1. erntre,pûse :v,'',i i Liaisons sociales
.rr- . magazlne n" 15I
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Régime frug+
Dr o ur le s s alarié s T:îffiïi:iî:Ï6îill?ix,u
de Picard et gi;'Ëigi1i;ft"**
Thiriet m*'x ;iïiïi:iif#$i i'i
es produits de qualité, un cadre agré-ablè,
une forte notoriété..., Picard est
depuis plusieurs annêes l'enseigne ali-n
ôrtuit" préférée des Français' Fondée
en 1906 par Raymond Picard à Iontainebleau'
la petite fabrique de pains de glace est devenue
te ieader de li vente de produits surgelés, avec
plus de 900 magasins, 4 800 salariés et un déve-iopp.-..
tt croiisant à f international' Revendu
à àË multlptes reprises ces vingt dernières années'
le groupeieste très profitable, même si l'affaire
deia viànde de cheval a affecté ses ventes de plats
cuisinés durant Plusieurs mois'
Largement bénéiiciaire lui aussi, Ie groupe Thiriet
estla deuxième enseigne alimentaire la plus ap-préciée.
Dirigée par Claude Thiriet depuis 1966'
ia petite boulangerie vosgienne réputée^pour ses
gtices a élargi sà gamme de produits.(fabriqués
à 37olu du.tt ies usines, contrairement à son rival)
et compte 170 magasins. Avec 2800 salariés' elle
a aussi-beaucoup investi dans la livraison à do-micile,
à partir de 88 centres de disüibution' un
créneau peu exploité par Picard mais sur lequel
Toupargêl o.crpe la première place tr.oir l'enca-dré
page 51)'
Aux antipoOes de la grande dtstribution' les ven-deurs
en magasin travaillent à trois ou quatre en
moyenner avec une large autonomie, mais ils
n'ont pas la vie facile pour autant: plannings
Ructuânts et ouverrure 7 iours sur 7, de t heures
(ou th30) à 19h30 au moins (iusqu'à la mi-iour-àé"
t. ai*urche)' Chez Picard, «le temps de tra-vail
effectif sur une journée peut varier de trois
heures à dix heures, explique ÉÏsabethJousselin'
déléguée syndicale centrale FO (syndicat majo-ritaiie).
Ilôuverture de la plupart des magasins
",
.orrtiru a augmenté la charge de travail sans
générer un chiffre d'affaires conséquent' »
ieu disert sur sa politique sociale, Picard, qui-a
refusé de nous répondre, affiche 94o/o de salariés
en CDI dans son rapport de développement
àuraUte, 71o/o deferrrmes et une moyenne d'âge
de 33 ans. Mais un quart des salariés du groupe
àst à temps partiel, ielon les données sociales
que nous àvons pu consulter, et 180/o des femmes
(itatut employéf effectuent moins de vingt-deux
h"rt.t hebdomadaires. "Depuis
2008, un ave-nant
à la convention collective prévoit le passage
à vingt-cinq heures, mais il n'est pas aP!]1-q1é'
,"gt"ü. Vanessa Lepetit, DSC adiointe CFDT' Or
il Ëst possible d'optimiser les plarrnings et de po-sitiolàer
les tempi partiels sur plusieurs magasins
'pour augmenter leurs heures' »
Conïaintes horaires. chez Thiriet
lSOans de moyenne d'âge), près de 120.tuJutl:t'
àes vendeurs pour la plupart (sur un total de 420
en magasin), èffectuaient moins de vingt-quatre
heures"par iemaine à fin 2013' nI-laccord d'an-nualisation
signé en octobre va permetfte d'ac-croître
le temfs de travail dans certaines situa- )
Par Nicolas Lagrange
2. Liaisons sociales i avril
magazinen'151 12014 (+s
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4800
salâriés. ffifi'#
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Le challengeur a aussi investi la livraison à domicile.
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3. enttreprtùse
20%
C'est, en moyenne,
le taux de turnover
au sein du groupe Picard,
et 26 % en IIe-de-France,
où plusieurs centaines
de postes sont à Pourvoir
en permanence.
r0%
Ce serait le taux de turn-over
chez Thiriet, selon
te DRH, nettement
plus selon les syndicats.
