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Où il est encore question de budget de la Défense

► Le Caïman sort la tête de l'eau…

Le contrat « Caïman France » devrait être signé à la fin mai, a-t-on compris à Marignane, lors
de la visite de deux ministres. Aucune autre précision n'a été donnée, tant par Eurocopter que
la Défense. Ni sur le volume (34 TTH devaient être commandés avant le 31 mars 2013), ni sur la date
précise. Pour dégager de la marge de manoeuvre au ministère de la Défense - son principal client
militaire- qui en a bien besoin, on évoque même la possibilité de glissement de livraisons sur
les contrats en cours (Tigre et Caïman, d'une tranche précédente). Ce qui aurait pour effet de
ménager la trésorerie de la Défense. Même si théoriquement, la société peut aussi faire jouer
des clauses de retard à l'Etat-client, qui n'a pas commandé en temps et en heure ces 34
Caïman, elle ne le fera sans doute pas, car ce type de revendication serait sans doute mal
compris de la part d'un tel client (qui a attendu cinq ans ses Caïman Marine). Il est donc
vraisemblable que cet arrangement entre Français, qui crée une forme de précédent dans la
négociation contractuelle -à la hauteur du contexte budgétaire, dépressif - se réglera à l'amiable.
Deux réalités ne peuvent pas échapper à l'Etat-client. De source industrielle, on indique que le
NH90 (France et export) mobiliserait 5 000 salariés en France, chez Eurocopter et ses sous-
traitants. A l'époque on où parle volontiers de préservation de l'industrie, et bonnes pratiques
avec les PME, il serait malvenu d'aller handicaper un maître d'oeuvre qui emploie en France et
qui irrigue une région politiquement sensible. Sans compter que basiquement, l'armée
française a tout bonnement besoin de ces machines. Le ministre de la défense a dit qu'il
reviendrait dans deux mois, sans préciser si ce serait avec un carnet de chèques. Comme pour
montrer que les temps sont durs pour tout le monde, le ministre est venu à Marignane dans un
modeste et frêle TBM700.




Le directeur exécutif France d'Eurocopter, Dominique Maudet, présente les hélicoptères en service dans
                            les armées, à Marignane. (Photo Jean-Marc Tanguy)




                                                                           TBM700
► Défense : la Cour des comptes formule cinq recommandations…

Alors qu’est attendu à la fin du mois le Livre blanc de la défense, la Cour des comptes vient de
rendre un rapport sur les intérêts stratégiques de l’Etat dans l’industrie de la Défense.

« Le bilan de l'Etat actionnaire est dans l'ensemble positif », indique la Cour des comptes dans
le rapport rendu mardi 9 avril. « Il a su accompagner seul ou de concert avec ses partenaires
industriels la modernisation de l'outil industriel français de défense, le plaçant parmi les
meilleurs mondiaux du secteur », a commenté Didier Migaud, le premier président de la Cour
des Comptes, lors d’une conférence de presse. Quelques faiblesses sont toutefois à déplorer.
L'Etat a « fait preuve de nombreuses faiblesses, se plaçant parfois en risque de perdre le
contrôle de certaines activités industrielles de défense ainsi qu'en ayant des difficultés à faire
appliquer ses décisions, voire à s'exprimer d'une seule voix ».

Adopter un stratégie d'ensemble : la juridiction financière formule donc cinq recommandations
afin de mieux défendre ses intérêts stratégiques. Pour cela, « l'Etat ne doit plus agir au coup
par coup mais adopter une stratégie d'ensemble, préparer les décisions futures et dire ce qu'il
attend de ses partenaires industriels », détaille Didier Migaud. La Cour préconise par ailleurs
une « amélioration de la protection et du suivi des intérêts stratégiques de l'Etat », des
restructurations horizontales et verticales dans le secteur, mais aussi une meilleure
coordination entre les services de l'Etat ( Agence des participations et Direction générale de
l'armement) qui ne sont pas toujours sur la même ligne.

« Une stratégie à long terme sur les partenariats avec Dassault » : la Cour des comptes estime
ainsi qu'il faut « renforcer au sein de la direction générale de l'armement (DGA) le suivi des
participations dans les industries de défense » et proposer dans ce cadre « une stratégie à
long terme sur les partenariats avec le groupe Dassault ». « Cela concerne immédiatement
Thales et DCNS », où Dassault est actionnaire à côté de l'Etat, « mais pourrait avoir des
prolongements concernant Giat Industries, SNPE, voire Safran », poursuit la Cour.

Et pour défendre les intérêts stratégiques de l’Etat, la Cour avance une autre piste : la mise en
place « en concertation avec les partenaires européens, d'un dispositif équivalent à
l'amendement Exon-Florio américain ». Il permet au président des Etats-Unis de pouvoir
examiner l'impact de rachats de sociétés américaines par des étrangères. Cette « arme
régalienne par excellence (...) permet au président des Etats-Unis d'examiner l'impact de toute
acquisition étrangère de sociétés américaines et de s'y opposer, dès lors qu'elle pourrait
menacer la sécurité nationale », a développé Didier Migaud.

La juridiction rappelle que l'Etat est actionnaire de référence de six des huit principaux
groupes de défense français et que la France se situe au quatrième rang mondial en termes de
budget de défense. (Astrid Gouzik)




Création : la loi du 16 septembre 1807 et le décret impérial du 28 septembre 1807. Juridiction financière
de l’ordre administratif en France, chargée principalement de contrôler la régularité des comptes publics.
La Cour siège au Palais Cambon à Paris depuis 1912.
► Réunion à l'Elysée : motus en attendant le communiqué…




Eric Trappier discute avec Antoine Bouvier (MBDA) et Philippe Burtin (Nexter), à l'issue de la réunion.

Ils sont sortis en ordre dispersés et sans le moindre commentaire. Les sept patrons du secteur
« aéronautique-défense » invités cet après-midi à l'Elysée sont ressortis de leur rencontre avec
le président et son ministre de la Défense au bout d'une heure vingt, durée de réunion plutôt
au-dessus de la moyenne, à l'Elysée ( PDG et dirigeants des groupes Dassault, DCNS, EADS, Nexter,
Safran, Thales et MBDA). Eric Trappier, le patron de Dassault Aviation, s'est contenté d'un bref
salut, tandis qu'Antoine Bouvier, patron de MBDA lançait un sourire énigmatique aux objectifs.
Jean-Bernard Levy de Thales a quitté le palais de l'Elysée le dernier, lui aussi sans un mot,
alors que la berline de Bernard Cazeneuve, ministre du budget, entrait dans la cour. L'Elysée
doit diffuser un communiqué sur cette réunion, indique-t-on, ce qui pourrait expliquer le
mutisme des industriels. Pendant ce temps, Jean-Yves Le Drian restait en réunion avec
François Hollande. Depuis, les berlines d'une partie des membres du gouvernement, dont celle
du premier ministre et du ministre de l'économie sont arrivées à l'Elysée, pour une réunion qui
n'était pas prévue à l'agenda. Peut-être pour évoquer la vente des participations de l'Etat dans
le secteur aéronautique défense. Un pactole estimé à au moins 12 milliards d'euros. Aux cours
actuels en tout cas. L'Etat a décidé de vendre 3% de Safran, mais contrairement à ce qu'on
pouvait attendre, le produit de la vente doit abonder le capital de la banque publique
d'investissement (BPI), et non, comme certains l'attendaient, le budget de la défense.



► La Marine boit, l’armée de terre trinque…

Alors que le budget de la défense est sauf, du moins presque ( amputé de l’inflation, tandis qu’il
reste à trouver les fameuses recettes exceptionnelles… ), c’est une véritable guerre entre les armées
qui s’est ouverte pour se répartir les crédits. Les tensions entre les états-majors n’ont jamais
été aussi grandes, et les ressentiments aussi. Une guerre interne, entre militaires, qui risque de
laisser des traces.

Car le grand vainqueur annoncé du Livre Blanc et de la LPM qui va suivre, c’est la Marine.
Alors que l’armée de l’Air va perdre cinq bases ( Dijon, Luxeuil…) et pas loin d’une centaine de
Rafale, l’armée de Terre va s’alléger de 10 régiments ( 10 000 hommes, soit bien plus qu’une
brigade) et mettre en sommeil des capacités. « Temporairement » précise le Livre Blanc. Sauf
que le « temporaire » en termes de capacité militaire s’est toujours transformé en « définitif ».
La Marine, elle, voit son format maintenu et l’ensemble de ses capacités préservées. Alors que
l’armée de Terre assiste au dépeçage de son programme d’ensemble « Scorpion », aucune
coupe à prévoir dans les programmes navals. Mieux, le tonnage de la Marine nationale prend
un sacré embonpoint ! En pleine guerre froide, en 1980, la Marine « pesait » 93 000 tonnes ; en
2020 elle atteindra les 220 000 tonnes, laissant loin derrière la Royal Navy !
En résumé, si la Marine s’en sort « royalement », un effort va être demandé à l’armée de l’Air
tandis que l’armée de Terre déguste. Cette dernière, pourtant bonne élève dans les réductions
de formats et de coûts, devient, presque sans surprise, la victime principale des arbitrages
politiques et budgétaires. Malgré des engagements récents, qui n’ont fait que rappeler son
importance. Pourquoi ? Première explication : la Marine met en avant la dissuasion nucléaire,
sanctuarisée par le président de la République, et par extension son format, dimensionné pour
l’assurer, selon elle. Car outre les SNLE (Sous-marins Nucléaires Lanceurs d’Engins), le porte-
avions « Charles-de-Gaulle », à propulsion nucléaire, met en œuvre des Rafales porteurs du
missile ASMPA. La deuxième explication est bien moins glorieuse : les marins occuperaient
l’essentiel des postes clefs à l’état-major des armées, favorisés par un chef qui est un amiral.
Un haut gradé confiait à FOB « pour la première fois de ma carrière, je n’ai plus confiance en
mes chefs ».

Le réveil risque d’être brutal, y compris pour les parlementaires, qui vont découvrir qu’ils se
sont fait leurrer par les paroles rassurantes du Président et qui vont réaliser, demain, trop
tardivement, l’étendue des fermetures de garnisons. « Un véritable hold-up naval » s’offusque
un autre responsable. Ambiance…




Guillaume Belan 16/04
► Première diminution des dépenses militaires mondiales depuis 1998…




Dans un rapport publié ce lundi 15 avril, le Sipri constate une érosion globale des dépenses
militaires... à l'exception de la Chine et de la Russie.

