’au 9 mai
1945, période pendant laquelle ils ont
détruit 273 avions ennemis et reçu de
nombreuses médailles, citations et ré-
compenses à la fois de la France et de
l’Union soviétique.
– Lorsque nous vous avons interviewé l’an
dernier, vous étiez à Moscou depuis peu de
temps. Au cours de l’année passée, vous
vous êtes rendu dans de nombreuses villes
russes  :  Rostov-sur-le-Don, Ekaterinbourg,
etc. Qu’avez-vous appris sur la Russie et ses
régions au cours de ces voyages ?
– Depuis notre rencontre l’an dernier,
j’ai effectivement voyagé dans toute la
Russie : Irkoutsk, Saint-Pétersbourg,
Ekaterinbourg, Novossibirsk, Kazan,
Samara et Togliatti. Je serai à Oufa dans
les prochaines semaines, puis je me
rendrai à l’automne en Extrême-Orient,
à Iakoutsk, pour discuter de l’impact du
changement climatique sur les régions
russes. Comme vous le savez, la France
accueillera en décembre à Paris la
conférence COP21 des Nations Unies sur
le changement climatique. À Iakoutsk,
la fonte du pergélisol (ou permafrost) a
des effets dévastateurs.
Partout où je vais en Russie, je suis
frappé par la façon dont beaucoup de
gens sont attirés par la France. Cela
a trait à la culture, aux sciences, aux
technologies et bien sûr aux affaires.
Par exemple, à Rostov et Kazan, nous
avons partagé notre expertise en ma-
tière de transports et d’infrastructures
à l’approche de l’Euro 2016 en France et
de la Coupe du Monde 2018 en Russie.
Avec les autorités locales d’Irkoutsk,
nous avons organisé l’an dernier un fo-
rum franco-russe sur les perspectives
du secteur touristique en Sibérie et en
Extrême-Orient.
– Quels sont, selon vous, les secteurs les plus
prometteurs pour la coopération franco-russe ?
– La France est l’un des principaux in-
vestisseurs en Russie. Les investisse-
ments directs sont essentiels car ils
sont des signes à la fois de la confiance
des entreprises françaises en l’avenir
de l’économie russe et de leur engage-
ment à long terme. Malgré les difficul-
tés actuelles, les investisseurs français
ne vont pas quitter le pays, et nous es-
pérons même voir quelques nouveaux
investissements dans les prochains
mois. Ces investissements – qui se
font souvent dans le secteur des hautes
technologies  – sont particulièrement
importants car ils contribuent à l’in-
dispensable diversification de l’écono-
mie russe et permettent le transfert des
savoir-faire techniques.
Les entreprises françaises sont déjà
très actives dans de nombreux sec-
teurs de l’économie russe : l’énergie,
les transports, les infrastructures,
l’aérospatiale et, bien sûr, l’industrie
agro-alimentaire, en particulier les
produits laitiers et la viande.
La France est également une destina-
tion de plus en plus attractive pour les
investisseurs russes : selon la Banque
de France, le volume des IDE russes en
France a fortement augmenté depuis
2011, passant de 150 millions d’euros en
2010 à 745 millions d’euros en 2013. Ces
chiffres comprennent les flux finan-
ciers, les fusions-acquisitions et les in-
vestissements dans des projets de créa-
tion d’emplois. 43 entreprises russes
sont maintenant implantées en France.
– La Russie est devenue une destination très
accessible pour les voyageurs européens en
raison des fluctuations du taux de change
entre l’euro et le rouble. Pensez-vous qu’il soit
possible que la Russie devienne plus attrac-
tive pour les touristes français ?
– La Russie a toujours été une desti-
nation attrayante pour les touristes
français, et ce pour de nombreuses
raisons. À mon avis, cela résulte en
premier lieu de cette attraction cultu-
relle mutuelle – devrais-je dire fascina-
tion ? – qui a toujours été le moteur du
rapprochement entre nos deux peuples
et s’est montrée capable de résister à
toutes les crises, même les plus pro-
fondes. Les Français sont connus pour
leur passion du tourisme axé sur le pa-
trimoine culturel, et ils aiment beau-
coup visiter Moscou et Saint-Péters-
bourg.
À cet égard, je tiens à attirer votre at-
tention sur la décision que nous avons
prise, avec mon homologue russe à Pa-
ris, de célébrer en 2016 une « année du
tourisme et du patrimoine culturel  ».
Dans ce cadre, nous allons organiser
un certain nombre de manifestations
consacrées à l’héritage fascinant que
nos deux pays possèdent.
Enfin, je tiens à réaffirmer qu’il n’y
a aucune restriction de visa pour les
citoyens russes souhaitant visiter l’Eu-
rope, bien au contraire. Au consulat de
France, seulement 1,5 % de toutes les
demandes de visa sont refusées, et 40 %
des visas délivrés sont à entrées mul-
tiples, valables jusqu’à 5 ans. Les tou-
ristes russes sont tout à fait les bienve-
nus en France !
Jean-Maurice RIPERT
Ambassadeur de France en Russie, mai 2015
6 Édition spéciale Russie-France
– Qu’est-ce qui a changé pour les investisseurs
étrangers l’année dernière?
– Ce qui a changé l’année dernière, ce
sont bien sûr les sanctions. Il y a trois
choses à relever : la première, c’est la
crise économique, que l’on a commen-
cé à ressentir dès septembre 2013. La se-
conde, c’est la crise ukrainienne, avec
les sanctions qui en ont découlé et sur-
tout celles de juillet 2014. La troisième,
c’est la baisse du prix du pétrole et la
dévaluation du rouble, qui ont eu un
impact important en fin d’année der-
nière sur les affaires en Russie. La com-
binaison de ces trois éléments rend la
situation économique difficile.
– À quel point les investisseurs français sont-ils
touchés ?
– Tout dépend du secteur d’activité. Il
y a des secteurs qui marchent toujours
bien quand la consommation se tient.
Bien évidemment, la récession est es-
sentiellement liée à la baisse des reve-
nus de la population et à la chute du prix
du baril, mais la consommation permet
malgré tout de soutenir l’activité en
Russie. Il y a cependant des secteurs
qui souffrent davantage de la situation,
tel le secteur automobile qui subit une
chute de 40 à 50 % des ventes. Le secteur
touristique est lui aussi gravement tou-
ché par la dévaluation du rouble, ce qui
entraîne des conséquences graves pour
les compagnies aériennes et les agences
de voyages.
Il y a ensuite les sanctions, qui ont un
effet très pernicieux sur l’économie. Je
parle de l’interdiction pour les banques
russes d’être financées à plus de 30 jours
par des banques étrangères. Les entre-
prises étrangères, en particulier, ne
peuvent plus trouver de financements
pour leurs projets en Russie auprès des
banques étrangères, et le financement
auprès des banques russes est beau-
coup plus cher : avec un taux d’intérêt
de 20 %, aucun projet n’est viable. Les
sociétés françaises présentes en Russie
ont beaucoup de mal à développer leurs
projets, sauf les sociétés très riches qui
peuvent s’autofinancer comme, par
exemple, le groupe Auchan, qui conti-
nue à investir et ouvrir des magasins
en Russie. Ce problème de financement
est aujourd’hui un problème clé pour
les entreprises françaises en Russie. La
France a malgré cela beaucoup investi
en 2014, et il y a des projets pour 2015. Le
volume cumulé des IDE français en Rus-
sie s’élève à 14 milliards d’euros. Et vous
remarquez qu’aucune société française
n’a quitté la Russie depuis le début de
la crise. Pourquoi restent-elles ? Parce
qu’elles croient au futur de la Russie.
J’étais à Togliatti en mai, où j’ai
rencontré Bo Andersson, le directeur
général d’AvtoVAZ. Cette entreprise
a beaucoup souffert de la crise. Il m’a
dit : « Pour nous, il est hors de question
de quitter le pays. La Russie va devenir
l’un des dix plus gros marchés automo-
biles du monde ». Pourquoi ? Parce qu’il
y a aujourd’hui, je crois, 350 véhicules
pour 1 000 habitants, quand en Oc-
cident c’est entre 600 et 800 selon les
pays. Les crises économiques sont des
phénomènes récurrents, et les entre-
prises se sont habituées à les gérer. Les
crises politiques sont plus gênantes.
C’est la raison pour laquelle nous de-
mandons la levée des sanctions écono-
miques.
– Qu’en est-il des nouveaux investisseurs qui
veulent s’implanter en Russie ? C’est vraiment
très compliqué pour eux, n’est-ce pas ?
– Ce qui est le plus difficile pour eux,
c’est le manque de financements. C’est
là une conséquence des sanctions éco-
nomiques. Le fait est que les grandes
entreprises françaises sont déjà toutes
implantées en Russie. Les nouveaux
projets sont donc portés par des PME,
qui n’ont aucune capacité d’autofinan-
cement. Certaines parviennent malgré
tout à s’implanter ici. Auchan, Castora-
ma et Decathlon continuent à se déve-
lopper, et ils sont prêts à aider financiè-
rement des entreprises qui souhaitent
produire ici pour pouvoir se fournir au-
près d’elles en payant en roubles.
– Quelle est l’attitude des investisseurs français
à l’égard de la volte-face vers l’Est opérée par la
Russie?
– Cette volte-face vers l’Est est sou-
vent caricaturée. D’un côté, les Russes
disent : « L’Europe ne veut pas de nous,
alors on va tout faire avec la Chine », et
ça, je n’y crois pas du tout. Les Russes
ne veulent pas être pieds et poings
liés avec les Chinois et je pense qu’ils
ont peur de ça, parce que la Chine est
beaucoup plus dynamique et sa po-
pulation est bien plus nombreuse. De
l’autre côté, il y a des Européens qui
disent : « C’est impossible, ils n’auront
pas d’autre choix que de continuer à
faire des affaires avec nous. » Les deux
hypothèses sont fausses.
Les Russes ne vont pas se tourner à
100 % vers la Chine, mais on ne peut
pas prétendre qu’ils ne se tournent pas
vers l’Est. Cela représente un danger
pour nous, parce que de plus en plus
de commerce se fait avec l’Asie. Il y a
20 ans, l’Union européenne était le pre-
mier partenaire de la Russie, et en son
sein l’Allemagne était le premier pays
partenaire. Aujourd’hui, l’UE reste
son premier partenaire mais le pre-
mier pays, c’est la Chine. Tout ce que
la Chine gagne, c’est souvent autant de
perdu pour l’Europe. Vous ne remplace-
rez pas le fromage français par d’autres
fromages, c’est impossible. Mais il y a
d’autres choses que vous pourrez rem-
placer. Les fruits et légumes ne pro-
viendront sans doute pas de Chine,
mais tout ce qui était acheté en Europe
peut être importé d’Afrique du Nord.
Un autre exemple - le train à grande
vitesse Moscou-Kazan, qui va être fi-
nancé par les Chinois. S’ils le financent,
c’est bien évidemment pour que des
trains chinois y roulent, alors qu’Alstom
est tout de même le grand spécialiste du
TGV. Même sans la crise, il y aurait eu
une accélération du développement des
relations avec la Chine, et c’est bien
normal. La Russie veut avoir des par-
tenaires multiples, et la crise ne fait
qu’accentuer ce phénomène.
– À votre avis, le programme russe de substitu-
tion des importations est-il réalisable?
– Ce sera une bonne chose si la Russie
profite de la crise pour développer ses
investissements en interne. Bien évi-
demment, on ne peut pas tout produire
en Russie mais il n’est pas normal que
la Russie importe des pommes, du pou-
let ou de la viande. Il y a beaucoup de
choses que la Russie peut produire elle-
même. Investir dans sa propre agricul-
ture peut constituer une véritable op-
portunité pour la Russie, et cela ouvre
de nouvelles perspectives pour les spé-
cialistes étrangers. La Russie aura be-
soin de technologies, d’équipements,
de partenaires. Par exemple, la Russie
aura besoin d’importer des vaches pour
produire de la viande et du lait. Or,
les vaches françaises produisent trois
fois plus de lait que les vaches russes,
et c’est la même chose pour la viande.
Tout ceci représente des opportunités
pour la France, et nous pourrions in-
tensifier notre partenariat pour déve-
lopper l’agriculture russe.
– Y a-t-il des barrières dans les régions russes,
par exemple en termes d’accès aux appels
d’offres ?
– D’une façon générale, non. Il y a des
régions où il est plus facile d’investir.
Il existe d’ailleurs plusieurs classe-
ments des régions en termes d’attrac-
tivité. Ce sont toujours les mêmes qui
sont en tête : l’oblast de Kalouga, les
républiques du Tatarstan et de Bachki-
rie. D’autres régions sont plus compli-
quées. Mais même lorsque c’est le cas,
cela n’empêche pas les Français d’y in-
vestir, comme à Samara ou à Togliatti.
Ce sont surtout des difficultés adminis-
tratives que rencontrent les entreprises
étrangères en général et françaises en
particulier.
– Quelle est la recette du succès sur le marché
russe ?
– Il faut vérifier qu’il existe un réel be-
soin pour le produit que vous voulez
vendre en Russie, puis il faut venir et
être présent. Il ne suffit pas de signer
un contrat puis de repartir : il faut se
développer localement et entretenir des
contacts régulièrement avec ses parte-
naires. Et cela correspond très bien à la
mentalité française.
– Quels conseils pouvez-vous donner aux inves-
tisseurs français ?
– Mon conseil est de venir mainte-
nant, en profitant de la dévaluation du
rouble. On a tendance à penser qu’in-
vestir en Russie, ce n’est pas cher. Mais
c’est faux. Investir en Russie a toujours
été cher, mais la contrepartie c’est qu’il
n’y a aucun problème pour y gagner de
l’argent. La Russie est un pays géogra-
phiquement et culturellement proche
de la France, où vivent des gens qui
ont de l’argent. Aujourd’hui, grâce à
la crise, le coût des investissements est
beaucoup moins élevé. Il ne faut donc
pas avoir peur de la crise. Celui qui rem-
porte la mise, c’est celui qui prend un
risque. Un risque bien mesuré, mais un
risque.
LES NOUVELLES PRIORITÉS DE
L’ÉCONOMIE RUSSE : Y A-T-IL UNE
PLACE POUR LA FRANCE?
Emmanuel Quidet, président de la CCI France Russie,
conseille d’investir en Russie maintenant et de ne pas
avoir peur de la crise.
Propos recueillis par MARIA AFONINA
INVESTIR DANS SA PROPRE
AGRICULTURE PEUT CONSTITUER UNE
VÉRITABLE OPPORTUNITÉ POUR LA
RUSSIE, ET CELA OUVRE DE NOUVELLES
PERSPECTIVES POUR LES SPÉCIALISTES
ÉTRANGERS. LA RUSSIE AURA BESOIN
DE TECHNOLOGIES, D’ÉQUIPEMENTS,
DE PARTENAIRES.
7www.lecourrierderussie.com Édition spéciale Russie-France
AKKA TECHNOLOGIES,
ACTEUR DE L’INGÉNIERIE EN RUSSIE
AKKA Technologies occupe une position unique, avec 11 000 employés et une présence
sur les continents européen, asiatique et américain. Désormais, c’est plus de 50 % du
chiffre d’affaires du Groupe qui se réalisent en dehors de son marché historique d’origine,
la France. AKKA possède ainsi des atouts à l’échelle mondiale qui incitent ses clients
locaux et internationaux à faire appel à son expertise à forte valeur ajoutée. Sa présence
dans 20 pays, conjuguée à son organisation autour de centres d’excellence dédiés et à
son savoir-faire « solutions clés en main », confère au Groupe une capacité unique pour
réaliser des projets globaux et transnationaux.
Le Groupe AKKA, via sa filiale AKKA Rus, propose à ses clients des expertises de pointe
dans les secteurs aéronautique, automobile, ferroviaire, énergétique et pétrogazier. Im-
pliqué dans de nombreux projets d’envergure lancés par les pouvoirs publics russes, le
Groupe AKKA Technologies travaille en étroite collaboration avec les acteurs clés de
l’ingénierie en Russie. Dans le but de relever les défis technologiques de demain d’un
pays au riche savoir-faire et qui possède les ingénieurs parmi les plus compétents du
monde, AKKA Rus capitalise sur ses expertises, ses hommes et son expérience technolo-
gique unique acquise par le Groupe depuis plus de 30 ans.
En Union soviétique, les serres cou-
vraient plus de 4 700 hectares de terres,
contre environ 2 000 en Russie en jan-
vier 2015. Afin que le pays soit auto-
suffisant en termes de production de
légumes sous serre, le ministère russe
de l’Agriculture prévoit de doubler cette
superficie dans les années à venir.
« D’ici 2020, nous projetons de cons-
truire 1 537 hectares de nouvelles serres
et de moderniser 368 hectares de serres
déjà en service, a annoncé Piotr Tchek-
marev, directeur du département
culture, chimisation et protection des
plantes lors de la Conférence panrusse
sur le développement de la culture ma-
raîchère sous serre, qui s’est tenue à la
fin du mois d’avril. Cette surface per-
mettra de cultiver près de 1 000 tonnes
de légumes. »
L’État a d’ores et déjà promis d’oc-
troyer des subventions pour la réalisa-
tion de ce projet. Les autorités régio-
nales se sont également manifestées. À
titre d’exemple, la région de Moscou a
l’intention d’investir plus de 12,5 mil-
liards de roubles dans ce programme et
de tripler la superficie des cultures sous
serre.
Les entreprises étrangères, notam-
ment néerlandaises et françaises, sont
depuis longtemps présentes sur le mar-
ché russe des serres. Elles s’intéressent
grandement à ces nouvelles perspec-
tives.
Si les producteurs néerlandais pro-
posent traditionnellement des serres en
verre, les Français privilégient le plas-
tique, bien qu’ils utilisent également
du verre. L’entreprise française Richel
Group, présente en Russie depuis 1998,
a acquis une solide expérience du mar-
ché russe.
« Nous utilisons un double film en
polyéthylène qui procure un éclairage
naturel égal, voire meilleur que dans les
serres en verre. C’est précisément pour
cette raison que nous sommes davantage
présents dans le sud de la Russie que les
Néerlandais. Nos principaux concurrents
sont les Italiens et les Espagnols, qui
utilisent aussi du plastique. Nous avons
toutefois un avantage technique sur eux.
La Russie est un marché stratégique pour
nous, et le pays est soumis à diverses
contraintes climatiques. D’où notre spé-
cialisation dans les serres de haute tech-
nologie offrant une résistance élevée aux
conditions climatiques, notamment la
neige et le vent. Notre approche de travail
est également différente. On peut dé-
crire celle des entreprises néerlandaises
comme étant nord-européenne, c’est-
à-dire plus stricte. De notre côté, nous
essayons de nous adapter à la culture du
client et d’être plus flexibles si des désac-
cords surgissent », explique Brice Richel,
directeur des ventes de Richel Group dans
les pays de la CEI.
« Nous avons des projets à Moscou
et à Saint-Pétersbourg, au Tatarstan,
à Magnitogorsk, à Novossibirsk, en
Iakoutie, mais la majorité d’entre eux
sont mis en œuvre dans le Nord-Cau-
case et dans la région de Krasnodar »,
précise le représentant du groupe.
Le plus grand espoir des sociétés
étrangères repose sur la diminution
des dépenses énergétiques : « L’aide de
l’État n’est pas toujours financière, elle
peut également se manifester sous la
forme d’un accès facilité aux réseaux
de gaz et d’électricité. Ce sont des élé-
ments stratégiques dans le secteur des
cultures sous serre. Ainsi, à Magnito-
gorsk, nos projets sont rentables grâce
au gaz bon marché et au prix plus élevé
des légumes dans la région », conclut
M. Richel.
L’EXPÉRIENCE ÉTRANGÈRE EN AIDE AU
COMPLEXE AGRICOLE RUSSE
Le cap mis par la Russie sur la substitution aux importations
entraîne dans son sillage une modification de la politique
agraire. La construction de nouvelles serres et l’élargissement
des cultures maraîchères en sont un des aspects. Les produc-
teurs étrangers de serres se réjouissent de ces nouvelles pers-
pectives de coopération.
EKATERINA BOLDINA
8 Édition spéciale Russie-France
– Depuis le moment où vous êtes entré dans
vos nouvelles fonctions, quels changements
se sont produits dans la stratégie de dévelop-
pement du groupe Total ?
– Je ne suis pas adepte de changements
brusques dans la stratégie. Pour le dé-
veloppement du business, il faut plu-
tôt de la continuité. Notre stratégie,
élaborée du temps de Christophe de
Margerie, est réaliste. Elle a été définie
par l’ensemble du Comité Exécutif de
Total, dont je faisais moi-même partie.
Nous la poursuivons aujourd’hui.
– Que pensez-vous des sanctions américaines
et européennes contre la Russie ?
– Total respecte bien entendu toutes les
sanctions qui lui sont applicables, ain-
si que l’ensemble des lois et règlements
édictés par la France, l’UE et les Nations
Unies. Certaines de ces mesures nous
touchent, directement ou indirectement.
– Pouvez-vous continuer à mener vos projets
en Russie ?
– Sur le plan technique, les sanctions
n’ont pas d’impact significatif sur
nos projets existants en Russie. Mais
puisqu’elles concernent aussi les activi-
tés « shale oil », nous avons été amenés
à suspendre notre projet de coopération
avec Loukoïl visant l’exploration et le
développement des réserves d’huile de
l’horizon Bajenov, dans le district auto-
nome des Khantys-Mansis. Une autre
limitation, concernant le financement
à long terme en dollars US, a eu des
conséquences négatives pour le projet
Yamal LNG. Les partenaires du projet
ont dû revoir le schéma de financement
initial et chercher d’autres solutions,
ce que nous sommes en train de faire.
– Quelles sont, d’après vous, les perspectives ?
Les sanctions européennes seront-elles atté-
nuées ou, au contraire, renforcées ?