Les magasins Picard
tsurnent avec trois ou
quatre per§onnes,
Pas facitre pour les
syndicats de mobiliser des
salariés aussi dispersés'
F tions, indique le nouveau DRH groupe, Damien
Bresson. Pour les salariés qui resteront au-dessous
de vingt-quatre heures, il est difficile d'augmenter
les mouvements de personnel entre nos magasins,
avec des sites parfois éloignés les uns des autres
et des périodes de rush identiques. Nous espérons
un abaissement du plancher de vingt-quatre
heures via la négociation de branche., Les
contraintes horaires sont, là aussi, une préoccu-pation
récurrente pour les vendeurs en magasin,
comme pour les vendeurs livreurs à domicile
(400/o de l'effectif). Dotés d'un statut de VRB ils
sont télévendeurs durant deux iours entre
t heures et 20 heures et livrent les deux jours
suivants, avec une grosse pause méridienne dans
les deux ç4s. VRP ont une réelle autonomie
"Les
pour gérer leurs toumées et une forte proximité
avec les clients, souligne Jorge Alves, représentant
syndical CGT au CE de Thiriet Distribution. Mais
ils doivent aussi prospecter de nouveaux clients,
or tout le monde n'est pas formé ou compétent
pour cette mission bien spécifique.,
Les VRP sont un peu conftontés aux TMS, mais
c'est surtout dans les entrepôts et les magasins
que les salariés sont exposés aux mauvaises pos-tures,
au ftoid, à la station debout ou au port de
charges. «Nous avons obtenu un siège par caisse
il y a cinq ans, fait remarquer Viviane Haas, se-crétaire
CFDT du CHSCT de Thiriet Magasins,
ainsi qu'un téléphone spécifique en cas de ma-laise.
Nous insistons pour que les formations
gestes et postures soient renouvelées régulière-ment.
» Mais la dernière session a eu lieu enZOLZ
et la prochaine n'est prévue qu'en 2015. En20L2,
46 accidents du travail ont été enregistrés chez
Thiriet Magasins, soit un pour trois magasins,
un chiffre qui engloberait de nombreux accidents
bénins, selon les partenaires sociaux,
Le ratio est plus élevé dans les 900 magasins Pi-card
et l'entrepôt de conditionnement (529 ac-cidents
de travail ou de traiet en 20L3), avec
beaucoup de mains coincées et d'accidents liés
aux flexions du corps et au port de charges. De
=ç:.ii i Liaisons sociales
?-{;14 : rnagazine n"151
surcroît, le leader des surgelés a procédé à 48 li-cenciements
pour inaptitude l'an dernier. Afin
de diminuer les flexions et la manutention, des
congélateurs autodégivrants sont progressive-ment
déployes, mais «les petites réparaüons quo-tidiennes
ne sont pas la priorité pour Ia direction,
qui investit surtout dans le développement du
réseau, déplore Véronique Petit, DSC CGT. Tou-tefois,
l'accord pénibilité de juin 2013 renforce
Ies formaüons postures et permet d'améliorer la
conception des nouveaux magasins ".
Confrontés à des difficultés chroniques de re-crutement,
les deux groupes ne sont pas aidés
par leur politique salariale' Même sur treize mois,
les rémunérations sont alignées sur les grilles de'
deux conventions collectives très minimalistes.
Ainsi, dans la CCN du commerce de gros à pré-dominance
alimentaire, les huit minima les plus
bas se tiennent à 60 euros près. "Chez
Thiriet,
les vendeurs en magasin (hors responsables) sont
un petit peu mieux payés que le smic et bénéfi-cient,
dans près de la moitié des cas, de primes
mensuelles sur objectif, entre 40 et 120 euros",
précise Tionel Goutry, DS FO de Thiriet Magasins.
Ôuant aux VRP, ils perçoivent le smic, auquel
s'ajoutent une prime garantie de 22O euros et
un variable sur objectif, qui peut être nul ou ap-procher
quelques centaines d'euros, en fonction
de leur talent, mais aussi du secteur plus ou
moins favorable qui leur est attribué.
Particination et intéressement.
Les vendeirrs de Picard ne sont pas mieux lotis,
avec des rémunéraüons mensuelles variant entre
1465 et 1638 euros brut et une moyenne de
1 900 euros pour les responsables de rnagasin
(non cadres). Mais la marque au flocon bleu
creuse l'écart sur sa rivale au logo rouge grâce à
l'épargne salariale, avec une participation repré-sentant
en moyenne deux mois de salaire, un
intéressement annuel d'environ un demi-mois
de salaire les bonnes années ainsi qu'un inté-ressement
trimestriel sur obiectif (150 euros en
moyenne) qui, bizarrement, conceme les maga-sins
à tour de rôle, assurent les syndicats.