1 750 milliards de dollars. C'est la somme qui a été réservée par l'ensemble des pays aux
dépenses militaires en 2012, selon une récente étude du Stockholm International Peace
Research Institute (Sipri). Elles ont donc diminué de 0,5% par rapport à 2011, une première
depuis 1998. Le Sipri explique cette diminution par les coupes dans les budgets défense des
Etats-Unis, ainsi qu’en Europe occidentale et centrale, en Australie, au Canada et au Japon.
Cette tendance à la baisse a cependant été partiellement compensée par la forte augmentation
des dépenses en Asie, en Europe de l'Est, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et en
Amérique latine.

En Europe, cette baisse est imputable aux politiques d'austérité. « Depuis la crise financière
mondiale de 2008, 18 des 31 États européens membres de l'Union européenne ou de l'Otan ont
réduit leurs dépenses militaires de plus de 10% en termes réels », analyse le Sipri. Malgré une
baisse de leurs dépenses, les Etats-Unis trustent la première marche du podium des pays les
plus dépensiers. La Chine occupe la deuxième marche de ce classement, suivie par la Russie.
Ils ont tous deux augmenté leurs dépenses en 2012 : une hausse de 7,8 % ( 11,5 milliards de
dollars) pour la Chine et de 16% (12,3 milliards de dollars) pour la Russie.

Les autres augmentations notables ont été observées au Moyen-Orient ( 8,4%), en Afrique du
Nord (7,8%) et en Asie (3,3%).
Les quinze pays les plus dépensiers en 2012

1. USA
2. Chine
3. Russie
4. Royaume-Uni
5. Japon
6. France
7. Arabie Saoudite
8. Inde
9. Allemagne
10. Italie
11. Brésil
12. Corée du Sud
13. Australie
14. Canada
15. Turquie



► Nette baisse des exportations d'armes françaises en 2012…

Les exportations d'armes françaises en 2012 ont atteint un niveau de 5 milliards d'euros, en
nette baisse par rapport à l'année précédente, a annoncé mercredi le délégué général de
l'armement, Laurent Collet-Billon, représentant la DGA. Le secteur connaîtrait ainsi une
compétition accrue au niveau international. Les chiffres définitifs seront annoncés cet été par
le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, a-t-il précisé pendant sa conférence de presse.

Les exportations avaient atteint 6,5 milliards d'euros en 2011, en hausse de près de 27% par
rapport à 2010, où elles s'étaient montées à 5,12 milliards. « On ne peut pas dire que soit un
chiffre significativement bon, on espérait un petit peu plus », a reconnu le délégué général,
« d'où la nécessité absolue pour nous d'être encore plus fort au plan technologique et au plan
économique » pour regagner un avantage concurrentiel.

Concurrence forte dans l'armement

Laurent Collet-Billon a en effet expliqué la baisse des exportations par « une concurrence
extrêmement forte » sur le marché des armements. Elle est due à la fois au « retour des
Américains (qui se montrent) extrêmement offensifs du fait de la diminution des commandes
de production » du département de la Défense, et de l'émergence de pays qui accèdent à un
niveau technologique qui les rend concurrentiels. Il a cité pour exemple Israël, « bientôt l'Italie
dans le domaine naval », et la Corée du Sud. Les exportations de matériel militaire israélien
auraient bondi de 20% en 2012 pour atteindre 7 milliards de dollars ( 5,2 milliards d'euros).

Pour tenir la dragée haute aux Américains et à ces nouveaux concurrents, la DGA a augmenté
en 2012 le montant des études en amont pour préparer l'avenir des systèmes d'armement, à
706 millions d'euros contre 695 millions en 2011. Mais, en raison de la baisse des budgets, elle
a en revanche réduit ses commandes de programmes aux industriels, de 7,9 milliards en 2011
à 6,3 milliards l'année dernière.

Les gros contrats remportés en 2012 par les industriels français

Le délégué général a également passé en revue les plus gros contrats remportés par les
industriels français l'année dernière. En attendant la confirmation d'une commande record
pour le Rafale de Dassault, l'Inde a demandé en 2012 pour plus d'un milliard d'euros de
missiles air-air MICA (le MICA est fabriqué par MBDA, co-entreprise d'EADS, du britannique BAE
Systems et de l'italien Finmeccanica). Ils équiperont la cinquantaine de Mirage 2000 de ses forces
aériennes. Le délégué général a ensuite évoqué les ventes de six corvettes conçues par les
chantiers navals DCNS à la Malaisie ainsi que celles d'équipements à l'Arabie saoudite.
► Le pourquoi du déclin de l'armée française…

A l'heure où se finalisent les décisions sur le prochain budget de la Défense pour cette année
et les quatre années à venir, une historienne, Catherine Durandin a expliqué à la Nouvelle
République les raisons de son livre au titre provocateur : « Le Déclin de l'armée française ».

« Ce déclin n'est pas celui de la qualité professionnelle des militaires français, mais une crise
du rapport entre la société et son armée, notamment depuis la suspension du service
national », explique-t-elle. « Les Français s'émeuvent sincèrement quand un soldat meurt au
combat, le pouvoir également, mais on ne comprend plus le métier militaire et on ne voit plus
l'armée comme un outil de la souveraineté, permettant une liberté de décisions politiques et
diplomatiques ». Selon l'historienne, « l'armée est plutôt vue comme une ONG, nécessaire
pour faire tomber un tyran ».

Combien coûte la paix ?

On connaît l'adage : « Si tu veux la paix, prépare la guerre ». Catherine Durandin se demande si
cela vaut encore : « L'idée de guerre ne passe plus dans notre société où on ne parle que de
paix et, par conséquent, on a oublié que la paix se construit ou se maintient aussi par une
armée ». Elle en voit la traduction dans le budget alloué à la Défense : « C'est pourquoi les
budgets de Défense ne cessent de décroître. Mais là, ce qui s'annonce, ce n'est plus une
érosion, mais une chute, une rupture. On veut la paix, à condition de ne pas s'en donner les
moyens ». Est-ce inquiétant ? « Cela ouvre la voie, je le crains, à la privatisation de la Défense,
donc aux sociétés militaires privées ». Les militaires laisseraient-ils faire cela ? « Je dois
d'abord dire que je sens monter un vrai malaise. Les militaires se sentent non reconnus par la
société, estiment que leurs « revendications » sont mal relayées par une partie de leur
hiérarchie, et en ont assez de subir en silence réformes, restrictions, et dysfonctionnement,
etc ». Quelles solutions pour garantir la sécurité sans faire exploser les budgets ? « Je crois
qu'il faut repenser la sécurité intérieure (Vigipirate notamment), ne pas la faire assumer par
l'armée, et je crois qu'il faut réfléchir à une extension de la réserve et développer un service
citoyen obligatoire : le lien d'une nation à son armée ne doit pas être le seul impôt ».

Catherine Durandin : « Le déclin de l'armée française » - François Bourin Éditeur, 266 pages, 22€.
L'auteure est historienne, et enseigne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) ;
elle a travaillé 18 ans au ministère de la Défense.

Propos recueillis par Bruno Besson (La Nouvelle République)
► La prolifération des drones bon marché inquiète les experts en défense…

Alors que les armées occidentales allouent des budgets considérables dans le développement
de drones extrêmement complexes, les experts en défense attirent l’attention sur la
prolifération des drones bon marché.

Utilisés depuis plusieurs années dans divers théâtres d’opérations militaires, les drones de
surveillance ont rapidement été détournés dans des versions s’adressant aux pratiquants de
modélisme, expérimentés ou non. L’exemple flagrant de cette démocratisation est très
certainement l’AR Drone de Parrot, qui certes, ne propose pas un fonctionnement totalement
autonome, mais se présente comme un dispositif de surveillance compact RTF (Ready to fly).

Les drones de loisir pullulent, et sont autant d’indices qui mettent en évidence la relative
simplicité de réaliser ce type d’appareil, y compris à destination des armées ou groupes
rebelles. Un rapport de l’institut Project 2049 vient de mettre en évidence le déploiement d’une
flotte considérable de drones dans l’armée chinoise. Des drones issus d’un programme très
peu coûteux et qui pourrait être négocié vers d’autres pays entretenant de bons rapports avec
la Chine comme ses voisins du Moyen-Orient, dont la Syrie. Ce qui alarme les spécialistes,
c’est le contraste entre les sommes colossales déployées par les forces occidentales pour
concevoir des drones technologiquement avancés, qui se révèlent finalement bien plus
onéreux et longs à fabriquer que leurs homologues bon marché chinois. En outre, la
prolifération des UAV devrait considérablement compliquer les opérations militaires dans les
dix années à venir, et les USA pourraient essuyer quelques renversements de situation en se
voyant pour la première fois devancée technologiquement sur les champs de bataille.

Plus que jamais, les conflits de demain devraient s’orienter vers les systèmes de brouillages et
autres attaques informatiques permettant de prendre le contrôle ou de désactiver ces robots.




► Un calibre plus puissant pour les forces spéciales…
C’est un des retours d’expériences de l’opération au Mali. A l’occasion du salon des forces
spéciales SOFINS qui s’est tenu la semaine dernière, RTD a dévoilé une version de son Sherpa
muni d’un canon de 20 mm de Nexter, développé à la demande du COS (Commandement des
Opérations Spéciales). Les tirs d’essais vont se dérouler cette semaine au centre de Biscarosse.
Deux versions différentes sont testées : le « Sherpa forces spéciales » avec le canon P20
Nexter (munitions 20-102) sur circulaire (léger, peu encombrant) et le 15B (munitions 20-139)
toujours de Nexter sur affût (à l’origine naval) fixé sur un « Sherpa light carrier ». Plus
encombrant ce modèle permet un tir plus puissant et porte plus loin. Ces deux canons sont
éprouvés et en service dans de nombreuses configurations dans les armées françaises.

Il s’agit pour RTD et Nexter de répondre à un besoin des forces spéciales suite à l’opération
« Serval ». En effet jusqu’à aujourd’hui les armements ( téléopérés ou sur circulaires) mis en
œuvre par les FS sont des calibres 7.62 ou 12.7 mm. Or, durant les nombreux engagements au
Mali, ces unités se sont trouvées pris à partie par des calibres de 14.5 mm d’origine russe, qui
offrent une portée supérieure au 12.7 (1 000 mètres).
Le 20 mm permet de faire mouche jusqu’à 2 000 mètres. Sur base Sherpa, cette version canon
de 20 mm pourrait être une déclinaison du programme PLFS.




