Conduite thérapeutique chez le chien âgé qui tousse
1. Se former / CONDUITE À TENIR /
PATHOLOGIE CARDIORESPIRATOIRE CANINE
Conduite thérapeutique
chez le chien âgé qui tousse
Le diagnostic d’une toux cardiaque, respiratoire ou mixte, chez un chien
âgé, doit conduire à mettre en place un traitement étiologique et un suivi
clinique adapté au contexte gériatrique.
ace à un chien âgé qui tousse et qui
présente un souffle cardiaque, une
conduite diagnostique rigoureuse est
indispensable au préalable pour
déterminer l’origine de la toux(1). En
effet, chaque type de toux - cardiaque, respira-toire
ou mixte - requiert un traitement spécifique.
Dans un contexte gériatrique, au-delà de l’effi-cacité
du traitement entrepris, il est nécessaire
de considérer son innocuité, en tenant compte
des dysfonctionnements organiques préexis-tants
et des particularités métaboliques liées à
l’âge.
Par exemple, un chien atteint d’insuffisance
cardiaque congestive (ICC) est en état d’insuf-fisance
circulatoire qui compromet la fonction
rénale. Dans cette situation, l’administration
combinée des inhibiteurs de l’enzyme de
conversion de l’angiotensine (IECA) et des
diurétiques à fortes doses peut induire une
insuffisance rénale fonctionnelle par effondre-ment
du débit de filtration glomérulaire ou
aggraver une insuffisance rénale préexistante.
Il est donc important de trouver la plus faible
dose de diurétiques capable de contrôler
les symptômes et de surveiller régulièrement
la fonction rénale et l’état d’hydratation
d’un chien traité par l’association diurétiques/
IECA [11].
Indépendamment de maladie préexistante, le
chien âgé présente des particularités métabo-liques
(modification de la composition
corporelle, diminution de la vascularisation des
organes filtres, réduction de la masse hépatique,
diminution de la fonction tubulaire rénale…).
Ces particularités sont à l’origine de modifica-tions
pharmacocinétiques et pharmacodyna-miques
qui justifient en théorie de diminuer les
posologies et d’allonger l’intervalle entre les
prises chez le chien âgé. Les modalités pratiques
de ces ajustements thérapeutiques sont
toutefois mal étudiées [6].
Traitement de la toux
cardiaque
Chez le chien insuffisant cardiaque, la toux est
la conséquence indirecte de l’oedème pulmo-naire,
alvéolaire ou interstitiel et/ou de la
compression de la bronche souche par l’atrium
gauche dilaté (PHOTO 1). Chez le chien âgé de
44 Le Point Vétérinaire / N° 230 / Novembre 2002 /
petite race, l’oedème est le plus souvent dû à une
endocardiose mitrale. Chez le chien âgé de
grande race, il est plus fréquemment en rapport
avec une cardiomyopathie dilatée (CMD). Si
l’endocardiose mitrale atteint surtout les chiens
de petite ou moyenne taille, elle est possible
chez toutes les races. En revanche, la CMD
touche rarement les chiens qui pèsent moins
de 12 kg [8, 10].
Le traitement de la toux cardiaque (et de l’ICC)
nécessite d’éliminer l’oedème et de prévenir sa
réapparition (voir le TABLEAU “Traitement de la
toux cardiaque”). Il est classiquement fondé sur
l’association d’un IECA avec un ou plusieurs
diurétiques [11, 13]. La récente mise sur le
marché du pimobendane (Vetmedin®), un
vasodilatateur inotrope, pourrait modifier
l’approche thérapeutique de l’insuffisance
cardiaque [9]. Les indications du pimobendane
demandent pourtant à être précisées et il existe
encore trop peu d’études cliniques standardi-sées
pour que son utilisation puisse être
systématisée chez le chien âgé insuffisant
cardiaque, en particulier lors d’insuffisance
mitrale.
