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Ca coûte rien de demander
poliment.

Je n’avais pas envie de
mourir.

C’est pas comme ça qu’on
traite un homme qui t’aime.

Un jeu d’enfant que de vous
exterminer.
Ca tombe bien, je suis
d’humeur joueur

Mesdemoiselles. Enchanté.

Elle était agenouillée à
même la neige, l’écume aux
lèvres, sur le palier de Dame
Folie.

Du sang m’éclaboussa le
visage.

Cauchemar

Elle en ressortit Soupolé,
alors couverte de morve.

Onitopia, la naissance d’une guilde
Kesketufous ?
Parousir me prit dans ses
bras, fait exceptionnel et
probablement unique dans
toute une vie.
C’est un cauchemar. Je vais
me réveiller.

Illustration : Nightmare (by Hibbary)

Le plan était simple…
Youyou ?

Elle est revenue. Oui
c’est elle. C’est elle ?
Impossible ! Possible !
Attendons pour savoir.

Poum poum
Je pense qu’elle était aupoum.
delà de toute douleur
C’est moi ou cette
Où suis-je donc
imaginable.
chouette vient de me
depuis tout à
faire un chouette clin
l’heure ?
d’œil ?
Une page venait
de se tourner dans
l’histoire de la Tyrie
Cauchemar
: Ælwynn Wintersong (humaine, élémentaliste)
: Svynge (norn, gardienne)
: Nezumy (asura, ingénieur)
: Pug (asura, élémentaliste)
: Alia Arkady (humaine, voleuse)
: Shalimar (sylvari, élémentaliste)
: Ayrin Fields (humaine, guerrière)
: Aboune (asura, envoûteur)
: Stathor (asura, ingénieur)
: Guess (humaine, élémentaliste)
: Lianis (sylvari, élémentaliste)
: Agaéti (sylvari, gardienne)
: Altyon (sylvari, voleur)
: Lazare (humain, nécromant)
: Pogonar (humain, guerrier)
: Gledinia (norn, rôdeuse)
: Pajim (norn, rôdeuse)
: Yaddle (charr, guerrière)
: Oméga (asura, guerrier)
: Splif (asura, élémentaliste)
: Pan d’Orr ( ?)
Cauchemar
Nezumy était rentré dans la chambre de Pan d'Orr tandis que le vent grondait à l'extérieur,
faisant ployer les branches des arbres et glissant sur les fenêtres en projetant quelques
feuilles emportées ou de petites branches, claquant sur le verre en émettant des sons mats.
La lune éblouissante filtrait par intermittence à travers de lourds nuages gris, illuminant
d'une lueur blafarde les couloirs de l'auberge. Nous retenions notre souffle sur le pas de la porte. Qui
s'entrouvrit en grinçant légèrement. La tête de Nezumy apparut à travers l'entrebaîllement :
-

C'est bon , elle dort. Venez venez.

Une petit bruit se fit entendre derrière nous, comme si de nombreux osselets venaient de
tomber au sol. Lazare venait discrètement d'exploser son lapin. Il récupérait les os à
même le sol.
- Prenez-ça, dit-il, en nous tendant à chacun un os. C'est ce qui nous reliera entre
les deux mondes.

Le plan était simple : tandis que Lazare resterait lié à Pan d'Orr, ceux qui entreraient dans le monde
des esprits se positionneraient en retrait dans le couloir, chacun tenant un os du lapin, ce qui devrait
nous lier magiquement au nécromant par l'intermédiaire de l'Onitopie, et nous faire entrer de fait
dans le monde des esprits. En espérant que cette tactique fonctionnât.
Parousir et Alia avaient la charge de protéger Lazare au cas où, tandis que Pug et Guess veilleraient
près de nos corps en méditation. Si j'avais bien compris, nos enveloppes physiques resteraient ici
tandis que nos esprits seraient là-bas. Une vraie misère qui me donnait une migraine bien violente.
Toutes ces théories, trop pour moi. En fait, pour faire plus simple : on arrive devant Zhaïtan, on lui
déglingue la gueule. Simple. Efficace.
Ceux qui attaqueront à distance se mettraient en retrait, comme Nezumy, Stathor, Pajim et Gledi. Ils
seront couverts par certains d'entre nous, comme Splif, Pogonar, Lianis et Aboune. Les autres
rentreraient dans le tas. Ma partie préférée. Dont je faisais partie, avec Oméga, Altyon, Agaéti et
Yaddle. Ælwynn nous aurait été d'un secours exceptionnel pour cette bataille, elle qui avait déjà eu
l'occasion d'affronter Zhaïtan. Malheureusement, nous devions faire sans et agir à notre sauce. Il
avait fallu une armée pour vaincre le dragon ancestral la première fois. Nous n'étions pas une armée,
mais l'Onitopie nous soutenait et la bravoure de chacun d'entre nous n'était plus à remettre en
question. De plus, Zhaïtan n'avait pas encore eu le temps de récupérer toutes ses forces, il fallait
aussi compter là-dessus pour lui exploser proprement la gueule.
Tous nous nous regardâmes une dernière fois. Parousir me prit dans ses bras, fait exceptionnel et
probablement unique dans toute une vie.
-

Fais gaffe à toi gamine, je veux te retrouver en un seul morceau.
T'inquiètes tonton, tes leçons vont prendre tout leur sens là-bas.
J'y compte bien.
Cauchemar
Tout le monde était prêt. Lazare entra silencieusement dans la chambre. Nous le suivions
sans un bruit avec Parousir. Le nécromant s'assit sur le bord du lit et délicatement prit la
main de ma petite sœur. L'Onitopie lévitant commençait à briller derrière lui. Dans le
couloir, nos compagnons, assis s'étaient silencieusement, concentrés et inquiets. Lazare lia
la corde autour du poignet de Pan d'Orr, qui dormait toujours, heureusement, et lia la
même corde autour de son propre poignet. Tout était prêt, tout se passait bien. Pourvu qu'elle ne se
réveille pas ! Le rituel commençait. L'Onitopie brillait maintenant d'une lumière pure et intense.
Derrière moi, tous fermèrent les yeux un à un, étant transporté tour à tour de l'autre côté. Svynge fut
la dernière à partir. Bonne chance.
La voix de Lazare me fit sortir de mes contemplations :
-

Oh oh...

Pan d'Orr avait les yeux ouverts, entièrement verts, et nous fixait, furieuse et fulminante. La grande
bataille avait commencé.

Nous étions de l'autre côté. Comme on me l'avait décrit, le paysage était gris et austère. Les
ruines de bâtisses de facture humaine se dessinaient autour de nous maintenant. Les cieux
étaient étranges, lourds, gris, mais sans nuages, sans oiseaux, vierges de tout élément
normal, zébré par ailleurs de fissures sombres, craquelant ces cieux étranges dans tous les
sens. Si de mon vivant on m'avait dit que j'entrerai dans la tête de quelqu'un un jour... Suisje bête, je suis vivant. Enfin pour le moment.
Car le hurlement de Zhaïtan ne me fit pas reprendre lentement mes esprits. Le dragon se tenait au
centre de la scène, des volutes de fumée verte se dégageaient de son corps pour filer droit vers les
fissures de la voûte. Quelle était cette magie diabolique ? A mon avis, il transmettait une partie de sa
puissance à l'enveloppe physique de Pan d'Orr par cet intermédiaire. Est-ce dire que c'est déjà en
train de chauffer en surface ? Cela signifierait aussi que Zhaïtan était au courant de notre venue et
que nous sommes tombés droit... dans son piège !

Ma sœur se relevait doucement, les yeux plus verts que des émeraudes, faisant fi de Lazare
qui était maintenant solidement lié à elle. Elle me fixait de ses yeux qui me rappelaient trop
de mauvais souvenirs, ceux de mère il y a peu. Pan d'Orr ouvrit la bouche pour s'adresser à
nous, mais sa voix n'avait plus rien d'humain, elle était lourde, lugubre, insidieuse, grave,
menaçante... En un mot : terrible.
-

Misérables mortels, comment osez-vous vous attaquer au tout-puissant Zhaïtan ?
Zhaïtan, je t'ordonne de sortir de ce corps ! lui-répondis-je au quart de tour.

Son rire caverneux résonna à travers toute l'auberge, peut-être même à travers tout Hoelbrak, et
nous inspira une terreur que nous dûmes vites réprimer.
-

Tu m'ordonnes ? Tu m'ordonnes ! Idiote ! Ta prétention te perdra !
Ca coûte rien de demander poliment...
Cauchemar
Sans prévenir, Pan d'Orr se jeta sur moi avec une vélocité impressionnante !

Une légère secousse s'empara des lieux. La fumée qui sortait du dragon finissait de se
dissiper. Il tourna ses têtes vers nous, et rugit à notre encontre à en percer les tympans.
Cet adversaire n'avait rien à voir avec ce que nous avions affronté jusque là ! Le dragon
massif s'avançait tranquillement vers nous, pas à pas, et chacune de ses têtes semblaient
nous dévisager un par un. L'hydre que nous avions affrontée quelques temps auparavant
était de la rigolade en comparaison. Zhaïtan devait facilement être trois fois plus gros. Encore
heureux qu'il n'ait pas fini sa croissance.
La peur s'emparait de moi, vicieusement. Je ne comprenais que trop tard, le dragon s'insinuait dans
nos esprits pour nous inspirer la terreur, et ça marchait ! Mon corps ne répondait plus. J'avais du mal
à retenir Perte et Fracas. J'avais envie de la lâcher et de fuir à toutes jambes. Le salaud ! C'est lâche !
Viens te la coller proprement Zhaïtan, épargne-nous tes tours de magie !
Soudain, un coup de feu retentit, puis un autre, et un troisième. Je vis Nezumy et Stathor, fusils en
main, tirer sur les têtes du dragon. Les balles firent mouche, et percèrent même un œil d'une des
nombreuses têtes du prédateur, faisant couler un sang vert et visqueux. Zhaïtan hurla. Sa
déconcentration nous permit à tous de reprendre nos esprits. Avec le plus grand des courages,
chacun d'entre nous se jetait maintenant sur le dragon, arme en main. Yaddle fut la première à
entrer au contact.

Zhaïtan essaya de me mordre, petite esquive en roulé boulé, bonne taillade sur la joue de
cette tête. T'es trop lent mon gros. Je m'approche de ta poitrine. Une autre tête. Saut bien
calibré, je me retrouvai dessus. Hu hu. Sur sa tête. Pas le temps de finasser. Svynge nous a
dit : au cœur, alors le cœur, ça doit se trouver quelque part dans le poitrail de cette
saloperie. Avant que la tête sur laquelle je m'étais perchée ne réalise ce qui venait de se
passer, j'en descendis promptement pour courir devant, droit devant, droit au cœur.
La barrière des têtes était franchie, je n'étais plus qu'à quelques petits et putains de mètres de son
corps. La patte du dragon vint vers moi à une vitesse fulgurante. Par réflexe, je tentai une esquive
rapide, un peu tard : ses griffes me déchirèrent la hanche. Mais il m'en fallait plus pour m'arrêter ! Je
plantai mon espadon droit dans le thorax de l'ignoble créature qui puait la mort. La bête tressaillit un
instant, mais resta formidablement trop debout. Dans mon dos, une des têtes me mordit à la jambe
déjà blessée, et me fit voler quelques dizaines de mètres pour m'éclater dans une maison pourrie.

C'était impressionnant ! Je n'en revenais pas ! Sous les jolis yeux de Guess et des miens,
le corps de Yaddle, alors en méditation, s'agita. Une méchante balafre se dessina sur sa
cuisse, comme si de grandes griffes étaient passées par là. Le sang en coulait à flot. Puis
d'autres blessures apparurent, comme des morsures. Guess et moi nous mîmes en devoir
de la soigner en appelant à l'élément de l'eau, fort présent et consentant vu le climat à
Cauchemar
l'extérieur, ce qui allait nous faciliter la tâche. Derrière nous, la bataille faisait rage, et la sœur d'Alia
s'était manifestement réveillée.

Incroyable ! Ma sœur venait d'invoquer une sorte de faux en tendant son bras droit. L'arme
menaçante dégageait des effluves mortelles. C'est alors qu'elle prit enfin conscience de la
présence de Lazare ficelé à son corps, totalement absent. Lazare était ailleurs, concentré
pour faire la passerelle entre nos compagnons et le monde des esprits, soutenu par
l'Onitopie. Il ne pouvait donc réagir et c'était très problématique pour Parousir et moi. Mais
on avait un avantage ici : l'espace était trop étroit pour qu'elle puisse manier avec liberté son arme.
Néanmoins, vive comme l'éclair, elle plongea le tranchant de son arme droit vers le cou de Lazare.
Tranchant qui se heurta à l'épée de Parousir heureusement.
-

Tut tut tut, ma petite pétasse, c'est pas comme ça qu'on traite un homme qui t'aime.