► Les futurs véhicules des forces spéciales…
Les forces spéciales françaises n’ont jamais été autant sollicitées ces dernières années.
Opération « Sabre » au Sahel puis dans la reconquête du Mali depuis janvier au sein de
l’opération « Serval », jusqu’à 500 FS se sont retrouvées engagées simultanément . Du jamais
vu. Cette force, très souple d’engagement, discrète, avec une faible empreinte au sol mais aux
effets démultiplicateurs est devenue indispensable à tout engagement. A tel point qu’elle se
retrouve de plus en plus massivement engagée dans les conflits modernes. « Serval » est en
ce sens emblématique : les FS ont précédé les forces conventionnelles dans la reconquête du
territoire Malien. Résultat : alors que les forces conventionnelles devraient voir leur voilure
réduire dans les décision à venir (on évoque la suppression d’une brigade de l’armée de terre ), des
efforts seront au contraire consentis pour les FS. Et c’est concrètement déjà le cas avec le
lancement dès cette année de l’acquisition de nouveaux véhicules.

VLFS : léger et rapide

Les FS françaises vont lancer deux appels d’offres pour remplacer leurs flottes de véhicules.
Le premier vise à remplacer la flotte de véhicules légers, aujourd’hui essentiellement
constituée des poussives P4 SAS et de quelques VPS (Véhicules Patrouille Spéciale de Panhard,
groupe RTD). Ce dernier véhicule récemment acquis est bien plus puissant que la vieillissante
P4, mais seuls 51 ont été livrés. Doté d’un moteur performant, le VPS est cependant fragile.
Pas moins de cinq de ces véhicules auraient été perdus durant « Serval » dû à des accidents
ou à des tirs adverses, le VPS n’ayant aucune protection. Ce programme de remplacement
s’appelle « Véhicules Légers Forces Spéciales » ou VLFS et doit fournir aux FS françaises près
de 240 véhicules de la classe des 3 à 4 tonnes extrêmement mobiles et puissants pour
permettre des avancées rapides avec une forte autonomie. L’appel d’offre est attendu cette
année et un choix pourrait être fait dès l’année prochaine. Le groupe français RTD qui a produit
à la fois la P4 et le VPS devrait « candidater » avec son ALTV, le VPS n’étant plus au catalogue
(le châssis Mercedes n’est plus produit). Déjà vendu à 60 unités en version FS (dont les forces
tchadiennes), l’ALTV, sur un châssis Nissan, dispose d’une bonne mobilité et surtout d’une très
intéressante charge utile de 1.4 tonnes permettant d’amasser armements et réserves diverses
(eau, essence…).

PLFS : robuste et autonome

L’autre appel d’offre est le « Poids Lourds Forces Spéciales » (PLFS) qui doit venir remplacer
la vénérable base de vie roulante des FS, le VLRA. Ce dernier, véritable mule, indestructible,
rustique, passant partout, commence à accuser le poids de l’âge. Produit par ACMAT (groupe
RTD), près de 200 VLRA sont en service dans les forces spéciales, qui devraient être
remplacés par 200 PLFS, à partir de 2015. Et là, ce n’est pas ACMAT qui devrait « candidater »
mais sa maison mère, RTD avec son « Sherpa ». Déjà, le groupe français a prêté l’année
dernière aux forces spéciales françaises trois de ces véhicules : deux en version FS (version
ouverte, toit bâché) ainsi qu’un en version « Scout », blindé.
Ces trois véhicules ont été immédiatement déployés au Sahel dans le cadre de l’opération
« Sabre » pendant 6 mois. Les retours sont bons avec de très nombreuses objections sur les
aménagements internes, pris en compte par l’industriel. Le PLFS sera dans la gamme des 8 à
10 tonnes. Si pour ces deux appels d’offre, de très nombreux compétiteurs devraient
« candidater », le fait que Renault et ses filiales Panhard et ACMAT fournissent déjà l’essentiel
des véhicules des FS lui donne un avantage certain. Outre un dialogue qui fonctionne bien, le
fait d’être français et de pouvoir assurer un service après-vente sur mesure devraient être un
aspect important. D’autant plus qu’il s’agit de petites productions adaptées et déclinées en
diverses versions.

Leurs équipements actuels

Les forces spéciales françaises disposent principalement de deux véhicules: le VLRA
(Véhicule Léger de Reconnaissance et d’Appui) et le VPS (Véhicule de Patrouille Spéciale),
ainsi que quelques poussives P4 modifiées. Alors que le VLRA joue le rôle de mule (ou plutôt de
chameau), le VPS est lui le lévrier.

Le VLRA (1500 véhicules en service dans l’armée française dont environ 200 pour les forces spéciales ),
est un véhicule robuste et rustique. Simple, il offre une très haute capacité de franchissement
et est parfaitement adapté aux théâtres africains et désertiques. Peu rapide ( 90 km/h) il offre
cependant une autonomie quasi-inépuisable avec une forte charge utile ( munitions, réservoirs
d’eau…). Il permet l’engagement dans la durée. Son châssis très costaud permet l’emport
d’armement jusqu’au 20 mm.

Le VPS est lui un véhicule rapide mais fragile. Son moteur de 180 chevaux peut le propulser à
des vitesses bien au-delà des limites autorisées ( 180 km/h). 51 de ces véhicules sont en service
dans les forces spéciales. Certains ont été équipés depuis 2005, dans le cadre de l’opération
« Sabre », de mitrailleuse Gatling rotative, augmentant significativement leur puissance de feu.
Il dispose également de « griffes de tirs » permettant de tirer depuis l’arrière du véhicule des
missiles antichar Milan. Ce missile de 2 km de portée est filoguidé, c’est à dire qu’il doit être
guidé jusqu’à sa cible par le tireur. Précision redoutable, exposition maximale. Et pouvoir tirer
depuis le véhicule signifie pouvoir dégager de sa position très rapidement.

Divers armements sont fixés sur ces véhicules FS : de la 7,62 mm au 12,7 mm voire 20 mm ( tir
précis et rapide mais sensible au sable…). Également en service dans ces forces, le mortier de 81
mm et surtout des équipements de visions nocturnes très efficaces ( JIM LR notamment). Les
forces spéciales sont également capables de faire du guidage pour des bombardements
aériens, depuis le sol (JTAC).

Mais rappelons le, les forces spéciales n’ont pas la capacité de survivre au feu, ce n’est pas
leur rôle. Leurs véhicules ne sont pas protégés. Pour ce qui est des capacités offensives et de
résistance au choc, c’est le rôle de la cavalerie et de l’infanterie. Car en face, les djihadistes
disposent de 4X4 Toyota ou Nissan sur lesquels divers armements d’origine russe ont été
disposés : ZPU de 14,5 mm ou ZSU de 23 mm, bi ou quadritube, des armements à l’origine
conçus pour faire de la défense aérienne. Mais utilisés contre de l’infanterie ou des véhicules
même très blindés, les dégâts sont assurés. Efficaces mais peu précis jusqu’à 2 000 mètres,
ces calibres sont eux aussi sensibles au sable et à la poussière. Sans oublier le RPG, roquette
redoutable contres des blindés. Des armements bien connus des français, mais qui demeurent
très dangereux.
L’ALTV en version forces spéciales qui pourrait remplacer les P4 SAS et VPS présenté au salon SOFINS
VLRA
VPS
Mitrailleuse Gatling rotative (M134 Minigun) en fonctionnement.




ZPU 14,5mm




                                                       ZSU 23mm
► L'Etat et EADS vont conclure un pacte d'actionnaires …

Selon un avis de l'Autorité des marchés financiers publié mardi 16 avril, l'Etat français et EADS
vont conclure un pacte d'actionnaire d’une durée de 90 ans pour permettre au premier de
continuer à peser sur la stratégie du constructeur aéronautique Dassault Aviation. Une
réponse aux critiques récentes de la Cour des comptes.

Dans le cadre de la réorganisation du capital et de la gouvernance d’EADS annoncée le 5
décembre 2012, l'Etat français va acquérir une action de Dassault, qui lui permettra de former
ce pacte. Dans ce cadre, il bénéficiera d'une priorité pour racheter les titres d' EADS si ce
dernier devait vouloir céder tout ou partie des actions qu'il détient dans le constructeur du
Rafale.

Dans un rapport publié début avril, la Cour des comptes soulignait la perte d'influence de l'Etat
sur les groupes de défense comme Dassault Aviation aussi bien en termes de contrôle
stratégique qu’actionnarial. Concernant le fabricant du Rafale, les Sages de la rue Cambon
estimaient que l’Etat « a choisi de ne pas exercer ses pouvoirs sur cette entreprise sans que
cette décision ne soit étayée par des motifs d’intérêt général ».


► Budget de la Défense : des universitaires mettent en garde…

Alors que le sondage réalisé en ligne par Marine & Océans révèle qu'une très large majorité
(84,1 %) des visiteurs y ayant participé considère que « la défense de la France n'est pas un
service public comme un autre » (contre 15,9 % qui pensent le contraire ), nous publions ci-
dessous l'appel d'universitaires français en réaction aux menaces qui pèsent, selon eux, sur la
Défense nationale.

« La variable d'ajustement qu'a toujours été le budget de nos armées risque une nouvelle fois
d'être utilisée avec la préparation du prochain Livre blanc. Nous prenons acte des déclarations
du Président de la République concernant le maintien de l'effort de défense et la reconduction
des crédits de 2013 pour 2014, mais de fait les crédits seront néanmoins rognés par l'inflation.
En effet, la sanctuarisation du budget de la défense en euros courants ( et même constants) ne
pourra pas permettre à nos armées de continuer à remplir les nombreuses missions qui leur
sont assignées. C'est donc bien une réduction des crédits qui est envisagée alors que les
dépenses actuelles sont déjà insuffisantes dans la mesure où avec seulement 1,5% du PIB, les
efforts actuels sont en dessous des normes de l'OTAN (2%). Au moment où les pays de
premier plan (Etats-Unis, Russie), ou émergents (Chine, Inde, Brésil), maintiennent ou augmentent
leurs budgets militaires, les signataires voudraient rappeler le caractère essentiel et
multiforme de ce que recouvre la Défense.

La Défense, ce sont des contrats passés avec une industrie qui, dans les trois domaines du
naval, de l'aérien et du terrestre, reste à la pointe de notre recherche et développement, et dont
les savoir-faire pourraient disparaître faute de programmes nouveaux.