La toux cardiaque est en outre souvent aggravée
par une composante mécanique (compression
de la bronche lobaire gauche par l’atrium
gauche dilaté), qui peut justifier le recours aux
antitussifs [1]. Ceux-ci sont néanmoins proscrits
en présence d’oedème pulmonaire [3, 4]. Cette
contre-indication absolue devient relative dans
le cas particulier des méthylxanthines : malgré
leur potentiel tachycardisant et arythmogène,
elles ont été proposées dans le traitement
d’appoint de l’oedème pulmonaire pour leurs
propriétés bronchodilatatrices et leur modeste
effet diurétique et inotrope positif [12]. Leur
intérêt réel dans cette indication reste toutefois
à prouver.
1. Les inhibiteurs de l’enzyme
de conversion de l’angiotensine
Par leur action vasodilatatrice artérielle et
veineuse, les IECA améliorent la perfusion
tissulaire. Ils modèrent également les réponses
neurohormonales compensatoires excessives
qui se mettent en place chez l’insuffisant
cardiaque [10, 13]. Ils limitent en particulier
l’activation du système rénine-angiotensine-aldostérone
(SRAA), qui favorise la rétention
hydrosodée et la formation d’oedème [11].
F
Les étapes essentielles
Étape 1 : Toux cardiaque
• IECA.
• Diurétique (furosémide
+/- spironolactone).
• +/- Vasodilatateur veineux
(dinitrate d’isosorbide,
trinitrine).
• +/- Digoxine.
• +/- Pimobendane.
Étape 2 : Toux respiratoire
(appareil resp. supérieur)
• Traitement étiologique.
• Antitussifs (toux sèche) :
- méthylxanthines ;
- morphiniques ;
- corticoïdes.
Étape 3 : Toux respiratoire
(appareil resp. profond)
• Traitement étiologique.
Étape 4 : Toux mixte
• Traitement de la toux
cardiaque.
• Antitussif en l’absence
d’oedème pulmonaire.
Étape 5 : Toux d’origine
indéterminée
• Essais thérapeutiques :
- antibiotique à large spectre ;
- ou antitussif ;
- ou diurétique à faible dose
sur une courte période.
par Marine Hugonnard*,
Isabelle Bublot*,
Jean-Luc Cadoré*
et**, Isabelle Goy-Thollot***
* Unité de médecine interne,
ENVL-BP 83, F-69280 Marcy-l’Étoile
** Département hippique, ENVL-BP
83, F-69280 Marcy-l’Étoile
*** Unité SIAMU, ENVL-BP 83,
F-69280 Marcy-l’Étoile
2. PHOTO 1. L’efficacité du traitement de la toux dépend de la pertinence
du diagnostic initial de son origine (cardiaque, respiratoire ou mixte).
La radiographie de profil d’une chienne caniche de dix ans, présentée
pour une toux à la consultation, montre :
- un coeur dont la taille est très augmentée ;
- une trachée nettement déviée dorsalement et comprimée contre la colonne
vertébrale dans la région de la bifurcation trachéobronchique.
Traitement de la toux cardiaque
Classe Molécule Dose Spécialité Indication
/ N° 230 / Novembre 2002 / Le Point Vétérinaire 45
À l’échelle du rein, l’effet vasodilatateur des
IECA s’exerce principalement sur l’artériole
glomérulaire efférente, ce qui rend leur emploi
délicat lors de bas débit rénal (risque d’effon-drement
du débit de filtration glomérulaire en
cas de déshydratation ou de défaillance myocar-dique).
C’est la raison pour laquelle la fonction
rénale doit être évaluée régulièrement lorsqu’un
traitement par IECA est prescrit. Une élévation
sensible des valeurs d’urée et de créatinine doit
conduire à une réduction de la dose de
diurétiques, et si besoin de celle des IECA [11].
