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VENISSIEUX
CULTIVERLAVILLEETUDEPROSPECTIVEDEL’INTEGRATIOND’AGRICULTURESURLE
TERRITOIREVENISSIAN
PROJET-DE-FIN-D’ÉTUDES-----sous-la-direction-d’études-deIDAVID MARCILLON
DOMAINE-D’ÉTUDES-DE-MASTER-«-MATÉRIALITÉ-EN-PROJET-»
dirigé par CHANTAL DUGAVE&-DAVID-MARCILLON
ÉCOLE-NATIONALE-SUPÉRIEURE-D'ARCHITECTURE-DE--LYON
équipe-encadrante-:
--BENJAMIN-CHAVARDES---ARNAULD-DE-BUSSIERRE-
-FLORIMON GAUVIN - PIERRE-GROSMOND---WILLIAM-HAYET--
--DAVID-MARCILLON - JEAN-PIERRE-MARIELLE-
01 - PLAQUETTE
LE NEZET EMMANUELLE
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 001
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D'ARCHITECTURE DE LYON
© DEM « MATÉRIALITÉ EN PROJET» - 2013-2014
© EMMANUELLE LE NEZET - AUTEUR
© DAVID MARCILLON - DIRECTEUR D’ÉTUDES DU PFE
© BENJAMIN CHAVARDES - DIRECTEUR D’ÉTUDES DE MEMOIRE
VENISSIEUX
PROJET DE FIN D’ÉTUDES
sous la direction d’études de DAVID MARCILLON
DOMAINE D’ÉTUDES DE MASTER « MATÉRIALITÉ EN PROJET»
sous la direction de CHANTAL DUGAVE & DAVID MARCILLON
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D'ARCHITECTURE DE LYON
équipe encadrante :
BENJAMIN CHAVARDES
ARNAULD DE BUSSIERRE
FLORIMON GAUVIN
PIERRE GROSMOND
WILLIAM HAYET
DAVID MARCILLON
JEAN-PIERRE MARIELLE
CULTIVERLAVILLEETUDEPROSPECTIVEDEL’INTEGRATIOND’AGRICULTURESURLE
TERRITOIREVENISSIAN
01 - PLAQUETTE
LE NEZET EMMANUELLE
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 002 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 003
«Désormais, la plus haute, la plus
belle performance que devra réaliser
l’humanité sera de répondre à ses
besoins vitaux avec les moyens les
plus simples et les plus sains. Cultiver
son jardin ou s’adonner à n’importe
quelle activité créatrice d’autonomie
sera considéré comme un acte poli-
tique, un acte de légitime résistance
à la dépendance et à l’asservissement
de la personne humaine.»
		Pierre Rabhi
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 004 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 005
SOMMAIRE
SOMMAIRE p 7
INTRODUCTION p 8
Chap. 1: Contexte _ En transition p 10
1.1: Un système agricole limité p 12
1.2: Des zones urbaines vouées à évoluer p 20
1.3: Contexte Vénissian p 28
Chap. 2: L’agriculture urbaine, une solution multiples p 46
2.1: Définition p 48
2.2: Des fonctions très variées p 52
2.3: Les différentes façons de cultiver l’espace urbain p 62
Chap. 3: Cultiver la ville p 70
3.1: Provoquer l’impulsion p 72
3.2: S’appuyer sur la mobilité pour désenclaver ce territoire p 80
3.3: Développement d’un espace public multiple p 84
3.4: Une réponse socio-économique p 90
BIBLIOGRAPHIE p 96
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 006 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 007
Cultiver la ville pour qu’elle nous
fournisse ce que nous mangeons est
aujourd’hui complexe à imaginer.
Cela semble même contradictoire,
notamment vis à vis de la pollution, du
manque d’espace disponible, et, de la
valeur marchande de la terre urbaine.
Et pourtant, le sujet est de plus en plus
exploré. Que ce soit par des citoyens,
des architectes, des urbanistes, des
travailleurs sociaux… La question de la
cohabitation du béton et de la nature
est omniprésente. Pour répondre à
une urbanisation croissante, à l’aug-
mentation de la population, ou à la
volonté de sortir d’une agriculture
trop intensive. Il est aujourd’hui né-
cessaire de repenser la ville dans son
ensemble, de transformer nos espaces
urbains pour les rendre plus durables,
et, de trouver une réponse pertinente
aux nouveaux impératifs mondiaux
que sont la crise énergétique, environ-
nementale et économique.
Le territoire de Vénissieux souffre
aujourd’hui d’une mauvaise image,
le quartier des Minguettes le stygma-
tise, et pourtant son analyse met en
exergue un territoire aux multiples
richesses. Notamment, la quantité
d’espaces verts disponibles, et son po-
sitionnement. Ce territoire aujourd’hui
enclavé semble avoir été victime de
son histoire. Celle d’un espace agricole
qui a accueilli à la fin des années 60,
un quartier de tours qualifié à l’époque
de moderne et confortable. Un quar-
tier qui offrait la vie moderne en pleine
campagne. Aujourd’hui le quartier des
Minguettes est devenu un quartier
sensible peu attractif. La mise en place
d’agriculture urbaine peut permettre
une requalification pertinente de ce
site. D’autant plus, que le territoire
Vénissian est doté de toutes les carac-
téristiques pour que la ville productive
sorte de l’utopie.
Ce projet pose la question du rapport
actuel entre la ville et l’agriculture, et
des différentes manières d’intégrer
l’agriculture au cœur de nos villes.
Cultiver la ville s’appuie sur les spé-
cificités du territoire Vénissian, et
propose une réponse pour impulser
des dynamiques qui permettent de
transformer ce territoire urbain peu
avenant en espace urbain et péri-
urbain productif. En espace vivant
et vivrier qui encourage l’apprentis-
sage, la transmission, l’échange et la
rencontre. Un projet qui propose de
s’appuyer sur les ressources locales
pour reconnecter l’homme et la terre
et encourager la résilience d’un quar-
tier. Dans un contexte de plus en plus
urbain où l’agriculture tend à dimi-
nuer, ou à s’éloigner, ce projet propose
un espace ressource afin que l’urbain
intégre peu à peu un caractère agricole
et productif. Il s’agit de promouvoir
une typologie agricole nouvelle, une
typologie agro-urbaine ; une typologie
d’espaces productifs à l’échelle d’un
territoire urbanisé.
INTRODUCTION
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 008 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 009
CHAPITRE 01
CONTEXTE - EN TRANSITION
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 010 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 011
1.1: UN SYSTEME AGRICOLE LIMITE:
1.1.1: Des agriculteurs en difficulté:
tuations freinent les indispensables
investissements dans la modernisa-
tion et le développement durable de
la production. Face à la libéralisation
croissante des échanges, promue par
l’Organisation Mondiale du Commerce
(OMC), les petites exploitations ont de
grandes difficultés à se maintenir. Et il
est nécessaire de trouver des solutions
nouvelles pour mettre en place une
agriculture plus durable. Dans les cam-
pagnes Européenne, les agriculteurs
sont devenus marginaux. En France,
ils représentent désormais moins
de 4 % de la population active, mais
aussi moins de 10 % de la population
des campagnes. Si, dans les espaces
ruraux, l’agriculture continue d’occu-
per, avec les forêts, la plus grande
part des superficies, d’autres activités
l’emportent, l’activité résidentielle,
récréative et touristique, ainsi que la
production industrielle.
L’agriculture mondiale est constituée
de plus de 1,3 milliards d’exploitations
de taille très variées. Parralèlement, La
présence d’un marché du commerce
mondialisé placent ces exploitations
en compétition, ce qui encourage le
productivisme agricole. Par exemple,
entre 2006 et 2008 les cours d’une
majorité de produits agricoles ont
doublé, voire plus, avant de retomber
rapidement. Ce phénomène complexi-
fie le développement des exploitations
agricoles, notamment les petites ou
les plus fragiles. Effectivement, ce
contexte instable peut freiner les in-
vestissements et la modernisation.
La politique agricole et le marché
mondial encourage particulièrement
les grosses productions, puisqu’au-
jourd’hui, environ 20% des produc-
teurs bénéficient de 80% des aides de
la Politique Agricole Commune (PAC).
In fine, en Europe et en France, le
nombre d’exploitations, et notamment
lespluspetites,tendàdiminueraupro-
fit d’exploitations productivistes dans
des zones où les matières premières
et la main d’oeuvre sont les plus abor-
dable. Afin de conserver une variété
de production, il est nécessaire d’enca-
drer et de réguler le système de mar-
ché, notamment avec une politique
agricole forte et flexible. La réforme
prévue de la PAC vise une meilleure
redistribution, où l’objectif est de limi-
ter la différence entre les paiements
les plus bas et la moyenne nationale.
Enfin, certaines mesures ont été déci-
dées pour soutenir les acteurs et/ou
secteurs les plus fragiles. Les jeunes
agriculteurs et les petites exploitations
pourront bénéficier de surprimes. «Ce
couplage a pour but d’éviter que les
choix agricoles de la France soient dic-
tés par les prix » a expliqué Stéphane
Le Foll .
Notamment car ce contexte encourage
le commerce des matières premières à
l’échelle mondiale et engendre princi-
palement des problématiques envi-
ronnementales et nourricières.
Le système agricole et alimentaire
mondial est complexe. Il se compose
d’un ensemble d’activités écono-
miques et d’acteurs qui concourent à
la satisfaction des besoins alimentaires
humains.
A l’intérieur de ce système, plusieurs
formes d’agriculture trouvent leur
place, et correspondent à la façon
dont les hommes s’organisent et orga-
nisent l’espace afin de produire et de
consommer leur nourriture.
Tout d’abord la forme agricole, où l’au-
toconsommation locale est prédomi-
nante. Ce système est très largement
répandu dans le monde en particulier
dans les campagnes, et notamment
dans les pays en développement.
Puis, la forme artisanale, qui consiste
en la transformation et parfois la com-
mercialisation de produits agricoles.
Cependant, les approvisionnements
sont locaux et les échanges restent
limités.
Parfois, les industries agroalimentaires
transformatrices jouent un rôle pré-
pondérant dans le pilotage de l’en-
semble du système alimentaire. Les
approvisionnements deviennent natio-
naux et internationaux. Sous la forme
agro-industrielle, 30 % en moyenne
du prix final des produits alimentaires
revient aux producteurs agricoles, et,
40 % aux industries agroalimentaires.
Et dans la forme agro-­‐tertiaire, seu-
lement 10 % du prix final des produits
alimentaires revient aux agriculteurs.
Le pilotage du système alimentaire se
trouve effectué par les acteurs de la
distribution.
Actuellement, l’agriculture apparaît
totalement lié au marché mondial. Elle
est fragilisée et en danger. Les revenus
des agriculteurs fluctuent énormé-
ment d’une année sur l’autre. Ces fluc-
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 012 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 013
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 014 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 015
1.1.2: Un rapport complexe entre
l’agriculture et l’environnement:
L’agriculture productiviste se pré-
occupe principalement des résul-
tats techniques et économiques.
Elle néglige les retombées sociales et
environnementales. Elle repose sur
l’utilisation importante de produits
chimiques et sur une forte mécani-
sation afin d’optimiser la production.
Ceci assure effectivement un rende-
ment important, mais entraîne d’im-
portantes conséquences environne-
mentales. Tout d’abord en fragilisant la
biodiversité, en polluant les sols et les
nappes phréatique et en contribuant à
la desertification des sols.
Dans ce contexte, il est nécessaire
de trouver une solution qui permet
un développement soutenable, tout
en répondant au besoin croissant de
nourriture. La Politique Agricole Com-
mune (PAC) commence à prendre en
compte ces problématiques environ-
nementales et inscrit comme objectifs
entre 2014 et 2020 la mise en place
d’une agriculture de qualité qui pré-
serve les savoirs-faire et qui aménage
et entretien le territoire, avec comme
priorité la volonté de favoriser la tran-
sition écologique. Cette politique au
départ essentiellement agricole, a pro-
gressivement intégré un volet environ-
nemental un volet rural.
Aujourd’hui, « un tournant vert » est
nécessaire, mais il ne faut pas oublier
la nécessité d’une production alimen-
taire conséquente. Dans cette lignée,
l’élevage est remis en question car il
consomme trop de matières premières
alimentaires et il génère beaucoup de
gaz à effet de serre. Mais pour faire de
ce tournant une réelle réponse, il est
nécessaire d’investir dans la recherche.
Les agricultures écologiquement
intensives ou doublement vertes
n’en sont qu’à leurs débuts. Pour que
l’agriculture continue de répondre à sa
fonction première, celle de nous nour-
rir, il est indispensable de dévelop-
per ses capacités productives tout en
gérant au mieux la durabilité de notre
environnement. Il ne s’agit pas d’oppo-
ser la gestion de l’environnement de
manière durable et l’augmentation
de la productivité agricole, mais bel
et bien de mener des recherches afin
de permettre de lier ces deux entités
pour augmenter le rendement, et pa-
rallèlement se tourner vers des formes
d’agriculture plus durable et meilleures
gestionnaires de l’environnement.
En réponse certains agriculteurs, no-
tamment dans les pays développés
modifient leurs pratiques. Ceci amorce
la volonté d’une consommation diffé-
rente, avec la mise en avant des circuits
courts, des productions biologiques,
développement des circuits courts.
Certains courants se développent, avec
notamment le mouvement des colibris
initiés par Pierre rabhi qui prône le res-
pect de la terre, de l’environnement et
une certaine décroissance. Le mouve-
ment des incroyables comestibles est
né dans ce sillon.
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 016 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 017
1.1.3: Une solution nourricière viable pour
demain
l’urbanisation croissante et l’accroisse-
ment démographique Nous parlons de
transition nutritionnelle. La question
de pénurie alimentaire est mise en
avant pour les années à venir, mais dès
aujourd’hui, 2 milliards de personnes
souffrent de malnutrition, soit en rai-
son de régimes alimentaires déséqui-
librés, soit faute de nourriture suffi-
sante. Il est nécessaire d’amorcer une
réponse dès maintenant afin de rendre
la sécurité alimentaire de la planète
soutenable. La sous-nutrition affecte
surtout les pays en développement.
Mais parallèlement, nous observons
l’augmentation de personnes surali-
mentées. Il s’agit de déficit alimentaire
d’ordre qualitatif. La consommation
alimentaire des français évolue. La
consommation de pain et de pommes
de terre régressent, celle de fruits et
légumes, de viande et de produits lai-
tiers augmentent. Cette évolution est
à mettre en parallèle avec l’évolution
des modes de vie, en particulier l’aug-
mentation de la consommation des
produits transformés et préparés par
les industries agroalimentaires. Il faut
noter que l’alimentation des français
demeure néanmoins différente selon
les catégories sociales et les niveaux
d’éducation.
A ce jour, la transition nutritionnelle a
débutée, mais un grand nombre d’in-
certitudes demeurent. Dans toutes
les hypothèses, il est nécessaire de
trouver un moyen d’organiser l’appro-
visionnement des villes qui regroupent
désormais plus de la moitié de la popu-
lation mondiale, et notamment l’ap-
provisionnement des agglomérations
urbaines géantes. Pour cela, plusieurs
pistes sont évoquées. Notamment la
possibilité de développer un système
agricole encore plus mondialisé, ou,
au contraire de renforcer les circuits
courts.
Le renforcement des circuits courts
entre en cohérence avec la pensée de
Geneviève Savigny qui évoque la tran-
sition alimentaire par le développe-
ment agricole au cœur des territoires
urbains. Il est question de produire
de la nourriture en ville, au plus près
des populations. Cette réponse va au
delà de la problématique nourricière,
elle peut générer de nouvelles activi-
tés économiques et sociales au coeur
des tissus urbains tout en y greffant
un nouveau paysage. Et c’est avec l’en-
semble de ces valeurs qu’il faut consi-
dérer ces projets. Il est tout d’abord né-
cessaire de rappeler qu’actuellement
les agriculteurs ont beaucoup de diffi-
cultés à obtenir des revenus corrects.
Ce phénomène encourage ces derniers
à soutenir le modèle productiviste. Il
empêche souvent les agriculteurs de
reprendre des exploitations agricoles
et il encourage la baisse de la sécurité
alimentaire. Face à ces constats, la pro-
position d’introduire une production
alimentaire en ville est pertinente.
L’urbanisation qui a été longtemps le
fait des pays industrialisés, où 75 % des
habitants sont citadins, s’est dévelop-
pée depuis les années 1960 dans les
pays du sud. Cette explosion urbaine
demeure à l’origine de la transforma-
tion des habitudes alimentaires ainsi
que d’un accroissement de la demande
alimentaire, alors que l’étalement ur-
bain mange de plus en plus de terres
agricoles. En France par exemple, nous
assistons à un recul des terres agricoles
de 200 ha par jour. Quant aux ceintures
maraîchères et fruitières présentes
jadis autour des villes, elles ont large-
ment disparu pour laisser place à des
approvisionnements plus lointains.
Dans la majeure partie du globe, et,
notamment dans les pays peu déve-
loppés, il se pose la question de la
manière dont chacun pourra se nourrir
demain. En France et dans la majorité
des pays développés cette probléma-
tique est moins cruciale. En revanche,
la question du coût de production et
de la qualité alimentaire est réelle.
Aujourd’hui, nous sommes face à une
agriculture industrielle mondialisée et
une spéculation grandissante sur les
produits alimentaires de base. Il est im-
portant de s’interroger sur la manière
dont les choses peuvent évoluer afin
de trouver des solutions plus respec-
tueuses de l’environnement et donc
plus pérennes.
Depuis les années 70, la superficie des
terres cultivées a augmenté. Néan-
moins depuis une trentaine d’années,
la progression est beaucoup plus faible.
Les superficies cultivées ont progressé
en faveur des grosses exploitations en
Asie du sud-­‐est, en Afrique et en Amé-
rique latine, en particulier au Brésil.
Elles ont parallèlement reculé en de
nombreux endroits de la planète en rai-
son des problèmes environnementaux,
et du développement de l’étalement
urbain. La diminution de ces terres
arables nécessite des adaptations. En
1960, il fallait 0,45ha pour produire
nourrir un terrien contre 0,25ha en
2000. L’augmentation de la popula-
tion mondiale nécessitera de pouvoir
survivre avec uniquement 0,15 ha par
terrien en 2050. La terre cultivable de-
vient donc une ressource stratégique.
Cette raréfaction et le contexte com-
mercial actuel a contribué au déve-
loppement de la mondialisation de la
production agricole. Dans ce contexte,
il est nécessaire de réfléchir à une nou-
velle réponse alimentaire qui intégre
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 018 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 019
1.2: DES ZONES URBAINES VOUEES A
EVOLUER
La ville durable est souvent syno-
nyme de nature en ville. Ce n’est pas
forcément le cas. Une ville pour être
durable doit disposer d’un environne-
ment de qualité, notamment en ce qui
concerne la nature, et être un espace
viable de production de richesses. Afin
d’apporter une réponse pertinente,
des villes ont constitué plusieurs docu-
ments d’urbanismes afin de mutuali-
ser leurs objectifs et mettre en place
un cadre de vie « durable » à une
échelle plus globale. Ces dispositifs
entrent souvent dans la composition
des « Agendas 21 ». Cependant, la ville
durable échappe à une définition et à
une formalisation stricte. À l’instar du
développement durable dont elle se
réclame, la ville durable ne peut être
un modèle unique. Elle implique un
développement économique respec-
tant les critères du développement
durable, elle nécessite l’équité sociale
et la qualité environnementale: pré-
servation des ressources et du patri-
moine. Elle renvoie donc à la mixité
fonctionnelle et sociale, à la question
de la densité et à celle de l’étalement
urbain.
1.2: DES ZONES URBAINES VOUEES A
EVOLUER
La ville durable est souvent syno-
nyme de nature en ville. Ce n’est pas
forcément le cas. Une ville pour être
durable doit disposer d’un environne-
ment de qualité, notamment en ce qui
concerne la nature, et être un espace
viable de production de richesses. Afin
d’apporter une réponse pertinente,
des villes ont constitué plusieurs docu-
ments d’urbanismes afin de mutuali-
ser leurs objectifs et mettre en place
un cadre de vie « durable » à une
échelle plus globale. Ces dispositifs
entrent souvent dans la composition
des « Agendas 21 ». Cependant, la ville
durable échappe à une définition et à
une formalisation stricte. À l’instar du
développement durable dont elle se
réclame, la ville durable ne peut être
un modèle unique. Elle implique un
développement économique respec-
tant les critères du développement
durable, elle nécessite l’équité sociale
et la qualité environnementale: pré-
servation des ressources et du patri-
moine. Elle renvoie donc à la mixité
fonctionnelle et sociale, à la question
de la densité et à celle de l’étalement
urbain.
Frise chronologique du développement des villes durables
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 020 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 021
1.2.1 : L’étalement urbain:
L’étalement urbain se définit comme
l’extension urbaine plus rapide que la
croissance démographique. La surface
consommée par habitant s’accroît et
augmente l’artificialisation du sol. Il
est question d’étalement urbain quand
le processus d’urbanisation conduit à
une diminution de la densité des zones
urbanisées, du fait du développement
de zones d’urbanisation moins denses
en périphérie et/ou, parfois, d’une
diminution de la population en centre
ville.
L’augmentation démographique mon-
diale va nécessairement augmenter
les surfaces artificialisées et accroître
les besoins en produits agricoles. Pa-
rallèlement les effets du changement
climatique entraineront une désertifi-
cation ou une semi-­‐désertification de
certaines zones urbaines ou agricoles.
Face à cela, la lutte contre l’étalement
urbain s’affiche comme une priorité et
des dispositifs sont mis en avant. En
France notamment par sa présence au
Grenelle de l’environnement, et par
l’annonce à l’issue de celui-­‐ci, d’un
plan national de lutte contre l’artificia-
lisation des sols et contre l’étalement
urbain. Au niveau de l’Union euro-
péenne, ceci devrait être suivie d’une
directive sur les sols. Plusieurs pays
ont déjà mis en place des politiques
pour faire face à ce phénomène. L’Alle-
magne s’est fixée, en 1997, un objectif
de division par dix de la consomma-
tion annuelle d’espace naturel. Les
Etats-­‐Unis, avec le Brownfield pro-
gram, un programme qui encourage la
réhabilitation des friches urbaines et
des sols pollués afin de permettre leur
réutilisation. Les Pays-­‐Bas ont institué
la politique ABC (Accessibility profile
of urban location), favorisant la ville
compacte, la densification, la combi-
naison des politiques de construction
et de transport, la localisation dense
des activités à fort flux à proximité des
transports collectifs. En Grande-­‐Bre-
tagne, les Planning Policy Guidance
fixent aux autorités locales un cadre
global pour augmenter la densité, frei-
ner l’étalement et les commerces en
périphérie. Les politiques de maîtrise
de l’étalement urbain se conduisent
aussi à l’échelon local. Plusieurs villes
ont obtenu des résultats et certaines
ont vu leur densité résidentielle s’ac-
croître entre le milieu des années 1950
et la fin des années 1990. C’est le cas
de Bilbao et Munich.
Ces politiques ont généralement utilisé
des outils de planification du territoire
et de l’urbanisme, de préservation de
l’agriculture périurbaine, de limitation
de la consommation d’espaces natu-
rels et de réhabilitation des friches in-
dustrielles. En Europe ce phénomène
a pris de l’ampleur à partir des années
1950 et tend à s’accélérer aujourd’hui.