La Défense, c'est la protection des citoyens français, aussi bien sur le territoire de la France
qu'à l'étranger, contre des menaces qui, loin de disparaître, prennent chaque jour des formes
nouvelles.

La Défense c'est la protection des richesses de nos espaces de souveraineté, notamment
maritimes, qui seront toujours plus importants pour notre nation dans les années à venir.

La Défense, c'est la possibilité pour la France, État souverain, de répondre, comme elle le fait
au Mali, aux obligations qui résultent de ses accords de coopération.
La Défense c'est la possibilité de pouvoir jouer un rôle majeur dans les opérations de sécurité
internationale engagées sous l'égide de l'ONU où la France doit tenir son rang de membre
permanent du conseil de sécurité.

La Défense est le prix à payer pour un État qui a toujours porté les valeurs des libertés
fondamentales, dans un monde où elles sont sans cesse remises en cause.

La Défense enfin est seule garante de nos libertés et de notre indépendance.

Toutes ces missions, impliquant des choix rapides et clairs, relèvent de la seule Défense
nationale et elles ne pourraient être assumées dans un cadre supranational bien incapable de
se déterminer résolument sur les grands problèmes.

La Défense française, des armées à l'industrie, a déjà accepté une restructuration drastique
qu'aucune autre administration n'a connue, appliquant à la lettre les directives imposées par
l'effort de rigueur. Le seuil limite est désormais atteint alors même que les menaces les plus
diverses ne cessent de croître, du terrorisme et de la déstabilisation au Sahel jusqu'aux
gesticulations nucléaires de certains pays. Avec les missions devenues irréalisables faute de
moyens, ce seraient des pans entiers de notre souveraineté qui disparaîtraient.

Universitaires et chercheurs, conscients que la Défense est le prix de la liberté et la preuve
d'une volonté cimentant notre projet commun, nous mettons solennellement en garde contre
le risque de son affaiblissement irrémédiable ».

(Marine et Océans - Coordination : Observatoire d'études géopolitiques)




Signataires :

Christophe Boutin, professeur à l'université de Caen
Charles Saint-Prot, directeur de l'Observatoire d'études géopolitiques
Thierry Rambaud, professeur de droit public à l'université Paris Descartes et à Sciences-Po
Vincent Cattoir-Joinville, professeur à l'université Lille2
André Decocq, doyen honoraire, professeur émérite (Panthéon-Assas Paris)
Michel Degoffe, professeur de droit public à l'université Paris Descartes
Sophie Gaultier-Gaillard, maître de conférences HDR et référent Défense de l'université Paris 1
Panthéon Sorbonne
Olivier Gohin, professeur et référent Défense à l'université Panthéon-Assas – Paris
Nicolas Haupais, professeur de droit public à l'université d'Orléans
Grégory Houillon, maître de conférences à l'université de Poitiers
Jean-Jacques Lehot, professeur et référent Défense de l'université Lyon 1
Anne-Marie Le Pourhiet, professeur à l'université Rennes 1
Jean-François Poli, doyen honoraire (université de Corse)
Frédéric Rouvillois, professeur de droit public à l'université Paris Descartes
Michel Ruimy, professeur d'économie à l'Escp-Europe et à Sciences-Po Paris
Catherine Sarlandie de La Robertie, ancien recteur de l'académie de Caen, professeur et référent
Défense de l'université de Rennes
Joanne Schmidt, professeur émérite à l'université de Strasbourg
Christian Vallar, professeur agrégé des universités, doyen de la faculté de droit et de science politique
de Nice
Henri Védie, professeur émérite au Groupe HEC
Pierre Villalongue, professeur à l'université de Perpignan Via Domitia
► SOFINS, un séminaire pour inventer les équipements militaires de demain …

Le "Special operations forces innovations network seminary" (SOFINS) s'est déroulé du 9 au
11 avril 2013. Rencontre entre les forces spéciales françaises et étrangères et l'univers de
l'industrie et de la recherche français, la manifestation est une première en Europe.

Le Commandement des opérations spéciales (COS) a organisé le « Special Operations Forces
Innovations Network Seminary » sur le terrain d’entraînement du 13ème régiment de Dragons
parachutistes (13ème RDP), le camp militaire de Souge en Gironde. Ce premier séminaire
européen a réuni les forces spéciales françaises et étrangères et le tissu des entreprises du
secteur de la recherche, notamment les Petites et Moyennes Entreprises (PME).

Objectif : inventer les équipements militaires de demain en proposant des solutions
innovantes et en développant des équipements qui répondent aux besoins opérationnels des
forces spéciales. Le général de division Christophe Gomart, commandant les opérations
spéciales, nous parle de ce premier séminaire du genre en Europe.

Pourquoi le COS a-t-il lancé cette initiative ?

« Le COS fait travailler les forces spéciales en opération sur des missions ponctuelles et
délicates. Les 3 000 soldats des unités des forces spéciales emploient des modes d’action et
des équipements très spécifiques. Pour parvenir à surprendre l’adversaire de demain, nous
devons chercher à anticiper et être toujours à la pointe. C’est ce qui nous permet d’être
réactifs, discrets et efficaces. Il existe pour cela, au sein de chacune des unités des forces
spéciales, des petites cellules d’expérimentation qui cherchent à innover, chacune dans leur
secteur : la vision nocturne, le tir de précision, l’avionique, les équipements de l’homme…
L’idée de cette manifestation est de faire se rencontrer le monde des forces spéciales avec
celui des PME françaises, qui savent réaliser des petits « ’joyaux technologiques »’. Nous
mettons ainsi en corrélation le rêve de l’ingénieur et celui de l’opérateur des forces spéciales,
pour imaginer et produire un outil performant, correspondant à nos attentes. Il n’existait
jusqu’à présent que deux grands rendez-vous de ce type, le « Special Operation Forces
Industry Conference » (SOFIC) aux Etats-Unis et le « Special Operation Forces Exhibitions »
(SOFEX) en Jordanie. Le SOFINS est le premier séminaire d’échanges et de coopération dans
le domaine des forces spéciales en Europe ».

Pourquoi le COS a-t-il besoin de cet équipement « hors norme » ?

« Le fait de disposer de ces équipements performants permet aux forces spéciales de disposer
d’un rapport de force favorable sur l’adversaire, de conserver ce « coup d’avance ». Les forces
spéciales sont en recherche constante de matériels légers, hautement technologiques mais
aussi robustes et fiables. Nos opérateurs emmènent tout sur eux ou presque. Il faut donc
alléger la charge, et dans le même temps, remplir de plus en plus de missions. Il existe de
nombreux exemples concrets en termes de camouflage, d’appareils photo, de jumelles de
vision nocturne, de tir de précision, etc. On peut d’ailleurs dire que le monde des PME
françaises est similaire à celui des forces spéciales : Il faut savoir être flexible, léger et
humble. Ces deux mondes-là étaient faits pour se rencontrer, pour le bien des uns et des
autres ».

Quel bilan faîtes-vous de cette première édition du SOFINS ?

« Plus d'une centaine d’entreprises et 35 délégations étrangères étaient présentes sur le salon.
Tous ont pu dialoguer ensemble. L’idée est de renforcer le partenariat avec les PME et les
industriels français, de favoriser la collaboration entre la communauté des forces spéciales,
les centres de recherche, les pôles universitaires, de créer un réseau avec les forces spéciales
du monde entier. Cette première édition de SOFINS a permis de montrer ce que l’on est
capable de faire, à travers cette vitrine technologique que sont les opérations spéciales ».
Le pacte « DÉFENSE PME »

SOFINS est un exemple concret de la mise en œuvre du pacte DÉFENSE PME lancé le 27
novembre 2012 par le ministre de la défense. Le COS entretient des liens étroits avec les
entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les PME. La réactivité, la flexibilité et la capacité
d’innovation de ce type d’entreprises sont des atouts indéniables pour répondre, dans des
délais réduits, aux besoins capacitaires des forces spéciales.

La Direction générale de l’armement (DGA) a mis en place différents dispositifs d’aide aux PME
pour soutenir l’innovation et les technologies que ces entreprises développent et faciliter leur
accès aux marchés de défense.




► L'industrie aéronautique allemande s'inquiète…

Jusqu'en 2009, Tital générait plus de la moitié de son chiffre d'affaires dans la défense. L'année
dernière, la PME allemande de 570 employés a vu cette part tomber à 29 %. « Heureusement,
l'aéronautique civile a pris le relais et représente maintenant 75 % de notre activité, déclare
Philipp Schack, directeur général de ce fabricant de produits moulés à partir d'alliages de
titane et d'aluminium. Mais toutes les entreprises n'ont pas saisi cette chance ».

Pour la Fédération allemande des industries aéronautiques, spatiales, de défense et de
sécurité (BDLI), qui a présenté hier son bilan annuel, la tendance est alarmante. En 2012, le
chiffre d'affaires de ses membres réalisé dans la défense a reculé pour la deuxième année
consécutive. Les entreprises ont enregistré des ventes en baisse de 0,5 %, à 6,4 milliards
d'euros. Plus grave, les effectifs ont reculé de plus de 2 %, à 21.900 employés. « C'est ni plus
ni moins l'avenir de l'industrie aéronautique de défense en Allemagne qui est en jeu », a
déclaré Lutz Bertling, patron (partant) d'Eurocopter et président du BDLI, qui attend une
stratégie claire du gouvernement.

En cause : la réforme de la Bundeswehr, qui a imposé des mesures d'économies, la fin de
certains programmes, ou le retrait de certaines sociétés. Faute de correction, la tendance
devrait se confirmer. Le gouvernement vient de revoir à la baisse ses achats d'hélicoptères
Tigre et NH90, il a réduit ses commandes d'avions de transport Airbus A400M, et il hésite sur la
suite du programme Eurofighter.

Le tableau est plus encourageant dans l'aéronautique civile, qui a progressé de 14,2 % l'an
dernier, à 19,6 milliards d'euros. Le défi ne consiste pas à signer des contrats mais à les
exécuter. Idem dans le spatial, qui a augmenté de près de 12 %, à 2,4 milliards d'euros.
Au total, les entreprises allemandes du secteur tirent un bilan très positif des dernières
années. Depuis 2005, leur chiffre d'affaires a progressé de 53 %, à 28,4 milliards d'euros. Sur la
même période, leurs effectifs ont bondi de 24 % et dépassé pour la première fois en 2012 le
seuil des 100.000 employés.