– C’est une question à poser aux
hommes politiques. En tant que chef
d’entreprise et représentant des inves-
tisseurs français, je ne voudrais pas
que la situation économique s’aggrave
à cause des sanctions. Je suis favorable
aux initiatives politiques qui contri-
buent au dialogue et au rapprochement
des positions. Ensuite, à nous de conti-
nuer notre travail ! Sans ignorer les dif-
ficultés présentes, mais en gardant une
stratégie à long terme, celle-là même
qui nous a conduits à créer notre parte-
nariat avec la Russie.
– Que pensez-vous du renforcement de la coo-
pération entre la Russie et ses partenaires
asiatiques ?
– La Russie et la Chine sont l’un, le
premier exportateur d’énergie au
monde  ;  l’autre, le premier consom-
mateur ; et partagent plus de 4 000
kilomètres de frontière commune. Par
conséquent, ils sont voués à collaborer
et ce qui serait surprenant, ce serait
qu’ils ne le fassent pas.
– Que pensez-vous de la chute des prix du brut
sur le marché mondial ?
– La chute récente des prix du brut
compte parmi les phénomènes qu’au-
cun des analystes les plus expérimen-
tés n’a prévus. La situation n’est pas
simple, et elle sera un « test de résis-
tance » pour nous tous. Total est cepen-
dant une compagnie financièrement
solide, et je suis sûr que nous serons
capables de surmonter les obstacles.
– Quel impact cela pourrait-il avoir sur les
programmes d’investissement de Total ?
– En réponse à la situation, nous avons
revu notre programme d’investisse-
ment annuel en le réduisant de 10  %
environ. Mais nous avons préservé les
grands projets qui contribuent à notre
croissance.
– Beaucoup de compagnies ont annoncé des
mesures de réduction des coûts. Que fait To-
tal ?
– Nous avons mis en place une poli-
tique interne de réduction des coûts
bien avant la chute des prix du brut.
Et l’ensemble de la compagnie est im-
pliqué dans ce processus d’optimisa-
tion - les initiatives venant de nos col-
laborateurs y jouent d’ailleurs un très
grand rôle. Chacun d’eux peut proposer
des mesures pratiques et bénéficier des
expériences partagées avec ses collè-
gues dans d’autres filiales. Pour notre
groupe, qui est présent dans 130 pays,
ces échanges revêtent une importance
capitale. Et ça marche !
– Est-ce que les prix du brut resteront bas
pendant encore longtemps ?
– Je ne sais pas et je ne me hasarderai
pas à faire des prévisions trop précises,
que la réalité se chargera de démentir.
À nous d’améliorer notre performance
afin de pouvoir résister à tous les scéna-
rios.
– Christophe de Margerie était souvent venu
en Russie. Comment vos partenaires ont-ils
réagi à sa disparition tragique ?
– Christophe de Margerie aimait la Rus-
sie. Et au moment de sa mort, qui m’a
profondément touché, beaucoup de
Russes nous ont adressé des paroles de
compassion et de soutien très sincères.
En particulier nos partenaires, qui sont
aussi nos amis, et avec lesquels il avait
noué des relations qui allaient souvent
au-delà des affaires.
– Vous est-il difficile de commencer à travail-
ler en Russie en tant que nouveau patron de
Total ?
– Pour développer avec succès la coopé-
ration, il faut d’abord s’imprégner de
l’esprit du pays, essayer de comprendre
ses partenaires, et savoir reconnaître
leurs points forts. C’est ainsi que les
meilleurs partenariats se forment dans
notre business. Pour ma part, j’avais
déjà visité plusieurs fois la Russie dans
le passé, tant pour affaires qu’en tou-
PATRICK POUYANNÉ, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE TOTAL, SUR
L’ACTIVITÉ DE L’ENTREPRISE EN RUSSIE
Interview à la première personne
Projet Yamal LNG
Patrick Pouyanné | TOTAL
Propos recueillis par ELENA ANISSIMOVA
9www.lecourrierderussie.com Édition spéciale Russie-France
riste. Et dans mes nouvelles fonctions,
c’est ma troisième visite en 8 mois, et
ma septième rencontre avec mon parte-
naire principal – une par mois!
– Quelle place la Russie occupe-t-elle dans la
stratégie de développement de Total ? Enten-
dez-vous réduire votre présence dans ce pays ?
– La Russie occupe toujours une place de
choix dans notre stratégie de développe-
ment. Si vous prenez la fuite chaque fois
que vous vous heurtez à un obstacle, il
vous sera extrêmement difficile d’inspi-
rer confiance à vos partenaires. L’année
prochaine, nous allons célébrer les 25
ans de notre présence en Russie, mais ce
n’est que le début d’une longue coopé-
ration. Nous avons des plans très ambi-
tieux pour le futur, comme le projet Ya-
mal LNG. Notre participation croissante
dans le capital de Novatek témoigne
aussi du sérieux de nos intentions.
– Vous avez visité récemment Sabetta, où se-
ront basées les principales installations du
projet Yamal LNG. Quelles sont les impres-
sions que vous ramenez de ce voyage ? Com-
ment avance le projet ?
– Ce fut un voyage remarquable. Je suis
de près l’avancement du projet Yamal
LNG, mais il fallait absolument que
je voie de mes propres yeux le site des
travaux et les installations déjà prêtes
ou en cours de construction. Je peux
témoigner de l’efficacité de l’investisse-
ment, qui à ce jour a déjà atteint 9 mil-
liards de dollars. Les travaux vont bon
train. Je suis très content de ce projet.
– Comment se passe le financement de ce
projet ?
– J’ai déjà souligné qu’il existait des
alternatives permettant d’agir malgré
l’impossibilité de financer le projet en
dollars, et nous avons fait de grands
progrès dans cette direction avec nos
partenaires. Nous faisons appel à des
banques et à des établissements fi-
nanciers, notamment en Europe et en
Chine. C’est un projet très prometteur,
nous avons déjà des contrats de vente
pour toute la production de gaz, et je
suis certain que nous réaliserons le pro-
jet dans les délais prévus.
– Avez-vous l’intention d’augmenter votre
participation dans le capital social de No-
vatek ?
– À ce jour nous avons près de 18 % du
capital de Novatek et notre accord stra-
tégique avec Novatek permet que nous
pouvons monter jusqu’à 19 %. Par le
passé, nous n’avons jamais annoncé à
l’avance nos achats d’actions car cela
pouvait influencer le cours. Pourquoi le
changer ?
– Comment appréciez-vous la participation
de Total au PSA (Production Sharing
Agreement, en français « accord de partage
de la production ») de Kharyaga ?
– Kharyaga est un des premiers projets
de Total en Russie. Le professionnalisme
et le savoir-faire de nos collaborateurs
ont permis de mettre en valeur les ré-
serves de ce champ, malgré de nombreux
challenges techniques. Je note plus de 15
ans de production et d’excellents résul-
tats en matière de sécurité industrielle.
La rentabilité du projet a permis à l’État
russe de recevoir plus de 3 milliards de
dollars du PSA de Kharyaga.
– Quelle importance y attachez-vous ?
– Plus de 10 % de notre production vient
actuellement de la Russie. Certes, la
contribution de Kharyaga est modeste,
mais le projet nous a permis d’amé-
liorer notre connaissance pratique de
l’industrie russe et de construire un
partenariat solide avec notre associé
Zaroubejneft.
– Vous avez lancé un autre projet en Russie
au mois de mai. Quelle est l’importance de cet
événement pour le groupe ?
– Termokarstovoïé est notre premier
projet conjoint avec Novatek. Il est un
bon exemple de la synergie entre deux
grandes compagnies complémen-
taires, dont chacune apporte son sa-
voir-faire à la réussite d’un projet com-
mun. Résultat : le projet a été mis en
route en avance sur les prévisions et en
dessous du budget. Depuis le début de
2015, c’est le quatrième nouveau projet
de Total dans le monde.
– Il s’agit d’un autre projet de gaz qui s’ajoute
au portefeuille du groupe. Ceci veut-il dire
que le gaz joue un rôle de premier plan dans
la stratégie de Total ?
– Le gaz occupe une place importante
dans la stratégie de développement du
groupe. La part du gaz dans la produc-
tion de Total a atteint 50 % en 2014. Le
GNL (gaz naturel liquéfié) représente
un segment important et prometteur
du marché de gaz. Total en est un des
trois premiers producteurs au monde et
nous sommes présents tout au long de
la chaîne industrielle. Nous avons l’in-
tention de renforcer nos positions dans
le GNL, notamment en participant à de
grands projets comme celui de Yamal
LNG.
– Total est une compagnie verticalement in-
tégrée. Est-il prévu de développer les activités
du groupe en Russie dans les secteurs autres
que l’exploration-production ?
– C’est déjà le cas. Notre branche mar-
keting-services continue sa croissance
en Russie. Avec Gazpromneft, nous
avons inauguré récemment une usine
qui produit déjà des bitumes de qualité
supérieure pour les revêtements rou-
tiers. Nous envisageons de développer
d’autres activités aval.
L’ANNÉE
PROCHAINE,
NOUS ALLONS
CÉLÉBRER LES
25 ANS DE NOTRE
PRÉSENCE EN
RUSSIE, MAIS
CE N’EST QUE
LE DÉBUT
D’UNE LONGUE
COOPÉRATION.
NOUS AVONS
DES PLANS TRÈS
AMBITIEUX
POUR LE FUTUR,
COMME LE
PROJET YAMAL
LNG.
10 Édition spéciale Russie-France
– Comment évaluez-vous l’état actuel des re-
lations franco-russes ?
– Les relations franco-russes traversent
une période difficile. Elles ne peuvent
être évaluées indépendamment de la
crise ukrainienne. Le partenariat bila-
téral, qui s’était considérablement dé-
veloppé au cours des dernières années,
a souffert et souffre encore des consé-
quences de la crise dans le Donbass, des
sanctions européennes et des contre-me-
sures russes, et, de manière plus large,
du contexte informationnel en France
et en Russie. On observe une forte po-
larisation des positions exprimées par
les hommes politiques, les experts et les
journalistes de nos deux pays.
Cependant, il y a du positif : la
France, en la personne du président
de la République François Hollande,
s’est saisie du dossier ukrainien. Cela a
commencé dès le printemps 2014, avec
la création du format « Normandie »,
et ce en dépit des très fortes pressions
extérieures pour que Vladimir Poutine
ne soit pas invité le 6 juin pour les cé-
rémonies commémoratives du 70e
an-
niversaire du Débarquement. Chacun
se souvient aussi de l’escale que Fran-
çois Hollande a faite à Moscou et de sa
rencontre avec le président russe, le
6 décembre dernier, au retour de son
voyage officiel au Kazakhstan.
Le rôle clé de la France dans le proces-
sus de Minsk est de bon augure. Bien
sûr, il y a un contexte médiatique, il
y a une crise de confiance profonde, il
y a le dossier – hélas visible et haute-
ment symbolique – du Mistral, mais il
y a aussi des signaux plus positifs qui
viennent du plus haut niveau.
– L’économie russe est-elle « en lambeaux » ?
– Non, contrairement à ce qu’a pu dire,
un peu imprudemment, le président
Obama à l’automne dernier. Les scé-
narios très sombres, parfois apocalyp-
tiques, qui avaient fleuri après le « mar-
di noir » du rouble à la mi-décembre, ne
se confirment pas. L’économie russe ne
s’effondre pas. La monnaie nationale
s’est redressée, les cours du pétrole – si
déterminants pour les équilibres
macro-économiques et financiers du
pays – se sont stabilisés et sont même
remontés à 65 dollars le baril, et la ré-
cession devrait être légèrement infé-
rieure à 3 %, alors que certains tablaient
sur une contraction de 5 voire 6 points.
Ceci dit, la situation n’est pas brillante.
Les revenus réels de la population sont
en baisse – pour la première fois depuis
l’arrivée de Vladimir Poutine au pou-
voir en 2000 –, l’investissement – russe
comme étranger – est à l’arrêt, l’infla-
tion sera proche de 15 % cette année, les
budgets de la plupart des régions sont
en déficit. Pour résumer, je dirais que
la Russie résiste plutôt bien au choc.
Mais les défis fondamentaux auxquels
elle doit faire face sont toujours là. Il
s’agit ni plus ni moins que d’inventer
un nouveau modèle de développement
pour les décennies à venir.
– Les investisseurs français quittent-ils la
Russie ? Où en sont les échanges commer-
ciaux bilatéraux ?
– À ma connaissance, aucune entre-
prise française n’a l’intention de par-
tir de Russie. Les gens comprennent
qu’au-delà des turbulences actuelles,
c’est un pays au potentiel et aux be-
IL N’Y AURA PAS DE RETOUR
AU STATU QUO ANTE
Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire
franco-russe, s’exprime sur les relations franco-
russes, sur le virage de la Russie en direction de
l’Est, et répond à la question de savoir si l’économie
russe est réellement « en lambeaux » ou non.
Le président russe Vladimir Poutine
rencontre le président français François
Hollande à l’aéroport Vnoukovo, à Moscou. |
MAXIM ZMEYEV / REUTERS
Arnaud DUBIEN |
OBSERVATOIRE FRANCO-RUSSE
LES SCÉNARIOS
TRÈS SOMBRES,
PARFOIS
APOCALYPTIQUES,
QUI AVAIENT
FLEURI APRÈS LE
« MARDI NOIR » DU
ROUBLE À LA MI-
DÉCEMBRE, NE SE
CONFIRMENT PAS.
L’ÉCONOMIE RUSSE
NE S’EFFONDRE
PAS.
11www.lecourrierderussie.com Édition spéciale Russie-France
soins  – notamment en termes d’in-
frastructures  – gigantesques. Les en-
treprises françaises peuvent contribuer
à la modernisation de la Russie. Plu-
sieurs centaines y sont implantées et y
œuvrent déjà, en apportant technolo-
gies et savoir-faire.
À court terme, la situation est très
différente selon les secteurs d’activité.
La distribution se porte plutôt bien,
tandis que les constructeurs automo-
biles enregistrent à l’inverse de très
mauvais chiffres de ventes. L’une des
conséquences de la crise du rouble fin
2014-début 2015 et du climat politique
né de la crise ukrainienne sera une lo-
calisation plus importante de la pro-
duction en Russie.
Les échanges bilatéraux devraient,
hélas, encore baisser cette année. C’est
le résultat de plusieurs facteurs. Tout
d’abord, la situation économique en
Russie, dont les importations ont bais-
sé d’environ 30 % au premier trimestre.
Les contre-sanctions décidées par le
Kremlin en août dernier en réponse aux
sanctions sectorielles occidentales ont
également privé certaines entreprises
françaises du secteur agro-alimentaire
de leurs débouchés en Russie. Enfin,
il convient de relever un véritable pro-
blème de financement de la part des
banques françaises. Des dizaines de
grosses PME nous ont dit ne pas pou-
voir obtenir de prêts pour leurs projets
d’exportation en Russie. Officielle-
ment, le problème n’existe pas, ou il
est d’ordre technique. Dans les faits,
la frilosité traditionnelle des banquiers
vis-à-vis de la Russie a été amplifiée
par les sanctions – qui ne concernent
pourtant qu’un nombre très limité de
secteurs – et par l’affaire BNP Paribas.
Le phénomène d’overcompliance que l’on
constate aujourd’hui pénalise non pas
la Russie mais nos entreprises et, infine,
la balance commerciale de la France.
– Assiste-t-on à un virage de la politique
étrangère de la Russie en direction de l’Asie ?
– La Russie a systématiquement reven-
diqué, depuis des siècles, sa double vo-
cation – européenne et asiatique. Mais
l’empire tsariste comme l’Union sovié-
tique étaient en réalité des puissances
européocentrées. C’est toujours le cas
aujourd’hui en termes économiques
et démographiques, mais les choses
sont en train d’évoluer. La Russie fait le
constat qu’elle ne peut se désintéresser
de la région Asie-Pacifique, où le centre
de gravité économique et politique du
monde est en train de glisser. Et qu’elle
dispose de nombreux atouts, jusqu’ici
négligés, pour y jouer un rôle.
À vrai dire, cette prise de conscience
est antérieure à la crise ukrainienne.
Le sommet de l’APEC, qui s’est tenu à
Vladivostok en septembre 2012, avait il-
lustré cette nouvelle ambition orientale
de la Russie, 25 ans après le fameux dis-
cours prononcé par Mikhaïl Gorbatchev
dans cette ville. Il s’agit à la fois de ren-
forcer ses échanges commerciaux avec
les pays de la région, mais aussi de dé-
velopper les provinces de Sibérie orien-
tales et d’Extrême-Orient, très vulné-
rables sur le plan socio-économique.
Les cérémonies commémoratives des
70 ans de la victoire sur l’Allemagne
nazie ont mis en évidence le rappro-
chement entre la Russie et la Chine.
Des dizaines d’accords ont été conclus,
moins d’un an après la signature de
l’accord sur le gazoduc Force de la Si-
bérie. L’Observatoire, qui suit très at-
tentivement ce qui se passe dans les ré-
gions de Russie, note la multiplication
de projets d’investissements chinois
dans de très nombreux secteurs. À l’évi-
dence, un mouvement tectonique s’est
enclenché. Certes, parler d’alliance
russo-chinoise est exagéré. Mais nier,
comme le font de nombreux analystes
en Europe, qu’il se passe quelque chose
de majeur est assez incompréhensible.
Notons au passage que la politique asia-
tique de la Russie ne se résume pas à la
Chine. Moscou développe de façon sui-
vie ses partenariats avec l’Inde, le Viet-
nam et la Corée du Sud.
– Quel sera le positionnement international
de la Russie ces prochaines années et quelle
sera la nature de ses relations avec l’Occi-
dent ?
– Le sentiment qui prévaut dans les
cercles de pouvoir à Moscou est qu’il
n’y aura pas de retour au statu quo ante.
La Russie se prépare à une coexistence
relativement indifférente avec un Oc-
cident dont elle n’attend plus grand-
chose de positif, qu’elle juge comme
largement responsable du désordre
international – notamment au Moyen-
Orient – et qui n’est plus aujourd’hui la
référence centrale. Elle privilégiera les
coopérations avec des pays (BRICS, Tur-
quie, Égypte, Iran, etc.) qu’elle estime
capables de résister à d’éventuelles
pressions américaines. L’idée d’une
dépendance croissante vis-à-vis de la
Chine est intégrée – à défaut d’être vrai-
ment acceptée – par les élites russes.
Puissance inquiète pour sa sécurité
et son rang, la Russie continuera d’évo-
luer sans grande stratégie, dans une
logique réactive et opportuniste, seule
sans être isolée.
PUISSANCE
INQUIÈTE POUR SA
SÉCURITÉ ET SON
RANG, LA RUSSIE
CONTINUERA
D’ÉVOLUER
SANS GRANDE
STRATÉGIE, DANS
UNE LOGIQUE
RÉACTIVE ET
OPPORTUNISTE,
SEULE SANS ÊTRE
ISOLÉE.
– Dentons a annoncé une nouvelle extension
majeure un an seulement après que les trois
principaux cabinets d’avocats internatio-
naux – Salans, SNR Denton et Fraser Milner
Casgrain (FMC) – ont fusionné pour former
Dentons. Comment ces changements vont-ils
affecter le cabinet en Russie ?
– La fusion de Dentons et du principal
cabinet d’avocat chinois 大成 (pronon-
cé « da chung »), annoncée en janvier
2015, forme un cabinet unique sur le
marché. La nouvelle firme aura plus
de 6 600 avocats et juristes dans 125
bureaux répartis dans plus de 50 pays.
L’année dernière, la firme a continué
à ouvrir de nouveaux bureaux, princi-
palement en Afrique, plus précisément
dans ses régions francophones.
Nos clients russes qui souhaitent tra-
vailler à l’étranger auront accès à un
réseau d’avocats encore plus large à tra-
vers l’Europe, la CEI, les États-Unis, le
Royaume-Uni, le Canada, l’Asie-Paci-
fique, l’Asie centrale, le Moyen-Orient
et l’Afrique.
– Dentons a-t-il développé son Global
French Desk en Russie ?
– Le lien avec la France reste au cœur de
l’identité de Dentons en Russie. C’est
à Paris qu’est né Salans, l’un des cabi-
nets d’avocats ayant contribué à former
Dentons. C’est la raison pour laquelle
les entreprises françaises ont toujours
constitué une part importante de notre
clientèle en Russie.
Pour assister nos clients français,
nous disposons entre autres d’une
équipe de 15 avocats francophones dans
nos bureaux de Moscou et Saint-Pé-
tersbourg. En plus des ressortissants
russes, notre équipe rassemble plu-
sieurs Français membres du barreau de
Paris et parlant un russe parfait après
de nombreuses années de résidence à
Moscou. Nous pouvons également faire
appel à d’autres collègues français spé-
cialisés en droit des affaires russe et ba-
sés dans nos bureaux de Paris et Berlin.
Notre expérience nous montre
qu'au-delà des difficultés inhérentes
aux transactions parfois juridiquement
complexes, il y a souvent des barrières
interculturelles rendant plus difficiles
les contacts et faisant des négocia-
tions un véritable défi. Un conseiller
juridique parfaitement bilingue avec
une véritable compréhension des deux
cultures sera souvent d'une grande aide
dans de telles situations, et permet-
tra un gain de temps et d'argent pour
toutes les personnes impliquées.
Que ce soit pour des multinatio-
nales ou des entreprises plus petites,
notre équipe française en Russie est
en mesure de fournir aux clients fran-
cophones une gamme complète de ser-
vices juridiques pour les aider à travail-
ler en Russie, et ce dans des secteurs
aussi variés que le luxe, les services,
l'agroalimentaire, la construction, les
sciences de la vie, les services finan-
ciers et bien d'autres.
Attentif aux besoins de nos clients
français et à leur service, je suis un
membre actif de la communauté d'af-
faires française à Moscou, où je vis
depuis 22 ans, et je suis très impliqué
dans la promotion des relations écono-
miques entre la France et la Russie.
DENTONS,
UNE PRÉSENCE
FRANÇAISE EN RUSSIE
Mathieu Fabre-
Magnan, associé du
cabinet Dentons au
bureau de Moscou,
responsable du
groupe de pratique
Dentons European and
Russian Luxury, Fashion
and Beauty et en charge
du Pôle France / Global
French Desk de Dentons
en Russie, se spécia-
lise dans l’accompa-
gnement juridique
des clients français.