L’administration d’un IECA se justifie chez tout
chien qui présente une insuffisance cardiaque
gauche (insuffisance mitrale ou cardiomyopa-thie
dilatée). L’énalapril (Enacard®) à la dose
de 0,5 mg/kg/j en une prise quotidienne, ainsi
que le bénazépril (Fortekor®) à la dose de
0,25 mg/kg/j, ramipril (Vasotop®) à la dose de
0,125 mg/kg/j ou l’imidapril (Prilium®) à la dose
de 0,25 mg/kg en une prise quotidienne peuvent
être choisis indifféremment. Sûrs d’emploi, les
IECA ne sont cependant pas suffisamment
efficaces pour être utilisés en monothérapie lors
d’ICC et doivent être associés à un ou plusieurs
diurétique(s) [10, 11, 13].
2. Les diurétiques
Les diurétiques de l’anse de Henlé comme le
furosémide (Dimazon®, Furozénol®) permettent
de lutter contre la rétention hydrosodée en
favorisant l’excrétion urinaire du sodium [2].
Ils sont utilisés dans le traitement d’urgence de
l’oedème pulmonaire. Dans le traitement au long
cours de l’ICC, ils sont utilisés en association
avec un IECA et, éventuellement, avec un
vasodilatateur veineux (dinitrate d’isosorbide,
Risordan®(2), à la dose de 0,25 à 2 mg/kg/j à
répartir en deux prises quotidiennes).
La dose et la voie d’administration du furosé-mide
varient en fonction du contexte clinique
(0,5 à 4 mg/kg/j par voie orale en deux ou trois
prises en traitement de fond ; 2 à 5 mg/kg toutes
les deux à six heures par voie intraveineuse ou
intramusculaire en urgence). Très efficace, il
!!
(1) Voir l’article :
Hugonnard M, Bublot I,
Cadoré JL, Goy-Thollot I.
Conduite diagnostique
chez le chien âgé qui tousse.
Point Vét. 2002;223:30-33.
(2) Médicament
à usage humain.
IECA Énalapril 0,5 mg/kg/j voie orale en 1 prise quotidienne Énacard®
Bénazépril 0,25 mg/kg/j voie orale en 1 prise quotidienne Fortékor®
Ramipril 0,125 mg/kg/j voie orale en 1 prise quotidienne Vasotop®
Imidapril 0,25 mg/kg/j voie orale en 1 prise quotidienne Prilium®
Diurétiques Furosémide 2 à 5 mg/kg voie intraveineuse ou intramusculaire Dimazon®
toutes les 2 à 6 h (urgence) Furozénol®
0,5 à 4 mg/kg/j voie orale
en 2 ou 3 prises quotidiennes (chronique)
+/- Spironolactone 1 à 2 mg/kg/j voie orale Aldactone®(2) Hypokaliémie
en 1 ou 2 prises quotidiennes OEdème pulmonaire
chronique réfractaire
+ / - Vasodilatateur Dinitrate 0,25 à 2 mg/kg/j voie orale Risordan®(2)
veineux d’isosorbide en 2 prises quotidiennes
+ /- Digitalique Digoxine 10 μg/kg/j voie orale en 2 prises quotidiennes Digoxine CMD
Nativelle®(2)) IM avec défaillance
du myocarde
Troubles du rythme
supraventriculaires
OEdème pulmonaire
chronique réfractaire ?
+ / - Vasodilatateur Pimobendane 0,5 mg/kg/j voie orale en 2 prises quotidiennes Vetmedin® CMD
inotrope IM ?
(2) Médicament à usage humain.
IM : insuffisance mitrale ; CMD : cardiomyopathie dilatée.
Cliché : D. Begon
3. Se former / CONDUITE À TENIR /
possède néanmoins des effets secondaires
(déshydratation extracellulaire, hypokaliémie,
aggravation par hypovolémie d’une insuffisance
rénale préexistante à dépister chez le vieux
chien). Le but du clinicien est de trouver la plus
faible dose de furosémide capable de contrôler
les symptômes et de prévenir la récidive
d’oedème [2, 13].