Pan d'Orr rageait.
-

Tu m'as surpris la première fois, tu ne m'auras pas la seconde, chérie, surenchérit Parousir.

Elle dégagea son arme et la pointa droit sur moi. Trop loin pour me toucher. Mais une vague de froid
m'envahit. Sans plus.

Quoi ? Pourquoi je n'arrive pas à la cloner ? C'est pas normal ! Merde, c'est vrai ! Il me
faut accéder à ses pensées pour la cloner. Et ses pensées me sont toujours inaccessibles !
Saloperie d'humaine. Si ça marche pas sur elle, je sais que sur le charr ça ne pose pas de
problèmes.

Bon, dragon... Si on ne te tue pas dans ton propre vomi mon gros, après une bonne
indigestion de champignons bien vénéneux, les flèches parleront d'elles-mêmes. Alors que
Yaddle passa à côté de Gledi et de moi après s'être mangée une belle baffe, nous tirâmes
sans relâche nos flèches, tandis Nezu et Stathor sur ma gauche vidaient leurs balles sur la
créature. Nos traits faisaient mouche sans difficulté vu la taille du monstre, mais
ressemblaient plus à des piqûres de moustiques qu'autre chose. Il ne fallait pas désespérer. Même le
plus petit des quaggans peut avoir raison du krait.
Soupolé s'élança. Vas-y ma belle ! Petite comme elle est, elle devrait passer inaperçue. A ma grande
surprise, elle ne se défila pas, et perfora même un œil de ses griffes acérées. Malheureusement, sans
que je ne puisse réagir, Zhaïtan prit une puissante inspiration, et ma chouette se trouva violemment
aspirée dans un de ses naseaux, pour ne plus jamais en ressortir. La colère et le désespoir s'empara
alors de moi, mais c'était pire pour mes compagnons, car de cette inspiration...
Cauchemar
Oh merde. Je sentais bien qu'un truc clochait lorsque le dragon avait reculé toutes ses têtes
pour inspirer une grande bouffée d'air. Tout à coup, une vague de flammes vertes fut
crachée sur nous et allait nous balayer comme des brins de paille. Heureusement, Altyon et
Svynge étaient restés à mes côtés, contrairement à cette têtue de Yaddle qui s'était faite
valdinguer sans coup férir. Je puisais dans mon énergie et dressait d'un mouvement fluide
et rapide une barrière d'énergie devant nous pour encaisser la vague de flammes qui fonçait droit sur
nous. Allait-elle être assez solide ?

Mes oreilles ne me jouaient pas des tours. Non, j'en suis sûre. Des bruits de bataille. On se
battait ! Oui ! Petite Pan d'Orr était impossible à réveiller, je ne savais pas pourquoi.
Je me précipitai vers l'origine des bruits. A ma plus grande surprise, et pour mon plus grand
bonheur, je retrouvai mes compagnons d'Onitopia, vendant chèrement leur peau au milieu
des ruines. Il se battait avec l'énergie du désespoir. Une vague de flammes verte engloba Agaéti,
Altyon, et ma petite sœur lorsque j'arrivai. Oh non !
Une fois la vague passée, ils étaient toujours debout, intacts, s'élançant déjà armes en main, en
criant de rage sur Zhaïtan. Vite, les aider ! Pogonar, en me voyant, me jeta une courte épée de sa
ceinture. C'était le moment de se battre pour la liberté.

J'essayai une passe rapide sur Pan d'Orr en réponse à son geste, mais elle esquiva sans
difficulté mon attaque. Je ne voulais pas la blesser, ça rendait mes gestes trop lents, trop
prévisibles. Je voulais la garder en vie ! C'est ma sœur... Est-ce que Parousir le comprendra ?
Quoi qu'il en soit, elle braqua son arme droit sur le charr, et un clone de lui, sous mes yeux
stupéfaits, prit naissance. Il était en tout point identique à Parousir, mêmes les armes et les
habits ! Mais notre Parousir original ne se fit pas surprendre et aussitôt saisit son double au niveau
des cervicales et lui fit une méchante rotation, explosant les vertèbres du cou sans fioritures.
Parousir hurla de douleur, et son clone s'évapora aussi vite.
-

Petite conne, tu ne m'auras pas deux fois avec tes tours de passe passe.

En guise de réponse, un petit rire malsain. Déjà deux clones supplémentaires de Parousir étaient
apparus, l'un sur lui, l'autre sur moi.

Les blessures allaient bon train, rien de bien grave pour le moment. Faciles à soigner.
Mais ça devait chauffer sévère de l'autre côté. Vents et furvents, même si on avait un rôle
indispensable Guess et moi, j'aimerais tellement me tenir à leur côté, dans cette terrible
bataille ! J'avais sincèrement peur pour eux.
Cauchemar
Pouf pouf pouf, ça se bataillait dur devant. Svynge, Altyon et Agaéti esquivaient comme des
malades les attaques furieuses du dragon. Mais un coup de queue mal placé les fit projeter
quelques mètres en arrière. Woups. Ils étaient sonnés. Papa dragon pas content, il se ruait
sur nous. A nous de jouer !
Seuls deux éléments m'étaient réceptifs dans ce monde, l'air et la terre. Avant que le dragon n'arrivât
à notre contact, je déchainai le vent que j'avais préparé sur le corps du dragon. Les bourrasques
étaient terribles, et même un maouss costaud comme lui ne pourrait encaisser ça !
Ben en fait si.
Merdouille. Il pèse son poids le coquin, et certes les rafales le ralentissaient, mais pas suffisamment.
Bientôt, il serait en contact avec nos tireurs. Pas bon. Heureusement, maître Splif était entouré de
joyeux compagnons sur lesquels il pouvait compter.

Tandis qu'un nombre incroyable de clones d'Aboune s'élançait sur Zhaïtan, je finissais mon
invocation en appelant à Mère Terre. Il me fallait un peu plus de temps. Juste un peu.
Poussières et gravats se mêlaient à la tempête de Splif, empêchant la créature de cauchemar
de se mouvoir à son aise. Les clones d'Aboune se faufilaient entre ses pattes, certains se
faisant croquer tout cru, d'autres se faisant écraser sans autres formes de procès, mais
déconcentrant suffisamment notre adversaire pour s'approcher de nous. Soudain, une voix éclata
dans ma tête, vicieuse, serpentine, puissante !
-

Utilise-moi ! Nous, nous sommes en mesure de le vaincre ! Accepte-moi ! Et deviens reine !
Et moi ton roi.

Je luttais contre cette puissance terrifiante. Mais terriblement alléchante ! Oui, c'est vrai. Avec elle, je
pourrai vaincre. Avec cette force, Zhaïtan tomberait ! Oui, avec...
En esquivant un gravât, Nezumy me bouscula sans le faire exprès.
-

Sorry sorry jolie sylvarie, tu me couvres le temps que je recharge ?

Ce fut la décharge, le choc. Non ! Je ne gagnerai pas avec cette force insidieuse. Bien sur que non ! Je
remporterai la victoire avec mes compagnons, pour eux et pour moi, en leur compagnie, unis dans
l'adversité, dans le rêve, et non dans le cauchemar ! Merci Nezu.
Mon invocation se terminait, les blocs de pierre s'assemblaient. Mon golem était né et se rua droit
sur l'ennemi.

Je ne sais pas pourquoi, mais ça ne me disait rien d'affronter une copie de Parousir. Toute
jeune qu'elle était, ses coups étaient d'une précision remarquable et son art meurtrier.
J'esquivais les attaques non sans récolter quelques estafilades. Un coup savamment porté
droit dans le cœur fit s'évaporer mon adversaire. Juste à temps, car alors que Parousir se
démenait déjà avec trois de ses propres copies, je vis Pan d'Orr diriger de nouveau sa lame
Cauchemar
sur le cou de Lazare. Je me jetai sur elle, retenant son bras fatal. Elle se débattait. Je m'accrochais.
Elle avait une force inouïe. Elle me projeta à travers la porte de la chambre. Je me retrouvai au milieu
de tous les autres, légèrement sonnée.

Oh oh. Alia traversa la porte en bois en la faisant éclater pour buter sur le mur. Sonnée,
elle secouait la tête pour essayer de reprendre ses esprits le plus vite possible. Et
j'espérais qu'elle les reprenne rapidement, car la voix sifflante de Pan d'Orr se fit
entendre tandis qu'elle nous regardait avec délectation.
-

Ah, vous êtes ici. Tous ici. Un jeu d'enfant que de vous exterminer.

Elle se dirigea vers nous, totalement absorbés dans nos soins, totalement pas prêts à nous battre. Là,
ça sentait vraiment le drame. Soudainement, le rugissement de Parousir nous stoppa tous, Pan d'Orr
comme Alia et Guess. Il venait de repousser violemment ses clones et se jeta sur Pan d'Orr comme
un ouragan qu'il entraîna, d'une poigne ferme, à travers la vitre, volant alors en éclat sur leur
passage, pour atterrir quelques mètres plus bas dans la neige d'Hoelbrak. Nous avions un répit. Vents
et furvents, dépêchez-vous je vous en prie, dépêchez-vous de faire choir Zhaïtan !

Alors que la tempête faiblissait, le golem de rocs, de forme humanoïde, invoqué par
Lianis, s'élança sur le dragon. Sans réfléchir, je m'étais agrippé à son pied - enfin un truc
qui ressemblait à un pied - et me retrouvai instantanément au niveau du dragon. Tandis
que le golem asséna un terrible coup de poing dans l'une des têtes de Zhaïtan, je me
faufilais maintenant entre les pattes du dragon, à tailler comme un fou furieux tendons et
parties que je supposais sensibles. Le sang vert coulait sur mon passage, mais les immenses pattes
du dragon se déplaçaient constamment, manquant plusieurs fois de m'écraser.
Sous le ventre de l'animal, je taillais et découpais comme un fou furieux. Le combat de titans était
violent : des blocs entiers du golem se faisaient arracher à chaque morsure, mais les coups portés par
la création de Lianis produisaient des sons mats d'une violence inouïe. Spectateur privilégié, je vis le
golem saisir une des têtes de Zhaïtan et lui arracher la dite tête sans autre forme de procès. Alors
que Svynge, Altyon et Agaéti revenaient au pas de course, ainsi que Yaddle, le dragon prit son envol.
Du haut des cieux, il cracha une nouvelle vague de flammes !

Wout wout, pas bon ça. Ouh là là, pas de gardiens prêts de nous, tout le monde qui se
disperse un peu par un peu, le dragon nous sépare. Et les flammes qui vont nous avaler tout
cru. Regrettant de ne pas être aussi puissant que je le voudrais, j'eus juste le réflexe de
prendre Stathor par la main avant de déclencher mes bottes fusées, ce qui nous projeta loin
du danger, mais pour ce qui était de Lianis, Pajim et Gledinia, je ne pouvais désespérément
rien faire. Je vous en prie, trouvez une solution !
Cauchemar
Poum poum poum. Où suis-je depuis tout à l'heure ?
Tout est flou ici, tout est chelou. C'est l'horreur.
Une sorte de vide désagréable. Des battements de cœur ?
Rapides, inquiets, apeurés. Ceux de ma dulcinée ?
Oui c'est elle ! Le cœur de ma bien-aimée.
Je le reconnaitrai entre mille.
Ma pauvre petite Pan d'Orr, mon idylle.
On va t'aider, te fais pas de bile.
Ah tiens, qu'est ce que c'est ?
Jouant à la balle, une petite fille
Avec une autre petite fille ?
Mesdemoiselles. Enchanté.
Vous ne m'entendez pas ? Flute.
Attendez, je vous reconnais. Zut de zut…
Certes, sur ! Pan d'Orr, Alia !
Toutes petites. Trop mimis ! Mia !
C'est donc à ça que tu aspires ma bien-aimée... A la pureté...
Zhaïtan, ignoble démon, corrompre une âme si pure... Tu vas le payer !

Enfoiré de charr. Alors que je tenais les autres ! Il va me le payer ! Ma faux. Où est ma
faux !?

-

- Ca tombe bien, je suis d’humeur joueur. C'est ça que tu cherches coquine ?
- Rends-là moi !
Ah ah, ouais c'est ça, compte sur moi.