Durant ces 20 dernières années, l’éta-
lement urbain a été très important
en France, entrainant l’artificialisation
d’environ 600 km2 par an. Ce phéno-
mène est quasiment irréversible. La
moitié des nouvelles constructions se
font dans des communes de moins
de 2000 habitants, souvent peu quali-
fiées pour gérer les problématiques de
croissance urbaine.
Cela a pour conséquence immédiate
des problèmes d’imperméabilisation
des sols, mais également des problé-
matiques sociales, économiques et
environnementales.
D’un point de vue économique, notam-
ment agricole, l’étalement urbain et la
construction des zones périurbaines
concurrencent la production, en géné-
rant inévitablement une diminution
des zones agricoles périurbaines et /
ou urbaines, un morcellement et une
instabilité à long terme des espaces
agricoles les plus productifs et les plus
proches des centres de consomma-
tion. L’étalement urbain met en cause
la possibilité de développer des cir-
cuits courts.
Du point de vue environnemental,
l’étalement urbain, entraine une dimi-
nution des espaces naturels, et nuit à
la biodiversité, en créant des effets de
coupure et de fragmentation des corri-
dors écologiques ou en les diminuant.
Cela entraîne également un mitage
du paysage, l’imperméabilisation des
sols avec pour conséquence l’accrois-
sement des risques d’inondation, des
nappes phréatiques qui peinent à se
remplir et qui se polluent, un lessivage
brutal des particules de pollution dé-
posées sur ces sols imperméabilisés.
Certains assimilent à tort la maîtrise de
l’étalement urbain et la densification,
à la disparition des espaces verts et à
la multiplication de grands ensembles
de logements. Pourtant, les quartiers
de tours ne sont pas toujours les plus
denses. La maîtrise de l’étalement
urbain ne se positionne pas contre le
développement de toutes les typolo-
gies d’habitats. En revanche ces nou-
veaux bâtis doivent être correctement
positionnés.
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 022 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 023
1.2.2 : L’évolution des espaces naturels en
milieu urbain
Durant l’antiquité, les jardins étaient
principalement utilisés comme des
espaces cultivés. Ils étaient idéalisés,
assimilés à des espaces paradisiaques.
Au 12eme siècle, les paysagistes com-
mencent à mettre en scène le pay-
sage. C’est au moment de la révolution
industrielle, avec la densification des
villes et la hausse de la pollution dans
celles-­‐ci qu’est apparu le besoin de
nature au cœur des villes et que sont
nés les premiers parcs urbains et les
avenues arborées.
Longtemps, les espaces verts hérités
des parcs et jardins présents dès l’Anti-
quité dans les villes européennes, ont
été réservés à la royauté et à l’aristo-
cratie. La notion de nature accessible
au peuple apparaît en Europe dès la
seconde moitié du 19ème siècle. Ce
qui amène les paysagistes à amorcer
le façonnage de la ville. Mais la réelle
prise en compte du paysage a eu
lieu en France à partir de
la deuxième guerre mondiale.
Aujourd’hui, c’est une nécessité écolo-
gique de laisser une plus grande place
à la nature en ville. Et de tisser des lien
physique entre la ville et ses espaces
ruraux périphériques par des liaisons
et des corridors verts.
Le thème du paysage en ville, ou du
paysage lié à la ville est apparu au
20ème siècle et se place aujourd’hui
comme une des composantes cen-
trales de l’aménagement urbain. Cette
question a été amorcée au début du
vintième siècle par Eugène Hénard,
urbaniste à l’origine de la création des
parcs urbains à Paris. Cela s’illustre
également avec la ceinture verte pro-
posée pour l’aménagement du Grand
Londres par Patrick Abercrombie dès
1943. Suite au Grenelle de l’environ-
nement, les formes spatiales du vert
en ville sont largement déclinées en
Europe en anneau vert, coulée verte,
trame verte…
Frise chronologique de l’aménagement des espaces verts urbains
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 024 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 025
1.2.3 : Origine du concept de ville durable :
En Europe, jusqu’à la fin du XXème
siècle, le territoire urbain était consi-
déré comme antinature, comme artifi-
ciel, et son investissement par les habi-
tants, comme une dégradation. Il faut
attendre la fin de cette période pour
que la question du développement
durable soit posée dans le développe-
ment de la ville. Le terme « ville du-
rable » est utilisé en français. Dans les
autres langues, nous parlons de ville
soutenable, ou résiliente. Ce terme
a l’avantage de mettre en exergue la
notion de durabilité et replace la rési-
lience dans la durée. Dans ce contexte,
le durable ne peut pas se limiter à
l’approche de la nature en ville ni à
l’impact de l’urbanisation sur les équi-
libres naturels. La ville durable n’est
pas seulement une ville écologique-
ment viable, mais également une ville
où le développement humain, urbain
et écologique s’équilibrent.
En Juillet et août 1933, le quatrième
congrès d’architecture moderne (CIAM
IV) est organisé sur un paquebot le «
Patris » qui conduira ses participants
en croisière de Athènes à Marseille.
Le Congrès portait sur le thème de
«la ville fonctionnelle ». Les débats,
sur l’extension rationnelle des quar-
tiers modernes, furent très largement
dominés par la personnalité de l’archi-
tecte français, Le Corbusier. Il en résul-
tera les articles de la charte d’Athènes
qui ne seront publiés qu’en 1941 sous
le titre « La Ville Fonctionnelle » après
avoir été retravaillés par ce dernier.
La charte d’Athènes n’en demeure
pas moins un dogme pour une géné-
ration de concepteur, et inhiba toute
recherche d’autres formes d’habitat et
modèles de logements.
En outre la charte d’Athènes reprend
pour partie les travaux et recherches
réalisées par Le Corbusier depuis
1920. Notamment le concept des «
Villes-Tours » et son application la plus
spectaculaire « Le Plan voisin » (projet
non-réalisé) qui prévoyait la recons-
truction complète du centre de Paris.
Cela reprend également le concept de
zonage qui permet de répartir les es-
paces urbains selon quatre fonctions:
habiter/travailler/récréer/circuler.

Cette charte, établie un programme
pour la planification et la construction
des villes en 95 points. Elle porte sur
des sujets comme les tours d’habi-
tation, la séparation des zones rési-
dentielles, le patrimoine historique
et les artères de transport. La Charte
d’Athènes fixe un cadre de réflexions
sur l’avenir des villes qui sera considé-
rée avec notamment la hiérarchisation
des voies (voies rapides/ dessertes lo-
cales puis voies d’accès aux bâtiments
ou cheminements piétonniers.
Le
bien-être accessible à tous. La prédi-
lection des constructions en hauteur
afin de créer un espace urbain aéré
et sauvegarder les conditions d’enso-
leillement et d’éclairage. Ainsi que
l’implantation des équipements sco-
laires, sportifs et de loisirs à proximité
des habitations.
 Cette charte prône
également la séparation des zones in-
dustrielles de la ville par des zones de
verdure, sans qu’elles ne soient trop
éloignées des habitations pour limiter
le temps de transport.
Pour Auguste Perret, cela s’exprime
dans le concept de “villes-tours”. Pour
lui ce type d’aménagement permet
entre autre d’éloigner les habita-
tions des grands axes et de libérer de
l’espace au sol pour créer des parcs
publics.
Ces principes sont défendus par Eu-
gène Claudius Petit, ministre de la Re-
construction et de l’Urbanisme à partir
de 1948 afin de répondre au déficit de
logements suite à la seconde guerre
mondiale.
En 1994, l’union européenne a adopté
la « charte d’Aalborg », qui définie les
principaux axes à travailler en vue de
développer un territoire plus durable
pour faire suite aux principes définis
à Rio en 1992 lors de la déclaration
sur l’environnement et le développe-
ment. Les villes signataires s’engagent
à établir des « Agendas 21 » en suivant
un certain nombre d’orientations et
de principes. C’est un acte volontaire
de la part des communes, mettant
en exergue la volonté des collectivi-
tés locales de prendre en compte le
développement durable de leur terri-
toire. Ce sont elles qui proposent les
différents dispositifs économiques, so-
ciaux et environnementaux, et qui sur-
veillent le processus de planification.
Elles définissent ce qu’elles souhaitent
mettre en place afin de permettre le
développement durable et viable de
leurs territoires pour une quinzaine
d’années, dans l’optique d’en proposer
une gestion plus économe, plus équi-
table, plus intégrée. C’est un projet
mené sur une démarche participa-
tive. Le Grenelle de l’environnement
, quant à lui, insiste sur la nécessaire
reconquête des centres villes souvent
en déclin, la construction d’éco quar-
tiers, ainsi que l’élaboration et la mise
en œuvre d’indicateurs destinés à me-
surer le recul des espaces agricoles et
naturels en périphérie urbaine.
Les propositions urbaines de Le Cor-
busier tel que le « Plan Voisin » n’ont
jamais pu voir le jour. Elles étaient
l’illustration parfaite de sa pensée, et
annonçaient un nouveau fonctionne-
ment urbain. Aujourd’hui, les condi-
tions urbaines sont très différentes et
la notion environnementale, s’affiche
comme la priorité. Ces systèmes sont
radicalement opposés, et la notion de
durabilité nécessite de prendre désor-
mais en compte les conditions d’un
territoire afin d’y répondre de manière
cohérente. L’organisation spatiale et
politique des villes évolue, et est de
plus en plus fondée sur des principes
de densification, de mobilités douces,
avec un travail important sur l’articula-
tion des échelles. Il s’agit aujourd’hui
de développer la polycentralité et la
mixité des fonctions urbaines.
La tâche est complexe car nous
sommes confrontés à une multipli-
cation d’acteurs qui peuvent agir en
faveur du développement durable. Par
exemple, les communes conservent
des compétences liées à la proximité,
l’intercommunalité traite du déve-
loppement économique et des trans-
ports, tandis que les syndicats mixtes
élaborent les schémas de cohérence
territoriale et se voient confier la pla-
nification territoriale. Les communes
conservent avec le PLU des préroga-
tives puissantes en matière de droit
du sol, mais une planification efficace
vers un développement plus durable
implique la mobilisation de l’ensemble
des acteurs. Les objectifs principaux
sont l’équilibre entre espaces urbains
et zones rurales, la mixité sociale et
le choix de la ville compacte. A ce
jour, la ville durable doit également
contribuer au renouvellement des res-
sources naturelles alentour, au fonc-
tionnement des écosystèmes, ainsi
qu’aux grands équilibres régionaux et
planétaires indispensables au dévelop-
pement durable, dans le but de préser-
ver les capacités de vie et les potentia-
lités de choix des générations futures.
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1.2: DES ZONES URBAINES VOUEES A
EVOLUER
1.3: CONTEXTE VENISSIAN:
Vénissieux est une commune limi-
trophe avec Lyon, Bron, Saint-Priest,
Feyzin, Corbas et Saint-Fons. L’en-
semble de ces communes constituent
la « Porte sud» de l’agglomération
lyonnaise. La ville a un relief marqué,
notamment dans la partie sud de la
commune des Minguettes qui culmine
à 259 mètres, qui fait front au plateau
bas des Grandes-Terres.
Avec aujourd’hui plus de 60 000 ha-
bitants, la 3e ville du département
renoue avec la croissance démogra-
phique depuis une dizaine d’année.
Vénissieux est un territoire très dense
(3 900 habitants/km²) qui s’étend sur
une superficie de 1 530 hectares. Mal-
gré une forte densité, la présence de
grands espaces verts contribuent à
faire de Vénissieux, une ville agréable
à vivre (44 % d’espaces verts dont 24 %
d’espaces publics).
On remarque l’évolution démogra-
phique suivante : Davantage de per-
sonnes seules (32 %) et de couples
sans enfants (23 %), avec une tendance
au vieillissement de la population (26
% de ménages de + de 65 ans). 3 % de
ménages de moins de 25 ans (Contre
9 % dans le GrandLyon). 70% des mé-
nages ont des revenus modestes, avec
un revenu moyen de 16 607 €/an qui
situe la ville parmi les plus bas de l’ag-
glomération qui affiche une moyenne
de 25 166 €. Il y a également une faible
proportion de propriétaires occupants
(34 %). Les locataires sont majoritaires
(66 %), et la plupart occupent des loge-
ments sociaux.
Vue sur le centre-ville- Place Léon Sublet
Vue sur le quartier Parilly
Vue sur le quartier du Moulin à vent
Boulevar urbain Sud / Les grandes terres
Zone d’activité coupée par le périphérique
Vue sur la traversée du T4 au coeur des
Minguettes
Vue sur le quartier mixte du Charréard
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1.3.1: Contexte historique:
Historiquement la commune de
Vénissieux est considérée comme
l’un des greniers de la ville de Lyon, et
compte jusqu’à 397 exploitations agri-
coles, constituées principalement de
culture maraîchère et fourragère.
La situation géographique de Vénis-
sieux vis-à-vis de Lyon va favoriser
l’expansion industrielle, et, la première
guerre mondiale positionnera définiti-
vement Vénissieux dans l’ère indus-
trielle, avec le développement notam-
ment des usines Berliet sur le site de la
Rivoire (aujourd’hui site Renault Trucks
dans le quartier de Parilly), pour l’exé-
cution des commandes d’armement,
obus et chars Renault.
Durant l’entre deux guerre, le déve-
loppement industriel de la commune
se poursuit. D’importantes firmes
viennent s’implanter et font de Vénis-
sieux la commune la plus industria-
lisée de la région. De grandes usines
s’ouvrent, tous les secteurs de l’indus-
trie sont représentés, la mécanique, la
chimie, le textile, la verrerie, les forges.
Pour répondre à ce besoin croissant de
main d’œuvre, des vagues successives
d’immigrés viendront peupler la ville.
En 1931 la population étrangère repré-
sente plus de 40% de la population
vénissiane. Face à cette augmentation
rapide de la population, la situation du
logement devient préocupante.
Les maisons et les ruelles du bourg ne
sont pas adaptées pour accueillir ces
gros contingents de mains d’oeuvres.
Dès 1920, pour lutter contre l’insa-
lubrité croissante des quartiers et la
prolifération de taudis, la municipa-
lité s’engage à édifier des cités H.B.M
(habitat bon marché). Mais, elle ne
dispose pas des fonds nécessaires, et
privilégient l’équipement communal.
Très peu de logements sociaux sont
donc réalisés à cette époque.
En 1936 la ville est en pleine mutation,
et renforçe son accroche au Nord avec
la ville de Lyon, alors que les terrains
au Sud sont laissés aux exploitations
agricoles.
Suite à la seconde guerre mondiale, un
important développement est prévu
pour Vénissieux, et notamment la
volonté de délimiter trois espaces dis-
tincts, une zone industrielle, une zone
résidentielle et une zone rurale.
Dès le début des années 50, le pro-
blème du logement devint une prio-
rité au niveau nationnal. C’est dans ce
contexte que naitront les projets dit de
grands ensembles, et, notamment le
plateau des Minguettes.
	
  
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1.3.2: Les Minguettes, un rêve très contre-
versé
gnée pour la réalisation de ce projet.
L’architecte Eugène Elie Beaudoin, est
désigné architecte en chef. Il sera as-
sisté par les architectes locaux Franck
Grimal et René Bornarel.
C’est en survolant le site en hélicop-
tère que l’architecte-concepteur eut
la vision « d’un espace d’orgues se
substituer aux champs cultivés». Il or-
ganisa alors un plan masse moderne,
où “tours” et “barres s’organisent au-
tour d’un grand parc, le parc des Min-
guettes.
Le chantier débute en 1963, le pro-
gramme initiale prévoyait la construc-
tion de 66 barres et 62 tours, il en sera
finalement réalisé respectivement 30
et 58. En 1973, 9200 logements sont
construits. 7600 sont gérés par divers
office d’HLM (habitation à loyers
modérés) et 1600 logements en co-
propriété viennent compléter le pro-
gramme.
L’accent est porté sur le confort des
logements et la volonté de mettre le
modernisme à porté de tous. Il est à
l’époque nécessaire de rompre avec
les taudis et les bidonvilles présents
sur le seteurs, et les logements des
Minguettes sont significatifs de grande
qualité de vie. Outre le confort et la
modernité des logements, le quar-
tier propose à ses premiers habitants
une très bonne qualité de vie, tant par
les infrastructures qui commencent à
être mises en place que par la diversité
de la population qui s’y installe. Toutes
les classes sociales sont représentées,
et se côtoient des jeunes couples qui
quittent un foyer familial surpeuplé
et accèdent à leur premier logement,
des travailleurs, immigrés venus des
colonies françaises pour répondre
à la forte croissance économique de
l’époque, des familles nombreuses
déjà constituées qui viennent de l’ha-
bitat insalubre, des centres villes ou
du milieu rural, des agents S.N.C.F, des
P.T.T, des gendarmes qui disposaient de
logements de fonctions sur le quartier,
des techniciens qualifiés, ouvriers, ou-
vriers spécialisés et chômeurs…
La classe moyenne et les jeunes mé-
nages contribuent largement à créer
une dynamique de quartier, par le biais
de la vie associative et parviennent à
créer des liens et à définir un certain
mode de vie. En parallèle à la construc-
tion des logements la S.E.R.L com-
mence à réaliser les infrastructures
nécessaires. On recense notamment
un grand centre commercial (Vénissy)
en position centrale et trois autres
plus petits qui desservent les quar-
tiers périphériques. Des terrains de
sport et des aires de jeux sont amé-
nagés, un cinéma, la grande place du
marché. Les écoles sont positionnées
de telle sorte que les enfants des dif-
férents quartiers n’aient pas de rue à
traverser pour s’y rendre.
Mais le 1er Janvier 1969, marque un
tournant dans l’histoire de ce quartier.
C’est l’époque où Vénissieux intègre
avec 55 autres communes (dont Lyon
et Villeurbanne) la Communauté Ur-
baine de Lyon (COURLY). Suite à cela,
la municipalité perd toute compétence
en ce qui concerne l’aménagement
des grands équipements urbains, des
transports… C’est donc à la COURLY
que reviend la responsabilité de l’achè-
vement du projet du quartier, mais les
moyens mis en place sont insuffisant
et les équipements prévus sont mini-
misés. Parallélement, le plateau tarde
à être desservi par les transports en
commun.
Le plateau des Minguettes situé au
Sud-Ouest de la commune de Vénis-
sieux constitue, par sa topographie,
un site unique dans la géographie
du Grand Lyon. Représentant une
superficie de plus de 200 hectares il
surplombe la vallée du Rhône, l’auto-
route A7, la plaine de Feyzin et ses
terres agricoles, et rejoint en pentes
abruptes, le bourg de Vénissieux.
Les Minguettes semblent aujourd’hui
être le principal quartier de la ville.
C’est du moins le repère majeur car
les habitants, au travers de leurs pra-
tiques, lui donnent un rôle et une fonc-
tion de centre-ville. C’est également
le signal de Vénissieux pour les com-
munes environnantes.
Ce quartier qui fait office de centre-
ville mais n’a pas été conçu dans ce
sens affiche certains manques. Princi-
palement le manque d’espaces publics
appréhendés comme espaces de ren-
contre. D’espaces où l’on peut se sentir
appartenir à une société.
Au nord et à l’ouest, les Minguettes
sont encadrées par un tissu résidentiel
à dominante pavillonnaire, qui vient
en rupture par rapport aux immeubles
collectifs du plateau. Cette couronne
résidentielle entièrement urbanisée,
marque la transition, à l’ouest, avec
le quartier des Clochettes sur Saint-
Fons et, au nord, avec le parc d’acti-
vités de l’Arsenal. La frange sud du
plateau, majoritairement occupée par
des emprises d’équipements publics
et parapublics, maintient une relative
transparence avec la façade naturelle
du boulevard urbain sud.
Pourtant l’histoire de ce quartier appe-
lait un tout autre devenir. En Mai 1962,
Marcel Houël est élu Maire de Vénis-
sieux. Il a grandit à Villeurbanne où il a
vu construction de la cité des “gratte-
ciel” qu’il assimile justement à un
ensemble de logement d’avant garde
destiné à la population ouvrière. Le
conseilmunicipaldeVénissieuxaadop-
té auparavant le projet de construc-
tion d’une Z.U.P (Zone à Urbaniser en
Priorité) sur le plateau des Minguettes.
Cela représente pour Marcel Houël la
possibilité de voir s’implanter sur sa
commune des immeubles sociaux
répondant aux normes de confort de
l’époque, et qui permettent d’offrir aux
ouvriers des conditions de vie dignes
et modernes.
Le site des Minguettes a été choisi
par le ministère de la construction
pour réaliser un des grands en-
sembles majeurs de l’agglomération
Lyonnaise, afin de résorber la crise de
logement qui sévit depuis la fin de la
guerre. Pour les services du ministère,
ce grand plateau (220 hectares) est
idéal pour accueillir ce projet d’habita-
tion et de services liés. Effectivement,
selon Louis Dupic, ancien maire de
Vénissieux, le manque de densité des
logements sur le territoire communal
engendre des problèmes complexes,
notamment au niveau des équipe-
ments, des rues, égouts, transports. Le
secteur des Minguettes, qui à l’époque
n’était qu’une vaste zone agricole
exposé aux quatre vents, est selon lui
idéalement situé puisqu’à proximité
des lieux de travail, dans une zone re-
lativement facile à équiper.
Cette opération d’envergure est
confiée à la Société d’Equipement
de la Région Lyonnaise (S.E.R.L), une
des filiales de la caisse des dépôts et
des consignations. L’Etat s’engage à
réaliser les équipements, la commune
s’engage à garantir les emprunts
contractés par la S.E.R.L. Une équipe
d’architectes et d’urbaniste est dési-
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La Courly favorise la rénovation du
quartier Part-Dieu-garibaldi. Cette
politique aura deux conséquences qui
impactent l’évolution des Minguettes.
Le financement nécessaire à la mise
en place d’équipements insufisant, et,
paralèlement la rénovation du quartier
de la Part Dieu entraine une gentrifica-
tion de cette zone, et un déplacement
des classes populaires vers la périphé-
rie, entre autre vers le quartier de Min-
guettes.
Au début des années 1970 l’augmen-
tation brutale du prix du pétrole par
les pays exportateurs accentue égale-
ment le déclin de la ville. La produc-
tion industrielle baisse et l’inflation
augmente. Du coup, l’investissement
s’effondre et le chômage s’envole. Vé-
nissieux, la commune la plus industria-
lisée de l’agglomération Lyonnaise, est
touchée de plein fouet par cette crise.
Les usines ferment. Sur le plateau des
Minguettes la population ouvrière peu
qualifiée est la première frappée par
les licenciements.
Le 3 janvier 1977, Raymond Barre,
alors premier ministre, et Jacques
Barrot, secrétaire d’état chargé du
logement, édictent une loi privilégiant
l’aide personnalisée au logement
(APL), au détriment du financement
des programmes collectifs. Cette nou-
velle loi va bouleverser la politique
d’aménagement de la ville, et favo-
rise les classes moyennes à quitter
les grands ensembles des Minguettes
au profit d’un habitat pavillonnaire,
individuel. De nombreux logements
se libèrent. Aux Minguettes le parc
immobilier présente près de 2000
appartements vacants en 1983, contre
moins de 700 en 1979. La population
se paupérise. Les tours se vident et se
murent.