Il nous présente le
cabinet Dentons en
Russie.
publicité
12 Édition spéciale Russie-France
En ce premier quart du 21e
siècle, la
France conserve une position confor-
table dans la course à l'innovation.
Elle est en pointe dans la « compéti-
tion mondiale » pour l’Internet le plus
rapide et a remporté de nombreux prix
lors du dernier CES (Consumer Electronics
Show), le principal salon de l'électro-
nique grand public qui se tient à Las Ve-
gas, et ce bien que la concurrence avec
la Corée du Sud, la Chine, les États-
Unis et l'Allemagne reste assez intense.
La part du Web dans le PIB français
est estimée à 5,5 % (contre 3 % en 2009).
Par ailleurs, le nombre de demandes
de brevets déposées en France place le
pays en deuxième position en Europe et
en sixième position mondiale. En no-
vembre de l'année dernière, la France
est arrivée en tête du classement Tech-
nology Fast 500 EMEA.
INFRASTRUCTURE
NUMÉRIQUE
Ces indicateurs prometteurs devraient
continuer à s’améliorer grâce à plu-
sieurs projets lancés avec le soutien du
gouvernement français.
Le programme « France numérique »,
adopté en 2012, pose les bases de ce dé-
veloppement. Le projet est principale-
ment tourné vers les consommateurs
à travers l’élargissement de la sphère
des services publics numériques, l’in-
troduction de l’Internet à haut débit
et l'amélioration de la qualité de la
connexion mobile, avec la 3G et la 4G.
Il a déjà porté ses fruits. Ainsi, selon
les statistiques de l'indice DESI (The Di-
gital Economy and Society Index) de l'Union
européenne, les portails des services
publics sont activement utilisés en
France. Par exemple, 39 % des méde-
cins généralistes conservent les don-
nées médicales sous forme numérique
(contre 36 % en moyenne en Union eu-
ropéenne), et 28 % des médecins trans-
mettent les ordonnances aux pharma-
ciens par voie électronique.
La France se classe première parmi
les pays européens en matière d'achats
sur Internet ainsi que dans l’utilisation
de la télévision et des vidéos en ligne.
En revanche, en matière de communi-
cation sur les réseaux sociaux et d’ap-
pels vidéo, les Français utilisent moins
Internet que les autres Européens,
selon les données du DESI. Le rapport
UbiFrance, présenté au prestigieux sa-
lon CES à Las Vegas, indique que le dé-
bit des réseaux de télécommunications
en France atteint une vitesse moyenne
de 31 Mbits/s (78,7 Mbits/s à Paris). Les
20 milliards d'euros investis dans les
infrastructures de l'Internet à haut dé-
bit devraient permettre d’atteindre une
couverture à 100 % à l'horizon 2022.
Le marché des communications mo-
biles en France est le deuxième plus
grand d’Europe. Par ailleurs, de nom-
breux consommateurs préfèrent la 4G
pour l'accès à l'Internet. Dans ce do-
maine, la France est également le deu-
xième pays d’Europe.
En 2013, le président François Hol-
lande a annoncé une liste de 34 projets
de hautes technologies stratégiques
pour la France (le programme est in-
titulé  «  La nouvelle France indus-
trielle ») : un tiers de ces projets relève
des technologies de l’information (TI).
LES INVESTISSEMENTS
DANS LES START-UPS
En 2013, French Tech, un projet visant
à soutenir les start-ups à fort potentiel,
a été lancé avec le soutien du gouver-
nement français. Par ailleurs, le pro-
jet vise non seulement à soutenir les
entreprises françaises sur le marché
national et à travers le monde, mais
également à attirer des start-ups étran-
gères en France.
« Les sociétés étrangères jouent
un rôle important dans l'économie
française. Pourtant, par rapport aux
États-Unis, au Qatar, à la Chine et à
d'autres pays, la Russie y est relati-
vement peu représentée. La Russie
compte de nombreuses entreprises
fortes dans ce domaine – Yandex, MTS
et VimpelCom, pour n'en citer que
quelques-unes  –  mais quand ces ac-
teurs cherchent à s'étendre au-delà
de leur pays, ils rencontrent des diffi-
cultés. Pour les start-ups russes, c'est
encore plus difficile. Nous voulons les
aider  :  si ces entreprises décident de
se lancer sur le marché étranger ou
européen, nous aurons, bien sûr, tout
intérêt à les attirer en France, car cela
favorisera la croissance économique et
la création d'emplois », explique Sté-
phanie Morley, chef du pôle Nouvelles
technologies, innovation et services de
Business France en Russie.
Le climat favorable devrait encoura-
ger l’investissement. Ainsi, la France
pratique le crédit d'impôt recherche,
qui couvre jusqu'à 100 millions d'euros
d'investissement et permet de réduire
les charges fiscales, de même que le
crédit d'impôt innovation. En outre,
les entreprises peuvent prétendre au
statut de jeune entreprise innovante,
qui permet aux start-ups de bénéficier
de réductions fiscales pendant huit
ans. « En ce qui concerne les investis-
sements à risque, la Banque publique
d'investissement vient encourager les
investissements privés dans les indus-
tries de capital-risque. L'effet positif de
ces mesures est déjà apparent : on peut
citer l'exemple de BlaBlaCar, qui a pu
lever 100 millions d'euros en 2014 », ra-
conte Stéphanie Morley.
La participation au salon d'électro-
nique grand public de Las Vegas est
une autre manière de soutenir les
start-ups françaises. Stéphanie Mor-
ley indique qu'en 2014, 120 entreprises
et start-ups françaises ont participé
au CES, faisant de la France la pre-
mière délégation européenne et la cin-
quième délégation par rapport à tous
les pays participants. Par ailleurs, 25 %
de toutes les start-ups représentées
étaient françaises.
Le festival Futur en Seine, qui se tien-
dra en juin de cette année, devrait aider
les start-ups et PME russes à se lancer
en France. Le festival réunit quelque
20 à 25 pays et leur permet de présen-
ter leurs innovations technologiques.
Cette année, une délégation russe est
attendue avec, notamment, la partici-
pation de RVC, qui, à son tour, invitera
les start-ups russes.
LES AVANTAGES
DE LA FRANCE
L'accès au marché russe est également
un axe important du travail de French
Tech, explique Stéphanie Morley. Les
Français occupent une position forte
dans les domaines du commerce élec-
tronique et du marketing numérique,
des technologies audiovisuelles, des
télécommunications, des logiciels, du
traitement des données de masse, de
la cyber-sécurité et de l’utilisation des
drones.
La directrice du département TIC
de Business France en Russie estime
qu'une collaboration efficace entre
les deux pays est possible dans ces do-
maines.
« Je crois que les Russes savent glo-
balement où l'on peut trouver du sa-
voir-faire et de l'expérience, et, mal-
gré la concurrence américaine et
allemande, dans leur recherche de par-
TIC À L’IMPORT
ET À L’EXPORT
À l’aube des technologies de
l’information, la France avait déjà
créé le service Minitel, largement
utilisé jusqu’à l’avènement de
l’ère Internet.
« DE NOMBREUX PROJETS
FRANÇAIS PORTENT DES NOMS
À CONSONANCE AMÉRICAINE CAR
ON CONSIDÈRE QUE CELA PERMET
DE BOOSTER LES VENTES, MAIS
ILS SONT EN RÉALITÉ FRANÇAIS. »
STÉPHANIE MORLEY
Futur en Seine |
JEAN-PIERRE DALBÉRA / FLICKR.COM
13www.lecourrierderussie.com Édition spéciale Russie-France
tenaires, ils choisiront une entreprise
française si celle-ci est réellement un
expert dans son domaine », estime Sté-
phanie Morley.
La société Sigfox a, par exemple, si-
gné un contrat avec la mairie de Mos-
cou et participe au projet d’équipement
de places de parking dans la capitale. À
l'avenir, d'autres start-ups françaises
pourraient être demandées en Russie,
notamment celles qui proposent les
technologies récompensées au salon
CES : ce sont les drones Parrot, les ca-
méras de surveillance à identification
visuelle Netatmo et bien d'autres.
LES FRANÇAIS SUR
LE MARCHÉ RUSSE
Les acteurs des TIC (technologies de
l’information et de la communication)
français déjà présents sur le marché
russe s'accordent à dire que celui-ci est
attractif du point de vue économique.
Le directeur du département stra-
tégie et recherche d'Oxymore Inc.,
Jean-Christophe Bonis, précise que le
lancement de l’entreprise sur le mar-
ché russe était naturel car c’est un mar-
ché dynamique, prometteur et vaste.
En Russie, la société promeut la for-
mation dans le domaine des innova-
tions à travers des conférences, des
ateliers et des consultations spéciales,
mais son objectif principal est la créa-
tion d'une plateforme de formation
utilisant les smart data et l'intelligence
artificielle.
Le directeur général de Teads en
Russie, Thierry Cellerin, souligne éga-
lement le potentiel du marché russe,
le plus vaste d'Europe en termes d'au-
dience avec environ 75 millions d'utili-
sateurs mensuels.
Pour cette société, spécialisée dans
les flux vidéo en ligne pouvant être in-
tégrés sur n'importe quelle page web, le
lancement sur le marché russe est un
pas naturel. « Le secret du succès d'une
société technologique est d'être simple-
ment un peu en avance sur le reste du
marché », estime M. Cellerin.
Iouri Larine, directeur des ventes
Russie et CEI d'Arkaden RUS, précise
qu'un service de qualité doit être assuré
dans la langue du pays où le bureau est
installé.
En outre, compte tenu de l'étendue
territoriale de la Russie, les technolo-
gies de connexion vidéo hybride pro-
posées par la société sont particulière-
ment d'actualité. Elles permettent aux
utilisateurs de communiquer à partir
de tout type d'appareil ou presque.
« La France est l'un des premiers pays
d'Europe avec une culture riche, no-
tamment technique, et nous sommes
heureux de proposer aux utilisateurs
russes les meilleures technologies
de travail à distance, développées en
France et testées en Europe et à travers
le monde », indique M. Larine.
Lev Samsonov, directeur général de
Fabernovel en Russie, souligne que la
Russie fait partie des cinq plus grands
marchés numériques du monde. Aussi
les opportunités apportées par la révolu-
tion numérique seront-elles de plus en
plus demandées dans les années à venir.
« Aujourd'hui, plutôt que reproduire
les produits et services réussis, les entre-
prises doivent en créer de nouveaux en
utilisant leurs actifs et l'expertise accu-
mulée et en recourant aux technologies
numériques », estime M. Samsonov.
Thierry Cellerin partage cet avis. Il ex-
plique que de nombreuses entreprises
« ne sont pas toujours conscientes des
possibilités que peut apporter le déve-
loppement des TIC à leurs activités,
réduisant à tort le rôle des TIC aux
technologies de la communication.
Les TIC peuvent apporter de nouvelles
technologies aux entreprises, créer de
nouveaux produits, modifier le mo-
dèle commercial de la société, etc. Elles
doivent devenir la composante princi-
pale de la planification stratégique. »
Cela signifie que les entreprises de-
vront agir en utilisant des technologies
innovantes si elles veulent éviter le des-
tin de Kodak, qui a fait faillite.
Stéphanie Morley explique que l'ob-
jectif est de faire en sorte que les start-
ups françaises ne se contentent pas de
simplement « vendre » leurs produits
en Russie, mais qu'elles s'y installent
durablement : « Elles ont peu de res-
sources humaines pour y parvenir, c'est
pourquoi nous leur venons en aide, de
même que la Chambre de commerce et
d'industrie franco-russe. »
Le fournisseur
international Orange
Business Services
offre des services de
télécommunications aux
plus gros clients russes
et internationaux,
tels que Danone,
Heineken, Siemens, JTI,
L’Oréal, Otkrytie Bank,
MDM Bank, Rosbank,
Sberbank, etc. Richard
van Wageningen,
directeur général de la
filiale russe du groupe,
aborde les nouvelles
opportunités qu’ouvre
la crise en Russie.
–Quelestl’impactdelaconjonctureéconomique
en Russie sur l'activité de votre entreprise ?
– Déjà lors de la préparation du budget
pour l'année en cours, nous prévoyions
que notre travail serait plus difficile.
Mais nous savions à l’avance où nous
pouvions travailler de manière plus
efficace. Les entreprises doivent cher-
cher des moyens d’optimiser leurs dé-
penses. En cela, nous sommes aidés
par les technologies informatiques.
En investissant dans ces technologies
aujourd'hui, nous pouvons prendre
plusieurs années d'avance sur nos
concurrents. En outre, les solutions in-
formatiques sont très utiles en temps
de crise. Je pense notamment aux so-
lutions de cloud computing qu'on peut
exploiter en ne payant que pour les res-
sources utilisées – c'est important lors-
qu'une société croît ou, au contraire,
réduit sa voilure.
– Les entreprises peuvent-elles trouver de
nouvelles opportunités ?
– Bien sûr. La crise est simplement une
autre situation, que l'on peut compa-
rer à la conduite automobile : lorsqu'il
pleut ou neige, nous conduisons plus
prudemment. En ce qui concerne les
investissements, de grandes opportu-
nités apparaissent.
– Pourquoi faut-il aujourd’hui investir en
Russie ?
– Travailler en Russie est crucial pour
nous comme pour tout fournisseur in-
ternational de services. Il est même
plus intéressant d'investir en Russie
aujourd'hui qu'avant la crise : celui
qui achète maintenant dicte ses règles
au marché. Cela peut bien entendu
être difficile, mais il faut le faire si
l’on ne veut pas, d'ici deux ans, quand
l'économie reprendra sa croissance,
se retrouver derrière tout le monde.
De notre côté, nous investissons dans
l'infrastructure en Russie, élargissons
notre plateforme cloud et faisons tout
pour rester un partenaire fiable pour
nos clients.
– Quelles sont les nouvelles difficultés ren-
contrées par vos clients ?
– La majeure partie de nos clients sont
des organismes financiers, des compa-
gnies pétrolières, gazières et minières,
et des détaillants. Chacun de ces sec-
teurs a souffert de la crise à sa façon.
Nous cherchons à soutenir nos clients
et à leur proposer des conditions plus
favorables.
– Quelles mesures les entreprises doivent-
elles prendre pour rester compétitives dans
les nouvelles conditions économiques ?
– Chaque entreprise doit comprendre
pourquoi ses clients l’ont choisie elle.
Les unes misent sur la qualité, les
autres sur le prix et la flexibilité. Nous
combinons les deux approches. Notre
force, ce sont les grands clients russes
et internationaux que nous compre-
nons bien et à qui nous pouvons propo-
ser les meilleures solutions.
L'état d'esprit de la direction est éga-
lement très important. Un directeur
peut dire que tout va mal, un autre ap-
préciera les résultats obtenus, même
s'ils sont minimes. Personnellement,
je suis un optimiste.
– Quelles niches avez-vous l'intention de dé-
velopper sur votre marché en Russie ?
– Les entreprises recourent de plus en
plus au modèle cloud pour l'organisation
de leur travail. Par conséquent, tous
nos produits et services migrent sur le
cloud : la téléphonie, les conférences
audio, vidéo et web, et les centres de
contact. Nous proposons également
des clouds virtuels privés et hybrides à
nos clients. Les clouds hybrides allient le
confort d'utilisation d'un cloud privé et
la sécurité.
Par ailleurs, à partir du 1er
septembre
doit entrer en vigueur la loi sur la conser-
vation des données personnelles, qui
oblige les entreprises à conserver sur le
territoire russe les données des citoyens
russes. Dans le contexte actuel, les en-
treprises peuvent soit investir dans l'ex-
pansion et la modernisation des centres
de données afin de respecter la législa-
tion, soit migrer sur le cloud et ainsi bé-
néficier de davantage de flexibilité sans
devoir investir dans l’infrastructure et
sa modernisation. Nous avons constaté
une hausse de la demande pour les pro-
jets cloud de la part des grandes entre-
prises. Nos clients souhaitent utiliser
notre plateforme cloud, aussi nous inves-
tissons actuellement dans son expan-
sion. Nous avons nos propres centres de
données en Russie et nous fournissons
des services sur la base des centres de
données de nos partenaires.
– Quelles sont les tendances dominantes sur
le marché ?
– La tendance principale est la mobili-
té. Les collaborateurs veulent avoir un
accès mobile aux mêmes applications
et systèmes qu'à partir d'un ordina-
teur fixe, partout et depuis tout type
d'appareil. Pour ce faire, des outils de
programmation ont été élaborés et sont
proposés sur les marchés IT internatio-
nal et russe. Nous proposons une solu-
tion complète pour l’utilisation sécuri-
sée des appareils mobiles. Entre autres
avantages, celle-ci ne nécessite ni dé-
penses d’investissement de capital, ni
d'investissements dans l'infrastructure
informatique. Le client ne paie que
pour les appareils activement utilisés
au sein de l'entreprise.
– Comment gérez-vous les questions de sécu-
rité dans ce cas ?
– Ce service est déjà utilisé dans le
monde, notamment par des institu-
tions financières et des organismes
gouvernementaux, dont les exigences
sont les plus élevées en matière de ges-
tion de l'infrastructure informatique
et de garantie de la sécurité. Parmi ces
organismes, on trouve le ministère
belge des Affaires étrangères. Les ap-
pareils mobiles des employés ont attiré
l'attention des malfaiteurs, le nombre
de ces appareils a crû et, afin d'assurer
leur sécurité, le ministère belge des Af-
faires étrangères a choisi le service cloud
d’Orange Business Services. Ce service
prend en charge environ 500 appareils
mobiles dans différents pays et permet
de mettre en œuvre une politique de
sécurité pour les ordinateurs fixes, les
ordinateurs portables, les smartphones
et les tablettes, y compris les appareils
personnels des employés.
– À votre avis, à quel point la Russie est-elle
attractive pour les investisseurs ?
– La Russie est un pays très vaste et très
attractif en termes d’investissements.
Il y a ici tout ce dont vous avez besoin
pour faire des affaires. Ce point de vue
est partagé par mes collègues en France
et dans le monde entier. Nous dispo-
sons de nos propres infrastructures dé-
veloppées, d’une équipe de spécialistes
qualifiés et nous continuons d’investir
en Russie. Le chiffre d'affaires de notre
société est en augmentation, et la crise
nous est même d'une certaine aide
dans la mesure où la demande en tech-
nologies ne faiblit pas.
ORANGE BUSINESS SERVICES : « LA CRISE EST
LE TEMPS DES NOUVELLES OPPORTUNITÉS »
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14 Édition spéciale Russie-France
Ce faisant, ils ratent l’occasion de dé-
couvrir l’une des villes les plus colorées
du sud de la France, où l’ancien et le
nouveau s’entrelacent dans un mé-
lange enchanteur, où les gens sont ac-
cueillants, où la cuisine est succulente,
et le climat – chaud. Cette ville, dont
l’université est une des plus anciennes,
regorge de lieux historiques entourés
de technologies de pointe tournées vers
l’avenir.
La particularité de Toulouse est la
brique rose qui a servi à construire tous
ses bâtiments. Les nuances du maté-
riau varient en fonction de la position
et de l’intensité du soleil. C’est d’ail-
leurs de là que Toulouse tire son sur-
nom de « ville rose ».
Toulouse se situe sur la Garonne, à
mi-chemin environ entre Montpellier,
au bord de la Méditerranée, et Biar-
ritz, sur la côte atlantique. C’est la
quatrième plus grande ville de France
après Paris, Lyon et Marseille. Peuplée
de plus de 500 000 habitants et préfec-
ture de Midi-Pyrénées, la plus grande
région de la France continentale, Tou-
louse est desservie par deux aéroports,
un réseau d’autoroutes et son propre
métro.
Mais ce qui donne sa principale re-
nommée à Toulouse, c’est d’être deve-
nue le centre de l’industrie aéronau-
tique dès l’apparition de l’aviation. En
témoigne la place du Capitole, la prin-
cipale de la ville. Cette place de deux
hectares est entourée par les imposants
bâtiments de la mairie et de l’opéra,
mais surtout par l’hôtel historique du
Grand Balcon, où le légendaire écrivain
et pilote Antoine de Saint-Exupéry a ré-
digé l’impérissable chef-d’œuvre de la
littérature pour enfants, Le Petit Prince.
C’est précisément à Toulouse que, du-
rant l’entre-deux-guerres, est née l’aé-
ropostale et qu’ont été exécutés les pre-
miers vols du supersonique Concorde.
Aujourd’hui, les principaux secteurs
industriels de la région sont ceux de
l’aéronautique, de l’aérospatiale, de
l’électronique, de l’informatique et des
biotechnologies. Siège d’Airbus Group
(ancien EADS), du GPS Galileo et du sys-
tème de satellites SPOT, Toulouse est
la capitale européenne de l’industrie
aérospatiale. En outre, c’est là qu’ATR
produit ses célèbres avions régionaux
(de courte et moyenne distance) et
que sont installées les entreprises du
Groupe Latécoère, un des plus gros
producteurs mondiaux de composants
aéronautiques modernes – éléments de
fuselage, portes et avionique.
Lesvisiteurspeuventobserverdeleurs
propres yeux l’assemblage d’avions de
ligne modernes dans l’usine Aerospa-
tiale à Colomiers, dans la banlieue de
Toulouse. Un lieu encore plus apprécié
des touristes est la Cité de l’espace, un
vaste parc à thème scientifique d’une
superficie de 3,5 hectares, consacré à
l’exploration spatiale. Il comprend un
planétarium populaire et un musée
foisonnant d’innovations, notamment
un simulateur de vol à bord d’un vais-
seau spatial, une réplique grandeur
nature de la station spatiale Mir ainsi
qu’une fusée Ariane 5 de 53 mètres. Les
visiteurs peuvent ainsi se mettre, le
temps d’une journée, dans la peau de
spationautes et vivre le décollage et l’at-
terrissage d’une navette spatiale.