L’association avec un diurétique épargneur
potassique comme la spironolactone
(Aldactone®(2)), à la dose de 1 à 2 mg/kg/j en une
ou deux prises, est à envisager lors d’oedème
pulmonaire chronique réfractaire (recherche
d’un effet synergique qui permettent de réduire
la dose de furosémide) ou lors d’hypokaliémie
[2, 13]. De façon plus anecdotique, la spirono-lactone
réduirait la fibrose myocardique et
aiderait à restaurer un fonctionnnement normal
des barorécepteurs lors d’insuffisance
cardiaque, mais le bénéfice clinique de ces effets
reste hypothétique [7].
3. La digoxine
Dotée d’un effet inotrope positif, la digoxine est
surtout intéressante par son action stimulatrice
sur le tonus vagal et modératrice sur le tonus
sympathique (effet global de ralentissement de
la fréquence cardiaque). Elle est indiquée en
complément des diurétiques et d’un IECA, à la
dose de 10 μg/kg/j en deux prises lors de troubles
du rythme supraventriculaires [13] et lors de
défaut de contractilité myocardique (cas des CMD
en général, et de certaines insuffisances mitrales
évoluées accompagnées de déficits du fonction-nement
myocardique). Elle est également souvent
proposée en complément des diurétiques et des
IECA lors d’oedème pulmonaire chronique réfrac-taire
[10,13]. L’efficacité d’une telle association
reste largement controversée. Son bénéfice
clinique est sensible sur certains animaux mais
il doit être évalué au cas par cas (voir l’ENCADRÉ
“Utilisation pratique de la digoxine chez le chien
et précautions d’emploi [7, 11]”).
4. Le pimobendane
Chez les chiens atteints de CMD, les premières
études menées sur le pimobendane, adminis-tré
à la dose de 0,5 mg/kg/j en deux prises
quotidiennes, montrent sa supériorité sur les
IECA en termes d’efficacité (évaluée sur la base
de critères cliniques, radiographiques et
échocardiographiques) et de durée de survie.
Chez les chiens atteints de valvulopathie, le
bénéfice clinique du pimobendane par rapport
aux IECA est en revanche controversé. En
attendant les résultats d’études menées à grande
échelle, il semble prématuré de l’administrer
en première intention chez le chien insuffisant
mitral. En outre, le conditionnement actuel
(gélules à 2,5 mg et à 5 mg) ne permet pas de
traiter des chiens de moins de 7 kg [9].
Traitement de la toux
respiratoire
Le traitement étiologique de la toux respiratoire
doit toujours être privilégié (antibiotique,
antiparasitaire, antitumoral ou anti-inflam-matoire
suivant les cas) [3]. Il peut s’accompa-gner
d’un traitement symptomatique par les
antitussifs. De façon générale, les antitussifs
sont indiqués lors de toux sèche, qui fatigue
l’animal, entretient l’inflammation des voies
respiratoires et peut favoriser la dissémination
d’un processus infectieux [4, 5]. En revanche,
ils sont à proscrire lors de toux productive, en
particulier lors de bronchopneumonie.
1. Toux des voies respiratoires
supérieures
Lors d’atteinte des voies respiratoires supérieu-res,
la toux provient :
- soit d’une irritation mécanique à l’origine
d’une inflammation secondaire (flaccidité ou
collapsus trachéal, compression de la bronche
souche par la dilatation de l’atrium gauche,
oslérose) ;
- soit d’une inflammation primitive (laryngite,
trachéobronchite allergique, inflammatoire ou
infectieuse).
Utilisation pratique de la digoxine
chez le chien et précautions d’emploi
Traitement de la toux des voies respiratoires supérieures
46 Le Point Vétérinaire / N° 230 / Novembre 2002 /
!!
! Posologie standard : 10 μg/kg/j
en deux prises quotidiennes.
! Fourchette thérapeutique sérique
de la digoxine :
1 à 2 ng/ml (mesure à faire trois à sept
jours après le début du traitement ou après
un changement de posologie, six à dix
heures après la dernière prise).