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 034 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 035
1.3.3 :Un territoire morcelé
Le territoire de Vénissieux se compose
de quartiers assez différents par la po-
pulation, la fonction et l’architecture.
Il génère une forme en étoile assez
spécifique, qui est constitué d’une
mosaïque de quartiers, bien indivi-
dualisés par le type d’occupation et les
paysages. Entre eux, ces quartiers sont
souvent, isolés les uns des autres par
des coupures, voire des ruptures, que
constituent par exemple la voie ferrée
et le boulevard périphérique.
Au nord, une zone d’habitat collectif
qui fait pratiquement partie de Lyon.
Puis une large zone d’activités, entre le
boulevard Laurent Bonnevay et la rue
de la République (autour de la ligne de
chemin de fer). De nouveau une zone
d’habitat qui englobe les Minguettes,
le centre, et les quartiers Max Barel
et Pasteur. Enfin, au sud, une zone
non urbanisée, en partie agricole : les
Grandes Terres. A une échelle plus fine,
on s’aperçoit que ces différentes zones
sont en réalité composites, et cette
mosaïque met en exergue une semi-
mixité qui révèle un manque de cohé-
rence urbaine. Les fractures du terri-
toire sont en partie dues aux grands
axes routiers et ferroviaires qui le tra-
versent. Le boulevard Laurent Bonne-
vay marque la rupture entre le quartier
résidentiel du Moulin à Vent, au nord,
et le tissu industriel, au sud : c’est un
axe très fréquenté et une source de
nuisances importantes, notamment
sonores, avec un impact visuel fort. Ce
boulevard, indispensable au fonction-
nement économique de l’aggloméra-
tion, crée une coupure physique, isole
certains quartiers et rend les commu-
nications vers Lyon difficiles. Le mail-
lage Vénissian est fortement marqué
par son histoire et par la présence de
grands sites industriels et tertiaires. La
trame viaire a été calibrée, formée ou
«déformée» pour les industries et non
pour les habitants. La question se pose
aujourd’hui de la gestion paysagère de
ces rues. Cependant, plusieurs de ces
voies sont empruntées par le Tram T4,
qui vient en quelque sorte justifier a
posteriori leur surdimensionnement.
Globalement, cela offre plutôt un po-
tentiel d’évolution intéressant.
VENISSIEUX
CORBAS
SAINT PRIEST
MIONS
BRON
CHASSIEU
LYON
FEYZIN
SAINT FONS
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 036 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 037
La situation de Vénissieux au cœur des
principaux axes routiers apporte à la
ville une accessibilité optimale qui lui
confère une certaine attractivité.
Le raccordement aux transports en
commun a évolué dernièrement avec
la mise en place du tram T4. Cette nou-
velle ligne de tram contribue à désen-
claver Vénissieux et assure une meil-
leure intégration de la commune dans
l’agglomération Lyonnaise, mais à ce
jour le maillage des transports collec-
tifs s’articule autour de Lyon centre et
seul les bus relient les banlieue entre
elles.
L’ambition de Vénissieux est au-
jourd’hui de développer le trafic de
manière à faire de sa gare une gare
d’agglomération à part entière, en
liaison directe avec la Part-Dieu et Per-
rache, et avec une augmentation signi-
ficative de la desserte TER.
Sur la commune de Vénissieux, les dé-
placementsdouxvisentàêtreencoura-
gés. Actuellement les quartiers sistués
au nord de Vénissieux se greffent aux
infrastructures lyonnaises. La situation
es plus complexe au Sud, notamment
due à la l’importance de la topogra-
phie dans le secteur des Minguettes.
Quant aux piétons, la forte présence
d’espaces verts dans la ville la rend
agréable et propice aux déplacements
piétons. Cependant, le centre pré-
sente des trottoirs étroits et de nom-
breux axes routiers. Il n’existe pas de
réelle zone piétonne en centre ville qui
pourrait être des zones d’échangent et
d’activité entre les habitants. De plus,
les grandes infrastructures routières et
ferroviaires sont généralement dissua-
sives pour les piétons car il est impé-
ratif d’utiliser les passages aménagés,
et cela engendre souvent des détours.
Vers Gerland, puis
l’ouest Lyonnais
Vers l’Est Lyonnais
Augmentation des
fréquences et de
l’amplitude horaire
Augmentation des
fréquences et de
l’amplitude horaire
T4 vers La Doua
Passage gare de la
Part Dieu
Gare de
Vénissieux
Gare et zone d’influence actuelle et projetée
Tracé du TER ligne Lyon Grenoble
Volontés pour cette ligne
Volontés de raccordement TRAM
Volontés de raccordements viaires
Ligne de métro D
Ligne de Tram T4
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1.3.4: Un contexte économique fragile:
A contrario, la situation sociale sur le
site de Vénissieux est problématique.
La démographie a été caractérisée par
une forte croissance autour des années
1970, notamment de par la présence
du qaurtier des Minguettes. La popu-
lation qui, avait fortement baissée
depuis les années 80, est de nouveau
en augmentation depuis 2005. Celle-ci
présente différentes caractéristiques,
l’importance de la population immi-
grée, la jeunesse de la population (21
% de moins de 14 ans en 2006, contre
18 % dans la zone d’emploi de Lyon),
l’importance du logement social (55%
de logements sociaux contre 23%
pour l’agglomération lyonnaise, et la
faible qualification de la population
(moins de 4% des plus de 15 ans sont
titulaires d’un diplôme supérieur au
grade de licence, contre plus de 12%
pour le Grand Lyon). Le taux de chô-
mage y est également élevé (17,8 %
en 2006, contre 10,2 % dans la zone
d’emploi de Lyon), et le niveau de vie
moyen nettement inférieur à celui du
reste de l’agglomération (les Vénis-
sians disposaient en 2004 d’un revenu
net annuel moyen par habitant de 11
820 €, contre 18 027 € pour l’ensemble
de l’agglomération et 16 053 € pour la
France).
L’analyse du chômage confère à Vénis-
sieux une situation particulière, à la
fois un vrai dynamisme économique,
qui se traduit par un nombre d’emplois
important ainsi qu’un taux de chô-
mage élevé. Cette situation renvoie à
une répartition socioprofessionnelle
spécifique. Vénissieux compte moins
de professions dites supérieures ou in-
termédiaires, que le reste du départe-
ment, mais plus d’ouvriers, d’employés
et de retraités. Paradoxalement, avec
43 700 emplois salariés privés, les
Portes du sud sont le 3e territoire du
Grand Lyon en termes d’emplois, après
le Centre et la Porte des Alpes. Vénis-
sieux est de loin le premier pôle d’em-
ploi de Portes du Sud. Cependant la
plupart des emplois sont tenus par des
actifs ne vivant pas sur la commune,
seulement 32% sont occupés par des
actifs résidant sur la commune.
Vénissieux est marqué par une forte
présence industrielle qui connaît un
déclin de ses activités et donc de son
offre d’emploi. Or une majorité des
actifs de Vénissieux occupent des
emplois peu voire pas qualifiés (38,5%
d’ouvriers et 34,5% d’employés). Ces
chiffres s’expliquent notamment par
un faible niveau d’étude de la popu-
lation dont seuls 3,3% en 2003 se
dirigent vers des études supérieures.
Cette situation appelle la mise en place
de dispositifs de lutte spécifiques. En
ce sens, le quartier des Minguettes,
est classé en zone franche urbaine
depuis le 1er janvier 2004. C’est un
classement qui regroupe les terri-
toires « caractérisées par la présence
de grands ensembles ou de quartiers
d’habitat dégradés et par un désé-
quilibre accentué entre l’habitat et
l’emploi ». Cela a permis la création
d ‘emplois sur ce secteur et l’amorce
d’un désenclavement. La priorité affi-
chée est de diminuer le nombre de
demandeurs d’emplois sur la ville en
favorisant la création d’emploi sur le
territoire et l’accès des habitants à ces
emplois.
Afin de faire évoluer ce territoire au-
jourd’hui précaire, il est nécessaire de
développer l’offre d’insertion sociale
d’une part, et de peu à peu modifier
l’image de la ville afin d’attirer une po-
pulation plus diversifiée.
Le secteur de «Porte du Sud» est au-
jourd’hui un territoire industriel en
phase de requalification et de recon-
version. Ce territoire s’implante en
charnière qui jouxte l’hyper centre
Lyonnais au nord, et qui se prolongent
à l’est et au sud vers la zone industrielle
Lyon Sud-Est, la zone d’activité mixte
la plus importante de l’agglomération
et la vallée de la chimie. Porte du Sud,
concentre plus de 42 000 emplois sa-
lariés dont 30 % dans l’industrie. Une
importante partie de l’activité écono-
mique est diffuse au sein même de
Vénissieux.
L’ensemble de La zone industrielle Lyon
Sud-Est et la Vallée de la Chimie béné-
ficient d’opérations de requalification
pour un environnement et des ser-
vices de qualité supérieur. Cela donne
aujorud’hui naissance à des projets
innovants qui placent aujourd’hui la
Vallée de la Chimie comme un terri-
toire stratégique pour l’implantation
d’activités liées «cleantech». Cette
zone deviendra sûrement prochaine-
ment une référence européenne dans
le domaine des énergies propres.
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 040 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 041
1.3.5: Une ressource: les espaces verts:
ment des volailles, des moutons et des
porcs. Les Grandes Terres ont égale-
ment été le support de vignes. Feyzin
était alors connu pour son vin blanc : la
roussette. Enfin Vénissieux était l’une
des capitales de la rose et comptait
une trentaine de rosiéristes.
Les grandes terres sont aujourd’hui
dédiées à être multifonctionnelles.
(Agricoles, réservoir de biodiversité
et accueil à but pédagogique). Ce ter-
ritoire offre un paysage riche, varié
et très dépaysant par rapport aux es-
paces verts urbains aux portes de la
ville. Elles permettent également aux
Vénissians de découvrir la nature et de
s’informer sur les questions de biodi-
versité et de pratiques agricoles.
L’espace urbain vénissian est égale-
ment très paysagé. La ville compte
plus d’espaces verts par habitant que
la moyenne française (100m²/habitant
contre 16 pour le reste de la France).
Les jardins privés sont pris en compte.
Ils recouvrent une grande partie du
territoire communal, et, sont le plus
souvent visibles de la rue, ce qui leur
donne une fonction paysagère. On
décompte au total, parmi les 162 ha
d’espaces verts, 10,8 ha d’espaces boi-
sés et 78,7 ha de pelouse. On recense
aussi 39 000 m² d’arbustes à fleurs
ou feuillage décoratif, 10 051 m² de
rosiers et 3 867 m² de massifs à fleurs
annuelles etc…
Pour ce qui est de la gestion des es-
paces verts, le développement du-
rable est privilégié. Les végétaux sont
produits dans des serres locales, l’eau
utilisée par les espaces verts est gérée
au mieux, et les plantations sont choi-
sies dans des variétés peu gourmandes
en eau. Les herbicides sont de moins
en moins utilisés. On leur préfère un
paillis à base de bois broyé dans la
litière de la plante, afin de limiter les
pesticides et raisonner les besoins en
eau. Les fongicides et insecticides sont
également très peu utilisés.
La disposition de la trame verte fait ap-
paraître les deux grands réservoirs de
biodiversité : le parc de Parilly au nord
et les Grandes Terres au sud. Pour les
connecter, on constate que le corridor
le plus probable se fait par le tissu pa-
villonnaire. Les autres connexions pos-
sibles peuvent être la mise en place
d’un système paysager cohérents le
long des axes de déplacement.
Depuis quelques années, la com-
mune souhaite offrir un autre rôle
aux espaces verts, un rôle plus ancré
dans le développement durable. C’est
ce qui a été notamment mis en place
par l’association passe jardin avec «Le
jardin de l’envol» rue de la démocra-
tie sur le coteau des Minguettes. Sur
un terrain appartenant à la ville, l’as-
sociation gère le potager grâce à une
dizaine de personnes en réinsertion.
L’association, en partenariat avec la
ville, apprend à ces personnes com-
ment jardiner. Cette association inter-
vient également sur le grand Lyon. Par
exemple à Vaux en Velin, où des jar-
dins d’habitants ont été mis en place.
Les habitants s’emploient notamment
à fleurir la plus petite parcelle de leur
quartier afin de s’approprier l’espace.
Vénissieux dispose déjà d’un nombre
important de jardins familiaux que
ce soit ceux de Renault Trucks, de la
Caisse d’Épargne ou de la ville. Ce
sont des jardins mis à disposition des
citoyens pour que chacun puisse pro-
duire des fruits et des légumes. Ces
espaces ont un rôle écologique sem-
blable à celui des jardins privés, cepen-
dant la fonction de cohésion sociale y
est beaucoup plus forte.
Au niveau de ses caractéristiques envi-
ronnementales, la commune bénéficie
de 162 ha d’espaces verts, dont les
principaux sont, le parc départemental
de Parilly, situé à la fois sur Vénissieux
et sur Bron. C’est un parc de 178 hec-
tares répartis en une zone boisée, et
une zone de sport. Les Parcs urbains
Louis Dupic et des Minguettes. Ainsi
que la frange naturelle du boulevard
urbain sud, ainsi que le plateau des
grandes terres.
Les Grandes Terres et le Parc de Parilly,
sont des points d’entrée de la nature
dans la ville et occupe une place spéci-
fique dans la trame verte de l’agglomé-
ration. Le parc de Parilly est géré par le
département du Rhône. Il se situe sur
les communes de Bron et Vénissieux
et est composé d’une zone boisée
couvrant la majorité des 187 hectares
du parc et une zone des sports com-
prenant de nombreux équipements
de sport collectif. La partie centrale du
parc est occupée par l’hippodrome de
Lyon-Parilly. La majorité des 187 hec-
tares est offerte à la nature et notam-
ment aux peuplements boisés. Ces
espaces offrent une grande variété
de paysages. En effet, si à l’origine le
parc était essentiellement composé de
pins, il est aujourd’hui boisé par des
bosquets d’essences variées : érables,
cèdres, tilleuls, chênes rouges, pins,
bouleaux, sapins, marronniers, dou-
glas, féviers d’Amérique... Chaque
année une nouvelle variété d’arbre
est plantée. On retrouve ainsi sur le
parc plus de 80 essences différentes
dont les plus âgées ont une soixan-
taine d’années. On compte également
une grande variété de plantes orne-
mentales : souci, hibiscus, asparagus,
dahlia, chrysanthème, géranium…
D’un point de vue environnemental, la
direction du parc essaye de favoriser
des espèces qui consomment moins
d’eau. Ils utilisent beaucoup les auxi-
liaires de cultures (prédateurs naturels
des insectes pathogènes des plantes)
dans les serres. Le Parc de Parilly est
un espace vert tampon au nord de la
commune qui s’affiche comme un im-
portant réservoir de biodiversité.
Les Grandes Terres abritent une bio-
diversité exceptionnelle, aussi bien
végétale qu’animale. Aujourd’hui,
l’étalement des villes menace toutes
ces zones agricoles périurbaines. C’est
pourquoi afin de compléter l’action
du grenelle de l’environnement, les
communes principalement au Sud de
Vénissieux se sont déjà regroupées
en syndicat (Syndicat Intercommunal
des Grandes Terres) pour défendre
au mieux les intérêts de leurs espaces
agricoles. Cette zone agricole partagée
entre les communes de Corbas, Vénis-
sieux, Feyzin, Solaize s’étend bien au
delà. Elle doit son nom à la taille im-
portante des exploitations qui étaient
plus grandes que dans le reste de la
région. Jusque dans les années 50, on
trouvait de nombreuses exploitations
qui vivaient de l’élevage. Les bovins,
étaient élevés pour leur viande et leur
lait, mais aussi pour réaliser les tra-
vaux sur les champs. On élevait égale-
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 042 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 043
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 044 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 045
2: L’AGRICULTURE URBAINE, UNE SOLU-
TION MULTIPLE
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 046 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 047
2.1: DEFINITION
AgroParisTech. C’est une spécialisation
possible en troisième année d’école
d’ingénieur qui s’intitule, « ingénierie
des espaces végétalisés en ville, spé-
cialisée en agriculture urbaine ». Afin
d’avoir des retours plus globaux et de
favoriser la mise en place pertinente
d’agriculture dans nos villes, il est né-
cessaire de réviser les concepts et les
méthodes classiquement utilisés dans
la recherche agricole. Inversement, la
conception de la durabilité des sys-
tèmes urbains peut s’enrichir de la
prise en compte des dynamiques agri-
coles.
Le développement d’agriculture au
coeur des territoires urbains permet
d’accroître les surfaces potentielle-
ment cultivables, et de produire à
proximité des consommateurs. Cela
permet également aux citadins de
retrouver un lien avec la production
agricole. Ce qui œuvre à la restaura-
tion des sols urbains dégradés, grâce
aux travail du sol et à la présence d’es-
pèces végétales, tout en augmentant
la pollinisation et en fixant du carbone.
La mise en place de ce type d’agri-
culture permet également de lutter
contre l’uniformisation engendrée par
les grandes cultures industrielles. Elle
aide au maintien et à la conservation
de certaines variétés menacées ou
déjà disparues. Elle permet à certaines
populations plus d’indépendance ali-
mentaire ou de pallier à un manque de
nourriture. Elle favorise également le
lien social entre habitants d’un même
quartier en permettant la participation
des riverains et du voisinage.
Selon Chris Younès, les milieux habi-
tés sont définis par un équilibre entre
zones urbaines et zones agraires. Ce
qui permet d’investir un environne-
ment « habitable ». Alors qu’aupara-
vant, la ferme était uniquement dédiée
aux environnements ruraux. Les modi-
fications de notre manière de vivre et
de notre environnement engendrent
la renaissance de l’agriculture urbaine.
Aujourd’hui, l’organisation des nations
unis pour l’alimentation et l’agriculture
(FAO Food and Agriculture Organisa-
tion of the united Nations) prône ce
type de dispositifs pour pallier la perte
des terres agricoles et répondre à la
nécessaire sécurité alimentaire.
L’agriculture urbaine commence par le
développement de jardins individuels
ou collectifs mais peut également
explorer d’autres typologies comme
l’agriculture verticale. Il s’agit d’ima-
giner des possibles entre les dyna-
miques de la culture et de la nature
par la mise en œuvre de synergies
d’un autre type. En ce sens, les accords
entre agriculture et milieu urbain sont
des plus significatifs. La mise en place,
même massive, de territoires urbains
productifs n’attend pas une réponse
uniquement nourricière, mais le dé-
passement du clivage urbain/rural afin
d’intégrer dans un ensemble cohérent
les différents types de territoires, sans
toutefois créer un territoire urbain qui
n’aurait plus besoin du rural.
L’environnement urbain met cepen-
dant en exergue la problématique de
la pollution, et donc des dangers en-
courus par les consommateurs d’une
alimentation produite in situ. Dans
les pays du nord, les risques de pollu-
tion ont d’abord été étudiés à travers
l’analyse des sols urbains qui sont les
supports de jardins associatifs. Des
travaux montrent que certains de ces
sols peuvent être fortement conta-
minés par des métaux lourds, du fait
d’usages industriels préalables. Les
pollutions d’ordre atmosphérique ont
L’agriculture urbaine englobe les
formes variées d’agriculture localisée
en ville ou en périphérie des villes. Les
produits agricoles et les services an-
nexes qu’elle fournit sont en majeure
partie à destination des villes dont elle
utilise des ressources (foncières, de
main d’œuvre, d’eau, de capital etc.)
en concurrence mais aussi en complé-
mentarité avec des usages urbains. Le
terme définit le fait que cette agricul-
ture existe pour et avec la ville. C’est
un phénomène qui a toujours existé.
Nous savons par exemple qu’elle était
déjà présente au moyen âge . Mais
aujourd’hui elle prend une dimension
beaucoup plus importante, bien que
très différente en fonction du territoire
accueillant. Dans les pays en dévelop-
pement, son rôle est principalement
économique et alimentaire. Elle de-
vient même un des uniques moyens
de subsistance pour les citadins dé-
munis. Dans les pays développés, elle
propose plutôt une fonction de loisirs,
d’échanges, de rencontres… même si
elle conserve une fonction nourricière.
Historiquement, ces zones agraires
trouvaient leur place en périphérie
immédiate des villes et constituaient
des ceintures maraîchères qui permet-
tait de nourrir la zone urbaine voisine.
Aujourd’hui, certain projet, comme la
proposition de l’équipe de Jean Nouvel
pour le projet du Grand Paris, Nais-
sance et renaissance de mille et un
bonheur parisien propose de remettre
en place cet espace de ceinture verte,
avec, comme fonction, un véritable es-
pace “tampon” entre la zone urbaine
et la zone rurale. En zone urbaine,
d’autres espaces productifs trouvent
place, il s’agit des jardins ouvriers. Ces
dispositifs fréquents depuis de lon-
gues années au cœur de nos espaces
urbains ont toujours eu plusieurs rôles
à la fois, celui d’espace vivrier, mais
également d’espace de rencontres,
d’espaces verts…
La fonction de l’agriculture « urbaine
» est très diversifiée dans ses formes
entre pays, villes et contextes. Elle
peut par exemple occuper des champs
périurbains, avec des systèmes de
production variés, s’infiltrer dans des
interstices urbains, sur le bâti. Une
caractéristique omniprésente est sa
multifonctionnalité. Elle a toujours
une vocation nourricière, mais égale-
ment souvent productrice de fonctions
économiques et sociales pour la ville,
par la mise en place de nouveaux cir-
cuits courts et les emplois générés, les
liens sociaux qu’elle peut tisser voire
parfois des dispositifs de réinsertion
sociale. Elle revêt également des fonc-
tions environnementales, par la mise
en place de corridors verts et d’action
sur les sols. Pour finir, elle peut jouer
un rôle paysager et de cadre de vie.
Dans les pays du nord, on lui voue éga-
lement une fonction pédagogique
et ludique. Cette fonction est très
importante et justifie souvent sa pré-
sence car il semblerait que nous ayons
un besoin de nous reconnecter avec
l’alimentaire, avec la nature, la terre.
L’agriculture urbaine revêt ces dif-
férentes images, mais nous avons
peu de retours argumentés sur sa
présence. Car peu de structures for-
ment des professionnels compétents
pouvant fournir des études et des
recherches fiables. Les projets d’agri-
culture urbaine sont principalement
menés par des non agronomes, par
des architectes, des urbanistes ou des
travailleurs sociaux. La seule formation
en France aujourd’hui spécialisée en
agriculture urbaine est dispensée par
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 048 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 049
été quant à elles moins étudiées. Des
produits issus de l’agriculture urbaine
révèlent des teneurs très variables
en métaux lourds en fonction de leur
zone de production. Dans l’expérimen-
tation sur le toit d’AgroParisTech on a
pu montrer en 2012 que les teneurs
en plomb et cadmium des salades et
tomates produites étaient au moins
5 fois moindres que les seuils régle-
mentaires européens pour leur com-
mercialisation. Le développement des
cultures urbaines doit impérativement
s’accompagner d’études pertinentes
sur la qualité possible afin d’orienter
les collectivités et/ou les entreprises
dans le choix des sites d’installation
des productions.
