Dr MEHRI TURKI IMEN - Traitement du double menton : Une nouvelle technique tu...
Torsion de lobe pulmonaire chez une chienne
1. La torsion de lobe pulmo-
naire associée à un chy-
lothorax est une affection rare,
le plus souvent diagnostiquée
chez des lévriers afghans. Le
mécanisme exact, responsable
de la concomitance de ces deux
affections, n’est pas élucidé à
l’heure actuelle. Le traitement
nécessite de faire appel à la
lobectomie et éventuellement,
à la résolution du chylothorax
lorsque la torsion est une lésion
secondaire. Le pronostic est
réservé.
u
Résumé
Le Point Vétérinaire / N° 225 / Mai 2002 /64
Un chylothorax peut être provoqué par une torsion de lobe pulmonaire,
mais l’inverse est également possible. Un diagnostic précis est nécessaire
pour adapter le traitement à la cause initiale.
ne chienne de race barzoï, âgée
de cinq ans et pesant 38 kg, est
référée pour une suspicion de
chylothorax.
Cas clinique
1. Anamnèse
La chienne présente depuis deux mois des
troubles respiratoires d’apparition rapide
(tachypnée et discordance), traités dans un
premier temps par une antibiothérapie
(enrofloxacine à raison de 5 mg/kg/jour par
voie orale). Quelques semaines avant l’appari-
tion des troubles respiratoires, la chienne a été
“coincée” dans l’entrebaillement d’une porte.
Devant l’absence d’amélioration clinique, un
examen radiographique du thorax a été réalisé :
un épanchement pleural a été mis en évidence.
La thoracocentèse a permis de prélever un
liquide de couleur “lait fraise”. Malgré plusieurs
thoracocentèses, celles-ci n’ont apporté qu’une
amélioration passagère.
2. Examen clinique
Selon le propriétaire, la chienne présente un
appétit normal. Aucun trouble digestif n’est
rapporté. Lors de son admission, l’animal
manifeste une discordance et une tachypnée.
L’hydratation et la couleur des muqueuses sont
normales. L’auscultation thoracique met en
évidence un assourdissement des bruits
cardiaques, qui conduit à suspecter un épanche-
ment thoracique ou péricardique.
3. Examens complémentaires
• Des clichés radiographiques de face et de
profil du thorax montrent la présence d’une
densité liquidienne qui masque la silhouette
cardiaque. La présence de scissures interlobai-
res est en faveur d’un épanchement pleural. Le
médiastin n’est pas visible et seule une partie
des lobes diaphragmatiques est observable, ce
qui fait suspecter un épanchement pleural
(PHOTO 1).
• L’échographie thoracique par abord paraster-
nal droit met en évidence une masse hyperécho-
gène mesurant 8 cm de long sur 4 cm d’épais-
seur dans la région du lobe pulmonaire moyen
droit. Le cœur et les feuillets médiastinaux sont
entourés de zones anéchogènes.
Ces images sont compatibles avec une masse
pulmonaire et avec un épanchement pleural.
L’image de masse pulmonaire est compatible
avec une tumeur ou une consolidation d’un lobe
(torsion, bronchopneumonie). Aucune image
cardiaque anormale n’est visualisée.
• Les analyses sanguines (biochimie, numéra-
tion et formule sanguines et ionogramme) ne
révèlent aucune modification des paramètres
explorés (voir le TABLEAU “Résultats des examens
sanguins”).
• Une thoracocentèse permet de récupérer à
nouveau un liquide de couleur “lait fraise” dont
les résultats d’analyses cytologique et chimique
sont spécifiques d’un chylothorax (voir le
TABLEAU “Caractères physiques, biochimiques
et cellulaire de l’épanchement pleural”) : le taux
de triglycéride est plus élevé que la triglycéri-
démie sanguine, la cholestérolémie est
supérieure au taux de cholestérol et les lympho-
cytes sont les cellules prédominantes.
Ces résultats sont en faveur d’un chylothorax.
En raison de la masse thoracique visible à
l’échographie, une thoracotomie est envisagée,
car il s’agit du traitement de choix en cas de
torsion de lobe pulmonaire. Celle-ci est suspec-
tée en raison de la prédisposition raciale et de
la présence du chylothorax. Les premières
phases du traitement consistent à soulager
l’animal d’un point de vue respiratoire : un drain
thoracique est posé.