! Conditions nécessitant une réduction
de la posologie standard :
- obésité (digoxine peu liposoluble) ;
- cachexie (digoxine fixée sur les muscles
striés) ;
- insuffisance rénale (digoxine principale-ment
éliminée par le rein) : réduire la
dose de 50 % ;
- ascite (pas de diffusion de la digoxine
dans le liquide d’ascite) : réduire la dose
de 10 à 30 % en fonction de l’impor-tance
de l’ascite.
! Critères d’efficacité du traitement
à la digoxine :
- diminution de la fréquence cardiaque ;
- disparition des arythmies supraventricu-laires
;
- amélioration clinique ;
- digoxinémie comprise entre 1 et 2 ng/ml
(augmenter la dose de 30 % si la digoxi-némie
est inférieure à 0,8 ng/ml).
! Signes de toxicité d’un traitement
à la digoxine :
- monitoring ECG : apparition de troubles
du rythme (bradyarythmies, tachyaryth-mies
ventriculaires) ;
- troubles gastro-intestinaux : anorexie,
vomissements, diarrhée ;
- digoxinémie supérieure à 2 ng/ml.
→ interrompre le traitement pendant
vingt-quatre à quarante-huit heures et le
réinstaurer à demi-dose.
D’après [7, 11].
Collapsus trachéal Mesures hygiéniques
Flaccidité trachéale Antitussifs :
Trachéobronchite chronique - méthylxanthines
- morphiniques +/- méthylxanthines
- corticoïdes
+/- Antibiothérapie large spectre, courte durée
Compression de la bronche Mesures hygiéniques
souche (atrium gauche dilaté) IECA
Antitussifs
Trachéobronchite aiguë Antibiothérapie large spectre (controversé)
Expectorants et/ou mucolytiques (toux grasse)
Antitussifs (toux sèche)
Oslérose Oxfendazole (Dolthène®)
10 mg/kg/j pendant 15 jours
(2) Médicament
à usage humain.
4. Traitement de la toux pulmonaire
Bronchopneumonie Antibiothérapie de 3 à 6 semaines (voie parentérale + aérosolthérapie).
Idéalement : choix de l’antibiotique en fonction des résultats
de la bactériologie, de l’antibiogramme et de la pharmacocinétique.
À défaut : antibiotique à large spectre
(céphalosporine, association amoxicilline/acide clavulanique, tétracycline
ou fluoroquinolone)
+/- expectorants et mucolytiques
Tumeur pulmonaire Lobectomie et/ou chimiothérapie.
À titre palliatif : cortisone (0,5 à 1 mg/kg/j)
Bronchite allergique Cortisone (0,5 à 2 mg/kg/j en 2 prises quotidiennes
Pneumonie allergique pendant 2 à 3 semaines, puis à doses dégressives)
Pneumonie parasitaire Fenbendazole (Panacur®) 50 mg/kg/j pendant 7 jours.
Angiostrongylose Contrôle coproscopique en fin de traitement
Spécialité vétérinaire Spécialité humaine Posologie
/ N° 230 / Novembre 2002 / Le Point Vétérinaire 47
Dans les deux cas, une surinfection bactérienne
est possible. Il convient d’adapter la thérapeutique
à chaque situation (voir le TABLEAU “Traitement de
la toux des voies respiratoires supérieures”).
! Les antitussifs
Lorsqu’un antitussif est indiqué (voir le TABLEAU
“Les antitussifs”), un traitement périphérique
(bronchodilatateur, comme les méthylxanthi-nes)
peut être proposé en première intention.
La théophylline (Dilatrane®(2), Euphylline LA®(2))
offre un bon rapport coût/efficacité [4]. Il existe
néanmoins de grandes variations de la réponse
individuelle. En outre, des effets secondaires
inconstants mais gênants (excitation, nervosité,
tachycardie, troubles du rythme) peuvent
nécessiter l’arrêt du traitement [3].