Ina Saumel, biologiste au sein de la
Technische Universitat de Berlin a
travaillé sur les risques de pollutions
urbaines. Elle conseille de conserver
la terre locale, sauf si elle est support
de pollutions très importantes. Afin de
se protéger des pollutions urbaines, il
s’agit de mettre en place une barrière
végétale d’environ 3 mètres de large
sur les bordures de l’espace investi.
Puis, de planter des arbres fruitiers car
les fruits accumulent peu les métaux
lourds. Ensuite il est possible de
cultiver toutes sortes de tubercules
et, dans l’espace le plus protégé,
toutes sortes de verdures car celles-­‐ci
sont plus sensibles aux pollutions que
les fruits ou les racines.
Si les bâtiments sont recouverts de
peintures contenant du plomb ou
d’autres polluants, il est nécessaire de
respecter une certaine distance (envi-
ron 5 mètres) entre les façades pol-
luées et la culture de « verdures ».
Dans le cas où une récupération des
eaux de pluies depuis la toiture est
effectuée, il est important de mettre
en place un filtre végétal afin que l’eau
des toitures soit filtrée par un système
aquatique et qu’elle soit purifiée avant
d’arroser les plantes.
La toiture peut être investie par n’im-
porte quelle plantation. Quant aux
façades, des études montrent que
les métaux lourds arrivent jusqu’au
balcon du premier étage, mais à partir
du second étage la pollution est déjà
fortement réduite.
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 050 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 051
2.2: DES FONCTIONS TRES VARIEES:
2.2.2: Une fonction nourricière:
La fonction alimentaire de l’agriculture
urbaine est moins significative dans
les pays du nord, du fait de l’interna-
tionalisation forte des marchés. On
constate cependant un regain d’intérêt
des consommateurs pour des circuits
courts d’approvisionnement alimen-
taire, même s’ils sont aujourd’hui très
diversifiés. Les citadins des pays déve-
loppés utilisent le biais nourricier pour
combler d’autres attentes. C’est ce qui
se passe avec des formes plutôt inno-
vantes de transformation des espaces
verts urbains en espaces vivriers. Ces
dispositifs sont par exemple expé-
rimentés dans le mouvement des «
Incredible Edible » (Les Incroyables
comestibles) qui a vu le jour en 2008
à Todmorden en Angleterre. Le prin-
cipe consiste à planter tout végétal
comestible dans les interstices verts
urbains, et de permetre le libre ser-
vice de ces productions. Cela donne
naissance à des espaces vivriers, mais
surtout des espaces d’échanges et
de liens sociaux. Todmorden est une
ancienne cité industrielle en déclin.
En 2008, deux mère de famille, Mary
Clear et Pam Warhust installent de-
vant chez elles des bacs de plantes
potagères et décident de mettre leur
production à la disposition de tous. Le
mouvement prend peu à peu de l’am-
pleur. La municipalité l’encourage et
autorise les plantations sur les terrains
publics qui s’y prêtent. En France, la
première ville à suivre le mouvement
a été Colroy-la-Roche (Alsace), en avril
2012. Depuis ces initiatives prospèrent
dans plus de 350 communes. Cette
dynamique engendre de la nourriture
à partager mais également de nom-
breux échanges entre les citoyens. Le
but n’est pas de nourrir gratuitement
les villes, mais surtout de permettre
aux urbains de comprendre le fonc-
tionnement maraicher. A todmorden,
on constate un regain de l’activité agri-
cole, car cette dynamique encourage
la consommation locale.
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 052 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 053
2.2.2: Un outil pédagogique
Plusieurs dispositifs pédagogiques
permettent de sensibiliser les urbains
à la nature. Afin d’être pérenne, il est
nécessaire d’expliquer la gestion éco-
logique aux usagers. Les jardins et les
espaces verts sont des espaces péda-
gogiques pertinents. Le développe-
ment d’un territoire urbain productif
crée un lien fort entre les urbains
et les dispositifs de productions ali-
mentaires. C’est également un moyen
de fournir aux scientifiques de nom-
breuses données sur la biodiversité
au cœur des différents territoires. Ce
rôle pédagogique permet de pallier
l’absence de lien entre l’homme, la na-
ture et la nourriture. Auparavant, les
urbains avaient souvent un membre
de leur famille dans une exploitation
agricole. Ce qui lui permettait par la fi-
liation de conserver un lien avec l’agri-
culture, et bien souvent, un respect
pour la culture de la terre et pour l’éle-
vage, ainsi qu’une connaissance des
produits et de la nourriture. Ce lien est
beaucoup moins présent aujourd’hui.
Cette fonction pédagogique permet
une plus grande connaissance des
cultures par l’homme et la diminution
du gaspillage de la nourriture. Selon
Nicolas Vannier, « on protège et on ne
gaspille pas ce que l’on a produit et ce
que l’on a vu grandir ». A ce jour, envi-
ron le tiers de la production agricole
mondiale est perdue ou gaspillée. Aux
Etats-­‐Unis, près de 40 % des quantités
d’aliments disponibles sont jetés.
L’introduction de l’agriculture urbaine
permet par cette fonction pédago-
gique de revaloriser les aliments, en
mettant en avant la saisonnalité, la
différence entre des produits cueillis
à maturité ou non, ainsi que des pro-
duits locaux. Ces éléments revalorise
la profession d’agriculteur, aujourd’hui
en déclin en France, alors qu’ils nous
fournissent, par leur travail, la nour-
riture, élément indispensable à notre
survie.
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 054 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 055
2.2.3: Un outil d’aménagement du terri-
toire
A ce jour, le parc des Dondaines cumule,
superpose et croise différents usages, dif-
férents publics et différentes vocations. Il
s’agit de proposer la mise en place d’une
forme simple, facile à appréhender et pra-
tique à l’usage, tout en étant très éloignée
de la serre agricole classique. La serre a
une vocation didactique et met en scène
différents types de culture en terre ou
hors sol. L’espace propose également la
vente des produits cultivés sur place, ainsi
qu’un bar/restaurant. Une halle de marché
trouve également sa place et doit être en
mesure d’accueillir d’autres événements
que la vente. Il s’agit de mettre en place
un espace mixte et polyvalent, où, tous
les publics peuvent observer les processus
de culture. La ferme en elle-­‐même s’ins-
crit dans un bâtiment vertical composé
de l’accueil du public, des locaux admi-
nistratifs, des locaux pédagogiques, d’une
basse-­‐cour et d’un poulailler, d’un loge-
ment, d’une ascension et son belvédère.
Son implantation, sa hauteur et sa forme
en font un bâtiment signal à l’échelle du
parc et surplombe le périphérique. Sa
position fédère et accompagne les autres
bâtiments animaliers dispersés sur le site.
Le bâtiment se développe sur 4 niveaux
et s’achève par une plateforme. Depuis
l’étable, le cheminement s’enroule autour
du bâtiment et mène jusqu’au point culmi-
nant : le belvédère.
Augustin Rosensthiehl, co-­‐fondateur de
l’agence d’architecte SOA et membre du
laboratoire d’urbanisme agricole pose la
question de la transformation des espaces
publics paysagers en espaces vivriers. Se-
lon ces études, ce type de dispositif ne re-
présente pas forcément de surcoûts. Cela
permettrait de développer des espaces de
culture au coeur des villes sans l’ampu-
ter des espaces “verts” existant et sans
recourir à de nouveau foncier. Cela place
également les espaces vivriers comme des
éléments paysagers et comme des espaces
publics à vivre.
L’agriculture en milieu urbain génère
souvent un aménagement du territoire
spécifique. Sa multiplication accentue
ce phénomène. Par exemple, les jardins
partagés de New-­‐York sont apparus dans
un contexte particulier. En 1970, la ville
connaît une crise financière et urbaine. Au
départ certains Newyorkais brûlaient vo-
lontairement leurs maisons afin de ne plus
payer d’impôts et touchaient des primes
d’assurances. Les terrains devenaient
alors propriété des banques ou de l’état,
et de nombreuses friches sont apparues
au cœur de New York. L’artiste Liz Christie
a alors commencé à fleurir ces zones en
lançant des bombes d’argiles remplies de
graines. Peu à peu les populations ont sou-
haité récupérer de la nourriture et ce fut la
naissance de jardins partagés vivriers. Au-
jourd’hui, ces nombreux jardins (environ
600) toujours existants créent des espaces
de respiration nécessaires au cœur d’un
territoire urbanisé très dense.
En Europe, les jardins ouvriers ainsi que
la majorité des espaces verts publics au
coeur de la ville sont nés lors de l’indus-
trialisation pour permettre à l’homme de
conserver un lien avec la nature, de pallier
la pollution et d’obtenir une aide écono-
mique par sa propre production. Derniè-
rement de nouveaux rapports hommes
- nature sont apparus, avec l’absence de
filiation agricole, ainsi qu’un rapport très
différent à l’écologie, à la nourriture et à
l’habitat. L’investissement des milieux ur-
bains par des zones de productions permet
de redéfinir un lien fort entre l’homme et
la nature tout en créant de nouveaux pay-
sages. Aujourd’hui, ce type de dispositifs
reste anecdotique en tant que bassins
nourriciers conséquents, mais leur multi-
plication leurs donnerait un poids supplé-
mentaire.
 
Par exemple, la ville de Lille souhaite utili-
ser les espaces verts afin d’aménager son
territoire. Il est donc envisagé de proposer
l’optimisation de ces espaces verts posi-
tionnés logiquement sur le territoire, en
les remplaçant peu à peu par des espaces
vivriers. Ce qui serait totalement cohérent
avec un territoire aux problématiques
sociales importantes. Le territoire Lillois
marqué par son héritage industriel, nous
rappelle certaines caractéristiques du ter-
ritoire Vénissian. Aujourd’hui Lille souhaite
appuyer son aménagement sur la culture
et sur le durable. C’est également une
hypothèse à retenir dans le cadre du déve-
loppement Vénissian qui est de plus doté
d’un climat plus clément et d’une quantité
d’espaces appropriables importante. Dans
cette volonté projectuelle, il est interes-
sant de s’intéressant à l’exemple Lillois du
parc des Dondaines.
A ce jour, il existe déjà au cœur du quar-
tier d’Euralille la ferme pédagogique
Marcel Dhenin. Celle ci permet à tous la
découverte des animaux de la ferme, et
plus particulièrement de races régionales
de bovins, ovins, volailles... Elle propose
de nombreuses animations destinées à
un large public, dans un souci de sensi-
bilisation au patrimoine régional, tant
au niveau des végétaux que des espèces
animales. Elle travaille en collaboration
avec les écoles locales afin de sensibiliser
le jeune public à l’agriculture, et s’adresse
également aux particuliers qui souhaitent
se promener au cœur du parc et voir des
animaux au coeur de ma ville.
L’agence d’architectes SOA propose d’aller
plus loin et d’investir la totalité du parc
des Dondaines, l’emplacement actuel de la
ferme pédagogique. Ce projet aujourd’hui
en suspens, positionne l’agriculture
comme point de convergence de la culture
et de la pédagogie. Il est également le sup-
port d’un pont qui permet le franchisse-
ment de la frontière créée par la rocade.
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 056 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 057
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 058 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 059
2.2.5: Un moyen de résilience:
de 2008 a anéanti ce territoire. Aujourd’hui,
le centre ville est un désert d’emploi, et un
espace abandonné par les transports en
commun. La ville est également un désert
alimentaire car il n’y a presque aucune pro-
position de vente de produits frais. Toutefois,
la transition vers une ville plus productive
s’est amorcée à la fin du 19ème siècle avec
son maire Hazen Stuart Pingree, qui a souhai-
té utiliser les espaces laissés vacants par la
structure de la ville. Il a mis en place une poli-
tique d’agriculture urbaine afin de répondre
à la pauvreté et au manque de nourriture.
A l’époque, la fin de la crise a estompé le
mouvement. Aujourd’hui Détroit s’étend sur
350km2 (soit 3 fois Paris) et 150km2 de sol
sont en jachère. Le potentiel est conséquent.
Le mouvement est réamorcé par les citoyens
qui tentent de sauver leur territoire en utili-
sant l’agriculture urbaine. Nous trouvons par
exemple le projet de « Brother Nature Farm
», qui a été créé par un ancien enseignant
et qui emploie aujourd’hui 3 personnes.
La volonté est nourricière, mais vise égale-
ment un rapport différent entre l’homme
et la nourriture. D’autres initiatives ont vu
le jour dans des buts sociaux, des espaces
nourriciers destinés à des personnes dans
le besoin. Elles permettent des formations
dans le maraichage et l’utilisation de la terre
pour se réapproprier la nourriture. Ces initia-
tives engendrent de nouvelles vocations et
de nouvelles initiatives. Concrètement, ces
dispositifs ont donné naissance à de nou-
velles solidarités de quartier, à de nouveaux
rapports entres les habitants. Et aujourd’hui,
des investisseurs souhaitent profiter de ces
potentiels, notamment par le biais de pro-
jets d’agricultures industrielles type « Hantz
Farm » qui vise la mise en place d’une nou-
velle économie verte à Détroit. D’importants
investissements sont réalisés afin de placer
l’agriculture urbaine bien au delà des jar-
dins partagés, avec de réels souhaits écono-
miques.
A ce jour, la ville de Détroit est considérée en
faillite. Le développement de l’agriculture ne
permet pas une résilience totale de la ville,
mais il apporte l’élément nécessaire à la sur-
vie: la nourriture, et il favorise la sécurisation
de la ville. Une volonté d’investissement à
but économique amènera à terme de nou-
veaux emplois au cœur de ce territoire dé-
laissé. L’agriculture seule ne suffit pas, mais
amorce un processus et met en place de nou-
veaux rapports entre les habitants.
Le territoire de Vénissieux de par l’impor-
tance de ses zones vertes publiques et par
les caractéristiques socio-économiques qu’il
affiche pourrait utiliser l’agriculture urbaine
afin de modifier l’image de son territoire, of-
frir aux habitants de nouvelles ressources et
développer une nouvelle économie ancrée
sur un territoire productif.
Depuis longtemps, l’agriculture urbaine
contribue très largement à l’alimentation
des villes dans les pays en développement.
Suite aux différentes crises économiques
et à la paupérisation urbaine dans les pays
développés, elle peut être une réponse perti-
nente, notamment avec la multiplication des
circuits courts. Le développement de villes
plus productives peut accompagner la tran-
sitions alimentaires et proposer aux citadins
un cadre de vie vivrier.
De nombreux dispositifs liés à l’agriculture,
particulièrement à petite échelle, la posi-
tionnent comme vecteur de liens sociaux,
d’échanges entre différentes populations qui
participent aux travaux agricoles, et d’inser-
tion pour des publics parfois marginalisés.
Le cheminement vers plus d’agriculture peut
amener au cœur des villes un nouveau vivier
d’emplois, de nouveaux dispositifs d’inser-
tion économiques permettant aux villes
d’acquérir de nouvelles compétences.
Ceci s’illustre avec l’exemple de la ville de Dé-
troit où la mise en place d’agriculture urbaine
permet à la ville de ne pas sombrer totale-
ment. Détroit est le berceau de l’industrie
automobile américaine. Depuis la seconde
guerre mondiale, cette industrie est en fort
déclin. La désindustrialisation a commencé
dans les années 50. Les industries ont peu à
peu rejoint la banlieue et le centre s’est pro-
gressivement désertifié. La crise industrielle
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 060 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 061
2.3: Les différentes façons de cultiver
l’espace urbain:
des espaces productifs. Ces dispositifs per-
mettent en outre d’améliorer la qualité de
l’air à l’intérieur et de réduire la pollution
des engrais. De nombreux projets de «
toits verts », « murs vivants » et surfaces
végétalisées ont été récemment conçus
pour être intégrés au bâti à l’aide de ces
technologies. Plusieurs fermes hydropo-
niques commerciales ont été créées en
milieu urbain, au Japon, à Singapour…
Ces procédés présentent de nombreux
avantages: la réduction de la consomma-
tion d’eau, la culture rapide et contrô-
lée avec une maîtrise supérieure
des attaques (nuisibles, maladies…). La
culture hydroponique permet surtout une
automatisation de la culture et peut être
comparée à une « machine à cultiver » qui
peut nous paraître très éloignée du chemi-
nement vers une ville durable. D’ailleurs,
ces atouts en ont favorisé un développe-
ment important au détriment de l’envi-
ronnement, les rendements obtenus étant
supérieurs aux rendements des cultures
«normales», les coûts et la quantité de
travail nécessaire moindre.
Paradoxalement, ce type de production
est énergivore et contribue au réchauffe-
ment climatique. Il nécessite également
des matières premières polluantes pour
la construction des serres notamment,
ainsi que des engrais chimiques et l’emploi
de chauffage nécessaire pour produire
à contre-­‐saison. Cette technique réduit
considérablement le nombre de variétés
explorées car certaines n’y sont pas adap-
tées. Son développement à terme remet-
trait fortement en question l’existence des
variétés « non rentables ».
Parfois il est nécessaire d’économiser le sol
urbain. Cependant la culture peut investir
pleinement les villes, notamment en se fai-
sant une place à même les constructions.
Dans la culture classique, le sol est le sup-
port de la croissance des plantes. Grâce à
la biodiversité qu’il accueille, il assure de
manière invisible des fonctions vitales. La
composition et les propriétés physico-­‐
chimiques du substrat ont un impact pri-
mordial sur les végétaux. Une épaisseur
moyenne de substrat d’au moins 10 cm,
des hauteurs variables de cinq à 25 cm voir
autour de 1 m pour créer différents habi-
tats, doivent être privilégiées.
Il est également possible de pratiquer la
culture dite hors-sol. Dans ce cas là, pour
que les végétaux poussent de manière
optimale, ils ont besoin de lumière, d’une
température stable et tempérée, d’une
hygrométrie de l’air suffisante ainsi que
d’une oxygénation satisfaisante des ra-
cines, enfin d’une nourriture adéquate en
suffisance composée d’eau, de sels miné-
raux et d’oligo-­‐éléments.
Les cultures hors-­‐sol comme l’hydropo-
nie se déroulent sans terre, se libérant
ainsi des contraintes liées aux cultures
terriennes classiques. Elle utilise des solu-
tions nutritives renouvelée et un substrat
inerte (minéral ou végétal) pour se pas-
ser du support et des apport d’un sol. Les
techniques de production dites « hors-­‐sol
» sont très variées et en pleine évolution.
Elles sont à définir en fonction du milieu
accueillant, particulièrement lorsqu’elles
se situent sur le bâti lui-­‐même, en tenant
compte des cultures souhaitées, de l’in-
vestissement technique, financier et de
fonctionnement que l’on souhaite déve-
lopper. Le public visé a également son
importance, par exemple l’hydroponie est
développée et défendue par les consom-
mateurs aux Etats Unis alors qu’elle a plu-
tôt mauvaise réputation en France dans le
cadre de la vente directe.
Actuellement, une expérimentation se
développe sur les toitures de l’école Agro-
ParisTech pour cultiver des légumes sur
substrats organiques locaux composés de
compost de déchets verts, de bois frag-
mentés et de marc de café. Les premiers
résultats sont encourageants sur le plan de
la production.
L’hydroponie englobe une grande variété
de techniques de culture qui n’emploient
pas la terre comme source de nutriments,
bien qu’un grand nombre d’entre elles se
servent d’un substrat qui ressemble à de
la terre. On utilise aujourd’hui de nom-
breux systèmes hydroponiques différents,
allant des jardinières de fenêtre que l’on
fabrique soi-­‐même aux exploitations agri-
coles d’un coût considérable.
L’aquaponie, un dérivé de l’hydroponie,
présente la particularité d’intégrer des ani-
maux au cycle de la production, en général
des poissons dont les déjections servent
de nutriments aux plantes. De cette façon,
un seul système permet une production
d’aliments plus diversifiée et de meilleurs
rendements.
L’aéroponie consiste à vaporiser des solu-
tions nutritives sur les racines des plantes
et offre une très bonne productivité.
Ces techniques permettent de s’affranchir
du poids de la terre, d’avoir un contrôle sur
toutes les phases de la production tout en
conservant un rendement optimal. Cepen-
dant elles sont souvent très énergivores.
Ces technologies peuvent accompagner
l’intégration de la production alimentaire
dans l’environnement urbain, en trans-
formant des surfaces traditionnellement
inertes en espaces productifs. Des appli-
cations telles que les « murs vivants »,
les serres hydroponiques sur les toits, les
murs double-­‐peau à l’intérieur desquels
les plantes poussent, peuvent toutes em-
ployer ce type de technologies et devenir
PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 062 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 063
2.3.1 : L’agriculture au pied du bâti
au pied des descentes de gouttières et
alimente une douve avec de l’eau de pluie.
Un talus développe une frontière végétale
en puisant dans la réserve aquatique de la
douve. Le système végétal qui s’y développe
filtre et draine les eaux pluviales récupérées.
Par un principe de micro-­‐perforations, l’eau
s’infiltre dans le sol et le surplus s’écoule dans
le réseau urbain. Ce procédé peut s’adapter
au pied de tous les bâtis accueillant de l’ha-
bitat ou de l’industrie afin de filtrer les eaux
pluviales. Dans le cadre d’un bâtiment pro-
ductif, il peut permettre de dépolluer l’eau de
pluie récupérée pour irriguer les cultures. 32
La culture au pied des bâtis a un potentiel
très important sur le territoire de Vénissieux,
et d’autant plus sur le quartier des Minguette.
Effectivement, la morphologie urbaine privi-
légie surtout les constrution de grandes hau-
teurs libère un espace conséquent au sol. Ce
typedetraitementpeutégalementpermettre
d’intégrer les nombreux parkings nécessaires
au fonctionnement du quartier. Et surtout,
cela peut être un outil pour lier le territoire
aujourd’hui très morcelé, et pour recréer des
espaces publics à l’échelle de l’homme.
Le sol urbain est le support de la ville, et donc
lesupportdesnombreusesactivitésurbaines.
Malheureusement, de grandes parties sont
souvent majoritairement imperméabilisés et
pollués. Alors que le sol d’une ville durable
doit être stable et de qualité. Les sols urbains
servent également de support physique aux
plantes, et constituent une réserve de nutri-
ments et de minéraux permettant à ces der-
nières de s’alimenter. Enfin ils stockent une
très grande quantité de carbone sous forme
de matières organiques mortes issues des
résidus végétaux et de leur transformation.
L’investissement de ces espaces par l’agricul-
ture et par des zones végétales permet de
conserver, voire de redévelopper ce potentiel
naturel et de préserver une biodiversité riche
et variée.