4. Thérapeutique
Dans un premier temps, en raison de la détresse
respiratoire, une sonde nasale est posée pour
une oxygénothérapie. Cette technique permet
d’apporter une quantité d’oxygène satisfaisante
et la pose nécessite peu de contraintes, alors
que l’animal est en détresse respiratoire. Le
débit d’oxygène est de 5 l/min pendant 24 heures
en attendant de poser le drain thoracique.
! Drainage thoracique
La fonction respiratoire s’étant améliorée le
lendemain, un drain thoracique est mis en
place afin d’éliminer l’épanchement thoracique
et d’effectuer un nouvel examen radiogra-
phique du thorax pour rechercher l’origine du
chylothorax.
U
Pratiquer / CAS CLINIQUE /
Torsion de lobe pulmonaire
chez une chienne
PATHOLOGIE RESPIRATOIRE DES CARNIVORES DOMESTIQUES
par Fabrice Hébert
Clinique vétérinaire
de Venteaux
69,rue Victorien Sardou
87000 Limoges
2. 65/ N° 225 / Mai 2002 / Le Point Vétérinaire
L’animal est anesthésié par une injection
intraveineuse de propofol à la dose de 6 mg/kg
par voie intraveineuse, puis placé sous un relais
gazeux (halothane) avec une respiration
assistée. Le drain thoracique est posé du côté
droit (PHOTO 2) : deux litres de liquide sont
récoltés.
La radiographie thoracique de face montre
dans l’hémithorax droit, une image de densité
liquidienne de forme triangulaire, dont la base
est en contact avec le bord droit de la silhouette
cardiaque et dont la pointe se dirige vers les
côtes. La vue de profil montre aussi une image
de densité liquidienne de forme ovale qui se
superpose à la silhouette cardiaque ; sa partie
haute est en regard de la base du cœur et sa
partie basse est située à 3 cm en regard de
l’apex cardiaque. Cette image est compatible
avec une tumeur pulmonaire, une broncho-
pneumonie ou une torsion de lobe. En raison
de la localisation, le lobe moyen droit semble
concerné.
Le drainage thoracique, réalisé pendant cinq
jours, permet de recueillir, en moyenne, un litre
de liquide par jour sans réduire le volume
ponctionné. En raison de l’image de consoli-
dation du lobe pulmonaire moyen droit et de
la persistance du chylothorax, une thoracoto-
mie exploratrice est proposée et acceptée par
le propriétaire.
! Thoracotomie
La thoracotomie est pratiquée du côté droit, où
se situe la masse, au niveau du cinquième
espace intercostal. Elle confirme la torsion du
lobe pulmonaire moyen droit (PHOTOS 3 ET 4).
Ce lobe de couleur vert brun présente un aspect
nécrotique et est totalement consolidé.
Une lobectomie est pratiquée sans détordre le
pédicule : une double ligature transfixante est
appliquée avec un fil irrésorbable (Prolène®
3-0).
La bronche est suturée par un surjet.
L’inspection de l’ensemble de la cavité pleurale
ne révèle aucune anomalie. Un nouveau drain
est mis en place avant la fermeture de la plaie.
Le lobe reséqué est soumis à une analyse
histopathologique.
!!
PHOTO 1. Radiographie thoracique de profil mettant en évidence un épanchement
pleural.
Cliché:F.Hébert
! Biochimie Urée 12,4 mmol/l 3,93 à 17,14 mmol/l
sanguine Créatinine 72,8 mmol/l 35,36 à 132,6 mmol/l
SGPT 22 UI/l 0 à 77 UI/l
PAL 164 UI/l 0 à 300 UI/l
Glycémie 6,50 mmol/l 4,44 à 6,72 mmol/l
Protéines 61,9 g/l 50 à 62 g/l
Albumine 30 g/l 27 à 38 g/l
Cholestérol 2,5 mmol/l 3,48 à 7,24 mmol/l
Triglycérides 2,1 mmol/l < 5,5 mmol/l
Calcium 2,90 mmol/l 2,12 à 2,99 mmol/l
Sodium 164 mEq/l 143 à 168 mEq/l
Potassium 5,3 mEq/l 4,1 à 5,4 mEq/l
Chlore 124 mEq/l 108 à 131 mEq/l
Bicarbonates 21 mEq/l 11 à 27 mEq/l
! Hématologie Leucocytes 8,2 x109
/l 6,1 à 17,4 x109
/l
Neutrophiles 6,1 x 109
/l 3,9 à 12 x 109
/l
Éosinophiles 0,5 x 109
/l 0 à 1,9 x 109
/l
Lymphocytes 1,2 x 109
/l 0,8 à 3,6 x 109
/l
Monocytes 0,4 x 109
/l 0,1 à 1,8 x 109
/l
Hématies 6,9 x 1012
/l 5,6 à 8,5 x 1012
/l
Hémoglobine 186 g/l 132 à 192 g/l
Hématocrite 56,4 l/l 38 à 57 l/l
Plaquettes 311 x 109
/l 145 à 440 x 109
/l
Examen Animal Normes
Résultats des examens sanguins
Couleur Lait fraise
(blanc ou rosé)
Densité 1 022
Taux de protéines 40 g/l
Type cellulaire prédominant Lymphocytes
Taux de triglycérides 5,87 mmol/l
Taux de cholestérol 1,55 mmol/l
Paramètres Résultats
Caractères physiques,
biochimiques et cellulaire
de l’épanchement pleural
PHOTO 2. Drain thoracique posé et seringue
remplie de chylothorax. Remarquer l’aspect
“lait fraise” du liquide.