La ville abrite également le centre
européen du géant technologique amé-
ricain Intel et le Centre spatial de Tou-
louse (CST) du Centre national d’études
spatiales (CNES) – le plus grand d’Eu-
rope. Relevons également la présence
remarquée du géant spatial franco-ita-
lien Thales Alenia Space et d’Astrium
Satellites, une unité d’Airbus Group
spécialisée dans la conception et la fa-
brication de satellites.
Le pôle aérospatial de Toulouse est
TOULOUSE : PASSÉ ROMANTIQUE
ET PRÉSENT INDUSTRIEL
Il n’est pas toujours facile de trouver
un guide touristique sur Toulouse.
Bien qu’au Moyen-Âge, cette ville ait
constitué une étape pour les pèlerins en
route vers Saint-Jacques-de-Compostelle,
les touristes d’aujourd’hui, pressés de
rejoindre les stations balnéaires des côtes
méditerranéenne ou atlantique, ne s’y
arrêtent plus que brièvement.
Vue de Toulouse |
OLIVIER JAULENT / WIKIMEDIA COMMONS
AUJOURD’HUI, LES PRINCIPAUX
SECTEURS INDUSTRIELS
DE LA RÉGION SONT CEUX
DE L’AÉRONAUTIQUE,
DE L’AÉROSPATIALE, DE
L’ÉLECTRONIQUE, DE
L’INFORMATIQUE ET DES
BIOTECHNOLOGIES.
ALEXANDRE ANITCHKINE
15www.lecourrierderussie.com Édition spéciale Russie-France
considéré comme le meilleur pôle d’ex-
port de l’économie française et sert
souvent à illustrer le contraste entre le
niveau de compétitivité de l’économie
nationale dans son ensemble et celui
de ce secteur pris à part.
Le pôle couvre les régions Midi-Pyré-
nées et Aquitaine et compte 1 500 so-
ciétés, 100 000 travailleurs, 10 500 in-
génieurs et scientifiques, ainsi que
plusieurs dizaines de fabricants d'équi-
pement d'origine (FEO). Il représente
80 % des exportations françaises dans
l’industrie aérospatiale et plus de 9  %
de l’ensemble des exportations du
pays. Soit, par exemple, 15 fois plus, en
termes de revenus, que les exportations
de bordeaux.
La région de Toulouse est également
devenue un pôle éminent grâce à sa po-
sition géographique stratégique et à la
politique du gouvernement, qui, déjà
lors de la Première Guerre mondiale, y
avait commandé 1 000 avions. Toulouse
avait été choisie parce qu’elle était la
zone d’industrie lourde la plus éloignée
du front allemand. De plus, les condi-
tions atmosphériques y étaient idéales
et les massifs des Pyrénées servaient
de repères lors des vols d’entraînement
des pilotes.
Plus proche de notre époque, dans
les années 1960, la participation de la
France au projet Concorde et Airbus a
propulsé le futur développement du
secteur avec l’appui de travaux scien-
tifiques et expérimentaux. À partir de
1965, le gouvernement a lancé une po-
litique de décentralisation administra-
tive, dans le cadre de laquelle plusieurs
instituts scientifiques parisiens ont été
transférés à Toulouse afin de consolider
les centres sectoriels compétitifs en de-
hors de la capitale. Enfin, en 2005, le
gouvernement français décide de créer
Aerospace Valley, un pôle constitué
d’entreprises aérospatiales et d’associa-
tions scientifiques et centré à Toulouse.
Le pôle aérospatial toulousain forme
un réseau d’entreprises et d’organi-
sations publiques et privées, de four-
nisseurs et de maîtres d’œuvre, tous
étroitement liés entre eux. Les com-
posants de navigation, de communi-
cation et d’électronique sont produits
séparément avant d’être expédiés pour
assemblage chez Airbus ou d’autres fa-
bricants du produit fini. Une grande
partie des systèmes et des sous-sys-
tèmes modulaires (par exemple les
Réplique d’Ariane 5 à la Cité de l’espace,
à Toulouse | Poppy / WIKIMEDIA COMMONS
AÉRONAUTIQUE, AÉROSPATIALE ET NOU-
VELLES TECHNOLOGIES
Arcam : Création de nouveaux alliages métal-
liques sans plomb ni chrome afin de produire des
aciers inoxydables respectueux de l’environne-
ment pour l’industrie aéronautique et aérospa-
tiale.
CE-GNSS : Création de systèmes portables
(programmes) connectés au système satellite
GPS dans le but de donner aux aveugles et mal-
voyants une vie plus proche de la normale.
Copain : Modernisation des cockpits des avions
civils et des jets d’affaires, permettant de dimi-
nuer leur poids d’un tiers et de réduire le coût de
ce centre névralgique de l’avion moderne.
Fahrenheit : Le projet Fahrenheit fournit des ma-
tériaux de protection thermique améliorés pour
les avions et les engins spatiaux qui subissent en
vol des températures extrêmes.
Pro-CIGS : Concept de production en masse de
panneaux photovoltaïques (solaires) visant à
réduire les coûts et à encourager les investisse-
ments. Le but du projet est de réduire la dépen-
dance des pays industrialisés et en développe-
ment à l’égard des hydrocarbures.
TECHNOLOGIES AGRICOLES
AgriDrones : Projet conjoint entre les pôles
agricole et aérospatial qui vise à développer des
drones spécialisés (véhicules aériens sans pilote)
pour accroître l’efficacité des plantations de
cultures couvrant de grandes surfaces, telles que
le blé, le maïs, le tournesol et le colza.
Roquefort’in : Recherche sur le potentiel sélectif
et génétique du fromage produit à partir de lait
de brebis (roquefort).
Ecosilo : Développement de méthodes pour proté-
ger les cultures contre les insectes et autres para-
sites pendant le processus de stockage du grain.
BIOTECHNOLOGIES ET MÉDECINE
BEA : Projet commun entre les pôles aérospatial
et biotechnologique. L’objectif est de développer
un bracelet connecté à un système de recherche
et d’alerte à distance pour les personnes âgées
membres d’un EHPAD (établissement d’héberge-
ment pour personnes âgées dépendantes).
Roméo II : Création d’un robot humanoïde mesu-
rant 180 cm et servant de compagnon et d’aide
domestique. Aldebaran est le chef du projet.
Inpac : Développement intégré d’une usine de
production d’anticancéreux en vue de réduire leur
coût et d’accroître leur compétitivité mondiale.
PROJETS INNOVANTS DANS LA RÉGION
16 Édition spéciale Russie-France
moteurs, les équipements avioniques
et les ailes) sont produits en dehors du
pôle mais leur intégration finale se fait
dans les lignes de montage à Toulouse.
Les ministères et les organismes gou-
vernementaux jouent un rôle majeur
dans la règlementation et la promotion
du pôle aérospatial. Des organisations
subventionnées par l’État ont une part
cruciale dans l’éducation et la recherche
scientifique. Toulouse abrite plusieurs
grandes écoles, y compris l’ENAC (École
nationale de l'aviation civile) et l’ISAE
(Institut supérieur de l'aéronautique
et de l’espace), qui préparent des cen-
taines de spécialistes du domaine et
conduisent de vastes programmes de
recherche et développement.
Le pôle est également constitué des
plus grands centres de recherches : le
centre toulousain de l’ONERA (Office
national d'études et de recherches aé-
rospatiales) et la délégation du CNRS,
le principal centre de recherche fonda-
mentale en France et le plus grand d’Eu-
rope. Aerospace Valley sert de centre de
coordination des travaux scientifiques
et techniques du pôle.
Outre les établissements de re-
cherches et d’études techniques et d’in-
génierie, Toulouse abrite également la
Toulouse Business School (TBS), l’École
d’économie de Toulouse (TSE) et un des
campus de l’Institut supérieur euro-
péen de gestion (ISEG Group).
Toulouse compte actuellement plus
de 100 000 étudiants. Cette cité uni-
versitaire moderne est associée à la
tradition antique car c’est là que vécut
et travailla Pierre de Fermat, grand ma-
thématicien du 17e
siècle. Son dernier
théorème est resté sans démonstration
durant plusieurs siècles, avant d’être
finalement prouvé par Andrew John
Wiles en 1995.
Après Paris, Lyon et Lille, Toulouse
est le centre d’enseignement supérieur
le plus peuplé de France. L’université
de Toulouse, fondée en 1229, est l’une
des plus anciennes d’Europe. À l’ins-
tar des universités d’Oxford et de Pa-
ris, celle de Toulouse fut créée lorsque
les Européens traduisaient activement
les œuvres d’Arabes andalous et de
Grecs anciens. Leurs travaux, qui re-
mettaient en question les conceptions
européennes traditionnelles, sont
à l’origine de nouvelles découvertes
scientifiques, artistiques et culturelles
et, par là même, ont transformé la so-
ciété.
C’était également l’époque de la ré-
volte des cathares, dont le foyer se si-
tuait à Toulouse. Ce mouvement reli-
gieux, qui contestait l’autorité du pape,
fut jugé hérétique. Par conséquent,
une croisade fut proclamée contre le
catharisme, la seule que la France ait
organisée contre son propre peuple. La
région, dont Toulouse elle-même, fut
dévastée et pillée en 1218.
Cette période a toutefois laissé un
riche héritage historico-culturel. La
basilique Saint-Sernin est considérée
comme la plus grande église romane
conservée en Europe. À l’instar de nom-
breux autres édifices de la ville, elle
est inscrite au patrimoine mondial de
l’UNESCO.
La région connut un nouvel essor au
15e
siècle, lorsque Toulouse se dévelop-
pa en centre administratif de la région
et s’enrichit en livrant à l’Angleterre
du bordeaux, des céréales et du textile.
Plus tard, les marchands locaux ajou-
tèrent à leur métier principal la produc-
tion, à partir de la guède, de teinture
bleue pour tissu. Les teintures furent
acheminées dans toute l’Europe avant
que l’Inde ne commence à exporter de
l’indigo. On doit aux marchands de
Toulouse la construction des imposants
bâtiments en brique rose. L’esprit cos-
mopolite de cette ville où prospèrent les
arts a traversé les siècles jusqu’à notre
époque. Aujourd’hui, les jeunes et les
musées publics rivalisent de créativité
et insufflent de l’énergie à la vie cultu-
relle toulousaine. Les rues de la ville
accueillent régulièrement des perfor-
mances originales.
Au 17e
siècle, plus précisément en
1662, apparut l’idée de construire une
voie de navigation entre la mer Médi-
terranée et l’Atlantique pour éviter un
long et périlleux voyage maritime au-
tour de l’Espagne. Les travaux furent
entamés en 1667 et donnèrent nais-
sance au désormais célèbre canal du
Midi, dont la construction fut achevée
en 1681. Le canal, également classé au
patrimoine mondial de l’UNESCO, est
très apprécié des touristes.
Toulouse prend soin de son patri-
moine. Son histoire, sa modernité,
ainsi que ses 160 parcs et jardins d’une
superficie totale de 1 000 hectares, et,
bien entendu, la pittoresque Garonne,
qui traverse la ville, lui confèrent un
charme unique.
La gastronomie locale est également
réputée, notamment pour ses célèbres
saucisses de porc et son cassoulet – un
ragoût épais fait de haricots blancs et
de viande d’oie ou de porc. Autre plat de
la région : le confit de canard, que l’on
prépare avec des pattes de canard cuites
lentement dans leur propre graisse. Le
roquefort, les confitures, les sucreries
à la violette et le fénétra (une tarte aux
amandes, abricots et citron) consti-
tuent autant d’autres spécialités régio-
nales.
Du côté des boissons, il est impos-
sible de ne pas mentionner l’arma-
gnac, une eau-de-vie gasconne que cer-
tains connaisseurs classent au-dessus
du cognac. D’après des fouilles archéo-
logiques, déjà dans l’Antiquité, les Ro-
mains fabriquaient une boisson simi-
laire. L’armagnac est mentionné pour
la première fois en 1348, soit un siècle
avant le whisky et le cognac. La région
est également connue pour ses champi-
gnons frais et ses écrevisses.
Enfin, si vous désirez vous attirer im-
médiatement les faveurs des locaux,
il vous faudra parler des « rouges et
noirs ». Il s’agit des couleurs du Stade
toulousain, le club de rugby de la ville,
une des meilleures équipes de France
et d’Europe. De façon assez surpre-
nante, le rugby est un sport populaire
dans cette partie du pays. Les jours de
match, la ville entière arbore les cou-
leurs de son équipe, et seuls les plus
chanceux arrivent à se procurer des
places pour assister à la rencontre. Les
autres jours, il est possible de visiter le
stade, son musée et, bien sûr, son res-
taurant.
AVIATION
Au total, la région accueille 1 600 entreprises,
qui emploient 120 000 travailleurs et 10 500
scientifiques et ingénieurs. Nombre de pro-
jets : 598. Entreprises : Airbus, ATR, Latécoère,
Thales Alenia Space, Turbomeca et Snecma.
TECHNOLOGIES AÉROSPATIALES
Leader en Europe. Entreprises : Spot Image,
Astrium et Thales Alenia Space.
ÉLECTRONIQUE
Première région au niveau national pour la créa-
tion de systèmes et d’équipements électroniques
embarqués. Entreprise : ACTIA Group.
TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION (IT)
Deuxième région du pays derrière celle de Paris.
Entreprises : Capgemini, Sogeti et Legrand.
BIOTECHNOLOGIES ET MÉDECINE
La recherche médicale se concentre sur les
traitements oncologiques. La région accueille
200 entreprises avec un total de 15 000
employés. Nombre de projets certifiés : 112.
Entreprises : Sanofi, DExStr, Hyphen, LifeSearch,
Omilo et RIST.
TECHNOLOGIES AGRICOLES
Technologies innovantes dans l’agriculture et
la production alimentaire. 205 entreprises, 195
chercheurs, 282 projets certifiés.
60 autres entreprises conduisent des recherches
sur les ressources en eau – eau souterraine,
purification et usage plus efficace. 19 projets
majeurs sont en cours. Entreprises : groupe SEB,
Tefal et Arterris.
TOULOUSE ET SA RÉGION :
PRINCIPAUX PROJETS,
INDUSTRIES ET ENTREPRISES
Airbus A380 |
SENOHRABEK / FOTOLIA.COM
TOULOUSE PREND SOIN DE SON
PATRIMOINE. SON HISTOIRE,
SA MODERNITÉ, AINSI QUE SES
160 PARCS ET JARDINS D’UNE
SUPERFICIE TOTALE DE
1 000 HECTARES, ET, BIEN
ENTENDU, LA PITTORESQUE
GARONNE, QUI TRAVERSE LA
VILLE, LUI CONFÈRENT UN
CHARME UNIQUE.
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Jean-Louis Hecht, un ingénieux bou-
langer originaire de Moselle, a rempor-
té l’an dernier le prix du président de la
République lors du concours d’inven-
tion Lépine, où il a présenté un auto-
mate capable de cuire une baguette en
dix secondes. Grâce à cette innovation,
les Français pourront désormais se pro-
curer leur cher pain croquant à toute
heure du jour et de la nuit, toujours
frais de surcroît – le réfrigérateur du
distributeur pouvant contenir jusqu’à
120 produits semi-finis. L’inventeur
pourra contrôler le travail de son au-
tomate à distance au moyen d’un télé-
phone portable.
VALISE ROBOT
Le célèbre fabriquant français de ba-
gages Delsey profite lui aussi des nou-
velles possibilités offertes par les té-
léphones. Sa valise Pluggage est en
effet équipée de nombreux capteurs qui
communiquent son poids via une ap-
plication et vous évitent ainsi des frais
supplémentaires à l’aéroport. Un autre
capteur vous informe du moment où
votre valise est chargée dans l’avion,
et un autre encore la protège des inten-
tions malveillantes : seule votre em-
preinte digitale permet de l’ouvrir.
BLOCKBUSTER AMATEUR
Les concepteurs français de l’entre-
prise Squadrone System ont eu du flair
lorsqu’ils se sont dit qu’il manquait
quelque chose pour satisfaire pleine-
ment la passion actuelle pour les films
amateurs. L’engin Hexo+, équipé d’un
GPS et d’une caméra GoPro, mémorise
le modèle 3D de son maître et filme les
aventures de celui-ci sur une distance
fixée à l’avance. Rien d’étonnant à ce
que ce projet de drone autonome ait
déjà récolté plus de 1,3 million de dol-
lars sur la plateforme de financement
participatif Kickstarter.
CHASSE AUX MAUVAISES
ONDES
Les nouvelles technologies présentent
parfois un danger. C’est ce contre quoi
veut lutter le MétaPapier, un papier
peint qui filtre et renvoie les ondes élec-
tromagnétiques indésirables pour créer
un espace à l’abri de l’influence néga-
tive du Wi-Fi et de la téléphonie mo-
bile. Les ondes émises par les radios et
les réveils pourront, elles, continuer de
traverser les murs. Ce papier peint peut
même servir comme revêtement déco-
ratif ou autre. Il pourra par exemple
être utilisé dans les théâtres pour blo-
quer le signal des téléphones qui reten-
tissent immanquablement au moment
le plus intense.
REPÈRES INTELLIGENTS
Des concepteurs et des inventeurs fran-
çais ont imaginé de placer des repères
radios sur des tissus. À l’aide de la tech-
nologie PAC ID Textile, il sera pos-
sible de retrouver un sac volé,
de suivre le transport d’objets
et de lutter contre la contrefa-
çon – les sacs français origi-
naux pourront être équipés
d’un code radio spécial. La
petite puce cousue dans
l’étiquette de l’article sera
quasiment invisible mais ex-
trêmement utile.
CAPSULES POUR
LA DOUCHE
L’entreprise parisienne Skinjay utilise
une technique innovante pour « li-
vrer » des ingrédients. Les spécialistes
de cette société se sont inspirés des do-
settes de café pour créer des capsules
contenant différentes huiles aroma-
tiques et qui s’intègrent à la douche.
L’huile, en sortant d’un mixeur spé-
cial, se mélange à l’eau chaude. On
obtient ainsi un effet aromatique par-
ticulier, comme si on était au spa.
La couleur de ces dosettes faciles
à utiliser varie en fonction
des arômes et des huiles. Le
mixeur coûte 138 euros et
une capsule – 9,80 euros.
TECHNOLOGIES DU PRÊT-À-PORTER
Pavel Chinsky, directeur général de la CCI France
Russie, reprend sa rubrique annuelle, dans laquelle il
évoque les technologies tricolores intéressantes qui
s’installent dans le quotidien des Français.