Afin de cultiver ces sols urbains, il est pos-
sible d’investir les pieds d’immeuble. Ce qui
permet principalement de conserver des es-
paces extérieurs perméables à l’eau de pluie
et accueillant de multiples espèces animales
et végétales. Pour cela, il faut privilégier des
surfaces semi perméables sablées et stabi-
liser les revêtements comme les copeaux
de bois ou les graviers. La mise en place de
noues permet de gérer le surplus d’eau et
facilite l’insertion de l’eau de pluie dans
les sols. L’étanchéisation systématique et à
éviter. Mettre en place des dispositifs
simples permettant de rétablir les échanges
entre l’eau, la végétation, le sol et l’atmos-
phère. A proximité des bâtis, il est également
nécessaire de conserver des espaces poreux
et végétalisés. Dans l’idéal, et notamment
dans les zones sujettes aux fortes pluies, il est
intéressant de concevoir des bâtiments suré-
levés afin d’optimiser l’infiltration des eaux
de pluie et permettre le maintien des dépla-
cements des différentes espèces aux sols. La
construction sur pilotis est effectivement
La végétation au pied des bâtiments favorise
la biodiversité. Il est cependant nécessaire
de positionner de manière à lier les zones
végétales entre elles et créer des continui-
tées “vertes”. Nous avons également vu qu’il
est important de placer les constructions sur
pilotis afin de laisser une zone « vierge » sous
le bâtiment et de limiter l’imperméabilisa-
tion des sols. Les plantations au pied du bâti
doivent principalement être constituées de
plantes grimpantes afin de permettre le pas-
sage de l’air, de l’humidité et des différentes
espèces animales sauvages. Si la hauteur dé-
gagée au niveau du sol est importante, il est
possible de mettre en place des cultures sous
le bâti à condition que celles-­‐ci ne néces-
sitent pas d’apport lumineux naturel. Dans
les zones urbaines qui peuvent s’y prêter,
l’élevage est possible ainsi que des barrières
poreuses laissant le passage à la biodiversité
sous le bâti.
En revanche, la végétation en pied de bâti
sera idéalement composée de plantations à
but paysager. Selon l’emplacement exact de
la construction, cette zone étant potentielle-
ment polluée.
Le bâti positionné sur pilotis peu laisser un es-
pace de stationnement sous les espaces de «
vie ». Cependant, il faudra veiller à ne pas im-
perméabiliser les sols et à utiliser un gravier
stabilisé ou un autre revêtement poreux qui
permettra de fournir un endroit accessible et
utilisable, tout en permettant au sol de rem-
plir ses fonctions en faveur de la biodiversité.
Parfois, des systèmes de récupération d’eau
de pluie en toiture nécessitent la mise en
place de bassin de rétention au pied des
immeubles. Les pieds de bâti seront donc
destinés à des plantations grimpantes pay-
sagères en intégrant des bacs de rétention
d’eaux pluviales en provenance des toitures.
Des plantes spécifiques peuvent être posi-
tionnées pour permettre la filtration des eaux
de pluie.
Dans ce sens, le travail d’Elodie Stephan, desi-
gner indépendante qui a imaginé un procédé
de végétalisation en pied d’immeubles inti-
tulé « Bocage urbain ». Celui-­‐ci s’intègre
Bocage urbain, Elodie Stefan
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Plaquette pfe %20_emmanuelle%20le%20nezet

  • 1. VENISSIEUX CULTIVERLAVILLEETUDEPROSPECTIVEDEL’INTEGRATIOND’AGRICULTURESURLE TERRITOIREVENISSIAN PROJET-DE-FIN-D’ÉTUDES-----sous-la-direction-d’études-deIDAVID MARCILLON DOMAINE-D’ÉTUDES-DE-MASTER-«-MATÉRIALITÉ-EN-PROJET-» dirigé par CHANTAL DUGAVE&-DAVID-MARCILLON ÉCOLE-NATIONALE-SUPÉRIEURE-D'ARCHITECTURE-DE--LYON équipe-encadrante-: --BENJAMIN-CHAVARDES---ARNAULD-DE-BUSSIERRE- -FLORIMON GAUVIN - PIERRE-GROSMOND---WILLIAM-HAYET-- --DAVID-MARCILLON - JEAN-PIERRE-MARIELLE- 01 - PLAQUETTE LE NEZET EMMANUELLE PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 001
  • 2. ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D'ARCHITECTURE DE LYON © DEM « MATÉRIALITÉ EN PROJET» - 2013-2014 © EMMANUELLE LE NEZET - AUTEUR © DAVID MARCILLON - DIRECTEUR D’ÉTUDES DU PFE © BENJAMIN CHAVARDES - DIRECTEUR D’ÉTUDES DE MEMOIRE VENISSIEUX PROJET DE FIN D’ÉTUDES sous la direction d’études de DAVID MARCILLON DOMAINE D’ÉTUDES DE MASTER « MATÉRIALITÉ EN PROJET» sous la direction de CHANTAL DUGAVE & DAVID MARCILLON ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D'ARCHITECTURE DE LYON équipe encadrante : BENJAMIN CHAVARDES ARNAULD DE BUSSIERRE FLORIMON GAUVIN PIERRE GROSMOND WILLIAM HAYET DAVID MARCILLON JEAN-PIERRE MARIELLE CULTIVERLAVILLEETUDEPROSPECTIVEDEL’INTEGRATIOND’AGRICULTURESURLE TERRITOIREVENISSIAN 01 - PLAQUETTE LE NEZET EMMANUELLE PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 002 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 003
  • 3. «Désormais, la plus haute, la plus belle performance que devra réaliser l’humanité sera de répondre à ses besoins vitaux avec les moyens les plus simples et les plus sains. Cultiver son jardin ou s’adonner à n’importe quelle activité créatrice d’autonomie sera considéré comme un acte poli- tique, un acte de légitime résistance à la dépendance et à l’asservissement de la personne humaine.» Pierre Rabhi PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 004 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 005
  • 4. SOMMAIRE SOMMAIRE p 7 INTRODUCTION p 8 Chap. 1: Contexte _ En transition p 10 1.1: Un système agricole limité p 12 1.2: Des zones urbaines vouées à évoluer p 20 1.3: Contexte Vénissian p 28 Chap. 2: L’agriculture urbaine, une solution multiples p 46 2.1: Définition p 48 2.2: Des fonctions très variées p 52 2.3: Les différentes façons de cultiver l’espace urbain p 62 Chap. 3: Cultiver la ville p 70 3.1: Provoquer l’impulsion p 72 3.2: S’appuyer sur la mobilité pour désenclaver ce territoire p 80 3.3: Développement d’un espace public multiple p 84 3.4: Une réponse socio-économique p 90 BIBLIOGRAPHIE p 96 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 006 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 007
  • 5. Cultiver la ville pour qu’elle nous fournisse ce que nous mangeons est aujourd’hui complexe à imaginer. Cela semble même contradictoire, notamment vis à vis de la pollution, du manque d’espace disponible, et, de la valeur marchande de la terre urbaine. Et pourtant, le sujet est de plus en plus exploré. Que ce soit par des citoyens, des architectes, des urbanistes, des travailleurs sociaux… La question de la cohabitation du béton et de la nature est omniprésente. Pour répondre à une urbanisation croissante, à l’aug- mentation de la population, ou à la volonté de sortir d’une agriculture trop intensive. Il est aujourd’hui né- cessaire de repenser la ville dans son ensemble, de transformer nos espaces urbains pour les rendre plus durables, et, de trouver une réponse pertinente aux nouveaux impératifs mondiaux que sont la crise énergétique, environ- nementale et économique. Le territoire de Vénissieux souffre aujourd’hui d’une mauvaise image, le quartier des Minguettes le stygma- tise, et pourtant son analyse met en exergue un territoire aux multiples richesses. Notamment, la quantité d’espaces verts disponibles, et son po- sitionnement. Ce territoire aujourd’hui enclavé semble avoir été victime de son histoire. Celle d’un espace agricole qui a accueilli à la fin des années 60, un quartier de tours qualifié à l’époque de moderne et confortable. Un quar- tier qui offrait la vie moderne en pleine campagne. Aujourd’hui le quartier des Minguettes est devenu un quartier sensible peu attractif. La mise en place d’agriculture urbaine peut permettre une requalification pertinente de ce site. D’autant plus, que le territoire Vénissian est doté de toutes les carac- téristiques pour que la ville productive sorte de l’utopie. Ce projet pose la question du rapport actuel entre la ville et l’agriculture, et des différentes manières d’intégrer l’agriculture au cœur de nos villes. Cultiver la ville s’appuie sur les spé- cificités du territoire Vénissian, et propose une réponse pour impulser des dynamiques qui permettent de transformer ce territoire urbain peu avenant en espace urbain et péri- urbain productif. En espace vivant et vivrier qui encourage l’apprentis- sage, la transmission, l’échange et la rencontre. Un projet qui propose de s’appuyer sur les ressources locales pour reconnecter l’homme et la terre et encourager la résilience d’un quar- tier. Dans un contexte de plus en plus urbain où l’agriculture tend à dimi- nuer, ou à s’éloigner, ce projet propose un espace ressource afin que l’urbain intégre peu à peu un caractère agricole et productif. Il s’agit de promouvoir une typologie agricole nouvelle, une typologie agro-urbaine ; une typologie d’espaces productifs à l’échelle d’un territoire urbanisé. INTRODUCTION PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 008 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 009
  • 6. CHAPITRE 01 CONTEXTE - EN TRANSITION PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 010 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 011
  • 7. 1.1: UN SYSTEME AGRICOLE LIMITE: 1.1.1: Des agriculteurs en difficulté: tuations freinent les indispensables investissements dans la modernisa- tion et le développement durable de la production. Face à la libéralisation croissante des échanges, promue par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), les petites exploitations ont de grandes difficultés à se maintenir. Et il est nécessaire de trouver des solutions nouvelles pour mettre en place une agriculture plus durable. Dans les cam- pagnes Européenne, les agriculteurs sont devenus marginaux. En France, ils représentent désormais moins de 4 % de la population active, mais aussi moins de 10 % de la population des campagnes. Si, dans les espaces ruraux, l’agriculture continue d’occu- per, avec les forêts, la plus grande part des superficies, d’autres activités l’emportent, l’activité résidentielle, récréative et touristique, ainsi que la production industrielle. L’agriculture mondiale est constituée de plus de 1,3 milliards d’exploitations de taille très variées. Parralèlement, La présence d’un marché du commerce mondialisé placent ces exploitations en compétition, ce qui encourage le productivisme agricole. Par exemple, entre 2006 et 2008 les cours d’une majorité de produits agricoles ont doublé, voire plus, avant de retomber rapidement. Ce phénomène complexi- fie le développement des exploitations agricoles, notamment les petites ou les plus fragiles. Effectivement, ce contexte instable peut freiner les in- vestissements et la modernisation. La politique agricole et le marché mondial encourage particulièrement les grosses productions, puisqu’au- jourd’hui, environ 20% des produc- teurs bénéficient de 80% des aides de la Politique Agricole Commune (PAC). In fine, en Europe et en France, le nombre d’exploitations, et notamment lespluspetites,tendàdiminueraupro- fit d’exploitations productivistes dans des zones où les matières premières et la main d’oeuvre sont les plus abor- dable. Afin de conserver une variété de production, il est nécessaire d’enca- drer et de réguler le système de mar- ché, notamment avec une politique agricole forte et flexible. La réforme prévue de la PAC vise une meilleure redistribution, où l’objectif est de limi- ter la différence entre les paiements les plus bas et la moyenne nationale. Enfin, certaines mesures ont été déci- dées pour soutenir les acteurs et/ou secteurs les plus fragiles. Les jeunes agriculteurs et les petites exploitations pourront bénéficier de surprimes. «Ce couplage a pour but d’éviter que les choix agricoles de la France soient dic- tés par les prix » a expliqué Stéphane Le Foll . Notamment car ce contexte encourage le commerce des matières premières à l’échelle mondiale et engendre princi- palement des problématiques envi- ronnementales et nourricières. Le système agricole et alimentaire mondial est complexe. Il se compose d’un ensemble d’activités écono- miques et d’acteurs qui concourent à la satisfaction des besoins alimentaires humains. A l’intérieur de ce système, plusieurs formes d’agriculture trouvent leur place, et correspondent à la façon dont les hommes s’organisent et orga- nisent l’espace afin de produire et de consommer leur nourriture. Tout d’abord la forme agricole, où l’au- toconsommation locale est prédomi- nante. Ce système est très largement répandu dans le monde en particulier dans les campagnes, et notamment dans les pays en développement. Puis, la forme artisanale, qui consiste en la transformation et parfois la com- mercialisation de produits agricoles. Cependant, les approvisionnements sont locaux et les échanges restent limités. Parfois, les industries agroalimentaires transformatrices jouent un rôle pré- pondérant dans le pilotage de l’en- semble du système alimentaire. Les approvisionnements deviennent natio- naux et internationaux. Sous la forme agro-industrielle, 30 % en moyenne du prix final des produits alimentaires revient aux producteurs agricoles, et, 40 % aux industries agroalimentaires. Et dans la forme agro-­‐tertiaire, seu- lement 10 % du prix final des produits alimentaires revient aux agriculteurs. Le pilotage du système alimentaire se trouve effectué par les acteurs de la distribution. Actuellement, l’agriculture apparaît totalement lié au marché mondial. Elle est fragilisée et en danger. Les revenus des agriculteurs fluctuent énormé- ment d’une année sur l’autre. Ces fluc- PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 012 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 013
  • 8. PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 014 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 015
  • 9. 1.1.2: Un rapport complexe entre l’agriculture et l’environnement: L’agriculture productiviste se pré- occupe principalement des résul- tats techniques et économiques. Elle néglige les retombées sociales et environnementales. Elle repose sur l’utilisation importante de produits chimiques et sur une forte mécani- sation afin d’optimiser la production. Ceci assure effectivement un rende- ment important, mais entraîne d’im- portantes conséquences environne- mentales. Tout d’abord en fragilisant la biodiversité, en polluant les sols et les nappes phréatique et en contribuant à la desertification des sols. Dans ce contexte, il est nécessaire de trouver une solution qui permet un développement soutenable, tout en répondant au besoin croissant de nourriture. La Politique Agricole Com- mune (PAC) commence à prendre en compte ces problématiques environ- nementales et inscrit comme objectifs entre 2014 et 2020 la mise en place d’une agriculture de qualité qui pré- serve les savoirs-faire et qui aménage et entretien le territoire, avec comme priorité la volonté de favoriser la tran- sition écologique. Cette politique au départ essentiellement agricole, a pro- gressivement intégré un volet environ- nemental un volet rural. Aujourd’hui, « un tournant vert » est nécessaire, mais il ne faut pas oublier la nécessité d’une production alimen- taire conséquente. Dans cette lignée, l’élevage est remis en question car il consomme trop de matières premières alimentaires et il génère beaucoup de gaz à effet de serre. Mais pour faire de ce tournant une réelle réponse, il est nécessaire d’investir dans la recherche. Les agricultures écologiquement intensives ou doublement vertes n’en sont qu’à leurs débuts. Pour que l’agriculture continue de répondre à sa fonction première, celle de nous nour- rir, il est indispensable de dévelop- per ses capacités productives tout en gérant au mieux la durabilité de notre environnement. Il ne s’agit pas d’oppo- ser la gestion de l’environnement de manière durable et l’augmentation de la productivité agricole, mais bel et bien de mener des recherches afin de permettre de lier ces deux entités pour augmenter le rendement, et pa- rallèlement se tourner vers des formes d’agriculture plus durable et meilleures gestionnaires de l’environnement. En réponse certains agriculteurs, no- tamment dans les pays développés modifient leurs pratiques. Ceci amorce la volonté d’une consommation diffé- rente, avec la mise en avant des circuits courts, des productions biologiques, développement des circuits courts. Certains courants se développent, avec notamment le mouvement des colibris initiés par Pierre rabhi qui prône le res- pect de la terre, de l’environnement et une certaine décroissance. Le mouve- ment des incroyables comestibles est né dans ce sillon. PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 016 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 017
  • 10. 1.1.3: Une solution nourricière viable pour demain l’urbanisation croissante et l’accroisse- ment démographique Nous parlons de transition nutritionnelle. La question de pénurie alimentaire est mise en avant pour les années à venir, mais dès aujourd’hui, 2 milliards de personnes souffrent de malnutrition, soit en rai- son de régimes alimentaires déséqui- librés, soit faute de nourriture suffi- sante. Il est nécessaire d’amorcer une réponse dès maintenant afin de rendre la sécurité alimentaire de la planète soutenable. La sous-nutrition affecte surtout les pays en développement. Mais parallèlement, nous observons l’augmentation de personnes surali- mentées. Il s’agit de déficit alimentaire d’ordre qualitatif. La consommation alimentaire des français évolue. La consommation de pain et de pommes de terre régressent, celle de fruits et légumes, de viande et de produits lai- tiers augmentent. Cette évolution est à mettre en parallèle avec l’évolution des modes de vie, en particulier l’aug- mentation de la consommation des produits transformés et préparés par les industries agroalimentaires. Il faut noter que l’alimentation des français demeure néanmoins différente selon les catégories sociales et les niveaux d’éducation. A ce jour, la transition nutritionnelle a débutée, mais un grand nombre d’in- certitudes demeurent. Dans toutes les hypothèses, il est nécessaire de trouver un moyen d’organiser l’appro- visionnement des villes qui regroupent désormais plus de la moitié de la popu- lation mondiale, et notamment l’ap- provisionnement des agglomérations urbaines géantes. Pour cela, plusieurs pistes sont évoquées. Notamment la possibilité de développer un système agricole encore plus mondialisé, ou, au contraire de renforcer les circuits courts. Le renforcement des circuits courts entre en cohérence avec la pensée de Geneviève Savigny qui évoque la tran- sition alimentaire par le développe- ment agricole au cœur des territoires urbains. Il est question de produire de la nourriture en ville, au plus près des populations. Cette réponse va au delà de la problématique nourricière, elle peut générer de nouvelles activi- tés économiques et sociales au coeur des tissus urbains tout en y greffant un nouveau paysage. Et c’est avec l’en- semble de ces valeurs qu’il faut consi- dérer ces projets. Il est tout d’abord né- cessaire de rappeler qu’actuellement les agriculteurs ont beaucoup de diffi- cultés à obtenir des revenus corrects. Ce phénomène encourage ces derniers à soutenir le modèle productiviste. Il empêche souvent les agriculteurs de reprendre des exploitations agricoles et il encourage la baisse de la sécurité alimentaire. Face à ces constats, la pro- position d’introduire une production alimentaire en ville est pertinente. L’urbanisation qui a été longtemps le fait des pays industrialisés, où 75 % des habitants sont citadins, s’est dévelop- pée depuis les années 1960 dans les pays du sud. Cette explosion urbaine demeure à l’origine de la transforma- tion des habitudes alimentaires ainsi que d’un accroissement de la demande alimentaire, alors que l’étalement ur- bain mange de plus en plus de terres agricoles. En France par exemple, nous assistons à un recul des terres agricoles de 200 ha par jour. Quant aux ceintures maraîchères et fruitières présentes jadis autour des villes, elles ont large- ment disparu pour laisser place à des approvisionnements plus lointains. Dans la majeure partie du globe, et, notamment dans les pays peu déve- loppés, il se pose la question de la manière dont chacun pourra se nourrir demain. En France et dans la majorité des pays développés cette probléma- tique est moins cruciale. En revanche, la question du coût de production et de la qualité alimentaire est réelle. Aujourd’hui, nous sommes face à une agriculture industrielle mondialisée et une spéculation grandissante sur les produits alimentaires de base. Il est im- portant de s’interroger sur la manière dont les choses peuvent évoluer afin de trouver des solutions plus respec- tueuses de l’environnement et donc plus pérennes. Depuis les années 70, la superficie des terres cultivées a augmenté. Néan- moins depuis une trentaine d’années, la progression est beaucoup plus faible. Les superficies cultivées ont progressé en faveur des grosses exploitations en Asie du sud-­‐est, en Afrique et en Amé- rique latine, en particulier au Brésil. Elles ont parallèlement reculé en de nombreux endroits de la planète en rai- son des problèmes environnementaux, et du développement de l’étalement urbain. La diminution de ces terres arables nécessite des adaptations. En 1960, il fallait 0,45ha pour produire nourrir un terrien contre 0,25ha en 2000. L’augmentation de la popula- tion mondiale nécessitera de pouvoir survivre avec uniquement 0,15 ha par terrien en 2050. La terre cultivable de- vient donc une ressource stratégique. Cette raréfaction et le contexte com- mercial actuel a contribué au déve- loppement de la mondialisation de la production agricole. Dans ce contexte, il est nécessaire de réfléchir à une nou- velle réponse alimentaire qui intégre PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 018 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 019
  • 11. 1.2: DES ZONES URBAINES VOUEES A EVOLUER La ville durable est souvent syno- nyme de nature en ville. Ce n’est pas forcément le cas. Une ville pour être durable doit disposer d’un environne- ment de qualité, notamment en ce qui concerne la nature, et être un espace viable de production de richesses. Afin d’apporter une réponse pertinente, des villes ont constitué plusieurs docu- ments d’urbanismes afin de mutuali- ser leurs objectifs et mettre en place un cadre de vie « durable » à une échelle plus globale. Ces dispositifs entrent souvent dans la composition des « Agendas 21 ». Cependant, la ville durable échappe à une définition et à une formalisation stricte. À l’instar du développement durable dont elle se réclame, la ville durable ne peut être un modèle unique. Elle implique un développement économique respec- tant les critères du développement durable, elle nécessite l’équité sociale et la qualité environnementale: pré- servation des ressources et du patri- moine. Elle renvoie donc à la mixité fonctionnelle et sociale, à la question de la densité et à celle de l’étalement urbain. 1.2: DES ZONES URBAINES VOUEES A EVOLUER La ville durable est souvent syno- nyme de nature en ville. Ce n’est pas forcément le cas. Une ville pour être durable doit disposer d’un environne- ment de qualité, notamment en ce qui concerne la nature, et être un espace viable de production de richesses. Afin d’apporter une réponse pertinente, des villes ont constitué plusieurs docu- ments d’urbanismes afin de mutuali- ser leurs objectifs et mettre en place un cadre de vie « durable » à une échelle plus globale. Ces dispositifs entrent souvent dans la composition des « Agendas 21 ». Cependant, la ville durable échappe à une définition et à une formalisation stricte. À l’instar du développement durable dont elle se réclame, la ville durable ne peut être un modèle unique. Elle implique un développement économique respec- tant les critères du développement durable, elle nécessite l’équité sociale et la qualité environnementale: pré- servation des ressources et du patri- moine. Elle renvoie donc à la mixité fonctionnelle et sociale, à la question de la densité et à celle de l’étalement urbain. Frise chronologique du développement des villes durables PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 020 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 021