Cliché:F.Hébert
3. ! Traitement postopératoire
Les soins postopératoires consistent à drainer
deux fois par jour la cavité pleurale et à
administrer une antibiothérapie préventive par
voie sous-cutanée (enrofloxacine à la dose de
5 mg/kg une fois par jour).
• Le lendemain de l’intervention, 200 ml de
liquide d’épanchement sont récoltés, ainsi que
100 ml d’air.
• Les trois jours suivants, 200 à 300 ml de
liquide sont drainés quotidiennement, ainsi que
300 à 500 ml d’air. En raison du risque de
développement d’un pneumothorax secondaire
dû à un défaut d’étanchéité au niveau du drain,
ce dernier est retiré le quatrième jour. Un drain
est à nouveau posé dans l’hémithorax gauche.
• Le cinquième jour, le pneumothorax est totale-
ment résorbé.
• Dans les trois jours qui suivent, environ
300 ml de liquide de couleur “lait fraise” sont
drainés.
• Le liquide est brun le neuvième jour et la
chienne présente une hyperthermie (40,1 °C).
Un examen cytobactériologique est effectué à
partir du liquide pleural et met en évidence la
présence d’Escherichia coli. Il est possible que
l’antibiothérapie instaurée ait sélectionné cette
souche uniquement sensible à la colistine et aux
quinolones de troisième génération. En outre,
l’examen cytologique révèle la présence de
leucocytes (1 110/mm3
) et d’hématies
(9 000/mm3
). Malgré l’instauration d’une
antibiothérapie à base de norfloxacine(1)
(Noroxine®
20 mg/kg deux fois par jour par voie
orale), l’état de la chienne se dégrade. À la
demande des propriétaires, l’euthanasie est
pratiquée mais pas l’autopsie.
L’analyse histopathologique du lobe pulmonaire
confirme la lésion de nécrose. La présence de
remaniements nécrotiques ischémiques sévères,
associés à une pleurésie aiguë, fibrinoleucocy-
taire et réactionnelle, est compatible avec l’infar-
cissement de ce lobe pulmonaire.
Discussion
1. Épidémiologie et pathogénie
• La torsion de lobe pulmonaire et le chylotho-
rax sont deux affections qui peuvent atteindre
un même animal. 36 % des chiens chez
lesquels une torsion de lobe pulmonaire a été
diagnostiquée avaient un chylothorax [6].
Cependant, il est très difficile de déterminer
laquelle des deux lésions est responsable de la
seconde.
• Les chiens dont le thorax est profond et étroit
représentent 68 % des animaux atteints de
torsion de lobe pulmonaire [6]. Les lévriers
afghans sont les plus souvent affectés [3, 5, 6,
7]. Des cas ont été décrits chez des chiots, mais
cela reste exceptionnel [4] ; il en est de même
chez le chat [1].
• Les torsions de lobe pulmonaire semblent
survenir lorsque le mouvement d’un lobe autour
de son pédicule est permis par une condition
pathologique. Un épanchement pleural, un
pneumothorax, une chirurgie thoracique, un
traumatisme, une pneumonie ou une masse
pulmonaire, peuvent ainsi être une cause de
torsion [5]. Une torsion peut aussi survenir sans
cause apparente.