Le sauvage s'élança sur moi, épée dans une main, faux dans l'autre. Il moulinait dans tous les sens et
si je n'arrivais pas à lire dans ses pensées, je serais déjà taillée en rondelles. Mais c'était un fin
stratège, et ses pensées filaient à toute allure, et chaque esquive se jouait de peu, ne manquant de
me tailler le corps à l'occasion. Je me servais de Lazare comme bouclier humain ce qui nuisait
clairement au charr. D'un geste rapide, je sortis une dague de ma ceinture et la pointai droit sur le
cou de Lazare, figeant net mon adversaire.

Aïe ! Ouh !
Une douleur fulgurante au niveau de mon cou
Se fit ressentir.
Triste sir !
Allais-je mourir ainsi, si proche de toi mon aimée ?
Ce serait un réconfort oui.
Car autour de moi, rien pour m’aider.
Et si mes compagnons avaient échoué,
Cauchemar
C’est ici que je finirai.
La main glaciale de Dame Mort m’empoignait.
Je la sentais, la coquine. Mais je n'y croyais…
Car d’échec Onitopia ne connaîtrait.

La vague de flammes déferla droit sur nous. Ma vie défila sous mes yeux. J'étais rassurée, il
y avait plein de détails dans ma vie, comme quoi se lever tôt remplit une vie. Alors que je
m'apprêtais à faire mes adieux, je n'avais pas tout de suite remarqué Aboune qui avait crée
un portail pour emmener en vitesse loin du crime cette chère Pajim. J'en étais heureuse. Ils
seront en vie. Mais je pleurais. Je n'avais pas envie de mourir. Vraiment pas !
Les flammes m'englobèrent, lorsque tout à coup elles se divisèrent en deux. D'un côté, Splif, qui avait
invoqué une tempête in extremis pour repousser la menace d'un côté, de l'autre côté Lianis qui
absorbait les flammes avec son bâton. Si ça ce n'était pas un travail d'équipe ! Profitant de l'occasion,
j'armai mon arc de trois flèches et les décochai à corde tendue, droit sur le ventre du dragon. Elles se
fichèrent proprement, faisant hurler le dragon, mais qui continuait à s'envoler vers la voûte
craquelée. Nous vîmes tous le dragon se cogner contre les cieux, essayant de forcer le passage,
tentant de percer la voûte par une des fissures. Il cherchait à s'enfuir ! Merde !

Du haut de la fenêtre, je vis Pan d'Orr déterminée enfoncer sa dague dans le cou de Lazare,
face à un Parousir impuissant pour une fois. Non, pas ça !
Lorsque tout à coup, elle se plia en deux, se tenant la tête entre ses mains, hurlant comme
une folle. De la fumée verte sortait de tout son corps. Oh non, est-ce que Zhaïtan serait en
train de sortir ?

Une douleur fulgurante se saisit de mon crâne. J'hurlai à la mort. Je sentais ma tête se
déchirer ! La douleur était effroyable !

-

Gledi, Pajim, Nezu, Stathor, tirez-sur ses ailes !

Ils s'exécutèrent. Visant droit l'ossature qui retenait les ailes au corps. Bien trop solides !
Et merde. Deux des têtes avaient déjà traversé la fissure. Bientôt le corps entier.
Une puissante déflagration fit trembler le décor. Une des ailes vola en éclat. Incapable de
garder son vol, Zhaïtan chuta lourdement au sol, soulevant des nuages de poussière au milieu de
nous lorsqu'il s'écrasa.
-

Grenade qui scotche, dit Nezu, se gouttant le doigt pour je ne sais quelle raison.
Prenez garde, finis-je par crier, ce n'est pas fini ! Il n'y a rien de pire qu'un adversaire acculé !
Cauchemar
Effectivement, Zhaïtan se relevait déjà au milieu de la poussière. Par tous les esprits ! Ce truc était
increvable ou quoi ?

Pan d'Orr était agenouillée à même la neige, l'écume aux lèvres, haletante et souffrante, les
yeux exorbités, sur le palier de dame Folie. J'avais mal pour elle. En me retournant, je vis
que Guess et Pug couraient dans tous les sens pour soigner les corps de nos amis. Pas de
blessure mortelle à première vue. Je passai alors par la fenêtre pour rejoindre Parousir dans
la nuit glaciale.
-

Qu'est-ce qui s'est passé, demandai-je au charr immobile.
J'en sais rien. Elle est devenue folle d'un coup. C'est pas moi qui l'ai mis dans cet état en tout
cas.
Tu penses que ça se passe bien pour les autres ?
Sur, c'est pas un petit dragon de pacotille qui aura raison d'eux.

Fait chier, c'est pas un dragon de pacotille auquel on a affaire. Entouré de toute part, il se
battait avec l'énergie du démon. Une aile brisée, le corps meurtri, il restait déchaîné ! Le
golem de Lianis venait de voler en éclat après un coup de patte mal placé, projetant
d'imposants blocs de pierre dans tous les sens. Les blessures se faisaient nombreuses, et
se soignaient de moins en moins vite. Pauvres Pug et Guess, ils doivent avoir un boulot
monstre de l'autre côté.
Nous étions en train de nous essouffler. Nous puisions dans nos réserves. Il fallait trouver une
solution, et vite !
Chacun s'en donnait à cœur joie. Pogonar s'agrippait avec une énergie de dingue sur une des pattes
du dragon, à perforer comme il pouvait la cuisse du monstre. Yaddle et Oméga s'étaient retrouvés
sur le dos de l'animal, à trancher tout ce qu'ils pouvaient, en esquivant tant bien que mal les attaques
des multiples têtes. Nezumy, Stathor, Gledi et Pajim tiraient par rafales : yeux, museaux, yeux, flanc.
Le dragon tenait plus du hérisson qu'autre chose. Aboune, Lianis et Splif semaient le trouble à
l'ennemi au gré de leur imagination : clones, mini-golem, tempêtes de vent ajustées. Ma chère sœur,
accompagnée d'Agaéti et d'Altyon, attaquait frontalement à Zhaïtan. A mon tour de jouer, tiens-toi
prête J-A, c'est le moment pour nous d'entrer en scène.
-

Couvrez-moi ! criai-je à l'attention de mes camarades, tandis que je courrai avec l'énergie du
désespoir vers le dragon.

Je passai entre nos tireurs, qui avaient doublé le rythme. Splif me fit pousser des ailes en invoquant le
vent dans mon dos. Lianis demanda à son golem le plus grand de me projeter droit vers le dragon.
Rigolo. Sa création s'exécuta et me lança droit vers le dragon. Le décor filait à toute allure. Les autres
accaparaient toute l'attention du dragon tandis que je me réceptionnai au milieu d'eux. Je traçai
direct vers le thorax.
-

Où est son cœur J-A, vite !
Cauchemar
-

Accepte-moi !

Ben tiens donc. Comme face au Flammotaure. Je devais accepter de baisser mes barrières et de
rester sans défense face à J-A ou bosser chacune dans notre coin. Plus que quelques mètres.
-

Bordel Svynge ! Ouvre-toi à moi !

Fait chier ! Soit ! T'as intérêt à tenir ta parole, chienne !
...
Un froid intense me saisit entièrement.
L'œil de Jormag me fixait. L'œil grand et sadique d'un lézard qui a tué mes parents autrefois, et ma
sœur récemment.
Pas le moment de penser à ça. Je devais bosser avec J-A si nous espérions nous en sortir !
Je pris appui sur le bouclier de Pogonar qu'il avait posé solidement devant moi, à même le sol, lui
agenouillé, dos au dragon. La force de mes compagnons, la haine que j'éprouvais, l'alliance avec J-A,
et l'Onitopie qui veillait sur nous... Tout ça me fit pousser des ailes probablement. J'arrivais droit sur
le haut du thorax de Zhaïtan, droit au niveau de son cœur, guidé par J-A. Avec l'énergie du désespoir,
j'enfonçais ma lame dans les écailles du dragon. Le choc fut brutal. Si ça passait pas, j'ai bien peur
qu'il n'y aurait pas de seconde fois.

J-A buta sur les écailles.
Elle forçait le passage.
Je l'aidais.
La lame s'enfonça dans la chair de l'animal.
Des vapeurs d'eau et empoisonnées se dégageaient de la blessure.
J'enfonçai la lame le plus profondément possible.
Zhaïtan hurlait à la mort.
Il se leva sur ses deux pattes arrière.
Je fus projetée tout en haut, je tenais bon. Je m'accrochais comme une folle à J-A.
J'hurlais pour me donner la force nécessaire.
J-A s'enfonçait. Toujours, irrémédiablement.
Le cœur du dragon. Je l'entendais !
Allez ! Encore un peu !
Cauchemar
L'une des têtes s'approchait dangereusement. J'allais me faire dégager de là vite fait bien fait.
J'avais les bras dans la chair du monstre. Son sang acide me brûlait.
Encore un peu ! Rien qu'un peu !

...

Ma petite sœur était prostrée dans la neige, le regard complètement vide. Elle était
totalement absente. Vide de vie. Des spasmes la parcouraient. Je pense qu'elle était au-delà
de toute douleur imaginable. Elle bavait, elle pleurait, sa respiration se faisait saccadée, de
moins en moins régulière. Je pris le risque de poser ma main sur son front. La fièvre était
atrocement brûlante ! Puis une longue série de spasmes la fit tressaillir violemment. Elle
convulsait dans la neige, hurlant à la mort. Ma petite sœur, au nom des Six, tiens bon je t'en prie !

Oh bon sang de bonsoir ! Fallait voir
Comment tout tremblait autour de moi. Ce foutoir.
Le monde était en train de se disloquer, ou pire !
Ma petite Pan d'Orr était en train de mourir !
Allez sois forte ma reine ! Bats-toi ! Ne te laisse pas dépérir.
Utilise ma force si nécessaire, mais vis, je t'en prie !
A la vie souris.
...
Ton cœur ne bat plus. Idiote… Soupir…
Tiens, voilà le mien, car je ne te laisserai pas partir !

Zhaïtan s'immobilisa. Il ne bougeait plus. Ca y'est, c’est fini ? Pourquoi il reste debout
bordel ! Tombe connard, tombe !
...
Un dernier soubresaut. Et il chuta. Lourdement. Je me réceptionnais difficilement au sol.
J-A me possédait totalement.
La poussière se souleva sous la chute du dragon, dont la vie s'échappait maintenant de son corps.
Lâche-moi J-A, allez !
Elle était devenue terriblement puissante avec ce dernier repas ! Si elle décidait de s'en prendre aux
autres, j'avais peur que...
-

Bien, ma petite fille, tu t'es bien battue.
Lâche-moi maintenant, tiens ta parole !
Cauchemar
-

...
Allez !

Avec soulagement, je sentais son emprise me libérer peu à peu. Elle tenait parole.
-

Nous sommes quittes maintenant, ma belle.
Ouais, on va dire ça.

Je me relevai. Tous les autres avaient l'air de bien se porter, malgré certaines blessures pas belles à
voir. La respiration du dragon se faisait plus lente derrière moi. Même pas un mot d'adieu mon gros ?
Ayrin se dirigeait vers moi, ah, ma grande sœur, comme tu m'as manquée. Mais une petite voix me
fit sursauter :
-

Papa ?

Je ramenais, avec l'aide de Parousir, les corps de Pan d'Orr et de Lazare près de Pug et de
Guess. Je ne savais pas s'ils pourraient faire quelque chose, mais ils ne tiendront pas
longtemps à ce rythme. Lazare était en effet lui aussi agité de vilains spasmes, la fièvre
s'était aussi emparée de lui. Ma main a couper que cet idiot a trouvé une solution pour
partager la douleur de ma petite sœur. A ce rythme, c'est tous les deux qui vont y passer ! Il
serait peut être bon de sortir les autres rapidement de la tête de ma petite sœur.

-

Papa ? Pourquoi tu bouges pu. Réponds-moi papa ! Papa !

Qui était-ce ? Mini Pan d'Orr ?
-

Assassins ! Vous avez tué papa ! Je vous déteste !

La petite fille me tapait dessus de ses petits poings. Je ne savais comment réagir. Ayrin s'agenouilla
au niveau de mini Pan d'Orr.
-

Je suis désolée pour ton papa, mais il le fallait.
Nan, nan ! Tu mens !
Pan d'Orr, calme-toi je t'en prie !

