Webinaire Cohésion | Le pouvoir du mentorat au travail : pour qui, pourquoi, ...
Comprendre la crise financière (2009)
1. Comprendre la crise
financière
Des subprimes au risque systémique
en passant par la titrisation...
Philippe Watrelot, Professeur de SES, Lycée
Corot
Savigny sur Orge, janvier 2009
2. Comprendre la crise
• Qu'est-ce qu'un actif ?
• Un peu d'histoire
• Les origines de la crise actuelle
• la diffusion de la crise et ses conséquences.
4. Qu'est ce qu'un
“actif” ?
Les actions, l'immobilier, des machines, des brevets...
tous ces éléments ont un
point commun...
Lequel ?
5. Un “actif”
Ce sont des éléments qui peuvent être détenus (ils
figurent à l' “actif” du bilan qui recense tout ce que
possède une entreprise)
Ce sont des actifs (monétaires, financiers, immobiliers)
Une créance (c'est à dire une reconnaissance de dette)
est aussi un actif...
6. Pourquoi posséder un
actif ?
• pour l'utiliser (une maison, un brevet...)
• pour en obtenir une plus-value en le
revendant
• pour les deux !
Mais la valeur d'un actif peut augmenter... ou
diminuer....
7. Une créance est-elle un
actif ?
Texte
Je soussigné Marcel,
doit verser 1000
euros au porteur de
ce titre dans 3 ans
D'ici là je lui verserai
50 euros par an
Savigny, le 1er
janvier 2009
8. Il s'agit bien d'un actif !
Je soussigné Marcel,
C'est une créance doit verser 1000
Texte la revendre
Je peux euros au porteur de
puisqu'il est indiqué “au ce titre dans 3 ans
porteur" D'ici là je lui verserai
On dit alors qu'elle est 50 euros par an
négociable... Savigny, le 1er
janvier 2009
Son prix peut varier. Si
on pense que Marcel
risque de ne pas Ou si Robert me propose
rembourser... 1000 euros par an !
9. Un capital est sensé engendrer un
revenu.
actions dividendes
logements loyers
créances intérêts
Plus le capital est d’un montant élevé, plus il
procure un revenu élevé !
10. Nous avons dit que plus un capital est d’un montant élev
plus il procure un revenu élevé.
Ne serait-ce pas plutôt l’inverse ?
Plus un capital (ou un actif) procure un revenu
élevé, plus son montant (son prix) est élevé !
11. On peut considérer un
actif (financier,
Les prix des actifs varient
immobilier…) comme un selon les revenus
droit… auxquels ils donnent
droit...
…à percevoir un revenu Ou plutôt auxquels ils
futur (dividendes, donneront droit !
intérêts, loyers…).
Quel sera le revenu futur d’un titre ?
On ne le sait pas toujours avec certitude
Les agents formulent des anticipations…
Ces anticipations peuvent varier...
12. Les prix des actifs dépendent donc des
revenus qu’ils génèrent…
mais d'où viennent ces revenus ?
Une entreprise me verse Cette entreprise a produit
action
une partie de ses profits. des richesses.
Des locataires me versent
logement Ils ont travaillé.
des loyers.
Le débiteur me verse des Il a utilisé les fonds pour
créance
intérêts. créer quelque chose.
13. Dans une situation
normale…
Que reflètent les revenus des
capitaux ?
Les richesses réelles créées par
l’activité économique.
La valeur des actifs dépend donc
de facteurs économiques comme
:
Les profits des entreprises…
Les revenus des candidats à
l’achat ou à la location de
logements…
On appelle de tels facteurs les
fondamentaux.
14. Mais en dehors des
fondamentaux...
Il y a la spéculation...
15. J’achète un actif (action…) 1000 €.
Je le revends 1200 €.
J’ai réalisé une plus-value de 200 €.
Mais pourquoi quelqu’un accepte-t-il de me l’acheter 12
€?
Soit parce qu’il pense que cet actif va générer un
plus grand revenu.
Soit parce qu’il espère le revendre à son tour
1400 € et réaliser 200 € de plus-value.