Les lobes les plus fréquemment atteints sont,
par ordre de fréquence décroissante : le lobe
moyen droit, le lobe cranial gauche, le lobe
cranial droit, les lobes craniaux droit et
moyen de façon simultanée et enfin, le lobe
caudal gauche [6]. Selon certains auteurs, la
mobilité du lobe moyen droit, due à la taille
réduite de son pédicule, facilite sa torsion en
présence des conditions prédisposantes
précitées [6, 7].
• Lors de la torsion, les vaisseaux et la bronche
se collabent ; le retour veineux est bloqué avant
le flux artériel, ce qui entraîne une exsudation
alvéolaire et une consolidation. Par la suite, l’air
emprisonné dans les alvéoles est absorbé et le
lobe se consolide. En absence de vascularisa-
tion, le lobe pulmonaire se nécrose.
Le Point Vétérinaire / N° 225 / Mai 2002 /66
Pratiquer / CAS CLINIQUE /
PHOTO 4. Vue peropératoire rapprochée : visualisation
de la torsion du pédicule du lobe pulmonaire moyen droit.
Cliché:F.Hébert
PHOTO 3. Vue peropératoire de la thoracotomie mettant
en évidence le lobe moyen droit en voie de nécrose.
Cliché:F.Hébert
!!
(1) Médicament
à usage humain.
ATTENTION
L’image radiologique
pathognomonique
d’une torsion de lobe est
une trajectoire anormale
d’une bronche et
de ses vaisseaux adjacents.
!
Lobe moyen
droit nécrosé
Torsion du pédicule
Drain
thoracique
Lobe moyen
droit nécrosé
4. Points forts
! Il convient de suspecter
une torsion de lobe
pulmonaire lors de dyspnée
aiguë, de toux, d’hémoptysie
et/ou en présence
d’un chylothorax.
! En première intention,
il est nécessaire
de compenser la détresse
respiratoire
par une oxygénothérapie
et par un drainage thoracique.
! La thoracotomie est
le traitement de choix
lors de torsion de lobe
pulmonaire.
! Les torsions de lobe
pulmonaire sont plus
fréquentes chez les lévriers
et chez les animaux
dont le thorax est profond.
67/ N° 225 / Mai 2002 / Le Point Vétérinaire
2. Signes cliniques
Lors de torsion, les motifs de consultation sont
généralement une dyspnée d’apparition aiguë
et une toux associée à une hémoptysie.
Lorsque la torsion est présente depuis plusieurs
jours, l’animal peut être présenté pour un
abattement, de la fièvre ou de l’anorexie.
Le motif de consultation est parfois directement
lié à la cause responsable de la torsion : discor-
dance lors d’épanchement pleural ou de
pneumothorax, état de choc lors de trauma-
tisme thoracique grave.
3. Diagnostic
Les hypothèses diagnostiques sont établies dans
un premier temps à partir du recueil de l’anam-
nèse, du motif de consultation et de l’examen
clinique. Lorsqu’un animal est présenté pour
une dyspnée d’apparition brutale avec ou sans
traumatisme thoracique, il convient d’inclure
la torsion de lobe pulmonaire parmi les
hypothèses diagnostiques.
! Imagerie
L’imagerie permet d’obtenir de précieux rensei-
gnements diagnostiques.
• La radiographie thoracique met en évidence
des modifications qui diffèrent selon le temps
écoulé depuis la présence de la torsion et selon
la cause responsable de cette torsion. Un
épanchement pleural, toujours présent [6], peut
masquer la consolidation du lobe. Lorsque le
liquide est éliminé, l’hépatisation du lobe atteint
est visible si la torsion est présente depuis
plusieurs jours. L’image radiologique pathogno-
monique d’une torsion de lobe est une trajec-
toire anormale d’une bronche et de ses
vaisseaux adjacents [5] : en raison de la torsion,
la bronche principale du lobe atteint est en effet
déviée de sa position habituelle.
• L’examen fibroscopique respiratoire met en
évidence un collapsus par torsion de la bronche
principale du lobe atteint. Des sécrétions séro-
hémorragiques peuvent s’écouler de la bronche.
Dans le cas décrit, la fibroscopie respiratoire n’a
pas été pratiquée, principalement en raison du
coût. La thoracotomie exploratoire aurait en
outre été inéluctable pour établir un diagnostic
précis, quelle que soit l’image obtenue.
! Thoracocentèse
• L’épanchement pleural secondaire à la torsion
de lobe est en général un exsudat aseptique
(taux de protéines > 30 g/l et cellularité
> 5 000/ml, essentiellement constituée de
neutrophiles, de macrophages, d’éosinophiles
et de lymphocytes).