La petite fille était déchaînée. Elle nous haïssait clairement. J'entendis du mouvement derrière moi.
Dans un ultime effort, Zhaïtan s'était relevé, déglutissant du sang vert par toutes les gueules. Il leva la
patte. Et d'un mouvement rapide, il attaqua Ayrin et mini Pan d'Orr, totalement sans défense.
Par tout ce qui brille ! Il voulait tuer Pan d'Orr pour détruire irrémédiablement ce monde ! Et nous
avec !
Cauchemar
Si près du but ! Non !
Svynge s'élança vers Pan d'Orr et moi.
Dos au dragon.
Ne fais pas ça !
Les griffes mortelles la traversèrent de part en part.
Du sang chaud m'éclaboussa le visage.
Le temps se figea. Tout s’arrêta.
Le sang rouge coulait de la bouche de ma sœur.
Elle nous souriait à Pan d'Orr et moi.
Zhaïtan tomba derrière elle. Il était mort, définitivement.
Svynge s'agenouilla, puis s'affaissa au sol.
Le sang se répandit tout autour d'elle.
Le rouge carmin contrastait avec le décor gris et austère.
Je n'osais y croire. C’était un cauchemar, hein ?
Tu vas te réveiller Ayrin ? Allez réveille-toi !
C'est un cauchemar, réveille-toi !

Oh non, pas ça. Ayrin hurla son désespoir et prit Svynge dans ses bras, qui se teintaient du
sang de notre gardienne. Svynge gardait les yeux clos. Pug, Guess, je vous en prie,
déchaînez-vous !

-

Pug ! Viens vite, on a un problème !

Devant moi, le corps de Svynge fut saisi de spasmes et l'instant d'après, plus rien. Son corps
était traversé de part en part par de vilaines blessures. Mortelles. Son corps se vidait de son
sang à une vitesse effrayante !
Pug et moi mîmes tout notre savoir pour soigner le corps de Svynge, nous étions épuisés mais il fallait
tenter. Je t'en prie Svynge, vit !
Cauchemar
Enfin, c'est fini. Je savais que nous avions vaincu lorsque j’entedis Zhaïtan pousser son
dernier souffle.
Félicitations tout le monde. Vous avez la classe.
Chialez pas, ça sert à rien. C'est fini pour moi, mais aussi courte fut-elle, j'aurais eu une vie
bien remplie. Grâce à vous. Je n'échangerai ma place pour rien au monde. Ca a été un honneur de
vous connaître. Ayrin, t'es toujours aussi jolie. Prends soin de toi surtout, déconne pas, ponds plein
de marmots et fais ce que tu veux, mais prends soin de toi surtout.
Je sentais la froide mort s'approcher. Salut coquine, je suis sure que t'attendais ce moment avec
délectation.
...

-

Ainsi donc c'est ici que nos chemins se séparent ?
J-A ? J'en ai bien l'impression ouais...
Ca a été un honneur de me battre à tes côtés.
Je finissais par m'habituer à toi même si t'as un sale caractère, j'avoue.
...
Jormun-Anda ?
Oui Svynge ?
J'aimerais que tu me fasses une promesse, la dernière demande de la condamnée...
Je t'écoute ?
Je t'en prie, ne fais pas de mal à ma famille, ni à mes amis. Je ne te demanderai pas jusqu'à
veiller sur eux, mais fais gaffe à ne pas leur faire de mal.
J'essayerai. Est-ce tout ?
Ouais.
Bon voyage ma belle. Adieu.

Je sentais l'Onitopie attendre patiemment la fin de notre discussion entre J-A et moi alors que la vie
s'échappait doucement de mon corps. Je les voyais autour de moi, du moins je les sentais, Ayrin,
Nezu, et tous les autres. Je gardais les yeux clos. Désolé les amis, les adieux c'est pas mon truc.
Prenez soin de vous. L'Onitopie finit par s'adresser à moi de sa voix mélodieuse :
-

Veux-tu que je te donne un peu de force pour prendre le temps de faire tes adieux à tes amis
?
Non, merci. Veille sur eux surtout.
Soit. Es-tu sure de vouloir nous quitter ?
Oui, faut pas m'en vouloir. Tout ça dépasse mes forces.
Nous ne t'en voulons pas. Es-tu sure de ton choix ? Tu es plus forte que tu ne le penses.
Sûre. Prends soin de tout ceux qui prennent soin de toi. Si tu vois ce que je veux dire.
J'essayerai de comprendre tes paroles. Adieu, Gardienne. A jamais tu seras liée au Rêve et ta
mémoire restera éternelle.
Cauchemar
-

Merci. Adieu mec !
Mec ?

Son cœur s'était arrêté de battre. Elle ne respirait plus. Pug baissa les bras à côté de moi.
-

Elle voulait partir. Nous n'y pouvions rien.

Pug ferma doucement les yeux de notre norn tandis que les miens s'embrouillaient de
larmes. Alia et Parousir déboulèrent derrière nous.
-

Pug, Guess, ça urge, ils sont en train de claquer !

Ca n'en finira donc jamais ? Lazare et Pan d'Orr étaient vraiment mal en point. Sans prendre le temps
d'une pause, nous exécutions déjà les premiers soins pour atténuer leur douleur. Parousir reprit la
parole :
-

Svynge ? Qu'est-ce qu'elle a ?
Elle est partie, Parousir, lui répondit Pug. Je suis désolé, nous ne pouvions rien faire.
Quoi ? Tu te fous de moi ?

Le charr s'élança auprès de son élève. Il lui donnait de virulentes claques, la secouait.
-

Réveille-toi bordel ! Tu m'as promis de revenir ! Réveille-toi !
Parousir, je t'en prie. Elle est morte !
Impossible ! Réveille-toi, allez, fais-pas la conne ! Reviens !

Le silence s'était imposé sur le champ de bataille. Plus personne n'osait s'exprimer. Seuls les
sanglots d'Ayrin se mêlaient au vent, et d'autres sanglots dont je ne taierai les noms mais
auxquels je me joignais.
Tu t'es battue comme une grande guerrière Svynge, à jamais tu resteras dans nos cœurs.
Repose en paix. Puisses-tu atteindre les Rêves.
Un bruit me fit sortir de ma courte prière. Une des têtes de Zhaïtan sifflait. Oh non, ne me dites-pas
qu'il régénère ?
Pajim s'approcha de la tête sifflante. Fébrile, elle enfonça droit son bras dans le naseau de l'animal.
Elle en ressortit Soupolé, alors couverte de morve. Pajim, folle de joie, étreignit la pauvre chouette
pleine de vie contre son visage. Beurk.
Je regardais maintenant petite Pan d'Orr, qui fixait le corps de notre norn sans comprendre. Avaitelle réalisé ce qui venait de se passer ? Avait-elle compris que son père avait cherché à la tuer pour
tous nous détruire ?
Elle aussi par la même occasion.
Cauchemar
Avait-elle saisi que ce sacrifice nous coûtait horriblement cher ?
Elle finit par se tourner vers Ayrin, qu'elle prit dans ses bras. La petite fille se mit à pleurer de
chaudes larmes.
C'est fini. Nous avons gagné. Mais à quel prix ?

-

Parousir, merde, arrête !

Le charr, de rage, enfonça son poing dans le mur sans guère de difficulté. Puis il finit par
tomber à genoux devant Svynge, marmonnant je ne sais quoi. Il pleurait.

-

- Pug, Guess, comment vont les autres ?
Ca va, il semble que ce soit fini. Plus de blessures à répertorier.
Et pour Pan d'Orr et Lazare ?
Leur état semble se stabiliser.
Bien, il est temps de les faire sortir je pense.
Oui, ça me semble raisonnable.

Guess approcha ses mains de la corde liant Lazare à Pan d'Orr. Délicatement et lentement, elle délia
le lien...

-

- T'en vas pas, maman.
- Je ne peux rester ici ma petite puce, tu le sais bien.
- Ne me laisse pas toute seule, je t'en prie.
- Je n'ai pas ma place ici, c'est chez toi.
- Mais moi je veux pas que tu partes.
Je resterai toujours à tes côtés, là-bas, dehors, dans le monde dont je t'ai parlé.
Je viens avec toi alors.
Tu ne peux pas. Tu le sais, je te l'ai déjà expliqué. Car tu es déjà là-bas. Fais moi confiance, je
te promets de rester toujours prêt de toi, on se quittera jamais.

Pan d'Orr sanglotait et parlait du nez. On s'était bien habituée l'une à l'autre c'est vrai. Mais je ne
pouvais rester ici. Ce n'était pas ma place. Et je ne lui mentais pas en lui disant que je continuerai de
veiller sur elle de l'extérieur. C'était une petite fille intelligente, je pense qu'elle comprenais. Elle me
fixait de ses petits yeux bleus :
-

Je suis désolée, me dit elle en pleurant.
Désolée ? Désolée pour quoi ?
Pour ta sœur, je ne voulais pas…
Ce n’est pas de ta faute Pan d’Orr. Tu le comprendras avec le temps. Mais ce n’est pas de ta
faute.
Adieu maman.
Au revoir ma petite puce, à tout de suite dehors.
Cauchemar
...
...
Svynge ?
T'es pas morte hein ?
Hein ?
Hein que t'es pas morte.
Youyou.
Pourquoi tu me réponds pas.
Eh oh, je suis là.
J'aurais eu droit à une ou deux baffes de ta part déjà là.
Eh oh réponds.
Kesketufous ?
Svynge ?

-

Nezumy ?
Ah j'en étais sur !
C'est moi, J-A, ce serait sympa de pas m'oublier ici.

Sans un mot, Nezumy avait ramassé l'arme de Svynge qu'il avait préalablement enveloppée
d'un tissu. Il n’allait pas bien, comme nous tous, mais lui plus que tous les autres. Comment
réagirait-il à l'avenir quand il aura bien réalisé le drame qui venait de se passer. On te
lâchera pas Nezu, t'en fais pas.
Le décor commençait à se flouter. Ca y'est, le départ ? Une vive lueur blanche nous fit tous fermer
les yeux. L'Onitopie ? Quand nous pûmes de nouveau regarder, le corps de Svynge avait disparu !
A sa place se dressait un jeune chêne, au feuillage argenté, magnifique !
Du pied de l'arbre, les plante colorées et splendides se répandaient sur ce monde. Grimpant sur les
ruines austères, recouvrant le gris de ce monde de mille et une couleurs chatoyantes. Même Zhaïtan
disparaissait sous la couverture végétale.
Voilà à quoi ressemble notre norn finalement ? Nous sommes fiers de toi. Pan d'Orr sera en sécurité
avec toi dans le coin.
Cauchemar
Je ne pus m'empêcher de remarquer une chouette au plumage argenté sur l'une des branches du
jeune chêne.
Svynge ?
La chouette prit son envol et se posa délicatement sur l'épaule de petite Pan d'Orr que la petite fille
regarda regarda, émerveillée.

C'est moi ou cette chouette venait de me faire un chouette clin d'œil ?
Ces yeux jaunes et chouettes... Je les reconnaissais que trop bien !
Hu hu, je savais bien que t'étais coriace ma belle. Prends soin de toi.
On se dit « à la revoyure ». Dans une autre aventure. On se prendra une bonne biture.
Et tout recommencera, sans fioritures.
Alors que le décor se dissipait et que je voyais Svynge et Pandorrette déjà faire connaissance, je ne
pus m'empêcher de me poser une question.
-

Aboune ?
Nezu ?
On va regagner nos corps là.
Oui probablement.
Mais Ayrin, elle n'a pas plus de corps, je me trompe pas ?
Euh, non, tu te trompes pas...

Ca y'est, c'était fini. Les vents me soufflaient la défaite du Cauchemar. Une grande bataille
qu'ils s'empressaient de me raconter. Le Rêve avait triomphé. Mais la guerre était loin
d'être finie et d'autres batailles seront livrées. Mais cette victoire nous fera à tous un
énorme bien.
Alors que j'étais partie pour me défaire du lien m'unissant au monde, des paroles portées par les
vents ne manquèrent de me surprendre :
-

Elle est revenue. Oui revenue.
C'est elle ?
C'est elle.
Impossible !
Possible !
Attendons pour savoir.
De quoi parlez-vous à la fin, finis-je par demander un peu agacée devant ce méli-mélo
d'énigmes.
La Chouette, elle est revenue.
La... chouette ?
Cauchemar
Les vent filèrent à toute allure, me laissant dans l'expectative la plus totale. La chouette ? Mais de
quoi parlaient-ils enfin ? En quoi une chouette mettrait l'élément du vent dans tous ses états ? A
moins que...
Bon sève ! L'esprit des norns ? Que je me rappelle... La Chouette se serait sacrifiée il y a de cela une
génération face à Jormag pour permettre à son peuple de fuir. Il est dit qu'elle se fit détruire mais
certains esprits têtus comme Svynge ne voulaient l'admettre. Comment cet esprit aurait pu revenir
d'entre les griffes de Jormag ?
Tout à l'heure, c'est vrai, j'ai senti le souffle de Jormag dans la bataille. Luttant étrangement contre le
Cauchemar. Tout ça me paraissait bien flou et je n'y comprenais plus rien. Ne pouvant que me
répandre en hypothèses, je repris mon sac et m'enfonçait dans la nuit sombre, à la recherche de ma
chère Ælwynn.
Une page venait de se tourner dans l'histoire de la Tyrie. Même si tout restait énigmatique, j'étais
convaincue d'une chose : Onitopia y était pour quelque chose. Le premier chapitre d'une grande
histoire venait de s'écrire et ses auteurs en auront encore de nombreuses à vivre. Au nom du Rêve et
de l’amitié l’encre coulera encore et les pages se rempliront des mots les plus doux qui soient.