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  • 1. #6 (282), JUIN 2015 LES PROJETS DES ENTREPRISES FRANÇAISES EN RUSSIE ET LES OBSTACLES RENCONTRÉS | QUE PENSE-T-ON DE LA RUSSIE EN FRANCE ? | L'EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE COMME OUTIL DE RELANCE DE L'ÉCONOMIE RUSSE | EURO 2016 : UNE ORGANISATION À LA FRANÇAISE | LES INNOVATIONS DANS L'AÉROSPATIALE, L'AGRICULTURE, LES BIOTECHNOLOGIES ET LA MÉDECINE | COMMENT RÉSOUDRE LES PROBLÈMES DES PETITES VILLES ? | DES SOLUTIONS VARIÉES À NICE | RÉFORME DE LA POSTE Édition réalisée en collaboration avec
  • 2. moncontact@ccifr.ru +7 495 721 38 28 www.obsfr.ru RUSSIE 2015. REGARDS DE L’OBSERVATOIRE FRANCO-RUSSE Le Yearbook présente l’expertise de l’Observatoire sur des thèmes variés : économie, politique intérieure/société, régions, politique étrangère/défense, relations franco-russes. Pour la troisième année consécutive, l’édition russe du Rapport annuel est présentée au Forum économique international de Saint-Pétersbourg, et la version française fait l’objet d’une conférence de lancement à Paris. Plus de 50 experts français et russes de renom ont contribué à cet ouvrage de référence. СOMMANDEZ DÈS MAINTENANT VOTRE EXEMPLAIRE DISPONIBLE LE 20 JUIN EN VERSION RUSSE, EN SEPTEMBRE POUR LA VERSION FRANÇAISE
  • 3. 3www.lecourrierderussie.com Édition spéciale Russie-France Chers amis, L’an dernier, c’était Christophe de Margerie, coprésident du Conseil économique de la CCI France Russie, qui signait cet éditorial. La tragédie qui l’a emporté en octobre 2014 a été un choc pour nous tous, pour l’ensemble de la communauté d’affaires franco-russe, et pour nos deux pays en général. Il aimait sincèrement et respectait la Russie, il partageait avec les Russes de nombreux traits de caractère et, dès le début des sanctions, il avait sou- ligné la nécessité pour Total de poursuivre sa coopération avec la Russie. C’était quelqu’un de fort et de sincère dont nous nous souviendrons à jamais. Ce jour-là, les dirigeants de la CCI France Russie avaient promis de « continuer d’œuvrer à la défense de la cause franco-russe, pour laquelle Christophe de Margerie a tant fait. » Le travail accompli par l’ensemble de l’équipe de la Chambre au cours de l’année écoulée a montré que ces mots n’étaient pas vides. Délégation d'entreprises françaises dans les ré- gions russes, Journées Russie dans les régions françaises, conférences et petits déjeuners d'affaires sur la Russie à Paris, apport d’expertise et soutien aux investisseurs français en Russie… et, bien sûr, la présentation du troisième rapport annuel Russie 2015, qui a tradi- tionnellement lieu « ici et maintenant », lors de ce Forum économique de Saint-Péters- bourg. Toutes nos idées sur le développement et l'évolution de la coopération franco-russe ont trouvé leur prolongement. Nous avons été heureux d'apprendre que le 13 mai 2015, le ministre des Affaires étran- gères de la Fédération de Russie Sergueï Lavrov a remis, sur proposition du président de l'Union russe des industriels et entrepreneurs (RSPP) Alexandre Chokhine, la médaille du ministère des Affaires étrangères russe récompensant une « contribution à la coopéra- tion internationale », à Emmanuel Quidet, président de la CCI France Russie. Il obtient ainsi la reconnaissance de nos deux pays pour l’œuvre qu’il a accomplie à la tête de la Chambre : en 2012, la France l’avait élevé au grade de chevalier de la Légion d’honneur. Le supplément France-Russie que vous tenez entre vos mains doit servir de base à de nouveaux projets conjoints, à de nouveaux investissements français en Russie et russes en France. Vous y apprendrez davantage sur le potentiel des différentes branches de l'éco- nomie française, sur les succès remportés par les innovations françaises dans le monde, sur le développement de certaines régions et entreprises, ainsi que sur des projets encore peu habituels en Russie. Si cette lecture vous donne de nouvelles idées, nous en serons très heureux. Pour notre part, nous voulons dire que la coopération économique franco-russe conti- nue à se développer malgré toutes les difficultés, que les entreprises françaises ne quittent pas la Russie, et que cet état de fait se vérifie par nos expériences de collaboration sur un certain nombre de grands projets. Patrick POUYANNÉ et Guennadi TIMTCHENKO Coprésidents du Conseil économique de la CCI France Russie Édition réalisée en partenariat avec la CCI France Russie
  • 4. 4 Édition spéciale Russie-France – L’année qui vient de s’écouler a été difficile pour les relations franco-russes. Comment la situation géopolitique a-t-elle affecté votre travail d’ambassadeur en Russie ? – Tout au long de l’année, mes collègues de l’ambassade et moi-même avons été « sur le pont » 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Cette crise est l’une des plus sé- rieuses auxquelles l’Europe ait dû faire face depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle a mis en péril la sécurité du continent européen. Nous avons informé Paris « en di- rect » et sommes restés en contact per- manent avec les autorités russes, les médias et les membres de la société civile russe, afin d’être en position de conseiller Paris en temps réel au sujet des évolutions en cours à Moscou et des issues possibles à la crise. Nous avons dû organiser deux visites du président Hollande à Moscou avec seulement quelques heures de préavis. J’ai également dû déployer des efforts pour expliquer au public russe la poli- tique de l’Union européenne, qui com- bine dialogue et sanctions. Nous de- vons convaincre l’opinion en Russie que les sanctions sont la conséquence de l’annexion illégale de la Crimée et de la déstabilisation de l’Ukraine, et qu’elles ne sont pas destinées à nuire aux ci- toyens russes. Et que la France ne veut pas que la Russie s’éloigne de l’Europe. Au contraire, la France veut mainte- nir le dialogue avec les autorités russes, continuer à tendre la main à la popu- lation russe et regarder au-delà des difficultés actuelles afin de développer autant que possible notre dialogue et notre coopération en matière de résolu- tion de crises internationales – la Russie et la France sont des membres perma- nents du Conseil de sécurité de l’ONU et ont, à ce titre, des responsabilités particulières – ainsi que nos échanges économiques dans les deux sens. Pour rappel, la Russie effectue la majeure partie de ses échanges commerciaux avec l’Union européenne : plus de 52 % des exportations russes étaient desti- nées à l’UE en 2014. L’initiative « de Normandie » a mon- tré l’engagement de la France et de l’Allemagne à travailler de concert avec Kiev et Moscou afin de trouver des solu- tions à la crise ukrainienne. – Le président François Hollande a été très actif dans la négociation de l’accord de paix de Minsk entre les dirigeants ukrainiens et les séparatistes du Donbass. Pensez-vous que cet accord tiendra et que les relations fran- co-russes pourront commencer à s’améliorer ? – Le président Hollande a organisé la première réunion au format « Norman- die » il y a un an, le 6 juin 2014. Il a dé- cidé d’y associer la chancelière Merkel et s’est rendu depuis à Moscou à deux reprises pour discuter de la crise en Ukraine avec le président Poutine, une fois en tête-à-tête en décembre, puis lors d’une visite effectuée conjointe- ment avec la chancelière allemande. Ils se sont également entretenus à Milan et, plus récemment, à Erevan. François Hollande a été en contact téléphonique quasi quotidien avec les présidents Porochenko et Poutine. Outre ces dis- cussions de haut niveau, les ministres des Affaires étrangères sont restés en contact permanent. Le président français et la chancelière allemande ont déployé toute leur éner- gie et leurs efforts pour maintenir le dialogue, car la restauration de la paix en Europe, la souveraineté de l’Ukraine et le rapprochement entre la Russie et ses partenaires européens sont essen- tiels pour nous. Pour nous Français, pour nous Européens, et aussi pour le peuple russe. – Cette année marque le 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. La France et l’Union soviétique étaient alliées pendant cette guerre. Pensez-vous que cette histoire commune est une bonne base pour essayer de reconstruire la relation franco-russe ? – Ce n’est pas dans ces termes que la question se pose. Il y a une grave crise de confiance entre l’Europe et la Russie depuis l’annexion illégale de la Crimée, mais il n’y a aucune nécessité de « re- construire » notre relation. Coopéra- tion et dialogue ont continué tout au long de la crise, en dépit de nos diver- gences. INTERVIEW DE L’AMBASSADEUR DE FRANCE EN RUSSIE Jean-Maurice RIPERT, Ambassadeur de France en Russie | AMBASSADE DE FRANCE EN RUSSIE
  • 5. 5www.lecourrierderussie.com Édition spéciale Russie-France Mazars est une organisation internationale, indépendante et intégrée spécialisée dans l’audit, la comptabilité, la fiscalité, le droit et le conseil. Mazars est non seulement classée parmi les meilleures sociétés d’audit par des systèmes de notation russes et internationaux, mais est aussi l’une des plus grandes entreprises de comptabilité en Europe, avec une présence dans 73 pays. Quels sont les avantages de collaborer avec Mazars ? Large gamme de services : Audit Comptabilité et fiscalité Financial Advisory Services Expertise comptable en normes (IFRS, RAS, US GAAP) Conseil juridique et fiscal Prix de transfert Conseil et services RH Conseil en contrôle interne Nos chiffres clés : 13e au classement des réseaux internationaux présents en Russie (IAB, 2014) 15e meilleur cabinet d’audit en Russie (Kommersant, 2015) 200+ professionnels 3 bureaux en Russie et CEI 600+ clients russes et internationaux Vaste expertise sectorielle : Coordonnées de Mazars : www.mazars.ru info@mazars.ru +7 (495) 792 52 45 Moscou +7 (812) 332 94 96 Saint-Pétersbourg +996 312 62 38 47 Bichkek Fiabilité : Forts de plus de 20 années d’expérience sur le marché russe, nous avons démontré notre compétence avec plus de 600 clients russes et internationaux. Dynamisme : En 15e position dans le top 50 des plus grands cabinets d'audit et disposant d’une vaste expertise sectorielle, Mazars se classe en Russie parmi les 10 meilleures entreprises dans l'audit des banques, l’audit des investissements et les compagnies d'assurances, 12e en conseil financier et 14e en conseil stratégique. Un choix judicieux : Mazars est déterminé à offrir à ses clients une approche personnalisée. Nous prenons le temps de comprendre vos priorités et vos objectifs. Forts d’une expertise technique approfondie et d’une vaste expertise sectorielle, nous nous chargeons de fournir des solutions sur mesure pour répondre à vos exigences. Agroalimentaire Banque et assurance Construction et immobilier Industrie et services Industrie pharmaceutique Energie Distribution et biens de grande consommation Luxe Transport et logistique IT & Télécom Gestion d’actifs Cela étant dit, la France tient à mar- quer l’importance de célébrer les pages d’histoire qu’elle partage avec la Rus- sie. C’est la raison pour laquelle le pré- sident Poutine a été invité l’an dernier en France par le président Hollande pour les célébrations du 70e anniver- saire du Débarquement sur les plages de Normandie. C’est aussi pourquoi le ministre français des Affaires étran- gères, Laurent Fabius, a participé aux cérémonies de la Victoire à Moscou le 9 mai. Nous savons très bien ce que l’Eu- rope doit à la population de l’Union so- viétique et à l’Armée rouge, de même que nous savons combien nous sommes redevables aux Américains, aux Britan- niques et à tous nos autres alliés de tous les continents qui ont combattu côte à côte pour libérer l’Europe et le monde du nazisme. Permettez-moi de vous parler d’un épisode qui incarne la fraternité d’armes franco-russe. En 1942, le géné- ral de Gaulle, qui était à l’époque chef de file des Forces françaises libres basées à Londres, a envoyé un groupe de pilotes de l’armée de l’air française pour com- battre aux côtés des forces soviétiques sur le front de l’Est. Ensemble, les pi- lotes français et les mécaniciens sovié- tiques de la célèbre escadrille Norman- die-Niémen ont combattu dans le cadre de trois campagnes sous le drapeau de l’Union soviétique, et ce jusqu’au 9 mai 1945, période pendant laquelle ils ont détruit 273 avions ennemis et reçu de nombreuses médailles, citations et ré- compenses à la fois de la France et de l’Union soviétique. – Lorsque nous vous avons interviewé l’an dernier, vous étiez à Moscou depuis peu de temps. Au cours de l’année passée, vous vous êtes rendu dans de nombreuses villes russes  :  Rostov-sur-le-Don, Ekaterinbourg, etc. Qu’avez-vous appris sur la Russie et ses régions au cours de ces voyages ? – Depuis notre rencontre l’an dernier, j’ai effectivement voyagé dans toute la Russie : Irkoutsk, Saint-Pétersbourg, Ekaterinbourg, Novossibirsk, Kazan, Samara et Togliatti. Je serai à Oufa dans les prochaines semaines, puis je me rendrai à l’automne en Extrême-Orient, à Iakoutsk, pour discuter de l’impact du changement climatique sur les régions russes. Comme vous le savez, la France accueillera en décembre à Paris la conférence COP21 des Nations Unies sur le changement climatique. À Iakoutsk, la fonte du pergélisol (ou permafrost) a des effets dévastateurs. Partout où je vais en Russie, je suis frappé par la façon dont beaucoup de gens sont attirés par la France. Cela a trait à la culture, aux sciences, aux technologies et bien sûr aux affaires. Par exemple, à Rostov et Kazan, nous avons partagé notre expertise en ma- tière de transports et d’infrastructures à l’approche de l’Euro 2016 en France et de la Coupe du Monde 2018 en Russie. Avec les autorités locales d’Irkoutsk, nous avons organisé l’an dernier un fo- rum franco-russe sur les perspectives du secteur touristique en Sibérie et en Extrême-Orient. – Quels sont, selon vous, les secteurs les plus prometteurs pour la coopération franco-russe ? – La France est l’un des principaux in- vestisseurs en Russie. Les investisse- ments directs sont essentiels car ils sont des signes à la fois de la confiance des entreprises françaises en l’avenir de l’économie russe et de leur engage- ment à long terme. Malgré les difficul- tés actuelles, les investisseurs français ne vont pas quitter le pays, et nous es- pérons même voir quelques nouveaux investissements dans les prochains mois. Ces investissements – qui se font souvent dans le secteur des hautes technologies  – sont particulièrement importants car ils contribuent à l’in- dispensable diversification de l’écono- mie russe et permettent le transfert des savoir-faire techniques. Les entreprises françaises sont déjà très actives dans de nombreux sec- teurs de l’économie russe : l’énergie, les transports, les infrastructures, l’aérospatiale et, bien sûr, l’industrie agro-alimentaire, en particulier les produits laitiers et la viande. La France est également une destina- tion de plus en plus attractive pour les investisseurs russes : selon la Banque de France, le volume des IDE russes en France a fortement augmenté depuis 2011, passant de 150 millions d’euros en 2010 à 745 millions d’euros en 2013. Ces chiffres comprennent les flux finan- ciers, les fusions-acquisitions et les in- vestissements dans des projets de créa- tion d’emplois. 43 entreprises russes sont maintenant implantées en France. – La Russie est devenue une destination très accessible pour les voyageurs européens en raison des fluctuations du taux de change entre l’euro et le rouble. Pensez-vous qu’il soit possible que la Russie devienne plus attrac- tive pour les touristes français ? – La Russie a toujours été une desti- nation attrayante pour les touristes français, et ce pour de nombreuses raisons. À mon avis, cela résulte en premier lieu de cette attraction cultu- relle mutuelle – devrais-je dire fascina- tion ? – qui a toujours été le moteur du rapprochement entre nos deux peuples et s’est montrée capable de résister à toutes les crises, même les plus pro- fondes. Les Français sont connus pour leur passion du tourisme axé sur le pa- trimoine culturel, et ils aiment beau- coup visiter Moscou et Saint-Péters- bourg. À cet égard, je tiens à attirer votre at- tention sur la décision que nous avons prise, avec mon homologue russe à Pa- ris, de célébrer en 2016 une « année du tourisme et du patrimoine culturel  ». Dans ce cadre, nous allons organiser un certain nombre de manifestations consacrées à l’héritage fascinant que nos deux pays possèdent. Enfin, je tiens à réaffirmer qu’il n’y a aucune restriction de visa pour les citoyens russes souhaitant visiter l’Eu- rope, bien au contraire. Au consulat de France, seulement 1,5 % de toutes les demandes de visa sont refusées, et 40 % des visas délivrés sont à entrées mul- tiples, valables jusqu’à 5 ans. Les tou- ristes russes sont tout à fait les bienve- nus en France ! Jean-Maurice RIPERT Ambassadeur de France en Russie, mai 2015
  • 6. 6 Édition spéciale Russie-France – Qu’est-ce qui a changé pour les investisseurs étrangers l’année dernière? – Ce qui a changé l’année dernière, ce sont bien sûr les sanctions. Il y a trois choses à relever : la première, c’est la crise économique, que l’on a commen- cé à ressentir dès septembre 2013. La se- conde, c’est la crise ukrainienne, avec les sanctions qui en ont découlé et sur- tout celles de juillet 2014. La troisième, c’est la baisse du prix du pétrole et la dévaluation du rouble, qui ont eu un impact important en fin d’année der- nière sur les affaires en Russie. La com- binaison de ces trois éléments rend la situation économique difficile. – À quel point les investisseurs français sont-ils touchés ? – Tout dépend du secteur d’activité. Il y a des secteurs qui marchent toujours bien quand la consommation se tient. Bien évidemment, la récession est es- sentiellement liée à la baisse des reve- nus de la population et à la chute du prix du baril, mais la consommation permet malgré tout de soutenir l’activité en Russie. Il y a cependant des secteurs qui souffrent davantage de la situation, tel le secteur automobile qui subit une chute de 40 à 50 % des ventes. Le secteur touristique est lui aussi gravement tou- ché par la dévaluation du rouble, ce qui entraîne des conséquences graves pour les compagnies aériennes et les agences de voyages. Il y a ensuite les sanctions, qui ont un effet très pernicieux sur l’économie. Je parle de l’interdiction pour les banques russes d’être financées à plus de 30 jours par des banques étrangères. Les entre- prises étrangères, en particulier, ne peuvent plus trouver de financements pour leurs projets en Russie auprès des banques étrangères, et le financement auprès des banques russes est beau- coup plus cher : avec un taux d’intérêt de 20 %, aucun projet n’est viable. Les sociétés françaises présentes en Russie ont beaucoup de mal à développer leurs projets, sauf les sociétés très riches qui peuvent s’autofinancer comme, par exemple, le groupe Auchan, qui conti- nue à investir et ouvrir des magasins en Russie. Ce problème de financement est aujourd’hui un problème clé pour les entreprises françaises en Russie. La France a malgré cela beaucoup investi en 2014, et il y a des projets pour 2015. Le volume cumulé des IDE français en Rus- sie s’élève à 14 milliards d’euros. Et vous remarquez qu’aucune société française n’a quitté la Russie depuis le début de la crise. Pourquoi restent-elles ? Parce qu’elles croient au futur de la Russie. J’étais à Togliatti en mai, où j’ai rencontré Bo Andersson, le directeur général d’AvtoVAZ. Cette entreprise a beaucoup souffert de la crise. Il m’a dit : « Pour nous, il est hors de question de quitter le pays. La Russie va devenir l’un des dix plus gros marchés automo- biles du monde ». Pourquoi ? Parce qu’il y a aujourd’hui, je crois, 350 véhicules pour 1 000 habitants, quand en Oc- cident c’est entre 600 et 800 selon les pays. Les crises économiques sont des phénomènes récurrents, et les entre- prises se sont habituées à les gérer. Les crises politiques sont plus gênantes. C’est la raison pour laquelle nous de- mandons la levée des sanctions écono- miques. – Qu’en est-il des nouveaux investisseurs qui veulent s’implanter en Russie ? C’est vraiment très compliqué pour eux, n’est-ce pas ? – Ce qui est le plus difficile pour eux, c’est le manque de financements. C’est là une conséquence des sanctions éco- nomiques. Le fait est que les grandes entreprises françaises sont déjà toutes implantées en Russie. Les nouveaux projets sont donc portés par des PME, qui n’ont aucune capacité d’autofinan- cement. Certaines parviennent malgré tout à s’implanter ici. Auchan, Castora- ma et Decathlon continuent à se déve- lopper, et ils sont prêts à aider financiè- rement des entreprises qui souhaitent produire ici pour pouvoir se fournir au- près d’elles en payant en roubles. – Quelle est l’attitude des investisseurs français à l’égard de la volte-face vers l’Est opérée par la Russie? – Cette volte-face vers l’Est est sou- vent caricaturée. D’un côté, les Russes disent : « L’Europe ne veut pas de nous, alors on va tout faire avec la Chine », et ça, je n’y crois pas du tout. Les Russes ne veulent pas être pieds et poings liés avec les Chinois et je pense qu’ils ont peur de ça, parce que la Chine est beaucoup plus dynamique et sa po- pulation est bien plus nombreuse. De l’autre côté, il y a des Européens qui disent : « C’est impossible, ils n’auront pas d’autre choix que de continuer à faire des affaires avec nous. » Les deux hypothèses sont fausses. Les Russes ne vont pas se tourner à 100 % vers la Chine, mais on ne peut pas prétendre qu’ils ne se tournent pas vers l’Est. Cela représente un danger pour nous, parce que de plus en plus de commerce se fait avec l’Asie. Il y a 20 ans, l’Union européenne était le pre- mier partenaire de la Russie, et en son sein l’Allemagne était le premier pays partenaire. Aujourd’hui, l’UE reste son premier partenaire mais le pre- mier pays, c’est la Chine. Tout ce que la Chine gagne, c’est souvent autant de perdu pour l’Europe. Vous ne remplace- rez pas le fromage français par d’autres fromages, c’est impossible. Mais il y a d’autres choses que vous pourrez rem- placer. Les fruits et légumes ne pro- viendront sans doute pas de Chine, mais tout ce qui était acheté en Europe peut être importé d’Afrique du Nord. Un autre exemple - le train à grande vitesse Moscou-Kazan, qui va être fi- nancé par les Chinois. S’ils le financent, c’est bien évidemment pour que des trains chinois y roulent, alors qu’Alstom est tout de même le grand spécialiste du TGV. Même sans la crise, il y aurait eu une accélération du développement des relations avec la Chine, et c’est bien normal. La Russie veut avoir des par- tenaires multiples, et la crise ne fait qu’accentuer ce phénomène. – À votre avis, le programme russe de substitu- tion des importations est-il réalisable? – Ce sera une bonne chose si la Russie profite de la crise pour développer ses investissements en interne. Bien évi- demment, on ne peut pas tout produire en Russie mais il n’est pas normal que la Russie importe des pommes, du pou- let ou de la viande. Il y a beaucoup de choses que la Russie peut produire elle- même. Investir dans sa propre agricul- ture peut constituer une véritable op- portunité pour la Russie, et cela ouvre de nouvelles perspectives pour les spé- cialistes étrangers. La Russie aura be- soin de technologies, d’équipements, de partenaires. Par exemple, la Russie aura besoin d’importer des vaches pour produire de la viande et du lait. Or, les vaches françaises produisent trois fois plus de lait que les vaches russes, et c’est la même chose pour la viande. Tout ceci représente des opportunités pour la France, et nous pourrions in- tensifier notre partenariat pour déve- lopper l’agriculture russe. – Y a-t-il des barrières dans les régions russes, par exemple en termes d’accès aux appels d’offres ? – D’une façon générale, non. Il y a des régions où il est plus facile d’investir. Il existe d’ailleurs plusieurs classe- ments des régions en termes d’attrac- tivité. Ce sont toujours les mêmes qui sont en tête : l’oblast de Kalouga, les républiques du Tatarstan et de Bachki- rie. D’autres régions sont plus compli- quées. Mais même lorsque c’est le cas, cela n’empêche pas les Français d’y in- vestir, comme à Samara ou à Togliatti. Ce sont surtout des difficultés adminis- tratives que rencontrent les entreprises étrangères en général et françaises en particulier. – Quelle est la recette du succès sur le marché russe ? – Il faut vérifier qu’il existe un réel be- soin pour le produit que vous voulez vendre en Russie, puis il faut venir et être présent. Il ne suffit pas de signer un contrat puis de repartir : il faut se développer localement et entretenir des contacts régulièrement avec ses parte- naires. Et cela correspond très bien à la mentalité française. – Quels conseils pouvez-vous donner aux inves- tisseurs français ? – Mon conseil est de venir mainte- nant, en profitant de la dévaluation du rouble. On a tendance à penser qu’in- vestir en Russie, ce n’est pas cher. Mais c’est faux. Investir en Russie a toujours été cher, mais la contrepartie c’est qu’il n’y a aucun problème pour y gagner de l’argent. La Russie est un pays géogra- phiquement et culturellement proche de la France, où vivent des gens qui ont de l’argent. Aujourd’hui, grâce à la crise, le coût des investissements est beaucoup moins élevé. Il ne faut donc pas avoir peur de la crise. Celui qui rem- porte la mise, c’est celui qui prend un risque. Un risque bien mesuré, mais un risque. LES NOUVELLES PRIORITÉS DE L’ÉCONOMIE RUSSE : Y A-T-IL UNE PLACE POUR LA FRANCE? Emmanuel Quidet, président de la CCI France Russie, conseille d’investir en Russie maintenant et de ne pas avoir peur de la crise. Propos recueillis par MARIA AFONINA INVESTIR DANS SA PROPRE AGRICULTURE PEUT CONSTITUER UNE VÉRITABLE OPPORTUNITÉ POUR LA RUSSIE, ET CELA OUVRE DE NOUVELLES PERSPECTIVES POUR LES SPÉCIALISTES ÉTRANGERS. LA RUSSIE AURA BESOIN DE TECHNOLOGIES, D’ÉQUIPEMENTS, DE PARTENAIRES.