  • 12. 1.2.1 : L’étalement urbain: L’étalement urbain se définit comme l’extension urbaine plus rapide que la croissance démographique. La surface consommée par habitant s’accroît et augmente l’artificialisation du sol. Il est question d’étalement urbain quand le processus d’urbanisation conduit à une diminution de la densité des zones urbanisées, du fait du développement de zones d’urbanisation moins denses en périphérie et/ou, parfois, d’une diminution de la population en centre ville. L’augmentation démographique mon- diale va nécessairement augmenter les surfaces artificialisées et accroître les besoins en produits agricoles. Pa- rallèlement les effets du changement climatique entraineront une désertifi- cation ou une semi-­‐désertification de certaines zones urbaines ou agricoles. Face à cela, la lutte contre l’étalement urbain s’affiche comme une priorité et des dispositifs sont mis en avant. En France notamment par sa présence au Grenelle de l’environnement, et par l’annonce à l’issue de celui-­‐ci, d’un plan national de lutte contre l’artificia- lisation des sols et contre l’étalement urbain. Au niveau de l’Union euro- péenne, ceci devrait être suivie d’une directive sur les sols. Plusieurs pays ont déjà mis en place des politiques pour faire face à ce phénomène. L’Alle- magne s’est fixée, en 1997, un objectif de division par dix de la consomma- tion annuelle d’espace naturel. Les Etats-­‐Unis, avec le Brownfield pro- gram, un programme qui encourage la réhabilitation des friches urbaines et des sols pollués afin de permettre leur réutilisation. Les Pays-­‐Bas ont institué la politique ABC (Accessibility profile of urban location), favorisant la ville compacte, la densification, la combi- naison des politiques de construction et de transport, la localisation dense des activités à fort flux à proximité des transports collectifs. En Grande-­‐Bre- tagne, les Planning Policy Guidance fixent aux autorités locales un cadre global pour augmenter la densité, frei- ner l’étalement et les commerces en périphérie. Les politiques de maîtrise de l’étalement urbain se conduisent aussi à l’échelon local. Plusieurs villes ont obtenu des résultats et certaines ont vu leur densité résidentielle s’ac- croître entre le milieu des années 1950 et la fin des années 1990. C’est le cas de Bilbao et Munich. Ces politiques ont généralement utilisé des outils de planification du territoire et de l’urbanisme, de préservation de l’agriculture périurbaine, de limitation de la consommation d’espaces natu- rels et de réhabilitation des friches in- dustrielles. En Europe ce phénomène a pris de l’ampleur à partir des années 1950 et tend à s’accélérer aujourd’hui. Durant ces 20 dernières années, l’éta- lement urbain a été très important en France, entrainant l’artificialisation d’environ 600 km2 par an. Ce phéno- mène est quasiment irréversible. La moitié des nouvelles constructions se font dans des communes de moins de 2000 habitants, souvent peu quali- fiées pour gérer les problématiques de croissance urbaine. Cela a pour conséquence immédiate des problèmes d’imperméabilisation des sols, mais également des problé- matiques sociales, économiques et environnementales. D’un point de vue économique, notam- ment agricole, l’étalement urbain et la construction des zones périurbaines concurrencent la production, en géné- rant inévitablement une diminution des zones agricoles périurbaines et / ou urbaines, un morcellement et une instabilité à long terme des espaces agricoles les plus productifs et les plus proches des centres de consomma- tion. L’étalement urbain met en cause la possibilité de développer des cir- cuits courts. Du point de vue environnemental, l’étalement urbain, entraine une dimi- nution des espaces naturels, et nuit à la biodiversité, en créant des effets de coupure et de fragmentation des corri- dors écologiques ou en les diminuant. Cela entraîne également un mitage du paysage, l’imperméabilisation des sols avec pour conséquence l’accrois- sement des risques d’inondation, des nappes phréatiques qui peinent à se remplir et qui se polluent, un lessivage brutal des particules de pollution dé- posées sur ces sols imperméabilisés. Certains assimilent à tort la maîtrise de l’étalement urbain et la densification, à la disparition des espaces verts et à la multiplication de grands ensembles de logements. Pourtant, les quartiers de tours ne sont pas toujours les plus denses. La maîtrise de l’étalement urbain ne se positionne pas contre le développement de toutes les typolo- gies d’habitats. En revanche ces nou- veaux bâtis doivent être correctement positionnés. PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 022 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 023
  • 13. 1.2.2 : L’évolution des espaces naturels en milieu urbain Durant l’antiquité, les jardins étaient principalement utilisés comme des espaces cultivés. Ils étaient idéalisés, assimilés à des espaces paradisiaques. Au 12eme siècle, les paysagistes com- mencent à mettre en scène le pay- sage. C’est au moment de la révolution industrielle, avec la densification des villes et la hausse de la pollution dans celles-­‐ci qu’est apparu le besoin de nature au cœur des villes et que sont nés les premiers parcs urbains et les avenues arborées. Longtemps, les espaces verts hérités des parcs et jardins présents dès l’Anti- quité dans les villes européennes, ont été réservés à la royauté et à l’aristo- cratie. La notion de nature accessible au peuple apparaît en Europe dès la seconde moitié du 19ème siècle. Ce qui amène les paysagistes à amorcer le façonnage de la ville. Mais la réelle prise en compte du paysage a eu lieu en France à partir de la deuxième guerre mondiale. Aujourd’hui, c’est une nécessité écolo- gique de laisser une plus grande place à la nature en ville. Et de tisser des lien physique entre la ville et ses espaces ruraux périphériques par des liaisons et des corridors verts. Le thème du paysage en ville, ou du paysage lié à la ville est apparu au 20ème siècle et se place aujourd’hui comme une des composantes cen- trales de l’aménagement urbain. Cette question a été amorcée au début du vintième siècle par Eugène Hénard, urbaniste à l’origine de la création des parcs urbains à Paris. Cela s’illustre également avec la ceinture verte pro- posée pour l’aménagement du Grand Londres par Patrick Abercrombie dès 1943. Suite au Grenelle de l’environ- nement, les formes spatiales du vert en ville sont largement déclinées en Europe en anneau vert, coulée verte, trame verte… Frise chronologique de l’aménagement des espaces verts urbains PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 024 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 025
  • 14. 1.2.3 : Origine du concept de ville durable : En Europe, jusqu’à la fin du XXème siècle, le territoire urbain était consi- déré comme antinature, comme artifi- ciel, et son investissement par les habi- tants, comme une dégradation. Il faut attendre la fin de cette période pour que la question du développement durable soit posée dans le développe- ment de la ville. Le terme « ville du- rable » est utilisé en français. Dans les autres langues, nous parlons de ville soutenable, ou résiliente. Ce terme a l’avantage de mettre en exergue la notion de durabilité et replace la rési- lience dans la durée. Dans ce contexte, le durable ne peut pas se limiter à l’approche de la nature en ville ni à l’impact de l’urbanisation sur les équi- libres naturels. La ville durable n’est pas seulement une ville écologique- ment viable, mais également une ville où le développement humain, urbain et écologique s’équilibrent. En Juillet et août 1933, le quatrième congrès d’architecture moderne (CIAM IV) est organisé sur un paquebot le « Patris » qui conduira ses participants en croisière de Athènes à Marseille. Le Congrès portait sur le thème de «la ville fonctionnelle ». Les débats, sur l’extension rationnelle des quar- tiers modernes, furent très largement dominés par la personnalité de l’archi- tecte français, Le Corbusier. Il en résul- tera les articles de la charte d’Athènes qui ne seront publiés qu’en 1941 sous le titre « La Ville Fonctionnelle » après avoir été retravaillés par ce dernier. La charte d’Athènes n’en demeure pas moins un dogme pour une géné- ration de concepteur, et inhiba toute recherche d’autres formes d’habitat et modèles de logements. En outre la charte d’Athènes reprend pour partie les travaux et recherches réalisées par Le Corbusier depuis 1920. Notamment le concept des « Villes-Tours » et son application la plus spectaculaire « Le Plan voisin » (projet non-réalisé) qui prévoyait la recons- truction complète du centre de Paris. Cela reprend également le concept de zonage qui permet de répartir les es- paces urbains selon quatre fonctions: habiter/travailler/récréer/circuler.
 Cette charte, établie un programme pour la planification et la construction des villes en 95 points. Elle porte sur des sujets comme les tours d’habi- tation, la séparation des zones rési- dentielles, le patrimoine historique et les artères de transport. La Charte d’Athènes fixe un cadre de réflexions sur l’avenir des villes qui sera considé- rée avec notamment la hiérarchisation des voies (voies rapides/ dessertes lo- cales puis voies d’accès aux bâtiments ou cheminements piétonniers.
Le bien-être accessible à tous. La prédi- lection des constructions en hauteur afin de créer un espace urbain aéré et sauvegarder les conditions d’enso- leillement et d’éclairage. Ainsi que l’implantation des équipements sco- laires, sportifs et de loisirs à proximité des habitations.
 Cette charte prône également la séparation des zones in- dustrielles de la ville par des zones de verdure, sans qu’elles ne soient trop éloignées des habitations pour limiter le temps de transport. Pour Auguste Perret, cela s’exprime dans le concept de “villes-tours”. Pour lui ce type d’aménagement permet entre autre d’éloigner les habita- tions des grands axes et de libérer de l’espace au sol pour créer des parcs publics. Ces principes sont défendus par Eu- gène Claudius Petit, ministre de la Re- construction et de l’Urbanisme à partir de 1948 afin de répondre au déficit de logements suite à la seconde guerre mondiale. En 1994, l’union européenne a adopté la « charte d’Aalborg », qui définie les principaux axes à travailler en vue de développer un territoire plus durable pour faire suite aux principes définis à Rio en 1992 lors de la déclaration sur l’environnement et le développe- ment. Les villes signataires s’engagent à établir des « Agendas 21 » en suivant un certain nombre d’orientations et de principes. C’est un acte volontaire de la part des communes, mettant en exergue la volonté des collectivi- tés locales de prendre en compte le développement durable de leur terri- toire. Ce sont elles qui proposent les différents dispositifs économiques, so- ciaux et environnementaux, et qui sur- veillent le processus de planification. Elles définissent ce qu’elles souhaitent mettre en place afin de permettre le développement durable et viable de leurs territoires pour une quinzaine d’années, dans l’optique d’en proposer une gestion plus économe, plus équi- table, plus intégrée. C’est un projet mené sur une démarche participa- tive. Le Grenelle de l’environnement , quant à lui, insiste sur la nécessaire reconquête des centres villes souvent en déclin, la construction d’éco quar- tiers, ainsi que l’élaboration et la mise en œuvre d’indicateurs destinés à me- surer le recul des espaces agricoles et naturels en périphérie urbaine. Les propositions urbaines de Le Cor- busier tel que le « Plan Voisin » n’ont jamais pu voir le jour. Elles étaient l’illustration parfaite de sa pensée, et annonçaient un nouveau fonctionne- ment urbain. Aujourd’hui, les condi- tions urbaines sont très différentes et la notion environnementale, s’affiche comme la priorité. Ces systèmes sont radicalement opposés, et la notion de durabilité nécessite de prendre désor- mais en compte les conditions d’un territoire afin d’y répondre de manière cohérente. L’organisation spatiale et politique des villes évolue, et est de plus en plus fondée sur des principes de densification, de mobilités douces, avec un travail important sur l’articula- tion des échelles. Il s’agit aujourd’hui de développer la polycentralité et la mixité des fonctions urbaines. La tâche est complexe car nous sommes confrontés à une multipli- cation d’acteurs qui peuvent agir en faveur du développement durable. Par exemple, les communes conservent des compétences liées à la proximité, l’intercommunalité traite du déve- loppement économique et des trans- ports, tandis que les syndicats mixtes élaborent les schémas de cohérence territoriale et se voient confier la pla- nification territoriale. Les communes conservent avec le PLU des préroga- tives puissantes en matière de droit du sol, mais une planification efficace vers un développement plus durable implique la mobilisation de l’ensemble des acteurs. Les objectifs principaux sont l’équilibre entre espaces urbains et zones rurales, la mixité sociale et le choix de la ville compacte. A ce jour, la ville durable doit également contribuer au renouvellement des res- sources naturelles alentour, au fonc- tionnement des écosystèmes, ainsi qu’aux grands équilibres régionaux et planétaires indispensables au dévelop- pement durable, dans le but de préser- ver les capacités de vie et les potentia- lités de choix des générations futures. PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 026 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 027
  • 15. 1.2: DES ZONES URBAINES VOUEES A EVOLUER 1.3: CONTEXTE VENISSIAN: Vénissieux est une commune limi- trophe avec Lyon, Bron, Saint-Priest, Feyzin, Corbas et Saint-Fons. L’en- semble de ces communes constituent la « Porte sud» de l’agglomération lyonnaise. La ville a un relief marqué, notamment dans la partie sud de la commune des Minguettes qui culmine à 259 mètres, qui fait front au plateau bas des Grandes-Terres. Avec aujourd’hui plus de 60 000 ha- bitants, la 3e ville du département renoue avec la croissance démogra- phique depuis une dizaine d’année. Vénissieux est un territoire très dense (3 900 habitants/km²) qui s’étend sur une superficie de 1 530 hectares. Mal- gré une forte densité, la présence de grands espaces verts contribuent à faire de Vénissieux, une ville agréable à vivre (44 % d’espaces verts dont 24 % d’espaces publics). On remarque l’évolution démogra- phique suivante : Davantage de per- sonnes seules (32 %) et de couples sans enfants (23 %), avec une tendance au vieillissement de la population (26 % de ménages de + de 65 ans). 3 % de ménages de moins de 25 ans (Contre 9 % dans le GrandLyon). 70% des mé- nages ont des revenus modestes, avec un revenu moyen de 16 607 €/an qui situe la ville parmi les plus bas de l’ag- glomération qui affiche une moyenne de 25 166 €. Il y a également une faible proportion de propriétaires occupants (34 %). Les locataires sont majoritaires (66 %), et la plupart occupent des loge- ments sociaux. Vue sur le centre-ville- Place Léon Sublet Vue sur le quartier Parilly Vue sur le quartier du Moulin à vent Boulevar urbain Sud / Les grandes terres Zone d’activité coupée par le périphérique Vue sur la traversée du T4 au coeur des Minguettes Vue sur le quartier mixte du Charréard PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 028 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 029
  • 16. 1.3.1: Contexte historique: Historiquement la commune de Vénissieux est considérée comme l’un des greniers de la ville de Lyon, et compte jusqu’à 397 exploitations agri- coles, constituées principalement de culture maraîchère et fourragère. La situation géographique de Vénis- sieux vis-à-vis de Lyon va favoriser l’expansion industrielle, et, la première guerre mondiale positionnera définiti- vement Vénissieux dans l’ère indus- trielle, avec le développement notam- ment des usines Berliet sur le site de la Rivoire (aujourd’hui site Renault Trucks dans le quartier de Parilly), pour l’exé- cution des commandes d’armement, obus et chars Renault. Durant l’entre deux guerre, le déve- loppement industriel de la commune se poursuit. D’importantes firmes viennent s’implanter et font de Vénis- sieux la commune la plus industria- lisée de la région. De grandes usines s’ouvrent, tous les secteurs de l’indus- trie sont représentés, la mécanique, la chimie, le textile, la verrerie, les forges. Pour répondre à ce besoin croissant de main d’œuvre, des vagues successives d’immigrés viendront peupler la ville. En 1931 la population étrangère repré- sente plus de 40% de la population vénissiane. Face à cette augmentation rapide de la population, la situation du logement devient préocupante. Les maisons et les ruelles du bourg ne sont pas adaptées pour accueillir ces gros contingents de mains d’oeuvres. Dès 1920, pour lutter contre l’insa- lubrité croissante des quartiers et la prolifération de taudis, la municipa- lité s’engage à édifier des cités H.B.M (habitat bon marché). Mais, elle ne dispose pas des fonds nécessaires, et privilégient l’équipement communal. Très peu de logements sociaux sont donc réalisés à cette époque. En 1936 la ville est en pleine mutation, et renforçe son accroche au Nord avec la ville de Lyon, alors que les terrains au Sud sont laissés aux exploitations agricoles. Suite à la seconde guerre mondiale, un important développement est prévu pour Vénissieux, et notamment la volonté de délimiter trois espaces dis- tincts, une zone industrielle, une zone résidentielle et une zone rurale. Dès le début des années 50, le pro- blème du logement devint une prio- rité au niveau nationnal. C’est dans ce contexte que naitront les projets dit de grands ensembles, et, notamment le plateau des Minguettes.   PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 030 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 031
  • 17. 1.3.2: Les Minguettes, un rêve très contre- versé gnée pour la réalisation de ce projet. L’architecte Eugène Elie Beaudoin, est désigné architecte en chef. Il sera as- sisté par les architectes locaux Franck Grimal et René Bornarel. C’est en survolant le site en hélicop- tère que l’architecte-concepteur eut la vision « d’un espace d’orgues se substituer aux champs cultivés». Il or- ganisa alors un plan masse moderne, où “tours” et “barres s’organisent au- tour d’un grand parc, le parc des Min- guettes. Le chantier débute en 1963, le pro- gramme initiale prévoyait la construc- tion de 66 barres et 62 tours, il en sera finalement réalisé respectivement 30 et 58. En 1973, 9200 logements sont construits. 7600 sont gérés par divers office d’HLM (habitation à loyers modérés) et 1600 logements en co- propriété viennent compléter le pro- gramme. L’accent est porté sur le confort des logements et la volonté de mettre le modernisme à porté de tous. Il est à l’époque nécessaire de rompre avec les taudis et les bidonvilles présents sur le seteurs, et les logements des Minguettes sont significatifs de grande qualité de vie. Outre le confort et la modernité des logements, le quar- tier propose à ses premiers habitants une très bonne qualité de vie, tant par les infrastructures qui commencent à être mises en place que par la diversité de la population qui s’y installe. Toutes les classes sociales sont représentées, et se côtoient des jeunes couples qui quittent un foyer familial surpeuplé et accèdent à leur premier logement, des travailleurs, immigrés venus des colonies françaises pour répondre à la forte croissance économique de l’époque, des familles nombreuses déjà constituées qui viennent de l’ha- bitat insalubre, des centres villes ou du milieu rural, des agents S.N.C.F, des P.T.T, des gendarmes qui disposaient de logements de fonctions sur le quartier, des techniciens qualifiés, ouvriers, ou- vriers spécialisés et chômeurs… La classe moyenne et les jeunes mé- nages contribuent largement à créer une dynamique de quartier, par le biais de la vie associative et parviennent à créer des liens et à définir un certain mode de vie. En parallèle à la construc- tion des logements la S.E.R.L com- mence à réaliser les infrastructures nécessaires. On recense notamment un grand centre commercial (Vénissy) en position centrale et trois autres plus petits qui desservent les quar- tiers périphériques. Des terrains de sport et des aires de jeux sont amé- nagés, un cinéma, la grande place du marché. Les écoles sont positionnées de telle sorte que les enfants des dif- férents quartiers n’aient pas de rue à traverser pour s’y rendre. Mais le 1er Janvier 1969, marque un tournant dans l’histoire de ce quartier. C’est l’époque où Vénissieux intègre avec 55 autres communes (dont Lyon et Villeurbanne) la Communauté Ur- baine de Lyon (COURLY). Suite à cela, la municipalité perd toute compétence en ce qui concerne l’aménagement des grands équipements urbains, des transports… C’est donc à la COURLY que reviend la responsabilité de l’achè- vement du projet du quartier, mais les moyens mis en place sont insuffisant et les équipements prévus sont mini- misés. Parallélement, le plateau tarde à être desservi par les transports en commun. Le plateau des Minguettes situé au Sud-Ouest de la commune de Vénis- sieux constitue, par sa topographie, un site unique dans la géographie du Grand Lyon. Représentant une superficie de plus de 200 hectares il surplombe la vallée du Rhône, l’auto- route A7, la plaine de Feyzin et ses terres agricoles, et rejoint en pentes abruptes, le bourg de Vénissieux. Les Minguettes semblent aujourd’hui être le principal quartier de la ville. C’est du moins le repère majeur car les habitants, au travers de leurs pra- tiques, lui donnent un rôle et une fonc- tion de centre-ville. C’est également le signal de Vénissieux pour les com- munes environnantes. Ce quartier qui fait office de centre- ville mais n’a pas été conçu dans ce sens affiche certains manques. Princi- palement le manque d’espaces publics appréhendés comme espaces de ren- contre. D’espaces où l’on peut se sentir appartenir à une société. Au nord et à l’ouest, les Minguettes sont encadrées par un tissu résidentiel à dominante pavillonnaire, qui vient en rupture par rapport aux immeubles collectifs du plateau. Cette couronne résidentielle entièrement urbanisée, marque la transition, à l’ouest, avec le quartier des Clochettes sur Saint- Fons et, au nord, avec le parc d’acti- vités de l’Arsenal. La frange sud du plateau, majoritairement occupée par des emprises d’équipements publics et parapublics, maintient une relative transparence avec la façade naturelle du boulevard urbain sud. Pourtant l’histoire de ce quartier appe- lait un tout autre devenir. En Mai 1962, Marcel Houël est élu Maire de Vénis- sieux. Il a grandit à Villeurbanne où il a vu construction de la cité des “gratte- ciel” qu’il assimile justement à un ensemble de logement d’avant garde destiné à la population ouvrière. Le conseilmunicipaldeVénissieuxaadop- té auparavant le projet de construc- tion d’une Z.U.P (Zone à Urbaniser en Priorité) sur le plateau des Minguettes. Cela représente pour Marcel Houël la possibilité de voir s’implanter sur sa commune des immeubles sociaux répondant aux normes de confort de l’époque, et qui permettent d’offrir aux ouvriers des conditions de vie dignes et modernes. Le site des Minguettes a été choisi par le ministère de la construction pour réaliser un des grands en- sembles majeurs de l’agglomération Lyonnaise, afin de résorber la crise de logement qui sévit depuis la fin de la guerre. Pour les services du ministère, ce grand plateau (220 hectares) est idéal pour accueillir ce projet d’habita- tion et de services liés. Effectivement, selon Louis Dupic, ancien maire de Vénissieux, le manque de densité des logements sur le territoire communal engendre des problèmes complexes, notamment au niveau des équipe- ments, des rues, égouts, transports. Le secteur des Minguettes, qui à l’époque n’était qu’une vaste zone agricole exposé aux quatre vents, est selon lui idéalement situé puisqu’à proximité des lieux de travail, dans une zone re- lativement facile à équiper. Cette opération d’envergure est confiée à la Société d’Equipement de la Région Lyonnaise (S.E.R.L), une des filiales de la caisse des dépôts et des consignations. L’Etat s’engage à réaliser les équipements, la commune s’engage à garantir les emprunts contractés par la S.E.R.L. Une équipe d’architectes et d’urbaniste est dési- PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 032 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 033
  • 18. La Courly favorise la rénovation du quartier Part-Dieu-garibaldi. Cette politique aura deux conséquences qui impactent l’évolution des Minguettes. Le financement nécessaire à la mise en place d’équipements insufisant, et, paralèlement la rénovation du quartier de la Part Dieu entraine une gentrifica- tion de cette zone, et un déplacement des classes populaires vers la périphé- rie, entre autre vers le quartier de Min- guettes. Au début des années 1970 l’augmen- tation brutale du prix du pétrole par les pays exportateurs accentue égale- ment le déclin de la ville. La produc- tion industrielle baisse et l’inflation augmente. Du coup, l’investissement s’effondre et le chômage s’envole. Vé- nissieux, la commune la plus industria- lisée de l’agglomération Lyonnaise, est touchée de plein fouet par cette crise. Les usines ferment. Sur le plateau des Minguettes la population ouvrière peu qualifiée est la première frappée par les licenciements. Le 3 janvier 1977, Raymond Barre, alors premier ministre, et Jacques Barrot, secrétaire d’état chargé du logement, édictent une loi privilégiant l’aide personnalisée au logement (APL), au détriment du financement des programmes collectifs. Cette nou- velle loi va bouleverser la politique d’aménagement de la ville, et favo- rise les classes moyennes à quitter les grands ensembles des Minguettes au profit d’un habitat pavillonnaire, individuel. De nombreux logements se libèrent. Aux Minguettes le parc immobilier présente près de 2000 appartements vacants en 1983, contre moins de 700 en 1979. La population se paupérise. Les tours se vident et se murent. PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 034 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 035