« La stratégie du gouvernement en matière aéronautique et spatiale porte ses fruits, s'est
félicité Peter Hintze, secrétaire d'Etat au ministère de l'Economie en charge du secteur.
L'Allemagne fait bien de continuer à renforcer sa position dans cette industrie clef ».

(Thibaut Madelin - Correspondant à Berlin – Air Défense)




Le gouvernement allemand hésite sur la suite du programme Eurofighter. – ( Photo Guenter Schiffmann/AFP)

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Où il est encore question de budget de la défense

  • 1. Où il est encore question de budget de la Défense ► Le Caïman sort la tête de l'eau… Le contrat « Caïman France » devrait être signé à la fin mai, a-t-on compris à Marignane, lors de la visite de deux ministres. Aucune autre précision n'a été donnée, tant par Eurocopter que la Défense. Ni sur le volume (34 TTH devaient être commandés avant le 31 mars 2013), ni sur la date précise. Pour dégager de la marge de manoeuvre au ministère de la Défense - son principal client militaire- qui en a bien besoin, on évoque même la possibilité de glissement de livraisons sur les contrats en cours (Tigre et Caïman, d'une tranche précédente). Ce qui aurait pour effet de ménager la trésorerie de la Défense. Même si théoriquement, la société peut aussi faire jouer des clauses de retard à l'Etat-client, qui n'a pas commandé en temps et en heure ces 34 Caïman, elle ne le fera sans doute pas, car ce type de revendication serait sans doute mal compris de la part d'un tel client (qui a attendu cinq ans ses Caïman Marine). Il est donc vraisemblable que cet arrangement entre Français, qui crée une forme de précédent dans la négociation contractuelle -à la hauteur du contexte budgétaire, dépressif - se réglera à l'amiable. Deux réalités ne peuvent pas échapper à l'Etat-client. De source industrielle, on indique que le NH90 (France et export) mobiliserait 5 000 salariés en France, chez Eurocopter et ses sous- traitants. A l'époque on où parle volontiers de préservation de l'industrie, et bonnes pratiques avec les PME, il serait malvenu d'aller handicaper un maître d'oeuvre qui emploie en France et qui irrigue une région politiquement sensible. Sans compter que basiquement, l'armée française a tout bonnement besoin de ces machines. Le ministre de la défense a dit qu'il reviendrait dans deux mois, sans préciser si ce serait avec un carnet de chèques. Comme pour montrer que les temps sont durs pour tout le monde, le ministre est venu à Marignane dans un modeste et frêle TBM700. Le directeur exécutif France d'Eurocopter, Dominique Maudet, présente les hélicoptères en service dans les armées, à Marignane. (Photo Jean-Marc Tanguy) TBM700
  • 2.
  • 3. ► Défense : la Cour des comptes formule cinq recommandations… Alors qu’est attendu à la fin du mois le Livre blanc de la défense, la Cour des comptes vient de rendre un rapport sur les intérêts stratégiques de l’Etat dans l’industrie de la Défense. « Le bilan de l'Etat actionnaire est dans l'ensemble positif », indique la Cour des comptes dans le rapport rendu mardi 9 avril. « Il a su accompagner seul ou de concert avec ses partenaires industriels la modernisation de l'outil industriel français de défense, le plaçant parmi les meilleurs mondiaux du secteur », a commenté Didier Migaud, le premier président de la Cour des Comptes, lors d’une conférence de presse. Quelques faiblesses sont toutefois à déplorer. L'Etat a « fait preuve de nombreuses faiblesses, se plaçant parfois en risque de perdre le contrôle de certaines activités industrielles de défense ainsi qu'en ayant des difficultés à faire appliquer ses décisions, voire à s'exprimer d'une seule voix ». Adopter un stratégie d'ensemble : la juridiction financière formule donc cinq recommandations afin de mieux défendre ses intérêts stratégiques. Pour cela, « l'Etat ne doit plus agir au coup par coup mais adopter une stratégie d'ensemble, préparer les décisions futures et dire ce qu'il attend de ses partenaires industriels », détaille Didier Migaud. La Cour préconise par ailleurs une « amélioration de la protection et du suivi des intérêts stratégiques de l'Etat », des restructurations horizontales et verticales dans le secteur, mais aussi une meilleure coordination entre les services de l'Etat ( Agence des participations et Direction générale de l'armement) qui ne sont pas toujours sur la même ligne. « Une stratégie à long terme sur les partenariats avec Dassault » : la Cour des comptes estime ainsi qu'il faut « renforcer au sein de la direction générale de l'armement (DGA) le suivi des participations dans les industries de défense » et proposer dans ce cadre « une stratégie à long terme sur les partenariats avec le groupe Dassault ». « Cela concerne immédiatement Thales et DCNS », où Dassault est actionnaire à côté de l'Etat, « mais pourrait avoir des prolongements concernant Giat Industries, SNPE, voire Safran », poursuit la Cour. Et pour défendre les intérêts stratégiques de l’Etat, la Cour avance une autre piste : la mise en place « en concertation avec les partenaires européens, d'un dispositif équivalent à l'amendement Exon-Florio américain ». Il permet au président des Etats-Unis de pouvoir examiner l'impact de rachats de sociétés américaines par des étrangères. Cette « arme régalienne par excellence (...) permet au président des Etats-Unis d'examiner l'impact de toute acquisition étrangère de sociétés américaines et de s'y opposer, dès lors qu'elle pourrait menacer la sécurité nationale », a développé Didier Migaud. La juridiction rappelle que l'Etat est actionnaire de référence de six des huit principaux groupes de défense français et que la France se situe au quatrième rang mondial en termes de budget de défense. (Astrid Gouzik) Création : la loi du 16 septembre 1807 et le décret impérial du 28 septembre 1807. Juridiction financière de l’ordre administratif en France, chargée principalement de contrôler la régularité des comptes publics. La Cour siège au Palais Cambon à Paris depuis 1912.
  • 4. ► Réunion à l'Elysée : motus en attendant le communiqué… Eric Trappier discute avec Antoine Bouvier (MBDA) et Philippe Burtin (Nexter), à l'issue de la réunion. Ils sont sortis en ordre dispersés et sans le moindre commentaire. Les sept patrons du secteur « aéronautique-défense » invités cet après-midi à l'Elysée sont ressortis de leur rencontre avec le président et son ministre de la Défense au bout d'une heure vingt, durée de réunion plutôt au-dessus de la moyenne, à l'Elysée ( PDG et dirigeants des groupes Dassault, DCNS, EADS, Nexter, Safran, Thales et MBDA). Eric Trappier, le patron de Dassault Aviation, s'est contenté d'un bref salut, tandis qu'Antoine Bouvier, patron de MBDA lançait un sourire énigmatique aux objectifs. Jean-Bernard Levy de Thales a quitté le palais de l'Elysée le dernier, lui aussi sans un mot, alors que la berline de Bernard Cazeneuve, ministre du budget, entrait dans la cour. L'Elysée doit diffuser un communiqué sur cette réunion, indique-t-on, ce qui pourrait expliquer le mutisme des industriels. Pendant ce temps, Jean-Yves Le Drian restait en réunion avec François Hollande. Depuis, les berlines d'une partie des membres du gouvernement, dont celle du premier ministre et du ministre de l'économie sont arrivées à l'Elysée, pour une réunion qui n'était pas prévue à l'agenda. Peut-être pour évoquer la vente des participations de l'Etat dans le secteur aéronautique défense. Un pactole estimé à au moins 12 milliards d'euros. Aux cours actuels en tout cas. L'Etat a décidé de vendre 3% de Safran, mais contrairement à ce qu'on pouvait attendre, le produit de la vente doit abonder le capital de la banque publique d'investissement (BPI), et non, comme certains l'attendaient, le budget de la défense. ► La Marine boit, l’armée de terre trinque… Alors que le budget de la défense est sauf, du moins presque ( amputé de l’inflation, tandis qu’il reste à trouver les fameuses recettes exceptionnelles… ), c’est une véritable guerre entre les armées qui s’est ouverte pour se répartir les crédits. Les tensions entre les états-majors n’ont jamais été aussi grandes, et les ressentiments aussi. Une guerre interne, entre militaires, qui risque de laisser des traces. Car le grand vainqueur annoncé du Livre Blanc et de la LPM qui va suivre, c’est la Marine. Alors que l’armée de l’Air va perdre cinq bases ( Dijon, Luxeuil…) et pas loin d’une centaine de Rafale, l’armée de Terre va s’alléger de 10 régiments ( 10 000 hommes, soit bien plus qu’une brigade) et mettre en sommeil des capacités. « Temporairement » précise le Livre Blanc. Sauf que le « temporaire » en termes de capacité militaire s’est toujours transformé en « définitif ». La Marine, elle, voit son format maintenu et l’ensemble de ses capacités préservées. Alors que l’armée de Terre assiste au dépeçage de son programme d’ensemble « Scorpion », aucune coupe à prévoir dans les programmes navals. Mieux, le tonnage de la Marine nationale prend un sacré embonpoint ! En pleine guerre froide, en 1980, la Marine « pesait » 93 000 tonnes ; en 2020 elle atteindra les 220 000 tonnes, laissant loin derrière la Royal Navy !
  • 5. En résumé, si la Marine s’en sort « royalement », un effort va être demandé à l’armée de l’Air tandis que l’armée de Terre déguste. Cette dernière, pourtant bonne élève dans les réductions de formats et de coûts, devient, presque sans surprise, la victime principale des arbitrages politiques et budgétaires. Malgré des engagements récents, qui n’ont fait que rappeler son importance. Pourquoi ? Première explication : la Marine met en avant la dissuasion nucléaire, sanctuarisée par le président de la République, et par extension son format, dimensionné pour l’assurer, selon elle. Car outre les SNLE (Sous-marins Nucléaires Lanceurs d’Engins), le porte- avions « Charles-de-Gaulle », à propulsion nucléaire, met en œuvre des Rafales porteurs du missile ASMPA. La deuxième explication est bien moins glorieuse : les marins occuperaient l’essentiel des postes clefs à l’état-major des armées, favorisés par un chef qui est un amiral. Un haut gradé confiait à FOB « pour la première fois de ma carrière, je n’ai plus confiance en mes chefs ». Le réveil risque d’être brutal, y compris pour les parlementaires, qui vont découvrir qu’ils se sont fait leurrer par les paroles rassurantes du Président et qui vont réaliser, demain, trop tardivement, l’étendue des fermetures de garnisons. « Un véritable hold-up naval » s’offusque un autre responsable. Ambiance… Guillaume Belan 16/04