A contrario, ni participation ni intéressement
chez Thiriet Magasins, tandis que les VRP de Thi-riet
Distribution perçoivent une faible participa-tion,
de l'ordre de 25 à 350/o d'un mois de salaire.
tes salariés de Glaces Thiriet (150/o des effectifs
du gtoupe), eux, bénéficient d'un Perco avec un
abondement de 400 euros pour 400 euros versés.
Car, malgré des dirigeants communs à ses 18 fi-liales,
le groupe n'a pas de CCE et abrite une
multitude de spécificités sociales' Ce qui n'em-pêche
pas les délégués syndicaux, qui se connais-ient
peu d'une enüté à l'autre, de louer la qualité
du dialogue social. "Claude Thiriet est très ac-cessible,
toujours à l'écoute des problèmes et réac-tif,
tout comme la directrice générale. On a des
désaccords, mais on en discute librement», té-moigne
Fabrice da Fonseca, DS FGTA FO de Thi-riet
Distribution, qui s'est récemment opposé à
un accord de mobilité inteme. Le fondateur de
4. -
Liaisons sociales i ztrir (r.
magazine n':151, ; it:,i
l'enseigne réinvestit le gros des bénéfices dans
l'outil de production et Ie développement, mais
consent des avancées sociales au compte-gouttes.
La remise sur les produits atteint 15 o/o (le plafond
Urssaf est de 30olo) et le budget des activités so-cioculturelles
(ASC) correspond au minimum
prévu par la convention collective (0,60lo de la
masse salariale). Le groupe refuse la mise en place
de titres-restaurants, réclamée par tous les qmdi
cats depuis des années, et n'attribue pas de télé-phone
à ses VRP. Il participe à la complémentaire
santé à hauteur de 800/0, mais pour des prestations
minimales, et le délai de carence atteint huit
jours en cas d'arrêt maladie.
Tlmides avancées. Picard fait un peu
mieux. Certes, la remise produits n'est que de
10o/o (3Oo/o sur les nouveautés), mais le budget
des ASC atteint 0,77o/o,1a complémentaire santé
est plutôt satisfaisante selon les slT rdicats, avec
une prise en charge employeur à 54o/o et l'ab-sence
de carence dans certaines conditions. Llen-seigne
a fini par adopter les titres-restaurants
(6,50 euros), même si les conditions sont res-trictives.
Des concessions timides au regard des
bénéfices, estiment les slmdicats, historiquement
très divisés. Les premiers pas de FO ont été fa-vorisés
par la direction pour conüer la CGI puis
Ia CFDT est apparue il y a dix ans avec d'anciens
FO en désaccord avec la ligne suiüe. Une histoire
révolue aujourd'hui, note FO. Les mouvements
sociaux sont rares, avec une vraie difficulté des
IRP à sensibiliser les salariés, très éparpillés.
Le dialogue social est nourri avec le DRH, Joël
Amelot, «un homme de dialoguer, selon Claude
Valite, secrétaire du CE (FO). L accord intergéné-rationnel
signé en décembre prévoit Ie recrutement
de 100 altemans en trois ans, alors que leur nom-bre
est aujourd'hui très faible. Picard compte 50o/o
de femmes au comité de direction et, autre point
fort, consacre 4o/o de sa masse salariale à la for-mation.
Mais le leader ne parvient pas à systéma-tiser
les entretiens annuels et ne dispose pas d'ac-cord
de GPEC, en dépit de sa taille.
De son côté, Thiriet revendique une politique
RH volontariste et des entreüens annuels systé-matiques.
«Nous insistons beaucoup sur les com-pétences
comportementales, en lien avec les va-leurs
du groupe, indique le DRH, Damien Bresson.
Nous avons établi une charte des bonnes relations
humaines et apportons un soin particulier à la
diversité, pour laquelle tout le personnel a suivi
une sensibilisation. » En matière d'alternance (10lo
de l'effectif), le groupe veut combler son retard
pour préparer aux métiers de demain. I1 possède
un réseau de formateurs internes certifiés, mais
ne consacre que l,260/o de la masse salariale à la
formation, «hors formations au poste de travail»,
précise le DRH. Les perspectives de carrière restent
limitées, comme chez son concurrent.