  • 19. 1.3.3 :Un territoire morcelé Le territoire de Vénissieux se compose de quartiers assez différents par la po- pulation, la fonction et l’architecture. Il génère une forme en étoile assez spécifique, qui est constitué d’une mosaïque de quartiers, bien indivi- dualisés par le type d’occupation et les paysages. Entre eux, ces quartiers sont souvent, isolés les uns des autres par des coupures, voire des ruptures, que constituent par exemple la voie ferrée et le boulevard périphérique. Au nord, une zone d’habitat collectif qui fait pratiquement partie de Lyon. Puis une large zone d’activités, entre le boulevard Laurent Bonnevay et la rue de la République (autour de la ligne de chemin de fer). De nouveau une zone d’habitat qui englobe les Minguettes, le centre, et les quartiers Max Barel et Pasteur. Enfin, au sud, une zone non urbanisée, en partie agricole : les Grandes Terres. A une échelle plus fine, on s’aperçoit que ces différentes zones sont en réalité composites, et cette mosaïque met en exergue une semi- mixité qui révèle un manque de cohé- rence urbaine. Les fractures du terri- toire sont en partie dues aux grands axes routiers et ferroviaires qui le tra- versent. Le boulevard Laurent Bonne- vay marque la rupture entre le quartier résidentiel du Moulin à Vent, au nord, et le tissu industriel, au sud : c’est un axe très fréquenté et une source de nuisances importantes, notamment sonores, avec un impact visuel fort. Ce boulevard, indispensable au fonction- nement économique de l’aggloméra- tion, crée une coupure physique, isole certains quartiers et rend les commu- nications vers Lyon difficiles. Le mail- lage Vénissian est fortement marqué par son histoire et par la présence de grands sites industriels et tertiaires. La trame viaire a été calibrée, formée ou «déformée» pour les industries et non pour les habitants. La question se pose aujourd’hui de la gestion paysagère de ces rues. Cependant, plusieurs de ces voies sont empruntées par le Tram T4, qui vient en quelque sorte justifier a posteriori leur surdimensionnement. Globalement, cela offre plutôt un po- tentiel d’évolution intéressant. VENISSIEUX CORBAS SAINT PRIEST MIONS BRON CHASSIEU LYON FEYZIN SAINT FONS PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 036 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 037
  • 20. La situation de Vénissieux au cœur des principaux axes routiers apporte à la ville une accessibilité optimale qui lui confère une certaine attractivité. Le raccordement aux transports en commun a évolué dernièrement avec la mise en place du tram T4. Cette nou- velle ligne de tram contribue à désen- claver Vénissieux et assure une meil- leure intégration de la commune dans l’agglomération Lyonnaise, mais à ce jour le maillage des transports collec- tifs s’articule autour de Lyon centre et seul les bus relient les banlieue entre elles. L’ambition de Vénissieux est au- jourd’hui de développer le trafic de manière à faire de sa gare une gare d’agglomération à part entière, en liaison directe avec la Part-Dieu et Per- rache, et avec une augmentation signi- ficative de la desserte TER. Sur la commune de Vénissieux, les dé- placementsdouxvisentàêtreencoura- gés. Actuellement les quartiers sistués au nord de Vénissieux se greffent aux infrastructures lyonnaises. La situation es plus complexe au Sud, notamment due à la l’importance de la topogra- phie dans le secteur des Minguettes. Quant aux piétons, la forte présence d’espaces verts dans la ville la rend agréable et propice aux déplacements piétons. Cependant, le centre pré- sente des trottoirs étroits et de nom- breux axes routiers. Il n’existe pas de réelle zone piétonne en centre ville qui pourrait être des zones d’échangent et d’activité entre les habitants. De plus, les grandes infrastructures routières et ferroviaires sont généralement dissua- sives pour les piétons car il est impé- ratif d’utiliser les passages aménagés, et cela engendre souvent des détours. Vers Gerland, puis l’ouest Lyonnais Vers l’Est Lyonnais Augmentation des fréquences et de l’amplitude horaire Augmentation des fréquences et de l’amplitude horaire T4 vers La Doua Passage gare de la Part Dieu Gare de Vénissieux Gare et zone d’influence actuelle et projetée Tracé du TER ligne Lyon Grenoble Volontés pour cette ligne Volontés de raccordement TRAM Volontés de raccordements viaires Ligne de métro D Ligne de Tram T4 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 038 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 039
  • 21. 1.3.4: Un contexte économique fragile: A contrario, la situation sociale sur le site de Vénissieux est problématique. La démographie a été caractérisée par une forte croissance autour des années 1970, notamment de par la présence du qaurtier des Minguettes. La popu- lation qui, avait fortement baissée depuis les années 80, est de nouveau en augmentation depuis 2005. Celle-ci présente différentes caractéristiques, l’importance de la population immi- grée, la jeunesse de la population (21 % de moins de 14 ans en 2006, contre 18 % dans la zone d’emploi de Lyon), l’importance du logement social (55% de logements sociaux contre 23% pour l’agglomération lyonnaise, et la faible qualification de la population (moins de 4% des plus de 15 ans sont titulaires d’un diplôme supérieur au grade de licence, contre plus de 12% pour le Grand Lyon). Le taux de chô- mage y est également élevé (17,8 % en 2006, contre 10,2 % dans la zone d’emploi de Lyon), et le niveau de vie moyen nettement inférieur à celui du reste de l’agglomération (les Vénis- sians disposaient en 2004 d’un revenu net annuel moyen par habitant de 11 820 €, contre 18 027 € pour l’ensemble de l’agglomération et 16 053 € pour la France). L’analyse du chômage confère à Vénis- sieux une situation particulière, à la fois un vrai dynamisme économique, qui se traduit par un nombre d’emplois important ainsi qu’un taux de chô- mage élevé. Cette situation renvoie à une répartition socioprofessionnelle spécifique. Vénissieux compte moins de professions dites supérieures ou in- termédiaires, que le reste du départe- ment, mais plus d’ouvriers, d’employés et de retraités. Paradoxalement, avec 43 700 emplois salariés privés, les Portes du sud sont le 3e territoire du Grand Lyon en termes d’emplois, après le Centre et la Porte des Alpes. Vénis- sieux est de loin le premier pôle d’em- ploi de Portes du Sud. Cependant la plupart des emplois sont tenus par des actifs ne vivant pas sur la commune, seulement 32% sont occupés par des actifs résidant sur la commune. Vénissieux est marqué par une forte présence industrielle qui connaît un déclin de ses activités et donc de son offre d’emploi. Or une majorité des actifs de Vénissieux occupent des emplois peu voire pas qualifiés (38,5% d’ouvriers et 34,5% d’employés). Ces chiffres s’expliquent notamment par un faible niveau d’étude de la popu- lation dont seuls 3,3% en 2003 se dirigent vers des études supérieures. Cette situation appelle la mise en place de dispositifs de lutte spécifiques. En ce sens, le quartier des Minguettes, est classé en zone franche urbaine depuis le 1er janvier 2004. C’est un classement qui regroupe les terri- toires « caractérisées par la présence de grands ensembles ou de quartiers d’habitat dégradés et par un désé- quilibre accentué entre l’habitat et l’emploi ». Cela a permis la création d ‘emplois sur ce secteur et l’amorce d’un désenclavement. La priorité affi- chée est de diminuer le nombre de demandeurs d’emplois sur la ville en favorisant la création d’emploi sur le territoire et l’accès des habitants à ces emplois. Afin de faire évoluer ce territoire au- jourd’hui précaire, il est nécessaire de développer l’offre d’insertion sociale d’une part, et de peu à peu modifier l’image de la ville afin d’attirer une po- pulation plus diversifiée. Le secteur de «Porte du Sud» est au- jourd’hui un territoire industriel en phase de requalification et de recon- version. Ce territoire s’implante en charnière qui jouxte l’hyper centre Lyonnais au nord, et qui se prolongent à l’est et au sud vers la zone industrielle Lyon Sud-Est, la zone d’activité mixte la plus importante de l’agglomération et la vallée de la chimie. Porte du Sud, concentre plus de 42 000 emplois sa- lariés dont 30 % dans l’industrie. Une importante partie de l’activité écono- mique est diffuse au sein même de Vénissieux. L’ensemble de La zone industrielle Lyon Sud-Est et la Vallée de la Chimie béné- ficient d’opérations de requalification pour un environnement et des ser- vices de qualité supérieur. Cela donne aujorud’hui naissance à des projets innovants qui placent aujourd’hui la Vallée de la Chimie comme un terri- toire stratégique pour l’implantation d’activités liées «cleantech». Cette zone deviendra sûrement prochaine- ment une référence européenne dans le domaine des énergies propres. PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 040 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 041
  • 22. 1.3.5: Une ressource: les espaces verts: ment des volailles, des moutons et des porcs. Les Grandes Terres ont égale- ment été le support de vignes. Feyzin était alors connu pour son vin blanc : la roussette. Enfin Vénissieux était l’une des capitales de la rose et comptait une trentaine de rosiéristes. Les grandes terres sont aujourd’hui dédiées à être multifonctionnelles. (Agricoles, réservoir de biodiversité et accueil à but pédagogique). Ce ter- ritoire offre un paysage riche, varié et très dépaysant par rapport aux es- paces verts urbains aux portes de la ville. Elles permettent également aux Vénissians de découvrir la nature et de s’informer sur les questions de biodi- versité et de pratiques agricoles. L’espace urbain vénissian est égale- ment très paysagé. La ville compte plus d’espaces verts par habitant que la moyenne française (100m²/habitant contre 16 pour le reste de la France). Les jardins privés sont pris en compte. Ils recouvrent une grande partie du territoire communal, et, sont le plus souvent visibles de la rue, ce qui leur donne une fonction paysagère. On décompte au total, parmi les 162 ha d’espaces verts, 10,8 ha d’espaces boi- sés et 78,7 ha de pelouse. On recense aussi 39 000 m² d’arbustes à fleurs ou feuillage décoratif, 10 051 m² de rosiers et 3 867 m² de massifs à fleurs annuelles etc… Pour ce qui est de la gestion des es- paces verts, le développement du- rable est privilégié. Les végétaux sont produits dans des serres locales, l’eau utilisée par les espaces verts est gérée au mieux, et les plantations sont choi- sies dans des variétés peu gourmandes en eau. Les herbicides sont de moins en moins utilisés. On leur préfère un paillis à base de bois broyé dans la litière de la plante, afin de limiter les pesticides et raisonner les besoins en eau. Les fongicides et insecticides sont également très peu utilisés. La disposition de la trame verte fait ap- paraître les deux grands réservoirs de biodiversité : le parc de Parilly au nord et les Grandes Terres au sud. Pour les connecter, on constate que le corridor le plus probable se fait par le tissu pa- villonnaire. Les autres connexions pos- sibles peuvent être la mise en place d’un système paysager cohérents le long des axes de déplacement. Depuis quelques années, la com- mune souhaite offrir un autre rôle aux espaces verts, un rôle plus ancré dans le développement durable. C’est ce qui a été notamment mis en place par l’association passe jardin avec «Le jardin de l’envol» rue de la démocra- tie sur le coteau des Minguettes. Sur un terrain appartenant à la ville, l’as- sociation gère le potager grâce à une dizaine de personnes en réinsertion. L’association, en partenariat avec la ville, apprend à ces personnes com- ment jardiner. Cette association inter- vient également sur le grand Lyon. Par exemple à Vaux en Velin, où des jar- dins d’habitants ont été mis en place. Les habitants s’emploient notamment à fleurir la plus petite parcelle de leur quartier afin de s’approprier l’espace. Vénissieux dispose déjà d’un nombre important de jardins familiaux que ce soit ceux de Renault Trucks, de la Caisse d’Épargne ou de la ville. Ce sont des jardins mis à disposition des citoyens pour que chacun puisse pro- duire des fruits et des légumes. Ces espaces ont un rôle écologique sem- blable à celui des jardins privés, cepen- dant la fonction de cohésion sociale y est beaucoup plus forte. Au niveau de ses caractéristiques envi- ronnementales, la commune bénéficie de 162 ha d’espaces verts, dont les principaux sont, le parc départemental de Parilly, situé à la fois sur Vénissieux et sur Bron. C’est un parc de 178 hec- tares répartis en une zone boisée, et une zone de sport. Les Parcs urbains Louis Dupic et des Minguettes. Ainsi que la frange naturelle du boulevard urbain sud, ainsi que le plateau des grandes terres. Les Grandes Terres et le Parc de Parilly, sont des points d’entrée de la nature dans la ville et occupe une place spéci- fique dans la trame verte de l’agglomé- ration. Le parc de Parilly est géré par le département du Rhône. Il se situe sur les communes de Bron et Vénissieux et est composé d’une zone boisée couvrant la majorité des 187 hectares du parc et une zone des sports com- prenant de nombreux équipements de sport collectif. La partie centrale du parc est occupée par l’hippodrome de Lyon-Parilly. La majorité des 187 hec- tares est offerte à la nature et notam- ment aux peuplements boisés. Ces espaces offrent une grande variété de paysages. En effet, si à l’origine le parc était essentiellement composé de pins, il est aujourd’hui boisé par des bosquets d’essences variées : érables, cèdres, tilleuls, chênes rouges, pins, bouleaux, sapins, marronniers, dou- glas, féviers d’Amérique... Chaque année une nouvelle variété d’arbre est plantée. On retrouve ainsi sur le parc plus de 80 essences différentes dont les plus âgées ont une soixan- taine d’années. On compte également une grande variété de plantes orne- mentales : souci, hibiscus, asparagus, dahlia, chrysanthème, géranium… D’un point de vue environnemental, la direction du parc essaye de favoriser des espèces qui consomment moins d’eau. Ils utilisent beaucoup les auxi- liaires de cultures (prédateurs naturels des insectes pathogènes des plantes) dans les serres. Le Parc de Parilly est un espace vert tampon au nord de la commune qui s’affiche comme un im- portant réservoir de biodiversité. Les Grandes Terres abritent une bio- diversité exceptionnelle, aussi bien végétale qu’animale. Aujourd’hui, l’étalement des villes menace toutes ces zones agricoles périurbaines. C’est pourquoi afin de compléter l’action du grenelle de l’environnement, les communes principalement au Sud de Vénissieux se sont déjà regroupées en syndicat (Syndicat Intercommunal des Grandes Terres) pour défendre au mieux les intérêts de leurs espaces agricoles. Cette zone agricole partagée entre les communes de Corbas, Vénis- sieux, Feyzin, Solaize s’étend bien au delà. Elle doit son nom à la taille im- portante des exploitations qui étaient plus grandes que dans le reste de la région. Jusque dans les années 50, on trouvait de nombreuses exploitations qui vivaient de l’élevage. Les bovins, étaient élevés pour leur viande et leur lait, mais aussi pour réaliser les tra- vaux sur les champs. On élevait égale- PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 042 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 043
  • 23. PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 044 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 045
  • 24. 2: L’AGRICULTURE URBAINE, UNE SOLU- TION MULTIPLE PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 046 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 047
  • 25. 2.1: DEFINITION AgroParisTech. C’est une spécialisation possible en troisième année d’école d’ingénieur qui s’intitule, « ingénierie des espaces végétalisés en ville, spé- cialisée en agriculture urbaine ». Afin d’avoir des retours plus globaux et de favoriser la mise en place pertinente d’agriculture dans nos villes, il est né- cessaire de réviser les concepts et les méthodes classiquement utilisés dans la recherche agricole. Inversement, la conception de la durabilité des sys- tèmes urbains peut s’enrichir de la prise en compte des dynamiques agri- coles. Le développement d’agriculture au coeur des territoires urbains permet d’accroître les surfaces potentielle- ment cultivables, et de produire à proximité des consommateurs. Cela permet également aux citadins de retrouver un lien avec la production agricole. Ce qui œuvre à la restaura- tion des sols urbains dégradés, grâce aux travail du sol et à la présence d’es- pèces végétales, tout en augmentant la pollinisation et en fixant du carbone. La mise en place de ce type d’agri- culture permet également de lutter contre l’uniformisation engendrée par les grandes cultures industrielles. Elle aide au maintien et à la conservation de certaines variétés menacées ou déjà disparues. Elle permet à certaines populations plus d’indépendance ali- mentaire ou de pallier à un manque de nourriture. Elle favorise également le lien social entre habitants d’un même quartier en permettant la participation des riverains et du voisinage. Selon Chris Younès, les milieux habi- tés sont définis par un équilibre entre zones urbaines et zones agraires. Ce qui permet d’investir un environne- ment « habitable ». Alors qu’aupara- vant, la ferme était uniquement dédiée aux environnements ruraux. Les modi- fications de notre manière de vivre et de notre environnement engendrent la renaissance de l’agriculture urbaine. Aujourd’hui, l’organisation des nations unis pour l’alimentation et l’agriculture (FAO Food and Agriculture Organisa- tion of the united Nations) prône ce type de dispositifs pour pallier la perte des terres agricoles et répondre à la nécessaire sécurité alimentaire. L’agriculture urbaine commence par le développement de jardins individuels ou collectifs mais peut également explorer d’autres typologies comme l’agriculture verticale. Il s’agit d’ima- giner des possibles entre les dyna- miques de la culture et de la nature par la mise en œuvre de synergies d’un autre type. En ce sens, les accords entre agriculture et milieu urbain sont des plus significatifs. La mise en place, même massive, de territoires urbains productifs n’attend pas une réponse uniquement nourricière, mais le dé- passement du clivage urbain/rural afin d’intégrer dans un ensemble cohérent les différents types de territoires, sans toutefois créer un territoire urbain qui n’aurait plus besoin du rural. L’environnement urbain met cepen- dant en exergue la problématique de la pollution, et donc des dangers en- courus par les consommateurs d’une alimentation produite in situ. Dans les pays du nord, les risques de pollu- tion ont d’abord été étudiés à travers l’analyse des sols urbains qui sont les supports de jardins associatifs. Des travaux montrent que certains de ces sols peuvent être fortement conta- minés par des métaux lourds, du fait d’usages industriels préalables. Les pollutions d’ordre atmosphérique ont L’agriculture urbaine englobe les formes variées d’agriculture localisée en ville ou en périphérie des villes. Les produits agricoles et les services an- nexes qu’elle fournit sont en majeure partie à destination des villes dont elle utilise des ressources (foncières, de main d’œuvre, d’eau, de capital etc.) en concurrence mais aussi en complé- mentarité avec des usages urbains. Le terme définit le fait que cette agricul- ture existe pour et avec la ville. C’est un phénomène qui a toujours existé. Nous savons par exemple qu’elle était déjà présente au moyen âge . Mais aujourd’hui elle prend une dimension beaucoup plus importante, bien que très différente en fonction du territoire accueillant. Dans les pays en dévelop- pement, son rôle est principalement économique et alimentaire. Elle de- vient même un des uniques moyens de subsistance pour les citadins dé- munis. Dans les pays développés, elle propose plutôt une fonction de loisirs, d’échanges, de rencontres… même si elle conserve une fonction nourricière. Historiquement, ces zones agraires trouvaient leur place en périphérie immédiate des villes et constituaient des ceintures maraîchères qui permet- tait de nourrir la zone urbaine voisine. Aujourd’hui, certain projet, comme la proposition de l’équipe de Jean Nouvel pour le projet du Grand Paris, Nais- sance et renaissance de mille et un bonheur parisien propose de remettre en place cet espace de ceinture verte, avec, comme fonction, un véritable es- pace “tampon” entre la zone urbaine et la zone rurale. En zone urbaine, d’autres espaces productifs trouvent place, il s’agit des jardins ouvriers. Ces dispositifs fréquents depuis de lon- gues années au cœur de nos espaces urbains ont toujours eu plusieurs rôles à la fois, celui d’espace vivrier, mais également d’espace de rencontres, d’espaces verts… La fonction de l’agriculture « urbaine » est très diversifiée dans ses formes entre pays, villes et contextes. Elle peut par exemple occuper des champs périurbains, avec des systèmes de production variés, s’infiltrer dans des interstices urbains, sur le bâti. Une caractéristique omniprésente est sa multifonctionnalité. Elle a toujours une vocation nourricière, mais égale- ment souvent productrice de fonctions économiques et sociales pour la ville, par la mise en place de nouveaux cir- cuits courts et les emplois générés, les liens sociaux qu’elle peut tisser voire parfois des dispositifs de réinsertion sociale. Elle revêt également des fonc- tions environnementales, par la mise en place de corridors verts et d’action sur les sols. Pour finir, elle peut jouer un rôle paysager et de cadre de vie. Dans les pays du nord, on lui voue éga- lement une fonction pédagogique et ludique. Cette fonction est très importante et justifie souvent sa pré- sence car il semblerait que nous ayons un besoin de nous reconnecter avec l’alimentaire, avec la nature, la terre. L’agriculture urbaine revêt ces dif- férentes images, mais nous avons peu de retours argumentés sur sa présence. Car peu de structures for- ment des professionnels compétents pouvant fournir des études et des recherches fiables. Les projets d’agri- culture urbaine sont principalement menés par des non agronomes, par des architectes, des urbanistes ou des travailleurs sociaux. La seule formation en France aujourd’hui spécialisée en agriculture urbaine est dispensée par PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 048 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 049
  • 26. été quant à elles moins étudiées. Des produits issus de l’agriculture urbaine révèlent des teneurs très variables en métaux lourds en fonction de leur zone de production. Dans l’expérimen- tation sur le toit d’AgroParisTech on a pu montrer en 2012 que les teneurs en plomb et cadmium des salades et tomates produites étaient au moins 5 fois moindres que les seuils régle- mentaires européens pour leur com- mercialisation. Le développement des cultures urbaines doit impérativement s’accompagner d’études pertinentes sur la qualité possible afin d’orienter les collectivités et/ou les entreprises dans le choix des sites d’installation des productions. Ina Saumel, biologiste au sein de la Technische Universitat de Berlin a travaillé sur les risques de pollutions urbaines. Elle conseille de conserver la terre locale, sauf si elle est support de pollutions très importantes. Afin de se protéger des pollutions urbaines, il s’agit de mettre en place une barrière végétale d’environ 3 mètres de large sur les bordures de l’espace investi. Puis, de planter des arbres fruitiers car les fruits accumulent peu les métaux lourds. Ensuite il est possible de cultiver toutes sortes de tubercules et, dans l’espace le plus protégé, toutes sortes de verdures car celles-­‐ci sont plus sensibles aux pollutions que les fruits ou les racines. Si les bâtiments sont recouverts de peintures contenant du plomb ou d’autres polluants, il est nécessaire de respecter une certaine distance (envi- ron 5 mètres) entre les façades pol- luées et la culture de « verdures ». Dans le cas où une récupération des eaux de pluies depuis la toiture est effectuée, il est important de mettre en place un filtre végétal afin que l’eau des toitures soit filtrée par un système aquatique et qu’elle soit purifiée avant d’arroser les plantes. La toiture peut être investie par n’im- porte quelle plantation. Quant aux façades, des études montrent que les métaux lourds arrivent jusqu’au balcon du premier étage, mais à partir du second étage la pollution est déjà fortement réduite. PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 050 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 051