  • 7. 7www.lecourrierderussie.com Édition spéciale Russie-France AKKA TECHNOLOGIES, ACTEUR DE L’INGÉNIERIE EN RUSSIE AKKA Technologies occupe une position unique, avec 11 000 employés et une présence sur les continents européen, asiatique et américain. Désormais, c’est plus de 50 % du chiffre d’affaires du Groupe qui se réalisent en dehors de son marché historique d’origine, la France. AKKA possède ainsi des atouts à l’échelle mondiale qui incitent ses clients locaux et internationaux à faire appel à son expertise à forte valeur ajoutée. Sa présence dans 20 pays, conjuguée à son organisation autour de centres d’excellence dédiés et à son savoir-faire « solutions clés en main », confère au Groupe une capacité unique pour réaliser des projets globaux et transnationaux. Le Groupe AKKA, via sa filiale AKKA Rus, propose à ses clients des expertises de pointe dans les secteurs aéronautique, automobile, ferroviaire, énergétique et pétrogazier. Im- pliqué dans de nombreux projets d’envergure lancés par les pouvoirs publics russes, le Groupe AKKA Technologies travaille en étroite collaboration avec les acteurs clés de l’ingénierie en Russie. Dans le but de relever les défis technologiques de demain d’un pays au riche savoir-faire et qui possède les ingénieurs parmi les plus compétents du monde, AKKA Rus capitalise sur ses expertises, ses hommes et son expérience technolo- gique unique acquise par le Groupe depuis plus de 30 ans. En Union soviétique, les serres cou- vraient plus de 4 700 hectares de terres, contre environ 2 000 en Russie en jan- vier 2015. Afin que le pays soit auto- suffisant en termes de production de légumes sous serre, le ministère russe de l’Agriculture prévoit de doubler cette superficie dans les années à venir. « D’ici 2020, nous projetons de cons- truire 1 537 hectares de nouvelles serres et de moderniser 368 hectares de serres déjà en service, a annoncé Piotr Tchek- marev, directeur du département culture, chimisation et protection des plantes lors de la Conférence panrusse sur le développement de la culture ma- raîchère sous serre, qui s’est tenue à la fin du mois d’avril. Cette surface per- mettra de cultiver près de 1 000 tonnes de légumes. » L’État a d’ores et déjà promis d’oc- troyer des subventions pour la réalisa- tion de ce projet. Les autorités régio- nales se sont également manifestées. À titre d’exemple, la région de Moscou a l’intention d’investir plus de 12,5 mil- liards de roubles dans ce programme et de tripler la superficie des cultures sous serre. Les entreprises étrangères, notam- ment néerlandaises et françaises, sont depuis longtemps présentes sur le mar- ché russe des serres. Elles s’intéressent grandement à ces nouvelles perspec- tives. Si les producteurs néerlandais pro- posent traditionnellement des serres en verre, les Français privilégient le plas- tique, bien qu’ils utilisent également du verre. L’entreprise française Richel Group, présente en Russie depuis 1998, a acquis une solide expérience du mar- ché russe. « Nous utilisons un double film en polyéthylène qui procure un éclairage naturel égal, voire meilleur que dans les serres en verre. C’est précisément pour cette raison que nous sommes davantage présents dans le sud de la Russie que les Néerlandais. Nos principaux concurrents sont les Italiens et les Espagnols, qui utilisent aussi du plastique. Nous avons toutefois un avantage technique sur eux. La Russie est un marché stratégique pour nous, et le pays est soumis à diverses contraintes climatiques. D’où notre spé- cialisation dans les serres de haute tech- nologie offrant une résistance élevée aux conditions climatiques, notamment la neige et le vent. Notre approche de travail est également différente. On peut dé- crire celle des entreprises néerlandaises comme étant nord-européenne, c’est- à-dire plus stricte. De notre côté, nous essayons de nous adapter à la culture du client et d’être plus flexibles si des désac- cords surgissent », explique Brice Richel, directeur des ventes de Richel Group dans les pays de la CEI. « Nous avons des projets à Moscou et à Saint-Pétersbourg, au Tatarstan, à Magnitogorsk, à Novossibirsk, en Iakoutie, mais la majorité d’entre eux sont mis en œuvre dans le Nord-Cau- case et dans la région de Krasnodar », précise le représentant du groupe. Le plus grand espoir des sociétés étrangères repose sur la diminution des dépenses énergétiques : « L’aide de l’État n’est pas toujours financière, elle peut également se manifester sous la forme d’un accès facilité aux réseaux de gaz et d’électricité. Ce sont des élé- ments stratégiques dans le secteur des cultures sous serre. Ainsi, à Magnito- gorsk, nos projets sont rentables grâce au gaz bon marché et au prix plus élevé des légumes dans la région », conclut M. Richel. L’EXPÉRIENCE ÉTRANGÈRE EN AIDE AU COMPLEXE AGRICOLE RUSSE Le cap mis par la Russie sur la substitution aux importations entraîne dans son sillage une modification de la politique agraire. La construction de nouvelles serres et l’élargissement des cultures maraîchères en sont un des aspects. Les produc- teurs étrangers de serres se réjouissent de ces nouvelles pers- pectives de coopération. EKATERINA BOLDINA
  • 8. 8 Édition spéciale Russie-France – Depuis le moment où vous êtes entré dans vos nouvelles fonctions, quels changements se sont produits dans la stratégie de dévelop- pement du groupe Total ? – Je ne suis pas adepte de changements brusques dans la stratégie. Pour le dé- veloppement du business, il faut plu- tôt de la continuité. Notre stratégie, élaborée du temps de Christophe de Margerie, est réaliste. Elle a été définie par l’ensemble du Comité Exécutif de Total, dont je faisais moi-même partie. Nous la poursuivons aujourd’hui. – Que pensez-vous des sanctions américaines et européennes contre la Russie ? – Total respecte bien entendu toutes les sanctions qui lui sont applicables, ain- si que l’ensemble des lois et règlements édictés par la France, l’UE et les Nations Unies. Certaines de ces mesures nous touchent, directement ou indirectement. – Pouvez-vous continuer à mener vos projets en Russie ? – Sur le plan technique, les sanctions n’ont pas d’impact significatif sur nos projets existants en Russie. Mais puisqu’elles concernent aussi les activi- tés « shale oil », nous avons été amenés à suspendre notre projet de coopération avec Loukoïl visant l’exploration et le développement des réserves d’huile de l’horizon Bajenov, dans le district auto- nome des Khantys-Mansis. Une autre limitation, concernant le financement à long terme en dollars US, a eu des conséquences négatives pour le projet Yamal LNG. Les partenaires du projet ont dû revoir le schéma de financement initial et chercher d’autres solutions, ce que nous sommes en train de faire. – Quelles sont, d’après vous, les perspectives ? Les sanctions européennes seront-elles atté- nuées ou, au contraire, renforcées ? – C’est une question à poser aux hommes politiques. En tant que chef d’entreprise et représentant des inves- tisseurs français, je ne voudrais pas que la situation économique s’aggrave à cause des sanctions. Je suis favorable aux initiatives politiques qui contri- buent au dialogue et au rapprochement des positions. Ensuite, à nous de conti- nuer notre travail ! Sans ignorer les dif- ficultés présentes, mais en gardant une stratégie à long terme, celle-là même qui nous a conduits à créer notre parte- nariat avec la Russie. – Que pensez-vous du renforcement de la coo- pération entre la Russie et ses partenaires asiatiques ? – La Russie et la Chine sont l’un, le premier exportateur d’énergie au monde  ;  l’autre, le premier consom- mateur ; et partagent plus de 4 000 kilomètres de frontière commune. Par conséquent, ils sont voués à collaborer et ce qui serait surprenant, ce serait qu’ils ne le fassent pas. – Que pensez-vous de la chute des prix du brut sur le marché mondial ? – La chute récente des prix du brut compte parmi les phénomènes qu’au- cun des analystes les plus expérimen- tés n’a prévus. La situation n’est pas simple, et elle sera un « test de résis- tance » pour nous tous. Total est cepen- dant une compagnie financièrement solide, et je suis sûr que nous serons capables de surmonter les obstacles. – Quel impact cela pourrait-il avoir sur les programmes d’investissement de Total ? – En réponse à la situation, nous avons revu notre programme d’investisse- ment annuel en le réduisant de 10  % environ. Mais nous avons préservé les grands projets qui contribuent à notre croissance. – Beaucoup de compagnies ont annoncé des mesures de réduction des coûts. Que fait To- tal ? – Nous avons mis en place une poli- tique interne de réduction des coûts bien avant la chute des prix du brut. Et l’ensemble de la compagnie est im- pliqué dans ce processus d’optimisa- tion - les initiatives venant de nos col- laborateurs y jouent d’ailleurs un très grand rôle. Chacun d’eux peut proposer des mesures pratiques et bénéficier des expériences partagées avec ses collè- gues dans d’autres filiales. Pour notre groupe, qui est présent dans 130 pays, ces échanges revêtent une importance capitale. Et ça marche ! – Est-ce que les prix du brut resteront bas pendant encore longtemps ? – Je ne sais pas et je ne me hasarderai pas à faire des prévisions trop précises, que la réalité se chargera de démentir. À nous d’améliorer notre performance afin de pouvoir résister à tous les scéna- rios. – Christophe de Margerie était souvent venu en Russie. Comment vos partenaires ont-ils réagi à sa disparition tragique ? – Christophe de Margerie aimait la Rus- sie. Et au moment de sa mort, qui m’a profondément touché, beaucoup de Russes nous ont adressé des paroles de compassion et de soutien très sincères. En particulier nos partenaires, qui sont aussi nos amis, et avec lesquels il avait noué des relations qui allaient souvent au-delà des affaires. – Vous est-il difficile de commencer à travail- ler en Russie en tant que nouveau patron de Total ? – Pour développer avec succès la coopé- ration, il faut d’abord s’imprégner de l’esprit du pays, essayer de comprendre ses partenaires, et savoir reconnaître leurs points forts. C’est ainsi que les meilleurs partenariats se forment dans notre business. Pour ma part, j’avais déjà visité plusieurs fois la Russie dans le passé, tant pour affaires qu’en tou- PATRICK POUYANNÉ, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE TOTAL, SUR L’ACTIVITÉ DE L’ENTREPRISE EN RUSSIE Interview à la première personne Projet Yamal LNG Patrick Pouyanné | TOTAL Propos recueillis par ELENA ANISSIMOVA
  • 9. 9www.lecourrierderussie.com Édition spéciale Russie-France riste. Et dans mes nouvelles fonctions, c’est ma troisième visite en 8 mois, et ma septième rencontre avec mon parte- naire principal – une par mois! – Quelle place la Russie occupe-t-elle dans la stratégie de développement de Total ? Enten- dez-vous réduire votre présence dans ce pays ? – La Russie occupe toujours une place de choix dans notre stratégie de développe- ment. Si vous prenez la fuite chaque fois que vous vous heurtez à un obstacle, il vous sera extrêmement difficile d’inspi- rer confiance à vos partenaires. L’année prochaine, nous allons célébrer les 25 ans de notre présence en Russie, mais ce n’est que le début d’une longue coopé- ration. Nous avons des plans très ambi- tieux pour le futur, comme le projet Ya- mal LNG. Notre participation croissante dans le capital de Novatek témoigne aussi du sérieux de nos intentions. – Vous avez visité récemment Sabetta, où se- ront basées les principales installations du projet Yamal LNG. Quelles sont les impres- sions que vous ramenez de ce voyage ? Com- ment avance le projet ? – Ce fut un voyage remarquable. Je suis de près l’avancement du projet Yamal LNG, mais il fallait absolument que je voie de mes propres yeux le site des travaux et les installations déjà prêtes ou en cours de construction. Je peux témoigner de l’efficacité de l’investisse- ment, qui à ce jour a déjà atteint 9 mil- liards de dollars. Les travaux vont bon train. Je suis très content de ce projet. – Comment se passe le financement de ce projet ? – J’ai déjà souligné qu’il existait des alternatives permettant d’agir malgré l’impossibilité de financer le projet en dollars, et nous avons fait de grands progrès dans cette direction avec nos partenaires. Nous faisons appel à des banques et à des établissements fi- nanciers, notamment en Europe et en Chine. C’est un projet très prometteur, nous avons déjà des contrats de vente pour toute la production de gaz, et je suis certain que nous réaliserons le pro- jet dans les délais prévus. – Avez-vous l’intention d’augmenter votre participation dans le capital social de No- vatek ? – À ce jour nous avons près de 18 % du capital de Novatek et notre accord stra- tégique avec Novatek permet que nous pouvons monter jusqu’à 19 %. Par le passé, nous n’avons jamais annoncé à l’avance nos achats d’actions car cela pouvait influencer le cours. Pourquoi le changer ? – Comment appréciez-vous la participation de Total au PSA (Production Sharing Agreement, en français « accord de partage de la production ») de Kharyaga ? – Kharyaga est un des premiers projets de Total en Russie. Le professionnalisme et le savoir-faire de nos collaborateurs ont permis de mettre en valeur les ré- serves de ce champ, malgré de nombreux challenges techniques. Je note plus de 15 ans de production et d’excellents résul- tats en matière de sécurité industrielle. La rentabilité du projet a permis à l’État russe de recevoir plus de 3 milliards de dollars du PSA de Kharyaga. – Quelle importance y attachez-vous ? – Plus de 10 % de notre production vient actuellement de la Russie. Certes, la contribution de Kharyaga est modeste, mais le projet nous a permis d’amé- liorer notre connaissance pratique de l’industrie russe et de construire un partenariat solide avec notre associé Zaroubejneft. – Vous avez lancé un autre projet en Russie au mois de mai. Quelle est l’importance de cet événement pour le groupe ? – Termokarstovoïé est notre premier projet conjoint avec Novatek. Il est un bon exemple de la synergie entre deux grandes compagnies complémen- taires, dont chacune apporte son sa- voir-faire à la réussite d’un projet com- mun. Résultat : le projet a été mis en route en avance sur les prévisions et en dessous du budget. Depuis le début de 2015, c’est le quatrième nouveau projet de Total dans le monde. – Il s’agit d’un autre projet de gaz qui s’ajoute au portefeuille du groupe. Ceci veut-il dire que le gaz joue un rôle de premier plan dans la stratégie de Total ? – Le gaz occupe une place importante dans la stratégie de développement du groupe. La part du gaz dans la produc- tion de Total a atteint 50 % en 2014. Le GNL (gaz naturel liquéfié) représente un segment important et prometteur du marché de gaz. Total en est un des trois premiers producteurs au monde et nous sommes présents tout au long de la chaîne industrielle. Nous avons l’in- tention de renforcer nos positions dans le GNL, notamment en participant à de grands projets comme celui de Yamal LNG. – Total est une compagnie verticalement in- tégrée. Est-il prévu de développer les activités du groupe en Russie dans les secteurs autres que l’exploration-production ? – C’est déjà le cas. Notre branche mar- keting-services continue sa croissance en Russie. Avec Gazpromneft, nous avons inauguré récemment une usine qui produit déjà des bitumes de qualité supérieure pour les revêtements rou- tiers. Nous envisageons de développer d’autres activités aval. L’ANNÉE PROCHAINE, NOUS ALLONS CÉLÉBRER LES 25 ANS DE NOTRE PRÉSENCE EN RUSSIE, MAIS CE N’EST QUE LE DÉBUT D’UNE LONGUE COOPÉRATION. NOUS AVONS DES PLANS TRÈS AMBITIEUX POUR LE FUTUR, COMME LE PROJET YAMAL LNG.
  • 10. 10 Édition spéciale Russie-France – Comment évaluez-vous l’état actuel des re- lations franco-russes ? – Les relations franco-russes traversent une période difficile. Elles ne peuvent être évaluées indépendamment de la crise ukrainienne. Le partenariat bila- téral, qui s’était considérablement dé- veloppé au cours des dernières années, a souffert et souffre encore des consé- quences de la crise dans le Donbass, des sanctions européennes et des contre-me- sures russes, et, de manière plus large, du contexte informationnel en France et en Russie. On observe une forte po- larisation des positions exprimées par les hommes politiques, les experts et les journalistes de nos deux pays. Cependant, il y a du positif : la France, en la personne du président de la République François Hollande, s’est saisie du dossier ukrainien. Cela a commencé dès le printemps 2014, avec la création du format « Normandie », et ce en dépit des très fortes pressions extérieures pour que Vladimir Poutine ne soit pas invité le 6 juin pour les cé- rémonies commémoratives du 70e an- niversaire du Débarquement. Chacun se souvient aussi de l’escale que Fran- çois Hollande a faite à Moscou et de sa rencontre avec le président russe, le 6 décembre dernier, au retour de son voyage officiel au Kazakhstan. Le rôle clé de la France dans le proces- sus de Minsk est de bon augure. Bien sûr, il y a un contexte médiatique, il y a une crise de confiance profonde, il y a le dossier – hélas visible et haute- ment symbolique – du Mistral, mais il y a aussi des signaux plus positifs qui viennent du plus haut niveau. – L’économie russe est-elle « en lambeaux » ? – Non, contrairement à ce qu’a pu dire, un peu imprudemment, le président Obama à l’automne dernier. Les scé- narios très sombres, parfois apocalyp- tiques, qui avaient fleuri après le « mar- di noir » du rouble à la mi-décembre, ne se confirment pas. L’économie russe ne s’effondre pas. La monnaie nationale s’est redressée, les cours du pétrole – si déterminants pour les équilibres macro-économiques et financiers du pays – se sont stabilisés et sont même remontés à 65 dollars le baril, et la ré- cession devrait être légèrement infé- rieure à 3 %, alors que certains tablaient sur une contraction de 5 voire 6 points. Ceci dit, la situation n’est pas brillante. Les revenus réels de la population sont en baisse – pour la première fois depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au pou- voir en 2000 –, l’investissement – russe comme étranger – est à l’arrêt, l’infla- tion sera proche de 15 % cette année, les budgets de la plupart des régions sont en déficit. Pour résumer, je dirais que la Russie résiste plutôt bien au choc. Mais les défis fondamentaux auxquels elle doit faire face sont toujours là. Il s’agit ni plus ni moins que d’inventer un nouveau modèle de développement pour les décennies à venir. – Les investisseurs français quittent-ils la Russie ? Où en sont les échanges commer- ciaux bilatéraux ? – À ma connaissance, aucune entre- prise française n’a l’intention de par- tir de Russie. Les gens comprennent qu’au-delà des turbulences actuelles, c’est un pays au potentiel et aux be- IL N’Y AURA PAS DE RETOUR AU STATU QUO ANTE Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe, s’exprime sur les relations franco- russes, sur le virage de la Russie en direction de l’Est, et répond à la question de savoir si l’économie russe est réellement « en lambeaux » ou non. Le président russe Vladimir Poutine rencontre le président français François Hollande à l’aéroport Vnoukovo, à Moscou. | MAXIM ZMEYEV / REUTERS Arnaud DUBIEN | OBSERVATOIRE FRANCO-RUSSE LES SCÉNARIOS TRÈS SOMBRES, PARFOIS APOCALYPTIQUES, QUI AVAIENT FLEURI APRÈS LE « MARDI NOIR » DU ROUBLE À LA MI- DÉCEMBRE, NE SE CONFIRMENT PAS. L’ÉCONOMIE RUSSE NE S’EFFONDRE PAS.