• En revanche, si la torsion est secondaire à un
épanchement, ce dernier peut être de nature
multiple : des cas de torsion pulmonaire
associée à des épanchements éosinophiliques
ont été décrits [2].
! Thoracotomie ou thoracoscopie
La thoracotomie ou la thoracoscopie peuvent
également permettre un diagnostic définitif de
torsion lorsque les autres examens, hormis la
fibroscopie, n’ont pas permis d’établir un
diagnostic.
4. Traitement
! Traitement de première intention
Le traitement de première intention consiste à
stabiliser la fonction respiratoire et l'état de
choc de l'animal. Une thoracocentèse est
pratiquée avant l’examen radiographique chez
les animaux sévèrement dyspnéiques, un drain
thoracique est installé lorsque l'épanchement
persiste ou lorsqu'il est massif, une oxygéno-
thérapie est mise en place (cage, sonde nasale)
et une fluidothérapie pré- et peropératoire est
instaurée afin de maintenir une perfusion
tissulaire adéquate [5].
La cause de la torsion de lobe est traitée parallè-
lement lorsqu’elle est connue d’après les antécé-
dents ou les examens effectués (pneumonie,
pneumothorax).
! Traitement chirurgical
La seconde étape du traitement consiste à
réaliser une thoracotomie, afin de pratiquer la
résection du lobe affecté.
• L’anesthésie est précédée d’une oxygénation
au masque, administrée pendant environ
5 minutes si l’animal ne s’agite pas.
L’induction est effectuée avec un principe actif
qui permet d’intuber rapidement l’animal en
raison de la défaillance respiratoire (propofol
ou barbituriques).
L’anesthésie est ensuite maintenue avec de
l’halothane ou de l’isoflurane.
• L’abord thoracique se fait du côté où la torsion
est présente, au niveau de l’espace intercostal,
en regard du pédicule vasculaire du lobe (voir
le TABLEAU “Choix de l’espace intercostal lors de
thoracotomie”). Le lobe est isolé des autres
lobes avec des champs ou des compresses
humides. Il convient de ne pas détordre le
pédicule : du tissu nécrotique risque de circuler
vers les autres bronches ou d’emboliser dans la
circulation sanguine. La bronche est clampée,
puis l’artère située contre la face externe de la
bronche (la veine est localisée contre la face
interne) est isolée par dissection mousse.
Il convient de réaliser une double ligature avec
un fil irrésorbable décimale 2 ou 3 sur l’artère
et d’en poser une troisième, transfixante, entre
les deux premières. L’artère est sectionnée entre
la ligature transfixante et la ligature la plus
distale. La ligature de la veine est effectuée de
la même manière. Deux pinces hémostatiques
sont ensuite appliquées sur la bronche, qui est
sectionnée entre les deux. La pince fixée sur la
bronche est laissée en place : la bronche est
alors suturée avec un surjet en U proximale-
ment au clamp, puis par un surjet simple,
distalement au clamp. La plaie thoracique est
refermée plan par plan. !!
Lobe cranial 4e
ou 5e
espace 4e
ou 5e
espace
Lobe moyen 5e
espace
Lobe caudal 5e
(ou 6e
) espace 5e
(ou 6e
) espace
Gauche Droit
Choix de l’espace intercostal lors de thoracotomie
- Idiopathique
- Affections cardiaques (insuffi-
sance cardiaque congestive,
insuffisance cardiaque droite,
épanchement péricardique,
dirofilariose)
- Néoplasie thoracique (lym-
phome médiastinal chez le
chat, tumeur pulmonaire, autre
tumeur intrathoracique)
- Torsion de lobe pulmonaire
- Traumatisme (rupture du
canal thoracique, hernie dia-
phragmatique)/chirurgie
thoracique
- Congénital
- Granulomes fongiques
- Thrombose de la veine cave
caudale
Causes
de chylothorax
chez les
carnivores
domestiques
5. Le lobe est soumis à une analyse histopatholo-
gique afin de rechercher la cause de la torsion.
Lorsqu’un chylothorax est présent, un drain
thoracique est mis en place afin de savoir si la
torsion est responsable de l’épanchement.