C’est le principe de la spéculation.
16. Le prix des actifs peut donc
évoluer de façon autonome…
Du fait de la spéculation, les actifs
peuvent atteindre des prix qui ne
reflètent plus les fondamentaux.
Les acheteurs ne visent plus
seulement les revenus courants de
ces actifs (dividendes, intérêts,
loyers)…
Ils sont en quête de plus-values
On parle alors de bulle
spéculative.
17. La valeur
d’un actif
augmente
Les revenus
Cet actif est
déterminent
source de
la valeur des
plus-values
actifs
Ces plus-
values sont
un revenu
18. Mais les bulles peuvent
éclater...
Le mécanisme peut s'inverser....
Dépréciation des
actifs
Leur valeur On s’en débarrasse
diminue encore en les vendant
Ils engendrent des
moins-values
19. En résumé.
Les capitaux sont constitués…d’actifs : immobilier,
actions ou même créances…
Le actifs sont des droits dont le prix dépend des
anticipations relatives aux revenus qu’ils procurent.
En temps normal ce prix est gouverné par les
fondamentaux.
Mais ils procurent d’autres revenus, les plus-values, qui
constituent le moteur de la spéculation.
Lorsque les prix de certains actifs sont dopés par la
spéculation, on parle de bulle spéculative.
21. Les crises financières
ne sont pas rares...
La Grande Dépression débute le vendredi
9 mai 1873 à Vienne où la Bourse s’effond
re sous le poids de la spéculation, provoqua
nt la faillite de plusieurs banques viennoises,
sous le poids des emprunts hypothécaires.
La récession est rapide : les banques
européennes manquent de liquidités et ne se
font plus confiance, rendant les prêts
interbancaires extrêmement coûteux.
Le krach affecte peu de temps ensuite la Bo
urse de New York
22. La crise de 1929
Le krach de 1929 est une crise boursière qui se
déroula à la Bourse de New York entre le 24
octobre et le 29 octobre 1929. Cet événement
marque le début de la Grande dépression, la
plus grande crise économique du XXe siècle.
Les jours-clés du krach ont hérité de surnoms d
istincts : le 24 octobre est appelé jeudi noir, le
28 octobre est le lundi noir, et le 29 octobre
est le mardi noir.
23. La crise de 1987
16 octobre 1987, le Dow
Jones perd 4%
19 octobre 1987 : Black
Monday. -22,6% pour le
Dow Jones (en 1929 c’était
-12%).
Toutes les places
européennes s’effondrent.
24. Dans la période
récente...
Au cours des 10 dernières années : 5 crises financières
(crise asiatique de 1997, LTCM en 1998, "bulle internet"
de 2000, Enron en 2001 et Subprimes à partir de l’été
2007)
25. Qu'est ce qu'un Krach ?
C'est la chute brutale de la valeur des
placements
En d'autres termes, c'est l'éclatement de la
bulle spéculative et la perte de valeur des
actifs.
27. Aux origines de la crise
• la déréglementation/dérégulation
• l'endettement des américains
• la spéculation
• La titrisation
• Les “subprimes"
28. 20 ans de
dérèglementation
Le tournant des années 1980
Un nouveau dogme : le tout marché
Les 3 D : déréglementation,
décloisonnement, désintermédiation
29. Déreglementation
Dans un contexte de déréglementation les institutions
internationales (FMI, Banque Mondiale,...) ont été très
en retrait. Elles n’ont pas pu ou voulu imposer des
règles prudentielles.
Elles ne sont pas capables de gérer la question des
paradis fiscaux qui permettent de créer des structures
financières opaques, incontrôlables
33. La spéculation
• Elle est favorisée par le développement
d'instruments financiers de plus en plus
sophistiqués...
• ... et qui échappent de plus en plus aux
règles “prudentielles”
• ce qui conduit à prendre de plus en plus de
risques (“aléa moral”)
34. Les marchés à terme
Une technique ancienne et très classique
Elle permet aux entreprises de se garantir contre des variations
de cours de matières premières ou de devises.