  • 11. 11www.lecourrierderussie.com Édition spéciale Russie-France soins  – notamment en termes d’in- frastructures  – gigantesques. Les en- treprises françaises peuvent contribuer à la modernisation de la Russie. Plu- sieurs centaines y sont implantées et y œuvrent déjà, en apportant technolo- gies et savoir-faire. À court terme, la situation est très différente selon les secteurs d’activité. La distribution se porte plutôt bien, tandis que les constructeurs automo- biles enregistrent à l’inverse de très mauvais chiffres de ventes. L’une des conséquences de la crise du rouble fin 2014-début 2015 et du climat politique né de la crise ukrainienne sera une lo- calisation plus importante de la pro- duction en Russie. Les échanges bilatéraux devraient, hélas, encore baisser cette année. C’est le résultat de plusieurs facteurs. Tout d’abord, la situation économique en Russie, dont les importations ont bais- sé d’environ 30 % au premier trimestre. Les contre-sanctions décidées par le Kremlin en août dernier en réponse aux sanctions sectorielles occidentales ont également privé certaines entreprises françaises du secteur agro-alimentaire de leurs débouchés en Russie. Enfin, il convient de relever un véritable pro- blème de financement de la part des banques françaises. Des dizaines de grosses PME nous ont dit ne pas pou- voir obtenir de prêts pour leurs projets d’exportation en Russie. Officielle- ment, le problème n’existe pas, ou il est d’ordre technique. Dans les faits, la frilosité traditionnelle des banquiers vis-à-vis de la Russie a été amplifiée par les sanctions – qui ne concernent pourtant qu’un nombre très limité de secteurs – et par l’affaire BNP Paribas. Le phénomène d’overcompliance que l’on constate aujourd’hui pénalise non pas la Russie mais nos entreprises et, infine, la balance commerciale de la France. – Assiste-t-on à un virage de la politique étrangère de la Russie en direction de l’Asie ? – La Russie a systématiquement reven- diqué, depuis des siècles, sa double vo- cation – européenne et asiatique. Mais l’empire tsariste comme l’Union sovié- tique étaient en réalité des puissances européocentrées. C’est toujours le cas aujourd’hui en termes économiques et démographiques, mais les choses sont en train d’évoluer. La Russie fait le constat qu’elle ne peut se désintéresser de la région Asie-Pacifique, où le centre de gravité économique et politique du monde est en train de glisser. Et qu’elle dispose de nombreux atouts, jusqu’ici négligés, pour y jouer un rôle. À vrai dire, cette prise de conscience est antérieure à la crise ukrainienne. Le sommet de l’APEC, qui s’est tenu à Vladivostok en septembre 2012, avait il- lustré cette nouvelle ambition orientale de la Russie, 25 ans après le fameux dis- cours prononcé par Mikhaïl Gorbatchev dans cette ville. Il s’agit à la fois de ren- forcer ses échanges commerciaux avec les pays de la région, mais aussi de dé- velopper les provinces de Sibérie orien- tales et d’Extrême-Orient, très vulné- rables sur le plan socio-économique. Les cérémonies commémoratives des 70 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie ont mis en évidence le rappro- chement entre la Russie et la Chine. Des dizaines d’accords ont été conclus, moins d’un an après la signature de l’accord sur le gazoduc Force de la Si- bérie. L’Observatoire, qui suit très at- tentivement ce qui se passe dans les ré- gions de Russie, note la multiplication de projets d’investissements chinois dans de très nombreux secteurs. À l’évi- dence, un mouvement tectonique s’est enclenché. Certes, parler d’alliance russo-chinoise est exagéré. Mais nier, comme le font de nombreux analystes en Europe, qu’il se passe quelque chose de majeur est assez incompréhensible. Notons au passage que la politique asia- tique de la Russie ne se résume pas à la Chine. Moscou développe de façon sui- vie ses partenariats avec l’Inde, le Viet- nam et la Corée du Sud. – Quel sera le positionnement international de la Russie ces prochaines années et quelle sera la nature de ses relations avec l’Occi- dent ? – Le sentiment qui prévaut dans les cercles de pouvoir à Moscou est qu’il n’y aura pas de retour au statu quo ante. La Russie se prépare à une coexistence relativement indifférente avec un Oc- cident dont elle n’attend plus grand- chose de positif, qu’elle juge comme largement responsable du désordre international – notamment au Moyen- Orient – et qui n’est plus aujourd’hui la référence centrale. Elle privilégiera les coopérations avec des pays (BRICS, Tur- quie, Égypte, Iran, etc.) qu’elle estime capables de résister à d’éventuelles pressions américaines. L’idée d’une dépendance croissante vis-à-vis de la Chine est intégrée – à défaut d’être vrai- ment acceptée – par les élites russes. Puissance inquiète pour sa sécurité et son rang, la Russie continuera d’évo- luer sans grande stratégie, dans une logique réactive et opportuniste, seule sans être isolée. PUISSANCE INQUIÈTE POUR SA SÉCURITÉ ET SON RANG, LA RUSSIE CONTINUERA D’ÉVOLUER SANS GRANDE STRATÉGIE, DANS UNE LOGIQUE RÉACTIVE ET OPPORTUNISTE, SEULE SANS ÊTRE ISOLÉE. – Dentons a annoncé une nouvelle extension majeure un an seulement après que les trois principaux cabinets d’avocats internatio- naux – Salans, SNR Denton et Fraser Milner Casgrain (FMC) – ont fusionné pour former Dentons. Comment ces changements vont-ils affecter le cabinet en Russie ? – La fusion de Dentons et du principal cabinet d’avocat chinois 大成 (pronon- cé « da chung »), annoncée en janvier 2015, forme un cabinet unique sur le marché. La nouvelle firme aura plus de 6 600 avocats et juristes dans 125 bureaux répartis dans plus de 50 pays. L’année dernière, la firme a continué à ouvrir de nouveaux bureaux, princi- palement en Afrique, plus précisément dans ses régions francophones. Nos clients russes qui souhaitent tra- vailler à l’étranger auront accès à un réseau d’avocats encore plus large à tra- vers l’Europe, la CEI, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Asie-Paci- fique, l’Asie centrale, le Moyen-Orient et l’Afrique. – Dentons a-t-il développé son Global French Desk en Russie ? – Le lien avec la France reste au cœur de l’identité de Dentons en Russie. C’est à Paris qu’est né Salans, l’un des cabi- nets d’avocats ayant contribué à former Dentons. C’est la raison pour laquelle les entreprises françaises ont toujours constitué une part importante de notre clientèle en Russie. Pour assister nos clients français, nous disposons entre autres d’une équipe de 15 avocats francophones dans nos bureaux de Moscou et Saint-Pé- tersbourg. En plus des ressortissants russes, notre équipe rassemble plu- sieurs Français membres du barreau de Paris et parlant un russe parfait après de nombreuses années de résidence à Moscou. Nous pouvons également faire appel à d’autres collègues français spé- cialisés en droit des affaires russe et ba- sés dans nos bureaux de Paris et Berlin. Notre expérience nous montre qu'au-delà des difficultés inhérentes aux transactions parfois juridiquement complexes, il y a souvent des barrières interculturelles rendant plus difficiles les contacts et faisant des négocia- tions un véritable défi. Un conseiller juridique parfaitement bilingue avec une véritable compréhension des deux cultures sera souvent d'une grande aide dans de telles situations, et permet- tra un gain de temps et d'argent pour toutes les personnes impliquées. Que ce soit pour des multinatio- nales ou des entreprises plus petites, notre équipe française en Russie est en mesure de fournir aux clients fran- cophones une gamme complète de ser- vices juridiques pour les aider à travail- ler en Russie, et ce dans des secteurs aussi variés que le luxe, les services, l'agroalimentaire, la construction, les sciences de la vie, les services finan- ciers et bien d'autres. Attentif aux besoins de nos clients français et à leur service, je suis un membre actif de la communauté d'af- faires française à Moscou, où je vis depuis 22 ans, et je suis très impliqué dans la promotion des relations écono- miques entre la France et la Russie. DENTONS, UNE PRÉSENCE FRANÇAISE EN RUSSIE Mathieu Fabre- Magnan, associé du cabinet Dentons au bureau de Moscou, responsable du groupe de pratique Dentons European and Russian Luxury, Fashion and Beauty et en charge du Pôle France / Global French Desk de Dentons en Russie, se spécia- lise dans l’accompa- gnement juridique des clients français. Il nous présente le cabinet Dentons en Russie. publicité
  • 12. 12 Édition spéciale Russie-France En ce premier quart du 21e siècle, la France conserve une position confor- table dans la course à l'innovation. Elle est en pointe dans la « compéti- tion mondiale » pour l’Internet le plus rapide et a remporté de nombreux prix lors du dernier CES (Consumer Electronics Show), le principal salon de l'électro- nique grand public qui se tient à Las Ve- gas, et ce bien que la concurrence avec la Corée du Sud, la Chine, les États- Unis et l'Allemagne reste assez intense. La part du Web dans le PIB français est estimée à 5,5 % (contre 3 % en 2009). Par ailleurs, le nombre de demandes de brevets déposées en France place le pays en deuxième position en Europe et en sixième position mondiale. En no- vembre de l'année dernière, la France est arrivée en tête du classement Tech- nology Fast 500 EMEA. INFRASTRUCTURE NUMÉRIQUE Ces indicateurs prometteurs devraient continuer à s’améliorer grâce à plu- sieurs projets lancés avec le soutien du gouvernement français. Le programme « France numérique », adopté en 2012, pose les bases de ce dé- veloppement. Le projet est principale- ment tourné vers les consommateurs à travers l’élargissement de la sphère des services publics numériques, l’in- troduction de l’Internet à haut débit et l'amélioration de la qualité de la connexion mobile, avec la 3G et la 4G. Il a déjà porté ses fruits. Ainsi, selon les statistiques de l'indice DESI (The Di- gital Economy and Society Index) de l'Union européenne, les portails des services publics sont activement utilisés en France. Par exemple, 39 % des méde- cins généralistes conservent les don- nées médicales sous forme numérique (contre 36 % en moyenne en Union eu- ropéenne), et 28 % des médecins trans- mettent les ordonnances aux pharma- ciens par voie électronique. La France se classe première parmi les pays européens en matière d'achats sur Internet ainsi que dans l’utilisation de la télévision et des vidéos en ligne. En revanche, en matière de communi- cation sur les réseaux sociaux et d’ap- pels vidéo, les Français utilisent moins Internet que les autres Européens, selon les données du DESI. Le rapport UbiFrance, présenté au prestigieux sa- lon CES à Las Vegas, indique que le dé- bit des réseaux de télécommunications en France atteint une vitesse moyenne de 31 Mbits/s (78,7 Mbits/s à Paris). Les 20 milliards d'euros investis dans les infrastructures de l'Internet à haut dé- bit devraient permettre d’atteindre une couverture à 100 % à l'horizon 2022. Le marché des communications mo- biles en France est le deuxième plus grand d’Europe. Par ailleurs, de nom- breux consommateurs préfèrent la 4G pour l'accès à l'Internet. Dans ce do- maine, la France est également le deu- xième pays d’Europe. En 2013, le président François Hol- lande a annoncé une liste de 34 projets de hautes technologies stratégiques pour la France (le programme est in- titulé  «  La nouvelle France indus- trielle ») : un tiers de ces projets relève des technologies de l’information (TI). LES INVESTISSEMENTS DANS LES START-UPS En 2013, French Tech, un projet visant à soutenir les start-ups à fort potentiel, a été lancé avec le soutien du gouver- nement français. Par ailleurs, le pro- jet vise non seulement à soutenir les entreprises françaises sur le marché national et à travers le monde, mais également à attirer des start-ups étran- gères en France. « Les sociétés étrangères jouent un rôle important dans l'économie française. Pourtant, par rapport aux États-Unis, au Qatar, à la Chine et à d'autres pays, la Russie y est relati- vement peu représentée. La Russie compte de nombreuses entreprises fortes dans ce domaine – Yandex, MTS et VimpelCom, pour n'en citer que quelques-unes  –  mais quand ces ac- teurs cherchent à s'étendre au-delà de leur pays, ils rencontrent des diffi- cultés. Pour les start-ups russes, c'est encore plus difficile. Nous voulons les aider  :  si ces entreprises décident de se lancer sur le marché étranger ou européen, nous aurons, bien sûr, tout intérêt à les attirer en France, car cela favorisera la croissance économique et la création d'emplois », explique Sté- phanie Morley, chef du pôle Nouvelles technologies, innovation et services de Business France en Russie. Le climat favorable devrait encoura- ger l’investissement. Ainsi, la France pratique le crédit d'impôt recherche, qui couvre jusqu'à 100 millions d'euros d'investissement et permet de réduire les charges fiscales, de même que le crédit d'impôt innovation. En outre, les entreprises peuvent prétendre au statut de jeune entreprise innovante, qui permet aux start-ups de bénéficier de réductions fiscales pendant huit ans. « En ce qui concerne les investis- sements à risque, la Banque publique d'investissement vient encourager les investissements privés dans les indus- tries de capital-risque. L'effet positif de ces mesures est déjà apparent : on peut citer l'exemple de BlaBlaCar, qui a pu lever 100 millions d'euros en 2014 », ra- conte Stéphanie Morley. La participation au salon d'électro- nique grand public de Las Vegas est une autre manière de soutenir les start-ups françaises. Stéphanie Mor- ley indique qu'en 2014, 120 entreprises et start-ups françaises ont participé au CES, faisant de la France la pre- mière délégation européenne et la cin- quième délégation par rapport à tous les pays participants. Par ailleurs, 25 % de toutes les start-ups représentées étaient françaises. Le festival Futur en Seine, qui se tien- dra en juin de cette année, devrait aider les start-ups et PME russes à se lancer en France. Le festival réunit quelque 20 à 25 pays et leur permet de présen- ter leurs innovations technologiques. Cette année, une délégation russe est attendue avec, notamment, la partici- pation de RVC, qui, à son tour, invitera les start-ups russes. LES AVANTAGES DE LA FRANCE L'accès au marché russe est également un axe important du travail de French Tech, explique Stéphanie Morley. Les Français occupent une position forte dans les domaines du commerce élec- tronique et du marketing numérique, des technologies audiovisuelles, des télécommunications, des logiciels, du traitement des données de masse, de la cyber-sécurité et de l’utilisation des drones. La directrice du département TIC de Business France en Russie estime qu'une collaboration efficace entre les deux pays est possible dans ces do- maines. « Je crois que les Russes savent glo- balement où l'on peut trouver du sa- voir-faire et de l'expérience, et, mal- gré la concurrence américaine et allemande, dans leur recherche de par- TIC À L’IMPORT ET À L’EXPORT À l’aube des technologies de l’information, la France avait déjà créé le service Minitel, largement utilisé jusqu’à l’avènement de l’ère Internet. « DE NOMBREUX PROJETS FRANÇAIS PORTENT DES NOMS À CONSONANCE AMÉRICAINE CAR ON CONSIDÈRE QUE CELA PERMET DE BOOSTER LES VENTES, MAIS ILS SONT EN RÉALITÉ FRANÇAIS. » STÉPHANIE MORLEY Futur en Seine | JEAN-PIERRE DALBÉRA / FLICKR.COM
  • 13. 13www.lecourrierderussie.com Édition spéciale Russie-France tenaires, ils choisiront une entreprise française si celle-ci est réellement un expert dans son domaine », estime Sté- phanie Morley. La société Sigfox a, par exemple, si- gné un contrat avec la mairie de Mos- cou et participe au projet d’équipement de places de parking dans la capitale. À l'avenir, d'autres start-ups françaises pourraient être demandées en Russie, notamment celles qui proposent les technologies récompensées au salon CES : ce sont les drones Parrot, les ca- méras de surveillance à identification visuelle Netatmo et bien d'autres. LES FRANÇAIS SUR LE MARCHÉ RUSSE Les acteurs des TIC (technologies de l’information et de la communication) français déjà présents sur le marché russe s'accordent à dire que celui-ci est attractif du point de vue économique. Le directeur du département stra- tégie et recherche d'Oxymore Inc., Jean-Christophe Bonis, précise que le lancement de l’entreprise sur le mar- ché russe était naturel car c’est un mar- ché dynamique, prometteur et vaste. En Russie, la société promeut la for- mation dans le domaine des innova- tions à travers des conférences, des ateliers et des consultations spéciales, mais son objectif principal est la créa- tion d'une plateforme de formation utilisant les smart data et l'intelligence artificielle. Le directeur général de Teads en Russie, Thierry Cellerin, souligne éga- lement le potentiel du marché russe, le plus vaste d'Europe en termes d'au- dience avec environ 75 millions d'utili- sateurs mensuels. Pour cette société, spécialisée dans les flux vidéo en ligne pouvant être in- tégrés sur n'importe quelle page web, le lancement sur le marché russe est un pas naturel. « Le secret du succès d'une société technologique est d'être simple- ment un peu en avance sur le reste du marché », estime M. Cellerin. Iouri Larine, directeur des ventes Russie et CEI d'Arkaden RUS, précise qu'un service de qualité doit être assuré dans la langue du pays où le bureau est installé. En outre, compte tenu de l'étendue territoriale de la Russie, les technolo- gies de connexion vidéo hybride pro- posées par la société sont particulière- ment d'actualité. Elles permettent aux utilisateurs de communiquer à partir de tout type d'appareil ou presque. « La France est l'un des premiers pays d'Europe avec une culture riche, no- tamment technique, et nous sommes heureux de proposer aux utilisateurs russes les meilleures technologies de travail à distance, développées en France et testées en Europe et à travers le monde », indique M. Larine. Lev Samsonov, directeur général de Fabernovel en Russie, souligne que la Russie fait partie des cinq plus grands marchés numériques du monde. Aussi les opportunités apportées par la révolu- tion numérique seront-elles de plus en plus demandées dans les années à venir. « Aujourd'hui, plutôt que reproduire les produits et services réussis, les entre- prises doivent en créer de nouveaux en utilisant leurs actifs et l'expertise accu- mulée et en recourant aux technologies numériques », estime M. Samsonov. Thierry Cellerin partage cet avis. Il ex- plique que de nombreuses entreprises « ne sont pas toujours conscientes des possibilités que peut apporter le déve- loppement des TIC à leurs activités, réduisant à tort le rôle des TIC aux technologies de la communication. Les TIC peuvent apporter de nouvelles technologies aux entreprises, créer de nouveaux produits, modifier le mo- dèle commercial de la société, etc. Elles doivent devenir la composante princi- pale de la planification stratégique. » Cela signifie que les entreprises de- vront agir en utilisant des technologies innovantes si elles veulent éviter le des- tin de Kodak, qui a fait faillite. Stéphanie Morley explique que l'ob- jectif est de faire en sorte que les start- ups françaises ne se contentent pas de simplement « vendre » leurs produits en Russie, mais qu'elles s'y installent durablement : « Elles ont peu de res- sources humaines pour y parvenir, c'est pourquoi nous leur venons en aide, de même que la Chambre de commerce et d'industrie franco-russe. » Le fournisseur international Orange Business Services offre des services de télécommunications aux plus gros clients russes et internationaux, tels que Danone, Heineken, Siemens, JTI, L’Oréal, Otkrytie Bank, MDM Bank, Rosbank, Sberbank, etc. Richard van Wageningen, directeur général de la filiale russe du groupe, aborde les nouvelles opportunités qu’ouvre la crise en Russie. –Quelestl’impactdelaconjonctureéconomique en Russie sur l'activité de votre entreprise ? – Déjà lors de la préparation du budget pour l'année en cours, nous prévoyions que notre travail serait plus difficile. Mais nous savions à l’avance où nous pouvions travailler de manière plus efficace. Les entreprises doivent cher- cher des moyens d’optimiser leurs dé- penses. En cela, nous sommes aidés par les technologies informatiques. En investissant dans ces technologies aujourd'hui, nous pouvons prendre plusieurs années d'avance sur nos concurrents. En outre, les solutions in- formatiques sont très utiles en temps de crise. Je pense notamment aux so- lutions de cloud computing qu'on peut exploiter en ne payant que pour les res- sources utilisées – c'est important lors- qu'une société croît ou, au contraire, réduit sa voilure. – Les entreprises peuvent-elles trouver de nouvelles opportunités ? – Bien sûr. La crise est simplement une autre situation, que l'on peut compa- rer à la conduite automobile : lorsqu'il pleut ou neige, nous conduisons plus prudemment. En ce qui concerne les investissements, de grandes opportu- nités apparaissent. – Pourquoi faut-il aujourd’hui investir en Russie ? – Travailler en Russie est crucial pour nous comme pour tout fournisseur in- ternational de services. Il est même plus intéressant d'investir en Russie aujourd'hui qu'avant la crise : celui qui achète maintenant dicte ses règles au marché. Cela peut bien entendu être difficile, mais il faut le faire si l’on ne veut pas, d'ici deux ans, quand l'économie reprendra sa croissance, se retrouver derrière tout le monde. De notre côté, nous investissons dans l'infrastructure en Russie, élargissons notre plateforme cloud et faisons tout pour rester un partenaire fiable pour nos clients. – Quelles sont les nouvelles difficultés ren- contrées par vos clients ? – La majeure partie de nos clients sont des organismes financiers, des compa- gnies pétrolières, gazières et minières, et des détaillants. Chacun de ces sec- teurs a souffert de la crise à sa façon. Nous cherchons à soutenir nos clients et à leur proposer des conditions plus favorables. – Quelles mesures les entreprises doivent- elles prendre pour rester compétitives dans les nouvelles conditions économiques ? – Chaque entreprise doit comprendre pourquoi ses clients l’ont choisie elle. Les unes misent sur la qualité, les autres sur le prix et la flexibilité. Nous combinons les deux approches. Notre force, ce sont les grands clients russes et internationaux que nous compre- nons bien et à qui nous pouvons propo- ser les meilleures solutions. L'état d'esprit de la direction est éga- lement très important. Un directeur peut dire que tout va mal, un autre ap- préciera les résultats obtenus, même s'ils sont minimes. Personnellement, je suis un optimiste. – Quelles niches avez-vous l'intention de dé- velopper sur votre marché en Russie ? – Les entreprises recourent de plus en plus au modèle cloud pour l'organisation de leur travail. Par conséquent, tous nos produits et services migrent sur le cloud : la téléphonie, les conférences audio, vidéo et web, et les centres de contact. Nous proposons également des clouds virtuels privés et hybrides à nos clients. Les clouds hybrides allient le confort d'utilisation d'un cloud privé et la sécurité. Par ailleurs, à partir du 1er septembre doit entrer en vigueur la loi sur la conser- vation des données personnelles, qui oblige les entreprises à conserver sur le territoire russe les données des citoyens russes. Dans le contexte actuel, les en- treprises peuvent soit investir dans l'ex- pansion et la modernisation des centres de données afin de respecter la législa- tion, soit migrer sur le cloud et ainsi bé- néficier de davantage de flexibilité sans devoir investir dans l’infrastructure et sa modernisation. Nous avons constaté une hausse de la demande pour les pro- jets cloud de la part des grandes entre- prises. Nos clients souhaitent utiliser notre plateforme cloud, aussi nous inves- tissons actuellement dans son expan- sion. Nous avons nos propres centres de données en Russie et nous fournissons des services sur la base des centres de données de nos partenaires. – Quelles sont les tendances dominantes sur le marché ? – La tendance principale est la mobili- té. Les collaborateurs veulent avoir un accès mobile aux mêmes applications et systèmes qu'à partir d'un ordina- teur fixe, partout et depuis tout type d'appareil. Pour ce faire, des outils de programmation ont été élaborés et sont proposés sur les marchés IT internatio- nal et russe. Nous proposons une solu- tion complète pour l’utilisation sécuri- sée des appareils mobiles. Entre autres avantages, celle-ci ne nécessite ni dé- penses d’investissement de capital, ni d'investissements dans l'infrastructure informatique. Le client ne paie que pour les appareils activement utilisés au sein de l'entreprise. – Comment gérez-vous les questions de sécu- rité dans ce cas ? – Ce service est déjà utilisé dans le monde, notamment par des institu- tions financières et des organismes gouvernementaux, dont les exigences sont les plus élevées en matière de ges- tion de l'infrastructure informatique et de garantie de la sécurité. Parmi ces organismes, on trouve le ministère belge des Affaires étrangères. Les ap- pareils mobiles des employés ont attiré l'attention des malfaiteurs, le nombre de ces appareils a crû et, afin d'assurer leur sécurité, le ministère belge des Af- faires étrangères a choisi le service cloud d’Orange Business Services. Ce service prend en charge environ 500 appareils mobiles dans différents pays et permet de mettre en œuvre une politique de sécurité pour les ordinateurs fixes, les ordinateurs portables, les smartphones et les tablettes, y compris les appareils personnels des employés. – À votre avis, à quel point la Russie est-elle attractive pour les investisseurs ? – La Russie est un pays très vaste et très attractif en termes d’investissements. Il y a ici tout ce dont vous avez besoin pour faire des affaires. Ce point de vue est partagé par mes collègues en France et dans le monde entier. Nous dispo- sons de nos propres infrastructures dé- veloppées, d’une équipe de spécialistes qualifiés et nous continuons d’investir en Russie. Le chiffre d'affaires de notre société est en augmentation, et la crise nous est même d'une certaine aide dans la mesure où la demande en tech- nologies ne faiblit pas. ORANGE BUSINESS SERVICES : « LA CRISE EST LE TEMPS DES NOUVELLES OPPORTUNITÉS » publicité