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Chapitre31 brouillard
 

Cauchemar

  • 1. Ca coûte rien de demander poliment. Je n’avais pas envie de mourir. C’est pas comme ça qu’on traite un homme qui t’aime. Un jeu d’enfant que de vous exterminer. Ca tombe bien, je suis d’humeur joueur Mesdemoiselles. Enchanté. Elle était agenouillée à même la neige, l’écume aux lèvres, sur le palier de Dame Folie. Du sang m’éclaboussa le visage. Cauchemar Elle en ressortit Soupolé, alors couverte de morve. Onitopia, la naissance d’une guilde Kesketufous ? Parousir me prit dans ses bras, fait exceptionnel et probablement unique dans toute une vie. C’est un cauchemar. Je vais me réveiller. Illustration : Nightmare (by Hibbary) Le plan était simple… Youyou ? Elle est revenue. Oui c’est elle. C’est elle ? Impossible ! Possible ! Attendons pour savoir. Poum poum Je pense qu’elle était aupoum. delà de toute douleur C’est moi ou cette Où suis-je donc imaginable. chouette vient de me depuis tout à faire un chouette clin l’heure ? d’œil ? Une page venait de se tourner dans l’histoire de la Tyrie
  • 2. Cauchemar : Ælwynn Wintersong (humaine, élémentaliste) : Svynge (norn, gardienne) : Nezumy (asura, ingénieur) : Pug (asura, élémentaliste) : Alia Arkady (humaine, voleuse) : Shalimar (sylvari, élémentaliste) : Ayrin Fields (humaine, guerrière) : Aboune (asura, envoûteur) : Stathor (asura, ingénieur) : Guess (humaine, élémentaliste) : Lianis (sylvari, élémentaliste) : Agaéti (sylvari, gardienne) : Altyon (sylvari, voleur) : Lazare (humain, nécromant) : Pogonar (humain, guerrier) : Gledinia (norn, rôdeuse) : Pajim (norn, rôdeuse) : Yaddle (charr, guerrière) : Oméga (asura, guerrier) : Splif (asura, élémentaliste) : Pan d’Orr ( ?)
  • 3. Cauchemar Nezumy était rentré dans la chambre de Pan d'Orr tandis que le vent grondait à l'extérieur, faisant ployer les branches des arbres et glissant sur les fenêtres en projetant quelques feuilles emportées ou de petites branches, claquant sur le verre en émettant des sons mats. La lune éblouissante filtrait par intermittence à travers de lourds nuages gris, illuminant d'une lueur blafarde les couloirs de l'auberge. Nous retenions notre souffle sur le pas de la porte. Qui s'entrouvrit en grinçant légèrement. La tête de Nezumy apparut à travers l'entrebaîllement : - C'est bon , elle dort. Venez venez. Une petit bruit se fit entendre derrière nous, comme si de nombreux osselets venaient de tomber au sol. Lazare venait discrètement d'exploser son lapin. Il récupérait les os à même le sol. - Prenez-ça, dit-il, en nous tendant à chacun un os. C'est ce qui nous reliera entre les deux mondes. Le plan était simple : tandis que Lazare resterait lié à Pan d'Orr, ceux qui entreraient dans le monde des esprits se positionneraient en retrait dans le couloir, chacun tenant un os du lapin, ce qui devrait nous lier magiquement au nécromant par l'intermédiaire de l'Onitopie, et nous faire entrer de fait dans le monde des esprits. En espérant que cette tactique fonctionnât. Parousir et Alia avaient la charge de protéger Lazare au cas où, tandis que Pug et Guess veilleraient près de nos corps en méditation. Si j'avais bien compris, nos enveloppes physiques resteraient ici tandis que nos esprits seraient là-bas. Une vraie misère qui me donnait une migraine bien violente. Toutes ces théories, trop pour moi. En fait, pour faire plus simple : on arrive devant Zhaïtan, on lui déglingue la gueule. Simple. Efficace. Ceux qui attaqueront à distance se mettraient en retrait, comme Nezumy, Stathor, Pajim et Gledi. Ils seront couverts par certains d'entre nous, comme Splif, Pogonar, Lianis et Aboune. Les autres rentreraient dans le tas. Ma partie préférée. Dont je faisais partie, avec Oméga, Altyon, Agaéti et Yaddle. Ælwynn nous aurait été d'un secours exceptionnel pour cette bataille, elle qui avait déjà eu l'occasion d'affronter Zhaïtan. Malheureusement, nous devions faire sans et agir à notre sauce. Il avait fallu une armée pour vaincre le dragon ancestral la première fois. Nous n'étions pas une armée, mais l'Onitopie nous soutenait et la bravoure de chacun d'entre nous n'était plus à remettre en question. De plus, Zhaïtan n'avait pas encore eu le temps de récupérer toutes ses forces, il fallait aussi compter là-dessus pour lui exploser proprement la gueule. Tous nous nous regardâmes une dernière fois. Parousir me prit dans ses bras, fait exceptionnel et probablement unique dans toute une vie. - Fais gaffe à toi gamine, je veux te retrouver en un seul morceau. T'inquiètes tonton, tes leçons vont prendre tout leur sens là-bas. J'y compte bien.
  • 4. Cauchemar Tout le monde était prêt. Lazare entra silencieusement dans la chambre. Nous le suivions sans un bruit avec Parousir. Le nécromant s'assit sur le bord du lit et délicatement prit la main de ma petite sœur. L'Onitopie lévitant commençait à briller derrière lui. Dans le couloir, nos compagnons, assis s'étaient silencieusement, concentrés et inquiets. Lazare lia la corde autour du poignet de Pan d'Orr, qui dormait toujours, heureusement, et lia la même corde autour de son propre poignet. Tout était prêt, tout se passait bien. Pourvu qu'elle ne se réveille pas ! Le rituel commençait. L'Onitopie brillait maintenant d'une lumière pure et intense. Derrière moi, tous fermèrent les yeux un à un, étant transporté tour à tour de l'autre côté. Svynge fut la dernière à partir. Bonne chance. La voix de Lazare me fit sortir de mes contemplations : - Oh oh... Pan d'Orr avait les yeux ouverts, entièrement verts, et nous fixait, furieuse et fulminante. La grande bataille avait commencé. Nous étions de l'autre côté. Comme on me l'avait décrit, le paysage était gris et austère. Les ruines de bâtisses de facture humaine se dessinaient autour de nous maintenant. Les cieux étaient étranges, lourds, gris, mais sans nuages, sans oiseaux, vierges de tout élément normal, zébré par ailleurs de fissures sombres, craquelant ces cieux étranges dans tous les sens. Si de mon vivant on m'avait dit que j'entrerai dans la tête de quelqu'un un jour... Suisje bête, je suis vivant. Enfin pour le moment. Car le hurlement de Zhaïtan ne me fit pas reprendre lentement mes esprits. Le dragon se tenait au centre de la scène, des volutes de fumée verte se dégageaient de son corps pour filer droit vers les fissures de la voûte. Quelle était cette magie diabolique ? A mon avis, il transmettait une partie de sa puissance à l'enveloppe physique de Pan d'Orr par cet intermédiaire. Est-ce dire que c'est déjà en train de chauffer en surface ? Cela signifierait aussi que Zhaïtan était au courant de notre venue et que nous sommes tombés droit... dans son piège ! Ma sœur se relevait doucement, les yeux plus verts que des émeraudes, faisant fi de Lazare qui était maintenant solidement lié à elle. Elle me fixait de ses yeux qui me rappelaient trop de mauvais souvenirs, ceux de mère il y a peu. Pan d'Orr ouvrit la bouche pour s'adresser à nous, mais sa voix n'avait plus rien d'humain, elle était lourde, lugubre, insidieuse, grave, menaçante... En un mot : terrible. - Misérables mortels, comment osez-vous vous attaquer au tout-puissant Zhaïtan ? Zhaïtan, je t'ordonne de sortir de ce corps ! lui-répondis-je au quart de tour. Son rire caverneux résonna à travers toute l'auberge, peut-être même à travers tout Hoelbrak, et nous inspira une terreur que nous dûmes vites réprimer. - Tu m'ordonnes ? Tu m'ordonnes ! Idiote ! Ta prétention te perdra ! Ca coûte rien de demander poliment...
  • 5. Cauchemar Sans prévenir, Pan d'Orr se jeta sur moi avec une vélocité impressionnante ! Une légère secousse s'empara des lieux. La fumée qui sortait du dragon finissait de se dissiper. Il tourna ses têtes vers nous, et rugit à notre encontre à en percer les tympans. Cet adversaire n'avait rien à voir avec ce que nous avions affronté jusque là ! Le dragon massif s'avançait tranquillement vers nous, pas à pas, et chacune de ses têtes semblaient nous dévisager un par un. L'hydre que nous avions affrontée quelques temps auparavant était de la rigolade en comparaison. Zhaïtan devait facilement être trois fois plus gros. Encore heureux qu'il n'ait pas fini sa croissance. La peur s'emparait de moi, vicieusement. Je ne comprenais que trop tard, le dragon s'insinuait dans nos esprits pour nous inspirer la terreur, et ça marchait ! Mon corps ne répondait plus. J'avais du mal à retenir Perte et Fracas. J'avais envie de la lâcher et de fuir à toutes jambes. Le salaud ! C'est lâche ! Viens te la coller proprement Zhaïtan, épargne-nous tes tours de magie ! Soudain, un coup de feu retentit, puis un autre, et un troisième. Je vis Nezumy et Stathor, fusils en main, tirer sur les têtes du dragon. Les balles firent mouche, et percèrent même un œil d'une des nombreuses têtes du prédateur, faisant couler un sang vert et visqueux. Zhaïtan hurla. Sa déconcentration nous permit à tous de reprendre nos esprits. Avec le plus grand des courages, chacun d'entre nous se jetait maintenant sur le dragon, arme en main. Yaddle fut la première à entrer au contact. Zhaïtan essaya de me mordre, petite esquive en roulé boulé, bonne taillade sur la joue de cette tête. T'es trop lent mon gros. Je m'approche de ta poitrine. Une autre tête. Saut bien calibré, je me retrouvai dessus. Hu hu. Sur sa tête. Pas le temps de finasser. Svynge nous a dit : au cœur, alors le cœur, ça doit se trouver quelque part dans le poitrail de cette saloperie. Avant que la tête sur laquelle je m'étais perchée ne réalise ce qui venait de se passer, j'en descendis promptement pour courir devant, droit devant, droit au cœur. La barrière des têtes était franchie, je n'étais plus qu'à quelques petits et putains de mètres de son corps. La patte du dragon vint vers moi à une vitesse fulgurante. Par réflexe, je tentai une esquive rapide, un peu tard : ses griffes me déchirèrent la hanche. Mais il m'en fallait plus pour m'arrêter ! Je plantai mon espadon droit dans le thorax de l'ignoble créature qui puait la mort. La bête tressaillit un instant, mais resta formidablement trop debout. Dans mon dos, une des têtes me mordit à la jambe déjà blessée, et me fit voler quelques dizaines de mètres pour m'éclater dans une maison pourrie. C'était impressionnant ! Je n'en revenais pas ! Sous les jolis yeux de Guess et des miens, le corps de Yaddle, alors en méditation, s'agita. Une méchante balafre se dessina sur sa cuisse, comme si de grandes griffes étaient passées par là. Le sang en coulait à flot. Puis d'autres blessures apparurent, comme des morsures. Guess et moi nous mîmes en devoir de la soigner en appelant à l'élément de l'eau, fort présent et consentant vu le climat à