C’est donc une logique de couverture
Une technique qui favorise la spéculation...
35. Exemple 1 : une entreprise qui a besoin de $ dans 3
mois pour payer une traite peut souhaiter fixer
aujourd’hui le cours auquel elle souhaite effectuer cet
achat. Inversement celle qui sait qu’elle sera payée en $
dans 3 mois va souhaiter fixer le cours auquel elle pourra
les convertir en €
Exemple 2 : une compagnie aérienne fixe ses tarifs
plusieurs mois à l’avance. Si le pétrole baisse elle ferait un
profit supplémentaire, mais si le pétrole augmente elle
risque de perdre de l’argent et de ne plus pouvoir
fonctionner. Elle n’a probablement pas intérêt à prendre
ce risque.
Pour se prémunir contre la hausse de cours du pétrole
elle achète à terme son pétrole à un prix fixé d’avance à
partir duquel elle définit sa politique tarifaire.
37. Subprimes
Au commencement, il y a des ménages pauvres qui
rêvent de s’acheter un logement.
Compte tenu de leurs ressources et donc des
risques de défaut de paiement, ils ne peuvent
emprunter qu’à des taux plus élevés que les
ménages aisés : ils ne bénéficient pas de la
« prime », autrement dit des taux plus faibles
offerts aux ménages aisés, d’où le terme
« subprime » en anglais.
38. On ne prête pas qu'aux
riches...
Les banques imaginent de leur proposer des
prêts à taux d’intérêt variables, faibles au moment
de la signature du contrat mais qui peuvent
ensuite beaucoup s’élever.
Et pour se couvrir en cas de défaut de
paiement, les banques « hypothèquent » la maison
: elles peuvent la saisir et la revendre.
39. Au début tout va bien...
Au départ, un ménage emprunte de l’argent pour acheter une maison.
Cette maison vaut 100. Le ménage, sans apport personnel et malgré de
faibles revenus , emprunte 100.
Le prix de l’immobilier augmente, la maison vaut 150.
Comme une maison peut garantir plusieurs prêts, certaines banques
proposent aux ménages de nouveaux prêts pour un montant de 50.
Difficile de résister : des ménages empruntent pour acheter d’autres
biens, une voiture par ex
40. Puis tout bascule...
Le marché de l’immobilier baisse.
La maison vaut désormais moins
cher que le crédit contracté –
moins de 100 dans notre
exemple.
Et au même moment, les charges
de remboursement
s’alourdissent car les taux
d’intérêt (non fixes) augmentent.
41. Crise des subprimes...
En réponse aux premiers défauts de paiement ,
les banques demandent aux ménages de
renvoyer la clé de leur maison par la poste.
Ces ménages sont libérés de leur dette mais se
retrouvent sans toit. La banque, elle, récupère
un bien dont la valeur ne fait que baisser.
42. La titrisation éparpille
le risque...
Connaissez vous le
jeu du “Mistigri” ?
appelé aussi le jeu
du “Pouilleux
massacreur”...?
43. Refiler le mistigri...
« Grâce » à des innovations financières très
complexes, les crédits subprimes sont
transformés en produits financiers.
Ces produits financiers risqués (risque de défaut
de paiement des débiteurs) sont mélangés à
d’autres produits de meilleure qualité et sont
vendus à des banques d’investissement.
Comme des fraises pourries à l'intérieur
d'une barquette de fraises....
44. Par la titrisation, les prêteurs initiaux transforment des
créances en produits
financiers.
Ils se défont en quelque sorte du risque (défaut de
paiement, etc.) sur des investisseurs.
Ces « titres pourris » se diffusent dans tout le système
financier
Crise de confiance
45. Crise de confiance
Les banques d’investissement commencent à se rendre
compte qu’une partie des crédits immobiliers sur lesquels
reposent ces titres ne sera pas remboursée.