En deuxième intention, les antitussifs centraux
peuvent être essayés, seuls ou en association
avec les méthylxanthines. Parmi ceux-ci, le
clobutinol (Silomat®(2)) et, surtout, les morphi-niques,
qui allient des propriétés antitussives
et sédatives, sont particulièrement intéressants
[3, 4, 5]. La réponse varie également considé-rablement
d’un individu à l’autre. En outre,
l’efficacité des morphiniques décroît au fil du
temps, ce qui nécessite d’augmenter progressi-vement
les doses.
! Les corticoïdes
Les corticoïdes (prednisolone à la dose de 0,1 à
0,5 mg/kg/j) constituent l’ultime alternative lors
de toux réfractaires, en l’absence de surinfection
bactérienne. Bien qu’ils soient souvent efficaces,
ils favorisent la prise de poids, prédisposent aux
infections (notamment respiratoires) et peuvent
induire un syndrome de Cushing iatrogénique
[3]. Pour cette raison, lors de toux chronique chez
un chien âgé, l’utilisation prolongée d’associa-tions
de principes actifs (comme la théophylline,
la prednisolone et le phénobarbital dans la
Dogaphylline®) n’est pas souhaitable.
La monothérapie autorise en effet une médica-tion
plus légère de la toux, garante d’une
certaine innocuité, respectueuse des variations
individuelles et permettant une gradation
logique dans les propositions thérapeutiques.
! Les autres traitements
• Quelle que soit l’étiologie de la toux, les
antihistaminiques et les anti-inflammatoires
non stéroïdiens (AINS) ont peu d’intérêt chez
le chien, à l’exception du fenspiride (Pneumo-rel
®(2)), qui allie des propriétés anti-inflamma-toires,
antihistaminiques et spasmolytiques [3].
• Les toux chroniques de maladies obstructives
des voies respiratoires sont fréquemment compli-quées
de surinfection bactérienne. Néanmoins,
!!
! Antitussifs périphériques
Théophylline Dogaphylline® (en association Dilatrane® (sirop) 2 à 5 mg/kg voie orale
avec la prednisone Theolair® (comprimés) 3 ou 4 fois/j
et le phénobarbital) Euphylline LA® (gélules) 10 à 15 mg/kg voie orale
(déconseillé en première intention Dilatrane LP® (gélules) en 2 prises quotidiennes
lors de toux chronique Theolair LP® (comprimés)
chez le chien âgé)
Fenspiride Pneumorel® 4 à 8 mg/kg/j voie orale
(sirop, comprimés) en 2 prises quotidiennes
! Antitussifs centraux
Clobutinol Silomat® (solution buvable) 1 goutte/kg voie orale
2 fois/j
Codéine Codenfan® (sirop) 0,5 à 1 mg/kg voie orale
2 ou 3 fois/j
Les antitussifs
5. Se former / CONDUITE À TENIR /
l’administration d’une antibiothérapie à large
spectre (amoxicilline à la dose de 20 mg/kg/j en
deux prises quotidiennes pendant dix jours) est
controversée. Idéalement, l’antibiothérapie doit
être motivée par la réalisation d’une analyse
bactériologique et d’un antibiogramme sur lavage
trachéal, assez lourd en pratique. Les antibio-tiques
les plus susceptibles d’atteindre des concen-trations
efficaces dans les voies respiratoires sont
la doxycycline et les fluoroquinolones. À ce titre,
l’amoxicilline n’est sans doute pas un bon choix.
• Si les diurétiques procurent souvent un soulage-ment
passager lors de toux respiratoire en
“tarissant” les sécrétions, leur utilisation lors de
toux inflammatoire ou infectieuse est déconseillée
(altération du mécanisme physiologique d’épura-tion
des sécrétions et des particules adhérentes
à l’épithélium respiratoire) [3].
2. La toux pulmonaire
Plus encore que pour la toux liée à une atteinte
des voies respiratoires supérieures, le traitement
étiologique est essentiel lors de toux pulmonaire
(voir le TABLEAU “Traitement de la toux
pulmonaire”). Dans ce cas, les antitussifs ne sont
pas indiqués, voire ils sont contre-indiqués [3, 4].