  • 6. Cauchemar l'extérieur, ce qui allait nous faciliter la tâche. Derrière nous, la bataille faisait rage, et la sœur d'Alia s'était manifestement réveillée. Incroyable ! Ma sœur venait d'invoquer une sorte de faux en tendant son bras droit. L'arme menaçante dégageait des effluves mortelles. C'est alors qu'elle prit enfin conscience de la présence de Lazare ficelé à son corps, totalement absent. Lazare était ailleurs, concentré pour faire la passerelle entre nos compagnons et le monde des esprits, soutenu par l'Onitopie. Il ne pouvait donc réagir et c'était très problématique pour Parousir et moi. Mais on avait un avantage ici : l'espace était trop étroit pour qu'elle puisse manier avec liberté son arme. Néanmoins, vive comme l'éclair, elle plongea le tranchant de son arme droit vers le cou de Lazare. Tranchant qui se heurta à l'épée de Parousir heureusement. - Tut tut tut, ma petite pétasse, c'est pas comme ça qu'on traite un homme qui t'aime. Pan d'Orr rageait. - Tu m'as surpris la première fois, tu ne m'auras pas la seconde, chérie, surenchérit Parousir. Elle dégagea son arme et la pointa droit sur moi. Trop loin pour me toucher. Mais une vague de froid m'envahit. Sans plus. Quoi ? Pourquoi je n'arrive pas à la cloner ? C'est pas normal ! Merde, c'est vrai ! Il me faut accéder à ses pensées pour la cloner. Et ses pensées me sont toujours inaccessibles ! Saloperie d'humaine. Si ça marche pas sur elle, je sais que sur le charr ça ne pose pas de problèmes. Bon, dragon... Si on ne te tue pas dans ton propre vomi mon gros, après une bonne indigestion de champignons bien vénéneux, les flèches parleront d'elles-mêmes. Alors que Yaddle passa à côté de Gledi et de moi après s'être mangée une belle baffe, nous tirâmes sans relâche nos flèches, tandis Nezu et Stathor sur ma gauche vidaient leurs balles sur la créature. Nos traits faisaient mouche sans difficulté vu la taille du monstre, mais ressemblaient plus à des piqûres de moustiques qu'autre chose. Il ne fallait pas désespérer. Même le plus petit des quaggans peut avoir raison du krait. Soupolé s'élança. Vas-y ma belle ! Petite comme elle est, elle devrait passer inaperçue. A ma grande surprise, elle ne se défila pas, et perfora même un œil de ses griffes acérées. Malheureusement, sans que je ne puisse réagir, Zhaïtan prit une puissante inspiration, et ma chouette se trouva violemment aspirée dans un de ses naseaux, pour ne plus jamais en ressortir. La colère et le désespoir s'empara alors de moi, mais c'était pire pour mes compagnons, car de cette inspiration...
  • 7. Cauchemar Oh merde. Je sentais bien qu'un truc clochait lorsque le dragon avait reculé toutes ses têtes pour inspirer une grande bouffée d'air. Tout à coup, une vague de flammes vertes fut crachée sur nous et allait nous balayer comme des brins de paille. Heureusement, Altyon et Svynge étaient restés à mes côtés, contrairement à cette têtue de Yaddle qui s'était faite valdinguer sans coup férir. Je puisais dans mon énergie et dressait d'un mouvement fluide et rapide une barrière d'énergie devant nous pour encaisser la vague de flammes qui fonçait droit sur nous. Allait-elle être assez solide ? Mes oreilles ne me jouaient pas des tours. Non, j'en suis sûre. Des bruits de bataille. On se battait ! Oui ! Petite Pan d'Orr était impossible à réveiller, je ne savais pas pourquoi. Je me précipitai vers l'origine des bruits. A ma plus grande surprise, et pour mon plus grand bonheur, je retrouvai mes compagnons d'Onitopia, vendant chèrement leur peau au milieu des ruines. Il se battait avec l'énergie du désespoir. Une vague de flammes verte engloba Agaéti, Altyon, et ma petite sœur lorsque j'arrivai. Oh non ! Une fois la vague passée, ils étaient toujours debout, intacts, s'élançant déjà armes en main, en criant de rage sur Zhaïtan. Vite, les aider ! Pogonar, en me voyant, me jeta une courte épée de sa ceinture. C'était le moment de se battre pour la liberté. J'essayai une passe rapide sur Pan d'Orr en réponse à son geste, mais elle esquiva sans difficulté mon attaque. Je ne voulais pas la blesser, ça rendait mes gestes trop lents, trop prévisibles. Je voulais la garder en vie ! C'est ma sœur... Est-ce que Parousir le comprendra ? Quoi qu'il en soit, elle braqua son arme droit sur le charr, et un clone de lui, sous mes yeux stupéfaits, prit naissance. Il était en tout point identique à Parousir, mêmes les armes et les habits ! Mais notre Parousir original ne se fit pas surprendre et aussitôt saisit son double au niveau des cervicales et lui fit une méchante rotation, explosant les vertèbres du cou sans fioritures. Parousir hurla de douleur, et son clone s'évapora aussi vite. - Petite conne, tu ne m'auras pas deux fois avec tes tours de passe passe. En guise de réponse, un petit rire malsain. Déjà deux clones supplémentaires de Parousir étaient apparus, l'un sur lui, l'autre sur moi. Les blessures allaient bon train, rien de bien grave pour le moment. Faciles à soigner. Mais ça devait chauffer sévère de l'autre côté. Vents et furvents, même si on avait un rôle indispensable Guess et moi, j'aimerais tellement me tenir à leur côté, dans cette terrible bataille ! J'avais sincèrement peur pour eux.
  • 8. Cauchemar Pouf pouf pouf, ça se bataillait dur devant. Svynge, Altyon et Agaéti esquivaient comme des malades les attaques furieuses du dragon. Mais un coup de queue mal placé les fit projeter quelques mètres en arrière. Woups. Ils étaient sonnés. Papa dragon pas content, il se ruait sur nous. A nous de jouer ! Seuls deux éléments m'étaient réceptifs dans ce monde, l'air et la terre. Avant que le dragon n'arrivât à notre contact, je déchainai le vent que j'avais préparé sur le corps du dragon. Les bourrasques étaient terribles, et même un maouss costaud comme lui ne pourrait encaisser ça ! Ben en fait si. Merdouille. Il pèse son poids le coquin, et certes les rafales le ralentissaient, mais pas suffisamment. Bientôt, il serait en contact avec nos tireurs. Pas bon. Heureusement, maître Splif était entouré de joyeux compagnons sur lesquels il pouvait compter. Tandis qu'un nombre incroyable de clones d'Aboune s'élançait sur Zhaïtan, je finissais mon invocation en appelant à Mère Terre. Il me fallait un peu plus de temps. Juste un peu. Poussières et gravats se mêlaient à la tempête de Splif, empêchant la créature de cauchemar de se mouvoir à son aise. Les clones d'Aboune se faufilaient entre ses pattes, certains se faisant croquer tout cru, d'autres se faisant écraser sans autres formes de procès, mais déconcentrant suffisamment notre adversaire pour s'approcher de nous. Soudain, une voix éclata dans ma tête, vicieuse, serpentine, puissante ! - Utilise-moi ! Nous, nous sommes en mesure de le vaincre ! Accepte-moi ! Et deviens reine ! Et moi ton roi. Je luttais contre cette puissance terrifiante. Mais terriblement alléchante ! Oui, c'est vrai. Avec elle, je pourrai vaincre. Avec cette force, Zhaïtan tomberait ! Oui, avec... En esquivant un gravât, Nezumy me bouscula sans le faire exprès. - Sorry sorry jolie sylvarie, tu me couvres le temps que je recharge ? Ce fut la décharge, le choc. Non ! Je ne gagnerai pas avec cette force insidieuse. Bien sur que non ! Je remporterai la victoire avec mes compagnons, pour eux et pour moi, en leur compagnie, unis dans l'adversité, dans le rêve, et non dans le cauchemar ! Merci Nezu. Mon invocation se terminait, les blocs de pierre s'assemblaient. Mon golem était né et se rua droit sur l'ennemi. Je ne sais pas pourquoi, mais ça ne me disait rien d'affronter une copie de Parousir. Toute jeune qu'elle était, ses coups étaient d'une précision remarquable et son art meurtrier. J'esquivais les attaques non sans récolter quelques estafilades. Un coup savamment porté droit dans le cœur fit s'évaporer mon adversaire. Juste à temps, car alors que Parousir se démenait déjà avec trois de ses propres copies, je vis Pan d'Orr diriger de nouveau sa lame
  • 9. Cauchemar sur le cou de Lazare. Je me jetai sur elle, retenant son bras fatal. Elle se débattait. Je m'accrochais. Elle avait une force inouïe. Elle me projeta à travers la porte de la chambre. Je me retrouvai au milieu de tous les autres, légèrement sonnée. Oh oh. Alia traversa la porte en bois en la faisant éclater pour buter sur le mur. Sonnée, elle secouait la tête pour essayer de reprendre ses esprits le plus vite possible. Et j'espérais qu'elle les reprenne rapidement, car la voix sifflante de Pan d'Orr se fit entendre tandis qu'elle nous regardait avec délectation. - Ah, vous êtes ici. Tous ici. Un jeu d'enfant que de vous exterminer. Elle se dirigea vers nous, totalement absorbés dans nos soins, totalement pas prêts à nous battre. Là, ça sentait vraiment le drame. Soudainement, le rugissement de Parousir nous stoppa tous, Pan d'Orr comme Alia et Guess. Il venait de repousser violemment ses clones et se jeta sur Pan d'Orr comme un ouragan qu'il entraîna, d'une poigne ferme, à travers la vitre, volant alors en éclat sur leur passage, pour atterrir quelques mètres plus bas dans la neige d'Hoelbrak. Nous avions un répit. Vents et furvents, dépêchez-vous je vous en prie, dépêchez-vous de faire choir Zhaïtan ! Alors que la tempête faiblissait, le golem de rocs, de forme humanoïde, invoqué par Lianis, s'élança sur le dragon. Sans réfléchir, je m'étais agrippé à son pied - enfin un truc qui ressemblait à un pied - et me retrouvai instantanément au niveau du dragon. Tandis que le golem asséna un terrible coup de poing dans l'une des têtes de Zhaïtan, je me faufilais maintenant entre les pattes du dragon, à tailler comme un fou furieux tendons et parties que je supposais sensibles. Le sang vert coulait sur mon passage, mais les immenses pattes du dragon se déplaçaient constamment, manquant plusieurs fois de m'écraser. Sous le ventre de l'animal, je taillais et découpais comme un fou furieux. Le combat de titans était violent : des blocs entiers du golem se faisaient arracher à chaque morsure, mais les coups portés par la création de Lianis produisaient des sons mats d'une violence inouïe. Spectateur privilégié, je vis le golem saisir une des têtes de Zhaïtan et lui arracher la dite tête sans autre forme de procès. Alors que Svynge, Altyon et Agaéti revenaient au pas de course, ainsi que Yaddle, le dragon prit son envol. Du haut des cieux, il cracha une nouvelle vague de flammes ! Wout wout, pas bon ça. Ouh là là, pas de gardiens prêts de nous, tout le monde qui se disperse un peu par un peu, le dragon nous sépare. Et les flammes qui vont nous avaler tout cru. Regrettant de ne pas être aussi puissant que je le voudrais, j'eus juste le réflexe de prendre Stathor par la main avant de déclencher mes bottes fusées, ce qui nous projeta loin du danger, mais pour ce qui était de Lianis, Pajim et Gledinia, je ne pouvais désespérément rien faire. Je vous en prie, trouvez une solution !
  • 10. Cauchemar Poum poum poum. Où suis-je depuis tout à l'heure ? Tout est flou ici, tout est chelou. C'est l'horreur. Une sorte de vide désagréable. Des battements de cœur ? Rapides, inquiets, apeurés. Ceux de ma dulcinée ? Oui c'est elle ! Le cœur de ma bien-aimée. Je le reconnaitrai entre mille. Ma pauvre petite Pan d'Orr, mon idylle. On va t'aider, te fais pas de bile. Ah tiens, qu'est ce que c'est ? Jouant à la balle, une petite fille Avec une autre petite fille ? Mesdemoiselles. Enchanté. Vous ne m'entendez pas ? Flute. Attendez, je vous reconnais. Zut de zut… Certes, sur ! Pan d'Orr, Alia ! Toutes petites. Trop mimis ! Mia ! C'est donc à ça que tu aspires ma bien-aimée... A la pureté... Zhaïtan, ignoble démon, corrompre une âme si pure... Tu vas le payer ! Enfoiré de charr. Alors que je tenais les autres ! Il va me le payer ! Ma faux. Où est ma faux !? - - Ca tombe bien, je suis d’humeur joueur. C'est ça que tu cherches coquine ? - Rends-là moi ! Ah ah, ouais c'est ça, compte sur moi. Le sauvage s'élança sur moi, épée dans une main, faux dans l'autre. Il moulinait dans tous les sens et si je n'arrivais pas à lire dans ses pensées, je serais déjà taillée en rondelles. Mais c'était un fin stratège, et ses pensées filaient à toute allure, et chaque esquive se jouait de peu, ne manquant de me tailler le corps à l'occasion. Je me servais de Lazare comme bouclier humain ce qui nuisait clairement au charr. D'un geste rapide, je sortis une dague de ma ceinture et la pointai droit sur le cou de Lazare, figeant net mon adversaire. Aïe ! Ouh ! Une douleur fulgurante au niveau de mon cou Se fit ressentir. Triste sir ! Allais-je mourir ainsi, si proche de toi mon aimée ? Ce serait un réconfort oui. Car autour de moi, rien pour m’aider. Et si mes compagnons avaient échoué,