  • 6. ► Première diminution des dépenses militaires mondiales depuis 1998… Dans un rapport publié ce lundi 15 avril, le Sipri constate une érosion globale des dépenses militaires... à l'exception de la Chine et de la Russie. 1 750 milliards de dollars. C'est la somme qui a été réservée par l'ensemble des pays aux dépenses militaires en 2012, selon une récente étude du Stockholm International Peace Research Institute (Sipri). Elles ont donc diminué de 0,5% par rapport à 2011, une première depuis 1998. Le Sipri explique cette diminution par les coupes dans les budgets défense des Etats-Unis, ainsi qu’en Europe occidentale et centrale, en Australie, au Canada et au Japon. Cette tendance à la baisse a cependant été partiellement compensée par la forte augmentation des dépenses en Asie, en Europe de l'Est, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et en Amérique latine. En Europe, cette baisse est imputable aux politiques d'austérité. « Depuis la crise financière mondiale de 2008, 18 des 31 États européens membres de l'Union européenne ou de l'Otan ont réduit leurs dépenses militaires de plus de 10% en termes réels », analyse le Sipri. Malgré une baisse de leurs dépenses, les Etats-Unis trustent la première marche du podium des pays les plus dépensiers. La Chine occupe la deuxième marche de ce classement, suivie par la Russie. Ils ont tous deux augmenté leurs dépenses en 2012 : une hausse de 7,8 % ( 11,5 milliards de dollars) pour la Chine et de 16% (12,3 milliards de dollars) pour la Russie. Les autres augmentations notables ont été observées au Moyen-Orient ( 8,4%), en Afrique du Nord (7,8%) et en Asie (3,3%).
  • 7. Les quinze pays les plus dépensiers en 2012 1. USA 2. Chine 3. Russie 4. Royaume-Uni 5. Japon 6. France 7. Arabie Saoudite 8. Inde 9. Allemagne 10. Italie 11. Brésil 12. Corée du Sud 13. Australie 14. Canada 15. Turquie ► Nette baisse des exportations d'armes françaises en 2012… Les exportations d'armes françaises en 2012 ont atteint un niveau de 5 milliards d'euros, en nette baisse par rapport à l'année précédente, a annoncé mercredi le délégué général de l'armement, Laurent Collet-Billon, représentant la DGA. Le secteur connaîtrait ainsi une compétition accrue au niveau international. Les chiffres définitifs seront annoncés cet été par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, a-t-il précisé pendant sa conférence de presse. Les exportations avaient atteint 6,5 milliards d'euros en 2011, en hausse de près de 27% par rapport à 2010, où elles s'étaient montées à 5,12 milliards. « On ne peut pas dire que soit un chiffre significativement bon, on espérait un petit peu plus », a reconnu le délégué général, « d'où la nécessité absolue pour nous d'être encore plus fort au plan technologique et au plan économique » pour regagner un avantage concurrentiel. Concurrence forte dans l'armement Laurent Collet-Billon a en effet expliqué la baisse des exportations par « une concurrence extrêmement forte » sur le marché des armements. Elle est due à la fois au « retour des Américains (qui se montrent) extrêmement offensifs du fait de la diminution des commandes de production » du département de la Défense, et de l'émergence de pays qui accèdent à un niveau technologique qui les rend concurrentiels. Il a cité pour exemple Israël, « bientôt l'Italie dans le domaine naval », et la Corée du Sud. Les exportations de matériel militaire israélien auraient bondi de 20% en 2012 pour atteindre 7 milliards de dollars ( 5,2 milliards d'euros). Pour tenir la dragée haute aux Américains et à ces nouveaux concurrents, la DGA a augmenté en 2012 le montant des études en amont pour préparer l'avenir des systèmes d'armement, à 706 millions d'euros contre 695 millions en 2011. Mais, en raison de la baisse des budgets, elle a en revanche réduit ses commandes de programmes aux industriels, de 7,9 milliards en 2011 à 6,3 milliards l'année dernière. Les gros contrats remportés en 2012 par les industriels français Le délégué général a également passé en revue les plus gros contrats remportés par les industriels français l'année dernière. En attendant la confirmation d'une commande record pour le Rafale de Dassault, l'Inde a demandé en 2012 pour plus d'un milliard d'euros de missiles air-air MICA (le MICA est fabriqué par MBDA, co-entreprise d'EADS, du britannique BAE Systems et de l'italien Finmeccanica). Ils équiperont la cinquantaine de Mirage 2000 de ses forces aériennes. Le délégué général a ensuite évoqué les ventes de six corvettes conçues par les chantiers navals DCNS à la Malaisie ainsi que celles d'équipements à l'Arabie saoudite.
  • 8. ► Le pourquoi du déclin de l'armée française… A l'heure où se finalisent les décisions sur le prochain budget de la Défense pour cette année et les quatre années à venir, une historienne, Catherine Durandin a expliqué à la Nouvelle République les raisons de son livre au titre provocateur : « Le Déclin de l'armée française ». « Ce déclin n'est pas celui de la qualité professionnelle des militaires français, mais une crise du rapport entre la société et son armée, notamment depuis la suspension du service national », explique-t-elle. « Les Français s'émeuvent sincèrement quand un soldat meurt au combat, le pouvoir également, mais on ne comprend plus le métier militaire et on ne voit plus l'armée comme un outil de la souveraineté, permettant une liberté de décisions politiques et diplomatiques ». Selon l'historienne, « l'armée est plutôt vue comme une ONG, nécessaire pour faire tomber un tyran ». Combien coûte la paix ? On connaît l'adage : « Si tu veux la paix, prépare la guerre ». Catherine Durandin se demande si cela vaut encore : « L'idée de guerre ne passe plus dans notre société où on ne parle que de paix et, par conséquent, on a oublié que la paix se construit ou se maintient aussi par une armée ». Elle en voit la traduction dans le budget alloué à la Défense : « C'est pourquoi les budgets de Défense ne cessent de décroître. Mais là, ce qui s'annonce, ce n'est plus une érosion, mais une chute, une rupture. On veut la paix, à condition de ne pas s'en donner les moyens ». Est-ce inquiétant ? « Cela ouvre la voie, je le crains, à la privatisation de la Défense, donc aux sociétés militaires privées ». Les militaires laisseraient-ils faire cela ? « Je dois d'abord dire que je sens monter un vrai malaise. Les militaires se sentent non reconnus par la société, estiment que leurs « revendications » sont mal relayées par une partie de leur hiérarchie, et en ont assez de subir en silence réformes, restrictions, et dysfonctionnement, etc ». Quelles solutions pour garantir la sécurité sans faire exploser les budgets ? « Je crois qu'il faut repenser la sécurité intérieure (Vigipirate notamment), ne pas la faire assumer par l'armée, et je crois qu'il faut réfléchir à une extension de la réserve et développer un service citoyen obligatoire : le lien d'une nation à son armée ne doit pas être le seul impôt ». Catherine Durandin : « Le déclin de l'armée française » - François Bourin Éditeur, 266 pages, 22€. L'auteure est historienne, et enseigne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) ; elle a travaillé 18 ans au ministère de la Défense. Propos recueillis par Bruno Besson (La Nouvelle République)
  • 9. ► La prolifération des drones bon marché inquiète les experts en défense… Alors que les armées occidentales allouent des budgets considérables dans le développement de drones extrêmement complexes, les experts en défense attirent l’attention sur la prolifération des drones bon marché. Utilisés depuis plusieurs années dans divers théâtres d’opérations militaires, les drones de surveillance ont rapidement été détournés dans des versions s’adressant aux pratiquants de modélisme, expérimentés ou non. L’exemple flagrant de cette démocratisation est très certainement l’AR Drone de Parrot, qui certes, ne propose pas un fonctionnement totalement autonome, mais se présente comme un dispositif de surveillance compact RTF (Ready to fly). Les drones de loisir pullulent, et sont autant d’indices qui mettent en évidence la relative simplicité de réaliser ce type d’appareil, y compris à destination des armées ou groupes rebelles. Un rapport de l’institut Project 2049 vient de mettre en évidence le déploiement d’une flotte considérable de drones dans l’armée chinoise. Des drones issus d’un programme très peu coûteux et qui pourrait être négocié vers d’autres pays entretenant de bons rapports avec la Chine comme ses voisins du Moyen-Orient, dont la Syrie. Ce qui alarme les spécialistes, c’est le contraste entre les sommes colossales déployées par les forces occidentales pour concevoir des drones technologiquement avancés, qui se révèlent finalement bien plus onéreux et longs à fabriquer que leurs homologues bon marché chinois. En outre, la prolifération des UAV devrait considérablement compliquer les opérations militaires dans les dix années à venir, et les USA pourraient essuyer quelques renversements de situation en se voyant pour la première fois devancée technologiquement sur les champs de bataille. Plus que jamais, les conflits de demain devraient s’orienter vers les systèmes de brouillages et autres attaques informatiques permettant de prendre le contrôle ou de désactiver ces robots. ► Un calibre plus puissant pour les forces spéciales… C’est un des retours d’expériences de l’opération au Mali. A l’occasion du salon des forces spéciales SOFINS qui s’est tenu la semaine dernière, RTD a dévoilé une version de son Sherpa muni d’un canon de 20 mm de Nexter, développé à la demande du COS (Commandement des Opérations Spéciales). Les tirs d’essais vont se dérouler cette semaine au centre de Biscarosse. Deux versions différentes sont testées : le « Sherpa forces spéciales » avec le canon P20 Nexter (munitions 20-102) sur circulaire (léger, peu encombrant) et le 15B (munitions 20-139) toujours de Nexter sur affût (à l’origine naval) fixé sur un « Sherpa light carrier ». Plus encombrant ce modèle permet un tir plus puissant et porte plus loin. Ces deux canons sont éprouvés et en service dans de nombreuses configurations dans les armées françaises. Il s’agit pour RTD et Nexter de répondre à un besoin des forces spéciales suite à l’opération « Serval ». En effet jusqu’à aujourd’hui les armements ( téléopérés ou sur circulaires) mis en œuvre par les FS sont des calibres 7.62 ou 12.7 mm. Or, durant les nombreux engagements au Mali, ces unités se sont trouvées pris à partie par des calibres de 14.5 mm d’origine russe, qui offrent une portée supérieure au 12.7 (1 000 mètres).