  • 14. 14 Édition spéciale Russie-France Ce faisant, ils ratent l’occasion de dé- couvrir l’une des villes les plus colorées du sud de la France, où l’ancien et le nouveau s’entrelacent dans un mé- lange enchanteur, où les gens sont ac- cueillants, où la cuisine est succulente, et le climat – chaud. Cette ville, dont l’université est une des plus anciennes, regorge de lieux historiques entourés de technologies de pointe tournées vers l’avenir. La particularité de Toulouse est la brique rose qui a servi à construire tous ses bâtiments. Les nuances du maté- riau varient en fonction de la position et de l’intensité du soleil. C’est d’ail- leurs de là que Toulouse tire son sur- nom de « ville rose ». Toulouse se situe sur la Garonne, à mi-chemin environ entre Montpellier, au bord de la Méditerranée, et Biar- ritz, sur la côte atlantique. C’est la quatrième plus grande ville de France après Paris, Lyon et Marseille. Peuplée de plus de 500 000 habitants et préfec- ture de Midi-Pyrénées, la plus grande région de la France continentale, Tou- louse est desservie par deux aéroports, un réseau d’autoroutes et son propre métro. Mais ce qui donne sa principale re- nommée à Toulouse, c’est d’être deve- nue le centre de l’industrie aéronau- tique dès l’apparition de l’aviation. En témoigne la place du Capitole, la prin- cipale de la ville. Cette place de deux hectares est entourée par les imposants bâtiments de la mairie et de l’opéra, mais surtout par l’hôtel historique du Grand Balcon, où le légendaire écrivain et pilote Antoine de Saint-Exupéry a ré- digé l’impérissable chef-d’œuvre de la littérature pour enfants, Le Petit Prince. C’est précisément à Toulouse que, du- rant l’entre-deux-guerres, est née l’aé- ropostale et qu’ont été exécutés les pre- miers vols du supersonique Concorde. Aujourd’hui, les principaux secteurs industriels de la région sont ceux de l’aéronautique, de l’aérospatiale, de l’électronique, de l’informatique et des biotechnologies. Siège d’Airbus Group (ancien EADS), du GPS Galileo et du sys- tème de satellites SPOT, Toulouse est la capitale européenne de l’industrie aérospatiale. En outre, c’est là qu’ATR produit ses célèbres avions régionaux (de courte et moyenne distance) et que sont installées les entreprises du Groupe Latécoère, un des plus gros producteurs mondiaux de composants aéronautiques modernes – éléments de fuselage, portes et avionique. Lesvisiteurspeuventobserverdeleurs propres yeux l’assemblage d’avions de ligne modernes dans l’usine Aerospa- tiale à Colomiers, dans la banlieue de Toulouse. Un lieu encore plus apprécié des touristes est la Cité de l’espace, un vaste parc à thème scientifique d’une superficie de 3,5 hectares, consacré à l’exploration spatiale. Il comprend un planétarium populaire et un musée foisonnant d’innovations, notamment un simulateur de vol à bord d’un vais- seau spatial, une réplique grandeur nature de la station spatiale Mir ainsi qu’une fusée Ariane 5 de 53 mètres. Les visiteurs peuvent ainsi se mettre, le temps d’une journée, dans la peau de spationautes et vivre le décollage et l’at- terrissage d’une navette spatiale. La ville abrite également le centre européen du géant technologique amé- ricain Intel et le Centre spatial de Tou- louse (CST) du Centre national d’études spatiales (CNES) – le plus grand d’Eu- rope. Relevons également la présence remarquée du géant spatial franco-ita- lien Thales Alenia Space et d’Astrium Satellites, une unité d’Airbus Group spécialisée dans la conception et la fa- brication de satellites. Le pôle aérospatial de Toulouse est TOULOUSE : PASSÉ ROMANTIQUE ET PRÉSENT INDUSTRIEL Il n’est pas toujours facile de trouver un guide touristique sur Toulouse. Bien qu’au Moyen-Âge, cette ville ait constitué une étape pour les pèlerins en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle, les touristes d’aujourd’hui, pressés de rejoindre les stations balnéaires des côtes méditerranéenne ou atlantique, ne s’y arrêtent plus que brièvement. Vue de Toulouse | OLIVIER JAULENT / WIKIMEDIA COMMONS AUJOURD’HUI, LES PRINCIPAUX SECTEURS INDUSTRIELS DE LA RÉGION SONT CEUX DE L’AÉRONAUTIQUE, DE L’AÉROSPATIALE, DE L’ÉLECTRONIQUE, DE L’INFORMATIQUE ET DES BIOTECHNOLOGIES. ALEXANDRE ANITCHKINE
  • 15. 15www.lecourrierderussie.com Édition spéciale Russie-France considéré comme le meilleur pôle d’ex- port de l’économie française et sert souvent à illustrer le contraste entre le niveau de compétitivité de l’économie nationale dans son ensemble et celui de ce secteur pris à part. Le pôle couvre les régions Midi-Pyré- nées et Aquitaine et compte 1 500 so- ciétés, 100 000 travailleurs, 10 500 in- génieurs et scientifiques, ainsi que plusieurs dizaines de fabricants d'équi- pement d'origine (FEO). Il représente 80 % des exportations françaises dans l’industrie aérospatiale et plus de 9  % de l’ensemble des exportations du pays. Soit, par exemple, 15 fois plus, en termes de revenus, que les exportations de bordeaux. La région de Toulouse est également devenue un pôle éminent grâce à sa po- sition géographique stratégique et à la politique du gouvernement, qui, déjà lors de la Première Guerre mondiale, y avait commandé 1 000 avions. Toulouse avait été choisie parce qu’elle était la zone d’industrie lourde la plus éloignée du front allemand. De plus, les condi- tions atmosphériques y étaient idéales et les massifs des Pyrénées servaient de repères lors des vols d’entraînement des pilotes. Plus proche de notre époque, dans les années 1960, la participation de la France au projet Concorde et Airbus a propulsé le futur développement du secteur avec l’appui de travaux scien- tifiques et expérimentaux. À partir de 1965, le gouvernement a lancé une po- litique de décentralisation administra- tive, dans le cadre de laquelle plusieurs instituts scientifiques parisiens ont été transférés à Toulouse afin de consolider les centres sectoriels compétitifs en de- hors de la capitale. Enfin, en 2005, le gouvernement français décide de créer Aerospace Valley, un pôle constitué d’entreprises aérospatiales et d’associa- tions scientifiques et centré à Toulouse. Le pôle aérospatial toulousain forme un réseau d’entreprises et d’organi- sations publiques et privées, de four- nisseurs et de maîtres d’œuvre, tous étroitement liés entre eux. Les com- posants de navigation, de communi- cation et d’électronique sont produits séparément avant d’être expédiés pour assemblage chez Airbus ou d’autres fa- bricants du produit fini. Une grande partie des systèmes et des sous-sys- tèmes modulaires (par exemple les Réplique d’Ariane 5 à la Cité de l’espace, à Toulouse | Poppy / WIKIMEDIA COMMONS AÉRONAUTIQUE, AÉROSPATIALE ET NOU- VELLES TECHNOLOGIES Arcam : Création de nouveaux alliages métal- liques sans plomb ni chrome afin de produire des aciers inoxydables respectueux de l’environne- ment pour l’industrie aéronautique et aérospa- tiale. CE-GNSS : Création de systèmes portables (programmes) connectés au système satellite GPS dans le but de donner aux aveugles et mal- voyants une vie plus proche de la normale. Copain : Modernisation des cockpits des avions civils et des jets d’affaires, permettant de dimi- nuer leur poids d’un tiers et de réduire le coût de ce centre névralgique de l’avion moderne. Fahrenheit : Le projet Fahrenheit fournit des ma- tériaux de protection thermique améliorés pour les avions et les engins spatiaux qui subissent en vol des températures extrêmes. Pro-CIGS : Concept de production en masse de panneaux photovoltaïques (solaires) visant à réduire les coûts et à encourager les investisse- ments. Le but du projet est de réduire la dépen- dance des pays industrialisés et en développe- ment à l’égard des hydrocarbures. TECHNOLOGIES AGRICOLES AgriDrones : Projet conjoint entre les pôles agricole et aérospatial qui vise à développer des drones spécialisés (véhicules aériens sans pilote) pour accroître l’efficacité des plantations de cultures couvrant de grandes surfaces, telles que le blé, le maïs, le tournesol et le colza. Roquefort’in : Recherche sur le potentiel sélectif et génétique du fromage produit à partir de lait de brebis (roquefort). Ecosilo : Développement de méthodes pour proté- ger les cultures contre les insectes et autres para- sites pendant le processus de stockage du grain. BIOTECHNOLOGIES ET MÉDECINE BEA : Projet commun entre les pôles aérospatial et biotechnologique. L’objectif est de développer un bracelet connecté à un système de recherche et d’alerte à distance pour les personnes âgées membres d’un EHPAD (établissement d’héberge- ment pour personnes âgées dépendantes). Roméo II : Création d’un robot humanoïde mesu- rant 180 cm et servant de compagnon et d’aide domestique. Aldebaran est le chef du projet. Inpac : Développement intégré d’une usine de production d’anticancéreux en vue de réduire leur coût et d’accroître leur compétitivité mondiale. PROJETS INNOVANTS DANS LA RÉGION
  • 16. 16 Édition spéciale Russie-France moteurs, les équipements avioniques et les ailes) sont produits en dehors du pôle mais leur intégration finale se fait dans les lignes de montage à Toulouse. Les ministères et les organismes gou- vernementaux jouent un rôle majeur dans la règlementation et la promotion du pôle aérospatial. Des organisations subventionnées par l’État ont une part cruciale dans l’éducation et la recherche scientifique. Toulouse abrite plusieurs grandes écoles, y compris l’ENAC (École nationale de l'aviation civile) et l’ISAE (Institut supérieur de l'aéronautique et de l’espace), qui préparent des cen- taines de spécialistes du domaine et conduisent de vastes programmes de recherche et développement. Le pôle est également constitué des plus grands centres de recherches : le centre toulousain de l’ONERA (Office national d'études et de recherches aé- rospatiales) et la délégation du CNRS, le principal centre de recherche fonda- mentale en France et le plus grand d’Eu- rope. Aerospace Valley sert de centre de coordination des travaux scientifiques et techniques du pôle. Outre les établissements de re- cherches et d’études techniques et d’in- génierie, Toulouse abrite également la Toulouse Business School (TBS), l’École d’économie de Toulouse (TSE) et un des campus de l’Institut supérieur euro- péen de gestion (ISEG Group). Toulouse compte actuellement plus de 100 000 étudiants. Cette cité uni- versitaire moderne est associée à la tradition antique car c’est là que vécut et travailla Pierre de Fermat, grand ma- thématicien du 17e siècle. Son dernier théorème est resté sans démonstration durant plusieurs siècles, avant d’être finalement prouvé par Andrew John Wiles en 1995. Après Paris, Lyon et Lille, Toulouse est le centre d’enseignement supérieur le plus peuplé de France. L’université de Toulouse, fondée en 1229, est l’une des plus anciennes d’Europe. À l’ins- tar des universités d’Oxford et de Pa- ris, celle de Toulouse fut créée lorsque les Européens traduisaient activement les œuvres d’Arabes andalous et de Grecs anciens. Leurs travaux, qui re- mettaient en question les conceptions européennes traditionnelles, sont à l’origine de nouvelles découvertes scientifiques, artistiques et culturelles et, par là même, ont transformé la so- ciété. C’était également l’époque de la ré- volte des cathares, dont le foyer se si- tuait à Toulouse. Ce mouvement reli- gieux, qui contestait l’autorité du pape, fut jugé hérétique. Par conséquent, une croisade fut proclamée contre le catharisme, la seule que la France ait organisée contre son propre peuple. La région, dont Toulouse elle-même, fut dévastée et pillée en 1218. Cette période a toutefois laissé un riche héritage historico-culturel. La basilique Saint-Sernin est considérée comme la plus grande église romane conservée en Europe. À l’instar de nom- breux autres édifices de la ville, elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. La région connut un nouvel essor au 15e siècle, lorsque Toulouse se dévelop- pa en centre administratif de la région et s’enrichit en livrant à l’Angleterre du bordeaux, des céréales et du textile. Plus tard, les marchands locaux ajou- tèrent à leur métier principal la produc- tion, à partir de la guède, de teinture bleue pour tissu. Les teintures furent acheminées dans toute l’Europe avant que l’Inde ne commence à exporter de l’indigo. On doit aux marchands de Toulouse la construction des imposants bâtiments en brique rose. L’esprit cos- mopolite de cette ville où prospèrent les arts a traversé les siècles jusqu’à notre époque. Aujourd’hui, les jeunes et les musées publics rivalisent de créativité et insufflent de l’énergie à la vie cultu- relle toulousaine. Les rues de la ville accueillent régulièrement des perfor- mances originales. Au 17e siècle, plus précisément en 1662, apparut l’idée de construire une voie de navigation entre la mer Médi- terranée et l’Atlantique pour éviter un long et périlleux voyage maritime au- tour de l’Espagne. Les travaux furent entamés en 1667 et donnèrent nais- sance au désormais célèbre canal du Midi, dont la construction fut achevée en 1681. Le canal, également classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est très apprécié des touristes. Toulouse prend soin de son patri- moine. Son histoire, sa modernité, ainsi que ses 160 parcs et jardins d’une superficie totale de 1 000 hectares, et, bien entendu, la pittoresque Garonne, qui traverse la ville, lui confèrent un charme unique. La gastronomie locale est également réputée, notamment pour ses célèbres saucisses de porc et son cassoulet – un ragoût épais fait de haricots blancs et de viande d’oie ou de porc. Autre plat de la région : le confit de canard, que l’on prépare avec des pattes de canard cuites lentement dans leur propre graisse. Le roquefort, les confitures, les sucreries à la violette et le fénétra (une tarte aux amandes, abricots et citron) consti- tuent autant d’autres spécialités régio- nales. Du côté des boissons, il est impos- sible de ne pas mentionner l’arma- gnac, une eau-de-vie gasconne que cer- tains connaisseurs classent au-dessus du cognac. D’après des fouilles archéo- logiques, déjà dans l’Antiquité, les Ro- mains fabriquaient une boisson simi- laire. L’armagnac est mentionné pour la première fois en 1348, soit un siècle avant le whisky et le cognac. La région est également connue pour ses champi- gnons frais et ses écrevisses. Enfin, si vous désirez vous attirer im- médiatement les faveurs des locaux, il vous faudra parler des « rouges et noirs ». Il s’agit des couleurs du Stade toulousain, le club de rugby de la ville, une des meilleures équipes de France et d’Europe. De façon assez surpre- nante, le rugby est un sport populaire dans cette partie du pays. Les jours de match, la ville entière arbore les cou- leurs de son équipe, et seuls les plus chanceux arrivent à se procurer des places pour assister à la rencontre. Les autres jours, il est possible de visiter le stade, son musée et, bien sûr, son res- taurant. AVIATION Au total, la région accueille 1 600 entreprises, qui emploient 120 000 travailleurs et 10 500 scientifiques et ingénieurs. Nombre de pro- jets : 598. Entreprises : Airbus, ATR, Latécoère, Thales Alenia Space, Turbomeca et Snecma. TECHNOLOGIES AÉROSPATIALES Leader en Europe. Entreprises : Spot Image, Astrium et Thales Alenia Space. ÉLECTRONIQUE Première région au niveau national pour la créa- tion de systèmes et d’équipements électroniques embarqués. Entreprise : ACTIA Group. TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION (IT) Deuxième région du pays derrière celle de Paris. Entreprises : Capgemini, Sogeti et Legrand. BIOTECHNOLOGIES ET MÉDECINE La recherche médicale se concentre sur les traitements oncologiques. La région accueille 200 entreprises avec un total de 15 000 employés. Nombre de projets certifiés : 112. Entreprises : Sanofi, DExStr, Hyphen, LifeSearch, Omilo et RIST. TECHNOLOGIES AGRICOLES Technologies innovantes dans l’agriculture et la production alimentaire. 205 entreprises, 195 chercheurs, 282 projets certifiés. 60 autres entreprises conduisent des recherches sur les ressources en eau – eau souterraine, purification et usage plus efficace. 19 projets majeurs sont en cours. Entreprises : groupe SEB, Tefal et Arterris. TOULOUSE ET SA RÉGION : PRINCIPAUX PROJETS, INDUSTRIES ET ENTREPRISES Airbus A380 | SENOHRABEK / FOTOLIA.COM TOULOUSE PREND SOIN DE SON PATRIMOINE. SON HISTOIRE, SA MODERNITÉ, AINSI QUE SES 160 PARCS ET JARDINS D’UNE SUPERFICIE TOTALE DE 1 000 HECTARES, ET, BIEN ENTENDU, LA PITTORESQUE GARONNE, QUI TRAVERSE LA VILLE, LUI CONFÈRENT UN CHARME UNIQUE.
  • 17. 17www.lecourrierderussie.com Édition spéciale Russie-France ZES Moglino 17 ulitsa Lenina, Pskov +7 (8112) 68-20-80 e-mail: info@moglino.com www.moglino.com TERRITOIRE POUR MENER DES AFFAIRES DANS DES CONDITIONS PARTICULIÈRES EXEMPTIONS D’IMPÔTS POUR LES RÉSIDENTS AVANTAGES DOUANIERS INFRASTRUCTURE PRÊTE Zone économique spéciale Moglino Pskov BOULANGER AUTOMATE Jean-Louis Hecht, un ingénieux bou- langer originaire de Moselle, a rempor- té l’an dernier le prix du président de la République lors du concours d’inven- tion Lépine, où il a présenté un auto- mate capable de cuire une baguette en dix secondes. Grâce à cette innovation, les Français pourront désormais se pro- curer leur cher pain croquant à toute heure du jour et de la nuit, toujours frais de surcroît – le réfrigérateur du distributeur pouvant contenir jusqu’à 120 produits semi-finis. L’inventeur pourra contrôler le travail de son au- tomate à distance au moyen d’un télé- phone portable. VALISE ROBOT Le célèbre fabriquant français de ba- gages Delsey profite lui aussi des nou- velles possibilités offertes par les té- léphones. Sa valise Pluggage est en effet équipée de nombreux capteurs qui communiquent son poids via une ap- plication et vous évitent ainsi des frais supplémentaires à l’aéroport. Un autre capteur vous informe du moment où votre valise est chargée dans l’avion, et un autre encore la protège des inten- tions malveillantes : seule votre em- preinte digitale permet de l’ouvrir. BLOCKBUSTER AMATEUR Les concepteurs français de l’entre- prise Squadrone System ont eu du flair lorsqu’ils se sont dit qu’il manquait quelque chose pour satisfaire pleine- ment la passion actuelle pour les films amateurs. L’engin Hexo+, équipé d’un GPS et d’une caméra GoPro, mémorise le modèle 3D de son maître et filme les aventures de celui-ci sur une distance fixée à l’avance. Rien d’étonnant à ce que ce projet de drone autonome ait déjà récolté plus de 1,3 million de dol- lars sur la plateforme de financement participatif Kickstarter. CHASSE AUX MAUVAISES ONDES Les nouvelles technologies présentent parfois un danger. C’est ce contre quoi veut lutter le MétaPapier, un papier peint qui filtre et renvoie les ondes élec- tromagnétiques indésirables pour créer un espace à l’abri de l’influence néga- tive du Wi-Fi et de la téléphonie mo- bile. Les ondes émises par les radios et les réveils pourront, elles, continuer de traverser les murs. Ce papier peint peut même servir comme revêtement déco- ratif ou autre. Il pourra par exemple être utilisé dans les théâtres pour blo- quer le signal des téléphones qui reten- tissent immanquablement au moment le plus intense. REPÈRES INTELLIGENTS Des concepteurs et des inventeurs fran- çais ont imaginé de placer des repères radios sur des tissus. À l’aide de la tech- nologie PAC ID Textile, il sera pos- sible de retrouver un sac volé, de suivre le transport d’objets et de lutter contre la contrefa- çon – les sacs français origi- naux pourront être équipés d’un code radio spécial. La petite puce cousue dans l’étiquette de l’article sera quasiment invisible mais ex- trêmement utile. CAPSULES POUR LA DOUCHE L’entreprise parisienne Skinjay utilise une technique innovante pour « li- vrer » des ingrédients. Les spécialistes de cette société se sont inspirés des do- settes de café pour créer des capsules contenant différentes huiles aroma- tiques et qui s’intègrent à la douche. L’huile, en sortant d’un mixeur spé- cial, se mélange à l’eau chaude. On obtient ainsi un effet aromatique par- ticulier, comme si on était au spa. La couleur de ces dosettes faciles à utiliser varie en fonction des arômes et des huiles. Le mixeur coûte 138 euros et une capsule – 9,80 euros. TECHNOLOGIES DU PRÊT-À-PORTER Pavel Chinsky, directeur général de la CCI France Russie, reprend sa rubrique annuelle, dans laquelle il évoque les technologies tricolores intéressantes qui s’installent dans le quotidien des Français.