  • 11. Cauchemar C’est ici que je finirai. La main glaciale de Dame Mort m’empoignait. Je la sentais, la coquine. Mais je n'y croyais… Car d’échec Onitopia ne connaîtrait. La vague de flammes déferla droit sur nous. Ma vie défila sous mes yeux. J'étais rassurée, il y avait plein de détails dans ma vie, comme quoi se lever tôt remplit une vie. Alors que je m'apprêtais à faire mes adieux, je n'avais pas tout de suite remarqué Aboune qui avait crée un portail pour emmener en vitesse loin du crime cette chère Pajim. J'en étais heureuse. Ils seront en vie. Mais je pleurais. Je n'avais pas envie de mourir. Vraiment pas ! Les flammes m'englobèrent, lorsque tout à coup elles se divisèrent en deux. D'un côté, Splif, qui avait invoqué une tempête in extremis pour repousser la menace d'un côté, de l'autre côté Lianis qui absorbait les flammes avec son bâton. Si ça ce n'était pas un travail d'équipe ! Profitant de l'occasion, j'armai mon arc de trois flèches et les décochai à corde tendue, droit sur le ventre du dragon. Elles se fichèrent proprement, faisant hurler le dragon, mais qui continuait à s'envoler vers la voûte craquelée. Nous vîmes tous le dragon se cogner contre les cieux, essayant de forcer le passage, tentant de percer la voûte par une des fissures. Il cherchait à s'enfuir ! Merde ! Du haut de la fenêtre, je vis Pan d'Orr déterminée enfoncer sa dague dans le cou de Lazare, face à un Parousir impuissant pour une fois. Non, pas ça ! Lorsque tout à coup, elle se plia en deux, se tenant la tête entre ses mains, hurlant comme une folle. De la fumée verte sortait de tout son corps. Oh non, est-ce que Zhaïtan serait en train de sortir ? Une douleur fulgurante se saisit de mon crâne. J'hurlai à la mort. Je sentais ma tête se déchirer ! La douleur était effroyable ! - Gledi, Pajim, Nezu, Stathor, tirez-sur ses ailes ! Ils s'exécutèrent. Visant droit l'ossature qui retenait les ailes au corps. Bien trop solides ! Et merde. Deux des têtes avaient déjà traversé la fissure. Bientôt le corps entier. Une puissante déflagration fit trembler le décor. Une des ailes vola en éclat. Incapable de garder son vol, Zhaïtan chuta lourdement au sol, soulevant des nuages de poussière au milieu de nous lorsqu'il s'écrasa. - Grenade qui scotche, dit Nezu, se gouttant le doigt pour je ne sais quelle raison. Prenez garde, finis-je par crier, ce n'est pas fini ! Il n'y a rien de pire qu'un adversaire acculé !
  • 12. Cauchemar Effectivement, Zhaïtan se relevait déjà au milieu de la poussière. Par tous les esprits ! Ce truc était increvable ou quoi ? Pan d'Orr était agenouillée à même la neige, l'écume aux lèvres, haletante et souffrante, les yeux exorbités, sur le palier de dame Folie. J'avais mal pour elle. En me retournant, je vis que Guess et Pug couraient dans tous les sens pour soigner les corps de nos amis. Pas de blessure mortelle à première vue. Je passai alors par la fenêtre pour rejoindre Parousir dans la nuit glaciale. - Qu'est-ce qui s'est passé, demandai-je au charr immobile. J'en sais rien. Elle est devenue folle d'un coup. C'est pas moi qui l'ai mis dans cet état en tout cas. Tu penses que ça se passe bien pour les autres ? Sur, c'est pas un petit dragon de pacotille qui aura raison d'eux. Fait chier, c'est pas un dragon de pacotille auquel on a affaire. Entouré de toute part, il se battait avec l'énergie du démon. Une aile brisée, le corps meurtri, il restait déchaîné ! Le golem de Lianis venait de voler en éclat après un coup de patte mal placé, projetant d'imposants blocs de pierre dans tous les sens. Les blessures se faisaient nombreuses, et se soignaient de moins en moins vite. Pauvres Pug et Guess, ils doivent avoir un boulot monstre de l'autre côté. Nous étions en train de nous essouffler. Nous puisions dans nos réserves. Il fallait trouver une solution, et vite ! Chacun s'en donnait à cœur joie. Pogonar s'agrippait avec une énergie de dingue sur une des pattes du dragon, à perforer comme il pouvait la cuisse du monstre. Yaddle et Oméga s'étaient retrouvés sur le dos de l'animal, à trancher tout ce qu'ils pouvaient, en esquivant tant bien que mal les attaques des multiples têtes. Nezumy, Stathor, Gledi et Pajim tiraient par rafales : yeux, museaux, yeux, flanc. Le dragon tenait plus du hérisson qu'autre chose. Aboune, Lianis et Splif semaient le trouble à l'ennemi au gré de leur imagination : clones, mini-golem, tempêtes de vent ajustées. Ma chère sœur, accompagnée d'Agaéti et d'Altyon, attaquait frontalement à Zhaïtan. A mon tour de jouer, tiens-toi prête J-A, c'est le moment pour nous d'entrer en scène. - Couvrez-moi ! criai-je à l'attention de mes camarades, tandis que je courrai avec l'énergie du désespoir vers le dragon. Je passai entre nos tireurs, qui avaient doublé le rythme. Splif me fit pousser des ailes en invoquant le vent dans mon dos. Lianis demanda à son golem le plus grand de me projeter droit vers le dragon. Rigolo. Sa création s'exécuta et me lança droit vers le dragon. Le décor filait à toute allure. Les autres accaparaient toute l'attention du dragon tandis que je me réceptionnai au milieu d'eux. Je traçai direct vers le thorax. - Où est son cœur J-A, vite !
  • 13. Cauchemar - Accepte-moi ! Ben tiens donc. Comme face au Flammotaure. Je devais accepter de baisser mes barrières et de rester sans défense face à J-A ou bosser chacune dans notre coin. Plus que quelques mètres. - Bordel Svynge ! Ouvre-toi à moi ! Fait chier ! Soit ! T'as intérêt à tenir ta parole, chienne ! ... Un froid intense me saisit entièrement. L'œil de Jormag me fixait. L'œil grand et sadique d'un lézard qui a tué mes parents autrefois, et ma sœur récemment. Pas le moment de penser à ça. Je devais bosser avec J-A si nous espérions nous en sortir ! Je pris appui sur le bouclier de Pogonar qu'il avait posé solidement devant moi, à même le sol, lui agenouillé, dos au dragon. La force de mes compagnons, la haine que j'éprouvais, l'alliance avec J-A, et l'Onitopie qui veillait sur nous... Tout ça me fit pousser des ailes probablement. J'arrivais droit sur le haut du thorax de Zhaïtan, droit au niveau de son cœur, guidé par J-A. Avec l'énergie du désespoir, j'enfonçais ma lame dans les écailles du dragon. Le choc fut brutal. Si ça passait pas, j'ai bien peur qu'il n'y aurait pas de seconde fois. J-A buta sur les écailles. Elle forçait le passage. Je l'aidais. La lame s'enfonça dans la chair de l'animal. Des vapeurs d'eau et empoisonnées se dégageaient de la blessure. J'enfonçai la lame le plus profondément possible. Zhaïtan hurlait à la mort. Il se leva sur ses deux pattes arrière. Je fus projetée tout en haut, je tenais bon. Je m'accrochais comme une folle à J-A. J'hurlais pour me donner la force nécessaire. J-A s'enfonçait. Toujours, irrémédiablement. Le cœur du dragon. Je l'entendais ! Allez ! Encore un peu !
  • 14. Cauchemar L'une des têtes s'approchait dangereusement. J'allais me faire dégager de là vite fait bien fait. J'avais les bras dans la chair du monstre. Son sang acide me brûlait. Encore un peu ! Rien qu'un peu ! ... Ma petite sœur était prostrée dans la neige, le regard complètement vide. Elle était totalement absente. Vide de vie. Des spasmes la parcouraient. Je pense qu'elle était au-delà de toute douleur imaginable. Elle bavait, elle pleurait, sa respiration se faisait saccadée, de moins en moins régulière. Je pris le risque de poser ma main sur son front. La fièvre était atrocement brûlante ! Puis une longue série de spasmes la fit tressaillir violemment. Elle convulsait dans la neige, hurlant à la mort. Ma petite sœur, au nom des Six, tiens bon je t'en prie ! Oh bon sang de bonsoir ! Fallait voir Comment tout tremblait autour de moi. Ce foutoir. Le monde était en train de se disloquer, ou pire ! Ma petite Pan d'Orr était en train de mourir ! Allez sois forte ma reine ! Bats-toi ! Ne te laisse pas dépérir. Utilise ma force si nécessaire, mais vis, je t'en prie ! A la vie souris. ... Ton cœur ne bat plus. Idiote… Soupir… Tiens, voilà le mien, car je ne te laisserai pas partir ! Zhaïtan s'immobilisa. Il ne bougeait plus. Ca y'est, c’est fini ? Pourquoi il reste debout bordel ! Tombe connard, tombe ! ... Un dernier soubresaut. Et il chuta. Lourdement. Je me réceptionnais difficilement au sol. J-A me possédait totalement. La poussière se souleva sous la chute du dragon, dont la vie s'échappait maintenant de son corps. Lâche-moi J-A, allez ! Elle était devenue terriblement puissante avec ce dernier repas ! Si elle décidait de s'en prendre aux autres, j'avais peur que... - Bien, ma petite fille, tu t'es bien battue. Lâche-moi maintenant, tiens ta parole !
  • 15. Cauchemar - ... Allez ! Avec soulagement, je sentais son emprise me libérer peu à peu. Elle tenait parole. - Nous sommes quittes maintenant, ma belle. Ouais, on va dire ça. Je me relevai. Tous les autres avaient l'air de bien se porter, malgré certaines blessures pas belles à voir. La respiration du dragon se faisait plus lente derrière moi. Même pas un mot d'adieu mon gros ? Ayrin se dirigeait vers moi, ah, ma grande sœur, comme tu m'as manquée. Mais une petite voix me fit sursauter : - Papa ? Je ramenais, avec l'aide de Parousir, les corps de Pan d'Orr et de Lazare près de Pug et de Guess. Je ne savais pas s'ils pourraient faire quelque chose, mais ils ne tiendront pas longtemps à ce rythme. Lazare était en effet lui aussi agité de vilains spasmes, la fièvre s'était aussi emparée de lui. Ma main a couper que cet idiot a trouvé une solution pour partager la douleur de ma petite sœur. A ce rythme, c'est tous les deux qui vont y passer ! Il serait peut être bon de sortir les autres rapidement de la tête de ma petite sœur. - Papa ? Pourquoi tu bouges pu. Réponds-moi papa ! Papa ! Qui était-ce ? Mini Pan d'Orr ? - Assassins ! Vous avez tué papa ! Je vous déteste ! La petite fille me tapait dessus de ses petits poings. Je ne savais comment réagir. Ayrin s'agenouilla au niveau de mini Pan d'Orr. - Je suis désolée pour ton papa, mais il le fallait. Nan, nan ! Tu mens ! Pan d'Orr, calme-toi je t'en prie ! La petite fille était déchaînée. Elle nous haïssait clairement. J'entendis du mouvement derrière moi. Dans un ultime effort, Zhaïtan s'était relevé, déglutissant du sang vert par toutes les gueules. Il leva la patte. Et d'un mouvement rapide, il attaqua Ayrin et mini Pan d'Orr, totalement sans défense. Par tout ce qui brille ! Il voulait tuer Pan d'Orr pour détruire irrémédiablement ce monde ! Et nous avec !