Les possesseurs de ces « titres pourris » cherchent à
s’en débarrasser mais ne trouvent personne pour les
racheter
Les cours des actions de banques et sociétés
d’assurance s’effondrent aux Etats-Unis…
…mais aussi en Europe
46. La crise systémique
QuickTime™ et un
décompresseur GIF cette image.
sont requis pour visionner
50. La contagion
les difficultés avaient commencé dès 2007
Mais les banques centrales avaient injecté des
liquidités et joué leur rôle de “prêteur en
dernier recours"
51. La chute de Lehman
Brothers
La banque Lehman Brothers annonce 3,9 Mds $ de pertes au 3e trimestre.
Bank of america et/ou la Barclays sont candidats à la reprise
La Fed refuse de donner sa garantie contrairement à ce qu’elle avait fait pour JP
Morgan à la reprise de Bear Stearns
Faillite de Lehman Brothers (14 septembre)
Pourquoi ? La volonté de faire un exemple pour lutter contre l’aléa moral ? Volonté
de préserver des disponibilités pour faire face aux difficultés d’AIG ? Paulson,
ancien membre de Goldman Sachs ne veut pas être accusé de favoriser son
ancienne activité ?
Vague de concentration dans le système financier
52. Les difficultés bancaires s’étendent
Belgique : Fortis. Sauvetage de la banque par les trois États du Bénélux (11,2 mds € le 28
septembre 2008). Puis reprise par BNP Paribas pour 15 mds € (6 octobre 2008)
Sauvetage de Dexia par les gouvernements belge, français et luxembourgeois.
Allemagne :
IKB est sauvée par l’État (octobre 2007) avant d’être reprise par un fonds américain (août 2008).
Sachsen LB (octobre 2007) demande l’aide de l’État puis est rachetée par LBBW.
Bayern LB réclame de l’aide et surtout Hypo Real Estate en grande difficulté est finalement sauvée
par l’intervention de l’État qui garantit les dépôts bancaires. (octobre 2008)
Grande Bretagne :
La banque Alliance & Leicester est rachetée par l’espagnol Santander (14 juillet 2008) qui possède
déjà Abbey National
La banque Halifax Bank Of Scotland (HBOS), spécialisée dans les crédits immobiliers (première
banque britannique dans l’immobilier) est rachetée par Lloyds TSB (18 septembre 2008)
la banque Bradford & Bingley est sauvée par l’intervention du gouvernement (nationalisation) et
de la banque espagnole Santander (via Abbey National) (29 septembre)
L’État entre au capital de RBS (50%) et HBOS (70%) : augmentation de capital et devient
majoritaire (12 octobre 2008)
Vague de concentration dans le système financier
53. "Credit crunch"
La situation actuelle est telle que les banques ne se
font plus confiance. Elles refusent donc de se
prêter entre elles et c’est la banque centrale qui
doit fournir les liquidités aux marchés.
une crise au départ financière se transmet au
reste de l’économie car les restrictions de crédit
affaiblissent la consommation et l’investissement,
donc la croissance
Multiplication des plans de sauvetage et de relance
(non traités dans ce diaporama)
54. Le credit crunch et ses
conséquences...
La crise bancaire provoque une contraction de l’offre de crédit.
Les banques deviennent plus exigeantes sur les conditions d’obtention de prêts.
Taux d’intérêt plus forts et conditions d’endettement plus sévères
Les entreprises ne peuvent plus se financer : financement de l’investissement ou
crédit à court terme
Les particuliers obtiennent plus difficilement les crédits immobiliers et les prêts à
la consommation.
θ Réduction de la consommation et de l’investissement
θ Récession !
55. En guise de conclusion...
3 grilles de lecture de la crise
Les crises sont normales, cycliques. « Après la pluie, le
beau temps ». La crise va purger le système. Il ne faut pas
chercher à sauver les « mauvaises banques ».
Ces crises accusent le système capitaliste : recherche du
profit maximal, « parachutes en or », pauvreté. Il faut
changer de système.
L’économie de marché a besoin d’être encadrée. L’Etat
doit jouer un rôle de régulateur.
56. Remerciements
ce diaporama est (très) largement inspirés de ceux
réalisés par....
Joachim Dornbuch
Jean-François Festas
et mon collègue de Corot, Pierre-André Corpron
Merci à eux !