  • 27. 2.2: DES FONCTIONS TRES VARIEES: 2.2.2: Une fonction nourricière: La fonction alimentaire de l’agriculture urbaine est moins significative dans les pays du nord, du fait de l’interna- tionalisation forte des marchés. On constate cependant un regain d’intérêt des consommateurs pour des circuits courts d’approvisionnement alimen- taire, même s’ils sont aujourd’hui très diversifiés. Les citadins des pays déve- loppés utilisent le biais nourricier pour combler d’autres attentes. C’est ce qui se passe avec des formes plutôt inno- vantes de transformation des espaces verts urbains en espaces vivriers. Ces dispositifs sont par exemple expé- rimentés dans le mouvement des « Incredible Edible » (Les Incroyables comestibles) qui a vu le jour en 2008 à Todmorden en Angleterre. Le prin- cipe consiste à planter tout végétal comestible dans les interstices verts urbains, et de permetre le libre ser- vice de ces productions. Cela donne naissance à des espaces vivriers, mais surtout des espaces d’échanges et de liens sociaux. Todmorden est une ancienne cité industrielle en déclin. En 2008, deux mère de famille, Mary Clear et Pam Warhust installent de- vant chez elles des bacs de plantes potagères et décident de mettre leur production à la disposition de tous. Le mouvement prend peu à peu de l’am- pleur. La municipalité l’encourage et autorise les plantations sur les terrains publics qui s’y prêtent. En France, la première ville à suivre le mouvement a été Colroy-la-Roche (Alsace), en avril 2012. Depuis ces initiatives prospèrent dans plus de 350 communes. Cette dynamique engendre de la nourriture à partager mais également de nom- breux échanges entre les citoyens. Le but n’est pas de nourrir gratuitement les villes, mais surtout de permettre aux urbains de comprendre le fonc- tionnement maraicher. A todmorden, on constate un regain de l’activité agri- cole, car cette dynamique encourage la consommation locale. PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 052 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 053
  • 28. 2.2.2: Un outil pédagogique Plusieurs dispositifs pédagogiques permettent de sensibiliser les urbains à la nature. Afin d’être pérenne, il est nécessaire d’expliquer la gestion éco- logique aux usagers. Les jardins et les espaces verts sont des espaces péda- gogiques pertinents. Le développe- ment d’un territoire urbain productif crée un lien fort entre les urbains et les dispositifs de productions ali- mentaires. C’est également un moyen de fournir aux scientifiques de nom- breuses données sur la biodiversité au cœur des différents territoires. Ce rôle pédagogique permet de pallier l’absence de lien entre l’homme, la na- ture et la nourriture. Auparavant, les urbains avaient souvent un membre de leur famille dans une exploitation agricole. Ce qui lui permettait par la fi- liation de conserver un lien avec l’agri- culture, et bien souvent, un respect pour la culture de la terre et pour l’éle- vage, ainsi qu’une connaissance des produits et de la nourriture. Ce lien est beaucoup moins présent aujourd’hui. Cette fonction pédagogique permet une plus grande connaissance des cultures par l’homme et la diminution du gaspillage de la nourriture. Selon Nicolas Vannier, « on protège et on ne gaspille pas ce que l’on a produit et ce que l’on a vu grandir ». A ce jour, envi- ron le tiers de la production agricole mondiale est perdue ou gaspillée. Aux Etats-­‐Unis, près de 40 % des quantités d’aliments disponibles sont jetés. L’introduction de l’agriculture urbaine permet par cette fonction pédago- gique de revaloriser les aliments, en mettant en avant la saisonnalité, la différence entre des produits cueillis à maturité ou non, ainsi que des pro- duits locaux. Ces éléments revalorise la profession d’agriculteur, aujourd’hui en déclin en France, alors qu’ils nous fournissent, par leur travail, la nour- riture, élément indispensable à notre survie. PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 054 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 055
  • 29. 2.2.3: Un outil d’aménagement du terri- toire A ce jour, le parc des Dondaines cumule, superpose et croise différents usages, dif- férents publics et différentes vocations. Il s’agit de proposer la mise en place d’une forme simple, facile à appréhender et pra- tique à l’usage, tout en étant très éloignée de la serre agricole classique. La serre a une vocation didactique et met en scène différents types de culture en terre ou hors sol. L’espace propose également la vente des produits cultivés sur place, ainsi qu’un bar/restaurant. Une halle de marché trouve également sa place et doit être en mesure d’accueillir d’autres événements que la vente. Il s’agit de mettre en place un espace mixte et polyvalent, où, tous les publics peuvent observer les processus de culture. La ferme en elle-­‐même s’ins- crit dans un bâtiment vertical composé de l’accueil du public, des locaux admi- nistratifs, des locaux pédagogiques, d’une basse-­‐cour et d’un poulailler, d’un loge- ment, d’une ascension et son belvédère. Son implantation, sa hauteur et sa forme en font un bâtiment signal à l’échelle du parc et surplombe le périphérique. Sa position fédère et accompagne les autres bâtiments animaliers dispersés sur le site. Le bâtiment se développe sur 4 niveaux et s’achève par une plateforme. Depuis l’étable, le cheminement s’enroule autour du bâtiment et mène jusqu’au point culmi- nant : le belvédère. Augustin Rosensthiehl, co-­‐fondateur de l’agence d’architecte SOA et membre du laboratoire d’urbanisme agricole pose la question de la transformation des espaces publics paysagers en espaces vivriers. Se- lon ces études, ce type de dispositif ne re- présente pas forcément de surcoûts. Cela permettrait de développer des espaces de culture au coeur des villes sans l’ampu- ter des espaces “verts” existant et sans recourir à de nouveau foncier. Cela place également les espaces vivriers comme des éléments paysagers et comme des espaces publics à vivre. L’agriculture en milieu urbain génère souvent un aménagement du territoire spécifique. Sa multiplication accentue ce phénomène. Par exemple, les jardins partagés de New-­‐York sont apparus dans un contexte particulier. En 1970, la ville connaît une crise financière et urbaine. Au départ certains Newyorkais brûlaient vo- lontairement leurs maisons afin de ne plus payer d’impôts et touchaient des primes d’assurances. Les terrains devenaient alors propriété des banques ou de l’état, et de nombreuses friches sont apparues au cœur de New York. L’artiste Liz Christie a alors commencé à fleurir ces zones en lançant des bombes d’argiles remplies de graines. Peu à peu les populations ont sou- haité récupérer de la nourriture et ce fut la naissance de jardins partagés vivriers. Au- jourd’hui, ces nombreux jardins (environ 600) toujours existants créent des espaces de respiration nécessaires au cœur d’un territoire urbanisé très dense. En Europe, les jardins ouvriers ainsi que la majorité des espaces verts publics au coeur de la ville sont nés lors de l’indus- trialisation pour permettre à l’homme de conserver un lien avec la nature, de pallier la pollution et d’obtenir une aide écono- mique par sa propre production. Derniè- rement de nouveaux rapports hommes - nature sont apparus, avec l’absence de filiation agricole, ainsi qu’un rapport très différent à l’écologie, à la nourriture et à l’habitat. L’investissement des milieux ur- bains par des zones de productions permet de redéfinir un lien fort entre l’homme et la nature tout en créant de nouveaux pay- sages. Aujourd’hui, ce type de dispositifs reste anecdotique en tant que bassins nourriciers conséquents, mais leur multi- plication leurs donnerait un poids supplé- mentaire.   Par exemple, la ville de Lille souhaite utili- ser les espaces verts afin d’aménager son territoire. Il est donc envisagé de proposer l’optimisation de ces espaces verts posi- tionnés logiquement sur le territoire, en les remplaçant peu à peu par des espaces vivriers. Ce qui serait totalement cohérent avec un territoire aux problématiques sociales importantes. Le territoire Lillois marqué par son héritage industriel, nous rappelle certaines caractéristiques du ter- ritoire Vénissian. Aujourd’hui Lille souhaite appuyer son aménagement sur la culture et sur le durable. C’est également une hypothèse à retenir dans le cadre du déve- loppement Vénissian qui est de plus doté d’un climat plus clément et d’une quantité d’espaces appropriables importante. Dans cette volonté projectuelle, il est interes- sant de s’intéressant à l’exemple Lillois du parc des Dondaines. A ce jour, il existe déjà au cœur du quar- tier d’Euralille la ferme pédagogique Marcel Dhenin. Celle ci permet à tous la découverte des animaux de la ferme, et plus particulièrement de races régionales de bovins, ovins, volailles... Elle propose de nombreuses animations destinées à un large public, dans un souci de sensi- bilisation au patrimoine régional, tant au niveau des végétaux que des espèces animales. Elle travaille en collaboration avec les écoles locales afin de sensibiliser le jeune public à l’agriculture, et s’adresse également aux particuliers qui souhaitent se promener au cœur du parc et voir des animaux au coeur de ma ville. L’agence d’architectes SOA propose d’aller plus loin et d’investir la totalité du parc des Dondaines, l’emplacement actuel de la ferme pédagogique. Ce projet aujourd’hui en suspens, positionne l’agriculture comme point de convergence de la culture et de la pédagogie. Il est également le sup- port d’un pont qui permet le franchisse- ment de la frontière créée par la rocade. PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 056 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 057
  • 30. PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 058 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 059
  • 31. 2.2.5: Un moyen de résilience: de 2008 a anéanti ce territoire. Aujourd’hui, le centre ville est un désert d’emploi, et un espace abandonné par les transports en commun. La ville est également un désert alimentaire car il n’y a presque aucune pro- position de vente de produits frais. Toutefois, la transition vers une ville plus productive s’est amorcée à la fin du 19ème siècle avec son maire Hazen Stuart Pingree, qui a souhai- té utiliser les espaces laissés vacants par la structure de la ville. Il a mis en place une poli- tique d’agriculture urbaine afin de répondre à la pauvreté et au manque de nourriture. A l’époque, la fin de la crise a estompé le mouvement. Aujourd’hui Détroit s’étend sur 350km2 (soit 3 fois Paris) et 150km2 de sol sont en jachère. Le potentiel est conséquent. Le mouvement est réamorcé par les citoyens qui tentent de sauver leur territoire en utili- sant l’agriculture urbaine. Nous trouvons par exemple le projet de « Brother Nature Farm », qui a été créé par un ancien enseignant et qui emploie aujourd’hui 3 personnes. La volonté est nourricière, mais vise égale- ment un rapport différent entre l’homme et la nourriture. D’autres initiatives ont vu le jour dans des buts sociaux, des espaces nourriciers destinés à des personnes dans le besoin. Elles permettent des formations dans le maraichage et l’utilisation de la terre pour se réapproprier la nourriture. Ces initia- tives engendrent de nouvelles vocations et de nouvelles initiatives. Concrètement, ces dispositifs ont donné naissance à de nou- velles solidarités de quartier, à de nouveaux rapports entres les habitants. Et aujourd’hui, des investisseurs souhaitent profiter de ces potentiels, notamment par le biais de pro- jets d’agricultures industrielles type « Hantz Farm » qui vise la mise en place d’une nou- velle économie verte à Détroit. D’importants investissements sont réalisés afin de placer l’agriculture urbaine bien au delà des jar- dins partagés, avec de réels souhaits écono- miques. A ce jour, la ville de Détroit est considérée en faillite. Le développement de l’agriculture ne permet pas une résilience totale de la ville, mais il apporte l’élément nécessaire à la sur- vie: la nourriture, et il favorise la sécurisation de la ville. Une volonté d’investissement à but économique amènera à terme de nou- veaux emplois au cœur de ce territoire dé- laissé. L’agriculture seule ne suffit pas, mais amorce un processus et met en place de nou- veaux rapports entre les habitants. Le territoire de Vénissieux de par l’impor- tance de ses zones vertes publiques et par les caractéristiques socio-économiques qu’il affiche pourrait utiliser l’agriculture urbaine afin de modifier l’image de son territoire, of- frir aux habitants de nouvelles ressources et développer une nouvelle économie ancrée sur un territoire productif. Depuis longtemps, l’agriculture urbaine contribue très largement à l’alimentation des villes dans les pays en développement. Suite aux différentes crises économiques et à la paupérisation urbaine dans les pays développés, elle peut être une réponse perti- nente, notamment avec la multiplication des circuits courts. Le développement de villes plus productives peut accompagner la tran- sitions alimentaires et proposer aux citadins un cadre de vie vivrier. De nombreux dispositifs liés à l’agriculture, particulièrement à petite échelle, la posi- tionnent comme vecteur de liens sociaux, d’échanges entre différentes populations qui participent aux travaux agricoles, et d’inser- tion pour des publics parfois marginalisés. Le cheminement vers plus d’agriculture peut amener au cœur des villes un nouveau vivier d’emplois, de nouveaux dispositifs d’inser- tion économiques permettant aux villes d’acquérir de nouvelles compétences. Ceci s’illustre avec l’exemple de la ville de Dé- troit où la mise en place d’agriculture urbaine permet à la ville de ne pas sombrer totale- ment. Détroit est le berceau de l’industrie automobile américaine. Depuis la seconde guerre mondiale, cette industrie est en fort déclin. La désindustrialisation a commencé dans les années 50. Les industries ont peu à peu rejoint la banlieue et le centre s’est pro- gressivement désertifié. La crise industrielle PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 060 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 061
  • 32. 2.3: Les différentes façons de cultiver l’espace urbain: des espaces productifs. Ces dispositifs per- mettent en outre d’améliorer la qualité de l’air à l’intérieur et de réduire la pollution des engrais. De nombreux projets de « toits verts », « murs vivants » et surfaces végétalisées ont été récemment conçus pour être intégrés au bâti à l’aide de ces technologies. Plusieurs fermes hydropo- niques commerciales ont été créées en milieu urbain, au Japon, à Singapour… Ces procédés présentent de nombreux avantages: la réduction de la consomma- tion d’eau, la culture rapide et contrô- lée avec une maîtrise supérieure des attaques (nuisibles, maladies…). La culture hydroponique permet surtout une automatisation de la culture et peut être comparée à une « machine à cultiver » qui peut nous paraître très éloignée du chemi- nement vers une ville durable. D’ailleurs, ces atouts en ont favorisé un développe- ment important au détriment de l’envi- ronnement, les rendements obtenus étant supérieurs aux rendements des cultures «normales», les coûts et la quantité de travail nécessaire moindre. Paradoxalement, ce type de production est énergivore et contribue au réchauffe- ment climatique. Il nécessite également des matières premières polluantes pour la construction des serres notamment, ainsi que des engrais chimiques et l’emploi de chauffage nécessaire pour produire à contre-­‐saison. Cette technique réduit considérablement le nombre de variétés explorées car certaines n’y sont pas adap- tées. Son développement à terme remet- trait fortement en question l’existence des variétés « non rentables ». Parfois il est nécessaire d’économiser le sol urbain. Cependant la culture peut investir pleinement les villes, notamment en se fai- sant une place à même les constructions. Dans la culture classique, le sol est le sup- port de la croissance des plantes. Grâce à la biodiversité qu’il accueille, il assure de manière invisible des fonctions vitales. La composition et les propriétés physico-­‐ chimiques du substrat ont un impact pri- mordial sur les végétaux. Une épaisseur moyenne de substrat d’au moins 10 cm, des hauteurs variables de cinq à 25 cm voir autour de 1 m pour créer différents habi- tats, doivent être privilégiées. Il est également possible de pratiquer la culture dite hors-sol. Dans ce cas là, pour que les végétaux poussent de manière optimale, ils ont besoin de lumière, d’une température stable et tempérée, d’une hygrométrie de l’air suffisante ainsi que d’une oxygénation satisfaisante des ra- cines, enfin d’une nourriture adéquate en suffisance composée d’eau, de sels miné- raux et d’oligo-­‐éléments. Les cultures hors-­‐sol comme l’hydropo- nie se déroulent sans terre, se libérant ainsi des contraintes liées aux cultures terriennes classiques. Elle utilise des solu- tions nutritives renouvelée et un substrat inerte (minéral ou végétal) pour se pas- ser du support et des apport d’un sol. Les techniques de production dites « hors-­‐sol » sont très variées et en pleine évolution. Elles sont à définir en fonction du milieu accueillant, particulièrement lorsqu’elles se situent sur le bâti lui-­‐même, en tenant compte des cultures souhaitées, de l’in- vestissement technique, financier et de fonctionnement que l’on souhaite déve- lopper. Le public visé a également son importance, par exemple l’hydroponie est développée et défendue par les consom- mateurs aux Etats Unis alors qu’elle a plu- tôt mauvaise réputation en France dans le cadre de la vente directe. Actuellement, une expérimentation se développe sur les toitures de l’école Agro- ParisTech pour cultiver des légumes sur substrats organiques locaux composés de compost de déchets verts, de bois frag- mentés et de marc de café. Les premiers résultats sont encourageants sur le plan de la production. L’hydroponie englobe une grande variété de techniques de culture qui n’emploient pas la terre comme source de nutriments, bien qu’un grand nombre d’entre elles se servent d’un substrat qui ressemble à de la terre. On utilise aujourd’hui de nom- breux systèmes hydroponiques différents, allant des jardinières de fenêtre que l’on fabrique soi-­‐même aux exploitations agri- coles d’un coût considérable. L’aquaponie, un dérivé de l’hydroponie, présente la particularité d’intégrer des ani- maux au cycle de la production, en général des poissons dont les déjections servent de nutriments aux plantes. De cette façon, un seul système permet une production d’aliments plus diversifiée et de meilleurs rendements. L’aéroponie consiste à vaporiser des solu- tions nutritives sur les racines des plantes et offre une très bonne productivité. Ces techniques permettent de s’affranchir du poids de la terre, d’avoir un contrôle sur toutes les phases de la production tout en conservant un rendement optimal. Cepen- dant elles sont souvent très énergivores. Ces technologies peuvent accompagner l’intégration de la production alimentaire dans l’environnement urbain, en trans- formant des surfaces traditionnellement inertes en espaces productifs. Des appli- cations telles que les « murs vivants », les serres hydroponiques sur les toits, les murs double-­‐peau à l’intérieur desquels les plantes poussent, peuvent toutes em- ployer ce type de technologies et devenir PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 062 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 063
  • 33. 2.3.1 : L’agriculture au pied du bâti au pied des descentes de gouttières et alimente une douve avec de l’eau de pluie. Un talus développe une frontière végétale en puisant dans la réserve aquatique de la douve. Le système végétal qui s’y développe filtre et draine les eaux pluviales récupérées. Par un principe de micro-­‐perforations, l’eau s’infiltre dans le sol et le surplus s’écoule dans le réseau urbain. Ce procédé peut s’adapter au pied de tous les bâtis accueillant de l’ha- bitat ou de l’industrie afin de filtrer les eaux pluviales. Dans le cadre d’un bâtiment pro- ductif, il peut permettre de dépolluer l’eau de pluie récupérée pour irriguer les cultures. 32 La culture au pied des bâtis a un potentiel très important sur le territoire de Vénissieux, et d’autant plus sur le quartier des Minguette. Effectivement, la morphologie urbaine privi- légie surtout les constrution de grandes hau- teurs libère un espace conséquent au sol. Ce typedetraitementpeutégalementpermettre d’intégrer les nombreux parkings nécessaires au fonctionnement du quartier. Et surtout, cela peut être un outil pour lier le territoire aujourd’hui très morcelé, et pour recréer des espaces publics à l’échelle de l’homme. Le sol urbain est le support de la ville, et donc lesupportdesnombreusesactivitésurbaines. Malheureusement, de grandes parties sont souvent majoritairement imperméabilisés et pollués. Alors que le sol d’une ville durable doit être stable et de qualité. Les sols urbains servent également de support physique aux plantes, et constituent une réserve de nutri- ments et de minéraux permettant à ces der- nières de s’alimenter. Enfin ils stockent une très grande quantité de carbone sous forme de matières organiques mortes issues des résidus végétaux et de leur transformation. L’investissement de ces espaces par l’agricul- ture et par des zones végétales permet de conserver, voire de redévelopper ce potentiel naturel et de préserver une biodiversité riche et variée. Afin de cultiver ces sols urbains, il est pos- sible d’investir les pieds d’immeuble. Ce qui permet principalement de conserver des es- paces extérieurs perméables à l’eau de pluie et accueillant de multiples espèces animales et végétales. Pour cela, il faut privilégier des surfaces semi perméables sablées et stabi- liser les revêtements comme les copeaux de bois ou les graviers. La mise en place de noues permet de gérer le surplus d’eau et facilite l’insertion de l’eau de pluie dans les sols. L’étanchéisation systématique et à éviter. Mettre en place des dispositifs simples permettant de rétablir les échanges entre l’eau, la végétation, le sol et l’atmos- phère. A proximité des bâtis, il est également nécessaire de conserver des espaces poreux et végétalisés. Dans l’idéal, et notamment dans les zones sujettes aux fortes pluies, il est intéressant de concevoir des bâtiments suré- levés afin d’optimiser l’infiltration des eaux de pluie et permettre le maintien des dépla- cements des différentes espèces aux sols. La construction sur pilotis est effectivement La végétation au pied des bâtiments favorise la biodiversité. Il est cependant nécessaire de positionner de manière à lier les zones végétales entre elles et créer des continui- tées “vertes”. Nous avons également vu qu’il est important de placer les constructions sur pilotis afin de laisser une zone « vierge » sous le bâtiment et de limiter l’imperméabilisa- tion des sols. Les plantations au pied du bâti doivent principalement être constituées de plantes grimpantes afin de permettre le pas- sage de l’air, de l’humidité et des différentes espèces animales sauvages. Si la hauteur dé- gagée au niveau du sol est importante, il est possible de mettre en place des cultures sous le bâti à condition que celles-­‐ci ne néces- sitent pas d’apport lumineux naturel. Dans les zones urbaines qui peuvent s’y prêter, l’élevage est possible ainsi que des barrières poreuses laissant le passage à la biodiversité sous le bâti. En revanche, la végétation en pied de bâti sera idéalement composée de plantations à but paysager. Selon l’emplacement exact de la construction, cette zone étant potentielle- ment polluée. Le bâti positionné sur pilotis peu laisser un es- pace de stationnement sous les espaces de « vie ». Cependant, il faudra veiller à ne pas im- perméabiliser les sols et à utiliser un gravier stabilisé ou un autre revêtement poreux qui permettra de fournir un endroit accessible et utilisable, tout en permettant au sol de rem- plir ses fonctions en faveur de la biodiversité. Parfois, des systèmes de récupération d’eau de pluie en toiture nécessitent la mise en place de bassin de rétention au pied des immeubles. Les pieds de bâti seront donc destinés à des plantations grimpantes pay- sagères en intégrant des bacs de rétention d’eaux pluviales en provenance des toitures. Des plantes spécifiques peuvent être posi- tionnées pour permettre la filtration des eaux de pluie. Dans ce sens, le travail d’Elodie Stephan, desi- gner indépendante qui a imaginé un procédé de végétalisation en pied d’immeubles inti- tulé « Bocage urbain ». Celui-­‐ci s’intègre Bocage urbain, Elodie Stefan PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 064 PFE 2014 - DEM MAT - EMMANUELLE LE NEZET- 065