  • 16. Cauchemar Si près du but ! Non ! Svynge s'élança vers Pan d'Orr et moi. Dos au dragon. Ne fais pas ça ! Les griffes mortelles la traversèrent de part en part. Du sang chaud m'éclaboussa le visage. Le temps se figea. Tout s’arrêta. Le sang rouge coulait de la bouche de ma sœur. Elle nous souriait à Pan d'Orr et moi. Zhaïtan tomba derrière elle. Il était mort, définitivement. Svynge s'agenouilla, puis s'affaissa au sol. Le sang se répandit tout autour d'elle. Le rouge carmin contrastait avec le décor gris et austère. Je n'osais y croire. C’était un cauchemar, hein ? Tu vas te réveiller Ayrin ? Allez réveille-toi ! C'est un cauchemar, réveille-toi ! Oh non, pas ça. Ayrin hurla son désespoir et prit Svynge dans ses bras, qui se teintaient du sang de notre gardienne. Svynge gardait les yeux clos. Pug, Guess, je vous en prie, déchaînez-vous ! - Pug ! Viens vite, on a un problème ! Devant moi, le corps de Svynge fut saisi de spasmes et l'instant d'après, plus rien. Son corps était traversé de part en part par de vilaines blessures. Mortelles. Son corps se vidait de son sang à une vitesse effrayante ! Pug et moi mîmes tout notre savoir pour soigner le corps de Svynge, nous étions épuisés mais il fallait tenter. Je t'en prie Svynge, vit !
  • 17. Cauchemar Enfin, c'est fini. Je savais que nous avions vaincu lorsque j’entedis Zhaïtan pousser son dernier souffle. Félicitations tout le monde. Vous avez la classe. Chialez pas, ça sert à rien. C'est fini pour moi, mais aussi courte fut-elle, j'aurais eu une vie bien remplie. Grâce à vous. Je n'échangerai ma place pour rien au monde. Ca a été un honneur de vous connaître. Ayrin, t'es toujours aussi jolie. Prends soin de toi surtout, déconne pas, ponds plein de marmots et fais ce que tu veux, mais prends soin de toi surtout. Je sentais la froide mort s'approcher. Salut coquine, je suis sure que t'attendais ce moment avec délectation. ... - Ainsi donc c'est ici que nos chemins se séparent ? J-A ? J'en ai bien l'impression ouais... Ca a été un honneur de me battre à tes côtés. Je finissais par m'habituer à toi même si t'as un sale caractère, j'avoue. ... Jormun-Anda ? Oui Svynge ? J'aimerais que tu me fasses une promesse, la dernière demande de la condamnée... Je t'écoute ? Je t'en prie, ne fais pas de mal à ma famille, ni à mes amis. Je ne te demanderai pas jusqu'à veiller sur eux, mais fais gaffe à ne pas leur faire de mal. J'essayerai. Est-ce tout ? Ouais. Bon voyage ma belle. Adieu. Je sentais l'Onitopie attendre patiemment la fin de notre discussion entre J-A et moi alors que la vie s'échappait doucement de mon corps. Je les voyais autour de moi, du moins je les sentais, Ayrin, Nezu, et tous les autres. Je gardais les yeux clos. Désolé les amis, les adieux c'est pas mon truc. Prenez soin de vous. L'Onitopie finit par s'adresser à moi de sa voix mélodieuse : - Veux-tu que je te donne un peu de force pour prendre le temps de faire tes adieux à tes amis ? Non, merci. Veille sur eux surtout. Soit. Es-tu sure de vouloir nous quitter ? Oui, faut pas m'en vouloir. Tout ça dépasse mes forces. Nous ne t'en voulons pas. Es-tu sure de ton choix ? Tu es plus forte que tu ne le penses. Sûre. Prends soin de tout ceux qui prennent soin de toi. Si tu vois ce que je veux dire. J'essayerai de comprendre tes paroles. Adieu, Gardienne. A jamais tu seras liée au Rêve et ta mémoire restera éternelle.
  • 18. Cauchemar - Merci. Adieu mec ! Mec ? Son cœur s'était arrêté de battre. Elle ne respirait plus. Pug baissa les bras à côté de moi. - Elle voulait partir. Nous n'y pouvions rien. Pug ferma doucement les yeux de notre norn tandis que les miens s'embrouillaient de larmes. Alia et Parousir déboulèrent derrière nous. - Pug, Guess, ça urge, ils sont en train de claquer ! Ca n'en finira donc jamais ? Lazare et Pan d'Orr étaient vraiment mal en point. Sans prendre le temps d'une pause, nous exécutions déjà les premiers soins pour atténuer leur douleur. Parousir reprit la parole : - Svynge ? Qu'est-ce qu'elle a ? Elle est partie, Parousir, lui répondit Pug. Je suis désolé, nous ne pouvions rien faire. Quoi ? Tu te fous de moi ? Le charr s'élança auprès de son élève. Il lui donnait de virulentes claques, la secouait. - Réveille-toi bordel ! Tu m'as promis de revenir ! Réveille-toi ! Parousir, je t'en prie. Elle est morte ! Impossible ! Réveille-toi, allez, fais-pas la conne ! Reviens ! Le silence s'était imposé sur le champ de bataille. Plus personne n'osait s'exprimer. Seuls les sanglots d'Ayrin se mêlaient au vent, et d'autres sanglots dont je ne taierai les noms mais auxquels je me joignais. Tu t'es battue comme une grande guerrière Svynge, à jamais tu resteras dans nos cœurs. Repose en paix. Puisses-tu atteindre les Rêves. Un bruit me fit sortir de ma courte prière. Une des têtes de Zhaïtan sifflait. Oh non, ne me dites-pas qu'il régénère ? Pajim s'approcha de la tête sifflante. Fébrile, elle enfonça droit son bras dans le naseau de l'animal. Elle en ressortit Soupolé, alors couverte de morve. Pajim, folle de joie, étreignit la pauvre chouette pleine de vie contre son visage. Beurk. Je regardais maintenant petite Pan d'Orr, qui fixait le corps de notre norn sans comprendre. Avaitelle réalisé ce qui venait de se passer ? Avait-elle compris que son père avait cherché à la tuer pour tous nous détruire ? Elle aussi par la même occasion.
  • 19. Cauchemar Avait-elle saisi que ce sacrifice nous coûtait horriblement cher ? Elle finit par se tourner vers Ayrin, qu'elle prit dans ses bras. La petite fille se mit à pleurer de chaudes larmes. C'est fini. Nous avons gagné. Mais à quel prix ? - Parousir, merde, arrête ! Le charr, de rage, enfonça son poing dans le mur sans guère de difficulté. Puis il finit par tomber à genoux devant Svynge, marmonnant je ne sais quoi. Il pleurait. - - Pug, Guess, comment vont les autres ? Ca va, il semble que ce soit fini. Plus de blessures à répertorier. Et pour Pan d'Orr et Lazare ? Leur état semble se stabiliser. Bien, il est temps de les faire sortir je pense. Oui, ça me semble raisonnable. Guess approcha ses mains de la corde liant Lazare à Pan d'Orr. Délicatement et lentement, elle délia le lien... - - T'en vas pas, maman. - Je ne peux rester ici ma petite puce, tu le sais bien. - Ne me laisse pas toute seule, je t'en prie. - Je n'ai pas ma place ici, c'est chez toi. - Mais moi je veux pas que tu partes. Je resterai toujours à tes côtés, là-bas, dehors, dans le monde dont je t'ai parlé. Je viens avec toi alors. Tu ne peux pas. Tu le sais, je te l'ai déjà expliqué. Car tu es déjà là-bas. Fais moi confiance, je te promets de rester toujours prêt de toi, on se quittera jamais. Pan d'Orr sanglotait et parlait du nez. On s'était bien habituée l'une à l'autre c'est vrai. Mais je ne pouvais rester ici. Ce n'était pas ma place. Et je ne lui mentais pas en lui disant que je continuerai de veiller sur elle de l'extérieur. C'était une petite fille intelligente, je pense qu'elle comprenais. Elle me fixait de ses petits yeux bleus : - Je suis désolée, me dit elle en pleurant. Désolée ? Désolée pour quoi ? Pour ta sœur, je ne voulais pas… Ce n’est pas de ta faute Pan d’Orr. Tu le comprendras avec le temps. Mais ce n’est pas de ta faute. Adieu maman. Au revoir ma petite puce, à tout de suite dehors.
  • 20. Cauchemar ... ... Svynge ? T'es pas morte hein ? Hein ? Hein que t'es pas morte. Youyou. Pourquoi tu me réponds pas. Eh oh, je suis là. J'aurais eu droit à une ou deux baffes de ta part déjà là. Eh oh réponds. Kesketufous ? Svynge ? - Nezumy ? Ah j'en étais sur ! C'est moi, J-A, ce serait sympa de pas m'oublier ici. Sans un mot, Nezumy avait ramassé l'arme de Svynge qu'il avait préalablement enveloppée d'un tissu. Il n’allait pas bien, comme nous tous, mais lui plus que tous les autres. Comment réagirait-il à l'avenir quand il aura bien réalisé le drame qui venait de se passer. On te lâchera pas Nezu, t'en fais pas. Le décor commençait à se flouter. Ca y'est, le départ ? Une vive lueur blanche nous fit tous fermer les yeux. L'Onitopie ? Quand nous pûmes de nouveau regarder, le corps de Svynge avait disparu ! A sa place se dressait un jeune chêne, au feuillage argenté, magnifique ! Du pied de l'arbre, les plante colorées et splendides se répandaient sur ce monde. Grimpant sur les ruines austères, recouvrant le gris de ce monde de mille et une couleurs chatoyantes. Même Zhaïtan disparaissait sous la couverture végétale. Voilà à quoi ressemble notre norn finalement ? Nous sommes fiers de toi. Pan d'Orr sera en sécurité avec toi dans le coin.
  • 21. Cauchemar Je ne pus m'empêcher de remarquer une chouette au plumage argenté sur l'une des branches du jeune chêne. Svynge ? La chouette prit son envol et se posa délicatement sur l'épaule de petite Pan d'Orr que la petite fille regarda regarda, émerveillée. C'est moi ou cette chouette venait de me faire un chouette clin d'œil ? Ces yeux jaunes et chouettes... Je les reconnaissais que trop bien ! Hu hu, je savais bien que t'étais coriace ma belle. Prends soin de toi. On se dit « à la revoyure ». Dans une autre aventure. On se prendra une bonne biture. Et tout recommencera, sans fioritures. Alors que le décor se dissipait et que je voyais Svynge et Pandorrette déjà faire connaissance, je ne pus m'empêcher de me poser une question. - Aboune ? Nezu ? On va regagner nos corps là. Oui probablement. Mais Ayrin, elle n'a pas plus de corps, je me trompe pas ? Euh, non, tu te trompes pas... Ca y'est, c'était fini. Les vents me soufflaient la défaite du Cauchemar. Une grande bataille qu'ils s'empressaient de me raconter. Le Rêve avait triomphé. Mais la guerre était loin d'être finie et d'autres batailles seront livrées. Mais cette victoire nous fera à tous un énorme bien. Alors que j'étais partie pour me défaire du lien m'unissant au monde, des paroles portées par les vents ne manquèrent de me surprendre : - Elle est revenue. Oui revenue. C'est elle ? C'est elle. Impossible ! Possible ! Attendons pour savoir. De quoi parlez-vous à la fin, finis-je par demander un peu agacée devant ce méli-mélo d'énigmes. La Chouette, elle est revenue. La... chouette ?
  • 22. Cauchemar Les vent filèrent à toute allure, me laissant dans l'expectative la plus totale. La chouette ? Mais de quoi parlaient-ils enfin ? En quoi une chouette mettrait l'élément du vent dans tous ses états ? A moins que... Bon sève ! L'esprit des norns ? Que je me rappelle... La Chouette se serait sacrifiée il y a de cela une génération face à Jormag pour permettre à son peuple de fuir. Il est dit qu'elle se fit détruire mais certains esprits têtus comme Svynge ne voulaient l'admettre. Comment cet esprit aurait pu revenir d'entre les griffes de Jormag ? Tout à l'heure, c'est vrai, j'ai senti le souffle de Jormag dans la bataille. Luttant étrangement contre le Cauchemar. Tout ça me paraissait bien flou et je n'y comprenais plus rien. Ne pouvant que me répandre en hypothèses, je repris mon sac et m'enfonçait dans la nuit sombre, à la recherche de ma chère Ælwynn. Une page venait de se tourner dans l'histoire de la Tyrie. Même si tout restait énigmatique, j'étais convaincue d'une chose : Onitopia y était pour quelque chose. Le premier chapitre d'une grande histoire venait de s'écrire et ses auteurs en auront encore de nombreuses à vivre. Au nom du Rêve et de l’amitié l’encre coulera encore et les pages se rempliront des mots les plus doux qui soient.