Performants économiquement, Picard et Thiriet
sont à la peine sur le social... Si le leader a une
longueur d'avance sur son challengeug lui aussi
doit relever de gros défis sociaux. +
, â, # k.,"
:&nwrffi§§ffiffis, sffiffrre &e weffi
Créé en'1947. à tyon, Toupargel'
doit'qon'expansion à.la fa.mille .
Tchénio, aux manettes depuis'19$2,
Devenue Ie leader.fraqçais de . ' ,
la livraison à domicile de surgelés'.
en 2003, après le rachat d'Agrigel,
trenseigne, s.les!. dlversifiéedans,
les. produ!.ts frais et dlépicerie , .
' .'
avec Plaee'du March -érElle compte
3290 salariés et 1,2 million de
clients. Toujours bénéficiaire,
elle accuse'depgis près.de cinq ans
une barsse de son'chiffrg d'affaires'
(294'rnillions.d'euros en 2a13), .' . .
Sa clientèle, .maj oritairement âgée.
et'rurale,'est fidèle mais dif!çile. . ',
à renouveler et la concurrence
sur Internet s'est fortement accrue.
Pour.rn-gintqrrir a.rentabi.litér. ... : .
Toupargel mise notamment sur ses
manag€rs çornfiierciaux :'réféien-'
tiel de.cornpétenceq;'évqluatign,'
approfondie et crlrsus.de' formatlon
,de vingt.deux jours. La'direttion,' .
.qui' n'a.pas souhai.té nôus, répqn' .' .
dre, a égalernent rnis'en plqce ,'"
un plan d'économies drastique,
sans,PSE,.mais en.ne rernplaçant'
qu'une'parlie d,eE'30,0 déParls en. ,'
2013 (parmi lesquels 134 ruPtures
conventionnelles).
L,e taux de turi'rcver.atteint 207"'. .
et culmine dans Ia prospection
,terraln,."12 direction'a eu tort e '
'msdifler]es secteu-rs de,cJientèle;''
car les clients n'achètent pas que
pour les produits, iis apprécient
aussi la relation de'proxirnité avec
les télévendeurs et les'Iivreurs ",
estime Laurent Toledo, DSC CFDT.
.Un constat pârtagé par'son horno'
loguedeIaCGT..ThierryCupifl . .
qui'reglettê l'aban'don du'système
des VRP (à Ia fois téIévendeurs
et'.livreurs), en vigyeur il.y'a dix'''
'ans;"(tes horaires. s télév.e.ndeurs,
sont très contraignants, ajoute-t-il,
avec une pausede.trois',heures''."'
entre 13h30 et 16h30."
Ti.avail'au fioid,et, port de charges.',
dansles enlrepôtg,rythmes.dif-', .
fieiles. pour les.livreurs.,.,la.pénibi-'
lité donne souvent lieu à des
licenciements pour inaptitude, dé-
'plorent plusieqrs syndicats. Quatre
organisatio4g' on.t,qigné un'accord
pénibil.if .en ie1420tE d.éLaillqnt . ,
les différetts.types.de contraintes,'
.leur niveau.dlintensité'ainsi que les
mçsures dè prévention,ex,istantq-s
et envisagées-L'entreprise réussit .
par ailleu;s.à're.rnptir,ses'obltge.''
tions en rnatière de handicap-'La '
'eGT,. elle, dénonee' de's accords.irès .
,s,ô ryent en deçàdu..Co{Q d-u.t1avqil,
,'1Ledialoglre .socia-}.est b-on,et .. ..
Iinfôrmation fourn.ie sati.sfaisantg,
assure Jacky La Soudière, DSC FO et
seçrétaire du CE. Mais nous avons
de glos d'és-aecords'sur les' çondi-.'
tions de travail, qui se dégradent, et
' su-r lestérnuné.rations; souve4t'tÈq
.proches des minima convçnüon'.' '
nels,alor Toupargel r.esle bé- .
, rrffi6i3irqsi1.,gelon'le bif an. soeial; le
s'alaire rriênsuelmoyep.des livreurs
est de 1832 euros biut (13' mois
, cornprls),llentleplise.n'.a,pas' d'aç.-'
'cord dlintéressemefi et.verse de .
faible's rnontants d'e'particip.ation.
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