  • 10. Le 20 mm permet de faire mouche jusqu’à 2 000 mètres. Sur base Sherpa, cette version canon de 20 mm pourrait être une déclinaison du programme PLFS. ► Les futurs véhicules des forces spéciales… Les forces spéciales françaises n’ont jamais été autant sollicitées ces dernières années. Opération « Sabre » au Sahel puis dans la reconquête du Mali depuis janvier au sein de l’opération « Serval », jusqu’à 500 FS se sont retrouvées engagées simultanément . Du jamais vu. Cette force, très souple d’engagement, discrète, avec une faible empreinte au sol mais aux effets démultiplicateurs est devenue indispensable à tout engagement. A tel point qu’elle se retrouve de plus en plus massivement engagée dans les conflits modernes. « Serval » est en ce sens emblématique : les FS ont précédé les forces conventionnelles dans la reconquête du territoire Malien. Résultat : alors que les forces conventionnelles devraient voir leur voilure réduire dans les décision à venir (on évoque la suppression d’une brigade de l’armée de terre ), des efforts seront au contraire consentis pour les FS. Et c’est concrètement déjà le cas avec le lancement dès cette année de l’acquisition de nouveaux véhicules. VLFS : léger et rapide Les FS françaises vont lancer deux appels d’offres pour remplacer leurs flottes de véhicules. Le premier vise à remplacer la flotte de véhicules légers, aujourd’hui essentiellement constituée des poussives P4 SAS et de quelques VPS (Véhicules Patrouille Spéciale de Panhard, groupe RTD). Ce dernier véhicule récemment acquis est bien plus puissant que la vieillissante P4, mais seuls 51 ont été livrés. Doté d’un moteur performant, le VPS est cependant fragile. Pas moins de cinq de ces véhicules auraient été perdus durant « Serval » dû à des accidents ou à des tirs adverses, le VPS n’ayant aucune protection. Ce programme de remplacement s’appelle « Véhicules Légers Forces Spéciales » ou VLFS et doit fournir aux FS françaises près de 240 véhicules de la classe des 3 à 4 tonnes extrêmement mobiles et puissants pour permettre des avancées rapides avec une forte autonomie. L’appel d’offre est attendu cette année et un choix pourrait être fait dès l’année prochaine. Le groupe français RTD qui a produit à la fois la P4 et le VPS devrait « candidater » avec son ALTV, le VPS n’étant plus au catalogue (le châssis Mercedes n’est plus produit). Déjà vendu à 60 unités en version FS (dont les forces tchadiennes), l’ALTV, sur un châssis Nissan, dispose d’une bonne mobilité et surtout d’une très intéressante charge utile de 1.4 tonnes permettant d’amasser armements et réserves diverses (eau, essence…). PLFS : robuste et autonome L’autre appel d’offre est le « Poids Lourds Forces Spéciales » (PLFS) qui doit venir remplacer la vénérable base de vie roulante des FS, le VLRA. Ce dernier, véritable mule, indestructible, rustique, passant partout, commence à accuser le poids de l’âge. Produit par ACMAT (groupe RTD), près de 200 VLRA sont en service dans les forces spéciales, qui devraient être remplacés par 200 PLFS, à partir de 2015. Et là, ce n’est pas ACMAT qui devrait « candidater » mais sa maison mère, RTD avec son « Sherpa ». Déjà, le groupe français a prêté l’année dernière aux forces spéciales françaises trois de ces véhicules : deux en version FS (version ouverte, toit bâché) ainsi qu’un en version « Scout », blindé.
  • 11. Ces trois véhicules ont été immédiatement déployés au Sahel dans le cadre de l’opération « Sabre » pendant 6 mois. Les retours sont bons avec de très nombreuses objections sur les aménagements internes, pris en compte par l’industriel. Le PLFS sera dans la gamme des 8 à 10 tonnes. Si pour ces deux appels d’offre, de très nombreux compétiteurs devraient « candidater », le fait que Renault et ses filiales Panhard et ACMAT fournissent déjà l’essentiel des véhicules des FS lui donne un avantage certain. Outre un dialogue qui fonctionne bien, le fait d’être français et de pouvoir assurer un service après-vente sur mesure devraient être un aspect important. D’autant plus qu’il s’agit de petites productions adaptées et déclinées en diverses versions. Leurs équipements actuels Les forces spéciales françaises disposent principalement de deux véhicules: le VLRA (Véhicule Léger de Reconnaissance et d’Appui) et le VPS (Véhicule de Patrouille Spéciale), ainsi que quelques poussives P4 modifiées. Alors que le VLRA joue le rôle de mule (ou plutôt de chameau), le VPS est lui le lévrier. Le VLRA (1500 véhicules en service dans l’armée française dont environ 200 pour les forces spéciales ), est un véhicule robuste et rustique. Simple, il offre une très haute capacité de franchissement et est parfaitement adapté aux théâtres africains et désertiques. Peu rapide ( 90 km/h) il offre cependant une autonomie quasi-inépuisable avec une forte charge utile ( munitions, réservoirs d’eau…). Il permet l’engagement dans la durée. Son châssis très costaud permet l’emport d’armement jusqu’au 20 mm. Le VPS est lui un véhicule rapide mais fragile. Son moteur de 180 chevaux peut le propulser à des vitesses bien au-delà des limites autorisées ( 180 km/h). 51 de ces véhicules sont en service dans les forces spéciales. Certains ont été équipés depuis 2005, dans le cadre de l’opération « Sabre », de mitrailleuse Gatling rotative, augmentant significativement leur puissance de feu. Il dispose également de « griffes de tirs » permettant de tirer depuis l’arrière du véhicule des missiles antichar Milan. Ce missile de 2 km de portée est filoguidé, c’est à dire qu’il doit être guidé jusqu’à sa cible par le tireur. Précision redoutable, exposition maximale. Et pouvoir tirer depuis le véhicule signifie pouvoir dégager de sa position très rapidement. Divers armements sont fixés sur ces véhicules FS : de la 7,62 mm au 12,7 mm voire 20 mm ( tir précis et rapide mais sensible au sable…). Également en service dans ces forces, le mortier de 81 mm et surtout des équipements de visions nocturnes très efficaces ( JIM LR notamment). Les forces spéciales sont également capables de faire du guidage pour des bombardements aériens, depuis le sol (JTAC). Mais rappelons le, les forces spéciales n’ont pas la capacité de survivre au feu, ce n’est pas leur rôle. Leurs véhicules ne sont pas protégés. Pour ce qui est des capacités offensives et de résistance au choc, c’est le rôle de la cavalerie et de l’infanterie. Car en face, les djihadistes disposent de 4X4 Toyota ou Nissan sur lesquels divers armements d’origine russe ont été disposés : ZPU de 14,5 mm ou ZSU de 23 mm, bi ou quadritube, des armements à l’origine conçus pour faire de la défense aérienne. Mais utilisés contre de l’infanterie ou des véhicules même très blindés, les dégâts sont assurés. Efficaces mais peu précis jusqu’à 2 000 mètres, ces calibres sont eux aussi sensibles au sable et à la poussière. Sans oublier le RPG, roquette redoutable contres des blindés. Des armements bien connus des français, mais qui demeurent très dangereux.
  • 12. L’ALTV en version forces spéciales qui pourrait remplacer les P4 SAS et VPS présenté au salon SOFINS
  • 13. VLRA
  • 14. VPS
  • 15.
  • 16. Mitrailleuse Gatling rotative (M134 Minigun) en fonctionnement. ZPU 14,5mm ZSU 23mm
  • 17. ► L'Etat et EADS vont conclure un pacte d'actionnaires … Selon un avis de l'Autorité des marchés financiers publié mardi 16 avril, l'Etat français et EADS vont conclure un pacte d'actionnaire d’une durée de 90 ans pour permettre au premier de continuer à peser sur la stratégie du constructeur aéronautique Dassault Aviation. Une réponse aux critiques récentes de la Cour des comptes. Dans le cadre de la réorganisation du capital et de la gouvernance d’EADS annoncée le 5 décembre 2012, l'Etat français va acquérir une action de Dassault, qui lui permettra de former ce pacte. Dans ce cadre, il bénéficiera d'une priorité pour racheter les titres d' EADS si ce dernier devait vouloir céder tout ou partie des actions qu'il détient dans le constructeur du Rafale. Dans un rapport publié début avril, la Cour des comptes soulignait la perte d'influence de l'Etat sur les groupes de défense comme Dassault Aviation aussi bien en termes de contrôle stratégique qu’actionnarial. Concernant le fabricant du Rafale, les Sages de la rue Cambon estimaient que l’Etat « a choisi de ne pas exercer ses pouvoirs sur cette entreprise sans que cette décision ne soit étayée par des motifs d’intérêt général ». ► Budget de la Défense : des universitaires mettent en garde… Alors que le sondage réalisé en ligne par Marine & Océans révèle qu'une très large majorité (84,1 %) des visiteurs y ayant participé considère que « la défense de la France n'est pas un service public comme un autre » (contre 15,9 % qui pensent le contraire ), nous publions ci- dessous l'appel d'universitaires français en réaction aux menaces qui pèsent, selon eux, sur la Défense nationale. « La variable d'ajustement qu'a toujours été le budget de nos armées risque une nouvelle fois d'être utilisée avec la préparation du prochain Livre blanc. Nous prenons acte des déclarations du Président de la République concernant le maintien de l'effort de défense et la reconduction des crédits de 2013 pour 2014, mais de fait les crédits seront néanmoins rognés par l'inflation. En effet, la sanctuarisation du budget de la défense en euros courants ( et même constants) ne pourra pas permettre à nos armées de continuer à remplir les nombreuses missions qui leur sont assignées. C'est donc bien une réduction des crédits qui est envisagée alors que les dépenses actuelles sont déjà insuffisantes dans la mesure où avec seulement 1,5% du PIB, les efforts actuels sont en dessous des normes de l'OTAN (2%). Au moment où les pays de premier plan (Etats-Unis, Russie), ou émergents (Chine, Inde, Brésil), maintiennent ou augmentent leurs budgets militaires, les signataires voudraient rappeler le caractère essentiel et multiforme de ce que recouvre la Défense. La Défense, ce sont des contrats passés avec une industrie qui, dans les trois domaines du naval, de l'aérien et du terrestre, reste à la pointe de notre recherche et développement, et dont les savoir-faire pourraient disparaître faute de programmes nouveaux. La Défense, c'est la protection des citoyens français, aussi bien sur le territoire de la France qu'à l'étranger, contre des menaces qui, loin de disparaître, prennent chaque jour des formes nouvelles. La Défense c'est la protection des richesses de nos espaces de souveraineté, notamment maritimes, qui seront toujours plus importants pour notre nation dans les années à venir. La Défense, c'est la possibilité pour la France, État souverain, de répondre, comme elle le fait au Mali, aux obligations qui résultent de ses accords de coopération.