Traitement
de la toux mixte
Le chien âgé qui manifeste une toux chronique
et qui est à la fois atteint d’une insuffisance
mitrale, d’un collapsus trachéal et d’une
bronchite chronique constitue un véritable défi
thérapeutique. L’objectif est alors d’offrir le
meilleur confort de vie à l’animal, mais, quelle
que soit la stratégie retenue, la toux sera
probablement toujours présente (voir l’ENCADRÉ
“La toux mixte : une fatalité ?”) [4].
Les choix thérapeutiques sont orientés par le
respect des priorités (insuffisance cardiaque)
et des contre-indications majeures (pas d’anti-tussifs
en présence d’oedème pulmonaire).
L’objectif prioritaire est la résorption de l’oedème
pulmonaire. Si le traitement contrôle efficace-ment
l’oedème mais que la toux persiste, l’admi-nistration
de méthylxanthines (VOIR L’encadré
“Utilisation des méthylxanthines chez le chien
insuffisant cardiaque”), de morphiniques, de
l’association méthylxanthine-morphinique ou, en
dernier recours, de corticoïdes, est successivement
tentée.
Traitement de la toux
d’origine indéterminée
Lorsque la toux est d’origine indéterminée, l’essai
isolé d’un antibiotique à large spectre lors de toux
grasse, d’un antitussif lors de toux sèche ou de
furosémide à faible dose sur une courte période
(0,5 à 1 mg/kg/j réparti en deux prises pendant
quatre à cinq jours) peut être proposé sans risque
majeur [1, 10, 13]. Cette solution acceptable ne
permet pas pour autant d’affirmer avec certitude
l’origine de la toux (une toux respiratoire répond
généralement au moins temporairement aux
diurétiques). Il est donc essentiel d’effectuer un
suivi régulier des chiens dont l’origine de la toux
est à déterminer. La stratégie est reconsidérée en
fonction de l’évolution clinique et de la réponse
thérapeutique. L’administration prolongée de
corticoïdes, de diurétiques ou d’associations en
l’absence de réévaluation de l’animal est en effet
dangereuse et fortement déconseillée.
Conclusion
L’efficacité du traitement de la toux dépend de
la pertinence du diagnostic initial de son origine
(cardiaque, respiratoire ou mixte) et de sa cause
(cardiovasculaire, mécanique, parasitaire,
inflammatoire, infectieuse, tumorale). Chez le
chien âgé, l’innocuité du traitement entrepris
est un point majeur à considérer. Quelle que
soit l’origine de la toux, les mesures hygiéniques
(remplacement du collier par un harnais, lutte
contre l’obésité, réduction d’activité par temps
chaud) sont essentielles pour limiter la
fréquence des toux chroniques.
La toux mixte :
une fatalité ?
Utilisation
des
méthylxanthines
chez le chien
insuffisant
cardiaque
48 Le Point Vétérinaire / N° 230 / Novembre 2002 /
!!
Chez le chien âgé fréquem-ment
atteint de flaccidité, de
collapsus trachéal et/ou de
bronchite chronique, il est
important de faire compren-dre
au propriétaire que :
- le traitement va probable-ment
permettre de diminuer la
fréquence et l’intensité de la
toux sans la faire disparaître ;
- les molécules les plus effica-ces
sur la toux (corticoïdes)
ont aussi les effets secondai-res
les plus gênants, d’où la
nécessité de trouver un
compromis entre efficacité et
innocuité ;
- la réponse thérapeutique est
très variable d’un chien à
l’autre ;
- la détermination du traitement
adapté à un chien particulier
peut nécessiter plusieurs essais
thérapeutiques.
! Si les méthylxanthines
peuvent induire une tachycar-die
et des troubles du rythme,
en revanche, l’insuffisance
cardiaque n’est pas une
contre-indication absolue de
leur utilisation.
! La poursuite de la prescrip-tion
des méthylxanthines est
décidée en fonction de la
réponse et de la tolérance au
traitement, évaluées une
semaine après sa mise en
place.
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