! Traitement postopératoire
Les soins postopératoires consistent à aspirer
quotidiennement le liquide et l’air collectés dans
lacavitépleurale,parl’intermédiairedudrainposé
avantoupendantl’intervention.Encasd’anorexie,
l’animal doit être alimenté par une sonde naso-
œsophagienne, de pharyngostomie ou de gastro-
tomie. Si une hypokaliémie était présente lors du
diagnostic de chylothorax, il est nécessaire de la
corriger et de suivre son retour à la normale.
En raison de la douleur générée par ce type
d’intervention, il est conseillé d’administrer des
antalgiques de type morphinique ou de
pratiquer des anesthésies locales le long des
nerfs intercostaux ou des injections intrapleu-
rales de bupivacaïne. Une antibiothérapie
préventive est en outre conseillée (pénicilline,
sulfamides-triméthoprime, quinolone ou
céphalosporine). En cas de suspicion d’épan-
chement septique, un échantillon de ce liquide
est analysé pour une recherche bactériologique
et la détermination d’un antibiogramme, à
partir duquel l’antibiotique est choisi.
! Traitement du chylothorax
Si la torsion est responsable du chylothorax, ce
dernier se dissipe après la résolution de la torsion.
En revanche, si le chylothorax persiste malgré le
traitement chirurgical de la torsion, le chylothorax
était vraisemblablement la cause de la torsion. De
nombreuses affections peuvent être à l’origine d’un
chylothorax (voir l’ENCADRÉ “Causes de chylotho-
rax chez les carnivores domestiques”). Dans ce cas,
le traitement est adapté pour éliminer la cause du
chylothorax (voir le TABLEAU “Traitement du
chylothorax en fonction de l’affection causale”).
5. Pronostic
Une étude portant sur une série de 22 chiens
atteints de torsion de lobe montre que le pronos-
tic reste réservé après lobectomie. En effet, sur
ces 22 chiens, l’un a été euthanasié avant l’inter-
vention et les 21 autres ont subi une lobectomie.
Parmi ces 21 chiens, 15 animaux ont récupéré
après l’intervention chirurgicale, mais 3 sont
morts d’affections thoraciques qui se sont
développées ensuite et ont eu des complications
graves dans les deux mois qui ont suivi
(mésothéliome médiastinal, chylothorax,
torsion de lobe et dilatation gastrique) et 6 sont
morts dans les deux semaines qui ont suivi la
chirurgie (détresse respiratoire aiguë, pneumo-
nie, choc septique, pneumothorax et chylotho-
rax). Ainsi, sur 22 chiens, 10 sont morts de
complications postchirurgicales immédiates ou
d’une autre affection thoracique [6].
Dans notre cas, l’origine de la persistance de
l’épanchement est inconnue. Il peut s’agir :
- d’un processus infectieux lié à l’intervention
chirurgicale et entretenu par une antibiorésis-
tance ;
- ou d’une torsion d’un lobe adjacent ;
- ou d’un chylothorax idiopathique responsa-
ble de la torsion.
Une lymphangiographie aurait certainement
permis d’infirmer une rupture du canal
thoracique.
Conclusion
Affection rare, la torsion de lobe associée à un
chylothorax reste un véritable défi diagnostique
et thérapeutique pour le praticien. Laquelle de
ces deux affections est responsable de l’autre ?
La réponse est toujours délicate à établir. Les
complications et le taux de mortalité considéra-
blement élevé après le traitement chirurgical font
de cette entité pathologique une affection grave
dont le pronostic est réservé. s
Le Point Vétérinaire / N° 225 / Mai 2002 /68
Pratiquer / CAS CLINIQUE /
!!
Lymphome médiastinal Chimiothérapie pouvant être associée
à une exérèse de la masse tumorale.
Drainage thoracique si nécessaire.
Autre masse thoracique Exérèse de la masse.
Drainage thoracique si nécessaire.
Torsion de lobe pulmonaire Lobectomie.
Drainage thoracique si nécessaire.
Traumatisme Drainage thoracique seul
en règle générale.
Chirurgie correctrice du traumatisme
(hernie diaphragmatique).
Ligature du canal thoracique si échec,
voire l’associer au drainage.
Affection cardiaque Traitement spécifique.
de l’affection cardiaque en cause.
Chylothorax idiopathique Drainage thoracique.
Ligature du canal thoracique.
Épiploïsation de la cavité pleurale.
Chylothorax congénital Drainage thoracique.
Ligature du canal thoracique si échec.
Affection responsable du chylothorax Traitement à mettre en œuvre
Traitement du chylothorax en fonction de l’affection causale
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Rubrique formation
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