  • 18. La Défense c'est la possibilité de pouvoir jouer un rôle majeur dans les opérations de sécurité internationale engagées sous l'égide de l'ONU où la France doit tenir son rang de membre permanent du conseil de sécurité. La Défense est le prix à payer pour un État qui a toujours porté les valeurs des libertés fondamentales, dans un monde où elles sont sans cesse remises en cause. La Défense enfin est seule garante de nos libertés et de notre indépendance. Toutes ces missions, impliquant des choix rapides et clairs, relèvent de la seule Défense nationale et elles ne pourraient être assumées dans un cadre supranational bien incapable de se déterminer résolument sur les grands problèmes. La Défense française, des armées à l'industrie, a déjà accepté une restructuration drastique qu'aucune autre administration n'a connue, appliquant à la lettre les directives imposées par l'effort de rigueur. Le seuil limite est désormais atteint alors même que les menaces les plus diverses ne cessent de croître, du terrorisme et de la déstabilisation au Sahel jusqu'aux gesticulations nucléaires de certains pays. Avec les missions devenues irréalisables faute de moyens, ce seraient des pans entiers de notre souveraineté qui disparaîtraient. Universitaires et chercheurs, conscients que la Défense est le prix de la liberté et la preuve d'une volonté cimentant notre projet commun, nous mettons solennellement en garde contre le risque de son affaiblissement irrémédiable ». (Marine et Océans - Coordination : Observatoire d'études géopolitiques) Signataires : Christophe Boutin, professeur à l'université de Caen Charles Saint-Prot, directeur de l'Observatoire d'études géopolitiques Thierry Rambaud, professeur de droit public à l'université Paris Descartes et à Sciences-Po Vincent Cattoir-Joinville, professeur à l'université Lille2 André Decocq, doyen honoraire, professeur émérite (Panthéon-Assas Paris) Michel Degoffe, professeur de droit public à l'université Paris Descartes Sophie Gaultier-Gaillard, maître de conférences HDR et référent Défense de l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne Olivier Gohin, professeur et référent Défense à l'université Panthéon-Assas – Paris Nicolas Haupais, professeur de droit public à l'université d'Orléans Grégory Houillon, maître de conférences à l'université de Poitiers Jean-Jacques Lehot, professeur et référent Défense de l'université Lyon 1 Anne-Marie Le Pourhiet, professeur à l'université Rennes 1 Jean-François Poli, doyen honoraire (université de Corse) Frédéric Rouvillois, professeur de droit public à l'université Paris Descartes Michel Ruimy, professeur d'économie à l'Escp-Europe et à Sciences-Po Paris Catherine Sarlandie de La Robertie, ancien recteur de l'académie de Caen, professeur et référent Défense de l'université de Rennes Joanne Schmidt, professeur émérite à l'université de Strasbourg Christian Vallar, professeur agrégé des universités, doyen de la faculté de droit et de science politique de Nice Henri Védie, professeur émérite au Groupe HEC Pierre Villalongue, professeur à l'université de Perpignan Via Domitia
  • 19. ► SOFINS, un séminaire pour inventer les équipements militaires de demain … Le "Special operations forces innovations network seminary" (SOFINS) s'est déroulé du 9 au 11 avril 2013. Rencontre entre les forces spéciales françaises et étrangères et l'univers de l'industrie et de la recherche français, la manifestation est une première en Europe. Le Commandement des opérations spéciales (COS) a organisé le « Special Operations Forces Innovations Network Seminary » sur le terrain d’entraînement du 13ème régiment de Dragons parachutistes (13ème RDP), le camp militaire de Souge en Gironde. Ce premier séminaire européen a réuni les forces spéciales françaises et étrangères et le tissu des entreprises du secteur de la recherche, notamment les Petites et Moyennes Entreprises (PME). Objectif : inventer les équipements militaires de demain en proposant des solutions innovantes et en développant des équipements qui répondent aux besoins opérationnels des forces spéciales. Le général de division Christophe Gomart, commandant les opérations spéciales, nous parle de ce premier séminaire du genre en Europe. Pourquoi le COS a-t-il lancé cette initiative ? « Le COS fait travailler les forces spéciales en opération sur des missions ponctuelles et délicates. Les 3 000 soldats des unités des forces spéciales emploient des modes d’action et des équipements très spécifiques. Pour parvenir à surprendre l’adversaire de demain, nous devons chercher à anticiper et être toujours à la pointe. C’est ce qui nous permet d’être réactifs, discrets et efficaces. Il existe pour cela, au sein de chacune des unités des forces spéciales, des petites cellules d’expérimentation qui cherchent à innover, chacune dans leur secteur : la vision nocturne, le tir de précision, l’avionique, les équipements de l’homme… L’idée de cette manifestation est de faire se rencontrer le monde des forces spéciales avec celui des PME françaises, qui savent réaliser des petits « ’joyaux technologiques »’. Nous mettons ainsi en corrélation le rêve de l’ingénieur et celui de l’opérateur des forces spéciales, pour imaginer et produire un outil performant, correspondant à nos attentes. Il n’existait jusqu’à présent que deux grands rendez-vous de ce type, le « Special Operation Forces Industry Conference » (SOFIC) aux Etats-Unis et le « Special Operation Forces Exhibitions » (SOFEX) en Jordanie. Le SOFINS est le premier séminaire d’échanges et de coopération dans le domaine des forces spéciales en Europe ». Pourquoi le COS a-t-il besoin de cet équipement « hors norme » ? « Le fait de disposer de ces équipements performants permet aux forces spéciales de disposer d’un rapport de force favorable sur l’adversaire, de conserver ce « coup d’avance ». Les forces spéciales sont en recherche constante de matériels légers, hautement technologiques mais aussi robustes et fiables. Nos opérateurs emmènent tout sur eux ou presque. Il faut donc alléger la charge, et dans le même temps, remplir de plus en plus de missions. Il existe de nombreux exemples concrets en termes de camouflage, d’appareils photo, de jumelles de vision nocturne, de tir de précision, etc. On peut d’ailleurs dire que le monde des PME françaises est similaire à celui des forces spéciales : Il faut savoir être flexible, léger et humble. Ces deux mondes-là étaient faits pour se rencontrer, pour le bien des uns et des autres ». Quel bilan faîtes-vous de cette première édition du SOFINS ? « Plus d'une centaine d’entreprises et 35 délégations étrangères étaient présentes sur le salon. Tous ont pu dialoguer ensemble. L’idée est de renforcer le partenariat avec les PME et les industriels français, de favoriser la collaboration entre la communauté des forces spéciales, les centres de recherche, les pôles universitaires, de créer un réseau avec les forces spéciales du monde entier. Cette première édition de SOFINS a permis de montrer ce que l’on est capable de faire, à travers cette vitrine technologique que sont les opérations spéciales ».
  • 20. Le pacte « DÉFENSE PME » SOFINS est un exemple concret de la mise en œuvre du pacte DÉFENSE PME lancé le 27 novembre 2012 par le ministre de la défense. Le COS entretient des liens étroits avec les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les PME. La réactivité, la flexibilité et la capacité d’innovation de ce type d’entreprises sont des atouts indéniables pour répondre, dans des délais réduits, aux besoins capacitaires des forces spéciales. La Direction générale de l’armement (DGA) a mis en place différents dispositifs d’aide aux PME pour soutenir l’innovation et les technologies que ces entreprises développent et faciliter leur accès aux marchés de défense. ► L'industrie aéronautique allemande s'inquiète… Jusqu'en 2009, Tital générait plus de la moitié de son chiffre d'affaires dans la défense. L'année dernière, la PME allemande de 570 employés a vu cette part tomber à 29 %. « Heureusement, l'aéronautique civile a pris le relais et représente maintenant 75 % de notre activité, déclare Philipp Schack, directeur général de ce fabricant de produits moulés à partir d'alliages de titane et d'aluminium. Mais toutes les entreprises n'ont pas saisi cette chance ». Pour la Fédération allemande des industries aéronautiques, spatiales, de défense et de sécurité (BDLI), qui a présenté hier son bilan annuel, la tendance est alarmante. En 2012, le chiffre d'affaires de ses membres réalisé dans la défense a reculé pour la deuxième année consécutive. Les entreprises ont enregistré des ventes en baisse de 0,5 %, à 6,4 milliards d'euros. Plus grave, les effectifs ont reculé de plus de 2 %, à 21.900 employés. « C'est ni plus ni moins l'avenir de l'industrie aéronautique de défense en Allemagne qui est en jeu », a déclaré Lutz Bertling, patron (partant) d'Eurocopter et président du BDLI, qui attend une stratégie claire du gouvernement. En cause : la réforme de la Bundeswehr, qui a imposé des mesures d'économies, la fin de certains programmes, ou le retrait de certaines sociétés. Faute de correction, la tendance devrait se confirmer. Le gouvernement vient de revoir à la baisse ses achats d'hélicoptères Tigre et NH90, il a réduit ses commandes d'avions de transport Airbus A400M, et il hésite sur la suite du programme Eurofighter. Le tableau est plus encourageant dans l'aéronautique civile, qui a progressé de 14,2 % l'an dernier, à 19,6 milliards d'euros. Le défi ne consiste pas à signer des contrats mais à les exécuter. Idem dans le spatial, qui a augmenté de près de 12 %, à 2,4 milliards d'euros.
  • 21. Au total, les entreprises allemandes du secteur tirent un bilan très positif des dernières années. Depuis 2005, leur chiffre d'affaires a progressé de 53 %, à 28,4 milliards d'euros. Sur la même période, leurs effectifs ont bondi de 24 % et dépassé pour la première fois en 2012 le seuil des 100.000 employés. « La stratégie du gouvernement en matière aéronautique et spatiale porte ses fruits, s'est félicité Peter Hintze, secrétaire d'Etat au ministère de l'Economie en charge du secteur. L'Allemagne fait bien de continuer à renforcer sa position dans cette industrie clef ». (Thibaut Madelin - Correspondant à Berlin – Air Défense) Le gouvernement allemand hésite sur la suite du programme Eurofighter. – ( Photo Guenter Schiffmann/AFP)